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4- Didactique

4-1- Accueil et orientation des élèves

L'accueil et l'évaluation des enfants primo-arrivants sont des points importants

dans la scolarité de ces enfants. En effet, ce sont ces premiers contacts qui déterminent

l'avenir scolaire des enfants.

Or, comme le souligne Claire Grimaldi "

L CIO

"1. Les tests d'évaluation sont donc créés par divers organismes.

Les CEFISEM sont les diffuseurs de ces moyens d'évaluation. N'étant pas habilités à travailler

directement avec les enfants, il leur est difficile de mettre en place un système d'évaluation.

Ils ne peuvent que participer aux recherches et diffuser les résultats.

L'INETOP2 a produit un ouvrage en collaboration avec des enseignants. Les

épreuves sont en langue d'origine. Ce test a plusieurs objectifs : une évaluation psycho-

pédagogique, une évaluation des capacités d'analyse, de synthèse... ainsi qu'une évaluation des

1
Troisième congrès international d'actualité de la recherche en éducation et formation- livre de résumés 28-29-
30 juin 1999- Université Victor Segalen Bordeaux 2
2
Institut national du travail et d'orientation professionnelle

Didactique: accueil et orientation des élèves 1


potentialités afin de pouvoir prévoir l'adaptation scolaire. Cette évaluation se déroule en

plusieurs étapes.

L'évaluation psycho-pédagogique est réalisée sous la forme d'un entretien.

L'objectif premier est d'accueillir et d'évaluer la demande et les attentes, de repérer les points

importants de l'histoire de l'enfant ou de l'adolescent avant son arrivée en France.

L'"évaluateur" s'intéresse donc à sa famille, à son réseau de communication et à ses pratiques

linguistiques, mais aussi à son parcours scolaire ou professionnel et aux souhaits qu'il forme

pour l'avenir. Cette évaluation prend en compte la compréhension et l'expression orales, les

attitudes significatives et les stratégies d'information qui sont mises en place. Le deuxième but

de l'évaluation psycho-pédagogique est d'évaluer les acquis en langue française et leur qualité,

il s'agit de savoir si le français a déjà été pratiqué à l'école comme langue étrangère ou

seconde, si les enfants sont francophones mais n'ayant pas eu, ou peu, accès à une scolarité

normale, ou s'ils ne disposent d'aucune connaissance si ce n'est quelques bases autodidactes

nécessaires à la survie dans le pays d'accueil.

La seconde étape est une épreuve évaluant différentes capacités telles que

reconnaître un signe, retrouver un son dans un mot, recopier des mots ou des phrases, classer

par ordre alphabétique, reconnaître le rythme des phrases, mettre la ponctuation, comprendre

le sens d'une phrase. Les compétences grammaticales et communicatives sont également

évaluées (conjuguer aux temps simples, lire l'heure, décrire une situation d'après une image,

rédiger quelques phrases personnelles, lire les lettres, syllabes ou phrases complexes.). La

maîtrise de la langue d'origine est aussi appréciée afin de pouvoir comparer la compréhension

et la qualité de mémorisation avec les enfants scolarisés en France de manière à pouvoir

déterminer un niveau scolaire.

Didactique: accueil et orientation des élèves 2


La troisième et dernière étape de ce test d'évaluation consiste à évaluer les

potentialités et à pronostiquer l'adaptation scolaire. Cela s'effectue par l'analyse de

différentes capacités : mobilisation de l'énergie mentale, observation, identification des

formes, repérage spatio-temporel, analyse, association, catégorisation, déduction, synthèse,

mémorisation, concentration, maintien de l'attention mais aussi capacité à décrire une

situation mentalisée.

Le bilan jeunes rejoignants, BJR, est un autre type d'outil d'évaluation. Il est

diffusé par la base pédagogique de soutien qui est aussi centre de ressources illettrisme de la

région Midi-Pyrénées. Il a été créé en 1993 par l'équipe de la BPS3 grâce au financement du

fonds d'action sociale du Languedoc-Roussillon à la suite d'une réflexion collective sur

l'évaluation professionnelle des migrants. A l'origine, ce test était destiné aux jeunes arrivant

en France dans le cadre du regroupement familial et qui dépassaient l'âge scolaire, son

utilisation est maintenant étendue à toutes les tranches d'âge et à toutes les catégories : mères

de familles, enfants en âge d'être scolarisés, jeunes pouvant être orientés vers des formations

qualifiantes.

