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novembre 2018
LE JOURNAL
DU CONTRACT
MANAGEMENT
03 Éditos
04 Actualités
05 Dossier : la médiation
en plein essor
« Le journal du CM » • Rédacteur en chef : Rolland Terrin, Responsable Comité Editorial ADUCMA, contract manager Onet Technologies •
Groupe de travail : Coralie Bouscasse, Présidente AFCM, Directrice juridique Safran - Antoine Papegaey, Président ADUCMA, Commercial
Manager Thales - Peter Rosher, Avocat, Partner, Reed Smith - Louis Cointreau, Directeur régional France et pays francophones, Systech
International - Vincent Leclerc, Consultant Senior Project & Contract Management Horisis Conseil - Frédéric Berjot, Directeur Général, Driver
Trett France - Jean-Charles Savornin, Projects Advisor, Projectence • Édition et mise en page : La Machine à Écrire - www.lmae.fr
2
“
ÉDITO
De fait, la Médiation reste souvent la dernière opportunité de négociation entre les Parties, avant
d’engager un contentieux. Or, la négociation est au cœur du métier de Contract Manager :
facilitateur de la relation contractuelle, en amont comme en phase de réalisation, il doit aussi
anticiper les nécessaires négociations de fin d’affaire. Mais dans un environnement (encore)
humain, où les lunes de miel cèdent parfois la place à une rancœur tenace, de telles négociations
peuvent rapidement se transformer en guerres de tranchées, et conduire inexorablement au
contentieux, à savoir le recours à un tiers.
Aussi, sans tomber dans l’angélisme conduisant à penser que tous les conflits peuvent être réglés
en Médiation, il n’en reste pas moins que ses nombreux avantages en font un recours naturel en
cas de détérioration des relations contractuelles.
Frédéric Berjot
Directeur de DRIVER TRETT France
Médiateur CMAP, membre du comité éditorial du Journal du Contract Management
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ACTUALITÉS
LES TROPHÉES
DU CONTRACT MANAGEMENT
LA CÉRÉMONIE DES TROPHÉES DU CONTRACT MANAGEMENT MET À L’HONNEUR ET RÉCOMPENSE
L’EXCELLENCE DES PROFESSIONNELS, LES PLUS PERFORMANTS DU CONTRACT MANAGEMENT.
Les Trophées du Contract Management, à l’initiative et sous la coordi- Les lauréats 2018 sont:
nation de l’École Européenne de Contract Management (e²cm) et du • Rolland Terrin – Contract Manager de l’année
cabinet e²cm Consulting, ont ainsi eu lieu le 7 juin 2018 à Paris de- • Alstom Transport – Innovation en Contract Management
vant un parterre de plus de cent personnes. Cet évènement a été l’oc- • Engie IT – Approche collaborative en Contract Management
casion de mettre en avant celles et ceux qui participent activement à • Naval Group – Département de Contrat Management de l’année
l’évolution du métier et à sa promotion en proposant des approches no-
vatrices pour sécuriser, faciliter et optimiser le pilotage des contrats et la Dossier de presse téléchargeable sur le site dédié :
pérennisation des relations commerciales. https://www.tropheesducontractmanagement.com/
Vous êtes Contract Manager et vous avez des questions sur votre métier, recherchez des conseils ou une
écoute pour prendre du recul sur votre parcours ou votre pratique ?
Vous avez cumulé depuis plusieurs années de l’expérience voire développé une expertise dans un des
domaines de pratique du contract management et vous souhaitez partager votre expérience ou votre
vision du métier avec une personne en recherche d’échange ?
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mentor / mentoré.
Vous souhaitez devenir mentor ou mentoré ? N’hésitez pas à candidater ou poser vos questions à mentoring@afcm-asso.fr
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LA MÉDIATION :
UN MODE ALTERNATIF
DE RÉSOLUTION DES
CONFLITS EN PLEIN ESSOR
INTRODUCTION PAR JEAN-CHARLES SAVORNIN
La médiation se développe fortement depuis plusieurs Les organismes offrant des formations plus courtes sont
années en tant que mode alternatif de résolution de bien souvent également des centres de médiations au-
conflits. près desquels les médiateurs peuvent se faire référen-
Définie comme de la négociation assistée par un tiers cer. C’est par exemple le cas du Centre de Médiation
– le médiateur – elle reprend les codes d’une négo- et d’Arbitrage de Paris (www.cmap.fr), émanation de
ciation. Le médiateur intervient alors pour modérer, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris qui
faciliter, renouer le dialogue entre les parties. délivre un certificat conjointement avec l’ESCP-Europe,
Une formation à la négociation ne suffit pas au média- ainsi que de l’Institut d’Expertise, d’Arbitrage et de
teur pour se positionner comme tel, et les formations Médiation (www.ieam.eu), anciennement Compagnie
spécifiques se multiplient. des Arbitres-Rapporteurs et des Experts du Tribunal
de Commerce de Paris.
Lors de ces formations, les participants apprennent la Le médiateur peut également exercer son activité en
posture à adopter en fonction des différentes étapes du indépendant.
cycle de la médiation. Certaines formations aboutissent
à des certificats ou à des diplômes, même si aucun
critère n’existe pour exercer l’activité de médiateur.
Nombre de formations ont ainsi été créées pour ac-
compagner le développement de la médiation, sous
tous types de formats : de quelques jours à plusieurs
semaines, certifiantes, diplômantes, ou non.
6
DOSSIER
“
place qu’elle mérite et c’est une
Typologie de conflit question à laquelle le CMAP veille
strictement en étant vigilant sur la
sélection de son panel de média- Les entreprises
Liquidation de patrimoine,
Cession d'entreprise, Autres teurs. Mais la meilleure manière
indivision, copropriété
garantie d'actif-passif, 6% 3% d’apprécier la médiation, c’est tout ont comme
fusions-acquisitions simplement de l’essayer !
5% Il n’y a aucun risque pour l’entre- objectif de
Conflits entre prise : si la médiation ne permet
associés
6%
pas d’aboutir à une solution négo-
ciée, les parties pourront agir en
gagner des
Exécution
justice pour faire valoir leurs droits.
PI, marques,
des contrats
commerciaux, Si la médiation aboutit, et les
parts de
brevets, inexécution, contratcs managers le savent
droits rupture mieux que personne, c’est un suc- marché, pas
d'auteur abusive, cès pour l’entreprise. Elle résout
12% concurrence son différend à un coût maitri- des procès
48% sé, dans des délais rapides, en
valorisant la dimension relation- judiciaires.
”
Conflits sociaux individuels ou nelle avec ses partenaires com-
collectifs, harcèlement, licenciement merciaux.
20% Les perspectives de développe-
ment de la médiation me pa-
raissent donc prometteuses.
Les entreprises ont comme objectif
Quelles sont les Pour la France, les indicateurs sont de gagner des parts de marché,
bonnes pratiques dans plutôt positifs du côté de la chan- pas des procès judiciaires et je
la rédaction d’une clause cellerie qui poursuit la promotion fais confiance à l’intelligence des
contractuelle visant à des modes amiables. décideurs qui vont intégrer la mé-
faire appel au CMAP ? Cela fait plus de 20 ans que le diation comme un atout compéti-
La devise concernant les clauses CMAP travaille en France et à l’in- tif dans la stratégie du contentieux Propos recueillis
est « Less is more ». Plus la clause ternational, à la sensibilisation des de l’entreprise. par Rolland Terrin
est simple, moins elle sera sujette à acteurs de la médiation. Les avo-
discussion. L’objectif de la média- cats et magistrats, qui en sont les
tion est de faire gagner du temps prescripteurs, sont désormais da-
aux parties pour la résolution de vantage formés et connaissent de Coût de la médiation
leur conflit. Une clause trop longue mieux en mieux le processus.
risque de susciter des questions sur Mais de nombreuses entreprises,
sa mise en œuvre et peut même qui en sont pourtant les premières
> 10 000 €
devenir un sujet de contentieux bénéficiaires, n’appréhendent 11%
pour que le juge statue sur son in- pas encore les avantages nom- 6 000 à
terprétation, soit un effet inverse au breux de la médiation (gain de 10 000 €
but initialement recherché ! temps, coût réduit, solution maîtri- 6%
Le CMAP propose des modèles sée, confidentialité, pérennisation
< 3 000 €
de clause avec un renvoi à l’appli- des relations et possibilité de faire
35%
cation de son règlement.(2) homologuer l’accord transaction-
nel lui conférant force exécutoire).
Selon vous, la L’information des entreprises doit
médiation a-t-elle de donc se poursuivre sous toutes les
l’avenir en France et à formes possibles (conférences, ar-
l’international ? ticles de presse, campagnes de
Le changement de culture de l’af- communication via les fédérations
frontement vers le compromis est- professionnelles et les média dé- 3 000 à
il enfin en marche ? diées aux entreprises). 6 000 € €
47%
Si les pays anglo saxons ont L’insertion des clauses de média-
adopté la médiation depuis long- tion est aussi bien sûr un vecteur
temps comme un outil efficace de très efficace.
résolution des conflits, la question La qualité des tiers, enfin, est pri-
se pose dans la plupart des autres mordiale pour rassurer les utilisa- (1) Loi du 8 février 1995
pays, en Europe ou ailleurs. teurs et donner à la médiation la (2) pour consulter les clauses www.cmap.fr
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DOSSIER
8
DOSSIER
amiable avec le ou les défen- un juge-conciliateur, juge spé- La transaction est un contrat par
deurs. A défaut, et sous certaines cialement formé à cette mission, lequel « les parties terminent une
conditions, son assignation est ou vers un conciliateur de justice contestation ». Ce contrat a l’au-
nulle ! C’est à dire que le deman- (liste de conciliateurs agréés par torité de la chose jugée.
deur ne perd pas ses droits à agir les cours d’appel) qui les rece-
mais perd toute l’action conduite vra hors procédure et maintien- Enfin l’arbitrage est une forme de
jusqu’à ce stade. dra leurs échanges confidentiels. justice privée payante, qui résulte
L’accord ainsi formé pourra à la d’un accord entre les parties sur
La sanction est lourde, car cela demande des parties être homo- le mode de résolution des diffé-
signifie un délai supplémentaire logué par le tribunal et ainsi avoir rends. Ce mode est développé
dans le traitement de son diffé- l’autorité de la chose jugée. Les ailleurs dans la revue CM.
rend. avantages de la conciliation sont Depuis que j’exerce en tant que
Jacques-Olivier Simonneau Et nous touchons là le point cen- multiples : hormis les délais courts juge au tribunal de commerce,
Juge consulaire, Tribunal de tral de toutes les solutions de rap- mentionnés ci-dessus, une solution j’ai vu des cas où la résolution
Commerce de Paris prochement amiable : un meilleur co-construite qui autorise plus faci- amiable aurait été préférable
délai. Même dans des tribunaux lement la reprise de relations com- à l’issue contentieuse. En effet,
réputés rapides, l’étape de mise merciales entre les parties en li- le tribunal doit juger en droit et
en état du litige, i.e. le temps uti- tige, un contentieux incident sur pas en équité : i.e. les stipula-
Après de nombreuses années lisé par les avocats pour s’échan- l’exécution de l’accord quasi nul, tions du contrat ont force de loi
d’activité dans la construction ger leurs conclusions, est en etc. entre les parties, donc lorsque le
d’usines de par le monde et après moyenne d’une année. Alors que contrat n’est pas clair ou pas as-
avoir été confronté à beaucoup le temps de la décision propre- La médiation judicaire est sez précis, la décision repose sur
de discussions contractuelles, j’ai ment dite, audience pour recevoir elle-aussi une parenthèse dans le le contrat et son application.
