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Méthodologie de la synthèse de document

Une synthèse de document est une production écrite qui rend compte de façon organisée
d’un dossier composé de documents divers (textes argumentatifs, extraits de fictions,
données chiffrées, images).
Le corpus pose une question le plus souvent implicite concernant le thème abordé. Votre
synthèse est construite en réponse à cette problématique.
Elle est objective (= ne restitue que les idées présentes, sans apport de matière
personnelle), concise (= vous cherchez à aller l’essentiel) et ordonnée (= vous organisez
les éléments trouvés dans les textes dans le cadre d’un raisonnement en plusieurs
étapes).

Phase I : approche globale du dossier et définition de la problématique

1) On commence par lire la consigne qui figure en haut du dossier. Celle-ci contient parfois
une problématique, c'est-à-dire une question précise à laquelle les documents apportent
chacun une sorte de réponse. Si tel est le cas, il faut analyser cette problématique (avant de
lire les documents), c’est-à-dire définir par écrit les termes principaux, reformuler deux
fois la question, y apporter par écrit les réponses qui nous viennent spontanément à l’esprit.

2) On lit ensuite une première fois chacun des textes, après observation attentive des
paratextes (dates, nom de l’ouvrage dont est extrait le texte, auteur…).

3) On définit par écrit, au brouillon, pour chacun d’eux : le genre du texte (fiction,


argumentation, explication, poésie, image, schéma…) ; la thèse si le document est
argumentatif ; les personnages, le cadre et l’action si le texte est fictionnel.

4) On regarde rapidement une dernière fois les documents. On cherche des sous-thèmes
(thèmes plus précis que le thème général) qui les relient (ces thèmes peuvent apparaître dans
deux ou trois des documents). De même, on essaye de repérer des oppositions ou des
contradictions (c’est-à-dire des concepts s’opposant deux à deux). On note ces sous-thèmes
et ces oppositions.

5) Si la problématique (= la question sous-entendue à laquelle ces documents semblent


répondre) n’est pas formulée dans le sujet, on définit une première fois par écrit la question à
laquelle ces textes semblent répondre.

Phase II : analyse détaillée des documents et prise de notes, sous forme tabulaire
(tableau de synthèse)

1) On trace sur une feuille A 4 un tableau comportant n + 1 colonnes pour n textes et une
ligne.

2) On détermine le document qui nous paraît le plus important, c’est-à-dire le plus riche en
idées, étant donnée la problématique : c’est le document dit « pivot », car tout va
« tourner » autour de lui. On inscrit son titre, sa date de rédaction, le nom de son auteur dans
la première ligne, première colonne.

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3) On étudie ce document morceau par morceau (étude linéaire), de façon à comprendre
précisément sa signification, grâce à un travail d’analyse précis (voir annexe I).
On résume alors le sens général du premier « morceau » observé, en notant une ou deux
idées, et le lien logique qui les unit dans la première colonne de notre tableau, sous le titre.
On trace un trait horizontal de façon à séparer cette idée, ou ces idées, de celles qui vont
suivre.
On recommence avec la même méthode jusqu’à avoir étudié intégralement le document pivot
selon la méthode de l’analyse linéaire.

4) On choisit ensuite un autre document, qui nous semble bien faire écho au document pivot.
On inscrit les références de ce deuxième document en haut de la deuxième colonne. On étudie
ce document selon la même méthode d’analyse linéaire (en procédant morceau par morceau).
Les idées ainsi dégagées vont servir à remplir la deuxième colonne. Mais, au lieu de noter
ces idées dans leur ordre d’apparition, on va les noter en fonction de leur ressemblance
avec les idées du document pivot notées dans la colonne 1. On les inscrit « en face » de
l’idée du document pivot à laquelle elles ressemblent ; ou alors, en face d’une idée qu’elles
inversent. Seules quelques idées que l’on n’a pu rapprocher de rien seront notées dans des
lignes supplémentaires, rajoutées en fin de tableau.

5) On recommence pour chaque document, en s’efforçant de trouver des liens entre les
éléments déjà notés et les idées que l’on découvre, de façon à limiter au maximum l’ajout de
nouvelles lignes et à remplir au maximum les cases déjà constituées.

6) Dans la dernière colonne, on fera la synthèse des idées notées lors des études de textes. On
considèrera successivement chacune des lignes du tableau synoptique et on résumera pour
chacune d’entre elles l’idée générale qui se dégage de l’ensemble (à quelle question ce que
j’ai noté semble répondre ? qu’est-ce qui fait l’unité de ces éléments ?).

Phase III : Élaboration du plan

1) L’analyse détaillée des documents a peut-être permis de faire évoluer la problématique de


départ : on la reformule par écrit, de deux façons différentes.

2) Il faut maintenant chercher un plan pour répondre de façon organisée, progressive et


dynamique à la question posée (problématique).

3) Ce plan comportera des « grandes » parties (2 ou 3) et à l’intérieur de chacune d’entre elle,


des « sous-parties » (2 ou 3).

4) Ce sont les documents qui nous « soufflent » le plan. En effet, on dispose pour organiser
ce dernier de plusieurs éléments issus de notre travail : l’analyse de la problématique, qui
peut nous donner directement des idées de grandes parties ; les sous-thèmes et oppositions
repérés en phase I, qui peuvent nous suggérer l’organisation des parties ou des sous-parties ;
surtout, la dernière colonne du tableau de synthèse, qui peut fournir à la fois des idées de
grandes parties (lignes bien pleines) et de sous-parties (lignes moins pleines).

5) On peut également adopter une démarche déductive, c'est-à-dire partir de grandes façons
d’organiser sa pensée, répertoriées par la tradition rhétorique, (voir annexe II), en
sélectionnant celle qui paraît la mieux adaptée à la situation.