Le BJR est le fruit d'une démarche collective. Après avoir confronté les

expériences de chacun, les difficultés rencontrées par les différents acteurs de l'accueil des

migrants, une réflexion sur le besoin d'information de ces acteurs, nécessaire à la définition

des objectifs de leur action auprès des jeunes rejoignants, a été mise en place. Après plusieurs

expérimentations, ce test a vu le jour sous la forme d'un bilan de compétences.

3
base pédagogique de soutien

Didactique: accueil et orientation des élèves 3


Le bilan jeunes rejoignants est un outil d'évaluation complet qui permet, après

l'analyse des éléments obtenus, une orientation vers une formation adaptée. Cet outil permet

de mettre en place des parcours de formation et la construction d'objectifs individuels. Cette

évaluation formative ne tient pas uniquement compte du niveau scolaire, les acquis et les

potentiels sont également appréciés. Ce sont tous les éléments mis en cause par une situation

de communication qui sont évalués : connaissances personnelles, efficience cognitive,

possibilité d'adaptation...

Cet outil permet ainsi d'évaluer les acquis de personnes et de réunir les

différents indicateurs pouvant faciliter leur insertion. Afin d'obtenir une évaluation aussi

objective que possible et de ne pas pénaliser les personnes par leur méconnaissance de la

langue française, les activités ont été traduites en plusieurs langues, portugais, turc, arabe. Les

"évalués" peuvent répondre en français ou dans leur langue, mais il existe des épreuves de

communication orale en langue française.

Le BJR connaît un certain succès, sa diffusion est réalisée au plan national. Sa

gratuité en fait également un outil accessible. La base pédagogique de soutien a même dû

procéder à une réimpression de certains éléments en arabe et en français.

Avant d'aborder la description des étapes composant le BJR, il est intéressant

de s'attacher à l'analyse des éléments retenus pour l'évaluation. Plusieurs points permettent

d'élaborer un bilan des compétences aussi complet que possible. Il s'agit de repérer les

caractéristiques scolaires et professionnelles dans le pays d'origine, de repérer le degré

d'adhésion dans le projet migratoire de la famille, une adhésion volontaire facilitera une

intégration scolaire et une insertion socio-professionnelle alors qu'une migration imposée

Didactique: accueil et orientation des élèves 4


vécue comme une obligation sera un obstacle. Les éléments de fonctionnement cognitif, les

acquis d'ordre professionnel mais aussi les connaissances dans le domaine de la

communication orale en langue française, de la communication en langue écrite et en

mathématiques sont autant d'éléments permettant d'avoir une vision objective des possibilités

d'adaptation et des différentes orientations possibles.

Quand la personne évaluée, en général un adolescent ou un enfant, est non-

francophone, un médiateur culturel assiste aux entretiens et l'évaluation des savoirs de base

est faite en langue d'origine.

Le déroulement de l'évaluation a lieu en plusieurs étapes. Le premier contact

permet de vérifier que la personne a pu avoir accès aux différents services administratifs et si

la présence d'un médiateur culturel est nécessaire ou non.

Lors de l'entretien exploratoire l'évaluateur repère les éléments importants de

l'histoire de la personne qui favoriseront ou non l'insertion.

L'évaluation des potentiels et des acquis dans le domaine des savoirs de base

est alors effectuée. Les exercices en communication orale servent à déterminer les axes de

travail à développer pour une acquisition rapide et efficace de la langue. Ceux en

communication écrite sont traduits en langue d'origine afin d'éviter le barrage de la langue et

permettent de déterminer le niveau scolaire réel. Des tableaux de correspondance entre les

systèmes scolaires français, turcs, marocains, algériens et portugais sont inclus dans le BJR4.

Lorsque la maîtrise du français est jugée suffisante, la version française des exercices est

4
cf. annexes

Didactique: accueil et orientation des élèves 5


proposée. L'évaluation en mathématiques, dont les supports sont traduits, permet de repérer la

capacité d'utilisation du système numérique, d'effectuer les calculs de base ainsi que la mise

en œuvre des opérations cognitives adaptées à la résolution des problèmes liés à la vie

quotidienne.

Après les épreuves, le bilan est mis à la disposition de la personne. La dernière

phase de l'évaluation consiste pour l'évalué à faire la synthèse du bilan. Cela lui demande

donc un investissement par rapport à son avenir et d'en être acteur.

Le matériel du BJR se compose de plusieurs éléments : un guide de

l'évaluateur, un recueil "éléments du bilan", un recueil "éléments permanents" et des cahiers

d'exercices en français, portugais, turc et arabe.

