Vous êtes sur la page 1sur 12

37. LA LIBÉRATION.

LES MOBILISATIONS SOCIALES À L'HEURE DE


LA RECONSTRUCTION

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
Michel Pigenet

in Michel Pigenet et al., Histoire des mouvements sociaux en France


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

La Découverte | « Poche/Sciences humaines et sociales »

2014 | pages 427 à 437


ISBN 9782707169853
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/histoire-des-mouvements-sociaux-en-
france--9782707169853-page-427.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Michel Pigenet, « 37. La Libération. Les mobilisations sociales à l'heure de la
Reconstruction », in Michel Pigenet et al., Histoire des mouvements sociaux en
France, La Découverte « Poche/Sciences humaines et sociales », 2014 (), p. 427-437.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour La Découverte.


© La Découverte. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
37
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

La Libération.
Les mobilisations sociales
à l’heure de la Reconstruction

MICHEL PIGENET

L E 1 8 A O Û T 1 9 4 4 , la Confédération
générale du travail (CGT) et la Confé-
dération française des travailleurs chrétiens (CFTC) clandestines appellent
l’ensemble des travailleurs français à une grève générale insurrectionnelle. La
vigueur du mot d’ordre, jamais lancé auparavant, et son rôle dans le soulève-
ment de la capitale montrent que la Libération fut aussi un véritable mouve-
ment social.

LA LIBÉRATION COMME MOUVEMENT SOCIAL

Cette période exceptionnelle revêt des traits singuliers. Sur la lancée des
grèves patriotiques, l’affirmation au grand jour de forces et instances issues
de la Résistance s’étend aux entreprises dont les directions, quand elles ne
sont pas en fuite, sont sommées de rendre des comptes. Qu’il s’agisse de colla-
boration économique ou de répression anti-ouvrière, les griefs n’épargnent
pas l’encadrement, de l’ingénieur au « petit chef ». Pour quelques jours ou
quelques mois, il devient possible de refuser de travailler sous les commande-
ments de tel contremaître, de renâcler à un ordre, de réduire les cadences, de
s’absenter sans motif. Sur les chantiers et dans les ateliers, les syndicalistes,
notamment communistes, exercent un authentique contre-pouvoir. Ici et là,
des comités de gestion voient le jour, à l’initiative de comités patriotiques
d’entreprises ou à la demande des Comités locaux ou départementaux de libé-
ration, afin de relancer les activités jugées indispensables : mines, méca-
nique, automobile, aéronautique, manutention, transports en commun, etc.
[Mencherini, 1991 ; Andrieu, Le Van et Prost, 1987]. Spontané, le mouve-
ment ne procède d’aucun mot d’ordre national et n’en suscite pas, quand bien
même des militants s’y investissent. À l’évidence, la bienveillance de certains
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
428 I NSTITUTIONNALISATION ET MOBILISATIONS AU TEMPS DE L ’É TAT SOCIAL

préfets et commissaires de la République n’est pas étrangère à la fréquence des


initiatives. La répartition de la centaine d’établissements concernés ne
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

