Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
• Pr :Khalil zakaria
Comme avait dit Pascon « le droit positif marocain actuel est un système
complexe dans lequel on reconnait un petit nombre de strates juridiques
déposées par l’histoire » ; Effectivement, durant son histoire le Maroc a connu
le passage de plusieurs dynasties musulmanes, Les Arabes venus de l’orient,
porteurs de l’islam, ont cohabité avec les Amazighs (les berbères) ; Il a été
l’objet, de 1912 à 1956, d’un double protectorat espagnol au nord et au sud et
français au centre
Plan du cour :
chapitre 1 :
A l’origine, la charia désigne tout ce qui se rapporte à l’acte de tracer une voie
vers une destination donnée. En arabe, « charia » vient de la racine šharaa,
qui signifie « ouvrir, devenir clair ». « charia » dérive de la racine šharaa, qui
1
signifie à l’origine « la voie qui mène à l’eau », ce qui peut être interprété
comme « la voie qui mène à la source de la vie ». Aussi le terme « charia » fait
référence à un chemin droit et clair, mais aussi à un endroit irrigué où les êtres
humains et les animaux viennent boire à condition que la source d’eau soit un
ruisseau ou une rivière en mouvement.
Utilisé dans un sens religieux, ce terme signifie « la voie vers Dieu », car le but
de la vie d’un musulman est Allah (Dieu) . Ibn Al Athir a défini la charia comme
étant « ce que Dieu a tracé comme préceptes à observer ». L’objet de ces
préceptes est tout ce qui se rapporte aux actes individuels du musulman dans
ses rapports avec Dieu et avec ses semblables. La charia est la voie qui mène,
pour le croyant, à la félicité dans la vie d'ici-bas et dans l'au-delà.
Définition de la chariaa
la charia est définie comme l'ensemble des règles morales et pénales qui
régissent la vie d'un musulman. Ces règles proviennent du Coran et de la
sunna (ensemble des actes et paroles du Prophète). Si certaines d'entre elles
sont écrites comme les hudud دٚ( اٌحذpeines et incriminations fixées dans le
Coran), d'autres sont laissées à l'interprétation des théologiens foqah al Uma et
à l'appréciation du cadi, le juge musulman.
Le FIQH est le côté pratique de la charia, on peut dire et accepter que le fiqh
est une composante la chariaa au sens large de cette dernière puisque il vise
essentiellement l’interprétation de ses préceptes .La charia n’a jamais été
codifiée dans un livre de lois, mais se comprend plus comme une opinion
partagée par les musulmans, fondée sur de nombreuses sources. La charia n’a
probablement pas été écrite sous l’autorité d’un corps particulier (en effet,
l’islam sunnite et ne disposent pas d’un clergé ٌٓ )سجً اٌذmais émanent des
écoles doctrinales majoritaires. on peut retenir actuellement trois
significations distinctes et interdépendantes du mot charia :
• une loi sacrée que Dieu a révélée aux hommes par l'intermédiaire
de son dernier prophète,
• Dans le Coran
Le mot charia (ou ses dérivés : charaa et chiraah) est cité dans le Coran comme
étant la voie à suivre par les musulmans : « Juge alors parmi eux d'après ce
qu'Allah (Dieu) a fait descendre. Ne suis pas leurs passions, et prends garde
qu'ils ne tentent de t'éloigner d'une partie de ce qu'Allah (Dieu) t'a révélé. Et
puis, s'ils refusent (le jugement révélé) sache qu'Allah (Dieu) veut les affliger
[ici-bas] pour une partie de leurs péchés. Beaucoup de gens, certes, sont des
pervers. » — sourate 5, verset 49
• ى ٰ َعَُِٛٚ ٍَُِّ٘صٍََْٕب ثِِٗ إِثْشَاَٚ ََِبٚ َحٍََْٕب إٌَِ ٍْهْٚ ََاٌَزِي أٚ حًبُٛٔ ِِّٗصَىٰ ثَٚ شَ َشعَ ٌَىُُ َِِٓ اٌذٌِِٓ َِب
ٌٍَُٗ ُُْ٘ إٌٍَِِْٗ ۚ اُٛا فٍِِٗ ۚ وَجُشَ ػٍََى اٌْ ُّشْ ِشوٍَِٓ َِب َر ْذػٌََُٛب رَزَفَشَلٚ ٌَِٓا اٌذٍُِّٛػٍِغَىٰ ۖ َأْْ أَلَٚ
ُذِي إٌٍَِِْٗ َِٓ ٌٍُِٕتْٙ ٌََٚ ٌَُجْزَجًِ إٌٍَِِْٗ َِٓ ٌَشَبء
• « Puis Nous t'avons mis sur la voie de l'Ordre [une religion claire et
parfaite]. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne
savent pas. » — sourate 45, verset 18
• ٍَََُّْْٛاءَ اٌَزٌَِٓ ٌَب ٌَؼٌَََْٛ٘ب رَزَجِغْ أٚ َبْٙجؼٍََْٕبنَ ػٍََىٰ شَشٌِؼَخٍ َِِٓ اٌْؤَِْشِ فَبرَ ِجؼ
َ َُُص
Dans les débuts de l’islam le mot fiqh désignait plus particulièrement le second
versant dont on a parlé, celui des procédés de raisonnement. Il correspondait
alors au mot ra’y, سأيopinion, jugement indépendant des sources
fondamentales. Il s’opposait au ’ilm, ٍُ ػscience, qui désignait prioritairement
la connaissance religieuse révélée, rapportée. C’est elle qu’il faut aller
chercher jusqu’en Chine selon le célèbre dire (ẖadîth) du prophète
Muhammad. Par la suite le fiqh engloba les deux sens, mais en revanche il ne
désigna plus que les matières juridiques au sens large, excluant celles qui
devinrent l’objet de la théologie ou de la morale. Après la conquête d’une
bonne partie de l’Empire byzantin, les Arabes musulmans sont entrés en
contact avec la philosophie grecque et la théologie chrétienne. Ils ont produit
un ensemble de connaissances rationnellement organisées, les sciences
religieuses islamiques (al ’ulûm al-islâmîya).
• Fiqh et charîa.
• Contenu du fiqh.
6
L’histoire de Bani Qourayda en est une parfaite illustration. D’après ibn
’Omar (que Dieu l’agrée) le Prophète nous a affirmé lors de notre retour
de la bataille des coalisés (ahzâb) : « Qu’aucun d’entre vous ne prie la
prière du ’Asr à moins d’être chez les Bani Qourayda ! » l’heure du ’Asr
est arrivée alors que certains d’entre eux étaient en route.
Une partie a dit : « Nous ne prions pas avant de l’avoir atteint (c-a-d
Bani Qourayda) », et une partie a dit : « Au contraire, nous allons prier,
on ne veut pas cela de nous ! ». Ceci fut évoqué devant le Prophète qui
ne fit de reproches à aucun d’entre eux.
– La première option, l'ont adoptée les Compagnons qui ont dit : " ال
لذٌٛإْ فبرٕب اٚ ،ٍُعٚ ٍٍٗي اهلل ّصٍى اهلل ػٛ "ٔصٍى إال حٍش أِشٔب سع: "Nous
n'accomplirons la prière que là où le Prophète nous a ordonné de le
faire, même si l'heure légale sera alors terminée pour nous".
– La seconde option, l'ont adoptée les Compagnons qui ont dit : " ًث
ٌُ ٌشد ِٕب رٌه، "ٔصٍى: "Au contraire, nous allons accomplir la prière (tout
7
de suite et ici même) ! Le Prophète n'a pas voulu de nous ce (que vous
dites là) !".
On peut conclure:
C’est cette clairvoyance qui incita lors d’un voyage, ’Amr Ibn Al-’Ass de
présider la prière en état d’impureté majeure en se contentant du
Tayammum (ablution sèche), estimant qu’il y avait un risque
sérieux d’atteinte à sa santé en se lavant. L’un des objectif supérieur de
l’islam étant de préserver sa vie. La manière dont Omar a changé
certaines lois qui paraissaient immuables aux yeux des musulmans est
une autre preuve de cette dynamique initiée par le Prophète. En effet, le
calife ’Umar ibn al-Khattab a décidé de suspendre, au nom donc de la
finalité de la Chari’a l’application de la peine sanctionnant les voleurs
au cours d’une année marquée par la famine. Il a ainsi évité une grande
injustice à l’égard des pauvres qui volaient par nécessité en vue de
survivre à une situation de pauvreté généralisée. Le texte Coranique
est des plus explicites en la matière.
8
Une nouvelle forme d’intelligence du droit musulman est donc apparue
en raison de l’émigration des compagnons du Prophète, de la
dispersion de la science islamique, et de l’arrivée de questions nouvelles
dans des contrées où les coutumes et les pratiques différaient.
– École des traditions ( ِذسعخ االصشécole dite d’Al Hijaz ِذسعخ اٌحجبصLa
+région d’Al Hijaz se situe au nord-ouest de l’Arabie, englobant ainsi les
deux grandes villes saintes la Mecque et Médine ِذسعخ االصشou d’Al Athar
(des traditions)).
9
La deuxième concerne :la science de la terminologie des Traditions
prophétiques (mustalahat al-hadith ) ِصطٍحبد اٌحذٌش. En étudiant le
développement de la pratique du droit islamique au cours de l’Histoire,
on peut remarquer que les savants musulmans sous l’égide de leurs
écoles respectives, ont toujours cherché la finalité et la sagesse d’une
règle avant d’établir un avis religieux. Le questionnement sur le
pourquoi d’une règle et la référence à la "raison d’être" d’une obligation
ou d’une interdiction était en effet une constante. A titre d’exemple,
l’imam Malik (93-179 H). est connu pour son attachement au bien
commun, "Al Maslaha Al mursala", considéré comme une source de la
législation.