Le guide de l'évaluateur présente le BJR, ses caractéristiques et son mode

d'emploi. Les fiches techniques détaillent les séquences du bilan : les objectifs, les documents

à remplir par l'évaluateur et/ou ceux mis à la disposition de l'évalué, des conseils pour le

déroulement de la séquence, des précisions techniques permettant d'aider l'évaluateur dans son

travail.

Le recueil "éléments permanents" comporte des fiches détachables à mettre à la

disposition de l'évalué pour les exercices. Des images à découper servent à l'expression orale,

les légendes correspondantes sont aussi à détacher, de même qu'un tableau comparatif de prix

pour les mathématiques. Les textes des histoires imagées sont traduits dans les quatre langues

(français, arabe, turc et arabe).

Didactique: accueil et orientation des élèves 6


Les fascicules d'exercices comportent une fiche pour la lecture, deux pour la

communication écrite et trois pour les mathématiques. Les exercices de lecture portent sur la

compréhension des textes du recueil "éléments permanents". Ceux de communication écrite

concernent la reproduction d'un écrit, la production d'un message, un test d'orthographe et la

production d'une lettre. Les exercices de mathématiques sont des exercices de lecture et

d'écriture de chiffres, de comparaison et de classement. Des problèmes de calcul sont

également proposés. Pour ne pas pénaliser l'évalué par une mauvaise compréhension des

énoncés, les exercices sont traduits.

Le recueil "éléments du bilan" contient les fiches d'évaluation proprement

dites. Ces fiches, photocopiables, permettent à l'évaluateur de reporter ses observations et les

résultats de l'évalué en fonction de critères précis. Une première partie concerne la prise de

connaissance, les fiches "Accueil" et "Entretien exploratoire" permettent de consigner les

éléments personnels concernant l'évalué, ( état civil, compréhension et expression orales en

français, environnement familial, motivations personnelles à l'immigration, pratiques

linguistiques, vie quotidienne, activités de loisir, moyens de locomotion, formation initiale et

professionnelle, pratiques professionnelles, souhaits concernant l'avenir).

Les extraits ci-après permettent d'avoir un aperçu des critères d'évaluation en

expression ora le, reproduction écrite, production écrite et mathématiques.

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Didactique: formation des enseignants 8
Didactique: formation des enseignants 9
Didactique: formation des enseignants 10
Didactique: formation des enseignants 11
L'utilisation du BJR a permis d'éviter des erreurs d'orientation. Ainsi par

exemple5 cette jeune algérienne de 11 ans. Elle a suivi une très bonne scolarité dans son pays,

mais depuis son arrivée dans un collège français, ses résultats sont très médiocres et elle est

considérée comme une mauvaise élève. Le BJR révèlera que cette jeune fille n'a d'autres

difficultés qu'une mauvaise compréhension de la langue française. Des cours de soutien en

français lui permettront de suivre une scolarité normale et d'obtenir des résultats scolaires

conformes à ses capacités. Malheureusement, de nombreux enfants n'ont pu et ne

bénéficieront pas d'une telle évaluation, ils resteront ou seront orientés dans des sections

d'apprentissage qui ne correspondent ni à leurs réelles capacités scolaires ni à leurs ambitions

professionnelles.

Ces outils d'évaluation sont la plupart du temps utilisés lors de l'accueil des

enfants par des organismes. Lorsque ce sont les écoles qui assument le premier accueil, les

orientations et les évaluations sont faites de manière empirique, si l'on reprend l'expression de

l'enseignant de Toulouse, par les enseignants des classes d'accueil voire par des personnes non

formées dans ce domaine. Aussi, un formateur du CEFISEM de Nancy-Metz a produit une

fiche technique pour " ". Le premier entretien avec l'enfant a

pour objectifs "

! " Ce formateur conseille de demander des informations sur le

parcours scolaire de l'enfant et précise que des tests d'évaluation en différentes langues,

disponibles au CEFISEM, peuvent être utilisés pour apprécier le niveau de lecture et de

mathématiques ainsi que les connaissances en langue française de l'enfant.

5
extrait d'Accueillir les élèves étrangers, Claire Grimaldi, éditions L'Harmattan - Licorne 1988

Didactique: formation des enseignants 12


L'absence d'uniformisation des pratiques peut avoir des conséquences positives

puisqu'elle laisse la possibilité à chacun de mettre en place des outils adaptés mais elle a aussi

des conséquences négatives et souvent désastreuses pour l'avenir des enfants.