recoupe que très partiellement la géographie des bastions communistes. Le


Midi – Marseille, Toulouse, Béziers – prend l’avantage sur la banlieue rouge de
Paris, tandis que les expériences signalées dans la région de Montluçon s’effec-
tuent avec l’aval d’un Comité départemental de libération (CDL) à domi-
nante socialiste. Réalisées dans l’urgence, plus tournées vers la gestion que
l’expropriation, elles participent d’abord d’un réflexe de préservation de
l’outil de travail, non exclusif d’une double volonté de revanche et de recon-
naissance sociales.
Avant même les élections générales d’octobre 1945 qui érigent le Parti
communiste français (PCF) en premier parti de France et donnent la majorité
absolue, à l’Assemblée constituante, aux socialistes et aux communistes, les
sondages d’opinion vont dans le même sens. Dès octobre 1944, 65 % des
personnes interrogées – 79 % des ouvriers – disent souhaiter la participation
des travailleurs à la gestion des entreprises. En avril 1945, de larges majorités
se prononcent en faveur des nationalisations : 70 % pour celle des banques,
soutenue à 81 % par les ouvriers, et majoritaire – 57 % – jusque dans les profes-
sions libérales… Les mêmes sondages placent cependant, de très loin, la nour-
riture en tête des préoccupations de la population.
La détérioration sans précédent des conditions de vie et de travail attise
les tensions entre groupes et catégories d’une région, d’une branche ou d’une
entreprise à l’autre. Celles-ci prolongent l’éclatement du salariat entamé au
cours des années précédentes. À la différence de la Grande Guerre, qui
contribua à intégrer les femmes dans les usines, la désindustrialisation consé-
cutive à l’Occupation entretient un chômage désorganisateur, dont les
femmes sont les premières victimes. Les effets conjugués des prélèvements de
main-d’œuvre envoyée en Allemagne ou sur les chantiers de la Todt, du retrait
de centaines de milliers de prisonniers et du recul général des activités étran-
gères à l’effort de guerre du Reich dispersent et segmentent la classe ouvrière.
Les stratégies individuelles d’évitement du Service du travail obligatoire (STO)
et des bombardements ou de quête de ravitaillement entraînent une excep-
tionnelle mobilité professionnelle et géographique. Malgré la fin de l’Occupa-
tion, les séquelles de ce traumatisme social tardent d’autant plus à s’effacer
que l’économie française sort exsangue de la guerre. Les statistiques sont sans
appel : en 1945, le niveau de la production agricole atteint 64 % de celui de
1938 et équivaut à celui de l’année 1855. La production industrielle est plus
touchée encore : avec à peine 40 % de son niveau de 1938, sa valeur la renvoie
en 1890.
Loin des espoirs de l’été 1944, la pénurie s’aggrave. L’essentiel manque, à
commencer par le pain, dont le rationnement quotidien évolue à la baisse :
350 grammes en octobre 1944, 300 en janvier 1946, 200 en octobre 1947…
La viande, les matières grasses, le charbon, l’électricité, les vêtements, les
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
M ICHEL P IGENET L A L IBÉRATION . L ES MOBILISATIONS SOCIALES À L ’ HEURE … 429

médicaments, etc., se font tout aussi rares, sauf au marché noir, accélérateur
d’inégalités insupportables. Dans les ateliers, la production, freinée par le
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

défaut de matières premières, s’effectue au gré des pannes, fréquentes pour


cause d’usure et de vieillissement de machines trop peu renouvelées depuis
dix ans. Quant aux hommes, la durée moyenne hebdomadaire du travail avoi-
sine quarante-quatre heures, mais peut dépasser cinquante heures dans la
métallurgie et le bâtiment. Par-delà la propagande qui encourage à
« retrousser les manches », l’acceptation des heures supplémentaires reste le
principal moyen, avec l’augmentation des rendements, autre cause de fatigue,
d’améliorer les rémunérations en ces temps de strict contrôle administratif
des salaires. Malgré les hausses de 30 % à 40 % consenties à l’automne 1944,
puis les « remise[s] en ordre » des salaires de l’année suivante, le niveau du
pouvoir d’achat des salaires se situe, en août 1945, à 55 % de celui de 1938. En
octobre 1947, à la veille des grandes grèves, il plafonne à 61 % – 69 % avec les
compléments sociaux.
« Produire pour mieux vivre », promet l’un des mots d’ordre de la CGT à
l’occasion du congrès d’avril 1946. Sur le moment, devant l’état catastro-
phique du pays, chacun comprend que le retour à des conditions de vie
décentes demandera du temps. D’ici là, il faut donner des gages aux travail-
leurs appelés à retrousser leurs manches. Tel est aussi l’enjeu, entre conquêtes
et contreparties, des réformes sociales d’envergure de la Libération.
Texte de référence, le programme du Conseil national de la Résistance
(CNR) [Andrieu, 1984] prévoit l’instauration d’une « véritable démocratie
politique et sociale ». Outre la création d’un « plan complet de Sécurité sociale
visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas
où ils ne sont pas capables de se les procurer par le travail », le document
préconise un « droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de
direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications
nécessaires ». À l’échelon national, il recommande la « participation des
travailleurs à la direction de l’économie » dont il précise que l’« intensifica-
tion de la production » reposera sur « un plan arrêté par l’État après consulta-
tion de tous les éléments de la production ». À la tête de la France libre, de
Gaulle n’est pas insensible à ces aspirations, qu’il interprète selon sa propre
grille de lecture d’inspiration chrétienne sociale. À Alger, il confie son souhait
de réaliser, « avant tout », l’« association entre employés et employeurs ».
Précoce, l’ordonnance du 22 février 1945 instituant les comités d’entre-
prise (CE) dans les établissements de plus de cent salariés n’offre pas seule-
ment une alternative aux comités sociaux de la défunte Charte du travail, elle
vise aussi à contenir l’extension des comités de gestion, plus ambitieux et
moins maîtrisables. La loi du 16 mai 1946 abaisse le seuil de leur création
facultative aux établissements de cinquante salariés et étend les droits à
l’information des élus du personnel sur les résultats et les projets de l’entre-
prise. Parfois très impliqués dans la bataille de la production, nombre de CE
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
430 I NSTITUTIONNALISATION ET MOBILISATIONS AU TEMPS DE L ’É TAT SOCIAL

