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sciences économiques

et sociales 1re
livre du professeur S
Coordination : DIDIEr AnSELm

DIDIEr AnSELm
E
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Charles-Gabriel Pravaz,
Pont-de-Beauvoisin (38)

KArIn BAKHtI
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée international Europole, Grenoble (38)
S
PASCAL BInEt
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Ambroise Croizat, Moûtiers (73)

mArC JAYAt
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Stanislas, Paris (75)

GérArD LAurEYS
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Albert Triboulet, Romans-sur-Isère (26)

SYLVIE mArtIn
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Marie Curie, Sceaux (92)

LAurEnCE mAurIn
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Pierre Béghin, Moirans (38)

JEAn-YVES PHELEP
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Jeanne d’Arc, Clermont-Ferrand (63)

mOnIquE SErVAnIn
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Marcelin Berthelot,
Saint-Maur-des-Fossés (94)

StéPHAnIE tHuLLIEr
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée René Descartes, Champs-sur-Marne (77)

GABrIEL trOmBErt
Professeur de Sciences économiques et sociales
Lycée Boissy d’Anglas, Annonay (07)

Logo Hatier
Nº dossier : 20100318E
Mise en pages : Joëlle Casse
Infographie : Illustratek

© Hatier, 2011 – ISBN : 978-2-218-95352-1


Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous procédés, en tous pays, faite
sans autorisation préalable est illicite et exposerait le contrevenant à des poursuites judiciaires. Réf : loi du 11 mars
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français d’exploitation du droit de Copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 PARIS) constituerait une contrefaçon
sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

2
SOmmAIrE

Introduction   L
  a démarche des Sciences économiques
et sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Chapitre 1   L  es grandes questions


que se posent les économistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Chapitre 2   La production dans l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Chapitre 3   La coordination par le marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Chapitre 4   Imperfections et défaillances du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Chapitre 5   La monnaie et le financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

Chapitre 6   Puissance publique et régulation économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

Chapitre 7    Déséquilibres macroéconomiques


et politiques conjoncturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

Chapitre 8    Les processus de socialisation


et la construction des identités sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

Chapitre 9   Groupes et réseaux sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

Chapitre 10   Contrôle social et déviance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

Chapitre 11   Ordre politique et légitimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

Chapitre 12   Entreprise, institution, organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Chapitre 13   Action publique et régulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

Outils et méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

3
PrOGrAmmE DE SCIEnCES éCOnOmIquES Et SOCIALES 1re
(B.O. du 30 septembre 2010)

Thèmes NoTIoNs INdICaTIoNs ComplémeNTaIres

Science économique (durée indicative : 90 heureS)


1. Les grandes questions que se posent les économistes ChapITre 1

1.1 Dans un monde Utilité, À partir d’exemples simples (choix de forfaits téléphoniques, formule « à volonté » dans la restaura-
aux ressources contrainte tion, utilité de l’eau dans divers environnements, etc.), on introduira les notions de rareté et d’utilité
limitées, comment budgétaire, marginale, en insistant sur la subjectivité des goûts. On s’appuiera sur une représentation graphique
faire des choix ? prix relatif simple de la contrainte budgétaire pour caractériser les principaux déterminants des choix, sans
évoquer les courbes d’indifférence. Il s’agit d’illustrer la démarche de l’économiste qui modélise des
situations dans lesquelles les individus sont confrontés à la nécessité de faire des choix de consom-
mation ou d’usage de leur temps (par exemple).

1.2 Pourquoi Échange marchand, On montrera que l’échange permet de mettre à profit les différences entre individus et entre nations.
acheter à d’autres spécialisation, On introduira, à partir d’exemples simples d’échanges entre individus (l’avocate et son secrétaire selon
ce que l’on pourrait gain à l’échange Samuelson), les notions d’avantage absolu et d’avantage comparatif, afin de montrer que l’échange
faire soi-même ? engendre des gains dont la répartition peut être inégale et qu’il favorise la division du travail. En
s’interrogeant sur les raisons qui conduisent à se procurer sur le marché ce que l’on pourrait faire soi-
même (plats cuisinés, services à domicile, etc.) ou à acheter à l’étranger ce que l’on pourrait produire
chez soi, on mettra en évidence les avantages (compétitivité des entreprises ou variété des biens et
services notamment) du développement des échanges, notamment entre nations.

1.3 Que produit-on Production marchande On sensibilisera les élèves à la diversité des modes de production des biens et services et de leur
et comment et non marchande, mise à la disposition des consommateurs. On s’intéressera aux problèmes posés par la mesure de la
le mesure-t-on ? valeur ajoutée valeur ajoutée.

1.4 Comment Salaire, profit, La production engendre des revenus qui sont répartis entre les agents qui y contribuent par leur travail
répartir les revenus revenus de transfert ou leur apport en capital. On introduira la distinction entre cette répartition primaire des revenus et
et la richesse ? la répartition secondaire qui résulte des effets de la redistribution.

1.5 Quels sont Équilibre emplois/ La mesure et l’analyse de l’activité d’une économie nationale et de ses principales composantes seront
les grands équilibres ressources présentées simplement. On présentera l’équilibre emplois-ressources, en économie ouverte, et on pourra
macroéconomiques ? évoquer les sources de possibles déséquilibres.

2. La production dans l’entreprise ChapITre 2

2.1 Comment Facteurs de production, Après avoir présenté la diversité des entreprises, on montrera que les choix du producteur portent
l’entreprise coûts (total, moyen à la fois sur la combinaison des facteurs de production et sur le volume de la production. On intro-
produit-elle ? et marginal), recettes duira les notions clés de l’analyse de la production de l’entreprise, notamment la loi des rendements
(totale, moyenne, décroissants.
marginale), productivité,
loi des rendements
décroissants

2.2 Comment Compte de résultat, On présentera une structure simplifiée du compte de résultat et du bilan de l’entreprise pour préciser le
évaluer la bilan sens des principales notions comptables. On montrera l’utilité pour l’entreprise d’instruments de suivi
performance de son activité et de ses performances, économique, financière, sociale, environnementale, et l’intérêt
d’une comptabilité patrimoniale telle que le bilan comptable, dont on se contentera de présenter la
de l’entreprise ?
structure générale. On pourra faire également référence à l’existence du bilan social et du bilan carbone.

Savoir-faire applicables aux données quantitatives – Lecture de représentations graphiques : diagrammes de répartition, repré-
sentation des séries chronologiques
et aux représentations graphiques
– Mesures de variation : coefficient multiplicateur, taux de variation, indice
L’enseignement des sciences économiques et sociales en classe de première simple
doit conduire à la maîtrise de savoir-faire quantitatifs, ce qui implique à la – Lecture de tableaux à double entrée
fois calcul et lecture (c’est-à-dire interprétation) des résultats. Les calculs ne – Évolution en valeur et en volume
sont jamais demandés pour eux-mêmes, mais pour exploiter des documents – Représentation graphique de fonctions simples (offre, demande, coût) et
statistiques travaillés en classe ou pour présenter sous forme graphique une interprétation de leurs pentes et de leurs déplacements
modélisation simple des comportements économiques, sociaux ou politiques. – Notion d’élasticité comme rapport d’accroissements relatifs. Notions
– Calculs de proportions et de pourcentages de répartition d’élasticité-prix de la demande et de l’offre, d’élasticité-revenu de la
– Moyenne arithmétique simple et pondérée, médiane demande, d’élasticité de court terme et d’élasticité de long terme.

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Thèmes NoTIoNs INdICaTIoNs ComplémeNTaIres

3. La coordination par le marché ChapITre 3

3.1 Qu’est-ce Institutions On présentera la diversité des marchés concrets (depuis les foires du Moyen Âge jusqu’aux achats en
qu’un marché ? marchandes, ligne ; les marchés des biens, des services, des actifs, du travail, etc.). On montrera que le fonctionne-
droits de propriété ment des marchés nécessite des règles de droit, qui déterminent notamment qui possède quoi, et ce
qui peut être ou non échangé. On montrera que le marché suppose notamment l’existence d’institu-
tions et de conventions (par exemple, marchandage, achat à l’unité ou en nombre, enchères, etc.). On
expliquera en quoi les droits de propriété (y compris les droits d’auteur, brevets, marques, etc.) sont
au fondement de l’échange. On évoquera l’existence de droits sociaux et humains et on s’interrogera
sur les limites de l’échange marchand (existence de commerces illicites, brevetabilité du vivant, inter-
diction du commerce d’organes, etc.).

3.2 Comment Offre et demande, On s’attachera à mettre en évidence les déterminants des comportements des agents, offreurs et
un marché prix et quantité demandeurs, puis on procédera à la construction des courbes d’offre et de demande et à l’analyse de la
concurrentiel d’équilibre, preneur formation de l’équilibre sur un marché de type concurrentiel. La modification des conditions d’offre ou
fonctionne-t-il ? de prix, rationnement, de demande permettra de montrer comment s’ajustent, dans le temps, prix et quantités d’équilibre. On
surplus, allocation étudiera les réactions de l’acheteur aux changements des incitations (augmentation du prix du tabac,
des ressources de la fiscalité sur les carburants, prime à la casse sur le marché de l’automobile, etc.). L’étude de la
notion de surplus et de son partage entre acheteurs et vendeurs permettra d’illustrer graphiquement
les gains de l’échange. On fera apparaître l’existence de situations de rationnement lorsque le prix est
fixé, quelle qu’en soit la raison, à un autre niveau que celui qui équilibre le marché (files d’attente,
réglementation des loyers, pénuries de places pour des rencontres sportives ou les spectacles, etc.).

ChapITre 4

3.3. Comment Pouvoir de marché, On soulignera le caractère très particulier du marché concurrentiel et on introduira la notion de
les marchés oligopole, monopole structures de marché. Sans aucun recours à la formalisation et à l’aide d’exemples (monopole dans
imparfaitement le domaine de l’électricité ou du transport, situations de concurrence monopolistique engendrées
par l’innovation ou la différentiation des produits, oligopoles dans les domaines de l’automobile,
concurrentiels
des composants électroniques, etc.), on montrera que les vendeurs mettent en œuvre des stratégies
fonctionnent-ils ?
susceptibles de renforcer leur pouvoir de marché (positionnement et marketing des produits, ententes
entre vendeurs, guerres de prix, création de demande captive, etc.). On pourra s’interroger sur les
conditions favorisant ces structures non concurrentielles et sur le rôle des pouvoirs publics dans la
régulation de la concurrence.

3.4 Quelles sont Asymétries On montrera qu’en situation d’information asymétrique, on constate l’existence d’équilibres avec rationne-
les principales d’information, ment voire l’absence de marché (marché des voitures d’occasion, marchés des professionnels de santé et
défaillances externalités, des avocats, marché de l’assurance, etc.). Les diverses manières de produire et de diffuser de l’information –
biens collectifs labellisation, publicité, comparateurs de prix, magazines de consommateurs, etc. – pourront être évoquées,
du marché ?
de même que la réglementation publique sur l’information.
En s’appuyant sur des exemples, on montrera aussi que les marchés peuvent être défaillants dans le domaine
de l’allocation des ressources en présence de biens collectifs ou d’externalités (pollution, éclairage public,
pollinisation par les abeilles, etc.).

4. La monnaie et le financement ChapITre 5

4.1 À quoi sert Fonctions de la Par contraste avec des situations d’échange non monétisé, on mettra en évidence les avantages de la
la monnaie ? monnaie, formes monnaie et les fonctions qu’elle remplit. On évoquera les formes qu’elle revêt et on expliquera (en pre-
de la monnaie nant comme exemple le paiement par carte bancaire) comment fonctionnent les systèmes de paiement
dématérialisés dans les économies contemporaines.

4.2 Comment Autofinancement, Les choix de financement des agents économiques seront présentés de manière élémentaire. La notion de
l’activité économique financement crédit sera illustrée par une présentation de différentes formes de prêt, en s’appuyant sur des exemples :
est-elle financée ? direct/indirect, prêts à taux fixe, prêts à taux variable, échéance des prêts. On montrera que le taux d’intérêt est à la fois la
taux d’intérêt, rémunération du prêteur et le coût du crédit pour l’emprunteur et qu’il varie en fonction du risque associé
risque de crédit au crédit. On pourra illustrer ce mécanisme à partir de l’exemple des crises des dettes publiques. On dis-
tinguera le financement intermédié et le financement direct. Dans la procédure de financement par appel
au marché, on présentera les grandes catégories de titres émis et échangés (actions, obligations) ainsi que
leur mode de rémunération (dividende, intérêt).

4.3 Qui crée Masse monétaire, On présentera, à l’aide d’exemples simples, le processus de création monétaire par les banques com-
la monnaie ? marché monétaire, merciales (« les crédits font les dépôts »). On montrera le rôle central du marché monétaire. On
banque centrale, citera les autres sources de la création monétaire (créances sur le Trésor et devises). Pour ce faire,
prêteur en dernier on définira la banque centrale comme la « banque des banques » et on montrera l’importance de son
ressort rôle pour assurer la liquidité (notamment lors des crises de confiance) et préserver le pouvoir d’achat
de la monnaie.

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Thèmes NoTIoNs INdICaTIoNs ComplémeNTaIres

5. Régulations et déséquilibres macroéconomiques ChapITre 6

5.1 Pourquoi la Fonctions En faisant référence aux défaillances de marché étudiées précédemment et à la possibilité de désé-
puissance publique économiques quilibres macroéconomiques, on étudiera les fonctions de régulation économique de la puissance
intervient-elle de l’État (allocation, publique en insistant sur l’importance du cadre réglementaire dans lequel s’exercent les activités
dans la régulation répartition, économiques. On présentera brièvement les principaux niveaux d’intervention (notamment européen,
des économies national et local).
stabilisation)
contemporaines ?
5.2 Comment Prélèvements On décrira la structure du budget de l’État et de l’ensemble des administrations publiques, en donnant
le budget de l’État obligatoires, des ordres de grandeur. On insistera sur les notions de production non marchande et de prélèvements
permet-il d’agir dépenses publiques, obligatoires. On introduira, à l’aide d’un exemple simple, la notion d’incidence fiscale. On montrera, à
sur l’économie ? déficit public, l’aide d’exemples (fiscalité écologique, crédit d’impôt pour les aides à domicile ou pour les dons aux
dette publique associations, etc.) qu’en changeant les prix relatifs ou les rémunérations nettes, les impôts et taxes
modifient les incitations des agents.

ChapITre 7

5.3 Quels sont les Demande globale, On présentera les principaux déséquilibres macroéconomiques et leurs instruments de mesure. On
grands déséquilibres inflation, chômage, montrera comment ils sont liés à la dynamique de la demande globale. Cette première approche des
macroéconomiques ? déséquilibre extérieur déséquilibres macroéconomiques sera inscrite dans la perspective européenne et globale, permettant
d’évoquer les interdépendances entre économies nationales.

5.4 Quelles Politique budgétaire, En s’appuyant sur les développements du point 5.2, on montrera comment les pouvoirs publics peu-
politiques politique monétaire vent utiliser la politique budgétaire pour agir sur les déséquilibres. En se référant au point 4.3, on
conjoncturelles ? présentera également les moyens d’action des banques centrales (notamment de la Banque centrale
européenne) et leur rôle dans la régulation conjoncturelle de l’activité économique.

Sociologie générale et Sociologie politique (durée indicative : 60 heureS)


1. Les processus de socialisation et la construction des identités sociales ChapITre 8

1.1 Comment Normes, valeurs, On étudiera les processus par lesquels l’enfant construit sa personnalité par l’intériorisation/incorporation
la socialisation rôles, socialisation de manières de penser et d’agir socialement situées. On s’interrogera sur les effets possiblement contra-
de l’enfant différentielle dictoires de l’action des différentes instances de socialisation (famille, école, groupe des pairs, média).
s’effectue-t-elle ? On mettra aussi en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux
et du genre, en insistant plus particulièrement sur la construction sociale des rôles associés au sexe.

1.2 De la socialisation Socialisation On se demandera en quoi le processus de socialisation secondaire (conjugale, professionnelle, etc.)
de l’enfant à la primaire/secondaire, est lié aux conditions et aux effets de la socialisation primaire. On montrera également que la socia-
socialisation de socialisation lisation, aux différents âges de la vie, fait se succéder des phases de transition et des processus de
l’adulte : continuité anticipatrice restructuration de l’identité sociale.
ou ruptures ?

2. Groupes et réseaux sociaux ChapITre 9

2.1 Comment Groupes primaire/ On distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l’existence d’interactions (directes ou indirectes)
les individus secondaire, groupes entre leurs membres et la conscience d’une appartenance commune (familles, collectifs de travail, asso-
s’associent-ils d’appartenance/ ciations, etc.), des simples agrégats physiques (par exemple une file d’attente ou le public d’un spec-
pour constituer de référence tacle) ou de catégories statistiques (PCS, groupes d’âge, etc.).
des groupes On montrera que les groupes sociaux se différencient en fonction de leur taille, de leur rôle, de leur mode
de fonctionnement et de leur degré de cohésion. On évoquera les situations où les individus prennent
sociaux ?
comme référence un autre groupe que celui auquel ils appartiennent.

2.2 Comment Groupe d’intérêt, On montrera que les modes de relations interpersonnelles au sein d’un groupe de petite taille sont fonda-
la taille des groupes passager clandestin, mentalement différents des modes de relations impersonnelles dans les grands groupes. On s’interrogera
influe-t-elle sur leur incitations sélectives sur les effets d’une augmentation de la taille d’un groupe sur son mode d’organisation et sa capacité à
mode de fonctionne- se mobiliser pour promouvoir les intérêts de ses membres (associations, syndicats, partis politiques).
ment et leur capacité
d’action ?

2.3 Comment Capital social, On montrera que les réseaux sociaux constituent une forme spécifique de coordination entre acteurs
les réseaux sociaux formes de sociabilité et de sociabilité (réseaux internet, associations d’anciens élèves, etc.). On pourra présenter quelques
fonctionnent-ils ? exemples très simples de structuration de réseaux sans entrer dans la théorie des graphes. On s’intéres-
sera surtout au rôle des réseaux en matière de recherche d’emploi en discutant plus particulièrement la
thèse de « la force des liens faibles ».

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Thèmes NoTIoNs INdICaTIoNs ComplémeNTaIres

3. Contrôle social et déviance ChapITre 10

3.1 Comment Contrôle social On s’interrogera sur l’évolution des formes du contrôle social dans les sociétés modernes et sur leurs
le contrôle social formel/informel, effets. On montrera qu’au fur et à mesure que les relations sociales deviennent plus impersonnelles,
s’exerce-t-il stigmatisation, le contrôle social par des instances spécialisées tend à prédominer sur le contrôle informel exercé par
aujourd’hui ? dissuasion les groupes primaires. On s’interrogera également sur les effets produits par le recours à des formes de
contrôle social prenant appui sur les ressources des nouvelles technologies.

3.2 Quels sont Déviance primaire/ On définira la déviance comme une transgression des normes et on montrera qu’elle peut revêtir des
les processus déviance secondaire, formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux. On analysera la déviance
qui conduisent anomie comme le produit d’une suite d’interactions sociales qui aboutissent à « étiqueter » certains compor-
à la déviance ? tements comme déviants et, en tant que tels, à les sanctionner. On montrera que les comportements
déviants peuvent aussi s’expliquer par des situations d’anomie.

3.3 Comment Chiffre noir de la On précisera que la délinquance n’est qu’une forme particulière de déviance : celle qui fait l’objet d’une
mesurer le niveau délinquance, enquête sanction pénale. On s’intéressera aux modes de construction des statistiques produites par la police et
de la délinquance ? de victimation la justice. On confrontera ces données avec celles que révèlent les enquêtes de victimation.

4. Ordre politique et légitimation ChapITre 11

4.1 Pourquoi État, État-nation, On mettra en évidence les raisons historiques de l’avènement d’un ordre politique distinct des ordres
un ordre politique ? souveraineté économiques, sociaux et culturels. On pourra prendre l’exemple de l’évolution de l’État dans le monde
occidental. On apprendra aux élèves à distinguer la construction étatique et la construction nationale.

4.2 Quelles sont État de droit, On familiarisera les élèves au vocabulaire juridique et politique qui permet de distinguer les formes
les formes État unitaire / étatiques et de préciser le contexte institutionnel dans lequel elles se sont développées. À partir
institutionnelles fédéral, démocratie d’exemples contemporains, on sensibilisera aussi les élèves à l’émergence de nouvelles formes de
de l’ordre politique ? représentative/ participation politique et de légitimation démocratique.
participative

4.3 Comment Citoyenneté, On s’interrogera sur le caractère central de l’idée de citoyenneté (statut juridique mais aussi social
analyser la diversité droits civiques porteurs d’obligations et de droits) en montrant qu’elle s’inscrit dans un environnement culturel
des cultures politiques et social spécifique. On pourra comparer, par exemple, le modèle français républicain à d’autres
et des formes modèles comme ceux de la citoyenneté européenne ou américaine.
de citoyenneté ?

regardS croiSéS (20 heureS)


Entreprise, institution, organisation ChapITre 12

Comment les Hiérarchie, On montrera comment l’entreprise constitue un mode de coordination des actions par la hiérarchie. On
rapports sociaux coopération, mettra aussi en évidence comment coopération et conflits s’entremêlent dans la production de l’action
s’organisent-ils conflit collective. On mobilisera pour cela les apports de la science économique (économie de la firme) et de la
au sein de sociologie (mobilisation et logiques d’acteurs).
l’entreprise ?

Quels modes Coûts de transaction, On étudiera l’entreprise en tant qu’organisation (aux sens économique et sociologique) susceptible de
d’organisation gouvernance fonctionner selon un modèle bureaucratique, lui-même en débat ; on l’envisagera aussi en tant que
pour l’entreprise ? d’entreprise, lieu de confrontation des intérêts et des valeurs de diverses parties prenantes : salariés, managers,
relation d’agence, propriétaires du capital.
bureaucratie

Action publique et régulation ChapITre 13

Comment l’État Solidarité, On montrera comment l’État social contribue, à travers la définition de droits sociaux et la mobilisation
providence désaffiliation, d’instruments divers, à favoriser la cohésion sociale en luttant contre la pauvreté, l’exclusion et les
contribue-t-il à la disqualification discriminations. On insistera notamment sur la diversité des régimes d’État providence et sur leurs
cohésion sociale ? sociale mutations contemporaines

Comment un Agenda politique, On présentera une première approche de la construction des politiques publiques par l’interaction de
phénomène social action publique divers acteurs (lutte contre l’échec scolaire, l’illettrisme, le tabagisme, la délinquance routière, etc.). On
devient-il un montrera comment la définition des problèmes publics et leur inscription à l’agenda politique sont un
problème public ? enjeu de conflit et un objet de coopération

8
introduction
La démarche des sciences
économiques et sociaLes

la démarche de l ’ introduction

L’objectif de cette introduction est de faire découvrir, de manière attractive et en un temps limité, le
programme qui sera traité durant l’année scolaire. Il n’est donc pas question d’approfondir l’étude de
chacun des thèmes abordés, mais de se servir de l’accroche qu’ils constituent pour présenter rapidement
la plupart des chapitres qui seront étudiés en cours d’année.
La démarche retenue vise à confronter une idée reçue aux informations fournies par un document afin
que l’élève s’interroge sur la pertinence d’un savoir communément admis.
Les couples idée reçue/document sont indépendants les uns des autres ; il n’est donc pas requis d’en trai-
ter l’intégralité si l’on souhaite se limiter à une présentation plus sommaire du programme afin de limiter
le temps imparti à cette découverte.

  Découvrir 1
pages 14-15 Doc. 2
Explorer quelques idées reçues   1. L’économie populaire informelle est un palliatif
sur l’action humanitaire permettant de satisfaire des besoins fondamentaux
non couverts par les systèmes officiels (se nour-
Doc. 1 rir, se loger, se vêtir, etc.). En ce sens, elle relève
1. Selon l’Observatoire de l’action humanitaire, davantage d’un processus de survie que d’un pro-
dans une étude parue en février 2006, 23 % des cessus acceptable et durable de satisfaction des
personnes déplacées dans des camps de réfugiés du besoins.
Burundi attendaient en priorité une aide alimen- 2. Ces activités relèvent de l’économie souterraine
taire de la part des organisations humanitaires. et n’ont donc pas intérêt à accroître leur visibilité
de la part des pouvoirs publics, qui leur impose-
2. L’aide alimentaire ne semble pas prioritaire aux
raient alors de se mettre en règle avec la législa-
yeux de la population qui en bénéficie, puisqu’elle
tion fiscale ou du travail. Le surplus dégagé ne peut
ne vient qu’en 4e position loin derrière l’aide à l’ha-
donc servir à améliorer les performances écono-
bitat (78 %) et l’aide à l’agriculture (27 %).
miques de l’activité exercée, et conduit davantage
3. Certes, l’aide alimentaire se justifie en période à une multiplication et diversification d’activités
d’urgence. Mais cette enquête fait apparaître qu’elle peu performantes quoiqu’utiles socialement.
n’est pas perçue par la population comme le remède 3. Pour produire davantage, ce n’est pas tant la
à long terme à leurs difficultés : une aide à l’agri- quantité de travail qui importe, mais sa producti-
culture est le gage d’une satisfaction autonome de vité. Il faudrait donc, d’une part améliorer la qua-
leurs besoins, tandis qu’une aide à l’habitat, mais lification et l’organisation du travail, d’autre part
aussi à la santé et à l’éducation, participe à l’amé- mécaniser la production et y appliquer un progrès
lioration future de leur condition de vie qui ne se technique.
limite pas à la seule alimentation. On pourra alors faire le lien avec l’organisation de
On pourra alors élargir le débat et l’ouvrir à la production dans l’entreprise et son évaluation
quelques-unes des grandes questions du chapitre 1. comptable (chapitre 2).

9
Doc. 3 On pourra alors prolonger cet exemple et évoquer le
1. Les organisations humanitaires ont besoin de rôle de la monnaie et les modalités de financement
fonds pour assurer leurs actions sur le terrain, et de l’activité économique (chapitre 5).
les dons et legs sont fréquemment insuffisants. La
commercialisation d’objets publicitaires leur assure
un complément de ressources tout en les faisant
davantage connaître auprès d’une nouvelle frange
pages 16-17  Découvrir 2
de la population. Explorer quelques idées reçues  
2. Les objets proposés sont souvent identiques à sur les jeunes dans la société
ceux couramment commercialisés, sinon qu’ils sont
Doc. 1
marqués de la référence à l’organisation. Quant aux
techniques de vente, elles s’inspirent largement du 1. Selon un sondage Ipsos de mars 2009, 53 % des
marketing commercial habituel, à la différence près adolescents déclarent rechercher le respect des
que l’objectif n’est pas de faire du profit mais de autres dans leur vie future alors que 17 % seule-
servir financièrement une cause. ment des adultes pensent que c’est ce que recher-
chent les adolescents, soit 36 points d’écart.
3. L’importance des fonds récoltés grâce à ces
ventes dénote de la part des organisations humani- 2. On constate un décalage, parfois important,
taires une capacité à répondre aux attentes de cer- entre les réponses des adolescents et celles des
tains donateurs. On peut toutefois se demander si adultes. Les adultes sous-estiment l’intérêt des
l’utilité ou l’originalité de l’objet lui-même n’attire adolescents pour le respect des autres, pour l’amour
pas davantage que l’intérêt porté à l’action même (57 % contre 76 %, soit 19 points d’écart), la sécu-
de l’organisation. rité (15 points d’écart) ou la stabilité (28 points
On pourra alors élargir le débat et ouvrir sur les d’écart). À l’inverse, ils surestiment leur intérêt
questions relatives au fonctionnement du marché pour la liberté (10 points d’écart) ou la notoriété
(chapitres 3 et 4). (13 points d’écart).
3. Contrairement à l’idée reçue, les adolescents res-
Doc. 4
tent encore très sensibles à certaines valeurs telles
1. Les villageois auraient pu s’adresser à une que l’amour (76 %), la liberté (67 %), l’autonomie
banque, mais ils n’offraient pas de garanties finan- (63 %), le respect des autres (53 %), la sécurité
cières suffisantes pour obtenir un prêt. Ils étaient (51 %) ou la stabilité (48 %).
donc obligés de recourir aux services d’un usurier, On pourra alors faire le lien avec les processus
qui leur faisait payer une prime de risque exorbi- de socialisation et de construction des identi-
tante. tés sociales (chapitre 8), et en particulier avec la
2. Le microcrédit consiste à accorder des prêts de notion de valeurs.
faible montant à des entrepreneurs qui n’ont pas
accès aux prêts bancaires courants. Ces fonds sont Doc. 2
destinés le plus souvent à la réalisation de micro- 1. Selon un sondage de France bénévolat paru en
projets d’activités locales visant à améliorer la juin 2010, 81 % des personnes âgées de 18 à 25
situation des plus pauvres. La crédibilité du projet ans s’engagent dans le bénévolat en vue d’être
est évaluée par un comité d’octroi. Ces emprunts utiles à la société et d’agir pour les autres.
sont remboursables avec intérêt, grâce aux revenus 2. Trois raisons d’un engagement dans le béné-
engendrés par l’activité financée. volat l’emportent chez les 18-25 ans par rapport
3. Il est tentant de penser qu’un don d’argent per- aux autres classes d’âge : être utile à la société
mettrait aux bénéficiaires de faire face à leurs dif- et agir pour les autres (81 % contre 72 à 79 %
ficultés pécuniaires, et c’est le cas lorsque cette pour les autres classes d’âge), satisfaire un épa-
situation est urgente ou exceptionnelle. Dans les nouissement personnel (60 % contre 36 à 51 %)
autres cas, un prêt a l’avantage de responsabiliser et exercer une responsabilité (19 % contre 13 à
l’emprunteur en l’obligeant à utiliser ces fonds à 15 %). En revanche, défendre une cause est plus
bon escient s’il veut pouvoir profiter durablement souvent cité par les 25-40 ans (42 %) que par les
des revenus de l’activité ainsi lancée. 18-25 ans (34 %) et appartenir à une équipe est

10
plus souvent cité par les plus de 60 ans (30 %) que parvient à démontrer qu’il peut, d’une manière ou
par les 18-25 ans (22 %). d’une autre, réussir à se frayer un chemin dans la
3. Si l’on observe les résultats de la première société.
réponse, il est évident qu’œuvrer pour être utile On pourra alors saisir cette occasion pour présenter
à la société et agir pour les autres ne dénotent le rôle des groupes et réseaux sociaux dans cette
aucun signe de repli sur ses seuls intérêts indivi- évolution (chapitre 9).
duels (individualisme négatif). Les résultats de
la seconde réponse peuvent sembler contradic- Doc. 4
toires avec ceux de la première réponse ; pour les 1. Les choix de consommation sont largement
interpréter, il faudra alors se référer à la montée déterminés par un effet de signe : affirmer son sta-
de l’autonomie de l’individu dans ses choix de vie tut social et montrer sa distinction par rapport à
(individualisme positif). À noter toutefois que les d’autres groupes. La consommation ostentatoire
questions étaient posées à des personnes s’étant impose donc une certaine esthétique et un certain
déclarées bénévoles (cf. note), ce qui peut limiter goût dans ses choix. À l’inverse de cette tendance
la généralisation des résultats obtenus. majoritaire, les hipsters visent à se différencier
On pourra alors élargir le propos à la manière socialement en achetant des produits bon marché
dont les individus s’associent pour constituer des et méprisés comme l’eau de Cologne, ou en s’ha-
groupes sociaux (chapitre 9). billant de vêtements achetés d’occasion et portés
sans recherche d’un bon goût d’ensemble.
Doc. 3 2. Il est toujours possible de choisir à titre person-
1. Mohamed Dia a passé sa jeunesse à Sarcelles, nel de s’habiller de manière excentrique mais, sauf
sous-préfecture du Val-d’Oise dont l’image à l’ex- en des circonstances exceptionnelles (carnaval,
térieur reste encore attachée, bien que la situa- soirée costumée…), la société jettera facilement
tion ait évolué, à ses grands ensembles rectilignes l’opprobre sur ce comportement individuel.
hébergeant une population plutôt défavorisée de la 3. Suivre ou non la mode relève de prime abord d’un
banlieue parisienne. Le texte suggère par ailleurs choix individuel. Mais suivre une mode consiste à
son appartenance à une famille d’origine modeste adopter les normes sociales du groupe auquel on
(« il casse sa maigre tirelire »). Ces éléments ne le appartient et à se différencier de celles d’autres
prédestinent donc guère à une carrière d’entrepre- groupes sociaux. Le libre arbitre est donc alors
neur dans un secteur où, pour espérer réussir, il conditionné par des contraintes sociales.
faut attirer le regard et l’intérêt des professionnels On pourra alors élargir le débat à la déviance en
et bénéficier de la solidarité du milieu pour monter général et à la manière dont s’exerce le contrôle
son premier défilé de mode. social (chapitre 10).
2. Il doit pour partie sa réussite : 1/au soutien de
chanteurs de rap, style de musique qui connaît un
succès au milieu des années 1990 dans les ban-
lieues dont il est issu 2/puis à la signature d’un pages 18-19   Découvrir 3
accord de licence avec la NBA à l’époque où le bas- Explorer quelques idées reçues  
ketteur français Tony Parker intègre l’équipe des sur les États-Unis
Spurs de San Antonio 3/et plus récemment au par-
tenariat avec le RC Toulon dont le président est lui Doc. 1
aussi né en banlieue. 1. Il existe deux types de limites à la souveraineté
3. L’image projetée par les jeunes ne correspond de l’État fédéral américain sur son territoire : 1/ les
souvent pas à celle d’individus parfaitement inté- limites consenties par lui-même lorsqu’il signe un
grés à la société. Par conséquent, les adultes sont traité (par exemple, le traité Start signé avec la
portés à une certaine indulgence à leur égard Russie en 2010 prévoit que chacun des deux pays
consistant à les « laisser vivre leur vie », mais ne peut déployer plus de 1 550 têtes nucléaires) ;
aussi à une certaine défiance consistant à les juger 2/ les limites imposées par le droit international
inaptes à prendre leur place dans la société. Ces (par exemple, l’appartenance à l’ONU implique d’ac-
préjugés disparaissent cependant lorsqu’un jeune cepter le droit à l’autodétermination des peuples).

11
2. Les conseils tribaux n’ont de compétences que mobilier. Ses débuts à la télévision datent de 1974
sur les membres de leur tribu. Le gouvernement et son succès au cinéma de 1982 avec Conan le
fédéral interdit l’ouverture d’une procédure judi- barbare. Diplômé d’économie à l’université du Wis-
ciaire tribale contre des suspects non indiens rési- consin, il s’engage en politique en 1990 sous la
dant sur le territoire tribal et limite à un an toute bannière du Parti républicain. Élu gouverneur de
condamnation prononcée par ce système. Californie en 2003, il est réélu en 2006 et quitte
3. L’État est réputé souverain sur son territoire dès cette fonction en janvier 2011.
lors qu’il n’a pas accepté lui-même de limiter cette 2. A. Schwarzenegger est devenu citoyen américain
souveraineté ou qu’une règle de droit international en 1983 par naturalisation. Aux États-Unis, il existe
ne vienne pas en limiter l’exercice. trois possibilités de devenir citoyen américain, et
On pourra alors renvoyer à l’étude plus approfondie l’acquisition de nationalité par naturalisation est
des notions d’État, de nation et de souveraineté qui soumise à de nombreuses conditions (voir http://
sera conduite ultérieurement (chapitre 11). www.cilsimmigration.com/citoyennete-americaine.
html).
Doc. 2 3. Une personne qui acquiert la nationalité amé-
1. L’objectif premier du candidat Obama était bien ricaine par naturalisation jouit des droits de tout
évidemment de se faire élire à la présidence des citoyen américain (passeport, droit de vote, etc.)
États-Unis. Pour cela, il lui fallait réussir à mobili- à l’exception de celui de se présenter aux élections
ser les électeurs en sa faveur, en particulier les abs- présidentielles. L’article II de la Constitution sti-
tentionnistes. Son objectif corollaire était donc de pule que pour être éligible à l’élection présiden-
se faire connaître et de faire participer les indécis tielle américaine, il faut être citoyen des États-Unis
à sa campagne électorale au titre de sympathisants à la naissance, avoir résidé aux États-Unis pendant
actifs. au moins 14 ans, être âgé de plus de 35 ans et ne
2. Pour parvenir à ces objectifs, Obama s’appuie sur pas être candidat à un troisième mandat présiden-
les nouvelles technologies et les réseaux sociaux : tiel. L’exigence de la première condition a contraint
1/ utiliser Internet pour télécharger un formulaire par exemple B. Obama en 2011 à mettre fin aux
d’inscription sur les listes électorales et 2/ utiliser rumeurs en prouvant sa naissance sur le territoire
son propre réseau social de militants pour inviter américain grâce à un extrait d’acte de naissance à
des sympathisants à des réunions de quartiers ou Hawaï (50e état américain depuis 1959).
d’amis. On pourra alors élargir le débat aux obligations et
devoirs liés à la citoyenneté (chapitre 11).
3. Le vote est rendu obligatoire dans certains pays
comme l’Australie, le Brésil ou la Belgique. Cette
Doc. 4
obligation ne fait pour autant pas disparaître
l’abstention (par exemple, en Belgique en 2010 : 1. Martin Luther King est un pasteur américain,
16 % d’abstentions ou de votes blancs ou nul). militant non violent engagé pour la reconnaissance
Et le fait d’être contraint à aller voter n’implique des droits civiques des Noirs aux États-Unis à partir
aucunement un intérêt pour les affaires du pays, du milieu des années 1950. Dans les années 1960, il
car on peut aller voter uniquement par convenance participe à de nombreuses actions contre la ségré-
sociale. gation raciale. En 1963, il prononce à Washington
On pourra alors renvoyer aux notions de démocra- un discours resté célèbre (« I Have a Dream… »).
tie représentative/participative et à l’émergence de Lauréat du prix Nobel de la paix en 1964, il meurt
nouvelles formes de participation politique (cha- assassiné en 1968. Le soutien obtenu de la part du
pitre 11). président Kennedy conduira à l’adoption en 1964,
sous la présidence Johnson, du Civil Rights Act
Doc. 3 contre la discrimination raciale.
1. Né près de Graz en Autriche, Arnold Schwarzeneg- 2. Aux États-Unis, jusqu’en 2004, il fallait être
ger arrive à 21 ans aux États-Unis pour participer à citoyen américain pour faire valoir ses droits
une compétition de bodybuilding. Ses victoires lui civiques, c’est-à-dire les protections et privilèges
permettront de financer l’achat de gymnases et de accordés en matière de libertés individuelles par
magazines de fitness, puis de se lancer dans l’im- la loi [NB : ne pas confondre avec les droits de

12
l’homme, universellement reconnus à tout indi- l’administration fédérale a projeté fin 2009 d’ac-
vidu]. La décision prise par la Cour suprême élargit quérir une prison située dans l’Illinois afin d’ac-
le champ de cette application à tout résident aux cueillir ces détenus, mais le Congrès a fait barrage
États-Unis, qu’il soit ou non citoyen américain. à ce projet début 2011.
3. Bien que située à Cuba, la prison de Guantanamo 4. Une loi qui accorde des droits fondamentaux peut
est installée sur une enclave américaine qui relève rester lettre morte si les textes d’application ne sont
par conséquent de la justice américaine. Les déte- pas assez précis et contraignants. À titre d’exemple,
nus de Guantanamo sont donc fondés à demander les constitutions françaises de 1946 puis 1958 affir-
qu’on leur applique la nouvelle réglementation de ment que « chacun a le devoir de travailler et le
la Cour suprême, ce qui supposerait leur transfert droit d’obtenir un emploi ». Dans une décision de
dans une autre prison des États-Unis pour que leur 1983, le Conseil constitutionnel a fixé des limites
cas soit examiné par un juge. Les citoyens amé- à l’application de ce texte en écrivant qu’il appar-
ricains sont à 65 % hostiles à la fermeture de la tient au législateur « de poser les règles propres à
prison de Guantanamo, et encore plus (74 %) au assurer au mieux le droit pour chacun d’obtenir un
transfert des prisonniers. emploi en vue de permettre l’exercice de ce droit
L’opinion publique s’appuie en ce sens sur la tradi- au plus grand nombre d’intéressés ». Concrètement,
tion américaine qui est que chacun des États dis- rien n’oblige donc Pôle Emploi à trouver un emploi
pose de son propre droit pénal et que les tribunaux aux demandeurs d’emploi.
de l’État prononcent des peines applicables dans On pourra alors évoquer les différents modèles de
ses propres prisons. Pour contourner ce problème, citoyenneté (chapitre 11).

13

chapitre Les grandes questions
1 que se posent Les économistes
la démarche du chapitre

Selon les rédacteurs des nouveaux programmes de Sciences économiques et sociales du cycle terminal,
la science économique « n’est pas définie par un ensemble d’objets mais par le type de questions qu’elle
soulève et par les approches et les méthodes qu’elle utilise pour y répondre », et ce tant au niveau des
acteurs individuels qu’à celui de la collectivité tout entière.
Le présent chapitre est consacré à cinq de ces questions essentielles :
– Dans un monde aux ressources limitées, comment faire des choix ? (pp. 28 à 31)
– Pourquoi acheter à d’autres ce que l’on pourrait faire soi-même ? (pp. 32 à 37)
– Que produit-on et comment le mesure-t-on ? (pp. 38 à 41)
– Comment répartir les revenus et les richesses ? (pp. 42 à 47)
– Quels sont les grands équilibres macroéconomiques ? (pp. 48 à 51)
Ce chapitre ayant le statut d’une introduction, le traitement de ces questions ne devra pas être exagéré-
ment détaillé ni abusivement approfondi.

pages 26-27   Découvrir C’est ce découpage (décrire puis critiquer) qui a été


Grâce aux réponses des élèves, on peut amorcer la utilisé pour construire le dossier documentaire des
réflexion sur les questions que ce chapitre va trai- pages 28 à 31.
ter, tout en insistant, çà et là, sur l’écart séparant S’interroger
leurs représentations a priori et le savoir des cher- 1. Chacun de nous excelle nécessairement (en
cheurs en sciences sociales et en montrant, le cas termes absolus ou relatifs) dans une ou plusieurs
échéant, que ces questions sont interdépendantes. activités (par exemple dans le bricolage).
À chaque activité correspond une des cinq ques- 2. Albert Einstein (1879-1955) est un physicien qui
tions retenues par le programme officiel (sauf pour reçut le Prix Nobel de physique en 1924. Même s’il
la troisième, qui se réfère à deux questions à la fois). avait également excellé en dactylographie, c’est
Enquêter vraisemblablement dans ce type d’activité qu’il
Même si elle n’a aucune prétention scientifique, aurait distancé un peu moins nettement l’ensemble
cette micro-enquête devrait permettre d’ébau- de ses compétiteurs. Il aurait donc eu intérêt à
cher le travail sur les notions d’« arbitrage » et de confier son secrétariat à une personne moins per-
« rationalité », et ce en des termes non seulement formante que lui-même car les désagréments que
descriptifs mais critiques. D’où la présence des cela lui aurait apportés auraient été moins impor-
propositions E et F et de la question 3 : au-delà tants que les gains qu’il en aurait retirés, tant la
des critiques spontanées des élèves (nous devons quantité et la qualité de ses travaux auraient pro-
procéder à des arbitrages mais nous n’optons pas gressé. D’où le titre du document.
nécessairement pour le choix 1 dans le cadre des 3. L’objectif est de sensibiliser les élèves à la néces-
propositions A à D), il s’agit ici, dans une pers- sité de la spécialisation et d’amorcer la réflexion
pective plus savante, de faire comprendre que la sur les critères y afférant, étant entendu que le
logique macrosociale peut rarement être appréhen- dossier documentaire des pages 32 à 37 pose le
dée en se référant, par extrapolation, à des com- problème à un double niveau : celui des individus
portements individuels, même s’ils sont rationnels. et celui des nations.

15
Débattre Emplois
Un débat n’est possible que si tous ses participants
ont réfléchi préalablement et sérieusement à la ques- Désignations Montants
tion posée, sont capables de s’écouter mutuellement 1 4 sandwichs* 10 €
et consentent, le cas échéant, à changer d’avis ou, du
moins, acceptent certains compromis. La disposition 2 8 cafés* 12 €
des tables doit permettre à tous les élèves de se voir
et de s’écouter. Un(e) président(e) de séance doit être 3 Cinéma 5€
désigné(e) ; il (elle) introduira le débat, distribuera la
parole, sanctionnera d’éventuels comportements dis- 4 Concert 16 €
courtois, mettra fin aux interventions hors sujet et
veillera à l’équilibre des temps de parole. 5 Revue 7€
La question posée devrait permettre d’ébaucher le
travail sur deux séries de questions indissolublement 6 Baladeur 150 €
liées : celles qui concernent la production des richesses
Total 200 €
(pp. 38 à 41) et celles qui sont relatives à leur répar-
tition (pp. 42 à 47). On n’oubliera pas de mentionner * On raisonne en effet ici sur l’ensemble
que le traitement de ces questions implique des consi- de la période.
dérations à la fois positives (des jugements de fait) et
normatives (des jugements de valeur).
2. Les ressources et les emplois sont nécessaire-
• Exemples de jugements de fait : le salaire n’est ment égaux parce que le tableau récapitule toutes
que l’une des composantes du coût salarial, la les ressources dont Victor a disposé et tout ce qu’il
rémunération des salariés est un coût pour l’em- en a fait au cours de la période considérée.
ployeur et un revenu pour les salariés, on ne peut
3. – Si Victor avait acheté un lecteur de qualité
pas distribuer de revenus si l’appareil productif ne
supérieure et changé de téléphone portable, ses
dégage pas de valeur ajoutée, les acteurs productifs
dépenses se seraient élevées à 315 €. Il aurait donc
s’inscrivent majoritairement dans une logique mar-
dû accroître ses ressources de 115 €, par exemple
chande, notre appareil productif n’est que partielle-
en faisant débiter son Livret d’épargne. Or son solde
ment soumis à la contrainte extérieure, il existe des
créditeur à la Caisse d’épargne ne s’élevait plus qu’à
relations d’interdépendance entre coût salarial et
30 € à l’issue du premier retrait. N’ayant bénéficié
productivité, le capital fixe n’est que partiellement
d’aucun don, n’ayant pas emprunté, n’ayant perçu
substituable au travail, etc.
aucune avance sur son argent de poche et n’étant
• Exemples de jugements de valeur : il faudrait pas un voleur, Victor a donc dû renoncer à ses deux
réduire les écarts de rémunération entre apporteurs projets.
de travail et apporteurs de capital, il est anormal
– Deux enseignements en découlent : 1/Toutes
que tant de salariés soient si mal payés, les entre-
choses étant égales par ailleurs, la finitude de nos
prises devraient distribuer une partie de leurs pro-
ressources nous oblige à procéder à des arbitrages.
fits à leurs salariés, à chacun selon son mérite, à
On voit par là, une nouvelle fois, que les ques-
chacun selon ses besoins, etc.
tions que va traiter ce chapitre (en l’occurrence
Calculer la première et la dernière) sont interdépendantes.
1. 2/Un équilibre comptable (ici, 200 € de ressources
= 200 € d’emplois) peut masquer des déséquilibres
Ressources
importants (Victor n’a pu satisfaire qu’une partie
Désignations Montants de ses besoins). C’est précisément ce que l’on va
1 Argent de poche 50 € chercher à montrer, à l’échelle macroéconomique,
pp. 48 à 51.
2 Cadeau d’anniversaire 70 €

3 Désépargne 80 €
Total 200 €

16
  AnAlyse 1
pages 28-31 Doc. 3
Dans un monde aux ressources limitées,  1. 1/Revenu : somme perçue par un acteur écono-
comment faire des choix ? mique qui a apporté des facteurs de production ou
qui présente des caractéristiques lui permettant de
bénéficier des prestations sociales des administra-
pages 28-29    A. Pourquoi sommes-nous  tions publiques. 2/Taux d’intérêt débiteurs : taux
contraints de faire des choix ? d’intérêt dus par les débiteurs, c’est-à-dire par ceux
Doc. 1 qui se sont endettés. 3/Taux d’intérêt créditeurs :
1. et 2. Beaucoup d’élèves vont sans doute évo- taux d’intérêt perçus par les créanciers, c’est-à-
quer l’activité d’un arbitre sur un terrain de sport dire par ceux qui disposent d’un titre de créance
collectif. L’illustration fournie est cependant suf- sur autrui (cas des prêteurs et des épargnants).
fisamment explicite pour qu’ils puissent s’orien- 4/Consommation finale : achat d’un bien ou d’un
ter rapidement vers l’acception savante du mot service qui permettra de satisfaire directement un
« arbitrage » : arbitrer, c’est choisir, dans un cadre besoin. 5/Épargne : dans le cas d’un ménage (c’est
contraint, entre différentes possibilités, chacune à ce cas que renvoie le schéma), partie de son
d’elles se caractérisant par une combinaison spéci- revenu qu’il n’a pas consacrée à la consommation
fique de coûts et d’avantages. finale.
2. Car tout ménage rationnel au sens du doc. 2 doit
Doc. 2 en tenir compte pour le premier type d’arbitrage
1. et 2. Nos ressources n’étant pas illimitées alors qu’il doit faire : selon le niveau de ces taux, il sera
que nos besoins le sont, nous devons faire des incité à épargner une fraction plus ou moins impor-
choix (c’est-à-dire des « arbitrages », y compris en tante de ses revenus.
termes intertemporels ; cf. le doc. 4, p. 29) pour 3. C’est la limite de dépense qui s’impose à tout
maximiser notre « utilité » (au sens des écono- acteur économique en fonction de différents fac-
mistes néoclassiques), c’est-à-dire renoncer à la teurs : ses ressources propres (en l’occurrence, ses
satisfaction de tel besoin au profit de celle de tel revenus), les taux d’intérêt débiteurs (la contrainte
autre, utiliser telle ressource dans tel but au détri- budgétaire en est une fonction croissante) et les
ment de tel autre, etc. prix relatifs des différents produits (le prix du thé
3. L’auteur décrit une hypothèse chère aux écono- par rapport à celui du café, etc.)
mistes néoclassiques (mais sans pour autant la faire 4. § 1. Nous sommes d’autant plus incités à arbitrer
sienne) : nous serions des êtres non pas impulsifs en faveur de l’épargne que nos revenus sont impor-
mais calculateurs, chacun essayant de maximiser tants et que les taux d’intérêt sont eux-mêmes éle-
son « utilité » pour une dépense donnée ou bien, vés, et ce tant pour les taux créditeurs (l’épargne
symétriquement, tentant de minimiser sa dépense est alors très rémunératrice) que pour les taux débi-
pour un certain niveau d’« utilité ». teurs (une forte épargne préalable à certains achats
4. L’expression « rationalité économique » renvoie est alors nécessaire). Ce à quoi s’articule l’influence
à une conception très particulière de l’humanité : de nos préférences (nous n’avons pas tous le même
nous nous servirions systématiquement de nos rapport au temps, nos capacités à construire des
facultés mentales pour arbitrer au mieux de nos projets sont différentes, etc.).
intérêts, en mettant en balance des coûts et des
§ 2. Si le niveau des taux d’intérêt créditeurs nous
avantages afin de desserrer la contrainte de rareté
dissuade d’opter pour l’épargne, nous choisissons de
et, in fine, de maximiser notre « utilité ».
consommer le produit A plutôt que le produit B en
• Prolongement possible (cf. encadré, p. 28) : en fonction de nos préférences et de tous les facteurs
prévision de l’étude du doc. 4, p. 31, il pourrait constitutifs de notre « contrainte budgétaire » : nos
être utile de souligner dès à présent que certains revenus (nous sommes d’autant moins contraints
économistes néoclassiques (dont Gary S. Becker) qu’ils sont élevés), les taux d’intérêt débiteurs
ont essayé de transposer le paradigme de l’« Homo (nous sommes d’autant moins contraints qu’ils sont
œconomicus » à l’ensemble des comportements faibles) et les prix relatifs des différents produits
humains. (le prix du riz par rapport à celui des pâtes, etc.).

17
Doc. 4
1. et 2. Ce document n’étant guère difficile, il pourrait être judicieux d’opter pour une acception moins
étroite des coûts et des avantages associés aux deux possibilités.

Possibilité n° 1 : Possibilité n° 2 :
opter pour des études longues privilégier une insertion professionnelle rapide

– Renonciation à des flux de revenus (et De mauvaises (ou d’assez mauvaises)


donc de consommation finale et d’épargne) perspectives d’insertion socioprofessionnelle.
immédiats. D’où un fort potentiel de désagréments*.
Coûts
– Renonciation à certains plaisirs immédiats
(les ressources consacrées aux études sont
indisponibles pour d’autres utilisations).

De bonnes (ou d’assez bonnes) perspectives – Des flux de revenus (et donc de
d’insertion socioprofessionnelle. D’où un fort consommation finale et d’épargne) immédiats.
potentiel de gains*. – Certains plaisirs sont immédiatement
Avantages
accessibles (les ressources qui ne sont pas
dédiées aux études sont disponibles pour
d’autres fins).

* Une faible (ou forte) probabilité d’être au chômage et de relever d’une logique d’emploi atypique, une faible (ou
forte) exposition aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, une activité professionnelle intéressante (ou
inintéressante), de bonnes (ou de mauvaises) perspectives de mobilité sociale, une bonne (ou une mauvaise) protection
contre l’« insécurité sociale » (Robert Castel), un pouvoir d’achat plus ou moins élevé à l’échelle d’une vie, etc.

3. Si Alain procède à un inventaire réaliste de tous b. … dont les facultés mentales seraient systéma-
ces gains et de tous ces avantages, il va pouvoir tiquement mobilisées pour arbitrer au mieux de
arbitrer en toute connaissance de cause entre les nos intérêts, en confrontant des coûts et des avan-
deux possibilités qui s’offrent à lui et ainsi maxi- tages (docs. 2 et 3).
miser son « utilité ». Il se comportera alors comme
3. … et ce quelle que soit la nature des choix à
l’un de ces « Homo œconomicus » auxquels se réfé-
rent les docs 2 et 3, et ce en raisonnant sur un opérer.
grand nombre de périodes plutôt que sur une seule. a. Des choix économiques stricto sensu (doc. 3)…
b. … mais également d’autres types de choix (doc. 4
Faire le point
et encadré n° 1 ; possibilité de se référer égale-
1. La contrainte de rareté nous obligeant à faire
ment au doc. 4, p. 31).
des choix…
a. C’est parce que nous avons une infinité de
besoins à satisfaire et que nos ressources ne sont pages 30-31    B. Nos choix sont-ils toujours 
pas illimitées (doc. 2)… rationnels ?
Doc. 1
b. … que nous devons faire des choix (c’est-à-
dire des « arbitrages » ; doc. 1) afin de maximiser 1. et 2. L’« homme réel » agit souvent de façon
notre « utilité » au sens des économistes néoclas- impulsive (cas d’un grand nombre de nos dépenses
siques (doc. 2 et encadré n° 1). alimentaires et vestimentaires). À supposer qu’il soit
rationnel, il n’est pas forcément mû par des inten-
2. … les économistes néoclassiques en déduisent tions égoïstes (cas des individus faisant des dons
que nous nous comporterions comme de par- à des ONG et/ou pratiquant le bénévolat). Même
faits « Homo œconomicus »… s’il s’agit d’un être calculateur et égoïste, il peut
a. Nous serions des êtres non pas impulsifs mais ne pas évaluer correctement les coûts et les avan-
calculateurs (doc. 2)… tages et donc ne pas faire le meilleur choix possible

18
(des gains et/ou des coûts peuvent être ignorés et Autre exemple, keynésien : si la baisse des salaires
d’autres, non ignorés, peuvent être surestimés ou est profitable pour une entreprise (baisse des
sous-estimés ; cas de l’achat d’un logement). coûts), une baisse généralisée des salaires va frei-
3. Ces caractéristiques sont évidemment à l’opposé ner la croissance (baisse de la demande). Cf. « Faire
de celles de « Homo œconomicus », qui est censé le point ».
être un être calculateur égoïste et infaillible (d’où 3. Le problème du « no bridge » abordé ici est évi-
le titre du document). demment lié à ce qu’écrit Bernard Guerrien dans
le document précédent puisqu’on y retrouve, entre-
Doc. 2 mêlées, les deux carences pointées par l’auteur :
1. et 2. Robinson Crusoé (1719) est le titre d’un l’ignorance du cadre institutionnel (un système
roman de Daniel Defoe (1660-1731). Ce person- macroéconomique n’est pas une collection de
nage, qui a survécu à un naufrage et a vécu seul sur Robinson) et la non-prise en compte des interac-
une île déserte, symbolise donc d’une façon géné- tions (on ne peut pas penser les relations entre
rale la solitude ou, à tout le moins, l’isolement. épargne et investissement de façon univoque).
Pour ceux qui critiquent les « robinsonnades » des
économistes néoclassiques, il incarne deux des Doc. 4
maux essentiels dont souffrent leurs analyses : les 1. Henri Lepage fait référence à la façon dont Gary
acteurs économiques ne sont pas censés agir dans S. Becker, né en 1930 et prix Nobel d’économie en
un contexte collectif (que Bernard Guerrien qua- 1992, analyse la demande de santé (cf. également
lifie ici de « cadre institutionnel ») et il n’existe l’encadré, p. 28). Des acteurs rationnels confron-
entre eux aucune interaction (ce mot renvoyant à teraient les coûts et les avantages de tel type de
l’influence réciproque qui peut exister entre deux demande et arbitreraient, au final, très différem-
acteurs ou entre deux phénomènes : A influe sur B ment selon les milieux sociaux : les individus à
mais B influe également sur A). revenus élevés auraient intérêt à beaucoup dépen-
3. et 4. Ces « robinsonnades » ne tenant compte ser pour entretenir leur « capital santé » afin de
ni des déterminismes collectifs ni des interac- ne pas être privés de cette corne d’abondance (s’ils
tions existant tant entre les acteurs qu’entre les restaient en bonne santé, ils pourraient continuer
phénomènes, on ne peut pas comprendre le réel (il à travailler et à encaisser de fortes sommes) alors
pourrait être judicieux de se référer ici aux com- que les individus à faibles revenus y seraient peu
portements des intervenants sur les marchés finan- incités car, même si leur état de santé les empê-
ciers). C’est là la deuxième grande série de critiques chait de travailler, ils ne seraient privés que de
dont le modèle néoclassique de l’« Homo œconomi- faibles sommes.
cus » a fait l’objet. • Prolongement possible : dans cet ouvrage, Henri
Lepage fournit d’autres exemples de ce type, dont
Doc. 3 ceux du mariage et du divorce (pp. 345 à 347).
1. Cf. Lexique p. 410. 2. 1/Peu d’individus sont des êtres calculateurs.
2. En l’occurrence, le « sophisme de composition » Pour s’en convaincre, il suffit de faire s’exprimer
consiste à croire que ce qui est vrai à l’échelle les élèves sur leurs propres pratiques : leurs modes
microéconomique l’est nécessairement à l’échelle d’alimentation, leur rapport à l’alcool, au tabac, aux
macroéconomique. D’où l’exemple de l’épargne : drogues douces et au sommeil, etc. 2/À supposer
c’est un comportement individuel dont on peut que l’on ait affaire à des êtres calculateurs, ils peu-
penser qu’il est collectivement vertueux (le finan- vent ne pas évaluer correctement l’ensemble des
cement des investissements en sera grandement coûts et des avantages impliqués dans le proces-
facilité) mais dont la généralisation peut engendrer sus décisionnel (des gains et/ou des coûts peuvent
une épargne macroéconomique trop importante et, être ignorés et d’autres, non ignorés, peuvent être
ce faisant, s’avérer vicieuse (à l’échelle de la nation surestimés ou sous-estimés). 3/Ce type d’analyse
tout entière, cet excès d’épargne ne peut qu’inhiber passe sous silence l’ensemble des déterminismes
le désir d’investir car, sauf si les exportations aug- collectifs qui influent sur les inégalités d’espérance
mentent suffisamment, il influe négativement sur de vie : d’une PCS à l’autre, l’exposition à des patho-
les débouchés de l’appareil productif). logies professionnelles n’est pas la même, les possi-

19
bilités de tirer partie des ressources du système de Compte tenu de la suite du dossier (cf. notamment
santé et du régime de protection sociale diffèrent le doc. 3, p. 33), il pourrait être judicieux de faire
(ce qui ne s’explique pas seulement par les inéga- réfléchir dès maintenant les élèves sur un tout
lités de revenus et de patrimoines : les inégalités autre cas de figure : quand bien même un individu
de dotations en capital culturel et en capital social pourrait construire lui-même sa maison, il n’aurait
sont elles aussi essentielles), les individus sont pas forcément intérêt à le faire.
socialisés différemment, etc.
Doc. 2
Faire le point
1. S’ils ne se spécialisaient pas, les individus qui ne
1. Une baisse des coûts salariaux suscite des disposent pas des ressources nécessaires à telles
attentes à l’échelle microéconomique… productions ne satisferaient qu’une très faible pro-
Si un chef ou quelques chefs d’entreprise parve- portion de leurs besoins, et ce dans de mauvaises
naient à faire baisser leurs coûts salariaux, cela conditions qualitatives (cf. le cas de Vincent : il
pourrait s’avérer positif pour l’emploi (le coût fabriquerait sa propre maison mais marcherait nu-
du facteur travail étant moins élevé, sa demande pieds et ne mangerait pas de pain ou bien utili-
pourrait augmenter). serait de très mauvaises chaussures et mangerait
2. … mais ses effets macroéconomiques ris- un très mauvais pain). En revanche, s’ils se spé-
quent de décevoir. cialisaient, le niveau de leur « utilité » (cf. le doc.
2, p. 28) serait incontestablement supérieur, tant
Les dépenses salariales ne sont pas seulement des
qualitativement que quantitativement (Vincent
coûts : ce sont également des revenus pour de très
aurait une maison décente, tout en étant convena-
nombreux ménages. Par conséquent, si la baisse
blement chaussé et alimenté).
du coût du travail était d’ordre macroécono-
mique, les débouchés de l’appareil productif bais- 2. Au moins trois conditions sont à mentionner :
les individus doivent être rationnels, leurs com-
seraient (sauf si les ménages désépargnaient ou
pétences doivent être complémentaires et les
s’endettaient davantage ou/et si les exportations
échanges doivent être libres.
augmentaient suffisamment), ce qui serait négatif
pour l’emploi (il y aurait moins d’embauches mais Doc. 3
également davantage de licenciements et de non-
1. Ce chirurgien n’est pas seulement le meilleur de
remplacements de salariés partant en retraite).
tous les chirurgiens : il est également le meilleur
de tous les dactylographes. Or, dans le doc. 2, ce
cas de figure n’était pas pris en compte : chaque
individu n’excellait que dans une activité.
pages 32-37   AnAlyse 2 2. Il s’agit de faire comprendre de façon simple,
Pourquoi acheter à d’autres   c’est-à-dire sans la formalisation mathématique à
ce que l’on pourrait faire soi-même ? laquelle David Ricardo (1772-1823) recourait dans
le cadre de la théorie des « avantages compara-
pages 32-33    A. Pourquoi ne pas tout  tifs » (cf. doc. 3, p. 37), qu’un individu qui serait
produire soi-même ? le meilleur de tous les chirurgiens et le meilleur
Doc. 1 de tous les dactylographes distancerait nécessaire-
ment ses concurrents un peu plus nettement dans
• On pouvait s’attendre à ce que l’homme au bleu
l’une des deux activités. Il aurait donc intérêt à
de travail ait installé la sonnette ; or c’est la mai-
son qu’il a construite ! Ce document doit permettre se spécialiser dans cette activité afin de maximiser
d’amorcer la réflexion sur la nécessité de l’échange : son « utilité ». D’où le titre du document.
si beaucoup d’individus peuvent installer une son-
Doc. 4
nette, très peu sont à même d’en concevoir et d’en
fabriquer une. Quant à la construction d’une mai- 1. Cf. Lexique p. 410.
son, c’est une tout autre gageure ! Nous sommes 2. Les conditions sont les mêmes que celles dont il
donc contraints de nous inscrire dans une logique a été question plus haut : les individus (et, au-delà,
d’échange avec autrui. les nations ; cf. infra) doivent être rationnels, leurs

20
compétences doivent être complémentaires et les 1. C’est parce que nous différons les uns des autres
échanges doivent être libres. Si elles sont réunies, que nous avons intérêt à ne pas satisfaire par nous-
la logique de la spécialisation et de son corollaire mêmes tous nos besoins : c’est en nous spécialisant
– le libre-échange – est censée engendrer un « jeu dans certaines activités et en nous procurant, via
à somme positive ». l’échange marchand, les produits dans lesquels les
3. Selon les économistes libéraux, le couple spécia- autres se sont eux-mêmes spécialisés que l’on peut
lisation/libre-échange a une portée universelle : il espérer accroître son « utilité ».
est censé être fécond aussi bien à l’intérieur d’une 2. Pour les économistes libéraux, ce raisonne-
nation (d’où la thématique de la double division ment s’applique aussi bien à l’échelle interna-
du travail dont il est question pp. 34 et 35) qu’à tionale qu’à l’intérieur d’une nation et est censé
l’échelle internationale (d’où la problématique de la concerner tous les cas de figure, y compris celui
DIT abordée pp. 36 et 37). dans lequel tel individu (ou telle nation) excelle-
rait dans toutes les activités productives.
Faire le point 3. Le couple spécialisation/libre-échange ne peut
Il faut respecter la consigne formelle (en faisant engendrer les résultats espérés (un jeu à somme
dialoguer deux personnes : l’une qui sait et l’autre non pas nulle mais positive) que si au moins trois
qui est ignorante) tout en utilisant rationnelle- conditions sont réunies : la rationalité des indivi-
ment les différents arguments qui viennent d’être dus (et, au-delà, des nations), la complémentarité
abordés : de leurs compétences et la liberté des échanges.

pages 34-35    B. Quels gains l’échange procure-t-il aux individus ?

Doc. 1
1. Cf. lexique p. 408, division sociale et division technique du travail.
2.
Chacun cesse de produire
Division sociale
ce pour quoi il n’était
du travail
pas compétitif

Les ressources sont


Horizontalement : mieux utilisées et Hausse de la
le travail est parcellisé chacun devient plus productivité
habile
Division technique
du travail
Verticalement : on opte
pour la meilleure
des méthodes possibles

Doc. 2
1. Raisonner « en volume » équivaut à raisonner en « unités monétaires constantes » ; cela permet de com-
parer des données monétaires correspondant à deux dates différentes sans le biais qu’induit ordinairement
l’inflation (cf. « Outils et méthode » n° 6, p. 394).
2. En France, en 1998, la production obtenue en une heure de travail était, en volume, 16 fois plus élevée
qu’en 1896 (+ 1 500 %), le coefficient multiplicateur étant de 9 si l’on raisonne par actif occupé (+ 800 %).
Quant à la production totale, elle a été multipliée, elle aussi en volume, par environ 10,6 (+ 960 %).

21
3. et 4. Charles Gide (1847-1932), dont le livre cité 2. Les gains de productivité leur permettant de
ici servit de référence jusqu’en 1940, avait parfaite- baisser les prix et d’accroître les salaires, ces firmes
ment compris que la division (sociale et technique) auront des débouchés plus importants et pour-
du travail pouvait faire croître la productivité « dans ront donc accroître leurs profits, à la fois unitaires
des proportions qui dépassent tout ce qu’on pourrait (si elles ne font pas bénéficier les salariés et les
imaginer ». Ce qui s’est produit à partir du début des consommateurs de l’intégralité des gains de pro-
Trente Glorieuses (une rupture de pente rien moins ductivité) et totaux (et ce, bien sûr, si au moins
qu’extraordinaire à partir de 1949) montre que sa trois conditions sont réunies : ces baisses de prix et
propre imagination était bornée… ces hausses de salaires doivent être d’ordre macroé-
conomique ; les ménages doivent non pas épargner
Doc. 3 mais dépenser leurs gains de pouvoir d’achat ; les
1. On peut alors obtenir la même production avec intentions d’achat doivent concerner des produits
moins d’heures de travail ou moins de salariés que fabriqués localement).
naguère. D’où la baisse des coûts de production uni- 3. Car les administrations publiques participent
taires et, in fine, si les entreprises le souhaitent, celle elles aussi au jeu à somme positive induit par les
des prix de vente sans que cela ne porte atteinte à gains de productivité : les prélèvements obligatoires
leurs profits (à la fois unitairement et globalement). s’accroissant, elles pourront dépenser davantage en
Symétriquement, on peut obtenir une production plus direction tant des ménages (prestations sociales)
importante que naguère pour le même quantum de que des entreprises (subventions, commandes
travail. D’où des accroissements de salaires (ici aussi publiques, etc.), tout en faisant plus et mieux pour
sans mettre en péril les profits) si le rapport de force la collectivité tout entière (éducation, recherche,
est favorable aux salariés et/ou si les chefs d’entre- infrastructures collectives, etc.).
prise comprennent, tel Henry Ford (1863-1947) en
son temps, que c’est leur intérêt bien compris.

4.

Gains Baisse Baisse Hausse Accroissement


de des coûts des prix des débouchés et des profits
productivité de production de vente (sous conditions) totaux
des ventes et,
in fine,
de l’« utilité »
des ménages
Hausse
Accroissement du pouvoir d’achat
des
des ménages
salaires

Hausse (sous Hausse des prélèvements obligatoires


condition) et, ce faisant, des dépenses publiques
des profits bénéfiques pour l’ensemble de la nation
unitaires concernée

Le schéma ne détaille pas les effets induits par la hausse des dépenses publiques car il est censé être de
type « linéaire ».

22
Doc. 4 pages 36-37    C. Quels gains l’échange 
1. Raisonner « aux prix de 1990 », c’est raisonner procure-t-il aux nations ?
Doc. 1
« en volume », c’est-à-dire en « unités monétaires
constantes », en faisant comme si tous les prix à 1. Plus nous pratiquons une activité, plus notre
la consommation avaient été ceux de 1990 de 1820 savoir et nos savoir-faire s’accroissent.
à 2001. On peut ainsi comparer l’ensemble de ces 2. À des barrières protectionnistes, tarifaires (droits
données sans le biais qu’induit ordinairement l’in- de douane, forfaitaires ou ad valorem) ou non tari-
flation (cf. « Outils et méthode » n° 6, p. 394). faires (quotas, normes administratives, subventions
aux producteurs locaux, etc.).
2. 22 825 : en 2001, dans les pays développés,
le PIB par habitant aux prix de 1990 s’élevait à 3. Les individus et les nations ont des compé-
22 825 $ US PPA. tences inégales mais complémentaires, les uns et
3,3 : de 1950 à 1973, dans les pays développés, le les autres sont rationnels et optent nécessairement
PIB par habitant aux prix de 1990 et en $ US PPA a pour la spécialisation (du moins si les échanges
augmenté en moyenne de 3,3 % par an. peuvent s’effectuer sans entrave), ce qui aboutit à
un jeu à somme positive et, in fine, à l’accroisse-
3. Sur l’ensemble de la période, la croissance ment de l’« utilité » de tous.
du PIB a été très forte (une multiplication, en
volume, par environ 19), soit un taux de crois- Doc. 2
sance annuel moyen légèrement inférieur à 1,7 % 1. Si, dans la nation A, les coûts de production du
par an. Cette croissance a cependant été irrégu- bien X sont inférieurs à ceux de n’importe quelle
lière : d’abord modeste de 1820 à 1913 (un peu autre nation, elle dispose, au sens d’Adam Smith
plus de 1 % par an) puis très rapide pendant les (1723-1790), d’un « avantage absolu » pour cette
Trente Glorieuses (un peu plus de 3 % par an) et production.
enfin moins forte depuis le premier choc pétrolier
(entre 1,6 et 1,9 % par an). 2. Pour Adam Smith, une nation devrait se spécia-
liser dans les produits pour lesquels elle dispose
4. La division (sociale et technique) du travail d’un « avantage absolu » et donc renoncer à pro-
accroît la productivité et, ce faisant, notre « uti- duire ceux qui ne lui procurent aucun avantage de
lité », c’est-à-dire le niveau de satisfaction de nos ce type ; dorénavant, c’est par l’importation qu’elle
besoins (docs. 1 et 3). Cf. les Trente Glorieuses : la se les procurerait.
division du travail s’intensifia alors très nettement 3. Si une nation ne disposait d’aucun « avan-
(notamment en raison de l’application des pré- tage absolu », elle devrait abandonner toutes ses
ceptes taylorofordiens), alors même que la produc- productions et importer l’ensemble des produits
tivité et le niveau de vie par habitant progressèrent nécessaires à la satisfaction de ses besoins, ce qui
très fortement (doc. 2 et doc. 4). constitue une aporie : sauf au sein de la Zone Euro,
On ne doit certes pas confondre « corrélation » et le règlement des importations nécessite des avoirs
« relation de causalité ». Toutefois, il s’agit bien, en devises, qu’on ne peut se procurer, pour l’essen-
en l’espèce, d’un véritable enchaînement causal tiel, que par ses exportations. D’où le qualificatif
(d’où la formulation de la question figurant dans la utilisé par Jacques Généreux.
rubrique « Faire le point »).
Doc. 3
Faire le point 1. Car le Portugal disposerait de tous les avantages
absolus alors que l’Angleterre n’en aurait aucun.
Chacune de ces nations devrait donc continuer à
produire et du vin et du drap, ce qui n’optimise-
Division Hausse Hausse rait pas la gestion des ressources disponibles et n’y
(sociale et de la de notre maximiserait donc pas les niveaux de vie.
technique) productivité « utilité »
du travail 2. Pour le comprendre, cf. le cas d’une nation qui
disposerait de tous les avantages absolus : son
excellence serait nécessairement plus prononcée

23
pour tel ou tel produit (cas du Portugal pour les contenter de souligner qu’aucun chiffre relatif aux
activités viticoles). On dit alors qu’elle dispose- modalités d’insertion dans le commerce internatio-
rait d’un « avantage comparatif » pour ce (ou ces) nal n’est fourni ici et que les performances éco-
produit(s). nomiques d’une nation dépendent d’un très grand
3. Pour David Ricardo, une nation devrait se spé- nombre de facteurs.
cialiser dans les produits pour lesquels son avan-
Faire le point
tage (en termes de coût) est le plus prononcé (cas
des nations qui disposent de tous les « avantages 1. L’exposé de la thèse
absolus » au sens d’Adam Smith) ou dans ceux pour a. En se spécialisant en fonction de ses avantages
lesquels son désavantage est le moins grand (cas « absolus » (Adam Smith, doc. 2) ou « compara-
des nations qui ne disposent d’aucun « avantage tifs » (David Ricardo, doc. 3) et en jouant la carte
absolu » ; dans l’exemple, le drap pour l’Angleterre) du libre-échange »…
et importer ceux qu’elle aurait renoncés à produire.
b. … chaque nation peut espérer, pour de nom-
Cette approche permet de remédier aux insuffi-
breuses raisons (doc. 1), faire croître son niveau
sances de la théorie smithienne des « avantages
de vie moyen, à l’instar de la Chine et de l’Inde
absolus » tout en préservant l’essentiel : le couple
(doc. 4).
spécialisation/libre-échange est censé engendrer
des bienfaits pour chacune des nations adoptant 2. La critique de la thèse
cette logique.
a. Les gains attendus peuvent ne pas être au ren-
Doc. 4 dez-vous, notamment parce que toutes les spé-
cialisations ne se valent pas et que les modalités
1. Si l’on raisonne en termes de « parité de pouvoir d’organisation du commerce mondial peuvent
d’achat », le revenu moyen d’un Français représen-
s’avérer défavorables (cas traditionnel des nations
tait environ 13 fois celui d’un Africain en 2008.
relevant d’une logique coloniale ou néocoloniale,
2. Sur l’ensemble de la période, les inégalités de notamment en Afrique ; doc. 4).
revenus per capita entre la France et l’ensemble des
pays en développement (pays émergents inclus) b. De surcroît, les performances économiques d’une
ont peu évolué. Ce constat doit cependant être nation ne peuvent pas s’expliquer par les seules ver-
affiné : malgré l’amélioration constatée à partir de tus du couple spécialisation/libre-échange.
2000, la position relative des Africains est sensi-
blement moins bonne en 2008 qu’en 1980, alors
que celle des Chinois et des Indiens n’a pas cessé
pages 38-41  AnAlyse 3
de s’améliorer. Que produit-on et comment  
Deux interprétations sont alors possibles : 1/Ce gra-
le mesure-t-on ?
phique donne raison aux économistes libéraux : les
nations ayant su s’insérer dans la mondialisation en pages 38-39    A. Qu’entend-on 
tireraient les gains attendus (cas de la Chine et de par « production » ?
l’Inde) ; a contrario, les nations ne s’étant pas ins- Doc. 1
crites dans cette dynamique verraient se détériorer 1. et 2. La nature ne nous fournit que très peu
leurs positions relatives dans le concert des nations de ressources pouvant satisfaire directement nos
(cas des nations africaines). 2/Ce graphique inva- besoins : nous devons à la fois les combiner et les
lide la thèse libérale : même si une nation se spé- transformer. La satisfaction de nos besoins est donc
cialise et joue la carte du libre-échange, le contenu très largement d’origine anthropique et aucune
de sa spécialisation et la façon dont elle commerce nation ne peut s’abstenir de travailler et de pro-
avec le reste du monde peuvent lui être défavo- duire.
rables (cas traditionnel des anciennes colonies,
dont celles d’Afrique). Doc. 2
Le dossier documentaire étant ce qu’il est, on ne 1. Lorsque des biens sont vendus, ils deviennent la
peut pas opter, à ce stade de l’année scolaire, pour propriété de leurs acheteurs alors que les services
l’une ou l’autre de ces interprétations. On pourra se contribuent à la satisfaction des besoins sans qu’il

24
y ait transfert de propriété de biens matériels ; de b. … mais ces logiques sont, à bien des égards,
surcroît, les opérations de production et d’achat ne diamétralement opposées (doc. 3).
sont alors pas simultanées (un service ne peut donc
pas être stocké). 2. … mais réellement complémentaires.
2. Cf. le Lexique à la fin de l’ouvrage. Dans le texte, a. Les administrations publiques et les ISBLSM
il s’agit de la consommation finale (p. 407), de la ne peuvent en effet exister qu’en prélevant des
consommation intermédiaire (p. 407) et de l’inves- ressources sur les activités marchandes (doc. 3)…
tissement (p. 409). On ignore donc ici les opéra- b. … et les entreprises ne peuvent fonctionner
tions de stockage et d’exportation. que si les administrations publiques (mais égale-
3. Il pourrait être judicieux d’insister ici sur les pro- ment les ISBLSM) assument certaines prestations
ductions non marchandes des ISBLSM (cf. doc. 3, (doc. 4).
p. 39) car le présent document les passe sous
silence. pages 40-41    B. Comment mesure-t-on 
la création de richesses ?
Doc. 3 Doc. 1
1. Qui engendre un gain monétaire. 1. Ces achats concernent des biens (matières pre-
2. Ce qui diffère, ce sont les objectifs, les droits de mières, produits semi-finis, etc.) mais également des
propriété, l’origine des ressources et les modalités services (transport, gardiennage des locaux, etc.).
d’action. On peut demander aux élèves de le mon- 2. 1/Parce qu’un processus productif n’est réelle-
trer sous la forme d’un tableau. ment créateur de richesses que si la valeur de son
3. Il n’y aurait alors ni transactions monétaires output est supérieure à celle des éléments qu’il
ni rémunérations des facteurs de production. Les détruit ou rend indisponibles pour cause de trans-
formation. 2/Parce qu’il faut éviter de comptabili-
administrations publiques ne pourraient donc pré-
ser deux fois la même ressource (en tant qu’output
lever ni impôts ni cotisations sociales et les ISBLSM
de tel processus productif et input de tel autre).
ne pourraient percevoir ni cotisations volontaires
ni subventions publiques. 3. Car c’est la valeur (la richesse) qu’un acteur pro-
ductif a ajoutée (créée) par son activité à celle des
Doc. 4 éléments qu’il a alors détruits ou transformés (par
exemple en transformant du bois en meubles ou en
1. 1/Pour les « investissements risqués » : le finan- sculptures).
cement de la recherche fondamentale. 2/Pour la
« perspective de long terme » : le financement des Doc. 2
infrastructures collectives (routes, canaux, ports, 1. C’est une grandeur macroéconomique (le PIB,
etc.) et l’instauration d’un système public d’édu- la FBCF, etc.) obtenue en additionnant des gran-
cation ou de santé non marchand (mais pas forcé- deurs microéconomiques (des valeurs ajoutées, des
ment gratuit ; cf. encadré « Le saviez-vous ? »). investissements, etc.).
2. Cf. les dépenses publiques d’éducation : les 2. Étant pour l’essentiel une somme de valeurs
savoirs et les savoir-faire qui en découleront ajoutées, le PIB permet d’évaluer la création de
engendreront des gains à la fois pour leurs déten- richesses qui a eu lieu sur un territoire donné, au
teurs (via leurs activités professionnelles) et pour cours d’une certaine période, grâce à l’activité pro-
la société tout entière (en termes de création de ductive des acteurs économiques de toutes natio-
richesses, de distribution de revenus, d’épargne, de nalités qui y résident. Au-delà, même si c’est très
prélèvements obligatoires, d’innovation, de cohé- critiquable (cf. infra), il est censé mesurer le niveau
sion sociale, etc.). de bien-être atteint sur ce territoire.

Faire le point 956,3 + 86,2


3. et 4. X = x 100 ≈ 54,7 %.
1 907,1
1. Deux logiques fondamentalement opposées… Cette conclusion serait incorrecte car on ne tiendrait
a. Il y a certes production de richesses (docs. 1 et pas compte de l’activité productive des entrepreneurs
2) dans les deux cas de figure… individuels, qui sont classés parmi les ménages.

25
Doc. 3 beaucoup plus grande), mais de le compléter par
une batterie d’indicateurs permettant de mesu-
1. Dans les cas 1 et 3, l’activité productive est non
rer correctement le niveau de bien-être atteint et
marchande : il s’agit d’actes d’autoproduction et, ce
d’apprécier la « soutenabilité » du modèle de crois-
faisant, d’autoconsommation que les comptables
sance économique et, au-delà, de développement
nationaux excluent par définition du champ de la pro-
économique et social.
duction. En revanche, dans le deuxième cas, l’activité
productive étant marchande, l’INSEE l’intègre à ce Faire le point
champ (cf. doc. 2, p. 38). D’où la phrase soulignée.
1. Si cette évaluation paraît a priori correcte…
2. Cette expression renvoie à la fois à la nature de
ce qui est produit et aux modalités des processus a. Les comptables nationaux raisonnent en termes
productifs, les comptables nationaux ne pouvant de valeur ajoutée plutôt que de production (doc. 1).
alors que surestimer la création de richesses et, b. De surcroît, le niveau de compétence et le
partant, le niveau de bien-être atteint. degré de fiabilité atteint par l’INSEE et les institu-
À titre d’exemple, cf. le cas de processus productifs tions étrangères analogues (encadré) est devenu
qui seraient très polluants, pour un montant total très élevé.
de 100 unités monétaires (um). Les entreprises
2. … elle est critiquable à bien des égards.
n’ayant rien à payer pour détruire ou détériorer
les écosystèmes concernés, leurs consommations a. Un agrégat tel que le PIB ne permet pas de se
intermédiaires seraient sous-estimées de 100 um. faire une idée du niveau de bien-être atteint (cf. les
En revanche, si les pouvoirs publics ont œuvré pour trois arguments du doc. 3).
remédier à ces dégâts environnementaux, le total b. De surcroît, sa valeur ne nous indique pas si le
macroéconomique de la production serait majoré modèle organisationnel qui sous-tend nos perfor-
de 100 um. Or il ne s’agirait pas, au sens strict mances macroéconomiques est « soutenable » ou
du terme, de productions générant un surplus de non au sens du Rapport Brundtland (doc. 4).
bien-être. La surestimation du PIB et, partant, du
bien-être social s’élèverait donc à 200 um. Conclusion
Il serait souhaitable d’affiner nos protocoles de
3. Même si l’on raisonne par habitant ou par « unité
mesure ainsi que le préconise la Commission Sti-
de consommation » (cf. encadré, p. 45), ce qui est
un moindre mal, il ne s’agit que de moyennes. Or la glitz (doc. 4).
même moyenne peut s’accompagner de conditions
de dispersion très variées (0/20 et 20/20 procu-
rent une moyenne de 10/20, de même que 1/20 pages 42-47   AnAlyse 4
et 19/20, mais c’est également le cas pour des Comment répartir les revenus  
couples sensiblement différents : 10/20 et 10/20, et les richesses ?
9/20 et 11/20, etc.). On ne peut donc évaluer cor-
rectement des niveaux d’« utilité » (c’est-à-dire de
bien-être matériel) grâce aux données relatives au pages 42-43    A. L’origine des revenus
PIB que si (entre autres précautions) on accom- Doc. 1
pagne ces moyennes d’indicateurs de dispersion (et
1. Ce sont deux facteurs de production : du temps,
ce, que l’on raisonne pour la même nation saisie
de l’énergie et des compétences pour le travail ; des
à différents moments de son histoire ou pour un
équipements productifs et des ressources finan-
ensemble de nations étudiées au même moment).
cières pour le capital.
Doc. 4 2. Car les administrations publiques ne l’ont pas
1. Une mauvaise évaluation du niveau de bien-être encore modifiée : à ce stade, seuls certains prélè-
(idem doc. 3) et une ignorance des conditions de vements obligatoires ont été effectués et aucun
« soutenabilité » au sens du Rapport Brundtland. revenu de transfert n’a été distribué.
2. Il ne s’agira pas de remplacer le PIB par un nou- 3. Ce sont les administrations publiques. Exemples
vel indicateur composite (à l’image de l’IDH, mais possibles : 1/Pour les prélèvements : l’État pour
au champ beaucoup plus vaste et à la complexité l’IRPP, la CSG et l’impôt sur les sociétés, les collec-

26
tivités locales pour la taxe d’habitation et les taxes ment n’est pas assuré par des impôts mais par des
foncières et les organismes de protection sociale cotisations sociales et la gestion n’est pas étatique
pour les cotisations sociales. 2/Pour les transferts : mais « corporatiste » (les partenaires sociaux sont
la Sécurité sociale pour le remboursement des les cogérants).
dépenses médicales, Pôle emploi pour les alloca- Cette logique n’est évidemment pas adaptée aux
tions-chômage et les Conseils généraux pour le RSA. sociétés qui subissent un chômage de masse et
Doc. 2 Prestataires
n’est viable que si le ratio n’est pas trop
Cotisants
1. La valeur ajoutée se calcule en ne retenant
qu’une partie des dépenses d’une unité productive élevé. Or la France subit un chômage de masse
(ses consommations intermédiaires) alors que le et sa population vieillit. Il a donc fallu modifier
profit (c’est-à-dire l’EBE pour les comptables natio- notre système de protection sociale en y ména-
naux) se mesure en tenant compte de toutes ces geant une place croissante au principe de l’assis-
dépenses. Ces deux notions diffèrent donc à la fois tance (exemples du RSA, de la CMU, de la CSG et du
monétairement et logiquement : la première nous PLFSS), tout en en réduisant la générosité (notam-
renseigne sur l’ampleur de la création de richesses ment pour les risques « maladie » et « vieillesse »).
alors que la seconde renvoie à l’un des revenus Remarque : il pourrait être judicieux de mentionner
engendrés par la valeur ajoutée. qu’il existe un autre type de protection sociale que
2. Le jaune renvoie à des revenus revenant aux Gosta Esping-Andersen (Les Trois mondes de l’État-
administrations publiques (cotisations sociales providence. Essai sur le capitalisme moderne, Paris,
exclues), l’orange à des revenus rémunérant, direc- PUF, 1999) a qualifié de « résiduel ». D’inspiration
tement ou indirectement, les apporteurs de travail libérale, il ne couvre que peu de risques sociaux ; de
(les cotisations sociales sont en effet une source surcroît, il les couvre mal, et ce d’une double façon :
de revenus de transfert pour les salariés) et le bleu le degré de protection est faible et peu d’individus
à des revenus perçus par les apporteurs de capital. sont couverts (cas traditionnel des États-Unis).
C’est une façon simple de faire comprendre, visuel- 3. Car il fallait parvenir à un consensus politique
lement, qu’un euro de valeur ajoutée donne néces- sur ce sujet et atteindre un certain niveau de déve-
sairement naissance à un euro de revenus. loppement pour en rendre le financement possible.
3. Leur somme est évidemment égale à la valeur Doc. 4
ajoutée. Au-delà des aspects techniques de l’exploi-
tation du document, l’enjeu est de montrer que le 1. Cf. lexique p. 412.
niveau et la croissance de l’ensemble de nos revenus 2. En ajoutant au RDB des ménages les transferts
dépendent de notre capacité à créer des richesses. sociaux en nature qu’ils ont reçus, on peut mieux
Remarque : des animations et des exercices interac- mesurer leur niveau de vie qu’en s’en tenant à leur
tifs sur la valeur ajoutée sont disponibles à l’adresse RDB.
suivante : http://www.statapprendre.education.fr/
insee/# (rubrique « Animations »). Faire le point
On pourra se contenter ici d’une simple arbores-
Doc. 3 cence.
1. En référence à la notion de « risque social » (au
sens large du terme) et à l’impératif de solidarité,
lequel est à la fois moral et économique (n’oublions pages 44-45    B. La répartition des revenus 
pas que l’un des instigateurs du « Welfare state » en France
britannique, William Henry Beveridge (1879-1963), Doc. 1
était également un économiste keynésien). 1. En France, en 2009, 91 % des emplois étaient
2. À l’origine, c’est un système non pas « beverid- des emplois salariés ; leurs rémunérations (cotisa-
gien » (logique de l’assistance) mais « bismarc- tions sociales incluses) représentaient alors près de
kien » (logique de l’assurance) : les droits sociaux 53 % du PIB.
n’y sont pas fondés sur la citoyenneté mais sur 2. Une hausse de 14 points jusqu’en 1982 puis une
l’exercice d’une activité professionnelle, le finance- baisse de 4,4 points jusqu’en 2006 et enfin une

27
légère hausse de 0,8 point. En 2009, leur part dans 25 140 : en France, en 2003, la consommation finale
le PIB était donc plus faible qu’en 1982 tout en effective des ménages appartenant au troisième
étant plus élevée qu’en 1950. quintile de niveau de vie s’élevait en moyenne à
3. 1/Le poids relatif des impôts sur la production 25 140 euros par an et par uc.
et les importations net de subventions ayant au 2. Oui, car, par an et uc, les prélèvements obliga-
total peu varié, l’évolution des revenus des entre- toires du cinquième quintile sont beaucoup plus
prises sociétaires et des entrepreneurs individuels élevés que ceux du premier alors que c’est l’inverse
est l’inverse de celle des rémunérations salariales. pour les prestations sociales.
En 2009, leur part dans le PIB était donc plus élevée 3. Ces dispositifs réduisent fortement les inégali-
qu’en 1982 tout en étant nettement plus faible qu’en tés sociales. En effet, Q5/Q1 s’élève à 8,1 pour les
1950. 2/Sur l’ensemble de la période, la proportion revenus primaires alors qu’il n’est que de 5 pour
des salariés dans l’emploi total a beaucoup plus aug- le RDB. Et c’est encore plus spectaculaire si l’on
menté que le poids relatif de leurs rémunérations raisonne en termes de RDBA (3,2) voire de consom-
dans le PIB (+ 26 points, soit + 40 % en termes rela- mation finale effective (2,2).
tifs, contre + 10,4 points, soit + 24,8 %). En 2009,
le partage de la valeur ajoutée n’est donc plus en Doc. 4
réalité aussi favorable au facteur travail qu’en 1950 1. 18 990 : en France, en 2008, 50 % des ménages
(pour l’éviter, il aurait fallu que l’écart entre les ne parvenaient pas à percevoir 18 990 euros de
courbes violette et bleue restât au moins constant). RDB par an et par uc, alors que 50 % parvenaient à
dépasser ce seuil.
Doc. 2
3,4 : en France, en 2008, le niveau de RDB annuel
1. et 2. Certains acteurs économiques (partie gauche
par uc que les 10 % des ménages les plus favorisés
du schéma) versent plus de prélèvements obligatoires
parvenaient à dépasser était 3,4 fois supérieur à
qu’ils ne reçoivent de prestations sociales parce
celui que les 10 % des ménages les moins favorisés
qu’ils ne peuvent pas percevoir de revenus de ce
ne parvenaient pas à atteindre.
type (cas des entreprises) ou parce que leurs condi-
tions d’emploi et d’exposition aux risques sociaux 13 : en France, en 2008, 13 % des ménages pou-
sont globalement bonnes (cas des ménages), alors vaient être considérés comme pauvres si l’on consi-
que d’autres (partie droite du schéma) sont dans la dère (comme EUROSTAT) qu’un ménage est pauvre
situation symétrique. Un transfert net de ressources si, par an et par uc, son RDB est inférieur à 60 %
a donc lieu des premiers vers les seconds via les dis- du RDB médian.
positifs de redistribution publics. Une réduction des 7,1 : idem avec un seuil fixé à 50 % de la médiane
inégalités de revenus en est donc attendue. (cas de l’INSEE).
2. et 3. Oui, ce qui permet de relativiser la conclu-
Doc. 3 sion issue de l’étude du doc. 3. Ceci dit, les inéga-
1. 60 620 : en France, en 2003, les revenus pri- lités résiduelles sont quand même nettement moins
maires des ménages appartenant au cinquième importantes que celles que l’on observe dans les
quintile de niveau de vie s’élevaient en moyenne à nations anglo-saxonnes (cf. doc. 4, p. 47).
60 620 euros par an et par unité de consommation
(uc), c’est-à-dire à 90 930 euros pour un ménage Faire le point
composé de deux adultes et à 139 426 euros pour
§1. La répartition primaire des revenus est rela-
le ménage auquel se réfère l’encadré.
tivement inégalitaire (à la fois entre entreprises et
10 070 et 17 470 : en France, en 2003, le RDB et le salariés et entre ménages ; docs. 1 et 3).
RDBA des ménages appartenant au premier quintile
§2. Cependant, grâce aux dispositifs de redistri-
de niveau de vie valaient en moyenne respective-
ment 10 070 et 17 470 euros par an et par uc.
bution publics (doc. 2)…
3,2 : en France, en 2003, par an et par uc, le RDBA §3. … les inégalités de revenus sont considéra-
moyen des ménages appartenant au cinquième blement réduites (doc. 3).
quintile était 3,2 fois plus élevé que celui mesuré §4. Les inégalités résiduelles ne sont cependant
au sein du premier quintile. pas négligeables (doc. 4).

