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LM
COUR DE CASSATION
______________________
REPUBLIQUE FRANCAISE
_________________________
contre l'arrêt rendu le 2 juillet 2009 par la cour d'appel de Paris (pôle 5,
chambre 6), dans le litige l'opposant :
défendeurs à la cassation ;
défendeurs à la cassation ;
défendeurs à la cassation ;
- M. Hubert Lafont,
défendeurs à la cassation ;
Attendu que M. Lafont fait grief à l’arrêt d’avoir dit qu’il avait,
in solidum avec les sociétés Soparfi, Oléron et Crédit lyonnais, engagé sa
responsabilité à l’égard de la société Ciga et de l’avoir en conséquence
condamné in solidum avec ces sociétés à payer à la société Ciga la somme de
6 000 000 euros à titre de dommages-intérêts, alors, selon le moyen :
1o/ que le mandataire ad hoc, qui n’est tenu que d’une obligation
de moyens, ne saurait être tenu d’accomplir des diligences qui excèdent la
connaissance de l’entreprise qu’il est chargé d’assister et sont imposées par
des informations qu’il ne détenait pas, qu’en reprochant à M. Lafont d’avoir
affirmé à tort que l’accord des créanciers n’était pas nécessaire pour procéder
à l’opération envisagée, sans rechercher, ainsi qu’elle y était invitée par
M. Lafont, s’il avait connaissance de la clause prohibant la cession visée sans
l’accord du prêteur, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard
de l’article 1382 du code civil ;
2o/ que le mandataire ad hoc, qui n’est tenu que d’une obligation
de moyens, peut inciter le débiteur à conclure un acte conforme aux objectifs
assignés à sa mission ; qu’en reprochant à M. Lafont d’avoir oralement affirmé,
lors d’une réunion de négociation, pouvoir “imposer la vente” aux parties, et en
en déduisant que le mandataire ad hoc avait outrepassé sa mission, sans
rechercher si cette affirmation purement orale, formulée au cours d’une réunion
de négociation, ne correspondait pas à l’influence que le mandataire pouvait
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3o/ qu’en toute hypothèse, l’auteur d’une faute ne saurait être tenu
de réparer un dommage qui se serait produit, même en l’absence de faute, et
qui n’en est, partant, pas la conséquence ; qu’en affirmant que la faute de
M. Lafont était la cause du préjudice consécutif à la cession des parts de la
société Hoyez, dès lors qu’il avait fait croire au Crédit lyonnais qui avait financé
cette acquisition, qu’il avait obtenu l’accord des créanciers, bien qu’elle ait,
elle-même, relevé que cet établissement financier avait sciemment prêté les
fonds en violation de la clause contractuelle, ce qui établissait sa détermination
éclairée à financer l’opération et, partant, l’absence de toute influence des
informations qu’il était reproché au mandataire ad hoc d’avoir transmises, la
cour d’appel a violé l’article 1382 du code civil ;
Attendu que la société Oléron fait grief à l’arrêt d’avoir dit qu’elle
avait engagé sa responsabilité à l’égard de la société Ciga, alors, selon le
moyen :
4o/ que la société Ciga faisait valoir dans ses conclusions que les
actions de la société Hoyez, acquises le 14 juin 1996 pour 65 000 000 francs
par la société Avelinvest, avaient ensuite été valorisées au 31 décembre 1998,
dans le cadre d’un traité de fusion-absorption conclu avec une société
dénommée Partition, aujourd’hui Rasec office, pour une somme de
150 000 000 francs, qui aurait été amplement suffisante pour permettre
l’apurement total de sa créance demeurée impayée à hauteur de 14 499 647
euros ; qu’elle soulignait que cette substantielle plus-value réalisées par les
acquéreurs d’Hoyez ne pouvait en aucun cas s’expliquer par un redressement
de l’entreprise, dont le chiffre d’affaires et le résultat avaient au contraire
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Mais attendu que l’arrêt, après avoir relevé qu’il n’était pas
démontré que les dividendes de la société Hoyez auraient pu permettre à la
société Final de régler la totalité de sa dette à l’égard des banques,
contrairement à ce que prétend la société Ciga, retient que le préjudice de la