Didactique: formation des enseignants 13


Isabelle BARRIERE
DESS Politiques Linguistiques, Technologies Educatives et Didactique des langues étrangères
1998-2000

4-2-Pédagogie

L'absence d'une politique commune d'enseignement du français aux primo-

arrivants a pour effet une totale liberté dans le choix des outils pédagogiques par les

enseignants et dans le fonctionnement de la classe.

L'inexistence de matériel propre pour l'enseignement du français langue

seconde et langue des enseignements a pour conséquence l'utilisation des méthodes de

français langue étrangère et de français langue maternelle, bien que celles-ci ne soient pas

réellement adaptées à ce type de public. Les méthodes de français langue étrangère présentent

la langue de communication et non la langue des enseignements, et les méthodes de français

langue maternelle s'intéressent à des enfants francophones.

D'après une enquête réalisée par le CIEP de Sèvres en 1990, les enseignants

utilisaient trois types d'outils pédagogiques : - compréhension et expression orales et écrites,

lecture, orthographe, grammaire

- alphabétisation

- évaluation et suivi des élèves

Afin de soutenir les enseignants, les CNDP, CRDP, CDDP et les CEFISEM

créent et diffusent des mallettes pédagogiques, des documents vidéo ou du matériel

informatique destinés aux CLIN et CLA.

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Isabelle BARRIERE
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Le CEFISEM et le CRDP d'Alsace ont ainsi édité un ouvrage : L'enseignement

du français aux enfants d'origine étrangère6. Ce petit guide destiné aux enseignants accueillant

des primo-arrivants présente, outre une partie sur les textes officiels et les différentes

structures accueillant des enfants étrangers dans l'Académie alsacienne, des indications utiles

sur les outils et les séquences pédagogiques pouvant être utiles dans les CLIN et CLA.

Les auteurs donnent quelques indications théoriques, tirées du Français

fondamental, sur les noms, les verbes, les adjectifs et les mots les plus fréquents. Ils

présentent également les structures de base du français. Viennent ensuite des conseils

pratiques pour l'enseignement de la langue : adaptation des jeux de société comme le loto, le

jeu de l'oie ou le jeu des familles, l'approche de l'écriture, la correction phonétique. Quelques

renseignements concernant la langue de l'enseignement sont fournis notamment une liste des

termes mathématiques fréquents du CP au CM2 ainsi que les consignes les plus utilisées7.

Des thèmes d'activité sont proposés et développés. Tous sont présentés suivant

le même schéma : lexique, structures, exemples de phrases et situations inductrices. Les

thèmes de travail concernent l'environnement scolaire, le matériel scolaire, les vêtements, les

fruits, les animaux, la poste, les heures... A titre d'exemple les thèmes des vêtements et des

légumes sont reproduits ci-après.

De la même manière sont présentées des fiches de travail qui s'organisent

autour d'un récit. Ce thème comporte deux ou trois séances. Objectifs linguistiques, matériel

et déroulement sont détaillés afin d'aider au maximum l'enseignant dans son travail.

6
Henri Haeffle, Marlise Weiss, collection guide pratique pour l'enseignant, 1996, 194 p
7
cf. annexes

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L'exemple situé à la suite des fiches thématiques donne un aperçu de l'organisation de ces

fiches de travail et de la manière dont sont exploités des récits pour enfants.

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Un formateur du CEFISEM de Paris a créé des fiches de travail spécifiques à

l'enseignement du français dans les CLIN et CLA. Ces fiches sont disponibles sur le site

Internet du CEFISEM, de cette manière, les enseignants ont à leur disposition des documents

de travail pratiques. Les fiches abordent 12 thèmes sans oublier l'accueil des élèves :

- fiche n°1 : comprendre et répondre à des consignes de travail

- fiche n°2 : lire en français pour des élèves ayant déjà appris à lire dans leur langue

- fiche n°3 : comprendre des informations dans un texte d'histoire

- fiche n°4 : apprendre à parler pour expliquer une expérience en sciences ou en technologie

- fiche n°5 : commencer à apprendre le français en CLIN8

- fiche n°6 : s'exercer à prendre la parole

- fiche n°7 : documents à utiliser en CLIN9

- fiche n°8 : raconter et écrire un récit à partir d'images

- fiche n°9: questionner une image complexe

- fiche n°10 : construire des phrases en donnant des précisions sur l'action en cours et sur le

sujet de l'action, amener les élèves à utiliser le vocabulaire grammatical

- fiche n°11 : apprendre la langue nécessaire à l'école

- fiche n°12 : apprendre à caractériser un objet, un lieu ou une personne

Le Ministère de l'Education Nationale soutient les recherches et les différentes

expérimentations qui ont lieu dans un but de création de matériel dont les objectifs sont d'une

part l'enseignement de la langue comme véhicule des apprentissages scolaires et d'autre part

l'adaptation de l'enseignement du français lié aux langues d'origines.

