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Master de recherche : Etudes internationales et Droit international

Module : Histoire des relations internationales du Maroc

Sujet : Les relations du Maroc avec la Grande-Bretagne

Réalisé par : Soumis à l’appréciation du :

- BEKKOUCHE HAMZA Pr. El Cadi Latifa

- FIKRI Mounir

Année universitaire : 2020-2021

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Sommaire :

Introduction

Partie I : Les relations anglo-marocaine entre le 16ème et 18ème siècle 

Chapitre I : Maroc-Angleterre : vers une alliance stratégique

Section 1 : L’alliance anglo-marocaine

Section 2 : La fin d’une alliance stratégique

Chapitre II : les relations anglo-marocaines : relations diplomatiques et


affrontements

Section 1 : la présence anglaise sur le territoire marocain

Section 2 : les traités de paix et de commerce

Partie II : Les relations anglo-marocain au 19 me siècle

Chapitre1 : la nouvelle dimension des relations entre les deux


monarchies

Section 1 : Le concept de la nouvelle dimension

Section 2 : les différents types des relations entre les deux monarchies

Chapitre 2 : le traité de 1856

Section1 : les clauses principales de traites 

Section 2 : les conséquences de traités

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Introduction

Le Maroc et l’Angleterre, deux pays qui, malgré leurs différences, ont partagé des points
communs. Il s’agit, de deux anciennes monarchies ayant un passé impérial, une civilisation et
une culture des plus veilles du monde.

Historiquement, le tout premier contact entre le Maroc et la Grande-Bretagne remonte à l’an


1213, lorsque le Royaume du Maroc était considéré comme une puissance militaire redoutable,
le roi John de l’Angleterre a sollicité l’aide militaire et alliance du sultan Mohammed Nasser
contre ses adversaires européennes. Toutefois, la demande du roi John a été refusée par le sultan
Mohammed Nasser.

Cette rencontre historique fut le premier contact entre anglais et marocains. Dès lors, les
relations entre les deux pays n’ont cessé d’évoluer à tous les niveaux.

Ce sujet revêt à la fois un intérêt juridique dans la mesure où la relation anglo-marocaine été
caractérisée par la conclusion de plusieurs traités, particulièrement des traités de commerce. Et,
un intérêt historique, vu l’importance des relations qui ont toujours liées les deux pays,
notamment depuis l’ère de Moulay Ahmed Al-Mansur.

La nature du sujet nous mène à focaliser notre recherche au niveau de l’étude de la nature des
relations anglo-marocaine, notamment entre le 16ème et la fin du 19ème siècle.

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Donc, quelle est le rôle de la Grande-Bretagne dans l’histoire des relations internationales du
Maroc ?

Pour répondre à cette problématique, nous allons adopter le plan suivant :

I- Les relations anglo-marocaines entre le 16ème et le 18ème siècle


II- Les relations anglo-marocain au 19 me siècle

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Partie I : Les relations anglo-marocaines entre le 16ème et le 18ème
siècle

Quelques siècles après le premier contact entre les deux pays en 1213, les relations entre le
Maroc et l’Angleterre furent réactivés dès la seconde moitié du 16ème siècle, notamment sous la
période des sadienne. Or, les relations entre les deux empires n’étaient pas toujours tendus, et ce
à cause de la présence anglaise sur le territoire marocain.

Dans cette partie, nous allons mettre le point, tout d’abord, sur l’alliance stratégique établit entre
la Maroc et l’Angleterre (chapitre 1), ensuite, nous allons traiter les relations diplomatiques et les
affrontements qui ont marqués l’histoire des deux pays (chapitre 2).

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Chapitre I : Maroc-Angleterre : une alliance stratégique
La réactivation de la relation entre le Maroc et l’Angleterre a permis l’instauration d’une alliance
stratégique, visant essentiellement à encercler l’Espagne, l’ennemi commun des deux royaumes.
Or, cette alliance a pris fin dès la mort de ses deux auteurs Moulay Ahmed-Al-Mansur et la reine
Elizabeth 1er.

Dans ce chapitre, nous allons traiter, tout d’abord, l’alliance Anglo-marocaine (section 1),
ensuite, nous allons mettre la lumière sur la fin de cette alliance (section 2).

