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Revue La Psychanalyse
7. La Sexualité féminine
Table des matières
Avertissement.......................................................................................6
[]...........................................................................................................7
Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine...............8
I. – Introduction historique...........................................................8
II. – Définition du sujet.................................................................8
III. – Récolement des faits............................................................9
IV. – Éclat des absences................................................................9
V. – L’obscurité sur l’organe vaginal...........................................10
VI. – Le complexe imaginaire et les questions du développement
....................................................................................................11
VII. – Méconnaissances et préjugés...........................................14
VIII. – La frigidité et la structure subjective..............................15
IX. – L’homosexualité féminine et l’amour idéal.........................19
X. – La sexualité féminine et la société......................................20
Phallus et sexualité féminine............................................................22
Exposé historique.......................................................................22
Bibliographie..............................................................................66
La libido génitale et son destin féminin...........................................70
Préambule...................................................................................70
Résumé du chapitre introductif..................................................72
Résumé du chapitre premier......................................................80
*** 84
***...............................................................................................85
Chapitre II. L’érotisme féminin génital. Sa structuration. Ses
manifestations chez la femme adulte.........................................86
I. – Les conditions prégénitales de l’investissement érotique
des voies génitales de la fille et son accès a la pose de son
complexe d’œdipe 86
II. – Étude chez la fille de l’image libidinale du corps propre,
médiation langagière intra-narcissique ; puis de l’image
érogène, médiation langagière avec l’objet, enfin socialisée a
la recherche de sa complémentation génitale et de son fruit,
hors des limites propres de sa corporéité 96
III. – Étude des sensations érogènes génitales chez la femme.
L’orgasme 105
IV. – La frigidité 114
Chapitre III. La relation d’objet génital chez la femme sa
structuration, ses modalités.....................................................124
I. – Les conditions narcissiques aux relations d’objet chez la
femme et chez l’homme 124
II. – Le complexe d’Œdipe, épreuve narcissique génitale.
L’angoisse de castration la soumission a la loi endogène le
renoncement au désir pour le géniteur la chute des dents, son
importance génitale symbolique. La règle des quatre « g »
131
III. – Le risque féminin et la dialectique phallique 136
IV. – Le risque féminin et la dialectique imagière de la
rencontre : le corps et le cœur, le désir et l’amour 141
Conclusions...............................................................................148
I. – La différence au stade physio-psychologique de relations
génitales entre les hommes et les femmes 148
II. – Caractéristiques de l’amour génital de la femme 158
III. – Si ce n’est donc ni l’organe mâle ni l’orgasme comme tel,
recherchés en eux-mêmes, quel est donc alors le mode de
satisfaction génitale spécifiquement féminin ? 162
IV. – Le deuil du fruit vivant de l’amour symbolisé par l’enfant
réveil de castration symbolique et pulsions de mort 164
V. – Son désir a-t-il une spécificité féminine signifiable pour
elle ? 166
Le problème de la perversion chez la femme et les idéaux féminins
........................................................................................................167
Introduction..............................................................................167
Le masculin et le féminin.........................................................168
*** 169
Plaisir ou jouissance.................................................................169
Le complexe d’œdipe................................................................182
*** 183
*** 188
*** 193
Les temps modernes ou la castration sans garantie................197
La femme homosexuelle...........................................................204
La femme perverse...................................................................215
*** 216
*** 218
Conclusions...............................................................................223
Bibliographie............................................................................229
Une tache d’encre..........................................................................234
*** 236
*** 239
*** 245
Communication...............................................................................248
Traductions......................................................................................257
La psychologie de la femme en relation avec les fonctions de
reproduction...................................................................................258
La Phase Précoce Du Développement De La Sexualité Féminine..278
La féminité en tant que mascarade................................................298
La phase phallique.........................................................................315
*** 357
Contributions a la technique psychanalytique.................................363
La régression du patient et l’analyste............................................364
I.................................................................................................365
II...............................................................................................374
III..............................................................................................381
IV...............................................................................................389
Avertissement
La Société française de Psychanalyse a mis au programme de
ses recherches, notamment au cours des années 1959-60,
l’examen des théories psychanalytiques de la sexualité féminine.
I. – Introduction historique
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On doit retenir que Jones dans son adresse à la Société de Vienne qui
semble avoir brûlé la terre pour toute contribution depuis, n’ait déjà
plus trouvé à produire que son ralliement pur et simple aux concepts
kleiniens dans la parfaite brutalité où les présente leur auteur :
entendons l’insouci où Mélanie Klein se tient, – à inclure les
fantasmes œdipiens les plus originels dans le corps maternel –, de
leur provenance de la réalité que suppose le Nom-du-Père.
Car puisqu’il s’agit du tort fait au sexe féminin (« une femme est-elle
née ou faite ? », s’écrie Jones) par la fonction équivoque de la phase
phallique dans les deux sexes, il ne semble pas que la féminité soit
plus spécifiée à ce que la fonction du phallus s’impose encore plus
équivoque d’être reculée jusqu’à l’agression orale.
Tant de bruit en effet n’aura pas été vain, s’il permet de moduler les
questions suivantes sur la lyre du développement, puisque c’est là sa
musique.
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S’il se combine (lui aussi) au mauvais comme au bon objet, alors une
théorie est requise de la fonction d’équivalence du phallus dans
l’avènement de tout objet du désir, à quoi ne saurait suffire la
mention de son caractère « partiel ».
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4) Pourquoi ne pas admettre en effet que, s’il n’est pas de virilité que
la castration ne consacre, c’est un amant châtré ou un homme mort
(voire les deux en un), qui pour la femme se cache derrière le voile
pour y appeler son adoration, – soit du même lieu au-delà du
semblable maternel d’où lui est venu la menace d’une castration qui
ne la concerne pas réellement.
Dans la position d’ou bien-ou bien où le sujet se trouve pris entre une
pure absence et une pure sensibilité, il n’est pas à s’étonner que le
narcissisme du désir se raccroche immédiatement au narcissisme de
l’ego qui est son prototype.
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Que des êtres insignifiants soient habités par une dialectique aussi
subtile, c’est à quoi l’analyse nous accoutume et ce qu’explique que
le moindre défaut de l’ego soit sa banalité.
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Si plus qu’un autre un tel amour se targue d’être celui qui donne ce
qu’il n’a pas, c’est bien là ce que l’homosexuelle excelle à faire pour
ce qui lui manque.
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Phallus et sexualité féminine
Exposé historique
S. Freud.
Le temps n’est plus où l’on pouvait voir le phallus orner le char des
conquérants ou apparaître sur les sépultures, faire l’objet d’une
vénération et inspirer l’établissement de Mystères auxquels chacun
de ceux qui voulaient devenir prêtre de cultes particuliers, devait se
faire initier. À cette époque reculée, le phallus en érection
symbolisait la puissance souveraine, la virilité transcendante
magique ou surnaturelle et non pas la variété purement priapique du
pouvoir mâle, l’espoir de la résurrection et la force qui peut la
produire, le principe lumineux qui ne tolère ni ombres ni multiplicité
et maintient l’unité éternellement jaillissante de l’être. Les dieux
ithyphalliques Hermès et Osiris incarnent cette aspiration
essentielle. Mais pour l’humain qui habite le royaume de la mort,
cette aspiration sera comme une béance qu’il ne parviendra jamais à
combler. Le phallus est un attribut divin qu’il ne possédera jamais.
La virilité physique pourra lui donner l’illusion d’atteindre parfois
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Ainsi, Freud affirme encore en 1908 [5] que le clitoris tient lieu au
cours de l’enfance de pénis authentique et véritable, que la petite
fille ignore l’existence du vagin et attribue un pénis à sa mère,
qu’elle envie le pénis de ses frères et s’estime lésée de n’en pas avoir
de semblable. Mais nous avons déjà une vue beaucoup plus complète
de l’organisation génitale féminine dans On bat un enfant qui paraît
onze ans plus tard [6]. Freud parle ici d’attachement incestueux au
père, du désir d’avoir un enfant de lui, du frère rival et détesté que
l’on voudrait voir battu par le père, du refoulement de ce souhait
incestueux, de son remplacement par le fantasme « mon père me
bat » où en même temps que la punition la petite fille trouve une
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Il est à remarquer qu’il s’agit ici d’un pénis introjecté que, selon les
théories sexuelles infantiles, la mère se serait approprié au cours
d’une relation sexuelle conçue sur le mode oral. Pour l’enfant, le
corps de la mère contient ainsi tout ce qui peut combler ses désirs et
apaiser ses craintes. Son imagination confère simultanément au
pénis des vertus magiques d’assouvissement oral, urétral, anal et
génital. Mais comme Éros et Thanatos marquent de leur sceau
chaque zone érogène et coexistent à chaque stade libidinal, ce pénis
énorme et prodigieux revêt également aux yeux de l’enfant un aspect
très redoutable, devient un mauvais objet mortifère dont il faut se
garder et qu’il faut détruire. Les fantasmes de l’enfant seront donc
marqués eux aussi au double coin de l’amour et de la haine, de la vie
et de la mort, de la structuration et de la destruction, de l’oblation et
de la réparation. Ces fantasmes sont innés, héréditaires,
inconscients, inhérents à l’opération même des processus
instinctuels pré-verbaux ou non verbaux et ne se peuvent déduire
que de l’observation du comportement.
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garçons comme pour les filles, des fantasmes qui l’emportent entre
ceux d’un « bon » et ceux d’un « mauvais » pénis. Sa plus grande
soumission au père introjecté livre ainsi davantage la fille, pour le
bien comme pour le mal, au pouvoir de son Surmoi. Le Surmoi de la
fille est donc, contrairement à ce que prétend Freud, beaucoup plus
puissant que celui du garçon.
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Jones prend également bien soin de distinguer entre les trois sens
que l’on peut donner aux termes : envie du pénis : désir d’acquérir
un pénis, habituellement en l’avalant, et de le conserver à l’intérieur
de son corps, souvent pour le transformer en un enfant ; désir de
posséder un pénis dans la région clitoridienne ; désir de jouir du
pénis lors du coït. Il est malheureux, selon lui, que les auteurs qui
ont à traiter de cette question ne spécifient pas toujours auquel de
ces sens ils se réfèrent.
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Jones est plus tard amené, sans rien renier de ses positions
antérieures, à subdiviser ce stade phallique en deux phases : proto-
phallique et deutérophallique. Au cours de la première, l’enfant
assume que tout être humain est bâti à son image et possède un
organe mâle satisfaisant, pénis ou clitoris selon le cas. Au cours de la
seconde, il commence à soupçonner que le monde se divise en deux
classes : ceux qui possèdent un pénis et les castrés. Cette deuxième
phase apparaît plus névrotique en ce sens qu’elle s’accompagne
d’anxiété, de désespoir, de dénégation et de surcompensation.
Jones partage ici les vues de Klein sur les étapes initiales du
développement psychosexuel féminin, selon lesquelles à l’envie
narcissique du pénis (stade proto-phallique) s’ajoute un désir
beaucoup plus marqué, spécifiquement féminin, du pénis paternel.
