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Affouillement

I. Introduction :
Un ouvrage quelconque installé dans une rivière, perturbe l'écoulement. Il se crée souvent, à
son aval, un tourbillon creusant localement une cavité. C'est l'affouillement, qui à la base des
piles, est l’une des principales causes de l’effondrement des ponts qui enjambent les cours
d’eau. L’affouillement est causé par la présence de la pile elle-même – par son influence sur
les courants environnants. La pile cause une accélération du débit et engendre un système de
tourbillons fixes tridimensionnels complexes qui augmentent la force d’érosion exercée sur le
fond du cours d’eau. Ces débits instables peuvent rapidement donner naissance à
l’affouillement lorsque le lit du cours d’eau est trop faible pour résister à la force d’érosion
accrue. Une fois le procédé enclenché, les fosses d’affouillement peuvent s’agrandir
rapidement – déstabilisant les piles et rendant le pont moins stable.
Le problème lié à la présence des appuis du pont dans la rivière est l’estimation de la
profondeur des fondations des piles et des culées en tenant compte de la profondeur
d’affouillement.
Le niveau du lit de la rivière pourrait être changé sous l’influence de 4 facteurs qui sont très
liés entre eux. Chaque facteur doit être pris en considération ainsi que leurs effets combinés,
pour être en possibilité d’estimer l’affouillement total du lit. Ainsi Mr DUNN distingue ces 4
facteurs comme suit :
1. La variation générale du niveau du lit de la rivière en dépendant de la variation du
débit ;
2. Le raccourcissement du débouché linéaire au niveau du lit causé par un
raccourcissement de la largeur de la rivière ou par la présence des remblais de part et
d’autre des berges ;
3. L’approfondissement local causé par la présence d’un obstacle perturbant
l’écoulement uniforme ;
4. L’approfondissement accentué causé par des caractéristiques locales.
On distingue 3 types d’affouillement :
1. L’affouillement général du lit qui se traduit par le transport solide : charriage, saltation
et suspension ;
2. L’affouillement dû au rétrécissement du lit de la rivière ;
3. L’affouillement local autour d’un obstacle (pile, culée).
Ainsi l’affouillement total au niveau d’une pile est la somme arithmétiques de ces trois
valeurs.
II. Estimation de l’affouillement général :
Pendant l’écoulement des eaux en crue, non seulement le niveau de l’eau monte, mais encore
le niveau du lit de l’oued en général baisse. La valeur de cet abaissement est évaluée par
plusieurs formules :
Formule de LARRAS :
Issue d’une corrélation entre la largeur du plan d’eau Ws et la hauteur d’eau majeur H :
Pour 1 < Ws < 10m H = 0.27 Ws 7/6
Pour Ws  10m H = 2.0 Ws 0.3
Ainsi dn = H - H e
Avec dn : l’affouillement général
Ws : débouché linéaire en cas de crue de projet (PHE)
He : la hauteur des plus hautes eaux
Formule de LACY-SIMONS et ALBERTSON-ACKERS et LANGBETN :
Pour un lit sableux (d90<6mm) D = 0.48 QP0.36
A
Ainsi dn  D 
Ws
Avec D : la profondeur d’eau en crue
QP : le débit correspondant à la crus de projet
d90 : dimension de la maille par laquelle passe 90% en poids de matériau du fond du lit
Ws : débouché linéaire en cas de crue de projet (PHE)
A : débouché superficielle en cas de crue de projet (PHE)
Formule de DUNN :
D
Pour un lit graveleux (d90>6mm) et si  20 D = 0.249 . QP0.8 . d90-0.12 . Ws-0.8
d 90
A
Ainsi dn  D 
Ws
D’autres formules :
6 7
Q  2 7
LPEE D  0.217  P  d 50
 Ws 
2 3
Q  1 6
EDF D  0.730  P  d 50
 Ws 
5 6
Q  1 4
LEVI D  0.234  P  d 50
 Ws 
7 8
Q   3 16
CONDOLIOS D  0.177  P  d 50
 Ws 
A
Ainsi dn  D 
Ws
III. Estimation de l’affouillement dû au rétrécissement du lit :
Lors de la construction des ponts, pour des raisons d’économie, le plus souvent, les ponts sont
prévus plus courts que la largeur de la rivière sur laquelle ils sont construits.
Dans ce cas la largeur libre de l’écoulement des eaux en cas de crues est rétrécie par des
remblais d’accès ainsi que par les piles et les culées.
Si le lit de la rivière est érodable, le lit dans la partie rétrécie s’adapte tout seul pour permettre
la plus grande profondeur d’écoulement. Si la largeur de la partie réduite est petite en rapport
de celle existante en amont, les modifications du lit en profondeur peuvent être considérables.
Formule de LAURSES :
 0.027 . V 2 d sur 1 3  3 7  W  6 7 
d c  D 13
. 50    s1   1
 D d 50pro   Ws 2  
Avec dc : l’affouillement dû au rétrécissement du lit de la rivière
D : la profondeur d’eau dans la partie non rétrécie obtenue par la formule de DUNN
V : la vitesse moyenne d’écoulement dans la partie non rétrécie
d50sur : dimension de la maille par laquelle passe 50% en poids de matériau de la
surface du lit non rétrécie
d50pro : dimension de la maille par laquelle passe 50% en poids de matériau rencontré
au fond de l’affouillement dans la section du lit rétrécie
Ws1 : débouché linéaire de la section du canal non rétrécie
Ws2 : débouché linéaire de la section du canal rétrécie
Formule de STRAUB :
9 14
W 
d c  H e . s 2   He
 Ws1 
Avec dc : l’affouillement dû au rétrécissement du lit de la rivière
He : la hauteur des plus hautes eaux
Ws1 : débouché linéaire de la section du canal non rétrécie
Ws2 : débouché linéaire de la section du canal rétrécie
IV. Estimation de l’affouillement local autour d’une pile :
La présence d’une pile dans l’écoulement d’une rivière apporte des tourbillons à l’écoulement
des eaux qui sont localement très visible si le courant est vif. Le niveau de l’eau au contact
avec l’avant bec de la pile décroît rapidement pour remonter lentement.
Les filets liquides dévies et les mouvement tourbillonnaires qui accompagnent leur déviation
sont susceptibles de remanier le lit mobile d’une rivière.
D’après un très grand nombre d’étude et d’essais sur le model réduit, il a été constaté que les
formes des piles jouent un très grand rôle dans l’affouillement localisé autour de la pile ; cet
affouillement varie considérablement avec la forme du fût de la pile.
Formule de CHATOU :
di=  . H0.3 . D0.7
Avec di : l’affouillement local autour d’une pile
 : coefficient de forme des piles : égale à 1.2 pour les piles oblongues ou circulaires
égale à 1.5 pour les piles rectangulaires
H : hauteur de l’eaux en tenant compte de l’affouillement général (par la formule de
LARRAS) et de l’affouillement dû au rétrécissement du lit de la rivière(par la
formule de STRAUB)
D : largeur de la pile
Formule de MAZA et SANCHEZ BRIBIESCA :
di= (0.23H + 1.32D) f
Avec di : l’affouillement local autour d’une pile
H : hauteur de l’eaux en tenant compte de l’affouillement général (par la formule de
LARRAS) et de l’affouillement dû au rétrécissement du lit de la rivière(par la
formule de STRAUB)
D : largeur de la pile
f : coefficient dépendant de l’angle d’incidence du courant sur la pile