société Ciga ne peut être que la perte d’une chance d’obtenir, en
remboursement du prêt, la totalité de la valeur des actions de la société
Hoyez ; que pour fixer ce préjudice à la somme de 6 000 000 euros, l’arrêt
relève que la société Hoyez a été vendue pour la somme de 65 000 000 francs
(9 909 186,12 euros) en précisant qu’il n’est pas établi qu’une somme
supérieure ou même équivalente à cette dernière somme aurait pu être
récupérée par la société Ciga ; qu’ayant ainsi apprécié souverainement la
mesure de la chance perdue, ce qui rend inopérants les griefs invoqués par les
deux dernières branches du moyen, la cour d’appel a légalement justifié sa
décision ; que le moyen n’est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres
griefs :
sur ses accessoires ; que la société Ciga Luxembourg a donc qualité à agir et
la fin de non-recevoir doit être rejetée (arrêt, pp. 6 et 7) ;
AUX MOTIFS QUE la société Hoyez, dirigée par monsieur Capelain, était
spécialisée dans la vente de profilés d’aluminium et dans la vente et la pose
de cloisons en aluminium ; que la société Soparfi, détenue par monsieur
Capelain, était la holding à 100% de la société Hoyez ; que monsieur Capelain
était également dirigeant de la société Ligne M, spécialisée dans la vente de
meubles de bureaux ; que le 29 mars 1991, monsieur Capelain a cédé ses
parts dans les sociétés Soparfi et Ligne M à la société Panorca, devenue
ultérieurement Final, société détenue à 51% par la société Edifia, dirigée par
monsieur Gentil, et à 49% par la société Lancereaux Finances, filiale de la
Banque Dumenil-Leblé ; que pour financier l’acquisition du capital de Soparfi
et de ligne M, la société Final a obtenu de la Banque Dumenil-Leblé la mise en
place d’un crédit-relais de 110.000.000 francs, porté à 125.000.000 francs et
par acte du 31 mars 1992, la Banque Dumenil-Leblé et la Midland Bank ont
consenti à la société Final un prêt long terme de 125.000.000 francs, destiné
à rembourser le crédit-relais, sous la forme d’un LGBO, Leverage Buy Out ;
que le 21 décembre 1995, la créance de la Banque Dumenil-Leblé sur la
société Final a été cédée à la société Ciga Jersey ; qu’à la demande conjointe
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des sociétés Edifia et Final, d’une part, et de la société Soparfi, d’autre part,
maître Lafont a été désigné par ordonnance du président du tribunal de
commerce de Paris du 26 février 1996 en qualité de mandataire ad hoc avec
mission de rechercher un accord de paiement avec les créanciers ; que dans
le cadre de ce mandat, maître Lafont a reçu une offre émanant de la société
Oléron Participations d’achat des parts de la société Soparfi dans la société
Hoyez pour un prix de 65.000.000 francs ; que c’est ainsi que la société Soparfi
a vendu ; le 14 juin 1996, à la société Avelinvest, filiale de la société Oléron
Participations, sa participation dans la société Hoyez grâce à un financement
du Crédit Lyonnais ; que par acte du 11 décembre 2002, la société Ciga
Luxembourg a acquis la créance de Ciga Jersey sur la société Final ; que le 17
février 2004, la société Final a été mise en liquidation judiciaire (arrêt, p. 3) ;
que la société Ciga Luxembourg demande réparation du préjudice qu’elle a
subi à la suite du non-paiement par la société Final de sa dette, dans la mesure
où ce défaut de paiement résulte directement de la vente frauduleuse de la
société Hoyez, à laquelle ont sciemment participé les parties au présent litige,
tout en sachant que la vente d’Hoyez, cible du LBO, mettrait la société Final
dans l’impossibilité de régler sa dette ; que la société Ciga Luxembourg expose
que la vente est intervenue au mépris de l’article 8.2.4 du contrat de prêt qui
imposait l’accord des créanciers ; que cet article dispose que "l’emprunteur
s’engage, tant en ce qui le concerne qu’en ce qui concerne les sociétés du
groupe, à ne pas céder ni consentir sur l’un quelconque de leurs actifs existant
au 31 mars 1991 de privilèges, sûretés ou charges de quelque nature que ce
soit (…) sans l’accord préalable écrit des banques" (arrêt, p. 8) ; que maître
