Vous êtes sur la page 1sur 39

MAEMBLE Philippe

KUNDI I BÉDI MASENG


Étude généalogique de la famille MANGÔND
(2e édition)

PUCAC
Juillet 2021
DÉDICACE
À la famille
Mangônd, par
laquelle je suis
venu au monde et
qui m’aura donné
l’occasion de
servir.

2
SOMMAIRE
PRÉAMBULE

I- FAIRE CONNAISSANCE DE LA FAMILLE MANGOND

A) Territoire géographique
B) Population
1) Sous-famille Ndog Nèm
2) Sous-famille Lôg Biub
3) Sous-famille Lôg Ngwang

II- BREF APERÇU SUR L’ADEMA

A) Historique
B) Objectifs
C) Organisation
D) Quelques réalisations

III- ANNEXES

A) Hymne des Mangônd

B) Palabre traditionnelle chez nous.


1) Le mariage
2) Le deuil

3
PRÉAMBULE

En décembre 2000, nous avons fait paraître la première édition de cette étude
sur la famille Mangônd et la principale association qui regroupait ses filles et fils à
l’époque (ADEMA). Ce que nous proposions alors au lecteur était le résultat de nos
investigations à titre personnel et en qualité de Président général de l’ADEMA pendant
neuf ans1. La publication de cette première édition a, comme il fallait s’y attendre et
comme nous l’avions souhaité, suscité des réactions de la part de certains frères
Mangônd qui ont apporté leur contribution en nous faisant tenir des précisions ou des
additifs en ce qui concerne leurs sous-familles ou la famille Mangônd en général.

Nous remercions ainsi MM Ndoum Albert, Wayag Kébga Emile, Nyounaï


Minyem et bien d’autres qui nous ont permis d’avancer dans une meilleure
connaissance de notre famille. Mais toujours, il ne nous vient pas à l’esprit d’affirmer
que nous ne nous trompons pas ou encore que tout est dit sur la famille Mangônd dans
cette deuxième édition de KUNDI I BÉDI MASENG. Le chantier reste ouvert aux
connaisseurs de tous les temps pour continuer et compléter cette œuvre. Des lacunes
persistent, en particulier en ce qui concerne la sous-famille Log-Pii, faute
d’informations fiables et cohérentes dans certains cas.

L’auteur, par ailleurs Mbombog basa’a - mpô’o - bati, a, pour le plaisir du


lecteur, enrichi cette nouvelle édition avec deux exemples de la palabre traditionnelle
basa’a telle que la pratiquent les Mangônd depuis nos ancêtres.

1
– HENGUEGUE 1988 (Congrès Mangônd) avec la participation de MANDENG MA BAKANG. –
BANNA’A le 07 Août 1993 (Réunion du Bureau Général du CODEVIMA), particulièrement l’intervention du
Doyen Pierre BISSECK BI BAYIHA et NWAHA Bruno – Bot-Makak le 17 Septembre 1994 (Réunion du
Bureau Général du CODEVIMA° avec les interventions du vieux MAKON MA NGOUNDBA et M. NJEM
MINTOOGUE – Entretien avec les regrettés MINYEM MI NGOUNDBA (1963), David PEBI (1993) et avec
Lucia NGO MBOG TUGA BINYEGI, une de nos plus vielles personnes que nous avons connues.

4
I- FAIRE CONNAISSANCE DE LA FAMILLE MANGOND

Les regroupements des Mangônd qui se sont succédés, en particulier le Comité


de développement des villages Mangônd (CODEVIMA) et l’ADEMA ont fait leur,
entre autres, la mission de commencer à écrire l’histoire de la famille Mangônd, afin
de faire connaître celle-ci non seulement aux générations futures, mais aussi à nous-
mêmes et à nos amis contemporains. Car il y a de nos jours des adultes en pays bassa’a
qui ignoraient il n’y a pas longtemps jusqu’à l’existence d’un tel groupe ethnique.

A- Territoire géographique

Il est difficile de situer le territoire occupé par la famille Mangônd, à cause de la


dispersion de cette famille sur le terrain. Le caractère minoritaire des Mangônd est lié
à cet état des choses doublé de la faiblesse des effectifs. Actuellement la famille
Mangônd se rencontre dans les départements de la Sanaga Maritime et du Nyong-et-
Kellé. Dans ce dernier département, seuls les arrondissements de Bot-Makak et de
Nguibassal sont concernés. Dans ce qui suit, nous ne traitons que des Mangônd du
Nyong-et-Kellé.

Ici, la véritable entité territoriale des Mangônd est représentée par une bande de
terrains en forme d’une tête de machine à coudre, s’allongeant sur environ 15
kilomètres entre Bot-Makak et Nguibassal, et qui regroupe les villages Henguegue,
Nkoglum, Lamal et une partie de Nguibassal (village). Ce fut d’ailleurs le territoire de
l’unique chefferie Mangônd d’antan, celle de Henguegue, sous les chefs successifs
Libôg li Pague, Pague Pague, Tang Pèm. Couvert de forêt, ce territoire a un relief
fortement accidenté du côté de Bot-Makak et Henguegue, où dominent les collines
Malung et Bakedeg. Puis le relief baisse progressivement jusqu’à Lamal et Nguibassal.

Ailleurs, dans les mêmes arrondissements de Bot-Makak et de Nguibassal, les


Mangônd habitent des hameaux constituant des enclaves dans d’autres familles :
Banna’a et Pég-Kul dans Ndôg-Suga, Mandôa dans Ndôg-Batjék, Song-Matip dans
Pan… La dispersion se poursuit de nos jours avec de nouvelles acquisitions
territoriales auprès des voisins et même à distance. Certaines familles choisissent
même de s’installer définitivement dans les villes. Une très bonne chose pour
l’intégration nationale, mais qui risque de faire perdre son identité à la famille si nous
ne nous organisons pas.

B- Population

D’abord regroupés par sous-famille autour des patriarches, les Mangônd se sont
dispersés sur ce territoire pour des raisons stratégiques ou de recherche de plus
d’espace comme l’illustrent les deux témoignages ci-après.

5
La regrettée Lucia Ngo Mbog Tuga, veuve de Maemble ma Ngundba nous a
confié que son mari et d’autres Mangond quittèrent leurs sous-familles à Henguegue,
« affectés » au lieu actuel Lamal par le chef Pague Pague, pour protéger cette partie
éloignée et peu peuplée de son territoire contre des voisins mal intentionnés.

L’autre témoignage est celui de feu Daniel Nyôt Nyôt, avec la sous-famille
Lôg-Batjab. Les générations s’entassant sur place, cette sous-famille commençait à
étouffer sur son terrain Nsim à Henguegue. Nyôt Bég qui avait épousé trois filles
Ndôg-Batjék obtint gracieusement de sa belle-famille le terrain Djenes situé dans
l’actuel village Lamal. Il fit appel à ses cousins Pém Môngô et Nkong Sôngô qui
quittèrent ainsi Nsim pour s’installer confortablement à Djenes.

Comme toutes les autres populations du département du Nyong-et-Kellé, les


Mangônd vivent essentiellement de l’agriculture : macabo, plantain, manioc, arachide,
palmier à huile, cacao, surtout. Le slogan de ralliement des Mangônd est Kundi i bédi
maseng, malon ma memlege mbobi : le touraco vert perché sur un parasolier, les
peuples en admirant le beau plumage. Ils sont aussi surnommés “Jaman” (Allemands),
probablement à cause de leur caractère endurant.

Notre ancêtre, Mangônd, est un descendant des basa’a venant d’Égypte et ayant
transité par Ngog-Lituba. Des études et recherches ont été faites pour établir sa
généalogie antérieure. D’après E. Wonyu, citant le Pr Joseph Mboui dans MBOG
BASSA, les Mangônd sont de la lignée de Njel, l’un des descendants des fondateurs de
Mbog Bassa à Ngog Lituba. Dans le même sens, lors du congrès des Mangônd à
Henguegue en 1988, feu Mbombog Mandeng ma Bakang nous apprit que l’ancêtre à
l’origine de la famille Mangônd eut pour père Ném, fils de Biloo. À partir de ses deux
affirmations, nous pouvons oser la reconstitution généalogique suivante empruntée
dans Mbog Bassa : Mangônd, fils de Ném, fils de Biloo, fils de Nkol, fils de Nwan, fils
de Tjék, fils de Njel… jusqu’à Nanga (Ngog-Lituba) et MELEK (Mbelek) en Égypte.