Section 1 : l’alliance Anglo-marocaine

Dans cette section, nous allons traiter le contexte de l’alliance Anglo-marocaine (paragraphe 2),
et la concrétisation de l’alliance (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : le contexte de l’Alliance

Après la bataille des trois rois, le royaume chérifien a acquis un véritable prestige international,
qui lui a permis de s’imposer comme une nouvelle puissance régionale à coté, notamment, de
l’empire ottomane, de l’Espagne, et de l’Angleterre.

L’empire ottoman était pour le royaume chérifien un véritable danger qui menace sa
souveraineté, afin de l’écarter, le Maroc a établi une alliance avec l’Espagne, qui prévoyait une
offensive conjointe contre les turcs, particulièrement les contingents turcs d’Alger.

Une alliance qui ne plaisait pas aux ennemis de l’Espagne, principalement l’Angleterre qui ne
pouvait pas franchir le détroit de Gibraltar sans s’exposer aux corsaires espagnols et marocains.

En effet, les anglais ont envoyé des ambassades au palais du Marrakech, afin de solliciter une
alliance avec le Maroc, et demander ainsi la conclusion des traités de commerce.

Or, ce rapprochement Maroc-Espagnole n’a pas beaucoup duré. En effet, le désengagement de


l’Empire ottomane en méditerranés occidentale, à cause de sa guerre avec les Saffadis, le Maroc
est désormais à l’abri de toute menace turque. Dès lors, le Maroc entra dans une coalition avec la
puissance anglaise, en s’éloignant définitivement de l’Espagne.

Paragraphe 2 : la concrétisation de l’alliance

Pour concrétiser cette alliance, les relations diplomatiques entre les deux pays commencèrent à
s’intensifier. En effet, le premier acte diplomatique vient de la part de la reine Elisabeth 1 er, en
envoyant son ministre Rogers au sultan Ahmed-Al-Mansur, pour résider au Maroc et obtenir des
avantages pour les commerçants anglais.
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Dans le même sens, la reine Elizabeth 1er autorise la mise sur pied d’une compagnie
appelée « The Barbary company », auquel elle accorda le monopole du commerce au Maroc. À
la suite de cet acte, Moulay Ahmed-Al-Mansur signa un décret le RABII II 996 (1 Mars 1558)
accordant la protection et faveurs aux commerçants anglais.

L’amitié entre les deux pays devint stratégique, vu que les deux pays nourrissaient des
sentiments de méfiance vis-à-vis de l’Espagne. A cet effet, Moulay Ahmed-Al-Mansur, a envoyé
son ambassadeur à la cour anglaise, pour négocier une alliance contre l’Epagne. Le sultan
voulait, à ce titre, l’aide d’une flotte anglaise pour envahir l’Espagne, or la reine d’Angleterre
refusa la proposition, en acceptant plutôt de conclure des accords commerciaux.

Les négociations entre les deux ont continué, la reine a accepté de vendre des fournitures de
munitions pour le Maroc, et elle et le Sultan ont parlé d’une opération conjointe contre
l’Espagne. La chose qui n’a pas abouti, à cause du décès d’Ahmed -Al-Mansur et d’Elisabeth 1er.

Section 2 : la fin de l’alliance anglo-marocaine

Dans cette section, nous allons aborder les des débuts du déclin de l’alliance Anglo-marocaine
(paragraphe 1), ensuite, nous allons mettre le point sur le traité de 1638 (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les premiers signes du déclin de l’alliance

La mort d’Elisabeth 1er et d’Ahmed Al-Mansur marque la fin d’une ère prospère dans les
relations anglo-marocaine.

La paix établit par James 1er avec l’Espagne, par le traité de Londres, et la situation d’anarchie au
Maroc, ont rendu l’alliance moins significative. Plus tard, au cours de la guerre de trente années,
sous le règne de Charles 1er, l’Angleterre a voulu obtenir l’aide militaire du Maroc contre
l’Espagne, le roi Charles avait espéré obtenir la coopération marocaine après l’attaque anglaise
sur la ville de Cadix (1625), mais la compagne fut un désastre et a ruiné le prestige de
l’Angleterre.

Paragraphe 2 : le traité d’amitié entre le Maroc et l’Angleterre de 1638

En 1637, le sultan Mohammed Cheikh envoya une lettre au roi d’Angleterre l’informant qu’il
avait décidé de dépêcher auprès de lui, en tant qu’ambassadeur, le Caïd Joudar Ben Abdellah
accompagné de l’agent commercial Robert Blake.

