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INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUES

SERVICE DES ETUDES ET RECHERCHES PEDAGOGIQUES

L'ENSEIGNEMENT
DU FRANÇAIS
A L'ECOLE
ELEMENTAIRE
PLAN DE RÉNOVATION
HYPOTHÈSES
D'ACTION PÉDAGOGIQUE

Lr
Brochure n° 61 R.P.

1973
Dans la même collection

« L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS
A L'ECOLE ELEMENTAIRE »

1. COMPTE RENDU DESCRIPTIF D'UNE EXPERIENCE 1967-68 (N° 38)


En consultation dans les C.R.D.P. et C.D.D.P.
Présentation par M. Louis LEGRAND Problèmes posés par l'expérimentation
Définition, but et plan de la recherche Bilan de la première année d'expérience (juin 68)
Les terrains d'implantation de l'expérimentation en Annexes (le «Projet d'instructions» de la Commis-
1967-68 sion Rouchette, hypothèses de l'expérimentation,
Le déroulement des opérations de mise en œuvre comptes rendus d'expérience, éléments de biblio-
expérimentale graphie).

ESSAIS ET CONFRONTATIONS 1968 (N° 44)


En consultation dans les C.R.D.P. et C.D.D.P.
Les problèmes posés par la rénovation de l'ensei- L'imprégnation par les textes par MM. G. JEAN et
gnement du français à l'école élémentaire par HERIN
M. l'Inspecteur général ROUCHETTE
Quelle grammaire enseigner ? par MM. GALIZOT et
Les fondements de la rénovation pédagogique de CAPET
l'enseignement du français par M. Louis LEGRAND
La motivation à l'expression orale et écrite Théorie et pratique des exercices structuraux par
Motivation de l'expression orale par M. UEBER- M. GALISSON et M l l e ROMARY
SCHLAG
Conclusions par M. MOLINE
Motivation de l'expression écrite par MM. GLOTÓN
et LEMAITRE Annexes : fiches pédagogiques

3. ASPECTS LINGUISTIQUES (N° 46)


En vente dans les C.R.D.P. et les C.D.D.P.
Stage National d'Etude et de Recherche, Paris, — Les rapports du français écrit au français oral
20-23 mai 1969 par J. PEYTARD
— Pour situer un stage par H. ROMIAN — Le système verbal dans les deux réalisations
— Les fondements implicites de la grammaire tradi- orale et écrite par J. PEYTARD
tionnelle par E. GENOUVRIER
— Problèmes des rapports entre les recherches en
— Linguistique distributionnelle et exercices structu-
linguistique et l'enseignement de la langue maternelle
raux au C E . 1 par E. GENOUVRIER
par R. MOLINE
— Approche des grammaires génératives et trans-
formation nelles par E. GENOUVRIER — La communication poétique et Ja poésie à l'école
— La structure Sujet-Verbe-Complément d'objet par élémentaire par G. JEAN
E. GENOUVRIER Linguistique appliquée à l'enseignement du français
— Problèmes posés par l'approche de la subor- langue maternelle — Eléments pour l'élaboration
dination au C M . 1 d'après C. GRUWEZ et E. GE- d'une progression grammaticale à l'école élémentaire
NOUVRIER par E. GENOUVRIER

4. PRINCIPES DE L'EXPERIENCE EN COURS (N° 47)


En vente dans les C.R.D.P. et les C.D.D.P.
SOMMAIRE

Pages

1. Louis LEGRAND - Avant-propos 5

2. Hélène ROMIAN - Une analyse du Plan de Rénovation


Pour quoi faire ? 7

3. Hélène ROMIAN - La recherche-innovation


Une problématique complexe il

4. Hélène ROMIAN - Christine de MINIAC


Analyse de contenu : « traits pertinents » du
Plan de Rénovation par rapport aux I.O. de
1923 et 1938 et au projet d'I.O. de 1967 . . 29

4.1 Analyse de contenu du Plan de Rénovation 29


4.1.1 Arrière-plan sociologique 30
4.1.2 Fondements linguistiques - La langue 32
4.1.3 Fondements psychologiques - L'enfant et la langue . . 37
4.1.4 Fondements pédagogiques - Le maître / L'enfant / Le
groupe-classe 42
4.1.5 Activités de français . . . 47
4.1.5.1 Entraînement à l'expression orale >. 47
4.1.5.2 Apprentissages premiers de la lecture / écriture 48
4.1.5.3 Entraînement à la lecture 51
4.1.5.4 Entraînement à l'expression écrite 54
4.1.5.5 Grammaire 57
4.1.5.6 Vocabulaire 61
4.1.5.7 Orthographe 64
4.1.5.8 Approches de la langue poétique 65

4.2 Hypothèses pédagogiques à valider 67

4.3 Thèmes de recherche 73

5. Annexe - Les terrains expérimentaux (Année 72-73) 77


L. LEGRAND

L'étude que nous présentons aujourd'hui au grand public a fait


l'objet d'une publication restreinte dans « Repères » n° 6 (1) en
octobre 1970.
On pourra s'étonner d'une date si tardive pour cette publication
et s'interroger sur son opportunité, compte tenu des décisions
institutionnelles intervenues entre-temps avec la parution des
nouvelles instructions sur l'enseignement du français à l'école
élémentaire. Nous avons cependant tenu à le faire, à la fois pour
répondre à une demande concernant une publication devenue
introuvable et pour apporter des éléments de clarification d'au-
tant plus indispensables que les instructions nouvelles engagent
désormais tous les maîtres dans la voie d'une transformation
de leur pédagogie.
Madame ROMIAN explicite ces intentions en situant ce docu-
ment dans le développement de notre recherche conçue comme
innovation contrôlée ou « recherche opérationnelle ».
C'est pourquoi je me contenterai de deux précisions complé-
mentaires.

1° Désormais, pour l'historien de la pédagogie, quatre en-


sembles de textes pouvant orienter la pédagogie du français,
sont en présence.
— Les instructions antérieures de 23 et de 38
— Le projet d'instructions de 1967 (RP n° 38)
— Le Plan de Rénovation dit « Plan Rouchette » (RP n° 47)
— Les nouvelles instructions.
Un texte, fut-il « instructions » n'est qu'un texte : nous enten-
dons par là qu'il ne saurait en aucun cas décrire une situation
réelle : « l'état de la pédagogie du français ». Il ne fait qu'ex-
pliciter l'état d'une réflexion, qu'exprimer un ensemble d'objec-
tifs et de croyances quant aux moyens jugés aptes à les
atteindre.

(1) «Repères pour la rénovation de l'enseignement du français à l'école élé-


mentaire». Bulletin de liaison et d'échange des équipes expérimentales de
français ( 1 e r degré), I.N.R.D.P., hors commerce. En consultation dans les
C.RJDJP. et C.D.D.P.

5
Le document de 1970 que nous publions ci-dessous est d'abord
l'analyse de contenu des trois ensembles de textes disponibles
à ce moment. Une telle analyse était indispensable pour mettre
en relief de façon précise les oppositions et les convergences
et pour souligner ce faisant le caractère propre de chacune
des orientations. Il est clair que cet effort d'explicitation était
indispensable pour les maîtres chargés d'appliquer et d'inter-
préter, au niveau de la classe, les nouvelles orientations du
« Plan ». Il est clair également qu'un travail semblable reste
à faire sur les nouvelles instructions. Comme tel, le document
que nous publions s'adresse déjà à tous les maîtres soucieux
de mieux comprendre l'originalité des nouvelles orientations.

2" Cette analyse de contenu avait un second intérêt qui


garde également toute sa valeur. Pour l'action pédagogique,
ces textes constituent d'une part un ensembled'objectifs, d'autre
part un ensemble de choix techniques pour les atteindre. Pour
le chercheur en éducation, l'adéquation des choix techniques
proposés aux objectifs définis fait problème tant que la preuve
n'a pas été administrée scientifiquement de leur cohérence.
C'est pourquoi l'analyse de contenu du « Plan » conduit natu-
rellement le chercheur à décrire ces choix techniques comme
hypothèses tant que la preuve n'a pas été apportée de leur
efficacité.
La seconde partie du document est donc la traduction de
croyances en l'efficacité de telle ou telle technique en hypo-
thèses susceptibles de vérification ou d'information. Ces hypo-
thèses ont orienté la phase d'évaluation en cours. Mais ce
contrôle de l'innovation doit également conduire à l'instauration
d'expériences ponctuelles plus fines capables d'éclairer le projet
global, d'en préciser les obscurités et les limites, d'en rectifier
éventuellement les orientations. C'est donc au public potentiel
des chercheurs en éducation que s'adresse cette fois cette
analyse comme un appel à une collaboration déjà très large-
ment engagée.
UNE ANALYSE DU PLAN DE RENOVATION
POUR QUOI FAIRE ?
Hélène ROMIAN

Le Plan de Rénovation de l'enseignement du solutions théoriques et pratiques aussi scientifiques


Français à l'école élémentaire (1) a suscité, et susci- que possible — compte tenu de l'état des connais-
te encore les lectures, les interprétations, les réac- sances — au problème posé par l'inacceptable pro-
tions les plus diverses. 'Les réflexions, les documents portion des retards scolaires à l'issue du CM2,
de travail rassemblés dans ce fascicule de c Re- sachant que ceux-ci se trouvent liés, le plus sou-
cherches Pédagogiques » ne visent pas à en imposer vent, aux handicaps verbaux des enfants issus de
une lecture, une interprétation « orthodoxes ». Ils milieux socio-économiques, socio-culturels défa-
offrent à tous ceux qui sont soucieux d'aller aux vorisés.
sources, les éléments d'information nécessaires pour
situer le Plan de Rénovation dans le contexte de Entre 1967 et 1970, le travail des équipes s'est
travail où il a été élaboré : celui d'une recherche- orienté essentiellement vers l'innovation contrôlée.
innovation, menée en équipe et coordonnée par le Leur « charte », le projet d'Instructions Officielles
Service des Etudes et Recherches Pédagogiques de élaboré entre 1963 et 1966 par une commission
l'I.N.R.D.P. Cette recherche, qui entre dans le cadre ministérielle, que présidait M. l'Inspecteur Général
de ce que G. de Landsheere appelle la recherche Rouchette, n'était pas, à l'origine un texte de re-
opérationnellle (2), devrait permettre de trouver des cherche. Il l'est devenu à l'initiative de M. Rou-
chette et de M. Legrand qui, avec l'accord de M.
Gauthier, alors directeur de la pédagogie au Mi-
nistère, en ont confié l'essai sur le « terrain » à
(1) On le désigne également sous le titre de «Plan Œtou- des équipes d'Ecole Normale et de circonscription.
chette ». Il en existe plusieurs versions. Les plus Le Plan de Rénovation, issu du projet d'Instructions
connues ont été publiées par « Recherches Pédago-
giques » (n° 47) et par la Fédération de l'Education et du travail de 55 équipes pendant près de 3 ans,
Nationale dans sa brochure « L'enseignement du fran- conserve un caractère hydride. Conçu pour rem-
çais vu par ceux qui l'enseignent ». Cette seconde placer les Instructions Officielles en vigueur, il
version correspond (sauf la page d'introduction) au
texte adopté par la Commission Emmanuel en octo- présente « les principes essentiels, les lignes de
bre 1970, qui a servi de référence à l'analyse. force du travail » d'expérimentation engagé, « et
les données théoriques et pratiques auxquelles de-
(2) G. DE LANDSHEERE « Introductione à la recherche en vraient pouvoir se référer les maîtres, ceux qui ont
éducation ». A. Colin-Bourrelier 3 édition revue et
augmentée (1970) p. 34 et suiv. pour tâche de les former et de les aider et tous
La recherche opérationnelle transpose aux problèmes les responsables de l'enseignement élémentaire » (3)
d'éducation une méthode générale mise au point dans Et tel est bien « l'impact » de la recherche opéra-
d'autres domaines. John E. Magee (cité par G. de tionnelle, par construction, du moins dans les pays
Landsheere) la définit ainsi : « l'application systéma-
tique des méthodes et techniques scientifiques [...] où elle n'est pas tenue pour suspecte par l'Uni-
à l'étude des problèmes de conduite des entreprises, versité et les instances institutionnelles de décision.
des affaires publiques, des affaires militaires. Son « Nous pensons qu'à l'heure actuelle, écrit G. de
objectif est de fournir une illustration quantitative Landsheere (4), la recherche opérationnelle offre le
des éléments essentiels qui constituent une opération
donnée et des facteurs qui influent sur le résultat, et plus grand espoir de rénovation progressive et pro-
de donner ainsi une base solide aux décisions à pren- fonde de notre enseignement, le seul moyen dont
dre ». La recherche opérationnelle en éducation qui nous disposons pour jeter effectivement un pont en-
procède d'un besoin de rénovation, est « destinée à
aider les maîtres à modifier leur activité pratique en tre l'investigation scientifique à tendance univer-
classe, à étudier leurs problèmes et à expérimenter
de nouveaux programmes ». Elle suppose l'identifi-
cation puis l'analyse des problèmes posés, l'élabora-
tion d'hypothèses pédagogiques de solution — ou si <3) Introduction du Plan de Rénovation qui ne figure
l'on veut, d'un ensemble d'innovations pédagogiques pas dans les éditions citées.
— une expérience, puis l'évaluation quantitative et
qualitative des résultats obtenus. (4) « Introduction à la recherche en éducation » p. 37.

7
selle et la pratique quotidienne ». Encore qu'il n'ait flexion, de discussion aux équipes I.N.R.D.P. et,
pas été retenu comme tel, le Plan de Eénovation r é - en même temps, des thèmes de travaux universi-
pond donc à la fonction d'Instructions Officielles. Il taires, individuels ou collectifs, au niveau de la
définit par ailleurs les dénominateurs communs des maîtrise ou du IIP Cycle. Cette ouverture vers
équipes expérimentales au plan des pratiques péda- l'Enseignement Supérieur devrait, nous le souhai-
gogiques, des grandes orientations de principe. Mais tons vivement, être l'occasion de créer des liens de
tel quel, on ne peut le considérer comme un docu- collaboration entre nos équipes I.N.R.D.P. et celles
ment de recherche, dans la mesure où il s'oriente des U.E.R. intéressées, notamment en linguistique,
vers une action pédagogique et non pas exactement en psychologie, en sociologie, en Sciences de l'Edu-
vers l'observation des « rendements » pédagogiques cation. Cette collaboration, déjà effective sur un
de telle ou telle hypothèse. certain nombre de nos « terrains », correspond à
une nécessité vitale pour nos équipes de pédago-
Il importait donc d'expliciter les hypothèses péda- gues-chercheurs et praticiens. Nous sommes
gogiques qui sous-tendent le Plan de Rénovation, convaincus que nous offrons ainsi des terrains
et les présupposés sociologiques, linguistiques, psy- d'observation en prise directe sur des mutations
chologiques qu'elles impliquent, de manière à les pédagogiques de contenus, de démarche, de mé-
rendre « opérationnalisables », transposables en thodes déjà faites ou se faisant, dont l'intérêt ne
termes d'hypothèses de recherche à proprement saurait échapper à personne.
parler, puis en termes d'épreuves de contrôle, de va-
lidation expérimentale. Dès 1967, le projet expéri-
mental se définissait par l'observation comparée
d'une « génération » expérimentale, suivie du C.P. Les enseignants qui liront ces documents de travail,
au CM2, et d'une c génération » de référence, non et nous espérons qu'ils seront nombreux, seront
expérimentale, l'objectif étant de voir s'il existe peut-être déçus par leur caractère théorique. Et
— ou non — des différences significatives entre il est bien vrai que ces analyses, ces réflexions se
elles. L'analyse de contenu du Plan de Rénovation situent non pas au plan de la « parole », mais au
devait donc dégager non pas l'ensemble des plan de la « langue pédagogique ». Si l'on veut bien
« traits » pédagogiques dont il se compose, mais les nous permettre de transposer à la pédagogie la
« faisceaux » pertinents de traits par lesquels il distinction que Saussure établit entre la parole,
s'oppose aux pratiques les plus générales, telles réalisation concrète, individuelle, dans l'ordre des
qu'elles se reflètent dans les Instructions de 1923 mouvances, des interférences, de la complexité, des
et 1938. Ce n'est point en effet de trait à trait que pratiques vécues, et la langue, système abstrait
peut jouer l'opposition, mais de sous-ensemble à de lois de fonctionnement, dans l'ordre des cons-
sous-ensemble, de « faisceau » à « faisceau ». L'in- tantes, des distinctions pertinentes, de la simplifi-
troduction du projet d'Instructions dans le champ cation des pratiques théorisées.
d'analyse ne répond pas seulement à une honnêteté
historique : elle permet d'éclairer la nature des Mais nous sommes convaincus que les théorisations,
oppositions dégagées, d'en vérifier la pertinence (1). nécessaires à la recherche expérimentale, ne le sont
pas moins aux praticiens. La pédagogie ne sortira
Le schéma théorique ainsi obtenu fournit une en effet des ornières de l'empirisme que si les
« grille de lecture » du Plan de Rénovation, qui enseignants apprennent à « distancier » par rap-
fait apparaître les idées-clés du texte, les hypo- port à leur expérience individuelle, à conceptua-
thèses pédagogiques à valider, des pistes de recher- liser leur pratique par rapport aux autres pratiques
che à explorer soit dans le cadre des équipes possibles, à l'analyser avec rigueur.
I.N.R.D.P., soit ailleurs.
Ces documents de travail publiés à l'origine dans
Les équipes I.N.R.D.P. n'entendent nullement en « Repères » n° 6 en octobre 1970 — qui n'ont pas
effet se réserver le monopole des recherches me- été conçus pour une publication à usage « externe »,
nées sur la pédagogie du français à l'école élémen- hors des équipes de recherche — sont loin de
taire. L'analyse de contenu du Plan de Rénovation, constituer un modèle de théorisation. Nous mesu-
le système d'hypothèses pédagogiques correspon- rons bien, avec un recul de 3 ans, les insuffisances,
dant, les thèmes de recherche qui en découlent sont les lacunes de l'analyse, de la formulation des hy-
à considérer comme un premier défrichage qui n'a pothèses, de l'inventaire des thèmes de recherche.
eu d'autre ambition que de fournir une base de r é - Mais d'aucuns ayant bien voulu nous dire qu'ils
considèrent « Repères » 6 comme un « outil » d'ap-
proche indispensable, nous avons pris le risque de
(1) Cf. Pour illustrer la même méthode d'analyse H. RO- le verser dans le dossier public sur l'enseignement
MIAN « Finalités et objectifs de l'enseignement du du français à l'école élémentaire. Nous n'y avons
français à l'école élémentaire », « Langue française »
n° 13, Larousse. apporté aucune modification, bien que l'envie ne

8
nous en ait pas manqué : ainsi la description com- N.B. - Sont actuellement en chantier un fascicule
parée des techniques de reconstitution de textes, sur l'enseignement du vocabulaire et un en-
ou celle des diverses approches de la langue poé- semble de trois fascicules consacrés à un
tique eût pu être plus fine, pour ne citer que ces commentaire pédagogique pratique et théo-
deux exemples, au hasard. Par respect de l'inté- rique du Plan de Rénovation.
grité d'un moment de la recherche aujourd'hui
dépassé certes, mais qui est. Pour permettre aux Par contre, il serait prématuré de rendre
maîtres, aux étudiants, aux équipes qui utiliseront compte en détail des travaux de validation
cet « outil », de le traiter en outil, de le manier, expérimentale engagés depuis 1971. Un
de le transformer, et d'aller eux-mêmes plus au premier essai de validation portant sur
fond des choses. 60 CM1 a eu lieu en mai 1972. Les lecteurs
intéressés par ces problèmes de validation
expérimentale peuvent se reporter à « Re-
Mars 1973. pères ».

9
LA RECHERCHE - INNOVATION
UNE PROBLÉMATIQUE COMPLEXE
Hélène ROMIAN

Condenser en quelques pages la problématique de il faut bien admettre que l'enseignement du fran-
l'innovation contrôlée sur laquelle reposent les re- çais plus que tout autre, dépend de l'équation per-
cherches des équipes I.N.R.D.P. en Français, au sonnelle du maître, et qu'il relève de domaines de la
niveau du 1" degré, constitue certainement un connaissance qui n'ont pas encore acquis un statut
exercice périlleux. Faire apparaître les lignes de scientifique incontesté : et notamment la linguis-
force d'un travail collectif de plusieurs années tique, la psychologie, sans parler de psycho-lin-
n'est jamais très facile. En l'occurrence, le ter- guistique ou de psycho-sociologie de l'éducation.
me générique : « équipes expérimentales de Fran-
çais — l*r degré » renvoie à un réfèrent mul- Enfin, nous conviendrons que la recherche — inno-
tiforme, divers ; 950 instituteurs sains lesquels vation (ou la recherche opérationnelle, comme on
rien ne serait possible, travaillaint en collabo- voudra), appelle une méthodologie spécifique assez
ration avec des directeurs et professeurs d'Ecole peu orthodoxe, si l'on en juge selon les canons de
Normale, des I.D.E.N., des conseillers pédagogiques, la méthode expérimentale appliquée aux sciences
des psychologues scolaires, des conseillers d'orien- de la nature ou ceux de la psychologie expérimen-
tation, des psychologues et des linguistes de l'En- tale, en laboratoire. Un système d'innovation péda-
seignement Supérieur ; quelque 90 « terrains » ex- gogique contrôlé par l'unité de recherche Français
périmentaux, de St-Brieuc à Toulouse, de Poitiers
à Colmar, en secteur urbain ou rural. 1*' degré a été mis en place empiriquement à partir
de la rentrée 1967-68, sur 21 terrains — 90 actuel-
lement. La synthèse des travaux a fait apparaître
Le « champ » pédagogique n'est pas moins vaste successivement un système d'hypothèses pédago-
que le « champ » géographique, et par conséquent giques (l'essentiel de ce fascicule), puis un système
linguistique, évoqué. La recherche entreprise sur d'hypothèses de recherche à valider sur un échan-
la rénovation de l'enseignement du français à l'é- tillon représentatif de la population scolaire qui
cole élémentaire constitue en réalité un faisceau sera prélevé sur l'ensemble des terrains. Cette se-
de recherches convergentes centrées d'une part sur conde phase de la recherche, actuellement en cours,
l'étude des conditions pédagogiques susceptibles de n'apparaît, dans ces pages, qu'en filigrane. Nous
déterminer une mutation de l'enseignement du avons tenu en effet à souligner dès maintenant —
français, et d'autre part sur l'analyse de la langue et avant même que le travail pré-expérimental
enfantine en situation scolaire, dans ses réalisations
orales ou écrites, l'observation des performances soit terminé — que l'introduction de l'innovation
syntaxiques ou lexicales des enfants, l'observation contrôlée dans le circuit expérimental permet de
des comportements pédagogiques en situation de formuler des hypothèses pédagogiques, puis des
communication ou d'apprentissage de la langue, hypothèses de recherche fortes, dans la mesure où
l'observation des comportements verbaux des en- elles s'enracinent à la fois dans la pratique péda-
fants, de leur « créativité » dans ce domaine etc.. gogique vécue et dans un travail de théorisation ap-
La difficulté tient encore à la nature même de profondi. Le contrôle de l'innovation, puis la mise
l'objet de la recherche : la pédagogie — du fran- au point d'une méthodologie de validation expéri-
çais — à l'école élémentaire ; trois domaines qu'il mentale ne vont pas sans poser des problèmes aussi
est convenu de considérer comme a — scientifiques, complexes que passionnants, qui ne sont pas tous
sachant que la pédagogie est un art, le « français » encore résolus au moment où ces lignes sont écrites.
la chasse gardée des « littéraires », c'est-à-dire des Il importait cependant, quitte à anticiper, de situer
non-scientifiques, et que l'enfant de 6 à 11 ans est les hypothèses pédagogiques du Plan de Rénovation
infiniment moins intéressant à observer que les en « perspective », et d'esquisser les prolongements
tout-petits. Même si on ne partage pas ces vues, expérimentaux dont elles sont indissociables.