C’est parce qu’elle redoute les dangers qui résulteraient de la
satisfaction de ses désirs (haine de la mère, crainte d’être mutilée
par elle) que la fille est forcée de retraiter vers la position auto-
érotique (phase deutéro-phallique). La forme masculine de l’auto-
érotisme n’est ici qu’un second choix. Elle n’est adoptée que parce
que la féminité – objet du désir réel – recèle trop de dangers et
provoque une angoisse insupportable. Cette phase n’est donc pas
tellement un pur développement libidinal qu’un compromis
névrotique entre la libido et l’angoisse, entre les pulsions
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Au fil des années, Jones épouse toujours plus complètement les vues
de l’école kleinienne qu’il a d’ailleurs le mérite de résumer et de
clarifier. Les divergences d’opinion qui se sont manifestées à propos
de la phase phallique et du complexe d’Œdipe lui semblent résulter à
juste titre de la conception différente que l’on se fait des étapes
prégénitales du développement libidinal. Si l’on soutient que
l’attitude de la fille est dès l’origine plus féminine que masculine,
qu’elle est davantage préoccupée par l’intérieur que par l’extérieur
de son corps, qu’elle considère sa mère comme une personne qui a
réussi à s’approprier tous les bons objets qu’elle désire elle-même et
qu’elle veut en conséquence l’en dépouiller, que le désir original du
pénis est le fruit d’une frustration orale, on ne peut s’empêcher de
conclure à une apparition précoce du complexe d’Œdipe et à son
refoulement vigoureux, à une phase phallique post-œdipienne,
défensive, névrotique et transitoire, elle-même graduellement
dépassée à mesure que les limites de la satisfaction fantasmatique
sont reconnues, que l’angoisse diminue et le Moi s’affermit, que la
fille a moins besoin de sa mère, ose s’opposer à elle pour finalement
accepter de s’identifier à son sexe. En bref, la féminité n’est pas le
résultat d’une expérience externe (la vue d’un pénis) et la femme
n’est pas un homme manqué, cherchant à se consoler au moyen de
substituts contraires à sa vraie nature. Sa féminité lui est donnée à
l’origine et se développe progressivement sous la poussée d’une
constitution instinctuelle spécifique.
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Après toutes ces études, Freud lui-même est bien obligé d’admettre
que la fille s’est passionnément et fortement attachée à la mère
avant de s’attacher au père et qu’il avait de beaucoup sous-estimé la
durée et l’importance de cette phase pré-œdipienne [29]. Il avoue sa
surprise et la compare à celle qu’a provoquée dans un autre domaine
la découverte d’une civilisation mycénienne antérieure à la
civilisation grecque. Il est bien possible, dit-il, que des Hélène
Deutscb et Jeanne Lampl de Groot qui pouvaient agir comme
substituts maternels dans la situation transférentielle, pouvaient
seules s’y reconnaître dans ce matériel analytique pré-génital qui lui
avait toujours paru à ce point ténu, fugace et lointain qu’il l’avait cru
l’objet d’un refoulement particulièrement inexorable.
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autres zones érogènes. Il prend pour acquis qu’il n’est qu’une seule
organisation sexuelle, identique chez tous, jusqu’à ce que la
découverte de la castration, jointe à l’exacerbation de ses sensations
génitales l’amène à reformuler ses conceptions dans le cadre de la
deuxième antithèse. L’absence de phallus ne paraît d’abord à la fille
qu’une blessure personnelle, en aucune façon irréparable. Mais
l’évidence de la castration maternelle vient bientôt sonner le glas de
ses espoirs de possession du pénis, dévalorise sa mère à ses yeux
comme objet d’amour, intensifie son hostilité à son endroit, la fait se
tourner vers son père dont elle attend désormais une gratification
sexuelle passive et une possession symbolique du pénis sous la forme
de l’enfant, l’incite à sublimer ses tendances actives en préparation
pour le jour où celles-ci trouveront idéalement à s’employer dans le
cadre de la maternité. Le terrain est alors préparé pour la troisième
paire d’antithèses qui n’établira cependant sa dominance qu’à la
puberté en raison de la découverte tardive du vagin et du
refoulement imparfait de la position œdipienne.
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Il n’y a pas que le coït parental qui soit ainsi incorporé dans la
fantasmatique prégénitale et œdipienne de la petite fille. Il en va de
même pour le problème des bébés. Désirant pour lui-même tout ce
que possède la mère omnipotente, l’enfant souhaite recevoir
passivement un bébé de celle-ci, d’abord sur le mode oral, puis sur le
mode anal, en même temps qu’il forme le vœu de lui faire lui-même
ce cadeau. La fillette abandonne ce fantasme actif lorsqu’elle
accepte sa castration mais le fantasme passif est retenu et il est
transféré de la mère au père où il assume désormais toute son
importance. Il n’est donc pas vrai, comme on le pensait au début,
que le désir du pénis soit échangé pour le désir d’un enfant, puisque
celui-ci existait déjà depuis très longtemps. Dans le cours du
développement, l’impossible est écarté et le possible est seul
sauvegardé. Le désir actif du pénis, le désir de la possession
complète et permanente du pénis est remplacé par le désir passif du
pénis, le désir de recevoir le pénis de l’homme lors du coït. La fillette
sait que par ce moyen elle pourra recevoir un enfant. Ainsi, les deux
désirs finissent par s’unir. Narcissiques à l’origine, ils prennent
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Il est également vrai que les petites filles ont régulièrement des
impulsions à pénétrer dans le corps de la mère, mais il semble bien
que ce soit là un fantasme oral de pénétration des dents à l’intérieur
du corps de la mère et de manducation de son contenu. Ce sont de
tels fantasmes sadiques oraux chez les femmes qui ont fourvoyé
certains auteurs en les conduisant à parler d’une phase phallique
précoce qui surviendrait beaucoup plus tôt que celle décrite par
Freud. Dans le même ordre d’idées, Fenichel n’accepte pas le
complexe d’Œdipe négatif (actif) de Jeanne Lampl de Groot et nie
toute phallicité chez la petite fille par rapport à sa mère, à laquelle
d’après lui, elle n’est jamais que prégénitalement fixée.
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que comme une annexe de l’anus, qu’il est d’ailleurs, c’est le trou
cloacal entier qui lui semble dominer l’organisation libidinale. Il
existerait donc, selon elle, une première phase cloacale passive, qui
précéderait la phase phallique active, puis une deuxième, post-
phallique, qui équivaudrait à une régression biologique normale et
assurerait l’intérim jusqu’à son remplacement par l’érotisation
vaginale. En résumé, trois grandes lois lui semblent présider à
l’évolution libidinale féminine [36] : une loi objectale, en vertu de
laquelle tous les émois touchant la mère, passifs comme actifs, sont
transférés au père ; une loi pulsionnelle, selon laquelle les fantasmes
sadiques sont régulièrement relevés par des fantasmes masochiques
au moment du passage de l’Œdipe actif à l’Œdipe passif, ces
fantasmes étant d’abord vécus au moyen du clitoris ; une loi zonale,
aux termes de laquelle les fantasmes masochiques relatifs au clitoris,
lors de l’abandon de la masturbation clitoridienne, sont engloutis en
bloc dans le cloaque d’abord puis dans le vagin. La fonction féminine
idéale est par ce dernier pas constituée.
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qui est la transcendance, qui est Dieu. C’est cette révélation, bien
plus que la découverte du pénis qui modifie la conscience qu’elle
prend d’elle-même. Ne pouvant être ce père souverain, elle ne peut
qu’attendre passivement de lui une valorisation. L’Œdipe féminin
n’est donc pas comme le prétend Freud un désir sexuel : c’est une
abdication profonde du sujet qui consent à se faire objet dans la
soumission et l’adoration. À partir de ce jour, la suprême nécessité
pour elle sera de charmer un cœur masculin. Héroïque ou intrépide,
c’est la récompense à laquelle elle aspire et pour laquelle il ne lui est
souvent pas demandé d’autre vertu que sa beauté. Elle apprend ainsi
qu’en consentant aux plus profondes démissions, elle deviendra
toute-puissante et elle finit par se complaire dans un masochisme qui
lui promet de suprêmes conquêtes. Elle peut certes refuser ce rôle et
jouer à être un homme mais ce serait alors tomber dans une autre
aliénation. Le vrai problème pour la femme, c’est, refusant ces fuites,
de se découvrir comme sujet et de s’accomplir elle aussi comme
transcendance. Quand enfin il sera ainsi possible à tout être humain
de placer son orgueil par-delà la différenciation sexuelle, dans la
difficile gloire de sa libre existence, alors seulement la femme pourra
confondre son histoire, ses problèmes, ses doutes, ses espoirs avec
ceux de l’humanité.
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tout être humain possède, dans une certaine mesure, l’une et l’autre
dynamique. Mais la vocation maternelle n’apparaît comme
pleinement expressive que dans l’apparence de la femme et c’est
pour son existence seule qu’elle est vraiment un accomplissement.
Les coups portés aux thèses freudiennes par les dissidents et tenants
d’autres écoles n’ont quand même pas arrêté la prolifération des
analystes et de leurs écrits. La théorie psychanalytique a continué et
continue encore de se développer dans mille directions. Mais le
problème du développement psychosexuel de la fille et des
caractères spécifiques de la sexualité féminine n’a pas été repris.
Depuis le grand branle-bas des années 1925-1945, les positions
respectives de chacun sont demeurées inchangées et rien n’a été
ajouté à ce (pie nous savons déjà. On peut se demander si cet
enterrement de première classe n’est pas à mettre au compte d’une
complicité inconsciente. Personne ne tient peut-être à garder ouvert
un débat aussi brûlant, à polémiquer sur un problème qui lui colle à
la peau et l’amène à reconsidérer son identité individuelle et sa
position sociologique, à jeter dans la discussion des matériaux
ressortissant à ses expériences vécues les plus précieuses et les plus
secrètes. Ces arguments ne sauraient pourtant valoir si l’on songe
que plusieurs des critiques faites à Freud sont fondées ou méritent
examen et que lui-même avoue, vers la fin de sa vie, ne pas être
satisfait des connaissances déjà acquises. Et c’est en effet parce que
Jacques Lacan estime que plusieurs questions sont actuellement mal
posées ou n’ont pas reçu de réponse qu’il souhaite voir repris le
problème dans son entier [43]. Parmi les problèmes éludés, il
mentionne surtout les suivants : rôles respectifs du sexe
chromosomique et du sexe hormonal dans la détermination
anatomique, la question de la coupure entre l’organique et le
subjectif, nature de l’orgasme vaginal et fonction exacte du clitoris.
Plus grave lui apparaît cependant le fait qu’on ne semble pas avoir
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phallus est posée et que l’enfant doit l’y repérer. Entre lui et la mère
s’introduit ainsi un troisième terme imaginaire dont le rôle signifiant
va marquer tout son développement. Quant au père, il n’intervient ici
que comme fonction symbolique, en tant que celui qui doit donner le
phallus.
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Bibliographie
[3] Freud (S.), Case Histories, Collected Papers, vol. III, London,
Hogarth Press, 1950.
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[6] Freud (S.), A Child is Being Beaten, Collected Papers, vol. II,
London, Hogarth Press, 1950.
[9] Freud (S.), The Passing of the Oedipus Complex (1924), Collected
Papers, vol. II, London, Hogarth Press, 1950.
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[29] Freud (S.), Female Sexuality (1931), Coll. Papers, vol. V, Hogarth
Press, London, 1950.
[38] Rank (Otto), The Trauma of Birth, New York, Harcourt Brace &
Co., 1929.
[39] Rank (Otto), Will Therapy, Truth and Reality, New York, Knopf
Inc., 1945.
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La libido génitale et son destin féminin
Préambule
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C’est dire à quel point l’angoisse de castration (et pour les femmes,
son aspect particulier de viol éviscérateur ajouté à celui de rejet) est
le mur auquel nous nous heurtons chacun en nous-mêmes dans
l’élaboration de nos pensées, de nos images, de nos propos
concernant la libido génitale.
Il est certain qu’il n’existe que des femmes, qui ont telle histoire et
qui, fillettes, ont été dans telles conditions émotionnelles. Il en est de
même pour la fille. Le psychanalyste ne connaît que des cas
particuliers.
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Il y a dans ce travail des points sur lesquels j’aurais aimé avoir votre
avis et discuter avec vous au nom de votre expérience clinique de
psychanalystes. Certains points paraîtront – et sont peut-être – en
contradiction avec ce qui a été dit jusqu’à présent dans la littérature
psychanalytique sur la fille et la femme.
