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Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Cours destiné au cycle ingénieurs

Economie du marché

Introduction à la microéconomie
et à la macroéconomie

Enseignant : Mohamed AZEROUAL

Année universitaire 2016-2017

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Mohamed AZEROUAL Economie du marché

1. Définition de l’économie du marché


Une économie du marché ou une économie capitaliste est un système dans lequel les agents
économiques (ménages, entreprises, administrations publiques, institutions à but non
lucratif et le reste du monde) ont la liberté de vendre et d'acheter des biens, des services et
des capitaux.
On est en économie de marché dès lors que les producteurs cessent de produire
essentiellement pour eux-mêmes et produisent leurs produits pour des consommateurs. Les
producteurs et les consommateurs décident eux-mêmes de ce qu’ils vont offrir et
demander, sans interférence. Donc l’économie de marché est un système d’activités
humaines, d’initiative personnelle, dont la coordination est assurée de
manière décentralisée par les offreurs et les demandeurs, qui se rencontrent librement sur
les marchés pour échanger des biens et des services contre de la monnaie avec un profit
(Bernard Cherlonneix) considéré positivement comme la récompense du risque.
L'échange libre, mécanisme que l'expression de marché illustre, est au centre de la
réflexion des économistes. Les défenseurs de l'économie de marché estiment qu'un tel
« laissez faire » favorise la croissance économique et le bien-être. Une économie de marché
s'oppose à une économie planifiée ou dirigée dans laquelle toutes les grandes décisions sont
prises par l'État (puissance publique).
Dans la plupart des sociétés, l'économie de marché se combine avec des restrictions
imposées par l'État en vue d'un meilleur fonctionnement du marché. Une telle économie
n'est pas incompatible avec l'existence de programmes sociaux et d'un État
interventionniste ou régulateur, à moins que celui-ci ne dépasse une certaine limite. Dans
la plupart des économies de marché, la part la plus importante des biens est régie par
l'économie de marché. Certains secteurs comme l’éducation, la santé, les transports en
commun peuvent cependant être assumés par l'État ou les entreprises étatiques.
Pour Pierre Samuel Dupont de Nemours de l’école physiocrate (l’une des premières des
écoles économiques XVIII siècle) « les fabriques et le commerce ne peuvent fleurir que par
la liberté et par la concurrence, qui dégoûtent des entreprises inconsidérées, et mènent aux
spéculations raisonnables ; qui préviennent les monopoles, qui restreignent à l'avantage du
commerce les gains particuliers des commerçants, qui aiguisent l'industrie, qui simplifient
les machines, qui diminuent les frais onéreux de transport et de magasinage, qui font
baisser le taux de l'intérêt ; et d'où il arrive que les productions de la terre sont à la
première main achetées le plus cher qu'il soit possible au profit des cultivateurs, et
revendues en détail le meilleur marché qu'il soit possible au profit des consommateurs,
pour leurs besoins et leurs jouissances ».
Cela veut dire aussi que l'économie de marché est la combinaison de la liberté et de la
concurrence, et elle assure un équilibre entre offre et demande, production et
consommation, qui conduit à la croissance économique.
L'élément fondateur de l'économie de marché est d'abord la liberté. Parmi les libertés qui
fondent l'économie de marché, il y a celle de détenir : l'économie de marché est une
économie de propriété privée. Par ailleurs, la propriété privée est une composante de la
concurrence. Donc, la concurrence est le second élément essentiel de l'économie de marché.
Une des exigences pour que le marché fonctionne est que l'atomicité soit la plus effective
possible, c'est-à-dire que nul ne puisse modifier le prix à son avantage. C'est la fonction

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première de l'Etat que de favoriser l'atomicité. Il n'est pas là pour produire, mais pour
garantir que les producteurs sont en situation concurrentielle.
2. Les théorèmes fondamentaux de l’économie de marché
2.1. Le théorème de la main invisible d’Adam Smith
La poursuite par chacun de son intérêt propre et la liberté de le faire sont d’intérêt général.
La liberté économique est le fondement de la prospérité des nations. Telle est au fond la
portée de l’argument, qui résume bien « l’enquête sur les causes de la richesse des
nations », souvent perçue comme le point de départ de l’économie politique moderne.
Adam Smith considère ainsi que la poursuite de l'intérêt individuel entraîne pour chacun
un comportement qui a pour effet d'aboutir, au niveau de la nation, à la meilleure
organisation économique possible.
Pour cet auteur, l’égoïsme qui amène chaque individu à améliorer sa situation économique
engendre donc au plan national des effets bénéfiques en réalisant l'intérêt général comme si
les individus étaient "conduits" à leur insu par une "main invisible", véritable mécanisme
autorégulateur du marché qui permet, grâce à la concurrence, une utilisation optimale des
ressources productives. A cet égard, il convient de ne pas faire intervenir l'Etat au niveau
économique pour ne pas perturber cet ordre naturel spontané fondé sur l'intérêt personnel
de chaque individu.
2.2. Le théorème de Jean-Baptiste Say : la loi des débouchés
L’énoncé de cette loi peut être résumé par cette phrase : « c’est la production qui ouvre des
débouchés aux produits ». Une production dès qu’elle est terminée, elle représente un
débouché pour les autres produits, ce qui signifie qu’on échange des produits contre des
produits, en d’autre terme, une personne ne peut demander un produit que si elle a un
autre à en donner en contrepartie. La demande se trouve donc liée à l’offre.
La monnaie n’est qu’un moyen qui facilite la circulation des marchandises, son
insuffisance, c'est-à-dire la faible quantité de monnaie en circulation, ne peut expliquer,
d’après Say, l’insuffisance de la demande par rapport à l’offre. La monnaie n’a aucune
influence sur les phénomènes réels, si on écarte le voile monnaie on se trouve dans une
situation ou l’échange fonctionne sur le modèle d’une économie de troc, et par conséquent
en se trouve en présence d’une économie réelle.
Pour Say, la monnaie est neutre, elle n’est pas recherchée pour elle-même, elle n’est pas
thésaurisée.
Say rejette toute idée de surproduction générale. D’après Say, il ne peut y avoir que des
situations de surproduction partielle, donc de crise partielle. Ces dernières sont passagères,
elles finissent par se résorbés grâce au fonctionnement du marché et de la libre
concurrence. Say a écrit « des marchandises qui ne se vendent pas ou qui se vendent à
perte, excèdent la sommes des besoins qu’on a de ces marchandises, soit parce qu’on a
produit des quantités trop considérables, soit plutôt parce que d’autres productions ont
soufferts ».
Les surproductions partielles peuvent être causées par la réalisation de certaines
productions sans tenir compte des besoins existants ou par une insuffisance de la
production dans certains secteurs qui auraient pu servir de débouchés pour la production
réalisée.

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2. Les différents courants de la pensée économique


2.1. Courant libéral
2.1.1. Les classiques : défense du libre-échange et du libéralisme économique
Pour les économistes classiques, les lois de l'économie marchande, comme les lois de la
physique, relèvent de forces naturelles régies par une "main invisible". Le marché et le
libre-échange assurent naturellement l'efficacité de la production, la satisfaction des
besoins du plus grand nombre possible d'individus et la dynamique de la société à
condition de ne pas être perturbés par des interventions de l'État. Répartition des
richesses, croissance économique et croissance démographique s'harmonisent par le libre-
échange dont les vertus s'étendent aux échanges internationaux.
Principaux auteurs :
▪ Adam Smith (1723-1790), le père de l' "économie politique", est écossais. Son
ouvrage « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776 »
analyse les premiers temps de la révolution industrielle : organisation de la
production, progrès technique, dynamique de l'industrie, nécessité des échanges.
Adam Smith voit dans le travail la source de la valeur et dans la division du travail
un multiplicateur d'efficacité " L'opulence naît de la division du travail".
A ce sujet Smith écrit : « II faut observer que le mot valeur a deux significations
différentes; quelquefois il signifie l'utilité d'un objet particulier, et quelquefois il signifie la
faculté que donne la possession de cet objet d'en acheter d'autres marchandises. On peut
appeler l'une, valeur en usage, et l'autre, valeur en échange ».
Pour Smith, la valeur d’usage est mesurée par l’utilité d’un bien et la valeur d’échange
signifie la valeur relative à chaque bien sur le marché.
Cependant, Smith souligne « le paradoxe de la valeur », certains biens sont très utiles et
peu cher (exp de l’eau) et d’autres sont inutiles et très cher (exp du diamant). Smith,
considère que « le travail est la mesure réelle de la valeur échangeable de toute
marchandise». Cela veut dire que la valeur d'un bien est égale à la quantité de travail que
cette marchandise peut acheter ou commander.
▪ David Ricardo (1772 – 1823) économiste anglais, auteur du « Principe de
l’économie politique et de l’impôt, 1817 ». Il analyse la répartition des revenus
(salaire, profit, rente foncière). Mais sa contribution la plus importante tient dans
sa théorie des avantages comparatifs " qui constituent encore aujourd'hui une
référence clé de l'analyse libérale en faveur du libre-échange et de la spécialisation
internationale.
Pour Ricardo, la valeur d'un bien est égale, non à la quantité de travail qu'il peut
commander, mais à la quantité de travail, direct et indirect, nécessaire à sa fabrication (le
travail « incorporé » dans le processus de production). Le travail direct correspond au
travail effectivement dépensé dans la production de la marchandise et le travail indirect
correspondant au travail préalablement dépensé dans la fabrication des moyens de
production.
▪ Jean-Baptiste Say (1767 – 1832), auteur de l’ouvrage « Traité d’économie
politique, 1803 ». Il s'oppose à tout dirigisme perturbateur de l'équilibre naturel des
marchés. Sa "loi des débouchés" assure que les produits s'échangent contre des

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produits" et suppose que la monnaie est neutre et n'a qu'une simple fonction
d'intermédiaire des échanges.
▪ John Stuart Mill (1806-1873), économiste anglais, auteur des « Principes
d'économie politique (1848) », affine la théorie des échanges internationaux de
David Ricardo.
▪ Thomas Rober Malthus (1766-1834), économiste anglais, produit son célèbre
« Essai sur le principe de population en 1798 ». Il est surtout connu pour ses
travaux sur les rapports entre les dynamiques de croissance de la population et la
production, analysés dans une perspective « pessimiste », totalement opposée à
l'idée de Smith d'un équilibre harmonieux et stable. Il prédit mathématiquement
que sans freins, la population augmente de façon exponentielle ou géométrique
tandis que les ressources ne croissent que de façon arithmétique. Il en conclut le
caractère inévitable de catastrophes démographiques, à moins de limiter la
croissance de la population.
2.1.2. Les néoclassiques : Analyse microéconomique, le marché est le mode de régulation le
plus optimal
L’école néoclassique est un courant de pensée économique qui naît dans la seconde moitié
du XIXe siècle (1870) et se termine avec les thèses de Keynes. On les nomme
néoclassiques, car ces auteurs reprennent les idées essentielles des classiques : économie de
marché, libre concurrence et libre-échange, intervention limitée de l'État. Mais leur apport
est considérable : chaque individu, acteur économique de base, est réputé rationnel dans sa
recherche d'une satisfaction ou d'un profit maximal (Homo oeconomicus).
Le libre jeu de chaque acteur conduit à l'équilibre de l'offre et de la demande sur les
marchés et à la meilleure affectation possible des ressources disponibles. Tous les marchés
étant interdépendants, offres et demandes de chaque marché participent à la réalisation de
l'équilibre général, c'est-à-dire à l'équilibre de l'ensemble des marchés.
L’Ecole néoclassique emploie une base microéconomique fondée sur l’individualisme
méthodologique : elle analyse les comportements des individus et en déduit des
phénomènes collectifs, notamment l’offre, la demande et l’équilibre sur le marché.
Auteurs et écoles :
Dans les années 1870, trois économistes développent le concept d’utilité marginale. Ils sont
à la base d’un courant de pensée économique, le marginalisme, et sont considérés comme
les fondateurs de l’Ecole néoclassique.
▪ L’anglais William Stanley Jevons (1835-1882) publie en 1871 « Théorie de
l’économie politique ». Il propose une version utilitariste du marginalisme. Il est à
l’origine de la théorie de l’équilibre partiel. Ses successeurs à l’Ecole de Cambridge
sont Alfred Marshall, Arthur Cecil Pigou et Francis Edgeworth.
▪ L’autrichien Carl Menger (1840-1921), basé à Vienne, est l’auteur de « Fondements
de l’économie politique » (1871). On lui doit la version psychologique du
marginalisme: la théorie subjective de la valeur se base sur les motivations
psychologiques des individus. Il est le père de l’Ecole autrichienne, dont les
principaux représentants seront Eugen von Böhm-Bawerk et Friedrich von Wieser,
puis Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek.