28
pages 46-47    C. Les revenus de transfert  productivité y était constante (ou insuffisamment
nuisent-ils aux performances  croissante), les entreprises devraient augmenter
économiques ? leurs prix pour préserver leurs marges bénéficiaires
unitaires. Par conséquent, si les standards de com-
Doc. 1
pétitivité-prix à l’étranger étaient plus élevés et si
1. Synonyme ici d’« encouragement ». l’on ne tenait pas compte de la compétitivité struc-
2. Si, dans telle nation, la hausse des cotisations turelle, ces entreprises perdraient des parts de mar-
sociales renchérissait le coût du travail et si la ché. D’où, in fine, un accroissement du chômage.

3. Protection sociale très généreuse

Hauts taux
de prélèvements
obligatoires

Dégradation Dégradation L’épargne Possibilité de


de la compétitivité-prix de la rentabilité de précaution satifaire ses besoins
vis-à-vis du reste des opérations est moins sans participer à la
du monde productives nécessaire création de richesses

Pertes de parts Désincitation Désincitation Désincitation


de marché à l’investissement à l’épargne au travail

Affaiblissement du dynamisme macroéconomique

Ce type d’argumentation émanant des économistes libéraux, il pourrait être judicieux de se référer ici à la
métaphore du « grand banquet de la nature » que Thomas Robert Malthus (1766-1834) a utilisée en 1803
dans la deuxième édition de son Essai sur le principe de population.

Doc. 2 d’expansion alors que le §2 insiste sur les périodes


de crise (ces dispositifs en atténuent la gravité et
1. 1/Justice sociale : situation dans laquelle la
peuvent même en empêcher la survenue).
répartition des ressources (matérielles ou symbo-
liques) entre individus et entre catégories sociales 2. Le doc. 3 développe le dernier argument pré-
est jugée équitable au regard d’un certain système senté dans le doc. 2.
de valeurs. 2/Efficacité économique : ici, capacité 3. La construction de ce schéma ne présentant
à obtenir de bonnes performances macroécono- aucune difficulté, il pourrait être judicieux d’en
miques (en termes de niveau de vie, de croissance profiter pour montrer que l’amélioration des perfor-
économique et d’emploi). mances économiques peut alimenter un cercle ver-
2. Car cette réduction procure paix civile et stabilité tueux via la hausse des prélèvements obligatoires
politique, permet la croissance de la productivité et et, ce faisant, des dépenses publiques (en termes
stimule structurellement la croissance des débouchés. de protection sociale, d’éducation, de recherche,
d’infrastructures collectives, etc.).
Doc. 3
1. Le §1 met l’accent sur les vertus économiques Doc. 4
des dispositifs de redistribution dans les phases 1. 20,8 : en Norvège, en 2007, les dépenses sociales

29
des administrations publiques ont représenté près 9 : en 2007, les conditions de compétitivité pré-
de 21 % du PIB. valant en Suède lui ont permis de se hisser à la
0,46 et 0,38 : aux États-Unis, au milieu des années neuvième place dans le classement annuel de l’IMD.
2000, le coefficient de Gini représentatif de l’am- 1,6 : en France, si l’on raisonne en volume (c’est-à-
pleur des inégalités de revenus s’élevait à 0,46 pour dire à prix constants), le PIB par habitant a aug-
la répartition primaire des revenus et à 0,38 pour menté en moyenne de 1,6 % par an de 1990 à 2007.
leur répartition secondaire.

2.
Dépenses sociales publiques Performances sociales Efficacité économique

États-Unis Relativement faibles Relativement faibles Relativement élevée

Norvège Relativement moyennes Relativement élevées Relativement élevée

France Relativement élevées Relativement élevées Relativement faible

3. 1/Certaines nations parviennent à combiner de fortes inégalités sociales et de bonnes performances


macroéconomiques (cas des États-Unis) alors que d’autres associent de faibles inégalités sociales et d’aussi
bons résultats économiques (cas de la Norvège). 2/Des dépenses sociales publiques de même ampleur peu-
vent engendrer des combinaisons fort différentes (cas de la France et de la Suède).

Doc. 5 c. De surcroît, un système de protection sociale


autre que « résiduel » (au sens de Gosta Esping-
1. et 2. Combinaison n° 1 : de fortes inégalités
Andersen) nous permet de nous approcher de
sociales couplées à des performances économiques
l’idéal de justice sociale qui est celui de toute
à la fois élevées et pérennes (cas des États-Unis,
société démocratique (doc. 5).
du moins jusqu’à la crise des subprimes). Combinai-
son n° 2 : de faibles inégalités sociales couplées au
même type de performances économiques (cas des
nations d’Europe du Nord, dont la Norvège). pages 48-51  AnAlyse 5
3. Car seule la seconde combinaison est cohérente Quels sont les grands équilibres 
avec cette valeur cardinale des sociétés démocra- macroéconomiques ?
tiques qu’est l’impératif de justice sociale.
pages 48-49    A. L’équilibre d’un système 
Faire le point économique en termes 
1. À en croire les économistes libéraux, la réponse comptables
est négative. Doc. 1
a. De nombreuses raisons analytiques l’explique- 1. et 2. Les deux personnes, A et B, étant de même
raient (doc. 1)… poids, les deux plateaux seraient au même niveau.
b. … et certaines données statistiques le corrobo- On en conclurait qu’il y a équilibre alors qu’il pour-
reraient (doc. 4 : cas de la France). rait s’agir en réalité d’un déséquilibre si l’état de
santé de A différait fortement de celui de B (un
2. Cette réponse est cependant très contestable. obèse diabétique et cardiaque de 150 kg n’équivaut
a. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux pas réellement à un lutteur Sumo de même poids).
arguments analytiques des économistes non libé- 3. Il s’agit de faire comprendre ici de façon métapho-
raux (docs. 2 et 3)… rique qu’un équilibre comptable peut masquer des
b. … et d’utiliser moins partiellement les don- déséquilibres réels importants et que la présente double
nées statistiques disponibles (doc. 4 : cas des page ne se suffit pas à elle-même : elle doit nécessaire-
nations d’Europe du Nord). ment être articulée à la double page suivante.

30
Doc. 2
1. Ressources : ce dont on dispose (ou dont on va disposer). Emplois : ce que l’on a fait (ou va faire) de ces
ressources.
2.
Ressources = Emplois <=> P + M + Diminution des stocks = CI + C + FBCF + Accroissement des stocks + X

Emplois intérieurs Emplois


extérieurs

3. L’auteur a d’abord déplacé « CI » à gauche du senté cette année-là un peu plus de 58 % de la


signe « = » et « Diminution des stocks » à sa 1,4
croissance du PIB (en effet, x 100 ≈ 58,3 %).
droite, ce qui a donné : 2,4
P – CI + M = C + FBCF + X + Accroissement des
2. Sauf pour les années 2003, 2006 et 2007 (cf. la
stocks – Diminution des stocks.
note 1), la somme des données des lignes 1, 2, 3,
Il a ensuite fait apparaître le PIB à gauche du signe 4 et 7 est égale, pour chaque colonne, à la donnée
« = » (puisque Y = P – CI) et simplifié la partie droite figurant sur la dernière ligne. Cf. l’année 2009 :
de l’équation en posant « VS = Accroissement des 0,4 + 0,6 – 1,5 – 0,2 – 1,9 = -2,6.
stocks – Diminution des stocks », ce qui donne bien
au final : Y + M = C + FBCF + X + VS. 3. En France, sauf en 2008 et en 2009, la crois-
sance économique a eu la consommation finale des
4. Car toutes les opérations relatives aux ressources
ménages pour principal « ressort » (allusion à la
et aux emplois sont prises en compte (cf. égale-
phrase soulignée dans le doc. 3).
ment l’activité « Calculer », p. 27).

Doc. 3 Faire le point

1. et 2. L’auteure a déplacé « M » à gauche du Le fond ne posant pas réellement problème, il


signe « = » puis observé que « X – M » constitue le pourrait être judicieux d’insister ici sur un certain
solde de la balance des transactions courantes. Si nombre de critères formels : 1/Pour l’introduc-
ce solde est positif, cette balance est excédentaire tion : poser un problème ne consiste pas à faire se
(le pays considéré exporte plus de biens et de ser- succéder une pluralité de questions et n’équivaut
vices qu’il n’en importe) ; dans le cas contraire, elle pas non plus à annoncer un plan. 2/Pour les déve-
est « déficitaire ». loppements : ils doivent être structurés a priori
3. Cette équation n’est pas seulement vraie en (on n’écrit pas « au fil de la plume »), chaque para-
termes statiques : on peut également s’en servir dans graphe doit avoir une certaine unité, la structure
une perspective dynamique, c’est-à-dire en raison- de l’exposé doit être continûment visible (d’où,
nant en termes de taux de croissance. D’où la phrase a minima, la présence de connecteurs logiques ;
soulignée et, partant, la présence du doc. 4. si les développements étaient beaucoup plus
longs, il faudrait rédiger des introductions et des
Doc. 4 conclusions partielles ainsi que des phrases de
1. 2.4 : en France, en 2007, le PIB en volume (c’est- transition), etc.
à-dire, en l’occurrence, aux prix de 2006) s’est
accru de 2,4 %. pages 50-51    B. Quels déséquilibres réels 
1,4 : en France, en 2007, la consommation finale un équilibre comptable  
des ménages a augmenté, en volume, de 1,4 % (ici peut-il masquer ?
aussi, l’INSEE a fait comme si le niveau général des Doc. 1
prix de 2007 était le même que celui de 2006). • Ce document est la traduction économique de la
Si l’on raisonne aux prix de 2006, la croissance de métaphore utilisée dans le doc. 1, p. 48. Il sert à
la consommation finale des ménages a donc repré- la fois de transition entre les pages « Analyse » 5A

31
et 5B et d’introduction à l’étude des docs. 2 et 3, 3. Il faudrait soutenir la demande s’adressant à
pp. 50 et 51, en en spécifiant le cadre d’analyse. l’appareil productif (que les keynésiens quali-
fient de « demande effective ») par des politiques
Doc. 2 publiques appropriées et d’une triple nature : bud-
1. Car l’équation macroéconomique étudiée ici se gétaire (hausse des dépenses des administrations
contente d’énoncer une vérité immuable relative à publiques et stabilisation voire baisse de leurs
un ensemble de ressources et à un ensemble d’em- recettes), monétaire (baisse des taux d’intérêt) et/
plois : ces deux ensembles sont nécessairement ou réglementaire (hausse du SMIC).
égaux au centime d’euro près, mais cela ne s’ac-
compagne pas nécessairement d’une égalité entre exercice
telle composante du premier ensemble et telle
1. Emplois =
composante du second.
Y + M. = 1 907,1 + 476,6 = 2 383,7 milliards d’euros.
Pour le comprendre, cf. le cas suivant : il reste à
Annick 17 € d’argent de poche et son frère vient de Ressources = C* + FBCF + X + VS = (1 418,6
lui en fournir 10 autres. Elle a dépensé la totalité de + 164) + 392,1 + 439,6 – 30,6 = 2 383,7 milliards
ces ressources pour acheter une clé USB (14 €) et d’euros.
une pizza (13 €). Emplois (17 + 10) et ressources (14 *Celle des ménages et celle des administrations
+ 13) sont donc bien égaux mais 17 ≠ 14 et 10 ≠ 13. publiques.
2. Par des ponctions sur les réserves de change de 2. Synonyme de « déficit de la balance des tran-
la Banque centrale et/ou par l’appel à l’épargne sactions courantes ». Ici, 439,6 – 476,6 = – 37 mil-
des acteurs économiques non-résidents, privés liards d’euros.
(ménages, sociétés financières ou non financières)
ou publics (tel État, tel ensemble d’États ou telle 3. Le rose et le rouge pour l’ensemble des res-
institution internationale). sources et l’ensemble des emplois et, in fine, l’équa-
tion synthétisant l’égalité de ces deux ensembles ;
3. Trois possibilités : l’accroissement des réserves
de change de la Banque centrale et/ou le désen-
l’orange et le jaune pour les exportations de biens
dettement vis-à-vis du Reste du monde et/ou des et de services et, in fine, le déficit extérieur ; le vert
prêts, des placements financiers et des investisse- pour le déséquilibre du marché du travail.
ments directs à l’étranger (IDE). 4. L’exemple de la France montre qu’une écono-
mie peut comporter des déséquilibres réels (en
Doc. 3 l’occurrence, un déficit extérieur et un déséqui-
1. Non. Il renvoie ici au total des actifs occupés à libre du marché du travail) alors même que le
l’instant X, qu’ils soient salariés ou indépendants. total macroéconomique des emplois y est égal
2. Grâce aux docs. 2 et 3, pp. 48 et 49, nous avons (au centime d’euro près) à celui des ressources.
établi que les ressources en biens et en services On comprend mieux dès lors la phrase soulignée
sont nécessairement égales à leurs emplois, puis dans le doc. 1 : l’équation comptable synthétisant
conclu que le PIB (Y) est nécessairement égal à = C l’équilibre emplois/ressources est « une égalité
+ FBCF + X – M. + VS. comptable qui ne signifie pas nécessairement que
À un certain équilibre macroéconomique entre les l’économie est équilibrée ».
ressources et leurs emplois correspond donc un
certain niveau de PIB. Mais rien ne peut garantir, Faire le point
observe John Maynard Keynes (1883-1946), que On attend ici un texte bref permettant de
la demande (pour partie intérieure et pour partie répondre sans détails inutiles à la question posée.
extérieure) que l’appareil productif a satisfaite et
À titre d’exemple, cf. le dernier paragraphe de
qui a conduit à ce niveau de PIB ait nécessité d’uti-
la synthèse présentée pp. 54 et 55 : il suffirait de
liser l’ensemble des ressources en travail dispo-
l’étoffer en y insérant çà et là des références aux
nibles. La situation la plus probable est donc celle
documents et en l’illustrant par le cas actuel de
du sous-emploi de la population active disponible
(ou alors, si plein emploi il y avait, il ne serait que
l’économie française.
temporaire).

32
page 52   vers le BAc
Valeur ajoutée et revenus
2 420 000,00
1 460 000,00

960 000,00

620 000,00
50 000,00

290 000,00

33 000,00
55 000,00

202 000,00

60 600,00

141 400,00

53 000,00

88 400,00

620 000,00
229 400,00
110 600,00

960 000,00

page 53   vers le BAc
DIT et développement soutenable
1. Implication : relation logique entre deux éléments dont l’un (A) influe sur l’autre (B) : A  B.
2. Pour construire un raisonnement plus ou moins complexe ou pour visualiser la structure d’un raisonne-
ment déjà construit mais se présentant sous une autre forme (un texte, une intervention orale, etc.).
3. Si A influe sur B et que B influe en retour sur A, la relation « B  A » est qualifiée de « rétroaction »
(on utilise également l’anglicisme « feed-back »).
4. Cf. le cas d’un cercle vicieux :
Le club de football « Jeuper » Ses ressources décroissent Il ne peut ni conserver les quelques
est de plus en plus mal classé (moins de spectateurs et moins bons joueurs qu’il détient, ni en
(A) de recettes publicitaires) (B) recruter de nouveaux (C)

(rétroaction) (rétroaction)
Son équipe va perdre de plus en plus
de matchs (rétroaction)

5. et 6.
Remise en cause
de la DIT dans sa configuration
actuelle Rétroaction
Rétroaction
A B
F C
E
D

33

chapitre La production
2 dans L’entreprise
la démarche du chapitre

Dans ce chapitre est présentée la production dans l’entreprise dans une approche exclusivement écono-
mique.
Sont poursuivis les objectifs suivants :
– permettre aux élèves d’approcher et de se rendre compte des différentes contraintes que rencontre
l’entreprise dans la mise en œuvre de la production. Contraintes multiples et variables en fonction de
la diversité des entreprises (types de production, tailles des entreprises, choix des techniques de pro-
duction…), quant au choix de la combinaison de facteurs de production à retenir : essentiellement
contraintes de coûts liées à l’objectif de profit et de sa maximisation, avec nécessaire prise en compte de
la productivité.
D’un point de vue théorique, cette présentation est en grande partie conforme aux préceptes de l’éco-
nomie standard.
– présenter une approche plus comptable de l’entreprise, avec l’évaluation de la performance de l’entre-
prise à travers bilan et compte de résultat. La question des limites de cette approche comptable par les
dimensions sociale et environnementale est soulevée.

pages 60-61   Découvrir pages 62-67   AnAlyse 1


Distinguer Comment l’entreprise produit-elle ?
Cette activité vise à faire remarquer aux élèves la
diversité des entreprises au travers des facteurs de pages 62-63    A. Choisir sa combinaison 
production (travail et capital) que les élèves doivent productive
pouvoir identifier. Ce travail d’observation conduit
La notion de facteurs de production a déjà été pré-
les élèves à réfléchir aux différentes combinaisons
sentée dans la double page Découvrir. La notion de
productives mises en œuvre, plus ou moins inten-
combinaison productive aura aussi été introduite
sives en travail ou en capital, en raison de la taille
à cette occasion, de même que les expressions
de l’entreprise, de son activité, de l’époque et/ou
« capitalistique », « intensité capitalistique » ou
du lieu de production. Le but est aussi d’amener
« intensive en travail (en capital) ».
les élèves à comprendre qu’au travers de la diver-
sité des entreprises, les contraintes de production
Doc. 1
elles aussi peuvent différer. Ces questions seront
étudiées en Analyse 1 (pp. 62-63). 1. Le facteur travail correspond non seulement à la
quantité de travail utilisée (effectif et/ou temps)
S’exprimer
par l’entreprise, mais il varie aussi au plan qualita-
Cette activité préfigure l’Analyse 1 (pp. 64-67) en
tif, en termes de niveau et de nature de cette qua-
portant les élèves à réfléchir sur les coûts de l’entre-
lification. Le travail peut être plus manuel ou plus
prise, sur l’objectif de maximisation du profit, et en
intellectuel. Il est en outre plus ou moins productif
conséquence sur les manières de réduire les coûts.
pour diverses raisons. En fonction du type d’acti-
S’interroger vité réalisée le facteur travail est très variable : un
Cette activité introduit l’Analyse 2 sur la perfor- ingénieur, un boulanger, un ouvrier du bâtiment,
mance de l’entreprise, sa mesure et les acteurs éco- un médecin n’ont ni le même niveau, ni le même
nomiques concernés. type de qualification.

35
Le facteur capital n’est pas non plus homogène. Combinaison 1 :
Est ici considéré comme facteur capital, le capital (1 000 x 12 x 15) + (25 000 x 2) = 230 000 €
fixe ou tous les biens/moyens de production qui Combinaison 2 : 238 000 € ;
entrent dans le processus de production pour une Combinaison 4 : 240 000 €
durée supérieure à un an (outils, machines, ter-
rains, locaux…) et de natures très diverses selon le 3. La combinaison 1 est préférable car pour la
type de production (exemple : Découvrir p. 60 : un même quantité produite, elle est la moins coûteuse.
four de fusion, un train, une grue ; ces biens d’équi- 4. Avec des salaires supérieurs de 10 %, l’entre-
pements, ou de production, ne sont pas interchan- prise choisit la combinaison 4 (C1 = 248 000 € ;
geables). On parle parfois de capital productif, ou C2 = 252 400 € ; C4 = 246 000 €), car c’est alors
technique, pour le distinguer du capital financier. elle qui offre le coût le plus bas.
2. Description de la photo 3A : nombreuses ouvrières
Doc. 2
(quantité de facteur travail importante, plutôt peu
ou pas qualifié) assises devant des bureaux/établis 1. Voir encadré Définitions p. 62.
(de coutures ?) avec relativement peu de capital Productivité moyenne du travail = 18 ÷ 2 = 9 avec
technique (peu d’outils, de machines) en dehors quantités produites (= 18 quintaux de blé) et quan-
des locaux et de l’immobilier. tités de travail (= 2 travailleurs).
3. On mesure l’intensité de la contribution d’un Productivité marginale du travail = 10 ÷ 1 = 10
facteur de production grâce à la mesure de la pro- avec variation des quantités produites (= 18 - 8) et
ductivité de ce facteur (= efficacité productive de variation des quantités de travail (= 2 - 1).
ce facteur). Voir encadré pour les différents types 2. Représentation graphique :
de productivité et leurs modalités de calcul respec- On pourra pour cette question se servir d’un tableur.
tives. En général, c’est la productivité du travail
qui sert de référence, quand aucune précision n’est La loi des rendements décroissants
faite. La productivité du travail varie en fonction 50
Quantité de blé produite (en quintaux)

47
des quantités et de la nature du capital que le fac- 45
teur travail a à sa disposition. 45

4. Compte tenu d’une époque, d’un lieu et d’un type 40


de production et d’une taille d’entreprise donnée, 39
les différents éléments pris en compte par le pro- 35
ducteur pour choisir sa combinaison productive 30
30
sont respectivement pour chaque facteur : son effi-
cacité (ou productivité) et son coût relatif. L’ob- 25
jectif de toute entreprise étant de produire le plus
possible et/ou de la meilleure qualité possible à 20
moindre coût, cette dernière compare les coûts et 18
15
productivités respectifs de chaque facteur afin de 12
les associer de la façon (dans les proportions) la 10 9,8
10 8 9
plus rentable possible. 8 9 10 9 7,5
8 6
5
ExErcicE 2
0
1. Combinaison 3 à exclure d’emblée car elle 1 2 3 4 5 6
requiert plus de facteur travail que la combinai- Nombre de travailleurs
Quantité de blé
son 2 pour une quantité de facteur capital iden- produite Productivité moyenne du travail
tique, à coûts du travail et du capital eux-mêmes (en quintaux) Productivité marginale du travail
identiques.
2. L’exercice vise à faire prendre conscience aux 3. À partir d’un certain seuil de production (ou
élèves qu’il faut être vigilant à la lecture des énon- d’une certaine quantité de facteurs utilisée), la pro-
cés et aux unités (coût du travail mensuel/per- ductivité marginale du travail devient décroissante
sonne, coût du capital/an). (on dit aussi rendements factoriels décroissants).

36
Graphiquement, cela s’observe quand la producti- logique. On ne peut disposer à une époque donnée
vité marginale (= chaque unité de facteur travail d’un capital technique au-delà de ce que permet le
supplémentaire utilisée) devient inférieure à la progrès technique. Fin xixe siècle, les robots n’exis-
productivité moyenne du travail, ou dit autrement, taient pas, donc pas de production automatisée qui
quand chaque travailleur supplémentaire procure augmente les quantités de capital relativement aux
une quantité de production de plus en plus petite quantités de travail (= combinaison productive fai-
(ou décroissante). Ici, jusqu’au troisième homme, blement capitalistique ou intensive en travail au
la productivité marginale est croissante et logique- xixe siècle versus combinaison productive intensive
ment supérieure à la productivité moyenne. Ensuite en capital ou très capitalistique au xxie siècle, grâce
elle devient décroissante et logiquement inférieure au progrès technique).
à la productivité moyenne. C’est la loi des rende- 3. Le choix de la combinaison productive d’une
ments décroissants, qui rapporte les hausses de entreprise se heurte aux limites suivantes :
quantités produites aux variations d’un facteur de • 1/Le producteur est nécessairement contraint
production donné nécessaire à cette production. En par le niveau technologique donné de l’époque à
général, on retient le facteur travail, car à court laquelle il vit.
terme c’est le facteur dont les quantités varient
• 2/En outre, le coût de ce capital doit être pris en
le plus facilement (le facteur capital étant plus
compte relativement à sa productivité et comparé
fixe, moins mobile). Les rendements factoriels sont
au coût et à la productivité du travail, et plus globa-
décroissants quand les quantités produites aug-
lement à d’autres combinaisons productives moins
mentent moins vite que les quantités de ce facteur
capitalistiques. Cela doit être envisagé, notamment
supplémentaires mises en œuvre. Cette hypothèse
selon les pays dans lesquels on se situe (le coût
est au cœur de la théorie classique et néoclassique.
du capital est beaucoup plus élevé – problème de
4. Le fait qu’un facteur de production augmente disponibilité et de rareté de ce capital – dans les
plus vite que le surcroît de production engendré pays pauvres, et souvent dans ces pays mieux vaut
par l’utilisation de ce facteur supplémentaire tend préférer une combinaison productive plus intensive
forcément à rendre l’augmentation de la production en travail lui-même relativement moins coûteux car
moins rentable à court terme (toutes choses égales plus abondant, surtout pour le travail peu ou non
par ailleurs), car il tend à faire baisser le profit qualifié).
marginal du producteur, puisque progressivement la • 3/À cela, s’ajoute la taille de l’entreprise : une
production va lui coûter de plus en plus chère, pour production peut souvent être d’autant plus capita-
un profit qui augmente, lui, relativement moins listique que l’entreprise est de grande taille. Inver-
vite (écart entre un surcroît de chiffre d’affaires sement, une entreprise de trop petite taille ne peut
inférieur au surcroît de coût de production). accueillir de capital trop important. Exemples : une
chaîne de production ne peut que produire des
Doc. 3
quantités élevées d’automobiles, et demande un
1. Dans l’atelier de production de la photo 3A, espace important. Idem si l’on prend un tracteur
le facteur travail est déjà dense et tous les équi- qui serait inapproprié dans une culture agricole en
pements semblent utilisés par des travailleuses. terrasse avec parcelles de terre réduites. De même,
Augmenter encore le nombre de salariés, sans le type de production autorise un recours plus ou
augmenter le facteur capital (locaux et équipe- moins poussé à des quantités élevées de capital
ments) va vite conduire à des effets de saturation (les artisans joailliers de la Place Vendôme à Paris
et d’encombrements. Il y aura des salariés en trop font un travail artisanal d’art de grande qualité que
qui n’auront pas de capital pour produire et/ou qui seul le travail de l’homme peut faire).
gêneront les salariés déjà en place. Au total, la
productivité du travail baisserait, puisque l’on aug- FairE lE point
menterait les quantités de travail plus que celles-ci Il récapitule les différents critères à prendre en
n’augmenteraient la quantité produite (= producti- compte lors du choix de la combinaison produc-
vité marginale du travail décroissante, c’est l’expli- tive et montre la diversité des entreprises. Ces cri-
citation de la loi des rendements décroissants). tères (taille, lieu, époque, production…) entrent en
2. C’est impossible car il existe une frontière techno- compte dans le choix de la combinaison productive

37
car ils jouent sur l’efficacité et le coût (également lié 2. On pourrait ajouter les coûts de l’énergie néces-
à leurs quantités respectives disponibles de ce fait) saire à la production, ou d’abonnements divers,
des facteurs de production nécessaires. dans les consommations intermédiaires, les locaux,
Critères pris en compte : mais aussi la R & D nécessaire au préalable afin de
concevoir le produit…
• Diversité des entreprises
(taille, type de production) 3. Coûts variables : toutes les consommations inter-
Efficacité médiaires et/ou coûts qui dépendent des quantités
Choix produites.
• Coût des facteurs de la Coûts fixes : les dépenses immatérielles (pub,
Disponibilité combinaison
promo…), les machines et les salaires (si l’on part
productive
• Localisation géographique du principe que ce sont des salariés en contrat à
durée indéterminée ; dans le cas contraire, ils doi-
• Époque vent être considérés comme des coûts variables).

Doc. 2
pages 64-65    B. Connaître ses coûts  1. EADS devrait vendre au moins 420 Airbus A380
de production (au lieu de 151 initialement, du fait des retards de
L’objectif de cette double page est de montrer les production).
raisons de connaître ses coûts pour le producteur 2. Les retards de production conduisent à des coûts
(objectif de rentabilité et maximisation du profit), supplémentaires en termes de pénalités possibles à
et par conséquent leur importance et la distinction payer auprès des acheteurs (rupture de contrats sur
de ceux-ci afin de mieux savoir lesquels réduire et les délais), mais aussi en terme de frais de stockage
comment (cf. pp. 66-67). pour les intrants non utilisés dans les délais prévus.
Ce peut être enfin des contrats de travail à durée
Doc. 1 limitée à prolonger, renouveler, ou réaliser.
1. Entrent dans le coût de production : Coûts maté- 3. Le risque encouru est de ne pas être rentable, si
riels : les salaires, le cuir, le textile, les machines, moins de 420 appareils sont vendus. Dans tous les
les coûts de transport, les frais de douane + Coût cas, dans la mesure où le seuil de rentabilité est
de dépenses de publicité, de promotions, et plus relevé, cela retarde automatiquement l’apparition
globalement de distribution. des profits.

ExErcicE

1. 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200

Recettes totales 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950 1 000

Recette moyenne 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5

Coûts variables 300 330 360 390 420 450 480 510 540 570 600

Coûts fixes 300 300 300 300 300 300 300 300 300 300 300

Coût moyen 6 5,72 5,5 5,3 5,14 5 4,87 4,76 4,66 4,57 4,5

Coût total 600 630 660 690 720 750 780 810 840 870 900

Résultat net - 100 - 80 - 60 - 40 - 20 0 + 20 + 40 + 60 + 80 + 100

2. Coût moyen décroissant car l’augmentation des quantités produites réduit le coût fixe unitaire.
3. Non, tant que le résultat net est négatif, l’entreprise n’a pas intérêt à produire. Dit autrement, en deçà
de 150 unités, production non rentable, perte et non bénéfice.

38
4. et 5.
Mise en évidence du seuil de rentabilité
1 200
Recettes et coûts (en euros)

1 000 RT
CT
800

600 Cv

400
CF
200

0
100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200
Quantités (en milliers)

On constate bien le croisement des courbes de pages 66-67    C. Réduire les coûts 


recette totale et de coût total. À partir de 150 sty- pour accroître les profits
los vendus, Parkman devient rentable. La recette
Cette double page s’inscrit dans une perspective de
totale devient supérieure au coût total. plus long terme, où les deux facteurs de produc-
Aire comprise entre courbe de coût total (CT) et tion sont variables. L’entreprise peut donc changer
recette totale (RT) : sa combinaison productive. Elle présente quelques
– avant 150 = zone de pertes car CT > RT solutions de réduction des coûts actuellement mises
– à partir de 150 unités = zone de bénéfices car en œuvre par les entreprises et permet notamment
RT > CT de faire le lien entre coût et productivité comme vu
précédemment (cf. doc. 1 p. 62)
Doc. 3
Doc. 1
1. La hausse de la demande entraîne une hausse du
prix. 1. Dans le secteur des NTIC, les dépenses de R&D
représentent des coûts fixes importants. À cela
2. Inversement, la productivité marginale est
s’ajoutent aussi les licences, les infrastructures,
décroissante à mesure que de nouvelles terres sont
comme citées dans le texte pour les activités de
mises en culture, car les terres sont de moins en
services de téléphonie mobile.
moins fertiles (on commence par utiliser les plus
fertiles = les plus productives). 2. Notion d’économies d’échelle = c’est la baisse du
3. Idée que l’on ne maximise pas forcément son coût moyen unitaire (ou coût total unitaire) induite
profit en produisant plus (cf. du fait de la producti- par l’augmentation des quantités produites. Les
vité marginale décroissante ; cf. loi des rendements coûts fixes sont répartis sur de plus grandes quanti-
décroissants p. 63 ; cf. « s’agrandir à tout prix… tés de production (baisse du coût fixe unitaire).
sans que cela se révèle particulièrement rentable » 3. Pour toutes les activités qui comprennent des
dans le texte). coûts fixes importants. Exemple : les activités à
Maximisation du profit quand Recette marginale fort contenu d’innovations (dépenses de R&D), les
= Prix de vente = Coût Moyen = Coût marginal (en activités qui nécessitent d’importantes infrastruc-
CPP) (cf. exercice p. 74). tures…
• Prolongement possible : Comment augmenter la
FairE lE point
production ? (en augmentant la taille de l’entre-
Risque tout d’abord de travailler à perte. Risque prise) Croissance interne et/ou stratégies de concen-
ensuite de ne pas maximiser son profit en produi- tration (dont horizontale) possibles peuvent ici être
sant trop ou trop peu. utilement abordées.

39
Doc. 2 Doc. 4
Motivation fondée sur de bas coûts de main-d’œuvre 1. Le recentrage consiste à concentrer son activité
car l’activité textile peut être intensive en travail sur ce que l’entreprise sait le mieux faire et ce qui
peu qualifié. Le coût du travail horaire dans l’indus- est le plus rentable. On parle du cœur de métier de
trie textile est par exemple environ 10 fois (30 ÷ 3) l’entreprise. On se recentre sur son cœur de métier
moins élevé au Maroc ou plus de 40 fois moins au (souvent accompagné de la tendance au down-
Viet Nam (30 ÷ 0,75) qu’en France, en 2008 (cf. sizing), et l’on fait faire à d’autres entreprises les
Calculs de cœfficients multiplicateurs p. 390). autres activités moins rentables. C’est le processus
d’externalisation.
2. Tant que l’écart de productivité du travail horaire
est supérieur à l’écart de coût du travail horaire, ce 2. Recentrage/externalisation : c’est le fournis-
choix demeure judicieux (toutes choses égales par seur qui doit endosser les questions de variations
ailleurs, par exemple à condition que la qualité n’en d’activité et les coûts qu’elles provoquent (notam-
pâtisse pas). ment en termes de stocks, d’investissement…) et
3. Dans un avenir plus ou moins proche, ce choix non plus l’entreprise en question. En outre, dans
risque de ne plus être judicieux car le coût du tra- la mesure où chaque entreprise se spécialise, elle
vail augmente avec le développement économique est plus productive car plus compétente dans son
des pays (comme c’est le cas de la plupart des pays, métier. Ensuite, les quantités produites par chaque
et tout particulièrement de ceux qui accueillent des entreprise spécialisée (recentrée) dans un type de
IDE). En outre, on peut aussi imaginer qu’une inno- produits sont plus importantes et permettent de
réaliser des économies d’échelle (cf. les équipemen-
vation en capital intervienne et rende la production
tiers automobiles, qui de plus se sont fortement
beaucoup plus efficace dans le pays d’origine, à un
concentrés horizontalement et les constructeurs
coût moindre finalement. Les avantages concurren-
automobiles).
tiels des pays sont donc dynamiques.
Enfin, comme la sous-traitance se réalise auprès
Doc. 3 d’entreprises parfois plus petites, moins connues,
où les salariés sont moins bien protégés (syndicats
1. Question qui demande de réutiliser la notion de
moins puissants et conventions collectives moins
productivité et sa mesure (cf. réponse à la ques-
favorables) et disposent de conditions salariales
tion 3 doc. 1 p. 62). La productivité du travail n’est
moins favorables, le coût du travail est moins élevé.
qu’apparente. Celle-ci intègre en fait la quantité/
qualité de capital à disposition de la main-d’œuvre. 3. Économies de coûts sur le facteur capital car réa-
Des machines plus nombreuses et/ou plus perfor- lisation d’économies d’échelle : équipements/biens
mantes permettent de produire de plus grandes de production et quantités produites. Économie de
quantités par unité de travail. coût sur le facteur travail : meilleure connaissance
du métier par l’entreprise = meilleure spécialisa-
2. Question d’organisation du travail et de gestion
tion, meilleure organisation du travail = meilleure
de la main-d’œuvre. On peut par exemple gagner en
productivité.
productivité en faisant disparaître les temps morts,
en divisant le travail, en introduisant plus de poly- 4. Cf. la notion de seuil de rentabilité. Les baisses
valence, en travaillant sur objectifs, avec indivi- de coûts permettent à l’entreprise de devenir plus
dualisation de la rémunération, en augmentant la rapidement rentable.
part des contrats à durée limitée… 5. Il faut interroger ce modèle d’avenir de l’entre-
3. Comme pour la question 1 : rappel et travail sur prise sans usine : Qui produit ? Quel est le rôle de
la notion de productivité du travail et sa mesure. l’entreprise : « création de valeur » uniquement ?
Les gains de productivité (ici du travail) permettent La masse salariale n’est-elle pas aussi en partie un
de réduire les coûts de production dans la mesure déterminant de la demande ? etc.
où l’on produit les mêmes quantités avec moins de
facteurs, où on produit plus avec la même quantité
de facteurs : le dénominateur augmente moins vite
que le numérateur. Les facteurs de production repré-
sentent un coût (les salariés sont rémunérés !).

40
FairE lE point
Modalités de baisse de coût Avantages recherchés
Hausse de la production/hausse de la taille Économies d’échelle
de l’entreprise (on peut notamment parler de
concentration horizontale aux élèves cf. doc 1 & 4)
Délocalisation/hausse de la productivité Baisse du coût du travail unitaire
Externalisation Les deux avantages précédents associés

pages 68-73   AnAlyse 2 Doc. 2


Comment évaluer la performance   1. Charges = coûts.
de l’entreprise ? 2. Les salaires appartiennent aux charges car ce sont
des dépenses, donc des coûts de production pour
pages 68-69    A. Suivre l’activité  l’entreprise.
de l’entreprise
3. Le prix d’acquisition d’une machine est réparti
L’objectif est ici de donner aux élèves une représen- sur plusieurs années car l’usage de la machine
tation simplifiée des deux documents comptables s’étale sur plusieurs années : il serait donc anor-
fondamentaux afin qu’ils en comprennent non seu- mal d’affecter cette dépense sur une seule année. À
lement les principes de construction mais en per- relier à la notion d’amortissement.
çoivent aussi l’intérêt.
4. Il est utile de distinguer entre ce qui relève de l’ac-
Doc. 1 tivité statutaire de l’entreprise (production de biens
et services non financiers, sauf pour les organismes
1. Pour les actionnaires : lien entre résultats de de crédit et assurances) et ce qui relève d’opérations
l’entreprise et dividendes versés. financières ou exceptionnelles qui ne sont pas des
Pour les investisseurs potentiels (= futurs action- éléments courants de son exploitation (les charges
naires) : savoir s’il est intéressant d’acheter des d’exploitation, elles, sont classées par nature). Dans
actions au vu de la performance de l’entreprise et les pays anglo-saxons, par convention, le classement
de sa capacité à dégager des profits (pour partie de des charges est réalisé par fonctions – ou destinations
futurs dividendes). – (production, commercialisation, administration).
Pour les prêteurs (banques) : savoir si on prête ou
non, et si oui quel montant et à quel taux selon que
5. Résultat d’une entreprise = différence entre les
l’entreprise est solvable ou non (capacité à rem- produits et charges = bénéfice (+) ou perte (-).
bourser ses dettes avec ses actifs).
Doc. 3
Pour les clients et fournisseurs : connaître l’impor-
tance et la solidité de son activité, connaître ainsi 1. Le bilan décrit et estime le patrimoine de l’en-
sa fiabilité pour passer contrats avec elle. treprise, à une date donnée. C’est un « inventaire
Pour des repreneurs éventuels : évaluer la valeur de des droits (actifs) et obligations (dettes) de l’en-
l’entreprise, connaître son passé en terme d’activité treprise » (Bernard Colasse). À l’inverse, le compte
et de choix opérés. de résultat récapitule l’activité de l’entreprise au
Pour les salariés : faire le lien entre activité, profit cours d’un exercice (ou période) au travers des dif-
et rémunération des salariés (salaires, participa- férents flux qu’elle a générés. Le résultat (positif
tion/intéressement…). ou négatif) engendre une variation de la valeur du
Pour l’État : calculer l’impôt (montant, droit d’exo- patrimoine (cf. bilan) au cours d’une période.
nération/déduction…) à partir des données com- 2. La comptabilité en double partie (deux colonnes)
muniquées (ex. : résultat net et impôts sur les est par convention équilibrée, comme deux pla-
bénéfices…). teaux d’une balance (bilan en italien : bilancio
2. Sans convention, ni standards de présentation, = balance, cf. Luca Pacioli p. 79).
illisibilité de la comptabilité de l’entreprise et impos- 3. Afin de connaître le montant des capitaux
sibilité de comparer les données entre entreprises. propres, c’est-à-dire des ressources propres de l’en-

41
treprise ou situation nette, c’est-à-dire encore l’in- Doc. 2
vestissement initial des actionnaires + les apports
1. En 2008, Hymer France a réalisé des pertes
ultérieurs éventuels + les bénéfices non distribués
(résultat net négatif) pour un montant de
(laissés à disposition de l’entreprise pour financer
4 150 000 euros. Alors que les charges s’élevaient à
son développement) + éventuellement le résultat
47,563 millions d’euros, les produits (toutes caté-
net après impôt de la dernière période (si non encore
gories confondues) ne s’élèvent qu’à 43,413 mil-
distribué et laissé en réserves). Pris en sens inverse :
lions d’euros, ce qui engendre un résultat net
afin de savoir si les dettes sont supérieures à l’actif,
négatif (cf. encadré 1 p. 69), encore appelé pertes,
auquel cas l’entreprise est en dangereuse situation.
de 4,150 millions d’euros.
4. Le capital social figure au passif car dans la
colonne de droite figurent les sources de finan- 2. Entre 2006 et 2008, les pertes passent de
cement en fonction de leur origine (tandis qu’en 0,952 million d’euros à 4,150 millions d’euros,
colonne de gauche figurent les actifs à financer). soit une multiplication par 4,36. La situation se
Le capital social (apport des actionnaires) est bien dégrade donc au fil des années.
une ressource du financement de l’entreprise. Il 3. Non, la baisse d’activité chez Hymer date d’avant
peut de ce fait être considéré comme une obliga- 2008 : on constate une dégradation des ventes de
tion, vis-à-vis des propriétaires à qui l’on doit non produits finis, au fil des années, qui passent de
seulement le montant de leur apport, mais aussi 50,225 millions d’euros en 2006 à 41,782 millions
indirectement une part des résultats de l’entreprise d’euros en 2008, soit une baisse de près de 17 %.
(dividendes distribués) au titre de revenu de leur Les pertes croissantes constatées au fil des ans ne
apport, de même que les intérêts versés rémunèrent sont donc pas uniquement imputables aux diffi-
les emprunts auprès des institutions financières. cultés conjoncturelles de l’année 2008 (cf. doc. 1
question 1).
FairE lE point
4. La baisse des ventes de produits finis se répercute
Le bilan chiffre et détaille le montant du patri- sur les achats de matières premières, qui passent de
moine à une date donnée : c’est donc une « photo » 40,678 millions d’euros en 2006 à 33,957 millions
(un instantané). Le compte de résultat synthétise d’euros en 2008 (baisse de 16,5 %).
les opérations de charges et produits effectuées On pourra ainsi faire réfléchir les élèves sur la
tout au long de l’année : c’est donc un « film » dégradation de la conjoncture économique comme
(au sens figuré, une succession d’événements). À enchaînements de ralentissement/baisse de
relier aux notions de stock/flux. demande entre différentes entreprises puis secteurs
d’activités.
pages 70-71    B. Déchiffrer les documents  5. Alors que la baisse d’activité engendre une com-
comptables d’une entreprise pression de personnel, cette baisse du nombre
Cette double page est une illustration de la double de salariés ne fait pas diminuer à court terme le
page précédente et vise à faire appliquer à l’étude montant du poste « salaires et charges sociales »
d’un cas réel les connaissances générales précé- (qui passe de 8,859 millions d’euros en 2006 à
demment étudiées par les élèves. 9,645 millions d’euros en 2008) car il faut verser
dans l’immédiat des indemnités et primes de licen-
Doc. 1 ciement, ce qui dégrade encore le résultat de l’en-
1. Baisse de la demande de véhicules de loisirs treprise en fin d’exercice.
(VDL) pour des raisons conjoncturelles : ralentisse-
ment de la croissance et chômage, d’où inquiétude Doc. 3
face à l’avenir (et à l’évolution du pouvoir d’achat) 1. Pour faire face aux difficultés rencontrées et
+ hausse du prix des carburants alors que les VDL assurer sa trésorerie, Hymer est obligée d’emprun-
consomment beaucoup de carburant. ter auprès d’organismes financiers. Son endette-
2. Dans un premier temps, la production conti- ment financier passe de 9,467 millions d’euros fin
nue, car les commandes de consommations inter- 2007 à 17,903 millions d’euros fin 2008, soit une
médiaires sont déjà engagées. En conséquence, augmentation de [(17,903 – 9,467) ÷ 9,467] x 100
constitution de stocks de produits finis. = 89 %.

42
2. Non : en 2008, réserves et provisions (3 454 000 €) porelles (brevets, licences, fonds de commerce :
ne comblent pas les pertes (4 150 000 €). 314 000 euros) mais cette vente demandera plus de
3. Situation nette négative : total de l’actif temps et sera de toutes façons insuffisante pour
(37 498 000) - dettes (37 884 000) = - 386 000 euros couvrir les 37,884 millions d’euros.
(cf. doc. 3 question 3 p. 69). Si les créanciers
FairE lE point
(fournisseurs, État, organismes sociaux) venaient
à exiger le remboursement intégral des dettes, le Les conditions d’une survie possible d’Hymer :
montant total des actifs n’y suffirait pas. – économiques : reprise de l’activité économique
On pourra faire constater par ailleurs que les actifs conjuguée avec une forte demande de VDL ; sou-
réalisables à court terme (colonne actif : créances tien de la maison-mère allemande par un trans-
17 253 000 + liquidités 342 000 = 17 595 000) fert de production en France et/ou le lancement
ne couvrent même plus les dettes d’exploitation de nouveaux modèles et/ou diversification dans
(colonne passif : dettes fournisseurs 16 960 000 des activités connexes.
+ dettes fiscales et sociales 3 021 000 = 19 961 000).
– juridiques : jugement du tribunal de commerce
Même si les banques continuaient de faire confiance
en faveur d’un redressement judiciaire et d’un
à l’entreprise, celle-ci ne pourrait payer les dettes
plan de redressement permettant une poursuite
exigibles à court ou moyen terme, ce qui augure
mal de la poursuite de l’exploitation.
de l’activité ou la cession à une autre entreprise
(autre constructeur de VDL plus grand et/ou plus
Doc. 4 diversifié qui aurait pu racheter et redresser l’en-
treprise en l’intégrant dans sa structure).
1. Cette question permet de mettre en évidence un
scénario de défaillance d’entreprise, encore appelée – financières : intervention financière (apport
couramment faillite alors que ce terme est réservé de capitaux) de la maison-mère pour renflouer
depuis plus de 40 ans au cas de faillite personnelle, Hymer-France (si elle en avait les moyens) ; sou-
procédure sanctionnant le dirigeant d’une entre- tien financier des banques qui transformeraient
prise qui aurait notamment poursuivi abusivement leurs dettes en apport de capital (d’où augmen-
une exploitation déficitaire alors qu’elle ne pouvait tation du capital social et diminution corol-
conduire qu’à la cessation des paiements. laire des dettes financières) mais risque pour les
Hymer-France suit le cheminement suivant : actionnaires actuels de devenir minoritaires et de
Baisse des ventes de VDL    Résultat pluriannuel perdre le pouvoir.
négatif    Impossibilité de rembourser ses dettes
  Absence d’aide (apport de fonds) de la mai-
pages 72-73    C. Dépasser les limites 
son-mère allemande    Déclaration de cessation
des documents comptables
de paiement par dépôt de bilan (le dirigeant four-
nit au greffe du Tribunal de commerce l’état de sa Cette double page vise à relativiser la vision pure-
comptabilité)    Ouverture d’une procédure judi- ment comptable de l’entreprise en montrant qu’une
ciaire   Jugement de liquidation judiciaire immé- entreprise ne se limite pas à des résultats financiers.
diate (au vu des comptes présentés, le Tribunal n’a
Doc. 1
pas jugé opportun un redressement judiciaire avec
poursuite de l’activité)    Cessation d’activité 1. La dimension sociale et la dimension environne-
(arrêt de la production)    Vente des actifs de l’en- mentale sont occultées par la comptabilité.
treprise en vue de rembourser (partiellement ici) les 2. Les difficultés tiennent à la mesure de ces
créanciers. dimensions : la nature pluridimensionnelle et
2. Dans l’immédiat, le remboursement des dettes composite d’une part, mais aussi plus qualitative
sera très partiel : la valeur des outils, machines que quantitative d’autre part, de chacune de ces
et matériel (820 000 euros) est nettement infé- dimensions rend cette évaluation de la perfor-
rieure au montant des dettes qui sont à minima mance de l’entreprise plus délicate à mesurer. En
à 19 961 000 euros (cf. doc. 3 question 3). NB : outre, se pose la question des externalités (posi-
les créanciers pourraient encore espérer de la tives et négatives) dans le domaine social, et sur-
vente des bâtiments et des immobilisations incor- tout environnemental, de l’activité de l’entreprise

43
qui rend cette évaluation d’autant plus difficile et/ liorant de ce fait le bilan social, mais pas la sécu-
ou incertaine. rité au travail dans l’entreprise !
3. Toutefois, la prise en compte par les entreprises
Doc. 3
de ces dimensions sociale et environnementale
devient essentielle dans un contexte où la société 1. Le bilan carbone prend en compte l’ensemble des
est de plus en plus sensible à ces questions. Les émissions générées directement ou indirectement
actionnaires/prêteurs sont aussi des citoyens, des par l’activité de l’entreprise. Il ajoute non seule-
consommateurs… ment toutes les émissions de l’entreprise considé-
rée, mais aussi celles des activités en amont et en
aval de son activité et nécessaires à cette dernière
Doc. 2
(transports, fournisseurs, distributeurs, fin de vie
1. Le bilan social concerne de manière directe les du produit…).
salariés.
2. La connaissance du bilan carbone par une entre-
2. Pour les entreprises, le bilan social peut être prise peut lui permettre de mettre en œuvre une
utile afin d’améliorer l’information sur la sécurité, démarche plus responsable et efficace en terme
la santé ou l’hygiène sur ses sites (rappeler qu’il de politique énergétique : économies d’énergie
existe déjà dans les grandes entreprises un CHSCT, par changement des comportements, adoption de
comité hygiène sécurité et conditions de travail). nouvelles méthodes de production plus économes,
Cela peut aussi lui permettre d’adopter une poli- utilisation de ressources énergétiques alternatives
tique de gestion des ressources humaines plus moins émettrices de CO2.
rigoureuse et efficace par la connaissance de la
structure par âge de ses salariés, leur qualification, Doc. 4
leur potentiel, leur niveau de satisfaction, etc. 1. Le cycle de vie du produit regroupe l’ensemble
L’entreprise peut peut-être aussi mieux envisager des activités liées à ce produit, depuis la concep-
sa stratégie productive en termes de virage tech- tion et fabrication du produit jusqu’à son recyclage
nologique possible, de transformation de sa combi- après utilisation.
naison productive, etc.
2. Le bilan carbone est réducteur : il ne prend en
La publication de ces informations (si les résultats
compte que la pollution, et seulement la pollution
sont positifs, sinon elle devra au préalable amélio-
induite par les gaz à effet de serre (GES), alors
rer ses performances dans ce domaine) lui permet
que les atteintes environnementales (externalités
enfin de communiquer en terme d’image de marque
négatives) sont multiples : pollutions autres que
et de notoriété (cf. « entreprise citoyenne »).
par GES, problèmes sur l’écosystème, etc.
3. Amélioration de l’hygiène, santé, sécurité,
3. Pour une bouteille d’eau minérale, la mesure des
conditions de travail (cf. question 2), améliora-
GES équivalent CO2 devra intégrer les différentes
tion de la démocratie dans l’entreprise grâce à la
activités suivantes : exploitation de la source,
qualité des relations et à la circulation de l’infor-
embouteillage, empaquetage, transport, distribu-
mation entre direction/syndicats/salariés en tous
tion, consommation, recyclage, ainsi que les acti-
sens, orientation des choix de politique salariale
vités de fabrication des emballages eux-mêmes
et sociale…
(fabrication de la bouteille en plastique et des films
Attention : au même titre que l’entreprise peut plastiques d’emballage, étiquettes d’emballage).
contourner les normes comptables ou déjouer cer-
taines conventions comptables pour améliorer la FairE lE point
présentation de ses résultats, elle peut faire de
1. Le Rapport annuel développement durable est
même avec le bilan social ! Exemple : les accidents
centré comme son nom l’indique sur le dévelop-
du travail ne sont comptabilisés que si l’arrêt est
pement durable, c’est-à-dire l’activité économique
supérieur à 24 heures ; ainsi, des ouvriers ayant
eu un accident sur un chantier sont mis dans un
de l’entreprise en lien avec les questions d’envi-
bureau le temps de pouvoir récupérer plutôt que ronnement et les questions sociales.
d’être mis en arrêt de travail ; le nombre d’accidents 2. Lafarge met en valeur ses initiatives et résultats
du travail avec arrêt répertoriés baisse donc, amé- en termes écologiques (GES, énergies alternatives

44
aux énergies fossiles, empreinte hydrique, bio- Lafont, PDG de Lafarge ? R : Baisse des émissions
diversité, émission de polluants divers…) mais de CO2, sécurité ; dialogue avec les communautés
aussi sociaux (dialogue social, santé et sécurité, locales renforcé, effets d’entraînement sur les autres
actions locales extra-entreprises…) avec mise entreprises locales et/ou du secteur.
en évidence de partenariats notamment avec des
b. Quel est le taux de fréquence d’accidents du
ONG comme WWF.
travail avec arrêt en 2010 (accidents avec arrêt
Conclusion paradoxale entre des efforts et des pour un million d’heures travaillées) ? Quel était-
résultats certains des entreprises en matière de il en 2009 ? R : 0,76 contre encore 0,98 en 2009.
développement durable, mais des stratégies qui
vont aussi dans le sens d’une amélioration de la c. Quelle est la part des effectifs salariés de
performance financière par le contournement Lafarge externalisés ? R : 30 % (et en hausse).
de ces normes sociales et environnementales Les effectifs de Lafarge ont-ils, eux, augmenté en
(notamment en matière de choix de localisation 2010 ? R : Réduction d’effectif de 3 %.
par exemple, ou, parfois, une apparence environ-
nementale et sociale de leur activité plus qu’elle d. Quelle est la part des sites au plan mondial
n’est réelle ; cf. question 3 doc. 2). ayant connu un audit environnemental de moins
de 4 ans en 2009 ? R : 89 %.
Lafarge, comme toutes les entreprises connues
et cotées en bourse, soigne ainsi son image de e. Avec quelle association attachée à l’environne-
marque, auprès de la demande comme auprès des ment, Lafarge a-t-elle noué un partenariat et quel
actionnaires, chacun étant citoyen au-delà de son objectif en particulier poursuit-elle avec cette
activité de production et financière. ONG ? R : WWF et réduction des polluants persis-
Des progrès indéniables sont effectivement accom- tants.
plis en matière environnementale et sociale, ils vont f. Quels sont les domaines auxquels elle désire
dans le sens des intérêts financiers et économiques porter attention ? R : Changement climatique,
de l’entreprise. Action proactive des entreprises polluants persistants, consommation d’eau, biodi-
bien souvent qui devancent la norme publique (cf. versité, construction durable. Slogan 2009 : « The
NRE et rapport annuel développement durable). low carbon economy : it’s time to start building »
Aujourd’hui, il y a une tendance à la convergence = « il est temps de construire une économie à faible
accrue des intérêts. Cependant, parallèlement, tout impact en carbone », avec une hausse de l’utilisa-
comme le contournement des normes comptables, tion de ressources énergétiques alternatives.
le contournement des normes sociales et environ-
nementales est possible, et/ou il y a une pression g. De combien Lafarge a-t-elle réduit les émissions
sur les gouvernements pour leur allégement, ainsi nettes de CO2 par tonne de ciment depuis 1990 ?
que l’exploitation en leur faveur des différences ter- R : 21,7 % par rapport à 1990.
ritoriales en matière réglementaire dans le choix h. Comment se répartissent les effectifs du groupe
d’implantation des entreprises (FTN). géographiquement ? R : 34,9 % en Europe et Amé-
rique du Nord, dont 20,4 % en Europe et 61,5 %
Proposition de questionnaire sur le contenu
dans les pays émergents (p. 16).
du rapport annuel développement durable
de Lafarge i. Dans quel domaine, Lafarge a-t-elle le plus
Consulter le rapport développement durable 2010 investi en matière de formation ? R : santé et sécu-
de Lafarge à l’adresse suivante http://www.lafarge. rité pour 38 % du total de la formation (p. 19).
fr/05042011-publication_sustainable_develop- j. Quelle est la part des plus de 50 ans parmi
ment-Sustainable_report_2010-fr.pdf et recher- les salariés Lafarge et celle des femmes dans les
cher les informations répondant aux questions postes de cadres ? R : 20 % des effectifs ont plus de
suivantes : 50 ans et 13,5 %, soit moins de 20 % de femmes
a. Quels sont les objectifs réalisés en matière parmi les cadres qui est l’objectif fixé à atteindre
de développement durable en 2010 pour Bruno d’ici 2012.

45
page 74   vers le BAc
Sujet : coûts et maximisation du profit
1. à 6.
Q CT Prix CM Cm Rm RT RM Profit total
1
2 11,1 7,9 5,6 15,8 7,9 4,7
3 15,6 7,9 5,2 4,5 7,9 23,7 7,9 8,1
4 19,9 7,9 5,0 4,3 7,9 31,6 7,9 11,7
5 24 7,9 4,8 4,1 7,9 39,5 7,9 15,5
6 28 7,9 4,7 4 7,9 47,4 7,9 19,4
7 32 7,9 4,6 4 7,9 55,3 7,9 23,3
8 36,1 7,9 4,5 4,1 7,9 63,2 7,9 27,1
9 40,4 7,9 4,5 4,3 7,9 71,1 7,9 30,7
10 44,9 7,9 4,5 4,5 7,9 79 7,9 34,1
11 49,8 7,9 4,5 4,9 7,9 86,9 7,9 37,1
12 55,1 7,9 4,6 5,3 7,9 94,8 7,9 39,7
13 60,9 7,9 4,7 5,8 7,9 102,7 7,9 41,8
14 67,3 7,9 4,8 6,4 7,9 110,6 7,9 43,3
15 74,4 7,9 5,0 7,1 7,9 118,5 7,9 44,1
16 82,3 7,9 5,1 7,9 7,9 126,4 7,9 44,1
17 91 7,9 5,4 8,7 7,9 134,3 7,9 43,3
18 100,7 7,9 5,6 9,7 7,9 142,2 7,9 41,5
19 111,4 7,9 5,9 10,7 7,9 150,1 7,9 38,7

Maximisation du profit
12
Coûts

Cm
10

8
RM
6
CM
4

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Quantités (en milliers)

7. Pour 10 000 unités produites, CM = Cm.


8. À ce niveau de production, croisement des courbes de CM et Cm au minimum du CM. Logique, car tant
que Cm < CM, baisse de la courbe de CM. À partir du moment où Cm > CM, la courbe de CM croît.
9. À 16 000 unités produites, Cm = Rm = prix de vente.
10. À 16 000 unités produites, rectangle sur le graphique qui a pour largeur le segment entre CM et prix de
vente (= Cm) et pour longueur les quantités produites et vendues.

46
À ce niveau de production, l’entreprise maximise fiques, elle a racheté des actions pour faire monter
son profit car l’aire est la plus grande qui soit gra- la valeur de son titre, etc. En outre, Enron avait
phiquement. partie liée avec les sociétés d’audit de ses comptes
11. Explication : Si hausse de la production au-delà et avec les agences de notation puisque ces mêmes
de 16 000 unités, baisse du profit puisque la pro- sociétés participaient au montage financier et
duction d’une unité supplémentaire qui va coûter comptable d’Enron et qu’elle rémunérait pour cette
plus chère qu’elle ne sera vendue (Cm > prix de activité (conflit d’intérêts). Ces pratiques et dys-
vente) ; si production en deçà de 16 000 unités, fonctionnements qui se sont développés invitent
possibilité persistante pour l’entreprise d’augmen- certains à parler d’économie du mensonge (Gauron,
ter encore son profit car coût de production d’une 2002), et des effets de bilan aux conséquences
unité supplémentaire inférieur au prix de vente (Cm négatives sur les économies réelles.
< prix de vente). 2. Enron a ainsi opéré pour apparaître florissante/
À 16 000 unités, on a bien le profit maximum performante en terme de résultat et de patrimoine
(= 44 100 euros). et donc être attractive pour les actionnaires. Il était
dans l’intérêt des managers d’agir ainsi, ceux-ci
Précision : dans le tableau, les données peuvent jouant leur poste et leur rémunération (elle-même
laisser penser que dès 15 000 unités le profit est liée en partie à la valeur de l’action).
maximum. Cela tient au fait que l’on a « arrondi »
les résultats dans le but de simplifier l’exploitation
3. Le cabinet d’audit Andersen aurait dû identifier
les défaillances d’Enron ainsi que les manipulations
des données. Mathématiquement, il n’y a qu’un seul
comptables (mais il avait contribué à les mettre
point où Cm = prix de vente (= un seul point pour
en place !) puisque son activité consiste à contrô-
le croisement des courbes sur la partie croissante
ler les documents comptables des sociétés pour les
de la courbe de Cm), et donc qu’une seule quantité
certifier. Le problème est que les mieux à même de
possible où le profit est maximum.
contrôler la comptabilité des entreprises sont ceux
qui s’y connaissent le mieux et qui par conséquent
ont des activités comptables et financières parallèles
page 75   vers le BAc pour ces mêmes entreprises (conflits d’intérêts).
Les dérives possibles de la comptabilité 4. Le capitalisme actionnarial correspond à un
financement des entreprises majoritairement effec-
Intérêt de cet exercice en terme de connaissances : tué sur les marchés financiers par émission d’ac-
montrer que la comptabilité n’est pas figée, qu’elle tions. Ce type de financement donne le pouvoir aux
évolue, et est spatio-temporellement indexée ; mais actionnaires (shareholders) puisque d’eux dépen-
aussi montrer que les résultats comptables peuvent dent les ressources de l’entreprise pour mener son
être manipulés, que tout est affaire de conventions activité. En conséquence, la satisfaction de ces
et que ces conventions comptables donnent sans actionnaires devient première dans les objectifs
cesse lieu à des interprétations différentes qui per- des entreprises, ce qui rend les dirigeants prêts à
mettent de les contourner et de modifier les résul- tout pour les attirer sur un marché concurrentiel
tats comptables de l’entreprise. (cf. corporate governance). La création de valeur
1. Enron a créé des sociétés satellites afin de dis- (maximisation de la valeur actionnariale ou share-
simuler son niveau d’endettement, alors qu’inver- holder value) et l’affichage de taux de rentabilité
sement, elle a surévalué le montant de ses actifs financière (retour sur investissement des capitaux
(exemples : le problème d’évaluation des immo- propres) élevés deviennent les objectifs prioritaires
bilisations incorporelles comme les brevets : que des managers de ces entreprises avec incitation à
vaut un brevet et que vaut-il encore après des l’endettement, à la réduction des coûts… et à des
années alors que de nombreuses innovations sont pratiques comptables frauduleuses.
apparues depuis ? Mais aussi quelle est la valeur 5. En conséquence, les entreprises vont chercher à
des actifs acquis lors des fusions acquisitions, cf. améliorer la présentation de leurs résultats comp-
« goodwills »). Enron a fait des montages financiers tables. Afin d’avoir de fort taux de rentabilité finan-
de prêts en cascade pour monter des opérations cière, elles s’endettent à l’extrême (pour bénéficier
de fusion-acquisition qui apparaissent très béné- de forts effets de levier), font des montages finan-

47
ciers (ingénierie financière) reposant sur différents chiffre », des tentatives de réduction des conflits
avantages notamment fiscaux, quitte à dissimuler d’intérêts entre les différents acteurs, notamment
ces multiples opérations dans des opérations hors avec les firmes d’audit et agences de notation, ainsi
bilan, et autres sociétés. qu’un contrôle accru des firmes (établissement de
6. La comptabilité, comme objet de conventions standards d’audit, de contrôle de qualité, d’éthique,
et instrument de contrôle juridiquement insti- d’indépendance, de procédures disciplinaires et
tutionnalisé, est ainsi le meilleur moyen de faire sanctions possibles à leur encontre).
apparaître les anomalies comptables, les pratiques 9. Les comptes « vrais » sont des comptes certifiés
douteuses, et les problèmes de performance/ par des organismes indépendants, en référence à
défaillance de l’entreprise. des normes émises par des instances légitimes au
7. Enron n’a pas été la seule entreprise à se livrer sein d’un système capitaliste. La vérité comptable
à cette activité frauduleuse de « créativité comp- est donc celle en laquelle on peut a priori avoir
table » (ex. : Ahold, WorldCom, Tyco, Xerox, Vivendi confiance. C’est uniquement cela.
Universal, Parmalat, France Telecom, etc). En effet, puisque la comptabilité est affaire de
8. De nouvelles lois sur la régulation financière convention, il n’y a de vérité qu’à l’intérieur de ces
apparaissent (ex. : LSF = Loi sur la Sécurité Finan- conventions, par essence arbitraires. À chaque sys-
cière en France en 2003, loi Sarbanes-Oxley aux tème de conventions, correspond une vérité.
États-Unis en 2002). Elles visent à renforcer la Cette question est le moment d’une réflexion avec
transparence et les contrôles des données comp- les élèves sur ce que l’on voit et connaît du monde
tables. Parmi ces mesures, on trouve un renforce- économique (et social), qui n’apparaît que grâce à
ment des autorités de régulation financière (AMF, des grilles d’observation, et donc à des opérations
SEC, FSA…), des engagements personnels renforcés de classement, que l’on a choisies et qui condition-
du PDG sur l’authenticité des données comptables, nent notre vision du monde économique et social et
l’apparition de nouvelles normes et standards ici de la performance économique des entreprises.
comptables qui s’adaptent aux pratiques, au pro- Le fait de changer de grilles modifie l’image de la
grès technique, ou au contexte économique et réalité (= la vérité !).
financier et surveillent davantage les « métiers du

48

chapitre La coordination
3 par Le marché
la démarche du chapitre

Ce chapitre s’articule autour de deux idées : d’une part qu’il existe une réalité historique et institution-
nelle, qualifiée de « marché » ; d’autre part qu’il est possible de dégager un certain nombre de logiques
(de « lois » ?) communes aux diverses manifestations de cette réalité. La première partie du chapitre sera
ainsi consacrée à la mise en évidence de la diversité des marchés, mais aussi de leurs points communs,
et plus précisément des institutions qu’ils requièrent. Ce travail de définition mené à bien, il sera alors
possible, dans un deuxième temps, de s’intéresser aux mécanismes sous-jacents des marchés, quels que
soient le lieu, le temps et l’objet de l’échange.
Au terme de cette réflexion, il devrait être possible à l’élève d’identifier les situations qui sont, poten-
tiellement ou effectivement, redevables d’une analyse en termes de marché et les raisons qui font que
les sociétés établissent des limites, fluctuantes mais contraignantes, à l’étendue de la sphère marchande.
Au-delà de ce travail d’identification, l’élève devrait être en mesure de formuler un certain nombre d’hy-
pothèses sur les causes des évolutions observées en matière de prix et de quantité.
Pour parvenir à ce résultat, le chapitre s’ouvre sur le cas particulier des marchés dont la légalité est – ou
a été – contestée. C’est à partir de ces cas particuliers que sera posée la question de ce qui fait le marché,
de ses lois et de ses effets.

pages 82-83   Découvrir de la consommation d’alcool, produit addictif et


altérant le jugement (le consommateur n’est donc
S’interroger
plus souverain), jugement moral…
1. L’objectif est d’interdire le commerce de fourrure
d’animaux domestiques au nom du statut particu- 2. Pour la libéralisation : disparition du marché
lier des animaux domestiques et des conditions noir, réduction de la criminalité, réduction des
d’élevage de ces animaux. dépenses liées à la répression, meilleure qualité,
2. L’objectif est de conserver le droit de mettre en taxation possible…
vente en ligne des objets de marque au nom du
droit à échanger librement des objets dont les indi-
vidus sont les légitimes propriétaires. pages 84-89  AnAlyse 1
Rechercher Qu’est-ce qu’un marché ?
1. On peut songer aux êtres humains (esclavage aboli
en France en 1848), à certaines drogues (commerce pages 84-85    A. Économie de marché 
d’opium, cocaïne et morphine interdit en France ou économies de marchés ?
depuis 1916), à certains produits d’origine animale
L’étude des documents de cette double page doit
(commerce de l’ivoire interdit depuis 1989)…
permettre dans un premier temps la mise en évi-
2. On peut songer à l’alcool, aux États-Unis par
dence de la diversité des marchés. Néanmoins, dans
exemple (fin de la prohibition en 1933) ou aux jeux
un deuxième temps, il est possible de faire appa-
et paris en ligne (autorisés en France depuis 2010).
raître ce qui rapproche les divers exemples présen-
Débattre tés et parvenir ainsi à une définition générique du
1. Pour la pénalisation : coûts pour la collectivité marché.

49
Doc. 1 prix de réservation. Mais d’autres techniques peu-
vent être évoquées, comme les enchères inversées
1. Verdun est le lieu de rencontre (physique) entre
ou les enchères sous enveloppes. Le livre de John
de multiples acheteurs et vendeurs.
Mc Millan (cf. bibliographie du manuel p. 103)
2. Les différences de prix s’expliquent par des diffé- consacre à cette question un chapitre particulière-
rences d’offre et de demande. ment clair et simple d’accès.
Doc. 2 Doc. 4
1. Ces quatre cas offrent quatre exemples de ren- 1. Tous les marchés se définissent par la rencontre,
contre entre des offreurs et des demandeurs. Dans physique ou non, d’une offre (les vendeurs) et
chacun des cas, un prix s’établit et des échanges d’une demande (les acheteurs). Sur un marché, quel
ont lieu à ce prix alors même que les différents qu’il soit, se fixe un prix auquel se réalisent des
participants ont des visées contradictoires. transactions.
2. Dans certains cas, le marché est un lieu géogra- 2. et 3. Rares sont les marchés où l’unicité des
phique où se rencontrent physiquement offreurs et prix est parfaitement réalisée. La plupart du temps,
demandeurs, dans d’autres, un lieu virtuel sans ren- notamment sur les marchés de détail, il existe
contre physique. Par ailleurs, les produits qui sont des différences de prix d’un vendeur à un autre.
l’objet d’échange sont plus ou moins homogènes. Si Internet a contribué à réduire la dispersion des
3. Verdun est un lieu qui permet la rencontre physique prix pour un même produit, celle-ci n’a pas encore
des acheteurs. Les techniques modernes permettent disparu, ce qui semble indiquer la fréquence des
de s’affranchir de cette contrainte. Par ailleurs, le situations de concurrence imparfaite.
commerce d’êtres humains est aujourd’hui interdit. 4. Les prix sont la donnée du calcul économique
dans la mesure où les décisions d’achat et de vente
Doc. 3 sont prises en fonction des prix observés sur le
1. Une vente à prix fixe est une vente pour laquelle marché ; mais les prix sont également la résultante
il n’y a pas d’enchère possible. Un montant fixe est de ces décisions dans la mesure où ils sont le pro-
déterminé par le vendeur et l’article ne pourra être duit de la rencontre et de l’agrégation de milliers de
vendu qu’au prix affiché. Cela suppose que le prix décisions individuelles.
fixé soit le prix d’équilibre. Offreur et demandeur
sont alors preneurs de prix. Faire le point
Une vente aux enchères consiste en une mise en Il vaut mieux parler d’économies de marchés dans
concurrence des différents acheteurs et donne la la mesure où il existe autant de marchés qu’il
possibilité à l’acheteur de payer un prix plus élevé existe de biens à échanger (pétrole, acier, blé…)
que l’offre précédente. et de manières de procéder à l’échange (au comp-
Une vente par marchandage suppose une discus- tant, à terme…). Par ailleurs, d’une économie à
sion entre offreur et acheteur sur le prix, qui peut une autre, la place accordée aux marchés et les
être revu à la hausse ou à la baisse. Il est possible institutions qui les encadrent diffèrent : le pluriel
d’illustrer ces différences en invitant les élèves à d’économie se justifie ainsi. Cependant, au-delà
consulter le site d’ebay par exemple, où ces diffé- de ces différences, il existe un certain nombre de
rentes modalités sont représentées.
ressemblances. Par ailleurs, la place accordée aux
2. Si le prix diffère du prix d’équilibre, la vente marchés peut être relativement importante : pour
à prix fixe peut occasionner des pénuries ou des ces deux raisons, il est possible de parler d’écono-
excédents. La vente aux enchères comme le mar- mies de marché.
chandage doivent permettre de parvenir au prix
d’équilibre. De plus, la vente aux enchères permet
au vendeur de bénéficier d’un maximum de gain. pages 86-87    B. De quoi le marché 
3. Là encore, une visite du site d’ebay permet de a-t-il besoin ?
mettre en évidence les diverses modalités de fixa- L’étude des documents de cette double page doit
tion du prix : on pourra, par exemple, insister sur la permettre de montrer que le marché suppose l’exis-
différence entre enchères simples et enchères avec tence d’institutions et de conventions, dont les

50
règles de droit, qui garantissent la propriété et 4. Moins la confiance est présente, plus les contrats
définissent ce qui peut être ou non échangé. Ces doivent être complets et plus nombreuses et éla-
remarques peuvent conduire à une interrogation borées doivent être les techniques de contrôle
plus générale sur le caractère spontané ou institué des modalités d’exécution du contrat. Ces deux
du marché. contraintes accroissent considérablement les coûts
de transaction.
Doc. 1
1. Il est nécessaire de justifier que l’on est le pro- Doc. 4
priétaire légitime d’un bien dès que l’on souhaite 1. Absence d’illusion monétaire (et donc des coûts
jouir, retirer un revenu ou se dessaisir d’un bien traditionnellement associés à l’inflation) et lien
(vente, don, leg…). social.
2. Le plus souvent, la propriété est attestée par 2. Difficultés de parvenir à des échanges en raison
l’usage, par le recours à des témoignages ou encore de l’absence fréquente d’une double coïncidence
par le versement d’impôt sur le bien. des besoins (cf. chapitre 5).
3. Le titre de propriété présente le plus fort degré 3. Une économie monétaire dispose d’un bien sus-
de légitimité, dans la mesure où sa validité est ceptible de servir d’unité de compte, d’intermé-
garantie par la puissance publique. diaire des échanges et de réserve de valeur. Des
échanges sont possibles entre deux individus alors
Doc. 2 même qu’il n’y a pas double coïncidence des besoins
1. La propriété intellectuelle (littéraire et artistique (cf. chapitre 5).
ou industrielle) est l’ensemble des droits exclusifs
Faire le point
accordés sur les créations intellectuelles. Elle est
composée du droit d’auteur et du droit de propriété La réalisation d’échanges marchands exige (ou en
industrielle (brevet et marque). tout cas se trouve considérablement facilitée par)
2. Le droit de propriété est doublement une insti- l’existence de règles et de pratiques qui préexistent
tution dans la mesure où 1/« chaque individu le (et s’imposent) à l’individu. Il est donc difficile de
trouve déjà formé » (M. Mauss, P. Fauconnet, « La dire que le marché se suffit à lui-même.
sociologie, objet et méthode », 1901) 2/les règles
de droit s’imposent aux individus et constituent un pages 88-89    C. Peut-on tout échanger ?
cadre (contraignant) pour l’échange.
Le choix a été fait dans cette double page d’étudier
3. En réduisant considérablement les coûts de le cas particulier des organes de transplantation
reproduction, les NTIC ont facilité le piratage de manière à permettre à l’élève d’avoir une vision
et la diffusion des œuvres intellectuelles en approfondie et cohérente des questions que soulève
dehors du contrôle exercé par leur(s) légitime(s) le recours au marché. Il va néanmoins de soi que
propriétaire(s). d’autres produits peuvent être l’objet des mêmes
4. La propriété n’étant pas garantie, c’est l’en- interrogations, comme le suggèrent les questions
semble du processus de création qui est compromis qui accompagnent les différents documents.
dans la mesure où les créateurs n’obtiennent plus
de rémunération pour leur(s) production(s). Doc. 1
1. Les « prix » du rein s’expliquent par la loi de
Doc. 3 l’offre et de la demande (ce qui varie selon les pays).
1. En raison de l’imperfection de l’information, de 2. Il existe dans tous les cas une offre, une demande
l’impossibilité de rédiger des contrats complets et et un prix auquel se font des transactions.
des coûts démesurés qu’exigerait un contrôle total
3. Le produit échangé n’est pas universellement
des modalités d’exécution du contrat, les agents
considéré comme « un produit comme un autre ».
rationnels en sont réduits à se faire confiance.
Le commerce des organes est pour cette raison
2. Transactions réalisées par l’intermédiaire d’ebay. interdit. Les transactions se font donc en dehors de
fr ou du boncoin.fr, relations de service. toute légalité (et de toutes les garanties qui sont
3. Transactions immobilières, achat d’automobile… associées à un cadre légal).

51
Doc. 2 cidents post-transfusion) que le système britan-
nique fondé sur le bénévolat. Les inconvénients :
1. Trois arguments (au moins) peuvent êtres avan-
le don introduit une relation de dépendance ; il est
cés pour défendre l’interdiction du commerce d’or-
arbitraire ; il n’offre qu’une alternative partielle à
ganes : le corps humain n’est pas une marchandise ;
l’échange marchand.
les vendeurs sont contraints par la nécessité écono-
mique de vendre une partie de leur corps et/ou mal Faire le point
informé des conséquences de leur acte (le choix de
Les restrictions mises à l’échange d’organes mon-
vendre un organe n’est ni librement consenti, ni
trent que de très fortes réticences existent dans
éclairé) ; le marché induit de très fortes inégalités
entre malades (en fonction de leur revenu). nos sociétés à une extension illimitée de la sphère
marchande. Il faut néanmoins faire remarquer
2. Une partie de ces arguments se retrouve dans
que les limites de la sphère marchande sont fluc-
le débat sur l’interdiction de la prostitution, de la
tuantes : elles varient historiquement et socia-
gestation pour autrui ou de la création d’un « mar-
lement. Si tout n’est pas susceptible de devenir
ché » de l’adoption.
une marchandise, le contenu de ces exceptions
est périodiquement redéfini ou, à tout le moins,
Doc. 3
interrogé. On peut donc légitimement se deman-
1. Trois arguments (au moins) peuvent être avan- der si certains biens ou services sont, par nature,
cés : transfert de richesse des pays riches vers les c’est-à-dire de manière incontestée, incontestable
pays pauvres ; respect du droit de propriété, qui et définitive, impossibles à considérer comme
doit s’appliquer également (et premièrement) au
marchandises.
corps humain ; disparition des pénuries et des files
d’attente.
2. Une partie de ces arguments se retrouve dans
le débat sur l’interdiction de la prostitution, de la pages 90-97   AnAlyse 2
gestation pour autrui ou de la création d’un « mar- Comment un marché concurrentiel 
ché » de l’adoption. fonctionne-t-il ?
Doc. 4
pages 90-91    A. Les déterminants de l’offre 
1. Le don est désintéressé, sans attente de retour et de la demande
avec pour fonction principale de créer ou d’entre-
Le choix a été fait dans cette double page de dis-
tenir le lien social. Lorsqu’il s’accompagne d’un
tinguer clairement l’influence des prix de celle des
contre-don, il s’apparente à l’échange, mais ce
autres variables. Cette distinction a pour objectif de
qui est obtenu en échange d’un don est toujours
faciliter l’introduction au raisonnement graphique
différé, incertain et sans proportion avec la chose
et la compréhension de la différence qui existe
donnée initialement.
entre une modification des quantités offertes ou
2. Le don masque un intérêt (il n’y a pas d’acte demandées (« déplacement sur la courbe ») et une
gratuit) : il obéit donc à une rationalité et à un modification de l’offre ou de la demande (« dépla-
calcul coût/avantage (cf. chapitre 1) ; il est l’occa- cement de la courbe »).
sion d’échange ; il remplit une fonction allocative.
3. Les avantages : dans la mesure où il introduit une Doc. 1
relation de dépendance, le don alimente davantage 1. La demande des consommateurs pour un bien
le lien social que l’échange marchand ; il offre une ou un service donné est (le plus souvent) d’autant
alternative au marché, de surcroît parfois plus effi- plus faible que le prix est élevé pour deux raisons :
cace (cf. travaux fondateurs de Richard Titmuss, (1) lorsque le prix d’une marchandise augmente,
The gift relationship. From human blood to social chaque consommateur en achète moins ; (2) à par-
police, 1970), qui montre que le système américain tir d’un certain niveau de prix suffisamment élevé,
payant est moins efficace en termes quantitatifs certains consommateurs décident de ne plus ache-
(défauts d’approvisionnement, gaspillage élevé) ter du tout et sortent du marché. On peut aller plus
ainsi qu’en termes qualitatifs (nombre élevé d’ac- loin dans la justification en introduisant dès à pré-

52
sent la notion d’utilité marginale décroissante dont tant égales par ailleurs en établissant une distinc-
on aura besoin plus loin, lors de la présentation de tion claire entre les « vraies » exceptions (celles
la notion de surplus du consommateur. observées lorsque le prix augmente ou diminue,
2. On peut songer à certains biens de première néces- les autres variables restant inchangées) et les
sité qui, dans certaines conditions particulières, « fausses » exceptions (celles observées lorsque
peuvent être d’autant plus consommés que leur prix le prix, mais également le prix des facteurs de
est élevé (biens dits Giffen) ou de biens distinctifs production ou les conditions techniques se sont
qui, pour des raisons différentes, se caractérisent modifiés). Au-delà de ce rappel de méthode, cette
également par une élasticité prix positive. Au-delà distinction permet également d’introduire la dis-
de ces exemples, cette question peut donner l’oc- tinction entre déplacement de et déplacement sur
casion d’illustrer le principe du raisonnement toutes la courbe d’offre (cf. doc 4).
autres choses restant égales par ailleurs en établis-
sant une distinction claire entre les « vraies » excep- Doc. 3
tions (celles observées lorsque le prix augmente ou 1. Biens fortement substituables : huile d’olive et
diminue, les autres variables restant inchangées) et huile de tournesol, Coca-Cola et Orangina… ; biens
les « fausses » exceptions (celles observées lorsque faiblement substituables : fruits et charcuterie, voi-
le prix, mais également le revenu ou les goûts se ture et bicyclette… : biens complémentaires : sucre
sont modifiés). Au-delà de ce rappel de méthode, et café, tabac et papier à rouler…
cette distinction permet également d’introduire la 2. On peut s’attendre à ce que l’augmentation du prix
distinction entre déplacement de et déplacement sur du pétrole entraîne un déplacement vers la droite de
la courbe de demande (cf. doc. 3). la courbe de demande de gaz naturel (= augmenta-
tion de la demande de gaz naturel). Les deux sources
Doc. 2
d’énergie sont en effet partiellement substituables ;
1. L’offre des entreprises est d’autant plus importante leur élasticité croisée est donc positive.
que le prix est élevé pour deux raisons : 1/chaque
3. Déplacement vers la droite de la demande de gaz.
entreprise est disposée à offrir une quantité d’autant
plus importante que le prix est élevé ; 2/plus le prix
Doc. 4
est élevé, plus nombreuses seront les entreprises dési-
reuses et capables d’offrir le bien ou le service consi- 1. Dans la mesure où le prix du pétrole accroît les
déré. On peut aller plus loin dans la justification en coûts de production, la courbe d’offre se déplacera
introduisant dès à présent la notion de coût marginal vers la gauche (= diminution de l’offre).
croissant dont on aura besoin plus loin, lors de la 2. Déplacement vers la gauche de la courbe d’offre.
présentation de la notion de surplus du producteur. 3. Tout ce qui est susceptible d’affecter les coûts
2. On peut songer aux biens non reproductibles (marginaux) de production entraînera un déplace-
(œuvres d’art). Là encore, au-delà de ces exemples, ment vers la gauche de la courbe d’offre (durcisse-
cette question peut donner l’occasion d’illustrer le ment de la réglementation, normes de sécurité, prix
principe du raisonnement toutes autres choses res- des facteurs de production).

Faire le point
Déterminants Déterminants
- prix - prix
- revenu - coûts
- préférences de production
- prix biens liés
- anticipations

Courbe Courbe d'offre


de demande

MARCHÉ

53
pages 92-93    B. La détermination d’un prix  p
sur un marché concurrentiel O
Les documents de cette double page peuvent être
l’occasion d’insister sur la diversité des variables
susceptibles de faire varier les prix et sur l’influence
contradictoire sur le prix et la quantité d’équilibre
que peuvent avoir divers chocs exogènes.