Cette visite a été couronnée par la ratification par le roi Charles 1er le 8 mai 1638 et par le sultan
Mohamed Cheikh le 15 juillet 1638, du traité de paix et d’amitié entre le Maroc et l’Angleterre.
Ce traité comporte les clauses suivantes :
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- La consolidation de l’amitié traditionnelle qui existait entre les deux royaumes, ainsi que
des relations commerciales.
- Interdiction de prendre en esclavage les sujets de l’un ou de l’autre des deux pays.
- Interdiction aux corsaires de salé tout acte de nature belliqueuse à l’encontre des navires
anglaise.
- Interdiction aux commerçants de négocier des transactions avec les rebelles

En fait, ce traité n’était qu’une tentative pour sauver l’alliance entre les deux royaumes. Ses
clauses ne font que traduire le constat du déclin d’une relation stratégique entre les deux pays.
De même, les clauses du traité montrent d’une façon explicite, que le Maroc était dans une
situation lamentable, discrédité comme Etat fort, capable de protéger les intérêts de l’Angleterre
sur son territoire.

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Chapitre II : Maroc- Angleterre : relations diplomatiques et
affrontements
Dans ce chapitre, nous allons traiter la présence anglaise sur le territoire marocaine (paragraphe
1), et, le rétablissement des relations diplomatiques (section 2).

Section 1 : la présence anglaise sur le territoire marocain

Dans cette section nous allons traiter les objectifs des anglais à Tanger (paragraphe 1), ensuite,
les guerres de libération (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les Anglais à Tanger

Occupé par les portugais depuis 1471, Tanger était passé sous le contrôle anglais après le
mariage de Catherine e BRAGANCE avec Charles II, le Roi John d’Espagne leur offrit la ville
de Tanger comme cadeau.

L’objectif des anglais été, d’une part, agrandir leur empire et, d’autre part, avoir un comptoir sur
le sol marocain pour leurs transactions commerciales avec le Maroc.

Il s’agit pour les anglais d’un emplacement clé en termes stratégiques commerciaux et militaires.
L’occupation de Tanger, permet, en effet, de maitriser l’accès à la méditerranée.

Paragraphe 2 : la guerre de libération

Alors conscient qu’ils ne pouvaient pas vivre protéger à l’intérieur de Tanger, les anglais ont
décidé d’envoyer en 1669 une ambassade, sous le commandement de Henry Howard, avec une
lettre de la part du roi Charles II, à la cour du sultan Alaouite Moulay Rachid, afin de conclure
un traité de paix.

Or, les tentatives de rapprochement entrepris par les Anglais, afin de créer une atmosphère
favorable à la négociation, ont échoués. Les Marocaines n’avaient aucunement l’intention de
signer un traité de paix. Ils ont même pris en otage l’un des membres de la délégation anglaise,
afin de l’utiliser comme une carte pour obliger le départ des anglais.

Dès 1680, notamment sous le règne de Moulay Ismail, le Maroc a assiégé la ville de Tanger. Une
action militaire mener par le Maroc, dans le but d’exiger les britanniques à quitter la ville.
Malgré la résistance anglaise, et vu le cout trop élevé du maintien du corps de troupe conservé
dans la ville, ils ont décidé d’abandonner la ville à l’armée marocaine le 5 février 1684.

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Section 2 : le rétablissement des relations diplomatiques

Malgré l’affrontement occasionnel entre le Maroc et la Grande-Bretagne, les relations


diplomatiques entre les deux ont continué. En 1682, Moulay Ismail a envoyé Mohammed Ben
Haddou, en tant qu’ambassadeur du Maroc, à la cour de Charles II, pour négocier un traité de
paix et d’amitié avec les autorités britanniques. Or, ce traité ne fut jamais ratifié par moulay
Ismail, car les britanniques avaient continué à faire les commerces avec les rebelles sud
marocaine, en dépit des clauses du traité leur interdisant cela.

Les relations furent rétablies, sur les bases plus solides au début du 18 ème siècle, en concluant le 7
juillet 1714 un traité de paix et de commerce à Tétouan.

