Vous êtes sur la page 1sur 32

Chapitre I : Absorption et stripage

Introduction :
Ce procédé est utilisé dans les différentes industries pour la purification des effluents
gazeux avant leur rejet dans l’atmosphère. En effet, aussi bien les fumées des chaudières que
les gaz rejetés par les différentes fabrications contiennent généralement d’importantes
quantités de polluants. Ces gaz peuvent être de la forme de NOX (NO,NO2), COX (CO, CO2),
SOX (SO, SO2, SO3) etc. Ils peuvent après réaction avec L’oxygène et la vapeur d’eau de
l’atmosphère,
sphère, générer des acides comme H2SO4 ou HNO3. Ces acides peuvent être entrainés
par les précipitations, générait aussi des pluies acides extrêmement néfaste pour
l’environnement. De plus, les conversions de ces gaz (Ex : CO+1/2 O2 → CO2 ) consomment
de grands
rands quantités d’oxygène, ce qui contribue à la déplétion de la couche d’ozone.
Typiquement, l’absorption est utilisée pour éliminer ce type de polluants : un soluté
qui se trouve dans un gaz est absorbé par un liquide (souvent l’eau) avant que le gaz ne
n soit
rejeté dans l’atmosphère.
Pour permettre cette opération, le liquide est généralement est mis en contact avec le
gaz dans une colonne d’absorption ( figure 1)

Figure (1) : Colonne d’absorption


En absorption, le mécanisme de transfert utilise l’habilité que possèdent certains polluants à
une température et à une pression donnée à solubiliser des solutés gazeux. Cette habilité est
généralement décrite par les donnés d’équilibre de solubilité entre le solvant et le gaz
considéré.
L'opération inverse de transfert d'un gaz dissous par un gaz inerte est appelé désorption
(stripping).
La désorption est une :
• Opération inverse de l’absorption, c'est-à-dire élimination d’un soluté dissous dans un
liquide , à l’aide d’un gaz non soluble dans ce liquide ;
• Opération généralement endothermique (Absorption de chaleur) ;
• Favorise par une faible pression et une température élevée.
II-1 : Rappels sur les équilibres de solubilité :
Formulation théorique de l’équilibre liquide-gaz
Pour une faible concentration de soluté, la loi de Henry est employée pour exprimer
l'équilibre entre les phases.
 =  . 
 est la pression partielle du soluté B dans la phase gazeuse
 est la fraction molaire dans la phase liquide
 est la constante de Henry du soluté B
la fraction molaire du soluté B dans la phase gazeuse peut être décrite par équation (d’après la
loi de Dalton):

 =


On remplace l’équation (1) dans l’équation (2) on obtient l’équation suivante :

 = .



Equation de la courbe de distribution ou d’équilibre est une droite de la pente 

est égale

au coefficient de distribution ou d’équilibre K du soluté A à l’interface gaz- liquide. La


solubilité du gaz augmente quand la PB augmente est donc à la pression PT la plus haute
possible alors que la solubilité du soluté B dans le solvant liquide est plus grande que
température est plus faible. Ces résultats physico-chimiques de l’équilibre gaz-liquide sont
exploités et utilisés comme mode opératoire dans les contacteurs industriels gaz-liquide
appelés absorbeurs et inversement dans les désorbeurs.
2.2 / Mécanisme d’absorption avec et sans réaction chimique
Le principe consiste à transférer un composé (un soluté A) faiblement concentré CA d’une
phase gaz vers la phase liquide et vis-versa.
(CA ) dans la phase gaz ------- vers la phase liquide (absorption)
Le stripping (désorption) est le phénomène inverse (CA ) dans la phase liquide ------ vers la
phase gaz (stripping).
Ces deux procédés sont généralement successifs pour régénérer la solution (solvant).

Figure (2) : Différences de potentiel d’échange dans les colonnes d’absorption :


Considérons un gaz de composition y1 et notons ∗ la composition qui détermine la quantité
maximale qui peut être absorbée par le solvant. La composition ∗ est donnée par la corbe
d’équilibre.
Figure (3) : Détermination de la fraction absorbée à l’équilibre.
Si maintenant (voir figure 4 ), le composition y1 est mis en contact avec un liquide de
composition x2, tel que x2 < ∗ .

