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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

Anthropologie de la communication
Cours du 07.10.2021

Informations générales
- Pas de syllabus (donc pas non plus celui de l’année passée)
- Avant chaque cours : PPT et article à lire (pour le cours suivant) postés sur myuliege
- Contenu global du cours : plutôt une socio-anthropologie de la communication
- Considérations pratiques : cours divisé en 2 parties
• Partie théorique avec Mme Borsus avec exemples d’études et de terrains →
apprendre à quoi regarder, à quoi faire attention → outils méthodologiques
• Partie pratique : terrain ethnographique (travail d’observation) = objet de l’examen
→ Travail écrit (pas d’oral !) ; seul(e) ou en groupe (préférable et plus d’intérêt) →
seul(e) : 15 pages ; en groupe de 2 : 20 pages ; en groupe de 3 : 25 pages ; en groupe
de 4 : 30 pages
➔ T.P. avec assistante (Juliette) → plus concret

Peuvent être des situations banales, triviales, du quotidien, comme p.ex. le trajet de
bus (Comment/Où les gens s’assoient ? Comment se déplacent-ils selon le nombre de
passagers ? etc.)

1. Introduction

1. Jeanne Favret Saada


- Documentaire de 45 min
- Jeanne Favret Saada est une grande figure de l’anthropologie contemporaine. Elle est née en
1934 en Tunisie, dans une famille juive, relativement aisée, avec la nationalité française ; ils
parlaient très peu de la famille, Jeanne se demandait pourquoi ils étaient français → beaucoup
de secrets familiaux → elle affirme dans une interview que c’est peut-être cette question de
secrets et d’histoire de famille qui l’a poussée vers l’anthropologie. Au début, elle a étudié la
philosophie ; à l’époque, l’anthropologie était une discipline récente, la plupart des
anthropologues français avaient une orientation particulière, souvent teintée de philosophie
et de psychanalyse. Aujourd’hui et surtout en Belgique, on s’est distancié de la psychanalyse.
- A donné cours à l’université, surtout à propos de l’Algérie (devient à l’époque indépendante)
- Premiers terrains en Afrique du Nord
- Vers 1964-8, terrain dans la région rurale du Nord-Est de la France → étudie les pratiques de
sorcellerie → immergée dans ce terrain, car y vit avec sa famille
➔ 1977 : parution de son ouvrage Les mots, la mort, les sorts → Questions des mots et
de la communication : Quand se met-elle en place et quand ne se met-elle pas en
place ? Manière de parler, de s’exprimer etc.
➔ 2009 : parution de son ouvrage Désorceller

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- Ce documentaire (45min) met en évidence plusieurs points liés à la communication et au


terrain ethnographique :
• La question de la distance au terrain
• La question de la place de l’enquêteur
• La question des croyances en tant que représentations
• La question des systèmes de communication
• La question de l’observation participante
• La question des affects
• …

Cours du 14.10.2021

Article : « Être affecté »


Comment étudiait-on la sorcellerie avant les recherches de Jeanne Favret Saada ? Quelle
place occupait la parole ?

- Surtout de l’observation → pour ces anthropologues, la parole n’était pas un comportement


ou un acte susceptible d’être observé et n’avait donc pas beaucoup d’importance. Elle était
soit classée comme comportement lorsqu’il s’agissait des accusations, soit comme fausse
proposition lorsqu’il s’agissait d’invoquer la sorcellerie. En général, la parole indigène était
disqualifiée.
- Questionnement des « élites locales » → peu de savoir authentique sur la sorcellerie et
quelques « anecdotes sceptiques »

Qu’est-ce que l’observation participante ? Comment Jeanne Favret Saada la conçoit-elle


?

- Deux types de comportement lors de l’enquête de terrain : interrogation et observation


d’informateurs rémunérés (comportement actif) d’un côté, assistance à des événements liés
à la sorcellerie (comportement passif) de l’autre.
- Pour Saada, le premier comportement ne peut être considéré comme « participant » que si on
considère l’informateur qui lui, participe au travail de l’ethnographe. Finalement, selon Saada,
c’était surtout l’observation qui comptait pour les anthropologues.

Comment est abordée la place de l’ethnographe ? Qu’a -t-elle de particulier ici ?

- La parole de l’ethnographe primait celle des indigènes, comme si sa parole et son travail
étaient la seule vérité.
- La sorcellerie rurale était en général niée par la plupart des ethnographes → « Grand
Partage » entre « eux » et « nous », afin de préserver la « vérité » et le « savoir » de
l’ethnographe par rapport aux sujets étudiés.

Comment utilisait-elle son journal de terrain ?

- Le journal de terrain avait deux objectifs :


• Objectif à très court terme : comprendre ce que les personnes voulaient ou
attendaient d’elle ;

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• Objectif à long terme : « opération de connaissance », c’est-à-dire essayer de


comprendre les événements qui se sont produits durant la durée du terrain.
- Considérations privées ou subjectives généralement absentes

Qu’entend-elle par « accepter d’être affecté » ?

- Accepter de se laisser aller en termes d’expérience de sorcellerie, comme si elle se laissait


ensorceler, envouter, affecter par les paroles et les rituels.
- Ce n’est pas de l’empathie, qui, elle, suppose de la distance, mais Saada affirme avoir été « à
la place de l’indigène, agitée par les sentiments, les perceptions et les pensées de qui occupe
une place dans le système sorcellaire ». De plus, cette place occupée ne la renseignait en rien
sur les indigènes et leurs affects ; l’occupation de la place l’affectait elle-même.