Les deux pays avaient un souci commun, à savoir l’Espagne, Moulay Ismail voulait l’aide des
anglais contre les Espagnols. Et, les anglais avaient besoin de l’aide marocain pour
approvisionner la garnison de leur colonie de Gibraltar. A ce titre, les deux pays ont renouvelé
leur Traité en 1721, et comme geste d’amitié le Maroc a procédé à la libération de 296 esclaves
britanniques.

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Partie II : Les relations anglo-marocain au 19 siècle
Au 19eme siècle les deux monarchies connus une nouvelle dimension d’alliance sous le nom de
traites d’amitié anglo-marocaine. Ont été signés le 9 décembre 1856, traites qui ont permis de
prolonger l’indépendance du Maroc. En plus les visites et les échanges des ambassadeurs
marocains, Edward Drummond Hay et son fils John drummand-hay ont été consuls généraux
britanniques à Tanger pendant des décennies.

Alors pour comprendre cette nouvelle alliance nous avons partagé cette partie en deux chapitres
à savoir un chapitre qui porte sur la nouvelle dimension (chapitre1) et dans un deuxième chapitre
les traites de 1856 (chapitre2).

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Chapitre1 : la nouvelle dimension des relations entre les deux
monarchies
Au niveau de ce chapitre nous avons essayé de présenter le concept de la nouvelle dimension
(section1), et dans une deuxième section nous avons classifié les types de relations entre les deux
monarchies (section2).

Section 1 : Le concept de la nouvelle dimension

En 1824 le sultan Moulay Abderrahmane déclara que la Grande Bretagne avait été la meilleure
amie du Maroc depuis de nombreuses années. Le Traité et Convention Générale de Commerce et
de Navigation signé en 1856 accordaient effectivement à la Grande-Bretagne le statut de la
“nation la plus favorisée” au Maroc.

Les puissances européennes, particulièrement l’Angleterre, contemplaient les ambitions


expansionnistes de la France dans la région avec une apparente indifférence non exempte d’une
certaine jalousie. Quand l’Espagne, devançant de peu la France, occupa les îles Jaafarines en
1848, il n’y eut guère de protestations. A vrai dire, tant les îles Jaafarines que les confins algéro-
marocains demeuraient suffisamment lointains de Gibraltar pour que l’Angleterre y voie le
moindre péril pour son contrôle sur le Détroit. Le plus important pour elle était l’ouverture du
Maroc au commerce international, objectif qu’elle finira par atteindre avec l’abolition par le
sultan du règlement douanier prohibitif et du monopole chérifien sur les échanges extérieurs,
instaurés en 1814-1815, et la signature le 9 décembre 1856 du Traité anglo-marocain de
Commerce et de Navigation, auquel adhéreront plus tard d’autres pays comme le Portugal, les
Pays Bas, la Sardaigne et le Royaume des Deux Sicile.

La France et l’Espagne qui avaient appuyé l’Angleterre dans ses efforts en vue de parvenir à
l’abolition des monopoles et la liberté commerciale au Maroc, espéraient bénéficier aussi des
dispositions du Traité anglo-marocain de 1856, tout en maintenant les avantages que leurs
procuraient les accords antérieurs. Le Traité de Commerce hispano-marocain du 20 novembre
1861 est, par plusieurs de ses articles, une copie conforme de celui souscrit par la Grande
Bretagne en 1856. Il en est de même du Traité signé par le Maroc avec la Belgique en 1862. Ces
traités seront suivis par le dahir du 4 juin 1864, par lequel fut instaurée la liberté commerciale
dans tout l’Empire chérifien.
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La nouvelle situation créée par l’ouverture du Maroc au commerce international et la libre
circulation des marchandises impliquaient en soi la présence de nombreux commerçants
étrangers dont le statut réglementaire devait être précisé. A partir du Traité anglo-marocain de
1856, une série de privilèges fut concédée à ces derniers tels que l’exonération d’impôts sauf
pour les droits de douane, et le droit de propriété de biens immobiliers.

Section 2 : les différents types des relations entre les deux monarchies

Au niveau de cette section nous avons partagé les types à savoir des relations militaires
(paragraphe 1), des relations politique (paragraphe 2), des relations diplomatique (paragraphe 3).