Doc. 1 D
O
1. On peut s’étonner moins de la baisse que de
l’ampleur de la baisse des prix. On peut insister sur
le fait que ces évolutions valent pour du matériel à Q
« qualité constante », c’est-à-dire principalement à Pénurie
puissance constante. Cette remarque peut-être l’oc- 4. Le prix est un prix d’équilibre dans la mesure où,
casion d’introduire la notion d’homogénéité. à ce prix, les quantités offertes sont identiques aux
2. Les prix des lecteurs MP3 et des vêtements ont quantités demandées.
évolué comme ceux du matériel informatique (là
encore, pour les lecteurs MP3, il est important de Doc. 3
raisonner à qualité constante), les premiers pour 1. Un choc exogène est un événement extérieur au
les mêmes raisons que celles qui ont joué pour les marché susceptible d’affecter la place et la forme
ordinateurs, les seconds en raison de la concur- des courbes d’offre et de demande.
rence internationale. 2. La courbe d’offre de matériel informatique, à qua-
lité constante, s’est déplacée vers la droite princi-
Doc. 2
palement en raison des innovations techniques, de
1. Une offre excédentaire s’accompagne d’une la baisse du prix des composants et des effets d’ap-
concurrence par les prix entre offreurs pour parvenir prentissage.
à écouler les excédents. Cette baisse des prix réduit
les quantités offertes et accroît les quantités deman- Doc. 4
dées, ce qui permet la résorption de l’excédent. 1. Si le prix est fixé au-dessus du prix d’équilibre,
2. Une demande excédentaire s’accompagne d’une les quantités offertes sont très importantes tandis
concurrence par les prix entre demandeurs pour que les quantités demandées sont peu importantes
parvenir à obtenir la quantité de bien souhaitée. (le prix est en effet trop élevé). Inversement, si
Cette hausse des prix réduit les quantités deman- le prix est fixé en dessous du prix d’équilibre, les
dées et accroît les quantités offertes, ce qui permet quantités offertes sont très faibles tandis que les
la résorption de la pénurie. quantités demandées sont très importantes (le prix
3. est en effet trop faible).
2. On parle de rationnement dans la mesure où,
p
dans chacun des deux cas, l’une des deux caté-
O gories d’intervenants ne parvient pas à obtenir
ce qu’il souhaite : dans le cas d’un prix plancher,
les offreurs sont disposés à offrir au prix du mar-
ché plus que le marché ne peut absorber ; dans le
cas d’un prix plafond, les demandeurs sont prêts à
acheter plus que le marché ne propose. Les offreurs
sont donc rationnés dans le premier cas, tandis que
dans le deuxième, ce sont les demandeurs.
D
Faire le point

Q L’augmentation du prix d’équilibre et la baisse


Excédent des quantités échangées s’expliquent par le dépla-

54
cement concomitant des courbes d’offre et de exercice
demande vers la gauche (en raison par exemple 1. Les consommateurs A, B, C et D trouveront à
du surcoût lié aux mesures de sécurité pour la se loger.
courbe d’offre et de la peur des passagers pour la
2. Le surplus de A est de 40 – 20 = 20 euros ; le
courbe de demande).
surplus de B est de 25 – 20 = 5 euros ; le surplus de
C est de 30 – 20 = 10 euros ; le surplus de D est de
pages 94-95    C. Qui gagne ?  35 – 20 = 15 euros.
Qui perd ? 3. Le surplus total est de :
20 + 5 + 10 + 15 = 50 euros
Le choix a été fait de se limiter à la notion de sur-
plus afin de mettre en évidence la notion de gain Doc. 3
à l’échange.
1. Graph. 1 : la surface hachurée correspond à la
Doc. 1 zone B0 ; B1 ; 5 ; 4. Graph. 2 : la surface hachurée
correspond au triangle situé au-dessus de la courbe
1. L’intensité du désir du demandeur le conduit à d’offre et au-dessous du prix d’équilibre.
être disposé à proposer un prix très élevé.
2. Le surplus du producteur se définit comme la
2. L’intensité du désir de l’offreur le conduit à être somme des différences, pour chacune des unités ven-
disposé à proposer un prix très faible.
dues, entre le prix effectivement obtenu et le prix
3. Le prix va se fixer entre le prix maximum qu’est minimum que le producteur était prêt à accepter.
disposé à payer l’acheteur et le prix minimum 3. La partie de la courbe d’offre située au-dessous
qu’est prêt à accepter le vendeur. du prix d’équilibre indique le prix minimum que le
4. Dès que le prix se fixe entre les deux bornes producteur était disposé à accepter pour chacune
précédemment évoquées, chacun des deux gagne des unités vendues tandis que le prix d’équilibre
à l’échange puisque le prix obtenu est, pour le correspond au prix auquel le producteur a effecti-
consommateur, inférieur à ce qu’il est prêt à payer vement cédé chacune des unités vendues.
tandis qu’il est, pour le producteur, supérieur à
ce qu’il était prêt à accepter. Dans le pire des cas Faire le point
(lorsque l’échange se fait au prix maximum ou au Dans la mesure où règne la concurrence, et
prix minimum), seul un des deux intervenants sur comme l’illustre la notion de surplus, il est effec-
le marché gagne, tandis que l’autre fait une opéra- tivement possible de dire que l’échange est un jeu
tion blanche. à somme positive (cf. chapitre 1 p. 33).
Doc. 2
1. Graph. 1 : la surface hachurée correspond à la pages 96-97    D. Le marché, 
zone A0 ; A1 ; 5 ; 4. Graph. 2 : la surface hachu- pour quoi faire ?
rée correspond au triangle situé au-dessous de la Il sera possible d’insister ici sur la nature particu-
courbe de demande et au-dessus du prix d’équi- lière du problème économique et de revenir ainsi
libre. sur les thèmes abordés dans le chapitre 1. L’objectif
2. Le surplus du consommateur se définit comme de cette double page est de montrer que le mar-
la somme des différences, pour chacune des unités ché est une solution parmi d’autres à la disposition
obtenues, entre le prix maximum que le consom- d’une société.
mateur était prêt à payer et le prix effectivement
payé. Doc. 1
3. La partie de la courbe de demande située au- 1. La rareté des salles disponibles oblige à arbitrer
dessus du prix d’équilibre indique le prix maximum entre divers usages et divers utilisateurs.
que le consommateur était disposé à payer pour 2. Il est possible de procéder par tirage au sort,
chacune des unités obtenues tandis que la base du de s’en remettre au choix d’une autorité centrale,
triangle correspond au prix auquel le consomma- voire de mettre aux enchères les salles les plus
teur a payé chacune des unités obtenues. demandées…

55
Doc. 2 Doc. 4
1. L’affectation d’une ressource quelconque à un 1. La planification économique est l’organisation
usage ou à une personne interdit de l’affecter à un dans le temps de la réalisation d’objectifs éco-
autre usage ou à une autre personne. En d’autres nomiques particuliers. Elle suppose de disposer
termes, tout usage d’une ressource donnée a un d’indicateurs, d’identifier les moyens disponibles
coût qui correspond à la meilleure autre utilisation et de choisir une durée (et des étapes) précise(s)
à laquelle on doit renoncer. Il est donc nécessaire de réalisation. La planification économique peut
de choisir entre ces différents usages et les diffé- donc être vue comme une tentative de rationali-
rents bénéficiaires de ces ressources. ser des projets économiques à l’échelle d’un pays
2. Ce à quoi on doit renoncer lorsque l’on décide de manière à parvenir à un résultat préalablement
d’affecter une ressource à un usage donné corres- défini et d’éviter les aléas et les incertitudes de la
pond au coût d’opportunité. coordination marchande (= « l’anti-hasard »).
3. Au sein de la famille, il est nécessaire de déci- 2. Dans chacun des trois cas, il s’agit de répondre
der à quoi et à qui est affecté l’ordinateur familial, aux questions soulevées dans le document 2.
le temps dont disposent les membres de la famille La première solution évacue le hasard, mais sup-
(travail ou loisirs ?) ou encore l’espace de l’appar- pose l’existence d’une autorité planificatrice omnis-
tement. La question de l’allocation des ressources ciente et omnipotente.
rares peut être réglée par l’intervention d’une auto-
3. La seconde solution permet (apparemment) un
rité centrale (« le chef de famille »), mais aussi par
traitement égalitaire des individus, qui obtiendront
le marché et les signaux qu’il délivre, lorsque par
tous un taxi au même prix. Néanmoins, d’autres
exemple un membre de la famille décide de tra-
formes d’inégalités peuvent apparaître en fonction
vailler plutôt que de ne rien faire.
non pas du revenu mais du temps disponible. Par
ailleurs, on peut craindre que le temps d’attente ne
Doc. 3
suscite l’apparition d’un marché parallèle, plus ou
1. La fabrication d’un crayon suppose que l’on ait moins légal, où le prix de la course est plus élevé
décidé de la quantité de crayons qu’il convient mais le temps d’attente plus court.
de produire (et donc de la quantité de ressources La troisième solution neutralise comme la pré-
affectées à cette fabrication), de la manière de pro- cédente les différences de revenu. Mais il est à
duire, de l’identité de ceux qui produisent ainsi que craindre que les biens ne reviennent pas à ceux
de ceux qui bénéficient de cette production… qui le désirent le plus et/ou qui en feraient le
2. L’ensemble des questions précédentes est réglé par « meilleur » usage.
le jeu de l’offre et de la demande et la loi du marché.
3. La solution marchande apparaît décentralisée Faire le point
(c’est en effet par la réponse de chaque agent aux
signaux donnés par les prix que se règle l’ensemble Un problème économique se définit comme un
des problèmes évoqués à la question précédente). problème allocatif, conséquence de la rareté des
Elle se distingue d’un autre mode de coordination ressources disponibles. Le marché permet, par
et d’allocation des ressources qui ferait intervenir le jeu de l’offre et de la demande et la fixation
une autorité centrale mais qui, pour parvenir à un d’un prix d’équilibre, et donc les incitations
résultat comparable à celui auquel parvient le mar- qu’il délivre, de coordonner les décisions indi-
ché, devrait disposer et traiter de la totalité des viduelles et de parvenir à une allocation des
informations nécessaires à la production et être en ressources. Il n’est néanmoins qu’une solution
mesure d’imposer à chacun ce qu’il doit faire pour parmi d’autres.
parvenir au résultat recherché.

56
page 98   vers le BAc page 99   vers le BAc
Production 2010 de Mirabelles :   Le brevet : un droit de propriété particulier
une situation de marché particulière
1. Le brevet garantit le droit de propriété d’un indi-
1. La pluie est un événement extérieur au marché vidu ou d’une entreprise sur une invention, c’est-à-
qui vient modifier les conditions de production, ce dire sur l’application d’une idée à la résolution d’un
qui se traduit par un déplacement vers la gauche de problème économique ou à la création d’un produit
la fonction d’offre. particulier. Le droit de propriété conféré est néan-
2. Dans un premier temps, le prix reste inchangé, ce moins limité dans le temps et dans l’espace. Par
qui entraîne une diminution des quantités offertes ailleurs, cette protection garantie par la puissance
alors que les quantités demandées restent inchan- publique s’accompagne d’une contrepartie, puisque
gées : on observe l’apparition d’une pénurie. Le prix l’invention doit être divulguée.
va alors s’élever, ce qui va permettre une réduction 2. La propriété doit être garantie sur l’ensemble de
des quantités demandées et une augmentation des la planète (éviter le piratage).
quantités offertes. La nouvelle quantité d’équilibre 3. Le brevet confère à son titulaire le droit d’inter-
sera finalement plus faible que la quantité d’équi- dire à des tiers d’utiliser l’invention à titre profes-
libre antérieure. sionnel.
3. La fonction d’offre se déplace vers la gauche, le
4. Le brevet représente un compromis entre deux
prix d’équilibre s’élève, la quantité d’équilibre dimi-
objectifs contradictoires. Il doit tout à la fois four-
nue (et le prix augmente).
nir les incitations nécessaires à l’innovation (par
4. Cette décision aurait entraîné une pénurie (offre le droit de propriété exclusif qu’il confère à son
insuffisante). inventeur) et permettre à la société de tirer rapide-
5. Le surplus du consommateur est plus faible, ce ment parti de l’invention brevetée (par le caractère
qui est normal puisque les consommateurs obtien- provisoire de ce droit et l’obligation de divulgation
nent des quantités globalement plus faibles à un dont il s’accompagne).
prix plus élevé.

57

chapitre ImperfectIons
4 et défaIllances du marché
la démarche du chapitre

Ce chapitre 4 fait logiquement suite au chapitre 3 « La coordination par le marché » : le fonction-


nement du marché concurrentiel, présenté en chapitre 3, connaît en effet des imperfections et des
défaillances qui vont être analysées ici. Partant ainsi d’un modèle théorique initial, l’objectif est de
montrer comment l’analyse économique a été conduite à prolonger la réflexion et intégrer de nou-
velles dimensions ignorées dans un premier temps. Il ne s’agit donc pas d’opposer un modèle théo-
rique à une réalité qui le contredirait, mais de faire prendre conscience aux élèves que l’existence d’un
modèle conceptuel peut donner lieu à de nouvelles investigations en vue de mieux intégrer la réalité
à cette analyse.

pages 106-107   Découvrir Débattre


S’interroger Cette activité vise à introduire l’étude des princi-
Cette activité vise à montrer qu’un marché initiale- pales défaillances du marché qui seront examinées
ment concurrentiel peut s’orienter vers un fonction- en Analyse 2 (pp. 118-123). Le cas présenté réuni
nement moins concurrentiel. Le but est de faire la en effet tous les aspects d’un bien collectif menacé
transition avec le chapitre 3 et d’introduire l’étude par une activité engendrant des externalités et une
des situations moins voire non concurrentielles qui asymétrie d’information.
seront examinées en Analyse 1 (pp. 108- 117). 1. La culture ou l’environnement sont des biens qui
1. Le marché du kebab est devenu concurrentiel appartiennent à tous, et pas seulement à la popu-
par la multiplication du nombre de vendeurs en lation de la région ou du pays où ils sont localisés.
une quinzaine d’années, ainsi qu’évidemment par Un classement au patrimoine (matériel ou imma-
le grand nombre d’acheteurs potentiels. Il l’est tériel) mondial de l’humanité permet d’en faire un
aussi par la « guerre » des prix qui s’y livre, par bien collectif (voir définition p. 122) et de protéger
laquelle chacun essaie d’augmenter sa part de ce patrimoine commun, non seulement contre les
marché en attirant les clients grâce à un prix plus risques de dommages ou de négligence, mais aussi
bas. Il l’est enfin par son résultat, qui est, d’une contre les tentations d’appropriation privée.
part, d’assurer la prospérité des plus performants 2. La construction d’un barrage aura des consé-
et d’autre part de voir disparaître les moins bien quences positives au niveau de la production
placés sur le marché. d’électricité de l’Éthiopie et sa retenue d’eau per-
2. Sans vouloir s’adonner à la fiction, on peut néan- mettra une agriculture d’irrigation avec fourniture
moins présager que ce marché risque de subir le de produits agricoles transformables en agrocarbu-
même sort que celui du marché des pizzerias qui a rants. À l’opposé, elle engendrera des dommages :
vu apparaître de grandes chaînes. D’autant que l’on d’une part à la population autochtone car l’absence
voit déjà naître depuis quelque temps des chaînes de crues fera disparaître la culture sur limon et le
intégrées de kebabs en France (Nabab Kebab, O’Ke- ralentissement du cours du fleuve fera disparaître
bap…) tout comme à l’étranger (Abrakebabra ou les ressources en poisson indispensables à la sub-
Kaplan au Royaume-Uni, Que’Bap ou Dubara en sistance des riverains du fleuve ; d’autre part à
Allemagne, etc). l’écosystème animal et végétal qui sera modifié et

59
aux gisements fossilifères qui seront noyés à tout boursables est fixé par le Comité économique des
jamais. (cf. externalités positives et négatives). produits de santé) et plus encore l’électricien de
3. Les populations localement concernées par le lignes à haute tension (depuis janvier 2008, ERDF,
projet risquent davantage d’en subir les méfaits que filiale d’EDF, a le monopole de la distribution haute
de profiter de ses bienfaits. Il est assez fréquent tension d’électricité en France ; par ailleurs, il
dans un tel cas qu’on ne souhaite pas fournir d’in- existe toujours des tarifs réglementés de l’électri-
formations précises et complètes, au risque qu’une cité définis par les ministres en charge de l’écono-
opposition au projet s’organise préventivement. mie et de l’énergie).
On pourra alors, en un temps limité, organiser un 2. Un marché (très) concurrentiel pourrait être défini,
mini-débat sur l’opportunité ou non de réaliser cet en première approche, par le grand nombre de ven-
équipement dont la pertinence apparaît controversée. deurs et la liberté de fixation des prix sur ce marché.

Doc. 2
pages 108-117  AnAlyse 1 1. 1/Atomicité : Commerces de détail d’habillement
(35 500 environ en France) ou de fleurs (14 700
Comment les marchés imparfaitement 
environ en France), etc. 2/Homogénéité : KWh
concurrentiels fonctionnent-ils ?
d’électricité, rouleau de papier aluminium, minute
Dans cette première partie sera caractérisée et rela- de communication téléphonique nationale, etc.
tivisée l’existence d’un marché concurrentiel. On 3/Libre entrée : épicerie de quartier, entretien d’es-
présentera alors successivement trois structures par- paces verts, etc. 4/Transparence : obligation d’in-
ticulières de marché (monopole, oligopole et concur- formation sur les taux et frais bancaires, traçabilité
rence monopolistique). Au final, on s’interrogera sur de la viande, etc. 5/Mobilité des facteurs : capital
le rôle joué par les pouvoirs publics dans la régulation = liberté des changes (1989) ; travail = libre cir-
de la concurrence. Comme stipulé par le programme, culation des travailleurs dans l’Union Européenne
cette étude sera menée « à l’aide d’exemples et sans (sauf Roumanie et Bulgarie).
aucun recours à la formalisation ». 2. Le marché de vente aux enchères en ligne est
un marché plus ouvert que celui du commerce tra-
pages 108-109    A. Comment reconnaître 
ditionnel. Bien que certains sites se soient spé-
un marché concurrentiel ?
cialisés dans certaines « niches » (objets d’art
Partant de la représentation d’un marché concur- par exemple), le nombre et l’éventail des produits
rentiel que peuvent avoir les élèves, cette double vendus sont vastes, ce qui engendre une certaine
page introduit ensuite le modèle théorique de mar- substituabilité (cf. homogénéité). Les coûts de
ché de concurrence pure et parfaite puis le resitue la recherche d’informations sont quasi nuls (cf.
parmi d’autres formes de marché ; dans un dernier transparence). La facilité d’accès au marché élec-
temps, elle présente la théorie des marchés contes- tronique (cf. libre entrée) permet à quiconque
tables qui vise à renouveler l’analyse de la concur- de se porter acheteur, et permet également à de
rence pure et parfaite. nouvelles petites entreprises de venir concurrencer
les grosses entreprises originellement implantées
Doc. 1
comme eBay (cf. atomicité). Enfin, la mobilité du
1. Exercent dans un secteur concurrentiel : le ven- facteur capital est favorisée par la déréglementa-
deur ambulant (activité ouverte à tous, bien que, tion du marché des capitaux et la dématérialisation
dans certaines villes côtières, la municipalité tente des transactions, tandis que la mobilité du facteur
d’en limiter le nombre) et le coiffeur (nombreux travail est rendue possible par l’externalisation de
artisans coiffeurs, bien qu’on voit apparaître cer- certaines fonctions (centre d’appel, expédition,
taines chaînes de salons de coiffure). comptabilité, hébergement informatique). Ce mar-
Exercent dans un secteur peu concurrentiel : le ché s’approche donc d’un marché de concurrence
pharmacien (une loi de 1941 institue des critères pure et parfaite, mais sans totalement l’atteindre :
démo-géographiques limitatifs de création ainsi dispersion des prix observés pour un même produit,
qu’une loi de 1999 pour le transfert d’un lieu à un effet de notoriété et confiance accordée à un site
autre ; par ailleurs, le prix des médicaments rem- qui limitent la tendance vers l’atomicité, relative

60
hétérogénéité des produits offerts car leurs qualités être limitée si cette personne se contente dans
dépendent en partie de la description faite par le un premier temps de créer un site internet et de
vendeur lui-même, etc. reporter à plus tard la location de locaux. Selon
l’INSEE, il s’est ainsi créé près de 1 900 agences
Doc. 3 en mars 2011, tandis que le nombre mensuel de
1. L’atomicité (nombre d’acheteurs et de vendeurs). disparitions variait entre 1 000 et 1 400 en 2010. Ce
marché peut donc être considéré comme un marché
2. Exemples de monopoles : distribution de l’eau contestable bien qu’une partie de ces agences soit
courante ou du gaz de ville, fabrication de médica-
organisée en réseaux nationaux.
ments sous brevet, etc. (attention, certains mono-
poles ont disparu en France : électricité, transport Faire le point
ferroviaire, courrier, téléphonie fixe…).
Le nombre d’entreprises présentes sur un mar-
Exemples d’oligopoles : téléphonie mobile en France
ché peut être un bon indicateur : par exemple,
(trois grands opérateurs et quelques plus petits
opérateurs de réseaux virtuels affiliés aux grands l’existence en France de 31 700 boulangeries-
opérateurs), industrie mondiale des supports musi- pâtisseries ou de quelque 66 000 salons de coif-
caux (cinq « majors » contrôlent plus de 80 % de la fure (données 2008) est significative d’un certain
production-distribution de supports), etc. degré de concurrence dans ces secteurs.
3. Si de nombreux concurrents se partagent le mar- Toutefois, si on se réfère à la théorie des marchés
ché, il est fort probable qu’un vendeur ne puisse contestables, un faible nombre d’entreprises pré-
faire autrement que d’aligner son prix sur celui des sentes sur un marché n’est pas en soi significatif
concurrents, car sinon il risque de perdre sa clien- d’une absence de concurrence : en Europe par
tèle (cf. doc. 2 p. 92). En revanche, en situation de exemple, trois grandes sociétés se partagent le
monopole, l’entreprise est seule face à une multi- marché des papiers décor (Munksjö AB, Techno-
tude d’acheteurs ; elle peut donc fixer le prix qu’elle cell et Malta Decor) mais de nombreuses entre-
souhaite (sous réserves étudiées plus loin). prises de plus petite taille viennent rivaliser avec
elles sur ce marché très concentré.
Doc. 4
1. Un marché concurrentiel est un marché contestable
si un concurrent potentiel peut réellement déranger pages 110-111    B. Comment un monopole 
les positions acquises sur ce marché en venant s’y réduit-il la concurrence ?
installer avec quelque espoir de remettre en cause la Partant des méfaits couramment attribués aux
répartition des parts de marché existantes. monopoles, cette double page présente dans un
2. Pour que le marché soit contestable, il faut donc second temps les différents types de monopole puis
une libre entrée sur ce marché, et en corollaire une analyse plus en détail un exemple contemporain ;
libre sortie afin qu’un concurrent potentiel n’hésite dans un dernier temps, elle propose une réflexion
pas à y entrer sans risque de ne pouvoir récupérer sur les avantages/inconvénients de l’existence d’un
son investissement. monopole.
3. Un monopole peut librement fixer son prix (cf.
Doc. 1
doc. 3 question 3). Il le fixera à un niveau qui
maximise son profit global. Toutefois, si ce prix se 1. L’atomicité (nombre d’acheteurs et de vendeurs).
révèle excessif, il risque de voir les clients s’abste- 2. Les monopoles sont accusés d’avoir fait dis-
nir d’acheter ou reporter leurs achats sur des biens paraître tous leurs concurrents. Ils sont ainsi en
substituables. mesure d’imposer leurs conditions de vente et un
4. Si une personne possède un diplôme ouvrant prix prohibitif.
directement accès à la profession ou si elle a déjà
exercé un certain temps dans le secteur immobilier, Doc. 2
elle peut librement créer une agence immobilière ; 1. a. monopole naturel – b. monopole légal –
elle doit toutefois obtenir la garantie financière c. monopole d’innovation – d. monopole naturel –
d’une compagnie d’assurance. La dépense peut e. monopole d’innovation – f. monopole naturel.

61
2. En situation de monopole, une entreprise n’est des applications en matière de cartographie ou de
pas contrainte (price taker) de fixer son prix en géolocalisation ; en somme, il veut éviter ainsi les
fonction des prix pratiqués par les concurrents. risques qu’un monopole dans un domaine précis ne
Seul offreur sur le marché, elle peut fixer le prix serve à étendre ce monopole à d’autres domaines où
(price maker) qui maximise son profit (cf. doc. 3 la concurrence peut trouver sa place.
question 3 p. 109). Mais la demande étant une
fonction décroissante du prix, le monopole risque Doc. 4
de voir diminuer sa clientèle s’il fixe un prix trop 1.
haut, et à l’inverse il doit diminuer son prix s’il
Pour l’ouverture Contre l’ouverture
veut voir augmenter le volume de ses ventes. à la concurrence à la concurrence
3. Pour échapper partiellement à ce mécanisme, un
monopole peut pratiquer une discrimination parmi – Liberté de choix pour – Risque d’augmentation
les consommateurs de prix pénalisant les
ses acheteurs en fixant un prix élevé pour ceux qui foyers aux revenus
– Baisse des prix
accepteraient de payer cher et un prix moins élevé modestes
pour ceux qui risqueraient de renoncer à acheter ; – Renforce la sécurité
d’approvisionnement : – Risque de pannes et
la coexistence de prix différents pour un même bien coupures de courant
nouveaux
ou service nécessite toutefois d’en différencier les investissements et – Sous-investissement
conditions d’usage. La SNCF pratique un prix fort diversification des dans la production
(99,70 euros dans cet exemple) pour les voya- voies de transport et le réseau de
geurs contraints de voyager en période de pointe, – Incite à la distribution
mais pratique également des réductions (jusqu’à production d’énergies – Absence de visibilité
22 euros, soit 4,5 fois moins) pour attirer des voya- renouvelables à long terme sur le
geurs supplémentaires à qui seront imposées des marché
contraintes particulières (réservation longtemps à
l’avance car nombre de places limité, billets non 2. Le réseau de transport d’électricité (lignes haute
échangeables et non remboursables…). tension) est un réseau coûteux à construire et à
entretenir. Dès lors, on imagine mal que des entre-
Doc. 3 prises concurrentes multiplient des lignes en paral-
1. C’est un monopole naturel car le montant de lèle affectées chacune à leur propre distribution.
l’investissement couplé à une rentabilité au départ Il est donc économiquement logique que ce réseau
déjà incertaine explique qu’aucune autre entreprise reste un monopole, attribué en France à RTE.
ne se porte concurrente pour cette réalisation. (mêmes situations pour la distribution d’électricité
basse tension avec ERDF et du gaz avec GRDF ou
2. Le projet répondait en partie à des besoins
pour les infrastructures ferroviaires avec RFF).
propres de l’État liés à la défense nationale et à
la prévention des risques. Or l’IGN, organisme
Faire le point
exerçant déjà dans le domaine de l’information
géographique, était quasiment le seul opérateur Les raisons ne manquent pas de vouloir interdire
national capable de réaliser cette mission dans les les monopoles : prix élevés d’où rente de mono-
contraintes de temps fixées. Compte tenu de cette pole, offre peu diversifiée, mauvaise qualité du
situation et du coût, il était logique que l’État lui service rendu à l’usager, gestion peu efficace, abus
accorde le monopole de cette activité. de pouvoir, etc.
3. L’avantage attendu est le respect des délais et la Mais l’existence de monopoles a aussi des avan-
qualité du résultat final. Mettre en concurrence des tages : seule une grande entreprise fait assez de
entreprises aurait réclamé un délai plus long, sans bénéfices pour assurer le financement d’innova-
certitude de résultat si une entreprise nouvelle sur tions ou d’équipements coûteux et le maintien
ce secteur avait été retenue. d’activités de service public non rentables ; elle a
4. Le Conseil recommande que le référentiel à grande une vision globale à long terme ; elle évite la dis-
échelle soit un instrument simple et adaptable, donc persion des investissements et le gaspillage publi-
susceptible d’être réutilisé par d’autres entreprises. citaire entre sociétés concurrentes ; elle assure de
Il veut éviter ainsi que l’IGN ne profite à lui seul meilleures conditions de travail, etc.

62
pages 112-113    C. Comment les oligopoles  dans des capacités de production dont une partie
affectent-ils la concurrence ? ne lui rapporte rien ; 2/pour l’économie en général
car un supplément de production aurait couvert des
Après avoir présenté un exemple de marché réputé
besoins restés insatisfaits ; 3/pour l’acheteur car
oligopolistique, cette double page s’attache à
une offre plus importante aurait permis d’abaisser
analyser deux des principales stratégies mises en
le prix de vente (cf. doc. 3 p. 93).
œuvre sur ce type de marché : l’entente entre ven-
deurs et la guerre des prix. 3. La libre entrée sur le marché (les entreprises en
place font barrage à l’arrivée d’entrants potentiels).
Doc. 1 4. Un concurrent potentiel est une entreprise atti-
1. En 2007, les dix premiers constructeurs mon- rée par les perspectives de profit existant dans un
diaux détiennent 69,6 % du marché automobile secteur. Les entreprises déjà en place peuvent le
mondial. dissuader de s’installer en créant des barrières arti-
ficielles consistant à faire croire qu’il va au contraire
2. Face à des centaines de millions d’acheteurs,
perdre de l’argent. Dans les trois cas présentés, les
l’offre est assurée pour les deux tiers par une
prix pratiqués vont ou risquent de baisser ; la marge
dizaine de grands producteurs mondiaux.
bénéficiaire sera moindre ou nulle, et le nouvel arri-
vant ne pourra rentabiliser son investissement ini-
Doc. 2
tial ; il préférera donc renoncer face à un tel risque.
1. Une entente est un accord (formalisé ou non)
passé entre quelques entreprises en vue de fixer Doc. 4
le prix à pratiquer et/ou de se répartir les quanti- 1. Les oligopoles ne pratiquent pas que la collu-
tés à produire, afin de contrôler le fonctionnement sion entre eux (cf. « Le saviez-vous » p. 112) mais
du marché et d’empêcher l’arrivée de nouveaux peuvent également entrer en guerre pour augmen-
concurrents. ter leur part respective de marché. C’est le cas de
2. Dans une entente, les gagnants sont les entre- Danone qui a choisi la guerre des prix en pratiquant
prises qui se sont coalisées et les perdants sont les des offres promotionnelles destinées à augmenter
acheteurs des biens ou services qui n’ont d’autre ses ventes.
choix que de payer le prix plus élevé qui a été fixé. 2. Le risque pris était de dévaloriser son image de
3. Face à une situation où les parts de marché sont marque, car en réduisant le prix de ses eaux miné-
figées, un producteur peut être tenté d’augmen- rales, il risquait de les positionner sur le segment
ter la sienne en produisant davantage et/ou en des eaux de source plus courantes, donc moins
abaissant son prix ; les autres producteurs seraient chères a priori.
alors perdants puisqu’ils devraient aligner leur prix Malgré ce risque, le résultat semble positif puisque
tout en vendant moins. Il est donc nécessaire de 25 % des ventes se font grâce à ces soldes et que le
contrôler en permanence que toutes les entreprises chiffre d’affaires a lui aussi augmenté de 2 % (NB :
jouent le jeu (on pourra prolonger par une présen- le chiffre d’affaires augmente moins que le volume
tation du « dilemme du prisonnier » auquel on a des ventes puisque le prix de vente a baissé). Par
fréquemment recours dans la théorie des jeux). conséquent, Danone envisage de poursuivre cette
stratégie.
Doc. 3
3. La réaction de Nestlé va dépendre de l’évolution
1. Le dumping est une pratique consistant à vendre de ses ventes : 1/l’augmentation des ventes de
ses produits à un prix inférieur à ses coûts de pro- Danone se fait au détriment de Castel-Neptune et
duction afin de nuire aux intérêts des concurrents des autres marques : Nestlé n’a pas intérêt à dimi-
et de les écarter du marché. La pratique de prix nuer ses prix ; 2/Nestlé est affecté par l’augmenta-
de dumping est interdite par le droit de la concur- tion des ventes de Danone : il peut alors pratiquer
rence, mais cette interdiction est délicate à appli- de même pour annuler l’écart de prix, ou bien il
quer car il faut pour cela connaître les coûts de peut tenter par une campagne publicitaire de posi-
production de l’entreprise incriminée. tionner ses propres produits dans le segment haut
2. Cette pratique relève d’un gaspillage écono- de gamme en opposition à la politique menée par
mique : 1/pour l’entreprise elle-même qui a investi Danone.

63
On soulignera à cette occasion le caractère instable de vente sans que la moins chère des deux ne fasse
des positions sur un marché oligopolistique. de l’ombre à la plus coûteuse. Opel se contente donc
de son côté d’« habiller » différemment son modèle
Faire le point (type de pneumatiques et nombre d’options) pour
Les consommateurs sont perdants lorsque les le différencier de sa concurrente directe.
oligopoles utilisent des pratiques restrictives ou 3. L’homogénéité du produit (produits non parfaite-
créent un cartel : le prix payé est alors plus élevé ment identiques et substituables l’un à l’autre).
et la diversité de choix moins grande. 4. Chacune des entreprises propose un produit dif-
Les consommateurs sont gagnants lorsque les férent de celui de ses concurrents par la taille, la
oligopoles baissent leur prix pour dissuader un forme, les couleurs, les caractéristiques ou les ser-
nouvel arrivant potentiel, ou lorsqu’ils cherchent vices associés, ce qui lui assure une clientèle propre
(cf. monopole), mais les qualités intrinsèques du
à accroître leurs ventes grâce à une baisse des prix
produit et son prix restent comparables (cf. concur-
faute d’accepter la répartition existante du mar-
rence). Ce type de situation est hybride car elle
ché ; mais cette guerre des prix a des limites, car
relève à la fois de la concurrence pure et parfaite et
les oligopoles sont rarement prêts à la pousser
du monopole.
jusqu’à anéantir leur marge de profit.
NB : l’exemple présenté ici renvoie à la différencia-
tion horizontale de produit (variété de produits de
pages 114-115    D. Comment la concurrence  qualité identique) ; il existe aussi la différenciation
monopolistique dénature-t-elle  verticale (différences de qualité), la différenciation
la concurrence ? spatiale (différences de localisation), etc.

Après avoir présenté un exemple de concurrence Doc. 2


monopolistique, la double page s’attache à analy-
1. Herta identifie parmi sa clientèle deux groupes
ser deux stratégies de différenciation des produits
particuliers : 1/les consommateurs de produits
(par le positionnement marketing du produit et par
simples dans un cadre familial ; 2/les consomma-
l’innovation), pour au final en présenter les consé-
teurs de produits typés en goût constitués par les
quences en termes d’investissements immatériels
seniors et les jeunes couples. Ceci lui permet alors
requis.
de segmenter le marché en différentes catégories
Doc. 1 de produits.
On pourra faire le lien avec les sociostyles, méthode
1. de regroupement des individus initiée par le CCA.
Ressemblances Différences 2. Le positionnement d’un produit consiste à défi-
nir la place qu’il devra occuper par rapport aux
– Consommation – Volume – Type de
produits concurrents. Après avoir sélectionné son
de carburant du coffre pneumatiques
segment cible (cf. question 1), l’entreprise posi-
– Nombre – Sécurité (ABS – Garantie
tionne son produit sur la base de ses qualités et
de places et nombre – Variété
et de portes d’airbags) avantages distinctifs (réels ou supposés) en le pla-
de coloris
çant sur la « carte mentale » des consommateurs
– Puissance – Type de moteur – Options
du moteur ciblés. Ici, Madrange va en ce sens utiliser deux
– Émission de disponibles
thèmes : le naturel et l’exotisme.
– Boîte CO2 (à un détail
de vitesse près) 3. Différencier le packaging d’un produit relève de
– Longueur – Prix (à plusieurs raisons : 1/faute de pouvoir mettre en
et hauteur 100 euros près, valeur des qualités spécifiques du produit, on est
soit < 1 %) amené à le différencier des produits concurrents par
son aspect extérieur ; 2/avec le développement du
2. Opel et Suzuki ont scellé une alliance pour pro- libre-service, les consommateurs procèdent souvent
duire cette voiture, mais c’est Suzuki qui fournit à des « achats d’impulsion » où l’esthétique de l’em-
l’essentiel du véhicule (moteur, châssis, etc.). Diffi- ballage ou du conditionnement joue un rôle attrac-
cile dans ces conditions de trop différencier le prix tif ; 3/un « code couleur » spécifique assure une

64
cohérence visuelle à tous les produits d’une marque lyse, que les dépenses faites par les entreprises au
et permet de mieux les repérer dans un rayon. niveau mondial en vue de différencier leurs pro-
4. Certes, l’acheteur reste encore sensible au prix duits se répartissent pour moitié environ en une
du produit (cf. doc. 1 p. 90) surtout lorsque son différenciation réelle, misant sur des caractéris-
budget est limité. Mais toute la stratégie élabo- tiques nouvelles du produit, et, pour l’autre moi-
rée dans le cadre de la concurrence monopolis- tié, en une différenciation artificielle reposant sur
tique consiste à rendre cet acheteur de moins en l’image donnée du produit. (cf. « Faire le point »
moins attentif au prix en exploitant sa sensibilité à pour une analyse plus approfondie).
d’autres critères (aspect visuel, options, exotisme, 3. Lorsque les produits sont banalisés, la bataille
respect de l’écologie, etc.). se livre sur le terrain des prix. En réponse, et pour
prendre en exemple le domaine des produits d’en-
Doc. 3 tretien ménager, Procter & Gamble commercialise
1. Pour une entreprise comme Haier, proposer un alors ses produits sous des marques connues (Ariel,
produit sans concurrent direct la met en marge Bonux, M. Propre, Dash, etc.), mais se retrouve
du marché très disputé des lave-linge et la place en concurrence frontale avec d’autres marques de
pendant quelques temps en situation de monopole concurrents tels que Unilever (Omo, Skip, Persil,
d’innovation (cf. doc. 2 p. 110). etc.) ou Henkel (Mir, Le Chat, Ariel, Super Croix,
2. Financièrement, le lancement d’un nouveau X-tra, etc.), ainsi que des marques de distributeurs
lave-linge exige un investissement conséquent en en grandes surfaces. Pour contrer l’essor des autres
marques, les lessiviers doivent développer leurs
recherche-développement dont on n’est pas sûr
propres marques à grand renfort de communication.
qu’il puisse être rentabilisé rapidement. Commer-
Si un produit disparaît des espaces publicitaires,
cialement, le risque est également important, car
il laisse le champ libre aux marques des autres
le produit est vendu plus cher et s’attaque ici à un
concurrents. D’offensive, la publicité devient alors
marché de remplacement peu dynamique (95 % des
défensive : neutraliser les efforts publicitaires des
ménages possèdent déjà un lave-linge).
concurrents pour conserver des parts de marché.
3. En déposant un brevet auprès de l’INPI, l’entre-
On pourra faire remarquer que ni Procter & Gamble
prise obtient (en France) un monopole d’exploi-
ni Unilever ne figurent dans le classement A.
tation pour une durée maximale de 20 ans. Elle
s’assure donc un avantage concurrentiel durable
car elle est seule à pouvoir l’utiliser, elle peut en Faire le point
interdire l’importation ou la fabrication par un
concurrent, et elle peut poursuivre les auteurs de Un premier constat a déjà été réalisé au doc. 4.
contrefaçons devant les tribunaux. Mais rien n’in- Le but n’est pas ici d’apporter une réponse caté-
terdit à un concurrent de développer un autre pro- gorique à la question mais de faire réfléchir les
cédé plus innovant encore. élèves à ce que signifie différencier un produit et
innover.
Doc. 4
• Il faudra d’une part chercher à préciser le sens
1. En 2008, au niveau mondial, Toyota dépensait des termes :
8,994 milliards de dollars pour la recherche-déve-
loppement, ce qui la classait au premier rang des – différenciation de produit : comment définir
entreprises dans le monde, et seulement 3,203 mil- les qualités d’un produit (cf. performances tech-
liards de dollars pour la communication publici- niques, mais aussi esthétiques, environnemen-
taire, ce qui la classait au cinquième rang mondial tales, etc.) ? Différencier un produit signifie-t-il
avec une dépense trois fois moindre que celle de uniquement en changer les qualités intrinsèques,
Procter & Gamble qui était premier mondial. ou bien également en modifier la perception
2. Au niveau mondial en 2008, les dépenses de com- auprès des acheteurs ?
munication publicitaire (486,734 milliards de dol- – innovation : à partir de quel seuil une nouveauté
lars) étaient légèrement inférieures aux dépenses est-elle une « véritable » innovation ? L’innovation
en recherche-développement (532 milliards de se limite-t-elle à améliorer les spécificités tech-
dollars). On peut en conclure, en première ana- niques ou peut-elle être également commerciale ?

65
• Il faudra d’autre part réinterroger les docu- que des ordinateurs équipés de microprocesseurs
ments quant aux relations existant entre ces deux Intel.
termes : 3. La Commission européenne n’a pas condamné en
– peut-on différencier des produits standards soi la position dominante, mais le fait d’en abuser
autrement que par des innovations commer- en vue d’éliminer les concurrents.
ciales ? (cf. doc. 2)
Doc. 2
– peut-on décliner à l’infini un même modèle sans
être tenu de proposer un jour ou l’autre une véri- 1. Selon Fusions & Acquisitions magazine (mars-
table (r)évolution ? (cf. doc. 1 et Toyota doc. 4) avril 2010), en 2001, les opérations d’acquisitions
françaises à l’étranger se montaient à 50 milliards
– pourquoi un produit techniquement innovant
d’euros environ, les opérations d’acquisitions
n’a-t-il pas percé sur le marché ? (cf. doc. 3)
étrangères en France à 40 milliards d’euros environ
– une entreprise qui s’appuie essentiellement sur et les opérations d’acquisitions franco-françaises
l’image de marques de ses produits n’est-elle pas à 75 milliards d’euros environ, soit un total de
à la longue contrainte de proposer de véritables 165 milliards d’euros environ.
innovations ? (cf. Procter & Gamble doc. 4) 2. Dans le cas d’acquisitions franco-françaises, les
fusions-acquisitions réduisent la pression concur-
rentielle et autorisent une augmentation des marges
pages 116-117    E. Comment les pouvoirs publics 
préjudiciable aux consommateurs. En revanche, les
régulent-ils la concurrence ?
acquisitions étrangères en France peuvent être l’oc-
Après avoir présenté successivement deux pratiques casion donnée à des firmes étrangères de s’implan-
anticoncurrentielles (l’abus de position dominante ter sur le marché national français et d’y accroître
engendrant une demande captive et les fusions- la concurrence existante.
acquisitions, les ententes ayant déjà été abordées
p. 112), cette double page examine les conditions Cette question peut fournir l’occasion de présenter
dans lesquelles les pouvoirs publics sont amenés brièvement les logiques stratégiques de croissance
à intervenir dans la régulation de la concurrence. externe (concentration horizontale, verticale ou
conglomérale).
Doc. 1
Doc. 3
1. Selon la jurisprudence des autorités et juridic-
tions communautaires européennes, « la position 1. La Commission européenne a la responsabilité
dominante concerne une position de puissance éco- principale de veiller au bon fonctionnement de la
nomique détenue par une entreprise qui lui donne concurrence ; elle exerce ce pouvoir au niveau euro-
le pouvoir de faire obstacle au maintien d’une péen ou le délègue aux États membres qui ont alors
concurrence effective sur le marché en cause ». Le la responsabilité de l’application des règles commu-
fait qu’elle existe n’est pas en soi sanctionnable ; nautaires. En France, c’est l’Autorité de la concur-
seul l’abus d’une telle position est sanctionné rence (ex. Conseil de la concurrence) qui détient le
(cf. question 3). Le cas de position dominante le pouvoir de surveillance, d’injonction ou de sanc-
plus caractérisé est celui de position de monopole tion des pratiques anticoncurrentielles (ententes,
(voir Analyse 1B). Intel est en position dominante abus de position dominante, fusion-acquisitions),
car elle contrôle 80 % environ du marché mon- avec recours possible devant les tribunaux.
dial des micro-processeurs alors que son principal Une opération de concentration d’entreprises n’est
concurrent AMD en contrôle seulement 11,5 %, soit pas interdite en soi, sauf si celle-ci crée ou renforce
une part de marché sept fois plus faible. une position dominante susceptible de déboucher
2. Trois méthodes sont utilisées : 1/n’accorder des sur des abus.
remises qu’aux fabricants d’ordinateurs utilisant 2. Difficile de se prononcer à la place des autorités
des microprocesseurs Intel ; 2/demander aux fabri- de la concurrence. On peut toutefois remarquer que :
cants d’arrêter ou retarder la fabrication d’ordina- 1/cette opération est de la compétence des autori-
teurs utilisant d’autres microprocesseurs ; 3/payer tés européennes de la concurrence, puisqu’il s’agit
un grand distributeur pour qu’il ne commercialise de deux entreprises européennes (contrairement

66
par exemple au rapprochement actuel entre Fiat et concurrentielles sont dommageables aux intérêts
General Motors) ; 2/ces deux grands constructeurs des consommateurs et des autres entreprises pré-
formeraient ensemble le leader mondial du secteur sentes dans le secteur.
(cf. doc. 1 p. 112 : 6,268 + 3,457 = 9,725 > Toyota – Moyens : l’État a largement délégué ses pou-
9,498) ; 3/cette position dominante n’est pas en voirs à une Autorité de la concurrence qui se voit
soi interdite si elle ne risque pas de déboucher sur
confier le soin d’examiner et d’autoriser ou non les
un abus de position dominante.
demandes d’autorisation en matière de concen-
3. Une entente (cas particulier de pratique anticon- trations ; elle instruit également les cas d’ententes
currentielle cf. question 1) resterait acceptable à et abus de position dominante qu’elle sera amenée
condition d’améliorer la distribution de produits ou à sanctionner ou non.
de permettre le progrès technique dans un secteur.
– Effets : le pouvoir d’injonction (obligation faite
Comme on a pu le voir en C. p. 112, les objectifs
à l’entreprise en cause de mettre fin à la pratique
d’une entente sont souvent autres que ceux-ci.
anticoncurrentielle incriminée) et le pouvoir de
4. En premier lieu, on constate qu’une entente entre sanction (amende qui peut aller jusqu’à 10 % du
Nestlé, Danone et Castel-Neptune concernerait
chiffre d’affaires mondial du groupe auquel appar-
70 % environ du marché de l’eau embouteillée (cf.
tient l’entreprise sanctionnée) ont un certain effet
doc. 4 p. 113). Il y aurait position dominante avec
dissuasif ; mais les contradictions et limites de la
un risque d’abus, mais puisqu’il s’agit de rechercher
politique industrielle européenne en matière de
une solution alternative aux bouteilles plastiques,
concentration ainsi que les exemptions au prin-
on pourra aussi considérer qu’elle vise à améliorer
cipe d’interdiction des ententes en limitent par-
la distribution du produit et à permettre le progrès
technique dans le secteur de l’eau embouteillée.
fois l’efficacité.
Par conséquent, elle pourrait être considérée juridi-
quement comme acceptable.

Doc. 4 pages 118-123   AnAlyse 2


1. Arguments avancés : 1/handicape le développe- Quelles sont les principales défaillances 
ment de firmes insérées dans l’économie mondiale ; du marché ?
2/empêche l’apparition de grandes firmes au niveau
européen ; 3/fragilise la situation des entreprises Dans cette seconde partie seront présentées les
qui souhaitaient s’associer ; 4/risque de faciliter principales défaillances du marché, c’est-à-dire des
leur absorption par des entreprises américaines. cas où le marché échoue dans l’allocation optimale
des ressources économiques. Seront abordés les
2. La politique industrielle européenne vise à la
problèmes générés par une mauvaise information
fois à l’émergence de grands groupes européens au
niveau mondial et en freine la constitution au nom et les manières dont pourrait être améliorée cette
de la préservation d’une libre concurrence. information, puis les défaillances liées à la pré-
sence de biens collectifs ou d’externalités.
3. Les consommateurs auraient pu réagir face à un
risque d’augmentation du prix des produits. Les Le développement du thème des externalités a
autres entreprises présentes dans le secteur du volontairement été limité ici car il figure déjà au
matériel électrique, notamment des PME, auraient programme de Seconde, contrairement au thème de
également pu dénoncer un risque d’abus de posi- l’information.
tion dominante en France.
pages 118-119    A. Quels problèmes la mauvaise 
Faire le point qualité de l’information  
– Motifs : une concurrence libre et non faussée pose-t-elle sur un marché ?
est une condition nécessaire au fonctionnement Après avoir sensibilisé les élèves à la question de
efficace et loyal des marchés ; le respect des règles l’information sur les marchés, cette double page
de concurrence est synonyme à la fois de prix examine les modalités d’une information asymé-
bas et d’une plus grande variété des produits et trique (anti-sélection et aléa moral) et ses effets
services pour tous les citoyens ; les pratiques anti- sur le fonctionnement du marché.

67
Doc. 1 avancer que c’est une « première main », sans que
cette information soit une garantie si le précédent
1. Dans le premier cas, l’acheteur ne dispose d’au-
propriétaire a mal entretenu le véhicule.
cune information sur la qualité et le prix du pro-
duit ; dans le deuxième cas, les prix sont affichés Ces informations sont d’une valeur toute relative,
et la qualité du produit est souvent indiquée en et devant l’incertitude, l’acheteur peut tenter de
référence à des normes (calibre, taille, forme, cou- limiter son risque en décidant d’acheter le véhicule
leur, etc.). Dans le premier cas, l’acheteur doit se le moins cher ou d’en négocier le prix. Les vendeurs
renseigner et comparer avec les informations don- de véhicules en bon état refuseront de leur côté de
nées par d’autres vendeurs, mais il peut négocier le diminuer leur prix, et ces véhicules disparaîtront
prix proposé ; dans le deuxième cas, l’information alors du marché pour ne laisser place qu’aux véhi-
est donnée a priori par le vendeur et la coexistence cules en mauvais état (effet de sélection adverse
en un même lieu de produits similaires réduit la encore appelé anti-sélection).
perte de temps de l’acheteur pour s’informer, mais
les prix proposés sont rarement négociables. Doc. 3

2. Le second marché est le plus proche d’un marché 1. Les assurances santé ne connaissent pas exac-
tement le risque qu’elle couvre car ce serait trop
de concurrence, puisqu’il s’approche de la condi-
coûteux pour elles de mettre en place un système
tion d’homogénéité (produits normalisés) et de la
permettant d’évaluer précisément le risque de cha-
condition de transparence (la qualité du produit est
cune des catégories de personnes ou de chacun des
affichée ainsi que son prix). Mais le premier marché
individus en particulier. Les tarifs sont donc cal-
comporte cependant une caractéristique concurren-
culés en fonction des risques estimés en moyenne
tielle que n’a pas le second : on peut y faire jouer
pour l’ensemble de la population.
plus facilement la loi de l’offre et de la demande.
2. Les assurances santé se refusent à appliquer une
Doc. 2 tarification différentielle qui minimiserait le coût
du risque supporté et qui inciterait les assurés à
1. L’acheteur peut chercher à se renseigner en
limiter leurs dépenses ; de ce fait, elles augmentent
consultant une revue ou un site donnant la cote de
leur « aléa moral » ou « risque moral » (rien à voir
l’occasion. Mais cette cote indique la valeur moyenne
avec une question de moralité : c’est la traduction
d’un véhicule immatriculé au 1er juillet, qu’on pourra
du terme anglais moral hazard). Elles préfèrent la
au mieux personnaliser à l’aide de la date réelle de
sélection différentielle des risques, en refusant
mise en circulation et du kilométrage, ce qui laisse
de couvrir certaines catégories de personnes à
encore planer une incertitude quant au prix réel de
risque présumé élevé, et en incitant les médecins
référence du véhicule mis en vente.
à restreindre les soins pour les autres (limitation
2. La décote pratiquée peut être interprétée de du renvoi vers des spécialistes), y compris en inté-
diverses manières : 1/c’est un véhicule en mauvais ressant financièrement les médecins aux bénéfices
état (caché) dont on veut se défaire rapidement en ainsi réalisés.
baissant le prix ; 2/c’est un véhicule en bon état 3. Ces pratiques jettent donc un doute dans l’es-
mais le vendeur en baisse le prix car il est pressé prit des assurés, qui ne sont pas tenus clairement
de le vendre (exemple : stock trop important). Le au courant des règles qui leur sont applicables. De
vendeur détient l’information mais l’acheteur est leur côté, ils subissent donc aussi une asymétrie
dans l’incapacité de la connaître (information asy- d’information.
métrique).
3. La réputation, bonne ou mauvaise, du vendeur Doc. 4
peut influencer, positivement ou négativement, 1. Une banque commerciale qui accorde un prêt
l’acheteur dans son choix. Mais c’est un signal étudiant est face à une asymétrie d’information :
parmi d’autres, et qui n’informe en rien des quali- elle ne sait pas si l’emprunteur utilisera l’argent
tés/défauts de ce véhicule en particulier. pour financer la poursuite de ses études, ou s’il
4. Le vendeur peut affirmer que le véhicule n’a ne sera pas tenté de consommer rapidement la
aucun défaut, ou souligner des défauts minimes somme en effectuant des achats sans rapport avec
pour en masquer de plus importants. Il peut aussi les études.

68
2. Même si elles le voulaient, les banques sont pages 120-121    B. Comment faire pour améliorer 
ici dans l’impossibilité quasi totale d’estimer le l’information sur un marché ?
risque encouru face à chaque individu (cf. aléa Cette double page examine successivement les
moral doc. 3 question 2). Elles pratiquent donc diverses manières de produire et de diffuser de
un taux d’intérêt moyen correspondant au risque l’information (comparateurs de prix, labellisation
estimé en moyenne pour l’ensemble de la popula- et magazines de consommateurs, l’examen du rôle
tion étudiante. joué par la publicité étant renvoyé p. 124) puis
3. Les étudiants qui peuvent apporter des garanties évoque la réglementation publique sur l’informa-
financières extérieures bénéficieront d’un taux plus tion telle qu’elle existe en France.
avantageux. D’autres, qui veulent poursuivre leurs
études mais ne bénéficient pas de cet appui fami- Doc. 1
lial, préféreront renoncer à un prêt trop coûteux. 1. Sur ce site est affichée en en-tête la meilleure
Reste au final une catégorie constituée d’étudiants offre accompagnée de son prix. Cette information
souhaitant emprunter pour consommer en achats est ensuite reprise, accompagnée des offres des
sans rapport avec les études, qui représente une concurrents suivants avec le prix proposé.
catégorie d’individus à risque élevé puisqu’ils ont
2. D’autres informations que le prix sont fournies
peu de chance de pouvoir rembourser facilement
par ce type de site : montant éventuel de la réduc-
grâce à une bonne rémunération procurée par des
tion par rapport au prix du marché, disponibilité,
études élevées. Au final, certaines banques refu-
frais de port, caractéristiques techniques du pro-
sent de pratiquer ce type de prêt (= retrait du
duit, photo, avis de précédents acheteurs, etc.
marché), tandis que d’autres les réservent aux indi-
vidus présentant d’importantes garanties familiales 3. La comparaison des informations données par
(= rationnement du crédit). de tels sites soulève quelques interrogations :
1/pourquoi le prix d’un produit identique est-il par-
fois différent d’un site à l’autre (cf. Discounted) ?
Faire le point 2/de ce fait, les informations données sont-elles
• Défaillances d’information : tenues régulièrement à jour ? 3/pourquoi un ven-
– absence ou insuffisance d’information sur le deur est-il référencé chez l’un et pas chez l’autre
(ex : Ubaldi) ? 4/de ce fait, la sélection proposée
prix ;
par un site est-elle réalisée à partir d’une étude
– l’information est trop coûteuse (en prix ou en faite sur l’ensemble des vendeurs ou sur une liste
temps) à obtenir ; plus limitée de vendeurs pré-sélectionnés ? 5/cer-
– mauvaise information apportée par le prix ; tains vendeurs ne sont-ils pas affichés prioritai-
– l’information est mal transmise ; rement en page d’accueil du site parce qu’ils ont
une relation commerciale privilégiée avec le site
– la crédibilité (de l’acheteur ou du vendeur) est
(cf. offre de « marges arrières » = ristournes sur le
en cause ; nombre de consultations de l’offre) ? Etc.
– incertitudes sur le risque ou sur le service rendu.
Doc. 2
• Conséquences négatives : 1. Le label d’origine est un signal informationnel
– asymétrie de l’information ; important car 91 % des consommateurs y voient
– anti-sélection ou sélection adverse ; un gage de qualité et 95 % y voient l’assurance
d’un produit soutenant la croissance et l’emploi en
– risque moral ou aléa moral.
France (enquête Sofres mars 2010). Ils sont donc
• Résultats sur le fonctionnement du marché : prêts à payer plus cher pour ce produit.

– augmentation injustifiée du prix final ; 2. Malheureusement, l’usage du terme « label »


souffrait d’une grande souplesse en termes de
– rationnement du marché (sélection parmi les réglementation. C’était le cas en particulier de l’an-
acheteurs) ; cien label « made in France » (cf. logo reproduit) :
– absence de marché (retrait des offreurs ou des 1/certains produits, fabriqués dans plusieurs pays
demandeurs). successifs, subissaient une ultime transformation

69
en France (exemple : couture d’une étiquette !) afin d’une abondante législation sur la protection des
d’obtenir ce label ; 2/il était source de confusion consommateurs. Dans sa version papier actuelle
avec des chartes professionnelles non officielles intégrant des annotations de jurisprudence, le Code
(ex : Label France Tourisme) 3/cet étiquetage étant de la consommation fait 1 900 pages environ… Son
facultatif, certaines entreprises omettaient d’in- livre premier est consacré à l’« information » des
diquer l’origine du produit quand la provenance consommateurs et à la formation des contrats », et
aurait servi de signal négatif ; 4/ce label était le chapitre premier qui a pour titre l’« obligation
en concurrence avec le label « made in Europe », générale d’information », ne comporte que trois
encore moins contrôlé, donc encore plus sujet à fal- articles de deux lignes chacun. On voit donc que ces
sifications, manipulations et contrefaçons. dispositions, de portée très générale, nécessitaient
3. La jurisprudence des tribunaux est plus contrai- d’être complétées par des dispositions plus précises
gnante, mais étant peu connue, elle ne permet pas sanctionnées légalement, notamment celles très
de protéger le consommateur des tromperies. Il fallait partiellement reproduites ici en B (http://www.
donc qu’un texte législatif restreigne l’utilisation de legifrance.gouv.fr).
ce terme. C’est désormais chose faite avec la créa- 2. L’article L 113-3 stipule très exactement que
tion d’un nouveau label « origine France garantie » en le commerçant doit informer le consommateur
mai 2011. Pour obtenir ce label, les produits devront sur les prix « par voie de marquage, d’étiquetage,
répondre à un cahier des charges très strict : 50 % à d’affichage ou par tout autre procédé approprié ».
minima de la valeur ajoutée devront être français et le L’autre procédé que constitue par exemple les codes
bureau Veritas sera chargé de la certification. barres est problématique pour le consommateur qui
ne peut lire directement l’information fournie et
Doc. 3 qui devra se rendre auprès d’une borne de lecture
1. L’information donnée par les magazines de souvent difficile à trouver.
consommateurs se veut : 1/objective : l’organisme Les questions 3 et 4 pourront être traitées en
réalise des analyses, tests comparatifs et enquêtes groupes afin de réduire le temps de mise en commun
à partir de critères « fiables » (exemple : rapport des résultats de la recherche.
qualité/prix, coût/efficacité, innocuité, consomma-
3. La réponse apportée dépendra du site consulté.
tion d’énergie, etc.) ; 2/indépendante : les maga-
On notera qu’en règle générale, les CGV couvrent
zines (et les organismes éditeurs) sont totalement
plusieurs pages écran en petits caractères, ce qui
indépendants des fabricants, des commerçants, des
n’empêche pas d’y indiquer par exemple que « le
fournisseurs ou de l’État, sont exempts de publicité
vendeur peut être ponctuellement amené à modifier
et les articles ne peuvent servir à des tiers pour
faire la promotion de leurs produits. certaines des dispositions de ses Conditions Géné-
rales, aussi est-il nécessaire que celles-ci soient
2. La diffusion d’informations préventives a été et relues avant chaque commande de produits sur
reste une priorité des associations de consomma-
le site » ainsi que « nous considérons qu’en vali-
teurs. Mais certains problèmes peuvent surgir après
dant votre commande, vous acceptez sans réserve
l’acte d’achat et leur analyse permet de mettre en
nos Conditions Générales après les avoir lues », ce
évidence les secteurs d’activité, les produits ou
qu’un consommateur ordinaire fait rarement.
les services à améliorer. Les associations ont donc
complété leur action informative par des actions 4. Les cas sont multiples. À titre d’exemples :
de conseil (tenue de permanences), des actions en – étiquetage du prix : livres référencés par une
justice (seule ou en soutien de plaintes des adhé- lettre (A, B,…) correspondant à un prix de vente
rents) et par des actions de représentation, en tant affiché en extrémité de rayon ; surgelés entrepo-
que groupe de pression, auprès des professionnels, sés dans un congélateur avec une multitude d’éti-
des organismes ou de l’État lorsqu’il s’agit de faire quettes placées côte à côte où il faudra retrouver la
modifier la législation. référence de l’un des produits ; etc.
– étiquetage des qualités et de la nature du pro-
Doc. 4 duit : informations indiquées sous l’emballage,
1. Les problèmes d’information sur le(s) marché(s) indication d’origine « U.E. », référence à des codes
ont incité depuis longtemps à l’élaboration peu connus du grand public (ex. : E 520), etc.

70
Faire le point Doc. 1
1. Davantage d’informations permettent à l’ache- 1. Un spectacle de feu d’artifice répond aux critères
teur d’être mieux informé : d’un bien collectif car : 1/non-rivalité : un specta-
– il peut comparer plus aisément les prix et faire teur qui regarde un feu d’artifice n’empêche pas un
jouer la concurrence ; autre spectateur de le regarder également ; 2/non-
exclusion : le feu d’artifice étant visible de très loin,
– il connaît plus facilement les caractéristiques et
il est matériellement difficile sinon impossible d’en
qualités du produit ; réserver le spectacle à un public choisi.
– il évite ainsi l’asymétrie d’information qui peut 2. Bien que la plupart des feux d’artifice soient
lui être préjudiciable. à la fois bien collectif et bien public (au sens de
2. Mais est-il au final réellement mieux informé ? financés sur fonds publics), la société pyrotech-
– l’information donnée n’est pas toujours com- nique Lacroix-Ruggieri aurait pu produire ce spec-
préhensible et fiable ; tacle public sans recours au financement public de
la commune de Carcassonne si un ou des mécènes
– il faut souvent beaucoup de temps pour recher-
privés avaient accepté d’en financer l’intégralité
cher et traiter l’information disponible ; du coût. Ce bien (service) collectif ne relève donc
– il faut parfois certaines compétences pour assi- pas nécessairement d’un bien public : c’est un choix
miler l’information donnée ; politique local.
– trop d’informations ne tuent-elles pas l’infor- 3. Un feu d’artifice n’est pas un bien (service) col-
mation ? (cf. notices techniques rarement lues). lectif par nécessité mais par choix. Il est tout à
Au final, l’information n’est-elle pas vouée à rester fait envisageable d’en faire un spectacle marchand :
imparfaite ? (transparence doc. 2 p. 108) c’est le cas de celui d’Annecy ou de celui organisé
chaque année au château de Versailles. Mais pour
inciter ou contraindre les spectateurs à acheter des
pages 122-123    C. Quelles sont les carences  billets, il faut pouvoir exclure, d’une manière ou
du marché ? d’une autre, un spectateur potentiel qui refuserait
Cette double page est organisée autour des deux de payer le prix. La technique consiste à organiser
domaines de défaillance du marché : présence de une partie du spectacle sous forme d’effets pyro-
biens collectifs et présence d’externalités. techniques au sol que seuls les spectateurs payants
Cette première page sensibilise les élèves à la notion peuvent voir et/ou d’organiser ce spectacle en un
de bien collectif à partir d’un exemple, puis vise à lieu fermé dont on peut en interdire l’accès (cf.
montrer que le marché peut être réintégré à ce niveau exclusion).
de manière subsidiaire. Pour la bonne compréhension
Doc. 2
par les élèves de l’analyse qui suivra, il est indis-
pensable de bien distinguer entre la notion de bien 1. La prise en charge de la sécurité extérieure d’un
collectif et la notion de bien public : si la plupart des pays est coûteuse. Si la demande existe bel et bien,
biens collectifs sont également des biens publics l’offre connaît une réelle carence due au fait qu’au-
(= produits et financés par la puissance publique), cune entreprise privée ne prendra en charge une
un bien public n’est pas forcément un bien collectif activité qui ne rapporte rien, puisque la divisibilité
et vice-versa. L’éducation par exemple est un bien et l’exclusion sont impossibles à mettre en œuvre.
(service) public, ainsi que tutélaire, mais qui subit Il revient donc aux pouvoirs publics le soin de four-
le principe de rivalité (que penser de l’efficacité édu- nir à la population ce bien (service) collectif.
cative dans une classe de 60 élèves ?) et le principe 2. En revanche, les pouvoirs publics peuvent se
d’exclusion (on peut refuser le passage des examens poser la question de l’exécution de cette mission :
à un étudiant qui n’a pas payé ses droits universi- est-ce à l’État de « produire » lui-même ce service,
taires), donc ce n’est pas un bien collectif pur. En ou bien peut-il en confier la mission au privé ?
sens inverse, une entreprise privée (ex. : Safran, L’État peut ici choisir la première solution et faire
Société Générale, etc.) peut financer des concerts exécuter cette mission par des militaires relevant
publics ouverts à tous, qui sont donc des biens col- de l’administration publique ; il peut aussi choisir
lectifs sans être pour autant des biens publics. de faire (partiellement) exécuter cette mission par

71
des sociétés privées qui travailleront sous contrat le droit de polluer autant qu’elles veulent, mais
avec l’État (cf. encadré « Le saviez-vous ? »). plutôt l’inverse. Les termes « permis d’émission »,
Bien que l’étude de la notion de service public ait « crédits carbone » ou « permis négociables » sont
disparu des programmes, on pourra faire une brève plus proches du mécanisme mis en jeu.
allusion à la manière dont a été pensée la gestion 2. Mécanisme du marché des permis à polluer :
des services publics au niveau européen. l’État, après avoir fixé un seuil global maximal de
En conclusion, on pourra souligner que la pollution, répartit des droits entre les entreprises ;
défaillance initiale du marché dans un domaine une entreprise peut utiliser elle-même ce droit ou
particulier n’est pas un obstacle totalement rédhi- le revendre au plus offrant (marché) ; l’entreprise
bitoire au choix de sa réintégration partielle. dont le coût de réduction de la pollution est supé-
rieur au prix de marché de ces droits cherchera à
Doc. 3 acheter la quantité de droits nécessaires, tandis
1. Le texte présente les externalités négatives que l’entreprise qui a un coût de réduction de la
(cf. nuisances) de la livraison de marchandises en pollution inférieur au prix du droit revendra son
milieu urbain : congestion du trafic et pollution. droit et fera la dépense nécessaire à la réduction
Ces coûts sociaux et environnementaux ne sont de sa pollution. Grâce à l’introduction de ce méca-
pas pris en compte par les transporteurs, qui ne nisme de marché, le coût de la dépollution sera
comptabilisent que les coûts privés directs qu’ils moindre pour l’une comme pour l’autre, alors que la
supportent. Cette situation conduit à une offre plus dépollution globale sera identique. Ce mécanisme
importante que ce qu’elle serait si les coûts sociaux sera d’autant plus incitatif en termes de dépollu-
étaient intégrés, car le prix pratiqué reste inférieur tion que les droits alloués sont en quantité limitée ;
à l’ensemble des coûts. à l’inverse, une grande quantité de droits alloués en
fait baisser le prix de marché et l’incitation devient
2. Les entreprises de livraison n’intègrent pas ces
nulle à la limite.
coûts sociaux et environnementaux dans leur calcul
économique car ils ne représentent aucune charge 3. L’État aurait pu prendre des décisions adminis-
financière pour elles, sinon très partiellement par tratives contraignantes (interdictions, normes) ou
les pertes de temps des livreurs ou le surcoût d’autres incitations économiques sans recourir au
en carburant de leurs propres véhicules dans les mécanisme de marché (taxes, subventions).
embouteillages. En conclusion, on pourra souligner que le marché,
initialement défaillant à prendre en compte les
3. Parmi les solutions préconisées par le rapport
externalités, est par conséquent réintégré dans ce
figurent : 1/une politique de quota : la réduction
mécanisme.
des horaires de livraisons autorisées contrain-
drait les entreprises à augmenter leurs tarifs pour
Faire le point
réserver ces livraisons aux seuls cas impératifs et
urgents ; 2/une politique de taxation : l’instaura- L’exercice revient, de manière très simplifiée*, sur
tion d’un péage urbain contraindrait les entreprises trois des mesures que peut prendre l’État face à la
à en répercuter le coût dans leurs tarifs de livrai- pollution afin de montrer que le mécanisme du
son. marché de permis à polluer est le moins coûteux.
4. À titre d’exemples : 1/l’installation d’une boulan- 1. Interdiction au delà de 50 t :
gerie à côté d’une épicerie a des effets favorables Clairvaux : 50 t x 500 € = 25 000 € et Chatelest :
sur l’activité de l’épicerie car leur proximité attirera 50 t x 200 € = 10 000 €
davantage de clientèle ; 2/l’amélioration du niveau
2. Taxation au-delà de 50 t : le montant de la
de formation dans un pays a des effets favorables
sur la qualification des salariés des entreprises ; taxe est laissé au choix de l’élève afin de permettre
3/l’activité d’un apiculteur a des effets favorables des variantes dans les calculs ; il devra toutefois
sur l’activité des arboriculteurs (cf. doc. 3 p. 125). être supérieur à 200 €, sinon aucune entreprise
n’a intérêt à dépolluer, ce qui n’est pas le but de la
Doc. 4 présente taxe ; à titre d’exemple pour 400 € :
1. L’expression « droits à polluer » est ambiguë car Clairvaux paie la taxe (400 €) plutôt que de dépol-
elle ne signifie aucunement que les entreprises ont luer (500 €) : 50 t x 400 € = 20 000 €

72
Chatelest dépollue (200 €) plutôt que de payer la 5. L’annonceur de cette publicité est Air France
taxe (400 €) : 50 t x 200 € = 10 000 € (cf. en haut à droite). Son activité est le transport
3. Marché des permis à polluer avec octroi d’un aérien.
quota de 50 t négociables : 6. Cette activité est représentée dans l’affiche par
Clairvaux : 350 € (prix du marché) < 500 € (coût un avion qui passe et qu’on distingue à peine (cf.
de dépollution) donc Clairvaux utilise ses 50 t de au-dessus de la brume et du poteau de droite).
droits et achète à Chatelest des droits pour les 50 t 7. Les externalités négatives du transport aérien
manquantes : 50 t x 350 € = 17 500 € sont principalement le bruit et les émissions de
CO2 engendrées par la consommation importante de
Chatelest : 350 € (prix du marché) > 200 € (coût
carburant.
de dépollution) donc Chatelest dépollue 100 t
(100 t x 200 € = 20 000 €) et vend à Clairvaux ses 8. Au niveau européen, les constructeurs d’avions
50 tonnes de permis (50 t x 350 € = 17 500 €), ce se sont engagés à réduire la consommation de car-
qui au final lui revient à (20 000 € – 17 500 € =) burant et l’émission de CO2. En ce qui concerne le
bruit, Air France-KLM s’est engagée à revenir à un
2 500 €.
niveau sonore inférieur à celui de 2005. Air France
Conclusion : À dépollution égale (100 t), la solu- souhaite donc communiquer sur ces 2 engagements
tion globalement la moins coûteuse est la n° 3 environnementaux.
(17 500 + 2 500 = 20 000 €) par rapport à la n° 1
9. Si l’on s’en tient à une lecture immédiate de
(25 000 + 10 000 = 35 000 €) et à la n° 2 (20 000
l’affiche (cf. étape 1), cette publicité n’est pas
+ 10 000 = 30 000 €). conforme au code d’autodiscipline : « ne pas abuser
NB* :  en  bonne  logique  économique,  le  raisonne- des préoccupations des consommateurs pour l’en-
ment  devrait  faire  intervenir  un  calcul  marginal,  vironnement », « ne contenir aucune affirmation
trop  long  et  complexe  dans  le  cadre  d’un  exercice  ou aucun traitement visuel de nature à induire en
concluant une séquence de cours. erreur les consommateurs de quelque manière que
ce soit quant aux aspects ou aux avantages envi-
ronnementaux du produit ».
Par contre, si l’on a connaissance de différentes
page 124   vers le bAc informations relatives au contexte dans lequel
Marché et information se développe cette campagne publicitaire, cette
affiche reste conforme au code d’autodiscipline :
Cette activité vise à compléter l’Analyse 2B (cf. les
« toute allégation environnementale doit être per-
diverses manières de produire et de diffuser de l’in-
tinente pour le produit spécifique faisant l’objet de
formation). Le but est de faire réfléchir les élèves au
la promotion ».
rôle informatif de la publicité : devrait-elle et peut-
elle décrire de manière objective les caractéristiques
principales d’un produit ou d’un service ?
C’est aussi l’occasion d’un travail sur l’image, acti-
vité souvent marginalisée dans nos pratiques péda-
page 125   vers le bAc
gogiques. État et marché
Cette activité peut être réalisée individuellement
Cette activité vise à synthétiser les différentes
ou donner lieu à des travaux de groupes.
imperfections et limites du marché étudiées au
1. Couleur dominante : le vert, qui fait penser à la chapitre 4. Le but est également de situer le rôle
nature, à l’écologie, etc. de l’État en ces différentes circonstances.
2. Impression générale de calme, de tranquillité, C’est aussi l’occasion d’un travail sur le schéma flé-
etc. ché d’implication, que l’on trouve de plus en plus
3. Si les oiseaux sont perchés sur les piquets, c’est fréquemment dans les ouvrages scientifiques en
que rien ne vient les déranger. général, et économiques en particulier.
4. « Un des meilleurs endroits sur terre » ne peut être 1. Partie bleue : le fonctionnement du marché. Par-
que paisible face à une situation mondiale agitée. tie marron : les types d’intervention de l’État.

73
2. De haut en bas (dans le sens des flèches). 7. « Une économie de marché régulée par l’État »,
NB : ces 2 questions peuvent paraître triviales, mais ou « Un marché concurrentiel qui nécessite l’inter-
l’expérience montre que certains élèves fixent sponta- vention de l’État », ou « L’intervention publique
nément leur attention sur une partie du schéma sans dans un marché de concurrence », ou etc.
chercher à s’en approprier la logique d’ensemble. 8. En économie de marché, les prix et les quantités
produites dépendent de la confrontation de l’offre
3. « oligopole ➞ manque de concurrence » signifie
et de la demande. Mais le marché connaît parfois
que l’existence d’un monopole entraîne un manque
des défaillances, au sens où il se révèle incapable
de concurrence sur le marché.
de prendre en charge de manière optimale l’allo-
NB : l’expérience montre que certains élèves appré- cation des ressources. C’est le cas en particulier
hendent très mal la distinction entre causes et lorsque le marché est en présence de biens collec-
conséquences ; un travail spécifique pourrait être tifs, c’est-à-dire de biens dont l’usage simultané
mené à ce niveau. par plusieurs individus ne nuit à aucun des utilisa-
4. Quatre chemins fléchés, dont un qui se décom- teurs et dont l’usage, en l’état actuel des choses, ne
pose en 3 branches : peut être réservé à l’utilisateur acceptant de payer.
Ce type de biens ou services a l’inconvénient pour
1/ de « en règle générale » vers « l’État favorise la
le marché de ne présenter aucune demande sol-
concurrence… », se décomposant en 3 branches
vable, au sens où aucun utilisateur n’acceptera de
via « monopole », « oligopole » et « concurrence
payer pour un usage librement ouvert à tous. Il en
monopolistique » ;
résulte une carence au niveau de la production, et
2/ de « en règle générale » vers « l’État doit orga- les pouvoirs publics sont mis en demeure de l’assu-
niser la production… » ; rer. L’État peut réaliser lui même la production d’un
3/ de « en règle générale » vers « l’État doit en bien collectif, ou bien la déléguer au secteur privé
limiter les effets » ; dont il en supervise l’exécution.
4/ de « en règle générale » vers « l’État doit les 9. Le texte fait état de l’activité des abeilles qui,
encourager… ». en récoltant du pollen, aident à la pollinisation des
plantes à fleurs. L’apiculteur, en tant que proprié-
5. Biens collectifs : terme défini en encadré p. 122
taire de ruchers, en récolte une production mar-
et en lexique p. 406.
chande de miel. Par contre, les bienfaits générés
6. Les externalités négatives engendrent des coûts à l’écosystème ne lui sont aucunement rémunérés.
sociaux et environnementaux qui ne sont pas On est donc là en présence d’externalités positives,
pris en compte par les entreprises productrices. c’est-à-dire d’une situation où l’activité d’un agent
Il revient alors à l’État, garant des intérêts de la bénéficie au bien-être d’autres agents économiques
société, de limiter ces dommages par le biais de sans que ces retombées positives lui soient payées
différentes mesures. (partie droite du schéma).

74

chapitre La monnaie
5 et Le financement
la démarche du chapitre

Le déroulement de ce chapitre suit de très près le programme officiel : il s’agit de répondre aux trois ques-
tions : à quoi sert la monnaie ? Comment l’activité économique est-elle financée ? Qui crée la monnaie ?
Le chapitre s’ouvre sur une double page « Découvrir » comportant trois activités de sensibilisation se
rapportant chacune à l’une des trois questions citées ci-dessus : pourrait-on se passer de monnaie ?
Comment peut-on financer un achat ? Pourquoi l’État est-il l’unique fabriquant de billets ?
Le chapitre est ensuite découpé en trois sous-parties correspondant aux trois thèmes.
La première partie doit permettre aux élèves de comprendre les avantages de la monnaie à travers les
fonctions qu’elle remplit, la nécessaire confiance que les agents économiques doivent lui accorder pour
qu’elle puisse remplir ses fonctions et le lien entre cette confiance et sa dématérialisation progressive.
La deuxième partie permet de distinguer autofinancement et financement externe. Dans le cas d’un
financement externe par recours au crédit, il s’agit de comprendre les deux visages du taux d’intérêt
(rémunération du prêteur et coût de l’emprunt). Le taux d’intérêt exigé par le prêteur est d’autant plus
élevé que ce dernier estime élevé le risque de crédit : la page « Vers le bac » page 158 permet d’approfon-
dir cette question à travers le cas de la dette grecque. Enfin on s’intéresse au développement du finan-
cement externe direct sans pour autant parler de désintermédiation financière puisque la plupart des
produits de placements sont achetés et vendus par les banques. La page « Vers le bac » page 159 permet
de comprendre que sans système financier la croissance économique ne serait pas possible mais aussi
que la déréglementation des marchés financiers a multiplié et amplifié les crises financières.
La troisième partie montre que la création de monnaie provient des crédits accordés par les banques
aux entreprises, aux ménages et à l’État. Le pouvoir de création monétaire des banques est limité par
le fait qu’elles évoluent dans un système à plusieurs banques et par la transformation d’une partie des
crédits octroyés en billets. Billets et monnaie centrale constituent la base monétaire que les banques
peuvent obtenir, moyennant paiement de taux d’intérêt, soit sur le marché interbancaire, soit auprès de
la banque centrale. Cette dernière intervient sur le marché monétaire pour apporter ou retirer de la base
monétaire et ainsi faciliter ou freiner la création monétaire. La banque centrale a aussi pour mission de
préserver le pouvoir d’achat de la monnaie. Enfin, en tant que « prêteur en dernier ressort », elle peut
être amenée à créer de la monnaie centrale pour assurer la liquidité des banques et éviter des faillites
bancaires dans les périodes de crise de confiance pendant lesquelles les banques refusent de se prêter de
la monnaie centrale.

pages 132-133   Découvrir 3. Le problème de l’évaluation de la valeur de


Débattre chaque bien. Le problème de la double coïncidence.

1. Oui, mais on voit vite qu’il faut dénombrer les Comparer


biens à échanger, calculer le prix relatif de chaque 1. Payer comptant un ordinateur ou fractionner
bien par rapport à tous les autres et trouver à l’achat en plusieurs traites (crédit).
chaque fois deux personnes intéressées réciproque- 2. Le prix de l’article, son budget (revenu dispo-
ment par ce que l’autre possède. nible), ses autres dépenses et le coût du crédit
2. Même démarche. (taux d’intérêt).

75
3. Le prix de l’ordinateur. Il passe à 1 611,30 € en Doc. 2
cas de paiement à crédit, soit une augmentation de
1. Oui, c’est le rôle d’intermédiaire des échanges de
7,49 %.
la monnaie qui permet cela.
S’interroger 2. Le vendeur sait qu’à son tour il pourra se procurer
1. C’est l’État, plus précisément la banque centrale. n’importe quel bien ou service avec cette monnaie.
2. Les billets n’ont pas de valeur en eux-mêmes. Ils 3. On passe du troc à l’échange monétaire car cela
ne peuvent être utilisés par les différents agents facilite les échanges et l’instrument d’échange
économiques que si chacun a confiance dans le fait choisi est le même que celui qui sert d’unité de
qu’il pourra les échanger contre n’importe quel bien compte (fonctions d’« unité de valeur » et d’« unité
ou service. L’État assure la véracité des billets en de paiement » de la monnaie).
circulation en réprimant sévèrement la fabrication 4. La monnaie, en tant qu’étalon de mesure, permet
de faux billets. La circulation de faux billets remet- de comparer la valeur de tous les biens. En tant
trait en cause la confiance dans la monnaie. qu’intermédiaire d’échange elle permet d’acheter
3. Voir la présentation interactive, « les signes de n’importe quel bien et service et rompt la double
sécurité des billets en euros » sur le site de la BCE coïncidence nécessaire au troc.
(www.ecb.int) : impression en relief au toucher,
Doc. 3
filigrane, fil de sécurité, recto et verso coïncident
parfaitement par transvision, bande métallisée 1. Quand j’épargne, je renonce à consommer
holographique… aujourd’hui. J’utiliserai cette somme pour acheter
des biens ou services dans un futur plus ou moins
proche (c’est la fonction « unité de réserve » de la
monnaie).
pages 134-141   AnAlyse 1 2. Si je suis sûr que la monnaie que je détiens sous
forme d’épargne ne perdra pas de sa valeur, que je
À quoi sert la monnaie ?
pourrai récupérer la somme que j’ai épargnée quand
je le souhaite.
pages 134-135    A. Les fonctions économiques  3. Les valeurs mobilières sont les actions et obli-
de la monnaie gations que je peux détenir. Les biens immobiliers
Doc. 1 sont des terres, ou des immeubles (maison, appar-
1. C’est le rapport entre le prix de deux ou plusieurs tement, local commercial). Je peux les revendre
biens (cf. lexique p. 411). lorsque j’ai besoin de monnaie pour effectuer un
achat en espérant qu’ils n’auront pas perdu de
2. (1 000 x 999)/2 = 499 500 ; la formule est don-
valeur entre le moment où je les ai achetés et le
née dans le texte [n (n-1)]/2).
moment où je les revends.
3. Si je peux exprimer la valeur d’un bien, non pas
par rapport à un autre bien, mais par rapport à un ExErcicE
étalon de mesure, par exemple l’euro, je peux très
1. (n x n-1)/2, où n est le nombre de biens. Ici :
facilement comparer la valeur de tous les autres
biens. 4 x 3/2 = 6 (cf. question 2 doc. 1).
2. Il y a quatre prix absolus : le prix en monnaie de
ExErcicE chacun des quatre biens.
1. L’enfant ne sait pas que l’argent lui permettrait 3. Il est plus facile de comparer les valeurs des
d’acheter autre chose que le gâteau ou de différer biens avec la monnaie et donc savoir si un bien
l’achat du gâteau. nous apporte une satisfaction supérieure à son
2. Elle sait que la possession d’argent lui confère coût. De là découle que les échanges sont facilités.
un pouvoir d’achat, qu’elle pourra acheter ce
FairE lE point
qu’elle voudra avec cette somme, qu’elle pourra
accumuler plus d’argent pour acheter un bien 1. Oui ; intermédiaire des échanges.
plus cher… 2. Oui ; unité de compte.

76
3. Non. et ils certifient que les pièces en circulation ont été
4. Oui ; instrument de réserve de valeur. fabriquées sous leur autorité, ce qui leur confère
5. Oui ; intermédiaire des échanges. leur valeur.
6. Non. Doc. 4
1. 5 € : style classique ; 10 € : roman ; 20 € : gothique ;
pages 136-137    B. La monnaie :  50 € : Renaissance ; 100 € : baroque ; 200 € : xixe siècle
un rôle social et politique (le verre et l’acier) ; 500 € : moderne (xxe siècle).
Doc. 1 2. Au recto de chaque billet sont représentés des
1. Bien privé : les individus sont en rivalité pour fenêtres et des portails : ils symbolisent l’esprit
la possession d’un bien privé et la propriété de ce d’ouverture et de coopération qui règne au sein de
bien est exclusive. Bien collectif : bien qui n’est pas l’Union européenne. Les douze étoiles de l’Union
divisible et dont l’utilisation par un individu n’em- européenne sont l’illustration du dynamisme et de
pêche pas l’utilisation par un autre individu (cf. l’harmonie de l’Europe contemporaine. Les ponts
lexique p. 406). représentés au verso symbolisent le lien qui unit
2. Ils veillent à ce qu’il y ait bien une seule monnaie non seulement les peuples européens entre eux,
en circulation au sein de l’espace économique qu’ils mais aussi l’Europe avec le reste du monde. Le dra-
peau de l’Union européenne.
contrôlent. Ils veillent aussi à sa disponibilité, sa
bonne circulation et la préservation de sa valeur. 3. Les choix graphiques symbolisent d’un côté les
différentes nations européennes, de l’autre l’Union
3. La monnaie n’a de valeur que si tous les agents
européenne. Cela permet de renforcer le sentiment
économiques d’un même territoire acceptent de
d’appartenance nationale mais aussi le sentiment
s’en servir. Plus l’espace économique au sein duquel
d’appartenance européenne. De plus les symboles
une monnaie est acceptée est grand, plus la mon-
véhiculent des valeurs européennes : l’esprit d’ou-
naie permet de réaliser un grand nombre d’actions
verture et de coopération.
économiques (achat, épargne, prêt…) et plus elle
est désirée. Ainsi le nombre d’agents économiques
FairE lE point
qui désirent détenir des euros est plus grand que le
nombre de ceux qui désiraient détenir des francs. 1. Il s’agit de donner l’illusion d’une proximité avec
la nature, de donner l’illusion que les biens sont mis
Doc. 2 gratuitement à la disposition de tous, que chacun
1. S’il pense que cette monnaie continuera à être peut satisfaire ses besoins sans contrainte budgétaire.
reconnue comme intermédiaire des échanges et 2. Non car il a fallu payer avec de la monnaie ces
qu’elle ne va pas perdre de sa valeur. colliers de fleurs ou de perles.
2. En nature ou dans une autre monnaie que beau- 3. Billets de banque et billets de jeu de société sont
coup d’agents économiques souhaitent détenir. des coupures de papier. Mais les billets de jeu ne
3. Si le coût de la vie augmente rapidement ; si l’argent sont pas garantis par l’État ; les acteurs écono-
existe en quantité supérieure à celle des biens et ser- miques n’ont pas confiance dans le fait qu’ils seront
vices mis en vente ; si les autres agents économiques acceptés par les autres agents ; du coup, ils ne per-
n’acceptent plus d’être payés avec cette monnaie ; si mettent pas d’acheter des biens et des services, ils
l’autorité des pouvoirs publics est mise à mal… n’ont de « valeur » que dans le cadre du jeu.
Doc. 3
1. Carte de l’Union Européenne : face commune des pages 138-139    C. Une tendance 
pièces de 1 euro ; chouette : Grèce ; Juan Carlos, à la dématérialisation  
España : Espagne ; République Française, l’hexa- des formes de la monnaie
gone, liberté, égalité, fraternité : France ; harpe Doc. 1
celtique et eire : Irlande. 1. Elles ont une valeur intrinsèque importante, soit
2. Ils symbolisent par là leur puissance (ils détien- en raison d’un coût de production élevé, soit parce
nent le monopole de la fabrication de la monnaie) qu’elles satisfont des besoins fondamentaux. En

77
revanche, on peut distinguer des monnaies-mar- coquillages…) à de la monnaie-papier (lettre de
chandises qui ont déjà une simple valeur symbo- change, billet…) puis à des jeux d’écriture (vire-
lique (coquilles de cauris). ment entre comptes créditeurs) : ce qui caracté-
2. Elles sont périssables donc peu aptes à l’épargne rise la dématérialisation de la monnaie.
(fonction d’unité de réserve inefficace) ; elles ne
sont pas toujours fractionnables donc peu aptes à
pages 140-141    D. Les formes de la monnaie 
payer les petits achats (fonction d’unité de paie-
aujourd’hui
ment limitée).
Doc. 1
Autre ressource : vidéo sur l’histoire de la monnaie
sur le site : agtelevisions.com, rubrique « histoires 1. Les pièces représentent 0,8 % du total de la
d’argent ». masse monétaire en circulation en 2000 en France.
Ou, sur 100 € de monnaie en circulation dans l’éco-
Activité possible : on peut inventer un jeu de rôles
nomie française en 2000, 0,8 sont des pièces.
(banquiers, acheteurs, vendeurs) pour montrer la
circulation de la monnaie scripturale d’un compte 2. Il n’a cessé de baisser depuis 1960 et est très
à l’autre. faible puisqu’il ne représente que 10 % de la masse
monétaire en circulation en 2007.
Doc. 2 3. Elle ne cesse d’augmenter puisqu’elle passe de
1. Fiduciaire signifie confiance. Les billets et les 57,8 % de la masse monétaire en 1960 à 90 % en
pièces n’ont pas de valeur intrinsèque mais leur 2007.
valeur repose sur le fait qu’ils sont acceptés par tous 4. Les agents économiques détiennent tous un
les agents en échange d’un bien ou d’un service. compte à vue auprès d’une institution financière. Les
2. Les premiers billets pouvaient à tout moment banques ont diversifié les moyens de circulation de
être convertis en métal précieux (or ou argent) ; les la monnaie scripturale (chèque, mandat, virement,
billets d’aujourd’hui ne sont plus convertibles. carte bancaire…) et les habitudes des individus
3. Plus le cercle des personnes qui acceptent d’être dans l’usage des moyens de paiement ont évolué.
payées dans une monnaie s’élargit, plus le pouvoir
Doc. 2
de cette monnaie grandit, c’est-à-dire sa capacité à
s’échanger contre des biens et services. 1. Non. Ce sont des moyens de circulation de la mon-
naie scripturale (voir encadré « Le saviez-vous ? »).
Doc. 3 2. a : virement bancaire ; b : carte bancaire ; c : chèque
1. « scriptural » : qui concerne l’écriture. bancaire.
2. L’acheteur n’a plus besoin de transporter de la Doc. 3
monnaie métallique : transporter de grandes quan-
tités de monnaie métallique peut être compliqué 1. Non ; au sens strict ils ne peuvent acheter des
(encombrement et poids) et dangereux (vol). biens ou des services qu’avec M1, c’est-à-dire la
monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale.
Doc. 4 2. 4 683 milliards d’euros (c’est-à-dire la valeur de
1. L’État interdit aux entreprises d’effectuer leurs M1).
règlements (paiement de factures, versement de 3. L’argent que je détiens sous forme de placement
salaires) en liquide pour permettre le contrôle (livret d’épargne, titres d’OPCVM monétaires…) peut
et éviter la fraude fiscale et le blanchiment des être plus ou moins facilement, c’est-à-dire sans délai
capitaux. De plus (voir doc. 3), les transferts de et sans perte de valeur, transformé en moyens de
monnaie scripturale de compte à compte sont plus paiement acceptés par tous les agents économiques.
sécurisés et évitent les déplacements. En passant de M1 à M2 puis de M2 à M3, on rencontre
2. Les banques détiennent 70 % de la monnaie des placements moins facilement convertibles.
scripturale.
FairE lE point
FairE lE point Les agents économiques détiennent des actifs plus
On est passé de la monnaie-marchandise (bétail, ou moins liquides qu’ils peuvent à tout moment

78
vouloir convertir en moyens de paiement pour 3. Le taux d’autofinancement diminue de 2001 à
effectuer un achat. Mais il est difficile d’anticiper 2009.
la part de ces actifs qui seront convertis en mon-
naie et avec quelle perte de valeur. Doc. 3
1. a. titres achetés par les ANF ; b. autofinance-
ment ; c. titres achetés par les IF ; d. crédit ban-
caire ; e. crédit non bancaire.
pages 142-147   AnAlyse 2
2. Les deux sont du financement externe mais le
Comment l’activité économique   premier se fait directement sur le marché financier
est-elle financée ? par émission de titres, l’autre passe par un intermé-
diaire, à savoir une banque.
pages 142-143    A. Comment financer  On peut montrer que le mode de financement d’un
ses dépenses ? investissement se répercutera sur le bilan d’une
Doc. 1 SNF, en particulier sur son passif (cf. chapitre 2
1. En 2009, les entreprises non financières rési- p. 69).
dentes dégageaient un besoin de financement de
Doc. 4
22,9 milliards d’euros ; en 2008, les ménages déga-
geaient une capacité de financement de 61,2 mil- 1. Les « marchés de titres » : le marché finan-
liards d’euros ; en 2006, la nation française avait un cier ou marché des capitaux à long terme (qui se
besoin de financement vis-à-vis du reste du monde décompose encore en marché primaire ou du neuf
de 32,6 milliards d’euros. et marché secondaire ou bourse des valeurs) et le
2. On obtient la situation pour la nation (- 54,4 marché monétaire qui est le marché des capitaux à
+ 8,1 – 41,9 + 55,6 + 0,0 = -32,6) ; en 2007, les court et moyen terme (durée de vie des titres allant
SNF ont un besoin de financement égal à 49,4 mil- de quelques jours à deux ans). Les intermédiaires
liards d’euros ; en 2009, la nation dégage un besoin financiers sont les banques, les institutions finan-
de financement égal à 54,1 milliards d‘euros. cières spécialisées (crédit foncier), les OPCVM, les
caisses d’épargne.
3. Les SNF et les administrations publiques sont
structurellement en besoin de financement ; les 2. Autofinancement.
ménages et les SF en capacité de financement. 3. Le système financier permet aux épargnants de
4. Auprès du reste du monde (ménages, entreprises, trouver le meilleur placement possible en fonction
banques non-résidents). de leurs critères (rendement et liquidité) et aux
investisseurs l’argent dont ils ont besoin. Ainsi l’ar-
Doc. 2 gent va se placer dans les projets d’investissement
les plus rentables et la quantité de richesses créées
1. Épargne brute des ménages = revenu disponible peut augmenter par augmentation et amélioration
brut - consommation de l’appareil de production.
Épargne brute des SNF = EBE - impôts sur les béné-
fices - rémunération des créanciers - dividendes ver- FairE lE point
sés aux actionnaires (pour les sociétés anonymes).
Un agent qui ne peut pas financer l’intégralité de
2. Taux d’autofinancement = épargne brute/FBCF ses dépenses (de consommation ou d’investisse-
2001 2003 2005 2007 2009 ment) sur ses ressources propres, c’est-à-dire par
autofinancement, doit avoir recours à un finan-
Épargne 126,2 128,2 120,3 149,6 122,1 cement externe. Il existe deux possibilités : la
finance directe, dans laquelle agents à besoin de
Formation brute financement et agents à capacité de financement
150,7 146,8 166,5 198,7 191,9
de capital fixe
sont en relation directe, et la finance indirecte,
dans laquelle un intermédiaire financier (une ins-
Taux
d’autofinancement
83,7 87,3 72,3 75,3 63,6 titution financière) s’interpose entre les agents à
besoin et ceux à capacité de financement.