8
cf. annexes
9
cf. annexes

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Deux universités ont ainsi mis en place un programme de recherches qui a

abouti à la création de matériel pédagogique. L'université de Metz a produit, en collaboration

avec le CEFISEM et deux collèges de la Moselle, un document destiné à des élèves turcs. Cet

ouvrage s'intéresse à l'utilisation du français en mathématiques et en sciences. L'université de

Saint Denis, l'inspection pédagogique de portugais et des enseignants de l'Académie de

Créteil ont mis au point une méthode d'apprentissage du français adaptée aux élèves

lusophones.

Ces deux exemples montrent la volonté de créer des outils pédagogiques

adaptés mais l'hétérogénéité des classes, les différences de niveaux, les origines diverses des

enfants et donc les systèmes graphiques et les modes de pensées propres à chaque culture ne

sont pas pris en compte. La création de matériel devrait porter davantage d'attention à toutes

les composantes d'une classe d'accueil afin de donner aux enseignants des outils réellement

adaptés à la réalité de ces classes.

Les enquêtes réalisées par le CIEP ou par le CEFISEM de Paris ont montré

qu'en dépit de la diffusion de matériel spécifique pour les classes d'accueil, les enseignants

utilisaient une ou plusieurs méthodes de français langue étrangère. En général, l'approche

communicative est utilisée en début d'année et le plus souvent l'oral et l'écrit sont associés dès

les premiers temps de l'apprentissage.

Les méthodes les plus utilisées sont Trampoline, la Petite Grenouille et le P'tit

Manuel10, les autres ouvrages sont : Avec Plaisir, Archipel, Bienvenue en France, Bonne

Route, Chez toi en France, De Vive Voix, DELF A1, Diabolo Menthe, Exercices de

10
cf. présentations en annexe

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grammaire série Hachette, série Hatier, Farandole, Fréquence Jeunes, Grammaire progressive

du français, Grand Large, J'apprends à lire en français, Libre Echange, Mauger, Méthode

Orange, Panorama, Passage à l'écrit, Pile ou Face, Rue Lecourbe, Sans Frontières, Soleil,

Techniques de classes, Tempo, Textes en français facile, Vocabulaire série Cle International,

série Hachette. Cette diversité montre bien que les enseignants tentent, malgré l'inédaquétion

de ces ouvrages, de trouver une réponse au problème de l'enseignement du français aux

primo-arrivants.

Il existe deux grand courants méthodologiques dans le fonctionnement

pédagogique des classes. Le premier privilégie un enseignement intensif du français pendant

une période donnée. L'intégration dans les classes ordinaires se réalise après une durée

d'apprentissage variable suivant les enfants et la perception qu'ont les enseignants du niveau

atteint. Le second soutient l'apprentissage de la langue comme outil d'apprentissage des autres

disciplines, celles-ci sont considérées comme un apport de connaissances et un accès aux

fonctions langagières. L'intégration dans les classes ordinaires se fait donc très rapidement,

parfois dès l'arrivée de l'enfant dans l'établissement, avec la mise en place d'un dispositif

pédagogique particulier. Aucun outil d'évaluation fiable ne permet de mesurer l'acquisition

d'autonomie de l'enfant à l'issue de ces deux structures. Il semble toutefois que si le second

courant favorise en théorie les contacts avec les autres élèves et ainsi l'intégration dans le

milieu scolaire, la première démarche prend davantage en compte la reconstruction

psychologique de l'enfant, base incontournable pour un développement de la confiance en soi

et une autonomie de l'apprentissage.

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Si deux grands axes de fonctionnement pédagogique des classes se dessinent

nettement, la méthode de l'enseignement est pratiquement la même dans toutes les classes et à

tous les niveaux. Les documents sont différents mais le processus est identique. Les

formateurs conseillent deux types d'activités : en groupe, ce qui permet de mettre en place des

situations de communications et individuelles pour un apprentissage personnalisé.