Paragraphe 1 : relation militaire :

Au début du XIXe siècle, les relations entre le Maroc et la Grande-Bretagne sont restées stables.
En vertu d’un accord conclu en 1801 entre George III et Moulay Slimane (1792-1822), le Maroc
accepta de fournir du bétail à Gibraltar. Le 29 juillet 1812, Moulay Slimane a autorisé l’armée
britannique, qui combattait alors l’Espagne et le Portugal, à se procurer du grain.

La coopération militaire a été l’un des signes de l’étendue de l’influence britannique au Maroc à
partir du début du XIXe siècle. La plupart des armes utilisées au Maroc étaient de fabrication
britannique et des officiers britanniques ont supervisé la formation d’artilleurs marocains à
Gibraltar. En fait, la période antérieure au XIXe siècle montre clairement à quel point les
relations anglo-marocaines étaient continués et profondes. Dans les années qui ont suivi
l’avènement de Moulay Abderrahmane, ils ont été parfois marqués par un rapprochement et par
d’autres par la discorde entre les deux pays.

Des officiers marocains suivirent une formation militaire à Gibraltar et en Grande Bretagne en
1875-76 et un soldat britannique, connu sous le nom de Caïd Maclean, fut recruté par le Sultan
en 1877 pour assister avec la formation de l’armée marocaine.

Paragraphe 2 : relation politique :

À partir du début des années 1820, la région méditerranéenne a commencé à jouer un rôle
croissant dans la politique étrangère britannique. Les dirigeants politiques britanniques ont
adhéré à une politique décisive visant à empêcher tout état étranger d’étendre son influence dans
les régions entourant le détroit de Gibraltar. En conséquence, il est devenu nécessaire de
préserver le « statuquo » au Maroc, en évitant tout ce qui pourrait menacer les intérêts immédiats
de la Grande Bretagne.

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En 1829, la Grande Bretagne remplaça James Douglas, consul général à Tanger depuis 1818, par
Edward Auriol Drummond Hay, qui, avec de nombreux membres de sa famille, devait jouer un
rôle décisif dans le renforcement de son influence politique et économique. Les développements
en Afrique du Nord provoqués par l’expansionnisme français, qui ont entraîné l’invasion de
l’Algérie en 1830, ont donné un nouvel élan au renforcement des relations politiques anglo-
marocaines et ont conduit à un rapprochement plus étroit.

C’est en 1829, que débuta la saga de la « dynastie » Hay à Tanger. E.A. Drummond Hay arriva
en août de cette année-là en tant que Consul de Grande-Bretagne. Son fils John, lui succéda en
1845 jusqu’en juillet 1886. Les Hay jouèrent un rôle éminent dans la politique marocaine de la
Grande Bretagne.

Des relations remarquablement étroites entre la Grande Bretagne et le Maroc se sont développées
à l’époque des successifs Consuls Généraux britanniques Edward Drummond-Hay (1829-45) et
son fils, Sir John Drummond-Hay (1845-86), qui tous les deux parlaient couramment l’arabe.
Dans les années 1840 ils agirent en intermédiaire pour le Maroc avec d’autres pays européens,
tels que l’Espagne, la France, le Danemark et la Suède. En 1849 et 1858, ils firent le nécessaire
pour que des vaisseaux de la Royal Navy transportent les fils du sultan à la Mècque pour le
pèlerinage du Hadj. En 1861, ils aidèrent à négocier l’évacuation de Tétouan par l’Espagne. La
coopération militaire fut également florissante.

Les événements vont bientôt bouger rapidement et déboucher en 1844 sur la bataille d’Isly. À la
mort de son père en 1845, John Drummond Hay reçut le poste. Ainsi, la voie lui était laissée
libre de continuer à représenter la Grande Bretagne à Tanger pendant une cinquantaine d’années
jusqu’en 1886.

Au cours des premières années de sa mission, John Drummond Hay a été directement impliqué
dans la résolution des problèmes entre le Maroc et certains pays européens et en particulier dans
sa médiation entre le Maroc et la France, l’Espagne et les pays scandinaves. Cela prouve à quel
point la Grande Bretagne était importante pour Mawlay Abderrahmane. Mais aux yeux de John
Drummond Hay, le moyen le plus efficace de renforcer l’influence britannique au Maroc à tous
les niveaux serait une politique de pénétration commerciale du marché marocain mise en œuvre
avec compétence. Après de longues et difficiles négociations, le sultan a accepté de ratifier deux
accords le 9 décembre 1856 et de décider de les appliquer à compter du 10 janvier 1857. Les
relations entre le Maroc et la Grande-Bretagne sont ainsi entrées dans une nouvelle phase au
cours de laquelle des textes juridiques ont commencé à régir les relations pour de longues
périodes.