choisi de devenir juge au tribu- les parties et prononcé du juge- procès, destinée à aider les par- Ainsi, je vois parfois des contrats
nal de commerce. Fonction pas- ment, est d’environ 6 semaines. ties à trouver une solution, hors de rédigés (trop) vite ou à l’écono-
sionnante, dont je pourrais vous Le rapprochement amiable vient la présence du juge qui ne sera mie : je ne peux m’empêcher
parler longuement, peut-être une significativement réduire la pre- pas informé de la teneur de leurs de mentionner ce cas récent où
autre fois s’il y a des volontaires mière étape. négociations. La mission du mé- l’acheteur avait choisi de prendre
parmi vous ? Au fait, quels sont les modes de diateur est rémunérée, limitée à comme conseil celui du vendeur,
Car aujourd’hui je veux traiter ici traitement amiable dans les tribu- 3 mois, renouvelable une fois. Le pour limiter ses frais…. assuré-
les modes de règlement amiable naux de commerce ? fait de devoir acquitter des hono- ment une mauvaise idée !
des litiges, que je limiterai aux li- • la conciliation, raires est sans doute un premier
tiges entre entreprises en France, • la médiation, test de la volonté des parties de A mon avis, le mode de résolu-
c’est à dire ceux traités par les • l’amiable composition, se rapprocher pour régler amia- tion amiable est préférable dans
tribunaux de commerce. Le lé- • la transaction, blement leur litige. Mais ce coût ces cas-là, car la volonté ou l’in-
gislateur a prévu et encourage • l’arbitrage. est probablement encore répul- tention des parties contractantes
ce mode de règlement amiable. sif pour nombre de prétendants, sera davantage prise en compte.
Mais le démarrage est lent en La conciliation peut être deman- à l’aune du nombre de média- Les freins à ces modes amiables
France et moindre qu’ailleurs en dée par les parties quel que soit tions engagées (en 2017 à Pa- sont de plusieurs ordres, sans qu’il
Europe : seuls 2% des litiges en le stade d’avancement de la ris, 3 médiations engagées pour soit possible de les classer par im-
France, à comparer à 30% en procédure. C’est un moyen pra- près de 500 conciliations). L’ac- portance. Je citerai : la réticence
moyenne européenne ont recours tique, simple et gratuit de tenter cord ainsi obtenu peut lui aussi des conseils des parties à une so-
à un mode amiable de résolution un rapprochement entre les par- être soumis au tribunal pour ho- lution rapide, le manque d’inté-
des différends. ties. Soit la conciliation est opé- mologation. rêt des dirigeants de l’entreprise
Élément de formalisme intéressant rée par le juge qui a été saisi du pour une solution négociée ou
: pour qu’une assignation au tri- litige, dans ce cas il aboutit à un Dans le cas de l’amiable compo- l’absence d’implication physique
bunal soit considérée, elle doit accord cosigné par les parties sition, les parties demandent au des parties (un règlement amiable
obligatoirement mentionner et ayant valeur de titre exécutoire. juge de statuer en droit et en équi- suppose la présence active des
prouver, le cas échéant, que le Ou bien le juge chargé du litige té, en « amiable compositeur » : parties). Ce qui à l’heure de la
demandeur (celui qui assigne) a constate la volonté des parties de c’est un rôle similaire à celui d’un digitalisation forcenée devient une
d’abord tenté un rapprochement se rapprocher et les oriente vers arbitre. gageure !
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DOSSIER
LA MÉDIATION
un contexte de totale confidentia- alors d’aider les parties à trouver
lité. « Mon indépendance et ma la solution qui mettra un terme au
neutralité en tant que médiateur litige. Cette solution fera enfin
D’ENTREPRISE
d’entreprise ne peuvent être re- l’objet d’un protocole signé par
mises en cause dans la mesure les parties, lequel, tout comme
où je suis notifié à Bruxelles en tout le reste de la médiation, est
tant que médiateur de la consom- assorti d’une clause de confiden-
mation », insiste Alain Brière. tialité.
Le Médiateur du Groupe EDF Le processus de médiation est
LA « VIGIE » D’EDF est en effet auditionné par la d’une durée variable (entre un
SOUFFLERA BIENTÔT SES Commission d’Evaluation et de et douze mois), en fonction de
20 BOUGIES Contrôle de la médiation de la la complexité du dossier et du
La Médiation du Groupe EDF a consommation, laquelle est parti- nombre d’acteurs dans le litige.
été créée en fin d’année 1998, culièrement sensible aux garanties
dans le cadre de l’ouverture du d’indépendance. D’ailleurs, Alain UN TAUX DE RÉUSSITE
marché de l’énergie, période où Brière nous a reçus pour cette in- DE 90% !
se sont créées d’autres médiations terview dans ses locaux de l’Ave- Pour Alain Brière, la réussite de
dans les entreprises et services pu- nue Percier, dans le 8ème, « vo- la médiation tient avant tout à
blics (La Poste, SNCF, RATP, …). lontairement séparés du Siège du la propre volonté des parties
Initialement, l’objectif était de pro- Groupe ». Par suite, cette indé- d’aboutir à une solution amiable.
poser un dernier recours amiable pendance bénéficie aux autres Mais elle dépend aussi de l’humi-
Alain Brière, Médiateur du aux clients, dans la perspective requérants, qui ne relèvent pas lité du médiateur, gardien du pro-
Groupe EDF d’une meilleure satisfaction et du champ de la médiation de la cessus, tout autant que de sa ca-
la volonté de mieux écouter les consommation. pacité à imposer les règles de la
consommateurs. médiation, à « tenir les rênes ».
Aujourd’hui, l’activité de celui qui COMMENT, Mais celui qui affiche un taux de
se définit volontiers comme la « Vi- EN PRATIQUE ? succès de 90% de ses média-
gie du Paquebot » porte à près Le Médiateur EDF est saisi soit tions avec les sous-traitants et four-
de 90% sur la médiation de la par le requérant lui-même (ou son nisseurs (soldées par un accord
“
consommation. Les médiations représentant), soit via le Média- amiable), reste prudent ; « tant
avec des fournisseurs et sous-trai- teur des Entreprises. Dans ce der- que le protocole n’est pas signé
tants représentent quant à elles nier cas, une co-médiation est ré- et que les parties ne se sont pas
Les qualités 10 à 12 dossiers par an.
Le Médiateur EDF remplit deux
alisée.
Le recours à la médiation est in-
tapées dans la main, rien n’est
joué ». Il est donc crucial de s’as-
missions principales : il traite à tégré aux conditions générales surer que tout a été dit pendant
premières du l’amiable les différends dont il de vente et d’achat d’EDF et de les réunions, et que tous les su-
est saisi, et émet des alertes et ses filiales. Les conditions de sai- jets, rancœurs ou non-dit, ont été
médiateur sont propose des recommandations sine du médiateur y sont explici- évacués.
d’amélioration concernant les dys- tées. La Médiation reste toutefois Pour les litiges entre EDF et ses
l’écoute, la fonctionnements récurrents qu’il un ultime recours amiable. Pour prestataires et sous-traitants, les
constate à travers le traitement que la saisine soit jugée rece- requérants sont majoritairement
hauteur de vue, des dossiers qui lui sont confiés. vable, le litige doit donc impéra- des PME rencontrant des difficul-
Selon ses mots Alain Brière est tivement avoir fait l’objet, au pré- tés dans la réalisation des mar-
la bienveillance, ainsi un « impertinent pertinent qui
nomme les choses et interpelle les
alable, d’une réclamation écrite,
et d’une instruction à un « premier
chés, confrontées à des évolutions
du cahier des charges ou dans le
dirigeants de l’Entreprise ». niveau », puis, le cas échéant, cadre des appels d’offres. « Ces
l’humilité, le par une instance d’appel (2ème entreprises comptent sur ma
UNE APPROCHE niveau, en général au niveau na- connaissance de l’entreprise et
pragmatisme CLASSIQUE DES tional). du système pour faire bouger les
MÉDIATIONS La saisine peut se faire par voie choses », avance Alain Brière, qui
et parfois, la D’ENTREPRISES électronique, sur le site du mé- reconnait que sa connaissance
La seule différence avec une mé- diateur (mediateur.edf.fr), ou par du Groupe EDF est un plus pour
capacité à être diation conventionnelle, et elle courrier postal. faire avancer les parties.
n’est pas anodine, est sa gratui- La médiation se déroule ensuite
légèrement té pour le requérant. en présence des parties, selon REGARDS
Pour le reste, le médiateur d’en- le processus de la médiation VERS L’AVENIR
provocateur. treprise reste un tiers neutre et in- conventionnelle. Une (ou plu- Pour le Médiateur du groupe EDF,
”
dépendant, dont le rôle est de sieurs) réunions plénières sont or- la médiation reste encore trop
mettre en œuvre un processus de ganisées et conduites sous l’auto- peu connue, et son effet vertueux
résolution amiable du litige, dans rité du Médiateur. Le principe est sur la pérennisation des relations
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DOSSIER
commerciales est insuffisamment reconnu et considéré comme tel. conviendra de veiller à ce que Propos recueillis par
reconnu. Pourtant, il en est sûr, la Bien souvent, quand j’accueille un son niveau de qualité ne se dété- Diane Tremblay,
médiation va prendre une place requérant, j’entends : Enfin je suis riore pas. Il sera aussi nécessaire Chargée de
de plus en plus importante dans reçu ! ». de renouveler la pédagogie au- Mission Contract
les relations commerciales, « Un Pour autant, Alain Brière veut res- tour de la médiation : ce qu’elle Management EDF
requérant qui me saisit veut avant ter prudent : la médiation tend est, ce qu’elle n’est pas, car trop & Frédéric Berjot
tout être écouté » nous confie-t-il, de nos jours à devenir un « bu- d’acteurs ignorent encore ses prin- Directeur Driver
« il souhaite que son différend soit siness » en tant que tel, et il cipes… comme ses avantages. Trett France
FORMATION DU CMAP :
L'ART DE RENOUER LE DIALOGUE
Pourquoi avoir choisi ce sont eux qui m’ont incitée à cherche de solution et ce, par-
la formation CMAP ? m’inscrire. fois au-delà du cadre du litige.
Je travaille dans le domaine de Les statistiques m’ont interpe- J’ai notamment souvenir d’un
la réclamation depuis 2011 et lée : 71 % des médiations dé- exemple où la médiation était
assiste des clients dont les projets bouchent sur un accord après en devenue un terrain propice à
rencontrent des difficultés impor- moyenne 15 heures d’échanges. une nouvelle négociation com-
tantes et qu’ils peinent à résoudre Ça me semblait alors relever de merciale pour un contrat qui
de façon amiable. la magie ! n’avait aucun lien avec le litige
Il m'arrive donc régulièrement ayant conduit les parties à recou-
de travailler sur des dossiers en Qu’est-ce que cette rir à la médiation.
phase précontentieuse ou conten- formation vous a
tieuse, en particulier en cas de appris ? Conseillerez-vous
Marine Maffre Maucour, recours à l’arbitrage. La première chose que j’ai rete- cette formation ?