Cette pédagogie différenciée due à l'hétérogénéité des niveaux permet

cependant de développer des compétences autres que celles liées à la maîtrise de la langue ou

des savoirs de base. Elle rend possible un tutorat entre les élèves, en étant tuteur d'un enfant

qui connaît les mêmes difficultés que lui mais plus jeune ou plus récent dans la classe, l'élève

intègre différentes notions intéressantes pour une insertion efficace : explication, guidage,

soutien dans la classe et dans l'école sont les principales tâches qui lui sont confiées. Grâce à

celles-ci, l'enfant-tuteur prend confiance en lui et son apprentissage s'en trouve amélioré. Un

autre atout de la pédagogie différenciée est de pouvoir faire alterner les activités et de changer

les groupes de travail. De cette manière, les enfants apprennent à travailler avec des élèves

différents. L'alternance travail collectif - travail individualisé permet aux enfants d'acquérir

une autonomie d'apprentissage qui lui garantit une bonne intégration dans la classe ordinaire.

Les enseignants veillent à l'équilibre entre la langue orale et la langue écrite, la

compréhension et l'expression. En dehors des méthodes de français langue étrangère,

différents outils sont utilisés : les jeux habituellement utilisés en maternelle pour développer

la communication : cartes, kim, mémos..., des lectures d'images, des documents authentiques

comme les prospectus, les affiches ou les journaux, les albums, les jeux de société, les

consignes scolaires ou des objets insolites. Mais malgré la disponibilité du matériel,

l'audiovisuel est peu utilisé par les enseignants. Tous les moyens susceptibles d'éveiller la

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curiosité de l'enfant, de l'amener à communiquer sont exploités. La création d'un imagier

bilingue ou d'exposés sur le pays d'origine sont aussi des objectifs qui encouragent les enfants

à briser leur isolement linguistique et culturel.

L'apprentissage de l'écriture se fait parfois après l'acquisition des bases de

l'oral, c'est à dire la discrimination et la réalisation des phonèmes. Mais en règle générale,

l'écrit apparaît très rapidement sous la forme de mots isolés puis de phrases courtes et enfin de

textes. L'apprentissage de l'alphabet latin se fait au moyen de méthodes du cours préparatoire.

La lecture intervient avec des textes des méthodes de français langue étrangère, d'éditions

bilingues ou en français facile. La lecture de romans ou de pièces de théâtre intervient dès le

second trimestre. La découverte des manuels scolaires et les visites des CDI sont aussi des

prétextes à la lecture.

L'oral apparaît sous différentes formes, échanges informels, discussions mais

aussi exercices d'expression et de compréhension des méthodes FLE, de lectures de poèmes,

de jeux théâtraux et parfois de films.

L'appréhension de la grammaire se réalise de manière explicite. Les enfants

doivent non seulement acquérir une réflexion sur la langue mais aussi le métalangage

constamment utilisé à l'école. La progression de l'apprentissage des temps verbaux est lente,

les temps du passé apparaissent très tardivement dans l'année et les modes difficiles tels que le

conditionnel et le subjonctif sont rarement étudiés.

Les enseignants souhaiteraient que les enfants puissent travailler en dehors de

la classe mais cet objectif est très difficile à atteindre. L'impossibilité des parents à aider leurs

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enfants dans leur travail scolaire mais aussi le manque de structures de soutien et de personnel

formé en sont les principales raisons.

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4-3- Formation des enseignants

La formation des enseignants est le point déterminant d'un apprentissage

efficace de la langue française et d'une intégration réussie dans le milieu scolaire pour les

enfants primo-arrivants. La circulaire n° 86-119 du 13 mars 1986 est très claire à propos du

recrutement des enseignants : " "

# CREDIF # $

BELC E

".

En fait, il s'avère que dans certains cas, l'affectation de ces enseignants se fait

sur la base du volontariat en fonction de l'intérêt des professeurs. Il n'est pas rare, qu'au niveau

secondaire, les titulaires des CLA soient des enseignants de mathématiques, de sciences ou

d'histoire, qui n'interviennent pas dans l'emploi du temps de la classe. Mais heureusement, la

majorité des classes sont sous la responsabilité des enseignants de français. Les classes

d'accueil sont considérées comme des structures temporaires, il n'y a donc pas de corps

spécifiques d'enseignants. Mais c'est oublier, que si effectivement, les enfants ne font qu'un

passage dans ces classes, celles-ci, une fois créées, accueillent régulièrement des enfants non-

francophones. Ces structures temporaires dans la scolarité des enfants ne le sont pas dans la

vie d'un établissement. Peut-être serait-il envisageable alors de créer des formations

spécifiques et obligatoires pour les enseignants titulaires de ces classes.