Figure (4) : DPEX et DPEy


Alors la composition x2 étant en écart par rapport à la composition d’équilibre ∗ , il y aura
une différence de potentiel d’échange ∗ −  qui permettra à la composition  du gaz
d’évoluer vers ∗ .
Ainsi, lorsqu’un gaz de composition  est mis en contact avec un liquide de
composition  , il s’établit une différence de potentiel d’échange. Cette DDPE peut être
exprimée :
- Par référence à la phase liquide, par : DPEX = x* - x
- Par référence à la phase vapeur, par : DPEy = y – y*.
Bilans matières global, en soluté
Bilan sur la colonne
En régime permanant le bilan global sur le soluté sur l’ensemble de la colonne conduit
à:
.  + .  = .  + .  ……………………………….(1)
La droite opératoire représentative des phases qui se croisent a pour pente
  − 
=
  − 
La représentation graphique de la courbe d’équilibre et la droite opératoire est indiquée dans
la figure (5)

Figure (5) : Courbe d’équilibre et droite opératoire dans le cas d’une absorption gaz-liquide
Méthode graphique de McCabe-Thiele pour le calcul du nombre de plateaux théoriques
d’une colonne d’absorption :
En considérant les débits de liquide et de gaz constants Le = Ls = L et Ge = Gs= G .
Nous pouvons considérer que les faibles concentrations de solutés n’influent pas sur les
variations des débits des effluents et affluents fluides et le bilan sur le soluté s’écrira selon
l’équation suivante :
G (yn+1-y1)= L (xn-x0),
et de la cette dernière équation nous pouvons établir l’equation importante suivante :
yn+1=(L/G)(xn-x0)+y1
Cette équation est appelée droite opératoire d’absorption et de stripping de pente L/G.
1 / Traçons la droite d’équilibre y=K.x (Lorsque l’on se situe dans la zone à très forte dilution
la courbe d’équilibre est assimilée à une droite)
2 / Traçons la droite opératoire dont l’origine le point (x0, y1) du plateau de tête de colonne
reliant le second point (xn, yn+1) du plateau de bas de colonne. Les valeurs de x0, yn+1, y1, et
L/G sont généralement connues.
3. Localiser le point (x0, y1).
4. Traçons la droite horizontale passant de (x1, y1) vers la droite d’équilibre y=K.x au point
(x1, y2) et ainsi de suite jusqu’au point (xn, yn+1) et le nombre de droite horizontales représente
le nombre de plateaux ou étages théoriques.

Figure. (6): Détermination graphique du nombre de plateaux théoriques dans une colonne
d’absorption par la methode de de Mc cabe et Thiele.
Remarques :
• Cette construction peut être tracée sur la courbe d’équilibre en rapport massique ou en
rapport molaire,
• Cette construction peut également être tracée sur la courbe d’équilibre en titre
massique ou en titre molaire avec une approximation tout à fait satisfaisante si les
titres sont inferieurs à quelques pourcent (1 à 5% par exemple).
• On peut remarquer que compte tenu du sens du transfert du soluté, de la phase gazeuse
vers la phase liquide, la droite opératoire est au-dessus de la courbe d’équilibre.
• Lorsque l’on se situe dans la zone à très forte dilution la courbe d’équilibre est
assimilée à une droite.

Figure.(7) : Détermination graphique du nombre de plateaux théoriques dans une colonne de


stripping (désorption) par la methode de de Mc cabe & Thiele.
Valeur minimale du rapport (Lmin /V)
L’analyse de l’équation (1) montre que la pente de la droite opératoire est égale au rapport
L/G, c’est-à-dire à la consommation spécifique de solvant (mol de solvant/mol de gaz inerte
B).
Si l’on suppose connues la concentration initiale Y1 et finale Y2 du gaz ayant le débit
G et la concentration initiale du solvant X2, la position de la droite opératoire est définie soit
par le débit L, soit par la concentration finale X1 du solvant.
Pour les valeurs de G, Y1, Y2 et X2 fixées, la valeur de X1 augmente quand le débit de solvant
L diminue.
Figure ( 8 ) – Valeur minimale du rapport L/V.
Sur le diagramme de la figure (8), on observe plusieurs positions de la droite
opératoire (pour les mêmes valeurs de Y1, Y2 et X2) tracées en fonction de différentes
consommations spécifiques de solvant. Le rapport (L/G) ne peut pas s’abaisser sous une
valeur minimum correspondant à la pente de la droite opératoire qui coupe la courbe
d’équilibre; dans le cas contraire le système passe dans un régime de désorption. Le point
d’intersection caractérise une force motrice du processus nulle. À partir de considérations
économiques, on détermine le débit optimal, généralement situé entre 1,3 Lmin et 1,5 Lmin.
II-4 : Surface d’échange entre le gaz et le liquide :
Les flux échangés entre un gaz et un solvant absorbant dépendent, de la différence de
potentiel d’échange (DPE).
Ils dépendent également de la surface d’échange à travers laquelle le gaz est mis en
contact avec le liquide.
Cette surface dépend du type de garnissage utilisé.
En effet, en comparaison avec une colonne sans garnissage, où le liquide et le gaz
traversent la colonne d’une manière directe, ces derniers sont forcés à se frayer des chemins à
travers le garnissage, augmentant ainsi leurs possibilités de contact, et donc la surface
d’échange entre eux. Entrainant ainsi une augmentation de la perte de charge.