Lafont ayant donné son accord à la vente au Crédit Lyonnais, celui-ci avait pu
légitimement croire qu’il avait obtenu l’accord des créanciers ; que son rôle a
été déterminant, dans la mesure où le Crédit Lyonnais a prêté les sommes qui
ont permis à la société Oléron Participations d’acquérir la société Hoyez ; que
le Crédit Lyonnais connaissait l’existence de la clause contractuelle, puisqu’il
a écrit le 5 avril 1996 à la société Oléron Participations pour l’informer de son
accord pour mettre en place le financement d’acquisition de la société Hoyez,
sous réserve de l’accord de maître Lafont "nommé afin de rechercher un
accord avec les créanciers de la société Final" ; que le 19 mars 1996, une
réunion s’est tenue entre monsieur Gentil, l’avocat d’Oléron Participations, le
directeur Acquisition du Crédit Lyonnais, le directeur juridique du Crédit
Lyonnais et l’avocat de Soparfi ; qu’il est indiqué au procès-verbal de cette
réunion que "le Crédit Lyonnais est d’accord pour financer l’opération pour
autant que certaines incertitudes soient levées : 1) Soparfi a-t-elle le droit de
vendre Hoyez, son principal actif, avec le concours de maître Lafont, alors
même qu’aucun accord n’a été trouvé avec les créanciers de Final et Edifia,
holdings endettées et qui contrôlent Soparfi ?, 2) Les créanciers de Final et
Edifia peuvent-ils remettre en question cette cession et éventuellement
rechercher la responsabilité des acheteurs et de leur banquier ? Conclusion :
L’investisseur (P. Bergé, YSL et A. Minc) et son banquier (le Crédit Lyonnais)
ont pleine conscience que l’on ne fait pas une bonne manière aux créanciers
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(qui certes ont détourné quelques 50 millions de francs des caisses d’Hoyez
hors dette LBO), mais ils n’aimeraient pas que l’on aille chercher leur
responsabilité tant sur le plan commercial que pénal" ; que même si le
procès-verbal de la réunion du 20 mars 1996 qui s’est déroulée entre maître
Lafont et les représentants du Crédit Lyonnais relate que maître Lafont a
indiqué qu’"il n’est pas nécessaire d’avoir l’accord des créanciers de Final qu’il
serait du reste illusoire d’escompter", il résulte de la pièce précédente que le
Crédit Lyonnais savait que l’accord des créanciers était indispensable ; que
cette pièce contestée n’est pas frappée de faux par le Crédit Lyonnais ; qu’en
conséquence, lorsque maître Lafont ayant donné à la vente par courrier du 3
juin 1996 adressé au Crédit Lyonnais en ces termes : "ladite cession ayant mon
acceptation", il appartenait à la banque de se renseigner pour savoir si cet
accord faisait suite à l’accord des créanciers, d’autant que si ceux-ci avaient
accepté la cession, maître Lafont aurait indiqué tout simplement que les
créanciers avaient donné leur accord à la cession ; que le Crédit Lyonnais a
donc sciemment prêté les fonds en violation de la clause contractuelle et a
engagé sa responsabilité envers les créanciers (arrêt, pp. 11 et 12) ;
ALORS, EN CINQUIEME LIEU, QUE la cour d’appel, qui avait cru devoir
déduire des termes du compte-rendu de la réunion du 19 mars 1996 la
connaissance par le Crédit Lyonnais de la nécessité d’un accord des
créanciers des sociétés Final et Edifia à la cession, a par ailleurs constaté
qu’en l’état de l’accord donné à la cession par maître Lafont en sa qualité de
mandataire ad hoc des créanciers desdites sociétés, le Crédit Lyonnais avait
pu légitimement croire que ce dernier avait obtenu l’accord des créanciers, ce
dont il résultait que le Crédit Lyonnais n’avait pu avoir conscience de concourir
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ALORS, ENFIN, QU’en retenant, pour en déduire que le Crédit Lyonnais aurait
dû se renseigner sur l’existence d’un accord donné par les créanciers
préalablement à l’accord exprimé par maître Lafont, que « si ceux-ci avaient
accepté la cession, Me Lafont aurait indiqué tout simplement que les créanciers
avaient donné leur accord à la cession », la cour d’appel s’est déterminée par
un motif hypothétique et a violé l’article 455 du code de procédure civile.
