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Frédérick Aubourg
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Trente ans après sa création la Maison Verte 1 reste, dans le paysage institu-
tionnel qui se préoccupe de la petite enfance, un dispositif subversif et toujours
pertinent. Pendant trente ans, la Maison Verte s’est transformée dans un souci
de cohérence interne au dispositif d’accueil et d’écoute des enfants et des
parents, ce qui a entraîné un certain nombre de remaniements d’ordre
pratique et théorique.
1. C’est du désir de quelques-uns que naquit, en 1979, la Maison Verte : Pierre Benoit,
Françoise Dolto, Colette Langignon, Marie-Hélène Malandrin, Marie-Noëlle Rebois,
Bernard This. Signalons la parution récente d’un ouvrage collectif : Une psychanalyste
dans la cité, L’aventure de la Maison Verte, Gallimard, 2009 (avec la participation de
F. Dolto, A. Grosser, M.H. Malandrin, C. Roy et C. Schauder).
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Lien social supporté par des paroles, celles qui circulent en ce lieu, celles qui
parlent de l’enfant bien avant sa naissance, celles que dit le corps et qui toutes
font que l’infans est pris dans le langage avant même qu’il ne parle. Lien social,
parce que ce qui fonde l’humanité, ce sont les interdits du cannibalisme, du
meurtre et de l’inceste, lesquels sont constamment interrogés par les enfants
dans notre pratique, à propos des difficultés récurrentes autour du sevrage, du
sommeil, de l’agressivité, etc.
C’est d’ailleurs à partir de ces trois interdits que Françoise Dolto articulait les
castrations symboligènes – orale, anale et phallique –, lesquelles fondent l’hu-
manisation et la socialisation du sujet en lui permettant de s’inscrire dans une
généalogie 2 ainsi que dans le social 3. Il s’agit, pour l’enfant, de « développer
cette aptitude psychique complexe au transfert sur la société, aptitude dont nous
avons besoin, pour le maintien et le progrès de notre culture »4, alors que pour
le parent c’est la confrontation au rôle de père, de mère, où « l’éduquer » est
impossiblement réactualisé.
Quant à la subjectivation, celle de l’enfant bien sûr, parce que c’est au travers
de ce que le langage véhicule consciemment ou inconsciemment que se construit
et se structure la psyché de l’enfant. Le privilège dont nous disposons est que
l’enfant que nous accueillons, à partir de la naissance jusqu’à l’âge de 3 ans, est
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dans ce temps de structuration psychique où rien n’est encore joué. Si pour l’en-
fant cette période est synonyme de naissance subjective, pour le parent c’est le
temps de la rémanence de son infantile marqué du sceau du refoulement.
Prénom et anonymat
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Lorsque l’enfant arrive et que nous écrivons son prénom au tableau, nous lui
signifions, comme à ceux qui l’accompagnent, que c’est lui qui est accueilli en
priorité. En revanche, nous tenons à préserver l’anonymat des adultes que nous
recevons, autorisant ainsi une grande liberté de parole et garantissant aussi que
rien de ce qui se dit ou se montre ne sera retransmis à quiconque, personne ou
institution. Cette règle de l’anonymat du patronyme, assortie du fait que l’on
peut venir sans rendez-vous et qu’il n’est pas nécessaire de formuler une quel-
conque demande, crée les conditions d’un lieu convivial et accueillant qui laisse
chacun libre de l’usage qu’il souhaite en faire (certains parents viennent se repo-
ser, d’autres font des rencontres et rompent la solitude dans laquelle ils s’enfer-
maient petit à petit avec leur enfant, d’autres encore viennent avec des
questions, leurs inquiétudes ou leurs peurs…). Conçue en totale rupture avec les
différents lieux qui accueillent des enfants, la Maison Verte se distingue des struc-
tures médico-pédagogiques classiques.
Plusieurs règles organisent le cadre dans lequel se déroule l’accueil. Ainsi, les
personnes accompagnant l’enfant ne peuvent en aucun cas s’absenter et laisser
l’enfant. La présence de l’adulte tutélaire permet à l’enfant de faire l’expérience
de la séparation : il peut s’agir parfois de quelques mètres, tout en étant une
garantie de la présence sécurisante d’une personne familière. Au moment du
départ, il est demandé une participation financière qui est laissée à l’appréciation
de chacun ; aussi symbolique soit-elle, elle signe la participation de l’adulte à
l’existence de ce lieu. Pour les enfants, deux règles impératives introduisent à la
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La ligne rouge
La ligne rouge délimite l’espace où les enfants peuvent circuler à tricycle. Elle
délimite des espaces qui permettent à chacun selon son âge de circuler ou de se
poser sans gêne pour les autres. Les modalités d’intégration de cette règle seront
l’occasion d’interroger la signification des limites et leur nécessité dans l’huma-
nisation. Les plus âgés des enfants se confrontent, avec cette interdiction de
passage de la ligne, à l’existence et au respect de l’altérité : pour vivre ensemble,
des règles sont nécessaires, qui assurent la protection des uns et des autres, qui
font limites à la toute-puissance.