Didactique: formation des enseignants 98


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Certes il existe, dans certains IUFM, des modules, inscrits dans la formation

initiale, consacrés à l'accueil d'enfants étrangers, mais ce sont des modules optionnels. Cet

enseignement est jugé insuffisant tant par les titulaires des classes d'accueil que par les

directeurs des établissements scolaires. Des stages, comme nous l'avons vu précédemment,

sont également organisés par les CEFISEM, mais là encore cela ne correspond pas aux

besoins et aux demandes des enseignants.

Le message suivant11, écrit par une enseignante désirant demander une

affectation en CLIN témoigne du manque d'information sur le fonctionnement administratif et

pédagogique de ces structures. Quel est donc l'objectif exact de ces enseignants qui

demandent une telle affectation sans en connaître tous les tenants et les aboutissants ?

"J

% $ CLIN &A

" ' &L % &J

($ CLIN (

J $ "

D'autres messages concernent des demandes de renseignements à propos de

méthodes ou de documents pouvant être exploités avec des enfants non-francophones. Bien

sûr, les CEFISEM, les CDDP ou CRDP mettent à disposition des enseignants des ouvrages

utiles. Il existe également deux sites Internet consacrés à cet enseignement : celui de VEI12,

11
Envoyé à la liste de diffusion du Français dans le monde, http://www.egroups.fr
12
http://www.cndp.fr/vei

Didactique: formation des enseignants 99


Isabelle BARRIERE
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Ville Ecole Intégration, qui présente les textes officiels ainsi qu'une base de données

documentaires et celui du LIDILEM13 (laboratoire de linguistique et de didactique des

langues étrangères et maternelles de l'Université Grenoble 3). Ce dernier est consacré à

l'enseignement précoce du français langue étrangère et présente outre des activités possibles,

des informations sur les différentes formations possibles, une base de données théoriques et

pratiques avec des extraits d'ouvrage, des liens vers des sites intéressants pour l'enseignement

aux enfants, et un forum permettant aux enseignants d'échanger idées, demandes et

expériences.

D'après les différentes enquêtes menées par les CEFISEM et le CIEP, les

statuts des enseignants titulaires des classes d'accueil sont assez variables. Certains sont

certifiés, d'autres sont des PEGC ou des PLP, d'autres encore sont des maîtres-auxiliaires, des

titulaires académiques ou bien en délégation rectorale. Certains sont titulaires de leur poste.

Les diplômes détenus par ces enseignants représentent les trois cycles universitaires, DEUG,

licence, maîtrise et DEA ou DESS. Les disciplines d'origine sont assez variées : lettres

classiques ou modernes, FLE, linguistique, langues (anglais, bulgare, chinois, espagnol,

hongrois, italien, russe), sciences de l'éducation, psychologie, sociologie, administration

économique et sociale. Les expériences antérieures sont également assez différentes :

Education Nationale, autres secteurs de la fonction publique, privé, étranger, enseignement,

FLE, tourisme, traduction, social...

Après une tendance au renouvellement des enseignants des classes d'accueil,

un retour à la permanence des professeurs intervenant dans ces structures est observé.

L'ancienneté varie donc de 1 à 16 ans.

13
http://www.u-grenoble3.fr/lechantier

Didactique: formation des enseignants 100


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Les formations continues, auxquelles les enseignants ont participé, ont été

effectuées dans le cadre de la formation professionnelle des adultes, la formation de

formateurs, le CREDIF, l'Alliance, le CAVILAM et avaient pour thème les méthodes audio-

visuelles, l'informatique, la vidéo.

Les demandes de formation concernent quatre grands domaines :

- La pédagogie de la langue : FLE et langue des disciplines, comment gérer le passage de

l'oral à l'écrit, comment aborder la langue des apprentissages, comment passer de la

pédagogie de projet à un travail plus systématique sur la langue, l'analyse des méthodes

FLE.

- Le fonctionnement des classes d'accueil : comment mener les apprentissages, selon quel

échéancier, l'évaluation, la mise à niveau en mathématiques, le suivi des élèves, l'entrée

dans l'écrit, les relations avec les classes ordinaires.

- Les ELCO : les systèmes éducatifs des pays d'origine, les spécificités de la langue

d'origine, la connaissance des cultures.

- Autres sujets : linguistique, bilinguisme, ethnopsychiatrie, théâtre, audio-visuel,

informatique, manuels, oral, phonétique, évaluation, textes officiels, cultures d'origine,

orientation...

Ces souhaits expriment bien le désarroi des enseignants devant le manque

d'information et de matériel pour l'enseignement du français langue étrangère et langue des

enseignements en France.