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▪ Le français Léon Walras (1834-1919) écrit en 1873 « Éléments d’économie politique


pure ». Il propose une version mathématique du marginalisme et élabore un modèle
d’équilibre général. Son successeur à l’Ecole de Lausanne est Vilfredo Pareto.
2.1.3. Les néolibéraux : Démontrent l’inefficacité des politiques macroéconomiques1
Initialement formulée pendant les années 1940 et 1960, cette doctrine a pris de l'essor au
milieu des années 1970 lorsque des formations politiques conservatrices vont utiliser ses
principes en vue de les transformer en programmes politiques (Thatcher au Royaume-Uni
et Reagan aux États-Unis, par exemple). Friedrich August von Hayek et Milton Friedman
constituent les deux principaux intellectuels associés à ce courant idéologique.
Sans ménagement, le néolibéralisme est critique de l'interventionnisme étatique ou de
l'État providence. L'analyse repose sur l'idée que la grande dépression des années 1930 n'a
pas été causée par le capitalisme mais par les premières interventions de l'État qui
auraient perverti les mécanismes de l'économie de marché (Hayek, La route de la servitude).
Encore plus sévère à l'endroit des régimes socialistes et communistes, cette doctrine
soutient qu'une société planifiée, dominée par l'État, courait inévitablement à sa perte,
autant politiquement qu'économiquement.
Pour les tenants du néolibéralisme, la libre compétition des agents économiques animés
par la recherche du profit constitue le seul vrai moteur du développement économique
national et international. Loin d'intervenir comme agent économique, l'État doit favoriser
la libre concurrence et opter pour une politique de laisser-faire.
Le néolibéralisme ne propose pas d'éliminer l'État mais d'en réduire la taille. Friedman a
d'ailleurs écrit: «L'existence d'un marché libre n'élimine évidemment pas le besoin de
gouvernement. Au contraire, le gouvernement est essentiel, à la fois comme forum pour
déterminer les «règles du jeu» et comme arbitre pour interpréter et faire respecter les règles
qui ont été adoptées.» Selon cette conception, celui-ci doit jouer un rôle limité et laisser
une large place au marché. Friedman écrit encore en paraphrasant Adam Smith, le
fondateur du libéralisme économique: «La main invisible du marché a plus fait pour le
progrès que la main visible de l'État pour le retour en arrière». Ou encore: «La concurrence
du marché, quand on la laisse fonctionner, protège le consommateur mieux que tous les
mécanismes gouvernementaux venus successivement se superposer au marché».
2.2. Courant marxiste
2.2.1. Karl Marx
La pensée de Marx (1818-1883) est une pensée pluridisciplinaire, c’est une pensée totale,
elle est à la fois philosophique, historique, politique, sociologique et économique, c’est un
système, un tout ou il est difficile de séparer les différentes composantes, c'est-à-dire il est
difficile de séparer l’économique du politique ou le philosophique de l’historique etc.
Il inscrit ses analyses dans le contexte d'un capitalisme industriel naissant et se
développant par une exploitation systématique de la force de travail des ouvriers. Cette
oppression ne pourra prendre fin que dans une autre organisation sociale : la société
communiste. Son œuvre majeure, Le capital, se veut "une critique de l'économie
politique".
Principaux apports de la pensée de K. Marx :

1 «Perspective monde», http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1609

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▪ Sur la valeur : K. Marx reprend et prolonge les raisonnements d'A. Smith et de D.


Ricardo sur le travail comme origine de la valeur. Il s'attache, d'autre part, à
démontrer que le régime de propriété privée des moyens de production permet aux
capitalistes qui les possèdent de confisquer la valeur économique créée par les
travailleurs : la plus-value, spoliation des travailleurs, est la source du profit des
entreprises.
▪ Sur les contradictions du système capitaliste : les crises sont inéluctables. Les
travailleurs constituent une charge pour les capitalistes qui tentent de réduire en
permanence leurs rémunérations (thèse de la paupérisation). Mais ces travailleurs
appauvris ne peuvent plus assurer les débouchés indispensables à la
commercialisation de la production. La crise guette en permanence. Par ailleurs, et
bien plus grave pour le système, la concurrence de plus en plus exacerbée débouche
sur une tendance permanente à la " baisse des taux de profit ". Le système ne
pourra échapper à cette " crise finale ".
2.2.2. Economie du développement
L’« économie du développement », est une branche autonomisée de l’économie générale
s’efforçant d’étudier comment un pays pauvre peut « se développer », trouve ses origines
modernes dans les décennies 1940-1950. Elle surgit d’une double différenciation : vis-à-vis
de l’économie néoclassique standard, par le rejet des vertus du marché et des gains
systématiques du commerce international, comme aussi vis-à-vis de l’économie
keynésienne (dominante sur la période 1945-1975 environ), par la critique de
l’inadéquation de son analyse du chômage et de la croissance de court terme aux
problèmes structurels rencontrés par la plupart des pays (colonisés).
Les principaux partisans de ce courant sont Samir Amine (1931) et Amartya Sen (1933).
« Cette génération d'économistes défend l'idée essentielle selon laquelle la dépendance, loin
d'en être un effet, est la source même du sous-développement et de sa reproduction. En
combinant la détérioration des termes de l'échange avec le transfert ou le prélèvement de
surplus de valeur créé dans la « périphérie » par le « centre » , ces auteurs induisent le
caractère fondamentalement inégal du commerce international entre pays développés et
pays en voie de développement. Ainsi, parce qu'inégales, les spécialisations inspirées par
les vertus de l'équivalence réciproque des échanges, des avantages comparatifs ou des
dotations factorielles, s'avèrent être l'expression de l'exercice de la domination des pays
industrialisés et de l'exploitation des pays sous-développés à travers le commerce
international et la colonisation »2.
2.2.3. Théorie de la régulation
La théorie de la régulation est une approche hétérodoxe de l'économie qui s'est développée
en France dans les années 70 autour des travaux de Michel Aglietta, Robert Boyer et
Alain Lipietz. Cette théorie se présente comme une concurrente directe de la théorie de
l'équilibre général constitutive du paradigme néo-classique. Dans cette théorie, le concept
de régulation se substitue au concept d'équilibre qui repose sur l'hypothèse d'individus
existant indépendamment de tout lien social et désigne les règles qui régissent
l'organisation institutionnelle de la production. Les régulationnistes s’intéressent aux
facteurs de déstabilisation lors d’une crise. Ils recherchent quelle configuration

2Cité par Roberson Edouard (2008), « Le développement inégal et la production des conditions de vie : Le
cas des Inuit de l'Arctique canadien », p. 80-81.

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institutionnelle a permis de surmonter les crises. L’étude porte sur l’État-nation car les
institutions sont largement déterminées dans le cadre de l’espace national.
Dans la théorie de la régulation, les rapports sociaux sont considérés comme
fondamentaux pour comprendre l'évolution des sociétés. En ce sens, cette théorie souligne
sa filiation avec l'analyse marxiste traditionnelle. Elle élargit son champ et ses méthodes
en utilisant des outils disponibles dans d'autres disciplines telles que l'histoire, la sociologie,
le droit ou encore la philosophie; elle s'ouvre également à d'autres courants de pensée tels
que la macroéconomie keynésienne.
2.3. Courant Keynésien
2.3.1. John Maynard Keynes
La publication en 1936 de l'ouvrage majeur « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et
de la monnaie », en pleine crise économique, marque le début de ce qui sera appelé la "
révolution keynésienne ".
Loin de rejeter l'économie de marché, J. M. Keynes (1883-1946) prétend, au contraire, lui
apporter "un peu d'oxygène" et sauver au moins temporairement une économie en grave
difficulté.

Les apports décisifs de la pensée de Keynes sont :


▪ La monnaie n'est pas neutre : son rôle ne peut se réduire à celui d'un simple
lubrifiant car elle influence fortement le niveau des prix, le niveau de la production
et le niveau de l'emploi ;
▪ Les acteurs économiques ne peuvent être parfaitement rationnels, y compris dans
leurs anticipations, car le futur reste toujours incertain ;
▪ Le fonctionnement économique est animé d'une logique propre qui dépasse
l'addition des comportements individuels. Cette logique peut être approchée par
l'analyse des macroquantités (les agrégats) caractéristiques d'une économie. À ce
titre, J. M. Keynes est considéré comme le fondateur de la macroéconomie et sa
pensée a été déterminante dans la création des comptabilités nationales ;
▪ L'économie de marché ne peut assurer, par les seules vertus du libéralisme,
l'équilibre économique. Particulièrement, le plein-emploi ne peut apparaître comme
la seule résultante des forces du marché. L'intervention de l'État apparaît
nécessaire pour réguler la demande globale et l'amener à un niveau compatible avec
le plein-emploi. Cet interventionnisme inspirera la plupart des politiques
économiques de 1945 à 1970.
2.3.2. Post-Keynésiens : Encadrement nécessaire du capitalisme (Nicholas Kaldor 1908 –
1986)
Le post-keynésianisme est un courant de pensée économique développé à partir des années
1930 en Angleterre et aux États-Unis. Il se présente comme le courant le plus proche des
idées de Keynes. Les post-keynésiens prennent une position radicalement opposée à celle
de l'économie néo-classique. Pour eux l'interventionnisme étatique est favorisé par rapport
au marché libre.
2.3.3. Néo-Kéynésiens : Analysent les dysfonctionnements microéconomiques du marché
(Robert Solow 1924, Robert Mundell 1932, Joseph Stiglitz 1943, Paul Krugman 1953)

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Le néokeynésianisme est une école d'économie parmi les plus importantes. Son objectif est
de réaliser la synthèse entre les néoclassiques et les idées de Keynes, dont le keynésianisme
est inspiré. Les tenants de cette école, appelés néokeynésiens, sont cependant considérés
comme proches des néoclassiques dont ils s'inspirent largement.
Les nouveaux keynésiens contrairement à la nouvelle économie classique ne croient pas
que les marchés s'équilibrent rapidement en suivant la loi de l'offre et de la demande. En
effet, pour eux, les salaires et les prix ne sont pas flexibles mais visqueux. Cette viscosité
est liée pour eux à des imperfections de l'information. Leur optique n'est pas tant de
substituer l'État au marché que de trouver les moyens d'améliorer le fonctionnement de
l'économie.

