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Cours Économie Du Marché
Cours Économie Du Marché
Economie du marché
Introduction à la microéconomie
et à la macroéconomie
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Mohamed AZEROUAL Economie du marché
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première de l'Etat que de favoriser l'atomicité. Il n'est pas là pour produire, mais pour
garantir que les producteurs sont en situation concurrentielle.
2. Les théorèmes fondamentaux de l’économie de marché
2.1. Le théorème de la main invisible d’Adam Smith
La poursuite par chacun de son intérêt propre et la liberté de le faire sont d’intérêt général.
La liberté économique est le fondement de la prospérité des nations. Telle est au fond la
portée de l’argument, qui résume bien « l’enquête sur les causes de la richesse des
nations », souvent perçue comme le point de départ de l’économie politique moderne.
Adam Smith considère ainsi que la poursuite de l'intérêt individuel entraîne pour chacun
un comportement qui a pour effet d'aboutir, au niveau de la nation, à la meilleure
organisation économique possible.
Pour cet auteur, l’égoïsme qui amène chaque individu à améliorer sa situation économique
engendre donc au plan national des effets bénéfiques en réalisant l'intérêt général comme si
les individus étaient "conduits" à leur insu par une "main invisible", véritable mécanisme
autorégulateur du marché qui permet, grâce à la concurrence, une utilisation optimale des
ressources productives. A cet égard, il convient de ne pas faire intervenir l'Etat au niveau
économique pour ne pas perturber cet ordre naturel spontané fondé sur l'intérêt personnel
de chaque individu.
2.2. Le théorème de Jean-Baptiste Say : la loi des débouchés
L’énoncé de cette loi peut être résumé par cette phrase : « c’est la production qui ouvre des
débouchés aux produits ». Une production dès qu’elle est terminée, elle représente un
débouché pour les autres produits, ce qui signifie qu’on échange des produits contre des
produits, en d’autre terme, une personne ne peut demander un produit que si elle a un
autre à en donner en contrepartie. La demande se trouve donc liée à l’offre.
La monnaie n’est qu’un moyen qui facilite la circulation des marchandises, son
insuffisance, c'est-à-dire la faible quantité de monnaie en circulation, ne peut expliquer,
d’après Say, l’insuffisance de la demande par rapport à l’offre. La monnaie n’a aucune
influence sur les phénomènes réels, si on écarte le voile monnaie on se trouve dans une
situation ou l’échange fonctionne sur le modèle d’une économie de troc, et par conséquent
en se trouve en présence d’une économie réelle.
Pour Say, la monnaie est neutre, elle n’est pas recherchée pour elle-même, elle n’est pas
thésaurisée.
Say rejette toute idée de surproduction générale. D’après Say, il ne peut y avoir que des
situations de surproduction partielle, donc de crise partielle. Ces dernières sont passagères,
elles finissent par se résorbés grâce au fonctionnement du marché et de la libre
concurrence. Say a écrit « des marchandises qui ne se vendent pas ou qui se vendent à
perte, excèdent la sommes des besoins qu’on a de ces marchandises, soit parce qu’on a
produit des quantités trop considérables, soit plutôt parce que d’autres productions ont
soufferts ».
Les surproductions partielles peuvent être causées par la réalisation de certaines
productions sans tenir compte des besoins existants ou par une insuffisance de la
production dans certains secteurs qui auraient pu servir de débouchés pour la production
réalisée.
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produits" et suppose que la monnaie est neutre et n'a qu'une simple fonction
d'intermédiaire des échanges.
▪ John Stuart Mill (1806-1873), économiste anglais, auteur des « Principes
d'économie politique (1848) », affine la théorie des échanges internationaux de
David Ricardo.
▪ Thomas Rober Malthus (1766-1834), économiste anglais, produit son célèbre
« Essai sur le principe de population en 1798 ». Il est surtout connu pour ses
travaux sur les rapports entre les dynamiques de croissance de la population et la
production, analysés dans une perspective « pessimiste », totalement opposée à
l'idée de Smith d'un équilibre harmonieux et stable. Il prédit mathématiquement
que sans freins, la population augmente de façon exponentielle ou géométrique
tandis que les ressources ne croissent que de façon arithmétique. Il en conclut le
caractère inévitable de catastrophes démographiques, à moins de limiter la
croissance de la population.
2.1.2. Les néoclassiques : Analyse microéconomique, le marché est le mode de régulation le
plus optimal
L’école néoclassique est un courant de pensée économique qui naît dans la seconde moitié
du XIXe siècle (1870) et se termine avec les thèses de Keynes. On les nomme
néoclassiques, car ces auteurs reprennent les idées essentielles des classiques : économie de
marché, libre concurrence et libre-échange, intervention limitée de l'État. Mais leur apport
est considérable : chaque individu, acteur économique de base, est réputé rationnel dans sa
recherche d'une satisfaction ou d'un profit maximal (Homo oeconomicus).
Le libre jeu de chaque acteur conduit à l'équilibre de l'offre et de la demande sur les
marchés et à la meilleure affectation possible des ressources disponibles. Tous les marchés
étant interdépendants, offres et demandes de chaque marché participent à la réalisation de
l'équilibre général, c'est-à-dire à l'équilibre de l'ensemble des marchés.
L’Ecole néoclassique emploie une base microéconomique fondée sur l’individualisme
méthodologique : elle analyse les comportements des individus et en déduit des
phénomènes collectifs, notamment l’offre, la demande et l’équilibre sur le marché.
Auteurs et écoles :
Dans les années 1870, trois économistes développent le concept d’utilité marginale. Ils sont
à la base d’un courant de pensée économique, le marginalisme, et sont considérés comme
les fondateurs de l’Ecole néoclassique.
▪ L’anglais William Stanley Jevons (1835-1882) publie en 1871 « Théorie de
l’économie politique ». Il propose une version utilitariste du marginalisme. Il est à
l’origine de la théorie de l’équilibre partiel. Ses successeurs à l’Ecole de Cambridge
sont Alfred Marshall, Arthur Cecil Pigou et Francis Edgeworth.