Pour les plus jeunes, cette interdiction de passer la ligne avec l’engin à roues
introduit à la distinction du sujet et de l’objet : l’enfant découvre qu’il peut avoir
L A MAISON VERTE : UN DISPOSITIF À LA PORTÉE DE L’ENFANT 231
la maîtrise sur l’objet, il peut s’en désolidariser. L’engin ne marche pas tout seul :
les pieds qui le font avancer et les mains qui le dirigent sont à lui, il peut les
commander. Une fois acquise la différenciation entre soi et l’objet, la règle peut
se comprendre et permettre à l’enfant d’expérimenter la « joie […] de la trans-
gression possible ». Par ce jeu, de la transgression, écrivait F. Dolto, « le bébé
sonde aussi la vigilance que l’adulte porte à son désir, l’intérêt que l’adulte
accorde à sa personne distincte de ses actes. Son choix d’obéissance devient alors
une manifestation d’amour, dont il se sent heureux qu’elle soit prise pour telle ».
Avec ce jeu du « Passera, passera pas la ligne défendue, c’est toute l’humanisa-
tion de l’enfant qui s’élabore »6.
Le bac à eau
C’est au travers de ces quelques règles qui structurent le dispositif que l’on
peut appréhender la référence à la psychanalyse. L’équipe des accueillants est
composée de psychanalystes ou de « citoyens analysés », comme F. Dolto préfé-
rait dire, à l’écoute de ce qui cherche à se dire dans le renoncement à s’attribuer
un savoir pour faire place à ce qui survient dans le hic et nunc de l’accueil, en lais-
sant place à la surprise, au surgissement d’une association inédite, d’un mot qui
fait ouverture à l’inconscient. Notre rôle, disait-elle, « se borne modestement à
éveiller l’intuition maternelle et l’intuition paternelle, […] à poser concrètement
les faits tels qu’ils sont au lieu de laisser l’imaginaire produire de la mousse ; une
mousse vide mais qui, peu à peu, fait monter l’angoisse »7.
6. Ibid., p. 14-15.
7. Ibid., p. 19-20.
232 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 18 •
L’équipe
C’est une triste évidence, écrivait F. Dolto, de constater que nombreux sont ces
adultes incapables de donner une castration symboligène des stades archaïques,
parce que eux-mêmes regrettent ne plus être enfants ou regrettent que leur
enfant grandisse et éprouve des désirs d’autonomie à leur égard 8.
Les questions que posent les parents sont révélatrices de leur désarroi et de
leur difficulté à trouver une position qui leur semble légitime. Ce qui leur
importe de plus en plus, du fait d’un isolement social de plus en plus grand, c’est
de trouver un énoncé, quelque chose qui soit opératoire. Aussi se réfugient-ils
La vulgarisation des recherches sur la petite enfance produit des discours qui
s’imposent sous forme d’énoncés quasi scientifiques, qui ont la force de mots
d’ordre sans nuance et qui, bien souvent, virent au sectarisme. Les propos de
F. Dolto insistant sur la valeur de la parole de l’enfant, et sur sa capacité à
entendre, ont été déformés à outrance au point de penser que l’on pouvait
« tout dire aux enfants », alors qu’il n’était question pour elle de dire à l’enfant
que ce qui le concerne. De la même manière « la parole de l’enfant est parole
d’Évangile », sur ce point, l’affaire du procès d’Outreau a été révélatrice et
destructrice…
– En fait c’est difficile pour son père, il souhaite que son fils parle pour aller
en crèche.
Je lui suggère que c’est peut-être l’inverse qui peut se produire, mais elle reste
réticente à ma proposition. Après un temps, elle finit par me dire que son mari
acceptera le jour où son fils pourra prononcer le mot « zizi ».
– Ah bon ?