Consultante sénior Driver nue est l’importance accordée à La formation du CMAP s’ap-
Trett ayant suivi en 2017 la J’ai parfois eu le sentiment que l’écoute. Les médiés ont besoin puie avant tout sur une méthode
formation à la Médiation du certains litiges auraient pu être de se sentir entendus par le mé- éprouvée où chaque étape est
CMAP résolus plus rapidement, que des diateur comme par l’autre par- cruciale. Elle s’appuie en outre
opportunités avaient été man- tie. J’ai compris qu’il y a en effet largement sur des exercices et
quées et que les parties elles- un temps pour purger le conflit des mises en situations. J’ai parti-
mêmes se sentaient parfois dé- au travers de la prise de parole culièrement apprécié de pouvoir
“
passées par des procédures dont avant d’espérer passer à la re- bénéficier de l’expérience de
elles ne maitrisent ni le calendrier cherche de solutions. Le nœud plusieurs intervenants eux-mêmes
ni les arcanes. d’un différend réside souvent médiateurs dont les parcours et
en une suite de circonstances et formations très variés permettent
La formation du Je connaissais l’existence de mo- d’interprétations malheureuses, d’acquérir une vision d’ensemble
des alternatifs de résolution des la médiation permet alors de re- de la pratique de la médiation,
CMAP s'appuie conflits (MARC) et ai eu envie nouer une forme de dialogue. n’entamant en rien la cohérence
de me renseigner. C’est alors d’ensemble.
largement sur que j’ai découvert la médiation J’ai également retenu que la so-
inter-entreprises. J’ai été séduite lution revient toujours aux parties Pour finir je soulignerai que les
des exercices par son caractère confidentiel
– comme pour l’arbitrage - et
elles-mêmes. Elles connaissent
leurs moteurs, leurs limites et leur
acquis de la formation s’étendent
au-delà de la médiation et me
par le fait qu’en revanche un re- marge de manœuvre. Néan- sont utiles chaque jour dans la
et des mises cours soit encore possible en cas moins tout l’art du médiateur ré- pratique de ma profession.
d’échec. side dans sa capacité à poser
en situation. Plusieurs de mes collègues les bonnes questions au bon mo-
”
s’étaient formés à la médiation ment mais aussi à offrir une prise Propos recueillis
notamment auprès du CMAP, de recul nécessaire à cette re- par Rolland Terrin
11
ÉVÉNEMENTS
12
ÉVÉNEMENTS
Le colloque ADUCMA du 29 juin lement ? Comment montrez-vous ments classique sur son interlo-
dernier avait organisé une table du respect à votre interlocuteur ? cuteur : parcours professionnel,
ronde sur les enjeux culturels de Qu’attendez-vous de l’autre pour rôle dans l’entreprise, niveau d’in-
la négociation internationale. lui faire confiance ? Quelle est fluence, pouvoir décisionnel, in-
Sarah Madjedi, élève du DU votre approche de la gestion du tentions et potentiels intérêts ca-
de Contract Management d’As- temps ? Comment prenez-vous chés, pressions éventuelles (temps
sas, animatrice de cette première vos décisions ? Selon les situa- et finances), tactiques de négo-
table ronde m’avait invitée pour tions adoptez-vous un comporte- ciations utilisées dans le passé…
apporter mon éclairage de spé- ment « typiquement » français ou Comme souligné dans la table
cialiste interculturel sur les enjeux non ? ronde il est utile de connaître le
et précautions à prendre quand Comment découvrir son profil niveau de connaissances cultu-
on est amené à négocier avec culturel ? Une première possibili- relles de son interlocuteur et sa
Béatrice Rivas-Siedel est des interlocuteurs étrangers. té consiste à répondre à un ques- capacité d’adaptation dans un
Consultant Coach en Les nombreux témoignages d’ex- tionnaire en ligne pour découvrir autre culture d’affaires.
Management Interculturel. périences terrain d’Anne Carbon- les grandes lignes de son pro-
Elle a dirigé des équipes nier, Isis Piponnier et Peter Rosher fil culturel. Il existe actuellement OBSERVER, ÉCOUTER
multiculturelles dans la sur les cultures chinoise, indienne, une quarantaine d’outils de pro- Nous communiquons toujours,
Finance au sein de grands italienne, grecque et britannique fil culturel sur le web. Une option même sans rien dire. Les mots
groupes français, allemands étaient riches d’enseignements et plus approfondie est de suivre ne représentent que 7% du mes-
et américains pendant ont permis aux participants de une formation avec un expert sage. Le non verbal représente
plus de 15 ans. Ancienne mesurer la subtilité de la com- interculturel pour identifier ses donc 93% avec 38% pour le ton
expatriée en Europe et munication entre deux cultures, propres spécificités en matière de la voix et 55% pour le lan-
en Asie, elle conseille, d’identifier les malentendus pos- de culture professionnelle et obte- gage du corps.
forme et accompagne sibles et de prendre conscience nir des réponses personnalisées. Les anecdotes de la table ronde
sur des thématiques des conséquences des potentiels Quelles que soient les ap- ont bien illustré les différences
liées au management à faux pas sur le processus de né- proches, elles utilisent un cer- dans la signification du compor-
distance, la négociation gociation. tain nombre de dimensions cultu- tement non verbal et des risques
et la communication en Quelles attitudes adopter pour relles (relation au temps, type de associés en cas malentendu. Un
environnement interculturel. réussir ses négociations avec des communication…) qui permettent exemple de différence culturelle
Co-fondatrice de l’Afterwork interlocuteurs étrangers ? de positionner les cultures entre non verbale est la proxémie ou
Interculturel à Paris elle elles. Ces dimensions sont le ré- distance physique entre deux per-
organise et anime des PRENDRE CONSCIENCE sultat d’études menées par des
conférences interculturelles DE SON PROPRE PROFIL
“
anthropologues, sociologues et
bimestrielles auprès des CULTUREL psychologues. (Geert Hofstede,
professionnels RH, managers « Connais-toi toi-même. » Se- E T Hall …).
et dirigeants internationaux. lon Socrate se connaître est
prendre conscience de soi et SE RENSEIGNER SUR Il existe une
par conséquence de son igno- L’AUTRE CULTURE
rance. Avant d’aborder une né- Une fois son profil culturel éta- quarantaine
gociation avec un interlocuteur bli, il est conseillé de se mesu-
étranger il est nécessaire de bien rer par rapport à l’autre culture d’outils de
connaître son profil de négocia- en jeu dans la négociation. Sur
teur mais aussi sa propre culture
des affaires. Quelle est votre vé-
chacune des dimensions cultu-
relles l’écart est-il important ou
profil culturel
rité ? Votre vision du monde ? pas ? Quels sont les points de
Qu’est-ce que vous considérez tension possibles ? Comment les sur le web.
”
comme approprié ou inappro- gérer ? Cette analyse culturelle
prié socialement ? Professionnel- complète la prise de renseigne-
13
ÉVÉNEMENTS
sonnes dans une interaction. Ce décodons et décryptons les situa- de décision dans une situation d’incompréhension.
concept majeur a été dévelop- tions à travers notre propre filtre de stress comme le sont souvent
pé par Edward T Hall, anthro- culturel. Respecter l’autre culture les négociations à fort enjeu. De « There is no substitute
pologue américain. Hall a re- implique de sortir d’une vision plus, les stéréotypes sont parta- for the hard work of
marqué que les distances varient ethnocentrique où l’on consi- gés. Une anecdote citée à la preparation »
selon les cultures. Ainsi dans les dère inconsciemment que sa table ronde a permis d’illustrer Winston Churchill
pays latins, les distances entre les propre culture est plus complexe un stéréotype bien connu sur les
corps sont relativement réduites. que l’autre pour adopter une ap- français : arrogants, donneurs de Dans un contexte mono culturel,
A l’inverse dans les pays nor- proche où la vérité devient plus leçons et toujours en grève. la préparation d’une négociation
diques ou au Japon, les contacts relative (vision ethno relative). Comment dépasser les stéréo- est essentielle. Dans une situation
physiques sont plus rares et les types ? On ne peut changer les multiculturelle le contexte est en-
distances plus importantes. DÉPASSER LES personnes mais le regard que core bien plus complexe en rai-
STÉRÉOTYPES nous portons sur elles. Une piste son des potentielles divergences
RESPECTER L’AUTRE Nous avons tous des stéréotypes consiste à utiliser les techniques en matière de communication. Il
CULTURE et il est conseillé de ne pas les de gestion du stress pour faciliter est donc impératif de préparer sa
Selon Heidegger, philosophe al- sous-estimer. En effet, les études la prise de recul et percevoir la si- négociation encore plus.
lemand, ce qui est le plus diffi- ont démontré que le cerveau hu- tuation sous un autre angle. L’ob-
cile à percevoir c’est la paire de main privilégie les informations jectif est d’éviter les jugements PRÉPARER, PRÉPARER,
lunettes que nous portons. Nous simples et rapides pour la prise hâtifs porteurs de malentendus et PRÉPARER.
14
ÉVÉNEMENTS
“
éditeurs de solutions de Contract sa complexité n’apportent pas ciés au progrès de l’automatisa-
Management et utilisateurs. encore tous les bénéfices que tion et de l’intelligence artificielle,
l’on peut attendre d’outils mo- un avenir intéressant à la transi-
Un nombre BILAN DE CES dernes (collaboration, portabili- tion digitale du Contract Mana-
ÉVALUATIONS té, flexibilité, automatisation des gement.
croissant Même s’il est encourageant de tâches, RETEX / apprentissage, Le métier a tout à gagner dans
constater qu’un nombre d’édi- intelligence artificielle, interactivi- cette évolution puisqu’elle permet-
d’éditeurs teurs toujours plus grand, petits
ou gros, se lancent dans la re-
té avec les SI et moyens de com-
munication existants, protection
tra au Contract Managers d’allé-
ger et d’automatiser des tâches
cherche de solutions dédiées stricte des échanges et de don- administratives et de gestion ré-
recherchent au Contract Management, une nées qui sont souvent de nature pétitives et à faible valeur ajoutée
vaste majorité des outils exis- très sensibles, …) pour se concentrer sur des tâches
des solutions. tants sont en fait de simples plus nobles comme l’analyse des
”
« Contrathèques », des Bases de PERSPECTIVES risques et opportunités, le conseil,
Données Relationnelles, des ou- Si les solutions à base de fichiers la médiation, la négociation, la
tils orientés Juridique ou Achats, Excel, d’outils maison, de progi- relation client/fournisseur, la re-
ou l’adaptation d’ERP existants. ciels (trop) spécialisés et d’ERPs cherche de performance et de
La gestion du Cycle Contractuel semblent, chacun, avoir démon- solutions, la stratégie, la gouver-
dans son ensemble (CLM) est, de tré leur intérêt mais aussi leurs li- nance, etc.
fait, rarement traitée. mites, de nouveaux concepts et Quels que soient les progrès réa-
Par ailleurs, si leur réalisation est nouvelles technologies tels que lisés, et à venir, il ne faut pas ou-
en général soignée, les quelques le Block Chain ou le BPMS (so- blier que l’Humain passe avant
progiciels qui tentent d’aborder lutions souples orientées Process) le Process, et le Process avant l’
le Contract Management dans semblent pouvoir proposer, asso- Outil.