▪ L’autrichien Carl Menger (1840-1921), basé à Vienne, est l’auteur de « Fondements
de l’économie politique » (1871). On lui doit la version psychologique du
marginalisme: la théorie subjective de la valeur se base sur les motivations
psychologiques des individus. Il est le père de l’Ecole autrichienne, dont les
principaux représentants seront Eugen von Böhm-Bawerk et Friedrich von Wieser,
puis Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek.
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2Cité par Roberson Edouard (2008), « Le développement inégal et la production des conditions de vie : Le
cas des Inuit de l'Arctique canadien », p. 80-81.
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institutionnelle a permis de surmonter les crises. L’étude porte sur l’État-nation car les
institutions sont largement déterminées dans le cadre de l’espace national.
Dans la théorie de la régulation, les rapports sociaux sont considérés comme
fondamentaux pour comprendre l'évolution des sociétés. En ce sens, cette théorie souligne
sa filiation avec l'analyse marxiste traditionnelle. Elle élargit son champ et ses méthodes
en utilisant des outils disponibles dans d'autres disciplines telles que l'histoire, la sociologie,
le droit ou encore la philosophie; elle s'ouvre également à d'autres courants de pensée tels
que la macroéconomie keynésienne.
2.3. Courant Keynésien
2.3.1. John Maynard Keynes
La publication en 1936 de l'ouvrage majeur « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et
de la monnaie », en pleine crise économique, marque le début de ce qui sera appelé la "
révolution keynésienne ".
Loin de rejeter l'économie de marché, J. M. Keynes (1883-1946) prétend, au contraire, lui
apporter "un peu d'oxygène" et sauver au moins temporairement une économie en grave
difficulté.
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Le néokeynésianisme est une école d'économie parmi les plus importantes. Son objectif est
de réaliser la synthèse entre les néoclassiques et les idées de Keynes, dont le keynésianisme
est inspiré. Les tenants de cette école, appelés néokeynésiens, sont cependant considérés
comme proches des néoclassiques dont ils s'inspirent largement.
Les nouveaux keynésiens contrairement à la nouvelle économie classique ne croient pas
que les marchés s'équilibrent rapidement en suivant la loi de l'offre et de la demande. En
effet, pour eux, les salaires et les prix ne sont pas flexibles mais visqueux. Cette viscosité
est liée pour eux à des imperfections de l'information. Leur optique n'est pas tant de
substituer l'État au marché que de trouver les moyens d'améliorer le fonctionnement de
l'économie.
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indice quantitatif précis l’utilité qu’il procure de la consommation d’un bien. C’est
l’approche cardinale.
Au début du XX siècle, Pareto développe la théorie des courbes d’indifférence. Cette
théorie suppose que l’individu ne mesure plus le niveau d’utilité mais seulement qu'il est
possible d'ordonner les satisfactions retirées de deux paniers différents de consommation.
C’est l’approche ordinale.
2.1. La fonction d’utilité
Le niveau de U dépend de la quantité du bien X : U est fonction de X : U=U(X).
Pour deux biens X et Y, le niveau de satisfaction dépend de la quantité consommée du
bien X et de celle consommée du bien Y : U = U (X, Y).
U est le niveau de satisfaction ou d’utilité ; X est la quantité consommée du bien X ; Y est
la quantité consommée du bien Y.
2.2. L’utilité marginale
L’utilité marginale d’un bien X notée Um(X) est le supplément d’utilité procuré par la
consommation d’une unité supplémentaire de ce bien.
L’utilité marginale d’un bien est l’augmentation de l’utilité totale obtenue à partir de la
consommation d’une unité additionnelle de ce bien, si la consommation des autres biens
demeure inchangée. Donc plus on augmente la consommation d’un bien, plus son utilité
marginale à tendance à baisser (La loi des utilités marginales décroissantes ou loi de
Gossen), donc chaque unité supplémentaire possède une utilité inférieure à celle de l’unité
précédente (il y a une relation inverse entre la quantité consommée et l’utilité marginale).
Illustration :
Quantité consommée Unité marginale Unité totale
1 6 6
2 4 10
3 2 12
Saturation 4 0 saturations 12
Considérant que les quantités consommées sont des oranges, dès le moment qu’on passe de
la consommation d’une orange à deux oranges, la variation de l’utilité totale est de 4
(10-6). Donc 4 est l’utilité marginale. Elle reflète l’utilité de la dernière orange consommée.
Elle est le rapport entre de la variation de l’utilité totale et de la variation des quantités
consommées du bien X.
Um(X) = UT / X = (10 – 6) / (2 – 1) = 4
2.3. L’utilité totale
L’utilité totale notée UT d’un bien X mesure la satisfaction globale que l’individu retire de
la consommation de ce bien. L’utilité totale procurée par un bien est celle que retire
l’individu du choix d’une certaine quantité de ce bien. L’utilité totale d’un bien varie en
fonction de la quantité qui est choisie. Elle est la somme des utilités marginales des
quantités consommées.
UT = Um1 + Um2 + Um3 + Um4…. + Umn
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UT Saturation
Quantité X
Um
Quantité X
L’utilité totale atteint son maximum au point de satiété, c'est-à-dire au point de
saturation du consommateur. A ce point, l’utilité marginale devient nulle et toute unité
additionnelle de consommation n’augmente plus la satisfaction.
Si la consommation de X est poussée au-delà du point de saturation, l’utilité marginale
devient négative et l’utilité totale baisse.
3. Comportement du consommateur
Par hypothèse, le consommateur cherche à maximiser son utilité U (x).
Comme pour l’entreprise, on admet les trois hypothèses qui déterminent le comportement
du consommateur dans une économie de marché.
Hypothèse 1. (Information parfaite). Le consommateur a une information parfaite sur les
prix p et sur ses préférences U (x).