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Phase IV : Rédaction de la synthèse sous forme de plan semi-rédigé

Au partiel de S3, nous vous demandons un plan semi-rédigé : titres de parties, de sous parties.
Pour chacune des sous-parties, on présente globalement, de façon générale, l’idée qu’on pense
développer. Ensuite, on explique comment cette idée s’exprime dans les différents documents.
Ce retour aux textes s’effectue soit par reformulation des idées (phrases de votre crû), soit
par citations brèves. Il faut veiller à ne pas faire de listes et à associer les exemples deux à
deux.

Annexe I : comment analyser un texte ?

Analyser, c’est décortiquer, passer du composé au simple, pour comprendre de façon détaillée le sens
d’un texte. C’est dégager les significations à partir de l’observation attentive des phrases et des mots.

On travaille pour cela à partir d’unités qui correspondent en principe aux paragraphes.

On observe, pour chacune de ces unités, les champs lexicaux : les mots utilisés par l’auteur peuvent-
ils se regrouper en quelques familles dominantes ? Si oui, chacune de ces familles va vous conduire à
une signification, à une idée importante du paragraphe.

On s’efforce de repérer, parmi ce paragraphe, des phrases à portée générale, qui nous semblent plus
abstraites, plus denses : elles condensent les significations, et doivent donc être regardées de près.
Elles se trouvent souvent en début ou en fin de paragraphe.

On observe les mots de liaisons, qui rendent parfois apparents des moments où la pensée s’infléchit,
prend un nouveau tour.

On repère les indices d’énonciation : celui qui parle s’implique-t-il en tant que personne ? Dit-il
« je » ? manifeste-t-il ses émotions ? Émet-il des jugements ?

On regarde éventuellement les figures de styles, ou des tours de langage particulièrement frappant.
Pourquoi l’auteur a-t-il fait le choix de s’exprimer ainsi ? Quel est l’effet de ces façons de s’exprimer ?

A partir de ces différentes observations, on peut émettre une hypothèse sur le sens général du passage
que l’on a analysé. On est capable de résumer la signification du morceau observé en quelques mots,
et de formuler le lien qui l’unit au paragraphe qui suit et à celui qui précède.

Annexe II : Les différents types de plan

Faire un plan, c’est trouver un ordre logique selon lequel disposer nos idées afin qu’elles constituent
un véritable raisonnement, qui propose un cheminement intellectuel clair et cohérent.

Les plans de type dialectique confrontent des idées qui s’opposent (plan pour/contre) et tentent
éventuellement de résoudre leur contradiction en montrant qu’on peut la dépasser (plan
thèse/antithèse/synthèse).

Les plans thématiques abordent la question posée à partir de thèmes ou de motifs bien distincts les
uns des autres.

Les plans par aspect regardent successivement la question posée à travers différentes « lunettes » qui
nous sont fournies par les sciences humaines ou sciences « dures » : par exemple, pour réfléchir à la
question de l’eau, on peut fonctionner en distinguant les aspects techniques ; les aspects symboliques ;

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les aspects géopolitiques ; les aspects biologiques… Une synthèse peut être construite en dissociant
ces différents aspects, autour d’une thématique commune.

Le plan problème/cause/solution explique une difficulté, remonte à ses causes et évoque les
possibilités de résoudre cette difficulté ; on peut également organiser son développement en trois
temps : problème/cause/conséquence.

Ces types de plans peuvent éventuellement interférer les uns avec les autres : par exemple, un plan
thématique du point de vue des grandes parties peut recourir dans ses sous-parties à une
démarche dialectique.

Annexe III : Le plan de synthèse : quelques règles à respecter

1. Les grandes parties sont au nombre de 2, 3 ou 4, avec une préférence pour 3.


2. Les grandes parties forment chacune une étape particulière d’un petit raisonnement. Il peut
donc être utile que chacune constitue une proposition dans une phrase bien articulée.
« L’eau, est un bien nécessaire à la vie (I) … mais pourtant menacé (II) … de sorte que sa
préservation doit être une préoccupation essentielle pour les années à venir (III) »
3. Les grandes parties sont nettement différenciées les unes des autres (pas
d’interférences)
4. Les grandes parties sont placées de façon à aller du plus simple au plus complexe,
du plus concret au plus abstrait, des considérations secondaires aux
considérations essentielles.
5. Les grandes parties mentionnent chacune tous les documents au moins une fois
6. Toutes les idées importantes des documents en rapport avec la problématique sont
présentes dans le plan.
7. Les parties reflètent l’importance respective de ces idées dans les documents.
8. Les sous-parties évoquent chacune plusieurs documents (en principe, la majorité des
documents).

Annexe IV : exemple de paragraphe semi-rédigé

a) [TITRE] : Le lieu, « partie prenante » de la rencontre


[PHRASE SIMPLE EXPLIQUANT L’IDEE GENERALE]
*Idée générale : Les circonstances spatio-temporelles (espaces, moments, objets contigus)
donnent consistance à nos actes, à nos désirs qui n’existent qu’incarnés dans certains lieux.
La rencontre amoureuse n’est par conséquent pas dissociable de l’espace et du moment qui l’a
vu naître, grandir et mourir. 
[PRESENTATION DES ELEMENTS EN RAPPORT AVEC CETTE IDEE TROUVES
DANS LES DOCUMENTS]
*Retour aux textes : « Il n’y a pas de relation intersubjective abstraite de son contexte, qui
n’est pas seulement un contexte, mais une partie prenante de la relation » (doc 2)  / Dans le
doc 5, l’objet du désir, la femme, se confond avec le territoire dont elle ne se distingue
qu’avec difficulté / Dans les doc 1, 3, et 4, l’histoire d’amour est liée à la ville.

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