6
Généalogie de Mangônd
d’après E. Wonyu Wonyu
dans MBOG BASSA
Melek (Mbelek), sous Pharaon 1er en Egypte
Bisé
Ngoso
Ikota
Mbongo
Mbimbi
Nanga, à Ngog - Lituba
Ngé

Mban
Tjék

Tuba

Ngok

Mban

Nwii

Mbok

Njel

Tjék

Mban Nwan
Jôl
Bakén Nkol
Batjék Béa Nlét
Basumbul Biloo

Bakén Ném

Ngônd Mangônd

7
Nos frères de la Sanaga Maritime (entretien avec M. Bangwén, un Ndôg-Ném,
le 19-10-1996) ont une autre version : Mangônd est bien fils de Ném, mais il s’agit de
Ném, fil de Nong, fils de Nyak, fils de Liking… jusqu’à Ngog – Lituba. D’après cette
même source Mangônd, fils aîné de Ném, aurait eu pour frères Tjok, Mbédgé,
Bakondok, Bikôô, Sôya et Njahwé.

À côté de ces deux théories qui nous semblent bien sérieuses, il y a aussi
d’autres qui prétendent que Mangônd (Ngônd) est plutôt fils de Kôk et frère de Sul 1 ou
que Mangônd est fils de Mpôô.

La généalogie postérieure de Mangônd est à établir de nos jours. Dans les


arrondissements de Bot-Makak et de Nguibassal, la famille Mangônd est constituée
par trois sous-familles, descendants de Ném, Biub et Ngwang. Des interrogations
existent encore quant aux relations entre ces trois derniers et Mangônd. Sont-ils ses fils
ou ses petits-fils ? D’après feu Minyem mi Ngundba (entretien du 28-08-1963), les
trois ancêtres Ném, Biub et Ngwang seraient : le premier, fils de Limbem li Mangônd
et les deux derniers fils de Dilal di Mangônd, soit :
Limbem Ném

Mangônd Biub
Dilal Ngwang

Ce schéma semble en contradiction avec la pratique qui a plutôt lié les Ndog-
Ném aux Log-Biub dans le passé. Une première explication lie Biub à Ném par la
mère du premier, prétendue fille du deuxième. Il y a une autre version non moins
vraisemblable.

Ném Limbem ayant certainement un lien de parenté avec Mangônd 2 serait


arrivé quand, dans la conquête du terrain, Biub et Ngwang avaient déjà occupé le
territoire initial des Mangônd (bloc Henguegue – Nkog-lum). Il se mit à conquérir des
terrains aux environs. L’arrivée de ce troisième larron provoqua une divergence entre
les deux frères Biub et Ngwang quant à son intégration dans la famille. Biub l’accepta
comme un frère, ce que ne voulut pas Ngwang. Raison pour laquelle le partage
familial a continué à deux, Ngwang d’un côté, Biub et son « frère » Ném de l’autre.
C’est au congrès de Henguegue (1988) que la sous-famille Ndog Ném a été déclarée
autonome, avec désormais partage à parts égales entre les trois sous-familles.

Pour le reste, voici non sans ombres ni hiatus, la généalogie des trois sous-
familles telle que les Mangônd du Nyong-et-Kellé la reconstituent jusqu’à notre temps.

1
Ngônd (Mangônd) et Sul auraient plutôt signé un pacte d’alliance et de non agression.
2
Il se peut aussi que les Ndôg-Ném ici avec nous soient, non pas descendants de Mangônd, mais plutôt ses
cousins, comme les Ndôg-Ném de la Sanaga Maritime. Le chef historique de ces derniers, Likong li Yap, ne
venait-il pas à Henguegue jusqu’à un certain temps pour prélever leur impôt ?

8
1) SOUS-FAMILLE NDOG-NEM

Arbre généalogique établi avec la contribution de MM Ngundba Adalbert


(Banna’a), Ndébi Barthélémy, Ndum Albert et Banba Banba.
Njom (a)

Njan Ndébi
Kôdi (b)
Ném Mem g g
Singag (c)
Pénda Kwéi
g Isôg (d)

Mintjamla Nyobe F Bayiha R.


1-b) Kôdi Ndébi Mbidig Nyobe
Bayiha X
Ndébi Pague X
Bam
Ndébi
Tonye
Tomog X
MbidigNdébi Barthélémy
Mbog
Nwaha Yebga
Mbondo Biénd Yebga
BiéndBiénd J.A.
Mbondo
Biénd A.

9
10
1- c) Descendance de SINGAG KWEI

Boga Tidi
Towa Singag
Bayiha SingagTonye
Nyemeg
Singag Towada
Makii Singag Singag Bayiha Nlep Bodo
Tonye Towada Yap
Makii Nlep
Ntep Bilong
Makendi Dinoun Yap Ndigi
Nkus Ndet Biya Hot Bingan Bond Bitanga Towada
Bikom Manlog Yap

Singag NgoundbaNtep Ngoundba

Ntep Yamb Mbondo


Ntep Ond Lissoug
Ntep
Mayi

Tonye
Tiba Sintat Sintat Nguem
Kôb
Makii Ntogue Nkôt Mayô Nkôt

Komol Nlep Som Minsan Ntep Ndoum Ndoum Albert

11
1-d) Isôg Essola Masomol Njôk Bayi Bayi
Bayi
Bayi
Njôk
2) SOUS-FAMILLE LÔG-BIUB

Bakang (a)
Biub Kipamna
Nyôt (b)
Bitjông (c)
2- a) Lôg Bakang ba Kipamna

Wonyu Wonyu Pém Wonyu


Hiol Salomon
Put Ndek
Batôg Hiol Hiol Sakéo
Njib Bayiha
Tomok Mandeng
Bakang Njok Samnick
Songo Lissouk Ndouga Lissock
Songo X

Tang Bakang
Tang Tang Bakang
Ngoundba Mbéa
Mandeng Mandeng
Boog PebiPebi Gwét

2- b) Lôg Nyôt Kipamna

Nyôt eut lui-même trios fils (Njib, Njéng et Bitôô). Son père Kipmna, en
mourant, lui confia trois autres, Batjab, Biyaga et Baje issus de feu Matôy et
qu’il avait légitimés dans sa descendance.

Njib (1)
Nyôt
Njéng (2)

Bitôô (3)

Batjab ba Matôy (4)

Biyaga bi Matôy (5)

Baje ba Matôy (6) 12


2- b. 1) Lôg Njib Nyôt
Pague Minlénd
Pém Tang Tang Mbog A.R.
Pém
Ngué Pém Pague

Libôg
Njib Simb Njib
Njib Simb Pague Pague
Nyobe Nyobe Nyobe C
Ngundba
Pague Joseph Libôg Um

Pague (Nognibo)Nkén Em.


