La respiration
Les branchies assurent plusieurs fonctions : (1) respiration (échanges de gaz), (2) osmorégulation
(régulation des échanges de sel et d’eau) et (3) excrétion des déchets azotés (épuration)
1-L’appareil respiratoire
Les branchies de Téléostéen comprennent 2 séries de 4 holobranchies, dont chacune est composée de
2 hémibranchies ; chaque hémibranchie comprend : (1) une rangée de filaments minces appelés lamelles
primaires ; (2) Sur chaque lamelle primaire, sont disposées des rangées dorsales et ventrales de lamelles
secondaires (fig.1).
Les arcades branchiales et leurs lamelles forment sur les 2 faces du pharynx une sorte de double filtre
que l’eau doit sans cesse traverser.
L’arcade branchiale du Téléostéen est une structure osseuse courbe d’où rayonnent les supports osseux
(nervure branchiale) des lamelles primaires.
Des muscles adducteurs règlent le degré de ventilation des lamelles.
▪ Les arcades renferment les artères branchiales afférentes qui proviennent de l’aorte ventrale et les
artères branchiales efférentes qui se déversent dans l’aorte dorsale.
Chaque rameau de l’artère branchiale afférente circule le long du bord operculaire de la lamelle primaire,
dessert les lamelles secondaires et communique avec un rameau symétrique de l’artère branchiale
efférente qui circule le long du bord buccal de la lamelle primaire.
✓ Le sang désoxygéné circule ainsi dans les lamelles secondaires dans le sens opposé à celui de l’eau
qui passe par l’opercule.
▪ L’épithélium branchial comprend des cellules à mucus, des lymphocytes, des GB éosinophiles et des
cellules à chlorure, chez les espèces euryhalines.
✓ Les échanges gazeux se déroulent à la surface des lamelles secondaires ; celles-ci comprennent une
enveloppe de cellules épithéliales soutenues et séparées par des cellules en piliers (contractiles) qui
établissent un réseau complet de canalicules sanguins lamellaires mettant en communication les artères
lamellaires afférentes et efférentes (fig. 2).
✓ La contractilité des cellules en pilier sert à réguler le débit du sang qui arrive à la surface des échanges
gazeux (fig. 2)
1
Bensouilah M. Cours de Physiologie des organismes aquatiques ‘’vertébrés’’- Licence
Figure 2 : structure des lames et lamelles des branchies de poisson (schéma du haut « coupe transversale
d’une lamelle secondaire » ; en bas à gauche « coupe sagittale d’une lamelle secondaire ; en bas à droite
« disposition des lamelles secondaires par rapport aux lamelles primaires »
2
Bensouilah M. Cours de Physiologie des organismes aquatiques ‘’vertébrés’’- Licence
✓ Comme le sang circule dans les lamelles secondaires dans le sens opposé à celui du passage de l’eau
(c’est à dire par contre-courant), le rendement de l’extraction de l’oxygène est parfois de 80% (fig.4).
Figure 4 : Représentation de la ventilation (flux d’eau) et la perfusion (flux de sang) des branchies
▪ Les poissons capables de maintenir un volume de ventilation élevé auront un faible taux d’utilisation
de l’oxygène de l’eau ; par conséquent, la PO2 (pression partielle de l’oxygène) de l’eau sur la surface
respiratoire reste élevée sur toute la longueur des lamelles secondaires.
✓ Les poissons sédentaires vivant en eau calme (Carpe et Tanche) doivent pomper l’eau qui passe à
travers leurs branchies, de ce fait, leur coût de ventilation des branchies est très élevé. Ils présentent :
(1) des volumes de ventilation faibles (volume d’eau circulant dans les branchies par unité de temps) ;
(2) un très fort taux d’utilisation de l’oxygène de l’eau.
3
Bensouilah M. Cours de Physiologie des organismes aquatiques ‘’vertébrés’’- Licence
✓ Les poissons actifs (torrenticoles ou bons nageurs) ont juste besoin d’ouvrir leur bouche pour
ventiler les branchies ; dans ce cas, le coût de ventilation des branchies est très bas. Ils présentent :
(1) des volumes de ventilations élevés, car la ventilation est fonction de : (1a) la vitesse de nage, (1b) du
débit du flux d’eau, (1c) de la résistance des branchies au flux d’eau, (1d) de l’ouverture de la bouche et
l’opercule ;
(2) un faible taux d’utilisation de l’oxygène de l’eau.