Hypothèse 2. (Rationalité parfaite). Le consommateur est capable de résoudre sans coût
n’importe quel problème d’optimisation sous contrainte.
Hypothèse 3. (Concurrence parfaite). Le consommateur considère le vecteur de prix « p »
comme une donnée et pense pouvoir vendre ou acheter aux prix « p » n’importe quelle
quantité.
4. La contrainte budgétaire et l’équilibre du consommateur
La fonction objective du consommateur est de maximiser son utilité, c’est à dire sa
satisfaction. Donc, l’équilibre du consommateur se réalise lorsque l’utilité totale est la plus
élevée possible (lorsqu’on se situe sur la courbe d’indifférence la plus élevée possible), sous
la contrainte du revenu.
L’utilité est une fonction des quantités consommées. Supposons que le consommateur
achète deux biens X et Y. La fonction d’utilité que le consommateur rationnel doit
maximiser s’écrit : U = U (X,Y).
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Contrainte budgétaire
Le consommateur doit choisir une combinaison parmi l’ensemble des combinaisons qui
sont possibles compte tenu de son revenu (R) et des prix des biens de consommation. Le
revenu est déterminé sur le marché de travail. Les prix des biens sont déterminés sur le
marché des biens et services. Donc le revenu et les prix des biens sont des variables
exogènes, qui s’imposent au consommateur comme des contraintes au moment des choix.
Prenons le cas de deux biens de consommation : X1 et X2. Leurs prix sont respectivement
P1 et P2. Le revenu du consommateur est R.
Si le consommateur achète le panier X = (X1, X2), nous pouvons facilement calculer les
dépenses correspondantes : X1*P1 exprime les dépenses en bien X1 et X2*P2 constitue les
dépenses en bien X2.
La contrainte budgétaire est donc la relation : X1*P1 + X2*P2 ≤ R
Tous les paniers vérifiant cette contrainte forment l’ensemble de budget du
consommateur.
Propriétés de l’ensemble budgétaire
La droite de budget ou du revenu est l’ensemble des paniers (X1, X2) qui coûtent
exactement R : X1*P1 + X2*P2 = R
Pour déterminer la droite du budget, on calcule R/P1 et R/P2.
Donc la contrainte de budget peut s’écrire : X2 =R/P2 −P1/P2*X1
▪ Pour X1 = 0 alors X2 =R/P2 : tout le revenu est consacré au bien 2.
▪ Pour X2 = 0 alors X1 =R/P1 : tout le revenu est consacré au bien 1.
▪ La pente de la droite de budget est –P1/P2, elle reflète le taux auquel le marché est
prêt à substituer le bien x au bien y. Elle nous donne le nombre d’unités de bien 2
que le consommateur peut acheter en sacrifiant une unité de bien 1. S’il économise
une unité de 1, il économise une somme P1. S’il consacre cette somme à l’achat de
bien 2.
X2 tel que P2X2 = P1 ⇔ X2 = P1/P2 : C’est donc la valeur d’une unité de bien 1 en
termes d’unités de bien 2.
Exemple : P1 = 4, P2 = 1 ⇒ P1/P2 = 4 : une unité de 1 vaut 4 unités de 2 du point de vue
du marché.
C’est donc la valeur relative du bien 1 par rapport au bien 2, mais du point de vue du
marché (c’est un prix relatif).
Si le consommateur veut consommer une unité de bien 1 en plus sans dépenser plus, il doit
diminuer sa consommation du bien 2 de P1/P2 unités. Pour une unité de 1 en plus, le
consommateur doit consommer 4 unités de 2 en moins.
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X2
R/P2
R/P2
Ensemble
de consommation Cette partie de l’EB n’est pas accessible
à l’individu
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Donc la rationalité est définie comme3 l’adaptation des moyens aux fins « les hommes
agissent en adaptant leurs moyens à leurs fins ». « Les hommes agissent d’une manière qui
s’accorde à leurs désirs et à leurs croyances ». « Les hommes agissent suivant des raisons.
Par « raisons », c’est à dire des considérations qui peuvent servir à justifier l’action
effectuée ».
Tout consommateur dont le comportement satisfait les 3 axiomes suivants est supposé
rationnel :
▪ L’axiome de totalité : Tout consommateur est capable de comparer tout panier de
biens à un autre de l’ensemble de consommation. Il n’y a pas de panier inclassable
par le consommateur. Le consommateur doit pouvoir comparer les 2 paniers X et
Y: X>=Y ; Y>=X.
▪ L’axiome de réflexivité : Tout panier est indifférent à lui-même: X>=X.
▪ L’axiome de transitivité : La relation de préférence est transitive, ce qui pourrait
conduire à des situations de préférences suivantes: (X>=Y et Y>=Z) ⇒
X>=Z.
La notion de courbe et de carte d’indifférence
Le consommateur peut sacrifier une quantité d’un bien contre plus d'un autre bien et
garder le même niveau de satisfaction. Par exemple, il peut accepter d'avoir 1 kg de beurre
de moins pour 2 litres de lait de plus, étant donné que les biens sont substituables entre
eux du point de vue de leur faculté de procurer de la satisfaction au consommateur.
La courbe d’indifférence représente l’ensemble des combinaisons possibles de
consommation de 2 biens X1 et X2 qui procure la même satisfaction. La courbe
d’indifférence étant une représentation de tous les paniers considérés par le consommateur
comme équivalents, donc satisfaisant la même utilité.
L'ensemble des courbes d'indifférence d'un même consommateur forment sa carte
d'indifférence.
X2 X2
X1 C1
X2 C0
C0 C2
X1 X1
Courbe d’indifférence Carte d’indifférence
3Mongin Philippe (2002), « Le principe de rationalité et l'unité des sciences sociales », Revue économique, n°
2, Vol. 53, p. 301-323.