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Il est fait grief à l’arrêt confirmatif attaqué d’AVOIR dit que l’action de la société
Ciga Luxembourg à l’encontre de Messieurs Patrick Gentil et Marcel Capelain
était prescrite et de l’en avoir déboutée ;
est donc le 14 juin 1996, que l’action devait en conséquence être introduite
avant le 14 juin 1999 ; que cette prescription ne s’applique qu’aux
responsabilités, en particulier celles pour faute, commise par les dirigeants au
cours de la vie sociale, sous réserve qu’ils se trouvent dans l’exercice de leurs
fonctions ; qu’elle a pour objectif de concentrer dans un laps de temps
relativement bref, la période d’incertitude dans laquelle se trouvent les
dirigeants sociaux exposés à une action en responsabilité introduite par la
société, les associés ou parfois un tiers ; qu’une action en responsabilité
fondée sur les dispositions de l’article 1382 du Code Civil motivée par les griefs
invoqués à l’encontre des administrateurs s’analyse en une action en
responsabilité pour faute de gestion soumise à la prescription triennale ; que
quel que soit le fondement sur lequel l’action en responsabilité est engagée à
l’encontre des dirigeants, celle-ci est soumise à la prescription triennale ; que
M. Capelain a été attrait dans la procédure en qualité de Président Directeur
Général de la société Soparfi ; que le délai de prescription triennale lui est
donc applicable ; qu’en ce qui concerne M. Gentil, il était Président du Conseil
d’Administration de la société Final ; qu’à supposer qu’il ait commis une faute
et qu’il ait agi dans son intérêt personnel, la loi n’opérant pas de distinctions
sur ce point, la prescription triennale lui est également applicable ; qu’il résulte
de l’ensemble des éléments qui précèdent que l’action engagée par la société
Ciga Luxembourg par assignations délivrées le 12 décembre 2003 à M. Gentil
et le 15 décembre 2003 à M. Capelain, pour des faits réalisés le 14 juin 1996
est prescrite à leur égard » ;
Il est fait grief à l’arrêt infirmatif attaqué d’AVOIR mis hors de cause la société
Rasec Office, venant aux droits de la société Avelinvest,
AUX MOTIFS QU’ « il n’est pas contesté que la société Avelinvest a été créée
pour l’opération, ce qui n’implique pas nécessairement qu’elle avait
connaissance de l’existence de la clause litigieuse ; que faute pour la société
Ciga Luxembourg d’établir les fautes qu’elle a commises et la connaissance
qu’elle avait du prêt LBO, elle doit être mise hors de cause » ;
ALORS QUE le tiers acquéreur qui prête sciemment son concours à la violation
d’un engagement contractuel de ne pas vendre souscrit par le cédant au
bénéfice de ses créanciers engage sa responsabilité délictuelle à leur égard ;
qu’en l’espèce, la société Ciga Luxembourg faisait valoir que la faute reprochée
à la société Oléron Participations, auteur de l’offre d’acquisition d’Hoyez,
pouvait identiquement être imputée à la société Avelinvest, sous-filiale qu’elle
s’était substituée dans le bénéfice de cette offre ; qu’après s’être fondée sur le
compte rendu d’une réunion préparatoire du 19 mars 1996, aux termes
desquels il avait été écrit que « l'investisseur (P. Bergé, YSL, A. Minc) et son
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banquier (le Crédit Lyonnais) ont pleine conscience que l'on ne fait pas une
bonne manière aux créanciers (…) mais ils n'aimeraient pas que l'on aille
chercher leur responsabilité tant sur le plan commercial que pénal », pour juger
que la société Oléron Participations savait pertinemment dès cette date que le
consentement préalable des banques était un préalable indispensable à la
cession d’Hoyez et avait engagé sa responsabilité délictuelle en décidant de
passer outre, la Cour d’appel a néanmoins décidé d’écarter toute responsabilité
de la société Avelinvest, en se bornant à relever qu’il n’était pas établi que
cette société ait eu connaissance des dispositions du contrat de prêt LBO
subordonnant la cession d’Hoyez au consentement des banques ; qu’en se
déterminant par ce seul motif, sans répondre aux conclusions par lesquelles
la société Ciga Luxembourg faisait valoir que M. Alain Minc, Président
d’Avelinvest et associé de la société Oléron Participations, avait été lui-même
représenté lors de la réunion susvisée du 19 mars 1996 et rendu destinataire
de son compte rendu, ce dont il s’évinçait qu’Avelinvest disposait d’une
information aussi complète sur les droits des créanciers que celle de la société
Oléron Participations, la Cour d’appel a violé l’article 455 du Code de
procédure civile.