Pague

Simb Ngundba

Pague
Limala Biyong Biyaga
Ônla
2- b. 2) Lôg Njéng Nyôt
Masôô
Masôô Biten
Biten Masôô

Njéng Bitôô
Maemble Maemble Ngundba
Ngundba BitôôNgundba Bitôô
Tang
NjéngNgo Njéng
Maemble
Binam X Abôô
Nuga X

2- b. 3) Lôg Bitôô bi Nyôt


Bisôha
Bisôha Bisôha Bisôha
Maemble

Bitôô Mandeng
Ntep Momasô J. M.
Ngundba Nkôt Ngwém
Pr N. Ngwém (M.T)
Limis
Makon Makon
Makon
Abôô

13
Ngundba Ntep
Nyunaï X
Minyem Minyem X
Mômha
2- b. 4) Lôg Batjab ba Matôy ma Nyôt
Nonga Nonga II M.
Nonga Nyôt X
Bég Nyôt
Ngômbi Nyôt X

BikoïNyôt Bikoï Ngômbi


Tonye X Bikoï
Bikoï Bikoï
Tonyé
Nkong Songô Nkong
Nkong
Maemble
Songô
Batjab Pague Nyôt Sôngô Lipôt X

Um Njôk

Ngundba Njabala

Môngô Pém Môngô Songô X


Bibum Bisohong
Pém X
Pém X
Sôngô Nyunaï X

Descendance de Njôk Um Sôngô

N. Hob (Régine) X Pénda Njôk


Njôk Sôngô Maemble
N. Ngambi (Marguérite) Njôk N. Njôk Njôk

Descendance de Sôngô Nkong (Siméon) N. Mandeng


N. Hell Lissouck
Sôngô
Nkong x
Mandeng x
Nkong N. Hob Mandeng
Sôngô J.L.

Sôngô N. Yambén
Avec
1) N. Hob N. Yambén Rosalie x
2) N. Mbongbe N. Mbaga (Anna) x
14
(Monique) Maembe (Philippe) (*)
Sôngô (Oscar) N. Eloga
N.Mbongbe Diyani
Maembe(B.)
Sôngô (S.)
N. Biyaga Josepha
Nkong (A.M.)
N. Njeyeha X

Mbem x

N. Mbongbe S. Monique
*Maemble (Philippe) Sôngô Siméon
et N. Nyobe (A.M.) N. Ngwém Madeleine
N. Mandeng Gert.
N. Mbaga A.M.
Maemble Benjamin
Nyobe P. Paul
N. Nack M. Patience
Kana Guillaume

Issom Hervé M. N. Nyobe A.M.

2- b. 5) Lôg – Biyaga bi Matôy

D’après feu Parfait Ngundba et Mbg Paul Binga

Binga P.
Baleng Bitungui Kôy Sôya Binga Binga
Bayiha R.
Biyaga
Bell Baya Basim Jôn *

Ngundba Parfait
Libong Wonyu Ngundba Ngundba

*Jôn Mabat Mintjamla Mintjamla Mintjamla D.


Mintjamla N.
Tonye Nognibo
Nak

Biboum Bébga Bébga x 15


Mbog
Bikôï
Bébga
Yamb Minsahme Bébga Tjanda

2-b.6) Lôg-Baje ba Matôy


D’après F. Samuel Mbamba et Dinog Bernard

Baje Mbadi Bikôô Mbamba (1)


Kung Nsôk Nsôk Sû (2)
Magwet (3)

Pom .
Mbamba Mbamba Bayiha X Nguéda
Bayiha Ntep
(1) Mbamba Ntep Ngéda Mbamba
Minyem

Bilémle Yébga Yébga X Hagal .


N. Yébga Yébga E.
(Adèle)

Dinog
Tjam Tjam
(2) Sû Kwé
Bell Bell Dinog Tjam
Bell
Maembl
e
N. Bell Dinok

Mbem X
Manguelle X
Bayiha
Bayiha
(3) Magwet Yinda Yinda Ed.

16
2. c- Log-Bitjong bi Kipamna

B ihôlông

Ndôgjon Ngóm Pondi Ndogjon Nyobe

Bitjông Njongi Bineng Yemnga

Môngô Hisingi Bikônd Bikônd


Bayiha
Bilim Tonye
Tonye
Bilim Bilim
Moise
Tamnga

3- SOUS-FAMILLE LOG-NGWANG

Les renseignements sur Log-Yede nous ont été donnés par M. Bisek Pierre ayant pour
porte-parole Nwaha Bruno (Banna’a 1993).

Pii Bayég Basama (1)


(b)
Ngwang Tina
Yede Bamélél Simb (2)
(a) Tông Bisim Sôngô (3)

3.a – LOG- YEDE

3.a.1 – LOG-BASSAMA
Ngo Mayak Bimbai
Mbila Mayak Tendi Mayak 17 A.
Mayak Mayak
Yennga Njé
Bayang Lisôk Bikônd Um
Lisug
Bebga
Pondi
Ngambi Pondi
Basama Kendeg Tjék Pondi Njom Mintooge Mintooge Joseph
(Makii) Ngambi Bayiha X
Tjék Bayiha
Nyemeg Nyemeg Tjék P.
Bayiha

Minsang Batta Minsang


Banba Njom Njom
Eyimba Mangug Linjek
Lindjek Biyong (Gilb)
Pa’a Bayiha Bisek Pierre Bisek
Samnig Ntumb Nognibo
Nognibo

3. a.2- LOG - SIMB


SIMB eut six garçons: BASAGAL, NYOTH, NWAY, NKUM, LIBAP, et BIYONG.
Mbella Biyong Libii
Biyong Basagal Biyong
Gwet Basagal ( Yohanes )
Basagal
Biyong Biyong
Libii Libii
Biyong Basagal
Mandeng
Pondi
Dikoum
Ntamak
Basi
Basagal
Biyong
Basagal Binam
ba Simb Mbomda
Bilông Bilông

Yebga Libii
Mbômnda Ntep Pierre
Pondi Basagal
Nkong Ntep
Nkong Bayiha
Basagal

Njok
18
Libede Nyeck Bassagal Mbanga Pom
Basi
Nyôt Bibum
Bibum
Ngwém
Nyôt Bee Mbog Nway Nyôt
Simb
Basi Bassi Michel
Bibum Bibum Pierre
Basi
Bell Nyôt
Ntomb Nyeck

Simb
Nway Hisingi
Ngimbus
Simb Binjock
Nway Simb Nyôt Simb
Simb Nyôt
Lisuk
Hiol Nyôt
Mbanga
Bilông Tonye G.
Mayi Libui Mayi
Nkum Binjok Hiobi (Salomon)
Simb Hiobi (Jacob)
Hiobi Nkum
Nkoum (Pierre)

Nyeck

Bibèhe Pa’a Nduga Bissé Nwaha Nwaha Bruno


Libab Ngông Ntông Mbem Ténlèp (Barth.)
Li Simb Ténlép

N. Mbem Angèle Ténlep B.fils


Lissouck Dieud.

?…. Bayiha Bilong Philippe X


?…. Nob Nob X
?……………………. Ibok 

3- a. 3) Lôg Sôngô
Sôngô

Nkôt Ngwém Nkôt Bong Nkôt Nkôt Nkôt J.

Njém
Mang Makani Njèm Mintoogue Nyobe 19
Mintoogue
4-Lôg Pii

Ici, la recherche a été et même reste très laborieuse jusqu'à très récemment, la
première édition de cette plaquette ayant été presque vide sur ce chapitre. Les
renseignements suivants nous ont été donnés par f. Mbombog Nyobe Nyobe, MM
Matip Kébga, Michel Nyobe Pondi et les regrettés Émile Wayag et Guillaume Kana
Mayi.

Pii aurait eu quatre fils.

Basemel (a)
Pii Njok (b)
Môm (c)
Libong (d)

4-a) Lôg Basemel

Kung Iyo’o Ngué Mbog Nyobe (1)


Basemel Liben Kékét Mayô Mintu (2)
Bayiga ?

4-a. 1)
Nyobe Nyobe François
Nyobe Mbog P.P.
Lisug Bell
Mbog Bell Lisug
Mbog
Nyobe Lissouk T. X Ntep
N. Nyobe Lisug Ph.