79
pages 144-145    B. Quels rôles jouent les taux d’intérêt ?
Doc. 1a
1. et 2. 33,3 = (10 000 x 0,04)/ 12 ; 261,91 = 295,24 – 33,3 ; 9 738,09 = 10 000 - 261,91.

Nombre Capital restant Intérêts Capital remboursé Total cumulé du Capital restant
d’échéances à rembourser versés par échéance capital remboursé à rembourser

1 100 000 33,33 261,91 261,91 9 738,09

2 9 738,09 32,46 262,78 524,69 9 475,31

3 9 475,31 31,58 263,66 788,34 9 211,66

4 9 211,66 30,7 264,54 1 052,88 8 947,12

5 8 947,12 29,82 265,42 11 318,3 8 681,7

3. 10 000 x 1,04 = 10 400 € ; coût du crédit = 400 €.


4. Non. Le taux d’intérêt s’applique au montant du capital à rembourser ; or, au fur et à mesure des men-
sualités, le montant du capital qui reste à rembourser diminue, donc le montant des intérêts aussi. Dans les
295,24 €, la part du capital remboursé augmente et celle des intérêts versés diminue.

Doc. 1B
1.
André Karim Jeanne

Âge 20 ans 20 ans 20 ans

Situation familiale Célibataire Célibataire Célibataire

Nombre d’enfants à charge 0 0 0

Étudiant dans une école


Profession Vendeur Étudiante en médecine
d’ingénieur

Type de prêt À la consommation Étudiant Étudiant

Montant du prêt 30 000 € 30 000 € 30 000 €

Durée en mois 108 108 48

TEG* 8,14 3,43 2,43

Mensualité 392,73 323 656

Montant total
42 414,84 34 884 31 488
de remboursement

Coût total de l’emprunt 12 414,84 4 884 1 488

2. Son évaluation du risque de crédit n’est pas la même pour les trois emprunteurs, en fonction de leur
situation sociale et de la durée de l’emprunt.

Doc. 2
1. Le créancier lui vend un service : mettre à sa disposition de l’argent pour consommer ou réaliser un
investissement.

80
2. Il renonce à consommer aujourd’hui, donc à Doc. 2
satisfaire des besoins. Il l’accepte car il récupérera
1. 283 : la valeur globale de l’ensemble des actions
une somme plus importante que celle qu’il a prêtée
détenues était de 283 milliards d’€ en 1980 en
et pourra consommer davantage.
France ; 1500 : le montant total de l’endettement
3. « Plus longue est l’abstinence et plus vous pour- sous forme d’obligations et de titres de créances
rez, en principe, obtenir un taux d’intérêt élevé ». négociables se montait à 1 500 milliards d’€ en
« Le taux d’intérêt rémunère aussi le risque pris par le 2000 ; 422 % : en 2005, la valeur globale des actifs
prêteur : le risque de ne pas être remboursé ; le risque financiers représentait une somme égale à 422 % du
que l’inflation* dévalorise la somme remboursée ».* montant du PIB de la même année (4,22 fois le PIB).
La notion d’inflation sera vue au chapitre 7 p. 192.
2. Le montant des titres financiers est supérieur à
Autres ressources : sur le site lafinancepourtous.com, la richesse créée dans l’année en France.
on trouve dans la rubrique « boîte à outils » des
simulations de crédit.
3. PIB en 1980 : 441,11 milliards d’euros : (283 +
114)/0,90 ; en 2005, 1 698,36 milliards : (4 315 +
Doc. 3 2 937)/4,22
1. 100 x 1,05 = 105 ; non car entre-temps le coût 4. Actions : coefficient multiplicateur CM, (4 315/
de la vie a augmenté de 3 % ; (105/103) x 100 283) = 15,24 soit un taux de variation de
= 101,94 ou 1,94 %. 1 424,73 % ; Obligations et TCN : CM, (2 937/114)
= 25,76 soit un taux de variation de 2 476,3 % ;
2. (105/106) x 100 = 99 ou -1 %
PIB : CM, (1 698,36/441,11) = 3,85 soit un taux de
3. Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal - taux variation de 285 %. Les actifs financiers ont connu
d’inflation (formule acceptable pour des valeurs
une augmentation de valeur bien plus importante
petites).
que l’augmentation de la richesse réelle créée par
4. L’emprunteur. Le montant qu’il rembourse, 105 €, l’économie française. On peut parler de décon-
ne vaut plus que 99 € de l’année de départ. Il a nexion entre la sphère réelle et la sphère financière.
donc remboursé une somme moins importante que
celle qu’il a empruntée, en monnaie constante (voir Doc. 3a
outils et méthode pp. 394-395).
• Le décloisonnement des différents comparti-
FairE lE point ments du marché financier doit permettre d’optimi-
ser l’allocation des ressources financières : chaque
Un ménage choisit de répartir son RDB entre épargnant pourra optimiser la composition de son
consommation et épargne. Plus la rémunéra- épargne et les SNF trouveront d’autres sources de
tion de l’épargne est élevée et plus il sera incité à financement que le crédit bancaire.
renoncer à consommer pour épargner.
Entreprise et ménage peuvent être en situation de Doc. 3B
besoin de financement pour financer des dépenses 1. L’État dégage un besoin de financement chaque
(investissement ou achat de biens durables). Plus le année depuis le milieu des années 1970. En moder-
taux d’intérêt est bas et plus ils sont incités à s’en- nisant les marchés des capitaux, il espérait bais-
detter pour combler leur besoin de financement. ser le coût du financement de son déficit public en
drainant l’épargne privée, nationale et étrangère et
pages 146-147    C. Concurrence entre banques  en supprimant l’intermédiaire bancaire.
et marchés de capitaux 2. Cela permet de diminuer le coût du financement
Doc. 1 externe en supprimant l’intermédiaire bancaire.
1. En 2009, les ménages français se sont endettés 3. Les banques ont changé de métier. Elles octroient
auprès des institutions financières résidentes pour moins de crédit aux SNF mais sont devenues des
un montant de 1 066,6 milliards d’euros. acteurs majeurs des marchés de capitaux en ache-
2. Ces deux secteurs institutionnels peuvent être tant et en vendant des titres financiers.
financés par des institutions financières non-rési- Remarque : sur le site lafinancepourtous.com on trouve 
dentes et par des agents non financiers. des quiz sur la bourse.

81
FairE lE point

Financement externe direct Financement externe indirect

Émission d’action Endettement Auprès d’une banque

Auprès du marché financier Auprès du marché monétaire

Titres de créances négociables


Titres de créances négociables
à court et moyen termes
à long terme (obligations)
(bons du Trésor)

pages 148-157  AnAlyse 3 Doc. 2


Qui crée la monnaie ? 1. C’est de l’argent créé ex nihilo.
2. Lorsque la banque accorde un crédit à un client,
pages 148-149    A. Comment les banques  elle dépose la somme prêtée sur le compte courant
créent-elles de la monnaie ? ou dépôt à vue que le client possède auprès d’elle.
Doc. 1
3. Tous les autres agents économiques du pays ont
1. La Banque de France qui a le monopole de fabrica- forcément un compte courant auprès de ce seul
tion des billets de banque ; les banques commerciales. établissement bancaire et la monnaie scripturale ne
2. Les banques commerciales : « pour 83 % ce sont fait que circuler d’un compte à un autre. La banque
les crédits accordés par les banques qui sont à l’ori- n’a pas à faire face à des fuites. Son pouvoir de
gine de nos moyens de paiement actuels ». création monétaire est donc illimité.

Doc. 3
1. Entrée de devises : le pays exporte ; sortie de devises : le pays importe.
2. Un bon du Trésor est un titre de créance représentatif d’un emprunt dont l’émetteur est un État. Les
banques qui achètent des bons du Trésor peuvent le faire en créant de la monnaie.
3. Banque de France, Banque centrale européenne, Fed (federal reserve system).
4.
Les banques La Banque centrale Le Trésor public
Crédits Fabrication Achats Achats Achats Fabrication Comptes chèques
aux agents de billets de créances de bons de devises de pièces postaux qui
économiques aux autres du Trésor et émission de monnaie permettent
(ménages, banques de monnaie de créditer
SNF, État) (réescompte) nationale en les comptes de
contrepartie certains agents
économiques
Monnaie Monnaie Monnaie Monnaie Monnaie Monnaie Monnaie
scripturale fiduciaire scripturale scripturale scripturale divisionnaire scripturale
ou fiduciaire

82
Doc. 4 ExErcicE
1. Les banques ont changé de métier (voir doc. 3B Remarque : il peut être réalisé après avoir traité
p. 147). Elles achètent et vendent des titres à court l’analyse 3C qui suit.
terme sur le marché monétaire et des valeurs mobi- 1. Le 1er juin.
lières sur le marché financier. Lorsqu’elles acquiè-
2. Car M. Dupont reconnaît sa dette par une
rent des titres, elles peuvent le faire par création
lettre de change par laquelle il s’engage à payer la
monétaire.
somme due dans trois mois.
2. La banque, comme toute entreprise, établit son
bilan avec au passif ses ressources (d’où viennent 3. 40 000 - (40 000 x 0,04) = 38 400 €.
les fonds ?) et à l’actif ce à quoi ses ressources sont 4. Elle est créée ex  nihilo par le banquier avec
utilisées. 54 % des ressources des banques provien- pour contrepartie une créance sur Eiffel.
nent de leur émission de titres, achetés par d’autres
Actif banque Passif
agents économiques. Elles utilisent 55 % de leurs
ressources à acheter des titres émis par d’autres Créance DAV d’Eiffel = + 38 400
agents économiques. sur Eiffel + 40 000 Intérêts 1 600

FairE lE point
5. Oui, il y a eu 40 000 € de monnaie supplémen-
Banque taire créée.
Actif Passif 6. C’est la société générale, banque de M. Dupont,
Créance DAV + 8 000 le 1er juin, pour un montant de 40 000 €.
sur client + 8 000
Actif banque Passif
Entreprise DAV d’Eiffel = + 38 400
Créance
Actif Passif sur Eiffel + 40 000 -1 800
Avoir Reconnaissance Compte à vue = 36 600
à vue + 8 000 de dette + 8 000 banque centrale - 1 800 Intérêts 1 600

7. Non, il y a eu conversion de monnaie scriptu-


pages 150-151    B. D’où provient  rale en monnaie fiduciaire.
l’augmentation de la masse 
monétaire en circulation ? 8. Non, le montant du DAV d’Eiffel a diminué de
Doc. 1 1 800 € mais il détient 1 800 € sous forme de billets.

1. La destruction de monnaie correspond à un rem- 9. Non, ses réserves en monnaie centrale ont
boursement de crédit. diminué. Or elle doit toujours pouvoir faire face à
des fuites (voir pp. 152-153).
2. En une année, il faut que le montant des crédits
accordés et financés par création monétaire soit 10. Non, c’est un moyen de circulation de mon-
supérieur au montant des emprunts remboursés. naie scripturale de compte à compte.
Doc. 2 11. Le Crédit Agricole doit transférer 30 000 € de
monnaie centrale au Crédit Lyonnais.
1. Seul M3 a diminué en 2010.
2. [(9 531,2 - 9 392)/9 392] x 100 = 1,48 soit 1,48 %. 12.
3. Les banques ont été beaucoup plus réticentes à Actif Crédit agricole Passif
accorder des crédits car elles avaient du mal à se four- DAV d’Eiffel = + 38 400
nir en monnaie centrale sur le marché interbancaire Créance -1 800
en raison d’une crise de confiance généralisée. Les sur Eiffel + 40 000
= 36 600
agents non financiers (ménages et SNF) ont renoncé à Compte à vue
réaliser des dépenses à crédit par peur de l’avenir. banque centrale - 1 800 - 30 000
- 30 000 = 6 600
On peut actualiser les données des agrégats moné-
taires en allant sur le site banque-france.fr Intérêts 1 600

83
Actif crédit lyonnais Passif
lorsqu’ils acquièrent un logement, sont financés à
partir d’une épargne déjà constituée.
Compte à vue 17. Si ce crédit est financé par création monétaire,
DAV Mecca + 30 000
banque centrale + 30 000
oui.
13. Non. 18.
14. L’opération aurait été neutre pour le crédit Actif crédit lyonnais Passif
agricole qui n’aurait pas eu à convertir sa monnaie
en monnaie centrale mais simplement à transfé- Compte à vue DAV Mecca + 30 000
BC + 30 000 + 5 000
rer sa monnaie du compte d’Eiffel au compte de
- 60 000 DAV Nitram
Mecca.
+ 5 000 80 000 - 60 000 = 20 000
15. Non, elles doivent toujours pouvoir assurer la
Créance
conversion de leur monnaie en monnaie centrale. sur Nitram + 80 000
16.
Actif crédit lyonnais Passif
Actif société générale Passif
Compte à vue
DAV Mecca + 30 000
banque centrale + 30 000 Compte à vue DAV Dupont + 60 000
Créance BC + 60 000 - 10 000
DAV Nitram + 80 000
sur Nitram + 80 000 - 10 000 - 5 000
- 5 000
On peut soit supposer que ce crédit est financé par
de l’épargne préalablement collectée, dans ce cas
il n’y a pas de création monétaire, soit financé par
Actif crédit agricole Passif
de la création monétaire. En principe, les crédits à
long terme, accordés aux entreprises pour financer Compte à vue DAV Eiffel + 10 000
un investissement qui n’apportera sa contribution BC + 10 000
à la production que dans le futur ou aux ménages

19. La masse monétaire circule d’un dépôt à vue à un autre dépôt à vue et de la monnaie centrale circule
entre les comptes à vue détenus par les banques commerciales auprès de la banque centrale.
20.
Situation créditrice/ Crédit Crédit Société Total
Situation débitrice Lyonnais agricole Générale débit

Crédit Lyonnais 60 000 60 000

Crédit agricole 30 000 30 000

Société générale 5 000 10 000 15 000

Total crédit 35 000 10 000 60 000 105 000

21. Non car le crédit lyonnais doit 60 000 € à la société générale mais cette dernière lui doit 5 000 €. Le
crédit lyonnais va donc verser 55 000 € à la société générale (compensation bancaire).
FairE lE point
1. Ni création ni destruction ; 2. Ni création ni destruction ; 3. Création ; 4. Ni création ni destruction ;
5. Création ; 6. Création ; 7. Destruction ; 8. En principe, ce crédit devrait être financé par de l’épargne
déjà collectée.

84
pages 152-153    C. Qu’est-ce qui peut limiter la création monétaire 
des banques ?
Doc. 1
1. Pour effectuer des petits achats.
2. Cela oblige les banques à détenir des réserves en billets et à ne pas accorder de crédits au-delà de sa
capacité à faire face à la demande de conversion de monnaie scripturale en monnaie fiduciaire.
3. Tous les agents non financiers ne sont pas clients de la même banque. Or il n’y a qu’une seule monnaie
acceptée par l’ensemble des agents économiques. Dès qu’un client d’une banque effectue un achat auprès
d’un fournisseur client d’une autre banque, la première sera obligée de régler la seconde avec de la monnaie
centrale.

Doc. 2
1.
Situation
créditrice
BP BNP Société générale Total débit
Situation
débitrice
BP 50 000 3 000 53 000
BNP 10 000 40 000 50 000
Société générale 75 000 15 000 90 000
Total crédit 85 000 65 000 43 000 193 000

2. non rémunéré, donc elle a intérêt à en garder le


moins possible. Elle peut aussi s’en procurer sur
Société générale :
BNP : 15 000 le marché monétaire mais moyennant un intérêt.
72 000
Elle pourrait aussi faire faillite si les sommes de
monnaie centrale qu’elle devait se procurer, deve-
naient excessives.

BP : 40 000 pages 154-155    D. Comment contrôler 


la création monétaire  
des banques ?
Doc. 3 Doc. 1
1. Quand elle accorde un crédit à M. Dupont. Elles en détiennent pour assurer le mécanisme de
2. Quand M. Dupont règle une facture de 500 € au compensation bancaire, pour assurer la demande de
profit d’un agent économique client d’une autre convertibilité en billets, pour assurer la conversion
banque que la sienne, mais avec le mécanisme de de devises étrangères en monnaie nationale.
la compensation bancaire elle ne devra finalement
fournir à la banque B que 150 € de monnaie cen- Doc. 2
trale. Quand M. Dupont convertit 300 € de monnaie 1. Quand elles accordent des crédits, aux particu-
scripturale en monnaie fiduciaire. liers, aux SNF, à l’État et quand elles convertissent
des devises en monnaie nationale.
FairE lE point
2. Sur le marché interbancaire, les banques se prê-
Au moment de la compensation bancaire, elle tent et s’empruntent, moyennant intérêt, de la mon-
devra fournir beaucoup de monnaie centrale à ses naie centrale ; la banque centrale peut intervenir sur
concurrentes. Or elle en détient sur un compte le marché monétaire en apportant de la base moné-
à vue à la Banque centrale mais c’est de l’argent taire sous forme de prêts (d’une durée très courte).

85
3. Non, la banque centrale fixe le taux directeur, 3. Elle peut augmenter le taux directeur, c’est-à-
c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel elle prête aux dire le taux auquel elle accepte de prêter de la
banques et ce taux se répercute sur les autres taux monnaie centrale aux banques. Elle peut augmen-
d’intérêt (celui auquel les banques se prêtent, ceux ter le taux de réserves obligatoires c’est-à-dire la
auxquels elles octroient des crédits aux ANF). fraction des crédits que les banques accordent et
4. Deux réactions : elles limiteront le montant des qu’elles doivent détenir sous forme de dépôt non
crédits qu’elles accordent aux ANF car le coût de rémunéré auprès de la banque centrale.
leur refinancement augmente ; elles répercuteront Doc. 4
cette augmentation sur les taux auxquels elles
1. Elle peut baisser le taux directeur ; elle peut
consentent des crédits aux ANF.
élargir la liste des créances qu’elle accepte de
prendre en pension (moyennant un intérêt) contre
Doc. 3
de la monnaie centrale ; elle peut baisser le taux de
1. Les banques et la banque centrale. réserves obligatoires (voir question 3 doc. 3)
2. S’il y a plus de banques qui cherchent à acheter 2. Le taux directeur est le coût de refinancement
de la monnaie centrale que de banques qui cher- des banques. Elles répercutent ce coût sur celui
chent à en vendre, la demande sera supérieure à qu’elles font payer à leurs clients quand elles leur
l’offre et le prix de la monnaie (le taux d’intérêt) va accordent des crédits.
augmenter (et inversement, si l’offre est supérieure Sur le site www.ecb.int, on peut visionner une
à la demande, le prix baisse). vidéo sur les rôles et missions de la BCE.

FairE lE point

Baisse Hausse Hausse Baisse de Freinage Freinage


de l’offre du taux des taux la demande de la de la
de liquidité directeur d’intérêt de crédit par création croissance
par la Banque créditeurs les agents monétaire
centrale économiques

pages 156-157    E. Pourquoi contrôler  Doc. 2


la création monétaire ? • L’inflation diminue le pouvoir d’achat de la mon-
Doc. 1 naie. Les agents non-résidents ne veulent pas déte-
1. Les facteurs de production ne sont pas utilisés nir une monnaie dont la valeur diminue. Par ailleurs,
en totalité. L’économie pourrait produire plus de le taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt nominal - le
richesses en augmentant la quantité de facteurs de taux d’inflation (voir p. 145), donc la rémunération
production utilisés. d’un placement est diminuée par l’inflation.
2. On peut faciliter l’octroi de crédit par les Si l’inflation est plus élevée que chez les partenaires
banques ce qui permettrait aux ANF de consommer commerciaux, la compétitivité-prix des produits
et/ou d’investir. Cette augmentation de la demande nationaux diminue, les exportations diminuent pen-
de biens et services stimulerait la production de dant que les importations augmentent. On peut arri-
richesses, donc la croissance économique. ver à un solde négatif du commerce extérieur.
3. Si les prix des biens et des services augmentent, Sur le site www.ecb.int, on trouve deux jeux péda-
avec la même quantité d’argent je peux en acquérir gogiques sur la politique monétaire et l’inflation
une quantité moindre. C’est l’augmentation du coût dans la rubrique « Educational ».
de la vie, mesurée par le taux d’inflation.
4. Si la demande est supérieure à l’offre et que Doc. 3
toutes les capacités de production sont déjà uti- 1. Les banques refusent de se prêter de la mon-
lisées, il faut freiner la demande. Pour cela il faut naie centrale ce qui réduit, voire bloque, les crédits
freiner la création monétaire. qu’elles accordent aux ANF.

86
2. La banque centrale peut injecter des liquidités 4. En avril 2011, montant de la dette grecque :
supplémentaires en prenant en pension une gamme 340 milliards d’euros soit 143 % du PIB ; déficit
plus large de titres en échange de prêt de base public : 22 milliards d’euros soit 9,4 % du PIB ; taux
monétaire et en baissant le taux d’intérêt direc- de chômage en % de la population active : 14 % ;
teur pour diminuer le coût du refinancement des croissance du PIB en 2010 : - 4,5 % ; taux d’emprunt
banques. d’État à 10 ans : 14 % (contre 3,279 % pour l’Al-
3. C’est un rôle exceptionnel qu’est amenée à jouer lemagne). Les finances publiques sont structurel-
la banque centrale en cas de risque de faillites ban- lement déficitaires, la crise économique mondiale
caires en chaîne. En injectant des liquidités sup- s’est répercutée sur le tourisme et le transport,
plémentaires, elle supprime le risque d’illiquidité deux secteurs importants de l’économie grecque,
des banques et donc la crise de confiance entre les une absence de mesure pour parer au vieillissement
banques. de sa population, des rentrées fiscales insuffisantes
en raison de fraudes et de niches fiscales.
FairE lE point 5. Le déficit public provient de dépenses supérieures
1. Il faut éviter la surchauffe économique en limi- aux recettes. Or, les recettes fiscales sont affaiblies
tant la demande : je freine la création monétaire par une part importante d’économie souterraine,
en augmentant le taux directeur. par de la fraude et une assiette trop étroite. De
plus, la croissance économique est en berne depuis
2. Je cherche à le stimuler en rendant le recours
2008, ce qui diminue encore les rentrées fiscales au
au crédit bancaire moins onéreux. Je baisse le
moment où l’État doit dépenser plus pour amortir
taux directeur et/ou baisse le taux de réserves le choc de la crise (chômage, pauvreté). La dette
obligatoires. augmente par accumulations successives des défi-
3. Je limite leur création monétaire en augmen- cits publics annuels.
tant le coût de leur refinancement : j’augmente le 6.
taux directeur et je restreins la gamme de titres
que j’accepte de prendre en pension ; j’augmente Ralentissement
le taux de réserves obligatoires. économique mondial
depuis 2007
4. Je joue mon rôle de prêteur en dernier ressort :
j’apporte des liquidités supplémentaires sur le
marché monétaire en créant de la monnaie cen-
Croissance
trale contre des titres pris en pension, y compris économique faible
des titres dont la fiabilité est douteuse. voire négative
en Grèce

page 158   vers le BAc
Crises des dettes publiques :   Difficultés
l’exemple de la Grèce  des  des structurelles Vieillissement
dépenses recettes à collecter de la
1. Les titres financiers sont des prêts à plus ou publiques fiscales des recettes population
fiscales
moins long terme. Le créancier n’est jamais assuré
de pouvoir récupérer la somme prêtée à l’échéance
prévue (risque de liquidité) ou même d’être rem-
boursé (risque de solvabilité). p du déficit public Manque de confiance
2. Moodys, Standard & Poor’s, FichtRatings… et de la dette des investisseurs
publique internationaux
3. Le créancier tente d’évaluer la probabilité d’être
ou non remboursé à l’échéance prévue. Plus le
risque de crédit semble élevé, c’est-à-dire moins la
probabilité d’être remboursé est grande, et moins  des taux d’intérêt exigée
des créanciers en raison
le créancier est enclin à accorder le prêt donc à
du risque de crédit
acquérir des titres financiers.

87
page 159   vers le BAc
La finance ou le jeu du mistigri
2. système financier ; crédit bancaire ; investisse- Partie 5 : « les effets dépressifs de la crise… qui va
ment ; liquidité ; crise financière ; action ; devise ; payer ? » : Le fonctionnement de la finance mon-
obligation ; dépenses publiques ; intermédiation ; diale échappe au contrôle des États. La crise finan-
épargne ; marchés dérivés ; chômage ; récession. cière se transmet à la sphère réelle (production,
3. et 4. Partie 1 : « dès qu’il y a propriété privée… investissement, emploi…) et les États n’ont plus
risques encore plus inégalement répartis » (15e les outils pour mener des politiques capables de
ligne) : la finance permet de stimuler la croissance prévenir et d’enrayer les crises.
économique car elle permet de financer des projets 5.
au-delà de ceux autofinancés. De plus, elle per-
met une mise en commun de l’assurance contre les Effets positifs Effets négatifs
risques de la vie. de la finance de la finance

Partie 2 : « la finance repose largement sur une –  investissement – Creusement des


illusion… ont voulu maximiser la croissance éco- –  consommation inégalités de revenus
nomique » (36e ligne) : la finance repose sur une – Possibilité de – Il y a des perdants
drainer l’épargne et des gagnants face
prise de risque : renoncer à de la consommation
mondiale pour à la prise de risque
immédiate pour épargner en espérant que la somme
financer les déficits – Crises de confiance
épargnée prendra de la valeur. Sur l’ensemble des
publics récurrentes qui
paris pris, certains seront perdants. Mais sans prise entraînent la perte de
– Mutualisation
de risque, certains investissements n’auraient pas valeur de certains actifs
des risques
pu être financés et la croissance en aurait été de la vie – Répercussion sur la
amoindrie. sphère réelle : baisse
– Stimulation
Partie 3 : « les droits en excès sur la richesse de la croissance de l’investissement,
future… et que cela ne peut plus durer. » (2e économique de la croissance
économique, de l’emploi
colonne 5e ligne) : à tout moment il y a des pla-
cements financiers qui s’avèrent mauvais mais per-
sonne ne sait les reconnaître à l’instant T. On les 6. La finance est un élément indispensable à la
connaît quand, à certains moments, les détenteurs stimulation de la croissance économique. Sans
de titres cherchent à s’en débarrasser car ils n’ont finance, c’est-à-dire sans système de placement
plus confiance dans leur valeur. On assiste alors à d’épargne et de financement externe de l’investis-
une crise financière. sement, la capacité de production des économies
Partie 4 : « pour financer, face au ralentissement de serait moindre. Sans finance, l’économie en reste-
la croissance des années 70… détenteurs d’actifs rait au stade de l’autoproduction et de l’autocon-
financiers. » (3e colonne 6e ligne) : après les Trente sommation. Mais la finance est aussi une bombe
Glorieuses, face au ralentissement de la croissance à retardement : elle génère des mouvements spé-
économique, les gouvernements ont eu besoin de culatifs irrationnels, la formation des bulles finan-
financer des dépenses publiques de plus en plus cières qui finissent par éclater. La crise financière
importantes. Pour drainer l’épargne mondiale, ils se propage à l’économie réelle puisque la crise de
ont déréglementé les marchés financiers nationaux confiance qui en découle tarit les sources de finan-
et libéralisé les mouvements de capitaux. Les pro- cement. L’économie entre en récession, ce qui rime
duits financiers se sont multipliés, complexifiés et avec faillites, chômage, pauvreté. Ces mécanismes
mondialisés. L’argent s’est mis à se déplacer d’un sont d’autant plus violents que la finance s’est
bout à l’autre de la planète. Les crises financières mondialisée et n’est plus encadrée par les gouver-
ont désormais une portée internationale. nements nationaux.

88

chapitre Puissance Publique
6 et régulation économique
la démarche du chapitre

Le chapitre proposé ici reprend les deux premiers items du programme du thème Régulations et désé-
quilibres macroéconomiques.
L’analyse 1 propose de travailler les justifications de l’intervention de l’État. Si les trois fonctions écono-
miques de l’État sont citées, seules deux d’entre elles font l’objet de doubles pages. La fonction de stabi-
lisation est ainsi étudiée dans le chapitre 7, en articulation avec les déséquilibres macroéconomiques.
Une double page introductive s’attache à présenter les différents organismes composant la puissance
publique et les évolutions de leurs compétences (décentralisation, construction européenne) à travers
divers exemples.
L’analyse 2 commence avec une étude du budget de l’État central comme annoncé par le programme
mais les doubles pages suivantes sont consacrées aux autres budgets publics et aux prélèvements obliga-
toires dans leur ensemble. Cela est d’autant plus nécessaire que les notions de déficit et de dette publiques
sont des notions à maîtriser et non déficit et dette de l’État.

pages 166-167   Découvrir marché du travail pour fixer des règles ou un salaire


minimum ?
Débattre
S’exprimer
Les cinq illustrations proposées révèlent chacune
un ou plusieurs problèmes de dimension écono- En partant d’un extrait d’émission, cette activité
mique, politique, sociale ou environnementale. peut donner lieu à l’expression de représentations
Une représentation existante est que les pouvoirs sur la question de la fiscalité. Les questions 2 et 3
publics doivent intervenir dans n’importe quelle se prêtent particulièrement à une confrontation de
situation pour remédier à une difficulté. Selon points de vue, dans le cadre de groupes restreints.
cette représentation, l’État devrait subventionner 1. Le journaliste ne critique pas l’existence de l’im-
certaines entreprises ou se préoccuper de remédier pôt en tant que telle. Il reconnaît une efficacité
à des incivilités. De fait, les pouvoirs publics inter- des prélèvements obligatoires. L’efficacité réside
viennent de différentes manières dans nos socié- dans la capacité de ceux-ci à répartir le finance-
tés : réglementation, aides financières, fiscalité. ment d’un service collectif sur une grande quantité
Exemple d’interrogations : de personnes. Ainsi le coût individuel est faible au
Les pouvoirs publics doivent-ils favoriser le règle- regard du service produit.
ment d’un conflit ? Interdire les délocalisations ? Par contre, il dénonce le caractère injuste d’un
Les pouvoirs publics peuvent-ils exercer une poli- impôt comme la redevance qui sera le « même
tique de prévention vis-à-vis de ces accidents ? pour tous ». Concernant cet exemple précis, il est
inexact de dire que les « 8 millions de Français qui
Les pouvoirs publics doivent-ils réparer tous les
sont en dessus du seuil de pauvreté » payent la
dégâts liés à l’activité économique ?
même somme que les autres car les personnes à
Les pouvoirs publics doivent-ils laisser les ménages faible revenu sont exonérées. Il n’empêche que son
libres de leurs choix face à la santé et à la retraite ? raisonnement peut être appliqué plus généralement
Les pouvoirs publics doivent-ils intervenir sur le sur le principe d’un impôt dont le montant est fixe.

89
2. Éléments possibles de discussion : le juste/ Doc. 3
l’injuste, l’efficacité, la diversité des impôts.
1. L’Europe ne délivre pas de diplôme. D’autres ins-
L’erreur partielle de raisonnement (ici utilisation titutions sont chargées de définir les programmes,
d’une information inexacte) peut également être les moyens de valider les acquis des élèves ou des
l’objet d’une réflexion. Quelle est la force d’un argu- étudiants. En Europe, les États nationaux gardent
ment lorsqu’une partie de ce qui l’étaye est inexact. cette compétence.
3. Cette question permet de réaliser un bilan des 2. Une précision : un crédit (ECTS pour « European
représentations des élèves sur : Credits Transfer System ») est défini en fonction de
– les organismes concernés (les chaînes de radio et la quantité de travail que doit fournir un étudiant
de télévision sont-elles privées ? publiques ? sont- pour un cours. Un cours de 10 crédits suppose donc
elles des administrations, des associations ou des une quantité de travail personnel plus forte qu’un
entreprises ?) ; cours de 3 crédits.
– la nature de la production (peut-on ou pas vendre En décidant qu’un semestre vaut 30 crédits donc
ce service ? peut-on restreindre l’accès à certains que la validation d’une année universitaire néces-
consommateurs ?) ; site 60 crédits, la communauté européenne donne
– la nécessité de disposer de ressources pour des éléments de comparaison sur les cursus des
fonctionner (financement d’une production par la différentes universités européennes et permet
vente ? par l’impôt ? quels prélèvements obliga- d’harmoniser les grandes étapes des parcours uni-
toires sont possibles ?). versitaires en Europe. Ainsi, si le nombre de crédits
est similaire dans la première année de licence en
France et en Espagne, on en déduit que la somme
de travail demandée en Espagne et en France pour
pages 168-173   AnAlyse 1 une même année universitaire est similaire.
Pourquoi la puissance publique  3. Justifications possibles :
intervient-elle dans la régulation   • Les organismes locaux peuvent avoir une meilleure
des économies contemporaines ? connaissance des réalités locales et peuvent prendre
des décisions mieux adaptées. Ex. : le transport des
pages 168-169    A. La « puissance publique » :  passagers à l’intérieur d’une région nécessite d’étu-
acteurs et niveaux  dier les déplacements quotidiens pour les études
d’intervention et le travail. Il n’est pas forcément plus efficace de
Doc. 1 compiler toutes ces données pour organiser l’en-
semble du transport au niveau national.
Les acteurs a, d, e représentent l’État central ; b
• Les décisions locales peuvent être plus rapides
et f sont des institutions européennes ; h est une
car elles n’entraînent pas des arbitrages au niveau
institution mondiale ; g est une institution locale.
national.
Doc. 2 • Le choix d’un type d’échelon local pour une com-
1. Les lois Defferre ont abouti au transfert de cer- pétence particulière (ex. : la prise en charge des
taines compétences de l’État central vers les col- personnes âgées) peut être justifié en fonction des
lectivités locales, ici le département et la région. autres responsabilités que détient déjà la collec-
Ces nouveaux acteurs peuvent décider et mettre en tivité locale. Les citoyens identifient mieux quel
œuvre des politiques locales sans être contrôlés par échelon est responsable de quoi.
le préfet, qui représente l’État central. Chaque col-
lectivité locale a un représentant indépendant de ExErcicE
l’État central et de son représentant local. Ex. : Le Choix 3 : de 1950 à aujourd’hui, les compétences
président du conseil régional. de l’État central ont été réduites par la décentrali-
2. et 3. La décentralisation représente le transfert sation (1982 et 2004) mais aussi par la construc-
de pouvoirs (ou compétences) entre un organisme tion européenne (politique commerciale entre les
central (l’État central) et un organisme local indé- pays de l’Union et vis-à-vis des pays tiers, mon-
pendant (ex. : la Région). naie unique…).

90
FairE lE point
a = niveau national, b = niveau européen, c = niveau local (région), d = niveau local (commune),
e = niveau local (département), f = niveau européen.

pages 170-171    B. Comment remédier aux défaillances des marchés ?

Doc. 1
1. et 2.
Acteurs mis en cause Ce qui leur est reproché Conséquences envisageables
Utilisateurs du transport – Pollution – Problème de santé à cause de
routier (ménages, – Nuisances sonores la dégradation de la qualité de l’air
A entreprises…) – Nécessaire construction de murs
– Densité de la circulation
sur le réseau routier antibruit…

Entreprises – Pollution liée à l’activité – Réduction des espèces de poissons


industrielle et la recherche – Impact sur le tourisme
de productivité
B – Dépenses des États pour nettoyer
les dégâts environnementaux
– Procès pour obtenir des réparations

Tout type d’employeur – Ne pas payer les cotisations – Procédures judiciaires pour
(Entreprises, État, sociales obligatoires (salarié les contrevenants
C ménages employant non déclaré ou nombre d’heures – absence ou insuffisance de couverture
un salarié à domicile) déclarées inférieur aux heures maladie pour le salarié concerné
réalisées)

Doc. 2 dégradation réparable. Le coût peut aussi dépasser


1. Ces phénomènes mettent en échec le système ce que les pouvoirs publics peuvent réparer (ex. :
des marchés concurrentiels. Le fait de permettre — certaines conséquences existent à très long terme).
par l’accès du marché de l’automobile, de l’assu- 3. Le bonus accordé par l’État français à des véhi-
rance, du crédit — à chaque ménage ou entreprise cules moins polluants réduit pour le consommateur
de disposer d’un véhicule et de l’utiliser quand bon le prix d’une voiture (à la différence d’un malus
lui semble, aboutit à des congestions du trafic et à qui augmente le prix d’un véhicule polluant). Cette
de la pollution. La poursuite de l’intérêt personnel mesure incite donc les consommateurs à se tourner
ne mène pas automatiquement à l’intérêt collectif. vers des véhicules moins polluants. La demande de
La concurrence sur le marché du transport du ces véhicules (ex. : les véhicules diesel) augmente
pétrole ou de la production pétrolière obligent à au détriment de celle qui s’adresse aux véhicules
la réduction des coûts. Les accidents industriels subissant un malus (les moyennes et grosses voi-
deviennent moins exceptionnels. tures roulant à l’essence). En réaction, soit les
constructeurs réorientent une partie de leur pro-
Sur le marché du travail, une non-déclaration per-
duction vers des véhicules plus propres, soit ils
met une réduction du coût du travail. Une dépense
sont condamnés à voir leurs débouchés se réduire.
moins élevée pour le travail permet de réaliser
davantage de bénéfices ou de restaurer illégale-
ment une compétitivité basée sur les prix. Doc. 3
2. Par la réglementation (fixation de normes de 1. Afin de faire payer au demandeur le prix de la
bonne conduite ou de seuil de pollution maximum), production.
par la dépense publique, par un système de taxation 2. Les économistes qualifient de « passager clan-
des contrevenants. Le coût peut être élevé mais la destin » un comportement d’utilisation d’un bien

91
ou d’un service marchand sans payer. L’individu poser des produits à des prix plus bas ou de main-
consomme mais n’a pas déboursé alors que ce bien tenir ou augmenter leurs bénéfices. Elles ne se
est payant (cf. chapitre 9, notion proche mais dif- préoccupent pas forcément du coût social d’une
férente en sociologie). absence de déclaration de leurs salariés (cf. doc.
3. Les productions a et b. Dans le cas de la télévi- 1C) ou minimisent le risque afin d’économiser
sion, le fait d’avoir un poste en état permet d’accé- sur la fiabilité des bateaux transportant des mar-
der à une émission sauf si le producteur a protégé chandises dangereuses (cf. doc. 1B). Les ménages
son émission (ex. : émission cryptée ou soumise à peuvent individuellement décider de privilégier
paiement d’un abonnement). Les rues sont éclai- de la nourriture en emballage plastique ou en bar-
rées pour les passants ; il est impossible d’identifier quette aluminium parce que cela est facilement
qui consomme. utilisable, sans se préoccuper de l’augmentation
4. L’État peut produire lui-même ces services si la problématique des déchets. Ces déchets doivent
collectivité juge cela plus efficace ou si cela ne être éliminés (incinération, recyclage…), ce qui
peut pas être délégué à un agent privé pour des représente une dépense que ne font pas forcé-
raisons de sécurité ou d’égalité. ment ces acteurs.
L’État peut aussi décider de faire produire ce service • La collectivité publique peut prendre en charge
par d’autres agents (entreprise privée, association) des dépenses de dépollution, des dépenses liées
en définissant un cahier des charges et finançant, par à la maladie de personnes mal couvertes, des
l’impôt, les coûts de cette production particulière. dépenses de traitement des déchets au nom de
l’intérêt général pour répondre à des valeurs de
Doc. 4 solidarité, d’égalité, de bien-être… Elle finance ces
1. Les échanges marchands nécessitent de la dépenses supplémentaires par la mise en place de
confiance entre les demandeurs et les offreurs. Si prélèvements obligatoires.
l’offreur « vole » son client en ne fournissant pas • La puissance publique peut chercher à inciter
le bien promis ou avec une qualité moindre, le
les ménages à moins fumer (taxe sur le tabac qui
demandeur pourra se détourner de l’offreur (ex. :
augmente le prix d’un paquet), à réduire la taille
une personne qui utilise le titre de médecin alors
de leurs poubelles (taxe sur les ordures ména-
qu’il n’en a pas la formation). Symétriquement si
gères proportionnée au volume de la poubelle).
l’utilisation de certaines productions se fait sans
Elle peut aussi chercher à changer les compor-
payer le prix d’accès (ex. : téléchargement de films
sur Internet), les producteurs risquent d’abandon- tements de production : bonus sur les véhicules
ner cette production. Par conséquent, obliger les moins polluants visant la construction automo-
producteurs à annoncer et respecter la qualité d’un bile, interdiction de certaines substances dans les
service ou d’un bien et interdire le téléchargement peintures…
et sanctionner le téléchargement illégal sont des
conditions pour permettre les échanges marchands pages 172-173    C. Pourquoi redistribuer 
(par le marché). les revenus ?
2. Voir page 183. Ces règles sont les normes tech- Doc. 1
niques, des normes de qualité, des normes de bonne
conduite… 1. La répartition primaire des revenus est inéga-
litaire. Les salariés qui échangent leur force de
3. L’Agence française de sécurité sanitaire des travail sur le marché du travail peuvent être très
aliments (Afssa), l’inspection du travail, la direc-
peu payés ou très bien en fonction du niveau
tion de la répression des fraudes, les tribunaux
de diplôme, du type d’emploi, du type d’activité
(prud’hommes, tribunaux de commerce…).
obtenu, d’un handicap. Idem pour les apporteurs
de capitaux qui peuvent obtenir des rémunérations
FairE lE point variables en fonction du produit financier détenu.
• Les externalités : les entreprises cherchent à pro- 2. Égalité, justice sociale. Recherche d’une plus grande
duire en ne supportant pas l’intégralité de ce que égalité des habitants d’un pays vis-à-vis de l’accès à
coûte leur production. Cela leur permet de pro- un logement décent, de la capacité à s’alimenter et

92
se soigner correctement. La notion de justice sociale 4. Réduction de l’imposition, soutien à la consom-
peut être invoquée même si les conceptions de la mation ou aide en nature, il existe plusieurs types
justice sociale sont variables : garantie d’une égalité d’intervention possibles. S’interroger sur l’efficacité,
d’accès à certains biens, garantie d’une égalité des c’est se demander si la politique atteint son objec-
chances ou encore traitement plus favorable pour les tif. Ici, l’efficacité économique serait par exemple
individus qui en ont le plus besoin. l’amélioration de la consommation d’une frange
3. La politique de redistribution comporte deux pauvre de la population ou la plus grande embauche
volets : les prélèvements obligatoires et les pres- d’une catégorie de travailleurs défavorisés.
tations. Exemple : l’impôt progressif sur le revenu, À distinguer de l’efficience. S’interroger sur l’effi-
l’ISF (impôt progressif sur le patrimoine), minimas cience, c’est comparer les résultats aux dépenses
sociaux (RSA, allocation adulte handicapé…), quo- réalisées pour obtenir ces améliorations.
tient familial, allocation de rentrée scolaire…

Doc. 2
Il convient de bien insister auprès des élèves sur le fait que ce tableau présente deux niveaux dans les
effets de l’action de l’État : un premier effet (celui de la question 1.) concerne la redistribution au sens
strict (impôts et prestations sociales) ; un second effet (celui des questions 2. et 3.) concerne l’effet sup-
plémentaire lié à l’existence de services publics gratuits (éducation, santé…).
1. Calculs pertinents possibles :
(Revenu des ménages aisés après redistribution – Revenu des ménages aisés avant redistribution)
x 100
Revenu des ménages aisés avant redistribution

= (42 290 -53 140) / 53 140 X 100 = -20,42

Ou un cœfficient multiplicateur : 42 290/53 140 = 0,80

La redistribution réduit d’environ 20 % le revenu par la faiblesse de leurs revenus, même une fois la
moyen des 20 % des ménages les plus aisés en redistribution effectuée.
France, en 2009, d’après les données de l’INSEE 3. Avant redistribution, en France en 2009, le cin-
Même calcul pour les moins aisés : + 53,4 (en %) ou quième des ménages les plus aisés obtenait un
1,53 (cœfficient multiplicateur). revenu moyen 7,4 fois plus élevé que celui du cin-
La redistribution améliore de 53 % le revenu moyen quième des ménages les plus pauvres. Après redis-
des 20 % des ménages les plus pauvres en France, tribution, le rapport est de 1 à 4. Si on ajoute les
en 2009, soit une multiplication par 1,5 d’après les effets de la redistribution et de l’existence de ser-
données de l’INSEE. vices publics, le revenu moyen des plus aisés n’est
plus que 2,7 fois supérieur au revenu moyen des
2. Le fait de ne pas payer ces services est trans-
moins aisés.
formé en « supplément de revenu », fictivement
octroyé aux ménages. Si les ménages devaient Les aspects qui semblent le plus réduire les inégali-
financer l’école de leurs enfants et la santé en pas- tés de niveau de vie : les prestations et les services
sant intégralement par le marché, ils devraient dis- collectifs (et non les impôts).
poser d’un montant de revenu supplémentaire pour
consommer la même quantité de services. Doc. 3
Ainsi, ces données montrent que l’existence de ser- 1. L’incapacité de travailler entraînerait une grande
vices non marchands financés par les administra- faiblesse des ressources et donc la pauvreté (doc. 3A).
tions augmente pour tous la quantité de services L’insuffisance d’épargne mise de côté pendant la vie
que les ménages peuvent utiliser. Ceci est parti- active aurait la même conséquence (doc. 3B).
culièrement vrai pour les ménages les plus pauvres 2. Robert Castel (doc. 3A) insiste sur le fait que
car ceux-ci sont limités dans leur consommation l’État a permis aux travailleurs d’obtenir des droits

93
liés à leur emploi. Si un travailleur est embauché intervention de l’État dans la mesure où elle est
par un employeur, ce dernier doit respecter un encadrée par des règles, des droits et des devoirs.
ensemble de normes sur le salaire (ex. : le salaire Autrement dit, l’auteur s’intéresse aux rapports
minimum), le paiement de cotisations sociales, la sociaux, au groupe des salariés, au fonctionnement
manière de mener une embauche (le contrat de tra- des institutions.
vail…). L’État a permis aux plus âgés qui ne peu- L’analyse économique : doc. 3B. Les auteurs raison-
vent plus travailler de bénéficier d’un revenu de nent ici dans le cadre d’une analyse néoclassique.
substitution : la retraite jouant le même rôle qu’un Ils insistent sur le fonctionnement concurrentiel
patrimoine. des marchés et le comportement des agents écono-
Antoine Bozio et Julien Grenet expliquent que l’État miques qui n’épargnent pas suffisamment.
doit intervenir car les agents économiques ne sont
pas assez rationnels. Ils pensent à la satisfaction FairE lE point
de leurs besoins du moment présent. Ils préfèrent Pourquoi l’État doit-il intervenir pour redistri-
garder l’intégralité de leurs revenus pour consom- buer les revenus et assurer une protection sociale ?
mer aujourd’hui et non en épargner une partie pour Formulations possibles :
consommer demain. L’État peut les obliger à le faire – pour lutter contre les inégalités liées au fonc-
car ce comportement les amènera à subir la pau- tionnement du marché du travail (doc. 1).
vreté plus tard.
– pour permettre un accès de toute une popula-
Points communs : éviter la pauvreté à l’âge de la
tion à un certain bien être (doc. 1 et 2).
retraite. Le revenu à la retraite est la « propriété »
du travailleur. – pour garantir une certaine justice sociale entre
les individus d’une même société (doc. 1 et 2).
Différences : le doc. 3B ne dit pas si l’État doit obli-
ger à financer une retraite collective ou individuelle. – pour permettre aux retraités ou aux malades de
3. L’analyse sociologique : doc. 3A. L’auteur insiste vivre malgré une incapacité à travailler (doc. 3A
sur la relation fondamentale qui existe dans l’em- et 3B).
ploi, celle d’une relation entre un employeur et des – pour éviter que les retraités ne souffrent de leur
salariés. C’est cette relation qui fait l’objet d’une inconséquence lors de la vie active (doc. 3B).

  AnAlyse 2
pages 174-181
Comment le budget de l’État permet-il d’agir sur les économies ?

pages 174-175  A
  . Qu’est ce que le budget de l’État ?

Doc. 1
1.

Étude Négociations, Proposition Discussion, Exécution


de la situation prévisions d’un projet amendements du budget
économique par le de loi de finances et vote au par le
et sociale gouvernement par le Parlement gouvernement
(INSEE) gouvernement

2. Le document 1B porte sur les recettes. Il s’agit 3. Le débat porte sur la forme de taxation qui doit
ici d’un article sur l’ISF et l’impôt sur le revenu. Les exister pour les ménages les plus aisés. Faut-il
prélèvements obligatoires sont des rentrées d’ar- modifier ou supprimer l’impôt sur le patrimoine ?
gent pour l’État. Faut-il taxer davantage les revenus en augmentant

94
le taux d’imposition pour cette catégorie de popu- Sur 100 euros de dépenses de l’État en 2011,
lation ? Ici les valeurs et les prises de positions dif- 30,40 euros en moyenne sont prévus pour financer
férentes des groupes politiques peuvent s’exprimer l’enseignement et la recherche, 16,40 euros servent
dans les propositions du gouvernement mais aussi à payer les intérêts sur la dette et 13 euros finan-
dans les amendements au Parlement ou au Sénat. cent le service de l’armée.
2. On sait que 30,4 % du budget général finance
Doc. 2
l’Éducation et la recherche en 2011 et on connaît
1. Connaître la structure des ressources, c’est s’in- le montant total des dépenses.
terroger sur le poids respectif des différents types Calcul :
de prélèvements obligatoires dans le total des res-
sources fiscales prévues. Il convient donc de cal- Montant à rechercher (en €)
x 100 = 30,4
culer la proportion de chaque entrée d’argent par 285,7 milliards d’euros
rapport au total. (285,7 milliards x 30,4) = Montant à rechercher en €
Ex. : Montant de l’impôt sur le revenu 100
x 100 = 17,68
Ressources fiscales prévues Montant des dépenses pour l’éducation et la recherche
Structures des ressources fiscales dans le projet = 86,85 milliards
de loi de finances pour 2011 en France (en %) 3. Les dépenses des années précédentes n’ont pas
Impôt sur le revenu 17,7 été couvertes par les recettes. Cela a obligé l’État
français à emprunter pour financer ses dépenses.
Impôt sur les sociétés 16,8
Par conséquent, l’État a une dette et paye des inté-
TIPP 4,2 rêts sur cette dette. C’est le poste de dépenses inti-
TVA 52,0 tulé « charge de la dette ».
Autres 9,3
Doc. 4
TOTAL 100
1. La France fait partie de la zone euro. Elle doit
2. La première source de revenu pour l’État central donc respecter un certain nombre d’engagements.
est la TVA. Pour 2011, elle représente 52 % des res- Elle doit par exemple veiller à ne pas dépasser une
sources fiscales selon le ministère des finances. limite de 3 % de son PIB pour son déficit budgé-
L’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés taire et limiter son endettement. Le pacte de sta-
représentent chacun moins d’un cinquième des res- bilité et de croissance est un objectif à respecter
sources. L’impôt sur le revenu n’est donc pas la pre- pour le gouvernement français, même si celui-ci
mière source de recette fiscale pour l’État en 2011. peut plaider sa cause devant ses partenaires en
3. Le transfert de compétences de l’État central cas de non-respect. Il peut évoquer des difficultés
aux collectivités territoriales s’accompagne ici de conjoncturelles par exemple.
transferts financiers. Certains prélèvements obliga- On voit dans ce document 4 que la France a eu un
toires continuent à être collectés de façon centra- rappel à l’ordre par le conseil ECOFIN. Néanmoins,
lisée. Par conséquent, si certaines responsabilités pour le reste, le gouvernement français peut éta-
comme la construction des lycées ou la distribution blir de façon assez libre les grandes lignes de son
des minimas sociaux sont réalisées localement, il budget, en veillant donc à respecter un déficit bud-
faut que l’État utilise une partie de ses ressources gétaire limité.
fiscales pour les transférer aux collectivités locales. 2. Si le gouvernement français construit une pro-
position de budget sur une prévision de croissance
Doc. 3 trop forte par rapport à ce qui risque d’arriver, il
1. Les trois principales dépenses de l’État prévues va probablement surévaluer les rentrées fiscales et
pour 2011 en France sont : l’enseignement et la sous-évaluer les dépenses. En effet, les entreprises
recherche, la charge de la dette, la défense. On ne réaliseront peut-être moins de production que
retient pas « autres » qui rassemble un ensemble de prévu d’où de plus faibles impôts sur la production
dépenses dont les montants ne sont pas détaillés et sur les bénéfices. Les ménages consommeront
parce que trop faibles. moins que prévu d’où une moindre rentrée de TVA.

95
Par ailleurs, les dépenses pour les chômeurs, pour Évolution des dépenses des différents types d’admi-
l’aide aux plus démunis peuvent croître en période nistrations publiques entre 2004 et 2008 en France
de moindre croissance économique. En conséquence,
le déficit risque d’être plus élevé que prévu. Cela Variation Coefficient
relative (en %) multiplicateur
inquiète donc la Commission européenne qui surveille
l’évolution des déficits des pays de la zone Euro. État + 2,8 1,03
Organismes divers
FairE lE point d’administration + 21,8 1,22
centrale
Budget de l’État : recettes et dépenses pour 2011
Collectivités
+ 13,7 1,14
Recettes : Dépenses territoriales
fiscales et non fiscales Organismes de
+ 16,9 1,17
TVA 175,1 milliards Enseignement sécurité sociale
et recherche
86,85 milliards
Au regard des résultats, les résultats issus de la
variation relative sont à privilégier.
Impôt sur le revenu Charge de la dette Certes, les autres organismes d’administration
59,5 milliards 45,1 milliards centrale sont ceux qui ont vu le plus augmenter
Impôt sur les sociétés leurs dépenses entre 2004 et 2008 en France, mais
Défense ils représentent aussi le plus petit budget dans
56,6 milliards
l’ensemble des administrations publiques. Si on
Autres etc.
se focalise sur les trois grandes composantes des
Recettes non fiscales administrations, l’État central a vu ses dépenses
16,9 milliards progresser très modérément, d’environ 3 % quand
celles des organismes de sécurité sociale et des
Source : ministère des finances, projet de loi de
collectivités territoriales augmentaient respective-
finance pour 2011
ment de 17 et 14 % sur la période 2004-2008.

pages 176-177    B. Une diversité de budgets  Doc. 2


publics 1. Les départements en France sont spécialisés sur
Doc. 1 l’action sociale, les infrastructures et les transports.
Le versement des minimas sociaux et la politique
1. Les administrations publiques ont réalisé des envers les personnes âgées, par exemple, repré-
dépenses pour un montant de 990 milliards d’euros sentent, avec l’ensemble de l’action sociale, 46 %
en 2010, d’après une estimation du ministère des des dépenses des départements en 2010, d’après
finances. Ce chiffre renseigne bien sur l’ensemble la direction générale des collectivités locales. L’en-
des dépenses publiques : État central, organismes seignement arrive en troisième position. On peut
de sécurité sociale et collectivités territoriales.
considérer que les services généraux et les autres
2. Le plus gros budget public n’est pas celui de dépenses regroupent un ensemble de dépenses
l’État central mais celui des organismes de sécu- donc cela ne reflète pas une spécialisation.
rité sociale. Les organismes de sécurité sociale Du côté des régions, celles-ci ont trois gros domaines
dépensent 20 % de plus que l’État central en 2008, de compétence. L’enseignement et la formation pro-
soit un montant de 472,2 milliards d’euros selon fessionnelle représentaient 42 % des dépenses des
l’INSEE. régions françaises en 2010. Les transports représen-
472,2 milliards 1,22 soit une somme taient près du quart des dépenses, suivi par l’action
=
387,2 milliards supplémentaire de 20 % économique et l’aménagement du territoire.
3. Cette évolution peut se calculer avec un coeffi- 2. Les départements financent les collèges et le
cient multiplicateur ou un taux de variation. Selon transport des collégiens. Ils donnent aussi des
l’ampleur de la variation, le résultat obtenu par subventions pour les projets scolaires. Les régions
l’une ou l’autre de ces méthodes de calcul sera plus financent les lycées (construction et rénovation
ou moins facilement interprétable. des bâtiments), elles financent certains achats

96
des lycéens et apprentis et des projets comme les – Vieillissement de la population : les inactifs à la
lycéens au cinéma, à l’opéra, les clubs culture, etc. retraite sont plus nombreux et vivent plus longtemps.
Dans les budgets des départements et des régions, 3. Pour 2011, les dépenses prévues pour financer
cela touche les dépenses d’enseignement, de trans- la maladie sont évaluées à 183,5 milliards d’euros,
ports, celles liées à la culture… En revanche, les les recettes prévues, tirées des cotisations sociales
enseignants de la maternelle à l’université sont sont évaluées à 172,2 milliards d’euros. Par consé-
payés par l’État central. quent, les dépenses seront supérieures aux recettes
pour un montant de 11,3 milliards d’euros. C’est ce
Doc. 3 qu’on appelle un déficit pour la branche maladie.
1. Pour connaître la structure des dépenses, il faut 4. Si la sécurité sociale dépense plus qu’elle ne pré-
s’interroger sur le poids des diverses dépenses dans voit de recettes, elle est en besoin de financement.
l’ensemble. On utilise donc un calcul de proportion. Pour 2011, ce besoin de financement est évalué à
Ex. pour la maladie : 22,4 milliards d’euros. La sécurité sociale doit donc
183,5 milliards emprunter pour financer ces dépenses. Cela aura
x 100 = 40,87 comme conséquence d’augmenter la dette.
449,0 milliards
Doc. 4
Maladie 40,9
Attention, dans le texte, « l’État » est bien employé
Vieillesse 45,1 au sens général de « puissance publique » car il est
Famille 12,4 question de la dette publique, c’est-à-dire la dette
de toutes les administrations publiques.
Accidents du
travail et maladies 2,9 1. La dette publique augmente si, année après
professionnelles année, les organismes publics sont obligés d’em-
prunter pour couvrir leurs dépenses. Ainsi, une dette
Ensemble Montant supérieur
des branches à 100 * est un stock et le déficit fonctionne comme un flux
qui vient alimenter la dette. Si une année de crise,
* cela reflète le fait que « Ensemble des branches » la sécurité sociale voit son déficit augmenter ou si
représente un montant légèrement inférieur à la l’État dépense plus qu’il n’engrange de rentrées fis-
somme des branches. cales, alors les administrations devront emprunter à
En France, selon le budget prévu pour l’année 2011, nouveau pour couvrir le supplément de dépenses lié
les organismes de sécurité sociale vont accorder la à la crise. « Le déficit + la dette de l’année précé-
grande majorité de leurs dépenses à deux branches : dente aboutit à la dette de l’année en cours ».
la vieillesse et la maladie. Ainsi, en moyenne sur 2. La crise économique se manifeste souvent par
100 euros de dépenses réalisés par ces organismes, un ralentissement de la croissance économique.
41 euros financent la maladie (remboursement de Cette situation n’est pas forcément anticipée par
frais médicaux par exemple) et 45 euros permettent les agents économiques dont l’État. La crise est en
de payer les retraites du système par répartition. effet un retournement de conjoncture par rapport
2. • Concernant les dépenses de maladie : à une tendance. Ainsi, moins de croissance de la
– Système de santé public important (rembourse- production entraîne moins de rentrées fiscales par
ments maladie, prise en charge de soins, dépistages rapport aux prévisions.
gratuits). Du côté de l’État central : les prélèvements obli-
– Développement de la technologie dans les soins. gatoires comme l’impôt sur les sociétés et la TVA
Cela coûte plus cher (des traitements innovants, rentrent moins bien car la production est ralentie
des analyses par scanner…). et les ménages consomment moins.
– Vieillissement de la population : les personnes les Du côté des organismes de sécurité sociale : les ren-
plus âgées consomment davantage de soins. trées de cotisations sociales peuvent être plus incer-
• Concernant les dépenses de retraites : taines car la situation de l’emploi se dégrade (les
– Système de retraite collectif par répartition qui cotisations sociales sont assises sur les salaires).
couvre la population. Parallèlement, les dépenses sociales peuvent aug-

97
menter : indemnisation du chômage ou versement paquet a donc versé une somme proportionnelle à
de minimas sociaux en plus grand nombre. la dépense, soit 5,5 % du prix hors taxe. S’il achète
Mais pour l’auteur, il existe aussi une cause qui 10 paquets de pâtes, il verse 10 fois plus. Néan-
n’est pas liée à la crise mais bien à des politiques moins, cette somme est incluse dans le prix affiché.
de réduction des prélèvements obligatoires menées b. Les cotisations sociales sont « proportionnelles »
depuis dix ans, parmi lesquelles le bouclier fiscal, signifient qu’elles sont calculées avec un pourcentage
les allègements de cotisations sociales, les niches du salaire ou du revenu d’activité des indépendants.
fiscales… La tendance est à une réduction impor- Un salarié touchant un salaire plus élevé devra s’ac-
tante des ressources de l’État. quitter d’une cotisation supérieure (jusqu’à un cer-
3. Il peut augmenter les recettes (augmenter les tain plafond) mais le pourcentage de prélèvement
impôts ou cotisations sociales). Il peut baisser les est le même pour tous.
dépenses ou faire les deux. 3. La structure des prélèvements obligatoires (PO)
en France en 2008 se caractérise par une prédomi-
FairE lE point nance des cotisations sociales. Sur 100 euros de PO,
– Dépenses de l’État < dépenses publiques : l’État 37 euros en moyenne constituent des cotisations
central n’est qu’une des administrations publiques sociales. C’est le premier type de PO devant la TVA
(voir données chiffrées du doc. 1 page 176) (15,6 % des PO), la CSG et CRDS (10,9 % des PO).
L’impôt sur le revenu, souvent mis sur le devant de
– Déficit de l’État < déficit public. Même justifica-
la scène politique avec son caractère progressif, ne
tion. Pas de données chiffrées sur la page.
représente que 6 % des PO en France en 2008.
– Déficit public < dette publique. Le déficit public
Le montant total, qui apparaissait sur le docu-
est un flux qui alimente la dette publique. Cette
ment original, n’apparaît pas sur le document 1 du
dernière comprend la dette des années anté-
manuel. Il peut néanmoins être retrouvé en utili-
rieures (cf. doc. 4 ci-dessus) sant une des proportions indiquées.
– Prélèvements obligatoires > cotisations sociales. Exemple à partir des données concernant les coti-
Les cotisations sociales ne sont qu’un exemple de sations sociales :
prélèvements obligatoires. On peut trouver des
Total des PO en France en 2008 X (37,4/100)
données chiffrées page 178. Elles représentent
= 311,6 milliards d’euros.
37,4 % des prélèvements obligatoires, soit un peu
plus d’un tiers en 2008. Total des prélèvements obligatoires : 833 milliards
d’euros.

pages 178-179    C. Les prélèvements obligatoires  ExErcicE


sont-ils redistributifs ? a. FAUX. À partir du moment où ce ménage
Doc. 1 achète des biens et des services, il paye la TVA.
1. b. FAUX. Un ménage pauvre sera exonéré d’im-
pôt sur le revenu. Il fera sa déclaration de revenu
Prélèvement Prélèvement Prélèvement
touchant touchant la touchant mais son revenu étant faible, il sera taxé à 0 %.
le revenu consommation le patrimoine Donc il ne paiera pas du tout d’impôt. (cf. gra-
phique A du doc. 2 p. 179).
Impôt TVA Impôt c. VRAI et FAUX. Il paiera peu de cotisations
sur le revenu TIPP, tabac, de solidarité sociales : un pourcentage de son salaire.
CSG et CRDS alcool, sur la fortune
Cotisations loto, PMU, d. VRAI. L’impôt sur le revenu est un impôt pro-
sociales assurances… gressif. Le taux d’imposition augmente donc avec
le revenu. En revanche, il ne faut pas croire que l’en-
2. a. Une TVA à 5,5 % existe sur les biens de pre- semble du revenu de ce contribuable aisé est taxé à
mière nécessité. Cela signifie que 5,5 % d’un un taux élevé. Ce n’est que la tranche supérieure de
paquet de pâtes constitue une somme que le son revenu qui sera taxé à 41 % (cf. : explication du
vendeur reverse à l’État. Le consommateur de ce mode de calcul avec le doc. 2 page 179).

98
Doc. 2
1. Voici le calcul pour les deux exemples de la question a. et un exemple supplémentaire concernant un très
haut revenu (7 500 € mensuels = 90 000 € annuels).
Décomposition du Revenu annuel Revenu annuel Revenu annuel
Taux d’imposition
revenu en tranches de 4 500 € de 25 000,00 € de 90 000,00 €
Entre 0 000
et 5 963 euros 0% 0,00 € d’impôt 0,00 € d’impôt 0,00 € d’impôt
de revenu
Entre 5 963
5,5 % 326,32 326,32
et 11 896 euros
Entre 11 896 Le revenu
14 % 1 834,56 2 033,36
et 26 420 euros de cette personne
est inférieur
Entre 26 420 Le revenu de
30 % à 5 963 € 13 323,0
et 70 830 euros cette personne
(elle n’est concernée
est inférieur à
que par la 1re
26 420 € (elle n’est
Au-delà tranche)
concernée que par
de 70 830 euros 41 % 7 859,7
les trois premières
de revenu
tranches)
Montant de l’impôt
0,00 € 2 160,88 € 23 542,38 €
sur le revenu

2. Les plus riches ne sont pas imposés à 41 % de déclarés dans les tranches supérieures sont donc
leurs revenus. On voit bien avec l’exemple d’un plus faibles et donc peu taxés. Cela réduit la pro-
contribuable à 90 000 € annuels (autrement dit gressivité de l’impôt.
7 500 € mensuels) que seul le montant de revenu
qui excède 70 830 € est imposé à 41 %. Par consé- Doc. 3
quent, un contribuable ne peut pas perdre de l’ar- 1. « Privatiser un prélèvement obligatoire » signi-
gent en passant dans la tranche supérieure. Si le fie qu’une dépense préalablement réalisée par un
revenu d’un contribuable augmente de 1 € et le fait ménage pour sa retraite ou l’assurance-maladie
passer de la tranche 4 à la tranche 5, il devra payer n’est plus réalisée par un versement obligatoire
un montant supplémentaire d’impôt de 41 % de cet mais par un versement individuel volontaire. Le
euro supplémentaire ; soit 41 centimes. Le revenu ménage doit verser une somme à une assurance pri-
supplémentaire reste supérieur à cet impôt supplé- vée s’il veut avoir le même type de service qu’avant
mentaire. (ex. : remboursement des dépenses maladies).
3. Pour cet impôt, le taux augmente avec le revenu. 2. Conséquences économiques et sociales : baisse
4. Les réductions d’impôts et déductions fiscales des budgets de la sécurité sociale et de l’État ;
liées à l’emploi d’un salarié à domicile, à certains obligation pour les individus de souscrire une assu-
investissements, permettent de faire baisser le rance privée pour les aider à financer leurs dépenses
revenu imposable ou carrément de déduire un mon- maladie et retraite ; creusement des inégalités entre
tant sur l’impôt. Ainsi les catégories de populations les ménages aisés et les autres (qui peuvent plus ou
aisées utilisent les moyens prévus par la loi pour moins facilement verser ces primes d’assurance) ;
faire baisser le montant de leur impôt. Ces possibi- difficultés d’accès à l’assurance pour les ménages
lités existent pour tous les ménages mais seuls les malades ou ayant eu une maladie grave ; accroisse-
ménages aux revenus élevés peuvent utiliser faci- ment du nombre et de la taille des organismes de
lement une partie de leurs revenus pour embaucher type « fonds de pension » pour collecter l’épargne
du personnel à domicile, pour financer des travaux des ménages.
importants ou réaliser des placements financiers 3. En France, les cotisations sociales représentent
ouvrant droit à réduction d’impôt. Les montants un tiers des prélèvements obligatoires. Celles-ci

99
financent les dépenses de l’assurance-maladie et de prise de conscience des risques pour les femmes
l’assurance-vieillesse qui sont des services collectifs enceintes par exemple. Elle a aussi pu décroître
organisés par des administrations. Aux États-Unis, suite à des politiques de santé publique.
la prise en charge de la maladie et de la vieillesse 3. La cigarette constitue une habitude de consom-
n’est que très faiblement organisée par l’État et, mation qui est marquée par une dépendance phy-
surtout, est financée par des sommes versées à des sique vis-à-vis du produit. Un fumeur ne peut donc
organismes privés, sans caractère obligatoire. Par pas se passer si facilement de fumer. La cigarette
conséquent, il n’y a pas de traces de ces dépenses peut aussi jouer un rôle social : fumer se fait en
dans le montant des prélèvements obligatoires aux groupe et peut contribuer au lien social. Le groupe
États-Unis. des élèves fumeurs devant un lycée fait quotidien-
nement cette expérience.
FairE lE point
I. Le système fiscal français comporte des types Doc. 2
de PO permettant de toucher davantage les popu- 1. Une taxe est un prélèvement obligatoire qu’un
lations plus aisées. consommateur paye indirectement lorsqu’il achète
A. L’impôt sur le revenu et l’ISF sont des impôts un bien (type TVA). Cette somme, incluse dans le
progressifs. prix, est ensuite reversée par le vendeur à l’État.
Un transfert est une allocation versée par une
B. Les cotisations ou la CSG sont proportion-
collectivité publique au profit d’un individu (par
nelles au revenu (mais seulement jusqu’à un cer-
exemple, l’allocation-chômage, le RSA sont des
tain point).
prestations). Une subvention est une aide accor-
II. Mais le système reste plutôt peu redistributif, dée sur fonds publics à une entreprise, une asso-
voire antiredistributif. ciation, et même parfois à un particulier sur la
A. Les impôts indirects pèsent lourdement sur la base d’un projet.
consommation, notamment celle des ménages les 2. L’introduction d’une taxe peut ou pas modifier le
moins aisés. prix du produit.
B. Les multiples exonérations réduisent l’effet Si le producteur répercute partiellement ou inté-
progressif de l’IR. gralement la taxe sur le prix, la demande risque
de se contracter. À ce prix plus élevé, la quantité
demandée risque d’être plus faible. C’est là qu’in-
pages 180-181    D. Fiscalité et incitation  tervient la question de l’élasticité. Les producteurs
des agents vont avant tout s’interroger : la demande pour mon
Doc. 1 produit est-elle sensible au prix ? S’ils savent que la
1. La hausse des prix du tabac s’observe nettement demande est très sensible au prix, ils vont préférer
en France entre 1992 et 2005. Le prix relatif du ne pas trop répercuter la taxe sur le prix de vente.
tabac triple presque sur cette période de 13 ans. Si les producteurs savent que la demande est peu
Sur cette même période, la consommation de tabac sensible au prix, ils vont davantage répercuter le
diminue mais cette diminution a commencé 16 ans montant de la taxe sur les prix. La demande restera
auparavant. En 1976, point le plus haut de la la même malgré un prix plus élevé.
consommation, un adulte consommait en moyenne Du côté de l’offre, les producteurs vont contrac-
7 grammes par jour. En 2008-2009, point le plus ter ou pas les quantités offertes, en fonction du
bas, un adulte de plus de 15 ans en consomme 3 prix finalement proposé et de la sensibilité de la
grammes. Il est donc difficile de conclure que la demande au prix.
hausse des prix a, à elle seule, un impact sur la 3. L’État doit savoir quel acteur risque d’être le plus
consommation de tabac. On peut tout de même touché par la taxe qu’il instaure. Fait-il payer l’ac-
observer qu’entre 1951 et 1976 la baisse du prix teur visé par la taxe ou touche-t-il un autre acteur ?
relatif du tabac est allée de pair avec l’augmenta- Si l’augmentation de l’impôt sur les sociétés abou-
tion de la consommation. tit finalement à une augmentation des prix à la
2. La consommation a pu décroître pour des rai- consommation, l’effet de la mesure risque d’être
sons de modifications des habitudes des ménages : contre-productif.

100
Doc. 3 3. Le gouvernement a permis une réduction du parc
des véhicules polluants de façon à réduire progres-
1. L’air que nous respirons n’a pas de prix. Cela
sivement les émissions nationales de CO2. En cela,
peut se comprendre de deux manières. Il n’a pas de
il cherche à répondre à ses engagements internatio-
valeur marchande. Les ménages et les entreprises
naux (Protocole de Kyoto).
n’ont pas à payer pour utiliser un air de bonne qua-
lité. Ils ont donc tendance à ne pas trop se préoc- En même temps, cette mesure est un « gouffre
cuper de sa dégradation. S’en préoccuper coûterait financier » pour l’État central. Le déficit s’établit
plus cher aux entreprises car cela les obligerait par autour de 500 millions d’euros d’après l’auteur. Or,
exemple à installer des systèmes de dépollution. En l’État doit aussi respecter ses engagements vis-
revanche, s’il devient irrespirable, la vie en société à-vis de ses partenaires européens concernant la
est compromise. L’économiste Arthur Cecil Pigou a limitation du déficit budgétaire. Certains objectifs
donc proposé le principe d’une taxe que la puis- semblent parfois difficiles à concilier.
sance publique fixerait sur ce bien « gratuit ». Une
FairE lE point
taxe élevée indiquerait que la société considère la
dégradation de ce bien comme très préjudiciable. La puissance publique se base sur une analyse en
Ainsi, les Suédois ont considéré que leur air pur termes d’incitations. Les ménages, les entreprises
était un capital à ne pas dégrader. Les ménages peuvent avoir des objectifs individuels qui diffè-
de ce pays acceptent de payer une taxe sur leur rent de l’intérêt général. La puissance publique
consommation d’énergie. peut chercher à faire changer les comportements
2. La Suède est un pays dans lequel un haut niveau à l’aide d’une taxe ou d’un allégement d’impôt.
de prélèvement obligatoire est accepté. L’idée d’un Une taxe peut augmenter le coût d’utilisation d’un
consensus national sur la protection de l’environ- bien ou d’un service par rapport à un autre, elle
nement est importante. En France, les différents peut donc décourager l’achat du bien soumis à la
acteurs ne se sentent probablement pas collective- taxe (cf. doc. 4). Un allégement fiscal peut baisser
ment concernés pour lutter contre les émissions de le prix d’un bien ou d’un service et le rendre plus
CO2. Il existe des groupes de pression qui militent attractif (cf. TVA sur la restauration page 182).
pour l’instauration de la taxe, des groupes contre Il s’agit donc de faire évoluer les préférences des
et une partie importante de la population qui ne consommateurs ou des entreprises.
prend pas part au débat.
Des réussites : la taxe carbone en Suède, la baisse
Doc. 4 de l’achat de voitures polluantes en France en
2010…
1. Le bonus-malus a entraîné une hausse de la
consommation des petites voitures moins gour- Des limites : la demande des agents économiques
mandes en énergie sur l’année 2010 en France. Les n’est pas toujours sensible au prix (cf. le tabac) ;
ménages ont moins consommé les voitures sou- le phénomène de l’incidence fiscale rend les
mises à un malus. mesures complexes à mettre en œuvre (cf. doc. 2) ;
2. Les constructeurs observent les achats des les institutions publiques elles-mêmes peuvent
consommateurs. Ils essaient de prévoir des ten- être soumises à la pression de groupes d’intérêt
dances pour la consommation à venir. Dans la mesure (voir chap. 9) et avoir des difficultés à générer un
où les mesures gouvernementales persistent, ils ont consensus. (cf. doc. 3) ; la fonction première de
intérêt à proposer des petits modèles et à améliorer l’impôt, celle de collecter des fonds pour financer
leur gamme de véhicules diesel qui rejettent moins des services collectifs ou des prestations, ne doit
de CO2 mais qui rejettent des particules fines. pas être oubliée.

101
page 182   vers le bAc    Réformer la fiscalité
1.
Des arguments Des arguments
pour revenir sur la baisse de la TVA qui plaident pour un maintien d’une TVA basse

• Juin 2009-mai 2010 : création de 26 000 emplois • Du point de vue des engagements de la profession
dans la restauration mais seuls une partie d’entre (cf. document 1) : maintenir la TVA à 5,5 % dans
eux ont été créés grâce à la mesure (chiffrage d’un la restauration peut permettre de :
rapport du Sénat). – réduire les prix dans la restauration (si les
• Cette mesure est très coûteuse pour l’État : la TVA restaurateurs répercutent la baisse de la TVA sur
représente une partie très importante de son budget. les plats prisés par les clients ;
Par conséquent, la mesure limite les rentrées d’argent – embaucher davantage de personnel ou augmenter
(de l’ordre de 2,4 milliards d’euros). les salaires grâce aux marges plus importantes faites
Conséquence : un emploi créé grâce à cette mesure sur le reste des plats ;
coûte à l’État deux à trois fois ce qu’il coûte à – une marge plus importante peut permettre aux
l’employeur. restaurateurs de moderniser leur outil de production
(investir…).
• Interrogation : à quoi ont vraiment servi
ces marges supplémentaires ? • Si on envisage les conséquences de tels effets,
il peut être bénéfique de ne pas revenir à un taux
• Certaines entreprises peuvent ne pas avoir joué
à 19,6 %. Les ménages peuvent gagner du pouvoir
le jeu en choisissant un tiers de la carte plutôt
d’achat, les entreprises du secteur peuvent voir
peu choisi par les clients pour baisser les prix.
augmenter les chiffres de leur activité.
• Le gouvernement ne peut pas maintenir trop
• Juin 2009-mai 2010 : Un an de cette mesure
longtemps une telle mesure alors qu’il cherche
a permis de créer 19 100 emplois dans la restauration
à réduire son déficit et sa dette.
(cf. doc. 2)
• Les prix ont-ils baissé ? Nécessité de réaliser
• Si les effets ne sont pas encore là, faut-il pour
une évaluation fine des résultats de la réforme.
autant revenir à une taxe plus haute ?
Temps trop restreint pour juger des effets positifs
d’une mesure fiscale. Il convient d’attendre que
les ménages constatent les changements et qu’ils
changent leurs habitudes.
• Nécessité de réaliser une évaluation fine
des résultats de la réforme avant de rechanger
• Une TVA plus faible peut permettre de redonner
accès à certains services pour certaines catégories
de population.

page 183   vers le bAc concurrentes puis une fois ses concurrents dispa-


rus, elle serait en situation de monopole et pourrait
Pourquoi les marchés ont-ils besoin  en profiter pour augmenter ses prix (dumping).
d’institutions ?
c. Les engagements vis-à-vis de l’environnement
1. a. Pour que le client connaisse la composition du doivent être respectés. L’État peut ainsi obliger les
produit et qu’il puisse adapter son comportement constructeurs à produire des voitures moins pol-
d’achat (allergie, volonté d’éviter certains produits luantes.
chimiques…). d. La rémunération des productions cinématogra-
b. Pour ne pas exercer une concurrence déloyale sur phiques passe par la vente de places de cinéma ou
ses concurrents. Elle pourrait vendre à perte pen- de DVD. Si les ménages téléchargent illégalement,
dant un temps pour mettre en péril les entreprises ils utilisent ces biens sans acquitter le prix d’en-

102
trée. Les producteurs ne peuvent pas continuer à j. Créer un nouveau produit demande de mobiliser
financer leurs productions. du personnel et du matériel sur une période qui
e. La législation protège les enfants afin qu’ils ne peut être longue. Cette activité n’est pas immé-
soient pas exploités à des fins commerciales. Ils ont diatement lucrative mais coûte de l’argent. L’État
droit à des loisirs, de profiter de leur temps libre. permet aux innovateurs de protéger leurs idées et
leurs nouveaux produits. Il rend payante l’utilisa-
f. Les gouvernements cherchent à protéger les
tion des résultats de cette recherche par d’autres
consommateurs des conséquences d’un accroisse-
entreprises.
ment important de la taille des entreprises. Des
entreprises fortement concentrées peuvent imposer k. Les animaux font partie de l’alimentation
des prix élevés. Si une fusion aboutit à une situa- humaine. Certaines entreprises d’élevage peuvent
tion trop éloignée de la concurrence, la commission chercher à augmenter leurs profits en engraissant
européenne peut l’interdire. plus rapidement leur cheptel. Par méconnaissance
ou par cupidité, ils peuvent mettre en danger les
g. La monnaie est un intermédiaire dans lequel les
utilisateurs de leurs produits.
acteurs économiques doivent avoir confiance. L’État
L’État cherche à éviter que des prix bas vis-à-vis des
doit vérifier que seuls les billets des banques cen-
concurrents ne soient utilisés pour capter artificiel-
trales circulent.
lement une clientèle.
h. Lors d’un chantier, les entreprises doivent pouvoir
2. à 5. Quelques éléments de réponse :
entreposer leurs engins et matériel et les retrouver le
lendemain. Autrement, cela occasionne une perte de Marché : lieu de rencontre entre une offre et une
temps et d’argent qui les condamnerait. L’État orga- demande.
nise une protection de l’outil de travail. Institutions : règles, lois et organismes permettant
i. La main-d’œuvre, ce sont aussi des hommes qui le contrôle et les sanctions.
ont des droits. Le rapport entre ces hommes et les Contexte : la société actuelle, l’économie a une place
entreprises peut être inégalitaire : l’État fixe des très importante. Dans notre économie de marché, il
lois pour éviter que certaines catégories de per- existe un nombre très important d’agents aux intérêts
sonnes soient utilisées (enfants) et garantir des divers. Il est essentiel d’instaurer certaines règles
conditions de travail décentes. pour que les échanges se déroulent correctement.

6. Des pistes…
Les institutions permettent Les institutions permettent
de protéger les acteurs dans l’échange de garantir la concurrence

Protéger les producteurs Avoir des normes communes pour permettre  
– Les protéger contre le vol de leur outil de travail les échanges
– Instaurer des droits de propriété pour permettre – Faciliter l’échange par un système de mesures commun
une rémunération des innovateurs – Assurer une confiance dans la monnaie

Protéger les consommateurs Éviter les situations qui limitent la concurrence
– Afficher les prix pour informer sur la valeur – Surveiller les situations de monopole
des produits – Éviter l’asymétrie d’information
– Instaurer des normes de qualité à respecter – Permettre l’accès au marché pour les plus pauvres
pour protéger la santé

Protéger les travailleurs (sur le marché du travail)
– Assurer un revenu minimum
– Éviter les mauvaises conditions de travail
qui seraient possibles avec un fonctionnement
complètement libre des entreprises

8. Un paragraphe comprend une idée (= une intention de démonstration), une argumentation (= explication
ou justification) et une illustration (= exemple ou données chiffrées).

103
chapitre Déséquilibres macroéconomiques
7 et politiques conjoncturelles
la démarche du chapitre

L’objectif de ce chapitre est de montrer que les économies peuvent être confrontées à plusieurs grands
déséquilibres (inflation, chômage, déséquilibre extérieur) qui ont des effets négatifs sur la croissance et
sur le lien social. Ces effets négatifs peuvent se renforcer. L’État cherchera donc à corriger ces grands
déséquilibres en utilisant les politiques économiques. Dans ce chapitre, on se limitera aux politiques
conjoncturelles.

pages 190-191   Découvrir 2. Il a révolutionné la pensée économique dans les 


Commenter années 1930, en montrant que l’économie de mar-
1. 200 000, 500 000 dollars zimbabwéens. En juillet  ché  ne  peut  se  passer  de  l’intervention  de  l’État 
2008,  le  pays  est  allé  jusqu’à  émettre  des  billets  pour  éviter  le  chômage.  Ses  ouvrages  les  plus 
de  100 000 milliards  de  dollars  zimbabwéens  (qui  célèbres  sont  A Treatise on Money  (1930)  et  La
équivalaient à 3 € à cette date). théorie générale de l’emploi, l’intérêt et la monnaie 
(1936). Il a participé aux négociations pour la paix 
2. Les billets sont dans une poubelle car ils ne valent 
en  1918  et  à  la  conférence  de  Bretton  Woods  en 
plus rien.
1944 qui a mis en place le système monétaire inter-
3. L’inflation baisse le pouvoir d’achat de la mon- national en vigueur de 1944 à 1971.
naie,  et  lui  fait  donc  perdre  sa  valeur  puisqu’elle 
3. Les années 2008-2009 sont caractérisées par une 
représente la richesse. Avec un taux d’inflation de 
crise profonde, appelée crise des subprimes, la plus 
2,2 millions de % en 2008, la perte de valeur de la 
grave depuis 1929.
monnaie est vertigineuse, ce qui contraint l’État à 
émettre des billets avec une grosse valeur faciale,  4. La  revue  Problèmes économiques  peut  titrer 
mais un pouvoir d’achat très faible. « Keynes, le grand retour » car la crise des subprimes 
a reposé la question de l’intervention de l’État.
4. Le  1er février  2009,  la  Banque  centrale  du  Zim-
babwe  a  introduit  une  nouvelle  devise,  code  ISO 
ZWL, sur la base d’un ZWL = 1 000 milliards de ZWR. 
Mais  cette  monnaie  est  de  moins  en  moins  utili- pages 192-199  AnAlyse 1
sée au profit de monnaies étrangères, dont le dollar 
américain, la livre anglaise, l’euro, le rand sud-afri- Quels sont les grands déséquilibres 
cain ou le pula du Botswana. La plus utilisée est le  macroéconomiques ?
dollar américain. On assiste donc à une dollarisa-
tion de l’économie. pages 192-193    A. L’inflation : déséquilibre sur 
La réforme monétaire a permis de réduire l’inflation  les marchés des biens et services
qui est d’environ 5 % en 2010. Doc. 1
S’exprimer
1. De  1961  jusqu’au  début  des  années  1970,  l’in-
1. Les entreprises embauchent pour produire.
flation  mondiale  est  faible,  mais  augmente  légè-
2. Elles licencient quand la production diminue, quand  rement (moins de 3 % par an). L’inflation accélère 
le  progrès  technique  permet  d’économiser  la  main- durant  la  décennie  1970  jusqu’à  atteindre  16,9 % 
d’œuvre ou lorsqu’elles rationalisent la production. par an en 1975, puis son rythme ralentit au cours 
Rechercher des décennies 1980, 1990. À partir du milieu de la 
1. John Maynard Keynes est un économiste anglais  décennie 1990, elle retrouve un niveau relativement 
né en 1883 et mort en 1946. faible, mais supérieur à celui de la décennie 1960.

105
2. Depuis 2008, aux États-Unis et dans la zone euro,  tifient la hausse de leurs prix. Donc, dans l’évolu-
l’inflation a baissé et est devenue négative en 2009  tion des prix, il faut distinguer ce qui relève d’une 
(ce  qui  signifie  une  baisse  du  niveau  général  des  pure hausse du prix (qui est l’inflation), de ce qui 
prix), elle est redevenue positive mais faible en 2010. relève  d’une  évolution  technique  qui  améliore  la 
qualité du service rendu par les produits.
Doc. 2 3. La consommation des ménages évolue au cours 
1. L’inflation  est  la  hausse  du  niveau  général  des  du temps, les coefficients budgétaires ne sont donc 
prix ; l’INSEE cherche donc à construire un indice qui  pas figés. Se pose alors la question de savoir quels 
mesure l’évolution moyenne des prix. Cet indice tient  cœfficients budgétaires retenir. L’INSEE choisit ceux 
compte du poids des produits dans la consommation  de la date de départ.
des  ménages,  donc  l’évolution  de  chaque  prix  est  4. Les  cœfficients  budgétaires  changent  au  cours 
pondérée par le coefficient budgétaire du produit. du  temps,  mais  également  d’un  milieu  social  à  un 
2. Les  prix  des  biens  comme  l’automobile  ou  les  autre. Comme l’indice des prix doit refléter l’évolu-
ordinateurs  posent  des  problèmes  car  ces  biens  tion moyenne des prix, les organismes statistiques 
connaissent des évolutions technologiques qui jus- retiennent la consommation d’un ménage moyen.

ExErcicE complémEntairE Calculez l’indice des prix


Soit la consommation des ménages
1. Reproduisez et complétez le tableau suivant :
(1) (2) (3) (4) (5)
Coefficient  Prix en t1  Prix en t2 
Prix en t1 Prix en t2 budgétaire en t1  x coefficient  x coefficient 
en % budgétaire en t1 budgétaire en t1
Produits alimentaires 100 150   16
Produits industriels 500 520   40
Service 400 400   44
Total

2. Faites le rapport entre le total des colonnes (5) et (4).


3. De combien les prix ont-ils augmenté entre t1 et t2 ?
Corrigé
1. (1) (2) (3) (4) (5)
Coefficient  Prix en t1  Prix en t2 
Prix en t1 Prix en t2 budgétaire en t1  x coefficient  x coefficient 
en % budgétaire en t1 budgétaire en t1
Produits alimentaires 100 150 16 1 600 2 400
Produits industriels 500 520 40 20 000 20 800
Service 400 400 44 17 600 17 600
Total xxxxxx xxxxxx 100 39 200 800

2. (4) / (5) = 1,0408 (il s’agit d’un cœfficient multiplicateur). On fera remarquer aux élèves que dans les
colonnes 4 et 5, les prix sont pondérés par leur poids dans la consommation des ménages (le coefficient
budgétaire). En effet, le prix du produit A augmente de 50 %, c’est une augmentation forte, mais elle a un
impact limité sur le budget des ménages puisque le produit A ne représente que 16 % de la consomma-
tion. En revanche, la stagnation du prix du produit C a un impact important sur la dépense des ménages
puisque ce produit représente 44 % de la consommation.
3. Les prix ont augmenté de 4,08 entre t1 et t2 (cœfficient multiplicateur X 100 – 100).