Au-delà des deux tendances citées plus haut, une nouvelle grille de
lecture globalisante, susceptible de cadrer et d’orienter l’exercice
d’application des règles aux nouvelles réalités, a émergé. Cette nouvelle
grille de lecture globalisante est le fruit des débats intellectuels
complexes entre les différentes écoles de pensée (la jurisprudence, le
dogme, exégèse, la philosophie, etc…). Il s’agit de l’école des objectifs
et des finalités de la religion (maqassid al ahkam).
10
élaborant une méthodologie juridique fondée sur l’appréciation du
degré d’utilité d’un bien (maslaha) – idée maîtresse de l’école mâlikite.
il s’agit de leur préserver leur religion, leur vie, leur raison, leur filiation
« nasslahum », et leur propriété. Tout ce qui est de nature à préserver
ces cinq finalités est un intérêt/bien (maslaha) ; et tout ce qui concourt
à faire manquer ces finalités est un préjudice. En effet, la préservation de
ces cinq finalités entre dans la catégorie des indispensables. les
dernières constituent le plus haut degré des intérêts. »
En premier lieu, il faut préserver la religion, qui est le garant même des
autres finalités. Ensuite, c’est l’intégrité de la personne (an-nafs) qu’il
faut conserver, quelle que soit son origine ou sa religion, en interdisant
de se donner la mort ou de tuer quiconque. Le CORAN stipule ainsi : " Et
quiconque sauve une vie c’est comme s’il sauvait la vie de toute
l’humanité"
Puis, c’est au tour de la raison ًاٌؼم. L’islam prohibe tout produit capable
d’altérer le discernement chez l’homme, comme l’alcool, les drogues,
etc. L’usage de ces substances peuvent provoquer des perturbations
physiques ou mentales graves.
11
Par ailleurs, Al Ghazali affirme que ces finalités sont classées par ordre de
priorité, de façon à ce que l’on puisse choisir laquelle appliquer en cas de
conflit d’intérêts.
Toute wassîla qui contribue à faire naître ou à préserver la maqsad est une
"maslaha".
13
– il y a un niveau de nécessité secondaire : c'est ce qui complète de façon
nécessaire le niveau précédent, en rendant possible le maintien d'une bonne
santé : si on ne possède que le premier niveau, celui de nécessité absolue, on
reste en vie mais on mis sa santé est en grand danger, et on se trouve donc en
grande difficulté par rapport au maintien de sa vie sur le moyen terme ; ce
niveau-ci consiste en l'absorption d'aliments équilibrés, sans surplus ;
a) les "dharûriyyât" (sing. "ce qui est dharûrî") : les moyens qui relève de la
dharûra ou nécessité absolue : ce sont, par rapport à l'un des objectifs
supérieurs, les éléments sans lesquels cet objectif ne peut voir le jour ou ne
peut être conservé sur le court terme ; exemple : rester en vie est un objectif
supérieur (maqsad) ; or rester en vie est totalement impossible sans un
minimum de nourriture ; ce minimum de nourriture est donc de nécessité
absolue (dharûrî) ;
14
– c') ensuite vient le niveau de "ce qui est nâfi'" (c'est-à-dire "utile", sans être
nécessaire) ;
– d') puis arrive le niveau de "ce qui est zînî" (de pur "embellissement") ;
– e) est cité enfin "ce qui est fudhûlî" ("superflu") : ce dernier niveau
représente une façon superflue, donc excessive – et, partant, mauvaise sur le
plan de la morale musulmane – de concrétiser les objectifs suscités.
Ainsi, pour que la vie puisse perdurer, il faut d'une part que la personne puisse
se nourrir, boire, etc., car ces éléments sont tels qu'il est établi que la vie ne
peut perdurer sans eux, et ce sont donc des maslaha ; mais il faut aussi, d'autre
part, que soit interdite la mafsada que constitue l'assassinat et que les moyens
existent pour punir les assassinats ; car la généralisation des assassinats est
quelque chose qui fait courir un risque absolu à la sécurité de la vie des
hommes, et l'interdiction des assassinats est donc aussi de nécessité absolue.
L’imâm Abu Ishâq Chatibi (m. 790H) réalisant la synthèse des nombreux
travaux qui l’ont précédé, va proposer au 8ème siècle une approche holistique
fondée sur les objectifs supérieurs de la jurisprudence islamique en affirmant
que le principe englobant de ces objectifs supérieurs était de promouvoir le
bien et d’écarter le mal.
L’imam Chatibi affirme que ce sont les versets révélés dans la période
mecquoise qui vont établir les objectifs supérieurs et universels du droit
islamique. Les versets révélés à Médine ne sont qu’une illustration du sens de
ces objectifs. Cette remarque est d’une grande importance, car cela signifie que
la pédagogie divine a établi ces objectifs dès les premiers instants de la
révélation. Chatibi va rénover les conditions de l’Ijtihad à la lumière de son
étude et affirme que le degré de l’Ijtihad est atteint lorsque deux qualités sont
présentes :
17
islamique qui doit prendre en considération la maturation de la communauté.
L’Ijtihad doit donc opérer une double médiation du texte divin et du contexte
humain.
Il a fallu attendre la fin du 19ème siècle pour voir cette théorie ressusciter avec
les savants réformistes tels que Mohamed ’Abdou et notamment avec le
Cheikh Tunisien At-Tahir Ibn ’Achour ainsi qu’avec le grand réformateur
marocain ’Allal Al Fassi (m.1973) qui enseignait cette science dans la fameuse
université d’Al Qarawiyyine. La première édition du livre "al mouwafaqate" de
l’imam Chatibi en 1884 avec le commentaire de trois savants de la prestigieuse
université de la Zitouna.
• Vers la maturation …
Il y a ainsi :
– 1) "ٌِْٓ"اٌذ, "ad-dîn" : ici le terme "dîn" désigne "la religion agréée par Dieu, soit
le dernier message que Dieu a envoyé aux humains" ; concrètement, ici cela
recouvre, par rapport aux actions de l'individu :
18
----- 1.1) l'acceptation de ce message et la préservation de tout ce qui annule
l'adhésion à lui) ;
----- 1.4) le développement du lien spirituel avec Dieu, ce qui s'obtient par la
purification de l'intérieur de tout ce que Dieu n'aime pas (takhliya)
----- 1.5) le fait d'accomplir toutes les règles ta'abbudî applicables à soi par
rapport au lieu et au moment où on vit, règles qui ont été instituées par l'islam
et sont en rapport avec les autres objectifs.
19
– 9) "ًْ"اٌ َٕغ, "an-nasl" : la filiation, la famille ;
20
• ) ٌََُْٚ ِئهَ ُُُ٘ ا ٌْىَب ِفشُٚحىُُْ ِبَّب أَ ْٔ َضيَ اٌٍَُٗ فَأ
ْ ٌَ ٌَُْ ََِْٓٚ
ۚ طعَْٕب
َ َأَٚ س ِّعَْٕب
َ اٌُُُُْٛٛ أَْ ٌَمَٕٙ ٍَْحىَُُ ب
ْ ٌٍَِ ٌُِِٗٛ َسسَٚ ٌٍَِٗا ِإٌَى اُٛيَ ا ٌُّْ ْؤٍَِِِٕٓ إِرَا دُعْٛ َ• َِب وَبَْ ل
)51( ٌََُْٰٛ ِئهَ ُُُ٘ ا ٌُّْ ْفٍِحُٚأَٚ
ۗ ُُُُِِْ٘ اٌْخِ ٍَشَةُ ِِْٓ َأ ِْشٌَٙ ٌَُُُْٛٗ َأ ِْشًا أَْ ٌَىُٛ َسسَٚ ٌٌٍََُٗب ُِ ْؤَِِٕتٍ إِرَا لَضَى اَٚ ٍَِِِٓب وَبَْ ٌُِّ ْؤَٚ •
)36( ضٍَبًٌب ُِبًٍِٕب َ ًَض
َ ٌَُْٗ فَمَذُٛ َسسَٚ ٌٍَََِٗٓ ٌَعْصِ اَٚ
Étant donné que la législation musulmane est de source divine, ses lois
bénéficient dans les cœurs des musulmans d’un respect, d’une acceptation et
d’une obéissance que les lois humaines ne peuvent connaître. Car en obéissant
à la loi et en la mettant en application, le musulman est persuadé d’adorer son
Seigneur. Ceci est une implication de la foi et une exigence de l’islam : « Non !
… Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils ne
t’auront demandé de juger de leurs différends et qu’ils n’auront éprouvé nulle
ressentiment pour la sentence que tu auras décidé, et qu’ils s’y soumettent
complètement » (les femmes : 65) ُُْ رَُُ ٌَبَٕٙ ٍَْجشَ ب َ َنَ فٍَِّب شُّٛح ِى
َ ٌُ َْٰ حَخَىُِِٕٛسَ ِبهَ ٌَب ٌُ ْؤَٚ َفٍَب
)65( سًٍٍِّب
ْ ا َحٍُِّٛس
َ ٌُ َٚ َحشَجًب َِِّب لَضٍَْج
َ ُِْٙس
ِ ا فًِ أَٔ ُفٌَُٚجِذ
De même, le musulman est persuadé au fond de lui que ces lois sont les plus
justes, les plus parfaites, les plus à même à apporter le bien et à repousser tout
21
préjudice et les plus à même à répandre l’honnêteté et mettre un terme à la
corruption. C’est pour cette raison qu’il va les appliquer tout en étant
convaincu de leur justice et leur bonté. En plus, le musulman croit
profondément que dieu l’observe lorsqu’il applique les lois ou lorsqu’il tente
de les contourner.