Qu’entend-elle par « communication pauvre » ?

- Pour Saada, la « communication pauvre » est le point de départ de l’ethnographie : « la


communication ethnographique ordinaire (…) verbale, volontaire et intentionnelle » pauvre
en termes d’information sur les aspects non verbaux et involontaires de l’expérience humaine.

Retour sur le documentaire et l’article (Jeanne Favret Saada)


- Elle n’a pas choisi sa place dans le terrain.
- Elle va trouver des gens un peu extérieures et leur demander s’ils ont entendu parler de
sorcellerie → évitent d’en parler, « on sait que ça se fait, mais pas chez nous » → elle n’avait
pas les réponses qu’elle souhaitait, car ces gens avaient un regard extérieur qui ne se portait
pas réellement sur les événements de sorcellerie. Elle a dû trouver une autre place. → Elle a
été « prise » - elle s’est trouvée dans une place donnée par les autres, place d’une
« ensorceleuse », elle a dû quitter sa place d’ethnologue. *
- Dans notre cas, notre position d’étudiant pour un cours d’anthropologie va normalement
suffire pour récolter les informations dont on a besoin ; notre place suffit pour justifier et
poursuivre notre terrain.
- Place de la communication sur le terrain (Réflexion personnelle dans notre terrain : Comment
suis-je positionné(e) par rapport à mon terrain et est-ce participative ou non ? → Va teinter
notre terrain et les éléments auxquels on va avoir accès.)
• La communication est plus que la parole.
• Importance des silences (des informateurs, de l’ethnographe, du terrain, « la
sorcellerie ceux qui ne sont pas pris, ils ne peuvent pas en parler ») → choses qui ne
sont pas faciles à cerner par la parole peuvent être essentielles pour le terrain
(Exemple dans notre terrain : Question : « A quel moment vous levez-vous lorsque le
bus se rapproche d’un arrêt ? » Réponse : « Je n’en sais rien. » → Compliqué à saisir
par la parole)
- *Place de l’ethnographe sur le terrain
• Jeanne Favret Saada n’a pas choisi sa place.
• Observation participante ? Qu’est-ce c’est ? Qu’est-ce que ça n’est pas ?
Jeanne Favret Saada dit que la plupart des anthropologues, au départ, prenaient une
position d’observation, même en étant au milieu d’une communauté, comme s’ils se
trouvaient sur une « chaise d’arbitre » à partir de laquelle ils observaient et prenaient
notes.

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• Observer ne donne pas accès à tout → Être « prise » non plus (ex. observer le
mouvement des foules / être dans la foule)
• Entre engagement et distanciation (distance avec l’observation, distance avec ses
automatismes, …) → les personnes font appel à elle comme si elle faisait partie de la
communauté → compliqué de prendre ses distances
On peut avoir différentes expériences et informations obtenues selon notre position
(extérieure ou proche d’un groupe/foule/communauté). En comparant avec l’analyse
distante d’autres chercheurs et auteurs, on peut se différencier en tant que chercheur
même en faisant une analyse globale, tant extérieure (distance) qu’intérieure
(proximité).
• Entre le lâcher-prise, l’échec, l’involontaire (« Justement, j’ai rêvé que… ») et l’acte de
connaissance
• Le journal de terrain (outil de mémoire, de compréhension, d’exutoire, de « reprise »)
- Question de la croyance (Doit-on croire à la sorcellerie pour en faire l’ethnographie ?)
• Risque d’occulter les autres portes d’entrée → chercheurs ne croyaient pas à la
sorcellerie – « sorcellerie  savoir, intelligence d’un savant » → Saada a réussi à aller
au-delà de cette question de « est-ce vrai ou non ? » * pour aller chercher des
informations que les ethnologues précédents n’avaient pas réussi à obtenir.
*Fausse « bonne question » : nous fait passer à côté de toute une série
d’informations ; demande une certaine ouverture d’esprit.
• Comment fait-on advenir l’inexistant ? Comment l’inexistant peuple nos mondes
sociaux ?
• On peut ne pas croire aux sorts et être pris malgré tout par le système de
communication sorcellaire. (→ On a affaire à plus qu’un contenu - auquel on croit ou
pas.)
- Question des affects, des émotions
• Ne pas se limiter aux discours, aux représentations, … mais aussi être ouvert à tout
l’aspect sensoriel, émotif etc.
• L’étude des affects et des émotions n’est pas réservée à la psychologie.
• Les affects des informateurs et ceux de l’anthropologue → On n’est pas uniquement
dans une anthropologie de la parole.

2. Dell Hymes
- Dell HYMES (1927-2009), américain, considéré comme un des « pères fondateurs » de
l’anthropologie de la communication
• Ouvrage : Ethnographie de la parole, 1962
• S’intéresse aux langues de tribus amérindiennes
• On ne peut pas étudier la communication de manière isolée, indépendamment du
contexte
-  Linguistique structurale (cf. Ferdinand de Saussure 1857-1912)
• Avant lui, surtout étude historique (généalogique → quelle langue vient de quelle
langue ? Origines des premiers langages) et comparative des langues (→ question de
folklore, mais pas de vraie méthodologie mise en place)