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But………… génétique
1) Le deuil de son pouvoir séducteur sur sa mère puis sur son père
(deuil de sa personne phallique pour les parents) ;
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Stade phallique :
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Les poupées. D’abord substitut de rôle passif joué par l’enfant dans
la symbiose puis la dyade, permettant à l’enfant fille (ou garçon) de
jouer le rôle de l’adulte mère à son endroit. Puis la poupée est
substitut d’objet oral et anal au sens de fétiche de cet objet (à
prendre, à rejeter, à manipuler, en relation narcissique projetée).
Substitut de pénis paternel, elle est encore fétiche de ce pénis en
tant qu’urétral, jamais génital.
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On peut distinguer :
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***
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***
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Ce droit d’être née fille est délivré ou n’est pas délivré implicitement
par l’entité parentale (représenté par tels humains précis et
introjectés). S’il l’est, il donne à la fille l’accès à l’idéal du Moi
génital qu’elle manifeste, dès 24 mois à 30 mois, par la verbalisation
de son mariage futur et de sa fertilité désirée, attendue ; motivations
éthiquement valables qui sous-tendent le travail de l’évolution de la
conscience de sa personne jusqu’à son assomption moïque en tant
que représentante d’un corps individualisé femelle par un sexe creux
attractivo-phallique et autonome par rapport à ses besoins vitaux
dans une société de personnes autonomes et sexuées mâles et
femelles.
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La régression du patient et l’analyste
À partir de cette seconde étape qui se situe pour la fille vers 30 mois,
le rôle du valorisé implicite ou explicite, du permis ou défendu par le
milieu, est dominant. Toute la sexualité de la fille est en place pour
un comportement sexuel non frigide attractif sexuel génito-génital.
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Dans le cas d’une acceptation implicite de son sexe par la fille elle-
même, du fait de ses relations prégénitale à la nourrice et à son
milieu, et du fait de ses parents actuels, grâce au respect tolérant de
ses fantasmes œdipiens, auxquels ils ne répondent pas par un
contre-Œdipe lorsqu’elle les verbalise ; grâce au respect amusé de
l’expression de sa féminité culturelle qui cherche sa voie, poussée
par ses pulsions œdipiennes, et que les adultes guident dans des
expressions extérieures à son milieu familial, la fille développe une
confiance en sa personne, venue de la non-immixion parentale dans
sa vie culturelle, ce qui lui permet de s’affronter et de s’allier à
d’autres filles dans des comportements de rivalité féminine culturelle
créatrice avec sa mère ou son substitut et non de soumission à ses
conseils ou ses goûts. En même temps la fille désire, dans son sexe
creux attirer le sexe de son père et souhaite explicitement ou
implicitement, dès l’âge où s’est posée l’identification à sa mère dans
sa relation génétique, en avoir un enfant. L’expérience nous montre
que cet enfant réel du père doit être consciemment espéré et
consciemment charnellement renoncé à jamais, et qu’il en est
toujours ainsi comme on l’observe quand l’enfant se permet de
parler, pour que la fille entre réellement dans la sécurité d’une
personne sociale autonome en vie mixte, à égalité de valeur
émotionnelle et civique symbolique avec la personne de ses parents
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9. Si elle peut savoir qu’elle a été désirée fille par son père, elle
accepte la découverte de sa forme trouée en surface, creuse et
réceptive en profondeur, comme une valeur pour les garçons, valeur
semblable que possède sa mère et qu’il approuve donc. Elle apprend
que les autres filles et sa mère sont ainsi faites et sa déconvenue fait
place à la découverte d’une dialectique des sexes basée sur la valeur
éthique et esthétique contradictoire à celle des seules identifications
et rivalités des formes et où s’ébauchent les prémices de l’éthique
génitale de la complémentarité sans échange additif ou soustractif
de masse nécessaire à prouver la valeur de l’échange, et sans la
notion commerciale du troc, dévolu aux échanges de chose ou de
matériau oral et anal, même valorisées. La notion du pouvoir du dire
et du faire sur l’émotionnel non signifié a préparé, par l’utilitaire et
le plaisir la notion d’un pouvoir sexuel par l’acceptation d’une
dépréciation formelle apparente, d’un pouvoir féminin d’amour
différent du pouvoir masculin et qui vise à le circonvenir : bagues,
colliers, bracelet encerclant les segments de corps symboliques
d’érectilité corporelle de la fille. Lui, le garçon, au contraire, doit
toujours se défendre dans les périodes intermédiaires de son désir à
composantes naturelles d’exhibitionnisme sexuel érectile (car il
pourrait paraître castré), par un exhibitionnisme de puissance dont
sa bourse est le témoin. Une fillette voyant une statue hindoue
couverte de bagues aux mains et aux pieds s’exclame : « Eh bien,
celle-là, elle est vraiment mariée ! » La fillette, elle, développe la
valeur de son intériorité corporelle sexuelle et émotionnelle par des
qualités de réserve, de contention d’émois qui s’exprime par le
comportement modeste, comportement sécurisé, sans nécessité
d’aucune arme pour se défendre ni de preuve pour en témoigner. On
assiste au développement du « charme » qui s’exagère en
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10. L’enfance de la petite fille qui a accepté son sexe inapparent est
donc beaucoup moins anxiogène que celle du garçon, ce que nous
constatons en éducation et en pédiatrie psychosomatique. Il ne lui
est demandé socialement que d’être « sage », c’est-à-dire concentrée
en elle-même, absorptive de valeurs, de processus, de
comportements de corps phalliques actifs et passifs d’un entourage
qui la valorisent en elle-même déjà dans la société des personnes
parentales dont les corps sont comme le sien, symboles phalliques.
Lorsque son avidité sexuelle transparaît, le danger endogène
apparaît. Le thème culturel du conte de flocon d’or et des trois ours
aux droits respectifs de phallus hiérarchisés, le grand, le moyen, le
petit, raconte les risques d’une féminité avide qui sauve son
narcissisme. Il illustre cette époque. Sans que nul n’ait à démasquer
en elle les émois sexuels qu’elle enfouit et réserve pour le prince
charmant de l’avenir monté sur son fougueux animal, à la fois
décidé, tendre et séduit, alors qu’elle les éprouve invisiblement
naturellement déjà. Elle gagne l’estime des adultes dans tout ce qui
est culturel et selon qu’elle accepte cette adaptation par
identification et par introjection, dans un comportement
apparemment émotionnellement assez passif quoique kynétiquement
actif comme une – petite – personne et qu’elle développe
corporellement des qualités maîtrisées d’exhibitionnisme kynétique
charmeur à distance, qui ne la mettent absolument pas directement
en danger.
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symbolique qui n’est pas de trop. Dans bien des unions légitimes, s’il
ne donnait pas son nom et son argent, quel cas ferait-on du mari !
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Bien que les uns et les autres soient suspects d’erreurs, une grande
variété de témoignages permet d’approcher d’une certaine véracité.
On peut distinguer :
— l’orgasme clitoridien ;
— l’orgasme clitorido-vulvaire ;
— l’orgasme vaginal ;
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peut arriver qu’ils soient non dissociés et que leur obtention soit
concomitante.
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Si cette évidence n’est pas davantage connue des hommes, c’est que
ceux-ci sont généralement très désireux de donner aux femmes,
lorsqu’ils ne sont pas égoïstes, un plaisir qui leur paraît très excitant
pour la femme parce qu’ils y comprennent quelque chose et que sans
doute ce plaisir à l’érectilité de ce petit pénis de leur partenaire est,
pour eux, fort amusant et moins dangereux que la béance attractive
du vagin tellement souvent appréhendé denté et gouffre, dans les
fantasmes masculins.
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IV. – La frigidité
Je pense qu’un élan puissant de désir sexuel génital chez une femme
amoureuse et bien préparée dans sa jeunesse mais mal déflorée peut
emporter les inhibitions et les craintes dues aux premiers coïts
douloureux du fait d’un partenaire maladroit.
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Pour peu qu’elle ait assez bien vécu son enfance et relativement posé
le complexe d’Œdipe, elle organise ses investissements libidinaux
sexuels selon les impératifs explicites sexuels de l’homme qui l’a
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La régression du patient et l’analyste
Les femmes sont beaucoup plus tolérantes que ne le sont les hommes
à la frustration de leur propre jouissance orgasmique. On peut se
demander même si une organisation véritablement génitale de sa
libido, pour ce que l’on peut en observer d’après les sublimations, ne
serait pas compatible avec de seules effusions émotionnelles intenses
à l’égard de leur objet d’amour dans des étreintes chastes où le seul
émoi essentiel pour elle vis-à-vis de lui est leur foi dans sa personne
qui, pour elle est représentative du tout insécable du sens de leur
existence inconditionnelle, qui ne s’est jamais posé la question
d’avoir ou de n’avoir pas de plaisir aux corps à corps sexuels.
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La régression du patient et l’analyste
Sans aller jusqu’à me faire dire, parodiant Knock, qu’une femme qui
jouit dans les rapports sexuels est une frigide qui s’ignore, ou bien
qu’une femme frigide et sensoriellement insensible est le modèle de
toutes les tendresses sublimes, je dirai tout de même que les valeurs
éthiques et esthétiques de la personne chez une femme, peuvent
avoir canalisé puis sublimé une telle quantité de libido narcissique
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La régression du patient et l’analyste
que sa libido d’objet n’est pas assez riche si son partenaire ne l’y
entraîne pas, pour investir encore activement sa région génitale
pourtant investie passivement par elle-même comme médiatrice de
son accès au corps de l’homme qu’elle désire et attend, représentatif
phallique de son sexe. Je pense qu’une femme qui a de fortes
satisfactions sexuelles, surtout si elles sont précoces, prégénitales
corporelles, puis génitales, est beaucoup plus narcissisée qu’une
autre et de ce fait moins portée à intensifier sa libido objectale et
que ce sont les femmes à libido objectale différenciée qui
caractérisent les femmes les plus culturellement valables. Bref, il y
aurait une contradiction entre la richesse des investissements
culturels chez une femme et l’investissement narcissique du sexe. Je
pense aussi qu’une femme qui n’éprouve jamais de satisfaction
sexuelle n’existe pas.
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Il faut une solide estime sociale réciproque pour que de tels couples
tiennent unis, devenant peu à peu des couples fraternels faussement
chastes où l’un des deux admet passivement son impuissance
génitale dans le couple cependant culturellement et socialement
valable pour l’entourage. On voit de tels couples à l’occasion des
consultations psychologiques d’enfants. L’enfant a été, dans son être,
le révélateur de conflit génital des parents, quelque chose ne peut se
faire dans la résolution œdipienne chez l’enfant et pourtant la
personne des parents, de la mère n’est pas cliniquement atteinte de
symptômes névrotiques.
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Les cas que j’ai vus étaient très probablement des séquelles de viol
par le père ou par un substitut avant l’âge des fantasmes possibles
de maternité matricielle. Les rêves de vaginiques sont des rêves de
dangers élémentaires cataclysmiques, fournaises, éclatements,
phobogènes après le réveil et à peine verbalisables. À une étude
sommaire, on a l’impression que le vaginisme essentiel se montre
chez des femmes présentant dans leur psychisme des enclaves
psychotiques.
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Le cœur (parce qu’il est joyeux ou meurtri) est devenu le lieu des
émois caractérisant une vivance en communion émotionnelle à
distance de l’aimé, cet autrui ressenti semblablement constitué
émotionnellement et fonctionnant semblablement, celui qui sait ce
que nous sommes ; qui nous connaît et en qui nous nous
reconnaissons unifiés dans notre être et dans nos fonctionnements.
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4 Un enfant de 4 ans voit sur un film familial un jardinier arrosant et lui qui
court dans le jardin ; il dit : « Voilà moi, j’arrose le jardin et le bébé court. » Il
passe ensuite derrière l’écran pour voir l’autre côté du jardin. Quelques jours
après, il veut se voir quand il était jardinier et montre l’emplacement dans la
pièce où l’écran était dressé.