Figure 06 : Colonne sans garnissage et colonnes garnies.


Le choix du garnissage se fera donc par compromis entre la surface d’échange offerte et la
perte de charge générée.
II-5 : Flux de matière échangés dans les colonnes d’absorption
L’expression du flux à utiliser dépendra des paramètres disponibles, notamment sur les
coefficients de transferts de matières KL et KG définis ci-dessous.
En tout état de cause, le flux est proportionnel à la surface d’échange et à la différence
de potentiel d’échange :
 =  . .  −  ∗  =  . .  ∗ − 

 : est le flux de soluté passant de la phase gazeuse à la phase liquide.
 : est le coefficient de transfert de matière rapporté à la phase gazeuse.
 : est le coefficient de transfert de matière rapporté à la phase liquide.
A : est la surface d’échange.
y : est la composition en soluté de la phase gazeuse.
 ∗ : est la composition en soluté de la phase gazeuse qui serait en équilibre avec x.
 ∗ : est la composition en soluté de la phase liquide qui serait en équilibre avec y.
Souvent, on utilise les coefficients globaux de transfert de matière,  et  , définis par les
produits des coefficients de transfert de matière par des surfaces d’échange :
! = A.  et ! = A. 
L’expression du flux peut alors être exprimée en fonction des coefficients globaux :
 = ! .  −  ∗  = ! .  ∗ − 
Absorption en colonnes avec garnissage
Le garnissage est destiné à disperser l’une des phases au sein de l’autre et à assurer le contrôle
de la rétention de cette phase dispersée, le contact est permanent.
Les performances de séparation du garnissage étant supérieures, l’étage idéal est inadapté
pour les échanges à contact permanent.
Le nombre d’étages théorique Nth nécessaire pour réaliser une séparation donnée, permet de
calculer la hauteur de l’appareil. En introduisant les notions d’efficacité et de hauteur
équivalente à un étage théorique (HETP), grandeurs accessibles par l’expérience, la hauteur
de la colonne s’écrit :
Z = N$ HEPT
Si la concentration du soluté est faible (moins de 10 %), les débits de gaz et liquide traversant
la colonne sont constants, et la hauteur du lit de garnissage Z est donnée par la relation :

G* 121 3
dY
Z = ′ .
K , . a. P 121∗ 4 Y − Y ∗
Si l’on utilise le coefficient global de transfert relatif à la phase gazeuse, ou :
LM X−X∗ 1 dX
Z = ′ . ∗
KL . a. P X−X∗ 2 X −X

avec GM le débit molaire de gaz par unité de surface; LM le débit de liquide par unité de
surface; X* la concentration du liquide en équilibre avec la concentration du gaz en tout point;
Y* la concentration du gaz en équilibre avec le liquide; C la concentration molaire totale; p la
pression totale; a la surface volumique d’un garnissage.
Pour des teneurs faibles, si (GM/Kg’a p) peut être considéré comme constant le long d’une
colonne de hauteur Z, l’équation (16.11) simplifiée donne :

K ′, . a. P 121 3 dY
Z = .
G* 121∗ 4 Y − Y

Le terme de droite (sans dimensions) a été nommé par Chilton et Colburn « nombre d’unités
de transfert » relatif à la phase gazeuse, et on lui attribue la notation NUTg :
Y−Y∗ 1 dY
:;<= = .
Y−Y∗ 2 Y − Y∗

Ainsi :
Z = H, . :;<=

Où >= = @′ B..C
?
est la hauteur d’une unité de transfert.
A

En suivant le même raisonnement on obtient :


Z = HD . :;<
La valeur de NUTg ou NUTl peut être déterminée soit par une méthode graphique, soit par
intégration numérique.
Si la droite d’opération et la courbe d’équilibre sont des droites, et c’est le cas pour les
systèmes dilués, le NUTg s’obtient avec :
E − E
:;<= =
∆E F
où ∆Ylm est le facteur moyen de potentialité, donné par :
∆E − ∆E
∆E F =
∆E
ln ∆E 


Avec ∆Y = Y − YI , ∆Y = Y − YI et YI = E ∗ −concentration du gaz en équilibre avec X.