11
I - NATURE DU PROBLEME ET DES HYPO- gendrés par le milieu socio-économique, socio-cul-
THESES PEDAGOGIQUES DE SOLUTION tuel. C'est à ce niveau que se situe l'intérêt métho-
dologique de l'innovation contrôlée dans un circuit
expérimental.
1.1. NATURE DU PROBLEME
1.1.2. Agir pour connaître
1.1.1. Un problème d'intérêt national Le procès de l'enseignement du français à l'école
Le problème à résoudre n'a rien de circonstanciel, élémentaire n'est plus à faire. Nous disons bien :
de gratuit : plus de 50 % d'enfants en retard sur le procès de l'enseignement, dans ses aspects gé-
leur classe d'âge à l'issue du CM 2, en raison de néraux objectifs. Il n'est ici nullement question des
handicaps verbaux liés le plus souvent à leur maîtres, de leur compétence professionnelle. Les
milieu socio-économique, socio-culturel. Ce constat Instructions Officielles du 4-12-72 — qui ne sont
dramatique a été le point de départ des travaux pas nées de rien — réagissent à juste titre contre
de la Commission Rouchette entre 1963 et 1966. les cloisonnements artificiels, le verbalisme, l'ina-
II demeure la clef de voûte du Plan de Rénovation. daptation aux intérêts, aux capacités réelles des
Notons en passant que les Instructions officielles enfants, le mépris de l'expression orale, l'hégémonie
du 4-12-72 n'en font plus mention. Il est révélateur du maître dans le dialogue pédagogique. Elles s'ins-
des habitudes françaises qu'on ait d'abord pensé pirent partiellement des travaux du mouvement
résoudre le problème en créant une commission Freinet sur la motivation de l'expression, le rôle
ministérielle, puis en suscitant une recherche ex- des activités coopératives, des activités de libre
périmentale, pour en revenir finalement à des Ins- création enfantines. Le Plan de Rénovation va plus
tructions Officielles élaborées « au sommet ». loin. Il procède du refus d'une pédagogie empirique
Ce qu'il importe de souligner ici, c'est qu'une qui ignore les données les plus assurées de la lin-
même hypothèse est sous-jacente à ces tra- guistique et de la psychologie, confond les diffé-
vaux : puisque l'on constate une forte corrélation rents plans du discours correspondant aux diffé-
entre le « rendement » du système éducatif de rentes fonctions du langage, la langue écrite pha-
l'école élémentaire et le niveau de maîtrise de gocytant la langue orale, et la langue littéraire
la langue d'une part, entre le niveau de maîtrise l'ensemble des réalisations possibles de l'écrit ;
de la langue et le milieu socio-économique, socio- une pédagogie qui fonctionne à vide, hors de situa-
culturel d'autre part, on peut supposer que la pé- tions pédagogiques définies de manière à motiver
dagogie du français joue un rôle important dans la communication, l'expression, la structuration
les processus d'échec scolaire. Sachant bien que la conjointe du langage et de la pensée, la création
pédagogie du français n'est pas seule en cause, ni verbale. On peut lire dans le Plan de Rénovation
même l'école élémentaire, ni même le système édu- un renoncement à l'attitude normative, « correc-
catif dans son ensemble, et que le poids des pré- tive » des maîtres, génératrice de blocages, et au
déterminations économiques, sociales pèse lourd mieux, de performances artificielles sans rapport
dans la balance. avec la langue telle qu'elle se parle et s'écrit, ici
et maintenant.
La recherche se focalise au départ sur le « champ »
des activités de français en citasse, qu'il fau- Le Plan de Rénovation, élaboré en réaction contre
dra pouvoir décrire dans une perspective opéra- la pratique du langage à « vide », intègre les pra-
tionnelle, en termes de variables indépendan- tiques de motivation à l'expression, la communi-
tes (de l'ordre des causes), et de variables cation des classes Freinet, et le principe d'un ap-
dépendantes (de l'ordre des effets). Or, comment prentissage systématique de la langue, dans une
établir que la pédagogie du français peut effective- démarche de libération et de structuration du lan-
ment être considérée comme variable indépen- gage. Mais il transforme, ces pratiques, ce prin-
dante ? On aurait pu se limiter aux démarches pé- cipe, à la lumière des données de la linguistique et
dagogiques existantes, en raisonnant par exemple de la psychologie sur lesquels existe un large
sur les deux « pôles » que constituent la pédagogie consensus : la communication devient l'axe moteur
« traditionnelle » basée sur l'imitation du modèle des activités de français ; la motivation se nourrit
des « bons auteurs », et la pédagogie des classes des travaux portant sur les situations de commu-
Freinet basée sur l'expression enfantine motivée. nication, en relation avec les fonctions-clés du lan-
On pouvait aussi opter pour l'innovation, et cher- gage : la communication, l'expression individuelle,
cher à mettre au point une démarche pédagogique la structuration de la pensée, la création ver-
nouvelle intégrant une critique constructive des bale (1) ; l'apprentissage systématique de la langue
pratiques générales existantes, et se donner ainsi
les moyens d'une étude comparée féconde sur les (1) Cf. MOUNIN « Clefs pour la linguistique », Seghers, et
JAKOBSON « Eléments de linguistique générale » coll.
moyens propres à pallier les déficits verbaux en- Points Ed. de Minuit.

12
s'articule à partir des concepts fondamentaux de de papa, à coups de < patates » plus ou moins ma-
système-langue (1), de système de performances thématiques, d' « arbres » plus ou moins choms-
opératoires et verbales dont l'enfant est capable kiens. Il s'agit de ne pas être à contre-courant par
à un stade donné (2). Ce faisant, les équipes de rapport aux recherches linguistiques actuelles,
recherche prennent des risques qu'on ne saurait d'ouvrir l'enseignement de la grammaire à une ef-
passer sous silence : l'application à l'action édu- fective mutation.
cative de données théoriques relevant de domaines
de la connaissance qui, nous l'avons souligné plus Premier principe : l'enseignement de la grammaire
haut, n'ont pas encore pleinement conquis leur — ou si l'on préfère l'apprentissage systématique
statut scientifique me va pas sans poser problè- des structures syntaxiques de la langue — suppose
me. Mais l'innovation est-elle possible sans se ris- d'abord la pratique intensive des règles de fonc-
quer hors des sentiers battus ? Le tout est de cir- tionnement de la langue ; c'est alors le maître qui
conscrire, mesurer, contrôler les risques que l'on « fait » de la grammaire, les exercices dits « struc-
prend, nous y reviendrons. Faute de quoi, loin de turaux «, à l'oral, comme la reconstitution de tex-
pallier les déficits verbaux engendrés par le milieu tes à l'écrit excluant toute analyse reflexive
socio-économique, socio-culturel, on pourrait bien consciente de la part de l'enfant 1(5) ; c'est pour-
aboutir à les renforcer... quoi on a pu parler de grammaire «implicite».
Second principe : « Il ne s'agit pas d'observer puis
d'apprendre, mais de pratiquer puis de découvrir
« les lois élémentaires de la syntaxe par la mani-
pulation organisée d'énoncés qui les mettent en
1.2. NATURE DES HYPOTHESES œuvre » (5) ; cette manipulation procède de plu-
PEDAGOGIQUES sieurs opérations : « la distribution des divers
éléments d'un énoncé, les transformations qui peu-
vent le modifier, dans sa forme orale et écrite, la
1.2.1. Des hypothèses ouvertes possibilité ou l'impossibilité pour tel élément de
se déplacer (permutation) ou de s'échanger avec
Les hypothèses pédagogiques sous-jacentes au Plan d'autres (commutation), l'attention portée aux va-
de Rénovation (3) ¡relèvent — et comment en riations conséquentes de l'information transmise
irait-il autrement ? — de modèles théoriques qui sont autant de critères de cette découverte * (5)
sont loin d'être achevés. Prenons l'exemple de la dont nous parlions ; ces opérations largement in-
grammaire, le plus sensible aux maîtres. Les limites tuitives au CE., deviennent de plus en plus r e -
de la grammaire traditionnelle, qu'elle se dise fonc- flexives au C M . On pose en hypothèse d'ensem-
tionnelle ou voire même structurale, sont mainte- ble que cette approche analytique (comme en vo-
nant un fait bien établi (4). De là à dire que cabulaire) devrait permettre une meilleure maîtrise
l'enseignement de la grammaire ne présente aucun dans les « approches globales » de la langue c'est-à-
intérêt à l'école élémentaire, il n'y a qu'un pas dire l'entraînement à la communication orale et
qu'un certain nombre de membres des équipes surtout à la communication écrite.
auraient volontiers franchi. D'autres, par contre,
les plus nombreux, estiment que, sans attendre de Le travail des classes expérimentales témoigne
disposer d'une description structurale du français que ces hypothèses pédagogiques ne se situent nul-
oral et du français écrit qui fasse l'unanimité — lement dans l'axe d'une aventure futuriste ou d'une
existera-t-elle d'ailleurs un jour ? — on peut anticipation hâtive, mais dans l'axe du réalisable,
retenir de la linguistique structurale des principes, dès maintenant (6) à condition de former les maî-
des outils intellectuels d'observation de la langue, tres à l'observation scientifique de la langue, à
propres à rénover l'enseignement de la grammaire une pédagogie de la découverte qui, faisant d'abord
dès maintenant. Disons-le tout net : il ne suffit pas la part la plus large aux tâtonnements libres des
pour cela de rajeunir la bonne vieille grammaire enfants, leur offre ensuite, à partir de leurs trou-
vailles, de leurs erreurs, les outils intellectuels né-
cessaires à une investigation rigoureuse de la
langue.
(1) Cf. SAUSSURE « Cours de linguistique générale »,
Payot.
(2) Cf. PIAGET «Psychologie et pédagogie», Gonthier (5) Cf. le Plan de Rénovation.
Denoël.
(6) Cf. également !.. LEGRAND « Grammaire pour l'ex-
(3) Cf. p. 29. pression » Nathan, et E. GENOUVRIER - Cl. GRUWEZ
« Français et exercices structuraux », CE. 1, CE. 2,
(4) Cf. « Recherches Pédagogiques » n° 46, p. 21. CM. 1, CM. 2 Larousse.

13
Si les pédagogues attendent des certitudes ¿Linguis- donnée linguistique ou psychologique dans une hy-
tiques, psychologiques absolues pour appliquer la pothèse pédagogique n'est pas un article de foi
linguistique et la psychologie à leur domaine pro- absolue mais elle répond aux besoins actuels de
pre d'action éducative, il est probable qu'ils en l'action pédagogique. Ainsi le fait de poser que le
resteront toujours à l'empirisme. Aucune science langage est « essentiellement un moyen de com-
en effet, à un moment donné de son devenir, ne munication » et que, par conséquent, « l'objet de
donne de certitude absolue. Aucune science ne peut l'enseignement du français à l'école élémentaire
prétendre que les modèles théoriques, les grilles est l'usage et le développement des moyens lin-
d'observation qu'elle définit enserrent l'entière réa- guistiques de la communication ». Mais que, par
lité et ne laissent rien échapper d'essentiel. Et sur- ailleurs, le langage comporte d'autres fonctions, par
tout pas les sciences humaines, domaine des dyna- exemple une fonction d'expression où l'organisa-
miques relatives, situatipnnelles, et non pas des tion du message se centre sur le « destinateur »,
certitudes éternelles. Invoquer les incertitudes des une fonction d'élaboration de la pensée où elle se
sciences humaines et notamment de la linguistique centre sur le « contexte » (ou réfèrent), une fonc-
et de la psychologie, pour en repousser les appli- tion « poétique » (ou esthétique au sens large),
cations pédagogiques aux calendes relève d'une où elle se centre sur le message, une fonction méta-
conception très contestable de la nature même linguistique où elle se centre sur le « code » qui
d'une connaissance scientifique des phénomènes sert à communiquer (1). Ces distinctions, si sché-
humains, ou d'un refus, conscient ou non, de toute matiques soient-elles, peuvent aider le pédagogue
innovation réelle en matière de pédagogie du fran- à analyser de manière différenciée les diverses pro-
çais, de pédagogie en général. ductions verbales possibles, elles l'empêchent de
céder à la tentation de vouloir les couler toutes
dans un moule uniforme. Si tel texte d'observa-
1.2.2. Des hypothèses utiles tion se prête très bien à la mise au point col-
lective, le contexte qui l'a suscité étant commun
On nous objectera les désaccords patents entre lin- à toute la classe, tel texte libre où un enfant a ex-
guistes, entre psychologues. Désaccords qui sont exprimé sa sensibilité profonde, et qui ne vaut
l'émergence nécessaire de problèmes mal résolus que pour lui ou pour ses amis, ne risque-t-il pas
encore. On n'a pas manqué de noter que les prin- d'être dénaturé par cette mise au point collective,
cipes énoncés plus haut se situent à un niveau de et d'être dévié de sa fonction expressive par l'intro-
généralité telle qu'il n'est guère de linguiste qui duction de critères étrangers à l'univers individuel
ne puisse les accepter. Encore que certains séman- d'où il procède ? N'est-il pas vain d'espérer que
ticiens remettent en question l'existence même de tel texte d'auteur — qui ne vaut d'ailleurs qu'en
structures syntaxiques et nient donc la validité de situation, dans l'oeuvre littéraire d'où il est extrait,
tout enseignement de la grammaire, au profit œuvre que les enfants n'ont pas lue la plupart
d'une approche sémantique des problèmes. Il n'est du temps — puisse les éclairer sur les contraintes
pais exclu que leurs travaux palissent déboucher propres à l'article de journal ou à l'exposé qu'ils
sur des applications pédagogiques fructueuses. sont en train d'élaborer sur le même thème ? A
Mais pour le moment, il n'est pas possible que la supposer d'ailleurs que l'écriture littéraire puisse
pédagogie du français, si l'on a le souci de travail- constituer le modèle auquel il convient de se réfé-
ler pour l'ensemble des maîtres, s'enferme dans rer en toute circonstance, un modèle réellement
une école linguistique ou psychologique, si puis- accessible à des enfants qui ne peuvent disposer
sante que soit la théorie que celle-ci élabore. Cela des mêmes structures verbales, mentales qu'un
ne signifie nullement qu'on va se contenter d'un adulte et qui plus est, écrivain de métier. De
éclectisme superficiel en « picorant » de-ci de-là même, le maître peut-il attendre de la poésie
dans Dubois, Martinet, Chomski, ou telle recherche un enseignement des mots et des tours de notre
de « pointe », ce qui paraît le plus compréhensible langue, dans la mesure où la fonction poétique
à des non-linguistes ou le plus séduisant. De toute du langage implique l'utilisation systématique-
façon, il n'est guère rigoureux de vouloir appliquer ment insolite, impropre, du lexique et de la syn-
à la pédagogie telle et telle recherche ponctuelle taxe, un jeu de métaphores et de transpositions
relevant de modèles théoriques hétérogènes. Ce constant ? L'intérêt du texte littéraire, du texte
qui importe à la pédagogie, ce dont elle peut s'ins- poétique est ailleurs : il permet de nourrir la « libre
pirer utilement, c'est essentiellement l'esprit gé- démarche de création verbale personnelle sans la-
néral des recherches en cours. quelle la sensibilité et l'imagination enfantine ne
Mais elle peut également faire siennes — ne serait-
ce que provisoirement — des distinctions utiles,
même si tel linguiste les conteste, même si tel Cl) Cf. le Plan de Rénovation — et JAKOBSON « Eléments
autre les juge schématiques. L'intégration d'une de linguistique générale » éd. de Minuit.

14
sauraient pleinement se développer et s'enri- Précisons que le terme « contraire » qu'emploie
chir » (1) ; il ne peut guère susciter la créativité Wallon renvoie en fait au même concept que le
enfantine que si l'enfant a été mis en situation de terme « opposition » qu'utilisent les linguistes. Il
« poésie ». D'où l'importance d'une extrême diver- cite en exemple de couples indissociables pour l'en-
sité des situations pédagogiques, situations suscep- fant, des couples de type blanc / noir aussi bien
tibles de motiver des productions orales ou écrites que des couples de type père / mère, ou même
fonctionnelles (2). Nous aurions pu prendre dans pluie / vent. Le couple, dit Wallon, suppose en
le Plan de Rénovation bien d'autres exemples : même temps pour l'enfant identification et diffé-
ainsi la distinction langue orale / langue écrite renciation, l'identique se trouvant dédoublé et le
explicitement exprimée, ou des distinctions restées différent ramené à l'unité. L'enfant ne domine
implicites (parole / langue, performance / compé- cette oscillation qu'à partir du moment où il devient
tence, signifiant / signifié, connotation / dénotation, capable de percevoir des constellations, d'établir
vocabulaire actif / vocabulaire passif, créativité / des sériations. « Des couples aux séries, de la
création), etc. Le processus d'intégration de ces structure binaire initiale au symbolisme opéra-
données théoriques à la définition d'une nouvelle toire, l'évolution intellectuelle de l'enfant est faite
démarche pédagogique est le même. Le critère d'une succession de différenciations sous l'influence
d'utilité n'est d'ailleurs pas le seul. conjuguée de la maturation des centres nerveux,
et des conditions extérieures : expérience person-
nelle de l'enfant, son langage et avec ce dernier, la
tradition ou la culture environnante ». Or, c'est
1.2.3. Des hypothèses pluri-disciplinaires vers 6-7 ans que l'enfant, à la conquête de nou-
veaux pouvoirs de discrimination intellectuelle,
11 serait évidemment malsain de chercher à ajuster accède à la « pensée catégorielle », capable d'opérer
des données relevant de modèles théoriques incom- par saisie globale, puis par différenciation des
patibles. Le problème est d'autant plus important « contraires », et enfin par intégration dans des
que les hypothèses pédagogiques, en matière d'en- « catégories ».
seignement du français, ne relèvent pas d'un seul
domaine de la connaissance. Si fécondes soient- D'où l'intérêt, en matière d'apprentissage systé-
elles, les applications de la linguistique à la péda- matique de la langue, en vue d'une analyse de
gogie du français ont à faire entrer en ligne de structures, de manipulations, d'observations portant
compte des considérants psychologiques, sociolo- sur des « couples », et visant à discriminer les élé-
giques. Par conséquent, toute hypothèse linguis- ments du couple, à les classer dans des séries. Et m ê -
tique qui trouve un répondant en psychologie ou me si cette approche ne permet pas - pas encore ? -
en sociologie, et même si tous les linguistes ne l'ac- de rendre compte de l'ensemble des faits de langue.
ceptent pas, devrait permettre la formulation d'hy- Il est capital au CP d'aider les enfants à distinguer
pothèses pédagogiques fortes. Ainsi la théorie de des sons voisins qu'ils ont tendance à confondre
la binarité selon laquelle, dit Jakobson (3), « un comme / m / et / n / , loi et / â / , ou bien / t / et /AI,
système de traits distinctifs basé sur une relation / s / et / z / , etc., en raison de difficultés anticula-
d'implication mutuelle entre les termes de chaque toires, perceptives, ou de prononciations régiona-
opposition binaire est le code optimum ». D'où il les ; de même pour les graphies voisines : m/n,
ressort que l'apprentissage des phonèmes, par ou inverses d / b / , p / q / . La découverte de la com-
exemple, ne se ferait pas à partir de phonèmes iso- binatoire des phonèmes, des graphènes a tout à
lés, mais à l'intérieur de « couples » de phonèmes en y gagner. Il est non moins capital en grammaire
opposition. Est-ce pur hasard si Wallon (4) ren- de discriminer les couples affirmation / négation,
contre ici Jakobson ? Selon lui, « le couple, ou complément essentiel non permutable / complé-
la paire sont antérieurs [pour l'enfant] à l'élément ment non essentiel permutable etc.. De même, en
isolé [...]. En règle générale, toute expression, toute matière de lexique, un terme comme « monter »
notion est intimement unie à son contraire, de selon qu'il est opposable dans le contexte à
telle sorte qu'elle ne peut être pensée sans lui ». « descendre », « démonter », « baisser », « grim-
per », s'inscrivant dans des « séries » différentes,
prend dès sens différents ; il peut être intéressant
en outre de faire élucider certaines oppositions,
(1) Cf. le Plan de Rénovation. soit que les enfants confondent les termes : cueil-
(2) Hypothèses pédagogiques Dl, B2/E2, E3, Cf. plus loin. lette/récolte, fixer/attacher, soit qu'ils n'en con-
naissent qu'un : rond/circulaire. La recherche
(3) JAKOBSON «Essais de linguistique générale» Ed. des co-oceurrents de chaque terme du couple, puis
de Minuit.
le classement des éléments de signification com-
(4) Cf. WALLON « Les origines de la pensée chez l'en- muns et des éléments de signification discriminatifs
fant » P.U.F.

15
devrait permettre des réemplois de plus en plus 2 - DEMARCHE D'ELABORATION DES HYPO-
fonctionnels dans la langue orale et écrite spon- THESES PEDAGOGIQUES DU PLAN DE RE-
tanée. L'hypothèse pédagogique selon laquelle des NOVATION
exercices d'analyse de la langue fondés sur un
processus de saisie globale de couples, puis de
discrimination des traits communs et des traits
distinctifs, d'intégration à des « séries » puis de Ces hypothèses sont nées d'une dynamique de tra-
vail collectif non préméditée. Peut-on d'ailleurs
réemploi fonctionnel (1) devrait permettre une pré-déterminer une démarche d'innovation, fût-
meilleure maîtrise de la langue, donc être consi- elle contrôlée ? Cela ne signifie nullement que les
dérée comme une hypothèse forte. équipes ont travaillé selon des modes anarchiques,
indépendamment les unes des autres, et que l'évo-
Convenons que les hypothèses pédagogiques du lution des idées, du style de recherche ait été livrée
Plan de Rénovation sont théoriquement « impu- au hasard.
res », dans la mesure où elles se fondent sur des
modèles théoriques inachevés, schématisés pour les
besoins de l'action, et relevant de domaines diffé-
rents de la connaissance. Ce sont des hypothèses 2.1. DES RESEAUX DE COMMUNICATION DI-
d'action et non pas d'étude. Mais n'est-ce pas là le VERSIFIES
propre de la pédagogie en général ? 'La pédagogie
scientifique sera pluri-disciplinaire ou ne sera pas.
Et le fait qu'en matière de pluri-disciplinarité, Dès le départ en effet, l'Unité de Recherche Fran-
d'inter-disciplinarité, les sciences humaines, les çais 1er Degré a cherché à susciter des réseaux de
sciences de l'éducation en soient encore aux pre- communication entre les équipes. D'abord en assu-
miers balbutiements, ne devrait pas dresser entre rant la reproduction et la diffusion de fiches péda-
les pédagogies et la recherche fondamentale une gogiques présentant en général une activité don-
barrière infranchissable. Qui sait si l'exploration du née ou une série d'activités convergentes. Puis au
rendement des hypothèses pédagogiques du Plan moyen de stages nationaux bi-annuels ou annuels,
de Rénovation n'est pas propre à faire apparaître d'abord placés sous le signe des pratiques pédago-
des pistes de recherches nouvelles, ou du moins à giques. Puis, parallèlement aux besoins de théo-
souligner l'importance de pistes assez peu explo- risation dont nous reparlerons, les réseaux de com-
rées en France : l'observation du langage enfantin munication se complexifient, se diversifient. Aux
entre 6 et 11 ans, l'observation des comportements fiches pédagogiques se substitue un bulletin de
pédagogiques des maîtres et des comportements liaison « Repères », susceptible de donner des vues
scolaires des enfants ? Qui sait si ces hypothèses plus synthétiques de la dynamique de travail per-
ne sont pas de nature à faire apparaître des com- çue sur les « terrains » mêmes, comme au plan na-
portements nouveaux, et par conséquent si elles ne tional. Les stages nationaux s'orientent vers la
peuvent contribuer à remettre en question bien des confrontation et la synthèse des travaux d'équipe,
a priori sur les capacités des enfants, sur les rap- s'enrichissent d'apports théoriques qui permettent
ports entre le développement du langage et celui de « nourrir » les synthèses nécessaires, d'affiner
des capacités intellectuelles, affectives, sociales, les problématiques, d'ouvrir de nouvelles pistes de
imaginatives, esthétiques ? La variable pédagogie recherche.
de la langue maternelle a peut-être plus d'impor-
tance encore que nous ne le supposons, dans ¡les Des structures de coordination régionale se met-
processus d'échec ou de réussite scolaire. tent en place : un animateur d'équipe ajoute à
ses tâches sur « le terrain » la coordination des
équipes de recherche de son Académie et parfois
De toute façon, on ne saurait comprendre ces hy- des Académies voisines, organisant la circulation
pothèses pédagogiques en les ramenant aux di- de fiches pédagogiques, des «visites» d'équipe à
mensions des procédures connues — elles ne décou- équipe, des stages, des groupes de travail. Ces
lent ni d'une réflexion en chambre ni d'un travail structures régionales permettent les rencontres, les
de laboratoire —, indépendamment de leur dyna- confrontations entre tous les membres des équipes
mique d'élaboration. et en particulier les instituteurs. Elles constituent
un premier niveau de circulation des travaux d'in-
novation, de discussion, de synthèse, de théorisa-
tion, absolument vital pour la recherche, avec une
nette dominante de l'ordre des pratiques pédago-
(1) Cf. les hypothèses pédagogiques A5 A6 A7 B7 E6 F5
giques. Les structures de coordination nationales,
Gl. sans négliger pour autant cet ordre, s'orientent

