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Produits
On sait que les produits sont souvent achetés et consommés pour leur valeur symbolique.
Publicité
D’une part, la photo est un message sans code, continu (dénotation pure) car c'est la
reproduction quasi-exacte du réel (contrairement à la peinture, au cinéma…qui, de
par leur style, comportent d'autres messages).
Mais d'autre part, en tant que photo publicitaire ou journalistique…, elle a été
sélectionnée, travaillée selon des normes esthétiques ou idéologiques. Elle est par
ailleurs vue, regardée, reliée par les lecteurs à un ensemble de signes culturels, et
c'est dans cette optique que la photo a été choisie. Or, l'existence de signes implique
forcément l'existence d'un code. Donc, une photo est composée d'un message sans
code, et d'un autre message codé.
Le paradoxe tient du fait que le second message se développe à partir d'un premier, sans
code. C'est le second message qui véhiculent un sens, le premier ne comportant pas
d'unités signifiantes. Tout comme pour le message publicitaire, une question éthique se
glisse dans cette approche: la photo se veut totalement naturelle, réelle, objective, or elle
introduit implicitement et "pernicieusement" un message.
La signification d'une photo est, selon Barthes, complètement historique: elle dépend des
circonstances culturelles, des connaissances du lecteur…
La photo "subit" ainsi des "interprétations" qui induisent 3 connotations d'origines différentes:
Le dessin, lui, ne comporte pas de message non codé: il ne peut être la transposition exacte
de la réalité et demande de la technique (Prenons comme exemple la perspective). De plus,
faire un dessin demande de faire des choix entre l'insignifiant et le signifiant: le dessinateur
ne peut pas tout reproduire. Enfin, il existe des styles de reproduction.
Ainsi, le lien entre le message dénoté et le message connoté est profondément différent:
l'objectif, le naturel, ne cohabitent plus avec le culturel de la connotation, mais ce sont deux
messages culturels ou historiques qui sont associés. Il en ressort que le dessin ne se justifie
pas et n'est pas légitimé comme le serait la photo. Il n'en a pas " l'objectivité perçue ", on
n'y associe pas la vérité qu'on attribuait à une photo. Spontanément, le lecteur sait qu'il a
affaire à des symboles, alors que la photo innocente la connotation qu'elle renferme.
On comprend ici que dessin, photographie, ou visualisation directe d'un objet n'ont pas
le même contenu sémiotique: ils n'impliquent pas les mêmes connotations, ne véhiculent
pas le même sens.
La publicité
R. Barthes est sûrement celui qui a le plus éclairé les praticiens du marketing sur la façon
d'aborder la publicité par la sémiotique.
Il affirme que "Toute publicité est un message." L'émetteur est l'entreprise, les récepteurs
sont les clients ou consommateurs, le canal de transmission est le support de la publicité.
Il décompose le message publicitaire en 3 éléments :
Le message linguistique
On constate que toute phrase publicitaire contient deux messages dont l'imbrication va
constituer le langage publicitaire. Le premier message est celui qui correspond à la syntaxe
pure de la phrase: mot-à-mot, sans interprétation des métaphores, le message est
intelligible: c'est le message de dénotation. Le signifiant est ici la substance phonique ou
graphique des mots. Le signifié sera le sens littéral des mots.
Le deuxième message est global: il magnifie le produit vendu. C'est dans le signifié du
message qu'on voit le fond du message, dès que celui-ci est perçu, le but de la publicité
est atteint. Le signifiant sera ici, le style, la rhétorique.
Mais le signifiant du second message est, en fait, formé par le 1er message dans son entier.(
car le style est incorporé à la phrase littérale, par exemple dans le cas d'une publicité rimée.)
Le second message connote le premier.
Cette connotation est très liée à la communication de masse: journal, cinéma, télévision,
radio, packaging, ne nous renvoient de façon quasi certaine que des messages connotés.
Se pose ici également le problème éthique: le second message n'est pas caché sous le
premier, c'est plutôt le signifiant du premier qu'il faut justifier, tant la connotation nous paraît
évidente.
Et les publicitaires diront sûrement que le premier message sert à développer les
arguments, à persuader. Barthes dit que cette dénotation a un rôle plus subtil: "naturaliser
le second message, lui ôter sa finalité intéressée, la gratuité de son affirmation". D'une
banale invitation (Achetez…), on rend naturel le fait d'utiliser la marque, et on l'associe à de
grands thèmes humains, à l'onirique.
Donc, plus la publicité sera "multiple" (subtile), mieux elle connote le message.
Enfin, le message linguistique joue un rôle précis dans l'image publicitaire, et ainsi dans le
pack également: il possède une fonction d'ancrage. En effet, que ce soit au niveau dénoté
ou connoté de l'image, les mots vont permettre au lecteur de limiter sa perception des
signes, de le guider vers le sens de cette image. En effet, lorsque ce dernier ne reconnaît
pas une image, il engage un traitement dirigé par les concepts: le texte présent va l'aider à
confirmer son hypothèse.
Barthes souligne que l'image publicitaire est franche, dans le sens où la signification qu'elle
est censée véhiculer est voulue par des publicitaires et qu'elle est rendue la plus évidente
possible, de manière à être comprise par tous.
En analysant une publicité Panzani, Barthes en extrait des signes visuels discontinus, c'est
à dire codés:
le style de l'image,