Remarque
L’aire S de l’interface gaz-liquide est en général très mal connue; il est par suite avantageux
d’utiliser l’aire a (par unité de volume) de la partie active de la tour, ainsi que les coefficients
!′ J et ! ′ J.
Absorption par réaction chimique :
En absorption par réaction chimique le gaz entre en réaction avec le liquide absorbant
et donne une substance plus ou moins stable qui reste dans la solution ou qui peut précipiter.
Cette réaction peut être instantanée ou se dérouler plus lentement; dans le premier cas, le gaz
absorbé n’existe dans le liquide que sous la forme d’un corps composé.
La variation de la concentration du constituant A absorbé – sans réaction chimique – dans un
liquide est montrée par la figure (7.a).
Figure (7) – Variation des concentrations dans l’absorption sans réaction (a) ou avec réaction
chimique (b).

En phase gazeuse la concentration du constituant A est donnée par la relation suivante :


PL,
CL, =
HL

PAg : Pression partielle
HA : la constante de Henry
En absorption physique CAg reste constante dans la phase gazeuse ; en atteignant le film
stagnant gazeux, la concentration diminue de manière linéaire, jusqu’à la valeur CAi. Dans le
film stagnant liquide, la concentration s’abaisse linéairement de CAi jusqu’à CAl, valeur qui
reste ensuite constante dans toute la phase liquide.
La figure (7.b) illustre les profils de concentration dans le cas de l’absorption suivie d’une
réaction chimique avec le liquide S ou avec une autre substance S dissoute dans le liquide.
On peut y observer la variation de la concentration de S dans le liquide et du composé
AS, produit résulté de la réaction. Dans la phase gazeuse, les conditions restent identiques
avec celles du cas précédent, cependant avec des valeurs pour CAi qui correspondent à
l’équilibre entre le gaz et le composé AS ou entre le gaz et la solution du composé AS.
Au début de l’absorption, le constituant A passe immédiatement dans le composé AS
et la concentration de A à l’interface est nulle; au fur et à mesure que de nouvelles quantités
de A pénètrent dans le liquide, une couche de plus en plus épaisse, voisine à l’interface,
s’épuise dans le réactant S. Le constituant A doit ainsi diffuser plus loin dans le liquide afin
de pouvoir entrer en réaction avec S; le front de réaction (parallèle à l’interface) continuant
ainsi sa progression vers l’intérieur du liquide.
Dans le même temps, le produit AS diffuse également vers l’intérieur du liquide.
Après un intervalle de temps en régime transitoire, il s’établit un régime stationnaire et
permanent, avec comme résultat la stabilisation du front de réaction à une certaine distance de
l’interface.
Dans la réaction A + S ↔AS, le déroulement d’une absorption avec réaction est beaucoup
influencé par la constante de vitesse de réaction kr :
– pour un régime de réaction très lente, l’absorption se rapproche des conditions d’une
absorption sans réaction chimique ;
– pour des valeurs de kr intermédiaires, le processus est déterminé par la vitesse de réaction ;
– dans le cas des régimes de réaction très rapide, le processus est déterminé par la diffusion de
la substance S.
Différents types d’absorbeurs
Il se trouve un grand nombre de contacteurs sur le marché industriel qui permettent le
transfert de matière et de chaleur entre un gaz et un liquide. Ils ont pour but d’engendrer de
grandes surfaces d’échanges entre les deux phases afin de favoriser le transfert. Les
principaux types d’absorbeurs sont donnés dans la Figure (8).
Figure (8) : Principaux contacteurs gaz/liquide (Roquet, 2002)
Chapitre II : Extraction liquide-liquide
Introduction :
L'extraction liquide-liquide est une opération qui permet la séparation d'un ou plusieurs
constituants par l'utilisation de leur distribution inégale dans deux liquides non ou
partiellement miscibles.
En extraction, pour séparer un produit cible (le soluté) d'une phase liquide donnée (le
diluant), on rajoute au système un solvant conduisant alors à la formation d'une deuxième
phase liquide dans laquelle le produit cible à séparer est préférentiellement soluble par
rapport aux autres constituants du mélange liquide initial à traiter. La phase liquide riche en
solvant est appelée l'extrait et l'autre phase liquide, riche en diluant, est appelée le raffinat.
Principaux avantages d'un procédé d’extraction :
- permet de travailler à basse température (séparation de produit thermo-sensible)
- permet la séparation de produits ayant des volatilités très proches (cas des isomères)
- les équipements peuvent être compacts et très performants
- les expérimentations au laboratoire sont faciles.
- demande moins d'énergie que la distillation dans le cas de la récupération de
produits lourds (à point d'ébullition élevé).
Inconvénients :
- procédé plus récent que la distillation et la littérature est moins abondante
- l'information est détenue (et retenue !) par les fabricants.
Lois thermodynamiques :
Coefficient de partage :
Le coefficient de partage du soluté (kC) s’exprime par le quotient des teneurs en soluté dans
l’extrait (yC) et dans le raffinat (xC).
N
MN =
ON
Facteur de sélectivité βCD :
Représente le quotient du coefficient de partage du soluté (kC) par le coefficient de partage du
diluant (kD) selon la seconde équation :
MN N OQ
PNQ = =
MQ Q ON
Le solvant est sélectif pour le constituant D (l’extrait s’enrichit en soluté) si :
KD > KC donc PRS < 1.