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I / Introduction à l’analyse micro-économique


La microéconomie est la branche de la science économique qui analyse les phénomènes et
les comportements économiques des agents économiques individuels (consommateurs et
entreprises) et leurs choix dans le domaine de la production, de la consommation, de la
fixation des prix et des revenus ainsi que leurs relations sur les différents marchés où
s’échangent les produits et les facteurs de production. Elle permet donc d’observer les
phénomènes économiques au niveau des unités élémentaires de production (entreprises) ou
de consommation (ménages). Elle est le champ privilégié de la théorie néo-classique.
Les consommateurs sont principalement perçus comme des offreurs de travail et des
demandeurs de produits alors que les entreprises sont décrites essentiellement comme
demandeurs de ressources notamment sous forme de travail et offreurs de produits finis et
de biens intermédiaires.
La microéconomie étudie plus particulièrement comment ces agents économiques
déterminent leurs choix en fonction de leurs revenus et des informations transmises par
l'environnement pour constituer un marché donné. Elle est fondée sur le principe de
rationalité des agents, ce qui suppose l'existence d'objectifs déterminés. Elle s'intéresse
alors aux moyens choisis par les agents pour atteindre ces objectifs.
Chapitre 1. La théorie du choix du consommateur
1. Définitions fondamentales
La consommation : La consommation est l’acte de l'utilisation ou de transformation de
biens et de ressources. Pour la satisfaction des besoins ou des désirs humains, on parle de la
consommation finale (la consommation de nourriture, des boissons…). Dans le cas de la
réalisation d'autres produits ou services par les entreprises, il s’agit de la consommation
intermédiaire (la consommation de matières premières, l'énergie...).
Les besoins : Un besoin est, pour les êtres vivants, une sensation de manque, de privation,
d'insatisfaction qui les pousse à accomplir des actes perçus comme nécessaires, voire
indispensables. Le but de ces actes est de faire disparaître cette sensation de manque : la
satisfaction du besoin.
On distingue généralement les besoins primaires qui relèvent de la physiologie élémentaire
et de la sécurité (besoin de se nourrir, de se vêtir et de se loger…) et les besoins secondaires
qui reflètent l’état d’une société et la personnalité propre des individus (besoin de prestige,
d’estime, de pouvoir, d’accomplissement, etc.).
Selon Maslow, la classification des besoins est basée sur l’hypothèse d’une hiérarchie de
besoin.
▪ Besoin d’accomplissement de désir : Avoir faim, avoir soif ;
▪ Besoin d’estime : Abri, protection physique et morale, besoin relatif à la sécurité, à
la santé ;
▪ Besoin d’appartenance et d’affection : Famille, amis ;
▪ Besoin de sécurité : Prestige, réussite, besoin de reconnaissance, d’être respecté,
d’avoir un rang social ;
▪ Besoin physiologique : Maîtriser, comprendre, s’exprimer, se dépasser.., besoin de
dépassement de soi, de valeur personnelle, de sentir la vie, de repousser ses limites.
Les besoins sont classés également selon la manière dont ils sont satisfaits. Les besoins
individuels sont l’initiative des individus (habillement, alimentation…) et les besoins
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collectifs sont généralement indivis et destinés à la collectivité (éclairage public, jardins


publics, écoles, hôpitaux…).
Les besoins économiques présentent les caractéristiques suivantes :
▪ Les besoins sont illimités : ils sont largement dépendants du niveau de vie d’une
personne, de sa culture et son histoire, de l’espace dont il se trouve, de la publicité,
de l’évolution technologique…
▪ Les besoins sont concurrents : il est difficile de satisfaire tous les besoins d’où la
nécessité de faire des choix selon les priorités de tout un chacun.
Les biens : Un bien est une chose utilisable pour satisfaire un besoin ou un désir. Entendu
le plus souvent comme étant une chose concrète et physiquement tangible, il se différencie
du service qui par opposition est dit « intangible ». Cependant, en microéconomie, la
notion de bien peut recouvrir les deux notions de bien et de service.
Les biens se caractérisent par la rareté, l’utilité et la disponibilité. Un bien économique est
rare, car la quantité disponible est inférieure aux besoins exprimés. Un bien économique
est utile, car il permet de satisfaire un besoin. Un bien disponible est un bien qui existe et
qui est accessible à celui qui en exprime le besoin.
Les biens sont classés :
➢ Selon leur durée :
▪ Les biens durables : sont ceux dont la durée d’utilisation est assez longue.
Exemple : Une habitation, une route.
▪ Bien non durable : ce sont ceux qui disparaissent au cour de leur première
utilisation ou consommation. Exemple : La farine dans la fabrication du pain.
➢ Selon leur utilisation :
▪ Les biens substituables : On dit que deux biens sont substituables lorsqu’on peut
remplacer l’un par une autre.
▪ Les biens complémentaires : Deux biens sont dit complémentaires lorsque leur
utilisation est indispensable à la satisfaction des besoins. Exemple : La voiture et le
carburant.
➢ Selon leur nature :
▪ Les biens matériels : sont des biens physiques, concrets (voiture par exemple).
▪ Les biens immatériels : sont des biens qui n’ont pas un caractère tangible, donc
sous forme de prestations de services (enseignement, coiffure, consultation
médicale).
On distingue aussi les biens libres des biens économiques. Les premiers sont généralement
abondants et gratuit et ne nécessitent pas un travail pour les obtenir (l’aire). Les seconds
sont le résultat de l’activité économique et le fruit du travail de l’homme (la farine, les
vêtements).
2. Introduction à la notion de l’utilité
L’utilité est l’aptitude ou la capacité que possède un bien à satisfaire un besoin. L’utilité
traduit la satisfaction qu’une personne retire de la consommation d’un bien ou d’un
service. Il faut signaler que l'utilité est subjective et difficilement mesurable.
Les néoclassiques de la fin du XIXème siècle (Jevons, Menger, Walras…) ont développé
une théorie dans laquelle l’individu rationnel est supposé recherché le maximum de
satisfaction ou d’utilité. On suppose d’abord que l’individu est capable de mesurer par un

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indice quantitatif précis l’utilité qu’il procure de la consommation d’un bien. C’est
l’approche cardinale.
Au début du XX siècle, Pareto développe la théorie des courbes d’indifférence. Cette
théorie suppose que l’individu ne mesure plus le niveau d’utilité mais seulement qu'il est
possible d'ordonner les satisfactions retirées de deux paniers différents de consommation.
C’est l’approche ordinale.
2.1. La fonction d’utilité
Le niveau de U dépend de la quantité du bien X : U est fonction de X : U=U(X).
Pour deux biens X et Y, le niveau de satisfaction dépend de la quantité consommée du
bien X et de celle consommée du bien Y : U = U (X, Y).
U est le niveau de satisfaction ou d’utilité ; X est la quantité consommée du bien X ; Y est
la quantité consommée du bien Y.
2.2. L’utilité marginale
L’utilité marginale d’un bien X notée Um(X) est le supplément d’utilité procuré par la
consommation d’une unité supplémentaire de ce bien.
L’utilité marginale d’un bien est l’augmentation de l’utilité totale obtenue à partir de la
consommation d’une unité additionnelle de ce bien, si la consommation des autres biens
demeure inchangée. Donc plus on augmente la consommation d’un bien, plus son utilité
marginale à tendance à baisser (La loi des utilités marginales décroissantes ou loi de
Gossen), donc chaque unité supplémentaire possède une utilité inférieure à celle de l’unité
précédente (il y a une relation inverse entre la quantité consommée et l’utilité marginale).
Illustration :
Quantité consommée Unité marginale Unité totale
1 6 6
2 4 10
3 2 12
Saturation 4 0 saturations 12
Considérant que les quantités consommées sont des oranges, dès le moment qu’on passe de
la consommation d’une orange à deux oranges, la variation de l’utilité totale est de 4
(10-6). Donc 4 est l’utilité marginale. Elle reflète l’utilité de la dernière orange consommée.
Elle est le rapport entre de la variation de l’utilité totale et de la variation des quantités
consommées du bien X.
Um(X) =  UT /  X = (10 – 6) / (2 – 1) = 4
2.3. L’utilité totale
L’utilité totale notée UT d’un bien X mesure la satisfaction globale que l’individu retire de
la consommation de ce bien. L’utilité totale procurée par un bien est celle que retire
l’individu du choix d’une certaine quantité de ce bien. L’utilité totale d’un bien varie en
fonction de la quantité qui est choisie. Elle est la somme des utilités marginales des
quantités consommées.
UT = Um1 + Um2 + Um3 + Um4…. + Umn

12
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

2.4. Représentation graphique de l’utilité totale et marginale

UT Saturation

Quantité X

Um

Quantité X
L’utilité totale atteint son maximum au point de satiété, c'est-à-dire au point de
saturation du consommateur. A ce point, l’utilité marginale devient nulle et toute unité
additionnelle de consommation n’augmente plus la satisfaction.
Si la consommation de X est poussée au-delà du point de saturation, l’utilité marginale
devient négative et l’utilité totale baisse.
3. Comportement du consommateur
Par hypothèse, le consommateur cherche à maximiser son utilité U (x).
Comme pour l’entreprise, on admet les trois hypothèses qui déterminent le comportement
du consommateur dans une économie de marché.
Hypothèse 1. (Information parfaite). Le consommateur a une information parfaite sur les
prix p et sur ses préférences U (x).
Hypothèse 2. (Rationalité parfaite). Le consommateur est capable de résoudre sans coût
n’importe quel problème d’optimisation sous contrainte.
Hypothèse 3. (Concurrence parfaite). Le consommateur considère le vecteur de prix « p »
comme une donnée et pense pouvoir vendre ou acheter aux prix « p » n’importe quelle
quantité.
4. La contrainte budgétaire et l’équilibre du consommateur
La fonction objective du consommateur est de maximiser son utilité, c’est à dire sa
satisfaction. Donc, l’équilibre du consommateur se réalise lorsque l’utilité totale est la plus
élevée possible (lorsqu’on se situe sur la courbe d’indifférence la plus élevée possible), sous
la contrainte du revenu.
L’utilité est une fonction des quantités consommées. Supposons que le consommateur
achète deux biens X et Y. La fonction d’utilité que le consommateur rationnel doit
maximiser s’écrit : U = U (X,Y).