16
plutôt vers la théorisation, la validation expéri- Les difficultés méthodologiques de l'entreprise
mentale. ; sont donc loin d'être les plus redoutables obstacles
-Parallèlement, l'Unité de Recherche incite les équi- au progrès des travaux : le congé de maladie
pes à enrichir leur propre réseau de « communi- d'une dactylo non remplacée ou l'absence de secré-
cation » : constituer un « noyau » expérimental tariat Moquent beaucoup plus sûrement les travaux
continu du CP au CM2, et si possible à partir de que n'importe quel différend d'ordre théorique
la Section des Grands de l'Ecole Maternelle ou entre les membres des équipes... Ce sont là des
d'une Section Enfantine, et en liaison avec les pro- réalités qu'il convient de ne pas perdre de vue
fesseurs de 6e qui vont accueillir les élèves ; inté- actuellement en France en matière de recherche-in-
grer à l'équipe un psychologue scolaire ou un novation, et il n'est pas dit du tout que la démar-
conseiller d'orientation, un psychologue et/ou un che d'élaboration des hypothèses pédagogiques du
linguiste de l'Enseignement Supérieur. Plan de Rénovation eût été la même en l'absence
de problèmes de cette nature.
Ce système de réseaux de communication constitue
le « contrôle » de l'innovation, un contrôle assuré
par la discussion, l'échange, la synthèse des points
acquis comme des points qui restent à éclaircir.
Il fonctionne en fait selon deux axes articulés dia- 2.2. SOUS LE SIGNE DE L'EMPIRISME
lectiquement à l'image même de la démarche pé-
dagogique décrite par le Plan de Rénovation : la
libération des initiatives sans laquelle il n'est La première étape de la recherche, entre septem-
point d'innovation, la structuration du système bre 1967 et octobre 1970, se place sous le signe de
pédagogique sans laquelle l'innovation ne peut pas l'empirisme, du pragmatisme. Pouvait-il en être
déboucher sur l'expérimentation, au sens scienti- autrement ? Le projet d'Instructions Officielles de
fique du terme. la Commission Rouchette définit empiriquement
Mais on ne saurait passer sous silence le fait que une démarche pédagogique « globale », en réaction
les divers réseaux de communication succincte- contre les cloisonnements artificiels de la démarche
ment présentés, et bien qu'ils soient nés des besoins traditionnelle qui fragmente l'enseignement de la
des équipes, fonctionnent mal, faute de moyens langue en « disciplines », en « leçons » distinctes qui
suffisants. Le secrétariat, les bandes de magnéto- ont chacune leur objet propre « qu'on ne saurait
phone ou de magnétoscope, « nerf » des échanges confondre sans graves inconvénients pédagogi-
de documents, font souvent défaut ; les crédits de ques ». Le texte intègre à cette démarche un cer-
stages ne permettent plus qu'un stage national par tain nombre de techniques pragmatiques recom-
an, à l'exclusion des groupes de travail constitués mandées par les mouvements d'Education Nouvelle,
autour d'un même thème ; les stages régionaux ne et notamment des techniques de motivation à l'ex-
se tiennent que dans les Académies où les C.R.D.P. pression (texte libre, correspondance scolaire) em-
peuvent les organiser sur leur propre budget ; pruntées aux classes Freinet, mais sans aller jus-
enfin les membres des équipes ne peuvent, le plus qu'à recommander l'utilisation de l'imprimerie,
souvent, consacrer qu'un temps limité à la recher- l'organisation de la classe en coopérative. Par ail-
che : les instituteurs, les IDEN, les psychologues leurs, la Commission s'est fortement inspirée de
scolaires et des conseillers d'orientation, les lin- techniques d'imprégnation des enfants par la lan-
guistes et psychologues de l'Enseignement Supé- gue adulte élaborée : exercices structuraux inspirés
rieur, les 2/3 des professeurs et directeurs d'Ecole des méthodes modernes d'apprentissage des langues
Normale font les travaux de recherche en sus des vivantes pour la langue orale, reconstitution de
tâches afférentes à leur service « normal », sauf textes pour la langue écrite. ¡Dans les deux cas,
arrangements locaux temporaires ; 60 % des pro- on suppose que la mémorisation intelligente des
fesseurs et directeurs d'Ecole Normale qui jouis- structures syntaxiques, voire orthographiques, la
sent d'une décharge de service (180 h sont im- saisie intuitive de ces structures, vont permettre
parties à l'Unité de Recherche) la voient convertir leur réemploi par transfert dans la langue spon-
dans les faits en heures supplémentaires et mènent tanée. Les premières applications de ces hypothèses
donc eux aussi les travaux de recherche en sus sur 26 terrains, puis l'année suivante 55 (soit 400
d'un service d'enseignement, chaque année de plus classes environ), restent très marquées d'empi-
en plus lourd, compte tenu de l'extension des mis- risme, de pragmatisme.
sions confiées aux Ecoles Normales. Tout se passe Mais très vite, dès le stage national de novem-
comme si l'Institution, ayant à intégrer la greffe de bre 1968 (1), certaines équipes expriment leur
l'innovation, de la recherche, la rejetait plus ou
moins vite, plus ou moins violemment, plus ou
moins consciemment. (1) Cf. « Recherches Pédagogiques » n° 44.

17
désir d'enraciner la démarche pédagogique, les des objectifs permet ensuite de cerner de plus près
techniques pratiquées, de les fonder théoriquement, la démarche d'ensemble, d'en déduire des défini-
et d'abord au plan linguistique. Désir concrétisé tions plus rigoureuses des activités de français.
par les stages nationaux de mai 1969 (1), consa-
cré aux aspects linguistiques de l'enseignement de Il n'était pas évident au départ que l'étude succes-
la grammaire et de la poésie, de janvier 1970, sive des problèmes posés par l'enseignement de la
consacré aux aspects linguistiques et psychologi- grammaire, puis du vocabulaire et de la lec-
ques des apprentissages premiers de la lectu- ture/écriture déboucherait vers des principes com-
re/écriture, et organisé en commun avec M™ Lau- muns. Et ce n'est qu'après coup que ces principes
rent-Delchet, responsable des recherches menées à ont pu être dégagés. Distinguant des approches
l'école maternelle, de février 1070 consacré aux globales, analytiques et synthétiques de la langue,
aspects linguistiques de l'enseignement du voca- le Plan de Rénovation définit les approches analy-
bulaire (2), de décembre 1070 consacré aux as- tiques nécessaires à l'apprentissage systématique de
pects psychologiques de l'enseignement du fran- la lecture/écriture, de la grammaire, du vocabu-
çais. Parallèlement, grâce à la mise en place de laire, à trois niveaux : au niveau des motivations
structures de coordination régionale, des stages r é - pédagogiques, elles doivent se fonder sur « les
gionaux permettent des confrontations fructueu- besoins individuels ou collectifs de la communi-
ses entre les praticiens de l'école élémentaire et les cation », « les intérêts spontanés ou suscités des
« théoriciens », linguistes ou psychologues de l'En- enfants » ; au niveau de la démarche d'apprentis-
seignement Supérieur (dont certains collaborent sage, elles se définissenit par « Ja recherche active
étroitement aux travaux d'une équipe), des explo- des structures où s'inscrivent les tournures et les
rations, des approfondissements pratiques et théo- mots », dans un effort de tri et de classement, puis
riques. de « construction progressive » ; au niveau des
objectifs, elles tendent au « réemploi fonctionnel,
maîtrisé de ces structures, selon les nécessités de la
communication ou celles de la création individuelle
ou collective », à la progressive domination d'un
système de signes (4). Se situant au plan de la lan-
2.3. VERS UNE THEORISATION DES PRATIQUES gue, en tant que système observable de structures,
de dois de fonctionnement, les approches analyti-
ques procèdent cependant des besoins de la parole
L'élaboration du Plan de Rénovation entre mai 1969 en tant qu'ensemble de pratiques individuelles vé-
et octobre 1970, celle de l'analyse de contenu qu'on cues dans l'exercice de la communication ; elles
trouvera ci-après, entre mai et juillet 1970 (3), n'ont de valeur, à l'école élémentaire, que pour as-
se situent donc dans un contexte de travail parti- surer la conquête progressive d'une effective liber-
culier. S'il peut paraître logique de faire découler té, autrement dit d'une effective maîtrise de la
la pratique pédagogique de la théorie, la logique parole.
de l'action procède autrement : l'action pédagogi-
que d'innovation étant première, les théorisations
successives permettent de réévaluer les techniques
utilisées, de définir les activités de français de
manière plus rigoureuse, plus précise, d'expliciter 2.4. VERS L'EXPLICITATION DES OBJECTIFS,
les objectifs et la démarche, d'en cerner les traits DES FINALITES
« pertinents ». C'est là que réside sans doute l'in-
térêt des documents de travail publiés dans « Re-
pères » n° 6, encore que nous mesurions, trois ans On voit comment la réflexion pratique et théo-
après, leurs insuffisances, leurs lacunes. C'est par rique sur la démarche aboutit très logiquement à
là que s'accuse l'originalité d'un processus de ré- une réflexion théorique sur les objectifs de l'en-
flexion collective où l'explicitation de certaines seignement du français, ses finalités. L'objectif
techniques pédagogiques permet de dégager des premier paraît devoir être la maîtrise de la langue
principes communs, puis d'en induire une démar- maternelle pour tous les enfants. Cette option, telle
che pédagogique, des objectifs, où l'explicitation qu'elle est explicitée dans le Plan de Rénova-
tion (6), relève à la fois de concepts idéologiques,
politiques, et de concepts psycho-linguistiques.
Cl) Cf. « Recherches Pédagogiques » n" 46.
(2) Cf. «Repères» n» 7 — Un fascicule de «Recher-
ches Pédagogiques » sera consacré à cette question. (4) Cf. ¡Le Plan de Rénovation.
(3) Publiée dans «Repères» n° 6 en octobre 1970. (5) Cf. La brochure de la F.E.N. citée plus haut.

18
C'est au nom des « exigences de la démocratisa- faire artificiellement les noyaux d'une fabrication
tion » qu'il est posé en principe que l'enseignement poétique truquée qui ressortit plus à l'infantilisme
du français doit, à l'école élémentaire, « mettre » en qu'à l'enfance» (1).
œuvre les moyens propres à pallier les déficits hé- Le rôle essentiel du maître se trouve donc défini
rités du milieu et qu'il devrait donc « faciliter comme un rôle de libération des pouvoirs créateurs,
l'accès de tous les enfants à une langue qui permette sociaux de la parole, d'observation des capacités
l'enrichissement de la communication avec autrui, de chaque enfant, des groupes de la classe, du
l'expression orale et écrite personnalisée, et rende groupe-classe pour les aider à combler leurs lacu-
ainsi possible, pour un plus grand nombre d'entre nes, organiser les acquis ; la structuration de la
eux, la poursuite d'études secondaires longues ». langue devrait permettre en retour une libération
Mais on en resterait aux pétitions de principe si de plus en plus effective, un usage de plus en plus
on ne définissait pas de façon aussi rigoureuse que maîtrisé de la parole.
possible le concept vague de maîtrise de la langue.
Ici interviennent des concepts non plus idéologi- Le processus d'induction collective dont nous ve-
ques, politiques, mais psycho-linguistiques, voire nons d'esquisser le déroulement dans le temps pose
sémiologiques. de multiples problèmes. Ne serait-ce que celui des
rapports entre sciences et philosophie de l'éduca-
Quelle langue enseigner ? « La langue française tion, entre recherche scientifique en éducation et
contemporaine », dans l'ensemble de ses réalisa- idéologie. D'aucuns considéreront le processus de
tions orales et écrites d'abord, et selon les di- recherche-innovation comme non-scientifique. Mais
verses fonctions du langage : la fonction de est-il possible que des recherches portant sur l'ap-
communication certes, mais aussi la fonction d'ex- prentissage scolaire de la langue maternelle fassent
pression individuelle, sa fonction de support et de abstraction des motivations idéologiques des péda-
catalyseur de la pensée, sa fonction poétique (ou gogues et des chercheurs ? Il est flagrant qu'aucune
esthétique au sens large). La plus grande diversité recherche scientifique sur le même sujet n'a pour
des « exercices », des « activités » du dire, de objectif de chercher les moyens propres à conser-
l'écouter, du lire, de l'écrire, est donc de rigueur ver le privilège d'une effective maîtrise de la lan-
à la fois dans l'ordre des multiples « registres » de gue maternelle à une élite. C'est pourquoi il est
la parole, et dans l'ordre des lois de fonctionnement nécessaire de définir aussi explicitement que pos-
du système de signes, de la langue. La maîtrise de sible les concepts sous-jacents à une pédagogie et
la langue (au sens général) implique dans le Plan d'essayer de distinguer leurs referents idéologiques
de Rénovation non seulement la maîtrise de la pa- et/ou scientifiques.
role comme celle de la langue (au sens saussurien),
mais encore celle de l'ensemble des systèmes de D'ailleurs, encore bien même le chercheur en édu-
signes que les techniques modernes mettent à notre cation prétendrait-il faire totalement abstraction
disposition (cinéma, télévision, magnétophone, de ses options idéologiques, il se condamnerait à
photographie, diapositive, affiche, etc.) dont on travailler selon des motivations implicites, limitant
ne peut plus actuellement la dissocier. Soulignons ainsi considérablement le champ des interprétations
enfin que maîtrise des diverses fonctions du lan- possibles des résultats obtenus. Encore bien même
gage, maîtrise de la parole et de la langue, maîtrise se désintéresserait-il des « retombées » pratiques
de l'ensemble des systèmes de signes sont à enten- de sa recherche, encore bien même accepterait-il
dre au plan de la « lecture » comme de 1' « écri- de travailler selon des finalités que d'autres au-
ture » (au sens général), ou si l'on préfère, du raient pensées à sa place, il se condamnerait à voir
décodage comme de l'encodage, de la réception ses travaux utilisés à contre-sens et selon des fina-
comme de l'émission, de la consommation comme lités qui lui sont étrangères.
de la production, et sachant que la compréhension La recherche-innovation, a fortiori, n'échappe pas
vraie passe par le faire, même si elle est d'un à la « tare » des finalités idéologiques. Mais est-ce
autre ordre ; d'où l'importance donnée dans le Plan le vice rédhibitoire qui l'empêche, par nature,
de Rénovation aux activités de création verbale, au d'évoluer vers une recherche scientifique ? Est-ce
jeu sur « les mots en liberté », sur les images, les le nécessaire contre-poids qui maintient la balance
sonorités et les rythmes, au développement de la en équilibre entre les anticipations hardies de la
créativité ¡sous toutes ses formes, sans jamais en théorie et les nécessités de la pratique pédagogique
confondre les manifestations pour autant avec une quotidienne, entre les exigences de la rigueur mé-
création esthétique adulte élaborée. thodologique et celles d'une action exercée non sur
des corps inertes ou des cobayes mais sur des êtres
« Autant il est souhaitable que le maître soit « à vivants, des enfants ?
l'écoute » (et suscite) des rythmes, des images, des
mots nouveaux que l'imaginaire et le langage en-
fantin produisent, autant il serait néfaste d'en (1) Cf. Le Plan de Rénovation.

19
HYPOTHESES PEDAGOGIQUES <-> HYPOTHESES DE RECHERCHE

r e s hypothèses 2es hypothèses


pratiques : pratiques :
le projet d'I.O. le plan de rénovation

1er niveau de théorisation 2e niveau de théorisation


des pratiques pédagogiques des pratiques pédagogiques

\
V \
Démarche pedagogi 3 Explicitation des ob \ Hypothèses pédago- Hypothèses de r e - —» Plan de validation,
que : jectifs : giques théoriques cherche expérimentale
Repères n° 6 (en cours d'élabora-
• libération du lan- maîtrise de la langue tion)
gage à travers l'entraî- selon ses fonctions ma-
nement à la communi- jeures ; selon les situa- Tri et classement des - Définition opération-
cation (approches glo- tions de communica- variables à observer. nelle des variables.
bales) tion, d'exprpession ; en
tant que système de si- î
gnes parmi d'autres Modèle théorique de
• s t r u c t u r a t i o n du référence.
langage à travers l'ap-
prentissage systémati-
que de la langue (ap- Critères d'observation.
proches analytiques)

• libération et struc- Indices observables —» Instruments d'observa-


turation du langage à au niveau des compor- tion.
travers l'entraînement tements.
à la communication
(réemploi fonctionnel
des structures acquises
et/ou observées)

Innovation contrôlée Mutation expérimentale <-» Recherche expérimentale (validation)

Variables pertinentes génétiquement et/ou pédagogiquement

Aspects pertinents, opérants de l'action pédagogique


3 - HYPOTHESES PEDAGOGIQUES ET HYPO- talement un processus de « métaphore », devrait
THESES DE RECHERCHE constituer l'un des pôles majeurs d'une maîtrise
effective de la langue, le Plan de Rénovation en
fait l'un des trois objectifs-clés : encourager « la
libre démarche de création verbale personnelle
3.1. DES INTERACTIONS FRUCTUEUSES sans laquelle la sensibilité et l'imagination enfan-
tines ne sauraient pleinement se développer et
Ayant atteint un certain équilibre, le système d'in- s'enrichir, démarche qui est nécessaire pour une
novation contrôlée, n'en est pas pour autant consi- ouverture à certaines formes de la littérature et
déré comme achevé, fermé. C'est d'ailleurs la loi particulièrement à la poésie ». Mais les critères de
de l'innovation : ou elle progresse, ou elle se fige la « création verbale personnelle » ne sont pas
et dégénère. Le travail d'innovation demeure donc définis. Or il s'agit là d'une hypothèse-clé, fondée
le principe moteur de la recherche pour l'ensemble empiriquement certes — et le mouvement Freinet,
des équipes. Cependant, depuis 1971, un tiers des le Groupe Français d'Education Nouvelle ont beau-
équipes environ s'oriente en outre vers une recher- coup œuvré en ce sens — mais fondée également
che ponctuelle dans la perspective d'une validation en théorie, encore que certains linguistes la rejet-
des hypothèses pédagogiques du Plan de Rénova- tent absolument et qu'on doive bien convenir que
tion. Aucune cloison étanche n'existe entre le tra- les processus fins de la créativité échappent encore
vail d'innovation et le travail de recherche, entre à la connaissance.
le plan de l'action pédagogique et celui de l'obser-
vation, de l'expérimentation. Ainsi des interac- Des équipes, dès le départ, ont commencé à explo-
tions naissent... rer les pratiques possibles pour une approche ré-
novée de la langue poétique, débouchant ou non
sur les problèmes de créativité verbale, de créati-
3.1.1. Rétroaction de la recherche sur l'innovation vité en général. Le stage national de mars 1971
L'innovation, nous l'avons dit, n'est pas pour les consacré aux problèmes de validation expérimen-
équipes de recherche une fin en soi. Partie inté- tale des hypothèses pédagogiques du Plan de Réno-
grante d'une recherche expérimentale, les hypo- vation provoque un déplacement du centre de gra-
thèses pédagogiques doivent donc être opération- vité des travaux pédagogiques. L'évolution du
nalisées, traduites en termes de comportements, de groupe de travail-créativité des équipes de l'Aca-
variables observables, en termes de grilles d'obser- démie de Toulouse, illustre bien ce déplacement.
vation des maîtres et des élèves, en terme d'ins- A partir des essais pédagogiques tentés ici et là,
truments destinés à sonder telle ou telle capacité. s'ébauchent des études qualitatives des conditions
Nous avons vu comment, sur 3 ans à peu près, de favorables à la naissance, au développement des
1967 à 1970, on a pu passer de pratiques résultant activités de création poétique, de création ver-
d'une longue accumulation d'expériences pragma- bale (2). Puis on cerne le concept de créativité
tiques à une pratique « armée », c'est-à-dire théo- par référence aux modèles théoriques possi-
risée. L'inventaire des pratiques au niveau de la bles (3) et notamment le modèle de Guilford
« parole » pédagogique, de l'ensemble des « réa- dont les implications pédagogiques et expérimen-
lisations » individuelles de l'action pédagogique ne tales paraissent des plus intéressantes. Des critères
manquerait certes pas d'intérêt s'il était possible de la créativité sont dégagés : la capacité de pro-
de l'établir. Mais il offrirait peu de prise à l'opéra- duction divergente, la capacité d'opérer des trans-
tionnalisation expérimentale. La théorisation opère formations sur un matériau donné. Analysant une
par là même un tri des variables à observer, et un « production » enfantine consécutive à une incita-
classement de ces variables. Elle permet de cerner tion donnée en référence à ces critères, on consi-
ces variables, d'en donner des définitions opéra- dère les indices de créativité suivants : la fluidité
tionnelles. (quantité d'éléments produits), la flexibilité (le
nombre de classes différentes dans l'ensemble de
Prenons l'exemple de la créativité. Cette notion, ces éléments), l'originalité (par rapport à l'en-
encore mal cernée par les équipes en 1969/70 tient, semble des performances obtenues).
on le constatera (1) une place trop réduite, et dans
l'analyse de contenu du Plan de Rénovation, et Si trustantes que soient ces distinctions pour les
dans le système d'hypothèses pédagogiques qui suit. pédagogues soucieux d'une action globale ouverte,
On en reste encore à un plan très global. Partant épanouissante, multiforme, nuancée, sans rien en
de l'idée que la fonction poétique du langage, au
sens où la définit Jakobson, c'est-à-dire fondamen- (2) Cf. « Repères » n° 16 en consultation dans les C.R.D.P.
et C.D.D.P.
(3) Cf. «Repères» n* 17 en consultation dans les C.R.D.P.
(1) Cf. Hypothèses 13 (d) - A9 - B9 (b) - FI (d) - Gl (e). et C.D.D.P.

21
elle « qui pèse ou qui pose », elles ne manquent pas moins, sinon dans ses principes. Nous admettrons
de provoquer en rétroaction une modification des donc que c'est au niveau des principes d'action
conduites pédagogiques des maîtres, des types d'ac- pédagogiques que peut se situer la permanence
tivités proposées. Le pédagogue « traditionnel » mais qu'il est tout à fait illusoire d'espérer une
qui dont en tout pédagogue « rénovateur » n'a-t-il permanence des pratiques pédagogiques dans le
pas tendance à valoriser les productions conver- détail. Ainsi l'évolution du travail d'innovation
gentes, à considérer comme gênantes les produc- pédagogique portant sur la créativité ne remet
tions divergentes ? N'a-t-il pas tendance à se ré- nullement en cause les hypothèses pédagogiques
férer à une « créativité » conçue dans l'absolu — formulées au plan des objectifs, des principes : elle
c'est-à-dire en fait selon des modèles idéologiques permet de les « nourrir », de les approfondir, de
implicites — plutôt qu'à des comportements obser- les formuler et de les « réaliser » de manière de
vés en situation, et analysés par référence à la plus en plus rigoureuse. D'ailleurs ce qui est sans
classe même, par comparaison des performances doute perdu en rigueur au départ, est regagné en
de chaque enfant à ses propres performances, aux richesse d'information.
performances de ses camarades réagissant dans la
même situation ? L'étude des rétroactions des pre-
miers essais expérimentaux de validation en mai 3.1.2. Action de l'innovation sur la recherche
1972, sur la mise en œuvre des hypothèses péda- L'innovation — et pourquoi ne pas dire la créati-
gogiques du Plan de Rénovation, ne manquera pas vité pédagogique ? — suscite des réalisations très
d'intérêt. diversifiées d'une même hypothèse pédagogique.
Par là même elle permet de saisir la variable-pé-
Autre facteur de non-orthodoxie méthodologique dagogie dans ses dimensions vraies sans la rame-
dira-t-on. Il serait certes très satisfaisant pour l'es- ner, explicitement ou implicitement, aux situa-
prit de mettre sur pied un ensemble d'hypothèses tions, aux démarches, aux exercices pratiqués tra-
pédagogiques puis de demander aux maîtres de ditionnellement. Reprenons l'exemple de la créa-
s'y conformer strictement pour en valider expéri- tivité, précisément.
mentalement 1' « impact ». C'est oublier que les
variables à observer font intervenir des êtres vi- Les travaux de Torrance, les observations em-
vants : des éducateurs, des enfants. De quel droit piriques des pédagogues se rejoignent : iâ est
l'expérimentateur exigerait-il du pédagogue qu'il de fait que la créativité des enfants diminue
s'en tienne au premier état des hypothèses alors fortement après l'école [maternelle. Mais est-ce
qu'il en aperçoit les lacunes ? Est-il possible qu'un bien un fait de développement génétique ou la
système d'innovation se fixe, à un moment donné conséquence d'une pédagogie trop axée sur la
de son évolution, arrête de progresser ? Tout corps reproduction des modèles intellectuels adultes pour
vivant qui ne se développe plus, vieillit et meurt. susciter l'initiative, la « divergence », la créativité ?
Donc se détériore, se dénature. Il vaut donc mieux L'expérience des classes Freinet — quoi qu'on en
admettre que tout système pédagogique est par pense — donne quelque poids à cette supposition...
nature vivant, donc mouvant. Le « traditionnel » Travailler sur le système pédagogique tel qu'il est,
bouge aussi, dans ses formes d'intervention du c'est donc limiter considérablement le champ des

UN DISPOSITIF DE
Dispositif de contrôle de l'innovation
Travail d'équipe pluri-disciplinaire
< -»

sur le terrain : travail prati- au niveau de la région : travail coordination nationale (Service
que et théorique. théorique et pratique en vue de la Recherche) : travail de
d'une harmonisation du sys- théorisation des pratiques en
tème d'innovation. vue d'une validation expéri-
mentale ultérieure.
1 er plan de l'initiative. 1er niveau de synthèse. 2e niveau de synthèse.