106
Doc. 3 n’est plus atomisée, les entreprises ont constitué de 
grands groupes qui ont un pouvoir de marché et qui 
1. Dans l’équation de Fisher, MV représente la valeur 
peuvent augmenter leurs prix (surtout si la demande 
globale des échanges que l’on peut réaliser compte 
est peu élastique aux prix) ; lorsque les syndicats ont 
tenu de la masse monétaire dont on dispose (M) et 
un  pouvoir  de  négociation,  ils  peuvent  également 
de  la  vitesse  à  laquelle  circule  la  monnaie  (V).  PT 
imposer des hausses de salaires.
représente  la  valeur  de  la  production  échangée  (P, 
prix  et  T,  transactions).  Ces  deux  expressions  sont  ExErcicE
nécessairement  égales  a posteriori.  Les  tenants  de 
1. Le pouvoir d’achat baisse de 1,94 %.
cette théorie présupposent que V et T sont constants 
à court terme, donc si M augmente, P augmente.
a. À salaire inchangé, si les prix augmentent, le
Pour que cette relation soit vraie, il faut que cer- pouvoir d’achat des salaires baisse.
taines conditions soient réalisées : b. Si le pouvoir d’achat baisse, la consomma-
– Que l’économie soit au plein-emploi des facteurs de  tion baissera (si les comportements d’épargne ne
production, sinon si M augmente, la production pourra  changent pas).
augmenter pour satisfaire la demande supplémentaire c. Pour que l’inflation ne baisse pas le pouvoir
– Que les agents économiques souhaitent détenir de  d’achat, il faut que les salaires augmentent au
la monnaie uniquement pour réaliser des échanges,  même rythme que les prix.
qu’il n’y ait pas de demande de monnaie pour elle- 2. a. Les salariés demandent une augmentation
même (la thésaurisation). des salaires.
Donc la théorie quantitative de la monnaie n’est pas  b. Les entreprises pourront répercuter la hausse
toujours vérifiée. des salaires sur les prix afin de préserver leur profit.
On pourra faire remarquer que l’on peut inverser la  c. Hausse des prix → baisse du pouvoir d’achat
causalité : si P augmente (parce que les entreprises, 
→ revendication de hausse des salaires, si elle est
dans une situation monopolistique, décident d’aug-
obtenue → hausse des prix pour préserver les pro-
menter  leurs  prix),  alors  les  autorités  monétaires 
fits → baisse du pouvoir d’achat…
augmenteront la masse monétaire en circulation.
2. Si la demande est supérieure à l’offre de marchan- 3. a. 1 159,27 € courants.
dises, les producteurs pourront augmenter leurs prix.  b. 118,14.
Cette relation n’est vérifiée que si l’offre ne peut aug- c. 981,26 € constants.
menter (plein emploi, pas de possibilité de satisfaire  d. L’inflation diminue la valeur de l’épargne.
la  demande  par  les  importations…).  Si  l’équilibre  4. a. Année 1 : 11 538,46 € ; année 2 : 11 094,67 € ;
offre/demande ne peut se réaliser par les quantités il 
année 3 : 10 667,96 € ; année 4 : 10 257,65 € ;
se fera par les prix. Par exemple, l’augmentation des 
année 5 : 9 863,12 €. Il s’agit aussi d’€ constants.
prix des céréales en 2008 puis en 2010-2011 s’ex-
b. L’inflation diminue la valeur des dettes, elle est
plique par une demande croissante due en partie au 
donc favorable aux emprunteurs.
développement des pays émergents, à la culture des 
agrocarburants  renforcée  par  la  spéculation,  alors  5. a. Année 1 : voiture : 18 000 € = 23 400 $ ;
que la production est limitée par les terres agricoles  machine-outil 20 000 $ = 15 384,62 €
disponibles. Année 2 : voiture : 18 180 € = 23 634 $ ;
3. Lorsque  les  coûts  de  production  augmentent,  machine-outil 20 600 $ = 15 846,15 €
les  entreprises  répercutent  la  hausse  sur  les  prix  b. Le prix des exportations françaises augmente
afin de rester rentables (ne pas vendre à perte, pré- moins que le prix des exportations américaines. La
server  les  profits).  L’augmentation  des  coûts  peut  compétitivité prix des produits américains diminue.
concerner le coût salarial, le coût des matières pre- c. L’inflation diminue la compétitivité prix, elle
mières, de l’énergie (pétrole)… peut pénaliser les exportations, elle peut donc
4. La régulation monopoliste désigne le fonctionne- entraîner une dégradation des échanges extérieurs.
ment de l’économie de la fin de la Seconde Guerre 
FairE lE point
mondiale jusqu’aux années 1980. L’une des caracté-
ristiques de ce mode de régulation est la multiplica- L’inflation a des effets négatifs sur le pouvoir
tion  des  monopoles  ou  des  oligopoles.  L’économie  d’achat de la monnaie, donc sur les salaires, sur

107
l’épargne. Elle pénalise les exportations. Elle est 2. La  rentabilité  des  entreprises  dépend  de  leurs 
signe de dysfonctionnement, ce qui justifie les débouchés,  de  leurs  coûts  de  production,  du  prix 
politiques économiques. Mais elle a des effets auquel elles peuvent vendre les produits.
positifs pour les emprunteurs. 3. Coût du travail élevé ➞ diminution de la compé-
titivité prix ➞ les entreprises limitent leur produc-
pages 194-195    B. Le chômage : déséquilibre  tion ➞ chômage.
sur le marché du travail 4. Pour le salaire voir question 3. Si l’indemnisation 
Doc. 1 du chômage est généreuse, les agents économiques 
auront les moyens de vivre sans travailler mais seront 
1. INSEE et pôle emploi. inscrits au chômage afin de percevoir les allocations 
2. Le nombre de chômeurs au sens du BIT se rap- chômage. L’allocation incite donc à ne pas travailler.
proche le plus de la catégorie A du pôle emploi. Les règles de protection de l’emploi peuvent concer-
3. Halo : irradiation diffuse ; en photo : irradiation  ner le licenciement. S’il est difficile de licencier, les 
lumineuse sur un cliché, jetant un flou sur un point  entreprises  hésiteront  à  embaucher  (elles  préfére-
lumineux ou fortement éclairé. ront  intensifier  le  travail  de  leur  salarié,  ou  avoir 
On peut parler de halo du chômage car les distinc- recours aux heures supplémentaires), et le chômage 
tions  entre  chômage,  emploi,  inactivité  sont  par- pourra rester élevé.
fois floues. Exemple, les travailleurs à temps partiel  5. Des  salaires  élevés  permettent  aux  entreprises 
involontaire sont des chômeurs à temps partiel. Les  d’avoir  des  débouchés  importants.  De  la  même 
chômeurs en stage de formation sont à la frontière  façon, si les allocations chômage sont généreuses, 
entre chômage et inactivité. les chômeurs disposent d’un revenu qui leur permet 
d’avoir  un  niveau  élevé  de  consommation,  ce  qui 
Doc. 2
garantit  encore  les  débouchés  des  entreprises,  et 
1. Taux d’activité et taux d’emploi des jeunes sont  donc  l’emploi.  Enfin  si  les  règles  de  licenciement 
faibles car le plus souvent les jeunes sont en cours  sont  difficiles,  les  entreprises  devront  conserver 
de formation initiale. davantage leur personnel en lui distribuant du pou-
2. L’écart entre taux de chômage des jeunes et celui  voir d’achat.
de  l’ensemble  de  la  population  est  très  élevé  (14 
points), alors que l’écart de la part de chômage est  Doc. 4
beaucoup plus faible (2 points). 1. Le pourcentage de chômeurs indemnisés dépend 
3. Le  taux  de  chômage  des  jeunes  s’explique  en  de la durée du chômage (les chômeurs perdent leurs 
partie par le manque de formation (les plus jeunes  allocations après une durée de chômage qui dépend 
parmi  ces  actifs  ont  suivi  des  formations  courtes  de la durée de la période d’activité) et de l’impor-
ou  n’ont  pas  de  diplôme),  le  coût  du  travail  (en  tance des nouveaux entrants sur le marché du tra-
regard  de  la  productivité  des  jeunes),  le  manque  vail (qui n’ont pas droit aux allocations). Il dépend 
d’expérience. On pourra ajouter que les jeunes ont  donc de la législation qui a changé depuis 1986.
souvent des emplois précaires. 2. Le  taux  de  remplacement  dépend  de  la  législa-
4. On peut relativiser l’importance du chômage des  tion, de la durée du chômage, de l’importance des 
jeunes, en s’appuyant sur la part de chômage qui  chômeurs non bénéficiaires d’allocation.
est faible parce que le taux d’activité des jeunes est  3. Le  pourcentage  de  chômeurs  indemnisés  dimi-
faible. Cependant la situation est très difficile pour  nue  quand  le  chômage  augmente  car  il  y  a  plus  
les jeunes sans formation. de  chômeurs  de  longue  durée  qui  perdent  leurs 
droits  aux  allocations,  et  plus  de  nouveaux  arri-
Doc. 3
vants sur le marché du travail qui n’ont pas droit 
1. aux allocations.
Demande   réduction   baisse  
faible de la production des emplois 4. Si  le  taux  de  remplacement  est  faible,  les  chô-
meurs ont de faibles revenus, donc consomment peu, 
ce qui diminue les débouchés des entreprises. C’est 
baisse du revenu l’inverse quand le taux de remplacement est élevé.

108
On pourra consulter le site de Pôle emploi pour pré- Solde des flux financiers (hors avoirs de réserve) : 
ciser les conditions d’indemnisation des chômeurs. 19 016 millions d’€.
2. Le solde courant recense les échanges de biens 
FairE lE point et services, ce qui a représenté une grande partie 
Si la demande globale est faible, la production est des  échanges  internationaux,  avant  que  les  mou-
faible et le chômage est élevé. vements  de  capitaux  ne  se  développent.  C’est  à 
Si le chômage est élevé, le revenu distribué est ce  type  d’échange  que  l’on  mesure  la  compétiti-
faible, donc la demande intérieure (I + C) est faible. vité d’une nation. On pourra ajouter que depuis les 
années 1980, les échanges de services se dévelop-
pent  rapidement,  même  si  les  échanges  de  biens 
pages 196-197    C. Les déséquilibres  restent prédominants.
des échanges extérieurs 3. Avoirs de réserve : - 3 926 millions d’€. Ces avoirs 
Doc. 1 de  réserve  correspondent  aux  réserves  officielles 
internationales (devises) de la banque centrale qui 
1. La  comptabilité  en  partie  double  implique  un  pourront  être  utilisées  pour  régler  les  échanges 
double  enregistrement  des  données,  une  fois  en  internationaux ou pour la politique monétaire. En 
débit (signe -), une fois en crédit (signe +) car toute  2009, la balance des paiements de la France était 
opération  (importation,  exportation,  investisse- excédentaire.  En  effet,  la  crise  a  entraîné  une 
ment…)  donne  lieu  à  un  règlement  (par  emprunt,  baisse  importante  des  importations.  Hors  période 
utilisation  d’avoirs  en  banque,  vente  de  titres, 
de crise, la balance des paiements de la France est 
dons…). Donc on enregistre l’opération d’abord sous 
généralement déficitaire.
forme  de  transaction,  puis  son  règlement  (dans  le 
poste « avoirs de réserve ») avec inversion de signe.  4. La balance des paiements est construite à par-
Par exemple, une importation de vêtements est enre- tir  de  nombreuses  sources,  donc  il  y  a  toujours 
gistrée d’abord dans le compte des transactions cou- des  approximations,  des  erreurs  de  mesures.  Par 
rantes (rubrique biens) avec un signe négatif car elle  exemple,  une  importation  de  lecteurs  DVD  est 
entraîne une sortie de devises, puis dans les « avoirs  enregistrée par les douanes (débit dans le compte-
de réserve » (avec un signe +). courant) ; en contrepartie, il y a de nombreux règle-
ments qui sont recensés en crédit dans le compte 
2. Le solde de la balance des paiements est toujours 
financier.  Le  décalage  entre  les  deux  est  source 
égal à 0 car les opérations sont toujours enregis-
d’erreurs.  Il  y  a  également  des  opérations  non 
trées deux fois (+ et -). En revanche, les comptes 
enregistrées (trafic illicite) ; quant aux transactions 
intermédiaires (Balance des transactions courantes, 
financières, elles sont difficiles à suivre, ce qui est 
compte  de  capital…)  peuvent  être  déséquilibrés, 
aussi  une  source  d’erreurs.  La  rubrique  erreur  et 
mais leurs déséquilibres se compensent.
omissions  permet  donc  de  retrouver  l’équilibre  de 
3. Le  poste  « avoirs  de  réserve »  comptabilise  les  la balance des paiements.
variations  de  réserve  en  devises  provenant  des 
relations  avec  l’étranger ;  il  permet  l’équilibre  de  Doc. 3
la  balance  des  paiements.  Quand  les  exportations 
sont supérieures aux importations, les réserves de  1. Les échanges extérieurs sont excédentaires pour : 
change  augmentent  (mais  elles  sont  comptabili- produits agricoles, sylviculture, pêche, produits agro-
sées  avec  le  signe  -),  quand  il  y  a  un  déficit,  le  alimentaires, biens d’équipement, services financiers.
pays  emprunte  à  l’étranger  (signe  + car  il  s’agit  2. Ils sont déficitaires pour : produits de l’industrie, 
d’une entrée de devises) ou diminue ses réserves de  biens  de  consommation,  automobile,  biens  inter-
change pour financer ses importations. médiaires, énergie, services marchands, transports, 
services aux entreprises.
Doc. 2 3. La  situation  se  dégrade  pour :  les  produits 
1. Soldes des biens et services : -33 096 millions d’€. industriels,  produits  agroalimentaires,  biens  de 
Solde courant : - 36 822 millions d’€. consommation,  automobile,  biens  intermédiaires, 
Besoin de financement : - 36 487 millions d’€. énergie,  services  marchands,  transports,  services 
Solde à financer : - 99 497 millions d’€. aux entreprises.

109
Doc. 4 Doc. 2
1. Le  solde  extérieur  de  la  France  se  dégrade  du  1. Dans  les  sociétés  modernes  où  la  production  est 
fait des spécialisations (biens de consommation, en  essentielle, le travail est un vecteur d’intégration. Les 
particulier  les  produits  agroalimentaires).  D’autre  chômeurs (quand le chômage dure longtemps) perdent 
part,  les  innovations  sont  insuffisantes,  donc  la  le lien aux autres, les relations sociales, les relations de 
France  ne  dispose  pas  d’une  compétitivité  hors  travail. Être intégré, c’est aussi accéder à une consom-
prix ; elle se situe plutôt sur une compétitivité prix  mation  considérée  comme  normale.  Or  les  chômeurs 
alors que le coût du travail y est élevé comme dans  ont  des  revenus  plus  faibles  que  les  actifs  occupés, 
tous les pays développés. il leur est donc plus difficile d’accéder à la norme de 
2. La  France  est  spécialisée  dans  les  biens  de  consommation. D’autre part, dans une société carac-
consommation ; or, la demande mondiale est dyna- térisée par la division du travail, l’individu qui ne tra-
mique pour les biens d’équipement, très demandés  vaille pas n’apporte pas sa contribution à la société, et 
par les pays émergents. perd donc le sentiment d’être utile aux autres.
3. Aujourd’hui,  les  innovations  s’appuient  le  plus  2. Le  chômage  dégrade  la  santé,  car  il  occasionne 
souvent  sur  des  connaissances  scientifiques  et  stress,  dépression…  mais  aussi  parce  que  les  chô-
elles  émanent  des  centres  de  recherche  privés  ou  meurs sont appauvris et peuvent moins facilement se 
publics, dans lesquels travaillent des actifs haute- soigner, et ce d’autant plus que les remboursements 
ment qualifiés. Moins il y a d’actifs très qualifiés,  de l’assurance-maladie ont tendance à diminuer.
moins il y a de chances d’inventer et d’innover. 3. Le chômage détériore les capacités de travail car 
les  individus  perdent  progressivement  leurs  com-
FairE lE point pétences, ne sont plus au fait des évolutions tech-
Les déficits extérieurs de la France s’expliquent par niques dans leur domaine, donc leurs capacités de 
une spécialisation mal appropriée face au déve- travail se dégradent.
loppement des pays émergents. Elle est spéciali- 4. Le  ralentissement  de  la  productivité  s’explique 
sée dans les biens de consommation au contenu au niveau individuel par la détérioration des capa-
peu innovant, et qui jouissent donc d’une com- cités  de  travail.  Au  niveau  macroéconomique,  la 
pétitivité prix et non d’une compétitivité qualité. productivité  ralentit  car  les  entreprises  n’ajustent 
La faiblesse des innovations françaises peut s’ex- pas automatiquement leurs effectifs au niveau de 
pliquer en partie par des efforts insuffisants en la  production.  Elles  peuvent  garder  une  partie  de 
matière de formation et de recherche. leur  personnel  en  attendant  la  reprise  (pour  évi-
ter  d’avoir  à  recruter  et  former  du  personnel  au 
moment de la reprise, pour conserver le personnel 
pages 198-199    D. Les conséquences des grands  compétent…), donc la productivité ralentit.
déséquilibres et les objectifs  
des politiques conjoncturelles Doc. 3
Doc. 1 1. Le commerce extérieur coûte des emplois domes-
1. En 2011, les prix des céréales et du pétrole aug- tiques  quand  les  importations  sont  substituées  à 
mentent, mais le prix des ordinateurs reste stable  la production domestique, donc l’emploi baisse. La 
(alors que leurs performances augmentent). diminution de l’emploi entraîne une diminution du 
2. Les prévisions sont difficiles car tous les prix n’évo- revenu et donc de la demande intérieure (C + I).
luent  pas  de  la  même  façon ;  la  valeur  de  l’épargne  On pourra remarquer que les importations peuvent 
diminue (cf. exercice p. 193), donc les agents doivent  permettre d’augmenter la production domestique si 
épargner davantage pour leur retraite, mais il est dif- le pays importe des consommations intermédiaires 
ficile d’anticiper l’importance future de l’inflation. Les  ou des biens d’équipement pour s’industrialiser.
entreprises peuvent avoir des difficultés à répercuter  2. Les  exportations  augmentent  la  production 
leurs coûts de production sur leurs prix de vente. domestique, et donc l’emploi.
3. L’inflation nuit à la croissance car elle affecte la ren- 3. Les  importations  permettent  de  diversifier  les 
tabilité des entreprises et la demande (investissement,  produits  et  de  mieux  satisfaire  la  demande  des 
consommation) et elle renchérit les exportations. consommateurs,  éventuellement  à  plus  bas  prix, 

110
donc  cela  favorise  la  progression  du  pouvoir  3. L’État  peut  également  agir  par  les  politiques 
d’achat.  L’ouverture  permet  également  de  diversi- structurelles :  réglementation,  fiscalité,  protec-
fier  les  sources  de  financement  de  l’économie  et  tion sociale, investissement public, politique de la 
elle favorise donc l’investissement. concurrence…
4. L’analyse des auteurs est généralisable à tous les 
pays. FairE lE point
Les grands déséquilibres (inflation, chômage,
ExErcicE
déficit extérieur) ont des effets néfastes sur la
1. a. Une augmentation de l’inflation sans aug- demande globale et sur la production. Ils justi-
mentation des salaires détériore le pouvoir d’achat fient donc que l’État cherche à les corriger par les
et peut diminuer la consommation. politiques économiques.
b. Une inflation plus élevée dans l’économie
domestique diminue la compétitivité des pro-
duits nationaux, les exportations baissent (si le pages 200-205   AnAlyse 2
pays dispose d’une compétitivité prix) et le solde
Quelles politiques conjoncturelles ?
du commerce extérieur se dégrade. Donc la
demande globale baisse.
pages 200-201    A. La politique budgétaire
c. Si la consommation et les exportations baissent,
la demande anticipée par les entreprises dimi- Doc. 1
nuera, et elles diminueront leurs investissements.
1. On  appelle  « stabilisateur  automatique »  la 
2. a. Si le chômage augmente, les revenus des variation  des  prélèvements  obligatoires  et  des 
actifs baissent car les allocations chômage ne sont dépenses  publiques  qui  résulte  des  variations  de 
pas perçues par tous les chômeurs et sont tou- l’activité économique. Il a un effet contracyclique.
jours inférieures au revenu du travail. Exemple :  croissance  des  recettes  fiscales  en  cas 
b. Si le revenu global distribué diminue la d’accélération  de  la  croissance  économique ;  aug-
consommation baissera. mentation des dépenses en cas de récession.
c. Si la consommation baisse, les entreprises 2. Un  stabilisateur  automatique  stimule  l’activité 
réduiront leurs investissements. économique car les dépenses de l’État augmentent 
3. a. Si les importations sont supérieures aux (exemple :  distribution  d’allocation-chômage),  ce 
qui freine la diminution de la demande globale, et 
exportations, les entreprises investiront moins
donc maintient la production.
(sauf si elles importent des biens d’équipement).
b. Si les importations se substituent à la produc- 3. En  cas  de  surchauffe,  les  recettes  fiscales  aug-
tion nationale, l’emploi baisse et donc la consom- mentent et la demande progresse moins vite, ce qui 
permet de réduire les tensions inflationnistes.
mation baisse.
4. Les stabilisateurs automatiques rendent l’écono-
Doc. 4 mie plus stable car ils ralentissent l’activité en cas 
1. L’Union européenne veut promouvoir le dévelop- de surchauffe et la stimulent en cas de ralentisse-
pement durable fondé sur : la croissance équilibrée,  ment.  Ils  atténuent  donc  les  fluctuations  écono-
la stabilité des prix, une économie sociale de mar- miques et ont un effet contracyclique.
ché  (modèle  économique  libéral  tempéré  par  des 
politiques  sociales  afin  de  réduire  les  inégalités),  Doc. 2
la recherche du plein-emploi, le progrès social, la  1. L’État peut agir de manière plus volontariste sur 
protection et l’amélioration de la qualité de l’envi- le niveau de l’activité économique en faisant varier 
ronnement. ses dépenses et/ou ses recettes fiscales.
2. Les  deux  instruments  les  plus  utilisés  de  poli- 2. En  cas  de  récession,  l’État  peut  augmenter  ses 
tique  économique  sont  la  politique  budgétaire  et  dépenses  (investissement  public,  subventions  aux 
la politique monétaire. Il s’agit des instruments de  entreprises  en  difficulté…),  donc  la  production 
politiques conjoncturelles. augmente, les entreprises embauchent, les revenus 

111
distribués augmentent, ce qui accroît la demande  Doc. 3
globale et le cercle vertueux se poursuit.
1. Aux États-Unis, les plans de relance ont creusé le 
3. On  parle  d’effet  multiplicateur  car  l’augmenta- déficit budgétaire d’environ 2 %.
tion de la production est au final plus importante 
2. En 2008, les pays ont préféré laisser jouer les sta-
que l’augmentation initiale des dépenses publiques.
bilisateurs automatiques plutôt que mettre en place 
Exemple :  si  les  agents  consomment  80 %  de  l’ac- des plans de relance d’envergure. En moyenne, pour 
croissement  de  leur  revenu  (la  propension  margi- les pays développés, les plans de relance ont creusé 
nale à consommer est de 0,8) et épargnent 20 %,  les déficits publics de 1,9 % alors que les stabilisa-
le multiplicateur, en économie fermée, est de 5. teurs automatiques les ont creusés de 4 %.
Le  multiplicateur  montre  que  l’augmentation  ini- 3. Ce sont la Russie et la Chine qui ont mis en place 
tiale  des  dépenses  publiques  se  poursuit  dans  le  les plans de relance les plus importants.
temps en s’amenuisant : l’augmentation de l’inves-
4. Les  plans  de  relance  européens  ont  été  faibles 
tissement  (ou  de  la  dépense  publique)  augmente 
(moins  de  2 %  du  solde  budgétaire),  sans  doute  à 
le  revenu.  Une  partie  (qui  est  fonction  du  niveau 
cause des contraintes que se sont imposées les pays 
de  la  propension  marginale  à  consommer)  sera 
européens par le Pacte de stabilité et de croissance.
consommée,  l’autre  épargnée.  L’augmentation  de 
la  consommation  entraîne  une  augmentation  du  Doc. 4
produit (donc du revenu distribué) à la période sui-
1. Pour  les  keynésiens,  le  déficit  budgétaire  favo-
vante, et le phénomène se poursuit, en diminuant, 
risera la croissance si les entreprises peuvent aug-
sur n périodes.
menter  leur  production  (c’est-à-dire  si  elles  ont 
∆ PIB  des  capacités  de  production  inemployées),  si  les 
∆I ∆C ∆S ménages consomment des produits nationaux plu-
=∆R
tôt que des produits étrangers, et s’ils consomment 
t1 100 100 80 20 une  part  importante  de  leur  revenu  (propension 
t2 80 64 16 moyenne à consommer élevée).
2. La dette publique risque d’entraîner une hausse 
t3 64 51,2 12,8 des  taux  d’intérêt.  En  effet,  si  l’État  finance  son 
t4 51,2 40,96 10,24 déficit  par  une  émission  de  titres  sur  les  marchés 
financiers, la demande de capitaux augmente, alors 
… … … … que  l’offre  reste  probablement  identique,  donc  le 
taux  d’intérêt  augmente.  Cet  aspect  est  souligné 
par les libéraux. Mais cette relation n’est pas iné-
La variation totale du PIB (Sn) suit une suite géo-
luctable comme le montre l’exemple du Japon.
métrique de raison 0,8, dont la somme des n pre-
miers termes est égale à : 3. Si  les  taux  d’intérêt  augmentent,  l’État  devra 
émettre de nouveaux titres sur les marchés finan-
 (1 – 0,8)  
n
Sn = 100 = 500 ciers, à des taux d’intérêt plus élevé, ce qui va aug-
  (1 – 0,8) menter le coût du remboursement de la dette. Donc 
Remarque : 0,8n tend vers 0 quand n tend vers l’infini. la dette publique augmentera.
Le multiplicateur k = 1/(1 – c) = 5. Donc la crois- On peut également noter que la croissance sera péna-
sance du PIB est 5 fois plus importante que celle de  lisée puisque les taux d’intérêt seront également plus 
l’investissement initial. élevés pour les ménages et les entreprises qui rencon-
4. La  politique  budgétaire  est  contracyclique  car  treront des difficultés pour financer leurs dépenses et 
elle vise à augmenter la production en cas de ralen- leurs investissements. Si la croissance est faible les 
tissement de l’activité. Par ailleurs, en augmentant  recettes de l’État seront également faibles.
les prélèvements obligatoires ou en diminuant les 
FairE lE point
dépenses  publiques,  l’État  freine  l’activité  écono-
mique, ce qui réduit les tensions inflationnistes en   des dépenses publiques   de la demande
cas de surchauffe. Donc l’intervention de l’État cor-   de la production des entreprises
rige les variations cycliques de l’économie.   des emplois   du chômage

112
L’État peut aussi choisir de baisser la fiscalité, 2. Les  taux  directeurs  baissent  aux  États-Unis  à 
mais l’effet de relance est plus faible. partir de la fin 2007 car la crise commence à tou-
cher les États-Unis : augmentation des défaillances 
sur  le  marché  des  crédits  immobiliers,  baisse  des 
pages 202-203    B. La politique monétaire
prix de l’immobilier résidentiel dès 2006.
Doc. 1 L’Europe ne sera touchée qu’après le krach boursier 
de septembre 2008, c’est alors que la BCE baissera 
1. Pour  agir  sur  le  niveau  général  des  prix,  la  ses taux directeurs.
Banque  centrale  peut  augmenter  ses  taux  direc-
teurs (ce qui se répercute sur les taux d’intérêt des  3. Les taux d’intérêt à court terme baissent à partir 
banques de second rang) ou réduire la quantité de  de 2007 (NB. Lire 2008 sur l’axe des abscisses et 
monnaie en circulation. non 2018).

2. Les taux d’intérêt nominaux doivent augmenter  4. Les  taux  d’intérêt  des  banques  de  second  rang 


davantage que l’inflation afin que le taux d’intérêt  suivent l’évolution des taux directeurs des banques 
réel  augmente.  Par  approximation :  taux  d’intérêt  centrales.
réel = taux d’intérêt nominal - taux d’inflation. Doc. 4
3. Face  à  une  hausse  des  taux  d’intérêt  réel,  les  1. L’appréciation  du  cours  d’une  monnaie  diminue 
agents  économiques  diminuent  leurs  emprunts  ce  le prix des importations. Exemple : si le prix du baril 
qui freine l’activité économique. Ils peuvent aussi  de  pétrole  vaut  100 $,  il  vaut  76,92 €  quand  l’€ 
augmenter  leur  épargne :  la  consommation  baisse  vaut  1,30 $,  et  66,66 €  quand  le  taux  de  change 
et l’activité économique est également freinée. est de 1 € = 1,50 $. La baisse du prix des importa-
4. La hausse des taux d’intérêt permet de diminuer  tions se répercute sur les prix des produits (baisse 
l’inflation car elle réduit le niveau de la demande  du prix de l’énergie, des biens d’investissement et 
intérieure (I + C), et diminue donc les tensions sur  de consommation importés).
les prix.
2. L’appréciation  d’une  monnaie  augmente  les 
Doc. 2 importations et baisse les exportations. Un produit 
européen qui vaut 200 € vaut 260 $ quand le taux 
1. Les banques centrales espèrent qu’une baisse des  de change est de 1 € = 1,30 $, mais 300 $ quand le 
taux directeurs sera répercutée sur les taux d’intérêt  taux de change est à 1,50 $, alors que le prix des 
des banques de second rang, permettant la reprise  produits importés baisse (cf. question précédente).
de l’activité économique. En effet, la baisse des taux 
3. L’appréciation  du  cours  d’une  monnaie  peut 
doit favoriser l’emprunt et réduire les incitations à 
pénaliser la croissance (même si le prix de l’éner-
épargner.
gie diminue) car les agents économiques peuvent 
2. Si  le  crédit  est  bon  marché,  les  entreprises  et  préférer acheter des produits importés dont les prix 
les ménages pourront emprunter pour financer les  baissent,  les  entreprises  nationales  perdent  des 
investissements,  la  demande  globale  augmentera,  parts de marché. Dans ce cas, les importations se 
la production augmentera. substituent  à  la  production  domestique,  l’emploi 
3. Si la production augmente, l’emploi pourra aug- baisse, le chômage augmente.
menter. 4. La  BCE  a  pour  objectif  premier  la  lutte  contre 
4. Si les taux d’intérêt sont faibles, les coûts finan- l’inflation ;  elle  mène  une  politique  d’euro  fort  (une 
ciers des entreprises le sont également, donc l’en- monnaie  forte  conserve  son  pouvoir  d’achat  interne 
semble des coûts diminue, ce qui peut donner un  –  donc  l’inflation  est  faible  –  et  elle  a  un  pouvoir 
avantage  compétitif  sur  les  marchés  extérieurs  et  d’achat élevé sur les marchés étrangers, donc son taux 
favoriser les exportations. de change est élevé). Elle intervient sur le marché des 
changes pour préserver le pouvoir d’achat de l’euro.
Doc. 3
1. Les taux directeurs de la Fed étaient élevés en  FairE lE point
2006-2007 car des tensions inflationnistes avaient  Les objectifs de la politique monétaire sont la
tendance  à  se  développer  aux  États-Unis  depuis  relance de l’activité, en cas de récession, ou le
2004 (doc. 1B p. 192 et non 2B). ralentissement, en cas de tensions inflationnistes.

113
La Banque centrale peut agir sur les taux d’intérêt tiques  économiques  pour  lutter  contre  la  crise.  On 
(directement ou par la quantité de monnaie) et peut remarquer l’ampleur et l’antériorité des déficits 
sur les taux de change. et dettes japonais. Ce pays est frappé par des dif-
ficultés  économiques  depuis  la  fin  de  la  décennie 
1990 (crise asiatique).
pages 204-205    C. L’efficacité et les risques 
des politiques conjoncturelles 4. Le  creusement  des  déficits  et  des  dettes  peut 
engendrer de nouvelles difficultés : les dettes sont-
Doc. 1
elles soutenables ? Les États pourront-ils rembour-
1. Une  augmentation  des  dépenses  publiques  et  ser leurs emprunts ? Les prêteurs continueront-ils à 
une baisse des taux d’intérêt favorisent la reprise  prêter aux États ?
de  l’activité  économique.  Une  diminution  des 
dépenses publiques et une hausse des prélèvements  Doc. 3
obligatoires assorties d’une hausse des taux d’inté- 1. Contribuables : les agents qui paient les impôts. 
rêt freinent l’activité économique. Créanciers : les agents qui ont prêté (ici à l’État) et 
2. À  court  terme,  une  politique  monétaire  expan- détiennent donc des créances sur l’État.
sionniste  (baisse  des  taux  d’intérêt)  favorise  la  Actifs publics financiers : patrimoine public (monu-
hausse de l’investissement. ments, bâtiments…), infrastructures de transport, 
3. Une  politique  budgétaire  expansionniste  peut  monnaie,  devises,  titres  financiers  émis  par  les 
entraîner une hausse des taux d’intérêt (cf. doc. 4,  administrations publiques pour financer leur dette.
question 2 p. 201), qui réduira ultérieurement l’in- 2. La  dette  publique  peut  être  financée  par  une 
vestissement. augmentation des impôts ou par une augmentation 
4. Si  la  politique  budgétaire  expansionniste  fait  des emprunts publics.
monter les taux d’intérêt, les capitaux vont affluer  3. Les charges de la dette désignent les intérêts ver-
dans le pays et favoriser l’appréciation de la monnaie  sés  aux  créanciers,  (c’est-à-dire  les  épargnants  qui 
nationale  (cf.  l’importance  des  investissements  de  ont  acheté  des  titres  publics).  Les  ressources  qui 
portefeuille doc. 2 p. 196). Si la monnaie s’apprécie,  servent au paiement de ces intérêts proviennent des 
les importations augmentent, les exportations bais- impôts.  Donc  lorsque  l’État  choisit  de  financer  sa 
sent, donc la production domestique est pénalisée. dette par l’emprunt, une partie des recettes fiscales 
En revanche, la baisse des taux d’intérêt due à une  versées  par  tous  les  contribuables  servira  à  payer 
politique  monétaire  expansionniste,  dépréciera  la  des intérêts aux agents qui ont placé leur épargne 
monnaie nationale, les exportations augmenteront,  sous forme d’obligations publiques. Ce transfert des 
les  importations  baisseront,  ce  qui  aura  un  effet  contribuables vers les créanciers se fait à un moment 
positif sur la production domestique. donné, il concerne une même génération.

Doc. 2 4. Depuis les années 1960, des réformes fiscales se 
sont succédé et ont abaissé le taux marginal supé-
1. Déficit  public :  déficit  des  administrations  rieur d’imposition sur le revenu (le taux d’imposi-
publiques, c’est-à-dire différence entre les recettes  tion appliqué sur la partie la plus élevée du revenu) 
et  les  dépenses  d’une  année.  Les  administrations  et  les  taux  d’imposition  des  entreprises.  Ces 
publiques recouvrent les administrations centrales,  réformes fiscales sont une des causes de l’accrois-
les collectivités locales et la protection sociale. sement de la dette (cf. l’encadré rapport Champsaur 
Le  déficit  budgétaire  ne  désigne  que  le  déficit  de  Cotis).  Les  contribuables  les  plus  aisés  ont  donc 
l’administration centrale (État au sens étroit). bénéficié d’allégements fiscaux, mais ils continuent 
Dette publique :  ensemble  des  emprunts effectués  à financer l’État par les obligations qu’ils achètent ; 
par  l’État  (au  sens  large) ;  il  s’agit  du  cumul  des  il s’agit alors d’un placement qui rapporte. Ainsi la 
déficits publics qui n’ont pas été remboursés. fiscalité ne redistribue plus les richesses en taxant 
2. Depuis le début du xxie siècle, les déficits publics  davantage  les  plus  fortunés  (impôt  progressif  sur 
et les dettes publiques se sont creusés. L’augmen- le revenu) ; elle bénéficie aux plus fortunés par les 
tation se situe entre 2006 et 2008 selon les pays. intérêts qu’ils perçoivent de leur placement en obli-
3. Les déficits et dettes publics augmentent depuis  gations publiques et par les allégements d’impôts.
2007 environ, car les États ont développé des poli- 5. L’équivalence  ricardienne  est  un  argument  sou-

114
vent  avancé  par  les  économistes  libéraux  pour  augmentation des taux d’intérêt préjudiciables à
montrer qu’un financement de l’État par l’emprunt  l’investissement, elles peuvent accroître le déficit
est  équivalent  à  un  financement  par  l’impôt.  En  extérieur, ou encore entraîner une augmentation
effet,  si  l’État  emprunte  pour  financer  sa  dette,  de l’épargne si l’équivalence ricardienne joue ;
les  agents  anticiperont  une  augmentation  future  – les politiques monétaires peuvent également
des  impôts  pour  faire  face  au  remboursement  des  avoir un impact négatif et être à l’origine de crises
emprunts,  donc  ils  augmentent  leur  épargne  pour 
futures si l’augmentation de la masse monétaire
faire  face  aux  augmentations  futures  des  impôts. 
est utilisée pour spéculer et non pour investir.
Dans  ce  cas,  la  croissance  n’augmente  pas.  Les 
études empiriques n’ont pas permis de valider cette 
relation  jusqu’à  présent,  mais  les  comportements 
des agents ne sont pas immuables. page 206   vers le bAc
Doc. 4 Inflation mesurée et inflation ressentie
1. – Spéculation :  transactions  effectuées  sur  des  1. Les ménages qui ont le plus fortement ressenti 
titres en espérant des gains. Par exemple, acheter  l’inflation  entre 1996  et 2010  sont  les  10 %  les 
un titre ou une devise aujourd’hui, en espérant réa- moins  favorisés,  mais  aussi  les  locataires  et  les 
liser un gain dans le futur en le revendant à un prix  familles monoparentales.
plus élevé.
2. 15,6 % (doc. 2) signifie qu’en 2009 les 10 % les 
– Bulle  spéculative :  situation  dans  laquelle  la 
plus pauvres consacraient 15,6 % de leurs dépenses 
valeur  d’un,  ou  plusieurs,  titres  financiers  s’élève 
à l’alimentation.
au-dessus de ce que justifieraient les fondamentaux 
(c’est-à-dire l’évolution des données réelles, comme  3. Les  10 %  les  plus  pauvres  consacrent  la  partie 
la production vendue). Les bulles se forment parce  la plus importante de leur budget à l’alimentation, 
que les agents anticipent la montée des cours ; ils  au loyer et au chauffage (soit 33 % de leur budget, 
achètent  alors  des  titres  (la  demande  augmente)  contre 17,2 % pour les 10 % les plus favorisés). Un 
dont  les  cours  montent.  Lorsque  les  anticipations  tiers du budget des plus pauvres est donc consacré 
changent de sens, les bulles s’écroulent. Les bulles  à  la  satisfaction  des  besoins  primaires.  Les  10 % 
se forment car les comportements sur les marchés  les plus riches consacrent une part plus importante 
financiers sont mimétiques. de leur budget à l’équipement informatique, audio, 
photo, et à la restauration et au café (8,8 % contre 
2. Les politiques monétaires adoptées à la suite de  4,4 %  pour  les  10 %  les  plus  pauvres).  On  peut 
la crise des subprimes ne permettent pas d’augmen-
également  observer  que  les  10 %  les  plus  riches 
ter  les  investissements  car  les  banques  n’ont  pas 
dépensent  plus  pour  les  services  de  protection 
répercuté entièrement la baisse des taux directeurs 
sociale : il s’agit de couverture complémentaire par 
des banques centrales sur les crédits qu’elles accor-
des  mutuelles  ou  des  assurances  privées  afin  de 
dent  à  leurs  clients.  Elles  restent  frileuses  pour 
bénéficier d’une meilleure protection sociale.
accorder des prêts.
4. Les  ménages  les  plus  pauvres  ont  plus  forte-
3. Ce  sont  les  banques  qui  profitent  le  plus  de  la  ment  ressenti  l’inflation  entre 1996  et 2010  car 
politique monétaire. Elles utilisent l’augmentation 
l’alimentation  et  les  loyers,  qui  représentent  une 
de  la  masse  monétaire  pour  spéculer  sur  les  mar-
grande part de leur budget ont fortement augmenté 
chés financiers et/ou de matières premières.
(24,9 %  pour  l’alimentation  entre 2000  et 2009 ; 
4. De nouvelles bulles spéculatives peuvent se for- 17 % pour les loyers entre 2001 et 2006), alors que 
mer,  elles  éclateront  et  pourront  occasionner  de  les produits des nouvelles technologies, davantage 
nouvelles difficultés économiques (chute de la pro- consommés par les plus favorisés, ont vu leur prix 
duction, augmentation du chômage). baisser (exemple, matériel de traitement de l’infor-
mation : -59 % entre 2001 et 2006).
FairE lE point
5. Les  propriétaires  ont  moins  ressenti  l’inflation 
Les politiques conjoncturelles ne sont pas tou- que les locataires car les loyers ont fortement aug-
jours efficaces car : menté et représentent, en 2009, 18,2 % du budget 
– les politiques budgétaires peuvent entraîner une des locataires.

115
6. La  phrase  indique  que  l’indice  des  prix  calculé  4. La  conception  beveridgienne  du  plein-emploi 
par  l’INSEE  reflète  l’évolution  des  prix  pour  un  entraîne  une  conception  plus  large  du  chômage. 
ménage  moyen.  Or  chaque  ménage  individuelle- Elle  reconnaît  le  droit  à  un  emploi  de  qualité,  et 
ment  a  peu  de  chances  de  correspondre  à  cette  donc le droit, pour un actif, de refuser un emploi 
moyenne.  La  consommation  de  chaque  ménage  qui n’est pas adéquat du point de vue des condi-
dépend de son revenu, de sa situation familiale, de  tions de travail, de salaires, ou de sa compatibilité 
son statut (propriétaire ou locataire), donc l’infla- avec  des  contraintes  personnelles.  Dans  d’autres 
tion ressentie sera différente de l’inflation mesurée  analyses du chômage, ces situations seront consi-
par l’INSEE. dérées comme du chômage volontaire.
On pourra faire remarquer qu’il y a des enjeux impor- 5. Le  chômage  au  sens  du  BIT  correspond  plus  à 
tants derrière cette question puisque la mesure de  une conception keynésienne du chômage qu’à une 
l’inflation sert au calcul de l’augmentation du SMIC,  conception  béveridgienne,  puisque,  pour  le  BIT, 
des pensions alimentaires… Les smicards font par- être au chômage suppose ne pas avoir d’emploi, en 
tie des ménages les plus défavorisés, et si le SMIC  chercher  un,  être  disponible.  L’idée  de  conditions 
augmente au rythme de l’indice des prix mesuré par  d’emploi acceptables n’est pas prise en compte.
l’INSEE,  il  perd du pouvoir d’achat chaque  année, 
6. Les chômeurs inscrits à Pôle emploi sont radiés 
puisque l’inflation est plus forte pour les ménages 
des  listes  s’ils  ne  recherchent  pas  activement  un 
les plus défavorisés, compte tenu de la structure de 
emploi et s’ils refusent plus de deux offres raison-
leur consommation.
nables d’emplois. Or, une offre d’emploi raisonnable 
Les critiques de l’indice des prix sont récurrentes, 
du point de vue de Pôle emploi n’est pas forcément 
mais  au  début  du  xxie siècle,  l’écart  entre  l’infla-
acceptable  pour  le  chômeur.  Si  on  comptabilisait 
tion  mesurée  par  l’INSEE  et  l’inflation  ressentie  a 
les  chômeurs  au  sens  de  Beveridge,  les  effectifs 
entraîné une crise de confiance.
seraient beaucoup plus élevés.
7. Les enjeux liés à la mesure du chômage portent : 
page 207   vers le bAc – sur l’évaluation du chômage ;
– sur les frontières entre chômage et non chômage, 
Du plein-emploi au chômage
et donc sur la prise en compte du halo du chômage ;
1. Le plein-emploi est atteint pour Keynes, lorsque  – sur  les  mesures  de  politique  économique  qu’il 
l’augmentation de la demande (et donc de la pro- faudra  mettre  en  œuvre.  Si  le  chômage  mesuré 
duction)  ne  se  traduit  plus  par  une  augmenta- est faible, il n’y aura pas de politique économique 
tion des emplois, mais par une augmentation des  contrairement à une situation de chômage élevé ; 
salaires  nominaux.  Autrement  dit,  les  entreprises,  – sur les risques d’exclusion liés au chômage ; 
ne trouvant plus de nouveaux actifs à la recherche  – sur les conflits sociaux pour l’obtention d’un emploi.
d’un  emploi,  augmentent  alors  les  salaires  pour 
8. Définir  le  plein-emploi  a  une  portée  politique 
attirer de nouveaux travailleurs.
au  sens  noble  du  terme  c’est-à-dire  au  sens  « du 
2. Cette  notion  entraîne  une  conception  restric- vivre  ensemble »,  de  ce  qui  lie  les  individus.  La 
tive du chômage car, dans la situation décrite par  conception  béveridgienne  implique  que  l’emploi 
Keynes, rien ne garantit que les actifs soient satis- doit  être  acceptable ;  elle  pose  donc  la  question 
faits  de  leurs  conditions  d’emploi.  Des  chômeurs  des  conditions  de  travail,  de  salaires  qui  doivent 
ont pu refuser des emplois qui ne correspondaient  être  compatibles  avec  des  contraintes  person-
pas  à  leur  qualification  ou  trop  éloignés,  ou  non  nelles.  Elle  sous-entend  que  l’emploi  doit  être 
compatibles avec leurs contraintes familiales. de  qualité,  que  les  actifs  ne  sont  pas  contraints 
3. Pour Beveridge, le plein-emploi signifie qu’il y a  d’accepter n’importe quelles conditions de travail. 
toujours plus d’emplois vacants que de personnes  Les  autres  conceptions  (y  compris  la  conception 
au chômage, et que les emplois offerts sont accep- keynésienne)  ne  sous-entendent  pas  cet  accès  à 
tables  (compatibles  avec  les  qualifications,  les  l’emploi  de  qualité ;  elles  ne  reconnaissent  donc 
contraintes  familiales,  géographiques,  les  salaires  pas le droit des actifs à refuser des conditions non 
sont convenables…). satisfaisantes.

116
chapitre
Les processus de sociaLisation
8 et La construction
des identités sociaLes
la démarche du chapitre

La structure du chapitre est strictement conforme au programme. Le point de vue interactionniste a été
privilégié par rapport au point de vue fonctionnaliste, car les programmes de recherche les plus récents
en sociologie sur ce thème choisissent très majoritairement cette charpente théorique. Si l’enseignant
désire approfondir ce thème pour lui-même, la lecture de La construction sociale de la réalité de Peter
Berger et Thomas Luckmann, réédité chez Armand Colin en 2010, est particulièrement recommandée.

pages 216-217   Découvrir 2. Les vêtements, les sports pratiqués, le partage


S’interroger des tâches à la maison entre les filles et les gar-
Il s’agit de découvrir la notion centrale du chapitre. çons, les jeux et jouets, les amis…
1. Ils manquent « de contacts, d’échanges, de Constater
caresses, de regards, de mots, de sourires », dit le Il s’agit d’introduire la socialisation secondaire.
texte. On peut évoquer la notion d’interaction qui William Foote Whyte est un auteur emblématique
sera vue page 218. de l’observation participante et de l’interaction-
2. La socialisation repose donc sur des échanges. nisme.
C’est une vision plutôt interactionniste de la notion. 1. Le narrateur du texte, qui est un adulte, s’in-
Observer quiète de savoir comment il sera intégré et accepté
dans ce monde nouveau du jeu clandestin.
Il s’agit d’introduire la variété des instances de
socialisation. 2. Il a besoin d’apprendre des normes de comporte-
ments nouvelles relatives à un monde nouveau. La
1. La femme peut symboliser une maman, une puéri-
socialisation ne s’arrête qu’au décès de l’individu,
cultrice, une nourrice… Les trois hommes symbolisent
car celui-ci découvre des mondes sociaux nouveaux
des fonctions de l’État autour de la petite enfance :
tout au long de sa vie.
il faut bâtir des crèches, établir une réglementation
protégeant l’enfance et un système de santé dédié
(surveillance, prévention, vaccination…).
2. Les parents, la famille, la nourrice, la crèche, pages 218-225   AnAlyse 1
l’école, les associations extérieures (clubs de sports Comment la socialisation de l’enfant 
et de loisirs), les amis, l’école, le collège, le lycée… s’effectue-t-elle ?
Comparer
pages 218-219    A. Comment devient-on 
Il s’agit d’évoquer la socialisation différenciée.
un être social ?
1. On n’élève pas les filles et les garçons de la
même façon : les deux quatrièmes de couverture Doc. 1
sont significatives. Il y a des thèmes pour les filles 1. Dès la naissance, des interactions sociales se
(autour du conte, de la magie, de métiers féminins) produisent entre le nouveau-né et ses parents,
et des thèmes pour les garçons (autour du sport, des sous la forme d’échanges de regards, puis de sou-
jeux violents, des univers professionnels masculins). rires, de paroles, de jeux. Par la suite, les échanges

117
quotidiens avec les autres au cours de notre vie, Faire le point
à l’école, sur le lieu de travail, sont nécessaires à
Ce qu’un individu a dans son cerveau dépend
notre bien-être psychologique et physiologique,
des relations sociales qu’il a vécues et qu’il vit.
parce que l’homme est un être social.
Ces interactions constituent sa socialisation, qui
2. Par conséquent, notre cerveau est social, puisque est la façon dont les individus forment et trans-
les interactions quotidiennes le nourrissent, par la forment d’autres individus. Ces transformations
perception, et nous rendent à même d’interpréter vont jusqu’à permettre de traduire des émotions
correctement les situations que nous vivons.
en manifestations physiques non contrôlées : les
émotions sont incorporées. Par exemple, le fait
Doc. 2
pour les parents de raconter des histoires à leurs
1. « Façon dont la société forme et transforme les enfants permet de leur inculquer des valeurs,
individus ». et de vivre des moments d’affectation à même
2. Comment la socialisation s’opère-t-elle ? Qui ou de permettre l’expression des émotions. L’être
qu’est-ce qui socialise ? devient social par les interactions, qui permettent
Qu’est-ce qui est intériorisé par l’individu socialisé ? de former et de transformer les individus pour
qu’ils soient aptes à vivre en société, notamment
Doc. 3
en manifestant physiquement des émotions, de
1. La phrase signifie que les émotions d’un adulte façon contrôlée ou non.
sont apprises et non innées, c’est-à-dire que c’est
au cours de l’existence que les manifestations des
émotions sont intériorisées. pages 220-221    B. Les différents acteurs 
de la socialisation sont-ils  
2. Le sourire est une aptitude biologique, ce qui
en concurrence ?
veut dire que tout le monde peut sourire, dispose
des nerfs et des muscles nécessaires pour le faire. Doc. 1
Cette aptitude est socialement incorporée parce 1. Le graphique montre que les enfants âgés de
que la manifestation du corps n’entre en jeu que si moins de trois ans et non scolarisés sont gar-
un événement social la déclenche, en provoquant dés, la journée, soit par des instances spéciali-
une émotion. sées (crèches, assistante maternelle), soit par un
Le rire, les pleurs ont les mêmes caractéristiques. membre de la famille, les grands parents princi-
Rougir sous le coup d’un moment de honte est palement. Les parents ne sont donc pas les seuls
aussi une potentialité biologique socialement à s’occuper des jeunes enfants, tout simplement
incorporée. parce que s’ils travaillent, il leur est impossible de
le faire.
Doc. 4
2. Les différentes entités qui participent à la
1. 46 % des parents ayant un enfant d’au moins socialisation des enfants et des adolescents sont
trois ans racontent des histoires à leur enfant au nombreuses : on peut citer l’école, les pairs, les
moins une fois par jour en France en juin 2009. associations sportives et de loisirs, les médias…
2. Les deux caractéristiques des valeurs sont, pre-
mièrement, qu’elles sont dignes d’être poursuivies Doc. 2
en tant que buts pratiques, et, deuxièmement, 1. Selon un sondage réalisé en France en 2009,
qu’elles sont reconnues et partagées par un grand 41 % des personnes interrogées pensent qu’il faut
nombre d’individus. apprendre à ses enfants, en priorité, à travers l’édu-
3. Raconter des histoires permet de dire ce qui est cation qu’on leur donne, le respect de l’autorité et
bien, ce qui est mal, ce qu’il faut faire, ce qu’il ne des règles.
faut pas faire. 2. Les propositions de la question 1 sont des
4. Non. Dans le fait de raconter des histoires, il y valeurs.
a une interaction à fort contenu affectif, une inci- 3. Le respect des autres : ne pas insulter ; le respect
tation future à la lecture… et bien d’autres choses de l’autorité et des règles : obéir au professeur ;
qui sont des éléments importants de socialisation. les bonnes manières, la politesse : dire bonjour ; la

118
confiance en soi : prendre ses responsabilités ; le Faire le point
goût de l’effort : faire ses devoirs avec plaisir ; un
Valeur Norme Instance de Instance
savoir, une culture : connaître les grandes œuvres
socialisation de socialisation
musicales ; le partage : ne pas manger toutes les concurrente ou
fraises ; l’autonomie : être capable d’organiser son complémentaire
travail scolaire ; le goût du bonheur : ne pas se
Autonomie Jouer Famille Crèche ou
plaindre tout le temps ; la capacité à relativiser : ne
parentale grands-parents
pas s’effondrer pour une seule mauvaise note ; la foi
en Dieu : aller à la messe. Respect Faire Club sportif Médias (sportifs
4. Selon un sondage réalisé en France en 2009, 63 % des autres un sport professionnels…)
collectif
des personnes interrogées disent que réussir l’éduca-
tion de ses enfants est plus difficile aujourd’hui qu’il Les bonnes Manger Famille Pairs
y a trente ans. La fin du document 3, relative au manières proprement parentale
poids de l’économie et de la société, donne comme
Savoir, Écouter de Famille Pairs,
éléments d’explication le désir beaucoup plus puis- culture la musique parentale, médias
sant qu’autrefois, de la part des adolescents, de vou- école
loir être « comme les autres », ce qui peut gêner
l’action socialisatrice familiale.
pages 222-223    C. La socialisation selon 
Doc. 3 les milieux sociaux
1. Non, Julien n’aurait pas la même crainte, Doc. 1
puisqu’il s’agit d’instruments « modernes ». Jouer
du violon est une activité qui est peu courante chez
1. C’est le bébé en bleu, avec une petite cravate à
sa grenouillère, qui semble favorisé, puisqu’il a l’air
les adolescents d’aujourd’hui, et donc, décalée.
de venir d’un milieu social aisé.
2. L’instance de socialisation concurrente de la
mère est les pairs, camarades de Julien.
2. Le dialogue est paradoxal, parce que le bébé
favorisé est jaloux du bébé défavorisé, parce que ce
3. Ce sont les médias principaux (télévision, radio, dernier est gardé par ses parents.
internet, réseaux sociaux numériques – page 256
du manuel –, cinéma…) qui envoient les messages Doc. 2
évoqués dans le passage souligné.
1. Les deux grandes catégories de jouets présentés
Doc. 4 sont les jeux récréatifs et les jeux éducatifs.

1. Les médias sont une instance de socialisation 2. Les jouets privilégiés par les parents pour leurs
parce qu’ils exposent des valeurs et des normes enfants dépendent du milieu social, les parents
« en situation ». Comme les médias ont souvent un de milieu favorisé préférant les jeux éducatifs. On
objectif récréatif, ces normes et ces valeurs peu- constate alors que le rapport entre jeux et école est
vent être subversives par rapport à celles qui sont différent selon les milieux sociaux.
les plus importantes dans la culture concernée.
Doc. 3
2. Par conséquent, la socialisation familiale ayant
1. On se pose la question de l’implication des
pour principale fonction de fixer les cadres de la
familles populaires dans la scolarité de leurs enfants
vie sociale (dire le bien et le mal, par exemple)
pour deux raisons principales :
peut être concurrencée par la présentation comme
désirable de comportements ou de situations qui – selon le principe méritocratique, c’est par l’école
ne correspondent pas, voire qui contredisent, les que les enfants de famille populaire peuvent espérer
principes inculqués par la famille. une ascension sociale ;
3. La famille peut contrôler et encadrer l’accès aux – pourtant, les parents de famille populaire ont nor-
médias, par l’interdiction mais aussi l’explication et le malement plus de difficultés que les parents de famille
dialogue. Les médias étant des reflets omniprésents aisée pour soutenir l’effort scolaire de leurs enfants.
de la réalité sociale, il serait de toute façon illusoire 2. On peut présenter la réponse sous la forme d’un
et contre-productif d’espérer en interdire l’accès. tableau :

119
Parents Parents pages 224-225    D. Une socialisation sexuée
en retrait qui participent
À ce moment du chapitre, on peut faire un petit
Ressources Faibles Plus importantes
scolaires exercice assez rapide et bien à même de poser le
problème.
Rôle joué Surveillance Vont plus
par les et contrôle facilement dans • Consigne élève : Projetons-nous loin dans l’ave-
parents du travail fini l’établissement, nir. Vous vous êtes uni(e) avec la femme (l’homme)
souci pédagogique de vos rêves, vous avez eu une fille. Comme vous,
plus marqué elle a réussi à l’école. L’heure des choix d’orienta-
Attente Permettre Doit permettre de tion arrive. Le conseiller d’orientation psychologue
vis-à-vis aux enfants trouver un travail, a demandé à votre fille ce qu’elle comptait faire
de l’école de sortir mais doit aussi plus tard comme métier. Bien sûr, c’est son choix,
de la précarité transmettre des mais vous, parents, vous avez bien un petit sou-
dans laquelle connaissances hait…
la famille
se trouve Classez les métiers ci-dessous, de celui que vous
souhaitez le plus voir exercé par votre fille (note 1)
Doc. 4 à celui que vous souhaitez le moins la voir exercer
1. Les catégories sociales dont les enfants sont les (note 10).
plus diplômés sont les indépendants, cadres, ensei- Professeure des écoles, officier de police, infirmière,
gnants et intermédiaires puisque 70 % des jeunes technicien forestier, secrétaire de direction, esthé-
âgés de 20 à 24 ans en 2007 dont les parents sont ticienne, pilote de ligne, coiffeuse, mère au foyer.
dans ces catégories ont un diplôme d’études supé- • Afin que le dépouillement des réponses ne soit pas
rieures. Ce chiffre, toujours pour 2007, n’est que de trop long, on demande aux élèves d’additionner les
55 % environ pour l’ensemble des jeunes, et 40 % points par groupe de 4 à 6, le professeur addition-
pour les enfants d’ouvriers, employés. nant les points des groupes. Par expérience, l’effet
2. L’écart entre enfants d’« ouvriers, employés » du groupe est imparable : les métiers « féminins »
et enfants d’« indépendants, cadres, enseignants sont classés devant les métiers « masculins », mère
et intermédiaires » ne s’est vraiment réduit qu’au au foyer est en dernier, et le classement de « pilote
niveau des baccalauréats technologiques, profes- de ligne » dépend fortement de l’actualité des acci-
sionnels et équivalents, dont l’augmentation a été dents d’avions.
plus forte pour les enfants d’« ouvriers, employés »
Doc. 1
que pour les enfants d’autres catégories.
3. Les éléments d’explication des inégalités sco- 1. Non, les indications pour les filles et pour les
laires constatées apportées par les documents 2 et 3 garçons sont inutiles, tant les deux couvertures
concernent les rapports entre les socialisations sont sexuées : les couleurs d’abord (bleu et rose),
familiale et scolaire. La congruence plus forte entre les motifs ensuite (château de la belle au bois dor-
les deux, au fur et à mesure qu’on s’élève dans mant ou village d’Indiens) sont tout à fait stéréo-
l’échelle sociale, semble déterminante. typés.
2. Les normes qu’on peut déduire sont qu’on
Faire le point habillera les filles en rose et les garçons en bleu,
que les filles joueront à la poupée dans son châ-
Plus grande teau, les garçons aux Indiens et aux cow-boys.
Suivi
Jeux implication de
pédagogique
éducatifs la famille dans
de la scolarité Doc. 2
privilégiés les rapports
par la famille
avec l’école 1. Les phrases associées à des stéréotypes féminins
ou masculins sont :
– « Les jouets perçus comme masculin… de la
séduction et de la maternité ».
– « On peut ainsi citer… tâches domestiques ».

120
2. Les activités sportives pratiquées, le programme Les formations évoquées dans la réponse à la ques-
télévisé regardé, le fait de jouer beaucoup ou peu tion 3 du document 2 conduisent à des emplois de
aux jeux vidéos sont des aspects qui distinguent ce type. Elles conduisent, pour les trois dernières
clairement les filles et les garçons à l’adolescence. citées, à des emplois d’employés administratifs
d’entreprises (80,6 % de femmes en 2009 selon
Doc. 3 l’enquête emploi en continu de l’INSEE), employés
de commerce (75,6 % de femmes) et personnels
1. Les stéréotypes qu’on peut dégager sont que les des services directs aux particuliers (87,3 % de
garçons sont plutôt turbulents et concernés par les femmes).
disciplines scientifiques, alors que les filles sont
plutôt sages et concernées par les disciplines litté-
Faire le point
raires.
2. Ces stéréotypes scolaires renforcent ceux héri- De la naissance à l’orientation scolaire, filles et
tés de la socialisation familiale, parce qu’ils sont garçons ne vivent pas la même socialisation. La
congruents. La sagesse et le goût pour les matières nécessité de distinguer les genres conduit les
littéraires renvoient aux activités « du dedans », familles d’abord à élever leurs filles comme des
relatives à l’intérêt porté à soi et aux autres qu’on filles, c’est-à-dire en respectant quantité de sté-
attribue aux filles. L’agitation et le goût pour les réotypes féminins, des couleurs aux vêtements en
matières scientifiques renvoient aux activités « du passant par les jeux et les jouets. À l’école ensuite,
dehors », et à l’intérêt pour la manipulation, l’in- les enseignants ne traitent pas les filles comme
vention, la mobilité, associées aux garçons comme les garçons : il y a aussi des stéréotypes genrés
le dit le document 2. concernant les filles et les garçons.
3. On sait que la proportion de filles est plus impor- Ces stéréotypes, enfin, se concrétisent dans les
tante en première L et ES qu’en première S (respec- orientations scolaires : aux filles, on octroie en
tivement et approximativement 80 % de filles en L, priorité des orientations vers les premières L et
60 % en ES et 45 % en S en 2009 d’après le MEN). ES, ou des spécialités de formation profession-
Mais les différences sont encore plus parlantes nelle pour des métiers très féminisés ; aux gar-
au niveau des CAP-BEP : les groupes de spéciali- çons, on propose plutôt des orientations vers des
tés « matériaux souples » (qui sont les tissus…), études scientifiques et des spécialités tournées
secrétariat-bureautique, sanitaire et social, coif- vers l’industrie et l’artisanat.
fure, esthétique, services aux personnes, comptent
plus de 90 % de filles en classe de terminale…

Doc. 4
pages 226-229   AnAlyse 2
1. 2,6 % des élèves en année de terminale CAP ou De la socialisation de l’enfant  
BEP du groupe de spécialités mécanique, électricité, à la socialisation de l’adulte :  
électronique sont des filles en 2008, en France. continuité ou ruptures ?
2. Le document 4A nous permet de constater qu’il
y a une très nette majorité de garçons en classe
pages 226-227    A. Après l’enfance, 
terminale des formations CAP-BEP « mécanique,
de nouvelles socialisations ?
électricité, électronique », « génie-civil, construc-
tion bois » et « transformation », qui mènent à Doc. 1
des métiers d’ouvriers qualifiés de type industriel 1. La socialisation secondaire est celle qui inter-
ou artisanal. Ces deux catégories socioprofession- vient à partir de l’âge adulte, quand l’individu
nelles comptent respectivement 85,4 % et 91,5 % devient indépendant de ses parents. D’autres ins-
d’hommes en 2009 selon l’enquête Emploi en tances de socialisation entrent en jeu, puisque
continu de l’INSEE. l’adulte a quitté l’école, et que les parents ne
Les femmes, nous dit le document 4B, « occupent jouent plus un rôle éducateur fondamental.
fréquemment des emplois faiblement qualifiés dans 2. La base obligatoire de la socialisation secondaire
les secteurs des services ». est ce qu’est l’individu au moment où il devient

121
adulte, qui a déjà intériorisé des valeurs et les entreprise) des salariés ont changé d’entreprise
normes afférentes. depuis la fin de leurs études.
3. Par conséquent, la socialisation secondaire s’ap- 3. Changer d’entreprise entraîne une nouvelle
puie sur cet état de l’individu, qu’elle ne pourra que phase de socialisation parce qu’il faut apprendre
modifier, compléter, enrichir. des normes, des comportements, des attitudes spé-
4. La socialisation primaire est la socialisation cifiques à cette organisation humaine et sociale
que vit l’individu de la naissance à l’arrivée à l’âge nouvelle pour l’individu.
adulte, quand il est dépendant de ses parents, et Les habitudes en matière d’organisation du travail,
dans laquelle les instances de socialisation princi- mais aussi nombre de gestes de la vie quotidienne
pales sont la famille parentale et l’école. sont spécifiques à chaque organisation, sans parler
d’une éventuelle « culture d’entreprise ».
Doc. 2
Doc. 4
1. La vie en couple socialise parce qu’elle construit
« un univers partagé de référence et d’action », le 1. Les inégalités d’accès aux emplois de cadre selon
plus souvent de façon implicite. Peter Berger et l’origine sociale se sont accrues, selon le second
Thomas Luckmann (La construction sociale de la paragraphe du document.
réalité, Armand Colin, 2006) parlent d’institution- 2. Les femmes sont doublement pénalisées dans
nalisation de pratiques au sein du couple : l’accès aux emplois de cadres. D’abord, les femmes,
– premier temps : je vois qu’il cuisine, je vais mettre à niveau de diplôme égal, ont moins de chance
la table… ; qu’un homme d’obtenir un emploi de cadre. Ensuite,
les inégalités d’accès selon l’origine sociale s’ac-
– second temps : il a l’habitude de cuisiner et moi
croissent pour les femmes avec l’allongement des
de mettre la table… ;
études, alors qu’elles se réduisent pour les hommes.
– troisième temps : c’est lui qui cuisine et moi qui
mets la table. Le partage des tâches est devenu Faire le point
institution.
Deux grands thèmes traversent la question des
2. La socialisation conjugale est plus « participa- effets de la socialisation sur la situation sociale
tive » puisque les deux conjoints définissent les
atteinte par un individu : le rôle de l’origine sociale
contenus de la socialisation, de façon partagée
et celui de la socialisation différenciée selon le
pour ne pas dire égalitaire. Mais cette définition est
sexe. Les catégories sociales défavorisées (en
très largement implicite, alors que les parents édu-
général, car il existe évidemment de nombreuses
quent explicitement leur enfant, ce dont celui-ci a
exceptions) accumulent en effet les handicaps.
conscience.
La socialisation familiale y est moins en phase
3. « Chaque pot à son couvercle » ou pour évo- avec la socialisation scolaire, la réussite scolaire
quer l’homogamie culturelle et sociale, on peut des enfants de familles défavorisées est ainsi plus
aussi penser à « les bergères n’épousent pas des
difficile. Les filles, de leur côté, connaissent (là
princes ».
encore en général, car il existe de nombreuses
4. Un exemple évident est la consommation alimen- exceptions), du fait des stéréotypes, des orien-
taire, qui fait tant débat dans les familles lors des tations moins avantageuses que celles des gar-
repas dominicaux, et est, dans l’imaginaire collec- çons. Ainsi, si elles sont plus nombreuses à être
tif, source de conflits sans fin entre belle-mère et diplômées d’études supérieures que les garçons,
belle-fille. on les retrouve en plus faible proportion dans les
emplois de cadre. Et plus le niveau hiérarchique
Doc. 3
s’élève, moins on trouve de femmes parmi les
1. 24 % des salariés du secteur privé âgés de 30 à cadres.
60 ans interrogés ont travaillé dans 4 ou 5 entre- Les jeunes filles d’origine sociales défavorisées
prises différentes depuis la fin de leurs études. cumulent donc les handicaps liés à leur origine
2. D’après le sondage réalisé, 87 % (100 - 13, puisque et leur genre dans le déroulement de leur carrière
13 % des salariés interrogés n’ont connu qu’une seule professionnelle.

122
pages 228-229    B. Les évolutions de l’identité  interactionnistes, qui considèrent que la socialisa-
sociale au cours de la vie tion étant le résultat continu d’un continuum d’in-
teractions, il faut, pour être socialisé, entrer dans
Doc. 1
le groupe concerné.
1. Le balai, la casserole et le sac de courses peu- Le second problème est du même ordre : on n’est pas
vent représenter le statut de femme au foyer, la socialisé du fait de son propre souhait conscient,
mallette un statut professionnel, le téléphone qui n’est ni une condition nécessaire, ni une condi-
le statut d’amie ou de fille, le bébé le statut de tion suffisante.
mère…
3. Première question : l’enfant naissant ne souhaite
On peut aussi imaginer que cette femme est
pas être socialisé, pourtant, il le sera.
membre active d’une association de loisir, ou d’un
parti politique, qu’elle pratique un sport, qu’elle Deuxième question : la socialisation ne peut être
est membre d’une association de parents d’élèves… qu’incomplète, puisque l’individu n’aura pas accès
sans oublier évidemment un statut d’épouse. aux attitudes, aux échanges verbaux et non ver-
baux en situation, qui sont les seuls à même de
2. Nous avons vu précédemment le rôle spécifique permettre l’intégration de normes de comporte-
de la socialisation primaire dans la détermination
ments adéquats.
des rôles féminins. On peut rappeler ici le rôle des
La socialisation anticipatrice est au mieux un
jouets imitant les fonctions sociales de femmes :
embryon de socialisation.
poupées, dînettes…

Doc. 2 Doc. 4

1. L’identité sociale est l’ensemble des « rôles » 1. Les conséquences d’un licenciement sont l’alté-
assumés dans la vie sociale par les individus. L’au- ration de l’identité sociale, qui perd sa composante
teur du document reprend le prisme d’Erving Goff- « professionnelle », laquelle est déterminante chez
man dans La mise en scène de la vie quotidienne l’adulte, en tant qu’élément de l’identité, mais aussi
(rééd. Minuit, coll. « Le Sens commun », 1996, en tant que principale pourvoyeuse de revenu. L’in-
tome I : la présentation de soi) lorsqu’il parle de dividu, de plus, voit remises en cause ses compé-
parties que joue l’acteur social. tences voire son utilité sociale, puisque s’il est
licencié, c’est qu’il est devenu inutile à l’entreprise.
2. Il s’agit évidemment de normes spécifiques.
2. Du fait de son licenciement, l’individu perd non
exercice seulement une source de revenu, qui va atteindre
d’autres aspects de sa vie (ses pratiques de loisirs,
Dans l’ordre, l’élève doit donner le statut d’enfant les dépenses globales de la famille, les rapports
de sa famille qui lui donne son nom et son lieu amicaux…) mais aussi ses perspectives d’avenir sur
de résidence. Ensuite, il est élève d’une classe de ces plans-là. Voir la chanson d’Eddy Mitchell « Il ne
première ES dans un lycée… Mais il peut choisir rentre pas ce soir ».
un autre ordre. Le but étant qu’il constate la quan-
3. La socialisation a construit les « ressources
tité de normes qu’il doit respecter, ce qu’il fait de
utilisables » par l’individu. Si celui-ci n’a pas été
façon non préméditée (puisqu’elles sont intériori- capable de se maintenir ou de progresser dans l’em-
sées) pour nombre d’entre elles. ploi, il peut s’interroger sur ce qui lui manque ou
Doc. 3 lui a manqué de façon assez douloureuse.

1. L’individu est socialisé en fonction d’un groupe


Faire le point
auquel il n’appartient pas mais auquel il souhaite
appartenir. Il doit donc apprendre les valeurs et les Les socialisations primaire et secondaire per-
normes de son éventuel futur groupe. mettent aux individus d’intérioriser des valeurs
2. Le premier problème de la notion de sociali- et des normes. L’autonomie, la confiance en soi,
sation anticipatrice est qu’il ne peut y avoir de le goût de l’effort sont autant de valeurs souvent
réelles interactions socialisatrices pour un individu inculquées par la socialisation primaire qui per-
qui n’appartient pas au groupe dont il doit faire mettent à l’individu de s’assurer une carrière pro-
partie à terme. La critique du concept vient des fessionnelle. Lorsque, de plus, les interactions

123
vécues lors de sa socialisation secondaire lui lisation familiale n’est pas le fait qu’elle soit le
auront permis de développer des capacités d’ana- seul acteur de la socialisation primaire, du fait de
lyse, d’écoute et d’apprentissage, alors il sera plus la multiplicité des instances de socialisation pri-
facilement à même de surmonter des épisodes maire : nous avons vu certes la famille, mais aussi
douloureux, soit parce qu’il aura su les anticiper, l’école, les groupes de pairs, les médias, les asso-
soit parce qu’il saura les dépasser. ciations dont les enfants sont membres…
– L’instance familiale peut par exemple contrô-
ler jusqu’à un certain point l’accès aux médias
page 230   vers le bAc ou aux groupes de pairs. La famille peut limiter
et contrôler l’accès aux médias, en autorisant ou
École et famille : concurrence ou coopération ?
pas certains programmes télévisés, en utilisant les
1. – Formations sociales : société au sens large. logiciels de contrôle parental pour internet et le
– Rémanence : durabilité, fait d’exister, de perdurer téléphone mobile, en choisissant de regarder avec
longtemps après le moment de sa mise en œuvre. les enfants tel ou tel film de cinéma ou programme
– Socialisation primaire plurielle : apprentissage de télévision. De même, les parents peuvent contri-
varié selon les acteurs de la socialisation des buer à choisir les pairs le plus souvent fréquentés,
valeurs et des normes en vigueur. par exemple en acceptant ou pas les invitations à
– Pluralité : variété, ici. tel ou tel anniversaire ou en choisissant soigneuse-
– Groupes de pairs : ensemble des gens de même ment les pairs acceptés à la maison…
condition, de même niveau dans la hiérarchie. – Les stratégies de contournement de la carte
– Carte scolaire : ensemble géographique d’établis- scolaire par les familles consistent par exemple à
sements scolaires affectés à une population géo- choisir des options rares pour être dans un établis-
graphiquement déterminée. On va dans l’école de sement réputé dont les élèves sont d’origine sociale
sa commune ou de son quartier, puis dans son col- favorisée.
lège de secteur (celui de son canton, souvent), et
dans son lycée de secteur (qui regroupe plusieurs 3. L’École est certainement, pour les enfants et les
cantons). adolescents, l’un des principaux lieux de l’apprentis-
sage de la vie en société. Du fait de l’existence d’un
2. – L’organisation rationnelle du temps est par cadre formel strict et dédié à leur tranche d’âge,
exemple l’emploi du temps des élèves, qui déter- traduit notamment dans l’existence d’un emploi du
mine quelles disciplines ils apprennent à tel temps fixe et récurrent des disciplines étudiées, et
moment et à tel endroit. La multiplication d’exer- des exercices qu’il faut savoir réussir, l’enfant puis
cices ayant leur fin en soi est par exemple le fait de l’adolescent apprennent à l’école ce qu’il faut savoir
savoir faire une dissertation en SES parce que c’est pour devenir adulte. De plus, le modèle scolaire est
cela qu’il faudra savoir faire pour réussir à l’examen. imité par les acteurs qui concourent à l’appren-
– Le modèle de socialisation scolaire s’est diffusé tissage des règles de la vie sociale, tels que les
dans les pratiques éducatives des familles : il existe associations culturelles et sportives ou même les
par exemple des tableaux blancs ou noirs qui sont médias.
des jouets ; les activités périscolaires, le sport, la Or, tout ce qu’un individu intériorise comme
pratique d’activité sportives ou culturelles collec- règles au court de son enfance et de son adoles-
tives sont souvent organisées comme à l’école, cence influence toute l’existence, et beaucoup
avec un enseignant pour plusieurs pratiquants et d’acteurs concourent à l’intériorisation de ces
une organisation rationnelle du temps ; le travail règles. La famille parentale, cependant, « a la
social, comme par exemple les entreprises d’inser- main » sur tout le processus, en contrôlant plus ou
tion, fonctionne également de la même manière, moins les influences des autres acteurs. Les pro-
jusqu’aux émissions télévisées, l’exemple le plus grammes regardés à la télévision, les camarades des
évident étant les jeux de connaissance comme enfants peuvent être plus ou moins agréés par les
« questions pour un champion ». parents, ceux-ci choisissant autant que possible les
– La force du rôle de la famille ne vient pas d’une influences subies par leurs enfants. Ils peuvent le
exclusivité de l’instance de socialisation familiale : faire également en cherchant à choisir les établis-
cela signifie que ce qui fait la force de la socia- sements scolaires qu’ils fréquentent.

124
page 231   vers le bAc aura à accomplir un certain nombre de tâches ména-
gères, au vu de la répartition des tâches au sein du
Socialisation différenciée et répartition   ménage attestée par le document 2.
des tâches au sein du ménage
6. On peut effectivement constater que les femmes
1. La petite fille se projette dans un futur rôle de et les hommes sont globalement d’accord sur la
femme au foyer. réalité du partage des tâches au sein du ménage.
2. En 2009, 74 % des hommes interrogés dans Les différences entre ce que les hommes disent
quatre pays européens (France, Royaume-Uni, Italie, faire sans rechigner et ce que les femmes voient
Espagne) disent sortir les poubelles sans rechigner. vont de 0 point de pourcentage pour sortir les pou-
belles à 7 points de pourcentage pour trier le linge
3. À la lecture du tableau, et en considérant l’avis des et repasser, avec les écarts les plus forts pour les
hommes et des femmes, ce que les hommes acceptent tâches les plus affectées aux femmes (celles qui
de faire le plus facilement est sortir les poubelles, concernent le linge).
faire les courses (67 % des hommes disent le faire On remarque cependant que les écarts sont plus
sans rechigner, 64 % des femmes constatent que élevés entre ce que les femmes disent faire et ce
leur conjoint le fait sans rechigner), cuisiner (56 % que les hommes voient. Sans doute est-ce lié à la
des hommes disent le faire sans rechigner, 54 % des plus faible attention portée par les hommes aux
femmes constatent que leur conjoint le fait sans rechi- tâches ménagères en général.
gner) et faire la vaisselle (53 % des hommes disent le
faire sans rechigner, 52 % des femmes constatent que
7. L’accord sur la répartition des tâches ménagères
au sein du ménage est le fruit, pour l’homme et
leur conjoint le fait sans rechigner).
pour la femme, de l’intériorisation des normes
On voit bien que les femmes interviennent beau-
relatives aux rôles respectifs de l’homme et de
coup plus dans les tâches ménagères que les
la femme dans la société en général, et dans la
hommes, et que ceux-ci sont plus concernés par les
famille en particulier. Au cours de la socialisation
tâches « du dehors », à savoir faire les courses et
primaire, les petites filles ont imité leur mère, les
sortir les poubelles.
petits garçons ont imité leur père. Lors de la socia-
4. Les femmes acceptent de trier le linge et lancer lisation secondaire, et en particulier de la sociali-
une machine (9 femmes interrogées sur 10 disent le sation conjugale, un espace de négociation plus ou
faire sans rechigner), de faire les courses (88 % des moins implicite s’est ouvert, mais la construction
femmes interrogées disent le faire sans rechigner) de l’accord entre les deux membres du couple s’est
et changer les draps (86 % des femmes interrogées faite sur la base de la socialisation primaire, ce
disent le faire sans rechigner). qui entraîne une répartition des tâches ménagères
5. La petite fille a en partie raison de se projeter qui reste aujourd’hui franchement inégalitaire, au
dans ses futurs rôles de femme d’intérieur, puisqu’elle détriment des femmes.

125
chapitre Groupes
9 et réseaux sociaux
la démarche du chapitre

Après avoir présenté dans le chapitre précédent comment l’individu devenait un être social et se forgeait
une identité à travers le processus de socialisation, il s’agit dans ce chapitre de comprendre comment se
tissent les liens entre les individus au sein des groupes ou des réseaux sociaux.
Dans la première partie, on explique qu’un groupe social n’est pas qu’une somme d’individus mais
qu’il existe entre ses membres un lien social qui peut prendre des formes variées (interpersonnelle,
économique, de solidarité et/ou civique), que les membres partagent un sentiment d’appartenance au
groupe et enfin que selon le type de groupe (restreint ou secondaire), les relations entre les membres
sont diverses.
La deuxième partie montre que l’organisation d’un groupe (formelle ou informelle), les relations entre
ses membres et sa capacité à agir ensemble varient selon sa taille. Par exemple, un groupe de grande
taille nécessite une organisation plus hiérarchisée qu’un ensemble plus restreint ; de même, il est plus
facile d’impliquer tous les membres d’une petite équipe dans une action collective.
Enfin la troisième partie s’intéresse aux réseaux sociaux, c’est-à-dire aux relations entre les individus ou
les organisations sociales (comme des associations ou des entreprises), et les régularités que présentent
ces relations, pour analyser leurs effets sur les comportements individuels ; il s’agit de montrer des types
différents de réseaux, comment ils se structurent et, à travers l’exemple de la recherche d’emploi, le rôle
des réseaux sociaux.

pages 238-239   Découvrir pages 240-247  AnAlyse 1


Chaque activité correspond à une partie ; après le Comment les individus s’associent-ils 
traitement de chacune des parties, on pourra reve- pour constituer des groupes sociaux ?
nir sur l’activité « Découvrir » correspondante pour
montrer les apports de l’analyse. pages 240-241    A. Un groupe social, 
Comparer plus qu’une somme d’individus
Par les réponses des élèves, on fait le constat de Doc. 1
la diversité des liens et des groupes auxquels on Similitudes : on a dans les deux cas un ensemble
appartient. d’individus qui forme une file ou une chaîne.
S’exprimer Différences : pour la file d’attente, les individus
Il s’agit d’un premier questionnement sur les condi- n’ont en commun que la volonté d’un achat ; ils
tions d’une action collective (intérêt commun, orga- ne se connaissent pas a priori et, en dehors de ce
nisation et acteurs, forme de l’action…). moment, ont peu de chances de se rencontrer à
Enquêter nouveau dans l’avenir. Dans la chaîne, il y a un
Une petite enquête pour s’interroger sur la notion contact physique entre les personnes qui parta-
« d’amis » et faire le constat que le nombre d’amis gent un intérêt commun, le soutien aux personnes
sur Facebook est plus élevé que celui avec lesquels vivant avec le sida et leurs proches. Ils partagent
on a des contacts réguliers ce qui amène à réfléchir un sentiment d’appartenance à une action com-
sur le type de liens, et leur intensité, que l’on entre- mune (un signe, ils portent le même polo), ils peu-
tient avec les membres d’un réseau social numérique. vent se connaître pour certains d’entre eux (être

127
venus avec des amis) et/ou appartenir à une même socioprofessionnels auraient des relations entre eux
association. Il existe donc un lien entre les per- et exprimeraient un sentiment d’appartenance à la
sonnes formant la chaîne qui n’existe pas pour les PCS. Les PCS n’ont pas d’existence réelle, elles ne
personnes de la file. sont que le résultat d’une construction du statisti-
cien. C’est pourquoi on dit que ce sont des catégo-
Doc. 2 ries « nominales » et non réelles.
1. Il y a un intérêt économique : connaître la popu- 3. L’auteur pense que les PCS sont plus que de
lation en âge de travailler ou le rapport actifs/inac- simples catégories statistiques car, par définition
tifs (ex. : problème du financement des retraites) ; de et par construction, chaque catégorie présente une
même le poids des groupes d’âge dans la population certaine homogénéité : les individus qui la compo-
peut donner des informations sur les consomma- sent ont souvent des comportements ou des opi-
tions individuelles ou collectives (exemple : plus de nions proches liés aux caractéristiques communes
jouets, de crèches ou d’écoles pour une population qui ont servi au classement. Ils peuvent entretenir
où le groupe d’âge des moins de 15 ans est élevé). des relations personnelles avec les autres membres
Il y a un intérêt sociologique car selon les âges et s’identifier (ou être identifiés) comme membre
les comportements peuvent être différents (on de la PCS ; autant d’éléments qui rapprochent ces
peut, pour illustrer cela, se servir du graphique D catégories statistiques de la notion de groupe
de la page 238). Ne pas confondre effet d’âge (les social (cf. doc 4).
plus jeunes font plus de sport que les plus âgés)
et effet de génération (les jeunes qui participent ExErcicE
aujourd’hui aux réseaux sociaux numériques conti- On peut trouver des éléments de réponse sur le site
nueront d’y participer plus âgés alors que c’est de l’INSEE, sur la page d’accueil à l’onglet « Défini-
moins le cas de leurs parents. Voir doc. 2 p. 256). tions et méthode », puis dans le menu de gauche
2. Le sociologue remet déjà en cause les cou- « Définitions » ; là on trouve à la lettre « N » les
pures en classes d’âge (« à quel âge commence définitions de « Nomenclature de catégories socio-
la vieillesse ? »). De plus selon l’origine sociale et professionnelles » et de « Nomenclature des pro-
la formation scolaire, il existe de nombreuses dif- fessions et catégories socioprofessionnelles ».
férences entre les jeunes : qu’y a-t-il en commun
entre un jeune ouvrier et un élève d’une grande Doc. 4
école en dehors de leur âge ?
1. La phrase soulignée illustre bien la photo sur
3. L’âge peut expliquer l’appartenance à certains la file d’attente alors que l’autre photo correspond
groupes ou réseaux sociaux. Les plus jeunes sont plus à la définition de groupe social de Merton.
scolarisés et entretiennent donc des relations
2. Les deux documents disent que le simple regrou-
particulières entre eux ; ils participent plus à des
pement par le statisticien de personnes ayant des
associations sportives que les plus âgés de même
caractéristiques communes ne suffit pas à faire de
que les usages des technologies de l’information et
cet ensemble un groupe social.
de la communication sont plus développés pour la
jeune génération (Net-génération). 3. Un groupe latent est un ensemble de personnes
ayant des similitudes qui peuvent déboucher sur
Doc. 3 des intérêts communs. C’est la prise de conscience
de ces intérêts communs et la mise en place d’une
1. et 2. En 1954, l’INSEE a créé la nomenclature des organisation pour les défendre qui fera d’un groupe
catégories socioprofessionnelles qui a été rempla-
latent un groupe social.
cée en 1982 par celle des professions et catégories
socioprofessionnelles (mise à jour en 2003). C’est
fairE lE point
un outil qui permet de classer les individus ayant
des caractéristiques communes dans une même 1. Un groupe social est plus qu’un simple regrou-
catégorie ce qui facilite les études statistiques pement d’individus car ses membres ont des
effectuées sur la population (revenus, consom- caractéristiques communes, sont en interaction et
mations…). Mais ces catégories ne sont pas des ont un sentiment d’appartenance (et sont définis
groupes réels au sens où les membres des groupes par les autres comme membres du groupe).

128
2. Il faut que ces personnes aient des similitudes 2. Ils partagent la même culture (langue,
qui leur permettent d’avoir des intérêts communs, valeurs…), ils participent à l’activité économique
qu’ils en prennent conscience et qu’ils agissent (travail, achats…), comme citoyens, ils paient des
ensemble dans le sens de ces intérêts. impôts et participent aux élections…
Remarque : pour cette double page, on peut poser fairE lE point
ces deux questions non pas au terme de l’étude
mais comme objectif de début de séance. Lien civique : participer à une association comme
la Croix-Rouge.
Lien interpersonnel : au sein de la famille dans
pages 242-243    B. Quels types de lien entre  le suivi scolaire ou dans les échanges lors de la
les membres d’un groupe ? pause-café.
Doc. 1 Liens économiques : les salariés dans l’entreprise ou
1. La pause-café est un espace d’échanges qui ne dans l’association, les achats dans le supermarché.
sont pas exclusivement professionnels : si on peut Liens de solidarité : le paiement d’impôts et de
parler du dernier rapport ou de la clientèle de l’en- cotisations sociales pour les assurances publiques.
treprise, c’est aussi le lieu d’échanges informels
plus conviviaux (« bruits de couloir »).
2. Chez soi, au lycée, à la cafétéria, au bar, au local pages 244-245    C. Groupe social, une conscience 
du club… d’appartenance commune
Doc. 1
Doc. 2
1. En effaçant les différences entre les individus
1. C’est un échange au sein de la famille entre et en matérialisant l’appartenance à l’école, l’uni-
parents (père et mère) et enfants dans le cadre du forme renforce le sentiment du « nous » vu dans le
suivi scolaire (coopération). doc. 3 p. 243 (question 1) c’est-à-dire l’identité du
2. Il y a au sein de la famille des relations d’affec- groupe.
tion, de solidarité, d’entraide et de protection. 2. Affirmer son appartenance à un groupe à travers
sa tenue vestimentaire, c’est montrer comment on
Doc. 3 est identique en respectant les codes du groupe et
1. Les membres d’un groupe partagent un sentiment comment on est différent des autres groupes en
d’appartenance qui fait qu’ils se sentent appartenir se distinguant des codes vestimentaires de ceux-ci
à un ensemble (un « nous », ex. : « mon équipe » (ex. : les babas cool, les gothiques…).
dans le sport).
Doc. 2
2. Famille et association forment un groupe car ce
sont des ensembles de personnes ayant des rela- 1. Le sentiment d’appartenance favorise le déve-
tions interpersonnelles, ayant un but commun, loppement de relations sociales entre élèves ce qui
ayant des interactions entre ses membres et fonc- apporte une sécurité émotionnelle, favorise l’inté-
tionnant selon une certaine organisation. gration sociale, facilite la coopération et donc la
3. Le nombre de membres : la famille est un groupe motivation et la réussite.
plus restreint ; le type de relations interpersonnelles : 2. Au contraire, les élèves qui ont un faible atta-
plus quotidien et plus intense dans la famille ; l’orga- chement à l’école et à ses valeurs, qui n’y dévelop-
nisation : plus formelle pour l’association… pent pas ce sentiment d’appartenance ont de forts
risques d‘échec.
Doc. 4
1. La sécurité sociale : lien entre les cotisations Doc. 3
de Nicolas et les prestations de Marie-Ange. Les 1. Pour Simmel, étudier la société c’est étudier le
échanges économiques : les achats dans le supermar- lien social qui existe entre les individus, étudier
ché servent à payer le salaire de Sandrine, concubine les influences et les déterminations qui s’exercent
de Nicolas. Les impôts : leur paiement par Marie- entre les individus dans les cercles sociaux aux-
Ange permet de verser le salaire de l’instituteur. quels appartiennent ceux-ci.