Il est fait grief à l’arrêt infirmatif attaqué d’AVOIR mis hors de cause Monsieur
Michel de Guillenschmidt ;
1. ALORS QUE la société Ciga Luxembourg faisait valoir dans ses conclusions
d’appel qu’il résultait des termes mêmes d’un protocole d’accord du 29 avril
1996 conclu entre la société Oléron Participations et M. de Guillenschmidt que
celui-ci avait connaissance de ce que le prêt contracté par la société Final était
destiné au financement d’un LBO (leverage buy out) dont Hoyez était la cible
réelle et qu’à défaut d’accord des créanciers, la cession d’Hoyez priverait
inévitablement la société débitrice des ressources indispensables au service
de sa dette, en sorte qu’à supposer même que M. de Guillenschmidt, avocat
et Professeur de droit, ait ignoré la clause du contrat de prêt subordonnant la
cession d’Hoyez au consentement des banques, il n’en aurait pas moins
engagé sa responsabilité en négligeant de se renseigner sur les dispositions
contractuelles prises en faveur des banques ; qu’en se bornant, pour écarter
la responsabilité délictuelle de M. de Guillenschmidt à l’égard de la société
Ciga Luxembourg, à relever qu’il n’était pas établi que celui-ci ait effectivement
eu connaissance de la clause du contrat de prêt subordonnant la cession
d’Hoyez au consentement des banques, sans répondre aux conclusions
susvisées, la Cour d’appel a violé l’article 455 du Code de procédure civile ;
permettre à la société Final de faire face à son passif ; Mais considérant qu’il
n’est pas démontré que les dividendes de la société Hoyez auraient pu
permettre à la société Final de régler la totalité de sa dette à l’égard des
banques ; que le préjudice de la société Ciga Luxembourg ne peut être que de
la perte d’une chance d’obtenir en remboursement du prêt la totalité de la
valeur des actions de la société Hoyez ; que dans le cadre du redressement
judiciaire de la société Final, la créance de la société Ciga Luxembourg a été
admise pour la somme de 14.499.647 i ; que la société Hoyez faisait partie de
l’actif de la société Final et a été vendue dans le cadre de la cession litigieuse
pour la somme de 65.000.000 francs (9.909.186,12 i) ; qu’il n’est pas établi
qu’une somme supérieure ou même équivalente aurait pu être récupérée par
la société Ciga Luxembourg, d’autant qu’elle ne disposait pas de gage sur les
titres de la société Hoyez ; (…) que la Cour estime disposer des éléments
suffisants pour fixer à 6.000.000 i les dommages et intérêts alloués à la
société Ciga Luxembourg » ;
Il est fait grief à l’arrêt infirmatif attaqué d’avoir écarté la fin de non-recevoir
opposée par la société Oléron à l’action en responsabilité de la société Ciga
Luxembourg faute pour celle-ci d’être partie au contrat de prêt du 31 mars
1992, et d’avoir dit que la société Oléron avait engagé sa responsabilité à
l’égard de la société Ciga Luxembourg ;
Il est fait grief à l’arrêt infirmatif attaqué d’avoir dit que la société Oléron avait
engagé sa responsabilité à l’égard de la société Ciga Luxembourg ;
AUX MOTIFS QU’il résulte d’un compte-rendu de réunion établi par M. Gentil
que la société Oléron savait dès le 19 mars 1996 que l’accord des créanciers
était un préalable indispensable à la vente d’Hoyez ; que l’avocat de la société
Oléron participait d’ailleurs à la réunion ; que le compte-rendu de cette réunion
précise que « l’investisseur et son banquier ont pleine conscience que l’on ne
fait pas une bonne manière aux créanciers » ; que, le 29 avril 1996, la société
Oléron a formulé une offre d’achat auprès de la société Soparfi, offre valable
jusqu’au 31 mai 1996 ; que Me Pouget a indiqué, dès le 22 mai 1996, que les