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

• Saussure envisage le langage comme un système clos (relativement isolé de son


contexte) dont il va étudier l’organisation, la structure et la cohérence interne
(fonction interne d’une langue). Il ne va pas sur le terrain, mais va prendre les mots, la
langue, les textes et les analyser.
• Exemples : phonèmes d’une langue (différents sons d’une langue ; p.ex. le Chinois
inclut des sons qu’on ne peut plus distinguer une fois adulte), structuration du lexique
(en français : mouton (animal et viande) / en anglais : sheep-mutton (animal-viande)),
morphologie de la langue (ex. langue isolante/agglutinante (mots très longs avec tout
un tas de préfixes, suffixes etc., qui, en français, pourraient être quasi traduite par des
phrases) /…), signifiant/signifié/référent (exemple : mot « mouton » = signifiant,
image mentale du mouton = signifié, mouton réel (animal) = référent) …
• Ouvrage phare : Cours de linguistique générale (1916 posthume)

Avant Dell Hymes


- Edward SAPIR (1884-1939)
• Cf. « Hypothèse Sapir Whorf » -Benjamin Lee Whorf (1897-1941) = élève de Sapir
« Sapir Whorf » expression à posteriori, car les deux n’ont jamais écrit d’articles
ensembles
• Sapir est un anthropologue et ethnolinguiste américain, élève de Franz Boas (1858-
1942, un des pères de l’anthropologie américaine)
• Études sur les langues amérindiennes (langue hopi)
• Il faut étudier le langage d’un point de vue anthropologique, comme les autres aspects
de la culture : langage et culture sont intimement liés et ont leurs propres règles
implicites.
• La langue est un reflet des éléments qui constituent la culture.
• Exemples (lexique et environnement, lexique et genre, …) (Exemple : Inuits ont
plusieurs mots pour décrire la neige, alors que les habitants du Sahara n’ont
probablement aucun vocabulaire pour décrire la neige → milieu peut déterminer
certains aspects/éléments d’une langue ; même au sein d’une sous-culture, il peut y
avoir des différences de mobilisation de vocabulaire (milieu urbain  campagne))
• La langue comme déterminant/reflet de la pensée ? (Cf. TED Talk vu au cours) Pour
Sapir et Whorf, la langue va déterminer la manière de voir le monde. → Exemple de
termes pour couleurs : certains pays n’ont que deux mots : foncé et clair, d’autres ont
plus de nuances/autres manières de mobiliser les couleurs ; Finalement, la langue ne
détermine pas notre manière de penser, mais elle l’influence. → Reflet de la culture
et donc de nos modes de pensée
• Tentatives de créer de nouvelles langues (« Loglan » (tentative de langue) – James
Cook Brown 1955 -, « Lojban », « Esperanto », …) (très utopique, car même si cela
éviterait des différences d’interprétation et donc de multiples conflits, c’est
complètement impraticable) (idée de transformer la société par les mots)
• Recherches empiriques
- ATTENTION : remise en cause de la version forte du relativisme linguistique

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Cours du 21.10.2021

Travaux pratiques

- Accompagnement dans l’élaboration du travail


- Venir dès la première séance avec une idée de ce qu’on veut travailler
- Discussion de prises de notes, analyse etc.
- Pour les info-com : les mardis à partir de 15h au XX août ou jeudis de 9h-10h
- Premières séances en présentiel, puis mi-novembre – début décembre suivi en distanciel
- Dates et locaux postés sur myuliege !

- Alfred Habdank KORZYBSKI (1879-1950)


• Se situe dans le même courant de pensée que Sapir, mais va amener quelque chose
de nouveau → lien entre les mots utilisés et leur adéquation par rapport à la réalité
• Né à Varsovie. Ingénieur chimiste de formation. Passionné de Bertrand Russel (cf.
cours de théorie de la communication bloc 1 : les classes et les ensembles)
(mathématicien, philosophe, logicien), d’Alfred Whitehead (idem) et de géométrie
non-euclidienne (géométrie classique : sur surfaces planes  géométrie non-
euclidienne se pose la question de ce qui se passe dans une surface courbe (fortement
simplifié)).
• Ouvrage : Science and Sanity: An Introduction to Non Aristotelian Systems and General
Semantics (1933)
• Ambition : donner à l’humanité une manière de communiquer et de réfléchir plus
efficace → fortement influencé par les dégâts lors de la 2e Guerre mondiale (a travaillé
pour les services de renseignements russes) → a réfléchi comment on pouvait, par la
langue, éviter un événement tel que la guerre mondiale. → Pour lui, la guerre et les
conflits étaient liés au fait que, quand on parle, on ne parle pas forcément de la même
manière, de la même chose, ce qui engendre des incompréhensions et donc des
conflits
• Elabore une méthode qu’il va appeler « sémantique générale » (≠ sémantique en
linguistique → n’est pas un linguiste, mais un chimiste → il ne s’agit donc pas de la
sémantique vue comme un linguiste)
• « We do not realize what tremendous power the structure of a habitual language has.
It is not an exaggeration to say that it enslaves us through the mechanism of s[emantic]
r[eactions] and that the structure which a language exhibits, and impresses upon us
unconsciously, is automatically projected upon the world around us. » (Science and
Sanity 1933: 90)
• Liens entre langage et réalité : ne pas confondre le réel et la représentation que l’on
a du réel ; ne pas confondre le mot et la chose
➢ Ex. : Problème du verbe être : « la rose est rouge » → pour lui, erreur de
logique, parce que la rose est un objet concret et le rouge est une abstraction
→ on devrait alors dire « la rose m’apparait rouge »
• Ses travaux ont surtout eu du succès dans les années 60 avec l’arrivée du
développement personnel. Là, il y avait des réunions de personnes qui reprenaient ses
travaux et faisaient de petits séminaires d’exercices, de maniement de la langue