privilégient toutefois, sur la lancée des « comités patates » de Vichy, la gestion


des œuvres sociales et du ravitaillement [Le Crom, 2003 ; Mouradian, 1997].
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

Sitôt nommé à la tête du ministère du Travail, Alexandre Parodi réunit une


commission, dans laquelle siègent des syndicalistes, chargée d’élaborer un
projet de Sécurité sociale. Celui-ci inspire les ordonnances qui, en octobre
1945, à la veille des premières élections générales, refondent la protection
sociale qu’il reviendra à son successeur, le métallo communiste Ambroise
Croizat, de mettre en œuvre. Concrètement, la Sécurité sociale améliore la
couverture des salariés contre les coûts du sort et participe, à hauteur de 8,1 %
du produit intérieur brut (PIB) dès 1947, d’un système redistributif, moteur
de la croissance qui, par les revenus indirects qu’elle procure, atténue les
inégalités sociales. Inscrite dans le programme du CNR, voulue par le pouvoir
politique, fruit de la concertation entre l’administration et les syndicalistes,
elle n’a pas suscité, cependant, de mobilisation à la hauteur de la réforme. La
presse syndicale n’accorde guère d’attention à sa préparation, tandis que les
militants l’évoquent à peine dans leurs réunions internes.
Divers statuts adoptés définissent plus précisément, quant à eux, les droits
et les devoirs des fonctionnaires ou des agents des services publics ou entre-
prises nationalisées. Destinés à encadrer les modalités de la subordination
salariale, ils ouvrent des perspectives de carrière et garantissent la représenta-
tion syndicale au sein d’instances telles que les commissions administratives,
les commissions techniques paritaires ou les comités mixtes de production…
Sources de nouveaux acquis, ils assurent aux mineurs un salaire supérieur à la
rémunération des métallos parisiens, tandis que les dockers bénéficient d’un
régime inédit d’intermittence dissocié de la précarité, et que les fonction-
naires se voient reconnaître le droit de grève, la liberté d’opinion et un traite-
ment de base fixé à 120 % du salaire minimum vital. Au plus haut niveau des
normes, la Constitution de 1946 définit le caractère « démocratique et social »
de la nouvelle République et institutionnalise une série de libertés « sociales »
dans son préambule, à l’exemple des droits syndical et de grève.

UN ÂGE D’OR DU MOUVEMENT OUVRIER ?

En 1946, la CGT annonce 16 000 syndicats et 5,5 millions de cartes


placées, soit plus que lors du précédent pic de 5 millions en 1937. Les docu-
ments de trésorerie ou les syndiqués représentés au congrès de 1946 réajustent
ces données à la baisse – entre 4,5 et 3,775 millions –, la poussée n’en est pas
moins exceptionnelle. Elle profite à la CFTC, qui déclare 700 000 adhérents,
soit 200 000 de plus que sous le Front populaire. Générale, la progression se
décline différemment selon les secteurs et les régions. Avec 1 100 syndicats et
900 000 adhérents, la fédération CGT des métaux se détache, mais on enre-
gistre une très forte syndicalisation notamment dans les ports et le livre avec
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
M ICHEL P IGENET L A L IBÉRATION . L ES MOBILISATIONS SOCIALES À L ’ HEURE … 431

un taux proche de 100 %, 90 % dans l’enseignement, 80 % dans les chemins


de fer, ou encore 66 % dans le bâtiment. Les plus fortes hausses observées dans
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

