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L’impôt de solidarité sur la fortune

A succédé à l’impôt sur les grandes fortunes, créé en 1982 et supprimé en 1987. Près de 528 000
contribuables français ont réglé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en 2007. C’est un impôt
progressif sur le capital qui concerne le patrimoine des personnes physiques. L’ISF est un impôt qui
rapporte peu et qui coûte cher. C’est un impôt d’Etat, direct, basé sur le patrimoine.

Chapitre 1 : Champ d’application

A. Personnes imposables
Article 885 A du centre général des impôts qui dit que sont soumises à l’impôt annuel de solidarité
sur la fortune les personnes dont la valeur des biens est supérieure à 770 000€ pour 2008. Pour 2005,
le seuil était de 732 000€, 750 000€ en 2006 et 760 000€ en 2007. Les personnes physiques ayant
leur domicile fiscal en France sont soumises à l’ISF sur les biens qu’elles possèdent en France et hors
de France. Les personnes ayant leur domicile fiscal hors de France sont soumises à l’ISF uniquement
sur les biens qu’elles possèdent en France.

Le domicile fiscal d’une personne est défini par 3 critères : personnel (quand on a résidence principal
en France, on a le domicile fiscal en France), économique (d’où est-ce que je tire la plupart de mes
revenus ?) et professionnel (où est-ce que j’exerce mon activité professionnelle ?).

Les conditions d’assujettissement sont appréciées au 1 er janvier de chaque année. Les biens
professionnels ne sont pas pris en compte pour l’assiette de l’ISF.

1) Personnes physiques et imposition par foyer


Les couples mariés, quelque soit leur régime matrimonial, sont soumis à une imposition commune
sauf dans 2 cas : lorsqu’ils sont séparés de biens et ne vivent pas sous le même toit, lorsqu’ils sont en
instance de divorce et qu’ils ont été autorisés à avoir des domiciles séparés. Les personnes liées par
un PACS font également l’objet d’une déclaration commune. Enfin les personnes vivant en
concubinage notoire, c'est-à-dire qui ont une relation stable et continue, sont également soumises à
une imposition commune, sauf si elles sont mariées par ailleurs.

2) La territorialité de l’ISF
Personnes domiciliées en France : quelque soit leur nationalité, elles sont soumises à l’ISF sur
l’ensemble de leurs biens c'est-à-dire en France et à l’étranger.

Personnes domiciliées hors de France : elles sont imposées que sur les biens qu’elles détiennent en
France.
B. Les biens imposables

1) La composition du patrimoine
Tous les biens, quelque soit leur nature (immobiliers, mobiliers, valeurs mobilières, liquidités) entrent
dans le champ d’application de l’ISF. La consistance du patrimoine est appréciée au 1 er janvier de
l’année d’imposition. Les variations que le patrimoine peut subir entre le 1 er janvier et la date de la
déclaration ne sont pas prises en compte pour la détermination de la base imposable.

Biens grevés d’un droit d’usufruit (les loyers, les intérêts…) : c’est l’usufruitier qui prendra le bien
dans son patrimoine pour le calcul de l’ISF.

2) Les exonérations
Tous les objets d’antiquité, d’art et de collection, les droits de propriété intellectuelle et littéraire, les
droits de propriété industriels (brevets), les placements financiers des personnes non domiciliées en
France.

Chapitre 2 : L’assiette de l’ISF

L’ISF est calculé sur la valeur du patrimoine net du contribuable, c’est lui au 1 er janvier qui doit
évaluer son patrimoine et qui doit déduire les dettes s’y rapportant.

A. Evaluation des biens imposables


En général, la valeur des biens est déterminée suivant les règles d’évaluation prévues en matière de
mutation par décès.

1) Les immeubles
Le contribuable doit évaluer au 1er janvier de chaque année chacun des biens immobiliers qu’il
possède. Il existe des barèmes fixés par l’administration qui donnent en fonction des villes et des
quartiers dans ces villes la valeur au m² de l’immobilier. Il existe une particularité en matière d’ISF
pour la résidence principale, un abattement de 30% est effectué sur la valeur vénale (marchande)
pour calculer l’ISF. Pour les personnes qui détiennent des immeubles à travers une SCI, chacun des
associés de la SCI doit déclarer en matière d’ISF son % de la valeur de l’immeuble détenue dans la
SCI.

