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INTERACTIONS COMPLEXES
Marjolaine Paris
La Découverte | « Hérodote »
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3. Le coefficient de Gini est basé sur la courbe de Lorenz qui décrit la distribution des
richesses d’un pays en fonction du nombre de foyers. La valeur 0 correspond à une répartition
parfaitement égalitaire des revenus, 100 à une répartition parfaitement inégalitaire. Le pays
ayant le plus bas coefficient en 2010 est le Monténégro avec 24,3, celui ayant le plus élevé, la
Namibie avec 59,7.
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partenaire important en volume. Les flux, du moins formels et enregistrés, avec les
autres partenaires de la zone sont nettement moindres [CEDEAO, 2003].
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Mike Adenuga possède la seconde plus grosse fortune du Nigeria, estimée à plus de
4 milliards de dollars. Son groupe, à l’actionnariat assez opaque, compte environ
8 000 salariés. Il est présenté comme un exemple de self-made man. Né en 1953, il
Hérodote, n° 159, La Découverte, 4e trimestre 2015.
a fait ses études secondaires à la grammar school d’Ibadan. Il se rend ensuite aux
États-Unis où il étudie à la North-Western University en Oklahoma, puis à la Pace
University de New York d’où il sort avec un MBA. Il obtient ultérieurement un
doctorat dans une université nigériane. Il travaille comme chauffeur de taxi et agent
de sécurité afin de financer ses études. Ses premiers pas d’entrepreneur ont lieu dans
la distribution de biens de consommation (lacets, Coca-Cola...). Il hérite ensuite de
la scierie familiale. À 26 ans, il obtient ses premiers gros contrats dans la construc-
tion grâce à des connexions bien établies avec le régime d’Ibrahim Babangida
et devient millionnaire. Il arrive ensuite à la tête de l’une des plus importantes
banques du Nigeria, l’Equitorial Trust Bank, qu’il rachète, ainsi qu’une compagnie
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pétrolière, Conoil, qui extrait, raffine et commercialise du pétrole brut. En 1991, son
entreprise est la première compagnie nigériane à découvrir du pétrole brut. Il monte
en 1999 une première compagnie de télécommunications dont la licence est vite
retirée. Sa seconde compagnie, Globacom, obtient alors une nouvelle licence en
2002 lors de la dérégulation du marché et devient le second opérateur national après
l’entreprise nationale NITEL. Elle opère aujourd’hui dans quatre pays d’Afrique de
l’Ouest : le Nigeria, le Ghana, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Mike Adenuga continue
en parallèle ses activités bancaires et pétrolières.
Proche de l’ancien vice-président puis président Atiku Abubakar, il est impliqué
dans diverses affaires de corruption, poursuivi par l’Economic and Financial Crimes
Commission (EFCC) et arrêté quelques jours en 2006. Il se réfugie à Londres
durant un an, pour se réinstaller finalement au Nigeria en 2007. Il vit entre Lagos et
Londres. S’il est un personnage admiré et envié par beaucoup de Nigérians, certains
forums révèlent parfois des points de vue critiques, en particulier sur la manière de
traiter ses subordonnés. Des Nigérians lui reprochent en particulier d’« exploiter » le
pays sans contribuer à son développement.
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sont soit les expatriés des entreprises étrangères qui ont pour consigne de sortir
le moins possible de chez eux, soit de riches Nigérians partageant un mode de
vie similaire. Par crainte des attaques à main armée, tous vivent en effet retran-
chés derrière des barbelés, des murs surélevés et des portails blindés à l’intérieur
d’enceintes dûment gardées par des vigiles privés.
Cette ségrégation est à la fois un reflet et un facteur de violence dans la mesure
où elle rend visibles, voire renforce, les inégalités économiques. En outre, elle
pose la question de la méfiance réciproque entre Nigérians et expatriés qui se
fréquentent très peu dans les espaces de vie quotidiens, au risque d’exacerber les
stéréotypes négatifs sur les uns et les autres. De fait, il existe tout un monde entre
les autochtones et les étrangers venus au Nigeria le temps d’un simple voyage
d’affaires, d’un séjour de quelques mois ou quelques années (suivant les contrats),
voire de toute une vie pour les diasporas commerçantes, à l’exemple des Libanais.
Les rapports entre les membres de ce groupe émergent sont sous-tendus par des
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Conclusion
En définitive, cet article a mis en évidence deux types de clivages qui soulignent
les limites du commerce international comme facteur de réduction de la violence.
En premier lieu, il existe des clivages anciens sur lesquels se développe une
violence multiforme, soit structurelle, soit sporadique. Il s’agit ici de lignes de
fracture socioéconomiques, religieuses, identitaires et territoriales, renforcées par
le comportement d’un État central lui-même violent et des choix politiques légiti-
mant constitutionnellement l’existence de droits différents pour les « autochtones »
et les autres types de citoyens nigérians. Dans un tel contexte, la diversification de
l’économie pourrait contribuer à réduire les inégalités sociales, pour peu que le
système éducatif suive et parvienne à adapter son offre de formation. Elle pourrait
également atténuer les disparités régionales en redistribuant plus équitablement les
lieux de production économique en dehors des zones pétrolifères, des gisements
miniers et des terres agricoles les plus riches.
Mais il existe aussi des clivages plus récents dont témoigne l’émergence d’une
couche sociale spécifique et globalisée, composée de membres des milieux d’affaires
nigérians et étrangers. Distincts des autres habitants du pays et retranchés dans des
ghettos privatisés, les acteurs qui en font partie ont développé un mode de vie qui est
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Bibliographie
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Sitographie
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