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Michel Pigenet
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La Libération.
Les mobilisations sociales
à l’heure de la Reconstruction
MICHEL PIGENET
L E 1 8 A O Û T 1 9 4 4 , la Confédération
générale du travail (CGT) et la Confé-
dération française des travailleurs chrétiens (CFTC) clandestines appellent
l’ensemble des travailleurs français à une grève générale insurrectionnelle. La
vigueur du mot d’ordre, jamais lancé auparavant, et son rôle dans le soulève-
ment de la capitale montrent que la Libération fut aussi un véritable mouve-
ment social.
Cette période exceptionnelle revêt des traits singuliers. Sur la lancée des
grèves patriotiques, l’affirmation au grand jour de forces et instances issues
de la Résistance s’étend aux entreprises dont les directions, quand elles ne
sont pas en fuite, sont sommées de rendre des comptes. Qu’il s’agisse de colla-
boration économique ou de répression anti-ouvrière, les griefs n’épargnent
pas l’encadrement, de l’ingénieur au « petit chef ». Pour quelques jours ou
quelques mois, il devient possible de refuser de travailler sous les commande-
ments de tel contremaître, de renâcler à un ordre, de réduire les cadences, de
s’absenter sans motif. Sur les chantiers et dans les ateliers, les syndicalistes,
notamment communistes, exercent un authentique contre-pouvoir. Ici et là,
des comités de gestion voient le jour, à l’initiative de comités patriotiques
d’entreprises ou à la demande des Comités locaux ou départementaux de libé-
ration, afin de relancer les activités jugées indispensables : mines, méca-
nique, automobile, aéronautique, manutention, transports en commun, etc.
[Mencherini, 1991 ; Andrieu, Le Van et Prost, 1987]. Spontané, le mouve-
ment ne procède d’aucun mot d’ordre national et n’en suscite pas, quand bien
même des militants s’y investissent. À l’évidence, la bienveillance de certains
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médicaments, etc., se font tout aussi rares, sauf au marché noir, accélérateur
d’inégalités insupportables. Dans les ateliers, la production, freinée par le
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congrès du PCF, en août, des réticences se font jour, notamment chez les
syndicalistes proches du Parti socialiste.
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tude précède souvent la résignation, mais peut aussi se retourner contre les
ex-unitaires rendus responsables de sacrifices consentis sans retour. Les
ex-confédérés notent sans déplaisir un décrochage qui met à mal l’audience
de leurs rivaux.
Les résultats des élections aux conseils d’administration des caisses de
Sécurité sociale enregistrent les effets du malaise social. En avril 1947, les cégé-
tistes recueillent 59,2 % des suffrages exprimés, score honorable à ceci près
que le total des voix, en l’absence des gros bataillons d’électeurs des régimes
spéciaux, est inférieur au nombre annoncé d’adhérents de la centrale délestée
d’une partie des voix de son aile « réformiste ».
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES