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Service de psychiatrie
Pr A.ZIRI
I- Introduction :
Le cancer est à l’origine d’une série de réactions qui peuvent être émotionnelles ou
comportementales. Le patient doit s’adapter à chaque phase et à chaque stade de sa maladie.
Les réactions des patients, très variables d’une personne à l’autre, s’articulent autour des
moments charnières de l’évolution de la maladie.
Dés la perception des premiers symptômes, le malade est confronté à une nouvelle réalité
physique, inattendue, parfois douloureuse, et qui a pour caractéristique d’être extrêmement
changeante. Des perceptions jusque là inconnues doivent désormais être intégrées : douleur,
fatigue, perte d’appétit, perte de poids, apparition de signes normaux………
Les premiers symptômes ne coïncident pas forcément dans le temps avec la décision de
consulter. Le déni, mécanisme par lequel un état de connaissance douloureux est ignoré,
banalisé ou évacué, peut retarder la consultation médicale.
Plusieurs facteurs ont été évoqués pour expliquer le délai de prise de décision de consulter :
• Le déni de la réalité,
• La peur des examens,
• La peur de souffrir,
• L’image de soi, l’indépendance psychologique,
• La peur d’une maladie grave.
Le délai de consultation est aussi fonction de la vitesse de la croissance tumorale.
Aujourd’hui, le dépistage des cancers les plus fréquents permet d’intervenir avant même les
premiers symptômes.
La détresse émotionnelle du patient fluctue pendant la maladie mais vit son pic au moment du
diagnostic.
L’idée «j’ai un cancer », lorsqu’elle est intégrée par un patient provoque une révolution
psychologique. Le patient est alors placé face au futur et à la durée de sa vie. Après le choc du
diagnostic, le patient a besoin de se restituer par rapport à son environnement immédiat ; ce temps
d’adaptation est très variable chez chacun.
La confirmation du diagnostic est souvent associée à une sentence de mort et à une catastrophe. Les
préoccupations sont alors essentiellement existententielles : mort, vulnérabilité, détresse
émotionnelle (pessimisme, désespoir, anxiété) s’associant à une remise en cause des relations
familiales, amicales et professionnelles. Cette période dure en général environ trois mois.
La détresse émotionnelle du patient fluctue pendant la maladie mais vit son pic au moment du
diagnostic.
La période où se situe le début de la maladie dans le cycle de la vie du patient est également
fondamentale pour mieux comprendre les conséquences psychologiques de celui-ci.
Déni et acceptation alternent souvent et forment les mécanismes qui permettent dans un second
temps une adaptation plus stable. Le déni aide souvent les malades à relativiser les menaces et les
rend plus tolérables et plus simples à gérer. Cependant, si le déni constitue parfois un mécanisme de
défense efficace, élaboré pour se protéger d’une réalité trop douloureuse, son utilisation peut aussi
supposer une fragilité de l’individu lors des phases ultérieures.
Les réactions de fuite des malades existent aussi chez les patients. Elles varient d’une mauvaise
adaptation au refus de traitement .elle s justifient parfois le recours exclusif ou en association avec
un traitement conventionnel aux médecines parallèles et dont le bénéfice n’est pas démontré.
Les soins « supportifs » destinés a contrôler et a traiter des conséquences biologique, psychologique
et sociales des affections cancéreuses sont en plein accroissement. En effet, la détresse des malades
est fréquemment liée au caractère « invasif des méthodes d’investigation, de traitement et à l’entrée
dans un univers très médicalisé jusque là inconnu.
L’anxiété survient le plus souvent dans des situations de menace ; elle anticipe les dangers ce qui
aide le patient a diminuer l’effroi et la surprise. L’absence d’anxiété, elle, mène souvent a des
réactions dépressives dans le cas ou la réalité crée par le cancer est pire que ce que le patient a peut
anticipe. Par contre, une anticipation dramatisée de la réalité future aide souvent le malade qui
récupère ainsi plus rapidement.
Il est important de souligner que certains malades qui refusent un traitement peuvent parfois
l’accepter une ou deux semaines plus tard .en effet, certains patients ont de mal à prendre une
décision s’ils en sont encore dans la phase de l’évaluation de la situation à laquelle ils sont confrontés
.ainsi, une proposition de traitement peut parfois davantage aboutir lorsque cette d’évaluation sera
achevée.