créanciers s’opposent à la vente de la société Hoyez pour un prix de 65
millions de francs ; qu’il résulte de cette note que la société Oléron a
nécessairement été informée des difficultés liées à l’absence d’accord des
créanciers, puisqu’à la suite de cette note, elle a modifié sa proposition pour
les satisfaire ; qu’il résulte de toutes ces pièces que la société Oléron savait
pertinemment qu’en acquérant la société Hoyez, elle agissait au mépris de
l’accord des créanciers, accord dont elle savait depuis l’origine qu’il était
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1o) ALORS QUE toute personne qui, avec connaissance, aide autrui à
enfreindre les obligations contractuelles pesant sur lui, commet une faute
délictuelle à l’égard de la victime de l’infraction ; que la connaissance requise
est celle des obligations contractuelles méconnues ; qu’en l’espèce la cour
d’appel s’est bornée à relever que les parties avaient conscience de la
nécessité d’un accord des créanciers pour la vente de la société Hoyez dans
le cadre de l’exécution d’un mandat ad hoc, sans en indiquer le fondement ;
qu’en s’abstenant de recherche si Oléron connaissait personnellement
l’existence de l’article 8.2.4. du contrat de prêt, qui constituait la clause que la
société Oléron aurait sciemment aidé la société Final à violer, la cour d’appel
a privé sa décision de base légale au regard de l’article 1382 du code civil ;
2o) ALORS QUE dans ses conclusions récapitulatives d’appel (p. 47), la société
Oléron soutenait que la société Ciga Jersey, informée par Me Lafont du projet
de cession de titres Hoyez, avait négligé d’exercer son droit de s’y opposer et
de rappeler tant à son débiteur qu’aux acquéreurs pressentis que son
consentement à la cession était nécessaire en vertu de l’article 8.2.4. du
contrat de prêt ; qu’elle ajoutait que cette négligence fautive était la cause
exclusive du dommage allégué par la société Ciga Luxembourg ; qu’en
omettant de répondre à ce moyen tendant à dégager la société Oléron de toute
responsabilité, la cour d’appel n’a pas satisfait aux exigences de l’article 455
du code de procédure civile.
Il est fait grief à l’arrêt infirmatif attaqué d’avoir condamné in solidum la société
Oléron à payer à la société Ciga Luxembourg la somme de six millions d’euros
à titre de dommages-intérêts ;
AUX MOTIFS QU’ il n’est pas démontré que les dividendes de la société Hoyez
auraient pu permettre à la société Final de régler la totalité de sa dette à
l’égard des banques ; que le préjudice de la société Ciga Luxembourg ne peut
être que la perte d’une chance d’obtenir en remboursement du prêt la totalité
de la valeur des actions de la société Hoyez ; que la créance de la société Ciga
Luxembourg a été admise pour la somme de 14 499 677 i ; que la société
Hoyez faisait partie de l’actif de la société Final et a été vendue dans le cadre
de la cession litigieuse pour la somme de 65 000 000 F (9 909 186,12 i) ; qu’il
n’est pas établi qu’une somme supérieure ou même équivalente aurait pu être
récupérée par la société Ciga Luxembourg, d’autant qu’elle ne disposait pas
de gage sur les titres de la société Hoyez ; que la cour dispose des éléments
suffisants pour fixer à 6.000.000 i les dommages-intérêts alloués à la société
Ciga Luxembourg in solidum par la société Soparfi qui a engagé sa
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Il est fait grief à l’arrêt attaqué d’AVOIR dit que Monsieur LAFONT avait, in
solidum avec les sociétés SOPARFI, OLERON PARTICIPATION et CREDIT
LYONNAIS, engagé sa responsabilité à l’égard de la société CIGA
LUXEMBOURG et de l’AVOIR, en conséquence, condamné, in solidum avec