129
2. La famille de ses parents, la famille fondée pération, par des relations directes de présence
par l’individu et celle de son conjoint, le groupe à présence, selon Charles Horton Cooley. Dans ce
professionnel et les cercles d’intérêt qui y sont type de groupe, il y a un fort sentiment d’unité
liés, la nation, la classe sociale, l’armée comme (forte solidarité, vive sympathie, identification
officier de réserve, quelques associations, les mutuelle). Le groupe primaire joue un rôle essen-
cercles d’amis. tiel dans la socialisation.
Exemples : famille, groupes de jeu de l’enfance,
Doc. 4 l’école, les groupes de pairs…
1. L’individu dans son groupe et milieu d’apparte- 2. La réponse est dans la dernière phrase du texte :
nance acquiert les normes et les valeurs de ceux-ci former les idéaux moraux de l’individu (valeurs), et
par inculcation ou assimilation, mais il peut éga- les renforcer dans la conduite de la vie (normes).
lement s’identifier à un milieu de référence auquel
il cherche à appartenir en suivant les normes de Doc. 2
ce milieu. C’est par et à travers ces milieux d’ap-
1. Les groupes secondaires sont de plus grande
partenance et de référence que se forge l’identité
taille et les relations entre les membres sont
d’une personne.
plus superficielles. Ce sont des groupes qui repo-
2. Le document 3 dit que les individus sont liés sent sur des bases utilitaires (défense d’intérêts
par des influences et des déterminations éprouvées comme les partis politiques, les associations et
réciproquement et que les individus appartiennent les syndicats par exemple) et qui ont une organi-
à des cercles sociaux variés (cf. doc. 3 question 2). sation formelle, c’est-à-dire qui fonctionne selon
Le document 4 montre que ces influences émanent des règles écrites.
des groupes de référence et d’appartenance, et
2. A priori, c’est dans le groupe primaire qu’il y a la
que ces appartenances développent des identités
plus forte cohésion sociale car comme le définit le
sociales diverses (nationale, ethnique, religieuse,
doc. 1, le groupe restreint développe un fort senti-
professionnelle, de classe…).
ment d’unité ce qui implique de la solidarité et de
3. L’identité d’un individu peut se définir comme la sympathie entre ses membres.
la définition qu’il peut se donner à lui-même et
donner aux autres de ce qu’il est en tant que per- ExErcicE
sonne à la fois individuelle et sociale. Un groupe,
une association, une collectivité peuvent avoir une 1. A1-B2-C3-D4-E6-F5.
identité collective comparable à celle d’un individu 2. On peut effectivement utiliser cette classifi-
ce qui favorise la cohésion du tout (ces membres cation pour les différentes classes du lycée : celles
ont un sentiment d’appartenance et s’identifient où les liens entre élèves sont forts par rapport à
à un groupe réel qui se distingue des autres) (cf. celles où il y a des échanges limités ; celles qui ne
doc. 3 p. 243 question 1). font que respecter les règles (faire parce que c’est
imposé) par rapport à celles qui sont très impli-
fairE lE point quées dans le contenu du travail.
Voir figure 1 doc. 3A p. 259.
Doc. 3
1. Il y a une diversité de buts : le loisir (sport,
pages 246-247    D. Une diversité de relations arts et musique, comités des fêtes), la défense
sociales selon les groupes  d’intérêts communs (syndicats, parents d’élèves),
sociaux la rencontre (clubs du 3e âge, associations de quar-
Doc. 1 tiers, groupes religieux), la solidarité (aide aux
1. Le groupe primaire ou restreint est un groupe malades).
de petite taille, composé de peu de personnes 2. Le nombre d’adhérents, de bénévoles ou de sala-
qui ont des relations interpersonnelles (chaque riés ; la dimension locale, nationale ou interna-
membre peut être en relation avec tous les tionale ; les services rendus (pour soi ou pour les
membres du groupe). Ce groupe est caractérisé autres) ; les ressources ; la notoriété ; l’organisa-
par des relations intimes d’association et de coo- tion ; la cohésion sociale…

130
fairE lE point

Nom/ Taille Rôle Organisation Cohésion


type de groupe (petite, grande (plusieurs possibles) (formelle (Forte, faible
ou variable ou informelle) ou variable
selon le type) selon le type)
Exemple : Petite Socialisation/ Informelle Forte
Famille – groupe restreint Protection/Entraide
Groupes de pairs – groupe Petite Socialisation/Entraide Informelle Forte
restreint
Syndicats – Variable Défense des intérêts Formelle Variable
groupe secondaire communs/
Socialisation
Associations – groupe Variable Buts communs (loisirs, Formelle Variable
secondaire solidarité, rencontre,
défense d’intérêt)
Partis politiques – groupe Variable Défense des intérêts Formelle Variable
secondaire politiques
communs/Socialisation
Entreprises Variable Coopération/ Formelle Variable
Socialisation
Équipe professionnelle – Petite Coopération/ Formelle Forte
groupe primaire Entraide/Socialisation et informelle

pages 248-255   AnAlyse 2 aux besoins d’intérêt général que ne l’est la sphère


familiale.
Comment la taille des groupes influe- 
t-elle sur leur mode de fonctionnement   2. Pour la théorie traditionnelle, la taille du groupe
et leur capacité d’action ? n’a pas d’influence sur l’efficacité de l‘action col-
lective, alors que pour l’auteur du texte, un groupe
de plus grande taille a plus de mal à trouver un
pages 248-249    A. Taille du groupe et relations  consensus pour agir ensemble et il ne peut se repo-
entre ses membres ser sur les contributions volontaires qui sont insuf-
Doc. 1 fisantes (cf. doc. 2 p. 254).
• L’intensité des relations interpersonnelles est dif-
férente dans les deux situations car dans le repas Doc. 3
de l’association on ne connaît pas tout le monde 1. Le degré de liberté est plus grand pour un indi-
(groupe secondaire de grande taille) alors que dans vidu dans un grand groupe car l’augmentation de
le repas de famille les liens sont forts (groupe pri- la taille du groupe développe une différenciation
maire ou restreint). de ses membres ce qui favorise l’individualisation
(le groupe est moins « contraignant » pour la per-
Doc. 2 sonne).
1. La formation de groupes est une nécessité 2. L’identité du groupe est plus forte si celui-ci est
pour toutes sociétés car elle répond à des besoins plus restreint en nombre : les individus se ressem-
humains de défendre des intérêts communs. Avec blent plus, les influences sont plus fortes, il y a
la complexification de la société, des groupes de moins d’individualité ce qui renforce l’expression
plus grande taille se développent car mieux adaptés d’unité (le sentiment du « nous »).

131
Doc. 4 vidus au sein de cette population (villes, voies de
communication). La division du travail devient une
1. Les deux documents montrent que la conscience
nécessité et, en différenciant les tâches au sein de
collective est plus forte au sein de groupe de taille
la société moderne, entraîne une complémentarité
réduite. Plus la taille du groupe augmente, plus la
entre les individus ce qui tisse une nouvelle forme
liberté d’individualité augmente au détriment de la
de lien, la solidarité organique.
conscience collective.
2. Plus la densité de population augmente, plus il Remarque : l’exercice peut être réalisé avant de
y a d’interactions, d’échanges possibles entre indi- répondre à cette question.

ExErcicE

Sociétés traditionnelles Causes du changement Sociétés modernes


(agricoles) Densité morale (industrielles)
Densité de population
Solidarité Solidarité
mécanique organique

Échanges Échanges
limités développés

Conscience collective Conscience collective


forte faible

Division du travail Division du travail


réduite développée

fairE lE point
Pour répondre à cette question on peut reprendre la distinction faite entre groupe primaire et groupe
secondaire dans l’analyse 1D.
– la taille du groupe a un effet sur la conscience collective et les consciences individuelles : plus le groupe
est grand plus se développent les individualités et s’affaiblit la conscience collective ;
– dans un groupe de grande taille, l’action collective est plus difficile à mener car le consensus est plus
difficile à obtenir et que cela nécessite une organisation ;
– l’augmentation de la population d’une société nécessite une division du travail qui change la nature
du lien social.

pages 250-251    B. Pourquoi agir ensemble nécessite-t-il de s’organiser ?

Doc. 1
Assemblée générale
(une fois par an)

Conseil d’administration Rapports financiers


(au moins trois membres) et d’activité

Bureau : président, trésorier Vote


et secrétaire (au minimum) Produit

132
Doc. 2 3. Contact interpersonnel avec les élus, menace de
sanctions électorales, création d’événements (péti-
1. C’est la baisse d’influence des syndicats qui
tion, manifestation…), utilisation des médias (site
explique le développement des coordinations ; les
Internet, campagne de publicité…).
critiques qui portent sur les syndicats sont variées :
trop forte politisation, organisation trop rigide, fairE lE point
attitude trop modérée par rapport aux pouvoirs
Toutes ces organisations ont un ou des buts com-
publics…
muns, une organisation plus ou moins formelle
2. Similitude : défense des intérêts professionnels. avec des règles et des représentants ; on y parti-
Différences : organisation plus souple des coordi- cipe volontairement pour agir avec d’autres ; cer-
nations (absence de hiérarchie, organisation très taines (syndicat, lobby, parti politique) s’opposent
démocratique) mais qui pose problème (pas d’inter- à d’autres groupes sociaux.
locuteurs clairement identifiés, effet paralysant du
fonctionnement démocratique, manque de perma-
nence de la représentation). pages 252-253    C. Agir ensemble pour défendre 
des intérêts collectifs
Doc. 3
Doc. 1
1. Un parti politique cherche à conquérir le pouvoir 1. Si chacun raisonne comme l’indique le docu-
pour mettre en œuvre le programme politique qu’il
ment 1, à savoir qu’il ne fait grève qu’à condition
a élaboré ; pour se faire, il cherche à s’implanter
que les autres la fassent, la probabilité que la grève
dans le corps électoral et convaincre les électeurs.
ait lieu est faible (sauf s’il existe un nombre impor-
2. Au niveau national, le congrès désigne les ins- tant de personnes prêtent à la faire dans le cadre
tances nationales du parti (un bureau ou un conseil d’une organisation comme un syndicat).
national) avec au sommet un chef (président ou 2. En suivant la logique du document 1, plus le
secrétaire général) souvent élu par l’ensemble des nombre de manifestants est important plus le mou-
adhérents. Au niveau local, dans des fédérations vement a de chances de perdurer car, s’il est élevé,
départementales, on a des organisations de base de nouveaux participants pourraient suivre (et
(sections ou cellules) dont les dirigeants sont élus inversement). De surcroît, un nombre important de
par les adhérents. manifestants dans une démocratie donne du poids
aux revendications qui justifient l’action collective
Doc. 4 et peut faire espérer infléchir les décisions des pou-
1. Au sens strict, le groupe d’intérêt ou lobby inter- voirs publics.
vient auprès des pouvoirs publics en cherchant à
influencer les décisions de ceux-ci pour défendre Doc. 2
des intérêts propres à des groupes sociaux particu- 1. Voir lexique page 406. Le texte dit qu’un bien
liers qu’il représente. collectif est un bien dont le bénéfice n’est pas res-
Au sens large, les groupes d’intérêt ne représentent treint aux personnes qui se sont organisées pour
pas exclusivement des intérêts privés mais peuvent l’obtenir et donne l’exemple de l’augmentation de
aussi défendre des causes collectives (environne- salaire qui n’est pas réservée à ceux qui ont parti-
mentale, de droits et d’égalité…) et leurs actions cipé à l’action pour l’obtenir.
ne se limitent pas exclusivement à l’influence des 2. Les coûts peuvent être le temps passé à l’organi-
responsables politiques, elles visent aussi l’opinion sation de l’action ou la perte de salaire liée à une
publique. grève ou encore le coût de l’adhésion à un syndicat.
2. Dans le texte, les exemples cités sont le lobby 3. Alors que les individus semblent avoir dans tous
des retraités, le lobby pharmaceutique, les ONG, les cas un avantage à s’unir pour défendre des inté-
l’association Greenpeace. On peut citer aussi rêts communs, le calcul coût/avantage qui montre
d’autres exemples : parmi les associations, le DAL que l’on peut bénéficier du bien collectif acquis par
(Droit au logement), SOS racisme… ; parmi les l’action collective sans avoir à y participer (et donc
industriels, le lobby des viticulteurs ou celui de sans en supporter le coût), fait que l’association
l’automobile… des individus a peu de chance de se réaliser.

133
Doc. 3 mentation de salaire, réduction du temps de tra-
vail ou amélioration des conditions de travail), ce
1. L’individu rationnel se dit que s’il garde tous ses
jetons, ils lui rapporteront deux euros alors que qui ne favorise par la participation à ce type d’or-
s’il les met dans la cagnotte commune, ils ne lui ganisation.
rapportent qu’un euro. Si d’autres participants pla- De surcroît, la faible influence des syndicats
cent leurs jetons, il bénéficiera de leur effort sans (qui explique le développement des coordina-
y participer : c’est en cela qu’il devient un « passa- tions cf. doc. 2 question 1 p. 250) s’explique par
ger clandestin ». Si tous raisonnent comme cela, les critiques qui portent sur ces organisations :
personne ne place de jeton dans la cagnotte (alors trop forte politisation, organisation trop rigide,
qu’il y aurait intérêt à le faire) ; cela illustre le para- attitude trop modérée par rapport aux pouvoirs
doxe de l’action collective d’Olson. publics…
2. Suivant le raisonnement décrit dans la question 3. Si le rôle des syndicats n’est pas remis en cause
1 où personne ne place de jeton dans la cagnotte, par ce faible taux de syndicalisation (les salariés
le résultat obtenu en euros est moindre que si reconnaissant le rôle des syndicats dans la défense
tous l’avaient fait. C’est ce que signifie la phrase
de l’intérêt collectif), l’efficacité de ces groupes
soulignée.
d’intérêt (doc. 4 p. 251) risque d’être réduite : avec
Doc. 4 un nombre d’adhérents limité, la représentativité
est moindre et l’influence de leurs actions sur les
1. Non car les salariés reconnaissent le rôle des
décisions des pouvoirs publics ou des chefs d’en-
syndicats dans la défense de l’intérêt collectif mais
treprise incertaine.
le fait que les taux de syndicalisation soient en bas
réduit l’efficacité de ce rôle (moyens moindres).
2. On retrouve la logique de l’action collective
selon Olson dans le fait que les salariés sans être pages 254-255    D. Les conditions 
syndiqués ou sans participer aux grèves bénéficient de l’action collective
des avantages obtenus par l’action syndicale (aug-
Doc. 1
mentation de salaire, réduction du temps de travail
ou amélioration des conditions de travail). • Les conditions du déclenchement de l’action sont
l’existence d’un désaccord avec la SNCF suite aux
3. Le document 4A dit que la faiblesse des taux de
retards et incidents sur la ligne TER Lyon-Ambérieu
syndicalisation s’explique par la logique de l’ac-
et la création d’une association de défense des usa-
tion collective ; le document 4B montre qu’effecti-
gers (prise de conscience d’intérêts communs qui
vement ces taux sont faibles en France : plus élevé
amènent des individus à s’organiser). Un lien peut
dans les entreprises publiques et les administra-
être fait avec l’activité « S’exprimer » p. 239.
tions où environ 15 % des salariés sont syndiqués
sur la période 2001-2005, ce taux n’est que de Doc. 2
5 % sur la même période dans les entreprises pri-
vées. 1. Les trois types de motifs : la contrainte ou la
coercition (l’obligation de payer ses impôts faite
fairE lE point par l’État), la fourniture de biens individuels ou
d’incitations sélectives (en contrepartie de la par-
1. La syndicalisation est relativement faible en ticipation à l’action collective, en plus du bien col-
France ; en effet dans l’ensemble des entreprises lectif, les individus bénéficient de biens individuels
(privées, publiques) et dans les administrations qu’ils n’auraient pas eus sinon ; ex. : les responsabi-
de 1996 à 2005, sur 100 salariés, environ 8 sont lités ou les positions électives offertes par un parti
syndiqués. Dans le seul secteur privé, ce taux se politique. Cf. lexique p. 409) et les autres motifs
réduit à 5 %. incitatifs (l’obtention d’un statut social, la pression
2. Cela peut s’expliquer par l’analyse de Mancur sociale, des facteurs affectifs et idéologiques).
Olson, le célèbre paradoxe de l’action collective : 2. et 3. Appartenant à un groupe, l’individu qui ne
les salariés sans être syndiqués bénéficient des participerait pas à l’action collective pourrait être
avantages obtenus par l’action syndicale (aug- mis à l’index par les autres membres (mise à l’écart,

134
moquerie…). Cette pression sociale (influence du fairE lE point
collectif sur l’individu) s’exerce d’autant plus que
• Facilitateurs : pression sociale dans les petits
la taille du groupe est petite et que tout le monde
groupes, existence d’une organisation, mesures
se connaît. Il est plus facile d’être « passager clan-
coercitives contraignantes, existence d’incitations
destin » dans un grand groupe où peut régner un
sélectives.
certain anonymat.
• Freins : groupe de grande taille où le consensus
Doc. 3 est difficile à obtenir et/ou mal organisé, existence
de « passagers clandestins », absence d’intérêts
Les trois motifs sont repris dans la première phrase
du texte et expliqués par la suite.
communs.

– La petite taille du groupe : il est plus facile de


trouver un consensus entre un petit nombre d’indi-
vidus pour créer un syndicat et la pression sociale pages 256-263  AnAlyse 3
pour participer à l’action collective y est plus effi- Comment les réseaux sociaux 
cace (doc. 2 questions 3) ; fonctionnent-ils ?
– l’existence d’incitations sélectives : offrir des
Remarque  liminaire. La « sociologie des réseaux
avantages à ses membres comme par exemple
sociaux » est un ensemble de méthodes, de
des assurances, des avantages sociaux, des aides
concepts, de théories, de modèles et d’enquêtes
à l’emploi, une protection individuelle contre les
mis en œuvre en sociologie mais également dans
abus de l’employeur, des droits à l’ancienneté pour
d’autres disciplines des sciences sociales (anthropo-
les syndiqués qui bénéficient alors de règles d’avan-
logie, psychologie sociale, économie). Cet ensemble
cement plus favorables (entraînant des hausses de
méthodologique prend pour objets d’étude non pas
salaire) ;
les attributs des individus (leur âge, leur profession,
– la mise en place de mesures coercitives : l’ins- leur genre, etc.) mais les relations entre les individus
tauration de piquets de grève pour contraindre les et les régularités qu’elles présentent, pour analyser
salariés à suivre l’action. leurs effets sur les comportements individuels ; s’il ne
forme pas encore un nouveau paradigme, il se situe
Doc. 4 entre holisme et individualisme méthodologique.
1. En 2008, en France, dans le secteur marchand
non agricole, moins d’une entreprise sur 100
pages 256-257    A. Réseaux sociaux, une forme 
(0,8 %) de 10 à 49 salariés a déclaré au moins une
spécifique de coordination  
grève alors que pour les entreprises de plus de 500
entre acteurs
salariés, 38,8 % d’entre elles ont déclaré au moins
une grève. Il semblerait que la probabilité de grève Doc. 1
augmente avec la taille de l’entreprise. • C’est le type de lien qui unit les individus qui
2. Le document 4B montre que plus la taille de participent à l’apéritif qui différencie les deux évé-
l’entreprise ou de l’administration est grande, plus nements : dans un groupe d’amis, on a des relations
la probabilité de la présence d’un syndicat en son « de face à face », on se connaît entre nous, il y a
sein est élevée. Sur la période 2001-2005, 15 % des relations régulières ; dans un apéritif Facebook,
des salariés des établissements de moins de 10 c’est l’appartenance au réseau social numérique qui
salariés des fonctions publiques disposaient d’un amène à participer, on a des amis communs et des
syndicat sur le lieu de travail, alors qu’ils sont envi- amis d’amis mais aussi des gens avec qui on a des
ron 75 % à en disposer dans les établissements de relations sporadiques ou des gens avec qui on n’a
plus de 500 salariés. Cela peut expliquer le constat pas de contacts physiques, voire des personnes que
fait dans le doc. 4A : les grèves ont plus de chance l’on ne connaît pas.
d’avoir lieu dans les établissements de plus de
500 salariés car l’existence de syndicats est plus Doc. 2
développée dans ce type de structure et ces organi- 1. Le réseau de sociabilité (définition p. 258)
sations peuvent mieux organiser l’action collective. s’étend au-delà du réseau des contacts physiques ce

135
qui accroît le capital social. Les critères d’apparte- • Moyens : créer une association loi 1901 avec
nance ne sont plus que sociodémographiques (âge, un bureau (cf. doc. 1 p. 250), créer un site ou un
origine sociale…) mais aussi relationnels (avec qui forum, créer des événements (bal de promo, repas
est-on en contact ?). Les relations entre enfants des anciens…).
et parents changent (transmission ascendante des
• Tous les membres de l’association ne se connaî-
enfants aux parents en plus de la traditionnelle
traient pas, mais chaque membre doit y retrouver
transmission descendante parents-enfants). Se
des camarades connus pour que cela ait un intérêt
développe également une transmission horizontale
pour lui.
entre pairs grâce aux échanges sur la toile.
2. Le capital social, c’est l’ensemble des relations
personnelles qu’un individu peut mobiliser dans pages 258-259    B. Réseaux sociaux, 
son intérêt. Un capital social peut constituer un quelles formes de sociabilité
avantage car les relations sociales peuvent être des Doc. 1
ressources mobilisables (aides, informations…).
1. Non, on ne maintient pas des relations avec
Doc. 3 l’ensemble de ses amis sur le réseau. Par exemple
pour les femmes qui ont 500 amis sur Facebook,
1. Un réseau est plus qu’une collection d’individus elles gardent en moyenne le contact avec 89 amis
car les personnes qui le composent entretiennent
(47+26+16) mais n’ont que 16 amis avec lesquels il
des liens entre elles.
y a un vrai échange d’informations.
2. Dans l’image de la chaîne de personnes qui étei- 2. L’enquête montre trois types de liens de nature
gnent le feu, on a un type de réseau particulier :
différente sur le réseau social numérique :
chaque individu n’est en contact direct qu’avec
deux autres. Dans d’autres réseaux comme sur a. Les relations les moins fortes dites « mainte-
Internet, les liens peuvent être multipliés entre nues » dans l’enquête où l’on ne fait que consulter
l’ensemble des personnes qui compose le réseau au moins deux fois des informations de l’ami.
(cf. doc. 3 p. 261). b. Une « communication à sens unique » où l’on a
envoyé un message.
Doc. 4 c. Et une relation plus forte, « communication par-
1. Le réseau d’une grande école entre élèves, tagée », où il y a eu réel échange d’informations.
anciens et entreprises favorise la communication C’est pour ce type de lien que le nombre d’amis est
et permet de faire profiter les étudiants d’oppor- le plus restreint selon le document.
tunités auprès des entreprises pour un stage ou
un emploi. Plus ce réseau est développé, plus il Doc. 2
conforte l’image de marque de l’école et cela attire 1. Le texte dit que les cercles auxquels appartien-
de nouveaux élèves. nent les individus peuvent être représentés soit
2. On a là un exemple d’incitation sélective : pour de façon concentrique (figure 1 du doc. 3) soit de
faire participer les élèves et les anciens à l’asso- façon juxtaposée (figure 2).
ciation en payant la cotisation, le site propose des 2. Dans le modèle concentrique, les groupes aux-
informations que seuls ceux qui ont cotisé peuvent quels appartient l’individu se rétrécissent progres-
obtenir (fourniture de biens individualisés). sivement de la société à l’individu en passant par
le statut professionnel, la commune, le quartier, la
fairE lE point
famille ou le foyer. L’ensemble de ces liens déter-
• Motivations : comme dans l’exemple des grandes mine les différentes fonctions de l’individu. La
écoles, établir un carnet d’adresse des anciens pour personne reste définie de façon unique et a une
favoriser l’insertion des nouveaux diplômés (pour autonomie restreinte et une seule identité.
la recherche de stages, pour des conseils d’orien- Dans le modèle de cercles sociaux juxtaposés et
tation, pour la recherche d’emplois) ; dans un but indépendants (la famille, les amis, les associations,
amical, retrouver les anciens camarades de classe le cadre professionnel…), l’individu dispose d’une
pour se souvenir ; créer des événements et des fêtes liberté plus grande et son identité est plurielle
dans un but de loisirs ; renforcer l’image du lycée… (plusieurs statuts et rôles qui y sont associés). Il

136
peut développer dans chacun de ces cercles des pages 260-261    C. Comment un réseau social 
comportements variés. se structure-t-il ?
Le passage d’un modèle à l’autre s’expliquerait pour Doc. 1
Simmel par l’évolution de la société mais il pour-
1. et 2. Si les nouvelles technologies de la com-
rait aussi s’expliquer comme étant la conséquence
munication facilitent l’extension du nombre de
du processus de socialisation où, au cours de la
contacts possibles, la capacité à nous faire des amis
vie, l’individu développe des appartenances à des
dépend des capacités de notre cerveau à interagir
cercles sociaux nouveaux et autonomes.
avec les personnes et non de celles de notre ordina-
teur. Il existerait une limite humaine à reconnaître
Doc. 3
et à capter les faits émotionnels concernant les
1. La représentation sous forme de cercles concen- membres d’un groupe (cf. encadré « À savoir »).
triques classe les cercles du plus proche au plus
éloigné. Or d’après le doc. 3A, cette notion de Doc. 2
proximité est discutable : s’agit-il de proximité
1. Le réseau du parti socialiste (la Coopol) est un
géographique ou de la force du lien ? Et si c’est la
outil pour faciliter l’organisation et la vie militante
force du lien, peut-on affirmer que le lien est plus
des sections et le travail des secrétaires de section
fort entre les membres de sa famille qu’avec ses
qui modèrent leurs espaces dédiés. Les participants
amis ?
au réseau sont des militants qui sont amenés à
2. Dans la représentation de la figure 2, on voit bien participer à la vie réelle du groupe. Le réseau de
que tous les cercles sociaux de Didier (qui peuvent l’UMP (les Créateurs de possibles) fait appel à tous
être la famille, les différents groupes d’amis, les les internautes et non aux seuls adhérents, pour
collègues de travail…) ont un point commun : ils qu’ils participent à des débats sur des propositions
convergent tous vers un individu. Certes les cercles concrètes et/ou qu’ils s’organisent pour mener un
ne sont pas tous « côte à côte », car il existe des projet à bien.
liens entre certains cercles, mais ils se rencontrent 2. Le succès de ces réseaux dépend du nombre d’uti-
tous dans une seule et même personne. lisateurs qui vont participer et de la stabilité de
cette communauté d’internautes. Un nombre trop
Doc. 4 restreint de participants rend l’utilité du réseau
1. La force du lien c’est, pour Granovetter, l’inten- caduque.
sité ou la qualité des relations interpersonnelles.
Elle dépend du temps passé, de l’intensité émo- Doc. 3
tionnelle, de la confiance mutuelle et des services Le document 1 dit que le nombre d’amis que l’on
réciproques. peut avoir est limité alors que le document 3
2. D’après Régis Bigot, si l’analyse quantitative de montre que plus se développe le réseau, plus le
la force du lien est quasi impossible du fait de la nombre d’utilisateurs augmente et les liens s’inten-
subjectivité de certains éléments qui le définissent sifient et plus le réseau est utile. (cf. encadré « Le
(l’intimité ou l’intensité émotionnelle), il est plus saviez-vous ? » p. 260).
simple de mesurer la fréquence ou la durée des
relations entretenues qui sont des indicateurs qui Doc. 4
peuvent donner une approximation. 1. et 2. J. Coleman compare les relations aux autres
à des ressources que l’on peut mobiliser pour amé-
liorer son bien-être. Dans un réseau prévalent des
fairE lE point normes de réciprocité : si A rend un service à B, il
Il faut comprendre ici facteurs comme caracté- est en droit d’attendre de B un service en retour ; A
ristiques ; voici une liste de caractéristiques qui a une créance sur B. Comme il est dit dans le texte,
influent sur la sociabilité : l’âge, le genre, l’activité plus un individu a ce type de créances plus son
professionnelle, l’origine sociale, le lieu d’habita- capital social est élevé.
tion, la taille de la famille, l’équipement à Internet, Pour R. Burt, un capital social est d’autant plus
le niveau de diplôme, les loisirs… élevé qu’il existe des trous structuraux ; un trou

137
structural, c’est l’absence de relations entre deux à un contact personnel ; mais le constat le plus inté-
personnes (B et C) reliées à une troisième (A) (A ressant est que, contrairement à ce que l’on pouvait
connaît B et C, mais B et C ne se connaissent pas), penser, dans ces contacts personnels, ce n’est pas
et le fait que cette troisième personne peut exploi- le réseau familial (les liens forts) qui a permis de
ter à son avantage cette situation. retrouver un emploi mais plutôt le réseau profes-
Dans ce cas, ce n’est pas la seule taille du réseau (le sionnel (les liens faibles). Les informations qui ont
nombre de contacts) qui fait le capital social (même permis l’obtention de l’emploi ne proviennent pas
si selon Coleman, plus de contacts accroît les res- de proches mais de personnes avec lesquelles on
a des relations sporadiques ; les liens faibles nous
sources ou créances potentielles sur les autres) mais
permettent d’accéder à des informations différentes
aussi la structure si celle-ci favorise la confiance
de celles dont disposent nos proches (informations
ou une position d’« articulateur » dans le réseau de
qui sont souvent déjà à notre disposition).
relations (du fait de l’existence de trous structuraux).

ExErcicE Doc. 3

1. et 2. Dans la situation 1, A peut tirer un avantage 1. Parmi les modes d’obtention d’emploi cités, ceux
de l’absence de relations (ou trous structuraux) entre qui font référence au capital social sont les rela-
C et E, C et B, etc. Selon les hypothèses de Burt, son tions familiales, les autres relations personnelles,
l’école et le contact direct par l’employeur. Si de
capital social est inférieur dans la situation 2 carac-
ce capital on retire les liens forts, c’est-à-dire les
térisée par l’absence de trous structuraux.
relations familiales, il reste les liens faibles.
fairE lE point 2. L’importance du réseau social apparaît comme
Comme il est dit, la forme des schémas réalisés par moins forte que dans l’analyse de Granovetter,
les élèves va ressembler à la figure 2 du doc. 3 de puisque les liens forts (relations familiales) ne
représentent que 5,5 % tandis que les liens faibles
la page 259 avec des cercles de couleurs différentes
(autres relations personnelles, école, contacté
selon le type de groupe (famille, copains, lycée, asso-
directement par l’employeur) représentent 27,3 %
ciation…). Les trous structuraux seraient l’absence
(soit un total de 32,8 % à comparer aux 56 % du
de liens entre deux individus ou deux groupes qui doc. 2) mais le réseau social reste le premier mode
seraient en relation avec l’auteur du schéma. d’obtention d’emploi.
Remarque : La différence peut s’expliquer par le fait
pages 262-263    D. Quel rôle les réseaux  que l’enquête de Granovetter ne porte que sur les
jouent-ils en matière   cadres, que la taille de l’échantillon étudié était
de recherche d’emploi ? réduite (un peu plus de 10 000 enquêtés) ou encore
que le marché du travail américain a un mode de
Doc. 1 fonctionnement différent du marché français.
Exemples : se faire aider pour un devoir, se faire prê-
ter du matériel par un copain, obtenir des adresses Doc. 4
pour un emploi d’été, obtenir un stage dans l’entre- 1. Les réseaux sociaux numériques facilitent la
prise d’un parent d’un ami… recherche d’emploi car ils facilitent la commu-
nication entre les contacts, ils permettent de
Doc. 2
reconstituer des relations sociales interrompues
1. Un lien faible, c’est un contact que l’on a avec une ou de développer le réseau de relations et rendent
personne qui appartient de manière marginale à ses possible l’affichage de soi à un grand nombre de
cercles de connaissances : la fréquence des échanges contacts (« on se donne une importance profes-
est faible voire rare c’est-à-dire qu’il s’agit de relations sionnelle ou sociale »). Pour résumer, ils facilitent
épisodiques (par ex. : un ancien camarade de classe, le développement des contacts utiles à la quête
un ancien collègue de travail ou un ami d’amis). d’un emploi (liens faibles).
2. Dans l’enquête de Mark Granovetter sur la 2. Y. Fondeur veut dire que si les réseaux sociaux
recherche d’emploi de cadres masculins de la ville de numériques facilitent l’augmentation du nombre de
Newton, 56 % disent avoir trouvé leur emploi grâce contacts sur la toile, les contacts qui seront réel-

138
lement pertinents dans la recherche d’emploi sont Il peut trouver cette personne dans des cercles
les personnes avec qui on a un lien réel, c’est-à- sociaux divers comme le voisinage, les groupes
dire une relation directe de face à face, soit épiso- d’amis, les communautés locales, les institutions
dique soit passée, comme un ancien collègue ou un religieuses, sportives, culturelles, etc.
camarade de formation. 5. Mais ce choix reste encadré par une série de
déterminations sociales et la probabilité de ren-
fairE lE point contrer l’autre dans un milieu social très différent
Si on considère les relations sociales comme des est faible. En effet, les cercles sociaux auxquels on
ressources, le nombre de contacts que je peux éta- participe sont fortement déterminés par l’origine
blir au sein du réseau et la position que j’occupe sociale : un fils de cadre a plus de chances d’entrer
dans celui-ci peuvent définir un capital social ; les dans une grande école et d’y fréquenter une fille de
cadre qu’une fille d’ouvrier.
relations que j’entretiens au sein d’un réseau peu-
vent m’apporter une aide pour la réalisation de 6. Le document 1 illustre le document 2 et le 2 peut
fins individuelles ou collectives. Alors, établir une expliquer le 1.
relation au sein d’un réseau peut être considéré 7. Le document 1 montre le maintien d’une certaine
comme un investissement. Par exemple, dans le homogamie car dans tous les cas le pourcentage de
cadre d’une recherche d’emploi, on peut penser que femmes appartenant à un groupe social profession-
les opportunités nous seront apportées par les per- nel et vivant avec un conjoint du même groupe est
sonnes dont nous sommes proches (les membres plus élevé que le pourcentage des autres situations
(sauf pour les employées qui vivent le plus souvent
de la famille ou les amis, c’est-à-dire les « liens
avec un ouvrier ce qui s’explique par le fait que ce
forts », les personnes que nous voyons régulière-
groupe social « employé » est très féminisé et que
ment) et c’est le cas. Mais c’est par l’intermédiaire
le groupe socialement le plus proche et plutôt mas-
de « liens faibles » (anciens collègues, camarades culin est le groupe « ouvrier ») ; par exemple sur
de classe, employeurs…) que l’on retrouve le plus 100 femmes agricultrices, 72,1 ont un conjoint qui
souvent un emploi comme l’a montré Granovetter. est lui aussi agriculteur en 1999 en France selon
Les « liens faibles » nous relient à des personnes l’INSEE (question 1).
qui évoluent dans un environnement différent du Quand les femmes n’ont pas pour conjoint un homme
nôtre : elles peuvent ainsi nous apporter des oppor- du même groupe qu’elles, celui-ci appartient à un
tunités que nous n’aurions pas pu connaître sans groupe très proche : c’est le cas des employées vu
elles. La richesse et la puissance des « liens faibles » précédemment ; si 31,4 % des femmes de « profes-
sont de nous permettre d’accéder à d’autres infor- sion intermédiaire » vivent avec un homme du même
mations que celles dont disposent nos proches. groupe, 24,4 % d’entre elles vivent avec un cadre ou
profession intellectuelle supérieure.
page 264   vers le BAc Comment expliquer cette relative homogamie ? Le
document 2 explique cela par le fait que, même
Réseau social et choix du conjoint si le choix du conjoint n’est plus imposé par la
famille, la chance de rencontrer son conjoint ou
1. Sur 100 femmes agricultrices, 72,1 ont un conjoint
sa conjointe dans les cercles sociaux particuliers
qui est lui aussi agriculteur en 1999 en France selon
dépendent des origines sociales (les lieux de socia-
l’INSEE.
bilité comme les groupes d’amis, les institutions
2. Cette diagonale donne les pourcentages de femmes sportives ou autres…) : on ne fréquente que les
vivant avec un conjoint (ou ayant vécu avec un personnes qui appartiennent aux mêmes réseaux
conjoint) appartenant au même groupe social qu’elles. sociaux et la probabilité de rencontrer quelqu’un
3. L’homogamie, c’est, selon le texte, la probabilité de d’un milieu social très différent est faible.
choisir un conjoint de même origine sociale que soi.
4. Le choix du conjoint n’est pas (n’est plus sauf réDigEr unE synthèsE
exception) imposé par la famille. Dans le lien de Si l’élève se sert du travail réalisé, il constate que
filiation, l’individu n’a pas de liberté de choix, mais la synthèse à rédiger correspond à la réutilisation
pour le choix du conjoint il dispose d’autonomie. des questions 4 et 5.

139
page 265   vers le BAc
Groupes sociaux et citoyenneté
1. Les trois organisations sont le parti politique, le conquête et l’exercice du pouvoir. C’est donc une
syndicat et l’association. organisation au service d’une idée. »
2. Les trois définitions selon le site vie-publique.fr – « Une association est un groupement de per-
– « Un syndicat est une association de personnes sonnes volontaires réunies autour d’un projet
dont le but est de défendre les droits et les inté- commun ou partageant des activités, mais sans
rêts sociaux, économiques et professionnels de ses chercher à réaliser de bénéfices. Elle peut avoir
adhérents. En France, les syndicats se distinguent des buts très divers (sportif, défense des intérêts
des partis politiques, bien que des liens puissent des membres, humanitaire, promotion d’idées ou
exister entre eux, car leur but n’est pas de gou- d’œuvres…). »
verner mais d’améliorer les conditions de travail. » 3. Quand on compare des éléments, on recherche
– « Un parti politique est une association organi- les similitudes et les différences.
sée qui rassemble des citoyens unis par une phi- 4. En plus de la définition, on peut comparer les
losophie ou une idéologie commune, dont elle rôles, le financement de ces associations et la par-
recherche la réalisation, avec comme objectif la ticipation à ces groupes.

5.
Nom de
l’organisation 1. Parti politique 2. Syndicat 3. Association

Définition Association de personnes Association de personnes Association de personnes

Le rôle essentiel des partis – assurent la défense des intérêts – partage d’un loisir entre
politiques est de participer à des salariés, au niveau national membres (associations sportives,
l’animation de la vie politique. et à l’échelle de l’entreprise. Ils associations de joueurs d’échec,
assurent un rôle de communication d’amateurs de vin…) ;
De manière plus précise, ils
important au sein de l’entreprise
remplissent deux fonctions : – défense des intérêts des
en transmettant aux salariés
les informations qu’ils auront
membres (ex. : association
– sont les intermédiaires entre
obtenues lors des comités
de locataires, de parents
le peuple et le pouvoir. Le parti
d’entreprise. En cas de conflit
d’élèves…), ces associations
élabore un programme présentant
avec l’employeur, les syndicats
peuvent constituer des groupes
ses propositions qui, s’il remporte
peuvent engager des actions
de pression, des lobbies ;
les élections, seront reprises dans
le projet du gouvernement. de protestation (grèves, – rôle caritatif, humanitaire :
Rôle Les partis de l’opposition peuvent manifestations, pétitions…). il s’agit de venir en aide
proposer des solutions alternatives
– sont aussi des acteurs du
aux autres, que ce soit à
à la politique de la majorité en
dialogue social entre l’État,
l’échelle d’un quartier (cours
place et ainsi remplir une fonction
les employeurs et les salariés.
de rattrapage scolaire), de la
« tribunicienne » en traduisant
En effet, les syndicats reconnus
ville (distribution de nourriture
le mécontentement de certains
comme représentatifs dans leur
comme Les Restos du Cœur),
électeurs ;
secteur d’activité peuvent signer
de l’ensemble du pays ou de
avec l’État ou le patronat des
l’étranger (associations d’aide
– ont une fonction de direction :
conventions collectives qui règlent
au développement, aide médicale
ils ont pour objectif la conquête
les conditions de travail pour
comme Médecins du Monde) ;
et l’exercice du pouvoir afin de
mettre en œuvre la politique l’ensemble des salariés.
annoncée.

140
– assument enfin un rôle de – expression, diffusion et
gestionnaire d’organismes promotion d’idées ou d’œuvres :
fondamentaux pour la vie des il peut s’agir de principes
salariés (paritarisme). À parité démocratiques (ex. : Amnesty
avec les organisations patronales, International, Ligue des
Rôle ils gèrent les caisses nationales droits de l’homme…), d’idées
d’assurance-maladie, d’allocations politiques (les partis politiques
familiales et d’indemnisation des sont des associations), de
chômeurs (Assedic), de retraites. créations artistiques (théâtre,
salle de concert…).

Les partis sont d’abord financés Le financement des syndicats est Les associations sont définies
par des ressources privées. assuré par les cotisations versées par leur but non lucratif.
Il s’agit : par les adhérents du syndicat.
Elles peuvent bénéficier de
Ces cotisations étant d’un
– des cotisations de leurs ressources en nature : mise
montant peu élevé, leur budget
adhérents et de leurs élus, qui à disposition d’un local de
est donc limité. Par ailleurs,
étaient traditionnellement la réunion, d’immeubles nécessaires
les salariés peuvent déduire de
source de financement des partis à l’accomplissement des buts
leurs revenus les cotisations
de masse. Les cotisations sont qu’elle poursuit.
syndicales et ainsi ne pas être
généralement d’un montant peu
imposés sur ces sommes. Les ressources financières
élevé et ne suffisent pas
essentielles sont en principe
à faire face aux dépenses de
constituées par les cotisations
fonctionnement ;
des membres de l’association.
– des dons des personnes Toutefois, elles se révèlent
privées, limités à 7 500 euros souvent insuffisantes.
par an et par personne. Ils
C’est pourquoi les personnes
sont généralement obtenus
publiques (au premier rang
au moment des élections et
desquelles les communes) ont
non dans le cadre normal du
pris l’habitude de subventionner
fonctionnement des partis ;
les associations. En France, les
depuis 1995, les dons sous
trois quarts des associations
quelque forme que ce soit des
reçoivent
Financement personnes morales (entreprises)
des subventions publiques de
sont interdits.
manière à assumer leur mission.
La nouveauté, apportée par les Les pouvoirs publics voient là un
lois sur le financement des partis, élément essentiel de lien social,
est le financement public des voire parfois de paix sociale,
partis. Si, depuis longtemps, d’où l’effort financier réalisé.
les dépenses électorales sont
Les associations peuvent
remboursées aux candidats ayant
également recevoir des dons.
atteint un certain seuil (5 %),
Mais ceux-ci sont dans la
il n’en allait pas de même des
plupart des cas limités aux dons
dépenses permanentes des partis.
manuels, c’est-à-dire effectués
Désormais, la loi prévoit un « de la main à la main » ou
financement public accordé aux par virement sans qu’un acte
différents partis, en fonction notarié soit nécessaire. Seules
de deux critères cumulatifs : les associations ayant reçu la
les résultats aux élections reconnaissance d’utilité publique
législatives, pour ceux qui ont peuvent recevoir des dons et
présenté des candidats ayant des legs.
obtenu au moins 1 % dans au
moins 50 circonscriptions, et le
nombre de parlementaires.

141
Il faut tout d’abord distinguer Un syndicaliste au sein de On peut participer sans être
les militants des adhérents. l’entreprise peut être membre : en effectuant
Les adhérents sont des personnes un simple salarié adhérent des dons ou en s’impliquant
affiliées à un parti politique, d’un syndicat. Mais il peut ponctuellement dans
car elles possèdent leur carte également disposer de mandats les actions de l’association.
du parti après avoir payé une précis, lui permettant de porter
On peut être un simple adhérent
cotisation, généralement d’un la parole du syndicat au sein
(on parle de « sociétaire »),
faible montant. Le militant de l’entreprise (délégué syndical,
qui se contente d’être à jour
est un adhérent actif. Ce qui membre du comité d’entreprise,
dans ses cotisations.
signifie qu’il accepte de faire délégué du personnel).
Cette participation très limitée
bénévolement un travail
correspond au désir d’être
de terrain et de participer à
simplement informé de l’activité
Participants la vie du parti (participer aux
de l’association et de
réunions, faire connaître les
l’encourager dans son action.
positions du parti, participer
aux activités lors des campagnes On peut ensuite s’engager
électorales). de manière plus importante
dans la vie de l’association,
en prenant directement
en charge les actions mises
en œuvre par l’association.
Enfin, on peut participer
aux organes dirigeants
de l’association.

142
chapitre Contrôle soCial
10 et dévianCe
la démarche du chapitre

La subdivision de ce chapitre en trois thèmes suit à la lettre les consignes du programme officiel.
– Il s’agit dans un premier temps de tenter de cerner la notion de contrôle social : en montrant d’abord
qu’il est consubstantiel de la notion même de société (une société ne peut exister sans qu’existent des
règles ; ces règles ne sont respectées que s’il existe des modalités de contrôle) ; en montrant ensuite qu’il
peut prendre des formes très diverses pour conduire les individus à l’obéissance ; et enfin que ces formes
ont fortement évolué, avec le développement de l’État, et plus récemment avec la multiplication des
nouvelles technologies.
– Dans un deuxième temps, on s’interroge sur la notion de déviance, inséparable de celle de contrôle
social, en cherchant successivement à la définir, à en appréhender les diverses formes, et enfin à en
expliquer les causes.
– Dans un troisième temps, on se penche sur la question de la mesure de la délinquance, en montrant
que la multiplicité des sources (police, justice, INSEE) doit amener à considérer les résultats chiffrés avec
prudence et rend indispensable un travail de nature sociologique.

pages 272-273   Découvrir – Facebook favorise la liberté d’expression : possi-


bilité de donner son avis sur un nombre infini de
Débattre
sujets, en touchant un public très large, de manière
1. Pauline pensait que sa vie privée était protégée, simple et rapide ; possibilité de recueillir des opi-
et strictement séparée de sa vie professionnelle. nions, des informations, de débattre en direct ; pos-
Elle a été choquée qu’on puisse, dans le cadre pro- sibilité de faire connaître son travail, ses talents,
fessionnel, obtenir des informations privées et très ses créations, etc.
anciennes la concernant.
– Facebook favorise le contrôle de la vie privée : une
Sa réaction témoigne d’une certaine naïveté (elle information postée sur ce site peut devenir facile-
n’ignorait pas le fonctionnement d’Internet en ment accessible à un grand nombre de personnes,
y déposant des informations privées), mais d’un de façon non contrôlée ; toute information publiée a
autre côté, son patron a fait preuve d’un manque une durée de vie très longue, peut être consultée par
de respect en franchissant la frontière vie privée/ n’importe qui (parents, amis, mais aussi employeur,
vie professionnelle. organisme commercial, politique, etc.) et peut très
2. Pauline a elle-même une attitude très ambiguë difficilement être effacée du réseau.
vis-à-vis de Facebook, puisque :
S’interroger
– d’une part, elle a renoncé à se désinscrire de
1. Marjane réagit instantanément à la sonnerie et
Facebook malgré les désagréments professionnels
veut se diriger vers son cours. C’est un comportement
encourus ;
qu’elle a intériorisé du fait de sa socialisation. Elle le
– d’autre part, elle serait prête à reproduire l’attitude fait automatiquement, cela lui semble « naturel ».
de son patron, qu’elle a pourtant vivement critiquée,
2. « Sécher » les cours et « faire le mur » sont des
si elle devait recruter elle-même un assistant.
comportements interdits. Marjane encourt très cer-
3. S’appuyer sur les réponses des élèves. On peut tainement une sanction de la part des autorités
également organiser cette question sous la forme scolaires, mais également des réprimandes ou une
d’un débat argumenté entre les élèves. punition de la part de sa famille.

143
3. Son envie de suivre ses amies est la plus forte Doc. 2B
car elle cherche à s’intégrer à ce groupe de pairs.
3. Apprentissages de la conformité pour la 1re/lutte
En outre, elle valorise cette attitude en soulignant
contre la non-conformité pour la 2e. Les mots-clés :
qu’elle est courageuse (« je ne suis pas une poule
Répression/déviance/sanction/réprobation/pression.
mouillée »). De plus, elle a déjà désobéi antérieu-
rement (manifestation), ce qui facilite sa décision. 4. Appareils institutionnels : police, justice, école.
Pression sociale : famille, amis.
S’exprimer
Doc. 3
1. Ces déclarations semblent totalement contra-
dictoires : certaines insistent sur la montée de la 1. Notre vie obéit à une série de contraintes très
délinquance des jeunes (Rachida Dati, André Vari- fortes et très nombreuses, qui concernent des
nard) ; les autres remettent en cause cette affirma- domaines aussi variés qu’inattendus, et qui ne nous
tion (Serge Portelli, Laurent Mucchielli). laissent finalement que peu de liberté. Cette vision
romancée, vraisemblablement exagérée, concerne
2. Il y a une grande difficulté à mesurer la délin-
de plus la société japonaise, plus réglementée que
quance, en raison notamment d’approches et
la nôtre. Malgré tout, notre vie est régentée par un
de modes de calculs différents selon le point de
ensemble de règles dont nous n’avons pas toujours
vue adopté (policier, juridique, sociologique). S’y
conscience.
ajoute un risque de manipulation des chiffres sur
des sujets aussi délicats : enjeux politiques, média- 2. Vie familiale (être mariée), normes esthétiques
tiques, etc. (thèmes traités aux pages 292 à 297). (poils), émotions (rire), besoins physiologiques
(uriner, manger, dormir), etc.
3. Pression sociale, déshonneur, honte.
pages 274-283   AnAlyse 1 4. Rôles à assumer auprès des parents, du groupe
de pairs, forte pression pour la réussite scolaire, etc
Comment le contrôle social  
(Réponses élèves).
s’exerce-t-il aujourd’hui ?
Doc. 4
pages 274-275    A. Qu’est-ce que le contrôle  1. Contrôle dans les transports, contrôle policier,
social ? achat par chèque, passer un examen, prouver son
Doc. 1 âge pour bénéficier d’une réduction, etc.
1. Notre comportement est contrôlé de multiples 2. Pour les individus, pas de confusion, de méprise
façons. Nous faisons l’objet de nombreuses obliga- possible (usurpation d’identité). Pour les échanges
tions et interdictions : lois (alcool au volant, inter- commerciaux, gage de sécurité de la transaction. Pour
diction de fumer dans les lieux publics) ; surveillance les autorités publiques, lutte contre la criminalité.
(caméra) ; pression sociale (santé, beauté) ; sanc-
3. Atteinte à la liberté individuelle (voir la cri-
tion ou récompense (réussite scolaire).
tique des contrôles d’identité policiers en France).
2. Selon les réponses des élèves, les orienter sur les Importance du fichage policier des citoyens dans
distinctions : norme sociale/norme juridique ; contrôle les dictatures.
externe/interne ; sanction positive/négative.
FAire le point
Doc. 2A
a. FAUX
1. Le contrôle social sert à assurer la conformité
Doc. 2 a : toute société doit se doter des moyens
du comportement des individus aux règles de la
d’obtenir une conformité des membres du groupe.
société. Sans règle, et sans respect de ces règles,
Doc. 2 b : « la règle ne s’applique pas sans diffi-
une société ne peut pas fonctionner.
culté. »
2. Des ressources matérielles : amende, arrestation,
emprisonnement (et punitions). Des ressources sym- b. FAUX
boliques : recevoir une bonne note, être complimenté Doc. 2 b : il s’exerce également par une pression
ou admiré pour être conforme aux normes esthé- diffuse des divers groupes auxquels appartient un
tiques et diététiques, etc. ou, à l’inverse, être rejeté. individu.

144
c. VRAI action une représentation. Pour bien la jouer, les
Doc. 1 : tabac, caméra surveillance, contraven- individus cherchent des informations qui permet-
tions, campagnes de sensibilisation, loi Evin, école. tent de situer leur(s) partenaire(s) d’interaction.
Doc. 4 : contrôle d’identité. Dès lors, l’acteur doit agir de façon à donner, inten-
tionnellement ou non, une expression de lui-même,
d. FAUX et les autres à leur tour doivent en retirer une cer-
Doc. 3 : il s’exerce aussi sur des domaines de la taine impression ».
vie émotionnelle et intime (rire, uriner), sur les
(Xavier Molénat, Sciences Humaines, Hors-Série
normes esthétiques, etc.
n° 42, septembre-octobre-novembre 2003)
e. VRAI 2. Ne pas contrôler son attitude corporelle (expri-
Doc. 2 b : cela peut entraîner une réprobation et mer sa fatigue, arrêter de sourire) et exprimer ses
des sanctions spontanées. émotions (ennui, énervement, déception). Il faut
Doc. 3 : cela peut entraîner le déshonneur. tenir son rôle, être conforme aux attentes sociales
(des maîtres de maison accueillants, détendus,
f. VRAI.
intéressés, etc.).
Doc. 4 : elle a été instituée par l’institution poli-
cière, et lui permet de recueillir des données sur 3. Avoir apporté un cadeau trop modeste ou au
les citoyens. contraire exagérément somptueux, ne pas avoir
adopté le bon code vestimentaire, ne pas réussir
à s’intégrer à une conversation, avoir une parole
pages 276-277    B. Dans quels cadres le contrôle  déplacée.
social s’exerce-t-il ? 4. Pas d’obligation légale ou juridique. Il s’agit de
Doc. 1 contrôle social informel. On cherche à contrôler
1. Justice : peine de prison, amende. Police : l’image que l’on souhaite donner de soi (être fidèle
contrôle d’identité ; contravention. Église : excom- à sa réputation, tenir son rang, etc.).
munication.
Doc. 4
2. Famille : remarques sur une tenue vestimen-
taire. Lycée : encouragement oral d’un professeur ;
1. Chacun, collègue ou supérieur hiérarchique, peut
observer ses voisins, ce qui incite à adopter une
remarque sur une attitude déplacée. Transports en
attitude conforme aux attentes professionnelles
commun : regards insistants portés sur un passager
(efficacité, ponctualité, discrétion, etc.).
qui hurle au téléphone ou écoute sa musique trop
fort, qui ne se lève pas pour céder sa place à une 2. Les deux :
personne âgée, etc. – Formel : Être sous le regard des responsables hié-
3. Contrôle social formel : la sanction est impéra- rarchiques, qui peuvent contrôler facilement l’état
tive, coercitive et matérielle ; mais aussi imperson- d’avancement du travail, le degré de concentration,
nelle (identique quel que soit l’individu qui enfreint la durée des pauses, etc.
la règle). Contrôle social informel : sanction d’ordre – Informel : Être sous le regard des autres collègues,
symbolique, qui touche à l’honneur, la réputation, qui peuvent observer le moindre geste de leurs voi-
la place de chacun au sein du groupe. sins, faire circuler des rumeurs. La transparence du
lieu et la promiscuité qu’elle induit nécessitent de
Doc. 2 contrôler son comportement et ses émotions en
1. Tribunal d’instance. 2. Tribunal des prud’hommes. permanence (répondre au téléphone sans faire trop
3. Tribunal correctionnel. 4. Tribunal de commerce ou de bruit, ne pas s’énerver sur un dossier, etc.).
tribunal d’instance. 5. Tribunal de grande instance.
FAire le point
Doc. 3 • Le lycée est un lieu de contrôle social formel :
1. Mots-clefs : mise en scène ; rôle ; décor ; scène ; – Obtention d’un diplôme qui valide des compé-
coulisses ; représentation tences officiellement reconnues (ouvre un droit à
« Goffman file pour cela la métaphore dramatur- un certain statut).
gique : le monde social est un théâtre, et l’inter- – Règlement intérieur qui fixe des codes de

145
comportement impératifs (vestimentaire, par Doc. 3
exemple).
1. Au processus de socialisation.
– Obligation d’assiduité et de ponctualité, véri-
fiées par la note de Vie Scolaire. 2. Le contrôle social serait très insuffisant s’il
n’opérait que par la sanction. Il ne peut être pure-
– Bien se tenir en classe.
ment externe ; il doit également s’exercer par des
– Nombreuses sanctions à la clef (rapport d’inci-
moyens internes (socialisation, qui permet une
dent, heure de colle, exclusion temporaire ou défi-
intériorisation des règles).
nitive, suspension des allocations familiales, etc.).
3. Très souvent, nous nous conformons aux rôles
• Le lycée est un lieu de contrôle social informel : prescrits par la société parce que nous les avons
– Contrôle des pairs sur les codes vestimentaires. intériorisés : être un bon père (doc. 2) ; être un élève
– Dans les couloirs et dans la cour, savoir à qui attentif, etc. De même, nous observons par habi-
dire bonjour et de quelle manière (amis, simple tude les règles de la pudeur (codes vestimentaires,
connaissance, professeur, proviseur, etc.). manières de table, attitude sur la plage, etc.).
– Émulation entre élèves pour obtenir les meilleurs
résultats. Doc. 4
– Inversement, refus de coopérer en cours par soli- 1. Les femmes ne doivent pas être en mouvement,
darité avec les camarades, pour ne pas « fayoter ». ou alors de manière lente et discrète. Les hommes
– Ne pas prendre la parole par crainte des moque- doivent avoir un regard « glissant » qui n’évite ni
ries. ne fixe les seins nus.
2. Ces codes appellent un contrôle très poussé des
pages 278-279    C. Par quels processus obtient- moindres gestes. Chacun doit être en pleine maî-
on l’obéissance aux règles ? trise de son corps et de son regard. Chacun doit
avoir intériorisé précisément toute la subtilité de
Doc. 1
ces codes.
1. Sans l’existence de sanctions, il pourrait être
3. Proximité des serviettes. Faire voler du sable.
éventuellement tentant de : prendre un sens inter-
Parler trop fort (portables, musique)…
dit en vélo, se garer en double file, ne pas faire
systématiquement ses devoirs scolaires, etc. 4. L’équilibre de la plage repose sur un respect
strict des codes. Si hommes ou femmes y dérogent,
2. Dissuasion générale : concerne les non-délin-
par un regard ou un mouvement déplacé, la situa-
quants pour les empêcher d’enfreindre la loi. La
tion devient incommodante pour tout le monde et
sanction donne de la crédibilité à l’interdiction.
doit prendre fin (les femmes se couvrent).
Dissuasion spéciale : concerne les délinquants pour
les empêcher de récidiver. La sévérité et la proba-
FAire le point
bilité de la peine doivent leur inspirer une crainte.
3. Quand la police est en grève, la criminalité est a. 1 ou 3 – b. 2 – c. 4 – d. 1 ou 3 – e. 4 – f. 2 –
en hausse. g. 1 ou 3

Doc. 2
pages 280-281    D. Quelle évolution des formes 
1. Un rôle est constitué par un ensemble de com-
du contrôle social ?
portements attendus dans une situation donnée.
On attend par exemple d’un père qu’il protège ses Doc. 1
enfants, qu’il ait de l’autorité sur eux, qu’il les 1. Contrôle social informel. Il était puissant car les
aime, etc. individus étaient en permanence sous le regard des
2. Moqueries, mise à l’écart, rejet. groupes primaires (famille, voisin, patron, curé).
3. Déroger aux codes de politesse (tutoyer un adulte 2. Il a développé d’autres formes de solidarité
qu’on ne connaît pas ; incommoder ses voisins dans (État-providence) et d’autres formes de contrôles
les transports avec une conversation téléphonique, sociaux (multiplication des lois), qui sont venues
etc.). Cela peut entraîner en retour une réprimande, remplacer celui des groupes primaires.
une mise à l’écart, des regards réprobateurs, etc. 3. Les individus se sentent de plus en plus maîtres

146
de leur destin, recherchent leur bonheur indivi- nalisées par un emploi du temps précis : découpage
duel et échappent donc en partie au contrôle des horaire, sonneries, 8 heures par jour, 5 ou 6 jours
groupes primaires. par semaine.
3. Le « panopticon » et l’open space ont en com-
Doc. 2
mun une surveillance directe et instantanée de l’ac-
1. Lois qui illustrent la phrase soulignée dans le tivité de chacun.
texte. Mais il existe des différences entre les deux. Le
1935 : Interdiction des châtiments corporels, panoptique instaure le sentiment que l’on est sur-
défense de l’intégrité corporelle. veillé par quelqu’un sans savoir si on l’est vraiment,
1972 : Égalité des droits entre enfants (droit de sorte qu’on intériorise ce sentiment à chaque
d’aînesse, enfants naturels) instant. L’open space met en place la surveillance
2002 : Prise en compte de la parole de l’enfant, de de chacun par chacun (et non plus seulement des
son avis. surveillés par le surveillant). Parfois, ils peuvent
même observer les surveillants (disons les diri-
L’enfant devient un « sujet à part entière », il
geants, la source – supposée – du pouvoir et de
n’est plus totalement subordonné à l’autorité des
l’autorité), chose impossible avec le panoptique.
parents. L’État lui confère des droits, qui passent
outre l’autorité parentale. De plus, dans certaines Globalement, cela confirme l’analyse de Michel
occasions, on lui donne la parole, on écoute son Foucault sur la société de surveillance : le contrôle
avis (maltraitance, divorce). rationalisé des comportements s’exprime dans l’en-
treprise comme dans les prisons. Voir également
2. L’État peut intervenir dans le cadre le plus privé
le développement de la vidéosurveillance dans les
qui soit, la cellule familiale, ce qui remet donc en
villes, qui va dans le même sens.
cause la traditionnelle toute-puissance des parents
sur leurs enfants. Il peut par exemple, depuis Doc. 4
2006, suspendre le droit des familles aux alloca-
tions familiales, si les parents ne font pas respecter
1. D’une part, le contrôle social informel s’exerce
facilement du fait de « l’interconnaissance » : les
l’obligation d’assiduité scolaire.
gens se connaissent et échangent facilement des
Doc. 3 informations sur les uns et les autres, comme dans
un village traditionnel. D’autre part, l’organisation
1. • En usine : des règles vestimentaires strictes
spatiale (hautes tours) assure une forte visibilité
(bleu de travail, chaussures de sécurité, lunettes de
sur l’ensemble des espaces publics.
protection…), des gestes codifiés à respecter dans
le processus de production (Organisation Scienti- 2. Les grands frères se veulent les garants de l’hon-
fique du Travail, parcellisation des tâches). neur de la famille et du respect des traditions. Pour
cela, ils cherchent à exercer une forte pression sur
• En famille : obligation de s’habiller décemment,
la moralité et la réputation des filles.
de se tenir bien à table, de respecter les codes d’hy-
giène corporelle. Interdiction de certains gestes 3. Dans une certaine mesure, ce document confirme
impolis (coudes sur la table autrefois, doigts dans l’idée d’un contrôle social généralisé, qui porte
le nez, posture « affalée », etc.) aussi sur l’intime, et qui s’appuie sur un contrôle
spatial.
• En caserne : règles disciplinaires strictes et uni-
formisation des corps (même tenue, même coupe Cependant, il montre surtout que, malgré l’insti-
de cheveux, même attitude corporelle – garde à tutionnalisation du contrôle social, celui-ci reste
vous –, mêmes rations alimentaires, même équipe- encore largement présent dans les groupes de pairs,
ment, etc.). de manière informelle.
2. Au lycée, les élèves sont assignés pour chaque
FAire le point
heure dans un lieu précis (salle de classe) selon
une organisation précise (plan de classe éventuel- Le contrôle social a connu depuis plusieurs
lement, déplacements pour bavardage si besoin) siècles une évolution notable, puisque le contrôle
selon le rang de chacun (classe de seconde, de social informel, traditionnellement exercé par
première, de terminale). Les activités sont ratio- les groupes primaires, a peu à peu laissé place à

147
un contrôle social formel exercé par les groupes cartes de paiement, cartes de fidélité. Se déplacer :
secondaires. En effet, le contrôle social a connu cartes de transport à puce. S’informer/se divertir :
une institutionnalisation, il s’est spécialisé et est téléphone portable, ordinateur.
désormais largement le fait de l’État. Si les com- 2. • Le fichage consiste à répertorier toutes les per-
portements non-conformes peuvent toujours sonnes qui partagent une même caractéristique. Par
faire l’objet aujourd’hui d’une réprobation par les exemple, certaines entreprises vendent leur fichier
groupes primaires, l’État s’est doté d’un arsenal de clients à d’autres entreprises de produits simi-
de sanctions juridiques pour faire appliquer ses laires ou complémentaires. En 2003, par exemple,
règles. la Cnil (Commission nationale de l’informatique et
des libertés) s’est inquiétée de la mise en place
par la RATP des cartes à puce de type Navigo. En
pages 282-283    E. L’impact des nouvelles  effet, selon elle, « les traitements automatisés mis
technologies : une société   en œuvre pour assurer le bon fonctionnement de
sous surveillance ? ces titres billettiques créent un risque sérieux en
Doc. 1 matière de protection des données personnelles. En
1. Les caméras en temps réel (live cam) permettent effet, les déplacements des personnes utilisant ces
à des individus de se voir et de se parler à grande cartes peuvent être reconstitués et ne sont plus
distance, ce qui entretient une plus grande force anonymes, ce qui est de nature à porter atteinte
du lien social. D’un autre côté, leur multiplication, tant à la liberté, fondamentale et constitution-
éventuellement à l’insu des citoyens, représente un nelle, d’aller et venir, qu’au droit à la vie privée qui
élément accru de surveillance dans nos sociétés et, constitue également un principe de valeur consti-
à ce titre, constitue une atteinte aux libertés indi- tutionnelle ».
viduelles. • Le profilage consiste à établir le « profil » d’un
L’application « plaques d’immatriculation » peut individu en accumulant des informations sur lui, ou
également favoriser le lien social, en permettant de en comparant son comportement à celui d’autres
rendre service à un automobiliste étourdi (phares personnes. Par exemple, sur le plan commercial,
allumés, animal dans la voiture, etc.), mais elle lorsqu’on effectue un achat en ligne sur un site
peut de même multiplier les atteintes à la tranquil- commercial, ce site nous propose les autres achats
lité et à la liberté individuelle (harcèlement publi- effectués par ceux qui se sont procuré ce même
citaire, messages d’insulte, etc.). article. De même, en fonction des caractéristiques
2. Au-delà de l’usage policier (qui permet de témoi- affichées sur votre profil Facebook (sexe, âge, pro-
gner des déplacements de personnes inculpées), fession, activités, etc.), vous pourrez être l’objet de
l’accès aux images d’une caméra de surveillance publicités ciblées.
permet de localiser une personne qui, sans contre- • Le traçage consiste à établir l’itinéraire d’un indi-
venir aux lois, ne souhaite pas que l’on surveille vidu, que ce soit dans l’univers physique ou dans
ses faits et gestes. Un conjoint ou un employeur l’univers virtuel. Dans l’univers physique, un achat
par exemple pourrait avoir accès à des informations par carte bleue, l’utilisation d’une carte de trans-
qui ne le regardent pas. Des parents peuvent éga- port à puce, ou encore un appel sur notre téléphone
lement surveiller leurs enfants et avoir accès à leur portable, peuvent, si besoin, permettre de recons-
intimité. tituer notre emploi du temps. De même, dans l’uni-
3. Les conséquences de ces nouvelles technologies vers virtuel, il est possible de connaître les horaires
sur la vie privée peuvent être contradictoires : d’un de connexion d’un individu à tel ou tel site. Ainsi,
côté, elles peuvent améliorer le confort et la convi- en avril 2011, l’entreprise Apple a été poursuivie
vialité des usagers, mais d’un autre côté, elles peu- en justice pour avoir conservé dans ses fichiers les
vent aussi aller à l’encontre des libertés individuelles données de localisation de ses clients possédant
en soumettant l’individu à un contrôle permanent. un I-phone.
3. Les usages économiques sont aujourd’hui les
Doc. 2 plus répandus et les plus évidents : cela permet
1. Communiquer : appeler sur son téléphone por- aux entreprises qui détiennent ces informations de
table ; envoyer un mail, un SMS, etc. Consommer : procéder à des publicités ciblées, qui prennent en

148
compte les caractéristiques socio-économiques et largement sur la diffusion massive d’images et de
les habitudes d’achat des internautes. Sur le plan vidéos pour dénoncer des actes répréhensibles. Plus
politique, ces nouvelles technologies peuvent être récemment, la mobilité de l’Internet permise par les
d’une aide précieuse pour les forces de police dans nouveaux téléphones portables permet de déclen-
la recherche d’un individu jugé dangereux. Cepen- cher très rapidement des mobilisations collectives
dant, on peut également imaginer des usages poli- dans les lieux publics, comme les flashmobs.
tiques dans des régimes qui ne respecteraient pas 3. L’efficacité des flashmobs vient du fait qu’elles
les principes démocratiques : fichage des personnes permettent de réunir un très grand nombre de per-
ayant signé une pétition sur Internet, surveillance sonnes (diffusion très large de l’information) et
systématique des opposants au régime, etc. qu’elles s’appuient sur une information qui se dif-
fuse quasi instantanément (déclenchement rapide
Doc. 3 d’un événement). D’où un effet qui peut être spec-
1. Dans les sociétés traditionnelles, le contrôle taculaire. À cela s’ajoute une dimension souvent
social reposait principalement sur les groupes pri- ludique qui séduit aussi par sa nouveauté.
maires, composés d’individus qui se côtoyaient, Pour aller plus loin sur ce thème :
voire partageaient la même vie (famille, groupe reli- – Réfléchir sur la place des nouvelles technologies
gieux, voisinage, etc.). Ce contrôle social était donc dans les révoltes arabes de 2011.
d’une certaine manière « incarné » par des individus – Voir l’article du journal Le Monde, daté du mardi
(le père, le grand frère, la voisine, le prêtre, etc.), et 22 février 2011 : « Les révoltes arabes sont-elles des
donc facilement identifiable. À l’inverse, les caméras « révolutions 2.0 » ?
de surveillance sont largement invisibles. L’individu
ne sait jamais s’il est observé ou non. FAire le point
2. Le « conformisme anticipatif » repose sur un prin- S’appuyer sur les réponses des élèves et travailler
cipe d’autocensure des individus. Se sachant sur- sur ce qu’est une argumentation.
veillés, les individus vont « s’autocontrôler » (voir
doc. 4 p. 279), et s’abstenir de tout comportement
déviant. Leur comportement sera « exemplaire » par pages 284-291  AnAlyse 2
crainte de laisser paraître la moindre faille qui pour-
rait lui être reprochée. Par exemple, sur le lieu de Quels sont les processus  
travail, un individu ne se permettra pas de pause ou qui conduisent à la déviance ?
de coup de téléphone personnel.
3. Les caméras de surveillance sont placées de pages 284-285    A. Qu’est-ce que la déviance ?
manière à ne pas forcément être visibles. Les indi- Doc. 1
vidus ne savent donc pas s’ils sont observés ou
non, ni par qui ils le sont le cas échéant. Cela rend 1. L’auteur distingue quatre formes de déviance :
leur défense face à une accusation très difficile. La les manquements à la bienséance, la politesse,
liberté individuelle est donc doublement atteinte, l’honneur ; les atteintes à la propriété privée ; les
parce que les individus sont surveillés et parce que atteintes à l’intégrité physique ; les atteintes à
leur droit à la défense est entamé. l’ordre public.
2. • Les manquements à la bienséance : Renverser
Doc. 4 volontairement du chocolat fondu sur une moquette
blanche ; chahuter en classe ; oublier de fêter l’an-
1. Un cyberactiviste est un militant qui s’appuie
niversaire d’un proche ; tricher dans une partie de
sur Internet pour diffuser ses opinions et tenter de
dominos entre amis ; se moucher au milieu d’un
mobiliser d’autres militants autour de la cause qu’il
concerto de violon.
défend.
• Les atteintes à la propriété privée : commettre un
2. Dans les années 1990, l’activisme sur Internet
hold-up dans un bureau de poste.
était principalement le fait de hackers qui cher-
chaient à pirater ou à bloquer des sites désignés • Les atteintes à l’intégrité physique : tuer son voisin.
comme nuisibles. Dans les années 2000, grâce à • Les atteintes à l’ordre public : s’adonner au com-
la technologie du peer to peer, l’activisme s’appuie merce de stupéfiants.

149
Cependant, le chahut en classe peut éventuelle- des cas, il constitue simplement une infraction
ment dégénérer en atteinte à l’intégrité physique aux règles de la bienséance (au restaurant, dans
(un élève en frappe un autre). Le hold-up est une les transports publics, au cinéma, etc.).
atteinte à la propriété privée, mais il constitue
également un trouble à l’ordre public, et éventuel- Doc. 3
lement une atteinte à l’intégrité physique s’il se 1. La première image nous présente l’alcool sous
double d’une prise d’otage, etc. une dimension purement festive, comme étant un
3. Un acte sera considéré comme déviant si deux ingrédient indispensable à la fête, permettant de
conditions sont réunies : il existe une norme se laisser aller, de se sentir bien. La seconde image
concernant ce type de comportement ; il existe une est une campagne de prévention contre l’alcool qui
sanction admise et connue pour le cas où la norme nous met en garde contre les excès des fêtes alcoo-
n’est pas respectée. lisées et les risques pour la santé qui en découlent.
L’alcool occupe donc une place paradoxale dans
Doc. 2 notre société : sa consommation est autorisée,
1. La déviance est un écart à la norme telle que légale, voire valorisée dans certains cas, mais elle
la définit le groupe social, un décalage vis-à-vis donne lieu à des possibilités de dérives, à des pra-
des attentes de la société, mais cela n’engage pas tiques réprouvées, voire dangereuses.
forcément de sanction juridique. Ce qui est consi- 2. • La consommation d’alcool peut être une pra-
déré comme déviance est défini collectivement par tique déviante non délinquante : elle peut provo-
le groupe, et non par la loi. quer une certaine désinhibition, qui elle-même
2. • Concernant la déviance : la sanction n’est pas peut conduire à l’oubli des règles élémentaires de
forcément juridique (étonnement, désapproba- savoir-vivre (discrétion, respect de l’autre, etc.) ;
tion) ; c’est un phénomène subjectif et difficile- l’alcoolisme (dépendance à l’alcool) entraîne fré-
ment mesurable. quemment des difficultés à s’insérer dans la société
(trouver un travail, développer des relations de
• Concernant la délinquance : la sanction est for-
sociabilité, éduquer ses enfants, etc.), et peut
cément juridique (amende, incarcération) ; c’est un
mener à un rejet hors du groupe.
phénomène objectif et mesurable. (Idée à nuan-
cer par ailleurs, voir Analyse 3 sur la mesure de la • La consommation d’alcool peut constituer une
délinquance, pages 292 à 295.) pratique délinquante : l’absorption d’alcool favorise
certaines conduites à risque : bagarres, infractions
3. De manière générale, la déviance englobe la
routières, etc.
délinquance. La délinquance est une sous-caté-
gorie de la déviance, celle qui est sanctionnée de Doc. 4
manière juridique.
1. Selon Durkheim, le crime est « normal » au sens
4. Exemples d’actes déviants qui ne sont pas délin-
où il est universel : il n’y a pas de société sans crime.
quants : arriver en retard au travail, ne pas attendre
Il a recours à une démonstration par l’absurde :
que tout le monde soit servi pour commencer à
aucune société ne peut être parfaite au point que
manger, éclabousser des piétons avec sa voiture
jamais personne ne déroge à aucune règle. Même
(exemples du texte), mais aussi tutoyer une per-
dans une société « parfaite », le moindre écart
sonne inconnue et plus âgée que nous, s’habiller de
deviendrait alors un crime.
manière excentrique, etc.
2. Le crime est le signe qu’un comportement diffé-
exercice rent est envisageable. Il ouvre donc la voie à une
possible transformation des normes.
1. Ce logo indique une norme sous la forme d’une
3. Nicolas Copernic (1473-1543) est l’un des pre-
interdiction : l’interdiction formelle de garder son
miers à s’être opposé au dogme chrétien selon lequel
téléphone portable allumé dans certains lieux.
le soleil tournait autour de la terre, ouvrant la voie
2. Enfreindre cette règle peut me valoir une sanc- à l’idée de l’héliocentrisme. En 1971, 343 femmes
tion juridique (notamment au volant d’une voi- connues annoncent publiquement qu’elles ont eu
ture, mais également dans les hôpitaux ou lors du recours à un avortement, et signent un manifeste
décollage d’un avion). Cependant, dans la plupart demandant la légalisation de l’avortement.

150
FAire le point 2005 : obligation du conducteur de s’assurer que
tous les mineurs transportés ont attaché leur cein-
Comportement
ture de sécurité.
Conforme Déviant Délinquant 2005 : implantation de radars supplémentaires.
2. 6. 1. 3. 5. 3. Plusieurs raisons expliquent cette évolution :
l’évolution des pratiques (la forte hausse du nombre
9. (en France 4. (risque 8.
de consommateurs de cannabis rend ce type de
aujourd’hui). de sanction
interne, mais comportement moins déviant) ; les progrès scien-
10. (en France tifiques (l’identification d’une moindre dangerosité
ce n’est pas
aujourd’hui). du cannabis permet de modifier son classement
une infraction
juridique.) dans la hiérarchie des comportements déviants) ;
5. 7. 8. l’évolution des représentations (on considère
aujourd’hui qu’il faut cibler un risque zéro sur la
route, ce qui accentue le degré de déviance de
ce type de comportement) ; les innovations tech-
pages 286-287    B. Les multiples formes  niques (les voitures de plus en plus puissantes, les
de la déviance téléphones portables, etc. contribuent à rendre la
Doc. 1 conduite plus dangereuse).

1. A priori oui : cette personne a un comportement Doc. 3


déviant puisqu’il est interdit de fumer dans un lieu
public. Pour le confirmer, il faudrait cependant
1. L’euthanasie est un acte visant à mettre un
terme à la vie d’un individu pour lui éviter des souf-
connaître le pays (France ?) et la date (avant ou
frances alors qu’il ne peut le faire par lui-même, ce
après le 1er janvier 2008 ?).
qui revient concrètement à lui donner la mort. Or,
2. La déviance est un phénomène variable dans la c’est l’un des interdits les plus puissants et univer-
mesure où elle est plus ou moins fortement répri- sels de nos sociétés, adossé aux valeurs religieuses
mée selon qu’il s’agit d’une norme sociale ou d’une (le commandement chrétien « tu ne tueras point »
norme juridique (cf. doc. 2 et 3 pp. 284-285). Elle auquel s’ajoute l’interdiction du suicide).
varie selon les groupes sociaux (qui partagent les
normes sociales « à des degrés divers » ; cf. doc. 4
2. L’euthanasie est interdite en Italie ; elle est
légale en Belgique, tandis qu’en France c’est une
p. 287). Elle varie selon les sociétés (cf. doc. 3
pratique tolérée dans le cas de l’euthanasie passive,
p. 287). Elle varie selon la période historique : une
qui consiste à laisser mourir une personne, en limi-
déviance n’est valable dans une société qu’« à un
tant ou supprimant son traitement médical.
moment donné de son histoire » (cf. doc. 2 p. 286).
3. D’une part, on observe que, sur un sujet aussi
Doc. 2 central que le fait de pouvoir donner la mort, les
1. • Idée principale : ce qui est considéré comme législations en Europe sont très variables. Ce qui
crime varie au cours de l’histoire. peut être assimilé à un crime au Royaume-Uni est
un comportement légal en Belgique.
• Idées secondaires : certains crimes disparaissent
D’autre part, on remarque que certaines pratiques
(dépénalisation) ; mais le cas le plus fréquent est
ne sont pas légalisées mais « tolérées » : en France,
celui de l’apparition de nouveaux crimes.
l’euthanasie est une pratique illégale mais contre
2. 2003 : aggravation des sanctions pour non-port de laquelle on n’engagera pas de poursuites (dans la
la ceinture de sécurité et du casque (retrait de trois plupart des cas). Autrement dit, on peut admettre
points du permis au lieu d’un point) ainsi que pour que certaines lois puissent ne pas être appliquées.
l’usage du téléphone portable (retrait de deux points).
2003 : retrait de six points du permis de conduire Doc. 4
pour la conduite avec un taux d’alcoolémie compris 1. • Un faux en bilan consiste à falsifier les comptes
entre 0,5 et 0,8 g/l de sang. d’une entreprise, soit pour frauder le fisc, soit pour
2004 : aggravation des sanctions pour les excès de en donner une image plus flatteuse auprès des
vitesse de 50 km/h. actionnaires.

151
• La corruption est l’utilisation abusive d’un pouvoir à exemple des sociétés à l’activité fictive, qui génè-
des fins privées. Par exemple, un individu va offrir une rent des profits fictifs.
rétribution à une personne qui a du pouvoir (homme 2. Les « cols blancs » désignent les cadres, par
politique, homme d’affaire, arbitre, juge, etc.) pour opposition aux ouvriers, qui sont des « cols bleus ».
que ce dernier utilise ce pouvoir à son service. Sutherland définit la « criminalité en col blanc »
• Le blanchiment d’argent sale est le fait de réin- comme la criminalité commise dans le cadre de leur
jecter de l’argent issu d’activités illicites (trafic de profession par des personnes de rang social élevé
drogues, trafic d’armes, proxénétisme, etc.) dans qui auraient calqué leur comportement sur celui
des circuits économiques classiques, en créant par des voleurs professionnels.

FAire le point
Conforme (C) ou Déviant (D) ? Oui (O) ou Non (N) ?

C. Y a-t-il des D. Y a-t-il


A. Autrefois B. Aujourd’hui
Exemples : différences selon des différences
en France en France
les milieux sociaux ? selon les pays ?

1. Attaquer
D D N N
une banque
2. Mariage
D D O O
homosexuel

3. Consommation
de tabac dans C D N O
un lieu public

4. Tenir un
C D O O
propos raciste
5. Défendre
l’égalité entre
D C O O
hommes
et femmes

6. Avortement D C O O

pages 288-289    C. Quelles sont les causes  tain sens, c’est une profession. Il semble donc légi-
sociales de la déviance ? time que cette activité de vol permette de gagner
Doc. 1 de l’argent.
1. Le narrateur accepte de devenir complice de
voleurs, non pas parce qu’il recherche la transgres- Doc. 2
sion pour elle-même, mais par la volonté d’obtenir 1. Gérard Mauger considère dans ce texte que la
respect et argent. délinquance provient avant tout d’une insuffisante
2. Djamel joue le rôle d’un grand frère pour Kevin : insertion/intégration dans les groupes sociaux
il l’initie, le guide dans son apprentissage. En bref, « ordinaires », qui peut se manifester par exemple
il participe à sa socialisation. par une instabilité et un dénuement familial, par
3. La dernière phrase présente un paradoxe, dans le l’échec scolaire, ou encore par le chômage.
sens où il s’agit d’un adage classique, mais inversé. 2. Les bandes représentent une seconde famille,
Tout effort mérite récompense. Or, le narrateur en ce sens elles sont à l’origine d’un processus de
considère que voler représente un effort, en un cer- socialisation.

152
La socialisation par les institutions « ordinaires » • Le ritualiste : un bureaucrate scrupuleux ; un mili-
(famille et école notamment) a en partie échoué. taire obéissant.
Ces jeunes ont donc cherché ailleurs des normes • L’évadé : un SDF ; un ermite.
dans lesquelles ils puissent se reconnaître et être
• Le rebelle : un résistant dans la France occupée ;
valorisés (recherche d’une identité). Ils connaissent
un militant écologiste.
une resocialisation dans un groupe « déviant », la
bande. 3. Oui, la théorie de Merton s’applique au jeune
Kevin (doc. 1). Il s’inscrit dans le cas de l’inno-
3. Finalement, contrairement à l’idée selon laquelle
vateur : il partage les buts socialement valorisés
la délinquance exprimerait un manque de socialisa-
(s’enrichir, être respecté), mais ne pouvant les
tion, elle peut se comprendre comme une forme de
obtenir légitimement, il s’adonne au vol.
socialisation alternative, rencontrée dans les bandes,
lorsque la socialisation « ordinaire » a échoué. 4. L’inadéquation entre valeurs et moyens est carac-
téristique d’une situation d’anomie. Les règles ne
Doc. 3 sont pas assez fortes pour contenir le désir illimité
des individus face aux buts valorisés par la société
1. Si chacun suivait ses désirs, la vie en société (cas de l’innovation).
serait impossible. La vie en groupe suppose que
chacun reconnaisse et respecte l’existence, les FAire le point
droits et les désirs d’autrui. Ce qui limite inélucta-
blement ses propres désirs. A priori oui : par définition, le déviant ne respecte
pas les normes, qui s’appuient sur les valeurs col-
Cf. l’article IV de la Déclaration des Droits de
lectives. En effet, il n’est pas suffisamment inté-
l’homme et du citoyen de 1789 : « La liberté
consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas gré aux différentes instances de socialisation. De
à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de plus, l’individu déviant va chercher à reconstituer
chaque homme n’a de bornes que celles qui assu- un collectif porteur de normes et valeurs qui lui
rent aux autres Membres de la Société, la jouis- sont propres ; c’est-à-dire une socialisation délin-
sance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent quante. Pourtant, pour Durkheim, c’est l’insuffi-
être déterminées que par la Loi. » sance du contrôle social, l’affaiblissement de la
2. Voir encadré de définition de l’anomie. régulation sociale dans nos sociétés modernes et
individualistes qui génère de l’anomie et laisse
3. Dans un état d’anomie, les règles et valeurs col-
place à la déviance. Pour Merton, il peut y avoir
lectives exercent une moindre pression sur les indi-
une adhésion aux valeurs mais sans les moyens
vidus, par conséquent, les désirs individuels sont
adéquats : notre société suscite des désirs que tout
moins limités, moins contrôlés, ce qui facilite la
transgression des règles. le monde n’a pas les moyens de combler.
4. Dans nos sociétés modernes, le contrôle social
est affaibli par la montée de l’individualisme, cha- pages 290-291    D. Comment un individu 
cun se sent maître de son destin et occupe une devient-il déviant ?
multiplicité de statuts, ce qui étend le champ des Doc. 1
possibles. 1. Selon E. M. Lemert, « ce n’est pas la déviance
De plus, le développement de la société de consom- qui crée le contrôle social mais le contrôle social
mation engendre une démultiplication des objets à qui crée la déviance ».
désirer. De fait, la thèse traditionnelle affirme que c’est
parce qu’il y a des déviants qu’il faut du contrôle
Doc. 4 social. À l’inverse, E. M. Lemert défend la thèse
1. Selon Merton, « la déviance correspond à une selon laquelle c’est parce qu’il y a des normes et du
non-concordance entre les buts culturellement contrôle que certains, qui ne s’y conforment pas,
valorisés par la société et les possibilités d’accès sont considérés comme déviants.
aux moyens légitimes pour les atteindre ». 2. Une déviance primaire devient une déviance
2. • L’innovateur : la mafia ; un habitué des casinos secondaire quand l’acte de transgression est repéré
et jeux de course. et désigné comme tel par des institutions spéciali-

153
sées (police, médecins, etc.). Exemples : quelqu’un s’appropriant et en revendiquant les comporte-
qui boit régulièrement de l’alcool ne devient ments qu’on leur assigne : bruyants, désinvoltes,
déviant que si un médecin ou un policier le qualifie etc. C’est ce que les sociologues désignent comme
d’alcoolique ; un individu qui ne déclare pas tous un « retour du stigmate ».
ses revenus aux impôts et qui est repéré par les 3. La déviance est produite par une série d’inter-
services de fraude fiscale ; un élève qui triche à un actions ; elle résulte d’un cercle vicieux ou encore
examen et qui est sanctionné. d’une « prophétie auto réalisatrice » (voir Outsi-
3. Lorsqu’un individu est repéré comme déviant, ders, de Becker pages 57-59) :
désigné comme tel par la collectivité, il peut s’en- La stigmatisation d’un groupe de personnes pro-
suivre une modification de son identité. voque une réappropriation du stigmate par ce
groupe, qui vient à son tour confirmer et renforcer
Doc. 2
le stigmate.
1. Un déviant est une personne qui a été étiquetée
comme déviante, qui a été désignée comme telle Doc. 4
par les groupes sociaux qui créent les normes. 1. Les « entrepreneurs de morale » sont ceux qui
2. Les « étiquettes » imposées aux jeunes en créent de nouvelles normes : groupes de pression,
« galère » par l’école correspondent à des images associations, législateurs, etc. Mais aussi ceux qui
négatives : « incapacité, absence de volonté, font appliquer les normes : police, justice.
bêtise », etc. De plus, les stéréotypes liés au quar- 2. La phrase soulignée reprend « l’inversion du
tier peuvent concerner une supposée fainéantise, regard » vue dans le document 1 page 290. Puisque
insouciance, impolitesse, etc. ce sont les entrepreneurs de morale qui créent et/
3. Ces étiquettes qui leur sont imposées, les jeunes ou activent la règle (et parmi eux l’institution judi-
en « galère » se les réapproprient, se considérant ciaire), ce sont également eux qui désignent, et
eux-mêmes comme fainéants, « pas doués », etc. donc en quelque sorte produisent, les déviants.
Ceci devient une part de leur identité. Cette inté- D’où le paradoxe de cette dernière phrase selon
riorisation, nous dit François Dubet, est renforcée lequel la justice produit les déviants alors qu’elle
par le discours de l’école : puisque le système sco- est chargée de les combattre.
laire affirme se mobiliser pour favoriser la réussite 3. Pour que l’on puisse parler de « carrière délin-
de tous les élèves, alors ceux qui échouent sont quante », il faut tout d’abord que soit posée une
forcément responsables de leur échec. première transgression, puis que cette transgres-
4. Ce dessin nous montre un jeune qui se réappro- sion soit répétée. L’individu est alors étiqueté et
prie les stéréotypes pour les appliquer à sa propre acquiert une identité déviante.
situation : du fait de son appartenance à un quar-
tier de banlieue, il s’imagine un avenir de « galère » FAire le point
(échec scolaire, chômage, exclusion, etc.). Ce type Un individu qui commet un acte de déviance
de prédiction s’avère souvent auto-réalisatrice : à primaire ne devient pas forcément délinquant
quoi bon fournir des efforts si l’on se sent prédes- et n’entame pas inéluctablement une « carrière
tiné à l’échec. délinquante ». En revanche, en cas de déviance
secondaire, si cette personne récidive et est repé-
Doc. 3
rée comme déviante, alors la stigmatisation
1. On peut dire que ces jeunes sont stigmatisés dont elle va faire l’objet a toutes les probabilités
par la police, dans la mesure où ils subissent des de la lancer dans une « carrière délinquante ». La
contrôles de police sans motif, fondés sur des cri- déviance résulte donc d’une suite d’interactions
tères discriminatoires, tels que la couleur de peau. entre la personne qui commet l’acte et les groupes
2. Face à cette stigmatisation, ils réagissent en qui l’étiquettent.

154
pages 292-297  AnAlyse 3 du nombre de policiers et de gendarmes mobili-
sés et des moyens qui leur sont alloués, mais la
Comment mesurer le niveau  
politique pénale peut également évoluer et influer
de délinquance ?
considérablement sur les statistiques. Par exemple,
l’augmentation apparente de la délinquance des
pages 292-293    A. Quelles sont les différentes  mineurs dans les années 1995-2000 traduisait
sources de la mesure   essentiellement les instructions données par le
de la délinquance ? parquet aux services de police de signaler systé-
Doc. 1 matiquement les affaires impliquant des mineurs,
1. La déviance désigne un écart aux normes édic- alors que ce n’était pas le cas véritablement aupa-
tées par la société. ravant.
2. Les comportements déviants deviennent des 2. Lorsqu’une affaire est élucidée par la police, une
comportements délinquants dès lors que la loi les (ou plusieurs) personne est « mise en cause ».
qualifie comme tels : la société les interdit et fixe Le dossier est alors transmis à la justice qui peut
une règle écrite à leur propos assortie d’une sanc- décider de le classer sans suite. C’est-à-dire que la
tion. La délinquance désigne donc une forme parti- justice décide de ne pas déclencher de poursuites
culière de déviance, qui correspond à un écart aux pénales contre l’auteur. Cette décision peut être
normes juridiques. prise pour motif juridique ou selon les éléments
de l’enquête (absence ou insuffisance de preuve,
3. Analyser l’évolution de la délinquance pose
retrait de plainte, etc.).
problème car les règles définissant les infractions
changent au cours du temps et que les comporte- Si néanmoins le procès a lieu, il peut aboutir à
ments définis comme « délinquants » ne sont pas ce que la personne mise en cause bénéficie d’un
les mêmes selon les périodes. Une augmentation « non-lieu ». C’est-à-dire que l’action judiciaire
ou une baisse de la délinquance pourrait résulter est abandonnée en cours de procédure par le juge,
ainsi de l’évolution de ces qualifications. Ainsi, lorsque les éléments rassemblés par l’enquête ne
maintenant que le port d’une capuche en public est justifient pas une action plus avant.
considéré comme un délit, la délinquance pourrait 3. Tout d’abord, comme vu plus haut, selon l’inten-
augmenter du fait du nombre de ce type de délits sité de l’activité policière, le nombre d’infractions
constatés par la police. constatées sera plus ou moins important. Ensuite,
une fois les procès-verbaux établis, le nombre
Doc. 2 de faits élucidés et de personnes mises en cause
dépendra de l’activité policière car l’insuffisance de
1. Trois raisons principales peuvent expliquer
preuves recueillies par la police et la gendarmerie
qu’une infraction n’aboutisse pas à un procès-
peut conduire à ce qu’un fait constaté ne devienne
verbal. Tout d’abord, certaines infractions ne sont
pas un fait élucidé. Enfin, selon la manière dont
jamais enregistrées comme des « faits constatés »
le procès sera instruit, il aboutira ou non à la
car certaines victimes ne déposent pas plainte.
condamnation d’un coupable.
Ensuite, lorsque la victime porte plainte, il se peut
que l’entretien entre celle-ci et les autorités de
Doc. 3
police judiciaire conduise à écarter l’idée d’un pro-
cès-verbal (manque de preuve, changement d’avis 1. Un échantillon représentatif désigne le fait
de la victime, etc.). Enfin et surtout, une grande que les personnes interrogées lors d’une enquête
partie des procès-verbaux résulte des « faits auront des caractéristiques identiques à celles de
constatés » par les services de police. Par consé- la population d’ensemble considérée (âge, sexe,
quent, le nombre de crimes et délits varie donc habitat…). Cette représentativité doit surtout se
aussi selon l’activité des services administratifs faire sur les caractéristiques pouvant influencer les
(police, douanes, impôts, inspection du travail…). réponses. Faute de représentativité, les résultats
Si par exemple la police et la douane cessent de obtenus sur un échantillon ne peuvent être géné-
s’intéresser à la question de la drogue, cela fera ralisés à la population étudiée.
diminuer la délinquance constatée en ce domaine. 2. Les enquêtes de victimation permettent de
La délinquance constatée est évidemment fonction connaître la délinquance avec plus de précision

155
que les statistiques de police. En effet, les sta- D’autre part, elles permettent de déterminer, parmi
tistiques de police et de gendarmerie ne peuvent les plaintes non déposées, quelle est la part de
comptabiliser les victimes qui ne déposent pas celles qui sont le fait des victimes et celles qui
plainte alors que les enquêtes peuvent mesurer sont le fait des autorités qui enregistrent ces
toutes les victimes potentielles, celles qui dépo- plaintes.
sent plainte ainsi que celles qui ne le font pas.
D’autre part, ces enquêtes peuvent prendre en 2. Les victimes ne répondent pas quand elles
compte une gamme élargie d’actes délinquants n’existent plus, parce qu’elles ne sont plus « de
que les enquêtés considèrent comme tels alors que ce monde » (homicide) ou parce qu’elles n’existent
les statistiques de police et de gendarmerie sont pas directement (dans le cas de la fraude fiscale,
influencées par l’évolution de la loi qui qualifie c’est l’État qui est victime).
nouvellement des actes comme délinquants ou qui Elles ne répondent pas non plus lorsqu’elles ne
en déqualifie d’autres. souhaitent pas répondre parce qu’elles ne se consi-
3. Si les enquêtes « auto-déclarées » n’étaient pas dèrent pas victimes (du fait des représentations
faites « anonymement », les personnes interrogées qui sont les leurs de l’acte délinquant, exemple de
pourraient hésiter à se déclarer responsable d’une la corruption qui repose sur un accord des deux
infraction, craignant d’être repérées ou jugées, et parties).
les statistiques pourraient être sous-évaluées. Elles répondent mal lorsqu’elles comprennent mal
les catégories d’actes délinquants qui leur sont
Doc. 4 proposées ou parce qu’elles sont gênées de se
1. Les enquêtes de victimation permettent de déclarer victime de tel ou tel acte.
mesurer plus précisément la délinquance car elles Enfin, les victimes répondent mal lorsqu’elles font
n’excluent pas, comme c’est le cas pour les statis- des erreurs (sur les dates) ou des oublis (à propos
tiques de police et de gendarmerie, les victimes qui d’actes dont elles auraient été les victimes) dans
n’ont pas porté plainte. leurs réponses.