22
interprétations possibles, s'ôter les moyens de dis- nombre d'adhérents, le mouvement Freinet, et le
socier le plan génétique du plan éducationnel, dans troisième aux hypothèses pédagogiques du Plan de
la mesure où il est possible de les dissocier, d'en ¡Rénovation <2). ¡Même si les classes Freinet et les
observer les effets spécifiques, les interactions. Par classes expérimentales I.N.R.D.P. ne représentent
là-même, l'introduction de l'innovation dans le numériquement qu'une faible proportion des clas-
« circuit » expérimental permet l'appropriation des ses élémentaires françaises, elles n'en constituent
voies de la recherche aux réalités qu'elle cherche pas moins, qualitativement, un phénomène signi-
à cerner. Toute grille d'observation, toute épreuve ficatif. La comparaison devrait donc permettre de
projette sur la réalité de la « parole » pédagogique faire apparaître ce qui, génétiquement et/ou péda-
un système d'hypothèses de recherche élaboré gogiquement est pertinent. Inversement, nous
au niveau de la « langue ». Mais encore l'avons dit, la recherche expérimentale € nourrit »
faut-il, même si elle ne recouvre, par construction, le système d'innovation, l'amène à mettre l'accent
qu'une partie de la réalité, qu'elle soit en relation sur ses aspects pertinents par rapport au système
intime avec elle, qu'elle ne la trahisse pas, qu'elle pédagogique dominant, par rapport à d'autres sys-
ne la rétrécisse pas. Or l'analyse qualitative des tèmes d'innovation existants. Cela ne va pas sans
épreuves de langage existantes montrerait, à n'en poser problème.
pas douter, que les tâches demandées aux enfants
relèvent de modèles pédagogiques et linguistiques
dépassés. La dimension créativité n'y apparaît pra-
tiquement pas : les réponses divergentes ne sont 3.2. UN DISPOSITIF DE RECHERCHE
pas admises, la capacité à opérer des transforma- « DIVERGENT »
tions diverses à partir d'un matériau linguistique
de base n'y est guère sondée. On admettra qu'il
n'est pas sans intérêt de comparer, de ce point de A quelles conditions les « courts-circuits » néces-
vue, des enfants chez lesquels on n'a pas développé, saires de l'innovation à l'expérimentation, de l'ex-
formé ces capacités, des enfants qu'on a mis en périmentation à l'innovation peuvent-ils se pro-
situation de les développer, des enfants qu'on a duire ? Des moyens, bien sûr : le temps de la r e -
mis non seulement en situation de les développer cherche dans le cadre d'un service d'enseignement
mais encore de les former par des exercices systé- et de recherche, le temps de la concertation à tous
matiques (1). Ces trois catégories d'enfants ne les niveaux des réseaux de communication par les-
sont nullement établies de façon théorique, abs- quels se contrôle l'innovation, la possibilité effective
traite : la première renvoie au système pédago- de la concertation, sur le terrain, au plan régional et
gique traditionnel, la seconde au mouvement d'in- national. Est-il besoin d'y insister ? Mais encore
novation pédagogique qui réunit le plus grand bien même les équipes disposeraient-elles de ces
moyens — ce qui n'est pas le cas — tout n'en
serait pas résolu pour autant.
(1) Exercices d'apprentissage systématique, fondés sur
l'analyse de la langue en tant que système. Cf. «Re-
pères » n° 16. (2) Non explicitées encore en 1870 sur ce thème.

RECHERCHE « DIVERGENT »
Dispositif de contrôle expérimental
Travail d'équipe pluri-disciplinaire

coordination nationale (Service


I
coordination nationale (groupes au niveau des terrains essais
de la Recherche) de travail nationaux) expérimentaux
harmonisation des recherches exploration dans le cadre d'une
dans le cadre d'un plan de va- recherche circonscrite à un
lidation de l'ensemble des hy- faisceau d'hypothèses.
pothèses.
1" niveau de conception théo- 2* niveau de conception théo- niveau de réalisation et de cri-
rique. rique et pratique. tique pratique et théorique.

23
La recherche-innovation a besoin en effet, pour sur un échantillon représentatif de la population
permettre la formulation puis la validation expé- scolaire. Combien d'innovations, voire d'expérien-
rimentale des hypothèses pédagogiques, d'opérer ces-modèles, très gratifiantes certes, pour le péda-
sur un nombre élevé de terrains, notamment en gogue ou le chercheur, ne présentent qu'un intérêt
français. pratique limité, parce qu'elles se situent dans des
milieux urbains plus ou moins privilégiés au plan
verbal ? Que prouve, en matière d'apprentissage
de la langue, un travail d'innovation — ou de re-
3.2.1. Neutralisation des variables aléatoires cherche — qui ne porte pas sur des enfants de
milieux sociaux, géographiques aussi divers que
Il est évidemment plus facile de cerner les problè- possible ?
mes, de contrôler l'innovation sur un nombre limité
de terrains, de classes. Mais comment neutraliser Le nombre et la complexité des variables sont tels
alors les variables aléatoires, comment les contrô- qu'il paraît sage de limiter le nombre des variables
ler, ou simplement les saisir ? Quelques mois de contrôlées de façon à pouvoir les contrôler le mieux
« navigation » dans des classes très diverses suf- possible tout en neutralisant les autres variables
fisent à prendre la mesure des mouvances dans grâce au nombre de classes observées.
lesquelles s'inscrit l'action pédagogique : des ta-
bles monumentales achetées à grands frais et qu'on Enfin, on ne saurait trop insister sur le fait que la
ne peut bouger sous aucun prétexte ; des classes validation expérimentale des hypothèses pédago-
exiguës où l'installation du coin bibliothèque, du giques de ce Plan n'a de sens que dans la mesure
coin atelier de peinture condamne le maître et où elle porte sur un système d'innovation « en
les élèves à des déplacements acrobatiques dans état de vibration » pour reprendre une expression
la classe ; l'existence de « clans » ou d'individua- de M. Legrand. Compte tenu des conditions très
listes forcenés parmi les maîtres d'une même école, insatisfaisantes dans lesquelles travaillent les équi-
l'autoritarisme d'un directeur ; les congés de ma- pes de recherche, mais aussi de la mobilité du
ternité ou les accidents de voiture ; les enfants à corps enseignant, de la fluctuation des conditions
garder ou à faire garder, pour les maîtresses jeu- de travail en rapport avec des facteurs locaux
nes ; la situation géographique et sociologique de (mutation d'un directeur, d'un IDEN, mutation ou
l'école ; des parlers régionaux, patois ou dialectes stage de recyclage de l'animateur d'équipe, réac-
qui peuvent fort bien constituer, surtout dans les tions des parents d'élèves ou du Recteur, etc.,
régions frontalières la véritable langue maternelle etc.), il s'avère d'ailleurs que pour être sûr, bon
etc. 'Ce dernier facteur, compte tenu de la mobilité an mal an, de disposer d'un même potentiel de
de plus en plus grande de la population scolaire, travail, il faut pouvoir tabler sur un nombre de
place le maître en face de problèmes nouveaux : terrains plus élevé que le nombre de terrains en
la diversité des systèmes phonologiques, syntaxi- mesure de « produire » une année donnée. Au
ques, lexicaux des enfants d'une même classe plan de l'innovation comme de l'expérimentation.
quand ils proviennent de régions différentes. Ajou- Nous voilà, c'est évident, en pleine hétérodoxie par
tons-y la proportion, parfois importante, d'enfants rapport aux canons de la recherche en laboratoire.
de travailleurs immigrés. Ajoutons-y la plus redou- Ou en pleine divergence, si l'on veut bien nous
table des variables aléatoires : l'équation person- suivre.
nelle du maître, ce que d'aucuns appellent son
« rayonnement », sa « présence » ou son « art »,
et que l'état des connaissances ne permet pas même
de cerner. Or qui nierait la part de cette équation 3.2.2.Contrôle de la variable - pédagogie du français
personnelle en matière de pédagogie du français ? Travailler sur 90 terrains, soit 950 classes élémen-
Qui nierait que les jeunes enfants n'y soient parti- taires permet par contre de faire la part du feu :
culièrement sensibles ? Leur comportement avec si un ensemble d'hypothèses pédagogiques est for-
les élèves-maîtres qui leur « font la classe » pour mulé puis accepté dans ces conditions, il y a de
la première fois est en ce sens des plus révéla- grandes chances pour qu'elles constituent, au moins
teurs. empiriquement, une solution correcte aux problè-
mes posés, indépendamment des conditions locales
Ajoutons-y par ailleurs des variables à contrôler de travail, et de facteurs circonstanciels, et qu'elles
absolument : l'origine socio-économique, socio-cul- puissent effectivement répondre aux objectifs socio-
turelle des enfants, le niveau de développement logiques du Plan de Rénovation ; compenser, autant
intellectuel, l'âge et le sexe, la situation adminis- que l'école le peut, les handicaps verbaux d'origine
trative de l'école, le statut professionnel du maître, socio-économique, socio-culturelle. Par ailleurs, le
l'usage de parlers régionaux. En somme, même nombre élevé de terrains permet de « couvrir » à
en matière d'innovation, il faut pouvoir travailler peu près l'ensemble des aspects de la pédagogie du

24
français. On ne saurait imposer à une équipe d'étu- même l'exercice structural introduit dans une
dier tel ou tel thème d'innovation. L'innovation classe Freinet devient une manipulation orale, im-
requiert la liberté des initiatives, la motivation. Il provisée sur le champ, de structures syntaxiques
se trouve que, sur 90 équipes, il n'est guère de écrites, dans le cadre de la mise au point d'un texte
thème essentiel qui reste dans l'ombre (1). Par libre (2). C'est donc l'ensemble des techniques, la
contre, les polarisations spontanées sur certains démarche d'ensemble, qui paraît déterminante, et
thèmes comme, au moment où ces lignes sont écri- non tel ou tel trait isolé, telle ou telle technique-
tes, l'apprentissage de la lecture/écriture ou l'or- panacée. Et il importe donc que chaque terrain,
thographe, révèlent des besoins prioritaires, per- chaque équipe puisse « nourrir » sa démarche pé-
mettent la confrontation d'approches convergen- dagogique d'ensemble des apports des autres ter-
tes, complémentaires, voire même divergentes. Ce rains.
que nous avons dit plus haut de la divergence à
propos de la créativité montre qu'il ne saurait être La validation expérimentale des hypothèses péda-
question ni de l'éluder, ni de la réduire : ou bien gogiques s'inscrit dans un processus analogue :
elle s'intègre par synthèse de la thèse et de l'anti- plus encore que le travail d'innovation, elle im-
thèse, ou bien elle demeure, en attendant que les plique qu'on puisse neutraliser les variables aléa-
équipes puissent trouver les moyens de l'intégrer toires en travaillanit sur de grands nombres, en
au système de référence commun. Pas plus qu'on homogénéisant le plus possible les pratiques p é -
ne peut imposer à une équipe d'étudier tel thème dagogiques. Ou alors les classes expérimenta-
d'innovation, on ne peut lui imposer de travailler les ne recouvriraient qu'une mosaïque de pra-
à fond l'ensemble des activités de français ; les tiques hétérogènes, et le Plan de Rénovation
points communs se situent au niveau des objectifs qu'un menu à la carte utilisable selon n'importe
et de la démarche de libération/structuration du quelle démarche et n'importe quels objectifs.
langage. Et pourtant, il est essentiel qu'une homo- Une recherche menée dans cet esprit ne man-
généisation puisse se faire, et que l'ensemble des querait d'ailleurs pas d'intérêt : voir de quelle
activités correspondant aux hypothèses pédagogi- manière une charte d'innovation se réalise en fait
ques du Plan soient effectivement pratiquées. Une spontanément, par rapport aux pratiques anté-
hypothèse, une activité, une technique données rieures. Mais ce serait là une autre recherche, qui
n'ont pas de sens en elles-mêmes. Elles ne valent pourrait intéresser des sociologues de l'éducation,
qu'en fonction de l'ensemble où elles s'inscrivent. compte tenu de la diffusion réelle — non étudiée
Une classe expérimentale où l'on ne pratiquerait encore — du Plan de Rénovation parmi les insti-
pas du tout le texte libre, ou les exercices struc- tuteurs.
turaux, ou la reconstitution de textes, ou les jeux
sur les « mots en liberté », les exercices de classe-
ment lexical ou orthographique modifierait l'équi-
libre de la démarche. Par là même, les techniques
pratiquées risqueraient de « basculer » vers d'autres 3.3. DES PEDAGOGUES - CHERCHEURS
hypothèses pédagogiques, d'autres présupposés
théoriques que ceux du Plan de Rénovation. Une
classe expérimentale qui focaliserait ison travail Partie prenante dans l'élaboration des hypothèses
d'innovation sur une seule technique en perdant pédagogiques — et comment en serait-il autre-
de vue l'ensemble risquerait fort de basculer elle ment ? — les enseignants des équipes de recherche
aussi : le texte libre ou la reconstitution de textes le demeurent dans la mutation de la recherche-
prennent des dimensions très différentes selon qu'ils innovation en recherche-validation. Nouvelle cause
constituent en fait la base essentielle des activités de non-orthodoxie méthodologique.
de français ou une activité possible parmi d'autres
activités de libération ou de structuration du lan- Précisons d'emblée qu'il n'est pas question de de-
gage. L'observation empirique montre en effet, mander aux maîtres de s'observer eux-mêmes,
qu'une technique donnée tend à se modifier en d'observer leurs élèves, dans le moment même où
fonction de la démarche où elle s'inscrit. Il est ils sont engagés dans le processus pédagogique.
pratiquement exclu qu'un maître « traditionnel » Comment, dans le même temps, être acteur et
réussisse à implanter le texte libre dans sa classe, observateur ? Il ne peut s'agir ici que d'une
sauf à le ramener aux normes de la rédaction tra- observation différée, au moyen d'enregistrements
ditionnelle, rédigée et corrigée comme telle. De au magnétophone, au magnétoscope, ou d'obser-

(1) Cf. L'inventaire des thèmes d'innovation et de re- (2) Ces deux exemples correspondent à des observations
cherche dans « Repères » 14 (année 70-71) et « Re- dont il n'est pas possible — pour des raisons évi-
pères » 18 (année 72-73). dentes — de donner la référence.

25
vation « en direct », menée par d'autres pédagogues d'observation tout comme le pédagogue, des cri-
en classe. tères implicites venus en droite ligne de sa propre
expérience. Il reste à prouver que le psychologue
ou le sociologue ne s'impliquent pas, eux aussi,
dans les processus pédagogiques qu'ils observent,
3.3.1. Les pédagogues peuvent-ils devenir cher- en tant qu'anciens élèves ou parents. EL reste à
cheurs ? prouver qu'ils ne s'engagent pas, personnellement,
dans les hypothèses pédagogiques à valider. L'en-
On pourrait considérer que la sagesse commande gagement des psychologues dans les équipes de
à chacun de rester dans son domaine de compé- recherche, implique, il faut bien en convenir, un
tence : au pédagogue la pédagogie, au linguiste certain degré d'adhésion aux hypothèses pédago-
la linguistique, au psychologue la psychologie, au giques du Plan de Rénovation. Le contraire serait
chercheur la recherche. Et il est vrai que l'action aberrant. La perception que le non-pédagogue peut
pédagogique — et plus encore l'innovation — exi- avoir des classes n'est donc pas plus objective que
gent un engagement personnel, y compris au plan celle d'un observateur pédagogue. Elle est autre,
affectif, qui peut paraître incompatible avec la né- dans la mesure où elle se réfère à d'autres cadres
cessaire objectivité du chercheur. Et il est vrai que de connaissance, de réflexion, de méthode d'ap-
le pédagogue échappe difficilement à la tentation proche des phénomènes. Elle n'est ni plus ni moins
de s'impliquer personnellement dans les compor- entachée de parti-pris — au sens non-péjoratif du
tements d'un autre pédagogue, quand il l'observe. terme.
Il paraît donc sage, de ce point de vue, de ne pas
demander aux pédagogues des mutations impos- Par contre, il n'est pas dit que la perception qu'un
sibles et de considérer que si l'étape d'innovation observateur pédagogue peut avoir des classes soit
est d'abord l'affaire des pédagogues, l'étape seconde sans intérêt scientifique, et surtout quand sa pra-
de validation est celle de « spécialistes » non-péda- tique professionnelle — c'est le cas en particulier
gogues. Par ailleurs, il faut bien convenir que la des professeurs d'Ecole Normale et des IDEN —
formation initiale des enseignants en matière de implique depuis des années, l'observation continue
recherche pédagogique est pratiquement nulle. d'un grand nombre de classes, en même temps que
Quant à la seule information, la parution de docu- des tâches d'enseignement plus ou moins impor-
ments de travail 3 ans après leur élaboration dans tantes. Certes, dans l'état actuel de la formation
le cadre de ce fascicule révèle de sérieux problè- des maîtres de tous niveaux, l'acquis de l'obser-
mes. Dans les conditions actuelles, les pédagogues, vateur-pédagogue, sa connaissance des comporte-
y compris les formateurs de maîtres, ne peuvent ments pédagogiques, des comportements des élèves
donc apprendre le métier de chercheur que « sur demeurent très largement empiriques. Mais les
le tas », au prix d'un effort considérable, et dans faits pédagogiques n'en sont pas moins théorisés,
la dynamique même d'une recherche en cours. Cela classés, hiérarchisés pour les besoins de la forma-
ne se fait pas sans heurts, sans phénomènes de tion. Et par conséquent, ils se trouvent comme dé-
rejet. Nous l'avons dit, sur 90 équipes d'innovation cantés des facteurs circonstanciels, ramenés à des
contrôlée, une trentaine commencent à s'orienter cadres plus ou moins opérationnalisables d'emblée.
vers une recherche ponctuelle, et il n'est pas dit Un professeur d'Ecole Normale ou un IDEN peut
que toutes persisteront dans cette voie. constituer en quelques minutes la grille des acti-
vités possibles d'expression orale ou écrite. Com-
bien de temps faudrait-il à un non-pédagogue ?
Faut-il donc considérer que la recherche pédago-
gique est une affaire trop sérieuse pour la confier L'apport le plus évident du pédagogue à la recher-
à des pédagogues ? Les pédagogues des équipes che se situe au plan de l'économie. A quoi bon en
doivent-ils donc se résigner à jouer les figurations effet une observation scientifique, armée d'une mé-
intelligentes dans la validation des hypothèses pé- thodologie « lourde », si elle n'apporte rien de plus
dagogiques qu'ils ont élaborées ? Ce serait priver que la connaissance empirique des classes ? Ainsi,
la recherche pédagogique d'un apport indispen- un psychologue peut estimer à juste titre que la
sable. disposition des tables en classe constitue un indi-
cateur possible de l'existence d'un travail de grou-
pes, d'un dialogue entre élèves. Mais le professeur
d'Ecole Normale ou PIDEN sait d'expérience que
3.3.2. Apports possibles des pédagogues à la re- la disposition des tables dépend de facteurs indé-
cherche pendants de la volonté du maître : leur maniabilité,
le degré d'insonorisation des locaux, les dimensions
Il reste à prouver, tout d'abord, que l'observateur de la classe, l'autoritarisme d'un directeur ou d'un
non-pédagogue ne projette pas dans ses grilles inspecteur, etc. Il sait également que la disposition

26
la plus favorable peut fort bien aller de pair avec Là encore, l'option de la recherche-innovation ne
l'absence totale de travail de groupes, de dialogue correspond pas à la voie de la facilité. Il est rela-
entre élèves. tivement facile à un individu, ou à un groupe de
travail, une commission, de définir des objectifs,
La participation d'instituteurs à l'observation de une démarche, des hypothèses. Le fait de travailler
classes élémentaires, est à l'évidence, tout aussi sur des terrains dispersés dans toute la France, et
indispensable : la connaissance de l'action péda- avec des équipes pluri-disciplinaires, impose des
gogique à un niveau donné, par la pratique même limites objectives. Dans l'état actuel des choses, on
de l'action pédagogique est loin d'être inutile à ne peut jamais aller très au-delà de ce qui peut êtoe
la recherche. Les maîtres savent par exemple formulé, reçu à la fois par des pédagogues sans
l'importance du contexte pédagogique dans lequel formation initiale à la recherche expérimentale, à
se situe un comportement donné : la classe a besoin, la psychologie et la linguistique, par des psycholo-
ce matin-là, d'être guidée pas à pas, aidée ; tels gues aux formations initiales très hétérogènes, des
élèves doivent être ce matin-là, « secoués ». L'ob- linguistes d'écoles différentes, mais qui tout de
servateur non-pédagogue risque fort de se laisser même travaillent ensemble depuis plusieurs années.
prendre aux apparences d'une directivité, d'une On ne peut jamais aller très au-delà de ce que
relation négative toutes circonstancielles qui auront permettent des conditions de travail très variables
pu avoir en fait, un impact positif, après coup. localement et très précaires au plan national,
L'interprétation d'une « tranche de classe » est plus compte tenu de la manière dont l'Institution per-
complexe qu'il n'y paraît à première vue et les ins- çoit la Recherche en général, et les équipes de
tituteurs peuvent, d'expérience, apporter les nuan- recherche locales en particulier. Mais ne craignons
ces, les correctifs nécessaires. pas de le répéter, la recherche-innovation puis
l'expérimentation, se tiennent ainsi au plus près de
la ¡réalité pédagogique. Un peu en-deçà seulement,
3.3.3. Des équipes pluri-disciplinaires juste ce qu'il faut pour que l'élan d'innovation
existe, juste ce qu'il faut pour ne pas tomber dans
des anticipations futuristes séduisantes peut-être
Pour des raisons de même ordre, la participation mais irréalisables à court terme à l'échelle natio-
du linguiste, du psychologue, du sociologue est tout nale.
aussi indispensable à l'équipe de recherche, et dès
le stade de l'innovation contrôlée. Chacun appor- Réformisme pédagogique, ¡recherche au rabais di-
tant un éclairage essentiel à la mise au point des ront les amateurs de révolution radicale. Mais
hypothèses pédagogiques, puis à l'observation des qui dit Plan de Rénovation ne dit-il pas une pro-
classes. Est-il besoin de le démontrer ? En somme grammation dans le temps, de l'innovation comme
la recherche-innovation, de même que l'expéri- de la recherche en éducation ? Sans doute, dans
mentation qui en est issue, est pluri-disciplinaire 10 ans, pourra-t-on être moins pragmatique. Pour
— pédagogues compris — ou n'est pas. le moment, ce qui paraît important, c'est l'enga-
gement de plus en plus responsable de chacun des
Si imparfaite, si insatisfaisante soit-elle en ce participants à la recherche dans une dynamique
sens, l'expérience des équipes de recherche en commune. Il n'est pas pensable que les pédagogues
témoigne. ne jouent, en matière de recherche pédagogique,
que des rôles de figuration ou d'exécution intelli-
C'est en cela que le travail d'innovation contrôlée gentes. L'évolution des équipes de Français, et
se trouve indissolublement lié à l'expérimentation « Repères » en témoigne, montre qu'il est possible,
qu'il prépare et soutient. L'équipe se forme dans le dans la dynamique collective de l'innovation con-
travail commun de formulation des hypothèses pé- trôlée, de susciter une prise de conscience de plus
dagogiques puis d'opérationnalisation de ces hypo- en plus réelle des exigences d'une recherche scien-
thèses. Les non-pédagogues se familiarisent avec tifique en éducation. Et l'on ne voit pas ce que
les réalités quotidiennes de la classe, les pédago- celle-ci aurait à y perdre.
gues avec les exigences d'une méthodologie expé-
rimentale. Alors seulement un véritable dialogue L'option de la recherche-innovation, malgré les
s'établit, qui n'implique nullement que les compé- difficultés qu'elle fait surgir, et notamment au mo-
tences soient devenues interchangeables, mais qu'au
contraire le rôle de chacun dans l'équipe soit cerné, ment décisif de sa mutation expérimentale, paraît
précisé. Alors seulement on pourra limiter les ris- donc un moyen efficace d'intégrer l'expérience des
ques d'un rejet du dispositif expérimental par les pédagogues à la recherche pédagogique tout en pré-
maîtres et les élèves, risque d'autant plus sérieux venant les phénomènes de rejet dus à l'allergie
que l'observation sera plus continue, plus pro- établie jusqu'alors des enseignants pour tout ce qui
longée. ressemble de près ou de loin à une coordination, à