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Parce que les courbes d’indifférence représentent les préférences du consommateur, elles
ont certaines propriétés qui reflètent ces préférences. Considérons quatre propriétés qui
caractérisent la plupart des courbes d’indifférence.
▪ Propriété 1 : les courbes d’indifférence élevées sont préférées aux courbes
d’indifférence basses. Les consommateurs préfèrent généralement avoir plus de
biens que moins de biens. Les courbes d’indifférence élevées représentent de plus
grandes quantités de biens que les courbes d’indifférence basses. En conséquence, le
consommateur préfère choisir un point situé sur une courbe d’indifférence élevée
plutôt qu’un point situé sur une courbe d’indifférence basse ;
▪ Propriété 2 : les courbes d’indifférence sont à pente négative. La pente d’une
courbe d’indifférence reflète le taux auquel un consommateur est prêt à échanger
un bien pour un autre. Dans la plupart des cas, le consommateur désire consommer
les deux biens. En conséquence, si la quantité consommée d’un bien est en baisse, le
consommateur doit augmenter la quantité consommée de l’autre bien afin de
maintenir son degré de satisfaction. C’est la raison pour laquelle les courbes
d’indifférence sont à pente négative et sont décroissantes ;
▪ Propriété 3 : les courbes d’indifférence ne peuvent se croiser ;
▪ Propriété 4 : les courbes d’indifférence sont convexes par rapport à l’origine. La
pente d’une courbe d’indifférence est le taux marginal de substitution.
La forme d’une courbe d’indifférence nous renseigne sur la quantité donnée que le
consommateur est prêt à céder d’un bien afin d’obtenir une quantité donnée de l’autre
bien. Cependant, il existe quelques cas particuliers de préférences :
▪ Parfaits substituts : Le consommateur est disposé à substituer un bien à l’autre à
un taux constant. Exemple : stylo rouge et stylo vert. Cas le plus simple : taux de 1
pour 1.
Sylo vert
CI
Stylo rouge
▪ Parfaits compléments : Biens qui sont consommés ensemble dans des proportions
fixes. Exemple : chaussure droite et chaussure gauche.
Chaussure droite
CI
Chaussure gauche
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X2
B X1
Le point A qui est un point de tangence entre une courbe d’indifférence et la droite
de budget. Il ne correspond pas à un choix optimal pour le consommateur car il est
possible pour lui d’acheter le panier B qui se situe sur une courbe d’indifférence
supérieure. L’équilibre qui est donc réalisé au point B est une solution au coin en ce
que X1* = R/P1 et X2* = 0.
Le taux marginal de substitution TMS
Le TMS mesure la quantité supplémentaire nécessaire de Y pour compenser une perte
d’une unité infiniment petite de X. Le TMS est un indicateur psychologique qui montre
comment l’individu acceptera de substituer du bien X à du bien Y. Il n’y a pas de prix
pour les biens, le consommateur troque un bien contre un autre.
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Le taux marginal de substitution est le rapport des deux variations de l’utilité entraînées
par le changement du panier. TMS = X2 / X1 = - UmX1/UmX2
X2
10 A
TMS (A,B) = (6-10)/(2-1) = -4
6 B
TMS (B,C) = (3-6)/(3-2) = -3
3 C
1 2 3 X1
Le TMS X1X2 entre les points A et B égale (6-10)/(2-1) = - 4 et le TMS X1X2 entre les points
B et C égale (3-6)/(3-2) = - 3. Le TMS est négatif et correspond à la pente de la tangente
sur la courbe d’indifférence. Ce taux est évidement négatif puisqu’il y a substitution
(augmentation d’un bien contre le sacrifice d’un autre), mais le signe négatif de la formule
permet d’avoir des valeurs positives.
A mesure que la consommation de bien X2 diminue et celle de X1 croit, le consommateur
est de moins en moins prêt à sacrifier le bien X2 en supplément pour obtenir plus de X1.
En se déplaçant du haut vers le bas, c'est-à-dire de A à C, la pente de la courbe diminue et
on passe des combinaisons de biens X1X2 où le bien X2 est abondant et le bien X1 est rare
à des combinaisons où le bien X2 devient rare et le bien X1 abondant.
L’équilibre du consommateur : La notion du choix optimal du consommateur
Le panier est le choix optimal du consommateur se situe au point de tangence entre une
courbe d’indifférence la plus élevée et la droite de budget. En ce point de tangence entre la
courbe d’indifférence et la droite budgétaire, la pente de la courbe d’indifférence (dy / dx)
et celle de la droite budgétaire (- Px / Py) sont confondues.
X2 DB
X*2 Optimum
CI
X*1 X1
On en déduit qu’à l’équilibre (ou à l’optimum), le rapport des utilités marginales est égal
au rapport des prix : Umx/Umy = Px/Py, ou encore que les utilités marginales divisées par
les prix sont égales : Um (X) / Px = Um (Y) / Py.
Il faut noter qu’à l’optimum, la pente de la courbe d’indifférence est égale à la pente de la
contrainte budgétaire. La courbe d’indifférence est dite tangente à la contrainte
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ES Y
ER
Ce graphique illustre l’effet de revenu et l’effet de substitution. Suite de la baisse du prix
du bien X, le consommateur passe du point A (optimum initial) au point C (nouvel
optimum). Ce changement s’est opéré en deux temps. Le consommateur s’est d’abord
déplacé le long de la courbe d’indifférence I1, passant du point A au point B. Le
consommateur ressent le même degré de satisfaction avec l’un ou l’autre de ces points.
Cependant, le taux marginal de substitution du point B reflète le nouveau prix relatif. La
ligne pointillée qui traverse le point B reflète le nouveau prix relatif en étant parallèle à la
nouvelle contrainte budgétaire.
Dans un second temps, le consommateur se déplace sur une courbe d’indifférence plus
élevée I2 en passant du point B au point C. Le taux marginal de substitution du point B et
du point C est identique même si ces points sont situés sur des courbes d’indifférence
différentes. Autrement dit, la pente de la courbe d’indifférence I1 au point B est identique
à la pente de la courbe d’indifférence I2 au point C.