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Tout objet du désir libidinal, quel que soit le stade considéré, est
préfigurant le phallus, jusqu’au moment génital de la claire option
sexuelle pour la dominante érogène de l’ouverture attractive vulvo-
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Pour que l’on puisse parler de libido génitale, il faut encore que le
don de soi à l’autre pour le plaisir de l’autre soit plus valorisé que la
promesse du plaisir à ressentir pour le sujet lui-même. La mutation
de libido post-œdipienne en libido génitale vraie n’est faite que
lorsque la libido narcissique de la mère se décentre et investit son
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fait n’est valorisé dans sa dialectique sexuée féminine que s’il est
complet, engageant sa descendance et assumant à la fois le risque de
viol et celui de mort. La valeur subjective du phallus pour la femme
vient d’une rencontre à ce prix.
Il n’y a pas de corps sans tête dans l’expérience vécue, il n’y a pas de
cœur sans sexe. Toute la vie prégénitale conduit l’être humain, à
l’insu de lui-même, à valoriser sa tête, son corps et ses membres
dans des rapports sexués que son cœur seul, gratifié ou frustré
d’émotions complémentaires, humanise par une hiérarchisation des
valeurs entièrement déterminée par une échelle verticale comme la
posture humaine spécifique de la dignité, allant de bas en haut, c’est-
à-dire de rien à bien mais aussi de haut en bas, de bien à mal. Je
m’explique. Les rapports de l’enfant petit à l’adulte grand montent à
lui et redescendent de lui. Ce que l’adulte reçoit est justifié bien. Ce
que l’adulte ne reçoit pas lui reste. C’est rien. Ce que l’adulte rejette
est mal. C’est au visage situé à la tête de l’adulte plus grand et plus
fort que lui que l’enfant par le jeu des issues ouvertes ou fermées,
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qui se passe dans le viol incestueux de la fille par le père, pas si rare
que l’on pense. Le prestige du phallus est tel que la plupart des
femmes amoureuses adoptent toutes les opinions de leurs hommes.
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d’une personne par le seul fait qu’elle désire recevoir son sexe en
elle.
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Les mots n’ont pas pour les femmes le même sens que pour les
hommes et les mêmes mots pour deux femmes n’ont pas non plus le
même sens, lorsqu’il s’agit d’émois sexuels et émotionnels se
rapportant au désir. C’est ce fait qui est, à mon sens, la cause de ces
choix et de ces fixations objectâtes génitales à proprement parler
insensés auxquels nous assistons chez les femmes, cela parce que
dans l’intimité des échanges sexuels « rien ne ressemble plus à
rien » et que, si les sensations voluptueuses seules qu’apporte
narcissiquement le sentiment d’aimer qui la désire ou de désirer qui
ne l’aime ni ne la désire sont recherchés en référence à cette
absence de référence éthique, la voie est ouverte pour le désir le
plus absurde, le plus abscons (le plus a-privatif de toute signification
pour elle-même et pour autrui) dont le désir pervers est encore un
moyen de défense phallique contre ce danger féminin.
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La femme génitale plus encore que l’homme, est source par nature,
de pulsions de mort, attractivement narcissiques, au moment de
l’angoisse de castration primaire, attractivement narcissiques encore
au moment de l’angoisse de viol liée au désir et encore
attractivement objectales au moment vécu du don génital de sa
personne, de son corps et de son narcissisme, c’est-à-dire quand son
unique amour coïncide vitalement avec son unique désir.
Conclusions
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le père. Chez de tels anciens petits garçons, des coïts avec des
femmes extra-conjugales à l’époque génitale adulte doivent alors,
par la gratification de puissance anale liée au plaisir non fertile,
surcompenser la blessure narcissique qu’est pour eux, le fait de
donner des enfants gratifiants et rivaux dans son amour à leur
femme légitime, dans des coïts orgasmiques ou non pour elle.
Voici tout ce qui, subjectif à l’homme dans son désir pour la femme,
joue pour rendre la rencontre génito-génitale des corps
narcissiquement et endogènement valable indépendamment de toute
rencontre émotionnelle interpersonnelle et qui fait que, pour un
homme, tout coït somatiquement réussi est une confirmation
phallique narcissisante. On peut même dire que toute pénétration
pénienne d’un corps (masculin, féminin ou animal) par une issue du
corps du partenaire qui, dans son propre corps a été érotisée ou l’est
encore et qu’il peut projeter dans le corps de l’autre, apporte
narcissiquement ce fruit phallomorphe réunifiant.
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Ce qu’elle désire ainsi, médiatisé par les corps, est symbolique pour
elle de son propre et inaccessible lieu de plaisir dont l’ouverture et
même ses profondeurs corporelles, dans ce qu’elle peut en éprouver,
ne peuvent jamais dans leur don maximum signifier l’immense et
phallique puissance qui, dans l’amour, la bouleverse au sens propre
du terme parce qu’il la déréalise. La pensée de l’aimé réveille
toujours en elle l’épreuve de son impuissant amour, car elle n’a
encore à ses yeux jamais su rien lui donner, à part ses forces, ses
enfants, en échange de cette gratification que c’est pour elle, femme,
d’avoir un homme vrai, pas un rêve, à aimer en silence, à son insu,
d’en être entièrement et symboliquement sensée par l’attraction
polarisée de son cœur, de sa personne et de son sexe creux dans
lequel, grâce à lui, son désir pour lui demeure de façon ressentie
endogène et dont la phallique puissance rayonnante l’habite
symboliquement, cela indépendamment de toute satisfaction
corporelle érotique spatio-temporelle par la confiance qu’en elle-
même elle lui porte, qui la tient vivante et féconde dans tous ses
instants, dans ses plus humbles occupations pragmatiques qui, des
soins de son corps aux soins des enfants en passant par les soins à
leur foyer, deviendraient stérilement obsessionnelles si lui ne leur
donnait leur sens au-delà des sens.
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Le problème de la perversion chez la femme et les
idéaux féminins
Introduction
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Textes inspirés par l’un, rédigés par l’autre, refondus par le premier,
complétés par le second… Débats assez renouvelés pour que l’apport
de chacun soit assimilé par l’autre, sans pour autant que la double
signature qui donne caution à ces pages, prouve un accord définitif
dans l’interprétation des conclusions à tirer (ou ne pas tirer)… Telle
est l’histoire de cette étude dont on doit avant tout souligner le
caractère conjectural.
Le masculin et le féminin
Et le Aleph répondit :
171
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***
« Je vais m’exprimer avec audace : Dieu qui peut tout, ne peut pas
relever une vierge après sa ruine. »
Plaisir ou jouissance
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déclare que les femmes ne savent pas aimer, l’homosexuelle dit que
les hommes ne savent pas donner du plaisir aux femmes.
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Mais c’est à la façon d’un objet en creux, doué en fait des vertus de
l’image en relief, qu’apparaîtra ce qui rétrospectivement semblera
avoir été caché. Et c’est pour que ne se constitue pas trop
brutalement l’image féminine phallique, qu’il tolérera la réserve
d’une confidence dont l’abandon total le laisserait pantois.
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Tout autre est la situation, dès lors que c’est l’orgasme de l’organe
creux que l’on essaye de définir. La première difficulté à laquelle on
se heurte est celle des limites à donner à cet organe. La seconde est
de trouver une innervation propre à maintenir un parallèle ; que les
contractions du vagin, par exemple, rendront encore plus impérieux
de démontrer. Nous ne pensons pas que l’affirmation d’un orgasme
utéro-annexiel ou le dogme de la soi-disant nécessité d’une paroi
postérieure du vagin intacte, rende compte d’une autre nécessité
que celle de donner quelque limite à un vase naturel. Ce à quoi, il n’y
a pas de raison que les femmes échappent plus, dans l’exercice de
leur sexualité, que des savants dans l’exercice de leur science. Telle
est la loi de la structuration du langage. Quant au reste, les résultats
opératoires sont loin de se prêter à donner appui à cette croyance.
Enfin, la réalité des orgasmes attestés par des femmes dans des
rapports per anum, ramène l’hypothèse à sa juste valeur : laquelle
est soulignée par le fait que c’est encore à cette même paroi recto-
vaginale que l’on attribue ce résultat, bien contraire aux exigences
de la nature.
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névrosés, l’accent n’est pas mis sur le vide, mais sur le contenu. Le
contenant n’en est affecté que par voie de conséquence.
L’hypocondriaque craint « d’exploser » sur un mode féminin. Il part,
pour l’avoir souvent vécu avant la puberté, d’une expérience non
phallique de l’orgasme, et ne vit que pour s’en défendre, dans
l’incorporation d’un objet imaginaire, qui sera en fin de compte lui-
même en tant que phallus de sa mère.
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Les relations de l’Ame avec cette incandescence que l’on situe dans
le vide sont hors du propos de notre travail. Nous nous bornerons
simplement à signaler qu’en Français, on dit l’âme d’un canon.
Comme tel le vide est pour nous une notion malaisée. Il occupe une
place souveraine et dernière dans l’expérience humaine, et
mériterait une considérable étude. En fait, ce développement existe,
mais dans un domaine où l’analyse ne pénètre qu’avec prudence.
Divers courants gnostiques, des traditions occidentales et orientales,
constituent des élaborations du Vide et des initiations au Vide – en
Extrême-Orient plus spécialement. La fréquente articulation du
mysticisme et du registre de la sexualité atteste là d’un lien
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premier fantasme… Cela doit être mentionné, mais ne sera pas ici
développé9
Leur expérience dans les formes les plus élaborées semble toujours
vouloir témoigner d’un accès à des voies barrées au reste des
hommes ou des femmes. Du reste, l’opinion publique a vite fait de
(b) Mircea Eliade, Traité d’histoire des religions, Paris, Payot, 1949. – E.
Crawley, Studies of Savages and Sex, Edited by Théodore Besterman.
London, 1929. – Léo Sternberg, Divine Election in Primitive Religion,
Congrès international des Américanistes, Goteborg, 1925. – Talayesvn Don.
C. Soleil Hopi (Sun Chief the auto-biography of a Hopi Indian), Terre
humaine, Librairie Plon.
9 Perrier (F.), Les pulsions et l’inconscient, Colloque de Bonneval, 1960 (à
paraître).
10 Nous signalerons au lecteur l’introuvable Prière pour Sodome de Louis
Massignon. Dans l’Antiquité, il était de doctrine admise qu’un pouvoir ne
s’obtenait que par une transgression. D’où la figure du Gardien du Seuil. Le
devin est un produit de l’inceste. L’homosexualité donne des pouvoirs. La
sodomie scelle un pacte entre les mauvais prêtres et les puissances d’en-bas.
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Le complexe d’œdipe
« Le fait que tout ce qui est analysable soit sexuel, n’implique que
tout le sexuel soit analysable », suggère Jacques Lacan.
***
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186
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187
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Allant tout de suite plus loin, nous rappellerons qu’il n’est pas
possible de comprendre la fonction constituante du phallus dans le
processus d’introduction du sujet à son existence et à sa position
sexuelle sans faire du phallus le signifiant fondamental par lequel le
désir du sujet doit se faire reconnaître comme tel (masculin ou
féminin).
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manque de l’objet à partir de quoi tout sera à valoir. Et c’est cela qui
crée la structure ternaire.
L’on voit que cela n’a de sens que si l’on n’élude pas le registre du
signifiant dans l’étude de l’imaginaire et dans la théorie du fantasme.
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Le désir du désir de la mère (fort und da) égale pour nous le phallus
= avoir aussi quelque chose comme ça (auch so etivas haben)15 =
désir du pénis = désir d’un enfant. Le désir que la petite fille
reportera sur son père, sera bien quant à ses origines le désir du
pénis dont la mère l’a frustrée et que maintenant elle attend du
père16
***
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On peut donc dire que si la trace clitoridienne prend son sens dès
l’existence du pénis, que si les pulsions clitoridiennes trouvent dès
lors dans le modèle génito-urinaire pénien l’image même d’une
fonctionnalité signifiante, qui peut soutenir un temps les mascarades
garçonnières de la fille, il se trouve quand même qu’aucune parole
interdictrice ne viendra sanctionner un schéma corporel clitoridien
chez elle.