27
un contrôle expérimental. Parallèlement, et parce exigences méthodologiques qui nous conduiraient
qu'eue procède d'un système pédagogique envisagé à travailler sur un champ limité, fixe, de variables
dans son ensemble, la recherche-innovation va per- contrôlables.
mettre d'opérationnaliser les variables expérimen-
tales qui en découlent, sans que l'arbre de ces va- Mais ce faisant, nous croyons être en mesure d'ou-
riables fasse perdre de vue la forêt pédagogique, vrir à la recherche fondamenatale un inventaire de
sans que la logique expérimentale fasse abstrac- pistes à explorer que telle U.E.R. de linguistique
tion des visées éducatives : combler efficacement ou de sciences de l'éducation aurait peut-être dé-
les lacunes de la communication, diversifier les fini de manière plus abstraite, moins proche des
capacités verbales des enfants, les aider à conqué- réalités. Ce faisant, nous travaillons à rapprocher
rir une liberté — une maîtrise — effective de la la recherche pédagogique des pédagogues, élabo-
parole. rant pour eux et avec eux des solutions pratiques
et théoriques à leurs problèmes, tels qu'ils se posent,
Nous sommes donc en pleine pensée divergente ici et maintenant. Ce faisant, nous essayons de
par rapport à l'orthodoxie en matière de recherche définir une méthodologie spécifique répondant à
scientifique. Nous prenons des libertés, c'est vrai, la spécificité d'une recherche scientifique en pé-
par rapport aux données théoriques, d'ordre lin- dagogie.
guistique et psychologique que nous fondons en-
semble dans l'alliage pédagogique. Par rapport aux Mars 1973

28
ANALYSE DE CONTENU : « TRAITS PERTINENTS » DU PLAN DE RENOVATION
PAR RAPPORT AUX I.O. DE 1923 ET 1938 ET AU PROJET D'I.O. (1) DE 1967

H. ROM i AN et C. de M INI AC

(1) Cf. «Recherches pédagogiques» n" 38 (épuisé) en consultation dans les CS.D.P. et C.D.DiP.
I. O. PROJET D'I. O. PLAN DE RENOVATION

I - ARRIERE-PLAN SOCIOLOGIQUE

Implicite — Explicite Encore plus explicite

1) EXPOSE DES « MOTIFS »

Reflet des besoins, des concep- Nécessité d'une adaptation


tions du moment (années 1920- • en fonction de l'évo- + réalités sociologiques laou-
1940) lution des concep- veMes {recyclages - forma-
tions et des institu- tion permanente)
tions
• en tenant compte des
études sociologiques
sur les retards sco-
laires
• en tenant compte des + progrès de ila connaissance,
progrès de la linguis- notamment en linguistique,
tique en psychologie, en sciences
de l'éducation (sciences en
gestation)
Donc Donc Donc
des directives rigides, intan- « déblocage », remise en ouverture aux évolutions
gibles question de la pratique prévisibles
acquise

2) LA VOCATION DE L'ECOLE ELEMENTAIRE

• Enseignement obligatoire • Enseignement obligatoi- idem


jusqu'à 14 ans re jusqu'à 16 ans
• Certificat de Fin d'Etudes -\- Ouverture à la culture
Utilité immédiate Assurer la base de la formation
Savoir lire et écrire —s» in- permanente, des recyclages ul-
sertion dans la vie active térieurs
• Assurer la sélection du pe- • Assurer la promotion de idem
tit nombre qui accède au tous les enfants
lycée
• préparation à la culture
« secondaire »
• préparation à l'étude du
latin et des langues vi-
vantes

30
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

3) LES OBJECTIFS DE L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS


• Problèmes vécus en terme • Problèmes des retards •* + Exigences de la démocrati-
de réussite scolaire : scolaires en relation sation : inégale maîtrise de
les « aptitudes » en fran- avec : la langue selon le milieu
çais • les niveaux de langue socio - professionnel, socio-
culturel où vit l'enfant
les « bons » élèves et les • les niveaux socio-
« mauvais » professionnels, socio-
culturels
• Enseignement conçu en fait • « Mettre en œuvre les idem
pour des enfants d'un bon méthodes propres à pal-
niveau verbal, donc d'un lier ce déficit sociologi-
« bon » milieu social quement déterminé »
• Objectifs de l'école élémen- Objet de l'enseignement
taire du français à l'école élé- Objectifs de renseignement du
• en lecture : (1923) mentaire : français à l'école élémentaire :
• « mettre entre les mains « l'acquisition des — « mettre l'enfaint en posses-
de l'enfant l'un des moyens linguistiques de sion de sa langue maternel-
deux outils — l'autre communication ». le, en lui donnant la « pos-
étant l'écriture — indis- sibilité d'en utiliser toutes
pensables à toute édu- les « ressources »
cation scolaire. »
• Donner le moyen de « s'ini- — ouverture à la littérature et
tier à la connaissance de la particulièrement à la poésie
langue et de la littérature — «l'apprentissage et la pra-
française » tique de la lecture, l'accès
• En langue française (1923) à la langue écrite, l'initia-
« Lorsque les enfants lui tion à l'étude critique de
sont confiés, leur vocabu- documents parlés, écrits,
laire est pauvre et il appar- filmés, etc. et à leur uti-
tient plus souvent à l'argot lisation constructive »
du quartier, au patois du —> ouverture à la culture gé-
village, au dialecte de la nérale et par là
province qu'à la langue de
Racine ou de Voltaire. Le —> « faire accéder tous les en-
maître doit se proposer fants à une langue d'un ni-
pour but d'amener ces en- veau tel que la communi-
fants à exprimer leurs pen- cation avec autrui soit enri-
sées et leurs sentiments, chie, et que la poursuite des
de vive voix ou par écrit, études secondaires longues
en un langage correct » et devienne possible pour un
par là : plus grand nombre d'entre
—> « travailler au maintien et eux »
à l'expansion d'une belle -» « agir sur le niveau de ma-
langue et d'une belle litté- turité intellectuelle et af-
rature » fective, le sens esthétique
-» « fortifier l'unité nationa- et le sens social des en-
le » fants »

31
I. O. PROJET D'I. O. PLAN DE RENOVATION

Il - FONDEMENTS LINGUISTIQUES - LA LANGUE


• Aucune référence explicite « Les progrès de la lin- « Les progrès de la linguis-
à la linguistique guistique conduisent à tique conduisent à considé-
considérer comme ca- rer comme caducs certains
Forte influence de F. Brunot ducs les présupposés présupposés antérieurement
techniques antérieure- admis ».
ment admis »
rédaction plus « ouverte »,
—> référence à Saussure tendant à intégrer en par-
tie l'expérience acquise.
-» référence à l'étude
structurale des lan-
gues vivantes, à la
linguistique a p p l i -
q u é e à l'enseigne-
ment
1) PRINCIPES DE DESCRIPTION DE LA LANGUE
• Langage expression de la • Grammaire « fonction- • Une certaine distance par
pensée. nelle », « psychologi- rapport aux descriptions
que » « mentalistes ».
Les rapports de l'idée et de «—postulats « nientalistes ».
l'expression (1923)
o Le langage instrument - • Le langage instrument de
de communication communication
Parole / Langue -» ses principes de fonction-
nement
S'exprimer / Comprendre Réception du discours / E-
mission
Les élèves Production du discours /
Sources / Récepteurs Perception
d'information Décodage / Encodage
Vocabulaire passif / ac-
tif Compétence / Performance
Signifié / Signifiant
Echelles de fréquence

• « Le chaos des réalités lin- 9 Structures : • Structures <— fonction des


guistiques » (1923) unités linguistiques
Groupes fonctionnels
• Vocabulaire (1938) fondamentaux
La phrase : synthèse psycholo- Système / Micro-systèmes
gique où chaque par-tie est dé- « Ensembles » structurés
terminée par la conscience de Oppositions distinctives
l'ensemble. dans la communication.
Les mots organisés en « séries »
de synonymes et de contraires.
(Mais dans combien de clas- • Plan phonologique
ses les I.O. de 1938 furent-elles Plan syntaxique • Plan syntaxique
appliquées ?) • Plan lexical (du mot à la
locution ou unité lexicale)

32
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

• Méthode d'approche Méthode d'approche


- modification par permu- • Axe syntagmatique / axe
tation de groupes fonc- paradigmatique
tionnels
- transposition dans une
même phrase
-—» • gammes sur les
catégories logi-
ques (temps, lieu, distribution N.
etc..) variations
transformations -» de
• précision de l'in- l'infor-
formation permutations —»
mation
• expressivité commutations /*

2) PRINCIPES D'APPROCHE DE LA LANGUE

• Optique normative Perspective fonctionnelle Perspective fonctionnelle


• amener les enfants au Fonction essentielle du Fonctions du langage
langage correct (1923) langage : la communi- • Priorité de la communi-
cation cation
• l'usage correct, le bon (la logique : domaine
usage (1938) des mathématiques) + expression
-(- élaboration de la pensée
+ esthétique
—» Importance de la moti- -» Importance de la moti-
vation des activités de vation des activités de
langage en général langage
• Enracinement affectif + intérêts spontanés ou
suscités des enfants
• Besoin de s'exprimer -f- besoins individuels ou
et de comprendre collectifs de la commu-
nication
—» Importance d'une gran-
de diversité des activi-
tés selon les situations,
chacune mettant en jeu
une fonction (ou des)
donnée (s) de la langue,
selon le (s) registre (s)
adapté (s)
Motivation de l'expres-
sion orale : information
à apporter au groupe
Motivation de l'expres- + importance du vouloir
sion écrite : distance lire / écrire besoin de
connaître, s'informer be-
soin de conservation
dans le temps

33
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Oral et écrit Langue parlée / Langue écrite Langue parlée / Langue écrite
• Osmose de l'oral et de • Priorité de l'expression + Distinction du manie-
l'écrit orale ment de la langue orale
E x e r c i c e de « composi- et du maniement de la
tion » : permet de vérifier langue écrite sans ex-
l'efficacité des autres, d'ap- clure leurs interférences
précier la culture de l'en-
fant. + Distinction entre les si-
tuations motivant l'ex-
Tous les exercices conver- pression orale et les si-
gent vers l'écrit (1923) tuations motivant l'ex-
pression écrite (cf ta-
bleaux dans le texte du
Plan)

Situation de l'écrit Situation de l'écrit Situation de la lecture /


écriture

• Toute la culture procède de • Expression écrite — par rapport à l'oral


l'écrit (textes d'auteurs) « pensée matérialisée
et retourne à l'écrit (la ré- devenue objet » • d'impérieuses con-
daction) traintes à dominer,
p articulièr ement
• Ecriture • Ecriture : syntaxiques, ortho-
graphiques
Technique solidaire de la technique envisagée dans
lecture (1923) son aspect matériel in- orthographe :
Rédaction solidaire de la dépendamment de la « l'une des « mar-
lecture (1938) lecture ques » du niveau de
structuration de la
langue écrite

• divers plans possibles


d'approche d'un tex-
te :
• sa réalité orale
(groupes de souf-
fle)
sa structure syn-
taxique
l'organisation des
éléments d'infor-
mation
ses « harmoni-
ques » esthétiques

34
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

— par rapport aux moyens


techniques d'information
et d'expression
—» nouvelles possibilités
pour motiver, enri-
chir les activités
d'expression orale et
écrite
—» découverte de la spé-
cificité de la langue.

• Complexité de la communi-
cation, interférence de com-
posantes linguistiques, psy-
chologiques, sociologiques,
(cf. vocabulaire notam-
ment)

3) LA LANGUE A ENSEIGNER

ô Pauvreté de la langue des • Tendre vers le niveau du • Tendre vers la maîtrise de


enfants : argot du quar- langage adulte évolué, la langue française contem-
tier, patois du village, dia- celui que les textes d'au- poraine orale et écrite, son
lecte de la province. teurs recèlent. utilisation fonctionnelle,
Le modèle à atteindre : créatrice (personnalisée)
la langue de Racine et • Les différents registres, se-
de Voltaire (1923) lon les situations de com-
munication, d'expression.
« La belle langue » - « La Notion de convenance -»
belle littérature » (1923) déculpabilisation de l'em-
• « C'est la langue actuel- ploi du patois ou du regis-
le qu'il s'agit d'ensei- tre familier.
gner, et non point la • Les mots en liberté.
langue classique qui dif- • Ne pas systématiquement
fère beaucoup de la nô- considérer que le but à at-
tre » (1938) teindre est la langue dite
• Finesse de l'observation, littéraire.
fraîcheur du sentiment,
originalité dans l'ex- N.B. Par souci de clarté, le
pression : ambition r é - terme de « niveau de lan-
servée à quelques élè- gue » se trouve plutôt em-
ves (1938) ployé dans une optique gé-
nétique pour désigner le
niveau d'élaboration synta-
xique et sémantique, voire
stylistique atteint par l'en-
fant.

4- ; i

35
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

i I
• Objectifs définis en ter- • Objectifs définis en ter- • Objeotifs définis en termes
mes utilitaires « Ame- mes pratiques et linguis- linguistiques
ner ces enfants à expri- tiques : Maîtrise de la langue par-
mer leurs pensées et acquisition des moyens lée et de la langue écrite :
leurs sentiments de vive linguistiques de commu- • entraînement à la com-
voix et par écrit en un nication : rendre l'enfant munication
langage correct » (1923) capable de s'exprimer • apprentissage, manie-
oralement et par écrit et ment de structures de
capable de comprendre plus en plus élaborées,
« Pratique exacte et sûre de ce qui est dit et écrit. de plus en plus com-
la langue » (1938) plexes, des registres de
« Aptitude pratique à expri- langue qui conviennent
mer sa propre pensée et à com- aux situations dans les-
prendre celle d'autrui » (1938) quelles l'enfant est ame-
né à s'exprimer.
• par les chemins de la
création ou de la décou-
verte, ouverture à la lit-
térature.

36
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

III - FONDEMENTS PSYCHOLOGIQUES - L'ENFANT ET LA LANGUE


Référence explicite à l'apport
de la psychologie (un paragra-
phe)

1) RAPPORTS DU LANGAGE ET DE LA PENSEE

• Pensée Langage (1923) Dissociation de l'acquisition • Vers une dialectique


des moyens linguistiques de Langage <± Pensée ?
communication et de la for-
mation logique Un problème largement ouvert
(à propos de la grammaire)
Elaboration conjointe de la
pensée et de la langue
« Apprendre à écrire com-
me apprendre à parler,
c'est apprendre à penser »
(1938)
« La pensée, naturellement
chaotique et confuse, se
présente d'abord comme un
tout, elle se précise pour
s'exprimer, et on peut dire
qu'elle ne peut se préciser
qu'en s'exprimant ».
(1938)

2) LA PROGRESSION DES ACQUISITIONS


Optique non génétique • Optique génétique Optique génétique
Adapter les enfants à des « Adapter les programmes Progressions souples adapta-
programmes établis a prio- aux capacités d'appréhen- bles au niveau d'une classe
ri, sur des bases sans rap- sion des enfants » donnée (ex. en grammaire)
port avec la psychologie.
Ce qu'on ne « doit » pas « Concerner les enfants au — étapes du développement de
ignorer. niveau réel où ils se trou- l'enfant
vent ».
— étapes dans l'acquisition
des structures linguisti-
ques : niveaux d'élabora-
tion de la langue

Cycles d'apprentissage d'une


certaine durée (ex. : en lec-
ture / écriture)

37
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

3) CONCEPTS PSYCHOLOGIQUES (vocabulaire révélateur)

• Mécanismes - Mémoire * Même vocabulaire, mais -f- Lois de la perception


Réflexes et habitudes op- dans un tout autre contexte, de l'apprentissage
posés à la réflexion et à des acceptions très diffé-
l'érudition (1938) rentes i
+ Apprendre à apprendre
Besoin de mouvement + Assimilation Apprendre à innover
(1923) -)- Maturation Apprendre à créer
Susciter plaisir et intérêt
(1923)
Le goût de la lecture (1938) + Transfert des acquisi-
Souci de procédés plus ac- tions systématiques à
tifs (1923) l'expression spontanée

Exercices-jeux (1923)
Enseignement simple,
concret :
partir de textes pour faire -f- Intégration -> -f- Réceptivité / Créativité
comprendre la fonction ha- -f- Mise en œuvre de l'ac-
bituelle du nom, de l'arti- quis
cle, de l'adjectif, du pro-
nom et du verbe (1923)
Aptitude pratique à s'ex-
primer, à comprendre
(1938)

« Pauvreté de la plupart • Capacités susceptibles de -f- Etapes


des enfants développement + Lois de développement
Pauvreté de la langue + Périodes d'acquisition favo-
(1923 et 1938) rables, « sensibles »
Capables seulement • de 0 à 7 ans pour la lan-
d'observations disper- gue parlée
sées
• de 5 à 8 ans pour la lan-
Imagination incohéren- gue écrite
te et vague
L'intervention pédagogique de-
• Sensibilité vive mais vrait, durant ces périodes,
faite d'émotions sim- contribuer efficacement à com-
ples liées à la vie phy- penser les handicaps issus du
siologique (quelques en- milieu
fants « doués » : 2 à 3
sur 30 à 40) (1938)

38
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

• Conception intellectualiste Développement conjoint des


du développement de l'en- capacités linguistiques, des
fant capacités intellectuelles (en
particulier la fonction sym-
• Elargir l'expérience —» bolique), de l'affectivité,
développer l'imagina- de l'imaginaire, du sens so-
tion cial
• Progrès de la connais-
sance et de la réflexion
-» finesse et richesse
psychologique de la
sensibilité
(or ces progrès sont explicite-
ment renvoyés à l'Enseigne-
ment Secondaire) (1938)

4) DEMARCHE D'APPRENTISSAGE

Démarche inductive « Construction continue de


de l'exemple à la règle structures d'ensemble liée
de la règle à l'application étroitement à l'activité
(1923) créatrice de l'enfant et fon-
et / ou dée sur des intérêts des be-
soins profonds, individuels
Systèmes d'associations ac- ou collectifs »
quis mécaniquement
(à propos du vocabulaire -
1938)

Démarche fondée sur la • Démarche fondée sur Démarche de découverte des


réceptivité à une connais- l'assimilation, l'intégra- lois du fonctionnement de
sance tout élaborée, con- tion des connaissances la langue : « Recherche ac-
trôlée immédiatement dans la pensée profonde tive des structures où s'ins-
condition nécessaire et suf- crivent les tournures et les
fisante à l'amélioration de mots dans un effort de
l'expression construction progressive ».
mobilisation dans le cou- Réemploi fonctionnel, maî-
rant de communication trisé de ces structures, en
situation
<— nécessités de la communi-
cation
<- nécessités de la création
individuelle ou collective
—» Progressive domination du
« système » de signes
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Démarche linéaire, synthéti- Démarche ternaire : vé- •» Entraînement à la communica-


tique à partir des textes écrits ritable démarche psy- tion orale, écrite
chologique de la créa- Parler / Ecouter
• De la partie au tout tion
(1923) Lire / Ecrire
-> 0 Du tout à la partie 1) Appréhension intui-
(1938) tive globale des
Vers une démarche analy • structures de la langue
tique. • Expression orale et /
ou écrite des enfants
En 1923 comme en 1938 « dis-
ciplines » cloisonnées c le- • Imprégnation par la
çons » distinctes qui ont cha- langue adulte évoluée
cune leur objet propre « qu'on Donc décloisonnement
ne saurait confondre sans gra- des exercices
ves inconvénients pédagogi-
ques ».
Etudes fragmentaires de la
langue.

2) Analyse (en gram- Analyse :


maire surtout)
—» Acquisition de formes • Implicite
syntaxiques supérieu-
res (grammaire-voca- • imprégnation par la
langue orale élaborée
bulaire occasionnels) (exercices structu-
—> Moyen de favoriser raux)
l'imprégnation en la • imprégnation par la
systématisant langue écrite élabo-
rée (reconstitution de
Prise de conscience fon- texte)
dée sur l'usage intuitif et
l'entraînement systéma-
tique à l'usage Explicite (apprentissages
premiers de la lecture-
écriture / grammaire /
vocabulaire
— segmentation pro-
gressive des éléments
en unités fonction-
nelles
— identification des u-
nités
— classement des unités
et / ou formalisation
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

3) Synthèse Idem
« Transfert » à partir -f- réemploi fonctionnel, en
des exercices de type situation (actualisation)
global ou analytique
fusion de toutes les
acquisitions.
—» expression, communi-
cation spontanées
plus riches, plus fi-
nes, mieux structu-
rées
—» D'un niveau de lan- -f- Parallèlement :
gue donnée à un ni- approches poétiques de
veau de langue plus la langue
élaboré
activités de poésie (fonc-
tion esthétique de la
langue)

i
La pratique Pratique intensive de la Pratique intensive de la
La mémorisation de règles sta- langue langue
tiques de la langue
Double condition de la ré- • Dialectique de l'intuition -f- dominante intuitive au
flexion sur la langue (ren- et de la réflexion avec C. E.
voyée à l'Enseignement Secon- une très nette dominan-
daire - 1938) te de l'approche intui- -j- introduction progressive
tive de la réflexion surtout
au C. M.
i
Observation dynamique du
Pratique d'une langue fonctionnement de la lan-
plus élaborée gue.
Appropriation de la con-
naissance en la construisant
Savoir utiliser les con-
traintes de la langue en
les dominant
Savoir s'en libérer par
les jeux de la création

41
PLAN DE RENOVATION PROJET D'I.O. I. O.

IV - FONDEMENTS PEDAGOGIQUES - LE MAITRE / L'ENFANT / LE GROUPE-CLASSE


1) LES CONCEPTS PEDAGOGIQUES SOUS-JACENTS
• La pédagogie • Références pédagogiques » Pédagogie
• Art <— intuition person- parfois disparates aux
« pionniers » Technologie «—• fondements
nelle d'ordre objectif scientifi-
• Institution <— I. O. • Freinet que :
Le maître est tenu de • Decroly référence explicite à l'ap-
les appliquer, ses su- • Le Groupe Français port de la linguistique et de
périeurs hiérarchiques d'Education Nouvelle la psychologie
sont tenus de contrôler etc.
l'exactitude de l'appli- <— fondements d'ordre pra-
cation des I. O. et cir- • Référence aux travaux tique :
culaires. de docimologie et de pé- l'expérience des maîtres
En réalité elles ne sont dagogie expérimentale.
pas toujours appliquées,
on les ignore dans une
large proportion, en par-
ticulier les I. O. de 1938.
• Techniques empiriques
« Nous ne préconisons
aucune méthode : la
meilleure sera celle qui
donnera les résultats
les plus rapides et les
plus solides » (1923).
• Directives fermées sur el- Projet d'I. O. Plan de rénovation
les-mêmes et contradictoi- mutation des contenus, des
res méthodes, du rôle du maî-
valables depuis 50 ans tre : un aspect d'une « stra-
tégie de la rénovation »
(cf. annexe du Plan) qui
devrait comporter notam-
ment :
— le développement de la
recherche
— une transformation pro-
fonde de la formation
des maîtres
— un plan d'équipement
en matériel et en « hom-
mes »
•— un plan d'information
des parents
Ce « Plan » doit s'intégrer
dans :
• un plan de rénovation
de l'enseignement du
français, de la Maternel-
le à l'Université
• un plan de rénovation de
l'école élémentaire

42
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

• Plan de rénovation :
• une étape dans une évo-
lution
• un ensemble de lignes
de force, de principes
f o n d a m e n t a u x , des
idées-clés
• une série de questions
ouvertes que les recher-
ches en cours auront à
éclaircir, approfondir, à
formuler de manière de
plus en plus rigoureuse
ex. — passage de l'oral
à l'écrit
— les étapes du dé-
veloppement ver-
bal
— le lien avec l'en-
semble des acti-
vités de l'enfant

• Fruit de travaux « au som- • Fruit d'une concertation • Plan de rénovation : esprit


met » de 3 années au sein expérimental
d'une commission offi-
Cependant référence ex- cielle • Fruit d'une recherche
plicite en 1938 à une utili- collective d'abord tâton-
sation des conclusions ti- • Soumis à un « banc d'es- née puis de plus en plus
rées des conférences péda- sai » expérimental. structurée
gogiques de 1927 (en vo-
cabulaire) • issu de la confrontation
entre des principes po-
sés comme hypothèses
de travail et la pédago-
gie vécue

• des hypothèses de travail


• à préciser
• à valider scientifique-
ment

43
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

2) LE ROLE DU MAITRE

Enseignement de l'usage cor- Modèle et meneur de jeu Libération / structuration


rect
« Le maître enseigne l'usage
correct, le bon usage de la lan-
gue (1923)

1) Le maître modèle 1) Le maître modèle —» im- 1) Libère la parole


prégnation
-f- pallier les déficits hé- • aide l'enfant à dominer
rités du milieu natu- les handicaps d'origine
rel sociale, affective
• utilise ou suscite des si-
tuations d'expression et /
ou d'apprentissage

2) Guide l'élève - vers la li- 2) Crée les conditions des •*• 2) Responsable de l'organisa-
berté ? échanges tion des activités
« Au début on guide l'élè- • organise le travail in- • moments de liberté / de
ve, on lui demande sim- dividuel et / ou le travail systématique
plement de répéter ou de travail d'équipe
résumer ce qu'il vient d'en-
tendre. Mais peu à peu on • aide les élèves à éla-
lui laisse plus de liberté » borer l'information
(1923) en vue de la commu-
nication
Dirige l'esprit des élèves • mène le jeu des é- • travail individuel / par
« L'élève ignore pourquoi changes groupes
son maître a choisi telle ou
telle voie. Mais le maître canalise les efforts, stimule
qui lui, a de la langue une les progrès dans le manie-
connaissance réfléchie, di- ment, puis la découverte
rige pourtant l'esprit des active des structures, sti-
élèves par des voies pré- mule l'élan créateur
méditées vers un but cer-
tain » (1938).
« Diriger intelligemment la
pratique de manière à créer
des habitudes et des auto-
matismes »

44
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

3) Le maître juge 3) Le maître guide la cor- 3) Observation du groupe-


• corrige des fautes rection des fautes par les classe
élèves • évolutions individuelles
e fait réciter les leçons.
-» prise de conscience • évolution du groupe
collective des fautes
individuelles —» adaptation des activités
• aux intérêts, aux besoins
• aux lacunes linguistiques

Relations dans la classe : Relations dans la classe : Idem


A sens unique Echanges triangulaires
Maître questionne, informe Maître

Elève répond, enregistre s\


/ \
Réflexion d'O. (8 ans) en ré- Elève ou < > Elève ou
ponse à une question d'adulte : groupe groupe
« Tu sais pas encore ça à ton d'élèves d'élèves
âge ? ».
Définition close, « dirigiste » Conjonction de toutes les L'amorce, le schéma ouvert
innovations ayant fait leurs d'un mouvement de création
preuves continue, étroitement dépen-
dant des problèmes de la réno-
Son corollaire : vation de l'enseignement dans
un banc d'essai pré-expé- leur ensemble.
rimental Son corollaire : un plan de r e -
cherche expérimentale.