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

• « La carte n’est pas le territoire » : différence de niveaux


d’abstraction → autre exemple : le nom « rose » n’a pas
d’odeur (contrairement à l’objet rose) (exemple type de
l’image « Ceci n’est pas une pipe. ») ; Quand on utilise un
mot, ce mot-là n’est pas la chose elle-même, on doit faire
la différence entre ces deux niveaux d’abstraction. Par
rapport au terrain : chacun a une carte mentale différente, une manière de voir la vie,
le territoire, les choses etc. propre – ma représentation n’est pas celle de mon voisin.
→ Situation d’observation = situation d’acceptation de voir les choses de manière
différente

Cours du 28/10/2021

• La question des inférences : du réel aux mots et des mots aux inférences
➢ Différentes d’une personne à l’autre → p.ex. si on nous demande de décrire
une salle de classe, on va prioritariser certaines choses et pas d’autres en
fonction du contexte, du moment etc. → différentes « cartes » selon les
personnes = choses jugées importantes/pertinentes dans un contexte, décor,
lieu etc. ; Autre exemple : image d’étudiants entre professeurs est assez
similaire, mais entre professeur et étudiant, l’image des étudiants est très
probablement différente (même l’image perçue entre générations) ; Autre
exemple : lorsqu’on entend « rose », certains pensent à la fleur, d’autres à la
couleur, d’autre peut-être à un cochon etc.
*Ne pas hésiter à demander les « cartes » individuelles de certaines personnes
présentes sur notre terrain
➢ Ne correspondent pas forcément au réel
• Son travail a influencé : Bateson et la théorie des types logiques (Russel), Watzlawick,
la PNL (Programmation neurolinguistique) (et le développement personnel, des
romanciers comme Van Vogt “Le monde des A”, …)

Dell Hymes
- Dell Hathaway Hymes (1927-2009)
- Sociolinguiste et anthropologue américain
- Pour lui, on doit étudier comment la langue/la communication va s’actualiser selon le
contexte, selon le réel.
- Programme : faire de la communication un objet anthropologique
- Ouvrage : The Ethnography of Speaking (1962)
- Compétences communicatives (1973)
• Cf. article – Frake Charles O. (1954) How to Ask for a Drink in
Subanun, American Anthropologist, New Series, Vol. 66, N°6,
Decembler, pp. 127-137. → Anthropologue américain s’intéressant
à la langue Subanun et à la question de la compétence
communicative → gens sur son terrain distinguent entre un
événement festif et non festif → caractéristiques d’un événement festif : 1. Repas
comprenant de la viande, 2. Plusieurs familles rassemblées, 3. Bière « gasi » présente
(n’est pas bue à d’autres moments) → Compétition/rituel pour boire la bière ; parlent

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

des problèmes entre familles → question du statut social est influencée selon la
manière dont la personne gère l’alcool, la parole pendant qu’elle boit etc. = « talk from
the straw »/ « drinking talk »
• Compétences d’un être humain → toute une série de compétences à avoir dans la
communication que la simple gestion d’un vocabulaire (exemple de demande de
boisson différente selon le contexte (bar dans un vernissage  bar dans un festival) ;
gestion des silences est différente selon les pays
- Speech communities (communautés de parole/de langage) : un ensemble de personnes
partageant le même type de langage, mais cela peut être des ensembles plus petits comparés
par exemple aux communités linguistiques de la Belgique (communautés écoutant du métal,
du rap etc., communautés des baptisés à l’univ’  non-baptisés → vocabulaire différent)
*Dans terrain : possibilité de différentes communautés selon p.ex. s’ils regardent des
anime/lisent des manga/ne font aucune de ces activités/s’intéressent à la culture japonaise ou
pas (gastronomie)
- Unités d’analyse : situation/événement/acte de communication
• Distingue la situation : Dans quel contexte spatial et temporel se situe l’analyse/le
terrain ?
• Distingue l’événement : unité de base décrite → p.ex. si on va à un rendez-vous
médical, il y a plusieurs événements : attente dans la salle d’attente, salutations,
anamnèse, explications → plusieurs événements dans une même situation qui est
celle du rendez-vous médical
• Distingue des actes de communication : p.ex. dans salutations, il y a les mots, il y a les
gestes (ou pas cf. Covid → serrer la main, bise etc.)
- Catégorie émique (vient du terrain, utilisé par les personnes présentes sur le terrain) ou étique
(vient du chercheur) → adjectifs émique/étique se rapportent au vocabulaire utilisé selon le
contexte (personnes sur le terrain/nous en tant que chercheurs) → préciser si le terme est
émique ou étique (termes pertinents) → important de considérer ce que les personnes elles-
mêmes considèrent comme de la communication ou pas, ce que pour eux est émique ou pas
(Quelle est leur vision émique ?)
- Modèle SPEAKING :
• S → Scene /Setting = le lieu et le moment où la communication se passe → Peut être
observé lors de la première fois sur le terrain
• P → Participants = qui prend place dans la communication (locuteur, récepteur
allocutaire (directement concerné), auditeur non allocutaire (pas directement visé)
(p.ex. quand on parle fort, on parle à des personnes directement (=allocutaire) et
d’autres personnes vont très probablement l’entendre (=non allocutaire)), récepteur
anonyme ou personnalisé, communication interpersonnelle ou de groupe, unilatérale
ou réciproque, médiatisée ou non. → id.
• E → Ends = objectifs souhaités et résultats obtenus cf. 6 fonctions de Jakobson
(distingue la communication en lui donnant différentes fonctions) : expressive →
donne des indications sur l’émetteur (p.ex. une voix qui commence à devenir roque
indique que la personne devient fatiguée ou malade) ; conative → récepteur (quand
on donne un ordre ou un conseil à qqn) ; métalinguistique → code (« Quand je dis ce
mot-là, cela signifie ceci », définitions de mots etc.) ; poétique → message (quand on
rime ou chante etc. → mettre l’accent sur la forme du message) ; référentielle →