Dalila Lefki est Consultante L’occasion m’a été donnée de tions entre le CM et le PM, la sy-
sénior chez Horisis Conseil. participer à ce colloque, et nergie de ces deux derniers au
Environ 15 ans d’expérience d’intervenir sur une des tables service de la performance et en-
dans la gestion des relations rondes sur le « jeu de rôle stra- fin le niveau de sollicitation du
commerciales et/ou tégique entre le Contract Ma- CM par le PM.
contractuelles dans différents nager et le Project Manager au
secteurs. Contract Manager sein d’un projet ». J’ai pu ainsi il-
depuis 2007, dans le secteur lustrer ce thème à travers de nom- OÙ COMMENCE ET
oil & Gas, sur des Projets breuses expériences, des vécus, OÙ S’ARRÊTE LA
complexes de type EPC et des feed backs sur mon rôle MISSION DU CONTRACT
(projets Onshore, Offshore de contract manager dans diffé- MANAGER PAR
ou Subsea) en France ou à rentes organisations. RAPPORT À CELLE DU
l’International, elle a contribué Karine Clolus (Milton Roy Eu- PROJECT MANAGER ?
à l’implémentation et le déploiement d’un référentiel de Contract rope), animatrice de cette table Avant de préciser le rôle du
Management pour le compte d’un client d’Horisis Conseil afin ronde a sollicité nos témoi- CM dans son environnement et
de permettre le développement du Contract Management depuis gnages plus particulièrement sur la limite de sa mission, il faut
métier vers une profession à part entière. 3 principaux sujets : les interac- d’abord clarifier son position-
15
ÉVÉNEMENTS
“
nement au sein de son organi- le démarrage du projet ou l'éla- tant que toutes ses autres quali-
sation. Concrètement afin que le boration de la stratégie contrac- tés/compétences puisque c’est
CM soit en position d’exercer sa tuelle et du contrat. ce qui lui permettra de toujours
mission de contrôle de la confor- En phase d’offre, le rôle du CM maintenir une communication Des acteurs
mité aux attendus contractuels, il ne se limite pas à l’anticipa- saine avec toutes les parties pre-
est nécessaire de préciser les ca- tion de la gestion des risques et nantes du projet (interne et ex- complémen-
ractéristiques intrinsèques de sa des opportunités, il s’agit aussi terne).
fonction au sein d’une équipe
projet ou même au sein de son
d’identifier les étapes importantes
voire obligatoires du projet (vali-
Le CM n’est pas seulement le ré-
férent principal du contrat mais il
taires à bien
organisation : responsabilités, dation, milestones, changements, est aussi le Pilote/leader de la
périmètre, moyens, autorités, clôture…) afin de clarifier les pro- gestion des changements, de la distinguer
mandats, etc. - cela se traduit cess et de mettre en place en communication, des opportunités
inévitablement par une matrice amont les procédures adaptées. et de la gestion des risques, ou au sein de
de responsabilité (RACI). Lorsque Le PM peut d’ailleurs être associé à minima un intervenant clé pour
cette dernière est mise en place, à cet exercice. Dès cette phase, ce dernier point. Il est l’interlocu- l’équipe.
”
le PM doit jouer un rôle très im le CM peut déjà commencer à teur clé du PM et lui apporte un
portant au niveau de la sensi- réunir les acteurs projet et les sen- appui au quotidien. Le CM est
bilisation de l’équipe projet sur sibiliser à la revue du contrat ; non seulement en interface avec
ce que couvre la mission de pour se faire il peut compter sur les acteurs du projet (internes ou
Contract Management. le support et l’appui du PM. externes) mais aussi avec les dif-
Plusieurs modèles de RACI ont En phase de négociation, le CM férents services de son organisa-
été présentés par Laurent GAUL- interagit le plus souvent avec le tion (assurance, juridique…), sa
TIER (Alstom) mettant en évidence commercial et les juristes, il leur valeur ajoutée, ici, vis-à-vis du
le rôle et les responsabilités du apporte son analyse sur cer- PM réside dans son expertise en
CM chez Alstom dans les diffé- taines clauses du contrat qu’il matière des épreuves relation-
rentes phases du cycle du vie du juge nécessaire de rejeter, ou de nelles avec autrui.
contrat. reformuler afin que le contrat soit
le plus adéquat avec le niveau dans un premier temps un « sett-
d’exposition aux risques que le UNE SYNERGIE lement agreement », qui n’était
LES INTERACTIONS projet peut prendre. Le CM ac- AU SERVICE DE LA en réalité qu’une synthèse des ré-
ENTRE LE CONTRACT compagne le PM et/ou le com- PERFORMANCE clamations en suspens, et dans
MANAGER ET LE mercial dans le processus de né- Si je dois citer un REX pour il- un deuxième temps un « Contract
PROJECT MANAGER gociation et peut proposer des lustrer la synergie entre le PM amendment » afin de clarifier les
Bien que la valeur ajoutée du outils pour le pilotage de ce pro- et CM et l’importance de mo- zones d’ombre du contrat et y
CM est moins visible en phase cessus. Durant cette phase, tou- biliser ce dernier le plus tôt sur insérer une procédure claire et
de pré-award, le CM peut tou- jours vigilant au besoin d'an- le projet (au démarrage du pro- nette. Le travail collaboratif du
tefois en faire profiter son orga- ticiper, le CM se projette déjà jet), ce sera sans doute la ges- binôme CM et PM avait bien
nisation et notamment le PM dès dans les futures phases du cycle tion d’une situation de blocage, porté ses fruits, l’un proposait la
contractuel et commence à an- presque conflictuelle, avec le stratégie de négociation avec un
ticiper les actions à mener : la client sur un projet à l’interna- plan de sortie et l’autre pilotait
validation, le contract review, tional. Le sujet était le « change le processus de négociation. Ce
les registres de suivi, le planning management", la communica- fut un double succès : la réso-
des réunions internes hebdoma- tion était complètement rompue lution du « litige » et la réussite
daires… sur le sujet, aucune réponse sur à rétablirle relationnel avec une
“
C’est en phase d’exécution que les « REQUESTS » même 1 an communication saine.
le CM sera le plus sollicité, avec après leurs émissions alors que En conclusion, si je dois résu-
une valeur ajoutée plus visible. Il les variations ou les travaux sup- mer la relation entre le PM et le
pourra contribuer directement ou plémentaires avaient bien été ré- CM, je dirais que ce sont des
Le savoir être indirectement à l’optimisation fi- alisés. Le contrat était flou sur la acteurs complémentaires qu’il
nancière voire l’amélioration de procédure des « changes » avec est vivement conseillé de distin-
du CM est aussi la performance. Un de mes rôles une clause abusive qui n’a mal- guer au sein de l’équipe. On
durant cette phase (coté fournis- heureusement pas été identifiée peut imaginer le deuxième dans
important que seur) était d’explorer sans relâche comme un potentiel risque par l’ombre du premier ou tout sim-
les opportunités et les actionner les acteurs du projet en phase plement en tant que bras droit.
ses autres pour améliorer la performance
tout en préservant bien entendu
pré-award. Il fallait donc ima-
giner une stratégie pour rame-
Dans certaines situations le CM
peut aussi jouer un rôle que le
la qualité de la relation et l’es- ner l’autre partie à la table des PM ne peut jouer au quotidien, à
compétences. prit de collaboration avec l’autre négociations et rétablir de nou- savoir le rappel des obligations
”
partie. Dans cette phase le sa- veau la communication. La so- que l’équipe interne a endossé
voir être du CM est aussi impor- lution trouvée était de proposer au titre du contrat.
16
ÉVÉNEMENTS
“
and has occupied various manager and should act as the works (ie what if something goes
positions including: Site bridge between the Project Team wrong at the customer’s site du-
Engineer, Commercial and the legal department. The ring the warranty works?) It the-
Engineer, Product Manager CM must have a certain amount refore may be necessary for the CM must be
and Contracts Manager for of independence to challenge the customer to issue purchase or-
the Installed Base Division
within Framatome France.
PM in order to act, from time to
time, as a ‘gatekeeper’ protec-
der to carry out the site warranty
works. The customer may not un-
involved at the
In addition, Michael has ting the company’s interests. He derstand why he needs to issue
also accumulated a wide therefore must not be punished for a purchase order (PO) under a project kick-off
international experience contract issues (mostly risk expo- warranty claim, therefore the
having worked on services sure) raised internally for final Up- Supplier should assure the Cus- meeting.
”
projects and contracts for per Management decisions. tomer that it is standard practice
Nuclear Power Plants in For commercial issues, the CM for Quality Assurance and/or
Canada, USA, Korea,
France, South Africa,
Slovenia, Sweden and the
UK. He is presently working
as a Contracts Manager
for Framatome and recently
graduated from “Diplôme
Universitaire en Contract
Management” at Assas
University.
17
LE COIN DES EXPERTS
L
e contract mangement a émergé comme une toire conduisant notamment à la mise en place d’un
fonction de l’entreprise, notamment dans le contract management plan (CMP), une phase de
monde anglo-saxon. Bien qu’il se décline sous mise de mise en œuvre à compter de la signature
de nombreuses formes, il est généralement présenté du contrat (contract administration) et une phase de
comme une fonction stratégique ayant pour finalité, clôture à l’issue du contrat, visant notamment à éva-
notamment, de contrôler la bonne exécution de ses luer la performance globale, archiver les pièces tech-
contrats, de sécuriser (ou améliorer) ses marges, de niques et juridiques et tirer les enseignements pour
limiter son exposition aux risques juridiques (litiges) les futurs projets.
et de piloter sa relation client.
Est-ce à dire pour autant que le co-contractant de La phase préparatoire peut se décliner en plusieurs
l’entreprise, le maître d’ouvrage, et notamment le volets :
maître d’ouvrage public, n’aurait pas lui aussi à « • L’analyse de risque conduisant (i) à choisir une al-
Didier Guynet, manager » le contrat ? Bien que la réponse puisse location globale des risques et la forme de contrat
Responsable de la Passation paraître évidente, il semble que rares sont les maîtres qui en sera le reflet et (ii) à identifier les risques « por-
de Marché, Banque d’ouvrage publics ayant intégré cette approche, que tés » par la maîtrise d’ouvrage et le plan de suivi et
Asiatique de Développement ce soit dans les pays développés ou dans les pays de contrôle de ces risques (risk management plan) ;
en voie de développement. • La mise au point d’une stratégie de contract ma-
nagement comprenant (i) le calibrage des ressources
Dans les pays en voie de développement, les bail- nécessaires, c’est-à-dire in fine le choix de l’équipe
leurs de fonds internationaux tentent de promouvoir qui sera chargée de gérer le contrat, et (ii) la défi-
un changement dans les pratiques de leurs emprun- nition des indicateurs de suivi (key performance in-
teurs. Ainsi, certains bailleurs de fonds internationaux dicators) qui serviront d’instruments de mesure de la
appellent désormais leurs emprunteurs à intégrer le performance et de base de discussion avec l’entre-
contract management dans leur dispositif pour per- prise ou le fournisseur au cours de la vie du contrat ;
mettre la pleine réussite des projets. C’est une po- • La mise au point du CMP qui est le document syn-
sition innovante dans la mesure où l’approche tra- thétisant les informations de bases (liste de contacts,
ditionnelle de gestion de projet met l’accent sur les description des mécanismes contractuels clés, spéci-
activités amont de la passation de marché (allotisse- fications techniques) et les outils de gestion du contrat
ment, pré-qualification des entreprises, préparation (risk management plan, plannings, tableaux de suivi
“
des appels d’offres, évaluation des offres, sélection des paiements, …).
des entreprises), le « management » des contrats,
après la signature des marchés, se limitant pour l’es- La phase de mise en œuvre (contract administration)
Certains sentiel à réaliser les paiements aux entreprises, ré-
pondre à leurs réclamations, solder les marchés et,
est classiquement axée sur le contrôle de l’exécution
par l’entreprise ou le fournisseur, le paiement des fac-
le cas échéant, gérer les litiges. Il s’agit donc de tures, la gestion des travaux supplémentaires (varia-
bailleurs de rééquilibrer l’effort de gestion de projet sur la phase tion orders), des réclamations et la gestion documen-
aval en développement le management des contrats taire des échanges contractuels.
fonds appellent de façon plus dynamique. La phase de clôture vise d’une part à réceptionner les
travaux ou les biens livrés, à établir les décomptes fi-
désormais leurs Du point de vue du maître d’ouvrage, il n’y a pas naux, à libérer les cautions bancaires et d’autre part
lieu de réinventer le contract management, mais de à faire le bilan du contrat en termes de coût, de plan-
emprunteurs l’adapter selon sa perspective propre. Il est ainsi défi- ning de réalisation et à tirer les éventuelles leçons
ni comme l’ensemble des activités permettant de veil- pour les projets à venir.