FAire le point

Statistiques de police Enquêtes de victimation

– Permettent d’enregistrer des dépôts de plainte – Permettent de prendre en compte une gamme
et des flagrants délits effectifs. d’actes délinquants moins soumise aux évolutions
conjoncturelles de la loi.
Intérêts

– Permettent de comptabiliser les victimes qui


n’ont pas déposé plainte et de comptabiliser plus
d’actes délinquants que les statistiques de police.

– Dépendent de la manière dont la loi « définit » – Dépendent des conditions générales de fiabilité
la liste des comportements délinquants. des enquêtes.
– Dépendent de la manière dont sont orientées – Dépendent de l’importance du nombre
les activités policières et des moyens matériels de victimes qui n’existent pas ou plus.
dont elles disposent. – Dépendent de la propension des victimes
Limites

– Dépendent de la part des victimes qui déposent à ne pas pouvoir ou vouloir répondre.
plainte et des plaintes qui sont effectivement
enregistrées.
– Dépendent de l’efficacité des enquêtes de police
pour recueillir des preuves ou ne pas commettre
de fautes de procédure.

156
pages 294-295    B. Quels sont les chiffres  saient 513 000, tandis que les statistiques de police
de la délinquance ? et de gendarmerie en comptabilisaient 312 000.
Doc. 1 2. Pour les cambriolages, l’écart entre les statis-
tiques de police et de gendarmerie et les enquêtes
1. Entre 1996 et 2009 en France, les vols ont dimi-
de victimation était de 1 à 1,6 (513 000/312 000),
nué de 20,5 % tandis que les atteintes aux per-
voire de 1 à 3 si on les compare aux enquêtes
sonnes ont augmenté de 108 %.
« brutes » (915 000/312 000).
2. En 1996 comme en 2009, ce sont les vols et notam- L’écart entre la mesure officielle et la mesure par les
ment les vols liés à l’automobile et aux deux roues enquêtes de victimation est au mieux assez impor-
qui sont les actes délinquants les plus fréquents (ils tant si l’on prend en compte les mesures corrigées
représentaient respectivement 53 % et 18 % du total des enquêtes (en incidence apparente). Dans le cas
des faits délinquants en 2009). Ce sont ensuite les contraire, l’écart est énorme (de 1 à 3).
atteintes aux personnes et les destructions et dégra-
3. Concernant les cambriolages, si les écarts entre
dations de biens qui sont les plus fréquents (environ
les mesures sont importants, les tendances ne sont
12 % des actes délinquants chacun). Les coups et
cependant pas si différentes. En effet, le nombre
blessures volontaires non mortels représentent eux
de vols a globalement diminué depuis 1994.
près de 5,5 % des actes délinquants.
Néanmoins, la hausse révélée par les enquêtes de
3. De manière globale, les faits constatés de délin- victimation en 2006 ne se retrouve pas dans les
quance ont diminué de 1,1 % en France entre 1996 statistiques de police et de gendarmerie.
et 2009.
4. La légère diminution de la délinquance cache Doc. 4
des disparités significatives puisque si les vols ont 1. Pour les bagarres, l’écart entre les statistiques du
diminué d’un cinquième entre 1996 et 2009, les ministère et celles des enquêtes de victimation était
atteintes aux personnes et les infractions à la police de 1 à 80 (24,2/0,30) et pour les rackets il est de 1
des étrangers ont doublé, tandis que les infractions à à 210 (6,3/0,03). Cela signifie que la part des élèves
la législation sur les stupéfiants ont plus que doublé. concernés pour ces deux types de violences était 80
à 210 fois supérieure. Les écarts sont considérables.
Doc. 2
2. Les statistiques de violence dans les écoles
1. Le chiffre noir de la délinquance désigne la dif- dépendent beaucoup des consignes ou des inci-
férence entre le nombre d’actes délinquants enre- tations provenant de la hiérarchie administrative
gistrés par les autorités de police et de gendarmerie quant à l’opportunité ou à la manière de les signaler.
(la délinquance apparente et connue) et la délin- Ces statistiques dépendent aussi beaucoup de l’exis-
quance « réelle » éventuellement mise en valeur tence et de la fiabilité d’un réseau d’enregistrement,
par les enquêtes de victimation. de suivi et d’information concernant les violences.
2. Les faits constatés par la police et la gendar- 3. Les établissements scolaires craignent de nourrir
merie ne comptabilisent pas tous les actes délin- une mauvaise réputation par un trop grand nombre
quants, essentiellement car certaines infractions ne de signalements. Cette réputation par rapport à la
font pas l’objet d’un dépôt de plainte. violence est devenue un élément décisif du choix
3. Les enquêtes de victimation comptabilisant beau- de l’établissement scolaire par les familles dans
coup plus d’actes de délinquance que les statistiques tous les milieux, favorisés mais aussi défavorisés.
de police et de gendarmerie, il semblerait avéré que Plus l’on signale de violences, plus le risque de faire
les statistiques officielles sont incomplètes dans leur fuir les derniers « bons éléments » devient impor-
mesure et que la délinquance réelle est nécessaire- tant. Ce qui peut renforcer ce processus de crois-
ment plus élevée que l’on ne peut le constater offi- sance de la violence (cercle vicieux).
ciellement. 4. Les faits les plus graves font l’objet de plaintes,
d’enquêtes officielles et d’informations dans les
Doc. 3 médias, si bien qu’ils sont visibles et qu’ils sont
1. En 2006, en France, les enquêtes de victimation nécessairement comptabilisés dans les statistiques
« brutes » comptabilisaient 915 000 cambriolages ; du ministère de l’Éducation nationale (et éventuel-
les enquêtes de victimation corrigées en comptabili- lement des services de police).

157
FAire le point
Vrai Faux Autre

La délinquance est officiellement – Vrai pour ce qui est de la tendance globale


en baisse depuis une quinzaine avec une baisse des faits délinquants de 1,1 %.
d’années. X X – Faux car si les vols ont diminué de 20,5 %
les atteintes aux personnes quant à elles ont
augmenté de 108 %.

La délinquance réelle est toujours C’est le contraire, on peut supposer et déduire


inférieure à la délinquance apparente. des différentes statistiques que la délinquance réelle
X (approchée par les enquêtes de victimation) est
supérieure à la délinquance apparente (mesurée
par les autorités).

Les statistiques officielles Si les écarts entre ces deux types de mesures sont
et les enquêtes présentent plus ou moins importants, il semble néanmoins
des tendances opposées. X qu’elles témoignent de tendances convergentes
quant à l’évolution de certains faits marquants
de délinquance.

La délinquance scolaire est très mal Les statistiques de l’Éducation nationale


enregistrée par l’éducation nationale. X sous-estiment considérablement les faits
de violence scolaire.

pages 296-297    C. Quelle démarche  et pour garder du recul par rapport à l’évolution


le sociologue doit-il adopter  de la définition des infractions et de la loi ou par
pour mesurer la délinquance ? rapport à l’évolution des pratiques et des activités
policières (exemple de l’immigration clandestine).
Doc. 1
3. En ne considérant qu’une période restreinte, il est
1. Le sociologue ne peut enquêter à partir de son possible de faire dire ce que l’on veut aux statistiques,
jugement moral en considérant par exemple que les c’est-à-dire qu’il est possible de mettre en valeur la
faits de délinquance retenus le sont à tort, en ayant tendance qui arrange la démonstration de celui qui
une hiérarchie des faits selon leur gravité bien à l’utilise. Lorsque l’on considère les évolutions de lon-
lui ou en ayant la conviction que la délinquance gue période, il est plus difficile de dissimuler toute la
s’aggrave nécessairement parce que nos sociétés variété ou la complexité des évolutions.
seraient « décadentes ».
2. La délinquance regroupe aujourd’hui dans « l’état Doc. 2
4001 » (p. 294) des faits qui concernent autant 1. Cette photo est cadrée en gros plan sur le visage
des atteintes aux biens, que des atteintes aux per- de Paul Voise avec un angle de prise de vue oblique
sonnes (qui sont aussi bien des agressions, des et en contrebas qui permet de voir son visage tumé-
injures ou des atteintes sexuelles…), des infrac- fié et qui donne l’impression que l’agression l’a mar-
tions aux stupéfiants, à la police des étrangers ou qué psychologiquement. Ce qui semble éloquent,
sur personnes dépositaires de l’autorité publique. c’est la violence subie par l’individu, sa détresse et
Le sociologue a tout intérêt à prendre en compte sa situation incontournable de victime facile.
ces différences pour montrer quelles sont les évolu- 2. Sur cette double page, le texte représente à
tions contrastées de la délinquance selon les faits peine un tiers de la surface, le reste étant dédié à
considérés, pour expliquer ces tendances notam- l’image. L’affaire Paul Voise est une affaire de vio-
ment à partir des transformations de la société lence et d’insécurité dont certains éléments sont

158
avérés. Toute autre supposition ou généralisation cation de certains vols qui ne feraient plus partie
sur la montée insupportable et inexorable de la vio- des « vols à la roulotte ». On pourrait également
lence n’est en aucun cas étayée (cf. le titre « le fait supposer que d’autres priorités aient été fixées aux
divers de trop »). policiers depuis 2001, qui les mèneraient prioritai-
3. On y représente et on pourrait par imprégnation rement vers la recherche d’autres types de délits.
se représenter la délinquance comme insupportable, Plus certainement, le document 3 suggère que
en forte et continue augmentation et marquée par cette baisse peut s’expliquer par une « meilleure
une indéniable sauvagerie. Le mode de traitement protection des véhicules », autrement dit par un
de cette information nous incite clairement à nous développement de l’équipement des ménages en
placer du côté de la victime et de l’émotion plutôt alarmes ou systèmes de blocage, par exemple.
qu’à une analyse objective des faits de violence. 3. Le croisement de ces trois types de données
permet justement, quels que soit les écarts de
Doc. 3 niveau absolu entre eux, de percevoir une tendance
1. Du latin manipulus, poignée, de manus, main. La de moyen ou long terme. Dans la mesure où ces
manipulation désigne l’emprise exercée par une per- trois données évoluent dans le même sens, on peut
sonne sur une ou plusieurs autres dans le but de confirmer la tendance à la baisse des vols à la rou-
contrôler leurs actions ou leurs sentiments. C’est lotte depuis 2001.
une manœuvre qui cherche à tromper. Manipuler
des chiffres consiste par exemple à n’en sélection- FAire le point
ner qu’une partie, ceux qui vont dans le sens de ce
Un sociologue prendrait tout d’abord ses dis-
que l’on souhaite démontrer, et à passer sous silence
tances avec l’effet médiatique provoqué par la
ceux qui invalideraient notre démonstration.
très forte augmentation des sujets concernant la
2. Les policiers et gendarmes sont soumis aux délinquance. Il se méfierait de ce que cela peut
injonctions de leur hiérarchie et de leur ministre signifier et provoquer comme représentations,
concernant l’évolution de la loi qu’ils doivent c’est-à-dire le fait que la délinquance ait pu être
prendre en compte, les priorités de leur activité
en très forte augmentation sur cette période. Il se
et les résultats à atteindre. Ainsi, ils sont amenés
méfierait aussi des discours politiques pré-électo-
à s’intéresser davantage à certains types d’infrac-
raux qui, se saisissant de ce thème, auraient pu
tions sur le terrain, mais aussi à privilégier ou
le déformer pour appuyer leur programme ou
minorer certaines plaintes au détriment d’autres
pour répondre à ces injonctions ou parce qu’ils sont gagner des voix. Il ne raisonnerait donc pas à par-
motivés à le faire. tir des « représentations » et des « idées reçues »
qui contribuent à proposer une vue déformée du
3. Les statistiques ne sont pas fausses (au sens ou
phénomène de la délinquance.
les données chiffrées ne sont pas fausses) mais,
d’une part, elles sont le résultat de l’orientation Ensuite, il tenterait d’évaluer si la délinquance a
des activités policières et, d’autre part, elles sont bien augmenté sur cette période et si cette aug-
arrangées dans leur présentation afin de justifier la mentation est bien une tendance suffisamment
politique menée et de tenter de convaincre a poste- prolongée dans le temps pour être significative
riori de l’efficacité de cette politique. C’est en cela et justifier une telle mise en avant médiatique. Il
qu’il y a manipulation. prendrait en compte les statistiques de la police
et de la justice tout en vérifiant comment la loi
Doc. 4 ou les activités policières auraient pu orienter
1. Les chiffres de la police ne prennent pas en compte l’évolution des faits délinquants enregistrés. Il
toutes les infractions car certaines victimes ne dépo- porterait attention à ces chiffres dans les détails
sent pas plainte ou finissent par retirer leur plainte. en se gardant bien de prendre pour « vérité » les
2. Qu’il s’agisse des chiffres des enquêtes de victi- présentations chiffrées faites par le pouvoir poli-
mation ou bien des statistiques de l’État, on peut tique. Surtout, il croiserait ces données avec celles
constater une légère diminution du nombre de des enquêtes de victimation pour apprécier l’im-
vols à la roulotte entre 2001 et 2005. Cette baisse pact des activités policières et judiciaires et pour
pourrait éventuellement être due à une requalifi- confirmer ou infirmer les tendances.

159
page 298   vers le bAc III. La délinquance résulte d’un processus d’inte-
raction ; elle est renforcée par la stigmatisation
Les causes de la délinquance juvénile dont sont l’objet certains jeunes (doc. 1).
1. a. : approche interactionniste ; b. : approche 5. L’acte de délinquance, qui consiste à s’écarter
holiste ; c. : approche individualiste. des normes, semble tout à la fois un acte « nor-
mal » si l’on en croit Émile Durkheim, mais égale-
2. Extrait n° 1 : approche interactionniste (la délin- ment le résultat d’un processus fort complexe.
quance peut être comprise comme un processus
D’un point de vue strictement individuel, le pas-
déclenché par un « face-à-face » + voir document
sage à l’acte délinquant semble bien être le résul-
3B page 291).
tat d’un choix exercé par un individu à un moment
Extrait n° 2 : approche individualiste (les délin- donné. La poursuite de son intérêt propre peut lui
quants adoptent un comportement rationnel de dicter d’enfreindre les lois si l’utilité qu’il en retire
type calcul coût-avantage). est supérieure au risque encouru. Ce type de calcul
Extrait n° 3 : approche individualiste (la délin- suppose souvent une préférence pour le court terme
quance est un choix de vie personnel, résultant ici et la jouissance du crime, au mépris des probabili-
aussi d’un calcul coût-avantage). tés de sanctions.
Extrait n° 4 : approche holiste (les délinquants en Cependant, selon les milieux sociaux, on n’observe
question partagent les « mêmes conditions d’exis- ni le même niveau de délinquance, ni le même type
tence », qui peuvent alors expliquer leur sentiment de délinquance. L’individu semble donc fortement
de révolte et par là-même leurs actes délinquants). contraint par son environnement social, et cer-
Extrait n° 5 : approche holiste (le comportement taines configurations sociales sont plus propices
délinquant est porté par une appartenance à un au développement de la délinquance. Par exemple,
groupe social bien identifié – le quartier, la bande l’échec scolaire et le chômage imposent certaines
– qui se définit par son opposition à la société glo- conditions d’existence, qui peuvent parfois mener
bale). à s’opposer au « système », à trouver d’autres
« moyens de s’en sortir ». De même, la fréquen-
3. L’explication durkheimienne, qui relève de l’ap- tation et l’identification à certains groupes peu-
proche holiste, considère la délinquance comme vent raviver ce rejet de la société et des moyens
le résultat d’une situation anomique (voir doc. 3 « conformes ».
p. 289). En fait, cette construction d’une identité délin-
quante se joue souvent dans un aller-retour entre
4. I. La délinquance peut être considérée comme un les individus commettant un acte déviant et ceux
choix rationnel exercé par un individu calculateur qui vont les étiqueter comme tels (enseignants,
(docs 2 et 3). policiers, juges). Le regard porté par les autres (les
II. La délinquance est largement favorisée par l’ap- « entrepreneurs de morale » dont parle Becker) va
partenance sociale et les conditions de vie de l’in- confirmer, voire renforcer, cette voie délinquante
dividu (docs 4 et 5). empruntée par l’individu.

160
page 299   vers le bAc    La mesure de la délinquance juvénile
1. et 2. Réponses des élèves.
3.
Opérateur de
Fonction de l’opérateur
recherche utilisé
L’utilisation de cet opérateur placé juste avant un mot indique au moteur de recherche d’afficher
et/+ / & / and
seulement les sites contenant les deux termes.
ou/or Rechercher des sites contenant l’un ou l’autre des deux termes inscrits dans la requête…
Cet opérateur placé juste avant un terme invite le moteur de recherche à afficher les sites
contenant des termes similaires à celui inscrit dans la requête. Il peut être utilisé quand
proche/near/~
l’orthographe d’un terme est incertaine ou lorsqu’on souhaite trouver des sites traitant de sujet
similaire ou associé au terme inscrit.
Rechercher les sites contenant seulement la première expression (placée avant l’opérateur),
sauf/-/and not/!
mais non la seconde (placée après l’opérateur).
« » (expression L’utilisation des guillemets pour encadrer les termes d’une requête indique au moteur de recherche
exacte) de chercher les sites contenant l’expression exacte indiquée entre les guillemets.
Cet opérateur, placé en fin de mot, permet de lancer une recherche sur tous les mots contenant
troncature/* la même racine ou le même préfixe.
Placé en début de mot, il permet de lancer une recherche à partir d’un suffixe.

4. Réponses élèves
Questions Site www.inhesj.fr Site www.justice.gouv.fr Site www.insee.fr
– Tout en bas de la page – Idem, « mentions légales » – Outre que le site de l’INSEE
d’accueil, dans la bande grisée, en bas de page. est normalement bien connu
le lien « informations légales ». – De plus, le nom des intervenants des élèves, on peut aller vérifier
– Dans le cadre en haut à gauche, ainsi que les logos confirment sa fiabilité dans « mentions
le site propose une présentation la fiabilité de ce site officiel légales et crédits » tout en bas
5. détaillée de l’institut. du ministère de la Justice de la page.
– De plus, ce site est partenaire et des Libertés. – De même, dans le premier
du ministère de l’Intérieur (voir onglet tout en haut à gauche
bande grisée en bas de page). « l’INSEE et la statistique
publique », est proposée une
présentation de l’institut.

Aller dans le cadre de gauche Tout en haut à droite, rester Choisir l’onglet « Thèmes », puis
« ONDRP » et consulter les thèmes dans l’onglet « accueil ». le thème « conditions de vie »,
des diverses publications : Puis activer le menu déroulant et ensuite celui de « justice ».
– Repères n° 11, « Organisation de la justice » Ce qui conduit par exemple au
6.
et choisir le thème « justice document « part des mineurs dans
– Tableau de bord n° 5 de
des mineurs ». la criminalité et la délinquance »,
février 2007 (dans « autres
de février 2009.
publications ») On obtient alors dans le cadre
de droite des « chiffres-clés ».
Dans la fenêtre de recherche En inscrivant par exemple
On y accède également en
(en haut à droite), taper « délinquance + mineurs » dans la
inscrivant « délinquance
« mineur + délinquance ». fenêtre de recherche, on aboutit
+ mineurs » dans la fenêtre
On obtient en premier résultat à plusieurs publications, dont un
7. de recherche.
la publication « Résultats extrait de France, portrait social,
et méthodes » (pages 4 à 18). comportant une comparaison des
évolutions de la délinquance des
majeurs et des mineurs (p. 146).

8. et 9. Réponses élèves.

161
chapitre
rdre pOlitique
O
11 et légitimatiOn
la démarche du chapitre

Ce chapitre, conçu pour 15 heures (soit 3 semaines), suit chronologiquement les trois thèmes : les jus-
tifications de l’ordre politique, ses formes institutionnelles, et l’analyse de la diversité des cultures poli-
tiques et des formes de citoyenneté.
Si l’ordre politique est bien couvert par les notions, la légitimation est orpheline car si le terme apparaît
dans les indications complémentaires (fin 4.2), la notion de légitimité est absente : cependant, à travers
les notions d’État, de démocratie, de droits, de citoyenneté, elle est en filigrane.
La conception de ce chapitre croise les thèmes prescrits et les indications complémentaires en proposant
à chaque fois l’identification des notions et des problématiques associées : les questions de politisation,
de construction/mise en scène/délitement de la légitimité, de diversité des cultures politiques peuvent
être considérées comme centrales. À cet égard, on ne saurait trop recommander le livre Nouveau manuel
de Science politique, sous la direction d’Antonin Cohen, Bernard Lacroix et Philippe Riutord, La Décou-
verte, 2009 (chapitre introductif, chap. III, VI, X).
La photo du dépouillement peut amener à évoquer des basiques de l’ordre politique : institutionnalisa-
tion, légitimité, contrôle, représentation, etc.

pages 306-307   Découvrir
S’exprimer
1. Deux situations de changements de pouvoir sont présentées : en France, une transition démocratique et
pacifique du pouvoir respectant la légalité, la légitimité et la civilité ; au Chili, l’interruption d’un mandat
démocratique par un coup d’État militaire dans la violence. Cette comparaison permet de sensibiliser à une
caractéristique essentielle du pouvoir politique : la légitimité.

Débattre
Gouvernement prônant et justifiant Associations et citoyens
l’expulsion des sans-papiers condamnant cette expulsion
– Rôle de contrepoids démocratique.
Quelle Celle provenant d’une désignation faisant
légitimité ? suite à une victoire électorale. – Défense des droits fondamentaux dans
un sentiment d’humanité et de fraternité.
– L’expulsion correspond à une priorité – Refus d’une politique faite « en notre nom ».
politique acceptée par les électeurs. – Caractère inacceptable parce qu’inhumain
– L’État est légitime à déterminer qui peut des traitements réservés aux sans-papiers.
Arguments
résider sur son territoire. – Caractère indivisible des droits (nationaux
– Non-légitimité pour un étranger en situation ou étrangers) : risque d’amoindrissement des
irrégulière de rester sur le territoire. droits des nationaux à terme.
Ressources sur l’argumentation critique à propos de la politique d’immigration http://www.placeauxdroits.net/
cercle/ ou site CIMADE
Découvrir
1. Les réactions publiques relatives aux décisions en France, contestation non pas de l’intervention
gouvernementales diffèrent : aux États-Unis, refus publique mais de la décision de fermeture d’hôpi-
d’une plus grande intervention publique fédérale ; taux ou de services.

163
2. Ces réactions révèlent des différences de culture Doc. 3
politique ; méfiance viscérale à l’égard de l’État aux
1. Pour reconnaître comme politique une activité
États-Unis contre le refus en France d’une diminu-
ou un groupement, les éléments essentiels sont
tion de l’offre publique hospitalière de proximité,
une population sur un territoire, une société orga-
une combinaison individus/collectif différente nisée avec des règles de vie commune, le droit de
selon les pays. certains individus de contraindre d’autres à se com-
porter selon des procédures imposées, l’existence
d’un champ relatif aux prescriptions contraignantes
et légitimes.
pages 308-315  AnAlyse 1
2. Les points communs avec le document 2 sont
Pourquoi un ordre politique ?
le caractère englobant du pouvoir (concerne l’en-
semble des individus et groupes) et la légitimité
pages 308-309    A. Qu’est-ce que l’ordre  (nécessité d’un soutien explicite ou implicite).
politique ? 3. Ce qui définit l’ordre politique, c’est un champ
Doc. 1 de relations réciproques entre les individus qui ont
1. • Politique/administrative : le conseil munici- le pouvoir politique et les autres individus. Ces
pal et les services administratifs de la mairie ; les relations aboutissent à des comportements obliga-
membres du conseil municipal sont élus, ceux des toires pour tous les membres de la société, lesquels
services administratifs sont nommés et peuvent consentent spontanément à obéir (légitimité) ou
être des fonctionnaires. au besoin contraints par le recours à une force ins-
titutionnalisée (armée, police, justice).
• Promotion politique/promotion fondée sur le
mérite : un tel est nommé à un poste prestigieux Doc. 4
parce qu’il est du même parti politique que le pré-
sident et qu’il a rendu des services politiques alors 1. Le terme politisation revêt différents sens :
qu’une promotion au mérite ne considérera que – un sens courant : division, querelles ;
la compétence, la valeur intrinsèque de l’individu – un sens sociologique : la traduction en termes
promu. politiques (constat, questions, solutions) des
éléments de débat, de divergence, appelant une
2. Les éléments essentiels communs aux différents réponse de la part du personnel politique.
usages du mot politique concernent le gouverne- Dans ce prolongement, la politisation, la mise en
ment, la légitimité, la coercition ou la contrainte politique concerne le passage d’un champ indivi-
légitime, la divergence d’intérêts et l’action duel, technique, spécifique à quelque chose de col-
publique. lectif, de débattu et « débattable » et nécessitant
3. Au pluriel, les politiques désignent soit les une décision relative à cette dimension collective.
actions entreprises par les responsables politiques 2.
(exemple : les politiques sociales), soit le personnel
politique. Acteurs Arguments
CIO Réintégrer la Chine dans
Doc. 2 le jeu diplomatique ordinaire ;
1. Une mère de famille amène son enfant à ran- espoir de progrès dans les droits
ger sa chambre alors qu’il n’en avait pas envie. Un politiques et sociaux
enseignant dans sa classe oblige un élève à aller Gouvernement Démonstration de sa puissance
jeter son chewing-gum à la poubelle. chinois
2. Deux critères sont utilisés : d’abord le pouvoir Associations Opposition à la politique
situé au plus haut niveau ou le plus englobant, et États extérieure chinoise au Soudan
puis le fait de reposer sur le choix des gouvernés. démocratiques (appui à la dictature et crise
des réfugiés)
Le critère le plus pertinent est le second, car le
premier est pris à défaut par des pouvoirs écono- Opinion Protestation contre les politiques
miques qui peuvent être plus englobants (exemple : internationale chinoises au Tibet et répression
des dissidents
celui du responsable d’une multinationale).

164
3. Des questions souvent réinvesties politique- sont comprises la police de la route et la possibilité
ment : la sécurité, la réduction du temps de travail de contrôler des automobilistes. Elle repose égale-
(35 heures), l’immigration, le voile, la religion ; ment sur le respect des procédures (code de procé-
tout est susceptible de devenir objet politique, dure pénale, code de la route).
de débat, d’arbitrage, de régulation, en particulier
pendant les campagnes électorales ou lorsque des Doc. 3
leaders politiques ont des stratégies de diversion 1. Le statut des personnes appartenant aux ins-
ou recherchent une médiatisation. tances de gouvernement est, pour le niveau le plus
élevé, un mandat électif (Président de la Répu-
Faire le point blique), celui relatif aux instances d’administration
• Comment un pouvoir est politique ? est d’être fonctionnaire.
Il a un caractère global quel que soit le niveau 2. L’État résulte d’un processus de différenciation
concerné (de la commune au niveau supranational). car il a émergé historiquement comme forme dis-
Pour durer, il repose implicitement ou explicitement tincte du pouvoir religieux ou de formes politiques
sur le consentement de la population (légitimité). traditionnelles (chefferie). Il ne se confond pas
Il dispose du recours légitime à la force publique. non plus avec les pouvoirs économiques même si
ses titulaires peuvent être des dirigeants d’entre-
• Comment une question devient politique ? prises ou d’empires (cf. le Président du Conseil ita-
Quand elle rentre dans l’espace public de débat. lien, Sylvio Berlusconi).
Quand elle est portée par des acteurs politiques. 3. Les institutions spécialisées dans l’ordre politique
Quand elle amène les décideurs publics à se posi- peuvent prétendre à imposer des décisions d’ordre
tionner. général à toutes les activités publiques ou privées.
Quand elle se formule à travers des principes, Dans les activités publiques, on peut citer la règle
des règles relatives à la vie publique et celle des du salaire minimum pour l’embauche des salariés, les
citoyens (exemple : droits de l’homme). règles de sécurité de réception du public, la sépa-
ration des Églises et de l’État en matière religieuse,
l’obligation scolaire concernant l’âge de la scolarité.
pages 310-311    B. Qu’est-ce que l’État ? Les institutions privées sont concernées aussi, par
exemple la famille à travers le droit.
Doc. 1
4. Le pouvoir institutionnalisé existe indépendam-
• En Irak, en 2003, l’absence d’État se traduit par ment des individus qui à un moment l’incarnent : c’est
une insécurité permanente pour les personnes l’adage du temps de la monarchie : « le roi est mort,
et les biens. Au lieu d’une armée, abondent des vive le roi ». Les conditions dans lesquelles les indivi-
groupes armés qui exercent une violence illégitime dus vont exercer ce pouvoir sont dûment définies.
et arbitraire.
5. La domination légale et rationnelle correspond
Doc. 2 au consentement à obéir fondé sur le fait que les
dirigeants ont été désignés en respect de procé-
1. Pour Weber, trois éléments constitutifs caractéri- dures codifiées et légitimes, que ce type de pouvoir
sent l’État : le territoire, le monopole de la violence
et de fonctionnement est efficace (rationalité) et
légitime, la communauté humaine.
que l’éventuel recours à la force publique pour faire
2. L’État peut déléguer à des groupements le triompher sa volonté est acceptable.
monopole de la violence légitime (par exemple, à
une commune) ou à un représentant de la force Doc. 4
publique (à un gendarme). 1. Deux facteurs de centralisation du pouvoir se
3. Les pays en guerre civile sont des exemples de sont conjugués : le monopole dans la capacité de
non-monopole de la violence physique légitime prélever l’impôt et celui de la violence légitime, les
(Liban milieu des années 1970, Algérie années deux se renforçant mutuellement.
1990, Colombie depuis les années 1950). 2. La naissance de l’État s’inscrit dans le processus
4. La légitimité des gendarmes arrêtant des auto- de différenciation des activités sociales : chaque
mobilistes repose sur leur statut : dans leur fonction ordre va développer sa propre logique ; ces ordres

165
vont rentrer en concurrence. La séparation du poli- et la possibilité d’expression des identités cultu-
tique et du religieux s’inscrit dans ce processus relles et religieuses dans l’espace public moindre
(le politique pour le temporel, le religieux pour le pour l’État-nation.
spirituel).
Doc. 3
Faire le point 1. La nation et l’identité nationale renvoient à plu-
Les facteurs d’apparition de l’État sont politiques sieurs dimensions : la permanence et la continuité
(concurrence entre royauté et pouvoirs féodaux), historique, le sentiment de faire groupe/commu-
économiques (stabilité et égalité des règles), cultu- nauté, la faculté de pouvoir se définir en ressem-
rels (émergence des principes de l’humanisme). blance avec les autres membres.

Les processus aboutissant à la consolidation de 2. Les institutions qui vont contribuer à cette iden-
tité sont les institutions de la socialisation pri-
l’État sont la centralisation/concentration du
maire et secondaire : la famille, l’école, la langue,
pouvoir, la séparation des sphères d’action sociale
les médias et les institutions politiques, mais aussi
et conquête du pouvoir de régulation, le proces-
des rites, des cérémonies qui seront des marqueurs
sus d’institutionnalisation, et l’émergence d’une
de cette identité (voir D. Schnapper, La commu-
croyance et d’un fonctionnement des activités nauté des citoyens, Gallimard, 2003, pp. 136-139).
sociales basées sur la rationalité.
Doc. 4
1. La nation était à construire après 1789, car
pages 312-313    C. Quelles différences 
organisée selon les principes de la société des trois
entre construction étatique  
ordres de l’Ancien Régime, le sentiment d’unité, un
et construction nationale ?
sentiment collectif, manquait.
Doc. 1
2. Construire la nation, c’est réussir à transformer
1. Privée d’État tout au long du siècle, la
xixe cette foule d’individus en une communauté dotée
Pologne a pu maintenir son identité grâce à l’Église d’une identité temporelle (avec une mémoire des
catholique et aux intellectuels qui ont maintenu la événements fondateurs) réactivée par des fêtes.
mémoire de la nation polonaise. Cela s’opère par la stratégie des révolutionnaires de
2. Peuples sans État : le peuple palestinien (l’au- donner un visage sensible, des marqueurs identi-
torité palestinienne n’a pas encore tous les attri- fiables par le biais de symboles, des temps de com-
buts d’un État), les minorités sans État spécifique munion.
(exemple : les Kurdes, les Basques). 3. Les fêtes nationales contribuent à instituer la
Comme nation partagée entre deux États, on peut nation par l’unification des opinions et des esprits :
citer la nation allemande partagée entre RFA et de plus, elles sont le signe, le sacrement de cette
RDA jusqu’en 1990 ou bien la Corée séparée en unité, de ce tout.
deux États.
Faire le point
Doc. 2
• Liens État et nation
1. Construction étatique et construction nationale – L’État suppose une population, un peuple ;
procèdent de domaines différents : la construction – La nation s’appuie sur un État ou en suppose un ;
étatique concerne le pouvoir et ses organes (mili-
– Coïncidence espace de pouvoir et espace de
taire, administratif), la construction nationale ren-
sentiment partagé.
voie aux valeurs et au sentiment d’appartenance.
Les mécanismes de base diffèrent : la bureaucrati- • Différences entre État et nation
sation pour l’État, l’identification pour la nation. – Des nations peuvent être privées d’État ;
2. Les oppositions entre État-nation et nation – Des États peuvent comporter plusieurs nations ;
État concernent : le degré de centralisation (plus – Différences des dynamiques des constructions
fort pour l’État-nation), le degré d’unité cultu- étatiques et nationales : institutionnelle et poli-
relle (moins élevé pour la nation État), le type de tique pour la construction étatique ; culturelle et
citoyenneté plus multiculturelle pour la nation État psychologique pour la construction nationale.

166
pages 314-315    D. Quelle(s) souveraineté(s) ? à des organes supranationaux en signant des trai-
tés. Par exemple, la France a transféré sa souverai-
Doc. 1 neté monétaire en adhérant à la zone euro et en
1. Dans les souverainetés alimentaire et militaire, renonçant au franc.
on trouve l’idée d’autonomie, de non-dépendance 4. En externe, la souveraineté de l’État est limitée
à l’égard d’autorités étrangère ou supérieure, la par la puissance des autres États (cf. syndrome de
capacité d’avoir les objectifs et les moyens de sa la finlandisation), par le risque d’une ingérence
propre politique par rapport aux autres pays pour extérieure militaire (intervention occidentale en
se nourrir ou pour se protéger. Libye en 2011) ou par les effets d’une insertion
Les termes associés sont capacité propre, protec- dans les échanges économiques ou financiers
tion, indépendance, liberté. (poids de certains acteurs : les plus grosses firmes
transnationales pèsent en termes de CA plus que le
2. Dette souveraine : dette due par les administra-
PIB de certains États).
tions publiques.
Fonds souverains : fonds financiers détenus par un Doc. 4
État.
Souveraineté monétaire : capacité à disposer et à 1. Les risques écologiques, sanitaires, de terro-
contrôler sa propre monnaie. risme, de l’imposition de règles définies sans son
Souveraineté spatiale, aérienne : capacité à contrô- consentement.
ler son espace aérien. 2. Organisations supranationales publiques (UE,
OMC, ONU), firmes transnationales, organisations
Doc. 2 privées (ONG), réseaux…
1. L’adjectif souverain correspond au critère définis- 3. L’articulation souveraineté étatique et droits
sant la souveraineté : il désigne l’autorité suprême. de l’homme est double : les États s’engagent, en
Le substantif désigne celui qui détient cette auto- signant déclarations, conventions et traités, au res-
rité suprême. L’adjectif et le substantif répondent pect de droits de l’homme. Mais, en même temps,
à deux questions distinctes : quoi et qui ? Le point les signataires, voire les non-signataires, seront
commun est de concerner la souveraineté. surveillés, voire interpellés sur le non-respect. Par-
fois, ils peuvent subir une intervention militaire
2. En démocratie, le souverain est le peuple (par-
pour protéger une population en péril (la Libye a
fois identifié à la nation, cf. déclaration de 1789).
perdu en 2011 la souveraineté de son espace aérien
Le peuple peut agir soit directement (démocratie
en raison de l’intervention militaire occidentale).
directe), soit par référendum, soit la plupart du
temps indirectement par le biais de représentants. Faire le point

Doc. 3 Domaines
Concurrence
de souveraineté étatique
1. Deux éléments caractérisent l’État souverain : 1/le
fait que les autres États – la communauté internatio- Des autres pays,
nale incarnée aujourd’hui par l’ONU – le reconnais- Militaire espionnage, et de
groupes privés
sent dans ses limites géographiques (frontières) ;
2/son pouvoir effectif – en monopole – de gestion Économique Marché, grandes firmes
et de droit sur la population de son territoire. Marché financier,
2. La personnalité morale correspond à la person- Monétaire et financier
dépendance si
nalité juridique, à l’être de droit doté des préro- endettement non
gatives suivantes : signature de traités, capacité à maîtrisé
entretenir des relations d’État à État avec les autres Risque transfrontière
pays (diplomatie), droit à se défendre par la guerre Environnementale (exemple : radioactivité
et droit de faire valoir son droit en estant en jus- nucléaire)
tice, dans les juridictions internationales. Système normatif
3. Les États peuvent auto-limiter leur souveraineté Juridique privé ou droit de pays
dominants
quand ils délèguent certaines de leurs compétences

167
pages 316-323   AnAlyse 2 3. Si l’État de droit et l’État de police ont tous deux
Quelles sont les formes institutionnelles  des règles, l’État de droit est différent parce qu’il
de l’ordre politique ? accorde des droits aux individus. L’État totalitaire
s’oppose à l’État de droit car il ne reconnaît pas le
droit, le domaine privé ni la possibilité de recours
pages 316-317    A. Qu’est-ce que l’État de droit ? juridique.

Doc. 1 Doc. 3
1. AIF se sert du concept d’État de droit pour 1. La hiérarchie des normes correspond à une
dénoncer le texte gouvernemental relatif aux étran- échelle des différentes normes : les normes de rang
gers ; AIF rappelle aux députés que les lois doivent supérieur priment sur celles de niveau inférieur les-
respecter les principes républicains du droit et quelles doivent être conformes aux normes de rang
ceux liés aux traités et conventions que la France a supérieur ; par exemple, un règlement est moins
signés. important juridiquement qu’une loi, une loi a moins
2. Le texte censuré concernait une loi votée rela- de valeur que la Constitution.
tive à la procédure pénale, à savoir les dispositions 2. La loi est produite par le vote des assemblées
concernant la garde à vue. parlementaires ; le parlement est investi d’un man-
3. Le Conseil constitutionnel a invalidé ce texte dat court : celui d’une législature (entre 4 et 6 ans
parce que la garde à vue lèse les libertés indivi- dans la plupart des démocraties occidentales). L’ac-
duelles telles qu’elles sont définies dans le bloc de tion parlementaire correspond à la souveraineté
constitutionnalité. La nouveauté est que le Conseil du peuple dans le cadre de la démocratie repré-
constitutionnel peut être saisi par des justiciables sentative, mais cette production de textes législa-
(la « question prioritaire de constitutionnalité »), tifs n’est pas complètement libre. Une loi ne peut
ce qui n’était pas le cas auparavant (seulement par avoir n’importe quel contenu : en effet, ces textes
l’exécutif ou les parlementaires voir article 61 de la doivent respecter les grands principes constitution-
constitution). nels. Un texte non conforme peut être invalidé par
la juridiction ayant en charge de veiller à la consti-
Doc. 2 tutionnalité (en France, le Conseil constitutionnel).
Ainsi dans le court terme démocratique, le peuple
1. L’État de droit consiste en ce que l’État et ses
n’est pas toujours souverain.
différents pouvoirs n’ont de légitimité que parce
qu’ils sont prévus et créés par le droit (constitu- 3. Déclaration des droits française : Déclaration des
tion notamment) et parce que leurs actes doivent droits de l’homme et du citoyen, 1789.
respecter toutes les procédures juridiques (respect Déclaration des droits anglaise : Bill of Rights, 1689.
de la hiérarchie des textes, recours juridique). Le Déclaration des droits internationale : Déclara-
pouvoir de l’État trouve son origine dans le droit tion universelle des Droits de l’Homme, 1948 ou
(les textes constitutionnels et administratifs). Ce Convention européenne de sauvegarde des Droits
droit, notamment à travers l’interprétation consti- de l’homme et des libertés fondamentales, 1950.
tutionnelle, borne le pouvoir étatique (respect des
personnes). Doc. 4

2. Les actes des différents organes de l’État doi- 1. Les limites de l’État de droit se manifestent
vent respecter les textes de niveau supérieur et les par la non-application du droit dans le cadre de
principes fondamentaux ; tout manquement à cette la raison d’État ou dans des lieux de limitation
hiérarchie est l’objet de sanctions. Les échelons de partielle ou forte de libertés : le lycée, la prison,
l’ordre juridique sont, au niveau le plus bas, l’exé- l’asile ou des lieux privés, domaines où les indivi-
cutif qui produit les circulaires/arrêtés/règlements, dus ne peuvent exercer leurs droits à l’égalité et à
au niveau le plus élevé, le peuple correspondant la liberté.
à la constitution ou aux traités que les États ont 2. À la source de ces limites, on trouve une saisine
signés (pour l’Union Européenne, cela suppose une non systématique du juge constitutionnel, une hié-
modification de la constitution), et, au niveau rarchie non respectée ou un droit non effectif (par
intermédiaire, le Parlement qui élabore les lois. exemple, droit non assorti des moyens de le rendre

168
réel ; difficulté du droit à l’interruption volontaire Ce sont en général des pays de grande surface
de grossesse faute de médecins disposés à la pra- (Brésil = 15 fois la France), de population élevée
tique ou de services d’orthogénie de proximité) ou (plusieurs centaines de millions d’habitants), et de
en contradiction avec d’autres droits (par exemple, cultures ou de langues diverses (exemple : Inde ou
l’opposition entre le droit à la présomption d’inno- Canada).
cence et le droit à l’information). Le défi pour le pouvoir politique est de pouvoir
3. En 2004, le procès d’assises à Outreau (2004) a gouverner, d’avoir une politique commune tout en
montré un dysfonctionnement de la justice (affaire tenant compte des diversités locales. Le centre n’a
de pédophilie), les bavures policières couvertes par pas toutes les informations : il faut donc une auto-
le pouvoir, le non-respect par l’exécutif de l’indé- nomie du pouvoir au niveau local pour une plus
pendance de la justice, la situation carcérale (cf. grande efficacité et une meilleure adaptation des
rapports du Contrôleur général des lieux de priva- décisions aux réalités locales.
tion de liberté http://www.cglpl.fr).
Doc. 2
Faire le point
1. Un centre de décision dans les États unitaires,
État de droit deux dans les États fédéraux.
Principes 2. La différence entre la déconcentration et la
– Pouvoir institué par le droit (constitution) décentralisation réside dans le mode de désignation
– Pouvoir encadré par le droit des responsables locaux et dans l’autonomie de ce
– Ordre juridique hiérarchisé et sanctionné niveau.
Dans le cas de la déconcentration, le pouvoir est
Mécanismes institutionnels
attribué à des titulaires nommés par le pouvoir
– Élaboration et modification de la Constitution central ; dans le cas de la décentralisation, le pou-
en fonction des engagements internationaux voir revient à des autorités élues.
– Vérification de la conformité des textes de
3. Trois principes constituent le fédéralisme : la
niveau inférieur à ceux de niveau supérieur
superposition, l’autonomie, la participation.
(contrôles de légalité et de constitutionnalité)
Le principe de superposition comprend deux ordres
– Organes vérifiant cette conformité
juridiques : la souveraineté est partagée entre États
– Possibilité de saisir cet organe pour vérifier fédéraux et États fédérés : les États fédérés doivent
cette conformité respecter la primauté du niveau fédéral.
Limites de l’État de droit Le principe d’autonomie empêche l’intervention de
– Non-respect de la hiérarchie des normes l’État fédéral dans les domaines réservés des États
– Exercice de la raison d’État fédérés. La répartition des compétences est prévue
– Lieux de privation des libertés par la Constitution. En général, les compétences
– Limites dans la possibilité de saisir les organes des affaires étrangères (diplomatie), de la défense
chargés de vérifier la conformité nationale, de la monnaie et de la fiscalité relèvent
– Manque de moyens pour rendre effectifs les droits du niveau fédéral.
Le principe de participation correspond à l’inter-
vention des États fédérés dans la définition de la
pages 318-319    B. État unitaire ou État fédéral politique fédérale.

Doc. 1 Doc. 3
1. Le niveau local correspond au canton en Suisse, 1. Les États unitaires relèvent d’une dynamique
à la province au Canada, à la république en Russie longue. Souvent leur territoire procède de l’ad-
et à l’État aux États-Unis. dition à un noyau historique de terres acquises
2. Les principaux États fédéraux sont la Russie, les à d’autres espaces politiques. La diversité de ces
États-Unis, le Canada, l’Inde, l’Australie, le Brésil, territoires, la diversité des langues, de cultures
l’Argentine, l’Espagne, l’Allemagne, l’Afrique du Sud, ont été perçues comme un risque pour l’unité
le Nigeria. nationale et la permanence du pouvoir ; une admi-

169
nistration unique et centralisée devait permettre Doc. 4
l’unification de ces cultures.
1. Pour D. Weinstock, reprenant J. Madison, le fédé-
2. Les alliés prônaient le fédéralisme pour la ralisme favorise la liberté. La menace principale pro-
reconstruction allemande pour des motifs diffé- vient d’un pouvoir unique centralisé. Au contraire,
rents. Les États-Unis, en référence à leur propre diviser les lieux du pouvoir permet de les limiter par
système, tenaient le fédéralisme comme une le jeu des contrepoids, voire de les opposer et de
garantie des libertés individuelles et un frein au préserver l’espace des libertés des individus.
risque totalitaire.
Plus proches géographiquement, Anglais et Fran- 2. Le fédéralisme favorise la citoyenneté, car il aug-
çais voulaient prévenir une Allemagne forte et mente le nombre de lieux de pouvoir et ainsi ceux de la
considéraient que le système fédéral en diluant les participation des citoyens. Les citoyens, plus proches
pouvoirs s’opposerait à un pouvoir fort. des lieux de pouvoir, se trouvent davantage concernés.
3. Le choix fédéral correspondait aussi à la culture 3. Une organisation fédérale stimule la démocratie
allemande : l’histoire de l’Allemagne renvoie à une car elle diminue la taille des circonscriptions, rend
tradition de l’autonomie locale explicable par des plus fréquentes les consultations, donne plus de
spécificités culturelles fortes dans les différents poids à chaque vote et propose des questions dont
États. les citoyens perçoivent davantage la portée.

Faire le point

État unitaire État fédéral

Nombre de niveaux essentiels


Un, sauf décentralisation Deux
de décision

Partage de compétences Non Oui

Exercice de la souveraineté Exercée en monopole Partagée

Niveaux d’administration Centre et niveaux déconcentrés État fédéral, États fédérés

Nombre d’ordres juridiques Un Deux

– Capacité à intégrer de nouveaux – Capacité à faire coexister des


habitants et territoires. différences ethniques et culturelles.
– Traitement identique des habitants – Garantie des libertés individuelles
Vertus (égalité). par contrepoids.
– Citoyenneté/démocratie favorisée
par la multiplication des paliers de
pouvoir.

pages 320-321    C. Quelle démocratie  et éclairée des citoyens, active par la participa-


représentative ? tion effective à l’acte de désignation (le vote) et
éclairée dans les critères du choix de retenir tel
Doc. 1
représentant ou tel programme. Le choix rationnel,
1. Tout système de gouvernement ne peut être que raisonné et documenté devrait limiter l’effet de
représentatif, car la plupart des sociétés sont de séduction de démagogues ou de campagnes basées
grande dimension, la démocratie directe n’est alors sur l’irrationnel.
pas possible : il faut désigner des personnes déci- 3. La légitimité des représentants est fondée sur la
dant au nom de tous. participation des citoyens au vote et à leur capa-
2. La démocratie représentative, si elle repose sur cité à proposer des paroles et des programmes sus-
la délégation, implique une participation active citant l’adhésion.

170
Doc. 2 Doc. 4
1. Le gouvernement du peuple signifie que la 1. Il n’y a pas correspondance entre la composi-
source du gouvernement réside dans le peuple : sa tion socioprofessionnelle des députés et celle de
légitimité procède du vote et de l’élection la population française : sous-représentation des
Le gouvernement par le peuple représente l’idéal salariés les moins qualifiés (absence totale des
d’une élite représentative du peuple, donc issue ouvriers, proportion infime des employés et faible
de toutes les couches de la société, y compris les des professions intermédiaires), surreprésentation
moins favorisées socialement. des catégories les plus dotées en diplômes (profes-
sions libérales et cadres et PIS). Les raisons tien-
Le gouvernement pour le peuple concerne le contenu
nent aux compétences nécessaires pour réussir en
de la politique suivie : le gouvernement doit veiller
politique. La maîtrise des dossiers exige un niveau
au bien commun, et avoir une coloration sociale
de qualification et de diplômes dont sont dépour-
dans les mesures prises.
vus en particulier les ouvriers et les employés.
2. La formulation du premier alinéa (article 3) éta- Ce décalage se constate aussi pour l’âge : l’âge
blit la jonction entre deux traditions de la souve- moyen des députés est largement supérieur à celui
raineté : l’une établissant la nation comme lieu de de la population française et surtout apparaît une
la souveraineté, entité supérieure et non réductible criante sous-représentation des moins de 40 ans.
à la somme des parties (nation indivisible) ; l’autre Les raisons tiennent au non-renouvellement du per-
populaire, conçue comme la somme des volontés sonnel politique et au cumul des mandats. D’autres
individuelles procédant du vote et admettant deux pays donnent plus de chances aux jeunes généra-
modalités l’une indirecte, représentative et l’autre tions.
directe ou semi-directe par le référendum. 2. On note également une sous-représentation des
3. Le mandat impératif est le mandat qui lie l’élu femmes dans le personnel politique, particulière-
à ce que lui aurait prescrit l’électeur ou le groupe ment forte pour les mandats à scrutin uninominal
d’électeurs. L’élu ne pourrait voter en conscience, (élections cantonales et législatives), pour les
il faudrait qu’il s’aligne sur la volonté de ses élec- postes d’exécutifs municipaux, moins marquée pour
teurs. L’élu est révocable. Le mandat impératif les scrutins de listes (conseils municipaux, régio-
s’oppose au mandat représentatif. Si le mandat naux, élections européennes).
impératif est considéré comme nul selon la Consti- À cela, plusieurs raisons :
tution française, dans les faits, l’électeur sait que – La France a accusé un grand retard pour accorder
s’il opte pour un représentant de telle couleur poli- le suffrage aux femmes (fin de la Seconde Guerre
tique ; il peut anticiper la position que prendra cet mondiale). La méfiance à l’égard du vote féminin
élu lors des votes. se trouvait aussi bien à droite qu’à gauche (par
exemple, chez les républicains, peur d’une trop
Doc. 3 forte influence de l’Église).
1. L’autonomie dont disposent les représentants – La loi sur la parité explique le décalage entre les
par rapport à leurs électeurs provient du mandat types de mandats (la parité est plus facile à impo-
représentatif : en droit, ils ne sont pas révocables, ser et à respecter pour un scrutin de liste).
ils peuvent exercer le pouvoir durant la durée de – Le cumul des mandats est un autre facteur de la
leur mandat et ils ne sont pas engagés par les pro- faible place des femmes.
messes qu’ils ont faites. Ils peuvent adapter leur
3. En dehors du sexe, de l’âge et de la PCS, on peut
action aux réalités de leur mandat.
penser à d’autres critères tels ceux de l’origine eth-
2. Cependant, ils doivent tenir compte de ceux nique ou de la couleur de peau (critère de la « diver-
qu’ils représentent à court et moyen terme : à court sité »), de l’orientation sexuelle (homosexuels), de
terme, car les représentés peuvent investir la rue, l’origine géographique (régions, DOM-TOM), de la
exprimer leurs désaccords et contester la légitimité religion (cas des régimes politiques pratiquant un
des choix opérés ; à moyen terme, si les représen- équilibre confessionnel comme le Liban).
tants souhaitent se faire réélire, ils devront présen- Les problèmes provenant d’un décalage peuvent
ter un bilan suscitant l’adhésion des électeurs. être : du côté des électeurs, le sentiment de ne pas

171
être représentés, compris, de ne pas se reconnaître de vivre dans deux mondes différents. À l’opposé,
dans ce qu’expriment les représentants ; du côté des dans les pays nordiques, les élus empruntent les
représentants, la méconnaissance de ce que vit la mêmes moyens de transport que leurs administrés,
population. Se joue un aspect symbolique à travers font eux-mêmes leurs courses.
la capacité à mettre des mots, les bons mots sur la 3. La baisse du coût de l’accès à l’expression poli-
réalité vécue par la population de telle sorte que tique revêt deux dimensions, matérielle et symbo-
le peuple se reconnaisse (risque de crise de légi- lique :
timité). – matérielle, car d’autres moyens d’expression sont
apparus, facilitant la prise de parole (par exemple,
Faire le point
l’internet) ;
Démocratie représentative – symbolique car les représentants politiques ne
Définition : système politique démocratique où sont plus les seuls à maîtriser les dossiers : la mon-
le peuple exerce sa souveraineté par le biais de tée des diplômes et des compétences donne à la
représentants. population les moyens intellectuels de contester
les décisions des politiques.
Principes :
– Technique : dès que la dimension de la société Doc. 2
dépasse une certaine taille, l’exercice indirect du 1. La démocratie participative aboutirait à de
pouvoir devient une nécessité. meilleures décisions car elles sont précédées d’un
– Politique : les représentants tirent leur légitimité débat plus rationnel au sens où les débatteurs doi-
de l’élection. vent se situer par rapport à l’intérêt général. En
Limites : conséquence, les décisions sont plus légitimes,
– Non-respect par les représentants de leurs pro- donc acceptables et acceptées, car elles ne sont
messes. pas le fruit d’un marchandage entre intérêts par-
– Distorsion entre les caractéristiques de la popu- ticuliers, mais l’aboutissement de la recherche de
l’intérêt général.
lation et celles des représentants (en termes de
sexe, d’âge, d’origine professionnelle, d’origine 2. La démocratie participative facilite une citoyen-
ethnique) aboutissant à une élite politique décon- neté active et informée car elle implique plus de
nectée des réalités du pays. citoyens et des citoyens plus au fait des questions
débattues par leur connaissance des dossiers et des
politiques.
pages 322-323    D. La démocratie participative :  3. La démocratie participative peut contribuer à
comment et pourquoi ? plus de justice sociale, car elle inclut des groupes
sociaux exclus du jeu politique qui peuvent s’ex-
Doc. 1
primer et formuler des revendications. Ces groupes
1. La diminution de la légitimité de la représenta- dominés sont plus à même de défendre leurs inté-
tion s’exprime dans la moindre participation électo- rêts : le résultat peut être une meilleure répartition
rale, dans la montée des votes protestataires, dans des droits et avantages au sein de la société, donc
le faible niveau de confiance accordée au personnel plus de justice sociale.
politique et à la mauvaise image de ces derniers.
La diminution de l’efficacité de la représentation Doc. 3
s’illustre dans la contestation de ses décisions, et 1. Pour les jeunes, le CMJ est un moyen d’aboutir à
dans la difficulté à résoudre les problèmes écono- des décisions adaptées à leurs besoins. C’est aussi
miques et sociaux (chômage, exclusion). une valorisation personnelle et collective : le statut
2. La distance entre le peuple et ses représen- d’élu au CMJ les distingue.
tants s’exprime dans le fait que les citoyens ne se Pour les adultes, le CMJ est une source d’infor-
reconnaissent pas dans leurs élus. En France, des mations sur les besoins et les préoccupations
pratiques d’hommes politiques sont vécues comme des jeunes, c’est une préparation des jeunes aux
des scandales (vacances gratuites ou aux frais de la contraintes de la gestion politique (montage de
République de tel ministre) et donnent l’impression dossiers), c’est faciliter les rapports intergénéra-

172
tionnels, donc la transmission des traditions et de pages 324-331  AnAlyse 3
la culture démocratique et enfin une possibilité
Comment analyser la diversité  
d’accroître la légitimité des représentants en favo-
des cultures politiques et des formes  
risant l’adhésion à leur action municipale.
de citoyenneté ?
2. Internet peut être un outil de démocratie parti-
cipative car il permet la diffusion des informations
(comptes rendus de réunions, présentations des
pages 324-325    A. Qu’est-ce que la citoyenneté ?
dossiers) et facilite les consultations (sondages). Doc. 1
3. Se renseigner à la mairie, communauté de com-
1. La citoyenneté est une construction non accom-
munes, conseil général, centres sociaux…
plie au Brésil, car la citoyenneté suppose, l’auto-
nomie individuelle. Or prédominent des rapports
Doc. 4
d’allégeance, de clientélisme envers le personnel
1. Le nombre de participants par réunion, dans politique et ceux à qui ils ont prodigué le service.
tout le processus, la qualité de ces personnes (quel Ainsi les pauvres endossent une posture de victime,
quartier ? quelle profession ? quels diplômes ? quelle d’infériorité, rompant avec le nécessaire rapport
origine ethnique ?). d’égalité que suppose la citoyenneté.
2. Les risques d’une démocratie participative de 2. La citoyenneté est un concept double : 1/c’est un
proximité résident dans le fait de ne pas vou- statut d’exercice effectif des droits, c’est la dimension
loir/pouvoir prendre en compte l’intérêt général sociale ; 2/c’est une attitude, un comportement d’im-
des autres territoires (esprit de clocher), d’être plication de l’individu dans la lutte pour ces droits.
confronté à des problèmes pour lesquels l’échelle
locale n’est pas pertinente. Enfin subsiste le risque Doc. 2
d’un émiettement des expressions collectives. 1. Avant le suffrage universel masculin, le suf-
3. La démocratie participative peut poser problème frage était restreint. Seuls ceux payant un impôt
aux mouvements sociaux et associatifs : soit ils (le cens) pouvaient voter (suffrage censitaire). La
sont mis à l’écart, car on les soupçonne de limiter limitation pouvait procéder de la maîtrise de l’écri-
le débat, soit ils sont intégrés au dispositif, voire ture et de la lecture (suffrage capacitaire).
instrumentalisés au risque de réduire leur autono- 2. Les agents de mobilisation du nouvel électorat
mie, leur capacité critique. ont été les membres des courants politiques favo-
rables à la conquête du suffrage universel. L’insti-
Faire le point
tution scolaire y a aussi contribué : les instituteurs
Modalités Justifications Limites et les concepteurs des manuels scolaires.
Les méthodes consistaient en contacts individuels
– CMJ – Amenuisement – Participation
et collectifs entre militants républicains et élec-
– E-démocratie de la légitimité seulement des
et de l’efficacité personnes à fort teurs et au relais exercé par l’école.
– Conseils
de quartier
de la démocratie capital culturel 3. L’attachement au droit de vote, la répugnance à
représentative – Difficultés de avouer son abstention sont une construction histo-
– Jury citoyen
– Accroissement prise en compte rique : la pratique de s’inscrire sur les listes électo-
– Référendum de la distance de l’intérêt rales et de voter est devenue une norme prescriptive
etc. entre général reliée à une valeur positive (le civisme) ; cette pra-
représentants – Risque de
et citoyens
tique n’était pas une évidence au milieu du xixe siècle.
dépendance pour Il a fallu valoriser et justifier ce comportement pour
– Hausse de les associations
la capacité le consolider. C’est en ce sens qu’elle participe d’une
des citoyens construction historique, car elle a exigé du temps.
à se mobiliser
et à participer Doc. 3
– Avantage 1. Lutte contre la monarchie absolue ; contre l’ar-
de la proximité bitraire, contre la censure, mouvement littéraire
des Lumières (Encyclopédie, Voltaire…), dévelop-

173
pement de la presse, les apports de la révolution pratiques citoyennes (exemple : voter, débattre) :
de 1789 (Déclaration des droits de l’homme et du famille, école, partis, associations, syndicats par-
citoyen). ticipent à cette socialisation.
2. Au xixe siècle,
le suffrage n’était pas encore uni-
versel, puisqu’il ne concernait que les hommes. Les
pages 326-327    B. Citoyenneté ou citoyennetés ?
femmes en France ne bénéficieront du droit de vote
qu’en 1944 (premier vote en 1945). Doc. 1
3. Les citoyens français ne bénéficient de tous les 1. Le niveau préféré par l’Américain moyen est le
éléments de la citoyenneté que sous condition niveau local.
d’âge. Les résidents étrangers hors UE qui n’ont
2. Pour la culture américaine, ce qui doit primer
pas la nationalité française ne bénéficient pas des
dans les rapports individu-société, c’est l’individu,
droits politiques. Les ressortissants de l’UE jouis-
ses droits, sa possibilité de décider par lui-même.
sent du droit de vote et d’éligibilité aux élections
Même exigence pour les groupes de base auxquels
municipales et européennes (cf. doc. 1 p. 328).
peut appartenir l’individu.
Doc. 4 Concernant le rapport au pouvoir, ce dernier, qu’il
prenne la forme du pouvoir intermédiaire ou bien
1. Le citoyen se caractérise à la fois par un sta- du pouvoir central, fédéral est toujours suspecté
tut (des droits) et un rôle (des devoirs). Droits et de limiter les prérogatives individuelles. On peut
devoirs sont imprescriptibles au sens où on ne peut cependant repérer des paradoxes, car le leadership
faire l’impasse ni sur les uns ni sur les autres. Les est une valeur positive ainsi que le respect de
droits sont aussi indivisibles : on ne peut rogner ni l’ordre et de la loi.
sur ce que le citoyen a droit ni sur ses possibilités
d’agir, sinon il perdrait en autonomie, en dignité et
3. L’individualisme foncier des Américains est tem-
péré par l’appartenance à des groupes et par le res-
en couverture de ses besoins.
pect des règles démocratiques, notamment de la loi
2. Cette phrase annonce ce qui sera développé dans et de l’ordre. L’analyse par Tocqueville du rôle de la
la suite du texte : une vie politique démocratique religion peut être reprise ici.
requiert de façon continue un citoyen informé,
rationnel et actif : Doc. 2
– informé de ce que fait le pouvoir, de ce que cri- 1. La culture politique républicaine se conçoit
tique ou propose l’opposition, à charge pour les comme le ciment de l’identité et de l’unité natio-
représentants politiques de fournir ces éléments nale. Ses grandes caractéristiques sont :
d’information, de rendre compte des décisions, de
– la souveraineté nationale postulant pour l’État
leurs attendus et de leur action, et aux citoyens de
une action de contrôle, voire d’action productive
s’y référer ;
dans un contexte de mondialisation ;
– rationnel : le citoyen doit en raison évaluer, com-
– l’égalité devant la loi ;
parer les offres et les demandes au crible du bien
– l’attention aux droits de l’homme ;
commun ;
– la solidarité par la redistribution.
– actif : à savoir voter et participer aux réunions
de la cité. 2. La culture républicaine s’oppose à la culture
américaine : dans son rapport à l’État qui est perçu
Faire le point plus positivement (gestion de la solidarité, correc-
tion du marché, souci de l’égalité) ; dans son rap-
Le modèle citoyen s’oppose au paternalisme :
port aux groupes et communautés (souvent perçues
au lieu de faveurs conditionnelles, la citoyen- comme attentatoires à l’intérêt général, car sou-
neté attribue des droits civiques inconditionnels vent porteurs d’intérêts seulement particuliers).
(droits civils, politiques et sociaux) et, en même
temps, ces droits correspondent à des devoirs, à Doc. 3
un comportement civique. 1. Le premier type d’identification des individus à
Ce modèle citoyen n’est pas naturel, il nécessite la communauté politique procède de l’intégration
un apprentissage des valeurs, des normes, des normative des citoyens : les individus sont guidés

174
par les mêmes idéaux, les mêmes règles de compor- sont moins favorables à l’intervention de l’État que
tement, ce qui crée un ciment, une unité qui fait ceux votant à gauche (+ 22 points en Allemagne,
une communauté solidaire. + 7 points en France, + 23 points en Suède). Mais
2. Le nouveau modèle de citoyenneté se différencie dans plusieurs pays, c’est à droite que l’on trouve
du premier modèle historique par la diversité des le moins d’approbation de cette moindre interven-
idéaux et des sous-cultures ; l’unité et la citoyenneté tion de l’État (- 13 points en Espagne, - 5 points
sont favorisées par la fourniture égale à tous les en Italie).
citoyens des services assurant le bien-être matériel. L’opposition droite/gauche n’est donc pas absolue,
mais relative à l’espace. La même relativité existe
Doc. 4 au plan historique (cas de la France où des valeurs
1. Selon l’enquête 2003-2004 European social Sur- de gauche passent à droite ; par exemple, le thème
vey, en Suède, 13 % des personnes situées à gauche de la nation).
sont d’accord ou plutôt d’accord avec la proposition
« Moins l’État intervient dans l’économie, mieux Faire le point
c’est pour le pays ». Les cultures citoyennes se différencient dans
Selon la même enquête, en Suède, 23 % des per- leur rapport à la défense des droits individuels,
sonnes, quel que soit leur positionnement poli- dans leur manière de se situer vis-à-vis de l’État.
tique, sont d’accord ou plutôt d’accord avec cette
Par exemple, sur le bien-fondé de l’intervention
proposition.
de l’État dans l’économie, dans la conception de
2. Selon l’enquête 2003-2004 European social Sur- l’unité de la nation, dans la possibilité d’accepter
vey, les pays approuvant le moins la proposition dans l’espace public les différences culturelles,
d’une faible intervention de l’État sont la Suède et dans la manière dont se structurent la gauche et
les Pays-Bas, ceux approuvant le plus la proposi- la droite, dans le rapport à la religion.
tion d’une faible intervention de l’État sont l’Alle-
magne, l’Italie, la France et la Grande-Bretagne.
Les pays à faible approbation d’une moindre inter- pages 328-329    C. Européen, une citoyenneté 
vention de l’État sont ceux où le poids de l’État en construction ?
dans la redistribution est le plus important. Doc. 1
3. 1. Pour bénéficier de la citoyenneté européenne,
Vote à gauche Valeurs liées Vote à droite il faut déjà être citoyen d’un des pays de l’Union
favorisé à la dimension favorisé européenne

Croyance et 2. À un marché unique, intégré sans frontière pour


Irréligion Religieuse que marchandises, capitaux et hommes circulent.
appartenance
3. Non pour le mandat de conseiller général, oui
Croyance dans Croyance dans
les vertus de les vertus de la pour celui de député européen et de conseiller
Relative municipal.
l’intervention libre initiative
au domaine
de l’État pour privée pour 4. Le comité des régions, le comité économique et
économique
assurer une plus assurer l’intérêt social.
grande égalité général

Adhésion Doc. 2
à des valeurs Relative Adhésion 1. La citoyenneté s’est étendue sur deux axes
de tolérance et aux valeurs à des valeurs depuis le xviiie siècle : le premier, quantitatif, en
d’épanouissement humanistes et ethnocentrées concernant de plus en plus d’individus ; le second,
de l’individu universalistes et rigoristes
humain relatif à l’étendue des droits (d’abord civils, puis
politiques et sociaux).
4. En général, affirmer les vertus de l’intervention 2. La citoyenneté européenne n’est pas encore
de l’État pour une plus grande égalité des condi- effective pour les résidents non européens en UE.
tions incite à voter à gauche. Le respect intégral des droits est à vérifier en per-
Dans le document 4B, les personnes votant à droite manence.

175
3. Les vecteurs de progrès de la citoyenneté euro- au nom de l’intérêt général ; il faudrait leur présenter
péenne résident dans les partis et les médias. des débats et des enjeux pertinents à l’échelle euro-
Les partis doivent se structurer au niveau européen péenne. Une autre condition serait le consentement
pour organiser le débat public et sélectionner le à se sacrifier pour défendre leur « patrie commune ».
personnel politique européen. Les médias, en infor- Les difficultés pour réaliser cet espace public sont
mant les citoyens des affaires européennes, feront relatives à cette transformation des mentalités qui
exister cet espace politique (à la fois sur la vie exigera du temps et une volonté politique de dépas-
politique des autres pays de l’UE et sur le traite- ser les intérêts et points de vue nationaux.
ment de l’action des institutions européennes). 3. Pour D. Schnapper, la citoyenneté européenne ne
deviendra réelle que lorsque les institutions euro-
Doc. 3 péennes seront légitimes aux yeux des citoyens, ce
1. En 2009, dans l’UE à 27, 57 % des électeurs ne qui renvoie à la fois à la pratique de ces institutions et
sont pas allés voter au scrutin des élections au Par- à celle des citoyens. L’auteure oppose ici les notions
lement européen. de formel/réel : les institutions apparaissent dans leur
2. Depuis 1979, l’abstention progresse : le corol- dimension juridique, pas encore dans une traduction
laire est que la participation au scrutin diminue. de progrès matériel et immatériel tangible.
Le taux d’abstention a progressé de 19 points en %
entre 1979 et 2009. En raisonnant sur le taux de Faire le point
participation (62 % en 1979, 43 % en 2009), ce • Acquis
taux baisse de 19 points en % soit de l’ordre de – citoyenneté européenne pour tout citoyen d’un
30 % en 40 ans. des pays de l’Union ;
3. Cette baisse de la participation s’explique par – droits de libre circulation et de libre séjour ;
plusieurs facteurs : – droit d’éligibilité et de vote ;
– les électeurs ne voient pas l’enjeu de cette élec- – droit de pétition ;
tion, estimant cette institution lointaine ; • Limites
– les partis politiques, les gouvernements, les – droits limités des résidents non originaires de
médias ne font pas preuve de pédagogie pour illus- l’UE ;
trer le rôle effectif du parlement (pouvoir de codé- – fort taux d’abstention aux élections du Parle-
cision, contrôle de l’exécutif dans la vie concrète ment européen ;
des Européens, production de normes) ;
– insuffisante structuration européenne des par-
– les modalités du scrutin (différentes selon les
tis politiques ;
pays pour le mode de scrutin, la date, le choix des
– faible traitement des affaires européennes dans
candidats) ne permettent pas d’en faire un événe-
les médias ;
ment suffisamment mobilisateur ;
– absence d’un véritable espace public européen.
– l’absence de campagne de proximité avec un(e)
eurodéputé(e) personnalisé(e).

Doc. 4 pages 330-331    D. Citoyenneté, participation 


politique : crise ou mutation ?
1. L’auteure oppose le principe de la citoyenneté,
commun aux peuples européens, aux pratiques et Doc. 1
institutions concrètes qui diffèrent d’un pays à 1. Le taux d’abstention tend à augmenter pour tous
l’autre, notamment du fait de l’action étatique et les types d’élection. Par exemple, pour les élections
de la culture politique. Cette opposition explique la municipales, on passe d’un taux d’environ 1/5-1/4
méconnaissance des pratiques des autres pays ainsi de 1959 à 1983 à 1/3 en 2001-2008.
que la difficulté de converger vers des pratiques 2. L’abstention diffère selon les élections : elle est
communes. la plus élevée pour les européennes et les régio-
2. Pour constituer un espace public européen, nales, la plus basse pour les présidentielles, inter-
les habitants de l’UE doivent se sentir et agir en médiaire pour les municipales et législatives.
citoyens ; ils doivent considérer les dirigeants et leurs Ces différences sont à relier à la perception des
décisions comme légitimes, c’est-à-dire acceptables enjeux (forts pour la présidentielle, faibles pour

176
les européennes), à la campagne électorale, à la – par la création d’un nouvel espace de débat sur
médiatisation et notamment à la personnalisation, des questions à traiter ;
au groupement des scrutins (par exemple, l’absten- – par la modification du droit qu’elles permettent et
tion aux cantonales en 2011 a été plus forte qu’en donc l’introduction d’une nouvelle régulation per-
2008, car les élections cantonales n’étaient pas mettant un meilleur fonctionnement de la société.
associées à d’autres scrutins). 4. Le rapport des nouvelles mobilisations à l’État et
au droit est paradoxal, car elles font appel à l’État,
Doc. 2
à un renforcement de la régulation et du droit et,
1. Partis hors système : extrême droite : le Front en même temps, elles l’affaiblissent par l’hétérogé-
national ; extrême gauche : le Nouveau parti antica- néité des demandes.
pitaliste, Lutte ouvrière, Parti ouvrier indépendant.
2. L’intérêt de cumuler abstentions, votes blancs, Doc. 4
nuls et protestataires est de relativiser le soutien 1. Deux changements affectent l’État-nation : son
effectif des électeurs aux partis de gouvernement et rôle de régulateur est concurrencé par d’autres
de pointer le déficit de légitimité : le décompte des autorités (économiques, politiques, administra-
voix pour les partis de gouvernement peut représen- tives) qui limitent sa marge d’action. Il pâtit de
ter moins de la moitié des voix potentielles. Prendre la crise de l’État-providence, notamment finan-
en compte une telle masse permet de comprendre la cière. Sa capacité à assurer la cohésion sociale
possibilité d’un déplacement d’une partie de ces voix par le biais de représentants acceptés est érodée.
pour expliquer les surprises électorales. Ces deux changements affectent la participation
3. 2002 a connu le syndrome du 21 avril : au pre- conventionnelle, notamment le vote car, dans un
mier tour des élections présidentielles, Lionel Jos- contexte où le pouvoir central est considéré moins
pin, Premier ministre, n’arrive qu’à la troisième efficace, il est moins attirant d’une part et, d’autre
place derrière J. Chirac et J.-M. Le Pen : il est éli- part, dans sa logique délégataire, jugé non adéquat
miné pour le deuxième tour. Quatorze candidats à exprimer la diversité des appartenances.
étaient présents au premier tour dont trois pour 2. À la montée de l’individualisme, à la volonté de
des partis trotskistes, deux pour l’extrême droite, prise en compte de la diversité, à l’amélioration des
un pour « Chasse, pêche, nature et traditions ». compétences et de la capacité d’expertise.
Doc. 3 3. L’expression renvoie à l’idée de gouvernance. La
période actuelle voit le passage d’un système où
1. Voter, participer à un débat, discuter politique.
le pouvoir central pouvait agir de façon directe au
2. Boycotter, créer un événement de protestation, nom de l’intérêt général à un système où il doit
occuper un logement vacant. composer avec d’autres acteurs, notamment de la
3. Ces formes non conventionnelles renouvellent la société civile. L’action de l’État est plus indirecte,
démocratie de deux façons : consacrée à l’arbitrage et à la régulation.

Faire le point
Type de changement Crise
Enjeu pour la démocratie
de la citoyenneté ou mutation ?
– Baisse de la – Instabilité électorale (surprises électorales, votes
participation électorale – Crise de la sanction)
participation
– Hausse des votes conventionnelle – Baisse de la légitimité des représentants et crise
protestataires de la représentation
– Mutation
– Émancipation de la société civile
– Hausse d’une
– Concevoir de nouvelles procédures de décision
– Hausse des participation non
et développer plus de démocratie participative
manifestations conventionnelle
– L’État central devient plus arbitre et régulateur
– Refus d’une
que décideur
simple délégation

177
page 332   vers le bAc page 333   vers le bAc
Mouvements sociaux et démocratie Jeunesse et citoyenneté
1. Les mouvements sociaux sont-ils compatibles 1. Faits : manifestations lycéennes, participations
avec une société démocratique ? des lycéens aux manifestations d’adultes relatives
2. La critique du caractère non démocratique des à la réforme des retraites. Principes : responsabilité,
mouvements sociaux n’est pas forcément convain- citoyenneté.
cante (fin 1er §). 2. Les jeunes ne sont pas concernés aujourd’hui,
La vitalité des mouvements sociaux permet d’iden- ils le seront seulement dans quatre décennies. Ils
tifier quatre tendances montantes d’une nouvelle sont intoxiqués, manipulés, instrumentalisés. Le
pratique démocratique (début 4e §). gouvernement fait cette réforme pour sauvegarder
3. – La critique du caractère non démocratique des la retraite pour les jeunes.
mouvements sociaux n’est pas forcément convain- 3. Les présidents de syndicats étudiants contestent
cante ; l’idée d’étudiants manipulés, non autonomes ; ils
– l’action gouvernementale est décalée par rapport suspectent une stratégie de division du mouve-
aux promesses électorales ; ment ; ils invoquent la citoyenneté pour justifier
– la tradition politique libérale voit un aspect posi- la participation ; enfin ils pointent la contradiction
tif aux mouvements sociaux, celui de contrepou- du discours gouvernemental soutenant à la fois que
voirs (Tocqueville) ; la réforme est faite pour les générations futures et
– l’approche rousseauiste a souligné l’enjeu d’une que les jeunes ne devraient pas être parties pre-
présence continue et active des citoyens ; nantes de cette réforme.
– la démocratie ne s’épuise pas dans le vote ; 4. La valeur de responsabilité peut se décliner en
– les mouvements sociaux traduisent une volonté normes différentes selon son rapport à d’autres
d’influence directe des décideurs. valeurs en fonction de l’idéologie des protagonistes.
4. Tendances montantes d’une nouvelle pratique La responsabilité de l’étudiant peut s’entendre dans
démocratique des dimensions différentes : aller en cours, préparer
1) Gain de transparence : caractère public du lieu, son diplôme, développer une conscience politique
des revendications et des propositions. et participer aux manifestations.
Selon que l’on est au pouvoir ou dans l’opposition,
2) Mobilisation des imaginations et des savoirs :
le discours est contraint par la position occupée. Le
apport d’expertise (illustration questions de genre,
même fait est analysé dans des grilles d’interpréta-
d’environnement, solidarité Nord Sud). Exemple :
tion différentes, selon sa place au pouvoir ou dans
Criirad.
les contre-pouvoirs. Ce mouvement social va-t-il
3) Exigence d’un fonctionnement en continu de la empêcher ou non cette réforme ?
démocratie.
Les visions des mouvements sociaux s’opposent :
4) Contestation du non-renouvellement du person- – une conception manipulatrice (les manifestations
nel politique et de l’accroissement de la distance sont dues à quelques meneurs et à des personnes
sociale et culturelle entre représentants et repré- extérieures) ;
sentés (structure des diplômés de l’ENA). – une conception plus collective insistant sur la
maturité des participants.

178
chapitre
ntrEprisE, institution,
E
12 organisation
la démarche du chapitre

L’objectif de ce chapitre est de faire découvrir le monde de l’entreprise aux élèves, en montrant que c’est
une structure essentielle des sociétés modernes en tant que lieu de production mais aussi d’innovation
et de socialisation. On étudiera donc la structure de l’entreprise, son organisation, la circulation de l’in-
formation, puis les relations entre actionnaires et managers et entre dirigeants et salariés. On montrera
que le monde des entreprises a beaucoup changé avec la financiarisation des sociétés.
Pour prendre en compte cette dimension, il est utile d’avoir quelques informations sur les statuts juri-
diques des entreprises, c’est l’objet de « Vers le bac » p. 356. Cette activité pourra être utilisée au début
du chapitre (pour accompagner le « Découvrir ») ou plus tard.

pages 342-343   Découvrir 4. La contremaîtresse a de nombreux imprévus à


gérer : deux pannes, un encombrement en fin de
Enquêter
chaîne, un changement de produit, des imprévus
2. On trouvera sans doute que les entreprises qui liés au personnel (retard, blessure).
emploient le plus et font le plus gros chiffre d’af-
faires sont des sociétés ; on pourra affiner SA, SARL
(cf. p. 356).
3b. On mettra en évidence les liens avec les four-
pages 344-349  AnAlyse 1
nisseurs, les banques, la bourse, les acheteurs, les Comment les rapports sociaux 
collectivités locales, les centres de recherche… On s’organisent-ils au sein de l’entreprise ?
précisera si ces acteurs sont nationaux ou étrangers.
pages 344-345    A. L’entreprise : le marché, 
S’exprimer
la hiérarchie ou le réseau ?
1. Le travail de la contremaîtresse est un travail
d’organisation, de contrôle, de prise en charge des Doc. 1
difficultés, d’encadrement, de soutien aux salariés. 1. Dans une situation parfaitement concurrentielle,
Il est à la fois diversifié et stressant. la confrontation de l’offre et de la demande sur le
2. Il s’agit d’un travail à la chaîne, donc de l’orga- marché permet de trouver le prix qui égalise les
nisation scientifique du travail. quantités offertes et les quantités demandées. Les
3b. La contremaîtresse note sur son cahier de bord prix permettent ainsi de coordonner les intentions
(dont nous avons ici un extrait) la production qui a des offreurs et des demandeurs.
été réalisée, les incidents qui se sont produits pen- 2. Une entreprise a besoin d’un composant pour la
dant la journée de travail. Noter tous les incidents, réalisation de son produit final. Elle peut le pro-
les imprévus, permet d’identifier les problèmes de duire elle-même, elle doit alors organiser la pro-
production pour trouver des solutions qui permet- duction : créer une unité spécifique, rechercher les
tront d’augmenter la productivité. salariés les plus compétents sur ce poste… Tout
Sur le cahier du personnel, elle note qui occupait cela constitue des coûts d’organisation.
tel poste de travail sur la chaîne, (donc qui était Elle peut choisir de faire produire le composant par
directement productif), ou en dehors de la chaîne, un fournisseur, elle aura alors des coûts de tran-
par exemple un remplaçant (donc non directement sactions : elle doit rechercher l’entreprise la plus
productif), à quel moment afin de calculer les adéquate, négocier les caractéristiques du produit
primes des salariés. à fournir, établir un contrat avec le fournisseur…

179
Doc. 2 pages 346-347    B. La multiplicité 
1. A : le sommet hiérarchique. B : la ligne hiérar- des organisations d’entreprises
Doc. 1
chique. C : le centre opérationnel. D : la technos-
tructure. E : les personnels de support logistique. 1. a. Une boulangerie employant trois salariés : une
2. Dans un hypermarché, le sommet hiérarchique structure simple.
est la direction du magasin, la ligne hiérarchique b. Un cabinet d’avocats : une bureaucratie profes-
est formée par les chefs de rayon, le centre opéra- sionnelle.
tionnel rassemble les employés qui remplissent les c. Un hypermarché : une bureaucratie mécaniste.
rayons, servent dans certains rayons (produits frais, d. Une firme multinationale d’hypermarchés : une
audiovisuel), hôtesses de caisse… Dans la technos- structure divisionnelle.
tructure, on trouvera la direction du personnel qui e. Une start-up : une adhocratie.
organise (entre autres) les plannings du personnel, 2. Les organisations hiérarchiques d’entreprises
le service des achats… Enfin au niveau du person- sont très diverses car les entreprises sont de tailles
nel de support logistique, on trouvera les services différentes, établies dans des secteurs différents,
de paye. avec des contraintes différentes ; certaines sont
multinationales, d’autres non. La direction de l’en-
Doc. 3 treprise ne peut être identique…
1. Une firme-réseau rassemble des entreprises
Doc. 2
juridiquement indépendantes, reliées à une firme-
pivot. Ces firmes travaillent ensemble, coopèrent 1. Le modèle A est plus hiérarchisé que le modèle J.
pour construire le produit final. 2. Dans le modèle A, l’information circule verticale-
2. La coordination interfirmes est favorisée par l’in- ment. La manière de produire et d’exécuter les opé-
formatique et l’internet. Ces systèmes permettent rations est définie par le sommet hiérarchique ou la
la collaboration pour échanger des informations, technostructure. L’information circule du haut vers
définir les composants des produits… le bas. Lorsque des imprévus surviennent, l’infor-
mation doit remonter verticalement vers le sommet
Doc. 4 de la hiérarchie qui devra apporter des solutions.
Dans le modèle J, l’information circule verticale-
1. L’entreprise-pivot se recentre sur son métier de
ment et horizontalement. Dans le sens vertical, ce
base, son savoir-faire et confie à d’autres entre-
sont les mêmes informations que dans le modèle
prises la réalisation de composants. L’entreprise
A qui circulent. S’y ajoute la circulation horizon-
peut ainsi minimiser ses coûts en introduisant plus
tale : échanges d’information à un même niveau
de flexibilité de sa main-d’œuvre et améliorer la
hiérarchique ; cela peut concerner des problèmes
recherche en la recentrant sur la ou les entreprises
rencontrés à un niveau du processus productif, les
les plus compétentes dans un domaine précis.
solutions qui y ont été apportées…
2. F. Mariotti relativise ces arguments en montrant
3. Les consommateurs demandent des produits
que l’entreprise-réseau est confrontée à des coûts
diversifiés, qui permettent une distinction, et non
de transactions élevés lorsqu’elle veut contrôler
des produits standardisés. Les processus productifs
l’élaboration du produit confié à un sous-traitant.
des entreprises doivent donc être flexibles pour
La flexibilité souvent avancée n’est pas toujours
s’adapter à la diversification des produits. Cela
réalisée car le sous-traitant est soumis à d’autres
nécessite une circulation horizontale de l’informa-
contraintes.
tion qui s’ajoute à la circulation verticale. Cette
circulation horizontale peut permettre de résoudre
Faire le point
de menus problèmes qui apparaissent de manière
La coordination par la hiérarchie n’a pas disparu continue dans la production (voir p. 343) et donc
dans les entreprises en réseau, car l’entreprise-pivot de faire des gains de productivité.
garde souvent le contrôle sur les sous-traitants, sur
la définition des composants… Le rassemblement Doc. 3
d’entreprises autonomes, souvent mis en avant, est 1. La communication informelle est la communica-
un idéal peu conforme à la réalité. tion qui ne passe pas par les canaux officiels d’in-

180
formation (le plus souvent la ligne hiérarchique), pages 348-349    C. Coopération, conflits 
par exemple discussion informelle entre collègues et production de l’action 
lors d’une pause, au vestiaire. Elle passe par les collective
centres de pouvoir non officiels (leadership d’un
Doc. 1
salarié par exemple), par les managers qui utilisent
certains salariés pour obtenir des informations… 1. La fonction première d’une entreprise est de réa-
La communication informelle dépend de contacts liser une action collective : la production de biens
spontanés, souples entre salariés. Elle est établie et de services.
en fonction d’affinités et d’intérêts personnels. Elle 2. La production nécessite la coopération entre les
est indispensable au bon fonctionnement de l’or- différents membres de l’entreprise pour définir le
ganisation. produit, les méthodes de production, le fabriquer,
2. La communication formelle passe par les canaux le commercialiser…
officiels d’information. La circulation de cette infor- 3. La production peut être conflictuelle car les
mation peut être perçue à travers l’organigramme intérêts des acteurs de l’entreprise peuvent être
de l’entreprise qui décrit les postes, la division du divergents. Tout d’abord au niveau des choix de
travail, les relations hiérarchiques… production : quel produit réaliser ? quels investisse-
ments ? faut-il innover ?
3. La communication informelle est vitale, car elle Au niveau de la fabrication : comment partager la
permet de suppléer tout ce que la communication
valeur ajoutée ? quelles conditions de travail pour
formelle n’a pas prévu ou anticipé, elle accélère
les salariés ?…
la circulation de l’information en court-circuitant
les canaux officiels. Elle répond aux besoins de 4. L’entreprise impose des règles de discipline au
contact, de socialisation des salariés (dans le son- travail, mais elle est aussi un lieu de création, d’in-
dage de l’encadré, 12 % des personnes interrogées vention, d’innovation, d’expression, de contesta-
répondent que c’est le meilleur moyen de se tenir tion. Elle est un lieu de conflits (émergence d’un
informé de bruits de couloir et 65 % considèrent produit nouveau, conflits dirigeants/salariés). Elle
que c’est un moment indispensable pour tisser de exerce des contraintes sur les acteurs (comme les
bonnes relations au bureau). Elle permet la cohé- règles au travail), donc elle socialise et intègre. Ces
sion de l’organisation, mais aussi son évolution à règles influencent tous les aspects de la vie sociale
travers les rumeurs, les conflits… Elle accompagne dans la mesure où le travail impose le rythme de la
et complète la communication formelle. vie sociale. Les conditions de travail ont des réper-
cussions sur la vie privée (bien-être, stress…).
4. Le schéma est illustratif de la communication 5. L’entreprise (on peut y ajouter les administra-
informelle car il met en évidence les relations entre
tions, les associations) est une « institution cen-
les différents éléments de base d’une organisation.
trale des sociétés modernes » car elle est le lieu de
La ligne hiérarchique peut être court-circuitée, la
production de tous les biens et services que nous
communication peut venir directement de la tech-
utilisons. Elle exerce des contraintes sur les agents
nostructure ou des fonctions de support logistique.
qui participent à la production. Elle contraint le
Elle existe aussi de manière transversale au niveau
rythme de l’activité des individus (quotidien, heb-
du centre opérationnel.
domadaire, annuel, et sur la durée de vie). Elle
socialise et intègre les individus. Mais elle est aussi
Faire le point
un lieu de conflits. Elle conditionne l’existence des
L’organisation des entreprises est complexe car individus par les conditions de travail et de rému-
il y a différents types d’organisation d’entreprises nération qu’elle impose.
qui dépendent de la taille des entreprises, de leur
type d’activité, de leur caractère innovant ou non Doc. 2
(catégories de Mintzberg), de choix de société 1. Le projet ARAMIS n’a jamais vu le jour d’abord
(modèles A ou J). Mais à cela s’ajoute le fait que parce qu’il était techniquement complexe et dif-
l’entreprise ne se réduit pas à un organigramme ficile à réaliser compte tenu des connaissances de
officiel. La communication informelle ajoute de l’époque. De plus, symboliquement, il devait dépas-
la complexité à l’organisation, mais elle est vitale. ser le VAL (seul métro qui s’était fait sans la RATP).