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contexte (donner une information ; peut avoir aussi une connotation conative (« Ce
soir il fait froid → donc habillez-vous de manière chaude. »)) ; phatique → contact
(comblement de coprésence, de conversation etc. (p.ex. quand on parle à la coiffeuse
pour passer le temps))
• A → Act Sequence = séquence, ordre des actes de communication (cf. supra rendez-
vous médical)
• K → Key = ton, manière de s’exprimer (positive, neutre, agressive, à voix basse, …)
• I → Instrumentalities = Formes et registres du discours (formel/informel), outils
utilisés (verbal, non verbal, média, numérique, …), règles précises ou pas…
• N → Norms = règles sociales qui encadrent l’événement
• G → Genre = type de discours (académique, conversation quotidienne, blague, …)

Cours du 18/11/2021

3. Pragmatique de la communication

Origines et influences
- PragmaTISME et PragmaTIQUE
• Le Pragmatisme : courant philosophique (pragmatisme américain né au début du 20e
siècle)
➢ Cf. ouvrage de William James, Le pragmatisme (1907)
➢ Auteurs : Charles Pierce (linguiste, sémiologue), John Dewey et William James
(psychologues et philosophes), George Herbert Mead 1 (sociologue et
philosophe), lui-même à l’origine de l’interactionnisme symbolique (cf.
Goffman), …
➢ Cette philosophie va plutôt se pencher sur l’importance des actes. Tous ces
philosophes vont avoir une approche plus incarnée dans le réel, dans le
matériel.
• La Pragmatique : courant de la linguistique (courant qui a surtout démarré après la 2e
Guerre mondiale)
➢ Mots qui ne peuvent prendre du sens que dans un contexte (cf. termes
indexicaux : ici, là, hier, lui, …) → Exemple : « Hier » ne prend du sens que dans
un contexte où on connaît le jour « aujourd’hui ».
➢ Présuppositions (informations tirées d’un énoncé) → Exemple : Julie a arrêté
de fumer. → Présupposition : Elle fumait avant. (Cf. Oswald Ducrot, 1972)
➢ Actes du langage : langage performatif (Toutes ces phrases qui, plutôt que
décrire quelque chose, posent surtout un acte (une action est faite suite à
cette phrase.) → Exemple : « La séance est levée. » (S’ensuit la sortie des
personnes. = Action) (John Austin, 1962)
- Certains auteurs confondent pragmatisme et pragmatique.
- Sociologie pragmatique (France)
• Apparue dans les années 80 et inspirée du pragmatisme et de la pragmatique
linguistique

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N’a rien à voir avec Margaret Mead (anthropologue).

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

➢ Interactionnisme symbolique (des années 30 ; Goffman, 1960)


➢ Ethnométhodologie (Harold Garfinkel, 1950)
➢ Théorie de la cognition située (Gibson et la notion d’affordances, fin des
années 70)
➢ Etc.
• Notamment en réponse à la sociologie critique de Bourdieu (déterminisme social,
cohérence du moi, …)
• Auteurs liés : Luc Boltanski et Laurent Thevenot, Michel Callon et Bruno Latour,
Antoine Hennion et Francis Chateauraynaud, …
➔ Tournant pragmatique : Renversement des points de vue qui touchera les sciences humaines
et sociales bien au-delà de la sociologie (secteurs comme la psychologie, la géographie, la
philosophie etc.)

Principes communs

- Vision empirique de la connaissance


• La connaissance doit être appréhendée en contexte.
• Elle est rattachée à un point de vue, celui du sujet engagé dans une activité de
connaissance. (La connaissance ne « flotte » pas au-delà du temps et des personnes
qui l’ont posée.)
• Enquête = processus ancré dans une dynamique d’interaction avec les enquêtes +
ancrage sur le terrain (connaissance empirique naît sur le terrain, à partir de celui-ci,
et non hors de celui-ci. On n’y vient pas avec une connaissance déjà faite.)
• L’objectivité devient la convergence provisoire des points de vue. → Ne se place pas
dans une perspective basée sur le vrai et le faux (cf. Jeanne Favret Saada : elle n’aurait
jamais pu accéder à toutes les informations si elle se serait limitée à savoir si « la
sorcellerie est vraie ou fausse ».). On ne cherche pas à avoir une vérité absolue.
- Vision de l’individu situé et en relation
• Individu cartésien se définit par sa propre pensée (pas besoin des autres pour exister
→ « Je pense, donc je suis. »)  Pragmatique : ne considère que l’individu en
interaction, l’individu va se construire en fonction de ses relations avec les autres (cf.
Goffman).
• Individualisme méthodologique de Raymond Boudon : individu uniforme, rationnel,
utilitariste  Pragmatique : vision plus singulière de l’acteur mettant en avant sa
diversité et la variété de ses états en fonction des situations (« Qu’est-ce qui fait qu’on
est tous différents ? »)

Article de Louis Quéré (1991)