Lhyssouck Louis Marie


Minlénd J.
Mbog P. D.
L. Nyobe Nyobe A.
Woum
Nob
N. Nyobe
Nyobe E.
Nyobe Luc

20
Mbog P.D.
Mbog Wilfried
Didier
Thiéry X Francis Emmanuel
* Mbog Paul Denis William Olivier
Francis
Charles – Alexis
Hortence Léna Sophie
Eliane Katell
Sylvie
Annie
Jacqueline
Carolle

Nyemeg
Pagbe Pagbe
Matip Mbog Nyobe Michel
Matip Tang

Biumla R.
4-a. 2) Nyeg
Ngambi Ngo Biumla Abbé Biumla
Nkôt Biumla
Job
Matip
Ngwém Biumla Matip Louis
Ngénd Mbekek
Ngénd Matip Mathias
Kébga Emmanuel
Matip Kébga Nyobe Justin
Kébga Louis
Wayag Emile
Ngwem Robert
Wayag
Nkak Nynaï Wayag
Banba
Wayag
Mintu Pondi
Gwét
Ngambi Ngimbus
Nyek Nkôt Nyobe Nyobé Binyet
Péé Nyobe D. Fils
21

Mayô Nkôt
Nyeg
4- b)
Njok

Minkéng

Kwé Minka
Liboo Bikidig
Minka Bididig Bonif

Ngo Minka Minka (Lopès)

4- ) Lôg-Môm

Pondi Bisé Pondi (1)


Môm Mbéng(2
)

Batind… ?... Mbem Mbem Nyôt et Lisug li Likway

4-c.1)

Lihing x
Pondi Louis
Mandeng Mandeng Pondi Yimbog Pondi
Pondi (Mayi)
(‘’Bikuga’’)
Nyobe Mandeng
Nyobe Tang
Mbella
Tang
Mahop

Ngwé Pondi Nyobe Michel


Njéé Mbongbe x
22
4-c.2)
Mbéng Ngijôl Pondi Pondi Mandeng Mbem

Bisohong Minla Bayiha André

Avertissement de l’auteur

Dans ce qui précède, nous avons essayé de reconstituer fidèlement les


schémas de la famille Mangônd, à la lumière des témoignages plusieurs fois
vérifiés. Un travail de précision reste à faire en ce qui concerne surtout la sous-
famille Log Pii. Il nous faut tous nous y employer, objectivement.

Ceci étant, nous mettons en garde tout esprit mal intentionné et


rétrograde qui exploiterait cette étude, soit pour rejeter son voisin et frère
Mangônd (comme cela arrive souvent autour du boire ou du manger) sous
prétexte qu’il n’est pas de sa lignée, soit pour alimenter les querelles vaines et
anti-progressistes sur la légitimité et la pureté de telle ou telle souche par
rapport à telle autre. L’heure est aux actes à poser pour la famille et non à des
débats stériles de ce genre.

Certains pays africains sont actuellement en panne politiquement à cause


des pinaillages ethniques ou familiaux sur la légitimité ou la pureté de sang. Peu
importe si parmi les Mangônd il y en a qui sont taxés être des Babimbi, ou des

23
Linga, ou issus des parents allogènes : ils ont été à un temps, intégrés et
légitimés dans la famille Mangônd, par des actes traditionnels ou même de fait.
Tant qu’ils possèdent leur part des reliques Mangônd, ils sont des Mangônd tout
court. Les détails, c’est dans chaque case ou dans chaque lit. La plupart de nos
groupes familiaux sinon tous sont ainsi constitués. Le respect des ancêtres
défunts nous impose celui de leurs décisions et de leurs conventions ; le
contraire pouvant plutôt nous coûter des malheurs. La grande sagesse africaine
a conduit nos États indépendants à garder tels les faits hérités de la colonisation
européenne. Autrement, on n’en finirait pas avec, tous les jours, des guerres
entre voisins.

II- BREF APERÇU SUR L’ADEMA

A- HISTORIQUE

En plus des liens de sang qui les unissent naturellement, les Mangônd
dont les villages sont éparpillés dans les arrondissements de Bot-Makak et de
Nguibassal tendent depuis longtemps à créer un cadre pour leur entente et leur
coordination.

Au niveau des villages, les patriarches avaient l’habitude de convoquer


périodiquement des rencontres de coordination. Ceux qui parlent des décisions
de rencontre de « Man-Bin » à Nkoglum y font allusion probablement. Cette
pratique a pris fin (malheureusement) avec la période de terreur et de suspicion
qui précédait notre indépendance nationale.

En effet, toute réunion dans nos villages, même entre les membres d’une
famille était considérée par l’administration coloniale comme étant une
rencontre des militants de l’UPC (Union des Populations du Cameroun), parti
politique qui revendiquait l’indépendance nationale. Une répression sauvage et
aveugle s’abattait sur les participants dès la moindre dénonciation par un des
nombreux traitres (« colos ») qui étaient dans les villages. Ce sont les Mangônd

24
installés dans les villes qui essayaient de s’organiser. C’est ainsi qu’à Douala
naît l’Assurance Mutuelle Mangônd (ASMUMA), sous la houlette de M. Bassi
Biboum Michel. Le bon exemple venant de Douala ne tarde pas à atteindre
Yaoundé où les Mangônd commencent à se rencontrer, eux aussi sous la même
appellation.

Mais, en réalité, aucune coordination n’existait dans le fonctionnement


de l’ASMUMA dans ces deux villes. Quant aux villages Mangônd, ils
ignoraient totalement cette organisation. Jusqu’en 1988, l’ASMUMA continuait
à bien fonctionner à Yaoundé, grâce à la patience et à la persévérance de
certaines personnes tel le regretté Dominique Ngwem. À Douala par contre,
l’ASMUMA prenait du plomb dans l’aile et même a failli disparaître, n’eût-été
le dynamisme d’un groupe de jeunes conduits par M. Joachim Nob Nyobè. Ces
jeunes eurent en plus le mérite d’établir le contact avec leurs frères de Yaoundé.
Ils instituèrent des rencontres de coordination inter-urbaines.

De la concertation des jeunes Mangond de Douala et de Yaoundé naquit


l’idée de la convocation d’un congrès de tous les Mangond. Une délégation de
ces jeunes fit le tour des villages et hameaux Mangond, pour soumettre leur
idée à leurs parents. Tous les Mangond et leurs patriarches firent confiance à
leurs enfants en approuvant leur initiative. Un Mangônd, SONGO NKONG,
n’avait-il pas donné à sa calebasse le significatif nom de « Nôgôl-basôk » ?

J’étais en service à Garoua quand l’initiative d’un congrès des Mangônd


a été prise. Muté à Douala en Mars 1988, j’ai tout simplement donné ma
contribution pour la préparation dudit congrès. Pour l’organisation de ce
rendez-vous historique, les Mangônd des villes et des villages avaient cotisé un
peu plus d’un million de francs, les taux étant fixés par catégorie sociale.

Les délégations des villes et des villages étaient arrivés à Henguegue,


lieu de la rencontre, au soir du 22 Décembre 1988, en attendant l’ouverture
officielle des travaux le lendemain. C’est ce soir que feu Dominique Ngwém
me contacta pour m’informer qu’ils avaient proposé que je sois celui qui
préside les travaux de ce premier congrès des Mangônd. À l’ouverture des
travaux le lendemain, l’assemblée générale fit sienne cette proposition qui ne
me surprit pas.

Les Mangônd de tous les villages et des trois sous-familles étaient


représentés à Henguegue, avec la présence effective des trois ba Mbombog de
l’époque (Nkong Sôngô, Mandeng ma Bakang et Mangônd Jacques) et de deux
chefs Mangônd, Tang Tang Pierre Chrysologue qui accueillait la rencontre dans
sa concession et Mbanga Bassagal de Nkoglum. Seul avait manqué à l’appel le
Chef Édouard Lissouck de Nguibassal.
25
Entre autres, nous eûmes droit aux discours et débats sur l’origine des
Mangônd, sur les principaux problèmes qui minent cette famille. Parmi les
résolutions concrètes, il fut décidé l’autonomie des Ndog-nèm par rapport aux
Log-biub, ce qui portait désormais de deux à trois les feuilles de partage au sein
de la famille Mangônd. Les Mangônd s’étaient sentis heureux d’être ainsi
ensemble. Unanimement ils décidèrent de créer un cadre permanent pour
l’organisation des rencontres périodiques de concertation et de décisions de la
famille. Ainsi était né le Comité de Développement des villages et hameaux
Mangônd (CODEVIMA) le 24 Décembre 1988, à Henguegue. Un bureau
consensuel fut mis en place pour conduire cette organisation :

- Président général, Maemble Philippe


- Vice-Président, Nwaha Nwaha Bruno
- Secrétaire général, Nob Nyobe Joachim
- Secrétaire Adjoint, Bioumla Raymond
- Trésorier, Mbanga Bassagal François
- Conseillers, les chefs Tang Tang Pierre et Édouard Lissouck.
- M. Tonye Nkoum Barnabé (absent pour maladie)

Ce bureau devait concevoir les textes de base de l’organisation et


déterminer les objectifs de celle-ci.