45
à 3) Démarche pédagogique cf) Projet d'I. O. et Plan de rénovation *
NB : Les thèmes accompagnés du signe * représen-
cf) Programmes et I. O. commentés tent l'apport du Plan par rapport au Projet.
(Ed. Bourrelier)
Approche de la langue
de communication
Le maître enseigne le bon usage d'expression
d'élaboration de la pensée

Lecture et récitation
Entraînement
Idées, tournures de phrases à la communication
Modèles (compréhension de l'expression d'autrui) Libération du langage *
Approches globales
de la langue
Vocabulaire Grammaire Parler / Ecouter *
Lire / Ecrire
Sens des mots. Variation des formes
t 4-
orales écrites
Apprentissage *
Règles d'assemblage systématique * de la langue
des mots ~* Structuration du langage * 41
U
Approches analytiques 3
-M
de la langue a) *n
Orthographe **> y <L <U
Analyse implicite : w
imprégnation par la langue ^ •" '3
adulte 5 u fa
Ht|§n
Elocution *• Rédaction - exercices structuraux
(oral) * a2-3 l«
Expression orale Expression écrite S o co C->
- reconstitution de textes - «> & °
personnelle personnelle (écrit)
Analyse explicite :
Au commencement était la langue écrite... T intuition (CE.)
¿ réflexion (CM.) *
L'expression personnelle : mise en œuvre synthé-
tique des acquisitions dans les différentes « disci- t
plines » du français.
Entraînement
De l'enrichissement, de la précision du vocabulaire à la communication
au classement logique des pensées et des expres- Mise en œuvre synthétique
sions (1923).
Transfert des structures
Accent mis sur les « disciplines » et guère sur les acquises dans le
principes généraux. « Leçons » distinctes qui ont langage libéré, maîtrisé
chacune leur objet propre » (1938) qu'on ne sau- Parler / Ecouter
rait confondre sans graves inconvénients pédago- Lire / Ecrire
giques.
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

ACTIVITES DE FRANÇAIS
EXPRESSION ORALE
— Elocution — Leçons d'expression ora- — Activités d'expressions orale
le
• Pédagogie vécue dans les Priorité de l'expression - -» Priorité de l'expression ora-
faits orale le.
• Expression orale person- De la parole à la langue
nelle : résultante des Doit précéder tout appro— -» Idem + Approche « glo-
leçons de vocabulaire et fondissement analytique, le bale » de la langue : point
de grammaire. motiver, le justifier. de départ des activités de
• Le plus souvent : por- français.
tion congrue.
Exercice-type : Exercice-type : Exercice-type :
Reproduction de phrases lues Echange d'informations d'é- + Idem
puis de récits faits par le maî- lèves à élèves et d'élèves au + échanges de groupe à
tre. maître, meneur de jeu. groupe
« Au début, on guide l'élève ; + précisions sur la notion
on lui demande simplement de du maître meneur de
répéter ou de résumer ce qu'il jeu discret mais agis-
vient d'entendre » (1923). sant.
« Mais peu à peu on lui laisse 2 types de leçons : Plusieurs types d'activité selon
plus de liberté » (1923). — celles qui laissent à l'en- les objectifs pédagogiques et
Fécondité de l'exercice / Joie fant toute liberté de les situations d'expression :
des enfants (1923). pensée et d'expression — communication : entretien
(C.P. - CE.) — observation critique : en-
— celles qui se déroulent quête
sur un thème proposé — imagination sensibilité :
par le maître (résumé - création
reproduction - commen- Distinction entre situations
taires). d'expression et situations d'ap-
prentissage :
exercices structuraux (situa-
tion d'apprentissage)
-» correction différée des for-
mes impropres ou irrégu-
lières de manière à éviter
les blocages affectifs ou lin-
guistiques résultant d'une
correction immédiate des
« fautes ».
« Osmose » avec la rédaction • « Pour écrire comme • Langue parlée / langue
(1938) parler, l'enfant doit avoir écrite
besoin de communi- Nécessité de différencier le
quer ». maniement de la langue
« Apprendre à écrire com- • Usage de la langue ora- -> orale du maniement de la
me apprendre à parler, le : langue écrite, sans exclure
c'est apprendre à penser ». point de départ du ma- les interférences.
niement de la langue
écrite

47
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

APPRENTISSAGES PREMIERS DE LA LECTURE / ECRITURE

• Lecture et écriture : termes Acquisition primordiale Conquête de la langue écrite :


premiers de toute éduca- Problème : difficultés liées lecture / écriture
tion scolaire. à un déficit général dans le (au sens large du terme, or-
maniement de la langue. thographe comprise)
• Lecture : « l'un des deux Nécessité d'une coordina-
outils — l'autre étant l'é- tion pédagogique entre l'é-
criture — indispensables à cole maternelle et l'école
toute éducation scolaire ». élémentaire.
« L'enfant ne peut rien ap-
prendre s'il ne sait pas
lire ». (1923)

• Ecriture (chapitre « à part Ecriture (chapitre à « part Situation de la découverte et


entière », sur le même plan entière »). des apprentissages premiers de
que lecture et langue fran- la langue écrite dans l'évolu-
çaise). tion de l'enfant.
Solidarité avec la lecture Rappel des instructions an- © des problèmes encore large-
-» simultanéité souhaita- térieures sur « les moyens ment ouverts :
ble. (1923) de rectifier et de perfec- langue parlée —» langue
tionner la calligraphie des écrite
Conseils techniques détail- élèves ».
lés, soulignant l'importance • une véritable mutation
d'une hygiène de l'écriture
(1923). Valeur morale et sociale
d'une écriture ferme, dis- • apprentissage sur 3 ans, de
« Obtenir dans tous les tincte et aisée. la Section des Grands de
exercices écrits une écri- l'école maternelle, ¡au C.E.l :
ture correcte, lisible, pro- « d'une découverte progres-
pre [...] s'il se peut une sive largement intuitive, du
présentation élégante et a- « code » qui permet de lire,
gréable » (1938). d'écrire, à la structuration
progressive d e s systèmes
d'opposition oraux et écrits
entre sons d'une part, et
lettres d'autre part ».
• But immédiat
« Lui donner 1© plus vite
possible l'habitude de lire
sans effort » (1923).

48
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Méthode Principes

• « Nous ne préconisons au- Nécessité d'échapper aux 1) Vouloir lire / vouloir écrire
cune méthode : la meil- prises de position passion-
leure sera celle qui donne- nelles. • des besoins, des motiva-
ra les résultats les plus ra- tions à créer en liaison
pides et les plus solides » Conditions d'un enseigne- avec tous les modes
(1923). ment efficace : d'expression dont dis-
— choix des textes à lire : pose l'enfant.
• « L'essentiel est que l'en- • sens accessible • nécessité de créer, d'ex-
fant prenne plaisir à cet • susciter le désir de ploiter des situations où
apprentissage difficile. S'il lire l'acte de lire, l'acte d'é-
y prend plaisir, [...] au crire apparaissent selon
bout de 3 mois, il saura lire leurs fonctions spécifi-
et au bout de l'année (de ques.
C.P.) il saura lire couram- • nécessité d'utiliser des
ment » (1923). textes d'enfants ou d'a-
dultes qui répondent aux
deux principes précé-
dents.

— mise en garde : ne pas 2) Pouvoir lire / pouvoir écri-


commencer trop tôt. re
— individualisation de l'ap- • nécessité d'intervenir à
prentissage selon le dé- la période « féconde »,
veloppement des capa- et pas avant,
cités : structuration de individualisation de l'ap-
l'espace, perception et prentissage, mais pas de
domination des rythmes, groupes de niveau, et
etc. encore moins de clas-
ses de niveau
4
groupes de niveau i
classes de niveau • entraînement psycho-
moteur à la perception
et à la graphie.
• exercice de la fonction
symbolique
• exercice de la langue
parlée (exercices de dis-
crimination et d'identi-
fication reposant sur des
principes phonologiques)

49
PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

— méthode fondée sur l'a- 3) Savoir lire / savoir écrire


nalyse et la synthèse Apprentissages conjoints du
(ordre à l'initiative du « décodage » et de 1' « en-
maître). codage » constamment re-
liés à une signification de
communication, d'expres-
sion ou d'information.

• apprentissage psycho-
moteur : perception et
transcription des signes
écrits

• entraînement à l'explo-
ration d'un texte écrit,
à la recherche active des
significations sous les si-
gnes.

• découverte des structu-


res de la langue écrite.

• lecture silencieuse / lec-


ture à haute voix,
lecture silencieuse : la
lecture par excellence.

Les 3 pôles de l'apprentis-


sage :
recherche de te signification

analyse < > synthèse

Impossibilité de fixer une


date imperative pour la fin
de l'apprentissage : CE. 1
et au-delà.
A-t-on jamais fini d'ap-
prendre à lire ?
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

ENTRAINEMENT A LA LECTURE

• « Le moyen de s'initier à • Rappel des I. O. anté- • « Prévenir » l'analphabétis-


la connaissance de la lan- rieures quant à l'impor- me relatif des Français
gue et de la littérature tance de cette acquisi- (plus de 50 % ne lisent
française » (1923) tion primordiale. pas de livres)

« Inculquer » le goût de la —> faire naître, développer


lecture (1923) le goût de la lecture.
—» faire de la lecture un
besoin de culture vital.

• Situation de la langue écrite


en fonction des moyens
techniques d'information et
d'expression.
-» faire découvrir la spéci-
ficité de la langue écrite.

Principes Principes Principes


— Pour une pleine maîtrise de
la lecture

Un enseignement progressif Faire acquérir une lec- • Apprendre à embrasser le


(1923) ture rapide et silencieu- contenu global d'un texte,
se (importance du CE.) à en pénétrer les articula-
• CE. : Obstacles : l'ennui et la tions, le rythme.
mécanisation
Entraînement à la lec-
ture courante. —> groupes de lecture. Apprendre à extraire l'es-
sentiel d'une information, à
• CM. : Motivation de la lecture l'utiliser.
dès le C.P.
Mécanismes acquis.
Lecture à voix haute / Apprendre à sentir la « to-
—» Lecture expressive lecture silencieuse nalité » intellectuelle, émo-
appeler l'attention sur tionnelle ou esthétique
les 'rapporta de l'idée et d'une page.
de l'expression -» ex-
plication de textes.
Lecture silencieuse : but • Education orthographi-
à atteindre que : continuer l'obser-
vation de la langue écri-
te.

51
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

• Pour une lecture intelli-


gente (1938)

• Mécanisme non-acquis
encore au CM.

—» Entraînement à la lec-
ture, à « la perception
rapide et globale des
mots et des phrases » et
non pas explication de
textes.

—» Lecture à haute voix,


après la lecture <- mo-
dèle du maître.
• prononciation dis-
tincte et correcte.
• diction simple et na-
turelle
—» excellente leçon de lan-
gue française.
-» Lecture silencieuse :
(Cours Supérieur et
F.E.)
—» Donner aux élèves le "* Multiplication des exercices Pour faire naître le goût,
goût de la lecture (F.E.) nécessitant la lecture si- le besoin de lire.
—» nécessité de créer lencieuse de documents
des bibliothèques divers, dans toutes les
matières —» interventions • imprégnation naturelle :
d'école. créer en classe un « mi-
devant l'équipe ou la
lieu » socio-culturel fa-
i classe.
vorisé.
• lecture de textes
I
Nécessité de bibliothè- Présence vivante du li-
étendus ques de classes vre en classe.
• étude de plusieurs • livres « de bibliothè- • apprendre à choisir le
textes rapportant que » meilleur dans la masse
le même fait. de textes écrits — y
• collections documen-
taires. compris les illustrés
l
développer l'esprit criti-
que, le niveau d'exi-
gence.
• organiser des activités
avec des animateurs de
bibliothèque enfantine.

52
I. O. PROJET D'I. O. PLAN DE RENOVATION

Choix des textes Choix des textes


• « Textes simples et de for- • La plus grande liberté
me claire » (programmes laissée aux maîtres et
C.P. — CE. — CM.) aux élèves.
• Langue actuelle / « Textes l'essentiel : la diversité
relatifs aux choses de la par le niveau de diffi-
vie professionnelle, au mé- culté et le genre.
tier, aux réalités de la cam- • tenir compte des goûts
pagne et de la cité » (1938) spontanés des enfants
• Textes littéraires comme des exigences du
maître : valeur humai-
Donner la préférence aux ne — authenticité, qua-
« auteurs les plus grands » lité de la langue et de
-> modeste leçon de littéra- l'illustration.
ture (1938). • Directions de choix
• Littérature, presse en-
fantine
e Adaptations d'œuvres
littéraires ( « montages »
et non « réécriture »).
• Recueils de textes grou-
pés par thèmes.
• Ouvrages documentaires
divers.
Insertion de la lecture dans les
activités de la classe
• Guère de lecture « pour la
lecture » entre 6 et 11 ans.
• Lecture pour répondre à un
besoin.
• d'information
• de distraction, d'éva-
sion
• de poésie
I
Nécessité d'intégrer l'en-
traînement à la lecture à
des activités suscitées par
l'a vie de la classe.
• recherche et présen-
tation de documents
(activités d'éveil)
• travail de diction
(préparation d'un
« jeu dramatique »)
• étude collective d'un
livre, demandée par
la classa, etc.

53
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

EXPRESSION ECRITE
Rédaction ou Exercices de Entraînement à l'expression -> Idem
composition écrite
1) Buts : Conquête progressive du -» Idem
Finesse de l'observation, pouvoir d'écrire :
fraîcheur du sentiment, ori- hausser tous les enfants
ginalité de l'expression : au niveau du langage
l'apanage de quelques élè- adulte évolué, celui que
ves « doués ». les textes d'auteurs recè-
Viser la « moyenne » des lent.
élèves.
Développer d'abord 1' « es- -f- A partir de situations
prit de géométrie » données, inciter tous les
enfants à une utilisation
observation méthodique fonctionnelle, personna-
bon sens lisée, créatrice de la lan-
gue écrite.
• pensée claire
• raisonnement juste
- > • langue précise, correcte
Pour développer l'imagi-
nation, la discipliner :
• élargir l'expérience
des enfants
• l'empêcher de se per-
dre dans l'illusion et
le rêve.
Pour enrichir et affiner la
sensibilité :
—» progrès de la con-
naissance et de la
réflexion.
2) Principes
L'exercice noble : le terme La communication écrite : Idem
de toute la démarche. Parallèlement à l'expres- Comme l'expression orale, ap-
« Exercice important, celui sion orale, précède, moti- proche « globale » de la lan-
qui permet de vérifier l'ef- ve, justifie tout approfon- gue — Point de départ des ac-
ficacité des autres » (1923) dissement analytique de la tivités de français.
langue
Jauge de la culture Une dimension nouvelle par Des dimensions nouvelles :
« Celui qui rendra à l'en- rapport à l'expression ora- + La distance dans le temps
fant le plus de services dans le : la distance ou dans l'espace.
la vie ». + Nécessité d'introduire dans
l'énoncé écrit les éléments
qui auraient été fournis par
la « situation » d'expression
orale.
+ Goût de la « trace » écrite
Faillite de la rédaction (pour certains enfants)
épreuve la plus faible au
Certificat de F.E. (1938)

54
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Progression :
1923 - De la phrase (CE.),
au paragraphe (CM.), à la
rédaction (F.E.). Sujet li-
bre : couronnement de la
F.E.
1938 — « Dans la parole et
dans la rédaction, comme
dans le dessin, la démarche
de la pensée va nécessaire-
ment du tout à la partie,
c'est-à-dire de la rédaction
au paragraphe et à la phra-
se, de la phrase à la propo-
sition et au mot ».
N'exclut pas les exercices
d'apprentissage allant du
mot à ¡la phrase, de la phra-
se au paragraphe (gram-
maire — vocabulaire et non
pas rédaction).
Ne pas bloquer « sous la
clarté de la réflexion, une
activité spontanée, une sor-
te d'élan vital, qui ne peut
se déployer qu'à la condi-
tion de rester spontané et
instinctif ».

3) Exercices types :
• Imaginer quelques phra- Moyens fonctionnels de la •» Nécessité de faire appel aux
ses sur un sujet déter- communication écrite par activités les plus variées sans
miné. excellence : en privilégier ou en refuser
aucune, chacune d'elles mettant
• Les grouper logique- • correspondance inter- en jeu une fonction particulière
ment en un développe- scolaire du langage
ment d'une douzaine
de lignes (1923). • journal scolaire

La « rédaction », à partir Deux types d'exercices Deux types d'activités


d'un sujet d'observation ou • L'élève met en œuvre les
d'imagination, rattaché le • Aux sources individuel-
les de la communication : moyens qu'il possède :
plus souvent possible aux
exercices de lecture. — texte d'Observation
exercices où l'élève met en
œuvre les moyens qu'il pos- — activités de création indi-
sède et exprime ¡sa propre viduelles ou collectives
pensée —• activités d'échange
texte libre - rédaction libre Sujets proposés par le maître
- rédaction ¡suscitée - rédac- ou îles élèves dans le cadre des
tion à sujet large - texte travaux individuels ou collec-
d'observation tifs de la classe

55
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Exercices d' « assouplisse- • Selon les nécessités d'une • Le maître s'attache à faire
ment », de préparation à la formation s'inspirant d'une préciser et enrichir les formes
rédaction langue élaborée imperson- syntaxiques et lexicales :
— résumé d'un texte nelle :
— reproduction orale et — mise au point individuelle
— exercices qui visent à ou collective de textes d'élè-
écrite de textes d'au- préciser et enrichir les
teurs lus et commen- ves
moyens d'expression par
tés. imprégnation de l'esprit • nécessité de distinguer ce
— mémoire des rythmes enfantin par la langue travail de style, de l'exploi-
et des idées évoluée, r e p r o d u c t i o n tation linguistique à situer
d'un texte d'auteur de dans un autre temps de la
valeur p r é a l a b l e m e n t classe
expliqué sous la direc-
tion du maître • nécessité de respecter le
contenu et île ton du texte
-» acquisition quasi incons-
ciente des tournures de • une aide, et non pas la
la langue écrite par le « correction » de « fautes »
jeu de l'intelligence et de
la mémoire associative — exercices qui visent à l'ac-
quisition, p a r imprégna-
— exercices qui visent à tion, de formes syntaxiques
l'acquisition des formes c o m p l e x e s ou mal em-
syntaxiques supérieures ployées
au cours du compte ren-
du de rédaction, de ¡la • exercices s t r u c t u r a u x
mise au point collective écrits (avec prudence)
d'un devoir
• reconstitution d'un texte
—> prise de conscience col- après exploration dirigée de
lective des fautes indi- ses rythmes, de sa structure,
viduelles des « mots-clés »
-» étude grammaticale et —» acquisition quasi incons-
stylistique d'une forme ciente des tournures de la
syntaxique langue écrite dans un effort
de mémorisation structurée
des rythmes de la chaîne
verbale p e r ç u e intuitive-
ment au niveau sonore,
grammatical, sensible et in-
tellectuel
• exercices systématiques
d'orthographe :
exercices de lecture, gram-
maire ou vocabulaire à do-
minante orthographique.

56
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

LA GRAMMAIRE

I - OBJECTIF

Quelle grammaire ?

1) Apprentissage pratique de Prendre des habitudes cor- 1) Une grammaire implicite


la langue. rectes — « Usage intuitif et en-
Exprimer des règles que traînement systématique
l'enfant doit respecter en à cet usage » avant la
parlant et en écrivant. prise de c o n s c i e n c e
grammaticale.
— un moyen de favoriser
l'imprégnation par la
langue adulte évoluée en
la systématisant.

2) L'étude réfléchie pour la La formation logique est 2) Une grammaire explicite


connaissance scientifique et exclue de la grammaire.
la culture générale est ren- but : permettre à l'enfant
voyée à l'Enseignement Se- de mieux dominer les pra-
condaire. tiques orale et écrite de sa
langue maternelle.
justification : la découverte
des lois élémentaires de la
syntaxe par la manipulation
organisée d'énoncés qui les
mettent en œuvre peut dé-
velopper chez l'enfant les
capacités d'organisation de
l'énoncé et de choix de l'ex-
pression par une maîtrise
plus grande des contraintes
de l'écrit (1).

Donc
Grammaire normative. Point de vue à la fois nor- Point de vue fonctionnel
matif et fonctionnel

(1) Problème de recherche : quelle


est l'influence de cette décou-
verte des lois sur la maîtrise de
la langue. Il semble que l'acti-
vité elle-même soit aussi impor-
tante que la connaissance qui
en découle.

57
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

II - DEMARCHE PEDAGOGIQUE

— La grammaire est une dis- — On appelle grammaire — On appelle grammaire un


cipline. une série d'exercices si- ensemble d'activités d'ap-
tués dans l'exercice glo- proche analytique de la lan-
bal de la langue. gue.
— La démarche consiste dans Refus de cette démarche : •» la démarche observation-
une prise de conscience en la maîtrise d'une expression règle-application coïncide
trois temps : correcte avant 12 ans doit mal avec le progrès péda-
fort peu à la prise de gogique
• usage et observation de conscience mais s'enracine
la langue parlée d'abord, au contraire par l'imprégna- De l'implicite à l'explicite :
puis de la langue écri- tion intuitive de la langue
te élaborée du milieu ambiant. — Pour appréhender une re-
D'où l'essentiel de la dé- lation grammaticale, cons-
• définition et règles pra- truire des exercices de ma-
tiques marche : favoriser l'impré-
gnation en la systématisant. nipulation de la relation (à
• application. l'oral et à l'écrit), pour per-
mettre à l'enfant de décou-
vrir des lois sous-jacentes
à cette relation.