13
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Contrainte budgétaire
Le consommateur doit choisir une combinaison parmi l’ensemble des combinaisons qui
sont possibles compte tenu de son revenu (R) et des prix des biens de consommation. Le
revenu est déterminé sur le marché de travail. Les prix des biens sont déterminés sur le
marché des biens et services. Donc le revenu et les prix des biens sont des variables
exogènes, qui s’imposent au consommateur comme des contraintes au moment des choix.
Prenons le cas de deux biens de consommation : X1 et X2. Leurs prix sont respectivement
P1 et P2. Le revenu du consommateur est R.
Si le consommateur achète le panier X = (X1, X2), nous pouvons facilement calculer les
dépenses correspondantes : X1*P1 exprime les dépenses en bien X1 et X2*P2 constitue les
dépenses en bien X2.
La contrainte budgétaire est donc la relation : X1*P1 + X2*P2 ≤ R
Tous les paniers vérifiant cette contrainte forment l’ensemble de budget du
consommateur.
Propriétés de l’ensemble budgétaire
La droite de budget ou du revenu est l’ensemble des paniers (X1, X2) qui coûtent
exactement R : X1*P1 + X2*P2 = R
Pour déterminer la droite du budget, on calcule R/P1 et R/P2.
Donc la contrainte de budget peut s’écrire : X2 =R/P2 −P1/P2*X1
▪ Pour X1 = 0 alors X2 =R/P2 : tout le revenu est consacré au bien 2.
▪ Pour X2 = 0 alors X1 =R/P1 : tout le revenu est consacré au bien 1.
▪ La pente de la droite de budget est –P1/P2, elle reflète le taux auquel le marché est
prêt à substituer le bien x au bien y. Elle nous donne le nombre d’unités de bien 2
que le consommateur peut acheter en sacrifiant une unité de bien 1. S’il économise
une unité de 1, il économise une somme P1. S’il consacre cette somme à l’achat de
bien 2.
X2 tel que P2X2 = P1 ⇔ X2 = P1/P2 : C’est donc la valeur d’une unité de bien 1 en
termes d’unités de bien 2.
Exemple : P1 = 4, P2 = 1 ⇒ P1/P2 = 4 : une unité de 1 vaut 4 unités de 2 du point de vue
du marché.
C’est donc la valeur relative du bien 1 par rapport au bien 2, mais du point de vue du
marché (c’est un prix relatif).
Si le consommateur veut consommer une unité de bien 1 en plus sans dépenser plus, il doit
diminuer sa consommation du bien 2 de P1/P2 unités. Pour une unité de 1 en plus, le
consommateur doit consommer 4 unités de 2 en moins.

14
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

X2

R/P2

Droite de budget X2 = -(P1/P2) X1 + R/P2


Ensemble donc la pente =  X2 /  X1 = -P1/P2
Budgétaire (EB)

Maximum possible = R/P1 X1


Tous les paniers situés en dessous de la droite de budget sont accessibles au consommateur.
Par contre, le consommateur n’a pas les moyens d’acheter les paniers situés en dessus de la
DB. Le problème du consommateur est de choisir parmi les paniers qui lui sont accessibles
et lui permettent de maximiser son utilité.
Contrairement à l’ensemble budgétaire, l’ensemble de consommation contient les paniers
de biens accessibles à l’individu compte tenu de son pouvoir d’achat et de toutes les
contraintes qui lui sont imposées par son environnement : contraintes imposées par l’Etat
(contingentement de certains produits), contrainte de disponibilité des biens, contraintes
naturelles. L’ensemble de consommation est dans ces conditions, un sous-ensemble de
l’ensemble budgétaire.
X2

R/P2

Ensemble
de consommation Cette partie de l’EB n’est pas accessible
à l’individu

Maximum possible = R/P1 X1


La notion de préférence
Soit A et B deux paniers de consommation, on distingue :
▪ La relation de préférence stricte : Le panier X est strictement préféré au panier Y.
▪ La relation d’indifférence : Le consommateur est indifférent entre la consommation
du panier X ou Y quand ils lui procurent la même satisfaction.
La notion de rationalité
Les agents sont dits rationnels, s’ils sont capables de faire le meilleur choix possible en
respectant les contraintes qui s'imposent à eux.

15
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Donc la rationalité est définie comme3 l’adaptation des moyens aux fins « les hommes
agissent en adaptant leurs moyens à leurs fins ». « Les hommes agissent d’une manière qui
s’accorde à leurs désirs et à leurs croyances ». « Les hommes agissent suivant des raisons.
Par « raisons », c’est à dire des considérations qui peuvent servir à justifier l’action
effectuée ».
Tout consommateur dont le comportement satisfait les 3 axiomes suivants est supposé
rationnel :
▪ L’axiome de totalité : Tout consommateur est capable de comparer tout panier de
biens à un autre de l’ensemble de consommation. Il n’y a pas de panier inclassable
par le consommateur. Le consommateur doit pouvoir comparer les 2 paniers X et
Y: X>=Y ; Y>=X.
▪ L’axiome de réflexivité : Tout panier est indifférent à lui-même: X>=X.
▪ L’axiome de transitivité : La relation de préférence est transitive, ce qui pourrait
conduire à des situations de préférences suivantes: (X>=Y et Y>=Z) ⇒
X>=Z.
La notion de courbe et de carte d’indifférence
Le consommateur peut sacrifier une quantité d’un bien contre plus d'un autre bien et
garder le même niveau de satisfaction. Par exemple, il peut accepter d'avoir 1 kg de beurre
de moins pour 2 litres de lait de plus, étant donné que les biens sont substituables entre
eux du point de vue de leur faculté de procurer de la satisfaction au consommateur.
La courbe d’indifférence représente l’ensemble des combinaisons possibles de
consommation de 2 biens X1 et X2 qui procure la même satisfaction. La courbe
d’indifférence étant une représentation de tous les paniers considérés par le consommateur
comme équivalents, donc satisfaisant la même utilité.
L'ensemble des courbes d'indifférence d'un même consommateur forment sa carte
d'indifférence.

X2 X2

X1 C1
X2 C0
C0 C2

X1 X1
Courbe d’indifférence Carte d’indifférence

3Mongin Philippe (2002), « Le principe de rationalité et l'unité des sciences sociales », Revue économique, n°
2, Vol. 53, p. 301-323.

16
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Parce que les courbes d’indifférence représentent les préférences du consommateur, elles
ont certaines propriétés qui reflètent ces préférences. Considérons quatre propriétés qui
caractérisent la plupart des courbes d’indifférence.
▪ Propriété 1 : les courbes d’indifférence élevées sont préférées aux courbes
d’indifférence basses. Les consommateurs préfèrent généralement avoir plus de
biens que moins de biens. Les courbes d’indifférence élevées représentent de plus
grandes quantités de biens que les courbes d’indifférence basses. En conséquence, le
consommateur préfère choisir un point situé sur une courbe d’indifférence élevée
plutôt qu’un point situé sur une courbe d’indifférence basse ;
▪ Propriété 2 : les courbes d’indifférence sont à pente négative. La pente d’une
courbe d’indifférence reflète le taux auquel un consommateur est prêt à échanger
un bien pour un autre. Dans la plupart des cas, le consommateur désire consommer
les deux biens. En conséquence, si la quantité consommée d’un bien est en baisse, le
consommateur doit augmenter la quantité consommée de l’autre bien afin de
maintenir son degré de satisfaction. C’est la raison pour laquelle les courbes
d’indifférence sont à pente négative et sont décroissantes ;
▪ Propriété 3 : les courbes d’indifférence ne peuvent se croiser ;
▪ Propriété 4 : les courbes d’indifférence sont convexes par rapport à l’origine. La
pente d’une courbe d’indifférence est le taux marginal de substitution.
La forme d’une courbe d’indifférence nous renseigne sur la quantité donnée que le
consommateur est prêt à céder d’un bien afin d’obtenir une quantité donnée de l’autre
bien. Cependant, il existe quelques cas particuliers de préférences :
▪ Parfaits substituts : Le consommateur est disposé à substituer un bien à l’autre à
un taux constant. Exemple : stylo rouge et stylo vert. Cas le plus simple : taux de 1
pour 1.
Sylo vert

CI

Stylo rouge
▪ Parfaits compléments : Biens qui sont consommés ensemble dans des proportions
fixes. Exemple : chaussure droite et chaussure gauche.

Chaussure droite

CI

Chaussure gauche

17
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

▪ Les biens neutres : Biens dont la quantité disponible n’influence aucunement le


niveau de satisfaction du consommateur. Exemple : Si le consommateur est neutre
vis-à-vis du Coca.
Coca (bien neutre)
CI

Thé (bien désirable)


▪ Les préférences concaves : Il existe des biens que l’individu ne peut pas consommer
simultanément compte tenu de leur nature ou de leur goût. C’est le cas de la
combinaison de la glace et la soupe. Dans ce cas, la courbe d’indifférence du
consommateur est concave par rapport à l’origine des axes.

X2

B X1
Le point A qui est un point de tangence entre une courbe d’indifférence et la droite
de budget. Il ne correspond pas à un choix optimal pour le consommateur car il est
possible pour lui d’acheter le panier B qui se situe sur une courbe d’indifférence
supérieure. L’équilibre qui est donc réalisé au point B est une solution au coin en ce
que X1* = R/P1 et X2* = 0.
Le taux marginal de substitution TMS
Le TMS mesure la quantité supplémentaire nécessaire de Y pour compenser une perte
d’une unité infiniment petite de X. Le TMS est un indicateur psychologique qui montre
comment l’individu acceptera de substituer du bien X à du bien Y. Il n’y a pas de prix
pour les biens, le consommateur troque un bien contre un autre.

18
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Le taux marginal de substitution est le rapport des deux variations de l’utilité entraînées
par le changement du panier. TMS =  X2 /  X1 = - UmX1/UmX2

X2
10 A
TMS (A,B) = (6-10)/(2-1) = -4
6 B
TMS (B,C) = (3-6)/(3-2) = -3
3 C

1 2 3 X1
Le TMS X1X2 entre les points A et B égale (6-10)/(2-1) = - 4 et le TMS X1X2 entre les points
B et C égale (3-6)/(3-2) = - 3. Le TMS est négatif et correspond à la pente de la tangente
sur la courbe d’indifférence. Ce taux est évidement négatif puisqu’il y a substitution
(augmentation d’un bien contre le sacrifice d’un autre), mais le signe négatif de la formule
permet d’avoir des valeurs positives.
A mesure que la consommation de bien X2 diminue et celle de X1 croit, le consommateur
est de moins en moins prêt à sacrifier le bien X2 en supplément pour obtenir plus de X1.
En se déplaçant du haut vers le bas, c'est-à-dire de A à C, la pente de la courbe diminue et
on passe des combinaisons de biens X1X2 où le bien X2 est abondant et le bien X1 est rare
à des combinaisons où le bien X2 devient rare et le bien X1 abondant.
L’équilibre du consommateur : La notion du choix optimal du consommateur
Le panier est le choix optimal du consommateur se situe au point de tangence entre une
courbe d’indifférence la plus élevée et la droite de budget. En ce point de tangence entre la
courbe d’indifférence et la droite budgétaire, la pente de la courbe d’indifférence (dy / dx)
et celle de la droite budgétaire (- Px / Py) sont confondues.

X2 DB

X*2 Optimum
CI

X*1 X1
On en déduit qu’à l’équilibre (ou à l’optimum), le rapport des utilités marginales est égal
au rapport des prix : Umx/Umy = Px/Py, ou encore que les utilités marginales divisées par
les prix sont égales : Um (X) / Px = Um (Y) / Py.
Il faut noter qu’à l’optimum, la pente de la courbe d’indifférence est égale à la pente de la
contrainte budgétaire. La courbe d’indifférence est dite tangente à la contrainte

19
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

budgétaire. La pente de la courbe d’indifférence est le taux marginal de substitution entre


le bien X1 et X2 alors que la pente de la contrainte budgétaire reflète le prix relatif du
bien X1 et X2. En somme, la combinaison des deux biens qui est choisie par le
consommateur à l’optimum est celle où le taux marginal de substitution est égal au prix
relatif.
Illustration :
Considérons un consommateur, dont la fonction d’utilité est U(x,y) avec un budget de 200
DH consacré à l’achat des biens x et y avec px = 5 DH et py = 10 DH.
L’équilibre du consommateur peut être obtenir en utilisant deux méthodes :
La méthode par dérivation et par substitution
U(x,y) = xy
R= px*x+py*y
Nous disposons de deux équations fondamentales à savoir :
1) U= xy
2) R = 5x + 10y = 200
En exprimant y par rapport à x dans l’équation 2 nous avons:
y = 200 – 5x/10 = 20 –x/2, en remplaçant y dans la fonction U, nous avons :
U = xy = x (20 –x/2) = 20 x –x2/2
U’ = f’(x) = 20 – 2x/2 = 20 – x = 0
Condition de 1er ordre pour la maximisation : U’ = 0, d’où, x = 20
Par ailleurs, nous avons, y = 20 –x/2, donc y = 10
La méthode de lagrange
La fonction du multiplicateur de lagrange est la suivante :
 ( x , y ,  ) = f (x,y) +  (R – x px – y py)
= xy +  (200 – 5x – 10y)
= xy +  200 –  5x –  10y
Pour déterminer les conditions d’un extrêmum, il faut annuler les drivées partielles :
 ' x( x , y ,  ) = y – 5  = 0
 ' y( x , y ,  ) = x - 10  = 0
 '  ( x , y ,  ) = 200 – 5x – 10y = 0
La résolution de de ce système à trois équations et la suivante :
y = 5  et x = 10  y/x = 5  /10  x = 2y
Or, si x = 2y et 200 – 5x – 10y = 0 x = 20 et y = 10
Il y a extremum pour les quantités : x = 20 et y = 10 (même résultats trouvés par la
première méthode).