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Paragraphe 3 : relation diplomatique :

Sir John Drummond Hay est, sans nul doute, l’un des diplomates anglais qui ont les plus
contribué au développement de bonnes relations entre le Maroc et l’Angleterre. Il fut à la fois
diplomate (Minister-Resident), conseiller (wakil) auprès de plusieurs souverains marocains et un
homme de grande culture qui a su apprécier le Maroc à sa juste valeur. Pendant la durée de son
service au Maroc, le pays connut de très grands bouleversements, à commencer par la guerre
Maroc-espagnole de 1860. Il usa de son talent de grand négociateur pour convaincre les
espagnols à évacuer la ville de Tétouan.

L’indépendance et l’intégrité du Maroc ont été compromises lorsque l’Espagne a déclaré la


guerre au sultan en 1859. Le gouvernement britannique est intervenu et a proposé sa médiation
pour mettre fin à la guerre de Tétouan et conclure un traité de paix en 1861. Après cette guerre,
le Maroc a accepté les propositions britanniques visant à réformer l’administration et l’armée et à
développer des relations pacifiques avec les pays européens. Mais avec l’arrivée de nombreux
commerçants européens au Maroc, la protection consulaire s’est rapidement étendue chez les
sujets marocains, musulmans et juifs, ce qui a créé des tensions dans la société marocaine.
L’ambassade de Mohammed Zebdi a été reçue à Londres en 1876 et la Grande Bretagne a
convaincu le sultan Moulay Hassan I d’organiser une conférence internationale à Madrid en
1880 pour traiter de la question des protections irrégulières.

En reconnaissance du rôle important qu’il joue dans cette affaire, le sultan Mohammed IV lui
écrivit une lettre en signe d’appréciation de ses efforts, le 29 Rabia II 1278 (3 novembre 1861) :

« You have exerted yourself much in this matter and have acted like a true friend. You have thus
also augmented our friendship and high esteem for your Government … »

A sa retraite en 1886, Sir John Drummond-Hay écrivit qu’il n’oublierait jamais la gentillesse des
Marocains et il énuméra les représentants du sultan qu’il comptait comme des amis personnels.
Le sultan Moulay Hassan I répondit qu’il considérait Hay comme un ami sincère et qu’il
regrettait beaucoup son départ.

Après la retraite de Hay, les relations entre la Grande-Bretagne et le Maroc étaient de plus en
plus influencées par la rivalité croissante entre les grandes puissances. Lorsque le Protectorat
français fut installé au début du XXème siècle, les intérêts britanniques se limitaient largement à
Tanger où la Grande Bretagne jouait un important rôle dans l’administration internationale de la
ville.

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Cependant, de 1904 à 1912, la Grande-Bretagne a participé à toutes les conférences
internationales concernant le Maroc. Le ministère des Affaires étrangères a maintenu son intérêt
pour les affaires marocaines même après l’imposition du Protectorat français et espagnol sur le
Maroc en 1912. La diplomatie britannique a réussi à éviter l’occupation de Tanger par une seule
nation puissante. Cette ville stratégique a été maintenue sous le contrôle d’une administration
internationale jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956.

Chapitre 2 : le traité de 1856


La traite de commerce de 1856 que signe l’état-makhzen avec l’Angleterre et avec d’autres pays
européens, un peu plus tard, de même nature doit être place dans le cadre de la transition du
capitalisme marchand au capitalisme industriel.

Les commerçants européens cherchent absolument à réorganiser le cadre règlementaire du


commerce extérieur marocain, et en particulier à supprimer les prohibitions à l’exportation, à
acheter des matières premières et des produits alimentaires à bon marche et à écouler leurs
exportations.

On le sait, les différentes règles imposées par l’’état-makhzen au commerce international malgré
la traite de 1767 empêchent toute extension et tout accroissement du commerce maroco-
europeen. Le makhzen reste maitre de la législation douanière et décourage toute transaction
commerciale à longue échange. Mais la traite de commerce de 1856 marquée par la fin de cette
politique de l’état-makhzen.