6. La fonction de la demande : élasticité revenu-prix
La demande d’un bien ou d’un service sur un marché exprime le nombre d’unités de ce
bien qu’un individu est disposé à acquérir au cours d’une période donnée.
Elle dépend de plusieurs facteurs comme le revenu du consommateur, les prix des produits,
les quantités des produits, les goûts des consommateurs…
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R/P2 R/P2
R’/P2
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30
20
10
5 10 15 Produit X
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La courbe d’Engel montre qu’à mesure que le revenu du consommateur croit, la quantité
demandée du produit X évolue également.
La courbe d’Engel a une pente positive, l’élasticité-revenu est positive, donc X est un bien
normal.
Lorsque la courbe d’Engel présente une pente négative, le bien est un bien inférieur.
Revenu
30 Bien inférieur
20
10 Bien normal
5 10 15 Produit X
P1<P’1 P1>P’1
X2 X2
R/P2
R/P2
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Les points représentant le choix optimal associé aux niveaux successifs du prix qui change,
transcrits sur le graphe des quantités consommées du bien pour différents niveaux de prix.
L’effet de la variation du prix peut se décomposé en effet-revenu (en considérant que la
baisse du prix engendre une augmentation du pouvoir d’achat) et en effet de substitution
(étant donné que la demande du consommateur se déplace d’un bien vers l’autre).
La partie en bas désigne la courbe de la demande (Marshall) : elle est décroissante en
fonction du prix.
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Exercices du chapitre 1
Exercice 1 : Un individu mesure la satisfaction que lui procure la consommation de deux
biens X et Y. Le tableau suivant présente, pour chacun des deux biens, la valeur de
l’utilité totale en fonction de la quantité consommée, avec :
x et y : respectivement, nombres d’unités des biens X et Y.
Ux et Uy : respectivement, utilité totale de X et utilité totale de Y.
Quantités x et y Ux Uy
0 0 0
1 8 12
2 14 22
3 19 28
4 22 32
5 22 32
1- A partir des données du tableau, calculer et représenter sur un graphique les utilités
totales et marginales des biens X et Y.
2- Le consommateur qui affecte la totalité de son budget nominal R, à l’acquisition des
biens X et Y, veut maximiser sa satisfaction, sachant que les biens X et Y ont le même
prix unitaire égal à 5 dirhams (Px = Py = 5 dirhams) et que R = 25 dirhams, quelle
combinaison de quantités des deux biens le consommateur doit-il choisir pour maximiser
son utilité totale ?
3- Déterminer les combinaisons possibles pour le consommateur sachant que Px = 2
dirhams, Py = 4 dirhams et que le revenu nominal est égal à 20 dirhams. Déterminer
également l’équilibre ou le choix optimal du consommateur.
Solution :
1-Par définition, l’utilité marginal est le rapport entre de la variation de l’utilité totale et
de la variation des quantités consommées du bien X.
Considérons le bien X : pour x = 1 ⇒ Ux = 8 et pour x = 2 ⇒ Ux = 14.
Quand la quantité augmente d’une unité à partir de x = 1, l’utilité totale de X augmente
d’une valeur Umx = Ux / x = 14-8/2-1 = 6.
Le tableau suivant regroupe les valeurs des utilités marginales des biens X et Y.
Quantités x et y Ux Umx Uy Umy
0 0 0
1 8 8 12 12
2 14 6 22 10
3 19 5 28 6
4 22 3 32 4
5 22 0 32 0
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UT (x,y)
Um (x,y) 30 Uy
20 Ux
10
5 Umy
Umx
0 1 2 3 4 5 x,y
On remarque que l’utilité marginale est décroissante pour chacun des deux biens. Cela
veut dire que les Umx et Umy diminuent quand respectivement les quantités de biens x et
y augmentent (pour le consommateur et pour chacun des biens, le gain de satisfaction est
de moins en moins important au fur et à mesure que la quantité augmente).
2-Les biens X et Y ayant le même prix (Px = Py = 5 dirhams), 5 dirhams de revenu
permettent aussi bien d’acheter une unité de X qu’une unité de Y, chacune de ces unités se
différenciant de l’autre par l’utilité que leur reconnaît le consommateur.
Afin de choisir la combinaison (x, y) lui assurant le maximum d’utilité totale Uxy, le
consommateur raisonne « à la marge » en comparant le gain de satisfaction attaché à
chaque unité supplémentaire de chacun des deux biens. En d’autres termes, le
consommateur compare les utilités marginales de X et de Y, soit respectivement Umx et
Umy.
Unités successives de biens choisies par le consommateur
Unités x Umx Unité y Umy
1 8 1 12
2 6 2 10
3 6
La première unité de bien choisie est une première unité de y à laquelle est associée une
utilité marginale (Umy = 12) supérieure à celle qui est associée à une première unité de x
(Umx = 8). La deuxième unité choisie est encore une unité de y ; l’utilité marginale d’une
deuxième unité de y (Umx = 10) est en effet supérieure à celle d’une première unité de x
(Umx = 8). Tant que son revenu n’est pas totalement dépensé, le consommateur poursuit
sa comparaison des utilités marginales associées aux unités supplémentaires successives.
La satisfaction totale est maximale quand Umx = Umy = 6 donc x = 2 et y = 3, pour une
dépense de : 5(2 + 3) = 25 dirhams.
La satisfaction totale Uxy ne peut qu’être maximale dans la mesure où elle est égale à la
somme des utilités marginales des unités successives choisies des biens. Comme l’indique le
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( x , y , ) = f (x,y) + (R – x px – y py)
= xy + (20 – 2x – 4y)
= xy + 20 – 2x – 4y
Pour déterminer les conditions d’un extremum, il faut annuler les drivées partielles :
' x( x , y , ) = y – 2 = 0
' y( x , y , ) = x - 4 = 0
' ( x , y , ) = 20 – 2x – 4y = 0
La résolution de de ce système à trois équations et la suivante :
y = 2 et x = 4 y/x = 2 /4 x = 2y
Or, si x = 2y et 20 – 2x – 4y = 0 x = 5 et y = 2,5
Il y a extremum pour les quantités : x = 5 et y = 2,5 (même résultats trouvés par la
première méthode).
