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Assurance sociale et responsabilité civile de l’employeur

La protection sociale a progressivement été perçue comme un facteur productif, qui


préserve et améliore la santé, la productivité et crée de nouveaux emplois dans le
secteur des services sociaux. En assurant un revenu de substitution, la protection
sociale soutient la demande intérieure et contribue à la stabilisation de l’économie, en
particulier en période de récession. Alors que le développement économique et le
développement social sont perçus comme des processus se renforçant mutuellement,
les systèmes de protection sociale représentent un investissement réalisé par
l’ensemble de la société dans le capital social et humain nécessaire pour assurer une
croissance économique durable. Le droit à la protection sociale a été universellement
reconnu comme un droit fondamental de l’être humain, dont l’accomplissement en tant
que personne exige que lui soient garantis la sécurité.
Le corpus normatif élaboré par l’Organisation au fil des ans a contribué à la
constitution d’un droit international de la sécurité sociale, qui a permis de poser les
fondements juridiques du droit de l’homme à la sécurité sociale et de soumettre les
systèmes nationaux de sécurité sociale à la primauté du droit. Les sections qui suivent
retracent les principales étapes de l’action normative que l’OIT mène maintenant
depuis plus de quatre-vingt-dix ans dans le domaine de la sécurité sociale.

Dès son origine, l’OIT s’est également intéressée au sort de ceux qui sont privés de
travail pour cause de maladie, de vieillesse ou, bien sûr, de chômage. Pionnière dans
ce domaine, l’OIT a exercé une influence d’autant plus grande que son système de
contributions salariales obligatoires s’accompagnait d’une participation des
travailleurs et des employeurs à sa gestion.
Le Préambule de la Constitution de l’OIT consacra la nécessité d’améliorer les
conditions de travail, notamment par «la lutte contre le chômage, … la protection des
travailleurs contre les maladies générales ou professionnelles et les accidents résultant
du travail, … les pensions de vieillesse et d’invalidité» et établit l’organisation
internationale permanente chargée de promouvoir ces objectifs.

Les programmes AT/MP basés sur la sécurité sociale impliquent la création d’un fonds
national pour les accidents du travail et les maladies professionnelles. Ce type de
programme est généralement géré par le service public, et souvent administré par un
conseil incluant les partenaires sociaux. Les contributions au fonds viennent
généralement des employeurs, parfois des employés, et peuvent également provenir
des revenus généraux, c’est-à-dire des taxes. Il s’agit d’une agence gouvernementale
qui est habituellement chargée de collecter les cotisations, d’évaluer les demandes, de
verser les indemnités et de superviser la durabilité financière du fonds.
En revanche, les systèmes de responsabilité civile de l’employeur sont basés sur le
principe que les employeurs sont responsables dans certains cas pour les invalidités
causées à leurs employés.

Les régimes d’assurance sociale et d’assurance privée de responsabilité civile de


l’employeur partagent certaines caractéristiques. Les deux impliquent un
regroupement des risques. Les deux définissent les prestations à verser et les règles
d’éligibilité aux prestations. Les deux établissent des cotisations qui doivent être
payées par les employeurs.
Cependant, il y a également des différences fondamentales entre les deux approches.
Le droit de toucher des indemnités dans le cadre d’un programme d’assurance privée
est contractuel, basé sur le contrat d’assurance conclu. L’assureur n’a généralement
pas le droit unilatéral de modifier la couverture ou d’y mettre un terme avant la fin de
la période contractuelle (sauf en cas de non-paiement des primes bien entendu). Les
régimes d’assurance sociale se basent généralement sur la loi statutaire plutôt que
contractuelle, et les droits de toucher des prestations est statutaire, comme stipulé par
le gouvernement. L’autre différence majeure réside dans le financement. L’assurance
individuelle doit habituellement être complètement financée, les cotisations des
employeurs.
L'employeur devrait définir, de préférence par écrit, une politique générale soulignant
l'importance de la prévention ; il devrait également prendre les décisions ainsi que les
mesures pratiques nécessaires à l'application de la réglementation nationale et des
dispositions du présent recueil de directives.
.
Les instruments de l’OIT assignent à l’Etat la responsabilité générale de la bonne
administration des institutions et des services de sécurité sociale, ainsi que du service
des prestations correspondantes. Le principe de la responsabilité générale de l’Etat a
également pour effet d’empêcher ce dernier d’invoquer la décentralisation de
l’administration pour s’exonérer de la responsabilité d’une mauvaise gestion des
systèmes nationaux de sécurité sociale ou de leur incapacité à assurer une protection
effective.

Le cadre juridique international


Au fil des ans, les normes adoptées au sein de l’OIT pour guider les pays dans
l’établissement et le maintien de systèmes de sécurité sociale efficaces et solides ont
joué un rôle considérable pour promouvoir la mise en œuvre du droit à la sécurité
sociale établi dans les instruments internationaux relatifs aux droits humains.
Les instruments juridiques, auxquelles s’ajoutent des orientations internationales en
matière de développement des politiques, fournissent un cadre général permettant la
concrétisation, dans les lois et pratiques nationales et régionales, d’une approche
fondée sur les droits en matière de sécurité sociale.