la fonction publique et les services retouchent l’image prolétarienne attachée


au syndicalisme, notamment cégétiste.
La puissance inédite des syndicats découle également de leur place dans
les conseils d’administration des entreprises nationalisées – près de 20 % du
PNB –, les comités d’entreprise, les caisses de Sécurité sociale, au Conseil
économique ou dans les commissions du Plan dont quatre sur vingt-cinq sont
présidées par des cégétistes. Membres ès qualités du CNR, les deux princi-
pales confédérations ont des représentants à l’Assemblée consultative qui
siège jusqu’en octobre 1945. Nombre de députés élus à cette date, puis en
1946 sur les listes du PCF, de la Section française de l’Internationale ouvrière
(SFIO) et du Mouvement républicain populaire (MRP), ont exercé d’impor-
tants mandats syndicaux. Pas moins de onze des trente dirigeants du MRP
militent à la CFTC avant que cette dernière interdise, en 1946, le cumul des
mandats politiques et syndicaux. Ces positions d’influence se doublent de
responsabilités ministérielles exercées par plusieurs dirigeants syndicaux
communistes et socialistes de premier plan – outre Croizat, Albert Gazier, des
employés ; Robert Lacoste, des fonctionnaires ; Marcel Paul, des électriciens,
etc. Il en va de même au sein des conseils généraux et municipaux. Consciente
de son rôle, la CGT réaménage les frontières du syndical et du politique, déjà
modifiées par son engagement dans le Rassemblement populaire d’avant-
guerre. La confusion des rôles, propice aux clientélismes corporatifs, rompt
plus nettement avec la tradition syndicale d’indépendance. Au sortir du
régime de Vichy, la menace d’intégration-subordination n’est pas une vue de
l’esprit. Si la CGT et la CFTC ont combattu l’intrusion étatique dans la vie
syndicale inscrite dans la Charte du travail, la circulaire Parodi du 28 mai 1945
ne confie pas moins à l’administration le contrôle de la représentativité syndi-
cale évaluée à l’aune de critères dont deux – attitude patriotique et loyauté
dans l’application de la législation sociale – relèvent de considérations
politiques.
Présents comme jamais dans les institutions, les militants ouvriers sont
toutefois cantonnés en périphérie des plus stratégiques. Absents des offices
professionnels, ils n’accèdent pas davantage au cœur de l’appareil d’État ni
aux ministères régaliens. Plus fondamentalement, les compromis de l’époque
subordonnent le social à l’économique. Associés aux commissions du premier
Plan, les syndicalistes y avalisent la priorité donnée aux investissements sur
la consommation. Dans la continuité de l’option patriotique du temps de la
Résistance, le syndicalisme communiste assimile les intérêts de la classe
ouvrière à ceux de la nation. Cette stratégie, confirmée par l’engagement en
faveur de la bataille de la production, conduit à évaluer la pertinence des
revendications particulières à l’aune de l’« intérêt général ». De par leur
audience, leurs mandats et leur orientation, les syndicats font figure
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
432 I NSTITUTIONNALISATION ET MOBILISATIONS AU TEMPS DE L ’É TAT SOCIAL

d’institutions semi-publiques. Acteurs de premier plan dans les rapports de


forces sociopolitiques de la période, ils sont aussi des enjeux essentiels.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