Il est convaincu que Dieu le jugera à ce propos lorsque les gens seront
ressuscités séparément pour que leur soient montrées leurs œuvres
« Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra, et quiconque
fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra » (la secousse : 8). ًَّْ ( َفَّْٓ ٌَ ْع
) َُٖششًا ٌَش
َ ٍَِْٓ ٌَ ْع ًَّْ ِِزْمَبيَ َرسَةَٚ * َُِِٖزْمَبيَ َرسَةٍ خَ ٍْشًا ٌَش
C’est pour toutes ces raisons que le musulman s’empresse de se conformer aux
lois de la législation musulmane en appliquant ses injonctions اِشٚ األet en
s’écartant de ses interdits ً٘إٌٛ اen totale acceptation et quiétude, poussé par
la voix de la conscience et non pas par la matraque du gendarme. Et même s’il
lui arrive d’être dépassé par ses passions et par son égoïsme et transgresse les
lois dictées par la « shari’a », il ressentira un profond mal-être à cause du
péché jusqu’à ce qu’il se repent et se purifie de ce qu’il a commis.
C’est ainsi que nous pouvons voir, du temps du Prophète, des musulmans qui
se livraient pour subir la peine établie par la législation pour le crime qu’ils ont
commis secrètement, de plein gré, sans être arrêté par les gendarmes, ni avoir
fait l’objet d’une plainte, mais poussés par la foi, en insistant pour subir cette
peine en vue de rencontrer Dieu le jour de la Résurrection اٌجؼشen étant
purifié de ce péché. /Le jour La reddition des comptes.
22
de leur propre initiative, de bon gré, pour lui demander de prélever la zakat de
leurs biens sans que personne ne l’exige d’eux, En effet, des gens du Sham se
sont rendus auprès de ‘Omar ibn al-Khattab pour lui demander de prélever la
zakat relative aux chevaux qu’ils possédaient en disant : « Nous avons acquis
beaucoup de biens, et nous voulons en payer la zakat pour les purifier ».
Le respect des lois de la « shari’a » n’est pas limité aux lois énoncées par les
textes du Coran et de la Sunna ou déduites de ces textes.Il englobe également
les lois établies par « ijtihad » dans le but d’organiser la société déduites par les
représentants de l’autorité en se référant à l’intérêt général indéterminé « al-
maslaha al-moursala » Les jurisconsultes « fouqaha » hanafites stipulent que si
le représentant de l’autorité ordonne aux gens en temps de disette ou de
famine de jeuner un jour, il est de leur devoir d’un point de vue religieux de le
jeuner et il ne leur est par permis de lui désobéir sans raison.
• ًٌُِْْ األَِْشِ ِِٕ ُىَُٚأٚ َيُٛاْ اٌ َشعََُٛأطٍِؼٚ ٌٍَّٗاْ اُٛاْ َأطٍِؼََُِٕٛب اٌَزٌَِٓ آٌٌََُٙب أ
23
• Dieu dit : « Ô les croyants ! Obéissez à Dieu, et obéissez au
Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le
commandement » (les femmes : 59). Le Messager de Dieu (saws)
dit à son tour : « Quiconque obéit à l’autorité m’a obéit, et qui
désobéit à l’autorité m’a désobéit ».
Ainsi si le juge se prononce en faveur d’une personne en se basant sur des faits
apparents, alors qu’en vérité elle n’est pas dans son droit mais a eu recours à
24
de faux témoignages ou à des documents falsifiés, ce jugement, bien qu’il soit
exécutoire en apparence ne lui permet de disposer de l’illicite et de spolier les
droits des autres, et ceci est expressément énoncé dans le Coran et la Sunna.
Dieu dit dans le Coran : « Et ne mangez pas mutuellement et illicitement vos
biens, et ne vous en servez pas pour corrompre des juges pour vous permettre
de manger une partie des biens des gens, injustement et sciemment » (la
vache : 188) َِايِ إٌَبطِْٛا َفشٌِمًب ِِْٓ َأٍُٛحىَبَِ ٌِخَ ْأ ُو
ُ ٌَْب ِإٌَى اٙا ِبٌَُٛحُ ْذٚ ًِط
ِ َاٌَىُُ بٍَْ َٕىُُ بِبٌْبَبِْٛا َأٌٍَُٛب حَ ْأ ُوَٚ
)188( ٍََُّْٛأَٔخُُْ َح ْعَٚ ُِْبِبٌْئِر
Le Prophète dit : « Vous vous disputez auprès de moi. Or, je suis un être humain
et certains peuvent se montrer plus persuasifs que d’autres dans leurs
argumentations, je me prononce alors en sa faveur en me basant sur ce que j’ai
entendu. Aussi, si j’accorde à l’un de vous ce qui revient de droit à son frère, je
lui ai donné en vérité une part du Feu… qu’il la prenne ou la délaisse »
Par conséquent, les lois de la législation relatives aux affaires sociales sont
dotées de deux dimensions : une dimension judiciaire et une dimension
religieuse.
Parmi les objectifs qui caractérise la chariia est l’ unicité du Dieu, Le Tawhid
est la science la plus noble qui puisse être étudiée, en effet elle traite de
l’unicité d’Allah, c’est à dire, tout ce qui Lui revient de droit par excellence et
en toute exclusivité. En fait le Tawhid est d’une importance telle, que le
Prophète) passa les 23 années de son message à enseigner, expliquer, et faire
appliquer le Tawhid. Le Tawhid est assez important pour qu’Allah nous
ordonne d’en avoir la science et d’en comprendre la signification : allah a dit : "
Sache qu'en vérité, il n'y a de divinité que Dieu ! Demande pardon pour ton
péché, pour les croyants et les croyantes. Dieu connaît vos vicissitudes et
votre lieu de repos. " S47 V19 ۗ َِا ٌُّْ ْؤَِِٕبثٚ ٌٍَِِِِٕٓ ٍُّْ ْؤَٚ ََاسْ َخغْ ِفشْ ٌِزَٔ ِبهٚ ٌٍَُٗعٍَُْ أََُٔٗ ٌَب ِإٌََٰٗ ِإٌَب ا
ْ فَب
)19( َُُْاوَِْٛزَٚ َُُْاٌٍَُٗ ٌَ ْعٍَُُ ُِخَ َمٍَ َبىٚ
Le Tawhid est assez important pour que Ibrahim demande à Allah de lui
donner la capacité de l’appliquer ainsi que ses enfants : " Et préserve-moi
25
ainsi que mes enfants contre l’adoration des idoles "S14 V35 ََْثًََِٕ أٚ ًَِْٕاجُْٕجٚ
َََٔؼْ ُجذَ ا َألّصَْٕب
Ainsi la parole du Tawhid (La ilaha illa Allah) n’est pas une simple parole
déchargée de sens bien au contraire! Allah a dit : "Allah témoigne qu’il n’y a de
vraie divinité exceptée Allah ainsi que les anges et les savants, Le mainteneur
de la justice, point de divinité à part Lui, Le Puissant, Le Sage" S3 V18 ٌٍَُِٗذَ اٙش َ
)18( ٍُُِحى
َ ٌَْ ا ٌْ َعضٌِضُ اُٛ٘ سطِ ۚ ٌَب ِإٌََٰٗ ِإٌَب
ْ ا ٌْ ِعٍُِْ لَب ِئًّب بِبٌْ ِمٌُُٛٚأَٚ َُا ٌْ ٍََّب ِئىَتٚ َُٛ٘ أََُٔٗ ٌَب ِإٌََٰٗ ِإٌَب
Les savants considèrent que le témoignage cité dans ce verset est le plus grand
des témoignages et ce d’une part, pour :
- l’importance des témoins c’est à dire Allah puis les anges et les savants
Il est important de savoir que les savants ont partagé le Tawhid en trois
grandes parties qu’il faut impérativement connaître pour bien comprendre La
ilaha illa Allah ainsi cet objectif de l’ unicité du Dieu qui caractérise la charia.
Allah a dit : "Y a t-il un créateur en dehors d’Allah qui subvient à vos besoin de
par la terre et les cieux, il n’y a de vraie divinité que lui "S35 V3 َُب إٌَبطٌُٙ ٌََب أ
ََُْٛ ۖ فَأََٔىٰ حُؤْ َفىُٛ٘ َاٌَْأسْضِ ۚ ٌَب ِإٌََٰٗ ِإٌَبٚ ِسَّبء
َ ٌعٍَ ٍْىُُْ ۚ ًَْ٘ ِِْٓ خَبٌِكٍ غَ ٍْشُ اٌٍَِٗ ٌَ ْشصُ ُلىُُ َِِٓ ا
َ ٌٍَِٗا ِٔ ْعَّجَ اُٚا ْر ُوش
)3(
Allah a donc créé l’humanité ainsi que les œuvres de ceux-ci :"Et Allah vous a
créé ainsi que ce que vous faites"S37V96 )96( ٍََُّْٛ َِب َح ْعَٚ ُُْخٍَ َمى َ ٌٍََُٗاٚ
26
La gérance : Allah est Le Seul à gérer la création : "N’est ce pas que c’est à Lui
qu’appartient le royaume et la gérance" S7 V54
Cette partie-là du Tawhid n’est reniée par personne, pas même les
associateurs ٍٓاٌّششوdu temps du Prophète Sauf une minorité comme les
athées,,…
Allah a dit : "Si tu leur demandes qui a créé les cieux et la terre et assujetti le
soleil et la lune ? Ils diront très certainement Allah, comment se fait-il
qu’ensuite ils se détournent ?"S29 V61 َعخَش َ َٚ ََاٌْؤَسْضٚ َِادُُٚ َِْٓ خٍََكَ اٌغََّبٌَََٙئِٓ عَؤٌَْزٚ
ٌََُُْٛٓ اٌٍَُٗ َفؤََٔى ٌُؤْ َفىَُٛاٌْمََّشَ ٌٍََمٚ َاٌشَ ّْظ
Donc les gens à qui Allah s’adresse sont considérés comme des associateurs
même s’ils ont cru au Tawhid dans la Seigneurie, car ces gens-là ont adoré
d’autres divinités avec Allah en prétendant qu’ils le faisaient pour se
rapprocher d’Allah. Et Allah a dit : "..Tandis que ceux qui prennent des alliés
en dehors de Lui disent : Nous ne les adorons que pour qu’ils nous
rapprochent d’Allah d’avantage…"S39 V3 . ُِِٗٔٚا ِِٓ دَُٚاٌَزٌَِٓ احَخَزٚ ۚ َُأٌَب ٌٍَِِٗ اٌذٌُِٓ اٌْخَبٌِص
َِْٓ ْذِيٌَٙ َْ ۗ إَِْ اٌٍََٗ ٌَبُُُْٛ فًِ َِب ُُْ٘ فٍِِٗ ٌَخْ َخٍِفَٕٙ ٍَْحىُُُ ب
ْ ٌَ ٌٍَََٗٔب ِإٌَى اٌٍَِٗ ُصٌْفَىٰ إَِْ اٌٍَُِٛبءَ َِب َٔعْبُذُُُْ٘ ِإٌَب ٌٍُِ َمشِبْٚ َأ
ٌَ وَبرِةٌ وَفَبسُٛ٘
Mais Allah dit à la fin du même verset : "…En vérité Allah jugera parmi eux sur
ceux en quoi ils divergent, Allah ne guide pas celui qui est menteur et
mécréant "S39 V3
Certes il faut connaître cette partie du Tawhid, pourtant cela ne suffit pas à
mettre l’individu à l’abri de la mécréance car le sens du Tawhid est bien plus
27
profond et plus pointilleux. Allah a dit :" Et la plupart d’entre eux ne croient en
Allah qu’en Lui donnant des associés " S12 V106 .