– Parce que vous comprenez avec tout ce qui se passe en ce moment, mon mari
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Au-delà des implications personnelles que recouvre cette situation pour ces
parents, nous nous trouvons devant une attente qui est tout à fait déplacée et
disproportionnée par rapport à l’enfant. Là encore, il est question de violence
qu’il s’agirait d’éviter à l’enfant par le simple fait de pouvoir en assurer la traça-
bilité. Un fois de plus, ce qui est en cause, c’est un enfant idéal, non pas celui des
parents qui n’a rien à voir avec ça, mais l’enfant idéal d’une société qui requiert
des enfants bien formatés aux exigences du moment, livrés avec toutes les options
que le catalogue offre actuellement. Savoir dire « zizi » pour entrer à la crèche par
exemple ! Qui fait écho à l’étrange « être propre » pour entrer à l’école.
Voici un autre exemple qui illustre cet aspect des choses ainsi que l’intérêt du
travail à trois, dans un tel dispositif.
François, un petit garçon de 3 ans et demi, était venu avec ses deux parents.
La maman enceinte affichait une grande inquiétude pour son fils, qui s’endor-
mait très tard le soir et qui ne voulait pas aller à l’école le matin. Il arrivait à
l’école vers 11 heures (il s’agissait d’une école privée) et s’en trouvait évidemment
marginalisé et s’ennuyait. Baissant la voix, elle dit qu’elle est mal à l’aise avec
quelque chose qui concerne ses origines à elle, quelque chose qu’elle ne sait pas
quand ni comment lui dire, car il s’agit de quelque chose de honteux et qu’elle
considère comme un « cadeau empoisonné ». François jouait à quelques mètres
de nous, dans mon dos. Au début, il avait tendu l’oreille, puis il s’était investi
dans les jeux. Mathilde, une autre accueillante, se joint à nous, la maman reprend
la parole pour exprimer cette difficulté à dire son origine honteuse. Mathilde la
rassure : « Vous n’êtes pas obligée d’en parler, vous le ferez quand vous vous
sentirez capable de lui dire. De toute façon, votre petit garçon n’est pas concerné
par cette histoire, la preuve en est qu’il n’est même pas venu vous voir, ni s’as-
seoir à côté de vous. » La mère est d’ailleurs très surprise de l’attitude de son fils,
car pendant toute la durée du voyage pour venir à la Maison Verte, elle ne cessait
de répéter « J’espère qu’il va parler ! », « j’espère qu’il va dire quelque chose ! »
De plus en plus convaincue que ce « secret » ne concernait pas son fils, cette
maman nous dit que, petite, elle a été adoptée et qu’après six années de
recherche, elle a découvert que son fils est pour un quart iranien, un quart alle-
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venu voir ses parents en leur parlant à voix basse, en écho au secret à respecter
et peut-être aussi pour ne pas déranger.
Pendant le temps que nous conversions avec les parents de François, Annie,
une autre accueillante, est venue le voir. Il essayait de mettre une petite voiture
entre les deux chiens-assis d’une maison, en disant « Elle peut pas parce que c’est
trop serré ! » Annie qui avait entendu que ce petit garçon n’arrivait pas à partir
à l’école lui dit qu’elle savait cela, et François de répondre « Je veux voir si le bébé
sort » et il enchaîne en disant à propos de sa sœur : « Nina, elle fait pipi par le
derrière », et Annie lui répond : « Tu crois que le pipi et les bébés, ça sort par le
derrière ? Je crois que tu te trompes, tu devrais demander à ta maman et à ton
papa ! »
10. F. Dolto, La cause des enfants, Paris, Laffont, 1985, p. 233, cité par G. Guillerault, Le
corps psychique, p. 57.
11. Document de travail inédit.
12. S. Ferenczi écrivait, le 30 juillet 1932 : « Je suis convaincu de la réversibilité de tous
les processus psychiques, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas purement héréditaire »,
Journal clinique, Paris, Payot, 1985, p. 249.
13. J. Lacan, « Fonction et champ de la parole et du langage », Écrits, Paris, Le Seuil,
1966, p. 265.
238 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 18 •
Prenons la situation suivante, une mère allaite son enfant et éprouve des
difficultés pour le sevrer. Jusqu’à ce que la mère adresse à un tiers quelque chose
sur cette question, tout se passe comme si elle formulait en présentant le sein à
son enfant : « Tu tètes mon sein parce que tu en as besoin », ce que l’enfant peut
se formuler à lui-même comme « Tu désires que je tète ton sein parce que cela te
fait plaisir ». Autrement dit, l’émetteur (la mère) reçoit du récepteur (l’enfant)
son propre message sous une forme inversée.