20
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

5. Effet de substitution et effet de revenu


L’effet de substitution est l’effet dû uniquement à la variation relative des prix. La baisse
de prix du bien X incite le consommateur à substituer du bien X au bien Y. Le bien X est
relativement moins cher, donc le consommateur achète plus de X et mois de Y.
L’effet de revenu est l’effet dû à la variation du revenu réel. Pour un revenu nominal
inchangé, la baisse du prix augmente le pouvoir d’achat, ce qui entraine, par conséquent,
un changement de la contrainte budgétaire. Cela constitue une raison supplémentaire
d’acheter non seulement plus de X mais aussi plus de Y.
L’effet total : dans le cas du bien X, l’effet de revenu et l’effet de substitution vont dans le
même sens, donc le consommateur achète plus de X. Concernant le cas du bien Y, l’effet de
revenu et l’effet de substitution vont dans des directions opposées, donc l’effet total sur la
consommation du bien Y est incertain.
I2
X
Nouvelle contrainte budgétaire
I1 C (Nouvel optimum)
ER B
ES A (Optimum initial)
Contrainte budgétaire initiale

ES Y
ER
Ce graphique illustre l’effet de revenu et l’effet de substitution. Suite de la baisse du prix
du bien X, le consommateur passe du point A (optimum initial) au point C (nouvel
optimum). Ce changement s’est opéré en deux temps. Le consommateur s’est d’abord
déplacé le long de la courbe d’indifférence I1, passant du point A au point B. Le
consommateur ressent le même degré de satisfaction avec l’un ou l’autre de ces points.
Cependant, le taux marginal de substitution du point B reflète le nouveau prix relatif. La
ligne pointillée qui traverse le point B reflète le nouveau prix relatif en étant parallèle à la
nouvelle contrainte budgétaire.
Dans un second temps, le consommateur se déplace sur une courbe d’indifférence plus
élevée I2 en passant du point B au point C. Le taux marginal de substitution du point B et
du point C est identique même si ces points sont situés sur des courbes d’indifférence
différentes. Autrement dit, la pente de la courbe d’indifférence I1 au point B est identique
à la pente de la courbe d’indifférence I2 au point C.
6. La fonction de la demande : élasticité revenu-prix
La demande d’un bien ou d’un service sur un marché exprime le nombre d’unités de ce
bien qu’un individu est disposé à acquérir au cours d’une période donnée.
Elle dépend de plusieurs facteurs comme le revenu du consommateur, les prix des produits,
les quantités des produits, les goûts des consommateurs…

21
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

La fonction de la demande s’écrit de la manière suivante :


D = f (R, P, Q, G…)
La fonction de la demande est souvent une fonction décroissante du prix. Cependant, il
existe des exceptions comme :
✓ les biens de Veblen (les produits de luxe qui sont liés à un phénomène de prestige,
exp le parfum) ;
✓ les biens inférieurs et le paradoxe de Giffen : il se manifeste pour un bien dont la
quantité varie dans le même sens que son prix.
Effet d’une variation du revenu : la courbe de consommation-revenu
Lorsque le revenu d’un individu varie et les autres variables : prix, quantités et goûts
inchangés, l’individu se déplace sur une autre droite du budget parallèle à celle sur laquelle
il se trouvait au départ.
Illustration 1
▪ La modification du revenu : R devient R’. Deux cas sont envisagés
R<R’ R>R’
X2 X2
R’/P2

R/P2 R/P2

R’/P2

R/P1 R’/P1 X1 R’/P1 R/P1 X1

Dans le cas d’une variation du revenu à la hausse, la droite du budget du consommateur se


déplace vers l’extérieur, alors que dans le cas d’une baisse elle se déplace vers l’origine.

22
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

La partie supérieure désigne la courbe de consommation par rapport au revenu. Elle


représente l’ensemble des points d’équilibre obtenus avec différentes valeurs du budget, les
autres paramètres intervenant dans l’équilibre étant inchangé ; les différentes droites de
budget sont des parallèles (pente=-rapport des prix).
A chaque niveau de revenu, il existe un point d’équilibre pour lequel une courbe
d’indifférence est tangente à la droite du budget en question. Ce point correspond au
meilleur choix possible pour ce niveau de revenu, c’est ainsi que le consommateur
maximise sa consommation en ce point.
La partie en bas désigne la fonction de demande marshallienne (liaison inverse entre les
quantités et prix) montrant les différents points d’équilibre pour un niveau du prix
inchangé.
A l’aide du graphique ci-dessus, on arrive à montrer qu’un accroissement du revenu du
consommateur entraîne un accroissement de la quantité demandée du bien 1.
La courbe d’Engel : représente la relation entre les quantités consommées et le revenu, elle
matérialise l’effet qu’exerce une variation du revenu sur les quantités consommées d’un
seul bien par unité de temps.
Revenu
Courbe d’Engel

30

20

10

5 10 15 Produit X

23
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

La courbe d’Engel montre qu’à mesure que le revenu du consommateur croit, la quantité
demandée du produit X évolue également.
La courbe d’Engel a une pente positive, l’élasticité-revenu est positive, donc X est un bien
normal.
Lorsque la courbe d’Engel présente une pente négative, le bien est un bien inférieur.

Revenu

30 Bien inférieur

20

10 Bien normal

5 10 15 Produit X

Effet d’une variation des prix : la courbe de consommation-prix


Si le revenu nominal reste inchangé et les prix varient, la droite du budget se déplace vers
l’extérieur ou vers l’origine selon le sens de la variation du prix (augmentation ou
diminution).
Illustration 2
▪ La modification du prix : P1 devient P’1. Deux cas sont envisagés

P1<P’1 P1>P’1
X2 X2
R/P2

R/P2

R/P’1 R/P1 X1 R/P1 R/P’1 X1

La courbe de consommation-prix réuni les points d’équilibre du consommateur lorsque le


prix d’un produit acheté varie. Cette courbe indique également comment les achats du
consommateur changent suite à une variation d’un prix, le revenu nominal, les autres prix
et les gouts restent stables.
Lorsque le prix du bien 1 baisse alors que celui du bien 2 est maintenu inchangé et que le
revenu du consommateur demeure le même, on assiste à un pivotement vers l’extérieur de
la droite de budget. Ce déplacement suppose un élargissement des possibilités d’action du

24
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

consommateur (accroissement du pouvoir d’achat). Le consommateur devrait à cet effet


améliorer son niveau de vie en passant sur une courbe d’indifférence supérieure (passage
deU0 à U1 et passage deU1 à U2) (voir graphique ci-dessous).

Les points représentant le choix optimal associé aux niveaux successifs du prix qui change,
transcrits sur le graphe des quantités consommées du bien pour différents niveaux de prix.
L’effet de la variation du prix peut se décomposé en effet-revenu (en considérant que la
baisse du prix engendre une augmentation du pouvoir d’achat) et en effet de substitution
(étant donné que la demande du consommateur se déplace d’un bien vers l’autre).
La partie en bas désigne la courbe de la demande (Marshall) : elle est décroissante en
fonction du prix.

25
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Exercices du chapitre 1
Exercice 1 : Un individu mesure la satisfaction que lui procure la consommation de deux
biens X et Y. Le tableau suivant présente, pour chacun des deux biens, la valeur de
l’utilité totale en fonction de la quantité consommée, avec :
x et y : respectivement, nombres d’unités des biens X et Y.
Ux et Uy : respectivement, utilité totale de X et utilité totale de Y.
Quantités x et y Ux Uy
0 0 0
1 8 12
2 14 22
3 19 28
4 22 32
5 22 32
1- A partir des données du tableau, calculer et représenter sur un graphique les utilités
totales et marginales des biens X et Y.
2- Le consommateur qui affecte la totalité de son budget nominal R, à l’acquisition des
biens X et Y, veut maximiser sa satisfaction, sachant que les biens X et Y ont le même
prix unitaire égal à 5 dirhams (Px = Py = 5 dirhams) et que R = 25 dirhams, quelle
combinaison de quantités des deux biens le consommateur doit-il choisir pour maximiser
son utilité totale ?
3- Déterminer les combinaisons possibles pour le consommateur sachant que Px = 2
dirhams, Py = 4 dirhams et que le revenu nominal est égal à 20 dirhams. Déterminer
également l’équilibre ou le choix optimal du consommateur.
Solution :
1-Par définition, l’utilité marginal est le rapport entre de la variation de l’utilité totale et
de la variation des quantités consommées du bien X.
Considérons le bien X : pour x = 1 ⇒ Ux = 8 et pour x = 2 ⇒ Ux = 14.
Quand la quantité augmente d’une unité à partir de x = 1, l’utilité totale de X augmente
d’une valeur Umx =  Ux /  x = 14-8/2-1 = 6.
Le tableau suivant regroupe les valeurs des utilités marginales des biens X et Y.
Quantités x et y Ux Umx Uy Umy
0 0 0
1 8 8 12 12
2 14 6 22 10
3 19 5 28 6
4 22 3 32 4
5 22 0 32 0

26
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

UT (x,y)
Um (x,y) 30 Uy

20 Ux

10

5 Umy
Umx
0 1 2 3 4 5 x,y
On remarque que l’utilité marginale est décroissante pour chacun des deux biens. Cela
veut dire que les Umx et Umy diminuent quand respectivement les quantités de biens x et
y augmentent (pour le consommateur et pour chacun des biens, le gain de satisfaction est
de moins en moins important au fur et à mesure que la quantité augmente).
2-Les biens X et Y ayant le même prix (Px = Py = 5 dirhams), 5 dirhams de revenu
permettent aussi bien d’acheter une unité de X qu’une unité de Y, chacune de ces unités se
différenciant de l’autre par l’utilité que leur reconnaît le consommateur.
Afin de choisir la combinaison (x, y) lui assurant le maximum d’utilité totale Uxy, le
consommateur raisonne « à la marge » en comparant le gain de satisfaction attaché à
chaque unité supplémentaire de chacun des deux biens. En d’autres termes, le
consommateur compare les utilités marginales de X et de Y, soit respectivement Umx et
Umy.
Unités successives de biens choisies par le consommateur
Unités x Umx Unité y Umy
1 8 1 12
2 6 2 10
3 6
La première unité de bien choisie est une première unité de y à laquelle est associée une
utilité marginale (Umy = 12) supérieure à celle qui est associée à une première unité de x
(Umx = 8). La deuxième unité choisie est encore une unité de y ; l’utilité marginale d’une
deuxième unité de y (Umx = 10) est en effet supérieure à celle d’une première unité de x
(Umx = 8). Tant que son revenu n’est pas totalement dépensé, le consommateur poursuit
sa comparaison des utilités marginales associées aux unités supplémentaires successives.
La satisfaction totale est maximale quand Umx = Umy = 6 donc x = 2 et y = 3, pour une
dépense de : 5(2 + 3) = 25 dirhams.
La satisfaction totale Uxy ne peut qu’être maximale dans la mesure où elle est égale à la
somme des utilités marginales des unités successives choisies des biens. Comme l’indique le