- Louis Quéré : sociologue pragmatique français (1947 - …), spécialiste de Goffman et traducteur
de GH Mead, Garfinkel et Dewey
- Praxéologie = autre terme pour désigner la théorie de l’action organisée (cf. praxis en latin)
- Citation de Francisco Varela (neurobiologie, sciences cognitives) : « L’acte de communiquer ne
se traduit pas par un transfert d’information depuis l’expéditeur vers le destinataire, mais
plutôt par le modelage d’un monde commun au moyen d’une action conjuguée (…) »

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

Modeler et maintenir un monde commun qui est à la fois la condition et le résultat de l’action
conjuguée (cf. « carte commune » supra) (monde commun = condition et résultat d’une action
commune/communication)
• S’intéresse à ce que la communication produit, pas juste à ce qu’elle véhicule
• Pas une vision macro de la société, pas une vision « de l’intérieur » de l’individu
(psychologie)
- Oppose deux grandes conceptions de la communication : Epistémologique  Praxéologique
1) Modèle épistémologique :
• Hérité du 17e siècle (cf. Descartes)
• Epistémologique, car « raisonne en termes de production et de transfert de
connaissances sur le monde et les personnes » (comment on arrive à une
connaissance) (épistémologie = étude de la connaissance/étude critique des sciences
(étudier de manière critique la construction des sciences et donc celle des
connaissances))
• Modèle représentationnel = qui repose sur l’idée que l’esprit humain doit être étudié
comme un système de traitement de l’information, c’est-à-dire comme un système
qui forme, utilise des représentations
• Modèle cognitiviste = qui étudie les processus mentaux sur base d’une analogie entre
le cerveau et l’ordinateur
• Présupposés :
➢ La communication est une affaire d’échange et de traitement de l’information
(modèle télégraphique).
➢ Elle est jugée réussie quand on aboutit ce transfert de représentations (code
et inférences efficaces).
➢ La communication est intentionnelle.
➢ Primauté de l’enjeu cognitif (monde prédéfini et indépendant de la
perception) /idées, représentations)
➢ Sujets (et chercheur) observateurs et désengagés
➢ Subjectivité factuelle (états internes du sujet vus comme des réalités
indépendantes des actions)
2) Modèle praxéologique :
• Quéré propose une conception non-représentationnelle de la communication.
• Communication = constitution d’un monde commun par l’action (construction sociale
de la réalité)
• Programme :
➢ Primat de l’action sur la représentation (communication vue comme une
pratique incarnée, pas juste une transmission d’infos)
➢ Met l’accent sur l’interaction (attentes réciproques, le sens émerge de la
coordination des actions pratiques, …) → Comment le travail commun fait
qu’on se comprend (Ces chercheurs se penchent aussi beaucoup sur la
question des malentendus et comment on les traite.)
➢ Le langage a une dimension représentationnelle, mais aussi expressive
(émotions) et constitutive (actions).

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

➢ L’émotion est envisagée comme étant incarnée dans l’interaction (pas


comme un élément isolé à l’intérieur de l’émetteur ou du récepteur ; il ne nie
cependant pas qu’on ait des sensations/émotions internes).
➢ Observateur désengagé → Acteur intégré à des communautés de pratiques
(cf. présupposés de Dell Hymes) (cf. modèle orchestral (cours de Théories de
la communication))
➢ Les intentions et les référents sont des émergences (pas de monde prédéfini,
externe ou interne, qu’il s’agirait de représenter adéquatement).
➢ La communication est aussi envisagée dans ses dimensions involontaires, non
intentionnelles, non aboutie, …
- Cf. Exemple dans l’article de Quéré dans le train où deux personnes parlent du fait qu’il fait
chaud : « Il fait chaud. » → Ne transmet pas d’information, car le « récepteur » sent cette
chaleur également → n’est pas vraiment une communication, mais création d’une sorte de
communauté en élargissant la bulle et en incluant l’autre, car il fait partie de la même situation
[désagréable] (« Je t’inclus dans mon univers. »). → Communication pas forcément
intentionnelle, basée sur l’information, mais création d’un monde commun.

Cours du 02/12/2021

Dépôt du travail le 20 janvier 2022 sur eCampus → Si le dépôt sur eCampus ne fonctionne pas :
Possibilité de l’envoyer par mail et de demander un accusé de réception

Pour le travail : minimum références de 5 articles (du cours ou hors du cours) (Si on utilise des notions
de Goffman, on peut également chercher des articles de Yves Winkin, car il le mentionne souvent) ;
possibilité de faire une « auto-ethnographie » où on explique comment nous nous sommes senties
dans le terrain (peut avoir sa place dans l’analyse, mais n’est pas le sujet principal ! facultatif)

Goffman et la communication

Yves Winkin (1953-…)


- Élève de Goffman, Dell Hymes et Birdwhistell (aux États-Unis)
- Professeur en anthropologie de la communication à l’Université de Liège des années 90 à 2019
→ Transmettre en Europe (notamment en Belgique et en France) les travaux de ces études-là
(travail de diffusion des travaux de Goffman, Hymes et Birdwhistell en Europe)
- A écrit plusieurs articles (cf. dossier de lecture) et livres, notamment Théories de la
communication et Anthropologie de la communication
- Communication = « une performance de la culture », la « culture des actes » (reprend plutôt
la définition de Birdwhistell) → mettre la définition (télégraphique, semblable à celle de
« émetteur – récepteur ») dans le contexte) → La culture mise en actes, actualisée → plus
proche de la pragmatique (cf. supra ; pragmatique s’intéresse à la communication en tant
qu’acte) → vision plus large et non plus limitée à la définition purement télégraphique
• « On ne communique pas, on participe à une communication. » (Cf. communication
orchestrale) → Métaphore de l’orchestre où la communication est la musique qui est
jouée continuellement et les musiciens sont les acteurs de la société qui font partie de
cette grande trame de la communication

