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L'AINE DES
WILDER
Kate O'Hara
Cet ouvrage a été publié en langue
anglaise sous le titre :
SOMETHING BEAUTIFUL
Résumé
— Bonjour. Tu es Philip ?
— Eh bien ? lança-t-il.
— Etes-vous enceinte ?
— Philip !
— Merci.
— Chris ?
Rebecca soupira.
— J’aimerais le pouvoir.
— Et la lessive ?
— Jusqu’ici, nous nous en
sommes toujours occupés nous-
mêmes, je pense que nous pouvons
continuer. Je vous demanderai
seulement de vous charger des
draps de Philip et, bien sûr, de ses
vêtements. Mais laissez-le faire son
lit et entretenir lui-même sa
chambre.
— Et les courses ?
— A l’église ?
Rebecca se leva.
— Vo u s êtes certainement un
cordon bleu, reprit-il, mais nous ne
sommes pas habitués à ce genre de
nourriture. Après dîner, peut-être
Chris pourra-t-il vous donner
quelques conseils.
— Change-la de chambre.
— Il y a la chambre de Mellie.
— Vingt et un ans.
— Pourrions-nous... pourrions-
nous bavarder un peu ? demanda-t-
elle, tremblante.
— Je ne comprends pas.
— Vraiment ? coupa-t-il.
— Non, murmura-t-elle.
— Non !
Elle lutta pour surmonter la
panique qui la submergeait et ne
pas le laisser triompher.
— Vraiment ?
— Ça suffit, Bob !
— Lâche-la !
— Tout va bien ?
— Quoi donc ?
— Un opossum ?
— Ne la tuez pas...
— Je rêvassais, dit-elle
rapidement. Je me disais qu’i l était
triste de voir une aussi belle maison
laissée à l’abandon.
— Auckland.
— Je le suppose.
R e b e c c a écouta calmement la
description de ce que Victoria tenait
pour une vie « passionnante ».
M a i s à sa grande surprise, il
réapparut quelques minutes plus
tard, vêtu du jean et de la chemise
propres qu’elle lui avait préparés.
— Est-ce difficile ?
— Pas du tout.
— Quand pouvons-nous
commencer ?
Son impatience le fit rire.
Il se mit à rire.
— Et c’est impossible ?
— Non, Gabriel y est allé. Il a suivi
des cours d’agronomie, et papa
voudrait que je fasse la même
chose.
— Vous me le promettez ?
— Je me porte à merveille.
Laissez-moi seulement reprendre
mon souffle. Je vous ai fait peur,
n’est-ce pas ? Vous l’avez bien
mérité ! Vous auriez au moins pu
m’avertir !
— M a i n t e n a n t , écoutez
attentivement ce que je vais vous
dire. Je ne le répéterai pas. Vu ?
La gorge serrée, elle opina en
silence, comme hypnotisée par son
regard vert. Il était en sueur, et un
rayon de soleil éclairait son visage
mat.
Il s’interrompit brusquement,
réitéra ses excuses et quitta la pièce.
Gabriel croyait que toutes les
f e m m e s étaient comme qui ?
Rebecca haussa les épaules. Que lui
importait ce que pensait Gabriel
Wilder ?
— Apparemment, vous y
réussissez à merveille ! répondit
Chas.
Elle le regarda avec étonnement.
— Comment le savez-vous ?
— Vraiment ?
— Qu’allez-vous dessiner ?
— Allez-y.
— Aucun risque.
Tout en le regardant
subrepticement, Rebecca et Chas
continuère nt à plaisanter, feignant
de ne lui prêter aucune attention.
Mais leur joie s’évanouit
rapidement. En regardant la
caricature qu’elle avait faite de lui,
Philip s’assombrit. Il repoussa le
dessin, tourna les talons et disparut
dans la maison.
— Comment le savez-vous ?
— Oui.
— A ton avis ?
— Tu as trop d’imagination,
murmura Gabriel d’une voix
rauque.
— Rebecca !
— Lâchez-moi ! cria-t-elle.
Lâchez-moi, lâchez-moi !
— Allons, buvez !
Il n’avait pas élevé la voix, mais il
valait mieux lui obéir. Elle prit le
verre d’une main tremblante et,
involontairement, leva les yeux sur
lui. Debout, à présent, il la regardait
avec une expression indéchiffrable.
Ses yeux étaient tellement
pénétrants, tellement brûlants
qu’elle se sentit défaillir. Elle finit
rapidement son verre et se leva. La
tête lui tournait, elle dut
s’immobiliser, attendant que son
vertige se dissipe. Puis, bien qu’elle
ne se sente guère le courage de
soutenir son regard, elle tourna les
yeux vers Gabriel.
— Puis-je aller me coucher
maintenant ?
il éclata de rire.
— Ivre ? Loin de là !
— Le devrais-je ?
— Vraiment, je...
— Non.
— Rentrons-nous à Wilderness ?
demanda-t-elle, pleine d’espoir.
— Non !
— Pardon ?
Il soupira.
— Que pensez-vous de
Wilderness ?
— Wilderness ?
— Oh non ! s’exclama-t-elle.
J’admets que je me suis souvent
imaginé à quoi ressemblerait la
maison si on la remettait un peu en
état, mais... Vous n’avez pas
l’intention de la faire démolir ?
— Il a vu Mara sortir de ma
chambre, une nuit, et il en a tiré de
fausses conclusions. Je crois qu’au
fond de lui, il savait depuis
longtemps ce que valait Mara, mais
il refusait de l’admettre. Et comme
il lui fallait trouver un bouc
émissaire pour éviter d’accabler sa
femme, il s’en est pris à moi.