à intégrer le ler à ce l’entreprise ou le fournisseur (de biens ou de
services) remplisse dûment ses obligations contrac- Il est donc à souhaiter que la fonction de contract
CM dans leur tuelles et livre les ouvrages, les biens et les services
selon les spécifications, les délais et le prix convenus.
management se développe aussi dans le monde de
la maîtrise d’ouvrage. Une meilleure perception des
Le dispositif du contract management tel qu’il peut enjeux contractuels et un plus grand investissement
dispositif. être commandé à un maître d’ouvrage peut se décli- dans le suivi de l’exécution du contrat, par chacun
”
ner en trois phases somme toute assez classiques : des deux co-contractants, devrait amener une grande
avant la signature du contrat, une phase prépara- efficacité et une réduction des litiges.
18
LE COIN DES EXPERTS
L
’ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 Enfin, le Code Civil introduits des notions tels que
portant réforme du droit des contrats et du ré- l’imprévision ou alors les ajouts relatifs au droit de la
gime général de la preuve des obligations a concurrence et droit de la consommation (IV).
été publiée au Journal Officiel le 11 février 2016.
Jeudi 1er février 2018, le Sénat a adopté en deu-
xième lecture le projet de loi ratifiant l'ordonnance I. LA FORMATION DU CONTRAT : LA
n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme SUPPRESSION DES NOTIONS TELS
du droit des contrats, du régime général et de la QUE CONVENTION, CAUSE, OBJET,
preuve des obligations. Ce projet de loi vise à rati- OBLIGATION DE FAIRE ET DE DONNER
fier l’ordonnance prise sur le fondement de l'article ET INTRODUCTION DU CONCEPT
8 de la loi n° 2015-177 relative à la modernisation DE COMMON LAW « D’OFFER AND
et à la simplification du droit et des procédures dans ACCEPTANCE »
Maricuta Mihali, les domaines de la justice et des affaires intérieures.
Contract Manager La réforme a pour objet de rendre plus lisible et plus A. LA SUPPRESSION DE LA CAUSE
Master II Droit des Affaires accessible le droit des contrats, du régime des obli- ET DE L’OBJET DU CONTRAT
& MBA – Université de gations et de la preuve, afin que le code civil puisse
Paris II - Assas de nouveau refléter l'état réel du droit positif, qui L’article 1101 du Code Civil, depuis 1804 jusqu’à
a évolué depuis 1804 sous l'œuvre de la jurispru- l’ordonnance du 10 février 2016 définit le contrat
dence et de la doctrine, et ne correspond donc plus comme « une convention par laquelle une ou plu-
pour une large part aux règles écrites. La présenta- sieurs personnes s'obligent, envers une ou plusieurs
tion et la rédaction des dispositions du code civil autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque
relatives aux contrats, au régime général des obli- chose ». L’ordonnance définit le contrat comme « un
gations et à la preuve sont également simplifiées et accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes
clarifiées pour une meilleure compréhension par le destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre
plus grand nombre, notamment par un effort de défi- des obligations ». La suppression de la notion de
nition et de simplification du vocabulaire utilisé. convention est suivie par la disparition de la notion
Cette ordonnance vise également à renforcer l'at- de cause.
tractivité du droit français, en ce qu'elle s'inspire des
projets européens d'harmonisation du droit et permet L’article 1108 du Code civil (conditions essentielles
de rapprocher la législation française d'autres droits pour la validité des conventions) est modifié par l’ar-
nationaux, par exemple en supprimant formellement ticle 2 de l’ordonnance, dans les dispositions de
la notion de cause ou du terme convention (I), dont l’article 1127, remplaçant la cause (et l’objet, par
les fonctions sont désormais assurées par des dispo- la même occasion) par « un contenu licite et cer-
sitions expressément énoncées. Elle cherche enfin à tain ». Ce même article 1127 altère l’article 1131
accroître l'efficacité économique de notre droit civil, du Code civil qui disposait que « l’obligation sans
en consacrant et en organisant certains mécanismes cause, ou sur une fausse cause, ou sur une cause il-
juridiques issus de la pratique, comme les négocia- licite, ne peut avoir aucun effet ».
tions précontractuelles, les contrats préparatoires, et
en introduisant des solutions innovantes, telles que les La notion d’objet est également remplacée par le
actions interrogatoires qui permettent à une partie de concept de contenu (article 1102 du Code Ci-
mettre fin à une situation d'incertitude quant à la vali- vil) : « Chacun est libre de contracter ou de ne pas
dité juridique d'un contrat déjà conclu ou en voie de contracter, de choisir son cocontractant et de déter-
conclusion ou les avant-contrats (II) comme la cession miner le contenu et la forme du contrat dans les li-
de contrat ou la cession de dette, en simplifiant cer- mites fixées par la loi », pourvu que le contrat ne dé-
tains instruments juridiques devenus inutilement lourds, roge aux règles qui intéressent l'ordre public ni par
comme en matière de cession de créance ou d'offres ses stipulations ni par son but, que ce dernier ait été
réelles, ou la possibilité en cas d'inexécution de son connu ou non par toutes les parties.
cocontractant se solliciter une réduction du prix (III). Le remplacement de la cause et l’objet du contrat par
19
LE COIN DES EXPERTS
« un contenu licite et certain » sera à l’origine d’in- tamment l’article 1125 et suivants du Code Civil re-
certitudes interprétatives qui toucheront les contrats latifs à la conclusion du contrat par voie électronique
conclus en droit français. L’apport de cette réforme permettent de regrouper des textes qui étaient avant
est discutable pour les praticiens. En effet, bien loin épars, d’une part et L’évolution du droit de la preuve
de simplifier le droit existant, cette réforme inutile sera des obligations pour tenir compte de l’écrit électro-
source d’insécurité juridique, rendant la jurisprudence nique, d’autre part.
antérieure inapplicable, que devront traiter juristes et
contract managers. L’ordonnance a introduit dans le code civil par la
suite l’apport prétorien relatif aux négociations pré-
B. LA SUPPRESSION DE LA contractuelle, les avant-contrats, les plus fréquents
DISTINCTION ENTRE L’OBLIGATION sont le pacte de préférence et la promesse unilaté-
DE DONNER ET DE FAIRE, ET rale. Le Code Civil était totalement muet sur la ques-
L’INTRODUCTION DU CONCEPT DE tion des négociations précontractuelles.
COMMON LAW D’OFFRE
ET D’ACCEPTATION
II. LES NÉGOCIATIONS
L’article 1101 du Code civil définit le contrat comme ET LES AVANT-CONTRATS
« une convention par laquelle une ou plusieurs per-
sonnes s'obligent, envers une ou plusieurs autres, à A. LES NÉGOCIATIONS
donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose ». La
réforme supprime la distinction faite entre l’obligation L’initiative, le déroulement et la rupture des négocia-
de donner, de faire ou de ne pas faire, en définissant tions précontractuelles sont libres, mais doivent im-
le contrat comme « un accord de volontés entre deux pérativement satisfaire aux exigences de la bonne
ou plusieurs personnes destiné à créer des effets de foi (article 1112 du Code Civil). Les solutions juris-
droit ». Pourtant, c’est de cette distinction initiale que prudentielles établies : principe de la liberté contrac-
la doctrine dégagea deux sous-distinctions qui sont : tuelle, principe de bonne fois devant gouverner les
• l’obligation de moyens et de résultats, c’est la négociations précontractuelles et rappel de son ca-
question de l’intensité de l’obligation ; ractère d’ordre public ; sanction de la faute com-
• l’obligation pécuniaire et l’obligation en nature mise dans l’initiative, le déroulement ou la rupture
(professeur Cardonnier). des négociations par l’engagement de la responsa-
bilité de son auteur, responsabilité de nature extra-
En présence d’une obligation de donner, l’exécu- contractuelle, sauf aménagement conventionnel de
tion forcée en nature est possible, alors qu’une obli- cette phase de négociation et de rupture.
gation de faire ou de ne pas faire se résout seule-
ment en dommages et intérêts. Qu’adviendra-t-il des Dans un souci de sécurité juridique, la perte de
conséquences de cette distinction fondamentales au- chance de réaliser des gains attendus du contrat est
jourd’hui abolie ? Là encore, juristes et contract ma- exclu du préjudice réparable, conformément à la ju-
nagers devront traiter ces incertitudes juridiques. risprudence de la Cour de Cassation.
Le devoir d’information précontractuelle fait son ap-
Il convient également de noter l’ajout des conditions parition à l’article 1112-1, lequel a vocation à sanc-
de la rencontre d’une offre et d’une acceptation mo- tionner la rétention d’une information dont l’impor-
difiant ainsi l’article 1113 : « la formation du contrat tance est déterminante pour le consentement de
“
requiert la rencontre d’une offre et d’une accepta- l’autre contractant.
tion, manifestant la volonté de s’engager de cha-
cune des parties. Cette volonté peut résulter d’une Le pacte de préférence et la promesse unilatérale
déclaration ou d’un comportement de son auteur ». font également leur apparition dans le Code Civil
Cette nouvelle définition est à rapprocher de la théo- Faire en sorte
rie de « l’offer and acceptance » du droit anglais des B. LE PACTE DE PRÉFÉRENCE (ART.
contrats, la jurisprudence en moins. Voilà encore de 1123 CODE CIVIL) ET LA PROMESSE que le code
nouvelles questions dont hériteront juristes et contract UNILATÉRALE (ART. 1124 CODE CIVIL)
managers. civil reflète à
Le nouvel article 1123 du Code civil définit le pacte
L’article 1120 est modifié à droit presque constant
pour affirmer que le silence ne vaut pas acceptation
de préférence comme « (…) le contrat par lequel une
partie s'engage à proposer prioritairement à son bé-
nouveau l'état
à moins qu’il n’en résulte autrement de la loi, des néficiaire de traiter avec lui pour le cas où elle déci-
usages, des relations d’affaires ou de circonstances derait de contracter. (…) ». réel du droit
particulières, ce qui laisse tout de même place à de
nombreuses possibilités d’interprétation qui occupe- Il définit également les sanctions de sa violation : les positif.