Après le congrès constitutif de Henguegue, le CODEVIMA a tenu son


deuxième congrès à Lamal qui dépendait encore de Nguibassal les 28 et 29
Décembre 1991. À cause des problèmes internes de Nkoglum, Biyong Gilbert
qui fut préféré à Bassy Michel remplaça Nwaha Nwaha Bruno à la vice-
présidence. La trésorerie fut confiée à Ndouga Lissouck, le chef Mbanga
n’ayant plus été avec le bureau depuis sa désignation en 1988 à Henguegue.

Le bureau constitué était ainsi qu’il suit :

- Président général, Maemble Philippe


- Vice-Président, Biyong Lindjeck Gilbert
- Secrétaire général, Nob Nyobe Joachim
- Secrétaire Adjoint, Kam Sosthène
- Trésorier, Ndouga Lissouck
- Conseillers : Mbanga Bassagal François
Bassy Biboum Michel
Mbog Paul Denis

Le troisième congrès qui devait se tenir à Nkoglum a été précédé par


une atmosphère tendue au sein du CODEVIMA. Certains frères de Nkoglum
prétendaient que les petits sous dans la caisse de l’organisation devraient servir

26
à désenclaver leur village. Ce qui n’était que rêverie, quand on imagine ce que
coûte l’ouverture même de 500 mètres de piste. La demande d’autorisation de la
tenue du congrès que j’avais remise au président sectoriel de Bot-Makak ne fut
pas transmise à son destinataire. Au contraire une délégation des Mangônd dont
le président sectoriel de Bot-Makak s’était plutôt rendue auprès de M. le Sous-
préfet pour lui demander d’interdire la tenue du congrès. Le même groupe avait
tenu une réunion à cet effet à Yaoundé, au domicile de M. Édouard Lissouck.
J’appris toutes ces manœuvres à quelques jours de la tenue du congrès.
Heureusement le Sous-préfet de Bot-Makak fut très compréhensif à mon égard.
Non seulement il autorisa la tenue du congrès, mais aussi il se rendit
personnellement à Nkoglum le 16 Décembre 1994 pour l’ouverture et le
lendemain pour la clôture des travaux. Je dois avouer qu’avec ce qui précède,
c’est en agneau qui accepte d’être sacrifié pour la cause de l’Association et la
cohérence de la famille Mangônd que je m’étais rendu à Nkoglum. Tout s’était
bien déroulé finalement, grâce au loyalisme des filles et femmes de Nkoglum,
sous la houlette respectivement de feue Ngo Bassagal Margueritte et de Mme
Njem Marie que nous avions surnommée “Margaret Thatcher” de Nkoglum.
Lors de ce congrès, le contexte juridico-politique au Cameroun le
permettant, le CODEVIMA a été transformé en une association, Association
pour le Développement des Mangônd (ADEMA). Une nouvelle structure
exécutive devait être mise en place. Avec les relents de sectarisme qui faisaient
déjà surface à partir de certains Mangônd, il y eut blocage des travaux pendant
près d’une heure, quand il fallait mettre sur pied un nouveau bureau général…
faute de volontaires (candidats) aux postes de président et de trésorier. Ndouga
Lissouck et moi voulions sincèrement laisser aux autres fils Mangônd
l’occasion de se mettre aussi au service de la famille et d’en jouir des éventuels
privilèges dont parlaient certains détracteurs du bureau sortant. Nous n’étions
revenus sur cette position que pour éviter la dissolution de l’organisation et le
partage des fonds comme certains cyniques proposaient déjà. Finalement le
bureau général fut composé ainsi qu’il suit :

- Président général, Maemble Philippe


- 1er Vice Président chargé des affaires féminines, Nwaha Nwaha Bruno
- 2er Vice Président chargé des jeunes, Nkoum II Pierre
- Secrétaire général, Kam Sosthène
- Secrétaire Adjoint, Mbanga II Michel
- Trésorier, Ndouga Lissouck
- Commissaires aux comptes, Nyobe Jean Polycarpe et Binong Sadrac Roger
- Conseillers, Mbog Paul Denis et Mbog Biend Daniel.

27
De nouveaux textes avaient été adoptés et déposés à la préfecture
d’Éséka. L’existence de l’ADEMA est reconnue par l’Administration
Territoriale conformément au récépissé de déclaration d’association n°
42/RDA/JO8/BASC du 21 mars 1995.

Au congrès de Banna’a (du 19 décembre 1997), les mêmes objectifs ont


été confirmés, la structure du bureau aussi. Bien avant ce congrès, j’avais
entamé des négociations pour mon remplacement à la tête de l’organisation. La
personne contactée et qui avait même donné son accord s’était désistée
quelques jours avant le congrès. On travailla dur dans la nuit du 19 au 20
décembre pour me trouver un remplaçant en la personne de Nyobe Polycarpe
qui, bien que pris de court, accepta. Le bureau élu le lendemain était le suivant :

- Président général, Nyobe Polycarpe


- 1er Vice Président chargé des affaires féminines, Binong Sadrac Roger
- 2er Vice Président chargé des jeunes, Nyobe Dieudonné fils
- Secrétaire général, Kam Sosthène
- Secrétaire Adjoint, Limis Makon Joël
- Trésorier, Ndouga Lissouck
- Commissaires aux comptes : Ngo Nyobe Gertrude
Nyobe Tang Michel
- Conseiller, Spécial, Maemble Philippe
- Conseiller des affaires économiques, Mbog Paul Denis

Au deuxième congrès de Henguegue (décembre 2000), la majorité des


participants a porté M. Biyong Biyong à la présidence générale. Il a été réélu à
Lamal décembre 2003.

Mme Ntep Marie a conduit l’organisation des femmes (AFEMA) de


décembre 1988 à décembre 1994. Depuis, le poste a été successivement occupé
par Mmes Njém Marie (décembre 1997), Momha Jeanne (décembre 2000) et
Tonye Thérèse (décembre 2003).

B-OBJECTIFS

Les objections poursuivis par L’ADEMA sont au nombre de quatre :

1) Entretenir la solidarité entre les membres


2) Revaloriser et promouvoir la culture de la famille Mangônd
3) Maintenir l’ordre et l’entente au sein de la famille Mangônd
4) Promouvoir le développement économique et social des membres.

28
Dans tout ce qu’elle fait, l’ADEMA insiste sur les bonnes mœurs qui
sous-tendent la concorde et l’ordre dans la société, en particulier le respect
d’autrui et de la famille.

C-ORGANISATION

Au niveau national, les décisions de l’Assemblée Générale (Congrès)


sont suivies et appliquées par le comité exécutif qui gère l’association entre
deux congrès. Les secteurs fonctionnent dans les villes, villages ou hameaux,
lorsque le nombre des membres y habitant le permet. À tous les niveaux les
instances de l’ADEMA peuvent avoir des annexes pour les femmes (Amicale
des Femmes Mangônd = AFEMA), pour les jeunes (Jeunesse active Mangônd =
JAMAN) et pour les filles (Amicale des Filles Mangônd = AFIMA)

Il est enfin à noter que peut être membre d’un organe de l’ADEMA, toute
personne Mangônd de naissance, d’adoption ou par alliance, ainsi que leur progéniture
qui s’intéressent à la coutume et au développement Mangônd, et qui évidemment
respectent les Statuts de l’association.