Section1 : les clauses principales de traites :

C’est une traite générale de 38 articles, complète d’une convention de commerce et de navigation
en 15 articles remplaçant << les stipulations de toutes les traites antérieures entre l’Angleterre et
le Maroc >>.

Les articles 1 à 25 de la traite générale concernent la déclaration de paix perpétuelle entre les
deux états, la nomination de consules anglaise au Maroc, les droits et privilèges des agents
politiques et consulaires de la Grande-Bretagne, les droits et privilèges des sujets respectifs.

Les articles 26 à 33 définissent les règles auxquelles sont soumis les navires britanniques au
Maroc, droit de ravitaillement, droits spéciaux des navires postes, relâches des bâtiments, etc.

La convention de commerce et de navigations dans ses articles 1,2 et 5 reconnait la liberté de


commerce et l’abolition de tous les monopoles ou privilèges exclusifs de vente et d’achat en
exceptant les munitions et les armes.
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Plus précisément les articles des conventions sont ainsi libelles :

Article 1 il y aura liberté réciproque du commerce entre les états britanniques et les états du
sultan du Maroc. Les sujets de sa majesté britannique pourront résider et exercer le commerce
dans tous les ports dans lesquels les autres étrangers y sont ou seront autorisés. Ils seront
autorisés à acheter ou à vendre a qui leur semble bon, tous les produit non prohibes dans
l’articles 2 de cette convention, soit gros soit en détail, dans toutes les places des états marocains
sans être forces ou empêches, par aucun monopole, contrat ou privilège exclusif d’achat ou de
vente.

Articles 2 le sultan du Maroc s’engage à abolir tous monopoles ou prohibitions sur les
marchandises importées, exceptes le tabac, les pipes à fumer de toutes espèces, l’opium, le
salpêtre…etc.

Articles 5 le sultan du Maroc pourra, à tout moment, juger utile de prohiber l’exportation de ses
états de toutes sortes de céréales ou d’autres produits se trouvant dans le commerce. Aucune
prohibition, soit quant à l’exportation, soit quant à l’importation d’aucun article quelconque ne
s’’appliquera aux sujets anglais à moins que cette prohibition ne s’’applique aux sujets de toute
autre nation.

Article 7 en considération des termes favorables dans lesquels les produits du Maroc sont admis
dans les territoires de sa majesté britannique et dans le but d’étendre les relations commerciales
entre la Grande-Bretagne et le Maroc pour l’avantage réciproque des deux pays, les droits à
percevoir sur tous les articles importes dans les territoires de sa majesté par les sujets britannique
n’excèderont pas 10 / ad valorem.

Le droit de prohibition de sortie que le sultan conserve sur certains articles, notamment les
grains, ne peut s’appliquer qu’auprès un préavis de six mois et non pas aux marchandises déjà en
magasin.

L’article 3 exonère les sujets britanniques de toute taxe, péage et impositions quelconque à
l’exception des droits de douane. L’article 4 leur reconnait le droit de faire des opérations
commerciales dans l’ensemble du Maroc ainsi que le droit de propriété. Les articles 6 et 7 fixent
le tarif d’importation a 10/ en numéraire sur la valeur au port de débarquement alors que les
droits spécifiques s’appliquent à l’exportation suivant un tarif annexe. L’article 8 autorise le
cabotage sans paiement de faits multiples. Les articles 9 et 12 précisent les droits d’ancrage et
d’Operations portuaires et autorisent, après deux jours d’attente, les navires à utiliser leurs
propres barques. Les stipulations sont étendues à tous les ports ouverts ou à ouvrir. L’article 13

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prévoit des sanctions pour contrebande, les articles 14 et 15 fixent a 10/ le droit d’entrée. Cela
s’est traduit par un abaissement important par rapport au tarif antérieur.

Enfin les droits de port subissent aussi une très sensible réduction d’après le tonnage moyen des
navires entrés dans les différents ports marocains.

Minimes pour l’Angleterre, la répercussion de ces traites sont considérables pour le Maroc,
puisqu’il consacre le << régime de la porte ouverte au Maroc >> et stipule à la fois la liberté
commerciale et son corollaire la règlementation des monopoles, l’Egalite, par la limitation des
droits de douanes a 10/ ad valorem, à l’importation, et une réduction des droits de douanes à
l’exportation. C’est en somme un pas qualitatif de l’insertion de la formation sociale marocaine
dans la reproduction des systèmes économiques internationaux.