Exercice 3 : Considérons la demande du bien X exprimée en fonction du revenu du
consommateur. Le tableau suivant indique les coordonnées des points connus de la courbe
représentative de la demande.
Revenu 10 18 30 40 50
Unités de X demandées 4 8 10 18 22
A B C D E
1- Représenter graphiquement la courbe de demande du bien X.
2- Mesurer l’élasticité-revenu de la demande entre les points A, B, C, D et E de sa courbe
représentative.
Solution :
1. La quantité demandée x est une fonction croissante du revenu.
50 E
40 D x=f(R)
30 C
20 B
10 A
4 8 10 18 22 X
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10 X
Exercice 5 : Un consommateur procède au classement suivant entre 6 paniers de deux
biens X et Y : il préfère strictement le panier (6 ; 46) au panier (13 ; 13). Il est indifférent
entre (5 ; 12) et (12 ; 5). Il préfère strictement le panier (13 ; 13) au panier (8 ; 43). Il
préfère strictement le panier (8 ; 43) au panier (8 ; 46). Peut-on considérer que le
classement de ce consommateur est rationnel ? Argumentez votre réponse.
Corrigé :
(6 ; 46) > (13 ; 13) > (8 ; 43) > (8 ; 46) => (8 ; 43) > (8 ; 46) => Le consommateur préfère
un panier qui contient moins d’unité de biens Y (43<46). Si nous considérons qu’il n’existe
pas d’effet de satiété pour le bien Y, l’agent apparaît alors irrationnel.
Y
5 U3
4 U2
2 U1
10 20 25 X
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2) U(x, y) = x + 5y
TMS = Y / X = - Umx/Umy
U’x = 1 et U’y = 5 => TMS = 2-4/20-10 = -1/5
Les utilités marginales sont constantes. Le TMS est identique en tout point (x,y).
Autrement dit, l’utilité d’une unité supplémentaire de bien X et de bien Y est la même
pour le consommateur quel que soit la quantité de bien X et Y dont il dispose déjà. Par
conséquent, il sera toujours prêt à céder la même quantité de biens Y (1/5) pour acquérir
une unité de bien X (et rester sur la même courbe d’indifférence).
3) Equation de la droite de budget :
10 = xpx + ypy => y = (10 – xpx) /py.
La pente de la droite de budget est donc : -(px/py)
px = py = 4 => pente de la droite de budget = -1
5 U3
4 U2 Pente -1
(R/Py)=2,5
2 U1 Pente -1/5
(R/Px)=2,5 10 20 25 X
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2. La fonction de production
La fonction de production décrit généralement la relation entre les quantités produites (Q)
et les unités de facteurs utilisées dans le processus de production à savoir le travail (L) et le
capital (K). Cette relation est mathématiquement exprimée à l’aide d’une fonction de
production de type Cobb-Douglass, notée : Q = f (K, L).
Les hypothèses de la production sont les suivantes :
- La rationalité : pour l’entrepreneur, ce qui compte, ce n’est pas seulement le profit,
mais ce qui lui apportera la dernière unité produite par rapport à ce qu’elle lui coutera ;
- L’homogénéité : les facteurs de production sont considérés homogène, c'est-à-dire qu’ils
ne sont pas différenciés avec une qualité plus ou moins constante ;
- La divisibilité : les facteurs de production sont considérés comme indéfiniment
divisibles ;
- L’adaptabilité : les facteurs de production s’adaptent à n’importe quel type de
production ;
- La concurrence parfaite : les prix sont le fruit du libre marché ;
- La fonction de production est une fonction continue monotone, admettant des drivées
partielles continues du 1er et du 2ème ordre.
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Représentation graphique
PT, PM, Pm
25 Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Au point A : la productivité
marginale du facteur variable
C PT atteint son maximum. Ce
point correspond à un lieu
20 B géométrique où la droite
reliant l’origine des axes et le
point maximum C, coupe la
courbe de produit total.
15
Au point B : la productivité
moyenne atteint son
maximum et croise la courbe
10 A de la productivité marginale.
Au point C : la productivité
totale atteint son maximum.
5 PM A ce point, la productivité
marginale s’annule.
Pm
0 1 2 3 4 5 6 L
Commentaires
Niveau 1 débute de 0 jusqu’au point d’intersection entre la PM et la Pm. A ce point, on
observe que la productivité totale est croissante avec la quantité de travail utilisée. Ainsi,
jusqu’à quatre unités de travail, chaque unité a une productivité marginale croissante. On
dira alors que les rendements d’échelle sont croissants et la firme a intérêt à embaucher de
plus en plus de facteur travail. D’ailleurs, on remarque que la productivité marginale croît
au début mais elle commence à décroître, ce qui signifie que chaque unité supplémentaire
d’input implique une augmentation de plus en plus faible de la production. Néanmoins ces
contributions restent positives. A cet effet, lorsque la productivité marginale du travail est
supérieure au coût du travail (salaire), on considère que l’entreprise réalise des gains de
productivité. Ces gains sont l’origine, entre autres, de l’amélioration de la qualité ou de
l’intensité du travail, du progrès technique, de la quantité de facteur capital mis à la
disposition du travailleur etc.
Par ailleurs, la productivité moyenne augmente d’abord et reste stable ensuite jusqu’à
l’emploi du 4ème ouvrier, ce qui signifie qu’au fur et à mesure qu’on augmente la
production, les unités supplémentaires d’input contribuent de plus en plus faiblement à la
production.