27
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

tableau suivant, la combinaison (x = 2 ; y = 3) rapporte au consommateur une utilité


totale maximale. Uxy 42 (en effet, Uxy = Ux + Uy = SUmx + SUmy = 14 + 28 = 42)
3-Les prix des biens étant différents, le consommateur doit comparer l’utilité marginale du
bien X à l’utilité marginale du bien Y, pondérées par les prix. La satisfaction est maximale
lorsque l’utilité marginale du dirham dépensé pour le bien X est égale à l’utilité marginale
du dirham dépensé pour Y.
Unités x Umx Umx/2 Unités y Umy Umy/4
0 0 0 0 0 0
1 8 4 1 12 3
2 6 3 2 10 2,5
3 5 2,5 3 6 1,5
4 3 1,5 4 4 1
5 0 0 5 0 0
L’individu doit tenir compte de sa contrainte budgétaire, il ne peut effectuer son choix que
parmi l’ensemble des combinaisons qui épuisent son revenu de 20 dirhams.
Le consommateur choisit les combinaisons où les utilités marginales pondérées sont égales
(voir le tableau ci-dessus). Les combinaisons sont les suivantes : U1 (x=2 ; y=1),
U2 (x=3 ; y=2) et U3 (x=4 ; y=3).
L’équilibre du consommateur ou son choix optimal est U3 (x=4 ; y=3).
Exercice 2 : soit la fonction U(x,y) = xy ; le revenu du consommateur intégralement
dépensé est égale à 20 DH avec le prix de x et y successivement de 2 DH et 4 DH.
Déterminer l’équilibre ou l’optimum du consommateur ?
Solution :
La méthode par dérivation et par substitution
U(x,y) = xy
R= px*x+py*y
Nous disposons de deux équations fondamentales à savoir :
1) U= xy
2) R = 2x + 4y = 20
En exprimant y par rapport à x dans l’équation 2 nous avons:
y = 5 – x/2 en remplaçant y dans la fonction U, nous avons :
U = xy = x (5 –x/2) = 5 x –x2/2
U’ = f’(x) = 5 – 2x/2 = 5 – x = 0
Condition de 1er ordre pour la maximisation : U’ = 0, d’où, x = 5
Par ailleurs, nous avons, y = 5 –x/2, donc y = 2,5
La méthode de lagrange
La fonction du multiplicateur de lagrange est la suivante :

28
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

 ( x , y ,  ) = f (x,y) +  (R – x px – y py)
= xy +  (20 – 2x – 4y)
= xy +  20 –  2x –  4y
Pour déterminer les conditions d’un extremum, il faut annuler les drivées partielles :
 ' x( x , y ,  ) = y – 2  = 0
 ' y( x , y ,  ) = x - 4  = 0
 '  ( x , y ,  ) = 20 – 2x – 4y = 0
La résolution de de ce système à trois équations et la suivante :
y = 2  et x = 4  y/x = 2  /4  x = 2y
Or, si x = 2y et 20 – 2x – 4y = 0 x = 5 et y = 2,5
Il y a extremum pour les quantités : x = 5 et y = 2,5 (même résultats trouvés par la
première méthode).
Exercice 3 : Considérons la demande du bien X exprimée en fonction du revenu du
consommateur. Le tableau suivant indique les coordonnées des points connus de la courbe
représentative de la demande.
Revenu 10 18 30 40 50
Unités de X demandées 4 8 10 18 22
A B C D E
1- Représenter graphiquement la courbe de demande du bien X.
2- Mesurer l’élasticité-revenu de la demande entre les points A, B, C, D et E de sa courbe
représentative.
Solution :
1. La quantité demandée x est une fonction croissante du revenu.

Demande individuelle en fonction du revenu


R

50 E
40 D x=f(R)
30 C
20 B
10 A

4 8 10 18 22 X

29
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

2. L’élasticité-revenu de la demande mesure le degré de réaction de la demande à une


variation du revenu du consommateur, entre deux points d’une courbe de demande, elle
est égale au rapport suivant : er =  X/X /  R/R
Remarque : le coefficient d’élasticité variant le long d’une courbe de demande, sa mesure
entre deux points de la courbe n’a de signification que si les points sont peu éloignés les
uns des autres (petits accroissements du revenu).
Donc l’élasticité-revenu entre les points A(R = 10 ; x = 4) et B(R = 20 ; x = 8)
Entre A et B : er = 8-4/4/18-10/10 = 1,25
Entre B et C : er = 10-8/8/30-20/20 = 0,5
Entre C et D : er = 18-10/10/40-30/30 = 0,6
Entre D et E : er = 22-18/18/50-40/40 = 0,88
La valeur de l’élasticité-revenu permet de définir la catégorie de biens à laquelle
appartient le bien considéré, pour un niveau donné du revenu.
- L’élasticité-revenu est toujours positive : la demande du bien augmente avec le revenu du
consommateur.
- Entre les points A et B, le revenu augmente de 10 dirhams à 18 dirhams, er = 1,25, la
quantité demandée croit proportionnellement plus que le revenu du consommateur, le bien
X peut être classé dans la catégorie des « biens de luxe ».
- Entre les points B, C, D et E de la courbe de demande, 0 < er <1, la quantité demandée
croit proportionnellement moins que le revenu, le bien X devient un « bien normal ».
Exercice 4 : Soit un consommateur ayant une préférence pour la consommation de deux
biens. Attribuez à cet agent une fonction d’utilité. Quelle sera l’utilité de ce consommateur
s’il achète un panier de biens composé de 10 unités de bien x et de 2 unités de bien y.
Calculez son Taux Marginal de Substitution (TMS).
Corrigé :
U(X, Y) = X. Y
U (10, 2) = 20
U’X(X,Y) = Y => U’X(10,2) = 2
U’Y(X,Y) = X => U’Y(10,2) = 10
TMS = - (U’X / U’Y) => TMS (10,2) = -2/10
Le TMS correspond à la quantité de biens Y que le consommateur est prêt à céder pour
acquérir une unité supplémentaire de biens X et obtenir ainsi le même niveau d’utilité.
Dans notre cas, au point (10,2), le consommateur dispose de beaucoup d’unités de biens X
et de peu d’unité de biens Y. Par conséquent, le consommateur valorise beaucoup plus le
bien Y que le bien X. L’utilité perçue par le consommateur d’une unité supplémentaire de
biens Y (=utilité marginale du bien Y) est beaucoup plus forte que l’utilité perçue par le
consommateur d’une unité supplémentaire de bien X (=utilité marginal du bien X). Le
consommateur sera donc prêt à céder une quantité très faible (2/10 = 0,2) de bien Y pour
acquérir une unité supplémentaire de bien X.

30
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Représentation graphique de la situation :

2 Pente = -1/5 = TMS

10 X
Exercice 5 : Un consommateur procède au classement suivant entre 6 paniers de deux
biens X et Y : il préfère strictement le panier (6 ; 46) au panier (13 ; 13). Il est indifférent
entre (5 ; 12) et (12 ; 5). Il préfère strictement le panier (13 ; 13) au panier (8 ; 43). Il
préfère strictement le panier (8 ; 43) au panier (8 ; 46). Peut-on considérer que le
classement de ce consommateur est rationnel ? Argumentez votre réponse.
Corrigé :
(6 ; 46) > (13 ; 13) > (8 ; 43) > (8 ; 46) => (8 ; 43) > (8 ; 46) => Le consommateur préfère
un panier qui contient moins d’unité de biens Y (43<46). Si nous considérons qu’il n’existe
pas d’effet de satiété pour le bien Y, l’agent apparaît alors irrationnel.

Exercice 6 : Soit un consommateur dont la relation de préférence est présentée par la


fonction d’utilité suivante : U(x, y) = x + 5y. Le revenu du consommateur est égal à 10.
1) Déterminer l’équation des courbes d’indifférence associées aux niveaux d’utilité U1 =
10 ; U2 = 20 et U3 = 25. Tracer ces courbes d’indifférence et commenter.
2) Calculer les utilités marginales et le TMS du bien Y au bien X.
3) Ecrire l’équation de la droite de budget en notant px et py les prix respectifs des biens
X et Y. Déterminer sa pente. Sachant que px = py = 4, tracer la droite de budget.
Corrigé :
1) U(x, y) = x + 5y
U1 = 10 => x + 5y = 10 => y = 2-(x/5) ; x = 10-5y
U2 = 20 => x + 5y = 20 => y = 4-(x/5) ; x = 20-5y
U3 = 25 => x + 5y = 25 => y = 5-(x/5) ; x = 25-5y
Représentation graphique :

Y
5 U3
4 U2

2 U1

10 20 25 X

31
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

2) U(x, y) = x + 5y
TMS =  Y /  X = - Umx/Umy
U’x = 1 et U’y = 5 => TMS = 2-4/20-10 = -1/5
Les utilités marginales sont constantes. Le TMS est identique en tout point (x,y).
Autrement dit, l’utilité d’une unité supplémentaire de bien X et de bien Y est la même
pour le consommateur quel que soit la quantité de bien X et Y dont il dispose déjà. Par
conséquent, il sera toujours prêt à céder la même quantité de biens Y (1/5) pour acquérir
une unité de bien X (et rester sur la même courbe d’indifférence).
3) Equation de la droite de budget :
10 = xpx + ypy => y = (10 – xpx) /py.
La pente de la droite de budget est donc : -(px/py)
px = py = 4 => pente de la droite de budget = -1

5 U3
4 U2 Pente -1
(R/Py)=2,5
2 U1 Pente -1/5

(R/Px)=2,5 10 20 25 X

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Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Chapitre 2. Analyse du comportement du producteur


1. Définitions fondamentales
La production : La fonction première de l'entreprise est de produire des biens ou des
services (appelés extrants ou outputs) destinés à être vendus sur le marché à un prix
couvrant au moins ses coûts de production. La production de ces outputs nécessite la
combinaison d’un ensemble de facteurs de production (appelés intrants ou inputs).
En tant que producteur, l’entreprise est confrontée à la limite des facteurs de production.
Les ressources étant donc rares, il est nécessaire de les employer d’une manière efficace.
Autrement, il s’agit de définir l’allocation optimale des ressources rares et de choisir la
combinaison qui permet d’atteindre l’optimum de production.
A l’instar du consommateur qui cherche à maximiser son utilité, le producteur à également
un comportement rationnel qui cherche la maximisation de son profit en minimisant ses
coûts de production.
Cependant, la firme se distingue du consommateur par le fait qu’elle achète des facteurs de
production pour les transformer en d’autres biens et services grâce à sa technologie. Elle
est donc du côté de la demande sur les marchés des facteurs de production et du coté de
l’offre sur le marché du bien final qu’elle produit. On peut représenter le fonctionnement
de la firme selon le schéma suivant :

Facteurs de production : Outputs :


Fonction de production
KF, M 1ères, T, KH Biens et services

Les facteurs de production : On recense généralement trois principaux facteurs à savoir le


facteur naturel, le facteur travail et le facteur capital.
- Le facteur naturel : il englobe la terre et les différentes ressources naturelles ;
- Le facteur travail : ensemble des activités économiques manuelles et intellectuelles
organisées et coordonnées servant à produire des biens et des services ;
- Le facteur capital : il est utilisé dans le processus de production sous forme à la fois de
capital fixe, capital technique, capital circulant, capital immatériel…
Certains facteurs de production sont fixes, d’autres sont variables. Ainsi, les équipements
comme les bâtiments ou les machines d’une usine (le capital de l’entreprise) et la terre
correspondent à des facteurs fixes, tandis que la main d’œuvre et les matières premières
sont des facteurs variables.
De même, les facteurs de production peuvent être complémentaires (agencés dans les
mêmes proportions) ou substituables (remplacer une quantité d’un des facteurs par une
quantité supplémentaire de l’autre tout en maintenant le même niveau de production).
Rémunération des facteurs :
- La rente : rémunère la propriété foncière (la terre);
- Le salaire : rémunère la force de travail ;
- L’intérêt : rémunère les capitaux empruntés auprès des institutions financières ;
- Le profit : rémunère la mise en œuvre des moyens de production (capitaux fixes et
circulants).