L’adoration telle que la définit ibn Taymiya est : « Un terme qui englobe tout
ce qu’Allah aime et agrée comme œuvre apparente ou cachée » . Allah a dit :
"Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent"S51 V56 .
Ainsi le but de notre création n’est autre que l’adoration d’Allah c’est à dire la
mise en pratique du Tawhid. Allah dans le Coran interpelle ceux qui
reconnaissent Sa seigneurie en disant :"..Tel est Allah votre Seigneur, ne
réfléchissez-vous donc pas ? "S10 V3 .
En effet quiconque reconnaît qu’Allah est L’Unique Créateur, Celui qui donne
et reprend la vie, qui subvient aux besoins de chacun, qui répond aux
invocations… est contradictoire lorsqu’il adore un autre qu’Allah. Ainsi Allah
prend comme argument contre ces gens-là le fait qu’ils admettent Allah
comme Seigneur.
Tous les noms d’Allah sont parfaits : C’est pourquoi nous devons invoquer
Allah par ces noms-là : "Et à Allah appartiennent les plus beaux noms alors
invoquez-Le par ces noms-là" S7 V180 . Et les noms d’Allah sont parfaits
puisque chacun d’entre eux désignent un caractère qui est lui aussi au
summum de la perfection.
28
Par exemple : Allah a pour noms : Le Savant ,ceci implique comme caractère :
la science parfaite qui n’a jamais été précédée d’une ignorance quelconque ni
n’est sujette a un oublie quelconque.
"Dis : Sa science est chez Allah dans un livre. Allah ne s’égare pas et n’oublie
pas"S20 V52 .Tout comme la science d’Allah englobe toute chose de manière
générale, et de manière détaillée. Allah a dit :"Il sait ce qu’il y a dans les cieux
et dans la terre et il sait ce que vous cachez et ce que vous laissez apparaître
et Allah sait ce que renferment les poitrines "S64 V4
Les noms d’Allah sont ceux qui sont cités dans le Coran et la Sounnah et en
aucun cas on ne peut appeler Allah par un autre nom, car notre esprit ne peut
concevoir ce qu’Allah mérite réellement comme nom, donc nous devons nous
en tenir à ceux qui sont déjà mentionnés.
Les caractères d’Allah sont tous parfaits, sans aucune faille. Allah a dit :
"C’est à ceux qui ne croient pas en l’au-delà que revient le mauvais
qualificatif, tandis qu’à Allah Seul est le qualificatif suprême et c’est Lui le
Tout Puissant et le Sage" S16 V60 . ٌٍََِِّٗ اٌَّْضًَُ ا َألػٍَْىٚ ِْءََْٛ ثِبَخِ َشحِ َِضًَُ اٌغٌٍَُِِِْٕٛزٌَِٓ الَ ٌُؤ
ٍُُِحى
َ ٌْ َ ا ٌْؼَضٌِضُ اَُٛ٘ٚ
ٌٍَََِّٓا ٌْحَ ّْذُ ٌٍَِِٗ سَةِ ا ٌْؼَبٚ ﴾181﴿ ٍٍََِٓعٍََبٌَ ػٍََى اٌُّْ ْشعَٚ ﴾180﴿ َُْٛعُ ْجحَبَْ سَ ِثهَ سَةِ ا ٌْؼِ َضحِ ػََّب ٌَصِف
Les caractères d’Allah sont plus nombreux que les noms d’Allah, car chaque
nom d’Allah entraîne un caractère.
29
Par exemple : Le Très Miséricordieux (ar-Rahim) entraîne comme caractère la
Miséricorde. Or chaque caractère d’Allah n’entraîne pas forcement un
nom : En effet lorsque l’on admet qu’Allah parle et que par conséquent la
parole fait partie de ses caractères, et bien nous ne pourrons pas pour autant
appeler Allah : le parleur ! ! Ou encore quand Allah a dit : "Et que ton
Seigneur viendra ainsi que les anges rang par rang"S89 V22.
Dans ce verset Allah nous informe bel et bien d’un de Ses caractères qui est le
fait de venir (au jour de la résurrection), Mais en aucun cas nous ne pourrons
appeler Allah : le veneur Il en va de même pour beaucoup d’autres caractères
cités dans le Coran et la Sounnah. Après avoir reconnu les caractères d’Allah il
faut prendre garde à ne pas faire de commentaire ou de comparaison entre les
caractères d’Allah et ceux des créatures.
De la même façon, après avoir admis qu’Allah s’est élevé sur le trône, il faut
comprendre qu’en rien ce caractère n’est comparable à ceux des créatures. [Le
Miséricordieux, est sur Son Trône établi] ; comment s’y est-Il établi 5 Il est
possible de dire pour l’istiwâ : Il S’est élevé sur/au-dessus de Son Trône (‘Alâ et
ista’lâ) ou Il S’est établi sur/au-dessus de Son Trône (Istaqarra).
Mais les caractères d’Allah Lui sont propres et spécifiques et en rien nous ne
pourrons commenter ces caractères. Allah a dit : "Il connaît ce qui est devant
eux et derrière eux alors qu’eux même ne LE cernent pas de leur science"S20
V110 Lorsque l’imam Malik fut interrogé de la sorte : « Allah s’est élevé sur le
trône, comment s’est-Il élevé ? ».
30
CHAPITRE 2 : les SOURCES DE LA chariia
LE CORAN
• Définition:
Le mot « Coran » est la forme francisée du terme arabe « qur’an », qui renvoie
à la notion de récitation. C’est, selon le dogme, la forme prise par la révélation
faite au Prophète. Le Coran « Al-Quorane » est la racine du verbe arabe «
Quara’a » lire. Il peut être traduit par « La lecture » ou « La récitation ».
1 La parole d’Allah : Le Coran n’est pas la parole d’un ange ou d’un homme
mais la parole de Dieu Lui-même. Cette parole est transmise par Dieu à son
messager et serviteur Mohamed par l’intermédiaire de l’ange Gabriel (Jebril)
(as).
2 Révélée : Cela exclut la parole d’Allah non révélée. La parole d’Allah est
inépuisable. « 109. Dis : “Si la mer était une encre [pour écrire] les paroles de
mon Seigneur, certes la mer s'épuiserait avant que ne soient épuisées les
paroles de mon Seigneur » Sourate 18 : AL-KAHF (LA CAVERNE). Le Coran est
une partie de la parole d'Allah.
3. « à son dernier Prophète Mohamed (saw) » : Cela exclut toutes les autres
révélations reçues par les autres messagers et prophètes comme par exemple
la Torah qu’Allah a révélée à Moïse (as), l’Évangile qu’Allah a révélé à Jésus (as)
et les Psaumes qu’Allah a révélés à David (as).
31
4 « dont la récitation constitue un acte d’adoration et la plus courte sourate
constitue un défi » : cette phrase exclut les Hadiths Quodsi. Le sens de ces
Hadiths provient d’Allah et la formulation est faite par le Prophète Mohamed
(saw).
Contenu du Coran :Le contenu du Coran peut être classé en 5 grands groupes
thématiques :
3) Le Coran décrit aussi cet Au-delà auquel il invite le lecteur à croire, l’au-delà
où chacun sera rétribué pour ses actes terrestres. Il décrit des scènes du
Jugement. Il brosse des tableaux du Paradis tout en précisant que "nul ne sait
ce qui [y] a été caché comme bonheur", laissant entendre que ce ne sont que
des approches à l’égard de l’esprit des hommes. Il décrit les horreurs de l’Enfer.
32
par les anges. Mohamed est l’instrument d’une révélation transmise
littéralement aux hommes.
Le texte du Coran est donc, selon le dogme sunnite, le Verbe de Dieu, comme
un attribut qui Lui serait coexistant. Il est incréé, un miracle, une œuvre
incomparable et inégalable.
Le Coran ne constitue pas une source normative très prolixe. Devant les
tribunaux, aujourd’hui, il n’est guère utilisé, sinon pour confirmer la légitimité
de règles de droit en vigueur. En revanche, son interprétation peut parfois
faire l’objet de recours, comme dans le cas de la fameuse affaire Abu Zayd.
Egyptien de confession musulmane, Nasr Hamid Abu Zayd était professeur-
assistant à la Faculté des lettres de l'Université du Caire. Auteur de nombreuses
publications, Le Concept de texte : étude en sciences du Coran, il avait
demandé, en mai 1992, sa promotion au grade de professeur.Un des trois
rapporteurs de sa candidature s’opposa à la promotion au motif qu’Abu Zayd
s'en prenait à la religion islamique et tenait des propos à l'orthodoxie
douteuse. En mars 1993, l’Université entérina cet avis.