Didactique: formation des enseignants 101


Isabelle BARRIERE
DESS Politiques Linguistiques, Technologies Educatives et Didactique des langues étrangères
1998-2000

Conclusion

Mesurer l'efficacité des structures d'accueil est très difficile. Un certain nombre

de raisons s'opposent à ce bilan : l'hétérogénéité des structures tout d'abord. Il y a

pratiquement autant de conceptions d'intégration, autant de types d'évaluation et d'orientation,

autant de méthodes d'enseignement qu'il y a d'enseignants responsables des classes d'accueil.

La mauvaise identification des structures, une même appellation pour des réalités différentes

et vice-versa, de modes de fonctionnement variés et l'inexistence d'un unique statut des

enseignants rendent impossible la réalisation d'un bilan objectif et efficient. L'absence

d'études sûres retraçant les parcours scolaires des enfants est également un écueil pour

l'évaluation des classes d'accueil. En effet comment mesurer l'impact de ce passage sur la

scolarité d'un enfant si son niveau initial n'est pas réellement connu ?

L'absence d'uniformisation est un obstacle majeur à la reconnaissance de ces

structures d'accueil et à leur utilité. Dépasser le stade expérimental des CLIN et CLA est

possible à condition d'y mettre de la volonté et de la persuasion. C'est un travail de longue

haleine certes mais dont le résultat permettrait la création de structures réellement adaptées

aux besoins des enfants primo-arrivants.

Ce travail implique le relevé de toutes les structures existantes, de leur mode de

fonctionnement administratif et pédagogique, une analyse des différents courants

méthodologiques, des outils utilisés, de toutes les pratiques pédagogiques et de toutes les

progressions mises en place, des difficultés rencontrées par les enseignants et les apprenants.

Cette enquête nationale pourrait être le point de départ d'un travail de réflexion et de

Conclusion 102
Isabelle BARRIERE
DESS Politiques Linguistiques, Technologies Educatives et Didactique des langues étrangères
1998-2000

recherche. Le résultat en serait la création d'une progression des apprentissages en fonction

des urgences de communication et des compétences demandées par les programmes scolaires.

Des méthodes adaptées à l'enseignement du français aux enfants primo-arrivant pourraient

ainsi voir le jour.

Créer une unité permettrait de mettre en place des formations pour les

enseignants répondant à leurs besoins mais aussi de faire valoir des méthodes d'enseignement

efficaces pouvant s'appliquer par la suite à tous les publics scolaires. En effet par une

définition précise des besoins de ces différents publics, primo-arrivants non-francophones

scolarisés antérieurement, étrangers francophones scolarisés antérieurement, enfants non-

francophones peu ou pas scolarisés, francophones peu ou pas scolarisés..., la mise en place de

pratiques adaptées éviterait les mélanges dans les classes des primo-arrivants et réduirait les

échecs scolaires.

De telles structures permettraient d'accueillir les enfants étrangers dans de

meilleures conditions. Les migrations existeront toujours et si le flux des populations en

provenance de pays défavorisés ou en guerre ne s'interrompt pas, un autre type de migration

va croître de plus en plus : les migrations européennes. L'Ecole française devra de plus en

plus inscrire d'enfants non-francophones dans ses classes. Avoir des structures performantes

et expérimentées ne feront que rendre plus efficace une intégration scolaire réussie. Ainsi,

comme le soulignait le ministre de l'Education Nationale dans son discours du 18 octobre

1989, l'Ecole sera vraiment "

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Conclusion 103
Isabelle BARRIERE
DESS Politiques Linguistiques, Technologies Educatives et Didactique des langues étrangères
1998-2000

La mise en place d'une telle recherche, la création de structures uniques n'est

pas du seul ressort des CEFISEM ou des enseignants. C'est un effort conjoint de la part de

tous les acteurs de l'accueil des primo-arrivants mais aussi des instances décisionnaires qui

permettrait d'obtenir une réflexion débouchant sur la création d'un réseau d'accueil

performant.

Mais est-ce vraiment la volonté de ces instances ? La rencontre annuelle des

CEFISEM n'a t-elle pas été supprimée il y a plusieurs années alors qu'il s'agissait du seul

moyen de pouvoir mettre en commun les expériences et d'aboutir à la mise en place d'un

travail d'uniformisation des structures d'accueil?

Conclusion 104
Isabelle BARRIERE
DESS Politiques Linguistiques, Technologies Educatives et Didactique des langues étrangères
1998-2000

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Jean-Louis CHISS

Enseigner le français en classes hétérogènes

Conclusion 105

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