Angle 0 15° 30° 45°

f 1 1.25 1.4 1.45

Formule de CAMBEFORT :
H 4 
d i    D  f
4 3 
Formule de SHEN :
di=0.277 (V . P)0.619
Avec di : l’affouillement local autour d’une pile
V : la vitesse moyenne d’un courant uniforme approché à la pile
P : la largeur de la projection normale de la pile perpendiculaire au courant
Formule de BRENSERS :
di= 1.4 P
Avec di : l’affouillement local autour d’une pile
P : la largeur de la projection normale de la pile perpendiculaire au courant
Formule de LARRAS :
10 3 4
di  P .K
3
Avec di : l’affouillement local autour d’une pile
P : la largeur de la projection normale de la pile perpendiculaire au courant
K : coefficient de proportionnalité dépendant de la forme de la pile et de l’angle du
plan de symétrie de la pile et de la direction générale du courant
Ecoulement parallèle au plan de symétrie de la pile
Coefficient de proportionnalité K
Forme des piles Allongement des piles CHATOU IOWA TISOU ESCAUDE
Circulaire - 1,00 1,00 1,00 1,00
Lenticulaire 2 - 0,91 - -
3 - 0,76 - -
4 0,73 - 0,67 -
7 - - 0,41 -
Joukowski 4 0,86 - - -
4,1 - - 0,76 -
4,5 - - - 0,76
Elliptique 2 - 0,91 - -
3 - 0,83 - -
Ogivale 4 0,92 - 0,86 -
Circulaire double 4 0,95 - - -
Oblongue 1 - 1,00 - -
1,5 - 1,00 - -
2 - 1,00 - -
3 - 1,00 - -
4 1,03 - 1,00 -
Rectangulaire abenfreinée 4 - - 1,01 -
Rectangulaire 0,25 - 1,30 - -
4 - - 1,40 -
4,5 - - - 1,25
5,3 - - 1,40 -
9,3 - - 1,40 -
écoulement non parallèle au plan de symétrie de la pile
Coefficient de proportionnalité K'
Forme des piles Allongement des piles 0° 10° 15° 20° 30° 45°
Circulaire - 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00
Lenticulaire 2 0,91 - - - 1,13 -
3 0,76 0,98 1,02 1,24 - -
4 0,76 - 1,12 - 1,50 2,02
Joukowski 4 0,86 - 1,00 - 1,40 1,92
4,5 - - - - 1,36 -
Elliptique 2 0,91 - - - 1,13 -
3 0,83 0,98 1,06 1,24 - -
Ogivale 4 0,93 - 1,18 - 1,51 -
Oblongue 2 1,00 - - - 1,17 -
3 1,00 1,92 1,13 1,34 - -
4 1,00 - 1,15 - 1,52 -
4,5 - - - - 1,6 (?) -
Rectangulaire 2 1,11 - 1,38 - 1,56 1,65
4 1,11 - 1,12 - 2,17 2,43
4 (x) 1,11 (?) - 1,00 - 2,91 3,00
4,5 - - - - 2,00 -
6 1,11 - 2,00 - 2,60 2,93
8 1,11 - 2,23 - 3,03 3,64
10 1,11 - 2,48 - 3,43 4,36
V. Estimation de l’affouillement total :
L’affouillement total au niveau de la pile d’un pont sera :
d = dn + dc + di
VI. Tableau récapitulatif des formules à utiliser:
Auteur Affouillement général du lit de la rivière Affouillement dû au rétrécissement du lit de la Affouillement local autour
rivière d’une pile