33
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

2. La fonction de production
La fonction de production décrit généralement la relation entre les quantités produites (Q)
et les unités de facteurs utilisées dans le processus de production à savoir le travail (L) et le
capital (K). Cette relation est mathématiquement exprimée à l’aide d’une fonction de
production de type Cobb-Douglass, notée : Q = f (K, L).
Les hypothèses de la production sont les suivantes :
- La rationalité : pour l’entrepreneur, ce qui compte, ce n’est pas seulement le profit,
mais ce qui lui apportera la dernière unité produite par rapport à ce qu’elle lui coutera ;
- L’homogénéité : les facteurs de production sont considérés homogène, c'est-à-dire qu’ils
ne sont pas différenciés avec une qualité plus ou moins constante ;
- La divisibilité : les facteurs de production sont considérés comme indéfiniment
divisibles ;
- L’adaptabilité : les facteurs de production s’adaptent à n’importe quel type de
production ;
- La concurrence parfaite : les prix sont le fruit du libre marché ;
- La fonction de production est une fonction continue monotone, admettant des drivées
partielles continues du 1er et du 2ème ordre.

2.1. La productivité à court terme


Dans le court terme, on considère que le facteur capital (K) est fixe car ce n’est pas du jour
au lendemain qu’une entreprise peut revoir ses équipements ou sa capacité installée. Seul
le facteur travail (L) peut varier dans le court terme. Nous pouvons donc calculer :
La productivité totale qui représente la quantité produite à l’aide de l’ensemble des
facteurs utilisés : PT = Q = f (K, L).
La productivité moyenne qui renseigne sur la contribution de chaque unité du facteur
variable utilisé dans la production totale : PM = PT/L
La productivité marginale qui détermine la production supplémentaire suite à l’utilisation
d’une unité de plus du facteur de production : Pm =  PT /  L
La Pm égale la PM lorsque la PM est maximale, c'est-à-dire quand sa drivée première
s’annule.
Illustration
Capital (K) Travail (L) Productivité Productivité Productivité
totale (Q) moyenne (PM) marginale (Pm)
1 0 0 0 ---
1 1 2 2 2
1 2 9 4,5 7
1 3 15 5 6
1 4 20 5 5
1 5 22 4,4 2
1 6 22 3,6 0

34
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Représentation graphique
PT, PM, Pm
25 Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Au point A : la productivité
marginale du facteur variable
C PT atteint son maximum. Ce
point correspond à un lieu
20 B géométrique où la droite
reliant l’origine des axes et le
point maximum C, coupe la
courbe de produit total.
15
Au point B : la productivité
moyenne atteint son
maximum et croise la courbe
10 A de la productivité marginale.
Au point C : la productivité
totale atteint son maximum.
5 PM A ce point, la productivité
marginale s’annule.
Pm

0 1 2 3 4 5 6 L
Commentaires
Niveau 1 débute de 0 jusqu’au point d’intersection entre la PM et la Pm. A ce point, on
observe que la productivité totale est croissante avec la quantité de travail utilisée. Ainsi,
jusqu’à quatre unités de travail, chaque unité a une productivité marginale croissante. On
dira alors que les rendements d’échelle sont croissants et la firme a intérêt à embaucher de
plus en plus de facteur travail. D’ailleurs, on remarque que la productivité marginale croît
au début mais elle commence à décroître, ce qui signifie que chaque unité supplémentaire
d’input implique une augmentation de plus en plus faible de la production. Néanmoins ces
contributions restent positives. A cet effet, lorsque la productivité marginale du travail est
supérieure au coût du travail (salaire), on considère que l’entreprise réalise des gains de
productivité. Ces gains sont l’origine, entre autres, de l’amélioration de la qualité ou de
l’intensité du travail, du progrès technique, de la quantité de facteur capital mis à la
disposition du travailleur etc.
Par ailleurs, la productivité moyenne augmente d’abord et reste stable ensuite jusqu’à
l’emploi du 4ème ouvrier, ce qui signifie qu’au fur et à mesure qu’on augmente la
production, les unités supplémentaires d’input contribuent de plus en plus faiblement à la
production.
Niveau 2 se situe entre le point maximum de la PM (point d’intersection entre la PM et la
Pm) et le point maximum de la PT (point où la Pm devient nulle). On constate donc qu’à
partir de L = 4, la productivité marginale devient décroissante. On dit alors que les
rendements sont décroissants. Il est de moins en moins intéressant d’embaucher du travail
supplémentaire. Ainsi, l’entreprise va déterminer la quantité de travail optimale à
embaucher.
Niveau 3 commence à partir du point où la Pm devient nulle, soit au-delà du 6ème salarié.
A partir de ces constats, l’entreprise a intérêt à produire dans le 2ème niveau où la
production est efficiente. Le niveau efficient est donc celui où la Pm doit être positive et
évolue à un rythme décroissant. dPT/dL = PmL > 0 ; d2PT/d2L = dPmL/dL<0.

35
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Par contre l’entreprise n’a pas intérêt à produire dans les niveaux 1 et 3. Au niveau 1, il y
a un manque à gagner étant donné que tout salarié supplémentaire produit plus que la
productivité moyenne. Ceci suppose que dans la phase 1, le facteur fixe est sous-exploité or
la rareté des ressources nous impose de ne pas gaspiller. L’utilisation du facteur fixe
devient optimale du moment où la Pm du travail atteint son maximum et devient égal à la
PM. Il en est de même pour le niveau 3, car à ce niveau il y a une perte du fait qu’à partir
de l’embouche du 6ème ouvrier, la productivité marginale du travail devient négative et la
PT commence à baisser.
2.2. La productivité à long terme
Contrairement au court terme, à long terme aucun facteur de production ne peut être fixe.
L’entreprise choisie entre les combinaisons, de facteurs de production, qu’elle juge efficace
pour l’amélioration de son rendement. Si le facteur travail et capital sont substituables,
l’entreprise peut réaliser un même niveau de production en se servant de plusieurs
combinaisons de ces inputs.

k’’ A

Courbe d’isoquants
k’ B

l’ l’’ L
Les combinaisons A et B ne sont pas identiques mais puisque elles se situent sur le même
isoquant (iso-produit), elles donnent lieu à une même production. On remarque qu’en se
déplaçant du haut vers le bas de la courbe, on substitue du travail au capital de telle
manière que la production reste inchangée.
Il y a lieu de signaler que les isoquants expriment la rationalité du producteur et disposent
des mêmes caractéristiques que les courbes d’indifférences :
▪ Elles ont une pente négative ;
▪ Elles sont convexes ;
▪ Elles ne se coupent jamais.
Etant donné que sur l’isoquant, le niveau de production est constant, on peut écrire :
Q = f(L,K).
Le taux marginal de substitution technique (TMST), qui mesure les choix technologiques,
est défini comme étant le rapport des productivités marginales des deux inputs, soit :
TMST LK =  K /  L = PmL/PmK

36
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Le TMST exprime donc le taux auquel une unité de travail peut remplacer une unité de
capital.
Le TMST peut s’interprété comme la pente menée à un point précis de l’isoquant.
Lorsqu’on passe de A à B, on constate que la pente de l’isoquant décroît.
La contrainte budgétaire ou la droite d’isocoût
La droite d’isocoût englobe les diverses combinaisons possibles (exprimées en valeur) de
facteurs de production correspondant à une enveloppe de coûts donnée.
Soit une entreprise utilisant deux types de facteurs de production (L ; K) et C le coût de
production. On note : C = L*PL + K*PK avec PL et PK successivement prix de facteur L
et K.

Droite d’isocoût

L
L’optimum du producteur : à partir d’une dépense totale, la firme cherche à maximiser sa
production. Donc, elle atteint l’équilibre ou l’optimum lorsque l’isoquant est tangente
avec la droite d’isocoût.
La pente de l’isoquant est égale au rapport des productivités marginales des facteurs
(TMS). La pente de l’isocoût égale au rapport des prix des facteurs (-PL/PK).
On en conclut qu’à l’équilibre le rapport des productivités marginales des facteurs, ou
encore leur TMST est égal au rapport de leur prix. En d’autres termes, c’est démontrer
qu’à l’optimum les productivités marginales des facteurs pondérées par leurs prix sont
égales.

Optimum

37
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

La maximisation de la production
Comme pour le consommateur, le producteur cherche la maximisation de sa production
sous contrainte d’un budget déterminé.
Illustration :
Soit la fonction de production suivante : Q = LK ; D = 20 ; PL = 2 et PK = 4
Calculer la production maximum ?
Nous avons :
Q = LK et 20 = 2L + 4K
Méthode 1 : par dérivation et substitution
L = 20/2 - 2K = 10 – 2K
Q = K (10 - 2K) = 10K - 2K2
Q’ = 10 – 4K = 0 ; K = 2,5 et L = 5 ; donc la production maximum Q = LK = 5*2,5 = 12,5
Méthode 2 : la fonction de lagrange
 ( l , k , ) = LK +  (20-2L-4K) = LK+20  -2L  -4K 
 ' l( l , k , ) = K – 2  = 0 ; K = 2 
 ' k ( l , k , ) = L - 4  = 0 ; L = 4 
 '  ( l , k , ) = 20 – 2L – 4K = 0
L/K = 2 donc L = 2K
20 – 4K – 4K = 20 – 8K = 0 ; donc K = 2,5 et L = 5
Les deux méthodes ont données le même résultat.
Fonctions de production homogènes et rendements d’échelle :
Une fonction à deux variables est homogène de degré m lorsqu’elle vérifie la relation
suivante :  m f (L, K) = f (  L,  K)
Ainsi, en multipliant les variables par le coefficient  , la fonction est multipliée par  m,
m étant le degré d’homogénéité.
Dans ce cas de fonction de production homogène, les rendements d’échelle seront
déterminés par la valeur du degré d’homogénéité.
▪ Si m = 1 : rendements d’échelle constants ;
▪ Si m > 1 : rendements d’échelle croissants ;
▪ Si m < 1 : rendements d’échelle décroissants.
En micro-économie, on utilise souvent des fonctions de production homogène notamment
la fonction de Cobb - Douglas : Y = A Ka Lb
Cette fonction est homogène de degré a + b.
f(  L,  K ) = A (  K)a (  L )b =  a+b A Ka Lb =  a+b f( K, L )
Les rendements d’échelle dépendent ici de la somme a+b :
▪ Si a+b > 1 : rendements d’échelle croissants, la production augmente plus que
proportionnellement à l’accroissement des facteurs ;