D- QUELQUES RÉALISATIONS

Ainsi depuis 1988 l’organisation des Mangônd est une réalité connue de
tous nos voisins et même au niveau des peuples de Mbog Liaa. Nos réalisations
socio-économiques sont modestes mais elles montrent qu’il existe une volonté
des Mangônd unis de s’affirmer et de réaliser ensemble. En plus de notre devise
ancestrale ‘kundi i bédi maseng, malon ma memlege mbodi’, nous avons adopté
un hymne (piraté par une autre famille) ; ensemble nous avons acheté leurs
premières soutanes à nos fils Nicodème et François alors séminaristes et
participer à leurs fêtes d’ordinations sacerdotales; ensemble nous avons
contribué à la construction des écoles publiques de Nkoglum et de Lamal, à la
réfection des ponceaux de la piste de Nkoglum, à l’ouverture (à la main) de la
piste de Banna’a , à la construction d’une chapelle à Henguegue ; un point
d’eau a été aménagé à Mandoa. Nous avons monté et introduit un dossier
auprès du Ministère de l’équipement pour l’ouverture d’une piste à travers le
village de Nkoglum, entre Mandjack et Lamal. Ce dossier aurait abouti à un
déblocage des crédits à cette fin. Nous avons enfin obtenu un lot auprès du
Sous-préfet de Bot-Makak pour la construction d’un foyer culturel.

Mais le plus grand acquis est une unité des Mangônd au sein d’une même
organisation. Le défi actuel est de maintenir cette cohésion de la famille, sans laquelle

29
même le développement dont nous parlons de plus en plus ne peut se réaliser au profit
de tous et de tous les villages Mangônd tel que souhaité.

Le vote démocratique (un membre, une voix) utilisé depuis Henguegue 2000 pour
élire le bureau général a créé un grand malaise au sein de l’ADEMA. L’association est
devenue propriété d’un secteur et d’une sous-famille, ceux qui sont numériquement les
plus importants. Dès lors, les autres secteurs et sous-familles (minoritaires) ne se
sentent plus concernés. Le congrès de Nkoglum 2006 a été un fiasco quant à la
participation des Mangônd. Pour la première fois le bureau en place a puisé dans la
caisse de l’association pour la rencontre. Très mal (on dirait pas du tout) préparée,
celle-ci n’a été un congrès que de nom.

Face à cette situation et pour éviter le déclin de l’ADEMA, nous avons conseillé


de revenir de façon formelle à la concertation des trois familles pour désigner les
membres du bureau général. À cet effet un conseil de sept sages (3 Log Ngwang, 2
Log Buib et 2 Ndog-Ném) devait être mis en place. En attendant, le bureau présidé par
M. Biyong Biyong a été chargé de gérer provisoirement l’Association pendant un an,
avec mandat de convoquer un congrès extraordinaire pour élire un bureau général
consensuel.

Hélas c’était sans compter avec l’opiniâtreté de M. le président qui, contre vents
et marrées, voulait rester aux commandes de l’Association pour assurer, lui aussi, un
troisième mandat, encouragé en cela par ses proches et courtisans aux intérêts bien
connus. Au cours de ce mandat, le bateau ADEMA n’a fait que sombrer.

Puis un semblant de congrès a été organisé à Song-Matip (Nwi-Djuel)…


pour brûler d’avantage les fonds de l’Association, produits des mandats
antérieurs. En effet, en dehors des organisateurs (même pas tous) et des
habitants du hameau hôte dont la plupart étaient non membres de l’ADEMA,
les congressistes venus des autres villages mangônd étaient comptés aux doigts
de la main. Six cent mille francs de dépenses ; plus à manger et à boire qu’il n’y
avait de congressistes : c’était le seul point brillant à noter. Pour le reste l’échec
était unanimement constaté même par ceux qui voulaient fermer les yeux à cet
effet. ADEMA venait de tomber, des suites des ambitions d’une personne, de la
jalousie et du sectarisme déjà ambiants au sein de la famille mangônd.

Refusant d’enterrer cet organe de rassemblement et de développement


des Mangônd, les quelques membres consciencieux présents avons projeté une
réunion de crise pour sa relance. Cette rencontre a eu lieu à Bot-Makak. Sous la
présidence de l’une de nos filles, Mme Ngo Pouth Banba Crescence. Une
équipe a été chargée de la sensibilisation à travers tous les villages et hameaux
mangônd aux fins de la convocation d’un congrès de relance. Achille Matip a
été porté à la tête de l’ADEMA. Un président très engagé, dynamique et
30
généreux qui nous été arraché moins d’un an après par une mort subite !
Crescence Ngo Pouth Banba a repris le bâton de sensibilisation …

Au moment où les forces rétrogrades et nuisibles prêchent plus que


jamais la division de la famille Mangônd. Confions-nous à Dieu pour qui rien
n’est impossible.

III- ANNEXES

A) HYMNE DES MANGÔNDnn


Adaptation à une chanson populaire par la très regrettée Mme
Basagal née Ngo Kwé Irène, texte revu par feu M. Nwaha Nwaha Bruno,
rapporteur de la commission des affaires coutumières.

HYMNE

(1) A Lôk kéé, a baa bés, lôn yada ni bon bés


Bes basô di kenek ngem yada
Di sohege nwet le a ti bés yi
Jôi li lon yés li kee ni bisu
Refrain
O lon yés, lon Mangônd
Lon basôgôl bés ba yigle bés
Lon lipém, lon gwéha
Yak bés di tééda yo longe !!

31
(2) A we nu unsébla ngwélés man mangônd
Gwelek nson le lon yés i kee bisu
U nigle ban mbagla matén lôk-son ipè
Inyule ban yi bé yom ba mbon !!!

(3) A we nu u nsébla le muda mangônd


Gwelek nson le lon yés i kee bisu
U nigle ban mbagla matén balôm bon bapè
Inyule bé ni bi lôl bilon bipè !!!

(4) A we nu u nsébla le ngond mangônd


Gwelek nson le lon yés i kee bisu
U nigle ban mbagla matén bason bon bapè
Inyule bé ni ga kè bilon bipè !!!

(5) A we nu u nsébla mange wanda mangônd


Gwelek nson le lon yés i kee bisu
U nigle ban mbagla matén bason bon bapè
Inyule be niga kè yiha bés !!!

(6) Bisu ni bisu a lôk kéé yés !


Adna yés i kenek ni bisu !
Hibôma lônni nu a ga hohol litin basôgôl ba bi tén
Ba yigle bés le di gwéhna !!!
B) Palabre traditionnelle chez nous
Chaque peuple ou même chaque groupe ethnique se caractérise de
génération en génération par un ensemble de traditions sur la manière d’être et
d’agir, qui constitue sa culture. L’homme de chez nous par exemple a un
langage caractéristique pour chaque circonstance. Il est regrettable qu’en espace
de 50 années beaucoup de manières d’antan de chez nous disparaissent, pour
laisser place à des pratiques importées, notamment d’Europe. Faire-part, cartes
d’invitation, coupure du gâteau crème…sont de plus en plus ce que nous
tentons de faire avec plus ou moins de succès lors de nos mariages, tandis que
les offices religieux et les témoignages constituent l’essentiel de nos
programmes de deuil. Ignorance de notre culture ou mépris de celle-ci qui ferait
honte à certains ‘’évolués’’ ?

À l’intention de ceux qui seraient intéressés pour une raison ou pour une
autre, nous essayons de retracer ici les grandes lignes de la palabre
traditionnelle pratiquée par nos parents à l’occasion du mariage et du deuil chez
les Mangond.

32
1) Le mariage
Le garçon d’une famille donnée va prendre pour épouse la fille d’une
autre famille avec laquelle il n’a aucun lien de parenté telle que cette dernière
est définie par la coutume.

La palabre se déroule généralement en deux temps : la demande en


mariage d’abord et plus tard le versement de la dot. Exceptionnellement les
deux étapes peuvent se dérouler à la fois, si les deux familles collaborent
étroitement à cet effet.

a) Demande en mariage.
C’est la première rencontre officielle des deux familles, celle de la fille et
celle du garçon prétendant. Le jour et le lieu (généralement le domicile du père
de la fille) sont fixés d’un commun accord par les deux familles.

Le père de la fille prévient généralement ses voisins et particulièrement


les membres de sa famille restreinte. Il se prépare à avoir le jour convenu, du
vin de palme, quelques noix de cola et de la nourriture qu’il faudra préparer
pour l’assistance. Sa femme demande aussi à ses amies de venir l’aider à
cuisiner ce jour. De son côté le prétendant ou son père choisit les personnes qui
l’accompagnent dans le déplacement.