181
Donc une rivalité entre institutions s’ajoutait aux – mais en même temps, pour minimiser le coût du
contraintes techniques. travail, l’entreprise garantit de moins en moins de
2. Les trois motifs qui peuvent expliquer l’échec carrières longues. Le travail est de plus en plus
d’une innovation sont : les difficultés techniques, flexible et précaire.
les contraintes organisationnelles, les raisons sym- 4. Ces deux exigences sont contradictoires car
boliques (prestige, capacité d’innovations…). on ne peut demander aux salariés de s’impliquer
3. Parmi ces trois motifs, le plus important pour dans l’entreprise (donner toujours plus de temps,
expliquer l’échec d’ARAMIS est le motif symbolique : accroître ses compétences…) et en même temps
ARAMIS devait dépasser le VAL. ne pas garantir la pérennité de l’emploi. Si de nou-
veaux salariés arrivés dans les entreprises peuvent
Doc. 3 beaucoup s’investir en début de carrière, l’absence
de reconnaissance suscite des mécontentements
1. La culture « l’oréalienne » est un exemple de perceptibles dans les conflits du travail collectifs
culture d’entreprise (valeurs partagées, manières ou individuels (exemple : les recours devant le tri-
d’aborder les problèmes, règles de gestion spéci- bunal des prud’hommes). Ce modèle n’est pas viable
fiques ; elle résulte de l’interaction entre les groupes à long terme.
sociaux qui constituent l’entreprise). Elle est caracté-
risée par la compétition entre les équipes pour créer Faire le point
de nouveaux produits, par la bataille pour convaincre
les supérieurs hiérarchiques. La compétition est Les actions collectives produites par les entre-
considérée par la direction comme un moyen de gal- prises sont de plusieurs ordres : action commune
vaniser les équipes et de faire vivre l’entreprise. Elle pour produire des biens et des services, pour
est stressante mais, parallèlement, les relations sont innover. L’action collective peut aussi prendre la
peu formalisées, la communication est aisée. forme de conflits pour l’émergence d’une inno-
2. La direction choisit de mettre les équipes, les vation, ou pour agir sur les conditions de travail.
produits, les marques en concurrence pour stimuler L’action collective apparaît également sous la
l’innovation. forme de socialisation.
3. La formation est essentielle pour pouvoir inno-
ver (formation en chimie, biologie), mais elle sert pages 350-355   AnAlyse 2
aussi à diffuser la culture d’entreprise, faire adhérer
les salariés à l’identité de l’entreprise.
Quels modes d’organisation  
pour l’entreprise ?
Doc. 4
pages 350-351    A. Le modèle bureaucratique 
1. « Exiger des salariés plus intelligents » signi-
en débat
fie des salariés mieux formés, plus compétents,
capables d’innover. Doc. 1
2. Les entreprises sont confrontées à des marchés 1. Selon Max Weber, l’organisation bureaucratique
fluctuants sur lesquels les goûts des consomma- est légitime car elle impose des droits et des devoirs
teurs changent vite. L’entreprise doit innover pour fondés sur des principes partagés par tous, la domi-
conquérir de nouveaux marchés ou pour conserver nation légale rationnelle étant la seule compatible
ses clients. avec la démocratie des sociétés modernes.
Les contraintes sont aussi des contraintes de ren- 2. La bureaucratie se fonde sur des règles et des
tabilité exigée par les actionnaires. Les entreprises procédures codifiées, pérennes au-delà des indivi-
cherchent alors à minimiser le coût du travail en dus qui les incarnent à un moment donné. Elles
réduisant les effectifs et/ou en introduisant plus de ne sont pas soumises à la subjectivité humaine. Le
flexibilité du travail. pouvoir est technique et impersonnel.
3. Les deux conséquences de ces contraintes sont : 3. Les relations de travail sont des relations entre
– l’entreprise demande aux salariés de s’impliquer fonctions et non entre personnes, donc elles conti-
davantage dans l’entreprise, d’innover, de faire face nuent à exister lorsque les agents qui les remplis-
aux différentes exigences… ; saient ne sont plus là et sont remplacés.

182
4. L’organisation bureaucratique favorise la prise de de toutes leurs conséquences sur les conditions de
décision car, les fonctions étant clairement défi- travail, l’environnement, etc. Étant parfaitement
nies, chacun sait ce qu’il a à faire. Les relations ne informé, l’agent peut choisir la meilleure solution.
sont pas perturbées par des aléas individuels, des Ce modèle est un idéal inatteignable, car dans la
traits de caractères, l’affectif… Les subordonnés réalité, l’information n’est jamais parfaite.
sont protégés de leurs supérieurs hiérarchiques. Le comportement réel, c’est-à-dire celui que sui-
Précisions : on pourra nuancer l’idéal bureaucratique vront très probablement les agents, ne correspond
de Weber en montrant que : pas au modèle rationnel.
– la circulation formelle de l’information est insuf- 2. Pour March et Simon, les agents envisagent
fisante pour assurer l’efficacité de l’organisation, quelques solutions à partir d’habitudes, de routines.
elle se double d’une circulation informelle (cf. Ils n’envisagent pas toutes les conséquences, mais
document 3 p. 147) ; les plus immédiates (l’individu est « myope ») et ils
– la bureaucratie n’est qu’une forme, parmi d’autres, choisissent la solution qui leur parait la plus satis-
d’organisation d’entreprise. Dans les entreprises les faisante, rien ne garantit que ce soit la meilleure.
plus innovantes, l’organisation peut être beaucoup 3. Le comportement suivi par les acteurs est l’ex-
moins formelle, du type de l’adhocratie (cf. docu- pression d’une rationalité limitée car les individus
ment 1 p. 346). cherchent bien à optimiser leurs choix, ils font un
calcul coûts/avantages, mais ils ne le font pas sur
Doc. 2
tous les choix possibles. Il y a donc de la rationa-
1. La division horizontale du travail est la parcelli- lité mais moins de cohérence. De plus, les objectifs
sation des tâches dans la production : les différentes évoluent dans le temps, l’objectif final n’est pas
opérations doivent être exécutées par des personnes toujours très clair (myopie de l’individu).
différentes sur des postes de travail différents.
4. March et Simon ont construit une critique du
2. Le bureau des méthodes définit l’organisation du modèle taylorien en montrant que la recherche du
travail à partir de l’observation des méthodes utili- « one  best  way » est difficile voire impossible. Le
sées par les ouvriers qualifiés. Cette observation est choix d’organisation du travail fait sera celui qui
enrichie de connaissances théoriques. Le bureau paraîtra le plus satisfaisant à un moment donné,
des méthodes définit les temps et les mouvements mais ce n’est pas nécessairement le meilleur.
impartis à chaque tâche.
3. Taylor recherche le « one best way », la meilleure Doc. 4
manière de produire, c’est-à-dire la plus productive. 1. Le système taylorien considère l’homme comme
4. Le taylorisme est une méthode bureaucratique une main, car il n’est qu’un exécutant qui accom-
d’organisation du travail car les fonctions sont pagne, prolonge la machine. L’ouvrier ne doit pas
définies (bureau des méthodes/atelier, postes de penser (toute la réflexion est concentrée dans le
travail parcellisé), elles sont indépendantes des bureau des méthodes) mais seulement exécuter les
individus qui les remplissent. Les tâches doivent tâches telles qu’elles ont été définies.
être effectuées d’une manière prédéfinie et on ne 2. Malgré les pressions du modèle taylorien, sa
peut, en principe, y déroger. En principe encore, manière d’exiger des individus qu’ils suivent les
le taylorisme permet d’échapper à l’arbitraire des instructions sans réfléchir, les individus conservent
chefs puisque les fonctions sont prédéfinies. une marge de liberté qui fait d’eux des acteurs.
Pour illustrer le taylorisme, voir la description du Ils s’adaptent et inventent en fonction des cir-
travail dans les centres d’appels : Mathieu Amiech, constances. Ainsi, dans L’Établi (chapitre 7) de
« Les centres d’appel téléphoniques : une certaine Robert Linhart (première publication aux Éditions
idée du service au client » dans Danièle Linhart de Minuit en 1978), l’ouvrier chargé des retouches
et Aimée Moutet, Le  Travail  nous  est  compté, La sur les portières avait construit son propre établi.
découverte, « Recherches », 2005. Bel exemple de conflit entre l’inventivité de l’ou-
vrier et la rationalité du bureau des méthodes. Dans
Doc. 3 le même ouvrage, chapitre 2, on voit les ouvriers
1. Le modèle idéal de la rationalité repose sur une (ici les yougoslaves) capables d’invention pour se
connaissance parfaite de tous les choix possibles, ménager des pauses.

183
3. Malgré l’organisation bureaucratique, des acteurs 3. La technostructure a dominé l’entreprise durant
peuvent se ménager des zones de pouvoir. Toujours les décennies 1960-1970.
dans L’Établi, les Yougoslaves déjouent l’auto-
rité des chefs en organisant le travail pour deux Doc. 2
ouvriers alors que le bureau des méthodes a défini 1. Les managers cherchent à maximiser le chiffre
trois postes, de manière à ménager une pause pour d’affaires et non le profit car c’est lui qui assure
le troisième ; dans la mesure où le travail est fait, leur pérennité à la tête des entreprises et qui
le chef d’atelier ferme les yeux. Mais c’est aussi garantit leur pouvoir. La maximisation du chiffre
le lieu d’expression du pouvoir des chefs, parfois d’affaires s’accompagne d’une augmentation de la
tyrannique (voir le début du chapitre 6 de L’Établi). taille de l’entreprise, éventuellement d’une aug-
On peut aussi reprendre l’exemple de l’Oréal p. 343 : mentation des parts de marché et peut décourager
l’ouvrière souvent en retard fait-elle face à de véri- l’entrée de nouveaux concurrents. Une entreprise
tables contraintes familiales ou a-t-elle du mal à se plus grande donne plus de pouvoir de négocia-
rendre à son travail peu intéressant ? tions auprès des banques, des fournisseurs pour
4. Compte tenu des marges de liberté qui restent obtenir des prix ou des taux d’intérêt plus faibles.
à l’acteur dans une organisation bureaucratique, Elle attire les salariés (souvent les rémunérations
si faibles soient-elles, il reste toujours des marges y sont plus élevées, les perspectives de carrières
d’incertitudes, il faut toujours s’adapter, faire face plus attractives).
à des imprévus. Le travail de la contremaîtresse Être manager dans une grande entreprise témoigne
p. 343 en est un exemple. de compétences professionnelles et confère plus
d’avantages personnels (voitures de fonction…).
Faire le point Tout cela accroît le prestige individuel.
Le modèle bureaucratique est un idéal organisa- 2. Le pouvoir, le prestige, le statut dépendent sou-
tionnel censé maximiser la productivité de l’entre- vent de la taille de l’entreprise. Plus une entreprise
prise. Mais il ne peut être réalisé car l’organisation est grande, plus le nombre de personnes à manager
doit faire face à deux contraintes : est important, plus le pouvoir et le prestige sont
– l’impossibilité de choisir l’organisation la plus importants. Une grande entreprise permet aussi
performante dans un contexte d’information d’obtenir des avantages (bureau luxueux, voiture
imparfaite. On ne peut connaître tous les choix de fonction…) qui donnent du prestige. Le mana-
possibles, ni toutes les conséquences de ces choix ; ger peut également décider de réaliser des investis-
– l’imprévisibilité des comportements humains sements dans les domaines qu’il maîtrise le mieux ;
qui gardent toujours une marge de liberté même ces investissements le rendent indispensable et
dans les organisations les plus contraignantes. augmentent son pouvoir et son prestige.
3. Les managers ont un objectif de compétence
professionnelle car c’est ce qui les rend indispen-
pages 352-353    B. Managers et propriétaires 
sables dans l’entreprise et assure donc leur péren-
de capital : des intérêts opposés ?
nité en son sein, mais c’est aussi ce qui assoit leur
Doc. 1 pouvoir et justifie une rémunération élevée.
1. La technostructure est composée de l’ensemble
des cadres dirigeants ou subalternes, d’analystes, Doc. 3
d’experts techniques et financiers, de techniciens 1. Le capitalisme actionnarial (ou patrimonial) est
qui conçoivent les produits, planifient, gèrent, une nouvelle forme de capitalisme qui apparaît dans
contrôlent les processus de travail (voir doc. 2B la décennie 1980. Elle se caractérise par l’ouverture
p. 344). Il s’agit de salariés de l’entreprise qui exer- des frontières, la libéralisation des marchés finan-
cent des fonctions de direction ou qui participent à ciers, l’importance prise par les investisseurs institu-
la prise de décision dans l’entreprise. tionnels qui exigent des rentabilités élevées pour les
2. Le pouvoir de la technostructure se manifeste à entreprises. Pour satisfaire ces exigences, les entre-
travers le savoir, les compétences, l’expertise dans des prises se sont réorganisées et ont modifié le rapport
domaines divers (financiers, techniques, recherche, salarial (plus de flexibilité, intéressement aux résul-
maîtrise des processus productifs, marketing…). tats, remise en cause de la protection sociale).

184
2. Les investisseurs institutionnels sont des orga- entreprises. L’option peut se réaliser dans un délai
nismes collecteurs d’épargne qui placent les fonds de cinq ans. Si le cours de l’action est plus élevé
sur les marchés financiers sous forme d’actions ou que le prix de l’option, le cadre réalisera une plus-
d’obligations. Ce sont des sociétés d’investisse- value boursière, si le cours est plus faible, le cadre
ment, des fonds de pension, des OPCVM (Organismes n’est pas obligé de réaliser l’option.
de placement collectif en valeurs mobilières), des 3. Les actionnaires peuvent modifier le comporte-
compagnies d’assurance, des banques. Leur objectif ment des managers en leur octroyant des stock-
est de faire des placements lucratifs pour les agents options. Ceux-ci ont alors intérêt à ce que la valeur
qui leur ont confié leur épargne. Même si leur par- des actions augmente pour pouvoir réaliser une
ticipation dans le capital des entreprises est le plus plus-value en réalisant leur option, et accroître
souvent minoritaire, ils exercent des pressions sur ainsi leur rémunération. Les managers sont alors
les managers pour que la gestion de l’entreprise directement incités à l’augmentation de la valeur
accroisse la valeur actionnariale et satisfasse donc boursière de l’entreprise et modifieront leur manière
les intérêts des actionnaires, en particulier en aug- de gérer l’entreprise. Les intérêts des managers et
mentant les dividendes. des actionnaires sont concordants.
3. L’objectif de maximisation de la valeur action- 4. Le reporting est un compte rendu d’activité. Les
nariale (générer des plus-values sur les actions de informations communiquées sont souvent finan-
l’entreprise) fait passer au second plan le dévelop- cières, mais peuvent concerner d’autres domaines
pement de l’activité et de l’emploi. En effet, pour comme le développement durable. Les managers
réaliser plus de profits, les entreprises vont cher- doivent périodiquement (par exemple, tous les
cher à réduire les coûts de production, en pesant mois) faire leur rapport en indiquant les objectifs
sur le coût salarial en réduisant les effectifs, en attendus, et leur réalisation ou non. Ce reporting
intensifiant le travail sans que les rémunérations prend de plus en plus d’importance dans les entre-
n’augmentent au même rythme que les gains de prises.
productivité. Donc les zinzins agissent contre l’em-
5. Le reporting est une illustration de la théorie de
ploi. D’autre part, pour augmenter les dividendes,
l’agence, car il permet au principal de connaître
la part des profits consacrée au financement des
l’information détenue par l’agent, de lui fixer des
investissements est réduite, ce qui ne favorise ni
objectifs et de contrôler si ces objectifs ont été
le développement de l’activité, ni la pérennité des
atteints.
entreprises. Il est nécessaire de s’appuyer sur le
Ainsi, les actionnaires disposent de deux moyens
partage de la valeur ajoutée (p. 42) pour mieux
pour modifier le comportement des managers : le
faire comprendre les enjeux aux élèves.
contrôle de l’activité par le reporting et la rémuné-
4. Dans le capitalisme fordiste (de 1945 à la décen- ration par les stock-options.
nie 1980), les managers ne sont pas soumis aux
contraintes des actionnaires (car le financement Faire le point
par le crédit bancaire est plus important), ils privi-
légient la croissance de l’entreprise (donc l’inves-
Le comportement des managers a évolué au cours
tissement) et de l’emploi qui leur confère plus de du temps. De la fin de la Seconde Guerre mon-
prestige en plus des avantages matériels. Dans le diale à la décennie 1980, les managers dirigent
capitalisme actionnarial, l’objectif premier est la l’entreprise de manière à assurer sa pérennité :
création de valeur pour l’actionnaire au détriment cela les conduit à développer l’activité par l’inves-
de l’investissement et de l’emploi. tissement et l’emploi. Ils y ont des intérêts maté-
riels (pérennité de leur emploi, rémunération,
Doc. 4 avantages matériels…) et symbolique (prestige de
1. Dans la relation manager/actionnaire, le « prin- diriger une grosse structure).
cipal » est l’actionnaire qui délègue la gestion de Dans le capitalisme actionnarial, le comporte-
l’entreprise au manager (l’« agent »). ment des managers a changé. La pérennité de
2. Les stock-options sont des options d’achat d’ac- l’entreprise n’est pas l’objectif premier, il faut avant
tions à un prix fixe déterminé à l’avance, donné aux tout accroître sa valeur actionnariale en compri-
managers ou seulement aux cadres dirigeants des mant le coût salarial. L’investissement n’est plus

185
privilégié. La mutation du comportement des 2. Le salaire est la première source d’insatisfaction
managers s’est faite par deux innovations : les au travail en 2007 car c’est sur cet item que l’on
stock-options et le reporting. trouve le pourcentage d’insatisfaits le plus élevé :
34 % des salariés ont donné une note inférieure
à 5 (sur les autres items, les pourcentages varient
pages 354-355    C. Salariés et propriétaires  entre 13 et 17 %). En affinant l’analyse, l’INSEE
du capital : des intérêts  recense moins de 2 % des salariés pleinement
conflictuels ? satisfaits de leur salaire, 63 % des salariés estiment
Doc. 1 que leur salaire est faible compte tenu de leur
1. L’épargne salariale est une épargne que les sala- niveau de compétences, 31 % compte tenu de leur
riés peuvent constituer au sein de leur entreprise. niveau d’études.
Elle se construit à partir de la participation (les 3. Les conditions de travail sont jugées plutôt
salariés reçoivent une partie des bénéfices réali- satisfaisantes car elles sont difficiles à comparer
sés par l’entreprise) ou de l’intéressement (primes tant le contenu du travail diffère en fonction des
versées aux salariés en fonction des performances branches, des métiers… D’autre part, l’INSEE sou-
de l’entreprise). Elle peut être placée sur des Plans ligne que la pénibilité et les risques font l’objet de
d’Épargne d’Entreprise (PEE) où les sommes sont, déni de la part des travailleurs qui les subissent. Ce
sauf dérogation, bloquées pendant cinq ans, soit peut être pour différentes raisons : l’impossibilité
sur un Plan d’Épargne pour la Retraite Collectif de trouver un autre emploi, faire preuve de force,
(PERCO) où les fonds sont bloqués jusqu’au départ de résistance, voire de virilité…
en retraite du salarié (retraite par capitalisation). L’instabilité de l’emploi est concentrée sur les tra-
2. L’épargne salariale est gérée par des investisseurs vailleurs précaires (en 2007, les CDD, le travail
institutionnels. Pour verser des intérêts aux épar- intérimaire et les contrats aidés concernaient 13 %
gnants, les zinzins doivent faire croître la valeur des salariés selon l’INSEE) ; cela peut expliquer que
de cette épargne, donc ils la placent sur les mar- la stabilité de l’emploi soit jugée globalement plu-
chés financiers. Lorsqu’il s’agit d’une épargne pour tôt satisfaisante.
la retraite, elle ne doit pas perdre de valeur durant 4. Dans le capitalisme actionnarial, l’objectif est la
toute la période du placement, sinon le salarié est
maximisation des dividendes distribués aux action-
appauvri lorsqu’il prend sa retraite.
naires, cela passe par un partage de la valeur ajou-
3. Les salariés-actionnaires sont potentiellement tée favorable aux profits et non aux salaires. Les
tous les salariés de l’entreprise qui peuvent bénéfi- salaires progressent donc très peu ce qui génère de
cier de la participation ou de l’intéressement, mais l’insatisfaction.
ce sont surtout les cadres dirigeants qui en béné-
ficient. Doc. 3
4. Le salarié actionnaire se trouve dans une situa- 1. L’incitation désigne les moyens utilisés par les
tion schizophrénique (au sens d’avoir des intérêts entreprises pour inciter les salariés à être plus pro-
contradictoires) car, en tant que salarié, il a intérêt ductifs ; le plus souvent l’incitation passera par la
à voir son salaire augmenter, ses conditions de tra- rémunération : primes, progression des salaires.
vail s’améliorer, son emploi préservé. Mais en tant Les entreprises peuvent aussi offrir des promotions
qu’actionnaire, il a intérêt à voir la valeur de son pour les salariés les plus productifs.
épargne salariale ou ses stock-options augmenter, Le contrôle rassemble tous les moyens utilisés par
et cette augmentation se fait le plus souvent au les entreprises pour contrôler le travail effectué par
détriment des salaires et de l’emploi. les salariés, ici les capteurs sous les motos. Elles
peuvent utiliser d’autres moyens : compte rendu
Doc. 2 d’activité, contrôle des horaires, surveillance à
1. 13 % des salariés ont attribué une note infé- 360°…
rieure à 5 à la question : « êtes-vous satisfait de la Les entreprises mettent ces systèmes en place afin
stabilité de votre emploi ? ». Donc ils ne sont pas de contraindre les salariés à augmenter leur pro-
satisfaits de la stabilité de leur emploi. ductivité.

186
2. Le principal est l’entreprise de motos-crottes, page 356   vers le bAc
l’agent est le salarié motard qui nettoiera les trot-
La diversité des entreprises
toirs parisiens.
Le comportement opportuniste est le comporte- 1. Le statut juridique d’entreprises le plus fré-
ment du motard qui, en l’absence de surveillance, quent est l’entreprise individuelle. Derrière le terme
préférera se promener à moto en ville plutôt que « personne morale », il y a les nombreux statuts
ramasser les crottes de chiens. juridiques des sociétés.
3. Les entreprises cherchent à minimiser leurs 2. L’EURL est un statut récent, créé en 1985. Comme
coûts soit pour être compétitives face aux entre- l’entreprise individuelle, l’EURL n’a qu’un seul pro-
prises concurrentes en vendant leur produit à un priétaire. Mais des différences importantes sont à
prix plus faible ; soit, si le prix est donné, pour noter : il y a un capital social, la responsabilité de
maximiser leur profit. l’entrepreneur est limitée à son apport en capital,
4. Si les entreprises privilégient le contrôle et non alors que l’entrepreneur individuel est responsable
les incitations, les salariés seront davantage sur- sur l’ensemble de ses biens (y compris ses biens
veillés, la qualité du travail sera peut-être meilleure personnels).
(car la marge de liberté du salarié va diminuer) 3. Les entreprises les plus nombreuses sont les
mais les conditions de travail vont se dégrader car petites entreprises qui emploient moins de 50 sala-
le travail sera plus contraint. riés, les moins nombreuses sont les plus grandes
qui emploient plus de 500 salariés (4,4 % de l’en-
Doc. 4 semble des entreprises).
1. Le downsizing désigne la restructuration des 4. Les entreprises qui emploient le plus de salariés
entreprises par la réduction des effectifs (dégrais- sont les grandes entreprises de 500 salariés et plus.
sage). Il s’agit de rationaliser l’organisation de
5. Les entreprises qui créent le plus de valeur ajou-
l’entreprise pour réduire le coût du travail.
tée sont aussi les grandes entreprises.
2. Le cours des actions d’une entreprise dépend de la 6. Le statut d’entrepreneur individuel a plusieurs
confrontation entre l’offre et la demande. Si l’entre-
inconvénients : il n’y a pas de différence entre l’entre-
prise réduit ses coûts de production en réduisant ses
prise et l’entrepreneur. La responsabilité de l’entrepre-
effectifs, les actionnaires vont anticiper une augmen-
neur est totale, si bien que si le capital de l’entreprise
tation des dividendes distribués, donc la demande
ne suffit pas pour rembourser les dettes en cas de
d’action augmente, donc le cours augmente.
faillite, les biens personnels peuvent être saisis.
3. Certaines entreprises réembauchent subrep-
7. La responsabilité des actionnaires (pour les SA)
ticement car les réductions d’effectifs ont été si
ou des sociétaires (pour les SARL) est limitée à
importantes que l’activité de l’entreprise ne peut
leur apport pour favoriser l’investissement. En
plus être correctement réalisée. En effet, il ne faut
effet, l’investissement est toujours une opération
jamais oublier, que sans le facteur travail, aucune
risquée pour l’entreprise : s’il s’agit d’un inves-
entreprise ne peut créer de richesse.
tissement de capacité, les ventes de l’entreprise
vont-elles continuer à augmenter ? s’il s’agit d’in-
Faire le point
vestissement pour innover, les nouveaux produits
Par leur travail, les salariés cherchent un revenu afin trouveront-ils leur marché ? etc. Si la responsabi-
de pouvoir consommer. Ils cherchent également lité des propriétaires de l’entreprise est engagée
des conditions de travail satisfaisantes, un emploi sur les biens personnels, ils ne sont pas encoura-
stable, un travail intéressant conforme à leurs com- gés à investir. En revanche, si elle est limitée, la
pétences. Ces objectifs ne sont pas compatibles avec prise de risque est plus facile.
la maximisation du profit. Depuis les années 1980, 8. L’EURL a été créée pour rapprocher les statuts
les entreprises cherchent à rendre le travail plus juridiques des entrepreneurs individuels de ceux
flexible, elles réduisent les effectifs et compriment des sociétés, et en particulier limiter la respon-
les salaires pour ceux qui conservent leur emploi. sabilité. Il convient de noter que cette notion de
Elles intensifient le travail, ce qui conduit souvent à responsabilité limitée ne s’applique pas pour des
une dégradation des conditions de travail. faillites frauduleuses.

187
9. Les entreprises de plus de 500 salariés ont un manière à les intéresser aux résultats boursiers des
poids considérable dans l’économie car elles réali- entreprises par la création des stock-options (doc. 2) ;
sent 61,5 % de la valeur ajoutée, 69 % des investis- – les écarts de rémunérations entre les cadres des
sements, 72,5 % des exportations, elles emploient marchés financiers et les ouvriers non qualifiés sont
50,5 % des actifs occupés. Ce sont aussi elles qui importants (de 1 à 10), mais il ne s’agit que du
réalisent la part la plus importante de l’excédent brut salaire moyen de chaque catégorie (doc. 4).
d’exploitation (qui est une mesure du profit) : 63,5 %. Pour montrer les évolutions, on pourra se référer à
plusieurs sources : Guillaume Duval, « La dérive des
salaires des patrons », Alternatives  Économiques, 
page 357   vers le bAc Article Web, 25 mars 2010, ou encore « L’évolution
des inégalités de revenus en France », Observatoire
Le retour de l’actionnaire
des inégalités, 27 octobre 2010.
1. L’actionnaire est le détenteur d’actions d’une 5. Dans la première partie, il faut expliquer pour-
entreprise. Il peut s’agir de personnes physiques quoi on parle de retour de l’actionnaire.
ou d’investisseurs institutionnels (fonds d’investis- – 1er paragraphe : montrer que le mode de finan-
sements, fonds de pension, SICAV, FCP, banques ou cement des entreprises a changé depuis la fin
d’autres entreprises). des Trente Glorieuses (recours plus fréquents à la
2. Les partenaires sociaux sont les différents finance de marché) (doc. 2) ;
acteurs de l’entreprise rassemblés dans des syndi- – 2e paragraphe : les actionnaires ne sont pas seu-
cats de salariés et des syndicats patronaux. Ici, on lement des particuliers, mais le plus souvent des
peut le prendre dans un sens plus large en dési- investisseurs institutionnels qui ont des exigences
gnant tous les acteurs de l’entreprise : les salariés, de rendement très élevées, et un capital très
les managers, les actionnaires. mobile. Donc ces zinzins exercent des pressions très
fortes sur la rentabilité des entreprises ;
3. Le terme « retour » signifie que l’actionnaire a,
dans le passé, été un acteur important de l’entre- – 3e paragraphe : pour augmenter cette rentabilité,
prise, que ce rôle est devenu secondaire et que, de dans le capitalisme actionnarial, les managers sont
nouveau, il est important. On peut périodiser à par- devenus actionnaires par les différents mécanismes
tir du doc. 2 : l’actionnaire était un acteur important de l’intéressement, la participation ou les stock-
avant la crise de 1929. Après cette crise et surtout options (doc. 2 et doc. 4A p. 353).
pendant les Trente Glorieuses, les managers sont 6. Les modifications des relations entre les parte-
devenus les acteurs dominants (la technostructure naires sociaux :
de Galbraith voir doc. 1 p. 352). Depuis les années – les managers gèrent les entreprises dans l’intérêt
1980, de nouveau les actionnaires deviennent des des actionnaires et non en assurant la pérennité de
acteurs dominants car les entreprises se financent l’entreprise (doc. 2 et doc. 3 p. 353) ;
principalement sur les marchés financiers. – les licenciements augmentent alors que les pro-
4. Plusieurs changements apparaissent dans les fits augmentent (doc. 1 et doc. 4 p. 355) ;
entreprises : – le travail s’intensifie et les conditions de travail
– des licenciements dans les entreprises qui réali- se dégradent (doc. 3, doc. 2 p. 354, Le saviez-
sent des profits importants (doc. 1) ; vous ? p. 355) ;
– les conditions de travail se dégradent (cf. Le – les écarts de salaires entre cadres dirigeants et
saviez-vous ? p. 355) : demande de quantité de tra- ouvriers non qualifiés sont importants (et on pourra
vail excessive, devoir travailler trop vite, de façon ajouter qu’elles augmentent) (doc. 4).
hachée (devoir interrompre une activité pour une L’importance prise par la finance de marché et les
autre). Cette dégradation a des conséquences sur actionnaires à partir de la décennie 1980 a radi-
la santé (doc. 3) ; calement modifié les relations sociales dans les
– la rémunération des managers a été modifiée de entreprises.

188
chapitre
ction publique
A
13 et régulAtion
la démarche du chapitre

Ce chapitre comporte deux axes biens distincts dans le programme. Le choix a été fait de suivre au
plus près les indications complémentaires. En effet, si la première partie sur l’État-providence est bien
connue, la seconde fait la part belle à la sociologie de l’action publique, et, en conséquence, il s’agit plus
de sociologie que de regards croisés. C’est une nouveauté dans le programme qui nous a amenés à choi-
sir de fixer les traits essentiels de la sociologie de l’action publique pour ne contextualiser qu’ensuite. Le
vrai regard croisé trouve sa place dans le dernier « Vers le bac » au sujet du mal-logement, qui montre la
mise sur agenda, et l’action publique mise en œuvre relativement à la spécificité du marché du logement.

pages 364-365   Découvrir réels déductibles du revenu imposable au fur et à


mesure de l’augmentation du prix des carburants…
Analyser
2. L’État doit être le seul à prélever l’impôt car il
1. Ce dessin symbolise la pauvreté. On peut consta- est l’incarnation de l’intérêt général, et est donc le
ter que les parents, vêtus d’habits rapiécés, sem- seul à même d’assurer l’égalité et la justice devant
blent plus résignés que les enfants. l’impôt.
2. Le phénomène de la pauvreté pose un problème
dans nos sociétés occidentales, puisque ce sont des Observer
sociétés riches. Qu’il existe des pauvres dans une 1. Il s’agit de couples homosexuels en tenue de
société riche est significatif d’un problème dans la marié(e)s.
répartition des richesses. 2. Ils se font photographier devant le Parlement
3. L’État peut résoudre ce problème, en menant des parce qu’ils souhaitent qu’une loi autorisant le
politiques adaptées, et grâce, notamment, à la pro- mariage homosexuel soit adoptée. Ils ont prévenu
tection sociale. la presse pour que leur revendication soit reprise
par les médias, afin d’en faire une question de
S’interroger société posée sur la place publique.
1. Le problème posé est celui de l’égalité profes-
sionnelle entre hommes et femmes, et plus large-
ment, des discriminations. pages 366-373   AnAlyse 1
2. Les catégories de population exposées aux Comment l’État providence  
problèmes des discriminations sont celles qu’on contribue-t-il à la cohésion sociale ?
appelle les minorités (notamment les populations
d’origine immigrée) et les femmes.
pages 366-367    A. À quoi sert l’État providence ?
3. L’État est seul à même de résoudre le problème,
notamment grâce à la loi. Doc. 1
Illustrer 1. D’après le texte, l’État providence fait référence
1. Le secteur de la restauration a réclamé et obtenu à l’ensemble des programmes gouvernementaux
une baisse de la TVA, un certain nombre de niches conçus pour réduire les difficultés économiques que
fiscales apparaissent et disparaissent en fonction les individus peuvent rencontrer.
du « débat public » : défiscalisation des dépenses 2. Il fournit une aide aux plus pauvres, une aide
de garde d’enfant, modification du régime des frais aux familles, une aide aux travailleurs sans emploi,

189
des revenus garantis aux plus âgés et une aide aux 2. Il manque, par rapport au document 1, les risques
dépenses de santé des malades. chômage et vieillesse.
Doc. 2 3. Non, il s’agit d’organisations non gouvernemen-
1. Le document montre les risques maladie et mater- tales à caractère humanitaire.
nité (santé donc), familles et pauvreté, exclusion 4. La solidarité (voir encadré Définition).
sociale.

Doc. 3
1.
En millions d’euros courants 1999 2000 2005 2007 2008

Santé 90 411 136 015 186 465 194 564 201 254

Vieillesse-survie 115 369 177 033 236 560 249 074 261 100

Famille 26 766 38 580 48 097 49 787 51 061

Emploi 23 282 28 861 35 213 33 752 33 044

Logement 7 867 12 608 13 879 14 387 15 450

Pauvreté exclusion sociale 2 325 6 029 8 283 8 544 8 495

Total des prestations sociales 266 020 399 126 528 497 550 108 570 404

En %

Santé 33,99 % 34,08 % 35,28 % 35,37 % 35,28 %

Vieillesse-survie 43,37 % 44,36 % 44,76 % 45,28 % 45,77 %

Famille 10,06 % 9,67 % 9,10 % 9,05 % 8,95 %

Emploi 8,75 % 7,23 % 6,66 % 6,14 % 5,79 %

Logement 2,96 % 3,16 % 2,63 % 2,62 % 2,71 %

Pauvreté exclusion sociale 0,87 % 1,51 % 1,57 % 1,55 % 1,49 %

Total des prestations sociales 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

2. Le risque pour lequel la proportion des versements Doc. 4


dans le total augmente sur l’ensemble de la période
1. La protection sociale en distribuant des reve-
est vieillesse-survie. Ceux pour lesquels elle diminue
nus permet de maintenir un certain niveau de
sur toute la période sont les risques famille et emploi.
croissance, en permettant à la consommation des
3. Les variations constatées, en 20 ans, dans la struc- ménages de ne pas diminuer.
ture des versements de prestations sociales par risque
sont très faibles : 3 points de pourcentage maximum 2 La protection sociale contribue à l’efficacité de
pour le risque emploi. Cela montre bien la permanence l’économie en garantissant une certaine cohésion
de la structure des dépenses de protection sociale, sociale et en favorisant le développement du capi-
avec le risque vieillesse dont l’importance croît, du tal humain. Elle s’apparente ainsi à un investisse-
fait du vieillissement de la population. ment immatériel.

190
Faire le point

Santé
Maintien de la qualité
et amélioration du capital
Famille humain
Effets bénéfiques
Emploi sur l’offre et la
demande
Logement Distribution de revenu
pour maintenir les dépenses
de consommation
Vieillesse-
survie

Pauvreté Maintien de la cohésion sociale Effets bénéfiques


exclusion par solidarité intergénérationnelle sur l’économie
sociale et des plus riches vers les plus pauvres et la société

pages 368-369    B. La lutte contre la pauvreté  correspond à une extrême pauvreté doublée d’un


et l’exclusion déni d’utilité sociale).
Doc. 1 3. L’échec dans le monde du travail est intériorisé,
1. Les « surnuméraires » et « inutiles au monde » c’est-à-dire intégré à la personnalité sociale de l’in-
sont, par exemple, les personnes sans domicile fixe, dividu, qui se considère lui-même comme incapable
qui ne travaillent pas et vivent de mendicité, ou de travailler et de mettre par lui-même en œuvre
des gens qui ont du mal à trouver un emploi, du fait les moyens de sortir de sa propre situation.
de leurs difficultés personnelles et de leur absence
de qualification, dans un contexte de chômage de Doc. 3
masse et de précarité qui exclut les plus fragiles. 1. Robert Castel trouve le terme d’« exclusion »
2. Le dessin montre la simultanéité de deux situa- trop précis et trop fort pour caractériser la situa-
tions : des gens qui travaillent et utilisent le métro tion de personnes qui ne sont pas encore exclus au
pour se déplacer, et d’autres qui utilisent le métro sens propre, mais plutôt dans une situation inter-
comme lieu pour dormir. médiaire relevant de la fragilité et de la déstabili-
3. La première explication est l’existence des « inu- sation de leur situation personnelle.
tiles au monde » évoquée dans la question 1. La 2. Le point commun entre les termes de « désaf-
seconde explication est la difficulté de se loger filiation » et « disqualification sociale » est qu’ils
dans les grandes villes quand on est pauvre. prennent en compte tous les deux les processus qui
mènent à la situation de l’individu, et donc les rai-
Doc. 2 sons qui conduisent la trajectoire individuelle vers
1. La première cause de l’entrée dans un proces- l’exclusion.
sus de disqualification sociale est « les difficultés 3. La différence fondamentale est une différence
et l’absence de perspectives professionnelles », et de « point de vue ». Le terme « disqualification
donc la difficulté à occuper un emploi. sociale » insiste sur la situation de l’individu en
2. Les trois étapes sont la fragilité (qui provient, détaillant les étapes d’un processus. Le terme de
par exemple, de la perte de son emploi), la dépen- « désaffiliation » insiste plus sur le rôle de l’affai-
dance (qui correspond à l’étape où on s’enferme blissement des solidarités sociales dans l’accroisse-
dans sa situation de sans-emploi) et la rupture (qui ment des situations de fragilité individuelle.

191
Doc. 4 2. Ce sont les stéréotypes, les idées reçues, ancrés
dans les représentations des individus qui fondent
1. Parce qu’elles versent des revenus, ces presta-
les discriminations.
tions permettent de combattre la composante pau-
vreté de l’exclusion. Elles permettent aux individus
de satisfaire leurs besoins les plus essentiels. Doc. 3

2. Mais, évidemment, elles ne permettent pas de 1. 31 % des personnes souffrant d’un handicap
réintégrer les individus concernés dans le monde cognitif et 25 % des personnes souffrant d’un
du travail, de les rendre employables, de restaurer handicap moteur, ayant 25 à 54 ans et vivant en
l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. ménage ordinaire, ont déclaré avoir subi des dis-
criminations liées à la santé ou au handicap, en
Faire le point France, en 2008, selon l’INSEE.
« Le nombre de nos concitoyens en grave difficulté 2. Les discriminations subies se manifestent par
s’est accru ces dernières années. Ces difficultés se des insultes, des moqueries, des mises à l’écart, des
traduisent par des processus qui les mènent à l’ex- traitements injustes et des refus de se voir accorder
clusion de l’emploi, soit parce qu’ils ne peuvent plus un droit. Les manifestations les plus graves sont le
refus de se voir accorder un droit ou subir un traite-
travailler, soit parce qu’ils ne sont plus suffisam-
ment injuste, parce que ces discriminations sont le
ment protégés et encouragés par nos institutions.
fait de personnes ayant une autorité, qui procèdent
Le gouvernement a donc pris deux décisions :
alors à un abus de pouvoir.
– d’abord de corriger la situation de nos conci-
toyens les plus fragiles en leur versant une alloca-
Doc. 4
tion qui leur permettra de satisfaire leurs besoins
les plus essentiels ; 1. La Haute Autorité de Lutte contre les Discrimi-
– ensuite prévoir des dispositifs qui aident à la nations et pour l’Égalité (HALDE) était une autorité
réinsertion sociale de nos concitoyens, en les administrative indépendante, agissant au nom de
l’État et disposant d’un pouvoir réel, mais sans être
aidant à regagner le marché du travail, par la for-
soumise à l’autorité du gouvernement.
mation professionnelle. »
Elle sera remplacée par un « défenseur des droits ».
Voir ici : http://www.vie-publique.fr/actualité/pano-
pages 370-371    C. La lutte contre  rama/texte-discussion/projet-loi-organique-projet-
les discriminations loi-relatifs-au-defenseur-droits.html
Doc. 1 2. Il s’agit de rendre la Haute Autorité indépen-
dante du gouvernement, et donc lui permettre
1. C’est le noir qui est montré du doigt, parce qu’il
d’enquêter sur des discriminations dont le gouver-
est noir.
nement serait à l’origine.
2. Les personnes d’origine étrangère sont souvent
discriminées parce qu’elles sont différentes des per-
3. La HALDE pouvait s’autosaisir, et disposait de
pouvoir d’investigation pour instruire les dossiers,
sonnes « locales ». L’ignorance, la peur, les stéréotypes
ce qui sera également le cas du défenseur des droits.
sont autant de raisons qui font des étrangers des êtres
craints par ceux d’entre nous les moins informés. 4. Le moyen de lutte adapté contre les discrimina-
tions est la loi. Elle seule peut contraindre et punir
3. Toutes les personnes différentes du commun par
également tous les citoyens et toutes les personnes
leur apparence, leurs comportements, leurs attitudes
morales coupables de discriminations, elle seule
sont susceptibles de subir des discriminations.
peut instituer des réparations pour les victimes.
Doc. 2
Faire le point
1. Les chercheurs ont procédé par « testing »,
c’est-à-dire en ne faisant varier qu’une seule carac- Les principales discriminations concernent les
téristique, celle qui est supposée provoquer la dis- personnes différentes du commun, et les femmes,
crimination. En présentant des CV identiques à une les individus d’origine étrangère, les homosexuels,
seule différence près, on peut montrer que c’est les handicapés, les gros, les plus âgés… toute per-
cette différence qui fonde la discrimination. sonne qui ne correspond pas à un « standard

192
commun » peut subir, un jour, une discrimina- solidarités locales et familiales, et d’assurer aux
tion, c’est-à-dire être moqué, insulté, mis à l’écart, employeurs la fidélité, la stabilité et la qualité de
traité injustement, se voir refuser un droit. leur main-d’œuvre.
La seule façon efficace pour l’État de lutter contre
les discriminations est de faire de celles-ci un 2. La période de forte expansion économique qui a
délit, puni par la loi, et pouvant permettre une suivi la Seconde Guerre mondiale et s’est prolon-
réparation pour l’individu qui l’a subie. gée jusqu’au milieu des années 1970 a reposé sur,
d’une part, la production de masse de quantité de
pages 372-373    D. Difficultés et mutations  biens et services, et, d’autre part, la consomma-
de l’État providence tion de masse, soutenue par la croissance du sala-
riat, et la généralisation de la protection sociale
Doc. 1 garantissant le revenu des salariés en cas de réali-
1. Les buts des systèmes d’assurance sociale dans sation d’un risque social. La production de masse
les sociétés industrielles sont de garantir un était ainsi assurée de trouver son débouché grâce
revenu aux ouvriers, du fait de la disparition des à la distribution quasiment garantie de revenus.

3. Régime conservateur
Régime social démocrate Régime libéral
corporatiste

Pays concernés Pays scandinaves Pays anglo-saxons Pays d’Europe continentale

Objectifs politiques Seule couverture sociale Maintien du revenu


Égalité des citoyens
et sociaux des plus pauvres des travailleurs

Instruments Politiques universelles Politiques sociales ciblées Assurances sociales


utilisés et services sociaux financées par des
gratuits cotisations sociales.

Doc. 2 transports : la situation de parent unique, à revenu


1. Lorsque le chômage augmente, le nombre de unique, dans un logement, fait que la part des
personnes à indemniser augmente et le nombre de coûts familiaux incompressibles (loyer, transports,
cotisants diminue. Les dépenses du système assu- garde des enfants, dépenses liées au logement…)
rantiel augmentent et ses recettes diminuent : on dans les dépenses est souvent insupportable.
parle de crise des ciseaux, qui peut entraîner des L’entrée massive des femmes sur le marché du tra-
difficultés de financement pouvant conduire à la vail et leur part dans les actifs à temps partiel font
faillite du régime. qu’elles sont aujourd’hui nombreuses à ne pas avoir
2. Un individu en fin de droits d’indemnisation chô- de carrière complète, et donc qu’elles subissent d’im-
mage devient allocataire du RSA. Il est passé de la portantes pertes de revenu au moment de la retraite.
situation d’assuré à celle d’allocataire. 2. Plutôt qu’un système exclusivement assuran-
tiel, reposant sur un financement par cotisations
Doc. 3 sociales assises sur le travail, on assiste, au vu des
1. L’augmentation du nombre de familles monopa- difficultés évoquées dans la réponse à la question
rentales pose la redoutable question du choix entre précédente, à une croissance du financement de
travail et allocation pour le père ou la mère de la protection sociale par l’impôt, notamment la
famille monoparentale : s’il (elle) travaille, il (elle) Contribution Sociale Généralisée (CSG), qui est pré-
doit faire garder ses enfants, ce qui est coûteux. Il levée à la source sur tous les revenus.
faut donc que les revenus du travail obtenus excè- 3. On constate que la part du financement de la pro-
dent largement les coûts liés à la garde des enfants. tection sociale reposant sur les ménages passe de
De plus, les familles monoparentales ne peuvent pas 15 % en 1959 et 1971 à 30 % en 1995 et 40 % en
faire d’économie d’échelle sur le logement ou les 2007.

193
Doc. 4 qui crée l’ordre social et politique, permet l’intégra-
tion et la régulation sociale, notamment en traitant
1. « L’association Emmaüs intervient dans le
les conflits entre groupes sociaux.
domaine de l’hébergement, de l’accompagnement
social et du logement d’insertion », nous dit le 2. Les politiques publiques traitent tous les
début du texte. En conséquence, l’association s’oc- domaines, à partir du moment où les problèmes
cupe de personnes en grandes difficultés sociales, posés concernent un nombre suffisant d’individus
puisqu’elles sont incapables de se loger. Elle leur pour justifier que la collectivité s’en occupe.
permet de satisfaire les besoins les plus essentiels
(« douche, lessive, café, repas, vestiaire, courrier, Doc. 2
colis alimentaires… »). 1. D’après le texte, des organismes « à la frange du
2. Le Secours catholique, le Secours populaire, l’Ar- secteur public et du secteur privé » concourent à la
mée du Salut, les Restos du cœur sont autant d’as- politique publique. Il s’agit d’associations à carac-
sociations qui s’occupent des plus pauvres, et qui tère politique telles que les syndicats, d’entreprises
développent des actions en direction des personnes publiques ou privées remplissant des missions de
en difficultés d’insertion. La Croix Rouge soigne les service public…
plus démunis. 2. On peut citer les fédérations sportives, déléga-
taires de l’autorité publique dans l’organisation
Faire le point et la réglementation des pratiques sportives ; les
La couverture des risques évolue du fait des chan- « ordres » dans les professions médicales, qui régle-
gements économiques et sociodémographiques. mentent la profession ; les nombreuses associations
La hausse du chômage affecte le financement du culturelles qui concourent à la politique culturelle…
système d’assurance-chômage, les modifications 3. Les deux domaines cités par le texte sont la pro-
des structures familiales (familles monoparen- tection sociale et les services publics.
tales et recomposées) et l’augmentation du taux
d’activité des femmes perturbent le fonctionne- Doc. 3
ment d’un système prévu pour les familles, qui 1. La notion d’action publique permet de prendre
doit se transformer en système prévu pour les en compte le fait que l’intervention publique dans
individus. Par conséquent, le financement repose la société n’est plus uniquement le fait d’un État
de plus en plus sur les ménages, par l’intermé- centralisé cantonné à des domaines précis : il y a
diaire notamment d’impôts et taxes spécifiques. une pluralité d’acteurs.
Les risques sont couverts moins systématique- 2. Le phénomène de mondialisation fait interve-
ment, les individus sont de plus en plus souvent nir de nouveaux acteurs des politiques publiques
en situation d’allocataire plutôt qu’en situation (les organismes internationaux, tels que l’ONU et
d’assuré social. Pour certains risques (notamment ses divers organismes, la commission européenne,
la pauvreté et l’exclusion), des associations pren- des cabinets d’avocats et de lobbyistes internatio-
nent le relais pour assurer la solidarité. naux…) sur des domaines traités de façon transna-
tionale (la culture des OGM, les normes sanitaires,
les migrations…).
pages 374-377   AnAlyse 2 3. Le document 3 montre des domaines concernés
au plan international, ce que ne faisait pas le docu-
Comment un phénomène social   ment 2.
devient-il un problème public ?
Doc. 4
pages 374-375    A. Les objets et les acteurs  1. 69,9 % des automobilistes ayant subi une perte
des politiques publiques de point sur le permis de conduire en 2009 en ont
Doc. 1 perdu 1.
1. Les politiques publiques servent à traiter des 2. Le permis à point est « allégé » parce que les
situations perçues comme posant un problème pour sanctions sont moins… lourdes : on peut récupérer
la société. Elles sont alors une action collective, les points du permis de conduire plus rapidement.

194
3. Les défenseurs de la sécurité routière évoqués 2. Les médias ont le pouvoir de déclencher une
par le document 4B sont des associations (La ligue mise à l’agenda, simplement en évoquant de façon
contre la violence routière, par exemple) et des dramatisée un problème social donné. Encore faut-
figures scientifiques connues (Claude Got). il, pour que ce pouvoir soit avéré, que le traite-
ment médiatique du problème suscite l’intérêt de la
Faire le point population, et donc de l’opinion.
• Les politiques et actions publiques menées pour
lutter contre la violence routière : mise en place Doc. 4
du permis de conduire à point, limitations de 1. Les problèmes sociaux qui deviennent publics
vitesse, limitation de l’alcool au volant, mise en et engendrent des actions publiques sont ceux qui
place de radars automatiques, amélioration des ont été mis sur l’agenda. En effet, quantité de pro-
infrastructures routières, obligation de contrôle blèmes sociaux ne sont pas instantanément traités
technique des véhicules… par l’action publique, tout simplement parce qu’ils
ne sont pas suffisamment médiatisés pour provo-
• Les acteurs concernés par la délinquance rou-
quer l’intérêt et l’action des décideurs publics.
tière : gouvernement, députés, sénateurs, associa-
tions, spécialistes scientifiques divers, organismes 2. Quatre caractéristiques sont requises selon le
dédiés (la prévention routière), associations pri- document pour qu’un problème social devienne un
problème public requérant l’action publique :
vées (les automobiles clubs, les fédérations de
– l’intensité dramatique ;
motards, les syndicats de transporteurs routiers),
– la légitimité scientifique obtenue grâce aux sta-
presse spécialisée, constructeurs automobiles,
tistiques ;
entreprises de contrôles techniques, garagistes…
– l’existence de relais portant le problème au sein
des arènes publiques : acteurs politiques, écono-
pages 376-377    B. D’un problème social  miques, journalistes, intellectuels, vedettes média-
à l’objet de l’action publique tiques…
– l’adéquation du problème aux valeurs dominantes
Doc. 1
de la société au moment où le problème se consti-
1. La République se penche et tend l’oreille, pour tue comme problème social.
entendre ce que les citoyens ont à lui dire. 3. La lutte contre l’échec scolaire et l’illettrisme
2. Il n’est évidemment pas facile, pour les citoyens n’apparaissent pas souvent dans les arènes
de se faire entendre, ce qui est symbolisé par la publiques, et n’ont pas entraîné à ce jour de réac-
pyramide humaine, qui représente les étapes qu’il tion déterminante des pouvoirs publics en terme
faut franchir pour pouvoir poser un problème d’action publique. Il manque sans doute, au moins,
public. les relais dans l’opinion et l’intensité dramatique.
Le tabagisme, en tant que problème de santé
Doc. 2 publique, a un autre niveau d’intensité dramatique,
1. La mise à l’agenda est le fait de faire d’un fait et connaît donc des actions publiques successives
social un problème public, « faisant l’objet de qui finissent par avoir un effet certain.
débat et de controverse médiatique » et appelant Évidemment, cette réponse peut être nuancée,
une action publique pour le traiter. voire contredite, à condition de disposer des argu-
2. La conséquence normale d’une « mise à ments adéquats.
l’agenda » est la prise de décision politique ayant
pour but de traiter le problème mis à l’agenda, à Doc. 5
savoir la mise en œuvre d’une action publique. 1. et 3. Les différents domaines des politiques
publiques évoqués par le site restent stables et
Doc. 3 couvrent à peu près tous les domaines de l’ac-
1. Le titre du journal Ouest-France peut sembler un tion publique, à quelques oublis significatifs près.
peu racoleur et excessif dans la mesure où il fait Certaines politiques publiques évoquées y sont
de deux suicides d’enseignants l’indice d’un malaise anciennes : ainsi, au 26 mai 2011, la politique
général de la profession. énergétique de 2003 à 2005 est décrite sur le

195
site… Mais rien après, alors qu’il s’est passé beau- • Santé, protection sociale : la question de la
coup de choses dans ce domaine. dépendance, les États généraux de la dépendance.
En janvier 2011, il n’était pas fait référence à la • Sécurité : la question de la police de proximité,
politique sportive. la mise en place de « patrouilleurs ».
2. L’utilité est double : d’abord expliquer en partie • Société : les problèmes de la Fédération française
le constat fait ci-dessus, ensuite préciser que le
de football, les différentes enquêtes commanditées
travail fait sur ce site est indépendant d’une com-
par le ministère des sports.
munication partisane qui ferait le panégyrique des
politiques menées par l’État.

Faire le point
page 378   vers le bAc
Les différents domaines cités sur le site sont les De la mise à l’agenda à l’action publique,  
suivants. Un ou deux exemples sont donnés à le problème du mal-logement
chaque fois ; il sera évidemment intéressant de 1. Le problème du mal-logement redevient média-
coller à l’actualité. tique (après l’hiver 54 de l’abbé Pierre) à la suite
• Administrations, institutions : la décentralisa- de l’installation de 100 tentes sur le canal Saint-
tion et la question des compétences des régions Martin à Paris (voir photos p. 105 et p. 363) par
en matière, par exemple, d’Éducation Nationale, l’association « les Enfants de Don Quichotte » en
le transfert des emplois de COP aux régions. 2006, soit l’année précédant l’élection présiden-
tielle, ce qui impose aux candidats à celle-ci de se
• Aménagement, rubanisme, ville : la délinquance préoccuper du problème.
routière, les mesures prises puis tempérées (voir
2. Des mesures sont prises en urgence sur l’hé-
page 375, et actualité !).
bergement des sans-abri, puis une loi sur le droit
• Culture, information, nouvelles technologies : opposable au logement (loi dite DALO) est votée
la question du piratage sur internet, les lois au parlement, censée permettre aux personnes sans
« hadopi ». logement de faire valoir leur droit.
• Économie, finances : la question de la dette 3. Le droit opposable au logement est particulière-
publique, des dépenses publiques, la révision ment long et difficile à mettre en œuvre, au vu des
générale des politiques publiques. intervenants successifs qu’il faut rencontrer et des
étapes qu’il faut franchir (commission de média-
• Emploi, travail, formation professionnelle : la tion, préfet, tribunal administratif). Les causes
question des 35 heures, la défiscalisation des principales du problème sont, selon le document 4,
heures supplémentaires. une hausse des prix de l’immobilier supérieure de
• Enseignement, recherche : l’autonomie des uni- 75 % à celle des revenus de 1998 à 2007, et une
versités. absence de mécanisme de marché compensateur sur
le marché du logement, mécanisme qui permettrait
• Environnement : l’énergie nucléaire, la com- une augmentation de la construction de logement
mande d’un audit indépendant des centrales provoquée par la hausse des prix. De ce fait, le
nucléaires. nombre de logements construits reste notoirement
• Immigration : les questions de l’immigra- insuffisant pour satisfaire la demande.
tion clandestine, de l’immigration de travail, les 4. Selon le document 2, le nombre total de per-
centres de rétention, les reconduites à la frontière, sonnes « connaissant une problématique forte
les lois successives sur l’immigration. de mal-logement » en 2010 est de 3 513 190. Le
nombre de logements vacants en 2009 est de
• Justice, droits fondamentaux : le « laxisme » de
2 013 000 et les constructions de logements neufs
la justice, la mise en place de jurés populaires
de 305 500 soit un total de 2 318 500 logements,
dans les tribunaux correctionnels pour certaines
soit environ une personne et demie par logement
affaires.
neuf ou vacant. On peut donc penser qu’on ne serait
• Relations extérieures, défense : l’intervention en pas très loin de résoudre le problème… si les loge-
Libye. ments vacants étaient des logements disponibles.

196
La construction de logements neufs à elle seule est droit opposable au logement (loi DALO) qui per-
de toute façon très insuffisante, puisqu’elle repré- met à toute personne sans logement de saisir une
sente moins du dixième des personnes mal-logées. commission de médiation, qui à son tour saisit le
préfet, qui doit trouver un logement à la personne
SynthèSe concernée si celle-ci satisfait les critères requis
En décembre 2006, dix jours avant Noël et cinq par la loi, sans quoi le mal-logé peut introduire
mois avant l’élection présidentielle, des tentes de un recours contentieux devant le tribunal admi-
sans-abri et de personnes solidaires prennent nistratif. On comprend bien que cette action est
place le long du canal Saint-Martin. Par cette longue, difficile, et ne résout pas le problème de
opération médiatique spectaculaire, l’associa- fond de la pénurie de logement.
tion « Les Enfants de Don Quichotte » impose Si on additionne les logements vacants et les
sur l’agenda politique la question du mal- logements neufs, on constate qu’on pourrait pra-
logement. tiquement résoudre le problème des personnes
Du fait d’une hausse des prix de l’immobilier connaissant un problème de mal-logement
supérieure de 75 % à celle des revenus de 1998 à selon le document 2. Pour autant, cela suppose
2007, d’une insuffisance notable de la construc- de réquisitionner des logements qui, s’ils sont
tion de logements neufs au cours des années vacants, le sont pour des raisons valables pour
2000, un nouvel épisode de crise du logement leur propriétaire.
éclate donc, qui se manifeste par l’augmentation Le problème du logement ne semble pouvoir se
du nombre de personnes incapables de se loger. résoudre à terme que par une relance durable de
La principale action publique menée pour la construction de logements neufs et la réhabili-
résoudre cette crise a été la mise en œuvre du tation de logements anciens.

197
OutilsetméthOde

pages 384-385    CalCuls  6. La part des ventes de Citroën dans les ventes


de proportions   totales du groupe PSA en Chine (59,0 %) repré-
et de pourCentages   sente presque le double de la part que représentent
de répartition ses ventes dans les ventes totales du groupe PSA en
Exercice 1 Russie (30,1 %).
7. (92 400 ÷ 139 900) ≈ 0,66 soit deux tiers.
1. D’après le Centre national du cinéma et de l’image
animée (Les coûts de production des films en 2009,
mars 2010), les dépenses techniques liées à la pro-
Exercice 3
duction de films de fiction en France s’élevaient à 1. Selon le CREDOC (Consommation et modes de vie,
82,62 millions d’euros en 2003 et 106,93 millions n° 219, mars 2009), le « reste disponible » (c’est-à-
d’euros en 2009. dire l’argent restant disponible pour les dépenses de
2. (82,62 ÷ 517,74) x 100 ≈ 15,96 % et (106,93 ÷ loisirs, vacances, habillement, équipement ménager
801,93) x 100 ≈ 13,33 % et l’épargne) s’élève à 294 euros dans un budget
médian (c’est-à-dire le budget d’une personne se
3. Les dépenses techniques liées à la produc-
situant au milieu de l’éventail des revenus).
tion de films de fiction en France, qui s’élevaient
à 82,62 millions d’euros en 2003 soit 15,96 % 2. (294 ÷ 1 466) ≈ 0,20 soit 1/5e.
du total des coûts de production, ont augmenté 3. Budget inférieur : (80 ÷ 625) x 100 ≈ 12,8 % ;
en 2009 de 24,31 millions d’euros pour atteindre budget supérieur : (1 474 ÷ 4 212) x 100 ≈ 35,0 %.
106,93 millions d’euros, mais leur part dans le total Cette part, exprimée en pourcentage (20 %), est
a baissé à 13,33 %, soit -2,63 points. donc supérieure de 7,2 points à celle dans un bud-
4. (243,61 ÷ 801,93) x 100 = 30,37796 ≈ 30,4 % get inférieur, et inférieure de 15 points à celle dans
un budget supérieur.
5. Rémunérations versées : Total x (p en %) = T x (p
÷ 100) = 671,78 x (57,86 ÷ 100) ≈ 388,69 4. Dépenses contraintes : Total x (p en %) = T x (p
÷ 100) = 1 466 x (38 ÷ 100) ≈ 557 euros.
Frais de tournage : Total x (p en %) = T x (p ÷ 100)
Dépenses incontournables : Total x (p en %) = T x
= 671,78 x (28,03 ÷ 100) ≈ 188,30
(p ÷ 100) = 1 466 x (42 ÷ 100) ≈ 615 euros.
Exercice 2
Exercice 4
1. En 2009, selon PSA Peugeot Citroën (Document
de référence 2009), Peugeot a vendu en Europe 1. Selon une étude de la Banque de France datant
1 116 200 véhicules. de juillet 2006, la France comptait au total 39 494
entreprises industrielles en 2006.
2. a. (1 116 200 ÷ 1 514 500) x 100 ≈ 73,7 %
b. (1 116 200 ÷ 2 133 300) x 100 ≈ 52,3 % 2. (18 387 ÷ 39 494) x 100 ≈ 46,56 %. En 2006,
c. (1 116 200 ÷ 2 845 700) x 100 ≈ 39,2 % les entreprises de moins de 20 personnes repré-
sentaient 46,56 % du total des entreprises indus-
3. Les ventes de véhicules Peugeot en Europe repré- trielles en France.
sentent 73,7 % de ses ventes totales, mais seule-
3. (26 540 ÷ 39 494) x 100 ≈ 67,2 %. En 2006, les
ment 52,3 % des ventes du groupe PSA en Europe
entreprises dont le chiffre d’affaires se situait entre
et 39,2 % des ventes mondiales du groupe PSA.
1,5 et 50 millions d’euros représentaient 67,2 % du
4. Nombre de véhicules : Peugeot Europe : 1 116 200 total des entreprises industrielles en France.
véhicules > Citroën Europe : 1 017 100 véhicules.
4. a. (9 999 ÷ 39 494) x 100 ≈ 25,3 %. En 2006, les
Parts : Peugeot Europe : 73,7 % (cf. Q2) < Citroën entreprises dont le chiffre d’affaires était inférieur
Europe (1 017 100 ÷ 1 331 200) x 100 ≈ 76,4 %. à 1,5 million d’euros et dont l’effectif était infé-
5. Russie : (12 200 ÷ 40 500) x 100 ≈ 30,1 % ; rieur à 20 personnes représentaient 25,3 % du total
Chine : (160 600 ÷ 272 200) x 100 ≈ 59,0 % des entreprises industrielles en France.

199
b. (11 425 ÷ 39 494) x 100 ≈ 28,9 %. En 2006, les 3. a. Il s’agit du revenu médian et non moyen.
entreprises dont le chiffre d’affaires se situait entre b. À ce montant, 50 % des individus sont en des-
1,5 et 50 millions d’euros et dont l’effectif était sous ou en dessus.
compris entre 20 et 50 personnes représentaient
c. Non, c’est 30 % des individus.
28,9 % du total des entreprises industrielles en
France. 4. Parce que les titulaires de revenus élevés bénéfi-
cient de revenus très élevés, ce qui tire la moyenne
c. (118 ÷ 39 494) x 100 ≈ 0,3 %. En 2006, les
vers le haut.
entreprises dont le chiffre d’affaires était supérieur
à 150 millions d’euros et dont l’effectif était supé- 5. 3,38 = (35 550/10 520).
rieur à 2 000 personnes ne représentaient que 0,3 % En 2008, en France le niveau de vie le plus bas des
du total des entreprises industrielles en France. 10 % des individus les plus riches égale 3,38 fois le
niveau de vie le plus haut des 10 % des individus
les moins riches.

pages 386-387    Moyenne  Exercice 6


arithMétique siMple 
1. Moyenne simple : 2 000 €.
et pondérée, Médiane
Moyenne pondérée : [(2 x 3 000 €) + (4 x 2 000 €)
Exercice 1 + (15 x 1 000 €)]/ 21 = 1 381 €.
1. 1 210 € ÷ 11 = 118,18 €. La moyenne pondérée est plus significative : elle se
2. 50 €. rapproche du salaire de la majorité du personnel, à
savoir les ouvriers.
3. les élèves les mieux dotés disposent de sommes
élevées, ce qui augmente l’argent de poche moyen. 2. Nouveau salaire moyen : [(1 x 3 000 €) + (2 x
2 000 €) + (18 x 1 000 €)]/ 21 = 1 190,50 €.
Exercice 2 3. Le salaire moyen en T1 a baissé par rapport à T0 ;
la raison tient au changement de la structure du
1. 10 % (5 + 15 divisé par 2).
personnel, le salaire de chaque catégorie est resté
2. (5 % x 18 +15 % x 5)/(18+5)=0,0717 soit 7,17 %. stable, mais comme la proportion du personnel le
3. Parce que l’effectif le plus élevé se trouve dans le moins payé a augmenté et celle du personnel le
privé. mieux payé a baissé, le salaire moyen baisse.

Exercice 3
1. (3 % x 0,2) + (6 % x 0,5) + (2 % x 0,3) = 4,2 %. pages 388-389    leCture de 
2. (3 % x 0,05) + (6 % x 0,25) + (2 % x 0,7) = 3,05 %. représentations 
3. La croissance de chaque secteur est restée la
graphiques
même, mais le poids de chaque secteur s’est modi- Exercice 1
fié notamment celui dont la croissance est la plus 1. Il s’agit d’un diagramme de répartition (cf. n° 1
faible, d’où le ralentissement de la croissance. p. 388).
2. Comparaison de la répartition ethnique des dif-
Exercice 4
férents quartiers de Harlem en 2000 (en %).
1. 2 000 € dans les deux usines. 3. Selon US Census, la population d’origine hispa-
2. Dans l’usine A, trois salariés perçoivent un salaire nique représentait environ 52 % de la population
égal ou supérieur à 2 000 € tandis que dans l’usine de East Harlem en 2000.
B, un seul salarié atteint ce salaire. La moyenne ne
4. « Les Blancs sont proportionnellement plus nom-
dit rien sur la dispersion.
breux à Manhattan qu’à New York City » ou « La
3. Usine A : 2 000 € ; usine B : 1 200 €. proportion de Blancs est supérieure à Manhattan
par rapport à New York City ».
Exercice 5
5. Certains quartiers sont majoritairement peuplés
1. 40 %. par des habitants d’une ethnie principale : His-
2. 13 120 €. paniques à East Harlem (52 %), Noirs à Central

200
Harlem (65 %) et Blancs à Manhattan (48 %). En 2 sur l’intervalle 13 000-17 000 milliers, ce qui étire
revanche, la répartition de la population de New verticalement la courbe de ce second graphique. Le
York City est moins déséquilibrée : 38 % de Blancs graphique 3 est « zoomé » sur la fin de la courbe des
environ, 25 % environ d’Hispaniques et autant de précédents graphiques ; l’échelle verticale est centrée
Noirs, 10 % environ d’Asiatiques. sur l’intervalle 14 300-16 750 milliers et étirée en hau-
teur, ce qui accentue l’effet visuel de variation.
Exercice 2 4. Après avoir enregistré en 1 an une baisse de
1. Il s’agit d’un graphique polaire (cf. n° 7 p. 388). 380 000 postes du 3e trimestre 2008 au 3e trimestre
2. Les échelles de ce type de graphique sont gra- 2009, l’emploi salarié progresse depuis lors avec
duées de telle manière qu’un mauvais résultat se trois trimestres consécutifs de hausse (+ 20 000 au
situe au centre. Pour certaines variables, un mau- 1er trimestre, + 25 000 au 2e et + 30 000 au 3e, soit
vais résultat peut s’avérer numériquement négatif + 75 000 salariés en 9 mois), ce qui porte le nombre
et correspondre à une régression : croissance, inves- de salariés recensés à 16 410 000 fin juin 2010.
tissement ou exportations. Pour d’autres variables, 5. La réponse dépendra de la périodisation choisie,
l’objectif zéro constitue un bon résultat qu’il faut mais le nombre de périodes doit impérativement être
donc placer sur le pourtour du cercle : taux de chô- limité.
mage ou ratio déficit public/PIB. Par conséquent,
Exemple 1 (3 périodes) :
seuls deux axes sont gradués avec zéro au centre :
– 1990-1993 : diminution de 400 000 postes envi-
consommation et pouvoir d’achat, qui sont présup-
ron (13 800 ➞ 13 400 milliers).
posés ne pas régresser mais au pire stagner.
– 1993-2007 : augmentation de 3 200 000 postes
3. En 2008, le PIB français a augmenté de 0,3 % environ (13 400 ➞ 16 600 milliers).
par rapport à 2007, puis diminué de 2,3 % en 2009 – 2007-2010 : diminution de 200 000 postes envi-
par rapport à 2008. ron (16 600 ➞ 16 400 milliers).
4. Globalement, la situation en 2009 se détériore Exemple 2 (5 périodes) :
par rapport à 2008, puisque le diagramme en rouge
– 1990-1993 : diminution de 400 000 postes envi-
se rétrécit vers le centre par rapport à celui en bleu.
ron (13 800 ➞ 13 400 milliers).
5. L’exception est constituée par le pouvoir d’achat, – 1993-2001 : augmentation rapide ; + 2 400 000
qui progresse plus rapidement en 2009 (+ 2,2 %) postes environ (13 400 ➞ 15 800 milliers).
qu’en 2008 (+ 0,7 %). – 2001-2007 : augmentation plus lente ; + 800 000
6. La situation économique correspondant au pour- postes environ (15 800 ➞ 16 600 milliers).
tour du cercle peut être qualifiée d’idéale, au sens – 2007-2009 : diminution de 300 000 postes envi-
où il est souhaitable mais peu probable que tous ron (16 600 ➞ 16 300 milliers).
les indicateurs économiques à la fois manifestent – 2009-2010 : augmentation de 100 000 postes
d’excellents résultats. environ (16 300 ➞ 16 400 milliers).

Exercice 3
1. Selon Pôle Emploi, le nombre d’emplois salariés pages 390-391    Mesures de variation
en France en 1990 était d’environ 14 millions [NB : Exercice 1
erreur dans le titre du document : en milliers et non
1. 2007-2008 : [(1,93 – 1,52) ÷ 1,52] x 100
en millions].
= + 26,97 % ≈ + 27 %.
2. Graphique 1 : faible augmentation sur 20 ans. 2008-2009 : [(1,92 – 1,93) ÷ 1,93] x 100 = - 0,52 %
Graphique 2 : faible diminution de 1990 à 1993, ≈ - 0,5 %.
suivie d’une augmentation quasi continue jusqu’en 2009-2010 : [(1,76 – 1,92) ÷ 1,92] x 100 = - 8,33 %
2010. Graphique 3 : chute spectaculaire du nombre ≈ - 8,3 %.
d’emplois salariés du 2e trimestre 2008 au 3e tri- Selon Familles Rurales (Observatoire des prix,
mestre 2009, suivie d’une légère augmentation janvier 2011), le prix du kilo de pâtes de grande
jusqu’au 2e trimestre 2010. marque a augmenté de 27 % entre 2007 et 2008,
3. Alors qu’en graphique 1, l’échelle verticale s’étale puis diminué de 0,5 % de 2008 à 2009 et de 8,3 %
de 0 à 18 000 milliers, elle est recentrée en graphique de 2009 à 2010.

201
2. 2007-2010 : [(1,76 – 1,52) ÷ 1,52] x 100 2. Les taux de variation sont utiles pour mesurer
= + 15,78 % ≈ + 16 %. des variations de faible ampleur (cf. 4. p 390),
or + 27 % - 0,5 % - 8,3 % = + 18,2 %. ce qui est le cas ici : [(1 541 200 – 1 540 100) ÷
L’addition de taux de variation successifs donne un 1 540 100] x 100 ≈ + 0,07 %.
résultat différent du taux de variation global sur la 3. Les indices sont utiles pour comparer entre elles
période. différentes variations (cf. 4. p 390), ce qui est le
3. a. (1,24 ÷ 1,02) x 100 = 121,57 ≈ 121,6. cas ici. En utilisant « comment passer d’un outil à
b. (0,74 ÷ 0,55) x 100 = 134,54 ≈ 134,5. l’autre » p. 390, on obtient directement les résul-
Selon Familles Rurales (Observatoire des prix, jan- tats suivants :
vier 2011), le prix du kilo de pâtes de marque de Biens durables : 100,2 / Automobiles : 94,6 / Équi-
distributeur a atteint en 2010 l’indice 121,6 base pement du logement : 105,6.
100 en 2007 et celles de 1er prix l’indice 134,5 base
100 en 2007. L’augmentation des pâtes 1er prix est Exercice 4
supérieure à celle des pâtes de marque de distribu- 1. 2005/1973 : [(275 – 179) ÷ 179] x 100 ≈ + 53,6 %.
teur (34,5 % contre 21,6 %). 2009/2005 : [(260 – 275) ÷ 275] x 100 ≈ - 5,5 %.
4. Il s’agit d’augmentations calculées en ramenant Selon le Commissariat général au développement
à une base identique (100 en 2007) des prix qui durable (Chiffres-clés de l’énergie, octobre 2010),
étaient de niveaux différents en 2007. Les indices la consommation totale d’énergie en France a aug-
permettent d’évaluer une variation sans donner menté de 53,6 % entre 1973 et 2005, puis diminué
d’indication quant au(x) niveau(x). de 5,5 % entre 2005 et 2009.
2. 2009/1973 : [(260 – 179) ÷ 179] x 100 ≈
Exercice 2 + 45,2 % ; or + 53,6 – 5,5 = + 48,1.
1. x 1,02 et x 1,07 (voir « comment passer d’un Des taux de variation ne s’additionnent pas (cf. 1.
outil à l’autre » p. 390). Remarques p. 390) car le résultat est inexact.
2. Cochard : 1 000 € x 1,02 x 1,02 x 1,02 x 1,02 x 3. Gaz naturel : (39 ÷ 13) = 3 et électricité pri-
1,02 = 1 104,08 €. maire : (111 ÷ 8) ≈ 13,9.
Dumoulin : 800 € x 1,07 x 1,07 x 1,07 x 1,07 x 1,07 4. Charbon : (11 ÷ 28) x 100 ≈ 39,3 et pétrole : (83
= 1 122,04 €. ÷ 121) x 100 ≈ 68,6.
Au bout de 5 années, Dumoulin est devenu plus Selon le Commissariat général au développement
riche que Cochard. durable (Chiffres-clés de l’énergie, octobre 2010), la
3. Cochard : 1 104,08 – 1 000 = 104,08 €. consommation de charbon en France a atteint en
Dumoulin : 1 122,04 – 800 = 322,04 €. 2009 l’indice 39,3 base 100 en 1973 et celle de
4. Cochard : [(1 104,08 – 1 000) ÷ 1 000] x 100 pétrole l’indice 68,6 base 100 en 1973. La consom-
= + 10,4 %. mation de charbon a donc diminué de 60,7 % et
Dumoulin : [(1 122,04 – 800) ÷ 800] x 100 = 40,255 celle de pétrole de 31,4 % entre 1973 et 2009.
≈ + 40,3 %. 5. En utilisant « comment passer d’un outil à
5. 5 x 2 % = 10 % et 5 x 7 % = 35 %. l’autre » p. 390, on obtient les coefficients mul-
Les résultats obtenus sont différents : 10 % au lieu tiplicateurs suivants : pétrole 0,975 et énergies
de 10,4 % et 35 % au lieu de 40,3 %. renouvelables thermiques 1,08. Par conséquent :
Plus le taux d’intérêt est élevé, plus l’écart entre les pétrole 83 x 0,975 ≈ 80,9 Mtep et énergies renou-
deux méthodes est important à la longue. velables thermiques 16 x 1,08 ≈ 17,3 Mtep.
Multiplier le taux annuel par le nombre d’années
n’est une approximation tolérable que dans le cas Exercice 5
de très faibles pourcentages de variation. 1. Selon l’INSEE, les prix à la consommation en
France ont atteint en 2001 l’indice 103,9 base
Exercice 3 100 en 1998, soit une augmentation de 3,9 %
1. Les cœfficients multiplicateurs sont utiles pour entre 1998 et 2001.
mesurer des variations importantes (cf. 4. p 390), 2. Voir « comment passer d’un outil à l’autre »
ce qui est le cas ici : (173 045 ÷ 6 139) ≈ 28,2. p. 390 : 119,3 – 100 = + 19,3 %.

202
3. Attention : la méthode précédente ne peut plus tifs. Le groupe des ouvriers mais aussi des employés
s’appliquer, puisqu’on ne raisonne plus par rapport et des indépendants, pour Internet, est proportion-
à la base 100 en 1998 ! nellement moins bien équipé que les cadres supé-
2005-2006 : [(114,2 – 112,4) ÷ 112,4] x 100 ≈ rieurs et les professions intermédiaires. Ainsi, 97 %
+ 1,6 %. des cadres supérieurs sont équipés d’un ordinateur
2006-2007 : [(115,9 – 114,2) ÷ 114,2] x 100 ≈ à la maison contre 75 % des ouvriers.
+ 1,5 %. 4. La variable « âge » : les personnes âgées sont
Les prix à la consommation en France ont aug- moins habituées à ces techniques de l’information
menté de 1,6 % entre 2005 et 2006 puis de 1,5 % et de la communication. Elles ressentent moins le
entre 2006 et 2007. besoin d’être équipées.
4. Les prix à la consommation ne sont pas en La variable « activité » ou « études » : le besoin
baisse : ils augmentent moins vite (1,5 < 1,6). Tout professionnel ou scolaire d’un matériel à la maison
signe de variation positif implique une augmen- explique le haut taux d’équipement des actifs et
tation, plus ou moins importante selon la valeur des étudiants par rapport au reste de la population.
numérique de cette variation (voir « comment La plus grande habitude d’utilisation est aussi pro-
interpréter les résultats » p. 390). bablement un facteur explicatif.
5. En utilisant « comment passer d’un outil à Les variables « revenus » et « niveau d’étude »
l’autre » p. 390, on obtient les coefficients multipli- vont expliquer les différences entre les actifs pour
cateurs suivants : 2005-2006 + 1,6 % ➞ x 1,016 et l’équipement informatique et Internet.
2006-2007 1,5 % ➞ x 1,015
Par conséquent : 112,4 x 1,016 x 1,015 = 115,91
≈ 115,9.
pages 394-395    évolution en valeur 
et en voluMe
Exercice 1
pages 392-393    leCture de tableau 
à double entrée 1. CA en année 1 : 2 634 000 000 ; CA en année 1 :
3 086 800 000
Exercice
2. 17,2 %.
2. En 2009, une étude du Crédoc montre que la
population française dans son ensemble est large- 3. 2 870 000 000 = (168 000 x 12 000) + (61 000 x
ment équipée en téléphone mobile, soit 82 % de la 14 000).
population. Les groupes qui se distinguent le plus
4. 8,95 %. Une partie de l’augmentation en valeur
de ce qui est devenu une norme de consommation
était due à un effet prix.
sont les inactifs à l’exception des étudiants. Les
personnes retraitées se distinguent encore parmi
Exercice 2
ces inactifs : 58 % d’entre elles possèdent un télé-
phone mobile. 1. En 1995, la consommation finale des ménages
3. La population des retraités est aussi la moins a représenté un montant de 649 milliards d’euros
fréquemment équipée en ordinateur et d’un accès courants ; en 2003 la consommation finale des
internet. En France, en 2009, 42 % des retraités ménages a représenté un montant de 812,2 mil-
possèdent un ordinateur à la maison et seulement liards d’euros constants de 1998 (c’est-à-dire qu’en
38 % sont connectés à Internet, deux fois moins 2003, 878 milliards (valeur de c calculé dans la
que la population en général. On peut considé- question 2) avaient le même pouvoir d’achat que
812,2 milliards d’euros de 1998) ; entre 1998
rer cela comme un effet de génération : les futurs
et 2006 le coût de la vie a augmenté de 14,24 %.
retraités seront mieux équipés car ils sont des uti-
lisateurs de ces technologies. 2. a. 674,6 = 649/0,962 ; b. 719 ; c. 878 = 812,2 x
On retrouve aussi la population des inactifs au 1,081 ; d. 853.5 ; e. 119,3= 1 011/847,4.
foyer.
3. 55,78 % = [(1 011-649)/649].
En revanche, l’équipement informatique fait aussi
apparaître des différences entre les groupes d’ac- 4. 25,61 % = [(847,4-674,6)/674,6].

203
Exercice 3
1. Taux de
1990 1995 1998 2000 2005 2007 2008 2009 2010 variation de
1990 à 2010
Smic brut
en euros
954,7 990,6 1 042 1 059,7 1 083,6 1 104,4 1 108,2 1 120,7 1 110,7 16,3 %
constants
1998

2. Car les euros de 1990 et 1995 valent plus que les puisque c’est la hausse du prix qui entraîne la
euros de 1998 (entre temps il y a eu augmentation réduction de la demande.
du coût de la vie qui revient à diminuer la valeur de
la monnaie). Exercice 2
3. Car le SMIC en euros courants a augmenté moins a. La quantité de fraise offerte augmente quel que
vite (0,52 %) que le coût de la vie (1,42 %). soit le prix. C’est donc un déplacement de la courbe
4. Non, il ne faut pas regarder l’évolution en euros d’offre vers la droite, puisqu’il ne s’agit pas d’une
courants mais en euros constants (hausse de réaction à une évolution du prix.
16,3 %). b. La quantité de travail offerte dans la zone
concernée augmente parce que les salaires offerts
5. 6,59 % entre 1998 et 2010 ; 2,5 % entre 2005 y sont plus élevés. Le salaire étant le prix du tra-
et 2010.
vail, il s’agit bien d’une réaction de l’offre à une
augmentation du prix, et donc d’un déplacement le
Exercice 4
long de la courbe d’offre.
1. Entre 1999 et 2009 en France : Si les quantités offertes ou demandées augmentent
– le PIB en euros courants a augmenté de 31 % ; ou diminuent parce que le prix du marché évolue,
– le coût de la vie a augmenté de 20 % ; il s’agit d’un déplacement le long des courbes. Si
– le PIB en euros constants a augmenté de 10 %. les quantités offertes ou demandées augmentent
2. Car il y a eu une récession économique : la crois- ou diminuent quel que soit le prix, alors il s’agit
sance économique a été négative entre 2008 et 2009. d’un déplacement des courbes, vers la droite si les
3. Celle du PIB en euros constants car elle permet quantités augmentent, vers la gauche si les quan-
de visualiser l’augmentation des quantités de biens tités diminuent.
et services produites par l’économie française. En
reconstituant une série statistique factice, c’est-à- Exercice complémentaire  
dire avec des prix qui restent constants tout au et progressif sur ce thème
long de la période, on arrive à mesurer que la pro- Proposer aux élèves cinq graphiques comme celui-ci :
duction réalisée a augmenté de 10 %.

pages 396-397    les Courbes d’offre 
et de deMande,  
les Courbes de Coûts.
Exercice 1
a. La demande de roses augmente le jour de la
Saint-Valentin. Il s’agit donc d’un déplacement de la
courbe de demande vers la droite, puisque la quan-
tité demandée augmente, sans que le prix ait baissé.
b. la quantité demandée de carburant diminue en CONSIGNES
réaction à la hausse du prix. Il s’agit donc d’un Premier graphique : inscrivez ce qui manque pour
déplacement le long de la courbe de demande, obtenir la représentation d’un marché à l’équilibre.

204
Deuxième graphique : tracez des points sur les courbes Quatrième graphique
d’offre et de demande ou les quantités offertes et
Prix Offre
demandée sont différentes pour le même prix.
Troisième graphique : tracez des points sur les
courbes d’offre et de demande pour lesquels les Demande 2
quantités sont les mêmes pour des prix différents. p1
Quatrième graphique : tracez une courbe de demande p2
Demande 1
montrant une situation de diminution de la demande
quel que soit le prix, expliquez les conséquences.
Cinquième graphique : tracez une courbe d’offre
montrant une situation de diminution de l’offre quel Q2 Q1 Quantités
que soit le prix, expliquez les conséquences.
La demande, quel que soit le prix, a diminué. La
CORRIGÉS courbe de demande s’est déplacée vers la gauche.
Le prix d’équilibre, passant de p1 à p2, a diminué,
Premier graphique
de même que la quantité d’équilibre, passant de q1
Prix à q2. Une baisse de la quantité demandée quel que
Offre
soit le prix entraîne une diminution de la quantité
et du prix d’équilibre.
Prix d'équilibre

Cinquième graphique

Demande Prix Offre 2 Offre 1

p2
Quantité d'équilibre Quantités p1
Deuxième graphique
Demande
Prix Offre
Prix p

q2 q1 Quantités

L’offre quel que soit le prix a diminué. La courbe d’offre


s’est déplacée vers la droite. Le prix d’équilibre, pas-
Demande sant de p1 à p2, a augmenté. La quantité d’équilibre a
diminué, passant de q1 à q2. Une baisse de l’offre quel
que soit le prix entraîne une diminution de la quantité
d’équilibre et une hausse du prix d’équilibre.
Quantité demandée au prix P Quantité offerte au prix P
Exercice 3
Troisième graphique
1. CF CV CVM CT CTM Cm
Prix Demande Offre
1 108 12 12 120 120 -
A ce prix p2 2 108 48 24 156 78 36
la quantité 3 108 108 36 216 72 60
offerte est q
4 108 192 48 300 75 84
5 108 300 60 408 81,6 108
A ce prix p1 6 108 432 72 540 90 132
la quantité
demandée
7 108 588 84 696 99,4 156
est q Quantité q Quantités 8 108 768 96 876 109,5 180

205
2. ménages en tabac » montre l’évolution (par rapport
à l’année précédente) du prix du tabac rapportée à
200
l’évolution du prix de leurs dépenses de consomma-
Cm tion finale sur la même période. Si la croissance de
150 ce prix relatif est positive (cas de la période 1991-
CTM 2005), cela veut dire que le prix du tabac acheté par
100 les ménages a évolué plus vite, sur la période consi-
CVM dérée, que l’ensemble des prix des produits qu’ils ont
50 consommés à titre final (on est alors plus ou moins
nettement au-dessus de la ligne horizontale).
0 2. a. La demande de tabac ne doit pas être inélas-
1 2 3 4 5 6 7 8
tique (l’élasticité-prix de la demande ne doit donc
3. Le coût fixe ne varie pas en fonction des quan- pas être supérieure à - 1).
tités produites et reste fixe. Le coût variable aug- b. En 1991, peut-on lire dans la « Fiche thématique
mente avec les quantités produites. Le coût total « Alimentation et tabac » » dont est extrait le doc.
moyen commence par diminuer jusqu’à une quan- 3 (in Cinquante ans de consommation en France,
tité produite de 3 à partir duquel il remonte. Édition 2009, Paris, INSEE, collection « INSEE Réfé-
rences », septembre 2009), la loi « Évin » a amorcé
4. Le coût total moyen est minimum pour une une période de fortes augmentations du prix des
quantité produite de 3.
cigarettes. Sur longue période, on observe un lien
entre l’évolution des prix et celle des volumes ache-
tés : jusqu’en 2002 une baisse des prix relatifs de
1 % en France entraînait en moyenne une hausse
pages 398-399    la notion d’élastiCité 
du volume d’environ 0,4 %. […]
CoMMe rapport 
En 2003 et 2004, les achats ont nettement dimi-
d’aCCroisseMents 
nué, en raison principalement des fortes hausses
relatifs
du prix du tabac (19,3 % par an en moyenne sur
Exercice 1 ces deux années). La baisse des achats en volume a
même été comparable dans son ampleur à la hausse
1. Pour l’énergie domestique : - 0,2 = - 0,2. des prix, soit une élasticité apparente des volumes
+1 %
- 0,4 aux prix en forte augmentation. Le constat doit
Pour les carburants : = - 0,4. toutefois être nuancé car les achats à l’étranger,
+1 %
notamment les achats transfrontaliers, ont forte-
2. Ce sont des biens de première nécessité et dont ment augmenté depuis 2003, et se sont en partie
il n’existe pas de substituts à court terme.
substitués aux achats sur le territoire.
Cette politique semble donc avoir donné d’assez
Exercice 2 bons résultats, du moins jusqu’en 2003.
1. La courbe du « volume relatif de la dépense des
ménages en tabac » représente l’évolution (par Exercice 3
rapport à l’année précédente) du volume de tabac 1. L’élasticité-prix croisée est égale à - 4 % ,
acheté par les ménages rapportée à l’évolution du +2 %
volume de leurs dépenses de consommation finale c’est-à-dire à - 2. Les deux produits sont donc com-
sur la même période. Si la croissance de ce volume plémentaires.
relatif est négative (cas de la période 1991-2005), 2. L’élasticité-prix croisée serait égale à + 8 % ,
cela signifie que la quantité de tabac acheté par les +8 %
ménages a évolué moins vite, sur la période concer- c’est-à-dire à + 1. Les deux produits seraient donc
née, que le volume de l’ensemble de leurs dépenses substituables.
de consommation finale (on est alors plus ou moins
nettement au-dessous de la ligne horizontale repré- Exercice 4
sentant une croissance nulle). Propositions fausses : 1 et 2.
La courbe du « prix relatif de la dépense des Propositions vraies : 3 et 4.

206
Exercice 5 Élasticité-revenu de la consommation finale d’eaux
Élasticité-revenu de la consommation finale de minérales et de source :
pommes de terre
161,56 - 39,9
71,3 - 95,57 x 100
x 100 95,57
95,57 = = + 4,99.
= = - 0,42. 33 100 - 20 560
33 100 - 20 560 x 100
x 100 20 560
20 560
Il s’agit donc d’un « bien inférieur ». Il s’agit donc d’un « bien supérieur ».

Élasticité-revenu de la consommation finale de fro-


mage :
18,39 - 13,81    évaluation 
pages 402-403
x 100
13,81 de CoMpétenCes 2
= = + 0,54.
33 100 - 20 560 Exemples de sujets :
x 100
20 560 Sujets de type discussion : 1, 3, 6 et 7
Il s’agit donc d’un « bien normal ». Sujets de type analyse : 2, 4, 5 et 8

207

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