38
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

▪ Si a+b = 1 : rendements d’échelle constants, lorsque les facteurs de productions


augmentent dans la même proportion, la production s’accroit dans cette
proportion ;
▪ Si a+b < 1 : rendements d’échelle décroissants, la production augmente moins que
proportionnellement à l’accroissement des facteurs.
Elasticités
Elasticité de substitution entre facteurs de production
L’élasticité de substitution des facteurs mesure le degré de substitution d’un facteur de
production par un autre lorsque les prix relatifs de ces facteurs varient. Elle nous dit de
quelle ampleur le ratio des facteurs utilisés dans le processus de production varie lorsque la
pente de l’isoquant varie. Elle est le rapport de la variation relative des quantités de
facteurs utilisés dans le processus de production sur la variation relative du TMST.
 =  (L/K)/(L/K) =  (L/K)/(L/K)
 (PL/PK)/(PL/PK)  TMST L / K TMST L / K
Plus  est ´élevée, plus les possibilités de substitution entre les facteurs de production
sont grandes.
Elasticité de la production par rapport aux facteurs
Elle mesure le degré de variation de la production par rapport au degré de variation de l’un des
facteurs utilisé.  =  Q/Q
 L/L
3. La fonction des coûts
Pour produire son output Q, l’entreprise doit acheter les inputs X1 et X2 sur le marché des
facteurs respectivement aux prix P1 et P2. Ainsi, on peut définir le coût de production
comme étant la somme des dépenses engagées par le producteur pour générer l’output Q.
Etant donné que l’analyse de la production a été envisagée en fonction de l’horizon
temporel, nous envisagerons aussi l’analyse des coûts en deux temps. La fixité d’un facteur
dans le court terme a des conséquences sur la structure des coûts et même sur les décisions
à prendre par la firme en termes de production.
3.1. Analyse de la fonction des coûts dans le court terme
A court terme, le facteur de production X2 est maintenu constant alors que le facteur X1
est variable. Ainsi, la fonction de coût s’écrira :
CT = P1* X1 + P2*X2 + c ; avec CT : coût total ; P1 et P2 : prix d’achat des facteurs X1
et X2 ; X1 et X2 étant les quantités d’achat des facteurs. Les prix des inputs étant fixés
par le marché, on distingue deux composantes du coût total, à savoir le coût variable et le
coût fixe.
▪ Le coût constant ou le coût fixe : il est le même, quelle que soit la quantité
produite. Il peut s’agir par exemple du remboursement d’un emprunt, de royalties
en rémunération d’un brevet concédé pour une période donnée, ou de
l’amortissement des bâtiments ;
▪ Le coût variable : il varie en fonction de la production. il concerne la rémunération
des facteurs dont on peut se passer quand le niveau de production diminue ou
quand l’activité cesse totalement (matières premières, électricité, travail...).

39
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

▪ Le coût total : il est la somme des deux coûts précédents, Il est normalement
croissant, c’est-à-dire que plus la production est importante, plus le coût est lui-
même important.
L’impact d’une variation du coût total qui serait occasionnée par la production d’une
unité supplémentaire est appelé coût marginal. Donc, le coût marginal est donné par le
rapport suivant : Cm = ΔCT/ΔQ.
Si l’on s’intéresse au coût de production d’une unité d’output, il faut déterminer le coût
moyen CM. Ce dernier n’est rien d’autre que le rapport entre le coût total de production et
la quantité d’output généré, soit : CM = CT/Q.
On peut également définir un coût moyen variable CMV = CV/Q et un coût moyen fixe
CMF = CF/Q. Donc, CM = CMV + CMF.
Représentation graphique
Coûts
Par construction, la distance
CT CV verticale qui sépare la courbe
de coût total de la courbe de
coût variable doit être égale à
la distance qui sépare la
courbe de coût fixe de l’axe
des abscisses.
La courbe de coût variable
commence à l’origine des axes
puisque les coûts variables
dépendent du volume de
CF l’output.
Une quantité nulle de l’output
implique de coûts variables
nuls. Alors que les coûts fixes
sont assumés quel que soit le
Production volume de l’output.

Coûts Il existe une relation entre le


Cm et le CM. Quand ce dernier
Cm est décroissant, cela signifie
que chaque unité nouvelle
CMT coûte moins cher que les
unités antérieures, ou encore
que le Cm soit inférieur au
CM. Inversement, si le CM
CMV croit, il se trouve sous le Cm.
D’où on déduit que le Cm et le
CM sont égaux si ce dernier
est constant, ou s’il est à son
minimum ou à son maximum.
Par définition CM = CT/Q. Ce
dernier atteint son minimum
ou son maximum lorsque sa
dérivée par rapport à Q est
CMF égale à zéro.

Production

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Mohamed AZEROUAL Economie du marché

3.2. Analyse de la fonction des coûts dans le long terme


A long terme, tous les facteurs peuvent être variables. Il n’y a donc ni coût fixe ni facteur
fixe et la fonction de coût devient : C = C(Q).
Sur le long terme, la firme peur ajuster les combinaisons de facteurs pour réaliser chaque
niveau de production avec un minimum de coût.
La courbe de coût moyen à long terme est une courbe enveloppe qui ramasse plusieurs
courbes de coût moyen de courtes périodes.

Coûts

CMCT1 CMCT3
CMCT2 CMLT

Production

La courbe de CMLT indique la façon de produire au coût le plus faible lorsque tous les
facteurs de production sont variables. Ainsi, le fait d’augmenter tous les facteurs de
production permet de minimiser le coût de production total pour atteindre un niveau de
production donné.
A court terme, l´évolution des coûts quand le facteur variable augmente et la quantité de
l’autre facteur reste constante, suggère qu’on peut imaginer plusieurs courbes de coût
moyen correspondant à des niveaux d’équipement en capital différents. Ceci n’a de sens
qu’à court terme, où le facteur capital est fixe.
A long terme, le capital est supposé être ajusté de la manière la plus efficace pour chaque
niveau de production, il n’y a donc qu’une seule courbe de coût moyen à long terme. La
possibilité d’ajuster parfaitement le capital à long terme assure une plus grande efficacité,
ce qui signifie que le coût moyen à long terme est nécessairement inférieur ou au plus égal
au coût moyen à court terme.
Il existe également un coût marginal à long terme, passant par le minimum du coût moyen
à long terme. Il mesure la variation du coût total à long terme par rapport à la variation
unitaire de la production.
3.3. Maximisation du profit
Le but poursuivi par l’entrepreneur n’est pas d’obtenir la production maximale au
minimum de coût, mais de réaliser le plus grand profit possible. Ainsi, le profit est le
résultat de la différence entre les recettes de l’entreprise et les coûts de production.
=R–C
La recette (R) est calculée en multipliant les quantités vendues par le prix de vente :
R = P*Q

41
Mohamed AZEROUAL Economie du marché

Le coût total quant à lui est déterminé de la façon suivante :


C = P1* X1 + P2*X2 + c ; avec P1 et P2 prix d’achat des facteurs X1 et X2 ; X1 et X2
étant les quantités d’achat des facteurs, donc les prix multipliés par les quantités de
facteurs renseignent sur le coût variable et « c » est le coût fixe.
Finalement nous avons :
 = P*Q – (P1* X1 + P2*X2 + c)
Le profit peut s’écrire de la manière suivante :
 = P f(X1, X2) – (P1* X1 + P2*X2 + c)
Le profit est maximum à condition que la dérivée de la fonction de profit soit nulle, cela
signifie que la recette marginale doit être égale au coût marginal : Rm = Cm.
La recette P*Q ne dépend alors, du côté de la firme, que de la quantité produite, elle est
une fonction R(Q), et a pour dérivée le prix p : la recette marginale d’une firme
concurrentielle est le prix de vente.
Du côté coût, pour maximiser le profit, il faut que chaque facteur de production soit
employé jusqu’au moment où sa productivité marginale en valeur égalise le prix d’achat
des facteurs. Le profit est donc fonction de X1 et X2 et il doit être maximisé par rapport à
ces deux variables. Par ailleurs les prix P1 et P2 sont les données.
Condition de 1er ordre :
d  / dX1 = P f’X1 (X1,X2) – P1 = 0
d  / dX2 = P f’X2 (X1,X2) – P2 = 0
Ces deux expressions correspondent à la Pm en valeur des facteurs X1 et X2. Donc on
déduit :
P f’X1 (X1,X2) = P1
P f’X2 (X1,X2) = P2
Condition de 2ème ordre :
d2  / dX21 = P f’’X1 (X1,X2) < 0
d2  / dX22 = P f’’X2 (X1,X2) < 0

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Exercices du chapitre 2
Exercice 1 :
Soit une entreprise dont l’évolution de la production en fonction du nombre d’unités de
travail utilisée est donnée dans le tableau ci-dessous :

L Q PmL PML
0 0 0
1 2 2 2
2 8 6
3 7
4 32 8
5 50 10
6 20 11,66
7 88 18
8 88
9 82
10 70 -12

L et Q sont respectivement le nombre d’unités de travail et la quantité produite. PmL et


PML sont respectivement la productivité marginale et moyenne du travail.

1- Cet exercice se situe-t-il dans une optique de court terme ou de long terme ?
2- Calculez les valeurs manquantes dans le tableau ?
3- représentez graphiquement les résultats du tableau ?
4- Justifiez la position respective des courbes ?
5- Que pensez-vous d’une utilisation de plus de 7 ouvriers ?
Corrigé :
1- Comme on fait varier seulement le facteur L, on se situe dans le court terme.
2- Voir tableau ci-dessous.
L Q PmL PML
0 0 0
1 2 2 2
2 8 6 4
3 15 7 5
4 32 17 8
5 50 18 10
6 70 20 11,66
7 88 18 12,57
8 88 0 11
9 82 -6 9,11
10 70 -12 7

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3- Représentation graphique

PT, PM, Pm

PT

PM
Pm

L
4- Tant que la productivité marginale est supérieure à la moyenne, il est logique que la
moyenne continue d’augmenter. En revanche, dès lors que la marge devient inférieure à
la moyenne, elle fait baisser la moyenne : donc la marge coupe la moyenne à son
maximum.
5- Cela serait irrationnel de la part du producteur car cela entraîne une diminution de la
production.
Exercice 2 :
Soit une entreprise dont la technique de production est déterminée par la fonction de
production suivante :
Q = (K)a (L)b Où Q représente l’output, K et L les quantités de capital et de travail
utilisées. a et b étant des paramètres compris entre 0 et 1.
1- Montrer que si on multiplie toutes les quantités d’input par 2, alors la production est
multipliée par 2a+b.
2- Caractériser alors les rendements d’échelle selon la valeur de (a+b).
3- dans quelle situation se trouve l’entreprise (court terme ou long terme) ?
Corrigé :
1- Si on multiplie toutes les quantités d’input par 2, alors la production est multipliée par
2a+b.
(2K)a (2L)b = 2a+b (K)a (L)b = 2a+b Q
2- Si la somme des exposants est égal à 1 : les rendements sont constants ; s’ils sont
supérieure à 1 : les rendements sont croissants et s’ils sont inférieures à 1 : les rendements
sont décroissants.
3- Puisque on fait varier tous les facteurs (K et L), donc l’analyse de la situation de
l’entreprise se situe dans le long terme.

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