Le jour convenu, la famille de la fille se rassemble, pour attendre les


étrangers. Pendant que les hommes bavardent à bâton rompu dans la maison
principale (ou au salon) de leur frère, les femmes s’activent à la cuisine car, que
la famille du prétendant vienne ou non et quelle que soit l’issue de la palabre, il
faudra bien que les gens mangent ; ‘’ to hop likil utabè, makondo majog ndigi
ni hibee’’.

La délégation du prétendant est accueillie avec échange de civilités par le


maître de la maison. Les deux familles s’asseyent distinctement en se faisant
face, ainsi que les autres invités. Le père de la fille prend le premier la parole,
pour présenter aux siens celui de la délégation visiteuse qui avait pris ce rendez-
vous avec lui. Il est sensé ne rien savoir de l’objet de cette visite. Pour la suite,
il choisit un porte-parole parmi les siens, lui-même se contentant d’orienter les
débats très discrètement.

Le porte-parole des visiteurs commence par offrir à ses vis-à –vis du vin
de palme dont il boit le premier verre. Alors il décline son identité et celle de la
famille qu’il conduit. Puis il révèle l’objet de leur visite. Toutefois il est prudent
pour lui de ne pas déjà prononcer le non de la fille désirée, celle-ci est d’ailleurs
tenue cachée après l’accueil des étrangers. En réaction, le porte-parole local
suspend la séance. Il offre à son tour aux étrangers le vin qui leur a été réservé
33
et distribue la cola aux anciens des deux familles. Un premier service de vin est
ordonné dans chacun des deux camps, comme pour mettre les uns et les autres
en forme pour le match qui commence après une première tournée. Il s’engage
entre les deux familles en face principalement entre leurs porte-parole un jeu de
questions / réponses sur l’objet précis de la visite, sur l’identité de la fille
visée… Dans leurs échanges, les deux parties font preuve de beaucoup de
finesse et de sagesse… Mais il faut finir par nommer la fille désirée et la faire
venir au sein de l’assemblée. Et cela se paie !

Une fois la fille à côté de ses parents, la famille visiteuse présente aussi
son garçon à l’assistance et la demande en mariage commence. Le porte-parole
du garçon remet à ce dernier une bouteille de liqueur en lui demandant, devant
tout le monde, de donner cette bouteille à la fille qu’il voudrait épouser. La fille
à son tour, si elle accepte le mariage proposé par ce garçon, reçoit la bouteille et
la remet à son père ou au porte-parole de ce dernier. Les youyous des femmes
présentes saluent ce consentement réciproque des deux jeunes gens. Mais … la
bouteille offerte par le fiancé embarrasse son beau-père : elle n’arrive pas à se
tenir dressée au sol ; elle est toujours penchée et tend à se renverser …. Il faut
que la famille du fiancé l’appuie en versant ce qu’elle a délibérément prévu
comme dot en espèces. Quel que soit le montant de la somme versée, celle-ci
est prise, sans beaucoup de discussion. Car tout le reste est remis à la prochaine
rencontre dont le fiancé fixe approximativement la date.

On boit et on mange. Pendant ce temps, la famille de la fille se concerte,


pour dresser la ‘’facture’’, c’est-à-dire la liste de ce qu’il faudra apporter pour le
beau-père, pour la belle-mère, pour les hommes de la famille, les femmes de la
famille et pour les jeunes. Le fiancé peut rentrer avec cette liste, mais souvent
elle lui est envoyée par la suite.

1) Versement de la dot
C’est la phase la plus solennelle, la plus décisive. Car si tout marche
bien, on aboutit à la conclusion du mariage. Il y a d’habitude plus de personnes
que lors de la demande en mariage. Mais le protocole reste le même.

On commence avec les offres de vin de palme comme à la première


rencontre. Mais cette fois il est exigé au moins 20 litres de vin au fiancé. Ce vin
du fiancé pose par ailleurs deux problèmes à la belle famille. D’abord il fait mal
à la cuisse du garçon appelé pour le verser dans les verres… Il faut que le
fiancé lui achète un produit pharmaceutique efficace. Ensuite ce vin n’a pas bon
goût : il faut y mettre des ingrédients appropriés.

34
Après ces formalités sur le vin de palme, il y a un premier service dans
les deux camps. Puis la palabre reprend. Il s’agit maintenant, pour la famille du
fiancé, de présenter les sommes et autres effets en nature (boissons, bêtes,
vêtements, ustensiles de cuisine…) figurant sur la liste qu’elle a reçue, ou tout
au moins ce qu’elle a pu apporter. C’est le moment le plus éprouvant pour les
visiteurs qui sont piégés aux mots et surveillés aux gestes. Le moindre écart de
langage ou un geste d’énervement complique la situation et est sanctionné par
une amende qui se paie avant de continuer. Car pour la famille qui va bientôt
donner sa fille, rien de ce que donne le fiancé ne semble être à son goût ou
suffisant : les sommes d’argent données sont toujours estimées minables ; les
bêtes sont maigres ; les différents effets apportés en nature sont de la pacotille ;
même le vin rouge embouteillé est de nature à donner des maux de ventre. La
parole n’est plus monopolisée par les seuls porte-parole. De part et d’autre les
gens viennent à la rescousse, dans la logique des deux camps en face, soit pour
appuyer les exigences, soit pour plaider pour plus de souplesse.

Il faut une autre paire de manches aux visiteurs quand arrive le tour de la
belle-mère de recevoir ses cadeaux. Il faut commencer par l’appeler par un nom
et la faire venir. De temps en temps il y a des temps morts pour la concertation :
la famille de la fille apprécie les efforts du fiancé et fixe les seuils à atteindre, le
dernier mot revenant au père de la fille. Les visiteurs se retirent aussi de temps
en temps, pour faire face aux exigences de la belle-famille quand, malgré le
langage mielleux, le porte-parole doit remettre la main dans la poche. Le fiancé
ou son père à sec, les autres membres de la délégation peuvent contribuer par
des prêts, surtout lorsque la conclusion du mariage commence à être possible.
Les exigences de la belle-famille ne peuvent être toutes satisfaites.

Tout dépend surtout de la compréhension des beaux-parents, de l’estime


et de la confiance qu’ils témoignent à l’endroit de leur beau-fils. La famille du
fiancé à bout d’énergie et probablement de moyens aussi, celle de la fille met
fin aux discussions, en suspendant son verdict (conclure ou non le mariage). Le
repas est servi, le vin bu. La famille de la fille délibère et vient annoncer la
décision aux visiteurs : elle accepte de donner sa fille mais non sans quelques
dernières petites exigences ou conditions ; ou bien on ajourne la conclusion du
mariage un autre jour, quand certaines conditions importantes et précises seront
remplies.

Une fois les dernières conditions satisfaites, la fille est donnée en


mariage. Il est établi un contrat coutumier de mariage, un reçu sur lequel sont
mentionnés les noms des deux époux, les sommes et les effets donnés, les noms
des témoins des deux côtés. Chaque famille en reçoit copie, contre un montant

35
fixé par l’assistance. Jadis la famille de la fille offrait une chèvre aux jeunes
mariés, les bénissait avant de les laisser partir ensemble.

Le mariage coutumier ainsi conclu suffisait pour que la jeune fille


rejoigne légitimement son époux et les deux fondent ainsi leur foyer.
Actuellement il leur faut en plus célébrer le mariage civil et, pour les chrétiens,
le mariage religieux. Ces deux dernières étapes sont entrain de seules rester en
vigueur…comme en Europe, la phase traditionnelle disparaissant
progressivement. Hélas !

2) Le deuil
Jadis les gens se déplaçaient peu. Généralement on mourait chez soi :
village natal pour les hommes et le village du mari pour les femmes.
Exceptionnellement on décédait à l’extérieur, là où on se soignait par exemple.
Dans ce cas le corps était transporté d’urgence au village d’enterrement. Le
décès était annoncé par le tam-tam du village concerné. Le message déchiffré
dans les villages voisins y était relayé par tam-tam. Le deuil s’installait aussitôt
puisque dans les 24 ou 48 heures qui suivaient, il y avait enterrement.