— Vraiment ?
— Continuez, la pressa-t-il, en
voyant qu’elle restait silencieuse.
— Détendez-vous, Rebecca. Je ne
sais pas ce que vous en pensez,
mais je crois que nous nous
connaissons un peu mieux
maintenant.
— Eh bien, insista-t-elle,
avertirez-vous mes parents ?
— Vous m’inquiétez !
— Pardon ?
— Je n’en ai pas.
— Je n’épouserai personne, ni
vous ni un autre !
— Le feriez-vous vraiment si je
refusais d’accepter votre... votre
monstrueuse proposition ?
— Mais pourquoi ? Je ne
comprends pas ! Pourquoi
m’obliger à vous épouser alors que
vous êtes amoureux de Victoria ?
— Vraiment ?
Il paraissait tout à la fois surpris et
amusé.
— Je le sais.
— Pourquoi ? demanda-t-elle
perplexe. Pourquoi ne voulez-vous
p a s épouser Victoria ? Si vous
l’aimez...
— Ne m’obligez pas à
m’expliquer.
— M’imposer, rectifia-t-elle
nerveusement, m’imposer le
mariage.
Il sourit, brusquement amusé.
— Non !
— Si vous me touchez de
nouveau, dit-elle tandis qu’il
démarrait, je partirai, même s’il faut
quitter Wilderness à la nage. Est-ce
clair ?
— Comme je vous l’ai dit,
répondit-il froidement, notre
mariage doit sembler parfaitement
normal aux yeux de tous. Les gens
s’a t t e n d r o n t à quelques
manifestations de tendresse entre
nous, mais nos contacts se
limiteront à cela. Et n’ayez crainte,
je ne romprai pas ma promesse.
Une poupée de bois n’a rien de très
inspirant, aussi n’avez-vous rien à
redouter.
— Philip ! gémit-elle.
— Non, tu es sous ma
responsabilité maintenant.
— Je ne...
— Il y avait un témoin.
— Un témoin ? répéta-t-elle en
frissonnant.
— Non.
— Et sa mère ?
— Mais si ! explosa-t-elle.
Imagine ce qui se passerait si je
portais plainte. Cette histoire
sordide serait dans tous les
journaux du pays. Et quelle aubaine
pour les journalistes quand ils
découvriraient que je suis la fille
d’un pasteur unanimement
respecté !
— Philip !
— Philip a crié ?
Brusquement, de façon
inexplicable, elle éclata en sanglots.
Le lendemain soir, Gabriel revint la
voir. Rebecca essaya de dissimuler à
quel point elle se sentait
brusquement mal à l’aise en sa
compagnie.
— Oh...
— Il a beaucoup de temps à
rattraper !
— Tu as le droit de savoir. Tu es
une Wilder maintenant, tu fais
partie de la famille. Et c’est un
honneur, même s’il peut te sembler
un peu douteux.
— Tu comprends maintenant à
quel point cet enfant a besoin de
toi, conclut Gabriel.
Il se leva brusquement.
— Oui. Gabriel...
Il se retourna.
— Tiens-moi au courant.
— M’amuse ? répéta-t-elle.
— Tu ne l’ouvres pas ?
— Gabriel... commença-t-elle,
embarrassée.
— Tu pourras le laisser ici en
partant si tu veux, coupa-t-il.
— Comment l’aurait-il pu ? A
ce tte époque, il ne l’avait encore
jamais vue.
— Redresse-toi, je vais te
l’attacher.
— En effet.
Il soupira tristement.
— Quand tu ét a i s à l’hôpital,
reprit-il, je t’ai dit que lorsque tu
serais prêt e à parler des raisons
pour lesquelles tu ne veux pas
qu’un homme te touche, je
demanderais une annulation. Tu
t’en souviens ?
— Oui.
— Et... ?
— Eh bien, maintenant si !
— Tu as dû entendre l’avion il y a
quelques minutes ?
— A ton avis ?
— Mais tu... tu m’avais promis !
— Rebecca !
— Allons, remettez-vous.
— Où étais-tu ? demanda-t-elle, le
regard menaçant. Ignores-tu que
n o u s étions morts d’inquiétude ?
Partir ainsi sans un mot ! Tu es... tu
es une brute irresponsable ! Nous
pensions que tu t’ét a i s écrasé au
fond d’un ravin !
Il la secoua brutalement.
— Evidemment !
— De quoi parles-tu ?
— Non, maintenant !
— Naturellement ! répondit-elle.
— Et te souviens-tu de l’état
d’esprit dans lequel tu étais juste
après ?
— Enfin ! s’exclama-t-il.
— Tu es exactement le genre de
femme que je veux, coupa-t-il. Et
que cela te plaise ou non, tu es
mariée avec moi et tu le resteras.
— Mais Victoria...
— Non.
— Non.
— Aimer ! explosa-t-elle. Je
croyais que le dés i r était la seule
émotion que tu connaissais. Tu
m’as dit un jour que tu ne croyais
pas à l’amour... et ne prétends pas
que tu mentais !
— Je me trompais.
Il l’examina attentivement.
— Tu apprendras à m’aimer, je le
jure, murmura-t-il d’une voix
tremblante.
— Comment l’aurais-je pu ? Je
n’osais pas espérer...
— Espèce de... !
— Souviens-toi de ta promesse !
D’ailleurs tu vas t’engager par écrit
tout de suite.
— Je suis timide...
— Rebecca !
— C’est vrai !
— Je t’aime, murmura-t-elle.
— Oh Gabriel, dit-elle en
l’enlaçant, quand ?
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