”
ront là encore juristes et contract managers. tiers de bonne foi et les tiers de mauvaise foi sont
On note toutefois quelques modernisations utiles, no- distingués, en consacrant la jurisprudence sur l’op-
20
LE COIN DES EXPERTS
“
tion entre nullité de contrat et substitution aux tiers de dans le contrat conclu entre les futurs cédant et cédé,
mauvaise foi en plus de l’octroi de dommages et in- auquel cas la cession produit effet à l'égard du cédé
térêts. De plus, le tiers peut faire cesser une situation lorsque le contrat conclu entre le cédant et le cession-
d’incertitude, en mettant en demeure le bénéficiaire La réforme naire lui est notifié ou lorsqu'il en prend acte.
d’avoir à confirmer ou non l’existence d’un pacte de La cession doit être constatée par écrit, à peine de
préférence et son intention de s’en prévaloir (alinéa créée des nullité. »
3 et 4), ce qui a pour but de mettre fin aux situations
B. LA RÉDUCTION DU PRIX (ARTICLE
juridiques incertaines (l’action interrogatoire).
incertitudes 1223 DU CODE CIVIL)
Le nouvel article 1124 définit la promesse unilaté-
rale comme « (…) le contrat par lequel une partie, en revenant La réduction du prix est une nouveauté inspirée de
le promettant, accorde à l'autre, le bénéficiaire, le l’harmonisation européenne. Le nouvel article 1123
droit d'opter pour la conclusion d'un contrat dont les sur des prévoit que :
éléments essentiels sont déterminés, et pour la for- « Le créancier peut, après mise en demeure, accep-
mation duquel ne manque que le consentement du solutions ter une exécution imparfaite du contrat et solliciter
bénéficiaire. » une réduction proportionnelle du prix.
Ensuite, « La révocation de la promesse pendant le françaises S'il n'a pas encore payé, le créancier notifie sa dé-
temps laissé au bénéficiaire pour opter n'empêche cision de réduire le prix dans les meilleurs délais. »
pas la formation du contrat promis. ». Cette solution
connues La demande une réduction de prix en guise de sanc-
est contraire à celle retenue par la common law où tion à l’inexécution d’un contrat que l’on entend tou-
la promesse unilatérale n’est pas exécutoire, sauf lors- tefois maintenir est une mesure qui est permise par
qu’elle intervient « under seal » qu’elle a donné lieu
sans pour certains textes spéciaux, par exemple en matière de
à une « specific performance » ou à une « detrimen- garantie des vices cachés par l’action estimatoire de
tal reliance ». Ici encore, loin de rapprocher les sys- autant l’article 1644 du Code Civil. Cet amendement gé-
tèmes juridiques comme annoncé dans ses objectifs, néralise cette solution.
la réforme créée des incertitudes en revenant sur des adopter
solutions françaises connues sans pour autant adop- De manière générale, il est toujours possible d’ob-
ter les solutions de la common law. celles de la tenir une réduction de prix par l’intermédiaire d’une
demande en dommages et intérêts.
Enfin, cet article introduit une nouvelle nullité selon common
laquelle « le contrat conclu en violation de la pro-
IV. LES AJOUTS DU DROIT DE LA
messe unilatérale avec un tiers qui en connaissait
law. CONCURRENCE ET DU DROIT DE LA
”
l'existence est nul.
CONSOMMATION ET LA NOTION DE
L’IMPRÉVISION
III. LA CESSION DU CONTRAT ET LA
RÉDUCTION DE PRIX Les ajouts du droit de la concurrence et du droit de
la consommation sont tous liés au principe de pro-
A. LA CESSION DU CONTRAT (ARTICLE tection de la partie la plus faible sur lequel repose
1216 ET SUIVANT DU CODE CIVIL) le droit de la consommation mais également le droit
des pratiques restrictives fondé sur la volonté du lé-
La section IV du Code Civil introduit la cession du gislateur de restaurer un équilibre contractuel dans
contrat et en détaille le régime juridique. Aucune les relations commerciales, notamment entre les four-
théorie générale de la cession du contrat, née des nisseurs et la grande distribution.
besoins de la pratique de l’entreprise n’existait avant
l’ordonnance du 2016. La réforme consacre une Ces notions sont désormais introduites dans le Code
conception unitaire de la cession du contrat, qui a Civil :
pour but de permettre le remplacement d’une des
parties au contrat par un tiers, sans rupture du lien • contrat d’adhésion (article 1110)
contractuel. La cession du contrat fait partie des ef- Le contrat d’adhésion est celui dont les conditions
fets du contrat, entre les dispositions relatives à sa générales, soustraites à la négociation, sont déter-
durée et celle relatives à l’inexécution, puisqu’elle a minées à l’avance par l’une des parties.
pour objet de permettre le maintien du contrat, ou
d’en prévenir son inexécution. • contrat-cadre (article 1111)
L’article 1111 prévoir que « Le contrat-cadre est un
L’article 1216 du Code Civil définit ainsi la cession : accord par lequel les parties conviennent des carac-
« Un contractant, le cédant, peut céder sa qualité de téristiques générales de leur relation contractuelle fu-
partie au contrat à un tiers, le cessionnaire, avec l'ac- ture et que des contrats d’application en précisent
cord de son cocontractant, le cédé. les modalités d’exécution. On retrouve cette notion
Cet accord peut être donné par avance, notamment plus loin dans le Code civil, à l’article 1164 qui dis-
21
LE COIN DES EXPERTS
pose désormais que dans les contrats cadre, il peut • déséquilibre significatif (article 1171)
être convenu que le prix sera fixé unilatéralement par Connu du droit de la consommation depuis long-
l’une des parties, à charge pour elles d’en motiver temps et ayant fait son entrée dans le Code de com-
le montant en cas de contestation. » En cas d’abus merce par la loi « LME » du 4 août 2008, voici donc
dans la fixation du prix, le juge peut être saisi d’une le déséquilibre significatif généralisé à l’ensemble du
demande tendant à obtenir des dommages et inté- droit des contrats ou plus précisément aux contrats
rêts, et le cas échéant, la résolution du contrat. d’adhésion. Le nouvel article 1171 du Code civil
prévoit ainsi que dans un contrat d’adhésion, toute
• contrepartie (articles 1107, 1166 et 1169) clause qui crée un déséquilibre significatif entre les
L’article 1107 prévoit que le contrat est à titre oné- droits et obligations des parties au contrat est répu-
reux lorsque chacune des parties reçoit de l’autre un tée non écrite.
avantage en contrepartie de celui qu’elle procure. Cette notion de déséquilibre significatif qui vise ainsi
L’article 1166 précise quant à lui que « lorsque la à sanctionner les clauses abusives dans les contrats,
qualité de la prestation n’est pas déterminée ou dé- va de ce fait imprégner l’intégralité de notre droit
terminable en vertu du contrat, le débiteur doit offrir des contrats et le risque qui en découle devra abso-
une prestation de qualité conforme aux attentes légi- lument être pris en compte lors de la rédaction et de
times des parties en considération de sa nature, des la discussion des contrats, notamment en droit de la
usages et du montant de la contrepartie ». distribution dans lequel les contrats d’adhésion sont
L’article 1169 prévoit « un contrat à titre onéreux sera fréquents.
nul lorsqu’au moment de sa formation, la contrepar-
tie convenue au profit de celui qui s’engage est illu- • Imprévision (article 1195 du Code civil)
soire ou dérisoire. » L’article 1195 du Code civil consacre la théorie juris-
prudentielle administrative de l’imprévision. Il prévoit
• devoir d’information précontractuelle (article 1112- que si un changement de circonstance imprévisible
1) lors de la conclusion du contrat rend l’exécution ex-
Le devoir d’information précontractuelle est une no- cessivement onéreuse pour une partie qui n’avait pas
tion qui se retrouve en droit de la consommation accepté d’en assumer le risque, celle-ci peut deman-
mais également en droit de la distribution par l’ap- der une renégociation du contrat, mais elle doit conti-
plication de l’article L.330-3 du Code de commerce nuer à respecter ses obligations durant la renégocia-
(communément appelé « loi Doubin ») qui prévoit tion. En cas d’échec, les parties peuvent convenir de
une obligation d’information précontractuelle pour la résolution du contrat ou demander d’un commun
certains types de réseaux de distribution. accord au juge de procéder à son adaptation. A
défaut d’accord, le juge peut, à la demande d’une
• conditions générales (article 1119) partie, réviser le contrat ou y mettre fin à la date et
Fondamentales en droit de la négociation commer- aux conditions qu’il fixe.
ciale ainsi qu’en droit de la consommation, les condi-
tions générales font leur apparition dans le Code civil Il convient d’ores et déjà de noter que les parties
qui généralise ainsi des solutions déjà connues dans pourront dans leur contrat déroger à ce texte en pré-
ces domaines. Ainsi, l’article 1119 prévoit que les voyant une clause d’acceptation du risque d’impré-
conditions générales invoquées par une partie n’ont vision.
d’effet à l’égard de l’autre que si elles ont été portées
à la connaissance de celle-ci et que si elle les a ac- Il sera donc très important lors de la rédaction de
ceptées. En cas de discordance entre les conditions contrat, de réfléchir à l’opportunité de l’insertion ou
générales invoquées par l’une et l’autre des parties, non d’une telle clause dérogatoire à ces nouvelles
les clauses incompatibles sont sans effet, ce qui n’est dispositions.
pas sans rappeler la question de la confrontation
entre les conditions générales de vente et les condi-
tions générales d’achat.
L’article 1119 prévoit enfin qu’en cas de discor-
dance entre des conditions générales et des condi-
tions particulières, les secondes l’emportent sur les
premières.
22
LE COIN DES EXPERTS
TOUR DU MONDE DU CM
ÉTAPE 2 : L'ASIE
“
rôle, fonction). On peut citer
comme autre illustration la pra-
tique de l’échange de cadeaux.
A chaque fin d’année les japo-
nais offrent à l’équipe projet di- La longueur des négociations
verses attentions et lorsque nous
nous déplaçons au Japon il est peut induire des frustrations.
”
essentiel d’amener des présents.
Eu égard aux relations commer-
LE COIN DES EXPERTS
“
tery of civil law could also be of Departments aiming to keep mail
interest to them. boxes small and tidy. Contract
Many commonly used standard managers will often have to pro-
forms of contract such as FIDIC Japanese mote adequate record keeping
(Fédération Internationale des In- methodologies and supports.
génieurs Conseils) or ENAA (En- culture is
gineering Advancement Asso- How can contract
managers best support
ciation of Japan) are prepared
by common law lawyers and
based upon the their Japanese clients?
some provisions are unfortuna- Japanese companies tend to ac-
tely not compatible with civil law respect of oral cept a higher amount of risks
systems. The governing law will than their western counterparts.
vary from one contract to the next undertakings This means that day-to-day ma-
and public sector clients gene- nagement and mitigation of
rally want their own law to go- and written such risks is essential. Contract
vern the contract. The manda- managers should use their skills
tory requirements of the law of contracts and creativity to support their
the country where the project Japanese clients in this respect.
is implemented will apply, re-
gardless of the governing law of
have long been New concepts and recommen-
dations are likely to be met with
the contract. Civil law will the- strong resistance and patient per-
refore tend to apply more often
perceived as suasion will be called for. Once
than expected. this obstacle is overcome howe-
Japanese clients tend to employ superfluous. ver, sensitive new rules will be
”
Propos recueillis contract managers who are most- implemented with dedication
par Louis Cointreau ly familiar with common law sys- and have positive results.