ces sociétés, à payer à la société CIGA LUXEMBOURG la somme de
6.000.000 euros à titre de dommages et intérêts ;
Il est fait grief à l’arrêt attaqué d’AVOIR dit que Monsieur LAFONT avait, in
solidum avec les sociétés SOPARFI, OLERON PARTICIPATION et CREDIT
LYONNAIS, engagé sa responsabilité à l’égard de la société CIGA
LUXEMBOURG et de l’AVOIR, en conséquence, condamné, in solidum avec
ces sociétés, à payer à la société CIGA LUXEMBOURG la somme de
6.000.000 euros à titre de dommages et intérêts ;
euros) ; qu’il n’est pas établi qu’une somme supérieure ou même équivalente
aurait pu être récupérée par la société Ciga Luxembourg, d’autant qu’elle ne
disposait pas de gage sur les titres de la société Hoyez ; que s’il est reproché
à la société Ciga Luxembourg de ne pas avoir tenté de recouvrer la somme
représentant le prix de cession, cette négligence n’est pas fautive, dès lors qu’il
n’est pas démontré que la société Ciga Luxembourg a été informée de la vente
de la société Hoyez dès lors que celle-ci a eu lieu, et alors surtout qu’elle ne
disposait pas de droit de gage sur la somme ainsi versée ; que la Cour estime
disposer des éléments suffisants pour fixer à 6.000.000 d’euros les dommages
et intérêts alloués à la société Ciga Luxembourg in solidum par la société
Soparfi qui a engagé sa responsabilité contractuelle et par la société Oléron
Participations, Me Lafont et le Crédit Lyonnais qui ont engagé leur
responsabilité délictuelle ;
1o ALORS QUE le mandataire ad hoc, qui n’est tenu que d’une obligation de
moyens, ne saurait être tenu d’accomplir des diligences qui excèdent la
connaissance de l’entreprise qu’il est chargé d’assister et sont imposées par
des informations qu’il ne détenait pas ; qu’en reprochant à Monsieur LAFONT
d’avoir affirmé à tort que l’accord des créanciers n’était pas nécessaire pour
procéder à l’opération envisagée, sans rechercher, ainsi qu’elle y était invitée
par l’exposant, s’il avait connaissance de la clause prohibant la cession visée
sans l’accord du prêteur, la Cour d’appel a privé sa décision de base légale au
regard de l’article 1382 du Code civil ;
2o ALORS QUE le mandataire ad hoc, qui n’est tenu que d’une obligation de
moyens, peut inciter le débiteur à conclure un acte conforme aux objectifs
assignés à sa mission ; qu’en reprochant à Monsieur LAFONT d’avoir
oralement affirmé, lors d’une réunion de négociation, pouvoir « imposer la
vente » aux parties, et en en déduisant que le mandataire ad hoc avait
outrepassé sa mission, sans rechercher si cette affirmation, purement orale,
formulée au cours d’une réunion de négociation ne correspondait pas à
l’influence que le mandataire ad hoc pouvait prétendre exercer, la Cour d’appel
a privé sa décision de base légale au regard de l’article 1382 du Code civil ;
3o ALORS QU’en toute hypothèse, l’auteur d’une faute ne saurait être tenu de
réparer un dommage qui se serait produit, même en l’absence de faute, et qui
n’en est, partant, pas la conséquence ; qu’en affirmant que la faute de
Monsieur LAFONT était la cause du préjudice consécutif à la cession des parts
de la société HOYEZ, dès lors qu’il avait fait croire au CREDIT LYONNAIS qui
avait financé cette acquisition qu’il avait obtenu l’accord des créanciers, bien
qu’elle ait, elle-même, relevé que cet établissement financier avait « sciemment
prêté les fonds en violation de la clause contractuelle », ce qui établissait sa
détermination éclairée à financer l’opération, et partant, l’absence de toute
influence des informations qu’il était reproché au mandataire ad hoc d’avoir
transmises, la Cour d’appel a violé l’article 1382 du Code civil ;
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