2) Les meubles meublants


C’est tout ce qui est le mobilier, tout ce qui peut être dans la maison, les véhicules, c’est tout ce
qu’on peut posséder qui n’est pas un immeuble. Pour les véhicules, on ne déclare pas à l’ISF la valeur
d’acquisition, on les déclare à l’argus. Pour le mobilier, il existe 2 méthodes d’évaluation : d’abord le
contribuable établit un inventaire détaillé de l’ensemble du mobilier qu’il possède, cet inventaire doit
normalement être fait par acte notarié et il est valable pendant 3 ans ; ensuite il peut faire une
évaluation globale basée sur un % du patrimoine détenu.
3) Les valeurs mobilières
Elles sont évaluées si elles sont quottées selon le dernier cours connu ou selon la moyenne des 30
derniers cours qui précèdent le 1er janvier de chaque année. Le contribuable peut donc choisir la
valeur qui conduit à une estimation la plus faible de ses placements. Pour les valeurs mobilières non
quottées, l’évaluation se fait suivant les mêmes règles qu’en matière de droit de succession.

B. La déduction du passif
Pour être déductible du patrimoine soumis à l’ISF, les dettes doivent : exister au 1er janvier de l’année
d’imposition, être à la charge personnelle du contribuable et être justifiées.

Parmi les dettes les plus courantes, on trouve les impôts dont le fait générateur se situe au plus tard
au 1er janvier de l’année d’imposition et qui restent à payer. On y trouve l’impôt sur le revenu dû au
titre de l’année précédente, on trouve également les prélèvements sociaux (CSG (contribution
sociale généralisée), CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), le prélèvement
social et la contribution additionnelle au prélèvement social) qui représentent 11% de l’ensemble des
revenus. On trouve également la taxe d’habitation et la taxe foncière qui se rapportent aux
immeubles inclus dans le patrimoine soumis à l’ISF. Il y a également les droits de mutation en
instance de paiement au 1er janvier.

On trouve également comme dettes les emprunts pour la partie du capital restant dû au 1 er janvier
de l’année d’imposition.

On trouve encore les découverts bancaires qui sont considérés comme du passif. On trouve aussi les
dettes envers des prestataires de service que l’on a réglé après le 1 er janvier de l’année d’imposition.
Il y a encore les dépôts de garantie reçus des locataires en début de bail.

La dernière dette est l’ISF lui-même qui est à retrancher de sa propre base de calcul dans les
conditions suivantes : - on calcule l’ISF sur le montant du patrimoine sans tenir compte de l’ISF
- on retranche du patrimoine le montant de l’ISF calculé en 1 et on effectue à
nouveau le calcul de l’ISF

Chapitre 3 : Calcul de l’ISF

1) Application du barème
Tranches

Taux

Jusqu’à 770 000€ 0%

Fraction de 770 001€ à 1 240 000€ 0,55%

Fraction de 1 240 001€ à 2 450 000€ 0,75%

Fraction de 2 450 001€ à 3 850 000€ 1,00%

Fraction de 3 850 001€ à 7 360 000€ 1,30%

Fraction de 7 360 001€ à 16 020 000€ 1,80%


Fraction égale ou supérieure à 16 020 000€ 1,80%

2) La réduction d’impôt pour charges de famille


L’ISF calculé suivant le barème est réduit de 150€ par personne à charge. Sont considérés comme
personnes à charge les enfants âgés de moins de 18 ans, les personnes titulaires d’une carte
d’invalidité qui vivent sous le toit du contribuable.

3) Plafonnement de l’ISF en fonction du revenu


C’est un mécanisme propre à l’ISF. Le plafonnement de l’ISF en fonction du revenu a pour but
d’éviter que le total des impositions formées par l’ISF, l’impôt sur le revenu et les prélèvements
sociaux ne dépassent 85% des revenus du contribuable. En cas d’excédent des impositions, celui-ci
vient en déduction de l’ISF à payer. Pour les contribuables dont le patrimoine est supérieur à
2 450 000€, la réduction résultant du plafonnement est limitée soit à 50% de l’ISF obtenu après la
réduction de 150€ par personne à charge, soit limitée à 11 660€ si ce montant est supérieur.