Niveau 2 se situe entre le point maximum de la PM (point d’intersection entre la PM et la
Pm) et le point maximum de la PT (point où la Pm devient nulle). On constate donc qu’à
partir de L = 4, la productivité marginale devient décroissante. On dit alors que les
rendements sont décroissants. Il est de moins en moins intéressant d’embaucher du travail
supplémentaire. Ainsi, l’entreprise va déterminer la quantité de travail optimale à
embaucher.
Niveau 3 commence à partir du point où la Pm devient nulle, soit au-delà du 6ème salarié.
A partir de ces constats, l’entreprise a intérêt à produire dans le 2ème niveau où la
production est efficiente. Le niveau efficient est donc celui où la Pm doit être positive et
évolue à un rythme décroissant. dPT/dL = PmL > 0 ; d2PT/d2L = dPmL/dL<0.
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Par contre l’entreprise n’a pas intérêt à produire dans les niveaux 1 et 3. Au niveau 1, il y
a un manque à gagner étant donné que tout salarié supplémentaire produit plus que la
productivité moyenne. Ceci suppose que dans la phase 1, le facteur fixe est sous-exploité or
la rareté des ressources nous impose de ne pas gaspiller. L’utilisation du facteur fixe
devient optimale du moment où la Pm du travail atteint son maximum et devient égal à la
PM. Il en est de même pour le niveau 3, car à ce niveau il y a une perte du fait qu’à partir
de l’embouche du 6ème ouvrier, la productivité marginale du travail devient négative et la
PT commence à baisser.
2.2. La productivité à long terme
Contrairement au court terme, à long terme aucun facteur de production ne peut être fixe.
L’entreprise choisie entre les combinaisons, de facteurs de production, qu’elle juge efficace
pour l’amélioration de son rendement. Si le facteur travail et capital sont substituables,
l’entreprise peut réaliser un même niveau de production en se servant de plusieurs
combinaisons de ces inputs.
k’’ A
Courbe d’isoquants
k’ B
l’ l’’ L
Les combinaisons A et B ne sont pas identiques mais puisque elles se situent sur le même
isoquant (iso-produit), elles donnent lieu à une même production. On remarque qu’en se
déplaçant du haut vers le bas de la courbe, on substitue du travail au capital de telle
manière que la production reste inchangée.
Il y a lieu de signaler que les isoquants expriment la rationalité du producteur et disposent
des mêmes caractéristiques que les courbes d’indifférences :
▪ Elles ont une pente négative ;
▪ Elles sont convexes ;
▪ Elles ne se coupent jamais.
Etant donné que sur l’isoquant, le niveau de production est constant, on peut écrire :
Q = f(L,K).
Le taux marginal de substitution technique (TMST), qui mesure les choix technologiques,
est défini comme étant le rapport des productivités marginales des deux inputs, soit :
TMST LK = K / L = PmL/PmK
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Le TMST exprime donc le taux auquel une unité de travail peut remplacer une unité de
capital.
Le TMST peut s’interprété comme la pente menée à un point précis de l’isoquant.
Lorsqu’on passe de A à B, on constate que la pente de l’isoquant décroît.
La contrainte budgétaire ou la droite d’isocoût
La droite d’isocoût englobe les diverses combinaisons possibles (exprimées en valeur) de
facteurs de production correspondant à une enveloppe de coûts donnée.
Soit une entreprise utilisant deux types de facteurs de production (L ; K) et C le coût de
production. On note : C = L*PL + K*PK avec PL et PK successivement prix de facteur L
et K.
Droite d’isocoût
L
L’optimum du producteur : à partir d’une dépense totale, la firme cherche à maximiser sa
production. Donc, elle atteint l’équilibre ou l’optimum lorsque l’isoquant est tangente
avec la droite d’isocoût.
La pente de l’isoquant est égale au rapport des productivités marginales des facteurs
(TMS). La pente de l’isocoût égale au rapport des prix des facteurs (-PL/PK).
On en conclut qu’à l’équilibre le rapport des productivités marginales des facteurs, ou
encore leur TMST est égal au rapport de leur prix. En d’autres termes, c’est démontrer
qu’à l’optimum les productivités marginales des facteurs pondérées par leurs prix sont
égales.
Optimum
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La maximisation de la production
Comme pour le consommateur, le producteur cherche la maximisation de sa production
sous contrainte d’un budget déterminé.
Illustration :
Soit la fonction de production suivante : Q = LK ; D = 20 ; PL = 2 et PK = 4
Calculer la production maximum ?
Nous avons :
Q = LK et 20 = 2L + 4K
Méthode 1 : par dérivation et substitution
L = 20/2 - 2K = 10 – 2K
Q = K (10 - 2K) = 10K - 2K2
Q’ = 10 – 4K = 0 ; K = 2,5 et L = 5 ; donc la production maximum Q = LK = 5*2,5 = 12,5
Méthode 2 : la fonction de lagrange
( l , k , ) = LK + (20-2L-4K) = LK+20 -2L -4K
' l( l , k , ) = K – 2 = 0 ; K = 2
' k ( l , k , ) = L - 4 = 0 ; L = 4
' ( l , k , ) = 20 – 2L – 4K = 0
L/K = 2 donc L = 2K
20 – 4K – 4K = 20 – 8K = 0 ; donc K = 2,5 et L = 5
Les deux méthodes ont données le même résultat.
Fonctions de production homogènes et rendements d’échelle :
Une fonction à deux variables est homogène de degré m lorsqu’elle vérifie la relation
suivante : m f (L, K) = f ( L, K)
Ainsi, en multipliant les variables par le coefficient , la fonction est multipliée par m,
m étant le degré d’homogénéité.
Dans ce cas de fonction de production homogène, les rendements d’échelle seront
déterminés par la valeur du degré d’homogénéité.
▪ Si m = 1 : rendements d’échelle constants ;
▪ Si m > 1 : rendements d’échelle croissants ;
▪ Si m < 1 : rendements d’échelle décroissants.