LARRAS dn = 0.27 Ws7/6 - He pour 1 < Ws < 10m 10 3 4


di  P .K
3
dn = 2.0 Ws 0.3 - He pour Ws  10m

LACY, SIMONS et Pour un lit sableux (d90<6mm)


ALBERTSON, A
0.36
ACKERS et d n  0.48 Q P 
Ws
LANGBETN
0.619
DUNN Pour un lit graveleux (d90>6mm)  0.027 . V 2 d sur1 3 3 7  W 6 7  di=0.277 (V . P)
d c  D  . 50   s1 
 W   1
D
 20  D1 3 d 50pro   s2 
en cas de  
d 90

0.8 -0.12 A
d n  0.249 . Q P . d 90 . Ws - 0.8 
Ws
D
en cas de  20
d 90

0.36 A
d n  0.48 Q P 
Ws
LPEE Q 
67
A
2 7
d n  0.217  P  d 50 
 Ws  Ws

EDF Q 
23
A
1 6
d n  0.730  P  d 50 
 Ws  Ws

LEVI Q 
56
A
1 4
d n  0.234  P  d 50 
 Ws  Ws

CONDOLIOS Q 
78
A
3 16
d n  0.177  P  d 50 
 Ws  Ws

STRAUB W 
9 14

d c  H e . s 2   He
 Ws1 

CHATOU di=  . H0.3 . D0.7

MAZA et di= (0.23H + 1.32D) f


SANCHEZ
BRIBIESCA

CAMBEFORT H 4 
di    D  f
4 3 

BRENSERS di= 1.4 P


Protections
VII. Introduction :
Un des problèmes qu’il est essentiel de résoudre dans l’établissement d’un ouvrage en rivière est celui de sa protection contre les affouillements.
La méthode la plus courante pour la protection des fondations en rivière reste le tapis d’enrochement.
VIII. Les enrochements :
Le principe de protection par enrochements est très simple : l’affouillement se produit par ce que les grains du sol constituant le lit sont assez
petits pour être entraînés par les courants de crue.
Si l’on dispose sur le lit autour d’une pile un tapis ou massif d’enrochement unitairement assez lourd pour que les courants les plus violents ne
puissent les déplacer, les matériaux du lit soustraits à l’action du courant ne pourront être entraînés et le lit ne sera pas affouillé dans la zone
protégée.
l’expérience prouve que les enrochements de protection, si lourds qu’ils soient, sont toujours déplacés puisque le niveau qu’atteint le massif
d’enrochement contre le fût d’une pile baisse toujours avec le temps et qu’il faut l’entretenir en le rechargeant.
Il faut comprendre le mécanisme de ce déplacement. Ce ne sont pas les enrochements de la surface de massif qui sont entraînés, s’ils sont ont été
choisis judicieusement assez lourds. Le lit s’affouille là où s’arrêtent les enrochements et ces derniers glissent dans les fossés ainsi creusée. Ils se
déplacent par ce que le pied de leur talus est ruiné.
La solution « enrochements » présente une grande variété de types de profils et de structures, toutefois le dimensionnement passe toujours par la
définition (calcul) de la masse (ou diamètre) des matériaux constitutifs (bloc unitaire) et ce, quelle que soit la partie de l’ouvrage concerné.
Dimensionnement du bloc
Une règle simple pour choisir la taille de ces enrochements consiste à prendre des blocs dont le début du mouvement apparaît pour la valeur
double de la vitesse maximale pouvant servir. On calcul en général cette dernière en prenant la vitesse moyenne Q/S.
La formule d’ISBASH donne alors le coefficient m à partir de la vitesse d’entraînement.
 