Du point de vue du droit international, la reconnaissance du droit à la sécurité sociale a


été le résultat d’instruments universellement négociés et acceptés, instaurant la sécurité
sociale en tant que droit social fondamental de chaque être humain. De cette façon, le
droit à la sécurité sociale a été inscrit dans plusieurs instruments relatifs aux droits
humains adoptés par les Nations Unies. Il est ainsi expressément formulé en tant que
tel dans les instruments relatifs aux droits humains fondamentaux.

En outre, l’observation générale détaille les éléments constitutifs de ce droit constitués


principalement des éléments suivants :
● Disponibilité du système de sécurité sociale: un système de sécurité sociale viable,
ainsi que ses procédés constituants, doivent être disponibles et mis en place, établis par
la loi et sous la responsabilité des autorités publiques, afin de garantir le service de
prestations en adéquation aux risques et aléas sociaux correspondants pour les
générations présentes et futures.
● Couverture complète de l’ensemble des risques sociaux : le système de sécurité
sociale devrait fournir, en termes de lois et pratiques, des prestations pour les neuf
branches principales de la sécurité sociale, à savoir : les soins de santé, la maladie, la
vieillesse, le chômage, les accidents du travail, l’aide à la famille et à l’enfant, la
maternité, l’invalidité.
● Accessibilité aux prestations sociales : toute personne doit être couverte par le
système, sans aucune discrimination et en tenant compte de ses besoins spécifiques.
Les conditions d’admissibilité aux prestations doivent être raisonnables,
proportionnées et transparentes. Les cotisations de la sécurité sociale ainsi que les
autres coûts du système doivent être abordables pour tous. Les bénéficiaires doivent
être en mesure de participer à l’administration du système. Les prestations devraient
être servies en temps utile et les bénéficiaires devraient avoir physiquement accès aux
services de sécurité sociale ; les besoins spécifiques de certains groupes de population
devraient être dûment envisagés afin de leur garantir cet accès

en 2001, la Conférence internationale du Travail (CIT) a réaffirmé que la sécurité


sociale est un droit humain fondamental et son extension à tous ceux qui en ont besoin
a, une nouvelle fois, été réaffirmée comme une partie fondamentale du mandat de
l’OIT et un défi devant être relevé de manière urgente et sérieuse par tous les Etats
Membres. Par la suite, l’OIT a lancé en 2003 la Campagne mondiale sur la sécurité
sociale et la couverture pour tous. La Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour
une mondialisation équitable, adoptée par la Conférence internationale du Travail en
2008, a réaffirmé, dans le cadre de l’Agenda du travail décent, son engagement à
étendre la sécurité sociale à tous ceux ayant besoin d’une telle protection.

En 2009, la Conférence internationale du Travail a reconnu le rôle crucial des


politiques de protection sociale pour faire face aux crises ; et le Pacte mondial pour
l’emploi (2009) a appelé les pays à «examiner, selon les besoins, [… la mise] en place
[d’] une protection sociale adéquate universelle fondée sur un socle de protection
sociale.»

l’OIT a adopté au fil des ans une gamme de normes énonçant des obligations concrètes
ainsi que des orientations pour les Etats dans le but de mettre en œuvre le droit à la
sécurité sociale moyennant le développement et le maintien de systèmes complets et
durables de protection sociale. Les normes de sécurité sociale de l’OIT prennent la
forme de conventions ou de recommandations et établissent des normes acceptées
internationalement en matière de sécurité sociale.
Les conventions et recommandations de l’OIT sont élaborées et adoptées par les
mandants tripartites de l’Organisation : les gouvernements, les organisations des
employeurs et des travailleurs représentant tous les Etats membres de l’OIT à la
Conférence internationale du Travail. Ils forment l’autorité principale régissant la
politique de l’OIT et les conseils techniques dans le champ de la protection sociale.
L’OIT est l’institution internationale ayant produit le plus grand nombre d’instruments
contraignants dans ce domaine. Pour cette raison, les normes de sécurité sociale de
l’OIT, et plus particulièrement la convention majeure n o 102, sont globalement
reconnues comme des références clés pour la conception de programmes et de
systèmes de protection sociale solides, viables et fondés sur les droits. Ces outils
s’adressent en effet principalement aux gouvernements qui, en consultation avec les
employeurs et les travailleurs, cherchent à mettre en œuvre des législations en matière
de sécurité sociale, à établir un cadre de gouvernance administrative et financière, et à
développer des politiques de protection sociale.

Ces normes servent de références incontournables en ce qui concerne :


 L’élaboration de stratégies d’extension de la sécurité sociale nationale ;
 Le développement et le maintien de systèmes nationaux complets de sécurité
sociale ;
 La conception et les ajustements paramétriques des programmes de sécurité sociale ;
 La fondation et la mise en œuvre de mécanismes efficaces de recours, d’application
et de respects des obligations ;
 La bonne gestion de la sécurité sociale et l’amélioration des structures
administratives et financières ;
 Le respect des obligations internationales et régionales et la mise en place des
programmes par pays de promotion du travail décent ; et
 Œuvrer à atteindre les objectifs de développement durable.

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