En micro-économie, on utilise souvent des fonctions de production homogène notamment
la fonction de Cobb - Douglas : Y = A Ka Lb
Cette fonction est homogène de degré a + b.
f( L, K ) = A ( K)a ( L )b = a+b A Ka Lb = a+b f( K, L )
Les rendements d’échelle dépendent ici de la somme a+b :
▪ Si a+b > 1 : rendements d’échelle croissants, la production augmente plus que
proportionnellement à l’accroissement des facteurs ;
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▪ Le coût total : il est la somme des deux coûts précédents, Il est normalement
croissant, c’est-à-dire que plus la production est importante, plus le coût est lui-
même important.
L’impact d’une variation du coût total qui serait occasionnée par la production d’une
unité supplémentaire est appelé coût marginal. Donc, le coût marginal est donné par le
rapport suivant : Cm = ΔCT/ΔQ.
Si l’on s’intéresse au coût de production d’une unité d’output, il faut déterminer le coût
moyen CM. Ce dernier n’est rien d’autre que le rapport entre le coût total de production et
la quantité d’output généré, soit : CM = CT/Q.
On peut également définir un coût moyen variable CMV = CV/Q et un coût moyen fixe
CMF = CF/Q. Donc, CM = CMV + CMF.
Représentation graphique
Coûts
Par construction, la distance
CT CV verticale qui sépare la courbe
de coût total de la courbe de
coût variable doit être égale à
la distance qui sépare la
courbe de coût fixe de l’axe
des abscisses.
La courbe de coût variable
commence à l’origine des axes
puisque les coûts variables
dépendent du volume de
CF l’output.
Une quantité nulle de l’output
implique de coûts variables
nuls. Alors que les coûts fixes
sont assumés quel que soit le
Production volume de l’output.
Production
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Coûts
CMCT1 CMCT3
CMCT2 CMLT
Production
La courbe de CMLT indique la façon de produire au coût le plus faible lorsque tous les
facteurs de production sont variables. Ainsi, le fait d’augmenter tous les facteurs de
production permet de minimiser le coût de production total pour atteindre un niveau de
production donné.
A court terme, l´évolution des coûts quand le facteur variable augmente et la quantité de
l’autre facteur reste constante, suggère qu’on peut imaginer plusieurs courbes de coût
moyen correspondant à des niveaux d’équipement en capital différents. Ceci n’a de sens
qu’à court terme, où le facteur capital est fixe.
A long terme, le capital est supposé être ajusté de la manière la plus efficace pour chaque
niveau de production, il n’y a donc qu’une seule courbe de coût moyen à long terme. La
possibilité d’ajuster parfaitement le capital à long terme assure une plus grande efficacité,
ce qui signifie que le coût moyen à long terme est nécessairement inférieur ou au plus égal
au coût moyen à court terme.
Il existe également un coût marginal à long terme, passant par le minimum du coût moyen
à long terme. Il mesure la variation du coût total à long terme par rapport à la variation
unitaire de la production.
3.3. Maximisation du profit
Le but poursuivi par l’entrepreneur n’est pas d’obtenir la production maximale au
minimum de coût, mais de réaliser le plus grand profit possible. Ainsi, le profit est le
résultat de la différence entre les recettes de l’entreprise et les coûts de production.
=R–C
La recette (R) est calculée en multipliant les quantités vendues par le prix de vente :
R = P*Q
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Exercices du chapitre 2
Exercice 1 :
Soit une entreprise dont l’évolution de la production en fonction du nombre d’unités de
travail utilisée est donnée dans le tableau ci-dessous :
L Q PmL PML
0 0 0
1 2 2 2
2 8 6
3 7
4 32 8
5 50 10
6 20 11,66
7 88 18
8 88
9 82
10 70 -12
1- Cet exercice se situe-t-il dans une optique de court terme ou de long terme ?
2- Calculez les valeurs manquantes dans le tableau ?
3- représentez graphiquement les résultats du tableau ?
4- Justifiez la position respective des courbes ?
5- Que pensez-vous d’une utilisation de plus de 7 ouvriers ?
Corrigé :
1- Comme on fait varier seulement le facteur L, on se situe dans le court terme.
2- Voir tableau ci-dessous.
L Q PmL PML
0 0 0
1 2 2 2
2 8 6 4
3 15 7 5
4 32 17 8
5 50 18 10
6 70 20 11,66
7 88 18 12,57
8 88 0 11
9 82 -6 9,11
10 70 -12 7
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3- Représentation graphique
PT, PM, Pm
PT
PM
Pm
L
4- Tant que la productivité marginale est supérieure à la moyenne, il est logique que la
moyenne continue d’augmenter. En revanche, dès lors que la marge devient inférieure à
la moyenne, elle fait baisser la moyenne : donc la marge coupe la moyenne à son
maximum.
5- Cela serait irrationnel de la part du producteur car cela entraîne une diminution de la
production.
Exercice 2 :
Soit une entreprise dont la technique de production est déterminée par la fonction de
production suivante :
Q = (K)a (L)b Où Q représente l’output, K et L les quantités de capital et de travail
utilisées. a et b étant des paramètres compris entre 0 et 1.
1- Montrer que si on multiplie toutes les quantités d’input par 2, alors la production est
multipliée par 2a+b.
2- Caractériser alors les rendements d’échelle selon la valeur de (a+b).
3- dans quelle situation se trouve l’entreprise (court terme ou long terme) ?
Corrigé :
1- Si on multiplie toutes les quantités d’input par 2, alors la production est multipliée par
2a+b.
(2K)a (2L)b = 2a+b (K)a (L)b = 2a+b Q
2- Si la somme des exposants est égal à 1 : les rendements sont constants ; s’ils sont
supérieure à 1 : les rendements sont croissants et s’ils sont inférieures à 1 : les rendements
sont décroissants.
3- Puisque on fait varier tous les facteurs (K et L), donc l’analyse de la situation de
l’entreprise se situe dans le long terme.
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