33
confession musulmane. Prétextant que les publications d’Abu Zayd «
contiendraient des éléments impies (kufr) le faisant sortir de l'islam(…et) le
feraient considérer comme apostat (murtadd) », ils demandaient que soient «
appliquées en son cas les règles de l'apostasie (ridda) », dont « le jugement
en séparation des époux ».
A cet égard, elle érigea le Coran en étalon de mesure de l’impiété des oeuvres
d’Abu Zayd, et il ressortit que : « L'auteur dénie au Dieu Très-Haut Sa qualité de
Roi (malik), tel que c'est établi dans le Coran dans de nombreux versets … dénie
le trône et les anges soldats de Dieu, qui sont des créatures attestées par des
verset coraniques au sens clair… considère que les versets du Livre du Dieu
Très-Haut, s'ils sont compris littéralement, composent une image mythique …
dénie l'existence des démons … dénie aux génies la qualité de créatures dotées
d'une existence véritable, attestée par le Coran dans des versets au sens clair…
soutient que les versets coraniques ne constituent pas une réalité ni une vérité,
mais bien une manifestation intellectuelle de l'époque prophétique ».
Cet arrêt fut confirmé par la Cour de cassation, mais son application fut
suspendue par le juge d’application des décisions.
35
• 1) Ce que le Coran lui-même dit :
• ُُ ُٙ ٍََُِّ ٌُؼٚ ُِْٙ ٌٍَُِ َضوٚ ُِِْٗ آٌَبرِٙ ٍٍََْ ػٍُُْْٛ ٌَزِٙ ِالً ِِْٓ أَٔ ُفغُُْٛ َسعِٙ ٌٍَِ َمذْ ََِٓ اٌٍُّٗ ػٍََى اٌُّْؤٍَِِِٕٓ ِإرْ َثؼَشَ ف
ٍٍِٓاْ ِِٓ لَجًُْ ٌَفًِ ظَاليٍ ُِجَُٛٔإِْ وَبٚ َحىَّْخ ِ ٌْ َاٚ َا ٌْىِزَبة
– 2.b) soit expliquent un passage du Coran que des personnes ont, par leur
propos, montré n'avoir pas compris correctement ;
• َُْْٚ َزذُِٙ َُُ٘ٚ ُِْٓ َُُ اٌْؤُٙ ٌَ ٌََٰ ِئهُُُٚ ِثظُ ٍٍُْ أَٙٔا إٌَِّبٌََُُْٛ ٌٍَْ ِجغٚ إَُِٛاٌَزٌَِٓ آ
Ceux qui croient et qui ne ternissent pas leur foi par de l'iniquité, ceux-là sont
en sécurité et ils sont bien dirigés.
Lorsqu'il s'adressait à son fils, Luqmân l'exhortait ainsi : " O mon fils !
N'associe rien à Dieu. Lui donner des associés est une monstrueuse iniquité ".
ٌٍُِػظ
َ ٌٍُْ َُ ٌَ ِؼظُُٗ ٌَب ثًََُٕ ٌَب ُرشْ ِشنْ ثِبٌٍَِٗ ِإَْ اٌشِ ْشنَ ٌَظَُٛ٘ٚ َِِِْٕٗإرْ لَبيَ ٌُمَّْبُْ ٌِبثٚ
36
– Exemple : le Coran ordonne d'accomplir la prière et de donner la zakâte, mais
ne détaille pas la façon d'accomplir la prière ni les règles relatives à cette
zakâte. C'est vers les paroles et les actes du Prophète qu'il faut se tourner pour
cela.
• – Exemple : le Coran dit que tel parent héritera de tel parent défunt.
Mais la Sunna a rajouté à cela que si le premier a tué (même de façon
accidentelle, d'après certains oulimats) le second, il n'en héritera pas.
– 2.e) soit apportent une règle que le Coran n'a pas du tout évoquée ;
• َُُسُثَبعَ فَِئْْ خِفْزٚ ََ ُصالَسٚ اْ َِب طَبةَ ٌَىُُ َِِٓ اٌ ِٕغَبء َِضَْٕىُٛاْ فًِ اٌٍَْزَبَِى فَبٔ ِىحُٛغط
ِ َِإْْ خِفْ ُزُْ أَالَ رُ ْمٚ
ْاٌُُْٛٛ َِب ٍََِىَذْ أٌََّْب ُٔ ُىُْ رٌَِهَ َأدَْٔى أَالَ َرؼَٚح َذحً أ
ِ َاَٛاْ فٌُِٛأَالَ َر ْؼذ
• سًا َسحًٍِّبُٛاْ ثَ ٍَْٓ ا ُألخْزَ ٍِْٓ إَالَ َِب َلذْ عٍََفَ ِإَْ اٌٍَّٗ وَبَْ غَفَُٛأَْ َرجْ َّؼٚ
– 2.f) par contre la Sunna n'a pas pour fonction d'abroger, à elle seule, le
contenu d'un verset du Coran et c'est bien pourquoi le principe est bien connu :
37
le fait qu'un hadîth contredise formellement ce que dit le Coran, c'est l'indice
que ce hadîth est soit mawdhû', soit mansûkh.
(Par contre ce qui s'est produit c'est qu'un verset nouvellement révélé a abrogé
le contenu d'un verset précédemment révélé, et la Sunna a seulement mis en
lumière cette abrogation.
Pour ce qui est de vos enfants, Dieu vous enjoint d'attribuer à celui qui est de
sexe masculin une part égale à celle de deux filles. Si les filles sont plus de
deux, les deux tiers de l'héritage leur reviendront ; s'il n'y en a qu'une, la
moitié lui appartiendra. Si le défunt a laissé un fils, ses père et mère
recevront chacun un sixième de l'héritage. S'il n'a pas de fils et que ses
parents héritent de lui, le tiers reviendra à sa mère. S'il a des frères, le
sixième reviendra à sa mère,
Le hadîth n'a fait que mettre cela en lumière : " ْ ثٓ خبسجخ سظً اهلل ػٕٗ أٚػٓ ػّش
يٛعٍُ خطت ػٍى ٔبلزٗ فغّؼزٗ ٌمٚ ٍٍٗ إٌجً ّصٍى اهلل ػ: "ّصٍخٚ الٚ ،ٗإْ اهلل أػطى وً ري حك حم
اسسٌٛ" (at-Tirmidhî).
38
Le Coran dit simplement : "Accomplissez parfaitement la prière" (Coran
73/20 etc.).Mais c'est le Prophète qui a détaillé quelles sont les invocations,
les postures et la concentration qui composent la prière ; il en est de même
concernant la zakât, le jeûne, le pèlerinage, les invocations, etc. : le Coran se
contente de mentionner sommairement ces actions, tandis que c'est le
Prophète qui les a détaillées.
39
la Sunna et les éléments du Coran est comparable (toutes proportions gardées)
au rapport existant entre la loi, décidée par l'autorité législative du pays, et le
décret d'application de cette loi, décidé par l'autorité exécutive du même
pays.
• Mais qu'en est-il des paroles personnelles qu'il a laissées aux hommes
(autrement dit de la Sunna) : le contenant est sien, mais qu'en est-il du
contenu : est-ce le fruit de sa réflexion personnelle ou bien est-ce
quelque chose que Dieu lui a communiqué ?
4.2.1) Les paroles du Prophète relatant des paroles de Dieu ne figurant pas
dans le Coran (hadîth qudsî), ou décrivant des scènes de la dimension
invisible ou prédisant des événements futurs sont toutes le fruit d'une
révélation divine reçue par le Prophète, mais sans qu'il s'agisse de texte
coranique. Cependant, si le sens en est bien d'origine divine, les mots
exprimant ce sens sont ceux du Prophète.
--- 4.2.2) Les propos du Prophète offrant des règles juridiques (ahkâm) sont
quant à eux de 2 types :
----- 4.2.2.1) Certains de ces propos sont le résultat d'une révélation divine
reçue par le Prophète.
40
De nouveau, cela relève de ce que nous avons décrit : le sens est d'origine
divine, les mots sont ceux du Prophète - Ainsi, à propos de la question de savoir
si les épouses du Prophète pouvaient ou non sortir, Omar souhaitait que non ;
il interpella Sawda à ce sujet : "Sawda, par Dieu, on peut te reconnaître ! Vois
toi-même comment tu sors (si tu dois sortir) !" Sawda revint alors sur ses pas. :
"Le Prophète était chez sa femme aicha,. Sawda entra et dit : "Messager de
Dieu, j'étais sortie pour quelque chose, et Omar m'a dit telle chose." Le
Prophète reçut alors la révélation ;; il dit alors : "Il vous a été permis de sortir
pour faire ce que vous avez besoin de faire"" (al-Bukhârî 4517).
Il s'agit bien d'une réflexion, d'un ijtihad. Le principe général extrait du Coran
est clair : il est interdit de faire ce dont on sait que cela causera du tort à la
santé. L'application de ce principe à des cas concrets dépend pour partie de la
connaissance de ce qui se passe lors de ces cas concrets : le Prophète avait
pensé interdire tel cas mais ensuite modifia son raisonnement. Il s'agit bien,
souligne an-Nawawî, d'une réflexion sur la base d'un principe (ijtihâd). C'est à
ce sujet que ash-Shâfi'î disait : "Ce que le Prophète a dit est chose qu'il a
comprise du Coran" (Tafsîr Ibn Kathîr, tome 1 p. 6, Al-Itqân, p. 1025).
41
• – La seconde différence est que les ulémas doivent fonder leur ijtihad
sur une règle extraite des textes du Coran et de la Sunna, sur la base d'un
principe ('illa) présent dans le cas stipulé dans un texte particulier, ou
d'un principe général (maslaha mursala). Ils ont eux-mêmes demandé à
leurs élèves de vérifier leurs arguments avant de répéter leurs avis.