Le solvant est sélectif pour le constituant B (le raffinat s’enrichit en soluté) si :


KC > KD, donc PRS > 1.
Le choix de solvant
Le solvant d’extraction doit avoir les caractéristiques suivantes :
- Peut miscible avec le diluant ;
- De masse volumique différente de celle de diluant ;
- Chimiquement inerte et stable vis à vis des autres composants et des parois des installations ;
- Non inflammable, non toxique et bon marché.

Divers types d’extraction


Plusieurs méthodes d’extraction peuvent être utilisées selon la nature des espèces en
présence et la finalité de l’opération. Ces méthodes peuvent être miss en œuvre en discontinu
ou en continu.
Extraction à simple contact :

L’extraction à simple contact (à étage unique figure 1) consiste à mettre simplement en


contact la solution à extraire, L0 et le solvant, S puis à séparer les deux phases. Le soluté passe
d’une phase à l’autre mais l’opération est généralement incomplète. Elle est surtout utilisée en
discontinu au laboratoire (Ampoule à décanter) et très rarement dans l’industrie. mais il est
possible d’appliquer un procédé continu en régime stationnaire.

Figure : (1a) : Extraction à simple contact

La représentation dans le diagramme triangulaire (figure 1b ), permet de faire les observations


suivantes :
- la position de la solution à traiter F (LA est un mélange binaire A-B,) sur la droite A-B
dépend de la teneur en soluté A;
- le solvant S est figuré par le point S (s’il est pur) ou par un point proche de S s’il
provient d’une opération antérieure et contient donc aussi des quantités de A et de B;
- le mélange global M est situé à l’intérieur de la zone d’hétérogénéité délimitée par la
courbe binodale.

Figure (1-b) : Diagramme triangulaire équilatérale

Diagramme triangulaire rectangle


Le diagramme triangulaire rectangle permet de représenter le comportement d'un
mélange ternaire de la même façon que le diagramme triangulaire équilatéral, dont il est une
projection. Il est parfois plus pratique car seuls deux axes orthogonaux sont tracés,
représentants respectivement le solvant (o,x) et le soluté (o,y).
La courbe de miscibilité et les connodales représentent les zones de miscibilité ou de
présence de deux phases, et la composition des phases en équilibre.
Dans ce diagramme, la composition en diluant est déduite des compositions en solvant et
soluté.
Figure (2) : Diagramme triangulaire rectangle

Exemple : On considère ici une extraction à simple étage entre une alimentation F (40% de
soluté, 60% de diluant, 0% de solvant), et une quantité S1 ou S2 (plus grande) de solvant pur.
Le mélange de F et de S1 donnera le point M1, situé sous la courbe de miscibilité, et qui
décantera donc en deux phases R1 raffinat et E1 extrait dont les compositions peuvent être
déterminées graphiquement.
Le mélange de la même charge F avec une quantité de solvant plus importante S2
donnera le point M2, également situé sous la courbe de miscibilité, et qui décantera donc en
deux phases R2 raffinat et E2 extrait. On constate qu'avec plus de solvant, le raffinat sera
moins riche en soluté (plus de soluté extrait), et que l'extrait sera également moins riche en
soluté (plus de soluté extrait mais avec plus de solvant, d'ou un extrait moins concentré...)
Diagramme de Janecke

Le diagramme de Janecke est un diagramme qui comprend deux axes orthogonaux, sur
lesquels on porte des cordonnées dites «de Janecke», qui sont définies de la façon suivante. Si
un mélange M contient les trois constituants A, B et S, en notant les masses de ces
constituants par les mêmes lettres A, B et S, il vient :