Donc : Donc : Donc :


Etude centrée sur la mémo- — La mémoire qu'il con- « Une découverte par un élève
risation de règles grammati- viendra de mettre en actif guidé par un maître at-
cales et de règles d'accord (or- œuvre est celle des ha- tentif, du fonctionnement de sa
thographe). bitudes grammaticales langue maternelle (2).
Les règles sont définies es- — Etude centrée sur l'en-
sentiellement à partir des ca- traînement à reconnaître
ractéristiques matérielles ou les fonctions des groupes
formelles, plus facilement per- de mots présentant un
ceptibles aux enfants, alors sens global et remplis-
que l'intelligence du sens exi- sant une fonction gram-
ge réflexion et effort (1). maticale unique.
Grammaire dogmatique. Grammaire fonctionnelle à Grammaire « fonctionnelle » à
option « mentaliste ». orientation « structurale ».

(1) Commodité pédagogique et non pas (2) La question de savoir jusqu'où


approche structurale comme la for- on doit aller dans cette décou-
mulation pouvait le faire penser. verte, jusqu'à quel point de for-
malisation, reste posée et peut
constituer une voie de recher-
che.

58
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

III - QUELQUES ASPECTS PEDAGOGIQUES

1) Les règles
— Jouent un rôle clé : L'étiquetage formel sera Laisser en marge les règles.
c'est le terme de la prise soigneusement évité
de conscience des relations
grammaticales et un point
de départ pour l'expres-
sion.
— Les notions doivent être
claires et traduites en for-
mules courtes que la mé-
moire puisse assimiler.
— La règle est accompa-
gnée d'un exemple qui doit
en rester inséparable : le
fournir aux élèves et exiger
qu'ils le retiennent.

2) La nomenclature gramma-
ticale
« Que ce soient toujours les Code d'analyse : adoption Laisser en marge l'étiquetage
mêmes mots qui désignent d'un système unifié dans ses fonctionnel.
les mêmes faits, dans toutes grandes lignes, sinon dans
les classes, dans tous les ses détails.
examens, dans tout le
pays ».

3) Les exercices
— Terme de la démarche. Terme et / ou composante Composante de la démarche.
— Exercices écrits desti- de la démarche.
nés à faire passer les règles
dans l'habitude.
Les multiplier car la cor-
rection n'existe que si elle
est automatique.
— Analyse de la phrase. — Travail sur la phrase : - Travail sur la phrase.
Etiquetage qui peut être Décomposition de la — Transformations d'un é-
obtenu par le procédé mé- phrase. noncé pouvant le modifier
canique du questionnement Suppression / substitu- dans sa forme orale et /
qui ? quoi ? tion. ou écrite.
Complètement. — Distribution des divers é-
léments d'un énoncé.
— Permutations / Transpo- — Permutation.
sitions fonctionnelles. — Commutation
en relation avec les varia-
tions de l'information.

59
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

IV - PROGRESSION GRAMMATICALE

« Rien » au C. P. Une progression pour le 2 niveaux définis de manière


Puis une progression pour le CE. 1, le C E . 2, le CM. 1 souple :
C E . 1, le CE. 2, le CM. 1, et le CM. 2. le CE.
et le CM. 2. le CM.
On part de l'étude de la nature On part de la phrase, et on On commence par un travail
et du rôle des mots puis on procède d'emblée à des sur la phrase entière, considé-
passe à l'étude des groupes de exercices de découpage de rée comme un tout (c'est l'es-
mots, puis à la proposition, et la phrase. sentiel de la progression au
enfin à la phrase. CE.).
« Toutes les espèces de mots Se limiter à l'essentiel. On insiste sur la nécessité de
sont étudiées, toutes les for- Désir de s'appuyer sur les tenir compte avant tout du ca-
mes du verbe » (exception travaux de docimologie et ractère spécifique de la classe,
faite des temps désuets). de pédagogie expérimentale. de laisser au maître l'initiative
de son choix.

LA CONJUGAISON
Démarche
L'enseignement doit être La progression établie et la Pratiquer puis établir la re-
concret : amener les en- liste des verbes proposés lation sujet-verbe à l'oral
fants par la pratique du doit permettre, t>ar une et à l'écrit.
langage parlé ou écrit à récitation journalière au
classer avec une suffisante cours de la scolarité pri- I
précision les formes ver- maire et secondaire, de cou- Abandon des exercices de
bales. vrir l'ensemble des formes récitation de la conjugai-
verbales du français. son.
Une fois acquises les con-
naissances, les faire appli- Choix en fonction de la fré-
quer. quance d'emploi •
Abandon de la notion d'ex-
Techniques : haustivité.
Les procédés de copie et de
répétition peuvent contri-
buer à la connaissance im- Exercices proposés :
perturbable des formes du
verbe. — A l'oral : dialogue semi-
Dans ces exercices c'est à libre d'abord, qui fera naî-
la mémoire qu'il faut s'a- tre les formes que l'on se
dresser. propose d'étudier — Systé-
Les conjugaisons sont à sa- matisation ensuite qui les
fixe (1).
voir « comme les tables de
multiplication ». — A l'écrit : découverte des
variations graphiques com-
parées aux variations pho-
nétiques. Puis exercices va-
riés.
(1) Il reste à valider en fonction de l'expérience les méthodes systématiques permettant de fixer les formes verbales.

60
I. O. PROJET D'I. O. PLAN DE RENOVATION

LE VOCABULAIRE

Discipline autonome et à but Intégration dans l'exercice Activité d'approche analytique


spécifique. global de la langue. de la langue en liaison intime
avec la grammaire.

But
— Enseigner aux élèves le •» Exactitude dans le choix et Faire fonctionner les structu-
sens des mots nouveaux l'emploi des mots (cette for- res lexicales et syntaxiques, et
qu'ils lisent ou entendent. mulation est significative de faire découvrir progressive-
ce qu'on se fonde sur la pa- ment les mécanismes de ce
role et l'expression) fonctionnement.
•— Déterminer l'emploi exact -> Inciter l'enfant à substituer « Apprendre à user efficace-
de ces mots dans l'usage courant le ter- ment du pouvoir des mots
me juste à l'expression re- comme à s'en libérer ».
lâchée.
Donc hypothèse d'ordre
psycho - pédagogique.
L'enfant irait d'une ex-
pression lâche à une ex-
pression de plus en plus
précise.
— Constituer dans la mémoire « Créer, développer chez les
des groupements de mots : enfants une attitude de tri, de
ordonner pour la commo- choix devant les mots ».
dité de la pensée la ma- On ouvre la voie à la possibi-
tière sur laquelle elle exer- lité d'un travail sur des unités
cera son activité (1938). lexicales plus larges que le mot,
On retrouve là l'idée d'une et à la recherche des unités le-
primauté de la pensée sur xicales pertinentes.
le langage.

Démarche
1) Au cours de la lecture et 1) Quand l'enfant n'est pas Démarche pédagogique en 4
de la conversation : appro- en possession de la lec- moments :
che occasionnelle. ture :
(1938).
Justification : c'est dans la Point de départ : obser- 1) Imprégnation naturelle et
phrase et seulement par vation du langage par- systématique.
cette phrase et par le con- lé. 2) Analyse explicite des struc-
texte que nous pouvons On fait entrer dans l'u- tures lexicales.
donner à un mot sa signi- sage des termes simples. 3) Fixation par réemploi fonc-
fication (1938). tionnel en situation.
4) Utilisation créatrice, voire
poétique des mots « en li-
berté ».

61
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

2) Enseignement spécifique 2) Quand l'élève lit : on


— raison d'ordre pédago- part de textes d'auteurs
gique : accélérer le (choisis en adaptant la
progrès de l'usage. difficulté globale du tex-
te au niveau des élèves).
— raison d'ordre linguistique.
Le mot n'a une significa-
tion particulière dans un
texte que par rapport à
d'autres mots de sens voi-
sins, synonymes et contrai-
res (1938).

Choix des mots

Peu d'indications 2 critères pour le choix des Nécessité de se fonder sur des
mots à étudier dans un descriptions scientifiques du
texte d'auteur. lexique.
Une fois un mot choisi, on étu-
die les autres mots de la même
série. les mots qui tiennent du critères lexicaux
contexte leur significa-
tion exacte. • explorer le vocabulaire
commun du français
contemporain le plus
l'utilité réelle pour les fréquemment utilisé à
élèves (listes de fré- l'oral et à l'écrit.
quence).
• explorer le vocabulaire
nécessaire dans les si-
tuations où l'enfant peut
se trouver le plus cou-
ramment.

— critères d'ordre psycho-pé-


dagogique : il semble que
l'enfant aille d'une compré-
hension, d'une utilisation
syncrétique des mots à leur
utilisation spécifique.

62
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Exercices

Point de départ : essentielle- Point de départ : langue Point de départ : répondre à


ment les textes d'auteurs. parlée ou textes d'auteurs. un besoin de la communication,
à une curiosité (langue parlée
ou écrite).
Etude de « séries » données «La part faite à l'étude du Exercices proposés au CM.
(1938). sens des mots selon le con- pour l'analyse explicite des
texte, aux sens différents du structures lexicales (qui ne
synonymes et contraires même mot selon son emploi,
(distinction des sens) constitue qu'un moment péda-
aux synonymes et aux équi- gogique) :
paronymes et homonymes valents, aux contraires, à
(distinction des sons) l'étude des familles de mots Ex. : explorer avec les enfants
sera déterminée par l'op- les éléments distinctifs dans
exercices sur les familles portunité ». l'opposition à 2 puis à 3 mots.
de mots : C'est l'enfant lui-même qui
à condition qu'il y ait une construit le micro-système le-
parenté de sens entre les xical et l'analyse (donc là aus-
mots. si, importance donnée à l'ac-
tivité de découverte de l'élève).
Ne pas les commencer trop
tôt : laisser d'abord s'exer-
cer l'usage.
Hypothèse : il semble que
ce soit l'activité de décou-
verte et de construction qui
soit déterminante dans l'ap-
préhension des structures
lexicales, plutôt que la con-
naissance théorique qui en
découle. (Parallèle avec la
grammaire).

« Les mots en liberté » : mo-


ments de jeux sur les mots,
sur les polysémies, jeux de mé-
taphores (imagination, sensibi-
lité).

Le problème de la fixation Fixation des mots étudiés : La fixation se fera par le ré-
n'apparaît pas. emploi fonctionnel dans une si-
les faire employer dans des tuation globale des mots choi-
phrases (on insiste donc sur sis.
le rôle du contexte linguis-
tique dans l'appréhension On insiste donc sur le rôle
de la signification des mots) du contexte non linguistique
dans l'appréhension de la si-
gnification des mots.

63
I. O. PROJET D'I. O. PLAN DE RENOVATION

L'ORTHOGRAPHE

Considérations d'ordre général

L'enseignement de l'orthogra- Une certaine ambiguïté Démystification de l'ortho-


phe est essentiellement lié à quant à la liaison entre la graphe et de la notion de
la grammaire. grammaire et l'orthogra- faute.
phe : « Parallèlement à la
Comme en grammaire : progression grammaticale L'orthographe n'est pas une
apprentissage de règles nous proposons une pro- discipline d'enseignement
gression concernant l'ac- en soi, c'est l'une des « mar-
application de ces règles, ques » de la stucturation
(règles à valeur mnémotech- quisition de l'orthographe
d'accord ». de la langue écrite.
nique).
Mais on ne saurait faire
fond sur la seule réflexion
abstraite.
Utiliser le recours à l'in-
tuition.

Méthodes

Au C.P. : attirer l'attention Réserves sur la dictée. Critique radicale de la dictée


sur l'orthographe pendant la Conseils sur la manière de comme moyen d'acquisition de
lecture. Copie éventuelle pour la choisir : choisir le tex- l'orthographe.
associer la représentation mo- te en fonction des échelles
trice à la représentation vi- de fréquence.
suelle et auditive. On propose plutôt une diver-
sité des modes d'approche :
Au CE. : dictées préparées.
Au CM. : dictées préparées — Intégration globale des mar-
plus dictées de contrôle. ques orthographiques :
• Lecture
• Reconstitution de textes
• Mise au point de textes
d'élèves.

— Exercices systématiques à
dominante orthographique :
• Lecture
• Grammaire
• Vocabulaire.

64
I. O. PROJET D I O . PLAN DE RENOVATION

LA RECITATION

L'APPROCHE DE LA LANGUE POETIQUE

« Récitation expressive » c Récitation, Leçon de dic- Poésie et approche de la langue


(1923) tion ». poétique.
« Définition » de la poésie : Définition du domaine :
« les sentiments forts et les — c'est un état
idées généreuses qui sont la
poésie même » (1938). — la récitation n'est qu'un
moment de l'activité de
poésie.
— la poésie est un aspect
de la fonction de com-
munication.
— toute effusion spontanée
n'est pas de la poésie
élaborée.
— activité dans laquelle
s'incarnent de manière
originale libération et
rigueur d'organisation
du langage.

Fonctions

Un des meilleurs moyens Moyen d'imprégnation 1) « Donner à voir ». Il s'agit


d'enseigner aux enfants par les textes en vue du d'une imprégnation concer-
l'usage correct des mots et perfectionnement de nant aussi bien la sensibi-
des tours de notre langue l'expression. En dehors lité et l'imaginaire que la
(1923). même des contenus si- conscience claire des for-
gnificatifs, laisser dans mes du discours. Imprégna-
l'esprit de l'enfant des tion plus globale qu'analy-
schemes, des moules. tique (différente de la re-
constitution de textes).
Sens du rythme et de l'har- Initiation esthétique
monie (1938). 2) Provoquer chez l'enfant le
• créer l'ambiance es- désir de rendre sensible
thétique appropriée. l'inexprimable.
• insister sur la diction. Donc un aspect réception et
un aspect expression (ou
création) qui sont intime-
ment liés.

65
I. O. PROJET D'I.O. PLAN DE RENOVATION

Méthode
C.P. : apprendre, par audition, — Proposer des poèmes.
de courtes poésies.
— Etude de l'un d'eux choisi
CE. : poésies plus longues que par le maître, la classe ou
les élèves peuvent apprendre un élève.
eux-mêmes.
— Recommandations
CM. : la mémoire a moins be- • se garder d'expliquer en
soin d'être aidée par le rythme, détail.
on peut donc étudier égale-
ment des morceaux de prose. • faire découvrir les struc-
tures phonétiques, ryth-
miques et même synta-
xiques.
• ne pas trahir le poème.
• en même temps ne pas
sacrifier la personnalité
de chaque enfant à une
perfection académique.
Pour la diction : le maître Donc, 2 pôles ; on insiste sur :
devra donner l'exemple et — l'intégrité du poème.
faire fond sur l'imitation. — la manière propre à cha-
cun d'appréhender une
œuvre poétique et de se
l'approprier.

M
HYPOTHESES PEDAGOGIQUES A VALIDER

H. ROMIAN, C. de MINIAC

I - CADRE GENERAL

1) Un enseignement du français selon les principes du Plan de Rénovation entraîne une maîtrise de
plus en plus grande de la langue orale et écrite.
Méthode : étude comparée de l'évolution des enfants (scolarité dans des classes non-expérimentales,
dans des classes expérimentales).
Maîtrise de la langue orale et écrite :
Compréhension et utilisation — plan syntaxique et/ou lexical
— plan sémantique
— adaptation du « registre » à la situation
— personnalisation —» création originale, voire poé-
tique.

2) On observe corrélativement une augmentation significative du nombre d'enfants ayant poursuivi avec
succès des études secondaires longues.

3) On observe corrélativement un enrichissement significatif des enfants


a) développement intellectuel
b) » affectif
c) » social
d) » du sens esthétique

II - HYPOTHESES GLOBALES D'ORDRE PSYCHO-PEDAGOGIQUE

Aj L'entraînement à la communication orale et/ou écrite entraîne une libération, un « déblocage »


du langage.

A2 L'entraînement à la communication orale et/ou écrite entraîne une maîtrise de plus en plus
grande de la langue.

A3 Les activités d'apprentissage systématique de la langue (imprégnation - analyse explicite) contri-


buent à la libération, au « déblocage » du langage.

A4 On observe un transfert des structures acquises par imprégnation systématique (exercices struc-
turaux - reconstitution de textes) dans l'expression orale et/ou écrite spontanée ou semi-spon-
tanée.
(Etude de corpus et/ou épreuves.)

A5 La découverte analytique, intuitive puis reflexive, des principes du fonctionnement de la langue


sur le plan phonologique, entraîne une maîtrise de plus en plus grande de la langue orale et/ou
écrite.

67
Ae Idem pour le plan syntaxique.

A7 Idem pour le plan sémantique.

A8 Les activités d'approche de la langue poétique entraînent une libération, un « déblocage » du


langage.

AQ Les activités d'approche de la langue poétique contribuent à la maîtrise de la langue.

A 10 Le « décloisonnement » des activités de français favorise la communication orale et/ou écrite.

III - HYPOTHESES PORTANT SUR CERTAINES ACTIVITES DE FRANÇAIS

Il serait intéressant de situer chaque validation partielle par rapport à l'ensemble. Le schéma
suivant pourrait dans ces conditions fournir un cadre de travail.

II

Approche globale de la Lecture / Ecriture


langue Approches analytiques^ (apprentissages premiers)
de la langue ) Grammaire
Vocabulaire

Expression Compréhension Expression Compréhension


(émission) (réception) (émission) (réception)

écrite écrite écrite orale orale écrite

Situation de communication orale Exemple : une recherche en vocabulaire sur le rôle


de la découverte active par l'élève des traits de
Situation de communication écrite signification distinctifs de certains mots (grille dite
« sémique ») sur l'emploi correct de ces mots dans
les productions écrites des élèves se situerait dans
le cadre défini par les flèches doublées.

1) Expression orale
Bx L'efficacité de l'entraînement à l'expression orale pour une maîtrise de plus en plus grande de
la langue est fonction de la diversité des situations d'expression utilisées.

B2 L'efficacité de l'entraînement à l'expression orale pour une maîtrise de plus en plus grande de la
langue est fonction de l'origine des situations et des motivations utilisées.
Situations, motivations spontanées et/ou situations, motivations suscitées par le maître.

68
B3 L'entraînement à la communication, l'expression orale favorise :
a) la libération, le « déblocage » de l'expression orale
b) l'apprentissage systématique de la langue
(exercices structuraux et/ou grammaire - et/ou vocabulaire).

B4 Les activités d'apprentissage systématique de la langue orale favorisent la libération, le c déblo-


cage » de l'expression orale.

B5 La mise au point individuelle et/ou collective


immédiate et/ou différée de l'expression orale
contribuent à une maîtrise de plus en plus grande de la langue.

Be Les exercices structuraux contribuent à une maîtrise de plus en plus grande de la langue orale.

B7 Les activités d'analyse explicite de la langue contribuent à une maîtrise de plus en plus grande
de la langue orale (apprentissage de la lecture/écriture - grammaire - vocabulaire).

B8 Apports respectifs à la maîtrise de l'expression orale et/ou écrite des activités considérées ci-
dessus (B 3 - B 4 - B 5 ) :
• B 3 et/ou B 4
• B 4 et/ou B 5
• B 3 et/ou B 5
B9 L'entraînement à la communication, l'expression orale favorise :
a) l'accès à la langue écrite
b) le maniement personnalisé de la langue écrite.

2) Apprentissage de la Lecture/Ecriture

Variables à étudier :

Ci Continuité de l'apprentissage sur 3 ans (Section des Grands - Maternelle / CP / CE 1) avec


« rotation » des maîtres de Maternelle en CP et/ou de CP en CE 1, ou le même maître.

C2 Qualité de l'imprégnation culturelle par le milieu et/ou par l'école.

C3 Liaison avec d'autres moyens d'expression • langue orale


et/ou dessin
et/ou mime
et/ou une technique donnée : marionnettes - photo-
graphie - machine à écrire, etc.
C4 Motivation des exercices : besoin de connaître, de s'informer
besoin de communiquer une information à autrui.

C5 Choix des textes : — texte d'enfant et/ou i texte d'adulte


— adaptation syntaxique et/ou sémantique au niveau de compréhension des
enfants.

89
C6 Possibilités motrices
et/ou perceptives
et/ou représentatives.

C7 Niveau d'élaboration de la langue parlée sur le plan phonologique et/ou syntaxique, et/ou séman-
tique.

C8 Part relative de C 6 et C7.

C9 L'entraînement à l'exploration des significations d'un texte (interprétation en fonction d'indices),


et/ou la découverte de la combinatoire selon une progression non préétablie et/ou préétablie.

C10 L'entraînement à l'exploration des significations d'un texte et/ou les exercices de synthèse, à par-
tir des éléments connus de la combinatoire.

Cn Part relative de C 9 et C10.

C12 Lecture silencieuse et/ou lecture à haute voix.

Entraînement à la lecture

Di Le niveau en lecture est fonction de l'apprentissage (cf. série d'hypothèses C).

D2 Le niveau en lecture est en relation avec le niveau de compréhension et/ou d'élaboration de la lan-
gue orale et/ou écrite.

D8 Le niveau en lecture est fonction de l'insertion de « l'exercice » dans les autres activités de la
classe.
Niveau des élèves en lecture <— exactitude et fluidité du déchiffrage
<— qualités de diction et/ou exactitude de la compréhension de la
langue écrite.
3) Expression écrite
EL On observe une relation entre le niveau des élèves en lecture et le niveau de maîtrise de la lan-
gue écrite.
Maîtrise de la langue écrite : cf. la notion de maîtrise en général
plus la notion de maîtrise de l'orthographe.

E-2 L'efficacité de l'entraînement à l'expression écrite pour une maîtrise de plus en plus grande de la
langue est fonction de la diversité des situations utilisées.

E3 L'efficacité de l'entraînement à l'expression écrite pour une maîtrise de plus en plus grande de la
langue est fonction de l'origine des situations et motivations utilisées :
Situations, motivations spontanées et/ou situations, motivations suscitées par le maître.

E4 La mise au point individuelle et/ou collective


immédiate et/ou différée de l'expression écrite
contribue à une maîtrise de plus en plus grande de la langue.

70
EB Les exercices de reconstitution de textes contribuent à une maîtrise de plus en plus grande de la
langue orale et/ou écrite.

E6 Les activités d'analyse explicite de la langue (lecture - grammaire - vocabulaire) contribuent à


une maîtrise de plus en plus grande de la langue écrite.

E7 Apports respectifs à la maîtrise de l'expression orale et/ou écrite des activités considérées ci-dessus
(E 4 - E 5 - E 6 ) :
E 4 et/ou E5
E 5 et/ou E6
E 4 et/ou Ee.

E8 L'entraînement à la communication, l'expression écrite favorise :


a) la libération, le « déblocage » de l'expression écrite
b) l'apprentissage systématique de la langue.

E9 Les activités d'apprentissage systématique de la langue écrite favorisant la libération, le « déblo-


cage » de l'expression écrite.

E10 L'entraînement à la communication, l'expression écrite influe sur la maîtrise de la langue orale.

Eu L'entraînement spécifique sous forme de dictées et/ou l'apprentissage de la lecture


et/ou l'entraînement à la lecture
et/ou l'entraînement à l'expression écrite
contribuent à l'acquisition de l'orthographe.

E12 L'acquisition de l'orthographe est fonction :


• d'une intégration globale de la langue écrite par l'entraînement à la lecture et/ou la
reconstitution de textes et/ou la mise au point de textes d'enfants.
• et/ou d'exercices systématiques de lecture, de grammaire, de vocabulaire à dominante
orthographique.

4) Grammaire

Cf. les hypothèses B g B 4 B 5 B 6 B 7 B 8


W ,"C1 IT* "171 ,"G* TP
E i &5 J^e ^ 7 ^a 2JQ •Cji2

Fj Les activités de grammaire déterminent une maîtrise de plus en plus grande de la langue orale
et/ou écrite
Niveau de compréhension et/ou d'utilisation dé la langue :
a) niveau d'élaboration syntaxique
b) et/ou niveau d'élaboration sémantique
c) et/ou niveau de correction orthographique
d) et/ou niveau d'utilisation créatrice de la langue (de la « trouvaille » originale au poème).

F2 Les capacités d'analyse en grammaire sont en relation avec le niveau de développement intellec-
tuel des enfants.

F3 ¡Les capacités d'analyse en grammaire sont en relation avec le niveau de maîtrise de la langue orale
et/ou écrite.

71
F4 Relation entre F 2 et F 3 .

F5 La mise au point de l'expression orale et/ou écrite


et/ou l'analyse implicite (exercices structuraux)
et/ou l'analyse explicite par la découverte active des lois
élémentaires de la syntaxe contribuent à une maîtrise de plus en plus grande de la langue orale
et/ou écrite sur le plan syntaxique et/ou sémantique.

5) Vocabulaire

Série d'hypothèses G analogues aux hypothèses : B3 B 4 B 5 B 6 B 7 B 8 B 1 0


4 •C'5 ^6 -^T 2*8 ^9 "ÎO ^Z -^ÎS
Fx F 2 F 3 F4.
Gx a) La mise au point de l'expression orale et/ou écrite
b) et/ou l'imprégnation systématique
c) et/ou l'analyse explicite (recherche par les élèves des
micro-systèmes dans lesquels peut s'intégrer une
unité lexicale)
d) et/ou les exercices de fixation en situation (contexte
linguistique et extra-linguistique)
e) et/ou les jeux sur les c mots en liberté »
contribuent à une maîtrise de plus en plus grande de la langue orale et/ou écrite sur le plan lexical et
sémantique et/ou syntaxique.