Ce qui serait escamoté dans ce cas et qui ferait défaut au discours conscient
serait le plaisir sexuel ou érotique que la mère retire du fait de donner le sein à
son enfant, collant ainsi son désir au besoin de l’enfant. Voilà ce que disait
F. Dolto sur le rôle des mères dans un entretien : « On impose une névrose expé-
rimentale à l’enfant en voulant qu’il soit maître de ses besoins comme si c’étaient
des désirs, alors que ce sont des besoins, mais ce besoin est dans le désir de la
mère. Et c’est ça quand tu parles de la mère qui n’a pas reçu la castration, c’est
que pour elle les besoins font partie de son désir, alors que les besoins d’un autre
ce n’est pas son affaire, ce n’est pas celle de l’éducation par la mère.15 »
C’est très souvent autour de ces repérages et distinctions entre besoin et désir,
entre les parents et l’enfant, que nous sommes sollicités en tant qu’accueillants à
la Maison Verte, en essayant de faire valoir que « le désir de communication
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Nous avons, en tant que lieux d’accueil et d’écoute de la petite enfance, une
grande responsabilité, car si notre rôle est important dans la prévention des
troubles chez les jeunes enfants, c’est au prix d’une certaine éthique dont les
jalons ont été posés en référence à la psychanalyse et donc à l’inconscient, c’est-
à-dire au singulier de la rencontre. Cette éthique devrait nous servir pour soute-
nir les parents à résister contre cette normalisation lancinante qui s’appuie sur le
refus, voire l’éradication de la petite enfance, comme si l’on pouvait en faire
l’économie, comme si prévention infantile rimait avec liquidation de l’enfance. Il
est très difficile de lutter sur ce plan, car dans notre pratique au quotidien, c’est
sur ce terrain que nous sommes sollicités par rapport aux enfants : comment faire
pour minimiser les séparations, les rendre indolores, comment accélérer les acqui-
sitions, la capacité d’autonomie, éviter les conflits ? Bref, comment avoir l’enfant
parfait et être en retour le parent modèle ? C’est pour cela que la référence à la
psychanalyse et à l’inconscient est si fondamentale, car pour le dire simplement,
c’est plus de questions que se nourrissent enfants et parents que de réponses
orthopédiques dont le monde est déjà saturé. Nous le constatons par exemple
dans cette mode actuelle qui consiste à parler de « nouvelle parentalité »,
laquelle serait la résultante de certaines avancées technologiques médicales
d’une part, d’un élargissement en matière de droit de la famille d’autre part, et
enfin d’une évolution des mœurs, au point que dans certains discours sociologi-
sants, ce phénomène témoignerait en quelque sorte d’une évolution de l’espèce
humaine en matière d’institution familiale, voire de sexualité.
Mais ce que nous constatons, maintenant comme il y a trente ans déjà, c’est
que la parentalité relève plus du champ de la sociologie que de celui de la
psychanalyse, et que la meilleure preuve que nous puissions en avoir est que les
enfants continuent, eux, à poser leurs questions en référence à la Loi (de l’inter-
dit de l’inceste) et non aux règles « qui légalisent les rapports et les échanges
entre les sujets d’une même communauté »17.
RÉSUMÉ
Créée en 1979, la Maison Verte est un dispositif original d’accueil des jeunes enfants et des
parents, dont la pertinence n’a jamais été démentie. Lien social et subjectivation du jeune
enfant sont les deux fils qui sous-tendent la rencontre lors des après-midi d’accueil. Psycha-
nalyse et socialisation sont les deux axes que nous tenons pour maintenir ouverte la ques-
17. J. Dor, Le Père et sa fonction en psychanalyse, Point Hors ligne, 1989, p. 20.
18. A. Aichhorn, « Préambule à la première édition (1925) par S. Freud, dans Jeunes en
souffrance, psychanalyse et éducation spécialisée, Paris, Éditions du Champ social, 2000,
p. 7-9.
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tion de l’inconscient et donc du sexuel infantile, tant du côté de l’enfant que de l’adulte.
En trente ans, la société et les modes de vie ont changé, mais force est de constater que les
enfants, eux, posent toujours les mêmes questions à partir de la sexualité infantile et en
référence à la loi de l’interdit de l’inceste.
MOTS-CLÉS
Maison Verte, prévention, lien social, subjectivation, sexuel infantile, psychanalyse.
SUMMARY
Founded in 1979, the “Maison Verte” (Green House) is an original welcome facility for
young children and parents whose relevance remains unchallenged. Social bond and
subjectification of the young child are the two vital leads behind the encounter that
happens every afternoon. Psychoanalysis and socialization are the two axes that we hold
on to in order to keep the question of the unconscious open and thus of infantile sexuality
for both sides, the child and the adult. In thirty years, society and lifestyles have changed,
but it is clear that children themselves pose the same questions from infantile sexuality with
reference to the incest prohibition law.
KEY-WORDS
« Maison Verte », prevention, social bond, subjectification, infantile sexuality, psychoanalysis.
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