On constate immédiatement que les coordonnées de ce diagramme qui est représenté


sur la figure 3, jouent des rôles dissymétriques: X varie entre 0 et 1, tandis que Y varie entre 0
et l'infini. En effet, le solvant pur S est un point à l'infini.
Pour utiliser le diagramme de Janecke, il est indispensable, connaissant les points
représentatifs de deux mélanges P et Q, de savoir placer le point représentatif de M = P + Q.
Le diagramme de Janecke, malgré le caractère apparemment artificiel des coordonnées
qu'il emploie, présente à un degré supérieur les mêmes qualités que le diagramme triangle
rectangle. On peut même le considérer comme un cas extrême de triangle rectangle dont l'un
des sommets aurait été rejeté à l'infini.
Figure 3: Diagramme de Janecke.
Diagramme de distribution :
C'est un diagramme qui permet de représenter de façon immédiate la distribution (ou partage)
du constituant à extraire entre les deux phases liquides en équilibre. On porte en abscisse la
fraction massique de A dans les phases riches en B, soit xa(p) que nous noterons x et en
ordonnée la fraction massique de A dans les phases riches en S, xa(q) que nous noterons y.
Chaque point de la courbe représente un équilibre et se déduit de la position des droites de
conjugaison sur le diagramme triangulaire.
La courbe de partage a deux contacts avec la première bissectrice, le point limite PI, qui
correspond au point où les deux branches de la courbe binodale se rejoignent, et l'origine. La
courbe de partage passe par l'origine, qui correspond à l'équilibre binaire entre B et S. Comme
toute courbe ayant une origine expérimentale, la courbe de partage admet une tangente à
l'origine: en conséquence, le rapport Da = y/x, connu sous le nom de coefficient de
distribution, tend vers une valeur constante quand xa tend vers zéro. Cette propriété se
conserve quel que soit le système de coordonnées, en particulier quand on l'exprime avec des
concentrations au lieu de fractions massiques (ou molaires).
Figure 4: Construction de la courbe de partage.

Extraction à contacts multiples à courants croisés

Cette opération (figure 5 ) consiste en une répétition de l’extraction simple. La phase Ln-1
sortant d’un étage quelconque est mise en contact avec un solvant purTU . Les extraits Si sont
groupés et traités pour récupérer le solvant. On suppose les étages idéaux.

Figure (5): Schéma d’une extraction à contacts multiples à courants- croisés


Extraction à contacts multiples à contre-courants

Cette opération consiste à faire circuler la solution à extraire, LA et le solvant, VWXY , en sens
inverse dans divers étages dans lesquels le raffinat, Ln s’appauvrit en soluté alors que l’extrait,
Sn , s’enrichit en soluté (figure 6) cette opération peut être réalisée, en continu, dans des
mélangeurs- décanteurs ou dans des colonnes à plateaux ou à garnissage.

Figure (6) : Schéma d’une extraction à contacts multiples à contre-courants.

Bilan matière d’une extraction liquide-liquide


Extraction à simple contact
Soit
- L0 ( mélange binaire A-B de teneur en A connue), S, L1 et S1 les masses (ou débits-
masses) respectifs de l’alimentation en solution, de l’alimentation en solvant, du
raffinat et de l’extrait ;
- Z[ , yS, ZY et \Y les titres massiques en soluté respectivement dans la solution
d’alimentation, le solvant d’alimentation, le raffinat et l’extrait.
- ] est le barycentre.(pour bilan global)
Les bilans-matière global et par rapport au soluté s’écrivent respectivement selon les
équations :
Masse total L0 + S = L1 + S1= M
] ^^_ `_ a Z[ Z[ = ZY ZY + \Y \Y = ]]
] ^^_ `_ \ \ = ZY ZY + \Y \Y = ]]
Sur le diagramme triangulaire, des couples de points L0 et S affectés de coefficients égaux à
leurs débits respectifs, et L1 et S1 affectés de coefficients analogues (par la suite, quand il sera
question de barycentres, les coefficients seront toujours implicitement les débits).

Figure (7) : Diagramme triangulaire


le rendement de l’extraction dans ce cas est donné par l’expression suivante :
VY \Y
b =
c[ Z[

Calcul des débits et des compositions


Si on connait l’équilibre physico-chimique du système (courbe+cordes).
On mélange L0 et S il se forme un ternaire M qui va se trouver sur le segment L0S et sa
position est donnée par sa composition xM.
Méthode analytique
Bilan massique global
L0 + S = M

Bilan massique sur le soluté

L0 x 0 +. S xS = M.xM

c[ d c[ + Vd V
de =
c[ + V
Si \ est pur alors d V = 0
c[ d c[
de =
c[ + V
Méthode graphique (Règle du bras de Levier)
V ffffff
]c[
=
c[ fffff
]V
Ou
e fffff
c[ V
=
V ffffff
]c[
Au point M le mélange est hétérogène et à l’équilibre ce mélange se sépare en deux phases
cY et VY donc le segment (cY VY ) est une corde d’équilibre.
V
Le rapport est appelé le taux de solvant.
c[