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***
Il est frappant que tous ceux – et nous nous y sommes essayés – qui
veulent approfondir, serrer de plus près ce que l’on sait de l’Œdipe
de la fille, sont toujours obligés de mettre au premier plan telle ou
telle référence culturelle, telle intervention éducatrice, ou
traumatisante, pour perfectionner et achever leur démonstration.
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Ainsi peut-on voir des enfants oraux ou anaux chez des femmes pré-
œdipiennes – de même que des orgasmes rectaux ou vaginaux chez
de grandes immatures, ou à l’inverse des frigidités irréductibles chez
des sujets fort œdipiennement marqués par une anamnèse
normative.
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Notre époque n’a pas inventé les unions scellées par un désir
partagé, mais elle inaugure l’ère où est tentée la conciliation de
l’amour et de la loi. La transformation de la répudation des femmes
dans la pratique contemporaine du divorce est un élément
concomitant.
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La régression du patient et l’analyste
Mais cette formule des 3 K est née dans l’ambiguïté du moment où
les enfants et la Loi Divine étaient en passe de devenir l’objet d’une
attention amoindrie. Le birth control dans ses modalités diverses,
dont les progrès de la science accroissent l’efficience, va de pair
avec le recul des positions chrétiennes. Par une concordance dont
l’explication gît au-delà de la Weltpolitik, l’Église catholique romaine
et les partis communistes occidentaux, ont lié leur cause à la lutte
contre la limitation des naissances.
La femme est pour l’homme l’objet dans lequel et par lequel ce bien
pourra être atteint. Par le mariage il sera gardé. Mais si un bien est
souverain, l’homme ne saurait lui commander. Et s’il le garde, il ne
pourra garder qu’un bien ; parmi ses biens.
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La régression du patient et l’analyste
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La régression du patient et l’analyste
Ne vivant que dans l’attente de ce qui doit lui revenir poùr autant
que ça lui est dû, les aléas de l’identification de l’objet d’amour avec
l’objet de la satisfaction se répercuteront au niveau du champ de la
propriété sexuelle – qui, si elle subvertit tous les autres besoins – ne
s’en vide pas moins du sens de son contenu.
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La régression du patient et l’analyste
éclate à ne pas rendre compte du fait que l’on n’y divorce pas pour
reprendre une existence de célibataire, mais pour se remarier. Nous
dirons que les U.S.A. sont le pays où l’on se marie le plus. Les
Américains du Nord sont du reste les premiers à souligner le manque
de considération où est, à leurs yeux, tenue en Europe l’institution
du mariage. Mais la prime au mariage, qu’ils opposent à la prime au
libertinage de la vieille Europe est la version institutionalisée de
l’impossible coexistence, que le Vieux Monde laisse au chaos, de
l’amour et du conjungo. C’est par où les idéaux féminins prennent à
revers l’idéal de fidélité dont la femme se réclame. Car tout amour
porte en lui la castration.
La femme homosexuelle
Plus encore que l’homme lorsque s’inversent pour lui les voies de
l’amour, elle fait scandale.
Elle se signale d’abord comme celle qui, comme on dit, « ne veut
pas ». Qu’est-ce donc qu’a priori elle ne veut pas ? Et de quel vouloir
s’agit-il ? Remarquons au passage que si vouloir peut si aisément
signifier : vouloir avoir – dans l’invitation banale « voulez-vous une
tasse de thé ? » que la courtoisie anglo-saxonne traduira en « hâve a
cup of tea » (Ayez, prenez une tasse de thé) – lorsque nous dirons
qu’une femme n’a pas voulu, nous y mettons une nuance
d’indignation que nous chercherons en vain dans une affirmation
identique si elle concerne un homme. « Il n’a pas voulu » nous laisse
le choix entre l’admiration suscitée par la dignité du refus et la
moquerie qui brocarde l’impuissance.
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19 Cf. n. 1, p. 172.
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20 Die stärkste dieser Versagungen ereignet sich in der phallischen Zeit, wenn
die Mutter die lustvolle Betätigung am Genitale verbietet, in Neue Folge der
Vorlesungen zur Einfiihrung in die Psychoanalyse, Gesammelte Werke, Band
XV, p. 132.
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Si, dans les stades archaïques, c’est par des réplétions et des
déplétions que l’on figure les relations que l’enfant noue autour de
son manque de quelque avoir, la maturité génitale signale qu’il va
s’agir d’autre chose. Où il est déjà frappant que dans le propos le
plus banal, c’est la créature humaine dans sa totalité qui trouve sa
place sur le comptoir (« se donner »).
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Cette note orale sera le fait dominant toute relation perverse chez la
femme.
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père. Mais elle l’a trop aimé au sens où elle a trop aimé sa mère, de
cet amour dont elle n’a pu supporter l’inexorable et trop sévère
frustration.
Elle n’a donc pas renoncé à l’objet du choix incestueux. Elle l’a
perdu, abandonné, au sens où elle a rejeté son amour pour sa mère.
Mais cet objet n’a pas pour autant disparu. Il est venu s’ériger dans
son Moi qui se façonne sur le modèle de l’objet disparu. Elle
introjecte les qualités de l’objet d’amour, qui, dans son Moi, est
surinvesti. L’objet de son amour devient support de son identification
masculine. Elle revêtira les insignes du père – ceux de la masculinité.
Et quand un sujet se pare des insignes de ce à quoi il est identifié, il
se transforme et devient le signifiant de ces insignes.
l’amour humble et dévoué pour une autre femme qui est sa mère
retrouvée, à laquelle l’homosexuelle se proposera comme étant
l’objet qui comble ce manque. Ce qu’elle fera d’autant mieux qu’elle
n’a pas cet objet, mais qu’elle le représente.
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La femme perverse
***
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Le troisième terme, impliqué par tout désir, n’est pas ici celui qui
fondant la loi, historiquement, en valoriserait la transgression ; il est
seulement celui qui se déduit de l’acte, qui se fonde à partir du « ni
vu ni connu » d’une transgression naissante et toujours abortive.
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Que ceci soit fantasme pervers n’implique pas que ce soit fantasme
du pervers. Et nous pensons qu’à ce niveau, il en est de la femme
comme de l’homme ; à ceci près, que son rapport privilégié au réel
de l’absence phallique fait de la femme la collaboratrice
complaisante du fantasme sadomasochiste qui structure le désir de
l’homme aux prises avec la castration.
***
221
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Mais quelle que soit l’allure prise par cette relation mère-enfant dont
la position particulière est de n’être pas désignée dans le texte
premier de l’interdit de l’inceste, elle sera, quel qu’en soit le trouble,
d’une admissibilité sociale quasi totale. Nous irons jusqu’à dire que
c’est dans le contexte social où les interdits premiers sont les plus
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Mais si, objet réel, il devient l’écran sur lequel se projette ce manque
qui intéresse la mère au-delà de son objet d’amour, il sera l’objet
d’une relation perverse de type analogue à la perversion fétichiste.
224
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Le propre d’un tel objet est d’être à la fois l’élément central du jeu
du désir, et extérieur aux voies de son accomplissement.
Ou bien concluant cet examen par un autre biais, nous dirons que la
nature orale du phénomène le coulera dans le moule propre des
relations de ce stade, où toute frustration d’amour cherchera sa
compensation dans la satisfaction d’un besoin. C’est en ce sens que
la tétine sera « l’alibi » de la frustration d’amour (Lacan). C’est bien
le sens d’ailleurs dans lequel les parents l’utilisent.
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Conclusions
Dans cet examen, nous avons adopté un point de vue qui s’oppose à
celui de E. Jones, pour qui la femme est née femme par la volonté du
Créateur, et à celui de F. Dolto selon laquelle la jouissance sexuelle
féminine est susceptible d’être articulée en fonction de repères
anatomiques.
Nous ne pensons pas non plus que l’orientation actuelle qui vise,
comme on dit, à « démystifier » la sexualité, ses angoisses, ses
interdits, soit une tentative qui nous rapproche d’une ère de lumière.
En particulier, le pari moderne de déculpabiliser une fonction
naturelle, en permettant aux sujets de voir le caractère erroné de
leurs peurs, est une promesse dont le caractère dominant est de
n’être pas tenue. La faiblesse, la précarité, quand ce n’est pas
l’allure bancale, des « ajustements » qui scellent le résultat de tant
d’analyses et qui sont au mieux de mauvais compromis, montrent
suffisamment à quel point est illusoire, gratuite, la prétention
irresponsable qui déclare délivrer de la culpabilité. L’observation des
résultats analytiques à l’intérieur du monde, de la société analytique
inclusivement, suffirait à ouvrir les yeux les plus obstinément fermés.
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Le Vide est pour les analystes une dimension connue, la Chose est ce
qu’il recèle et ne montre pas. Nous l’utilisons ici pour donner un nom
à ce point dernier à la fascination, comme dimension de ce à quoi le
Phallus règle le rapport.
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Ayant posé la chaîne signifiante dans laquelle l’enfant est pris dès
avant sa naissance, le Vide comme point de fuite d’où s’élève un
appel auquel personne ne reste sourd, nous avons esquissé la carte
des avenues principales du désir où nous avons rencontré le phallus
indispensable pour s’y orienter : Bâton manquant du pèlerin qui ne
va nulle part mais que le temps porte à sa destination. Faux aveugle,
car ses yeux pleins d’images sont encore éblouis, il avance à tâtons ;
sa main se referme sur une paille, un roseau, une verge et, s’il est
homosexuel, il s’y tiendra.
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Bibliographie
232
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Henry (George W., MD), Sex Variants (1948), Paul B. Hoeber, Medical
book department of Harper and Brothers, New York, London.
233
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234
La régression du patient et l’analyste
Lacan (Jacques, MD), The rules of the Cure and the lures of its
poicer. International psychoanalytical Conférence, Royaumont, July
1958, éd. Société française de Psychanalyse.
London (Louis S., MD) et Caphio (Frank, MD), Sexual Déviations, The
Linacre Press, Inc., Washington DC, 1955.
235
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Rank (Otto), The Trauma of Birth, Harcourt Brace & C°, New York,
1929.
236
Une tache d’encre
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***
Rien ne saurait mieux éclairer notre propos que l’examen d’un cas
célèbre, mais dont il a échappé à la plupart que Freud nous le livra
en deux fois, morcelé en deux publications que sépare un intervalle
de dix ans. Les pistes s’en trouvent brouillées et souvent effacées, si
l’on n’a lu que la version la plus récente et la plus accessible, celle de
l’Introduction à la psychanalyse reproduisant une conférence de
1917 (c’est ce qui est arrivé à Stekel et à Simone de Beauvoir), alors
que la perspective complète n’apparaît que dans un article de 1907,
Actes obsédants et exercices religieux 25, dont la traduction par Mme
Bonaparte fut revue par Freud26.
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***
« Et rendu à personne en la mort – celui qui ne devait même pas être
intrus – afin que personne pure celle-la en jaillît – révolte
30 Dieu d’eau, Éd. du Chêne, 1948.
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Communication
de Bernard This
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Héra, ayant appris la trahison de son époux, crut qu’il avait été
séduit par la trop belle Alcmène, elle voulut s’opposer à
l’accouchement de sa rivale. Sa colère fut terrible et Illithye resta
incorruptible. Ovide nous raconte dans Les Métamorphoses
qu’Illithye s’est assise devant la porte de la maison d’Alcmène
« croisant sa jambe droite sur son genou gauche et entrelaçant ses
doigts écartés comme les dents d’un peigne, tenant en suspens la
délivrance, elle prononça à voix basse des mots magiques qui
arrêtèrent le travail commencé ».
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Diane n’aurait plus peur d’assumer le génie de son sexe. Il n’est plus
nécessaire de postuler avec H. Deutsch une composante
masochistique fondamentale dans la libido féminine, et ceci prend
une grande importance, en ce qui concerne la création d’un climat
social sain et valorisant.