• Alors que le Prophète, lui, menait ses ijtihads à partir des principes
généraux qui président à l'ensemble de la législation islamique –
principes que Dieu lui avait enseignés directement –, et non pas
forcément à partir d'un principe extrait d'une règle détaillée figurant
dans un verset (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/371-372).
42
• "La nature innée comporte ces cinq traits: la circoncision, le rasage du
pubis, la taille des ongles, l'épilation des aisselles et le rasage des
moustaches .«
Dans son jugement de juin 1996, le tribunal administratif, après avoir discuté
de la question de l'excision au regard du droit musulman et en s’appuyant sur
un avis consultatif (fatwa), trancha en faveur des requérants.Le ministre de la
43
Santé fit appel contre cette décision devant la Haute Cour administrative, qui
rendit son jugement en décembre 1997.
• Le consensus اإلجّبع
Dès la période de formation des écoles doctrinales, le raisonnement et
l’opinion apparurent associés à la notion de consensus (ijma‘) Le consensus de
savants installés dans les cités étroitement liées à l’islam naissant s’avéra
particulièrement important. Il s’agissait d’hommes avant tout connus pour leur
piété et leur comportement exemplaire. Leur étude de la normativité fut
parfois liée à une pratique de juge, mais elle eut plutôt tendance à se
concentrer à un niveau doctrinal.
Aussi il faut noter qu’ Aussitôt après Ia mort du Prophète, un problème capital
s'était posé, ils' agissait de nommer un chef social et de designer le successeur
de Mohamed. les musulmans ont tranchée cette question principale au moyen
d'une simple opinion collective.
Dans une réunion publique, ils ont élu le premier Khalife et pare à un grand
danger qui menaçait leur communauté. Ce fait historique est a l'origine d'une
troisième source de droit,-a savoir Al-ljmaa' Au cours du temps, le rôle de
l'opinion individuelle ou collective dans la législation de l'Islam va en croissant.
Toutes les fois qu'une question d'ordre civil ou pénal se présente sans avoir Un
44
antécédent ·dans les textes coraniques et sunnites, on porte sur elle un
jugement, soit d'après l'opinion d'une seule personne, soit d'après, une opinion
commune à quelques-uns.
Aux premiers temps de l'Islam, lorsque Médine était la capitale du, Monde
musulman et le centre ou résidaient les savants compagnons du Prophète, on
appelait consensus l'accord de ces savants sur un cas déterminé.Mais, après
l'extension de I’État .musulman, et la pluralité des centres de culture a partir de
la dispersion des compagnons entre . !'Arabie, l'lrak, Ia Syrie et I'Egypte, les
jurisconsultes se trouvèrent devant deux conceptions différentes du
consensus:
• Divisions du consensus :
Consensus tacite (Sukouty): C'est Ia diffusion d'un acte ou d'une parole d'un
jurisconsulte, accompagnée par le silence des jurisconsultes, a condition que ce
silence existe en connaissance de cause.
45
Sur ce genre de consensus les avis sont partages: les hanafites lui accordent
une valeur probante; quant aux chafi'ites, ils ne Considèrent pas ce genre
comme consensus ayant force de loi, on ne peut établir un consensus qu'après
avoir recueilli les avis de tous les jurisconsultes" sur la question et constate
·leur accord"-commun·
il est clair que ce genre de consensus n'a rien avoir avec le raisonnement
inductif; c'est pourquoi -il est unanimement admis par les jurisconsultes en tant
qu'autorité législative.
• 3 - Réalisation du consensus :
- Pour les malikites; qui n'exigent pas I' accord de tous les savants de Ia
communauté, le problème est simple: le consensus est réalisable et même
déjà réalisé. - Les hanafites; qui simplifièrent les conditions du consensus et
qui prennent pour autorité législative le consensus tacite, soutiennent que
Ia réalisation du consensus n'est pas impossible.
46
l'impossibilité d'établir entre eux un accord commun sur des questions au
sujet desquelles les appréciations rationnelles différents.
47
• LE RAISONNEMENT PAR ANALOGIE اٌمٍبط
• 2; qu'il soir bien délimite, afin qu'on puisse le reconnaitre dans le cas
dérivé.
• 'Et ensuite parce que l'abrogeant doit être un texte or le qiyas n'est
pas un texte, mais un raisonnement inductif, donc, il n'est pas habilite à
abroger un jugement énonce par un texte.
• Une autre question se pose ici: est-il possible qu'un qiyas soit abroge par
on consensus ultérieur ou par un qiyas différent? A cette question, les
jurisconsultes répondent ainsi:
50
• 2- ce nouvel avantage doit être logique et acceptable par l'esprit et la
raison
• 1 - Définition :
51
• Préférence juridique fondés sur Ia nécessité: Elle consiste a soustraire un
cas juridique a la règle générale du qiyas, dont l'application aurait
provoqué un inconvénient, pour lui donner une autre solution dictée par
Ia nécessite en vue de repousser l'inconvénient.
52
• L'APPRECIATION LIBRE االسخصالح
• 1- Définition : -·
• Valeur probante:-
53
• Que l'intérêt a considérer soit général.
• Pour les hanafites, rien n'indique qu'ils ont fait usage de l'appréciation
libre.
Cependant, ils reconnaissent l'istihsan comme source du droit, et par Ià, ils
soustraient certains cas a Ia règle juridique généralement applicable aux cas
semblables pour une raison qui l‘emporte a leurs yeux sur cette règle; cette
raison relève de la nécessite ou de l'interet. Nous pouvons donc conclure que
les hanafites ont recours a l'istislah sans le nommer, car celui qui se permet de
soustraire un cas à Ia règle générale ne saurait s'interdire de se livrer- a
l'appréciation libre, la ou il n'y a pas de règles applicables aux cas semblables.
54
Chapitre 3 : ECOLES JURIDIQUES
Aux premiers temps de l'Islam, les jurisconsultes ne cherchaient pas a
édifier des théories générales qui embrassent les faits présents ou a venir,
réels ou supposés, mais ils s'intéressaient plutôt à l'examen des problèmes
qui se posent , afin de les pourvoir de solutions conformes à la chari'a.
L'institution des règles légales touchant les rapports de l'lslam conquérant
avec les peuples soumis tenait la première place dans l'établissement des
dispositions nouvelles; simultanément, il y avait aussi à régler dans toutes
ses ramifications la vie interne religieuse et légale, de la communauté .
• L'école Hanafite
55
propres conditions rigoureuses. On sait qu'Abo Hanifa fonda une grande
académie de droit de 40 membres, afin de rédiger un code du droit
musulman/
• L'école Malikite
• L'école Chafi'ite
• Le grand savant B.Hajar en disait: "A Medine, la science du droit a fini par
avoir pour chef l'lmam Malik et en Iraq Abu Hanifa. AI-Chafii a cumulé Ia
méthode de l'école traditionnelle et celle de l'école rationnelle, puis il en
a fait une troisième différente en formulant les principes et élaborant les
règles"
56
par laquelle le mouvement jurisprudentiel dépassé le domaine des
discussions sur les solutions mêmes pour préciser d'abord les principes
généraux qui doivent être observes dans les raisonnements; c' est plutôt
une innovation par laquelle on a abouti a systématiser la
"jurisprudence"
• Dans Ia masse des traditions reçues et pour son propre usage, AHMAD
sut librement choisir Ia doctrine qui lui paraissait la plus conforme au
Coran et à l'enseignements du Prophète, n'hésitant pas à user, dans le
cadre des données scripturaires, de son jugement personnel سأيII
paraissait fort méfiant à l'egard de la préférence juridique (ْ)االسخحسبet il
Jugeait fort sévèrement la pratique des subterfuges juridiques ( ًٍاٌح
ٍتٙ)اٌفم
57
Méthodologie de la dissertation juridique
La méthode qui va suivre, qui n’a aucunement la prétention d’être la meilleure, vise à offrir
un guide permettant de rédiger une dissertation pertinente sur le fond, et répondant aux canons
formels de l’exercice. Je l’ai rédigée à destination de mes étudiants en introduction au droit,
un peu dans la précipitation car ils ont une dissertation à faire pour la semaine prochaine. Il
est donc probable que des coquilles s’y soient glissées, et il faut prendre cette méthode
comme un « premier jet » dont la forme et le fond ont vocation à être retravaillés et enrichis
ultérieurement.
Un sujet de dissertation peut souvent être abordé sous différents angles, la problématique
constitue la pierre angulaire du devoir en révélant l’angle d’attaque choisi par l’étudiant. Tout
ce qui précède a pour objet d’amener le lecteur à la problématique, et surtout de justifier le
choix de cette problématique en la faisant apparaître comme découlant naturellement du sujet.
Tout ce qui suit a pour objet de répondre à la problématique. Si la problématique n’est pas
pertinente, sa justification dans l’introduction sera nécessairement viciée, et les
développements qui suivront seront hors sujet ou incomplets, difficile dans ces conditions
d’obtenir la moyenne.
La simple lecture du sujet peut donner des intuitions sur la problématique à adopter, mais on
ne peut raisonnablement pas se contenter d’intuitions. Il faut donc commencer par effectuer
des recherches sur le thème de la dissertation. Pour pouvoir orienter ces recherches, il est
nécessaire de bien comprendre le sujet et son étendue. La première étape de la recherche
58
consistera donc à définir précisément chaque terme du sujet en recourant à des dictionnaires
juridiques et à un dictionnaire de la langue française, définitions qui seront d’ailleurs
réutilisées lors de la rédaction de l’introduction.