24
LE COIN DES EXPERTS
“
charge of subcontracting clauses and mechanisms, my bust contractual framework which
activities at corporate level role encompasses everything one cannot easily deviate from
both for Alstom and Vinci from the timely processing and tender stage, thus demonstrating
Energies. management of variations, both their expertise and control over Despite the
in terms of scope of work and their projects from the beginning.
program, to the management multi-cultural
and settlement of claims up until Any cultural specificity
related to the Contract
commercial negotiation with the
Client and main subcontractors, Management in
environment,
as may be required. Singapore?
It should also be noted that strict Despite the prominent multi-racial Singaporean
compliance with all Ethics and and multi-cultural environment,
Compliance rules is of para- Singaporean culture is quite uni- culture is
mount importance within Alstom form to all ethnic groups when it
and the Contract Manager is the comes to business. Singaporean quite uniform
guardian of these procedures at levels of expectation and de-
project level. mand are of a very high stan- to all ethnic
dard. Once again, nothing is left
What is your perception
of the Contract
to chance and all the details of
the sub-systems of a project are
groups when
Management function in scrutinized in detail by the va-
Singapore? rious internal teams of the client.
it comes to
Ta s k - w i s e , t h e f u n c t i o n o f It is not a coincidence that the
Contract Management in Singa- Singaporean transportation sys- business.
”
pore does not differ greatly from tem is ranked as one of the best
other countries. The environment in the world in terms of conve-
25
LE COIN DES EXPERTS
“COMPÉTITION ET RÉGULATION
POUSSENT AU DÉVELOPPEMENT DU CM”
d’assurer son pilotage, sous l’im- est triple. D’une part, le projet Après cette première
pulsion de Christophe Leblanc d’achat du contrat d’outsourcing période, quel bilan
(alors Chief Operating Officer des fonctions de back-office faites-vous et pensez-
de la banque de financement dont je parlais précédemment vous que cette fonction
et d’investissement) et de la di- a été piloté par les équipes de tend à se développer
rection des achats, en particu- la direction des achats, donc les dans le domaine
lier Sebastien Simonian (alors quatre personnes que j’ai citées bancaire ?
Responsable des achats IT), An- avaient travaillé conjointement Tout d’abord, je pense que nous
dré Sepaniak (alors Directeur des dans le cadre d’un programme avons réussi à réaliser de nom-
Achats) et Gilles Lafaurie (Direc- d’outsourcing ayant duré 18/24 breuses choses dans des délais
teur des Achats adjoint). mois et savaient ce qu’ils souhai- relativement courts ce qui était
taient mettre en place en termes un véritable défi ! La fonction
Benoît Boissonnat est La fonction Contract de pilotage (opérationnel, com- est à présent bien installée dans
actuellement Responsable Management s’est-elle mercial/contractuel). l’entreprise. Elle est représentée
du Contract Management développée depuis ? La seconde raison était la vo- par des profils pluridisciplinaires
IT chez Société Générale. Oui, tout à fait. Lors d’une ins- lonté claire de positionner cette de haut niveau, s’appuie sur un
Après avoir travaillé plus pection de la Banque Cen- fonction dans une direction in- RACI et un Target Operating
de 10 ans en qualité de tral Européenne courant 2016, dépendante, sans lien avec les Model clairs. Au démarrage, il
Contract Manager chez notre régulateur a eu l’occasion opérations. A titre personnel, je a certes fallu faire preuve de pé-
Renault, puis chez Société d’analyser en détail l’organisa- suis persuadé qu’un des facteurs dagogie en interne pour bien
Générale, il a dirigé le tion du pilotage contractuel mise clefs de succès du Contract Ma- faire comprendre le rôle et l’in-
projet de création du en place sur le contrat d’outsour- nagement est sa structure organi- térêt de cette nouvelle fonction
département Contract cing des fonctions de back-office sationnelle. mais après un an, les retours de
Management au sein de et le rôle de ce premier poste de Nous avons donc souhaité nos partenaires internes et de
la direction des achats de contract manager que j’assumais mettre en place une structure bi- nos fournisseurs démontrent clai-
Société Générale. à l’époque. Le régulateur a sou- céphale : pour chaque contrat, rement que la fonction est à pré-
ligné la valeur ajoutée de cette un responsable des opérations sent bien comprise et sa valeur
fonction et a recommandé à la dans les business/service units et ajoutée reconnue.
Société Générale de développer un Contract Manager dans une Je suis persuadé que le Contract
et étendre le Contract Manage- direction indépendante. Management va se développer
ment à d’autres prestations exter- Enfin, le choix de la direction dans le domaine bancaire dans
Comment est apparu nalisées critiques. J’ai alors pris des achats plutôt que la direction les années à venir compte-te-
la fonction Contract la direction du projet d’extension des risques ou de la direction ju- nu du contexte de plus en plus
Management chez de la fonction et nous avons créé ridique nous a paru évident concurrentiel de ce secteur et de
Société Générale ? un nouveau département qui ras- compte-tenu de notre souhait de son caractère régulé qui impose
La fonction Contract Manage- semble aujourd’hui 10 personnes positionner la fonction avec une davantage de contrôles des pres-
ment a été créé à la direction et pilote une trentaine de contrats forte composante en négocia- tations externalisées que pour
des achats fin 2013 suite à un qualifiés par la direction des tion commerciale/contractuelle d’autres secteurs. Je pense que
important projet d’outsourcing risques comme les plus critiques et en pilotage de la relation four- le Contract Management dans le
des fonctions de back-office de pour la banque. nisseur. La direction des achats domaine bancaire a de beaux
la banque de financement et avait de plus développé un vrai jours devant lui !
d’investissement (contrat ITO/ Pourquoi avoir choisi la savoir-faire et une expertise en
BPO1). Lors de la signature de direction des achats pour matière de structuration de deal
ce contrat d’envergure, un poste accueillir cette nouvelle d’ITO/BPO1, ce qui la position- 1 - ITO : Information Techno-
de Contract Manager a été créé fonction ? nait en candidate idéale pour logy Outsourcing / BPO : Bu-
à la direction des achats afin La raison de cette implantation accueillir cette fonction nouvelle. siness Process Outsourcing
26
LE COIN DES EXPERTS
“
Quel est votre naires mais également le suivi
parcours ? des incidents.
Venant de métiers techniques je
me suis ensuite dirigé vers la ges- Quel est le rôle du CM Les besoins
tion de projets pendant une di- sur les projets ?
zaine d’années. Depuis 2015 Généralement le CM suit tout le des projets
et l’infogérance de notre SI chez cycle du contrat de manière à
notre filiale BPCE-IT créée cette sécuriser ce dernier et garantir bancaires
même année, il nous a fallu faire la qualité de service. Suivant les
évoluer nos métiers. Nous de-
vions nous doter d’une structure
cas, chez BPCE-SA, le CM in-
tervient de différentes manières.
devraient nous
de pilotage de notre SI ainsi que Dans le cas de projet avec in-
Yann Huiban est du suivi de la qualité de l’info- fogérance dite « externe » (so- donner de
actuellement Contract gérance. lutions cloud) nous sommes in-
Manager (CM) sur les La fonction de Contract Mana- tégrés au processus achat. Le plus en plus de
domaines Risques et ger est née de cette manière but est donc de définir avec les
Conformité, Pilotage, chez BPCE-SA en Janvier 2017. achats, l’infogéreur et les métiers légitimité..
”
Echanges et Référentiels nos attendus en terme de pilo-
Transverses chez BPCE- Comment le Contract tage opérationnel et participer à
SA. BPCE-SA est l’organe Management est-il la définition du suivi de la qua-
Central du groupe Banque implémenté chez BPCE- lité de service attendus par nos
Populaire et de la Caisse SA ? métiers.
d’Epargne né en 2009. Dans notre organisation, les Avec BPCE-IT, notre filiale infor-
Contracts Managers sont inté- matique de type GIE, nous avons
grés à la DSI (Direction des Sys- un contrat cadre avec pour cha-
tème d’Informations). Nous ve- cune des applications un ratta-
nons tous de la gestion de projet. chement à une SLA (Service Le-
Au sein de BPCE-SA les CM in- vel Agreement). L’application doit
terviennent principalement en alors répondre à des prérequis
phase d’exécution, une fois que techniques définis par l’infogé-
le contrat est négocié avec les reur afin de répondre à des ob-
achats, juristes et métiers. jectifs de qualités de service sou-
Notre équipe gère un portefeuille haités.
applicatif avec les contrats asso- Malgré le fait que nous soyons
ciés. Jusqu’ici 2 types de relation à l’origine de la définition des le RGPD ou des règlementations
contractuelle peuvent se présen- classes de services avec notre in- dictées par nos autorités de
ter à nous : fogéreur, nous sommes trop tar- contrôles.
- Les contrats avec notre info- divement les interlocuteurs des Allant dans ce sens, ces be-
géreur principal (BPCE-IT) régis équipes projets. soins devraient nous donner de
dans un contrat cadre de type plus en plus de légitimité. C’est
Prestations Essentielles Externali- Est-ce un métier en plein également dans cette optique
sées (PEE) essor dans le secteur que nous avons entrepris depuis
- Les contrats réalisés avec les bancaire? plusieurs mois, la démarche de
sociétés externes. Ce type de C’est notre souhait et nous en nous rapprocher de l’AFCM, et
contractualisation est de plus en sommes convaincus ! plus globalement de la commu-
plus présent suite à l’avènement La complexité des projets, les nauté du Contract Management
des solutions cloud. choix d’infogérance qui en dé- afin de développer et relayer
Dans notre organisation, le CM coulent sont de nos jours de plus les bonnes pratiques au sein de
a aussi pour mission de suivre les en plus cruciaux dans le monde notre organisation.
Propos recueillis coûts d’exploitation des applica- bancaire notamment vis-à-vis des La réussite de nos projets en dé-
par Rollant Terrin tions du SI confiés à nos parte- nouvelles réglementations comme pend.
27
LE COIN DES EXPERTS
FOUND IN TRANSLATION :
LE SCL PROTOCOL ET SES NUANCES
DE TRADUCTION
LA SOCIETY OF CONSTRUCTION le vocabulaire français en matière de retards et de
LAW (SCL) A PUBLIÉ EN 2017 perturbations dans les projets de construction est très
LA SECONDE ÉDITION DE SON peu développé.
« PROTOCOLE SUR LES RETARDS ET
LES PERTURBATIONS » (DELAY AND B. DELAY = DELAI ?
DISRUPTION PROTOCOL). IL S’AGIT 1. Il existe dans le Protocole un certain nombre de no-
DE LA PREMIÈRE MISE À JOUR DU tions qui n’existent pas en droit français. Par exemple,
PROTOCOLE ORIGINAL, INITIALEMENT la notion de "float" (« marge » dans la version française)
PUBLIÉ EN 2002. renvoie à la période de temps pendant laquelle une
C
activité (ou un groupe d’activités) peut être reportée
omme nous l’avons déjà indiqué dans [réfé- dans le temps sans impacter la date de fin des tra-
rence Journal du Contract Management à insé- vaux. Cette notion n’a jamais été reconnue en droit
Peter Rosher, avocat à la rer], le Protocole contient 22 « principes fonda- français alors qu’il s’agit d’un problème récurrent sur
Cour & Solicitor (Angleterre mentaux » qui servent de guide des bonnes pratiques les projets internationaux. Il était donc nécessaire de
/ Pays de Galles), Associé, en matière de délais. Ce guide est destiné à toutes la définir de manière appropriée afin de l’intégrer
cabinet ReedSmith les parties participant au processus de construction. dans le cadre légal existant.