Enfin, certain patients refusent plus tard un traitement qu’ils ont préalablement acceptée au
moment de diagnostic. Une adhésion ultérieure peut toujours être espérée à condition d’une
excellente relation médecin- malade. Car en effet, si celle –ci est entamée, il est fréquent de voir un
patient consulter ailleurs ou avoir recours à des alternative thérapeutiques peu crédibles et auprès
de certaines personnes abusant de la situation de détresse du malade.
1-la chirurgie :
Le traitement chirurgical entraine des réactions aigues, que ce soit en phase préopératoire ou en
phase postopératoire.
L’information préalable du chirurgien doit être claire, en expliquant les risques postopératoires
éventuels.
La chirurgie de reconstruction permet d’améliore la qualité de vie des patients qui peuvent y avoir
recours (cancer du sein par exemple).
2-La chimiothérapie :
Les réactions psychologiques sont proportionnées au degré de tolérance variable chez chaque
patient. Parfois les effets secondaires sont anticipatoires aux traitements tellement le patient est
anxieux.
L’alopécie, lorsqu’elle survient, même si elle reste transitoire, reste aussi un stigmate du traitement
par chimiothérapie et affecte toute particulièrement la féminité des malades. Là encore, les
explications préalables claires limitent les potentiels effets indésirables de la chimiothérapie.
3-La radiothérapie :
Les traitements par radiothérapie provoquent une réaction en rapport avec les effets secondaires qui
les accompagnent : nausées, vomissements, fatigue….
En début de radiothérapie, le patient est anxieux. Il craint les effets secondaires du traitement, les
procédures d’administration et parfois doute dans l’efficacité du traitement.
Une fois la procédure lancée, les séances sont répétitives et connues du malade.
V- LES PHASES DE REMISSIONS :
La fin du traitement constitue un stress particulier après avoir vécu et subi les phases précédentes.
Les patients se sentent alors souvent déboussolés, abandonnés, perdant le sentiment de contrôle
que procurait l’administration des traitements. La peur de la rechute survient alors et s’associe à un
sentiment de vulnérabilité. Cette anxiété en réalité ne disparait jamais. La méconnaissance de
l’origine du cancer contribue à cette anxiété naturelle.
Les phases de rémission et de guérison peuvent être associées à des difficultés de réinsertion
familiale et conjugale. Il est donc fondamental que le malade continue à vivre pendant son
traitement une vie la plus normale possible, en particulier avec des projets personnels et familiaux.
L’annonce d’une rechute replonge le malade dans la crise vécue lors du premier diagnostic à laquelle
se rajoute aussi une grande déception. Elle s’accompagne parfois d’une révolte contre l’équipe
médicale.
Les nombreux progrès intervenus ces dernières années permettent de ralentir une partie des
rechutes pour lesquelles une stratégie thérapeutique à court, moyen et long terme peut être mise en
place.
L’acceptation totale et sereine de la mort n’est malheureusement pas généralisée. Le malade est
alors confronté à :
• La peur de la séparation,
• La peur de laisser les autres démunis,
• La peur de ne pouvoir résoudre des problèmes concrets,
• La peur de la douleur et de la souffrance.
Pour beaucoup, elle s’inscrit dans une évolution naturelle, mais il reste qu’un processus de
maturation et d’acceptation doit se faire.
L’accompagnement des familles, une information précise du patient, le développement des soins de
confort ou soins palliatifs, le traitement de la douleur, une discussion franche et sincère entre patient
et médecin oncologue, aident à passer cette étape le mieux possible.
Conclusion :
L’expérience du cancer est une crise nécessitant une série d’adaptations continues. La transition de
l’état de malade à celui de survivant constitue un changement suscitant à la fois enthousiasme et
anxiété. Les séquelles, lorsqu’elles existent (par exemple poche de colostomie), peuvent provoquer
un ensemble de difficultés de réadaptation lors du retour à une vie normale. Le passage de la
rémission à la guérison ne peut donc pas se faire de manière radicale. D’autant que bien des patients
restent insécurisés au moment des bilans de suivi.