Quand une mère peut dire à sa fille sincèrement : « Tu ne peux pas
savoir comme j’étais heureuse le jour de ta naissance, quand je t’ai
déposé dans les bras de ton père. Tu comprendras quand tu mettras
au monde ton bébé », l’avenir est ouvert, joyeux, plein de promesses.
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Mais pour que le grain de blé porte fruit il faut qu’il germe en terre.
Déméter ne vivra pas toujours avec Perséphone, la mère doit
accepter de se séparer de son fruit (deuil du fruit). Qu’il soit digestif
ou vivant, incestueux ou légitime, le fruit n’est pas chose possédée,
faite ou refaite. L’enfant n’est pas fait, il se fait, être humain vivant,
259
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Nous pouvons parler d’un vide attractif ou d’un plein qui se vide. Ce
vide, quel est-il ? Ce vide de l’homme que comble la Parole, cette
lacune au fond de son désir, pourrons-nous le cerner autrement
qu’en des mots patiemment épelés ; et quels mots rares allons-nous
choisir pour décrire cette étrange dialectique du plein et du vide, à
travers les échanges incessants d’une dette circulante qui n’arrivera
jamais à combler ce « manque à être » qu’implique tout désir. Le
désir, quel est-il ? Désir de retour au sein maternel ? Et la
sublimation n’est-elle que ce sublime effort de recréation d’un monde
imaginaire, limité, enveloppant, sécurisant (sublimen) ? Nous ne le
pensons point.
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Le grec est audacieux qui nous propose dans les jeux de sa langue
une telle sublimation du désir. Précieux volume, enroulé sur lui-
même, l’enfant, donné au monde des hommes, est le symbole vivant
de la relation trinifiante et permanente qui unit une femme à son
mari. En mettant au monde un enfant, la femme manifeste dans son
corps sa reconnaissance à l’autre, en tant qu’autre, elle honore dans
sa descendance toute son ascendance. Son geste prend un sens, il
exprime son union au Père, symbole de la sublimation du Désir.
261
Traductions33
33 Les quatre articles qui composent cette partie sont présentés dans
l’ordre chronologique de leur parution originale.
La psychologie de la femme en relation avec les
fonctions de reproduction
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La difficulté réside dans le fait que le clitoris n’est pas du tout prêt à
abandonner son rôle, que le conflit de la puberté est associé à
l’événement traumatique de la menstruation ; et ceci, non seulement
ravive la blessure de la castration, mais représente en même temps,
à la fois dans le sens biologique et psychologique, la déception d’une
grossesse manquée. La répétition périodique de la menstruation
rappelle chaque fois les conflits de la puberté et les reproduit sous
une forme atténuée, en même temps, que tout le processus de la
menstruation est destiné sans aucun doute à exercer une influence
érotisante et préparatoire sur le vagin.
D’abord, la libido doit être retirée au corps tout entier. Nous avons là
une parfaite analogie avec le sein qui prend possession de façon
active de la bouche du nourrisson et concentre ainsi au niveau de cet
37 Loc. cit.
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La régression du patient et l’analyste
Nous voyons ainsi que l’une des fonctions vaginales s’édifie par
identification au pénis qui, dans ce rapport, est considéré comme
appartenant au corps propre du sujet. Ici la signification psychique
de l’acte sexuel vise à répéter et à surmonter le traumatisme de la
castration.
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Chez la femme, ce processus n’est pas mené à bonne fin, encore qu’il
soit clairement indiqué et ébauché dans la fonction de l’orgasme ; il
se termine seulement dans un deuxième temps, celui de
l’accouchement. Il s’agit bien d’un processus unique, mais
simplement scindé par un intervalle de temps. Tout comme la
première phase contient (dans l’orgasme) des éléments de la
seconde, ainsi la seconde est empreinte par les mécanismes de
plaisir de la première. Je suppose même que l’accouchement contient
l’acmé du plaisir sexuel dû au soulagement de la stimulation créée
par la cellule germinale, s’il en est ainsi, l’accouchement est un
processus d’« autonomie » analogue à l’éjaculation (Ferenczi),
exigeant, néanmoins, pour pouvoir fonctionner, le puissant stimulus
que constitue le fœtus arrivé à terme. Ceci inverse la position que
Groddeck a eu le courage le premier de défendre, au Congrès de La
Haye, à savoir que l’accouchement est associé au plaisir par son
analogie avec le coït. Il semblerait plutôt que le coït acquiert son
caractère de plaisir surtout parce qu’il représente une tentative et
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L’homme mesure et contrôle son idéal du Moi par son œuvre dans le
monde extérieur grâce à la sublimation. Pour la femme, par contre,
l’idéal du Moi s’incarne dans l’enfant, et toutes ces tendances à la
sublimation que l’homme utilise dans des activités intellectuelles et
sociales, elle les dirige sur l’enfant qui, psychologiquement,
représente pour la femme son produit de sublimation. En
conséquence, la relation mère-enfant pendant la grossesse a plus
d’un déterminant. Puisque l’enfant dans l’utérus devient une partie
du Moi et qu’un important courant libidinal converge vers lui,
l’investissement libidinal dans le Moi est accru, le narcissisme
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Cependant cet état primordial est troublé par deux facteurs : primo,
grâce à un processus de sublimation l’enfant devient le Surmoi et
notre expérience par ailleurs nous apprend que ceci peut entraîner
une vive opposition au Moi. Secundo, l’enfant appartient aussi, en
même temps au monde extérieur, ce qui fait que les conflits
ambivalents de toutes les phases du développement libidinal sont
réactivés41.
41 (Variante P.A.R.)
Primo, la différenciation du Moi ne se limite pas à la formation de l’idéal. La
relation à l’enfant ne contient pas seulement l’affirmation positive : « Tu
deviendras tel que fut jadis mon père idéalisé (ou ma mère) », elle reproduit
aussi les composantes négatives punitives de la relation parentale antérieure.
Au cours des transformations obscures et compliquées auxquelles est soumis
l’ego de la femme, l’enfant, néo-formation psychologique, prend la place du
Surmoi en tant qu’institution qui réclame, exige, menace et punit. La
recherche psychanalytique nous enseigne que cette différenciation dans le
Mo – peut aboutir à un conflit intra-moïque et à une issue pathologique de ce
conflit.
Secundo, une difficulté peut surgir du fait que dans l’utérus l’enfant est déjà un
objet extérieur et que les conflits ambivalents de toutes les phases du
développement de la libido maternelle peuvent, de ce fait, se faire jour.
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La Phase Précoce Du Développement De La Sexualité
Féminine4546
Freud a plus d’une fois commenté le fait que notre connaissance des
premiers stades du développement féminin est bien plus obscure et
plus imparfaite que celle du développement masculin, et Karen
Horney a insisté à bon droit que ce fait doit être lié à la tendance
plus grande au parti pris qui règne à ce sujet. Sans doute cette
tendance à la partialité est-elle commune aux deux sexes et il serait
bon que tout auteur traitant de ce sujet ne le perde pas de vue.
Mieux encore, il faut espérer que l’investigation psychanalytique
éclairera peu à peu la nature de ce préjugé et, en fin de compte, le
dissipera. Une saine suspicion se fait jour sur le fait que les
psychanalystes hommes ont été amenés à adopter une position
phallocentrique excessive à ce sujet, l’importance des organes
féminins étant sous-estimée à l’avenant. Les femmes ont, de leur
côté, contribué à la mystification générale par leur attitude réservée
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De ce point de vue, nous voyons que la question dont il s’agit ici était
mal posée. La peur de l’homme d’être castré peut avoir ou non un
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Selon la théorie énoncée plus haut, c’est cette privation qui constitue
primitivement la situation insupportable pour la raison qu’elle est
équivalente à la crainte fondamentale de l’aphanisis. Le sentiment de
culpabilité et l’élaboration du Surmoi constituent, comme nous
l’avons vu plus haut, la défense première et invariable contre cette
privation insupportable. Mais cette solution est trop négative en soi ;
la libido doit finalement pouvoir aussi s’exprimer.
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60 Pour plus de simplicité, nous passons sous silence dans ce texte une
troisième forme intéressante mais qui mérite d’être mentionnée. Certaines
femmes obtiennent la gratification des désirs féminins à deux conditions : 1)
Que le pénis soit remplacé par un objet substitutif comme la langue ou le
doigt ; et 2) Que le partenaire employant cet organe soit une femme au lieu
d’un homme. Bien que cliniquement ils puissent apparaître sous la forme
d’une inversion complète, de tels cas sont évidemment plus près de la
normale que l’un des deux cas mentionnés dans le texte.
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Les facteurs essentiels qui jouent de façon décisive sur le fait que la
petite fille s’engage dans une identification au père – et ceci de façon
si intense qu’elle peut réaliser une inversion clinique – sont
essentiellement un érotisme oral et un sadisme particulièrement
intenses, qui se combinent de façon typique en un stade sadique-oral
intense. Si le premier de ces deux facteurs prédomine, l’inversion
prend la forme d’une dépendance vis-à-vis d’une autre femme, et
d’un désintérêt pour les hommes ; le sujet est masculin mais jouit
également de la féminité par identification à une femme féminine
qu’elle gratifie grâce à un substitut du pénis, représenté le plus
souvent par la langue. La prédominance du second facteur conduit le
sujet à s’intéresser aux hommes ; le désir étant celui d’obtenir d’eux
la reconnaissance de ses propres attributs masculins ; c’est ce type
de femmes qui manifeste si souvent de la rancune envers les
hommes, avec des fantasmes castrateurs (ou de morsure) à leur
égard.
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La féminité en tant que mascarade
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Un autre cas pris dans la vie quotidienne est celui d’une femme
intelligente, mariée et mère de famille, maître de conférence à
l’Université, dans une branche difficile dans laquelle peu de femmes
s’engagent. Lorsqu’elle avait à faire un cours, non pas devant les
étudiants, mais devant un auditoire de collègues, elle s’habillait de
façon particulièrement féminine. Dans ces occasions son
comportement était marqué par quelque chose de totalement
incongru. Pour faire son cours elle adoptait un ton désinvolte et
badin, qui avait entraîné de la part de ses collègues beaucoup de
commentaires et des reproches. Elle se sentait obligée de
transformer cette situation, où elle tenait un rôle masculin en un
« jeu », en quelque chose de pas vrai, en une « blague ». Elle ne
pouvait pas se prendre au sérieux, ni prendre au sérieux le sujet
traité ; d’une part elle ne pouvait pas se considérer sur un pied
d’égalité avec les hommes, d’autre part son attitude désinvolte
313
La régression du patient et l’analyste
Pour en revenir au premier cas clinique dont nous avons parlé, il est
évident que sous son hétéro-sexualité apparemment satisfaisante
cette femme présentait les manifestations bien connues du complexe
de castration. Horney fut une des premières à faire remarquer qu’on
devait chercher les origines de ce complexe dans la situation
œdipienne. Je pense que le fait que la féminité puisse être portée
comme un masque nous permet de pousser plus loin dans cette
direction notre analyse du développement de la femme. C’est dans ce
but que je vais esquisser maintenant les stades précoces du
développement de la libido chez cette patiente.
314
La régression du patient et l’analyste
L’analyse montra que toutes ces réactions, tant à l’égard des hommes
que des femmes, prenaient naissance dans ses réactions à l’égard
des parents au cours du stade de morsure sadique-oral. Ces
réactions se manifestèrent sous la forme de phantasmes, analogues à
ceux rapportés par Mélanie Klein 71 au Congrès de 1927. La
déception ou la frustration au cours de l’allaitement ou du sevrage,
associée aux expériences vécues au cours de la scène primitive,
interprétée en termes oraux, donne naissance à un sadisme
particulièrement intense à l’égard des deux parents 72. Le désir de
71 Cf. Early Stages of the Œdipus Complex, in Int. J. Psa IX, 1928.
72 Ernest Jones, op. cit., p. 469, considère que l’intensification du stade sadique
oral représente le fait central du développement homosexuel de la femme.