Débit minimum de solvant


Si on connait la quantité de l’alimentation c[ sa composition en soluté x L0, la quantité de
solvant V et sa composition en soluté d V
Si on utilise une faible quantité en V, le point du mélange ternaire M se trouve très proche de c[
sur la droite c[ V et la limite est donnée par le point M1 (le point d’intersection de la droite (c[ V)
avec la courbe de miscibilité) qui représente un mélange ternaire homogène pour lequel
l’extraction est impossible.
Le mélange M1 correspond à la quantité minimale de solvant pouvant être utilisée.
Méthode de calcul analytique :
c[ + VghW = eY

c[ d c[ + VghW d V = eY d eY
c[ d c[ + VghW d V = c[ + VghW d eY
d c[ − d eY 
VghW = c[ .
d eY − d V 

Graphiquement
eY c[
VghW = ci  
eY V

Débit maximum de solvant

Si la quantité de V est très importante on risque d’obtenir un mélange ternaire homogène et le


point M se déplace vers V jusqu’à une limite maximal à ne pas dépasser (point ternaire M2). Ce
cas correspond à la quantité de solvant maximum pouvant être utilisée.
Méthode analytique :

c[ + Vgjd = ek
c[ d c[ + Vgjd d V = ek d ek = c[ + Vgjd . d ek
d c[ − d ek 
Vgjd = c[ .
d ek − d V 

Extraction à contacts multiples à courants croisés

Extraction à courants croisés : schéma de l’installation


L bilan-matière s’écrit globalement pour chaque étage ou par rapport au soluté
• Pour l’étage (i) :
Masse total Zl2Y + \[l = Zl + \l = ]l
Masse de A Zl2Y ZlmY = Zl Zl +\l \l = ]l ]l
Masse de S Zl2Y ZlmY + \[l = Zl Zl + \l \l = = ]l ]l
Le point Mi est le barycentre sur le diagramme triangulaire, des couples Zl2Y et \[l d’une part
et Zl , \l d’autre part.
Les rendements des opérations peuvent être calculés pour un étage (n) et globalement pour
l’ensemble des étages (.n.)
VW oW
b = c pour l’étage n
WmY d WmY

VY oY XVk ok X⋯XVW oW
b = pour l’ensemble des étages
c[ dc[
Extraction à contre courants multiples
Le bilan massique s’établit d’une façon semblable pour une extraction à contacts multiples à
contre courant

Bilan global
ejqqr stsju c[ + VWXY = cW + VY
ejqqr vr i c[ d [ = cW d cW + VY d VY = e. d e
ejqqr vr V VWXY = cW ocW + VY oVY = e. oe
Bilan opératoire
Ils sont effectués à travers la surface de contrôle (figure )
ch2Y + VWXY = cW + Vh
StWw ch2Y − Vh = cW − VWXY = ∆
ejqqr vr i ch2Y d chmY − Vh d Vh = cW d cW − VWXY d VWxY = ∆ d ∆

ejqqr vr i ch2Y ochmY − Vh oVh = cW ocW − VWXY oVWxY = ∆ o∆


Ces bilans sont établis quel que soit i ; géométriquement, ils traduisent l’existence d’un point
∆, appelé point opératoire, barycentre de tous les couples (ch2Y , Sz 

Figure (8) – Extraction à contre-courant : schéma de l’installation


Le rendement de l’extraction s’exprime généralement par rapport à la quantité de soluté
présente dans l’extrait. Dans ce cas il est calculé à partir de l’expression
VW oW
b =
cW2Y d W2Y
Calcul et construction graphique de MacCabe et Thiele
La détermination du nombre d’étages peut se faire sur le diagramme de distribution. La
courbe d’équilibre est une donnée expérimentale ; elle est de la forme :
U = {  U 
La relation opératoire se déduit du diagramme triangulaire
L’emploi du diagramme de distribution est pratiquement limité aux cas où la relation
opératoire est une droite.
Le cas des solvants de miscibilité nulle permet une telle simplification : un seul des trois
Constituants se partage entre les deux phases (soluté A par exemple). La quantité de B dans
les phases (ch  et la quantité de V dans les phases Vh sont constantes. En appelant c le débit
massique de B dans les phases ch et V le débit massique de solvant dans les phasesVh on
peut définir de nouvelles fractions massiques réduites :
U
 U =

Et
U
U =
T
La relation opératoire est alors de la forme :
.  U2 − T U = .  |

D
Cette relation est représentée sur le diagramme de distribution par une droite de pente et
}
d’abscisse à l’origine  |

Un autre cas simple est celui où les débits volumiques ~ et ~ des deux phases sont constants.
L€
U=
‚€