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

• « On ne peut ne pas communiquer. » → Même si p.ex. on ne répond pas à un mail,


soit parce qu’on ne le veut pas (communique notre absence de volonté), soit parce
qu’on ne l’a pas vu (communique le fait qu’on ne l’ait pas vu)
• Communication vue comme une trame dans laquelle les personnes s’inscrivent
• Permet d’assurer la continuité de la culture et de la vie sociale → La communication
est ici un moyen d’accéder à la culture
- Sur le terrain : quand rien ne se passe/ « Nothing never happens. » (Bateson) → Dans son
article, Yves Winkin parle de ses étudiants et de comment il les envoyait sur le terrain pour
observer un arrêt de bus → des gens qui attendent quelque chose ensemble → il y a toujours
quelque chose qui se passe, ne fusse que l’évitement de regards ou la distance maintenue →
arrêt de bus = lieu créé pour que rien ne se passe visiblement, les gens vont alors tout faire
(action commune) et agir activement par de petits ajustements pour qu’il y ait cette
impression que rien ne se passe → comportements actifs (cf. article dossier de lecture)
• Exemple de Jean-Pierre Sélic : ethnographie d’un marché de la région de St Etienne
(France) → a demandé aux personnes de dessiner la carte mentale du marché (≠
topographique) → carte singulière, subjective, où certains éléments qu’il n’aurait pas
ajoutés ont été ajoutés par ces personnes, car ils les percevaient comme importants ;
mettaient également parfois les noms des marchands au lieu de « marchand de
légumes » p.ex. → habitués/familiers avec ces marchands (cf. article dossier de
lecture)
- Intérêt : articule point de vue étique (notre langage d’étudiant (anthropologie,
communication, sociologie), extérieur à celui des personnes étudiées) et émique (point de vue
des personnes qu’on va étudier (leurs mots propres, pas les nôtres ; cartes mentales
subjectives, pas les nôtres etc.) → Goffman et Winkin vont articuler les deux pour mieux
comprendre → Limite : laisse de côté la question des affects → pas d’émotions) ; on reste dans
quelque chose qui est très proche de la microsociologie (pas de grandes questions qui
dépassent le comportement d’une personne à une autre personne) ; surtout chez Goffman,
reste très orienté sur la personne (homme) blanche, occidentale (américain) de manière
générale

Erving Goffman (1922-1982)


- Né au Canada, issu d’une famille d’immigrés juifs. Père commerçant. → Influence de son
enfance dans son travail (également le cas pour Le Breton (cf. article dossier lecture)) → Il a
passé son enfance et adolescence à lutter pour ne pas « faire de bêtises » en public
- Il étudie la sociologie à l’Université de Chicago. Poursuivra dans la lignée de l’École de Chicago
(sociologie urbaine, importance du terrain, approche empirique)
- Côté très didactique dans ce qu’il présente (cf. lexiques à la fin de ses ouvrages)
- Un des représentants majeurs de l’interactionnisme symbolique (= le sens des actions
humaines provient des interactions interpersonnelles et est remodelé, modifié, par celles-ci
(p.ex. un enseignant n’est enseignant que s’il y a des étudiants)) → Ce qui va l’intéresser, ce
sont les interactions entre les gens. → Ne va pas agir comme p.ex. Bourdieu qui utilise l’habitus
(plus macrosocial), mais plutôt focaliser sur les interactions en face-à-face, car pour lui, toute
interaction va être porteuse de sens → interactions (verbales, corporelles etc.) qui vont créer
du sens pour l’autre, mais aussi qui vont être consécutives pour notre société et notre culture