Une fois le sujet défini et compris, il faut lire un maximum de documents sur ce sujet. Les
sources de documentation sont les mêmes que pour n’importe quel exercice juridique, à
commencer bien sûr par le cours magistral dispensé par l’enseignant en amphithéâtre. Il ne
faut toutefois pas s’en contenter car il est possible que l’enseignant ait choisi, par manque de
temps, de ne pas insister sur le point qui fait l’objet de la dissertation, ou de ne présenter que
sa vision des choses. Le droit n’est en effet pas une science exacte, et il existe très
fréquemment différents points de vue sur un sujet donné, des controverses doctrinales et/ou
jurisprudentielles. C’est l’objet même de l’exercice que d’identifier les différents points de
vue possibles sur le sujet donné : c’est de cette multiplicité d’opinions possibles,
d’interprétations possibles, de ces points d’achoppement que naîtra le débat, et donc la
problématique. Il faut donc recourir à d’autres sources que le seul cours magistral : les
manuels, les revues juridiques, les encyclopédies juridiques, à partir d’un certain niveau les
ouvrages spécialisés (comme les thèses), etc. Souvent les documents du fascicule de travaux
dirigés contiendront des informations en lien avec le sujet de la dissertation.
Lorsque suffisamment d’informations sur le sujet ont été agrégées, il est temps de dégager une
problématique de cette masse d’informations. La première consigne à respecter est bien sûr de
choisir une problématique qui englobe tout le sujet, mais rien que le sujet. Il ne faut donc pas
oublier un pan du sujet et il ne faut pas verser dans le hors sujet. Afin de s’assurer de ne pas
oublier un pan du sujet, ses termes doivent être tournés dans tous les sens afin de vérifier
qu’aucun sens caché du sujet n’ait été oublié. Pour éviter de verser dans le hors sujet, il faut
peser chaque terme du sujet.
Mais ce ne sont pas là les seules contraintes à avoir en tête lorsque l’on cherche une
problématique : il faut éviter à tout prix de n’avoir que des développements purement
descriptifs. Pour ce faire il faut trouver une problématique qui invite au débat, dont la
réponse n’est pas évidente, qui a du « piquant » et du « mordant ». Plus la problématique
suscite le débat, plus il y a de chances que les développements qui vont suivre intéressent le
correcteur.
Il arrive que le sujet soit constitutif d’une problématique en lui-même, lorsqu’il est posé sous
la forme d’une question ou lorsqu’il suffit de reprendre les termes du sujet dans une phrase
sous la forme interrogative pour en faire une problématique. Ex : « la jurisprudence est-elle
une source du droit ? ». On pourra alors se contenter, si le sujet constitue véritablement une
problématique pertinente et exploitable (ce qu’il faudra vérifier), de reprendre celui-ci en
guise de problématique. En revanche lorsque le sujet ne contient qu’un alignement de mots ne
constituant pas même une phrase, ce sera à l’étudiant de lui donner un sens en trouvant une
problématique à partir de ses recherches. Par exemple le sujet « Jurisprudence et sources du
droit » invite à s’interroger sur la nature de la jurisprudence (est-elle une sources du droit ?)
et, si c’est le cas, sur sa place parmi les sources du droit.
59
Lorsque le sujet contient deux ou plusieurs notions, deux ou plusieurs éléments, la
problématique va en principe découler de l’articulation de ces notions entre elles. Ainsi pour
le sujet « jurisprudence et sources du droit », la question est de savoir si la première notion (la
jurisprudence) peut être classée dans la catégorie que constitue la seconde notion (les sources
du droit). Pour le sujet « fait juridique et acte juridique », la problématique portera
probablement sur la distinction entre les deux notions car la frontière entre les deux notions
est très délicate à définir et fait l’objet de débats doctrinaux depuis plus d’un siècle.
Les sujets contenant une notion unique ou un élément unique sont ceux pour lesquels il y a le
plus de risques de verser dans le descriptif. Exemple : « La réforme du droit de la prescription
civile de 2008 ». Pour éviter d’avoir une dissertation qui se contente de décrire la loi du 17
juin 2008 réformant le droit de la prescription, on peut adopter une problématique qui invite à
porter un regard critique sur la réforme. Ex : après avoir rappelé en début d’introduction les
critiques formulées par la doctrine à l’égard du droit de la prescription civile antérieur à la
réforme de 2008, on peut retenir la problématique suivante : « La réforme de 2008 a-t-elle
permis de répondre efficacement aux critiques formulées contre le droit de la prescription
civile français ? ». Cette problématique permettra de décrire la réforme dans les
développements, mais pas seulement, elle permettra aussi d’y porter un regard critique (positif
ou négatif) et c’est ce que l’on attend de l’étudiant.
Il ne faut pas hésiter, lorsqu’un sujet soulève une problématique principale, mais que cette
problématique ne peut pas être abordée sans avoir préalablement résolu une autre
problématique secondaire, à évincer la problématique secondaire dès l’introduction.
L’introduction doit en effet idéalement représenter environ un tiers du devoir en volume, or en
pratique elle atteint rarement cette taille. On a donc largement la place d’y donner des
informations indispensables à la bonne compréhension de la problématique, des informations
qui ne trouvent pas leur place dans les développements. Par exemple le sujet « fait juridique et
acte juridique » peut soulever deux questions : quelle est la frontière entre les deux notions sur
le plan de la définition ? ; les deux notions ont-elles deux régimes distincts et si oui lesquels ?
Les recherches sur le sujet révèleront que la seconde problématique peut être très rapidement
résolue et qu’elle ne suscite guère de débats : on sait que les deux notions ont deux régimes
distincts, le contenu de ces deux régimes n’est pas réellement discuté (règles de preuve
différentes, règles de conflit de loi différentes). On peut donc en introduction expliquer que
les deux notions ont deux régimes distincts, ce qui permet de faire d’une pierre deux coups :
on évince cette question secondaire peu intéressante dès l’introduction et on pourra ainsi
consacrer les développements à la problématique principale plus intéressante, et par la même
occasion on a mis en exergue l’enjeu, l’intérêt de la problématique principale. C’est parce que
l’acte juridique et le fait juridique ont deux régimes distincts qu’il est important de résoudre la
problématique de la qualification.
On précisera enfin que la matière dans laquelle la dissertation doit être traitée doit bien sûr
être prise en compte pour trouver une problématique. Ainsi la problématique que l’on vient
d’évoquer pour le sujet « fait juridique et acte juridique » n’est pertinente que s’il s’agit d’une
dissertation de droit des obligations. S’il s’agit d’une dissertation de droit international privé,
la principale question concernera sans doute les règles de conflit de loi applicables : quelle loi
appliquer à un litige concernant un fait juridique ?, quelle loi appliquer à un litige concernant
un acte juridique ?, quelles sont les raisons de ces règles de conflit de loi ?, sont-elles
pertinentes ?, etc. Parfois le thème de la séance de travaux dirigés dans le cadre de laquelle est
donnée la dissertation fournira des indices sur l’orientation à adopter.
60
Une fois la problématique trouvée, il reste une dernière étape à effectuer au brouillon avant
d’attaquer la rédaction de la dissertation : trouver un plan.
La conception du plan
Comme pour le commentaire d’arrêt, la dissertation se divise en deux parties (I et II, c’est la
summa divisio), et deux sous-parties par partie (A et B). Sauf indication contraire expresse de
l’enseignant, les plans non binaires (à trois parties) sont à proscrire et il faut éviter d’ajouter
un niveau de subdivision supplémentaire, cela alourdirait le devoir plus qu’autre chose s’il fait
moins de dix pages dactylographiées. S’il fallait malgré tout subdiviser un A ou B, la
subdivision serait alors numérotée 1 et 2.
Le cœur du devoir doit se situer dans le I/ B/ et dans le II/ A/, idéalement ces deux parties
seront donc les plus volumineuses. Ce n’est pas rédhibitoire si les parties ont toutes une taille
similaire, mais cela devient en revanche gênant si le I/ B/ et le II/ A/ sont moins volumineux
que les I/ A/ et le II/ B/. Dans ce cas de figure, il sera peut-être possible d’inverser les A et B
de chaque partie. Cela étant dit le I/ A/ et le II/ B/ n’en font pas moins partie intégrante du
devoir, et elles ne doivent donc pas être le prétexte à des digressions hors sujet.
Chaque partie doit comporter un titre. Un titre n’est pas une phrase, c’est-à-dire qu’il ne doit
pas se terminer par un point et surtout ne doit comporter aucun verbe conjugué. Par exemple
on n’écrira pas « I) L’acte juridique est un acte de volonté. » mais plutôt « I) L’acte juridique,
un acte de volonté ». Il est préférable, dans la mesure du possible, de ne pas donner des titres
neutres mais de donner au lecteur, dès l’intitulé, un indice sur la tournure que vont prendre les
développements de la partie. Par exemple « I) L’acte de volonté, pierre d’achoppement de la
notion d’acte juridique », ou encore « I) L’acte de volonté, élément essentiel mais insuffisant
de la notion d’acte juridique » (je précise que ces titres sont fictifs et ne sont donc pas
nécessairement pertinents sur le fond, ils sont là pour illustrer la forme que peut prendre un
titre).
Dans l’idéal les intitulés seront concis, percutants. Il est aussi important qu’ils se répondent
dans le sens où il doit systématiquement exister un balancement logique entre le I et le II,
entre le A et le B. Par exemple principe/exception, notion/régime, général/spécial, première
condition/deuxième condition, conditions/effets, forme/fond, effets principaux/effets
secondaires, etc. Il doit aussi y avoir une cohérence entre l’intitulé du I et les intitulés des A et
B du I, cela semble évident.
Il ne faut cependant pas sacrifier le fond au profit de la forme. Préférez toujours un intitulé
simpliste mais explicite à un intitulé qui tente d’en mettre plein la vue mais qui est totalement
incompréhensible de par son caractère sibyllin. L’étudiant doit être particulièrement vigilant
sur ce dernier point, trop de titres ne veulent absolument rien dire une fois isolés de leurs
développements, or l’étudiant ne doit pas oublier que s’il induit le titre du contenu de sa
partie, le correcteur fera la démarche inverse, c’est-à-dire qu’il lira le titre avant de lire les
développements. Les éléments nécessaires à la compréhension du titre ne doivent donc pas
figurer dans les développements qui le suivent ! Si jamais un éclairage s’avère nécessaire à la
compréhension d’un titre, il devra se faire dans l’annonce de plan ou dans le chapeau
introductif (V. infra), c’est leur objet. Dans le même ordre d’idée, l’intitulé doit refléter
fidèlement le contenu de la partie, ou le décalage sera relevé par le correcteur.