Et
A}z
C}z =
q}
Ce cas est relativement fréquent en hydrométallurgie lorsque la teneur en A dans les deux
phases reste nettement inférieure à celle des autres constituants. Le débit volumique global
varie moins vite que le débit massique global lorsque la concentration de A augmente car la
masse volumique globale augmente aussi.
La détermination du nombre d’étages se fait par une construction graphique dite construction
de MacCabe et Thiele (figure 9 ) : le point d’abscisse   situé sur la droite opératoire a pour
ordonnée  ; le point de la courbe d’équilibre de même ordonnée a pour abscisse  et ainsi
de suite. On obtient une construction en marches d’escalier que l’on arrête dès que le pied de
l’une des marches dépasse  | .Dans le cas de la figure 7, trois étages permettent d’obtenir
une fuite inférieure ou égale à celle imposée.
La variation maximale du débit volumique ~ , correspondant à une extraction totale de A
s’écrit :
(∆~  = ~   …†
avec …† volume molaire de A.

Figure 9 – Extraction à contre-courant : construction de MacCabe et Thiele

Extraction à deux alimentations


Relations générales
Le schéma général est présenté sur la figure (10).

Figure (10) – Extraction à deux alimentations : schéma général


Selon la composition de l’alimentation, nous distinguerons ici trois cas :
- on dispose de deux mélanges binaires  et ‡ de compositions différentes ;
- on peut assurer un reflux en transformant partiellement une phase en l’autre ;
- on ne peut pas faire cette transformation : on fera donc un lavage par une solution ne
contenant pas le corps A.
La batterie d’extraction est composée de deux tronçons ; on doit donc établir deux séries de
relations opératoires (pour une unité de temps) :
Relations opératoires du tronçon 1 :
Masse totale :
T|X + U2 = TU + |

TU − U2 = T|X − | = ∆
Masse de A
TU U − U2  U2 = −|  | = ∆ ∆3
Masse de S
TU U − U2  U2 = T|X − |  | = ∆ ∆3

Relations opératoires du tronçon 2 :


‡
Tˆ + ‡ = T + ˆ2
‡
Tˆ − ˆ2 = T − ‡ = ∆
Masse de A
‡
Tˆ ‰ − ˆ2  Š‰m3 = T 3 − ‡  Š‹ = ∆ ∆4
Masse de S
‡
Tˆ ‰ − ˆ2  Š
‰m3
= T 3 − ‡  Š
‹
= ∆ ∆4

Le bilan global de l’installation s’écrit :

T|X + ‡ +  = T + | = T|X + ℜ = Œ


Masse de A
  ‹
+ ‡  Š
‹
= ℜ ℜ‹ = T 3 + |  
= Π

Masse de S
T|X + ‡  Š
‹
= T|X + ℜ ℜ‹ = T 3 + |  
= Π

ℜ est le barycentre de  Ž ′ et M celui de T|Xet ℜ d’une part et celui de T Ž |


d’autre part. On obtient finalement :  = ∆ − ∆ . les deux bilans partiels correspondants
s’en déduisent simplement.
Construction : les points , ′ , ℜ Ž | se placent facilement sur le diagramme triangulaire
(figure 11 ), les compositions de  , ′, Ž | et les débits de  , ′ , étant donnés. La
position du point M sur la droite ℜ T est donnée par la relation barycentrique :
Œ ℜ T
=
ŒT ℜ
Figure 11 : Extraction à deux alimentations : placement des points opératoires

T est ensuite placé à l’intersection de la droite | Œ de la courbe binodale. ∆ est le


barycentre de T|Xet | d’une part et de Tet ℜ d’autre part ; il est donc à l’intersection de ces
deux droites. Quant à ∆ il est à l’intersection des droites | ∆ et T ′ .

Dans le cadre de l’hypothèse des solvants de miscibilité nulle et à débits volumiques constants
(~ , ~ Ž ~ ′  on obtient deux relation opératoires linéaires. Il vient :
- pour le tronçon 1 :
~ +~ ′
‘ =  − 
~ ‘m3 

- pour le tronçon 2 :
~′
‰ = ’ − “ + 3
~ ‰m3 ‹
′ ′

La droite opératoire du tronçon 1 (Figure 12) passe par le point ( 


; 0 et a pour pente
–— X–—′ –—′
La droite opératoire du tronçon 2 passe par le point ( ; 3  et a pour pente
–˜ ‹ –˜

3 est calculé grâce au bilan global.


–—′ –— X–—′
Quelle que soit la valeur des rapports et ces deux droites se coupent en un point
–˜ –˜
d’abscisse  ‹ Les principes des constructions de Ponchon-Savarit et de MacCabe et Thiele
seront présentés pour les trois cas envisagés.
Figure 12 – Extraction à deux alimentations : construction de MacCabe et Thiele

Vous aimerez peut-être aussi