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

• Refus d’un déterminisme biologique, psychologique et social : « Pour


l’interactionnisme, l’individu est un acteur interagissant avec les éléments sociaux et
non un agent passif subissant de plein fouet les structures sociales à cause de son
habitus ou de la « force » du système ou de sa culture d’appartenance » (Le Breton
p.46)
- Il étudie les stratégies que les individus mettent en place pour arriver à vivre ensemble, en
société.
• Cf. « L’interaction est le moment où l’individu perd l’autonomie de sa représentation
pour entrer dans la sphère d’influence immédiate d’un public » (Le Breton p.107)
• Interaction focalisée (avec deux personnes engagées dans cette interaction de
manière active ex. conversation) / non-focalisée (ex. passants dans une rue → tas de
comportements liés à « comment doit-on se comporter dans la rue »)
- Métaphores pour décrire l’ordre de l’interaction : théâtre, rituel, cadrage, institution sociale…
• Territoire du moi, « notre bulle » (ex. place dans une file ; MA chaise (exemple de
Sheldon dans The Big Bang Theory qui revendique à chaque fois « sa » place sur le
canapé) ; veste sur une chaise au bar (pour que personne d’autre ne l’occupe) ;
certaines filles ne veulent pas sortir de chez elles sans se maquiller, le maquillage
faisant partie de leur identité …) et offenses territoriales (pas forcément une offense
très forte → ex. parfum fort qui peut causer une petite perturbation dans le territoire
du moi)
• Unités véhiculaires (circulation dans un lieu, p.ex. dans un centre commercial ou dans
un marché comme La Batte)
- Cadres de l’expérience (frame analysis) et erreurs de cadrage (métaphore
cinématographique)
• Cadre = série d’attentes, d’implicites, qui vont gérer l’ordre de l’expérience et la
manière dont on s’engage ou non dans une situation (jouer son rôle et interpréter
celui des autres) → changement de cadre p.ex. lors des inondations : on pouvait sortir
quasiment en pyjama, sans que qqn ne dise qqch (ne serait pas le cas hors inondation)
→ un élément va modifier les règles qui étaient appliquées jusque-là ; changement de
cadre peut être permanent ou non (p.ex. si on ne parlait pas à un voisin avant
l’inondation et qu’on lui parle durant l’inondation et qu’on continue à lui parler après
cette situation → changement de cadre permanent) ; autre exemple : changement de
cadre lors des cours en distanciel → il se peut que l’élève se montre en caméra dans
son lit en pyjama, alors qu’on est habitué à se voir dans le cadre d’une salle, en
vêtements etc.
• Erreur de cadrage (Ex. « Ça va ? » « Ça va. » → On ne demande pas réellement à la
personne (croisement dans la rue p.ex.), mais c’est simplement une habitude →
réponse rarement profonde/sincère (« Non, ça ne va pas du tout… » etc.)) ou cadrage
non symétrique (toucher médecin/patient → médecin peut toucher le patient, mais
pas vice-versa).
- Dramaturgie sociale
• La vie est une scène sur laquelle nous accomplissons des activités sous le regard (et
l’évaluation) des autres.
• L’interaction et notre moi social comprennent donc toujours quelque chose de fragile,
et elles dépendent d’autrui.

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

• Notions de scène (cf. faire demi-tour sur voie publique (p.ex. montrer visiblement en
mettant notre main sur le front pour signaler qu’on a oublié quelque chose → justifie
notre demi-tour) ; notion proche de celle de cadre → à l’intérieur d’un même cadre, il
peut y avoir plusieurs scènes), de coulisses (ex. aller aux toilettes pour vérifier quelque
chose avant d’aller au cours, place des vestiaires, comptes officiel et privé (pour
raconter des choses plus privées) sur Instagram, semaine/weekend, quand on décide
de ne pas se vêtir et se laver parce qu’on sait qu’on va rester à la maison et ne voir
personne ; cours/réunion en vidéoconférence → haut du corps est « sur scène »
(chemise, cravate etc.), alors que le bas du corps est « en coulisses » (pantalon de
pyjama, jogging etc.))
• Notion de rôle et distance par rapport à ce rôle (ex. professeur/assistant,
habitué/occasionnel, …) = central chez Goffman
➢ Il distingue la « façade sociale » et la « façade personnelle »
➢ = Attributs physiques, vêtements, comportements, attitudes morales, …
• Concept de face (et conserver/perdre la face) = valeur sociale positive que je
revendique dans l’interaction (ex. réactions face à quelqu’un qui trébuche (quand on
dit p.ex. « non, non, ça va »))
• Concept d’équipe = plusieurs personnes prises dans une « représentation » et elles
sont toutes responsables du maintien de cette représentation (ex. étudiants face à un
cours trop long, fête de famille, …)

Cours du 09.12.2021

- Rites d’interaction
• Rite positif (faire quelque chose) /négatif (s’empêcher de faire quelque chose (p.ex.
s’empêcher de toucher/frôler le corps de quelqu’un dans la rue, dans le 48 etc.))
• Rites de confirmation : manifeste la valeur conférée à l’autre dans l’interaction (ex.
vouvoiement, compliment, service rendu, …) → nécessite de connaître les règles de
l’interaction pour être conforme aux attentes de cette interaction
• Rite d’évitement : accord tacite de non-empiétement (ex. places dans le bus vide,
éviter de toucher les personnes lorsque le bus est plein, ne pas fixer longtemps dans
les yeux, venir chez quelqu’un sans prévenir, …)
• Ressources sûres (ex. parler du temps qu’il fait, private jokes, …)
• Échanges réparateurs : permet au « fauteur de trouble » (ou au maladroit) et à la
« victime » de sortir de l’embarras mutuel dans lequel ils sont plongés (ex. excuses,
justifications, trait d’humour, … ou redéfinition du cadre de l’interaction : conflit, fin
de la relation, …)
- Stigmate
• Interaction euphorique (qui va de soi (p.ex. cours qui se donne normalement))
dysphorique (qui ne coule pas de source (p.ex. dans le cadre du cours, téléphone qui
sonne et qui interrompt le cours))
➢ Stigmate apporté par la société et la culture dans laquelle on se trouve →
Interaction stigmatisée est très rarement euphorique → exemple d’une
personne malvoyante → les autres lui parlent plus fort, or elle n’est pas

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Ivanna DA SILVA AFONSO 2021-2022

malentendante → un stigmate a plus d’influence sur plusieurs aspects de


l’interaction
• Interaction mixte : entre une personne stigmatisée et une qui ne l’est pas
• Contagiosité du stigmate (ex. enfants de prostituées), stratégies pour « récupérer la
face » (ex. brandir son stigmate) → exemple : les personnes atteintes d’Asperger ont
été représentées dans les films/séries de plus en plus positivement, et donc de moins
en moins stigmatisées ; visibilité du stigmate p.ex. chez les malvoyants → canne courte
blanche = identification de sa malvoyance par rapport aux autres  canne longue
pour les aveugles = orientation et prolongement de la personne aveugle même

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