La percée communiste dans la CGT se mène tambour battant aux échelons


élémentaires et intermédiaires où les ex-unitaires, souvent soutenus par les
jeunes, font feu de tout bois pour écarter leurs rivaux confédérés générale-
ment plus âgés. Malgré l’équilibre maintenu au bureau confédéral, la défaite
des partisans de Léon Jouhaux est sans appel. La conquête des postes ne
garantit cependant pas la capacité de leurs nouveaux titulaires à les occuper.
L’hécatombe des années sombres et l’affectation de cadres dans les mini-
stères, les administrations et autres instances officielles, pour ne rien dire des
demandes en provenance des appareils politiques et syndicaux centraux,
provoquent une pénurie de militants expérimentés dans les syndicats. Les
programmes de formation accélérée ne suffisent pas à combler des manques
évidents jusque dans certains bastions, incapables, à l’exemple de Renault-
Billancourt, de reconstituer le maillage organisationnel du Front populaire. Le
succès communiste accable les ex-confédérés, réorganisés depuis novembre
1945 autour de l’hebdomadaire Force ouvrière. Au lendemain du congrès de
1946, les libertaires refusent d’appartenir plus longtemps à ce qu’ils tiennent
pour une réincarnation de la Confédération générale du travail unitaire
(CGTU) et partent fonder la Confédération nationale du travail (CNT). Avant
la fin de l’année, les postiers dissidents créent, pour les mêmes raisons, le
Comité d’action syndicaliste. Des motivations plus catégorielles amènent la
majorité des conducteurs du métro à se constituer en syndicat autonome,
bientôt imités par d’autres.
Résolus à ne rien faire qui paraisse contredire une stratégie unitaire
payante, les dirigeants communistes hésitent à cibler leurs adversaires, irré-
ductibles aux ennemis définis comme tels, mais chaque jour plus flous ou
anachroniques : « réactionnaires », « vichystes »… Le réquisitoire contre les
« trusts » puise dans un registre classique avant que la démission du général
de Gaulle, en janvier 1946, permette une personnalisation commode. Le refus
définitif, par la CFTC, de la réunification amène certes Benoît Frachon à quali-
fier les dirigeants chrétiens de « Thénardier de la politique », mais la prudence
subsiste à l’égard de partenaires difficiles. S’ils évitent de prendre les devants,
les communistes montent d’un cran dès que leurs alliés-rivaux franchissent
le seuil de ce qu’ils estiment inacceptable. C’est le cas en août 1946, après que
Léon Blum a comparé la grève des Postes, télégraphes et téléphones (PTT) à
une « insurrection intérieure » contre la mainmise communiste. Il revient à
Frachon de dénoncer l’« intervention brutale d’un chef de parti dans la vie de
la CGT » [Lacroix-Riz, l983].
Tentations récurrentes des « révolutionnaires », les pratiques délégataires
renvoient plus encore à la culture « réformiste », méfiante par définition
envers l’action directe et acquise de longue date à la « politique de la
présence ». Soudain propulsés à la tête d’organisations dotées de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
M ICHEL P IGENET L A L IBÉRATION . L ES MOBILISATIONS SOCIALES À L ’ HEURE … 433

responsabilités inédites, nombre d’ex-unitaires, hier encore minoritaires et


inégalement préparés à exercer des tâches non dépourvues de technicité, trou-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

vent dans la discipline de parti et le repli bureaucratique une protection


contre leurs faiblesses. Les certitudes et le volontarisme militants de la période
font le reste. En conséquence, maintes assemblées générales trop bien orga-
nisées se réduisent à la succession de longs discours de dirigeants qui, hors de
tout échange contradictoire, se concluent par la ratification à mains levées de
résolutions rédigées à l’avance. Les affrontements de tendances, encore rares,
n’y changent rien et virent à la confrontation de « ténors » dûment mandatés.
Au fil des mois et des déceptions, les salariés se lassent d’être des figurants. La
participation s’effiloche. L’intervention des travailleurs, inscrite dans la
plupart des réformes de la Libération – CE, Sécurité sociale, nationalisations,
planification, etc. –, passe par la médiation des syndicats, représentants
exclusifs des salariés.
Les fortes agrégations collectives de la période, expression des formes et
normes de socialisation ouvrière, n’impliquent toutefois pas une adhésion
inconditionnelle aux modes de fonctionnement et aux initiatives des organi-
sations qui affirment parler et agir au nom de la classe. Le quant-à-soi des
groupes élémentaires et des individus subsiste. La pénurie fait le reste pour
peu que le mouvement ouvrier, bataille de la production oblige, soit dans
l’incapacité de proposer des perspectives collectives d’amélioration immé-
diate du quotidien. Il revient alors à chacun de se débrouiller quand bien
même la multiplication des comportements individuels, à l’instar de l’absen-
téisme pour cause de ravitaillement, leur donne un caractère de masse propre
à menacer la Reconstruction et significatif du désarroi ouvrier.

DES MOBILISATIONS SOUS CONTRAINTES

L’entrée de la CGT dans la bataille de la production est précoce. Frachon se


prononce en ce sens dès la première réunion des cadres syndicaux de la région
parisienne, le 9 septembre 1944, quelques jours à peine après la libération de
la capitale. Le dirigeant syndical en fait la condition des conquêtes sociales à
venir et de l’affirmation de la classe ouvrière dans la nation, gage d’une future
hégémonie. La conformité du propos à la ligne du PCF signale la responsabi-
lité particulière dévolue aux syndicalistes communistes. Dans les mines du
Nord-Pas-de-Calais, secteur décisif et bastion cégétiste, la concertation va bon
train entre la direction des houillères, le commissaire de la République et les
syndicats afin de mobiliser les mineurs [Trempé, 1989]. Le 27 juillet 1945, à
Waziers, Thorez explique que « produire, c’est aujourd’hui la forme la plus
élevée du devoir de classe, du devoir de Français ». Le 4 septembre, Jouhaux et
le Comité confédéral national confirment l’engagement de la CGT. Après le
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
434 I NSTITUTIONNALISATION ET MOBILISATIONS AU TEMPS DE L ’É TAT SOCIAL

congrès du PCF, en août, des réticences se font jour, notamment chez les
syndicalistes proches du Parti socialiste.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