V  m 2 g  s d 50
  
Avec : V : la vitesse moyenne admissible pour la stabilité des enrochements
g : l’accélération de la pesanteur
 s : la masse volumique du sédiment
 : la masse volumique de l’eau
d50 : diamètre moyen des enrochements

vitesses caractéristiques des enrochements pour une densité moyenne de 2.6 t/m3
Désignation de la Valeur de 0.6 0.85 1 1.2 1.5
classe m admise
d’enrochements d50
1600 – 5000 kg 1.28 3.80 5.38 6.34 7.60 9.50
400 – 1600 kg 0.84 3.08 4.36 5.13 6.16 7.70
100 – 400 kg 0.53 2.45 3.46 4.08 4.90 6.11
25 – 100 kg 0.33 1.93 2.73 3.22 3.86 4.82
5 – 25 kg 0.20 1.50 2.13 2.5 3.00 3.76
1– 5 kg 0.12 1.15 1.64 1.92 2.31 2.88
Données sur la mise en place des enrochements (d’après SOGREAH)
Les critères de mise en place sont principalement :
 l’épaisseur minimale de la couche.
 la constitution et l’épaisseur des couches de transition.
L’épaisseur minimale :
La couche de l’enrochement doit avoir une épaisseur égale au moins 2 fois le diamètre déterminé par les calculs hydrauliques.
Couches de transition
Le terrain sur lequel doivent reposer les enrochements de protection, a presque toujours une granularité plus fine ; on peut craindre alors que des
particules soient emportées à travers les vides du corps d’enrochement par effet de turbulence et que, peu à peu, l’ouvrage se détériore par
éboulements successifs.
Ce risque est supprimé en interposant entre le terrain naturel et le corps d’enrochement une ou plusieurs couches de transition qui devront
satisfaire aux conditions de non entraînement des filtres.
Cependant, les conditions de fonctionnement sont moins rigoureuses que celle des filtres, l’écoulement venant à travers l’enrochement pour en
ressortir et une seule couche de transition est suffisante si elle est assez épaisse (30 à 50 cm)
Conditions

d 15enrochement
 5
d 85 transition

d 15enrochement
 5
d 85 terrain
Ces conditions une fois remplis, celles citées ci-après le seront presque obligatoirement:

d 15enrochemen t d
 25 ; 15enrochemen t  25
d 50 transition d 50 terrain
d 10enrochemen t d
 20 ; 10enrochemen t  20
d 50 transition d 50 terrain

Si plusieurs couches s’avéraient nécessaires, on peut aussi les définir puis les mélanger en une seule sur une épaisseur de l’ordre de 0.50m.
Nota :
Il ne faudra pas descendre en dessous de 20 cm pour l’épaisseur des couches de transition, car la mise en place par les engins de génie civil
habituelles n’est plus possible.
Commentaire .
Mise en place d’un perré en enrochements :
La mise en place des perrés nécessite, en général, un bon blocage du pied si l’on ne veut pas voir la détérioration de l’ouvrage lorsque
l’affouillement avoisine la profondeur du pied.
Ce blocage peut être réalisé par une longrine en béton ou par une petite banquette constituée par des enrochements de diamètre identique à ceux
de perré.
Données sur les protections de piles d’ouvrages :
Il peut être calculé à l’aide de la formule (2) mais aussi à l’aide de la formule empirique du soviétique ISBACH correspondant à un cas
intermédiaire où les enrochements ne sont pas calés les uns sur les autres et celui où il sont bloqués les uns sur les autres.
V  5 W50

avec V : Vitesse d’entraînement de bloc majorée d’un coefficient de 1.2 en général.


W50 : « poids moyen » unitaire en Kg (masse).
Il est recommandé en outre, que le tapis d’enrochements ait une dimension égale à 3 fois le diamètre ou la largeur de la pile, et une épaisseur de
deux à 3 fois ce même diamètre : toutefois, cette épaisseur doit tenir compte de la hauteur d’eau en vue d’assurer le libre passage des corps
flottants.
De plus, on place souvent une géotextile au contact du fond de lit pour supprimer les risques d’affouillement.
IX. Les para-ffouilles :
Ces ouvrages de protection sont utilisés généralement pour les dalots. Leur hauteur est déterminée sur la base de la hauteur d’affouillement et
leur calcul de structure est similaire un mur de soutènement.

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