L’objet principal du Protocole est d'éviter les différends, 2. Il a fallu également tenir compte des faux-amis dont
ou, à tout le moins, d’en limiter les coûts. le plus parlant est sans doute le terme « delay », qui
Le traduction française du Protocole (en cours depuis est une des notions principales du Protocole.
sa publication) sera publiée courant septembre 2018. 3. Autre faux ami : le terme « lag » qui aurait pu être
C’est, ironiquement, l’existence de retards au vu de la traduit par « retard ». Toutefois, une telle traduction
difficulté de la tâche qui explique sa publication plus aurait été inadaptée dès lors que cette notion repré-
d’un an après l’original ! L’ampleur de cette tâche ne sente un laps de temps entre deux activités du pro-
doit pas être sous-estimée : la traduction du Protocole gramme d’exécution des travaux sans conséquences
a mobilisé plusieurs cabinets d’avocats et ingénieurs pécuniaires et/ou dilatoires sur l’exécution des travaux.
qui ont travaillé de concert. 4. Le terme « programme » aurait pu être traduit par
Si l’analyse des retards et perturbations est un sujet le terme « planning ». Cependant, dans le contexte
connu en Angleterre, ce n’est pas le cas en France. du Protocole, le terme « planning » aurait été trop res-
La publication de la traduction française du Proto- trictif. Le terme, plus large, de « programme » inclut
cole est une base fondamentale sur laquelle les ac- les activités de « planning » et de « scheduling » ain-
teurs français opérant sur des projets internationaux si que les hypothèses sur les conditions d’exécution
de construction pourront se fonder pour susciter moins et les moyens associés.
d’incertitude dans l’appréhension des retards. Pour
cela, encore faut-il assurer une traduction précise… C. DE L’IMPORTANCE D’UNE
TRADUCTION EXACTE
A. DE LA DIFFICULTÉ DE TRADUIRE LE 1. Il est fondamental de fournir des traductions cor-
VOCABULAIRE ANGLAIS DU DROIT DE LA rectes et précises, pouvons s’intégrer aisément dans le
CONSTRUCTION système juridique dans lequel il est destiné à être appli-
1. La deuxième version du Protocole persiste à inté- qué afin de permettre au protocole SCL d’être viable.
grer principalement des références inhérentes au mar- 2. La portée globale du Protocole SCL dépend donc
ché britannique de la construction et au droit anglais. de sa capacité à être traduit avec précision. Les tra-
La traduction de ses termes a donc nécessité énor- ducteurs ont exécuté cette mission avec beaucoup
mément de vigilance de la part des traducteurs afin de prudence en raison de la vocation du Protocole
de s’assurer qu’elle sera utilisable dans les autres sys- à être pleinement utilisé par les acteurs français de
tèmes juridiques, dont le système français. l'industrie de la construction. Ceci explique l’impor-
2. La traduction des termes juridiques requiert d’étu- tant retard de publication de la version française.
dier les systèmes juridiques visés afin de comprendre 3. Nous accueillons la traduction française à bras
si des analogies pourront être faites ou si une adap- ouverts et avons hâte d’observer l'avenir du proto-
tation sera requise. Ceci est d’autant plus vrai que cole SCL en France.
28
LE COIN DES EXPERTS
L
que nous appelons de nos vœux. Pas seulement
Catherine Prieur, Membre ancement réussi pour la première traduction pour la juste traduction du « float », « concurrent
AFCM & ADUCMA (2014) française officielle du « Delay and Disruption delay », « disruption », mais opérationnellement,
Protocol » de la SCL, le 6 Septembre der- pour une bonne compréhension et un bon usage
nier à la FNTP. Avec le soutien de la Society of « à la sauce française » que les praticiens en feront.
Construction Law du Royaume Uni (SCL-UK), de Parce que la construction n’a pas de frontières,
l’Association Française du Contract Management l’aventure continue. Rendez-vous dans deux ans,
(AFCM), ainsi que de nombreux sponsors, Xavier pour une version compatible avec le droit des obli-
Leynaud a tenu la gageure, réunissant une belle gations, conclut Xavier Leynaud avec enthousiasme.
brochette de praticiens et juristes qui de façon una- Remercions-le encore, lui ainsi que tous les membres
nime ont reconnu l’utilité pratique de ce précis. du comité, pour leur travail de traduction, relecture,
Résultat (d’un travail colossal !) : une centaine de avis et édition.
pages fidèlement traduites de la deuxième édi-
tion du guide de la SCL, qui expose les principes
fondamentaux et les méthodes d’analyse des re-
tards et des perturbations, et, dans une logique an-
glo-saxonne, n’ignore rien de l’aspect contractuel
“
de répartition de ces risques au sein du Projet.
Des matières qui ont donné lieu à de si nombreux
débats depuis la première édition : Christopher En-
nis (ancien Président de la SCL-UK) nous a rappelé
les disputes du passé sur les approches analytiques Offrir un guide au service
des Prolongations Des Délais (PDD).
Depuis lors le Protocole s’est enrichi mais l’enjeu est des négociateurs du
resté : offrir un guide au service des négociateurs
du contrat et de leurs gestionnaires, visant une ré- contrat et de leurs
partition claire des responsabilités et privilégiant la
résolution des problèmes au fur et à mesure de leur gestionnaires, visant
émergence, au bénéfice de l’efficience globale des
projets de construction. Experts et praticiens de ter- une répartition claire des
rain étaient tous en accord quant à la vertu péda-
gogique de ce Protocole, avec ses méthodes pra-
tiques d’analyse des retards et coûts associés, mais
responsabilités.
”
aussi des questions économiques liées aux perturba-
tions, distinctes des retards.
29
LE COIN DES EXPERTS
“
Pouvez-vous vous Une fois le contrat signé, c’est la
présenter ? mauvaise gestion de celui-ci qui
Ingénieur de formation, j’ai exer- est la première cause de litiges,
cé la première partie de ma car- alors que l’on pourrait faire bien La médiation
rière en gestion de projet de mieux en allouant les moyens et
construction avant de me spécia- l’expertise nécessaire. est en fort
liser dans la résolution des litiges.
Depuis 2016, je dirige l’activi- En résumé, les habitudes ont la développement
té Contract Solutions d’Arcadis vie dure et le dicton « Mieux vaut
en France. Nous accompagnons
nos clients dans la prévention et
prévenir que guérir » est encore
trop peu souvent appliqué...
mais reste
la résolution de leurs litiges dans
Jordi Recan, Head of tous les domaines de la construc- Quelles sont les grandes encore trop
Contract Solutions, Arcadis tion et à tous les stades de leur tendances en matière de
France projet. résolution des conflits méconnue.
”
continent par continent ?
Arcadis a dernièrement Tout d’abord, la négociation
publié un rapport intitulé reste la méthode la plus répan-
“Global Construction due pour résoudre les litiges quel
Disputes report 2018: que soit le continent.
Does the construction C’est après que des divergences
industry learn from its se dessinent. Si l’on retrouve glo-
mistakes ?” Pouvez-vous balement l’arbitrage et la média-
nous rappeler les erreurs tion comme méthodes les plus
régulièrement commises communément utilisées, la média-
dans la rédaction des tion semble plus utilisée en Amé-
contrats ? rique du Nord alors que l’arbi-
Le titre de notre rapport 2018 est trage l’est plus au Moyen-Orient, Je crois personnellement beau-
une question car nous n’avons en Asie et Europe Continentale. coup en ce mode de résolution
pas la prétention d’avoir la ré- Il est intéressant de noter qu’au qui a l’avantage d’être peu oné-
ponse à tout. Notre rapport est Royaume-Uni, l’adjudication est reux, de laisser les parties au
un recueil de données factuelles utilisée massivement et semble contrôle de l’accord et de per-
sur les litiges qui vise à éclai- avoir un réel impact sur la durée mettre un dénouement dans des
rer les lecteurs afin que chacun de résolution des litiges. délais courts.
puisse se faire sa propre opinion. C’est une réelle alternative aux tri-
Que pensez-vous de la bunaux judiciaires ou administra-
Ce qui ne nous empêche pas médiation et quelle est sa tifs et même à d’autres méthodes
nous poser des questions lorsque place dans la résolution telles que l’arbitrage, souvent dé-
nous constatons chaque année la des conflits ? crié par les juristes d’entreprises
récurrence de plusieurs erreurs. Il La médiation est en fort déve- en raison de son coût et du
y a notamment le manque de loppement mais reste encore risque lié à la perte de contrôle
moyens alloués en amont pour trop méconnue. Beaucoup l’assi- sur la sentence arbitrale.
la mise en place d’une stratégie milent encore à de l’expertise ex- Lorsque les négociations
contractuelle adaptée mais aus- terne ou pense qu’elle n’est pas amiables échouent, il est pour
si pour une meilleure revue du adaptée pour des projets impor- moi opportun de penser au re-
contrat, considérés par beau- tants ou lorsque les relations entre cours à la médiation avant de
Propos recueillis coup comme la méthode la plus les différentes parties sont très dé- porter l’affaire devant les tribu-
par Rolland Terrin efficace pour prévenir les litiges. tériorées. naux.
30
LE COIN DES LECTEURS
31
LA VIE DE NOS ASSOCIATIONS
Voici quelques événements autour du contract management qui se sont déroulés au cours du
second semestre 2018. Cette liste n’est pas exhaustive mais montre l’activité croissante de notre
communauté.
SEPTEMBRE 2018
DÉCEMBRE 2018
06 septembre 2018
Conférence de lancement officiel de la traduction française du 06 décembre 2018
SCL « Delay & Disruption Protocol », en partenariat avec l’AFCM Forum Ouvert du Contract Management. Un total de quinze conférences sera
déployé à l’occasion d’une matinée qui se scindera en trois sessions princi-
pales. La diversité des thématiques sera ainsi assurée et chaque participant sera
17 septembre 2018 libre de choisir la ou les table(s) qui l’intéresse(nt) et d’en changer à tout moment
Assemblée Générale Ordinaire de l’ADUCMA portant sur la (« Loi des deux pieds »). Les animateurs auront, eux, pour mission de dérouler
création d’une nouvelle Commission Innovations Pédagogiques. la présentation de leur sujet en invitant le public à interagir, questionner et à
partager sa propre expérience...
Dans la rubrique adhésion du site Internet www.afcm-asso.fr Vous êtes un élève ou un ancien élève du Diplôme Universitaire
Pourquoi adhérer ? 5 raisons : de Contract Management d’Assas ou vous souhaitez devenir
un membre bienfaiteur ou membre d’honneur et participer
1. Favoriser le développement et le rayonnement de la profession. au développement du contract management et des activités
2. Se former tout au long de sa carrière et être au fait de l’actualité. de l’ADUCMA avec des étudiants et des professionnels
3. Apporter son élan à une profession en plein essor. passionnés et motivés ?
4. Donner un nouvel élan à sa carrière de contract manager.
Demandez votre adhésion à l’adresse presidence@aducma.com
5. Participer au journal et en être destinataire.
ou remplissez le bulletin sur le site : www.aducma.com/adherer