➢ Par comparaison avec les animaux terrestres, la dépense énergétique respiratoire du poisson est très
forte ; elle augmente encore plus quand l’eau est pauvre en oxygène ou quand elle est polluée.
4
Bensouilah M. Cours de Physiologie des organismes aquatiques ‘’vertébrés’’- Licence
o Les capillaires des lamelles secondaires sont très proches de l’eau et sont, de ce fait, plus impliqués
dans le transfert de gaz que ceux des lamelles primaires.
▪ La perfusion branchiale :
(1) -augmente sous l’action de catécholamines (vasodilatation et augmentation du flux de sang dans
les lamelles).
(2) -augmente au cours de l’exercice, (augmentation du taux de catécholamines dans le sang)
(3) -baisse sous l’action d’acétylcholine (vasoconstriction et augmentation de la résistance au flux
sanguin à travers les branchies ;
(4) -baisse lors d’hypoxie (baisse de la concentration d’O2 de l’eau) qui entraîne l’augmentation de
la résistance au flux sanguin branchiale mais n’altère pas la capacité des branchies à transférer les gaz.
✓ L’arrangement par contre-courant des flux de sang et de l’eau va permettre au poisson (Téléostéen)
de maintenir un gradient élevé d’O2 entre le sang et l’eau tout le long des lamelles secondaires
▪ La capacité de saturation du sang de poisson en O2 est variable d’une espèce à une autre.
5
Bensouilah M. Cours de Physiologie des organismes aquatiques ‘’vertébrés’’- Licence
Ex 1 : La Truite, à des températures inférieures à 5°C, satisfait la demande d’O2 des tissus par l’O2 dissous
dans le sang. Toutefois à des T° plus élevées, l’hémoglobine est nécessaire pour augmenter la capacité de
transport de l’O2 par le sang pour satisfaire les besoins croissants en O2 du poisson.
▪ Le sang de poisson a une grande affinité pour l’O2 ; il est saturé à 95% à des PO2 relativement basses
comparées à celles nécessaires pour la saturation du sang de mammifères.
✓ La baisse de T° provoque une augmentation de l’affinité du sang pour l’O2 sauf chez le Thon ou
l’affinité de l’hémoglobine pour l’O2 est indépendante de la T°.
Ex 2 : Chez la Carpe et la Truite, le gradient de pression d’O2 à travers les branchies est le même ; cependant,
la Carpe a un fort taux d’utilisation d’O2 de l’eau et une hémoglobine possédant une très haute affinité pour
l’O2 ; en revanche, la Truite possède un faible taux d’utilisation d’O2 de l’eau qui passe par les branchies et
une hémoglobine avec une faible affinité pour l’O2.
➢ La variation de la quantité d’O2 du sang dépend : (1) de l’aire respiratoire, (2) de la distance de
diffusion, (3) du gradient de concentration de l’O2 à travers les branchies.
✓ De ce fait, pour augmenter la quantité d’O2 du sang, il faut : (1) augmenter l’aire respiratoire, (2)
baisser la distance de diffusion, (3) augmenter le gradient de concentration en O2.
Figure 8 : Histogramme montrant l’effet de la T° et la PCO2 sur l’affinité et les capacités de transport
de l’O2 par l’hémoglobine
6
Bensouilah M. Cours de Physiologie des organismes aquatiques ‘’vertébrés’’- Licence
• La présence d’anhydrase carbonique (enzyme présente dans les cellules) et du mécanisme d’échange
par diffusion permettent au bicarbonate et au CO2 de passer dans l’eau à travers les branchies.
✓ Comme le temps de contact de l’eau avec l’épithélium est très court (1 seconde) et comme la
formation de CO2 dans l’eau à partir de bicarbonate est plus lente (plusieurs secondes), par conséquent,
l’augmentation de la PCO2 de l’eau ne survient qu’après le départ de l’eau de la surface respiratoire.
✓ Le rythme de formation du CO2 dans les globules rouges sanguins et donc le rythme de l’excrétion
de CO2, dépendra ainsi de la présence d’anhydrase carbonique (fig.9).
Figure 9 : L’implication de l’anhydrase carbonique dans le processus de rejet du CO2 au niveau des
branchies (globule rouge et cellule épithéliale de la branchie)