La Grande-Bretagne, par cette traite, et d’autres pays européen, par la signature de traites
analogues, allaient désormais obtenir la possibilité d’importer matière première et produits
alimentaires et d’élargir leurs marchées.

Section 2 : les conséquences de traités

Contrarié par la crise européennes (1857-1858) et en 1859 par le conflit hispano-marocain, le


commerce extérieur marocain va connaitre après 1860 un essor sans précèdent. Les flux
d’échanges vont être interrompus en 1873 en raison de la crise internationale mais reprendront à
un rythme croissant à partir de 1875.

L’application des traites de commerce instituant le libre-échange avec l’économie européenne,


est, sans conteste, décisive dans cet essor commercial.

La diminution des droits de douanes et la fixation des droits d’importation en pourcentage (10/
ad valorem) stimulent les échanges et en particulier les importations.

Les exportations, malgré leur volume important, ne connaissent pas le même rythme
d’accroissement. Elles sont freines par des droits de sorties maintenus élevés.

En se référant aux chiffres de l’année 1856 années peu significatives puisque l’accroissement
des échanges n’a commencé qu’en 1860, les importations (881 719 livres) auraient payé 88171
livres alors que 1090226 livres d’exportations auraient payé 272556 livres de droits.

En somme un mouvement d’ouverture net 1767 mais s’accélérant à partir de 1860, traduit
l’intégration croissante du Maroc dans le système économique mondial.

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Au total on constate un accroissement considérable des flux d’échange à partir de 1856 par
rapport aux années antérieures, et une intégration croissante de l’économie marocaines dans
l’espace européen, dans lequel la France et l’Angleterre se taillent une place de choix.

A la conférence d’Algesiras (1906) le Maroc est contraint d’ouvrir davantage ses portes au
commerce international.

Conclusion

En somme, les relations entre le Maroc et la Grande-Bretagne étaient d’une importance capitale,
dans la mesure où les deux royaumes ont entretenu des relations diplomatiques à haut-niveau, et
des relations commerciales très importantes. Celles-ci été la base même de la relation Anglo-
marocaine.

Les relations entre les deux pays étaient aussi marquées par certains affrontements occasionnels,
or les deux royaumes ont réussi à surpasser les crises, et continuer leurs relations diplomatiques
et commerciales, pour répondre aux besoins et aux intérêts des deux pays.

C’est dans ce sens que le Maroc et l’Angleterre ont établi plusieurs traités de paix et de
commerce, visant à donner à la relation un cadre juridique bilatérale permettant de consolider la
relation entre les deux, et de développer leur relation commerciale, surtout au début du 19 ème
siècle.

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Bibliographie

Ouvrages généraux
- ABITBOL Michel, « Histoire du Maroc », Paris, Perrin, 2014, 605p
- ،1988 ،‫ المجلد التاسع عهد العلويين‬،‫ من أقدم العصور الى اليوم‬:‫ التاريخ الدبلوماسي للمغرب‬،‫التازي عبد الهادي‬
‫ص‬317

- J-L.MIEGE, LE MAROC ET L’EUROPE, tome1, p 234, 314-315


- Mohamed salahdine, Maroc : tribus, makhzen et colons, essai d’histoire économique et
sociale, bibliothèque du développement, le harmattan.

Ouvrages spéciaux
- MOULINE Nabil, « Le califat imaginaire d’Ahmad AL- Mansur », Paris, édition PUF,
2009, 396p
- J-L.MIEGE, documents d’histoire économique et sociale marocaine au 19 siècle, Edition
du centre national de la recherche scientifique. Paris, 1969.
- Le Maroc d’Algesiras a la souveraineté économique, p22, ED. relations internationales,
paris, 1957
Webographie
- http://article19.ma/accueil/archives/118915
- http://www.mapexpress.ma/actualite/opinions-et-debats/le-maroc-la-grande-bretagne-
celebrent-800-ans-damities-et-dhistoire-commune/
- http://discoverymorocco.net/lalliance-anglo-marocaine/
- https://leseco.ma/maroc/il-etait-une-fois-l-alliance-anglo-marocaine.html

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