315
La régression du patient et l’analyste
73 J’ai volontairement omis ici (en les considérant sans utilité pour mon propos)
toutes les références concernant le développement ultérieur de ses relations
à ses propres enfants.
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75 This device was worked to death, and sometimes it almost worked her to
death.
318
La régression du patient et l’analyste
Ma patiente aurait-elle été moins anxieuse, elle aurait pu, elle aussi,
exiger ouvertement de la part des hommes de reconnaître la
possession du pénis ; et dans son for intérieur elle ressentait un dépit
amer, comme dans les cas décrits par Ernest Jones, lorsqu’une telle
reconnaissance directe faisait défaut. Il est clair que, dans les cas
décrits par Ernest Jones, le sadisme primaire obtient davantage de
gratifications ; le père a été castré et doit même avouer sa défaite.
76 J’ai traduit par accorder le mot anglais surrender qui a en fait le sens d’une
reddition. (N.d.T.)
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La régression du patient et l’analyste
320
La régression du patient et l’analyste
« Je ne dois pas prendre, je ne dois même pas demander ; il faut que
cela me soit donné. » La tendance au sacrifice de soi-même, au
dévouement, à l’abnégation de soi, exprime l’effort fait pour restituer
et réparer ce qui a été enlevé au couple parental, aux figures
maternelles ou paternelles. C’est ce que Rado a aussi nommé une
« assurance narcissique » de la plus haute valeur.
321
La phase phallique
77 Titre original : The Phallic Phase, paru in Internat. J. Psycho-Anal, vol. XIV,
1933. Ce texte, présenté dans une première mouture abrégée au XII*
Congrès international de Psychanalyse, Wiesbaden, le 4 septembre 1932, et
dans sa version définitive à la Société britannique de Psychanalyse, séances
du 19 octobre et 2 novembre 1932, a été repris in Papers on Psycho-Analysis
(5th Edition). 1948, Baillère, Tindall & Cox, London (traduit de l’anglais par
Madeleine et Victor Smirnoff). Nous prions les éditeurs anglais de trouver ici
nos remerciements pour nous avoir accordé leur autorisation de publier ce
texte d’Ernest Jones.
322
La régression du patient et l’analyste
323
La régression du patient et l’analyste
C’est dans ce but que j’ai choisi comme thème de discussion la phase
phallique. C’est un sujet assez bien délimité, mais qui pousse des
ramifications vers la plupart des problèmes plus généraux et restés
irrésolus. Dans une communication présentée au Congrès
d’Innsbruck en 192778, j’avais suggéré qu’au cours du
développement de la sexualité féminine la phase phallique était une
solution secondaire et de nature défensive du conflit psychique,
plutôt qu’un processus de développement simple et direct ; l’année
dernière, le Pr Freud79 déclara qu’une telle hypothèse était
insoutenable. Déjà à ce moment-là, j’avais moi-même des doutes
analogues au sujet de la phase phallique chez l’homme, mais je n’en
avais pas fait mention puisque ma communication portait
exclusivement sur la sexualité féminine. Récemment, Mme le Dr
Horney80 avait exprimé quelque scepticisme au sujet de la validité du
concept de la phase phallique chez l’homme, et je saisirai cette
occasion pour commenter les arguments dont elle fait état.
324
La régression du patient et l’analyste
J’aimerais attirer maintenant votre attention sur une notion qui est
implicite dans l’exposé de Freud, mais qui mérite qu’on y insiste
davantage pour plus de clarté. Il apparaîtrait qu’il y a deux stades
distincts dans la phase phallique. Freud appliquerait, je le sais, le
même terme de « phase phallique » aux deux, et ainsi ne les
distingue pas explicitement. La première des deux – appelons-la
phase proto-phallique – serait marquée par l’innocence ou
l’ignorance – du moins à l’état conscient – où il n’y a pas de conflit au
sujet de ce dont il s’agit, l’enfant présumant tranquillement que le
reste du monde est bâti selon sa propre image, et possède donc un
organe mâle satisfaisant – pénis ou clitoris, selon le cas. Dans la
seconde période ou phase deutéro-phallique, l’enfant commence à se
douter que le monde est divisé en deux classes : non pas mâle ou
femelle au sens propre, mais possédant le pénis ou castrée (bien
qu’en réalité les deux classifications se recouvrent presque
complètement). La phase deutéro-phallique apparaîtrait comme
étant plus névrotique que la phase proto-phallique — du moins dans
325
La régression du patient et l’analyste
Il est évident que la différence entre les deux phases est marquée
par l’idée de la castration qui, selon Freud, est liée dans les deux
sexes, à la constatation effective d’une différence sexuelle
anatomique. On sait que selon son opinion82 la crainte ou la pensée
d’être castré exerce un effet débilitant sur les pulsions masculines
dans les deux sexes. Il considère que l’idée de la castration éloigne le
garçon de sa mère et renforce son attitude phallique et homosexuelle
– c’est-à-dire que le garçon abandonne un peu de son hétérosexualité
incestueuse pour sauver son pénis ; alors que dans le cas de la fille
ceci aboutit à un effet opposé, plus heureux, en la poussant vers une
attitude féminine, hétéro sexuelle. Dans cette perspective donc, le
complexe de castration atténue la relation œdipienne du garçon,
alors qu’il la renforce chez la fille ; le complexe de castration force le
garçon à s’engager dans la phase deutéro-phallique, alors la fille,
après une protestation transitoire à ce niveau, est chassée de la
phase deutéro-phallique par ce même complexe.
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dans une sorte de bluff redoublé – par une ligne de conduite sadique
qui refuserait à la femme justement ce qu’elle pourrait désirer, en
étant impuissant, par exemple.
Encore que ce conflit avec la mère soit sans aucun doute à la base de
difficultés ultérieures, il me semble d’après mon expérience qu’il faut
attribuer une importance plus grande encore au conflit avec le père,
en ce qui concerne la genèse de la peur de castration. Je dois de
signaler cependant qu’il existe à cela une restriction importante.
Dans l’imagination du garçon l’organe génital de la mère est si
longtemps inséparable de l’idée que le pénis du père s’y trouve
« domicilié », que l’on se placerait dans une perspective tout à fait
fausse si l’on ne se préoccupait que des relations du garçon avec le
père réel « externe ». C’est en cela que consiste peut-être la
véritable différence entre le stade pré-œdipien de Freud et le
complexe d’Œdipe à proprement parler. Ce pénis caché, vivant dans
l’organe génital de la mère rend compte pour une grande part des
difficultés : ce pénis qui a pénétré dans le corps de la mère ou qui a
été avalé par elle – ce dragon ou ces dragons qui hantent les régions
cloacales. Certains garçons essayent d’affronter le problème par une
approche directement phallique, en se servant dans leurs
phantasmes pour faire pénétrer le pénis dans le vagin et y détruire,
en l’écrasant, le pénis du père ; ou encore, comme il m’a été donné
de voir à plusieurs reprises ; prolonger ce phantasme jusqu’à
pénétrer dans le corps même du père, c’est-à-dire en le sodomisant.
Ceci permet de constater une fois de plus à quel point les images
paternelles et maternelles sont interchangeables : le garçon peut
téter ou pénétrer indifféremment l’un ou l’autre. Mais ce qui nous
intéresse ici plus spécifiquement c’est la tendance du garçon à
affronter le pénis du père sur un mode féminin. Il serait plus juste de
parler d’un « mode apparemment féminin », car un mode féminin
authentique serait bien plus positif. Je parle essentiellement de
« mode sadique-oral et sadique-anal » et je pense que c’est la
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Nous ne devrions pas tenir pour acquis que l’usage fait du clitoris est
absolument identique du point de vue psychologique à l’usage du
pénis, en nous basant simplement sur le fait de leur homologie
physiogénétique. Le simple fait de l’accessibilité de l’un et de l’autre
peut aussi jouer un rôle. Du point de vue clinique, la relation qui
existe entre la masturbation clitoridienne et l’attitude masculine est
très loin d’être invariable. D’une part, j’ai pu observer un cas où une
malformation congénitale empêchait la fonction clitoridienne, mais
dans lequel la masturbation vulvaire était typiquement masculine
(decubitus ventral, etc.). Mais d’autre part on rencontre couramment
des cas où la masturbation clitoridienne de l’adulte est accompagnée
par des fantasmes hétérosexuels féminins des plus explicites, et
Mélanie Klein affirme qu’une telle association est caractéristique de
la toute première enfance102. Dans mon rapport au Congrès
d’Innsbruck, j’avais exprimé l’opinion que l’excitation vaginale joue
dans la première enfance un rôle plus important qu’on ne lui accorde
habituellement (m’opposant ainsi à l’avis exprimé par Freud 103, qui
ne lui fait jouer de rôle qu’à partir de la puberté) ; cette idée avait
déjà été exprimée par un certain nombre d’analystes femmes,
Mélanie Klein (1924)104, Josine Müller (1925)105 et Karen Horney
(1926)106. J’avais tiré mes propres conclusions à partir d’un matériel
clinique très proche de celui que cite Josine Müller, à savoir des
femmes qui présentaient des forts penchants masculins associés à
une anesthésie vaginale. Ce qui importe dans cette fonction vaginale
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fille concernant le coït, qui jouent un rôle très important dans son
développement sexuel. Ces théories devraient nous être d’un grand
secours dans notre contexte puisque – comme Freud l’a depuis
longtemps montré – les théories sexuelles de l’enfant reflètent sa
constitution sexuelle personnelle. Il y a quelques années le Pr Freud
m’écrivait que, dans tout ce domaine ohscur qu’est le développement
sexuel de la femme, deux points lui paraissaient acquis ; un de ces
points étant que la première idée que la petite fille pouvait avoir
concernant le coït était qu’il s’agissait d’un coït oral, c’est-à-dire
d’une fellation109. Ici, comme souvent, Freud toucha du doigt un point
capital. Mais il est probable qu’il s’agit de quelque chose de plus
compliqué. Quoi qu’il en soit, cette formulation centrale entraîne
certains corollaires qui valent la peine d’être explorés. Tout d’abord,
il est peu probable qu’une conception exclusivement orale serait
élaborée, si les premières idées concernant le coït ne survenaient
que plusieurs années après les expériences orales du nourrisson ;
des analyses détaillées de cet âge précoce, surtout conduites par les
analystes d’enfants, ont confirmé ce qu’on avait prévu, à savoir que
les expériences vécues et les conceptions sont liées non seulement
du point de vue de leur genèse, mais aussi dans le temps. Mélanie
Klein110 attache une grande importance au fait que les désirs de
l’enfant se trouvent stimulés par les imperfections et les
insatisfactions inévitables de la période de l’allaitement, et elle voit
une relation étroite entre le sevrage d’une part, et d’autre part les
origines les plus profondes de l’hostilité à la mère, et l’idée vague
d’un objet qui ressemblerait à un pénis et qui constituerait une sorte
de mamelon plus satisfaisant. Les désirs concernant le mamelon sont
transférés sur l’idée du pénis et nous sommes habitués à considérer
109Je pourrai aussi citer l’autre point dont il se sentait certain, puisqu’une
formulation venant d’une telle source doit nous intéresser. C’était que la fille
renonce à la masturbation parce qu’elle tient le clitoris pour insatisfaisant
(par comparaison au pénis).
110Mélanie Klein, The Psychoanalysis of children, op. ci/., p. 326.
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113Freud, Some Psychological Consequences, etc., op. cit., p. 140. [G.W., XIV,
27.]
114Mélanie Klein, The Psychoanalysis of Children, op. cit., p. 309.
115S. Freud, Female Sexuality, op. cit., p. 284. [G.W., XIV, 521.]