IV - HYPOTHESES PORTANT SUR DES EFFETS SECONDS

Hi L'entraînement à la communication, l'expression orale entraîne un changement fondamental des


relations dans la classe.

H2 Retentissement des activités de français (rénovées) sur le comportement des enfants pendant les
autres activités scolaires.

H3 Retentissement de la rénovation de l'enseignement de la mathématique sur celui de la langue, sur


les niveaux d'élaboration de la langue comprise et/ou utilisée par les enfants.

H4 Idem pour les activités d'éveil.

72
THEMES DE RECHERCHE

H. ROMIAN, C. de MINIAC

Il est évident que la construction des épreuves spécifiques de validation de chaque hypothèse
présentée ci-dessus supposerait que soient menées un certain nombre d'études et de ¡recherches fondamen-
tales.
Mais il n'est pas impossible que la construction tâtonnée de telles épreuves puisse apporter à la
recherche fondamentale d'utiles suggestions.
L'inventaire de thèmes de recherche qui suit a donc pour objet de signaler — de manière cer-
tainement incomplète — les points sur lesquels des études, des recherches fondamentales pourraient
éclairer les pédagogues-chercheurs de nos équipes expérimentales, et « nourrir » la construction d'épreu-
ves spécifiques de validation de leurs hypothèses pédagogiques. Indépendamment de leur intérêt in-
trinsèque.

Cet inventaire, de même que celui des hypothèses pédagogiques sous-jacentes à l'expérimenta-
tion, ne se veut nullement exhaustif. Il ne saurait être considéré comme définitif ni par le nombre des
questions, ni par leur formulation.

I - ETUDES GENERALES

• Bilan des études françaises et étrangères sur l'enseignement de la langue maternelle (de 6 à 11 ans).
• Bilan des études faites sur la langue des enfants de 6 à 11 ans.
• La notion de « maîtrise » de la langue.
• La notion de niveau d'élaboration de la langue.
• Détermination d'une méthodologie théorique et pratique pour l'évaluation génétique des niveaux d'éla-
boration de la langue comprise et utilisée par les enfants.

Par exemple :
— Etude d'ensemble.
— Exploitations possibles des épreuves INED-INOP de niveau intellectuel ( v e r b a l / n o n verbal).
• Epreuves susceptibles d'évaluer la maturité affective (entre 6 et 11 ans).
• Epreuves susceptibles d'évaluer le développement du sens esthétique.
• Epreuves susceptibles d'évaluer la maturation du sens social.

73
II - ETUDES DESCRIPTIVES DE LA LANGUE DES ENFANTS DE CLASSE EXPERIMENTALE

A) Thèmes d'étude possibles


1) Niveaux d'élaboration (point de vue génétique)
2) « Registres » utilisés (de l'argot à la langue dite cultivée) / et situations d'expression
3) « Passage » de l'oral à l'écrit
a) nature
b) stades génétiques éventuels
4) Capacités d'utilisation individualisée, créatrice, voire poétique de la langue.

B) Points de vue possibles :


• Oral/Ecrit
• Compréhension / Production d'énoncés
• Classes expérimentales / Classes non-expérimentales
• Situations scolaires / Situations non-scolaires
• Un niveau d'âge donné : 6-7-8-9-10 ans
• Une optique génétique, de 6 à 11 ans.

C) Sujets d'études linguistiques et/ou psychologiques possibles : (à titre d'exemples).


• Etude des tournures syntaxiques orales en fonction de diverses situations de communication (de situa-
tions contraignantes : « interrogation », aux situations libres : performances spontanées).
• Etude de textes d'élèves : textes libres et textes suscités.
• Exploration du récit oral et/ou écrit.
• Etude de la compréhension et/ou l'expression du temps
du but
de la conséquence
de la concession
des quantités
des intensités
des jugements de valeur
• Maîtrise de la morpho-syntaxe du verbe et perception du temps historique.
• Syntaxe (fréquence d'emplpi / difficultés d'emploi correct)
• « Attribut » / « Epithète »
• Voix passive
• Présentatifs
• Conditionnel
• Subjonctif

74
HI - ETUDES DESCRIPTIVES DE LA PEDAGOGIE DES CLASSES EXPERIMENTALES (pour exemple)

• Maîtres, élèves et parents en situation de mutation pédagogique


• Equipes d'enseignants au travail
• Le maître de classe expérimentale
• L'élève de classe expérimentale
• Etude des relations dans la classe : Maître - Elèves
Elèves - Elèves, etc.
• Activités de français et activités d'éveil (interactions de contenus et de méthode - relations dans la
classe)
• Activités de français et éducation physique (interactions de contenus et de méthode - relations dans
la classe)
• Activités de français et éducation artistique (interactions de contenus ©t de méthode - relations dans
la classe)
• Activités de français et mathématique (interactions de contenus et de méthode - relations dans la
classe) etc.

• Situations de message oral et/ou situations de message écrit


• Les conditions favorables à la créativité verbale
• Activités poétiques
• Naissance du besoin de lecture
• Orthographe sans dictées

• La littérature, la presse enfantines dans les classes etc.

• Grammaire « traditionnelle » / grammaire fonctionnelle / grammaire structurale


• Grammaire intuitive / grammaire reflexive

• Grammaire et créativité etc.

• Articulations entre les activités de libération et de structuration du langage.

• Difficultés rencontrées en conjugaison


• Emploi des subordonnants — ce que... / celui que... / ceux que...
— qui / qu'elle
— si
— où
— dont
— comme
— puisque

75
• Coordination / subordination
• Style indirect
• Déterminants du nom
• Maîtrise du pluriel
etc.

• Vocabulaire (compréhension / utilisation)


• Confusions lexicales
• Capacités de classement des mots
• Acquisition du vocabulaire historique
géographique
scientifique
de raisonnement etc.
• Etude sémantique de l'emploi des « attributs » etc.

IV - « RENDEMENT » DE LA PEDAGOGIE DES CLASSES EXPERIMENTALES (pour exemple)

— Rendement de l'imprégnation par les exercices structuraux


(transferts dans l'expression orale ou écrite spontanée)
— Rendement de l'imprégnation par les textes
(transferts dans l'expression orale ou écrite spontanée)
— Rendement des exercices de grammaire systématiques et/ou de la grammaire « occasionnelle »
Influence sur le niveau d'élaboration de la langue comprise et utilisée
Influence sur le développement intellectuel
— Rendement des exercices de vocabulaire systématiques d'inspiration structurale et/ou d'un enseigne-
ment « occasionnel »
— Des CM. 2 expérimentaux aux C.E.S.
• Etude comparée quantitative : proportion d'enfants des CM. 2 expérimentaux jugés capables d'ac-
céder à des études secondaires longues par rapport aux normes antérieures des mêmes classes.
• Etude comparée qualitative : comportement des élèves issus de CM. 2 expérimentaux au C.E.S.,
comparé à celui des autres.

76
ANNEXE

LISTE DES TERRAINS EXPÉRIMENTAUX

1972 - 1973

ACADEMIES EQUIPES RESPONSABLES D'EQUIPES


AIX-MARSEILLE E.N.F. AIX Mœe DESCHAMPS — Directrice
Mne PERRICHON — Professeur

E.N.G. AIX M. LASALMONIE — Directeur


M. JASSAUD — Professeur

AMIENS E.N.F. LAON M"8 LEMBROUCK — Directrice


M. BOUVET — Professeur
EN.G. LAON M. BEAURCARNE — Directeur
M. GAREL — Professeur

E.N.F. AMIENS Mm6 LEFEBVRE — Directrice


me
M KRUCZYNSKI — Professeur
Ecole de garçons des Girondins M. RICHER — I.D.E.N.
02 - SAINT-QUENTIN M. LEBRUN — Directeur d'école
BESANÇON E.N.F. BESANÇON M"e MARCHAL — Directrice
Mme GOMOT — Professeur
E.N.G. BESANÇON M. MILHAUD — Directeur
M. KONOPCZYNSKI — Professeur
3
ACADEMIES EQUIPES RESPONSABLES D'EQUIPES
BESANÇON E.N.G. LONS-LE-SAUNIER M. GIORDANI — Directeur
BORDEAUX E N G MERIGNAC M. HALBOUT — Directeur
M. CORBET — Professeur
M. TOURATIER — Professeur
E.N.F. BORDEAUX M. CORPRON — Directeur
M lle VERTALIER — Professeur
E.N.M. PERIGUEUX M. NOUVEL — Directeur
Mme LACHASSAGNE — Professeur
Circonscription de Mme LA BORDERIE — Professeur
BORDEAUX-TALENCE
Circonscription BORDEAUX VI

E.N.M. AGEN M"e MAILLET — Directrice


M. SEGUY — Professeur
CAEN E N G CAEN M. L1VORY — Directeur
M. HOUYVET — Professeur
M. MADOUAS — Professeur
E.N.G. ALENÇON M. FLANDRE — Directeur
M. TERRIER — Professeur
E.N.F. COUTANCES M. GRELE — Directeur
M"e MARSIGNY — Professeur
CLERMONT-FERRAND . E.N.G. CHAMALIERES M. GIRAUD — Directeur
M. SERRE — Professeur
E.N. MOULINS Mme CARI OU — Directrice
M. CLUZEL — Professeur
Mme SCHOEN — Professeur
CRETEIL E.N.F. LE BOURGET Mme MAN ESSE — Directrice
M. BADAROUX — Professeur
Mme GUILLAUME — Insp. Professeur
ACADEMIES EQUIPES RESPONSABLES D'EQUIPES
CRETEIL Circonscription SAINT-OUEN Mme COTET — I.D.E.N.
DIJON Circonscription de
MONTCEAU-LES-MINES M. CHARNAY — I.D.E.N.

E.N.F. DIJON M"e DERAPPE — Directrice


M. MALET — Insp. Professeur
Circonscription de DIJON-SUD M. G AU — Insp. Professeur
GRENOBLE E.N.G. GRENOBLE M. MAUDUIT — Directeur
M. VUILLET — Insp. Professeur
E.N.G. PRIVAS M. LEBOUC — Directeur
M. MAS — Professeur
E.N.F. CHAMBERY Mme ROBERT — Directrice
M. AIRAL — Professeur
Mm9 PERRIER — Professeur
E.N.F. ANNECY M"° VIAL — Directrice
M. G ALLAY — Professeur
M. MAI ROT — Professeur
LILLE E.N.M. LILLE M. MICHEL — Directeur
Mme ROYER — Institutrice
LILLE (équipe de circonscrip- Mme DESSAUX Assistante de
tions maternelle et élémentaire). Linguistique
M"e DESHAYES I.D.E.M.
Mme MANESSE I.D.E.N.
E.N.G. ARRAS M. CAVEL Directeur
Mffie HENAUT-POLAERT Insp. Professeur
E.N.F. DOUAI M'" BRIANCON Directrice
Mffi6 PECQUEUR Professeur
M"e VALLEZ Professeur
LIMOGES E.N.F. LIMOGES Mme SASSI Directrice
Mme MALOSSANE Professeur
s ACADEMIES EQUIPES D'EQUIPES
LIMOGES Circonscription de BELLAC M. LAMIREAU — I.D.E.N.
LYON E.N.G. - E.N.F. ST-ETIENNE M. GUYOT — Directeur ENG
M'" LASSALAS — Directrice ENF
M1" ROMEAS — Professeur
Circonscription LYON 12 M. BOUGAULT — I.D.E.N.
MONTPELLIER Inspection Départementale de M. HELLOT — I.D.E.N.
l'Education Nationale M. FOURNIER — Directeur d'école
48 - MARVEJOLS

E.N.M. MENDE M. AURES — Directeur


M. FAURE — Professeur
E.N.G. NIMES M. LEFEBVRE R. — Directeur
M. JOVENIAUX — Directeur d'école
annexe
M. ORIEUX — Professeur

E.N.M. CARCASSONNE Mme DUCHESNE — Directrice


M. KERLOK'CH — Professeur
E.N.G. MONTPELLIER M. GAUSSERAND — Directeur
M. SCHMITT — Insp. Professeur
E.N.F. MONTPELLIER Mme GODARD — Directrice
M"e AUDOUY — Professeur
M"* JOLIBERT — Professeur
NANCY-METZ E.N.G. NANCY M. GRANDGEORGES — Directeur
M. GRUERE — Professeur
E.N.F. METZ M™ GROSSMAN — Directrice
M me p|STER — Professeur
Mme CABOURET — Professeur

E.N.G. MONTIGNY-LES-METZ M. BECK — Directeur

Circonscription de M. KELLER — I.D.E.N.


BOULA Y-MOSELLE - 57 M. ZIX — Directeur d'école
I
ACADEMIES EQUIPES RESPONSABLES D'EQUIPES
NANCY-METZ E.N.M. EPINAL M. GRUWEZ — Directeur
Mme GRUWEZ — Animatrice du
C.R.D.P.

NANTES E.N.F. NANTES Mme ROLLAND — Directrice


M - COZ — Professeur
Circonscription NANTES V M. BONNET — I.D.E.N.
e
E.N.F. ANGERS M" LE TREHUIDIC — Directrice
M. BEAUTE — Professeur
Circonscription ANGERS V M. THOME — I.D.E.N.
E.N.G. LE MANS M. LION — Directeur
M. JEAN — Assistant de
Linguistique

NICE E.N.F. NICE M"' MAR1US — Directrice


M. GOURDON — Professeur
Mu* VIAN — Professeur

E.N.G. AJACCIO M. CASTELLO — Directeur


Mme MONOOLINI — Professeur

ORLEANS-TOURS E.N.F. TOURS Mme CARRERE — Directrice


Mœe IMBERT — Professeur

E.N.F. BOURGES M. GILLIET — Directeur


Mme PECHEVY — Professeur

E.N.G. CHATEAUROUX M. BEGUSSEAU — Directeur


M. BERNIGOLLE — Professeur

E.N.F. CHATEAUROUX Mrae IMBERT — Directrice


M"' PRINC1PAUD — Professeur

PARIS M. THOMAS — Directeur


M. HONORE — Professeur
ACADEMIES EQUIPES RESPONSABLES D'EQUIPES
e
PARIS E.N.F. PARIS 17 M"" CARPENTIER — Directrice
Mme KAPOUTSOS — Professeur
M,,c JACQUEMET — Professeur

Groupe expérimental
PARIS XXo M. OURMAN — I.D.E.N.
POITIERS E.N.G. POITIERS M. BROUT — Directeur ENG
M. MESTRE — Professeur

E.N.F. POITIERS M11" LABERNARDIE — Directrice


Mme HOUDEBINE — Assistante de
Linguistique
Mm6 PEZEAU — Professeur

E.N.F. ANGOULEME Mme G ARC IN — Directrice

REIMS Circonscription CHALONS II M. GOMMEAUX — I.D.E.N.


M. JOUSSIER — Professeur
E.N.G. TROYES M. DIOT — Directeur EN
M. JEANNET — Professeur

RENNES E.N.F. ST-BRIEUC Mme CHOLLET — Directrice ENF


M. DURAND — Professeur

E.N.F. RENNES Mme PINTHON — Directrice


Mme GREGOIRE — Professeur

E.N.G. VANNES M. DEVILLE — Directeur


Mme CHAUMONT — Professeur

E.N.G. SAINT-BRIEUC Mms CHOLLET — Directrice


M. ANGOUJARD — Professeur

ROUEN Circonscription des ANDELYS Mme GRIS — I.D.E.N.

STRASBOURG E.N.G. STRASBOURG M. CHANUT — Directeur


FORET-NOIRE M. FEIX — Professeur

E.N.G. COLMAR M. BOURGUIGNON — Directeur


M. WENDLING — Professeur
ACADEMIES EQUIPES RESPONSABLES D'EQUIPES
TOULOUSE E.N.M. CAHORS M. GUILLON — Directeur
Mme MAUREILLE — Professeur
E.N.M. MONTAUBAN M. VANPEENE — Directeur
Mme SANDRINI — Professeur
Ecole pilote MONTAUBAN M. BRUSTEL — I.D.E.N.
M. CAMBON — Chargé de Cours
de psychologie
M1" GAZAL — Assistante de
Linguistique
Mme CRANSAC — Professeur
Circonscription MONTAUBAN II M. SOULIE — I.D.E.N.
Circonscription de M. CAASTAING — I.D.E.N.
TOULOUSE VI Mme ZONABEND — Professeur
Mme SUBLET — Professeur
Circonscription TOULOUSE V M. FLORIS — I.D.E.N.
E.N.M. TARBES Mme BUCHERON — Directrice
Mme ST-JEAN — Professeur
MIle ADISON — Professeur
Mme HOURTOLLE — Professeur
Mme LELLOUCHE — Professeur
E.N.G. TOULOUSE M. ALBARIC — Directeur
Mme CHARMEUX — Professeur
E.N.F. RODEZ M. MILLÓN — Directeur
Mme ALBERTON — Professeur
E.N.M. FOIX M. GARRIGUE — Directeur
Mme ROAGNA — Professeur

VERSAILLES Circonscription MONTGERON M. LECLERCQ — I.D.E.N.


Dépôt légal n° 4 458 — 4* trim. 1973 — Imp. BIALEC, NANCY
Les publications de l'I.N.R.D.P.
(dont le catalogue gratuit vous sera envoyé sur demande)
sont diffusées par le S.E.V.P.E.N. à

AJACCIO • C D . D P . : avenue Pugliesi-Conti - 20000 Ajaccio


ALBI - CD.O.P. : Centre administratif, rue du Général-Giraud - 81010 Albi Cedex
ALENÇON - C.D.D.P. : Cité administrative, place Bonet - 61013 Alençon
AMIENS - C.R.D.P. 33, rue des Minimes - B.P. 348 G - 80026 Amiens Cedex
ANGERS - C.D.D.P. : 9, rue Grandet - 49000 Angers
ANGOULÊME - C.D.D.P. : 1, rue Vauban - 16017 Angoulême
ARRAS • C D D.P. : 39, rue aux Ours - 62022 Arras
AUCH - C.D.D.P, : rue Boissy-d'Anglas - 32007 Auch
AVIGNON - C.D.D.P. : 8, rue Frédéric-Mistral - 84000 Avignon
BEAUVAIS - C.D.D.P. : 22, avenue Victor-Hugo - B.P. 321 - 60030 Seauvais Cedex
BESANÇON - C.R.D.P, : 16 et 17, rue Ernest-Renan - B.P. 1153 -25003 Besançon Cedex
BORDEAUX - C.R.D.P. : 75, cours d'Alsace-Lorraine - 33075 Bordeaux Cedex
BOURG-EN-BRESSE - C.D.D.P. : 6, rue Jules-Ferry - 01000 Bourg-en-Bresse
BOURGES - Antenne du C.R.D.P. : 9, rue Edouard-Branly - 18000 Bourges
BREST - C.D.D.P. : 108, rue Jean-Jaurès - 29200 Brest
CAEN - C.R.D.P. : 21. rue du Moulin-au-Roy -14034 Caen Cedex
CAHORS - Antenne du C.R.D.P. : Cité Administrative - quai Cavaignac - 46000 Cahórs
CARCASSONNE - C.D.D.P. : 56, avenue du Docteur-Henri-Goût -11012 Carcassonne
CHALONS-SUR-MARNE - Section du C.R.D.P. : Cité administrative - 51036 Châlons-sur-Marne Cedex
CHAUMONT - C.D.D.P. : 20, rue Haeusler - 52000 Chaumont
CHARLEVILLE/MEZIERES - C.D.D.P. : 18, rue Voltaire - 08100 Charleville. Mézières
CLERMONT-FERRAND - C.R.D.P. : 15. rue d'Amboise - 63037 Clermont-Ferrand
DIGNE - C.D.D.P. : Ancien lycée de jeunes filles - place des Cordeliers - 04000 Digne
DIJON - C.R.D.P. : Campus universitaire de Montmuzart, boulevard Gabriel - B.P. 490 - 21013 Dijon Cedex
POIX - C D.D.P. : 31 bis, avenue du Général-de-Gaulle - 09008 Foix
FORT-DE-FRANCE (Martinique) - C.D.D.P. : 49. rue Victor-Sévère - 97200 Fort-de-France
GAP - Antenne du C.R.D.P. : 4. avenue du Maréchal-Foch - 05000 Gap
GRENOBLE - C.R.D.P. : 11, rue du Général-Champon - 38031 Grenoble Cedex
LAON : C.D.D.P, : 27, rue Ferdinand-Thuillard - impasse de l'Eglise - 02000 Laon
LA ROCHELLE - C.D.D.P. : rue de Jéricho -17000 La Rochelle
LE MANS - C.D.D.P. : 31, rue des Maillets - 72000 Le Mans
LILLE - C.R.D.P. : 3, rue Jean-Bart - 59046 Lille Cedex
LIMOGES - C.R.D.P. : 44, rue Gay-Lussac - 87031 Limoges Cedex
LYON - C.R.D.P. : 47-49, rue Philippe-de-Lassalle - 69316 Lyon Cedex 1
MARSEILLE - C.R.D.P. : 55, rue Sylvabelle - 13291 Marseille Cedex 2
MENDE - C D D.P. : 12, avenue du Père Coudrin - 48000 Mende
MONTAUBAN - C.D.D.P. : 9, rue du Fort - 82000 Montauban
MONT-DE-MARSAN - C.D.D.P. : Cité Galliane, avenue Cronstadt - 40000 Mont-de-Marsan
MONTPELLIER - C.R.D.P. : allée de la Citadelle - 34064 Montpellier Ced.ex
NANCY - C.R.D.P, ; 99, rue de Metz - 54000 Nancy
NANTES - C.R.D.P. : 17, rue Gambetta - B.P. 1001 - 44036 Nantes Cedex
NEVERS - C.D.D.P. : Ecole du Château - 58000 Nevers
NICE - C.R.D.P. ; 117, rue de France- 06000 Nice
NIMES - C.D.D.P. : 10. Grand' Rue - 30000 Nîmes
NIORT - C.D.D.P. : 1, rue Jules Ferry - 79000 Niort
ORLEANS - C.R.D.P. : 55, rue Notre-Dame-de-Recouvrance - 45012 Orléans Cedex
PARIS - C.R.D.P. : 29. rue d'uïm - 75230 Paris Cedex 05 - Librairie : 13, rue du Four - 75270 Paris Cedex 06
PAU - C.D.D.P. : Villa IMitot - avenue Nitot - B.P. 299 - 64016 Pau
PERPIGNAN - C.D.D.P. : 24, rue Emile-Zola - 66020 Perpignan Cedex
POINTE-A-PITRE (Guadeloupe) - C.D.D.P. : rue du Gouverneur-Félix-Eboué - 97154 Pointe-à-Pitre
POITIERS - C.R.D.P. : 6. rue Sainte-Catherine - 86034 Poitiers Cedex
REIMS - C.R.D.P. : 47, rue Simon - B.P. 387 - 51063 Reims Cedex
RENNES - C.R.D.P. : 92. rue d'Antrain - B.P. 158 - 35003 Rennes Cedex
RODEZ - C.D.D.P. : ENI - 12, rue Sarrus - 12000 Rodez
ROUEN - C.R.D.P. ; 2. rue du Docteur Fleury - 76130 Mt-St-Aignan
Adresse postale : Cedex 3038 - 76041 Rouen Cedex
SAINT-DENIS (La Réunion) - C.D.D.P. - 97489 Saint-Denis
SAINT-ETIENNE - C.D.D.P. : 16, rue Marcellin-Allard - 42000, Saint-Etienne Cedex
STRASBOURG - C.R.D.P. : 5. quai Zorn - B.P. 279 R7 - 67007 Strasbourg Cedex
TARBES - C.D.D.P. : rue Georges-Magnoac - B.P 205 - 65013 Tarbes
TOULOUSE - C.R.D.P. : 3. rue Roquelaine - 31069 Toulouse Cedex
TOURS - C.D.D.P. : 1, rue Gutenberg - 37000 Tours
TROYES - C.D.D.P. : 1. rue Bégand - 10014 Troves Cedex
VALENCE - C.D.D.P. : "Ancienne Préfecture", place Le Cardonne! - B.P. 498 - 26010 Valence

INSTITUT NATIONAL SERVICE D ÉDITION ET DE VENTE


DES PUBLICATIONS
DE RECHERCHE DE L'EDUCATION NATIONALE
ET DE DOCUMENTATION ?9 RUE D'ULM
PEDAGOGIQUES 75 230 PARIS • CEDEX 05

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