La presse cégétiste ne continue pas moins de saluer les initiatives destinées


à accroître la production. À l’usine Berliet de Vénissieux, le journal de l’entre-
prise se réfère au modèle stakhanoviste de travail intensif et rappelle à l’ordre
les équipes ou les individus qui ne remplissent pas les normes. La gestion
conduite au nom des travailleurs, en lieu et place de l’ancienne direction,
fonde une vigilance que l’on rencontre toutefois dans des situations moins
subversives. Chez Ford, à Poissy, le syndicat CGT coopère ainsi avec la direc-
tion nommée par les actionnaires. Ses militants font jouer leurs relations avec
des camarades d’autres établissements ou de leur fédération pour obtenir les
pièces nécessaires à la production ou remédier aux déficiences du matériel
livré. Ce qui ne les empêche pas de réclamer un droit de regard, par CE inter-
posé, sur la désignation des contremaîtres. Symptomatique des entre-deux de
la période, la revendication, audacieuse dans sa remise en cause des préroga-
tives patronales, participe d’un certain légitimisme institutionnel. En terre
d’élection du paternalisme, la surenchère productiviste de militants zélés frise
la collaboration de classe. À Elbeuf, où le Syndicat du textile appelle à une
heure gratuite de travail au titre de l’effort de guerre, des cégétistes adhèrent
quelques temps à l’association professionnelle proche du patronat.
Sans aller jusque-là, les exigences de la bataille de la production bannis-
sent les cessations de travail. Devant le comité central du PCF de mai 1945,
Frachon reconnaît que, depuis huit mois, les communistes ont « freiné le
mouvement de masse ». « Nous ne l’avons pas […] étouffé, se reprend-il, mais
nous l’avons canalisé. » Ce qui ne va pas de soi. Avant la fin du mois de mai,
des grèves éclatent ainsi en région lyonnaise et dans la Loire, paralysée
pendant vingt-quatre heures. Ponctué de manifestations de défiance envers
les autorités, le mouvement gagne le Sud-Est et le Nord, puis évolue, au
second semestre, en débrayages plus fréquents, désormais, chez les fonction-
naires et les agents des services publics. Pour l’heure, les ex-unitaires vont
jusqu’à menacer de prison les mineurs qui déserteraient les puits. « Produire
d’abord, revendiquer ensuite », recommandaient leurs premiers mots d’ordre.
Gaston Monmousseau, membre du bureau confédéral de la CGT et du bureau
politique du PCF, franchit un pas supplémentaire, faisant de la grève l’« arme
des trusts ». À l’opposé, les ex-confédérés, formés à l’école du compromis,
témoignent d’une bienveillance remarquée envers les conflits qui éclatent en
1946. En janvier-février 1946, une grève de six jours bouscule, dans le livre
parisien, l’arbitrage salarial accepté par les délégués du syndicat. Le mouve-
ment le plus spectaculaire affecte les PTT, du 30 juillet au 4 août 1946,
déborde l’appel au débrayage lancé par la direction communiste de la fédéra-
tion postale pour déboucher sur la constitution d’un comité national de grève
dissident.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
M ICHEL P IGENET L A L IBÉRATION . L ES MOBILISATIONS SOCIALES À L ’ HEURE … 435

L’opposition cégétiste aux grèves cesse au printemps 1947. Le tournant


intervient lors du conflit Renault d’avril-mai. Sommé de choisir entre la soli-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

darité gouvernementale et son identité de classe, le PCF opte pour la dernière.