Par exemple, un contribuable marié, dont la valeur nette du patrimoine imposable au 1/1/2007
s’élève à 7.5 millions d’euros. Le montant brut de l’ISF dû en 2008, après application du barème ci-
dessus est égal à 73 600€. Le contribuable ayant un enfant mineur à charge, ce montant est réduit de
150€, soit un résultat de 73 450€.
Ce même contribuable a perçu 110 000€ de revenus nets de frais professionnels en 2007 et doit
payer 20 500€ d’impôt sur le revenu à ce titre :

- Total (ISF+IR)=(73450+20500)=93 950
- (85%xtotal des revenus nets de frais professionnels)=93 500euros
- Réduction résultant du plafonnement de l’ISF dans limitation=93950euros-93500=450
euros
- Limitation de la réduction à 50% de l’ISF= 50%x73450=36725 (la réduction étant
inférieure, cette limitation ne s’applique pas)
- ISF dû après plafonnement=73450euros-450euros=73000euros

4) Le bouclier fiscal
C’est un mécanisme qui a été mis en place dans la loi de finance de 2006, c'est-à-dire qu’il s’est
appliqué pour la première fois aux revenus déclarés au titre de l’année 2006.

Le mécanisme du bouclier fiscal a été revu en 2007. Son principe est le suivant : le total formé par
l’impôt sur le revenu, l’ISF, les prélèvements sociaux, la taxe d’habitation et la taxe foncière relatives
à la résidence principale ne doit pas dépasser 50% des revenus du contribuable.
Le mécanisme du bouclier fiscal laisse au contribuable l’initiative de la réclamation, c'est-à-dire qu’à
la fin de l’année, c’est au contribuable de faire la démarche pour réclamer l’excédent éventuel. Il
peut faire la réclamation dans les deux ans qui suivent les impositions.

Exemple bouclier fiscal : un célibataire a perçu en 2006 25 000€ de salaires (après abattement de
10% : 22 500€). Il possède un appartement qu’il donne en location. Mais il est resté quelques mois
libres, le temps de faire des travaux. Ses dépenses ayant été supérieures au montant des loyers
encaissés, il a enregistré un déficit foncier de 2 500€.
Le contribuable a payé les impôts suivants :
- Impôt sur le revenu de 2006 payé en 2007 : 2 000€
- Prélèvements sociaux (CSG, CRDS) opéré sur salaires en 2006 : 2 000€
Pour la résidence principale :
- Taxe d’habitation 2007 : 1 300€
- Taxe foncière 2007 : 1 500€
Pour la résidence secondaire
- Taxe d’habitation : 600€
- Taxe foncière : 750€
- Taxe foncière 2007 du logement donné en location : 2 000€
ISF 2007 (patrimoine imposable 2 100 000€) : 9 130€

Revenus à retenir pour le calcul du bouclier fiscal : Salaire net : 22 500€


Déficit foncier : - 2 500€
Total : 20 000€

Impôts à retenir pour la calcul du bouclier fiscal


Impôt sur le revenu 2006 payé en 2007 : 2 000€
Prélèvements sociaux : 2 000€
Taxe d’habitation 2007 sur résidence principale : 1 300€
Taxe foncière 2007 sur résidence principale : 1 500€
ISF 2007 : 9 130€
TOTAL : 15 930€

Le contribuable ne doit pas payer plus de 10 000€ d’impôt direct (50% de 20 000€). Or il a versé
15 930€. Il peut donc demander en 2008 la restitution de 15 930 – 10 000 = 5 930€

Chapitre 4 : La déclaration et le paiement de l’ISF

A. La déclaration annuelle
Le contribuable doit spontanément établir sa déclaration d’ISF avant le 15 juin. Le contribuable doit
joindre le règlement qui correspond à l’ISF qu’il a calculé. La déclaration d’ISF se compose d’un
imprimé principal et de 5 annexes. Chaque annexe lui permet de fournir le détail des différents
éléments de son patrimoine.

B. Le paiement de l’ISF
Il n’existe pas de principe d’acompte, l’ISF est réglé annuellement lors du dépôt de la déclaration.

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