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masculin et « ce n’est que dans le cas d’enfants de sexe mâle que se
rencontre la conjonction inévitable de l’amour pour l’un des parents
et de la haine de l’autre en tant que rival ». Nous sommes obligés
d’être sur ce point plus royaliste que le roi116.
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toutes les armes dont elle dispose : la bouche, les mains, les pieds, et
dans ce contexte l’usage du pénis que la petite fille envie peut-être le
plus aux garçons est sa fonction sadique et la possibilité qu’il donne
de diriger le jet destructeur d’urine. Nous savons que la
« frustration » favorise l’installation du sadisme et à en juger tant
par les fantasmes que par le comportement on ne saurait surestimer
la quantité de sadisme qui existe chez le petit enfant. La loi du talion
entraîne une peur correspondante et ici encore il serait difficile de
surestimer l’intensité de cette peur chez l’enfant. Nous devons
considérer que le développement sexuel tant du garçon que de la
fille est influencé à tout moment par la nécessité de maîtriser cette
peur ; et je suis d’accord avec Mélanie Klein lorsqu’elle exprime son
scepticisme118 concernant la tentative entreprise par Freud 119 de
décrire le développement sexuel sans faire appel au Sur-Moi, c’est-à-
dire sans se référer aux facteurs de peur et de culpabilité.
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124S. Freud, Female Sexuality, op. cit.y pp. 281, 286. [G.W., XIV, 518, 524.]
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129Cette thèse fut soutenue par moi au Congrès d’Innsbruck, mais avait été
avancée par Karen Hornf.y (cf. On the Genesis, etc., op. citp. 50) et
développée par Mélanie Klein, in The Psycho-Analysis of Children, op. cit., p.
271, etc.
130Joan Rivière, Womanliness as a Masquerade, supra, Int. J. Psycho-Anal., X,
303, 1929 (traduit en français dans ce volume).
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131S. Freud, Female Sexuality, op. cit., p. 297. [G.W., XIV, 537.]
132Masculine strivings.
133A well disguised outlet.
134Mélanie Klein, The Psycho-Analysis of Children, op. cit., p. 270.
364
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***
135Dénial : déni, refus, dénégation : c’est ce dernier sens qui nous a paru ici
être le plus proche du texte. (N. d. T.)
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Dans les deux parties de mon article je me suis servi comme point de
départ d’un double problème : celui que pose au garçon l’angoisse de
castration et la peur de la vulve, à la fille le désir de posséder un
pénis et la haine envers la mère. Nous sommes en mesure à présent
de montrer qu’essentiellement ces problèmes, en apparence
dissemblables, se retrouvent en fait tant chez l’un que chez l’autre.
Le facteur commun est constitué par l’évitement de la pénétration et
la crainte d’être blessé par le parent de même sexe. Le garçon
redoute la castration par son père s’il pénètre dans le vagin : la fille
craint la mutilation par sa mère si elle se permettait d’avoir un vagin
pénétrable. Le fait que le danger se trouve être associé par
366
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138Op. cit.
139Mélanie Klein (op. cit., p. 326) le rattache à une « fixation de succion
orale ».
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Contributions a la technique
psychanalytique
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140Titre original : The Regressed Patient and his Analyst, in Psychiatry, XXIII,
231-243, août 1960 ; traduit de l’anglais par Victor Smirnoff.
(Cet article est la deuxième partie, technique, du travail inauguré par les
considérations théoriques dans The Three Areas of the Mind, paru dans La
Psychanalyse, vol. 6.)
141Le présent travail fut présenté au cours de la réunion scientifique (Frieda
Fromm-Reichman Memorial Lecture) qui eut lieu le 19 octobre 1959 au
Clinical Center du National Institute of Health à Bethesda, Maryland. Au
cours de ce séminaire figurèrent deux autres contributions : celle de Leslie
H. Farber sur le Therapeutic Despair et celle de Otto Allen Will, Jr., Human
Relatedness and Schizophrénie Reaction.
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I.
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142M. Balint, The Three Areas of the Mind, Internat. J. Psycho-Anal. (1958), 39,
328-340 (traduction française in La Psychanalyse, loc. cit.).
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Nous savons tous que même les meilleurs analystes, et ceux qui
possèdent une très longue expérience, se heurtent de temps en
temps à des difficultés avec certains de leurs patients, et que
l’analyse peut même se terminer par un échec. Aussi désagréable
que soit une telle constatation il semble que cette règle ne souffre
guère d’exceptions. Je soutiens que ces difficultés et ces échecs se
rencontrent au cours d’analyses avec des patients qui présentent les
signes que nous venons de décrire. Nous en parlons en disant qu’un
tel sujet est « gravement atteint », « très dissocié », « très
schizophrène ou paranoïaque », « qu’il présente une profonde
blessure narcissique » ou « qu’il a un Moi trop faible ou trop
immature », etc. ; toutes ces descriptions impliquent que l’origine
des symptômes siège au-delà ou plus profondément que le complexe
d’Œdipe qui est notre préoccupation habituelle dans la moyenne des
cas.
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146Lifelessness.
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Sous une autre forme, le patient peut répéter indéfiniment qu’il sait
très bien qu’il devrait essayer de coopérer, mais avant de pouvoir y
changer quelque chose il lui faut d’abord s’améliorer, voire guérir.
Mais simultanément il se rend parfaitement compte de la situation
réelle, à savoir qu’aucune amélioration ne saurait survenir sans sa
coopération. Le fait de le savoir ne peut qu’exacerber son désespoir.
Le patient est sincèrement convaincu que ce cercle vicieux ne pourra
être rompu que si ce qui a été endommagé peut être remplacé, ou
s’il peut reconquérir quelque chose qu’il avait possédé et perdu à un
certain moment de sa vie.
381
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Tous ces phénomènes régressifs, tels qu’on peut les observer dans la
pratique analytique, nous frappent par leur caractère primitif, qui
rappelle les comportements de la première enfance : un argument de
poids en faveur de l’hypothèse que toute névrose ou psychose
contient forcément quelques traits infantiles et doit rappeler, à tout
psychothérapeute, qu’il aura affaire, d’une façon ou d’une autre, à
« l’enfant qui est dans le patient ».
148E. Jones, The Early Development of Female Sexuality (1927), supra, chap.
XXV des Papers on Psychoanalysis (5th Ed.), Baillère, Tindall & Cox, London,
1948 (traduit en français dans le présent volume).
149Mélanie Klein, Envy and Gratitude, Basic Books, New York, 1957.
382
La régression du patient et l’analyste
Pour éviter tout malentendu, il me faut souligner que dans ce qui suit
j’envisage les problèmes techniques que nous posent ceux des
patients qui ont régressé au niveau du défaut fondamental. Il est
probable qu’il ne s’agit là que d’une des formes possibles des
régressions dites « profondes ». Je pense qu’une recherche
analytique approfondie concernant les vrais schizophrènes (et non
pas des « caractères » schizoïdes) devrait révéler des signes
particuliers qui nous permettraient de distinguer la régression
schizophrénique des régressions dont nous parlons ici.
II.
Les analystes ont, bien entendu, depuis longtemps reconnu ces deux
problèmes techniques et proposé diverses méthodes pour les
résoudre : d’une part, comment franchir cet abîme qui les sépare de
« l’enfant dans le patient », et d’autre part, comment surmonter
l’incapacité du malade à accepter la réalité et comment obtenir sa
collaboration au travail thérapeutique. À ce propos on n’a pas mis
suffisamment en évidence, dans la littérature psychanalytique, que le
thérapeute qui cherche à franchir ainsi la distance le séparant du
patient régressé, s’expose à certains risques, surtout si la régression
atteint le niveau du défaut fondamental. Ces risques sont fonction de
ses réactions à l’égard des phénomènes appartenant au domaine du
défaut fondamental.
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153Cf. mon livre The Doctor, his Patient and the Illness, Internat. Univ. Press,
1957 (traduction française aux Presses Universitaires de France, 1960) ; voir
aussi Enid et Michael Balint, Psychotherapeutic Techniques in Medicine,
Tavistock Publications, 1961.
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154Cf. mon livre Primary love and psychoanalytic technique (1952), Hogarth
Press, London ; et Thrills an Regressions, loc. cit.
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III.
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Au cours de mes efforts pour venir à bout des difficultés dont je viens
de faire mention, j’ai depuis plusieurs années mis à l’épreuve une
technique qui permet au patient de vivre une relation duelle qui ne
peut pas, n’a pas besoin, et peut-être même ne doit pas être traduite
en paroles ; mais à certains moments cette relation s’exprime par ce
qu’on a coutume d’appeler l’acting out dans la situation analytique.
Je m’empresse d’ajouter que toutes ces communications non
verbales, cet acting out, seront par la suite soumis à une élaboration
(working through) dès que le malade se sera dégagé de ce niveau et
aura atteint le niveau œdipien : dès ce moment, mais pas avant.
155Cf. mon livre Primary love and psychoanalytic technique op. cit.
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J’ai été ainsi amené à élaborer une technique dont j’ai pu constater
l’utilité avec les patients ayant régressé au niveau du défaut
fondamental : j’ai appris à tolérer leur régression pendant un certain
temps sans essayer d’imposer une intervention interprétative. Ce
certain temps peut aussi bien durer quelques minutes que s’étendre
sur une partie plus ou moins grande de la séance. Comme je l’ai dit
plus haut, les mots cessent d’être un moyen valable de
communication pendant ces périodes. Les paroles du patient ne
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IV.
159Au sens de son besoin ou de ses besoins : what the patient needs from him.
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160Comme je l’avais déjà décrit dans mon article New Beginning and the
Paranoid and Depressive Syndromes (1952), reproduit dans Primary Love
and Psycho-Analytic Techniquet loc. cit., ce deuil se rapporte au fait que le
sujet abandonne une image narcissique qu’il a de lui-même, image qui à
l’origine a pu être instaurée en tant que surcompensation de son défaut
fondamental. Une surcompensation analogue a pu faire croire aux analystes
qu’une analyse véritablement menée à son terme (fully terminated) éviterait
au patient d’avoir désormais recours à des inhibitions ou à des refoulements
devenus inutiles. On peut peut-être atteindre un tel idéal, plus ou moins
parfaitement, au niveau œdipien, mais il serait vain d’espérer un tel résultat
au niveau du défaut fondamental. Comme je l’ai souligné à plusieurs reprises
au cours de cet article, le défaut fondamental ne peut être supprimé, résolu
ou dénoué ; il peut guérir dans certains cas en laissant une cicatrice, ce qui
signifie qu’il sera toujours possible de reconnaître son existence passée. Le
processus de deuil dont il s’agit ici, est celui qui aboutit au renoncement
définitif de l’espoir de jamais réaliser cet idéal parfait de soi-même. Une
analyse réussie doit aboutir à faire accepter au sujet l’existence du défaut
fondamental et amener le sujet à s’adapter à ce fait d’une façon réaliste.
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401
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Comme je viens de le dire, ce que j’ai condensé dans cet article est
loin de constituer toute l’histoire. Je peux même en indiquer certains
chapitres manquants. Je n’ai rien dit, par exemple de la fonction de
répétition, de l’acting out au cours de la cure analytique ; en d’autres
termes je n’ai pas défini quand, jusqu’à quel point et dans quelles
conditions la répétition peut devenir une fonction thérapeutique. Il
aurait fallu consacrer un autre chapitre aux voies diverses qui
s’offrent au malade pour modifier son mode intérieur, ce qui
détermine dans une large mesure sa relation aux objets externes. De
même, il aurait fallu un chapitre pour discuter les moyens
thérapeutiques dont dispose l’analyste pour aider son patient à
mener à bien une telle modification. Et un chapitre, étroitement
articulé avec le précédent, devrait nous permettre de définir avec
plus de précision ce que j’appelle la technique d’interprétation sans
interférence (non interfering technique of interprétation). Enfin, on
devrait consacrer un important chapitre aux divers rôles que jouent
les interprétations – je me réfère ici à l’ancienne interprétation
402
La régression du patient et l’analyste
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