En juin, la CGT soutient divers arrêts de travail, dont celui, spectaculaire, des
cheminots. La grève générale n’est pas à l’ordre du jour, ainsi que le rappelle le
communiste Jacques Duclos. L’accord salarial signé le 1er août avec le Conseil
national du patronat français (CNPF) réduit un temps la tension, mais le veto
du gouvernement, après les attaques ministérielles et les réquisitions du prin-
temps, confirme la détermination des pouvoirs publics.
Le mécontentement social est en quête d’expression collective. Au plus
haut, le mouvement ouvrier, toutes obédiences confondues, est loin de recou-
vrir la totalité du mouvement social plastique et composite. Le premier,
soumis aux logiques spécifiques de ses différents appareils, s’articule avec un
succès inégal aux groupes et catégories auxquels il propose ses ressources en
interprétations, savoir-faire militants, relais politiques et institutionnels.
Jamais parfaite, l’adéquation varie au gré des circonstances et des concur-
rences internes. Le blocage des salaires et leur retard sur les prix sont au cœur,
avec le ravitaillement, des préoccupations des travailleurs. Opposée aux
premiers, la CGT peine à définir une alternative. Un temps favorable à la
vieille revendication confédérée de l’échelle mobile, les majoritaires l’aban-
donnent pour rallier le salaire au rendement qu’ils condamnaient dans le
passé. La volte-face cégétiste satisfait le gouvernement et soulage son mini-
stre du Travail, le communiste Croizat. Elle alimente, en revanche, la critique
des ex-confédérés et de la CFTC, qui ont beau jeu de rappeler l’hostilité syndi-
cale de principe à un mode de rémunération synonyme de surmenage. Au
début de 1947, la direction de la CGT accepte de soutenir les baisses de prix
décrétées par l’éphémère ministère Blum, mais montre moins d’enthousiasme
que la minorité qui propose de féliciter le gouvernement. La question réac-
tive les clivages internes qu’approfondissent les désaccords sur la hiérarchie
des salaires, les heures supplémentaires ou les modalités d’un revenu
minimum. Faute de compromis, deux textes concurrents sont, pour la
première fois, soumis au Comité confédéral national des 14 et 15 janvier 1947.
Accablé par les pénuries et l’inflation, le gros des salariés n’a que faire des
luttes de tendances. Depuis plusieurs mois, déjà, les informations en prove-
nance des militants et des Renseignements généraux s’accordent sur la
montée du scepticisme parmi les salariés.
Dans les fiefs communistes, l’impatience et la désillusion modèrent les
ardeurs productives. Le vieux fond de méfiance de classe à l’égard de représen-
tants trop pressés de se couler dans le moule institutionnel n’épargne pas
Thorez. « Qu’est-ce qu’il attend, lui qui connaît le métier, pour dévaler avec
nous et montrer comment on fait ? » commente-t-on au lendemain du
discours de Waziers. En février 1946, la satisfaction éprouvée à l’annonce du
statut des mineurs n’efface pas les doutes sur l’efficacité d’une ligne politique
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
436 I NSTITUTIONNALISATION ET MOBILISATIONS AU TEMPS DE L ’É TAT SOCIAL

mal récompensée par les partenaires du PCF [Wieviorka, 2010]. Déçus et


épuisés, les mineurs cégétistes rechignent à travailler le dimanche. La lassi-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

tude précède souvent la résignation, mais peut aussi se retourner contre les
ex-unitaires rendus responsables de sacrifices consentis sans retour. Les
ex-confédérés notent sans déplaisir un décrochage qui met à mal l’audience
de leurs rivaux.
Les résultats des élections aux conseils d’administration des caisses de
Sécurité sociale enregistrent les effets du malaise social. En avril 1947, les cégé-
tistes recueillent 59,2 % des suffrages exprimés, score honorable à ceci près
que le total des voix, en l’absence des gros bataillons d’électeurs des régimes
spéciaux, est inférieur au nombre annoncé d’adhérents de la centrale délestée
d’une partie des voix de son aile « réformiste ».