Les habitants du village suspendaient leurs autres travaux pour se mettre


à la disposition de la famille endeuillée. Le chef de cette famille choisissait
l’endroit et donnait le premier coup de pioche de la tombe. Avant la tombée de
la nuit il fallait rassembler le bois pour un grand feu dans la cour. Le vin du soir
était collecté et bu au lieu du deuil. La veillée funèbre se déroulait sans
beaucoup de protocole. Les jeunes adultes s’activaient à creuser la tombe,
même à la lumière d’une lampe tempête. Il leur était donné à cet effet un poulet
et des arachides, en plus du vin de palme. Des femmes veillaient autour du
corps avec les chants et des lamentations. Quant aux vieux, ils passaient la nuit
dans la cour, en petits groupes, comme pour surveiller la case du deuil, en se
racontant des histoires et même en plaisantant.

Le jour de l’enterrement est plus protocolaire. Le matin, le vin de palme


saigné dans le village est donné au responsable du deuil. Des adultes hommes
arrivent au lieu du deuil déjà avec une pierre à la tête. Le transport de ces
pierres et du sable utilisé pour refermer la tombe est organisé dans la journée
par les neveux qui, à cette occasion ont l’autorisation d’accompagner les
épouses de leurs oncles maternels en brousse.

À la mi-journée la tombe et le repas prêts ou sur le point de l’être, le


chef de la famille endeuillé annonce le début de la palabre et invite qui veut
prendre la parole à s’adresser à lui qui est assis visiblement à un coin. Il y a cinq
groupes familiaux attendus en de pareilles circonstances : les géniteurs (famille

36
maternelle pour un homme décédé, ou famille paternelle pour une femme
mariée), les neveux (fils engendrés par les filles Mangônd mariées), les mamans
de la personne décédée, ses frères et sœurs (dont les mamans ont même origine
que celle du défunt) et enfin les filles Mangônd. Ces groupes familiaux cotisent
et ont chacun son porte-parole.

La famille maternelle (géniteurs)


C’est elle qui ouvre la séance. Puis suivent les autres. Les groupes
féminins passent discrètement devant le chef de famille et déposent leur
cotisation. Les porte-parole masculins interpellent publiquement le chef de
famille et à travers lui toute sa famille, pour qu’il leur soit dit le genre de mort
qui a emporté leur parent, les efforts faits pour sauver le (la) malade. Les
mésententes et autres problèmes dans cette famille sont étalés au grand jour et
exploités par les différentes interventions qui ne manquent pas d’y voir une des
causes du décès enregistré. En cette circonstance de mort d’homme, le ton est
à souhait plus que grave, les mots très violents et à la limite provocants. Le
discours est établi surtout sur les proverbes et les paraboles tel que seules se
comprennent mieux les personnes biens visées.

À la suite des cinq groupes familiaux traditionnels, un Mangônd, d’une


autre sous-famille que celle endeuillée, enfonce le clou en demandant à son tour
que des explications soient données aux précédents orateurs, sans manquer , lui
aussi de faire ses observations sur le décès enregistré. La famille Mangônd se
met alors à l’écart, pour une concertation à huit-clos. Tout le reste de
l’assistance attend sur place, où il lui est servi à boire et à manger, par groupe.

Sous la présidence d’un patriarche ou d’un mbombog, le huis-clos


Mangônd commence par une récapitulation des groupes familiaux qui se sont
manifestés. Le chef de famille rend compte s’il leur a déjà servi leurs poulets de
pareille circonstance. Sinon il faut les apprêter séance tenante pour leur remise
après la concertation. D’habitude le géniteur a droit, en plus, à une chèvre, pour
plus de considération. Le groupe très bruyant des neveux est aussi à maitriser.
Autant ils sont prêts à rendre service pour un enterrement digne de leur parent,
autant ils sont exigeants pour leur entretien. On ne peut pas le leur refuser si, en
plus de leur part de nourriture et de vin, ils viennent se servir aussi sur la part de
leurs oncles (les Mangônd) ils peuvent même venir perturber le huis-clos s’ils
ne sont pas à l’aise.

En deuxième partie du huis-clos, les Mangônd écoutent le chef de


famille pour les réponses et explications à donner aux différents groupes dont
certains ont fait des révélations qui accusent…. Là-dessus il s’installe un débat

37
contradictoire entre la famille endeuillée et les Mangônd, avec des témoins à
charge ou à décharge.

À l’issue de ce débat, le chef de famille et tous les siens sont invités à


quitter le groupe, afin que ce dernier délibère. On peut constater la négligence
ou même l’abandon du malade par sa famille. Ces manquements et les
mésententes dans la famille sont sanctionnés par les amendes coutumières (en
nombre de cabris à donner aux Mangônd). En cas de très lourds soupçons dans
la mort enregistrée, il y a des tests de vérification à prescrire. En cas de non
exécution dans les délais recommandés, la personne soupçonnée est suspendue
de toute participation aux rencontres de Mangônd. Ce, jusqu’à exécution de la
sentence. La perte d’un père ou d’une mère donne lieu au versement d’un
forfait symbolique à la famille, car on ne peut pas prétendre avoir parfaitement
obéi et servi l’intéressé(e).

Quand les Mangônd rejoignent l’assistance dans la cour, le repas est


presque terminé. Le porte-parole du huis-clos fait le tour des groupes pour la
remise des poulets statutaires. Puis il demande à l’assistance de se taire pour
l’écouter. Dans un discours solennel mais très prudent, il donne un compte-
rendu sur la maladie et les soins donnés au malade. Pour le reste, il est difficile
d’imputer la mort d’un individu à une personne ou à sa famille.

C’est très exceptionnellement qu’il peut porter à la connaissance du


public les sanctions décidées à huis-clos. Sinon toute personne est née pour
mourir un jour. Quelques groupes peuvent réagir, mais la palabre doit prendre
fin. Ceci étant, le même porte-parole ou un Mbombog Mangônd donne ordre
sec de lever le corps et de l’inhumer. Rendez-vous est dans 4 ou 5 jours suivant
qu’il s’agit d’une femme ou d’un homme, pour le rite du lavement des mains.
Les proches et amis de la famille une fois de plus se rassemblent est mettent
ensemble leur vin pour le boire en l’honneur du/de la disparu (e). Quelques
souvenirs de ce dernier ou de cette dernière peuvent être distribués à cette
occasion.

Les funérailles peuvent être organisées plus tard, pour un Mbombog ou


un chef de famille polygame. C’est alors plus une fête qu’un deuil. Le huis-clos
mangônd survole les problèmes de la famille du disparu. Son héritage (terrain,
plantations et personnes à charge) est réparti entre les ayant-droit suivant le
code traditionnel. Tout le monde boit et mange. Le tout s’achève avec la
bénédiction des ba Mbombog

38
NOTE SUR L’AUTEUR

MAEMBLE Philippe est né le 10 Mai 1941 à Henguegue, de Songo Nkong (Siméon)


et de Ngo Mbongbe Monique. Il fait ses études primaires à la mission catholique de
Bot-Makak, secondaires au collège Sacré-Cœur de Makak et supérieures à l’École
Normale Supérieure (Université Fédérale du Cameroun) à Yaoundé. Depuis 1955,
tour à tour Professeur des sciences biologiques au CEG de Mbalmayo puis au Lycée
Joss de Douala ; Proviseur des lycées de Kousseri, de Mbalmayo et de Bertoua ;
Délégué Provincial de l’Éducation Nationale du Nord à Garoua et du Littoral à
Douala. PLEG de classe exceptionnelle retraité, est sollicité par Mgr Jean Bosco
NTEP pour diriger le COSACO de Makak de 1994 à 2006. Président Général des
Mangônd de 1988 (CODEVIMA) à 1997 (ADEMA). Mbombog Basa’a-Mpô,ô-Bati
depuis 2007, est installé à son village Lamal, Arrondissement de Nguibassal,
Département du Nyong et Kellé. Auteur d’un autre ouvrage sur sa biographie, UN
MOTIF.

39

Vous aimerez peut-être aussi