61
In fine il n’existe pas de méthode miracle pour construire un plan, à chacun de créer sa propre
recette personnelle en s’exerçant. En progressant dans ses études on se familiarise avec de
nombreuses articulations binaires qui permettent de faire face à quasiment n’importe quelle
situation (principe/exception, notion/régime, etc.). Il ne faut toutefois pas céder à la tentation
qui consisterait à apprendre par cœur une liste de plans types et à systématiquement chercher
à faire entrer les développements dans l’un de ces plans types. Certains sujets peuvent
nécessiter un plan sur mesure. Pour reprendre l’exemple du sujet « La réforme du droit de la
prescription civile de 2008 », on pourrait voir dans une première partie l’objectif de réduction
de la durée des délais de prescription, et dans une seconde partie l’objectif de simplification
du droit de la prescription, ce plan ne correspond à aucun plan type et est probablement plus
adapté que n’importe quel plan type.
Pour ma part j’ai pour habitude de rassembler toutes mes idées qui vont me permettre de
répondre à la problématique en deux gros blocs de taille à peu près équivalente et reposant sur
une articulation logique. J’ai alors ma summa divisio dont il ne me reste plus qu’à trouver
deux intitulés pour les I et II. A partir de là je cherche une sous-division dans chaque partie. Si
jamais je ne parviens pas à trouver de sous-divisions suffisamment satisfaisantes, ce qui est
toujours possible, alors je cherche une summa divisio différente, et je répète le processus
jusqu’à ce que je trouve une combinaison d’une summa divisio et de deux sous-divisions
satisfaisante.
On a désormais tous les éléments en main pour passer à la phase de rédaction, en commençant
logiquement par l’introduction puis en continuant avec les développements.
La rédaction de l’introduction
La phrase d’accroche est le point de départ de l’introduction, l’annonce de plan est le point
d’arrivée, et la problématique en est la pierre angulaire. Nous allons donc procéder en deux
temps pour concevoir l’introduction : d’abord le chemin depuis l’accroche jusqu’à la
problématique, puis le chemin, plus court et plus simple, de la problématique jusqu’à
l’annonce de plan.
La phrase d’accroche. Il peut en réalité s’agir, dans la dissertation, d’une phrase ou d’un,
voire plusieurs, paragraphes. L’objet de l’accroche est de dévoiler le sujet au lecteur.
L’accroche doit donc idéalement se terminer par la mention des termes du sujet. On conseille
en général d’adopter la méthode de l’entonnoir : on commence par évoquer le thème général
de la dissertation pour arriver progressivement vers le sujet précis. Mais les accroches plus
originales sont admises et seront même gratifiées, on peut par exemple partir d’une citation,
d’une anecdote, etc., pour introduire habilement le sujet.
La définition des termes du sujet. La mention du sujet appelle logiquement une définition
de ses termes. Il ne s’agit pas de définir chaque terme du sujet mais uniquement les termes
juridiques clés. On pourra alors s’aider de dictionnaires juridiques ou de manuels, en prenant
bien soin de citer ses sources et de mettre des guillemets lorsque l’on reprend une formulation
qui n’est pas la sienne (ou sinon il s’agit de plagiat).
62
Le contexte du sujet. Si cela n’a pas été fait dans l’accroche, ou si cela n’a pas été fait de
manière suffisante, il faut replacer le sujet dans son contexte : contexte historique, contexte
doctrinal, contexte légal, contexte jurisprudentiel, etc., selon ce qui est pertinent par rapport
au sujet donné.
L’intérêt du sujet. Le contexte du sujet devrait permettre de déboucher sur son intérêt. C’est
là qu’il faut mettre en exergue l’enjeu du sujet.
Comme on l’a déjà écrit, l’introduction doit idéalement représenter un tiers du devoir en
volume, en pratique on atteint rarement cette proportion. Il ne faut donc pas hésiter, lorsque
l’on cherche un plan, à reléguer les éléments qui ne rentrent pas dans le plan dans
l’introduction, à condition bien sûr que ce choix soit pertinent. On ne peut pas non plus mettre
tout et n’importe quoi dans l’introduction, il faut donc que l’élément s’inscrive naturellement
dans le fil conducteur de l’introduction.
63
mais cette marge de manœuvre ne peut être exploitée que si l’introduction est correctement
construite de façon à justifier la problématique retenue.
L’annonce de plan a pour objet de présenter la summa divisio du devoir, c’est-à-dire les
parties I et II. Certaines méthodes imposent de reproduire mot pour mot dans l’annonce de
plan les intitulés des I et II. Je considère pour ma part qu’il est plus pertinent d’éviter la
redondance et de présenter les deux parties sous une formulation différente afin de bien mettre
en exergue l’articulation logique entre ces deux parties. Après l’annonce d’une partie, on doit
indiquer son numéro entre parenthèses. Ex : « Si l’on peut relever un relatif consensus sur
deux des trois principaux éléments de la définition de l’acte juridique que sont la volonté et la
production d’effets de droit, ceux-ci s’avèrent insuffisants pour le distinguer du fait juridique
(I). La clé de voute de la définition, qui en a longtemps été la pierre d’achoppement, réside
dans la nature du lien qui unit ces deux éléments (II) ».
L’objectif de l’annonce de plan, au-delà de présenter la summa divisio, est de faire le lien
entre la problématique et les développements qui vont suivre. Il faut donc bien travailler ce
lien qui doit apparaître comme évident à la lecture de l’annonce de plan, le plan retenu doit
permettre de répondre à la problématique posée. Il ne doit y avoir aucun décalage entre le plan
et la problématique, et il faut d’ailleurs se poser la question suivante pour chaque partie :
« Est-ce que cette partie ou cette sous-partie contribue à répondre à la problématique ? ». Si ce
n’est pas le cas c’est soit que le plan n’est pas bon, soit que la problématique n’est pas bonne.
Autrement dit la première partie de l’introduction sert à justifier le choix de la problématique,
cette seconde partie sert à justifier le choix du plan : il faut démontrer que le plan est pertinent
par rapport à la problématique retenue.
Une fois le plan annoncé, on peut attaquer le vif du sujet, les développements.
On a déjà dégagé le plan, il reste à rédiger le contenu de chaque partie et les chapeaux
introductifs et transitions.
Chaque partie principale (I et II) doit commencer par un chapeau introductif, c’est-à-dire ni
plus ni moins qu’une annonce de plan sauf qu’au lieu d’annoncer les deux parties principales
(I et II) il s’agit ici d’annoncer les deux sous-parties (A et B). Les mêmes règles que pour
l’annonce de plan s’appliquent donc aux chapeaux introductifs.
Ensuite il doit y avoir une transition, composée d’une phrase ou d’un paragraphe de plusieurs
phrases, entre les A et B de chaque partie, et entre le I et le II. Il doit donc y avoir un total de
trois transitions. Il est conseillé de détacher les transitions du corps de la partie précédente en
leur consacrant un paragraphe, le correcteur pourra ainsi les identifier plus facilement. La
fonction des transitions est de créer du lien entre les parties, elle est donc essentielle pour
maintenir le fil conducteur et ne pas perdre le lecteur au cours de la démonstration.
Il ne reste plus qu’à rédiger chaque partie. Si toutes les directives que l’on vient d’énoncer ont
été respectées, la rédaction devrait se faire sans difficulté. Il faut garder à l’esprit que les
64
développements sont une démonstration : il faut idéalement adopter un point de vue par
rapport à la problématique posée, et organiser les développements en une démonstration de ce
point de vue. Si cette règle est respectée, il n’y aura aucun risque de verser dans le descriptif
et d’avoir un devoir plat sans saveur.
Il ne faut pas pour autant passer sous silence les thèses opposées à la sienne. S’il y a plusieurs
théories doctrinales, plusieurs points de vue possibles, et ce sera souvent le cas, il faut toutes
les évoquer, ne serait-ce que pour les réfuter. Il faut aussi rester tempéré et humble : on peut
avoir une préférence personnelle pour telle ou telle théorie, mais il ne faut pas oublier qu’il y
a toujours une part de subjectivité. Il faut donc garder une certaine honnêteté intellectuelle en
énumérant les avantages et inconvénients de chaque thèse, et ne pas dénigrer les thèses
opposées à la sienne.
La conclusion / ouverture
Il est possible de terminer par une conclusion, qui peut notamment prendre la forme d’une
ouverture, c’est-à-dire un court paragraphe qui pose les termes d’un nouveau débat connexe
au sujet de la dissertation qui était à traiter. La conclusion n’est pas une obligation et certains
préfèrent même qu’il n’y en ait pas, il faut donc se référer sur ce point aux consignes de
l’enseignant. Il vaut mieux l’éviter s’il s’agit simplement d’un résumé des thèses développées
dans les quatre sous-parties, la présence d’une conclusion n’est souhaitable que si elle apporte
une réelle plus-value au devoir par rapport à ce qui a déjà été dit.
Résumé de la structure
Introduction :
Accroche
Définition des termes du sujet
Contexte
Intérêt du sujet
Problématique
Annonce de plan : on annonce la première partie (I) et la seconde partie (II).
Transition entre le A et le B.
65
Chapeau introductif : annonce de la première sous-partie (A) et de la seconde sous-partie (B).
Transition entre le A et le B.
Tout comme dans le commentaire d’arrêt, il doit exister dans la dissertation un fil conducteur
du début jusqu’à la fin du devoir. Si le fil conducteur est rompu à un endroit quelconque du
devoir, c’est que les idées ne sont pas correctement organisées dans l’introduction, que le plan
ne repose pas sur des articulations logiques correctes ou que les transitions n’ont pas été
correctement rédigées. La dissertation est une démonstration, pour convaincre il est donc
essentiel que le correcteur ait l’impression que chaque élément soit la suite logique du
précédent.
66