L’ÉPUISEMENT DES COMPROMIS : LES RUPTURES DE 1947

Parti de gouvernement, le PCF entend le demeurer. Non pas que la chose


soit simple à l’épreuve des tensions avec ses « alliés », des obstacles dressés
dans l’exercice de ses responsabilités gouvernementales ou autres et des
contradictions croissantes entre la ligne choisie et les attentes de sa base
ouvrière et populaire. Les résultats du premier référendum constitutionnel de
mai 1946 et des élections à la nouvelle Assemblée constituante sont un tour-
nant. Le tripartisme subsiste, mais les relations du PCF, déjà dégradées avec
le MRP, s’enveniment du côté des socialistes, dorénavant incapables de peser
sur les orientations d’une CGT qui, sur l’essentiel, épouse les positions
communistes. La situation est cependant plus délicate pour le syndicat,
davantage tenu de rendre quotidiennement des comptes.
Les ruptures de 1947 se jouent sur le terrain social. Chaque jour plus
fragile, l’unité de la CGT n’y résiste pas. Tandis qu’un Comité central de grève
coordonne la grève en dehors des instances paralysées de l’organisation, une
majorité d’ex-confédérés choisissent d’en sortir et fondent, en 1948, la Confé-
dération générale du travail-Force ouvrière (CGT-FO), dont l’anticommu-
nisme sert de ciment et que son statut de centrale minoritaire condamne à
jouer les utilités, situation peu favorable au déploiement des talents et du
savoir-faire de ses militants. Du 12 novembre au 10 décembre, 1947 renoue à
contretemps avec mai et juin 1936, modèle durable de mobilisation ouvrière.
Cette fois, la bienveillance gouvernementale n’est pas de saison. Il est vrai que
les grèves visent le pouvoir politique, interlocuteur, en tout état de cause, de la
vie économique et de la rigueur sociale. Le conflit survient, en outre, au terme
d’une période inédite de consensus sociopolitique et de sacrifices prônés par
ceux-là mêmes qui entendent désormais structurer la contestation. La dureté
du mouvement est à la mesure des déceptions et des haines accumulées. À la
fermeté gouvernementale, arsenal répressif alourdi et réquisition de la troupe
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte
M ICHEL P IGENET L A L IBÉRATION . L ES MOBILISATIONS SOCIALES À L ’ HEURE … 437

à l’appui, répond la détermination des grévistes – 1,5 à 2 millions, surtout


parmi les cheminots, les mineurs, les métallurgistes, les dockers, les travail-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris-Descartes - Paris 5 - - 193.51.85.197 - 17/12/2017 18h49. © La Découverte

leurs du bâtiment et de la chimie – dont l’aile activiste, opposée à la reprise du


travail, tient tête aux forces de l’ordre. Tirs à balles réelles de ces dernières et
sabotages font basculer les grèves dans la tragédie. On déplore vingt morts en
1947, auxquels s’ajouteront quatre mineurs tués lors du rebond conflictuel de
l’automne 1948.
Il y va, pour le PCF et la CGT, de leur capacité à raffermir leur influence
sur le monde ouvrier, à aguerrir, aussi, leurs militants en ces temps de guerre
froide commençante. La défaite finale, grosse d’amertume et de rancœur,
scelle pour trois décennies l’identification de la mouvance cégéto-commu-
niste à la classe. Les ruptures de 1947-1948 ne vont pas toutefois jusqu’à
ébranler les réformes de la Libération, compromis à la mesure des attentes de
la société salariale française et socle de son État social. Cette longévité en
souligne les ambiguïtés ou, si l’on préfère, la compatibilité avec le capitalisme
rénové des Trente Glorieuses ultérieures.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ANDRIEU Claire (1984), Le Programme commun de la Résistance, des


idées dans la guerre, Éditions de l’Érudit, Paris.
ANDRIEU Claire, LE VAN Lucette et PROST Antoine (dir.) (1987), Les
Nationalisations de la Libération. De l’utopie au compromis, Presses
de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris.
BUTON Philippe (1993), Les lendemains qui déchantent. Le Parti
communiste français à la Libération, Presses de la Fondation
nationale des sciences politiques, Paris.
LACROIX-RIZ Annie (1983), La CGT de la libération à la scission,
1944-1947, Éditions sociales, Paris.
LE CROM Jean-Pierre (2003), L’Introuvable Démocratie salariale. Le
droit de la représentation du personnel dans l’entreprise (1850-2002),
Syllepse, Paris.
MENCHERINI Robert (1994), La Libération et les entreprises sous
gestion ouvrière. Marseille 1944-1948, L’Harmattan, Paris.
MOURADIAN Georges (dir.) (1997), L’Enfance des comités
d’entreprise, CAMT, Roubaix.
TREMPÉ Rolande (1989), Les Trois Batailles du charbon, 1936-1947,
La Découverte, Paris.
WIEVIORKA Annette (2010), Maurice et Jeannette. Biographie du
couple Thorez, Fayard, Paris.

Vous aimerez peut-être aussi