Vous êtes sur la page 1sur 2

L’ironie

➡ Manière de railler, de se moquer en ne donnant pas aux mots leur valeur réelle
ou complète, ou en faisant entendre le contraire de ce que l'on dit (Larousse)

L’ironie consiste à dire le contraire de ce que l’on pense tout en faisant comprendre
que l’on pense le contraire de ce que l’on dit.
L’ironie est une figure de style du double langage, c’est à dire que le véritable sens
de l’énoncé ne peut être compris qu’après une réinterprétation. La vérité est ainsi énoncée
de façon détournée, elle est manipulée. Devant un texte ou une phrase ironique, il s’agit
donc de trouver la signification implicite.

Le support le plus fréquent de l’ironie est l’antiphrase.


‣ Ex: « Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux
armées. » (Candide) —> signifie en fait que les deux armées sont la chose la moins
belle, la moins leste, la moins brillante et la moins ordonnée qu’on n’ait jamais vue.

Principes de fonctionnement:
‣ L’ironie repose sur un dialogue implicite dans lequel l’auteur/l’émetteur/le
locuteur fait semblant d’adopter les arguments qu’il souhaite réfuter.
‣ Dans l’ironie, il y a en quelque sorte un dédoublement de l’émetteur: il
mentionne des arguments et dans le même temps il fait comprendre qu’il est opposé à
ces mêmes arguments.
‣ Pour lui c’est le contraire de ce qu’il énonce qui est vrai.
‣ Il attend que le lecteur/destinataire/récepteur comprenne qu’il y a ironie, cela
crée une complicité.

‣ Pour être comprise, l’ironie a cependant besoin d’indices, dont les plus
fréquents sont:
- l’intonation, dans le cas d’un énoncé oral —> insistance, mélodie particulière
conduisent l’interlocuteur à penser qu’on ne lui parle pas au premier degré
- le contexte
- les ruptures de ton : « les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les
canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » (Candide) —>
la mention de l’enfer provoque une chute inattendue avec l’harmonie
précédemment décrite
- les antithèses étudiées et les oxymores, qui construisent des contradictions
amusantes ou absurdes : « une boucherie héroïque », « un bel autodafé », « brûlées à
petit feu en grande cérémonie" (Candide), « une âme bonne »/« un corps tout
noir »(De l’esclavage des Nègres)…

1
- les exagérations, souvent sous forme d’hyperboles, pour faire ressortir le
décalage entre la réalité et ce qu’on décrit: « le meilleur des mondes », « le plus
beau des châteaux qui renfermait la plus belle des baronnettes »,  « jamais on n’eut
plus d’esprit à souper qu’en eut Sa Majesté »… (Candide)
- certaines formes d’euphémismes et de litotes: « des appartements d’une
extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais incommodé du soleil » pour
évoquer les prisons (Candide)
- les signes typographiques: points d’exclamation, points de suspension
peuvent marquer l’ironie. A noter que certains auteurs ont tenté de créer le point
d’ironie ( " ou ⸮) mais que son usage ne s’est jamais répandu.

➡ Exemple:
« il était décidé par l’Université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit
feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler. »

Dans cette phrase, Voltaire mêle plusieurs procédés de l’ironie:


‣ antithèse petite/grande
‣ antiphrase (« infaillible »)
‣ disproportion entre la réalité horrible et cruelle (brûler des gens) et le mot
« spectacle » qui évoque un divertissement
‣ rupture de la chute finale, (contradiction entre l’objectif et le moyen utilisé, entre
les décideurs que l’on imagine savants et leur décision qui apparait d’autant plus
aberrante)

Formes particulières de l’ironie:


‣ L’ironie citationnelle —> discours parodique, imaginaire, où l’on cite les propos
supposé de son adversaire pour mieux les réfuter/dénoncer (voir De l’esclavage des
Nègres)
‣ L’ironie tragique —> cas particulier, fréquent dans le théâtre tragique où le
destin / la fatalité se moque cruellement du héros (ex: Oedipe promet à son peuple de
punir le meurtrier de Laïos, en ignorant que Laïos est son père et qu’il est lui-même le
coupable; Candide finit par retrouver Cunégonde et peut enfin l’épouser mais celle-ci
est « rembrunie, les yeux éraillés, la gorge sèche, les joues ridées, les bras rouges et
écaillés… » et il ne la désire plus)
‣ Le faux éloge (ou diasyrme) et le faux dénigrement
-

Vous aimerez peut-être aussi