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La fuite du jeune homme nu (Mc 14,51-52)

Albert Vanhoye
Biblica, Vol. 52, No. 3 (1971), pp. 401-406

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La fuite du jeune homme nu (Mc 14,51-52)


Albert Vanhoye - Rome

Dans son récit de la Passion (Mc 14,1 - 15,47), Marc n'a qu'un seul épisode qui lui soit propre,
épisode très bref qui se rattache à la mention de la fuite des disciples (Mc 14,50; Mt 26,56); Marc
s'en sert pour conclure la scène de l'arrestation de Jésus (Me 14,43-52). Après avoir noté que « le
laissant, ils s'enfuirent tous », Marc ajoute: « Et un jeune homme l'accompagnait, enveloppé d'un
drap sur [son corps] nu, et ils le saisissent; mais lui, abandonnant le drap, s'enfuit nu ». La lecture de
ces deux versets laisse une impression étrange. On comprend sans peine que Matthieu et Luc se
soient bien gardés de les conserver: ils ne paraissent pas s'accorder avec la dignité de l'évangile. Et
on se demande avec étonnement pourquoi Marc a tenu à insérer dans son récit une scène ausssi
ridicule et indécente. 1

1. Une première réponse consiste à dire qu'il s'agit là d'un bel exemple de réalisme. Marc est le
plus réaliste des quatre évangélistes. Il aime les récits circonstanciés et se plaît aux détails concrets.
A l'inverse de Matthieu, qui est un auteur liturgique, Marc est un narrateur populaire. Il ne craint pas
de raconter les choses crûment, comme elles se sont passées. S'il rapporte l'épisode du jeune homme
nu, c'est simplement parce que cet épisode a eu lieu2. Le style de Marc correspond bien à cette
perspective: style rapide et négligé de narration spontanée. On note le passage de l'imparfait
(sunhkolouqei) au présent (kratousin), puis à l'aoriste (efugen), la liaison facile avec kai,
les répétitions de mots (sindona, gumnoj), autant de traits courants dans l'évangile de Marc.

On doit cependant remarquer que ce passage est le seul où Marc parle de nudité: gumnoj se lit deux
fois ici, et nulle part ailleurs dans son évangile. Du possédé de Gérasa, Luc nous dit que « depuis
longtemps il ne portait pas de vêtement » (Lc 8,27), mais Marc ne pense pas à donner cette
précision. De ce fait, l'évocation du jeune homme nu en 14,51.52 attire davantage encore l'attention.

1
Cf. la réflexion de W. E. Bundy: « The episode here reported is trivial in the light of its surroundings » (Jesus and the
First Three Gospels [Cambridge, Mass. 19551 512).
2
V. Taylor: «No good reason can be suggested for the recording of the incident unless it rests on a genuine reminiscence»
( The Gospel according to St Mark [London 1953] 561).
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Plus d'un commentateur suppose que Marc avait une raison personnelle de bien se souvenir de
l'incident: le jeune homme en question, c'était sans doute lui-même1. Ces versets constitueraient en
quelque sorte la signature de l'évangéliste2. Mais pareille supposition reste invérifiable. E.
Haenchen la rejette en la qualifiant de « conjecture erronée »3. Quoi qu'il en soit de l'identité du
personnage, M. Dibelius estime que l'intention du récit est d'évoquer la présence d'un témoin qui en
garantisse la véracité4. C'est aussi l'avis de Lohmeyer 5. Marc, de fait, cite plus d'une fois des
témoins. C'est là un autre aspect de son réalisme. On le constate en d'autres passages du récit de la
Passion: lors du portement de croix, Marc est seul à citer les noms d'Alexandre et de Rufus, fils de
Simon de Cyrène (15,21); au moment de la mort de Jésus (15,40-41) et de nouveau lors de son
ensevelissement (15,47), il cite plusieurs noms de femmes qui étaient présentes, ce que Luc omet de
faire. Mais dans le cas présent, il est difficile d'admettre la même intention, précisément parce que
Marc, ici, ne donne aucun nom et s'abstient de toute précision. Anonyme et insaisissable, le jeune
homme nu n'est pas un témoin qu'on puisse aisément retrouver! Et par ailleurs, on n'a pas besoin de
son témoignage; celui des apôtres suffit amplement; ils étaient tous présents à Gethsémani.

2. Mais quelle est alors, dans l'évangile de Marc, la fonction de cet épisode? Selon certains,
il est vain de s'en préoccuper. Lagrange estime que « cette petite scène » est « insignifiante en elle-
même »6. Lohmeyer abonde dans ce sens et affirme qu'elle est « sans aucune portée pour le
déroulement des événements et pour leur interprétation »7. Peut-être est-ce là parler un peu vite.

1
Ainsi WOHLENBERG dans son commentaire, p. 360 : « Ungezwungen erklärt sich die Erwähnung der Jünglingsgestalt
nur, wenn der Verfasser sich selbst darunter hat zugleich verbergen und enthüllen wollen » (texte cité par E. Haenchen,
Der Weg Jesu [Berlin 1966] 502, n. 12). Dans le même sens, Th. Zahn, Einleitung in das N.T., t. II (Leipzig 3 1907) 249.
J. Huby trouve cette opinion vraisemblable, Évangile selon saint Marc (Paris 31924) 352. Plus récemment Ph. Carrington
l'appuie aussi: «This story can only have been told for personal reasons. [. . .] There is no better conjecture than that it was
Mark himself» (According to Mark [Cambridge 1960] 321).
2
« Es ist ein kleines Selbstporträt in der Ecke eines figurenreichen Gemäldes, wodurch der Maler... seinem Werk das ipse
feci aufgeprägt hat » (Th. Zahn, Einleitung , 250) .
3
« Freilich eine irrige Vermutung », Der Weg Jesu, 502.
4
M. Dibelius, « Judas und der Judaskuss », dans Botschaft und Geschichte, I (Tübingen 1953) 275: «nichts anderes als die
Berufung auf einen Augenzeugen der Szene ».
5
« Die kleine Szene ... ist wohl nur angefügt, um an einen Augenzeugen der Gefangennahme Jesu zu erinnern » ( Das
Evangelium des Markus [Göttinnen 1937] 324). Cf. aussi V. Taylor, Mark, 562.
6
Évangile selon saint Marc (Paris 41929) 397.
7
« Für den Gang und Geist des Geschehens völlig bedeutungslos », Markus, 324 (cf. ci-dessus, n.5).
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Quelques exégètes ont supposé que l'épisode constitue, dans la pensée de l'évangéliste, un
accomplissement de l'Écriture. Loisy va jusqu'à dire que ce trait a été «conçu par application de
prophétie»)1 c'est-à-dire qu'il ne correspond pas à un fait réel, mais a été déduit de l'Ancien
Testament. Malheureusement, le passage qu'il cite (Amos 2,16 dans l'hébreu) correspond mal au
texte de Marc. Amos, en effet, ne parle pas d'un simple «jeune homme» (neaniskoj), mais du
«plus robuste parmi les héros (gibborim) », ce qui, on l'avouera, est notablement différent. Si on
prend la traduction de la Septante, le rapport se fait encore moins strict, car au lieu du verbe
feugein « fuir », on trouve le verbe diwkesqai, « être poursuivi ». Aussi V. Taylor considère-t-il
cette suggestion comme une hypothèse sans espoir, « desperate in the extreme » 2. Sans y rechercher
l'application d'un texte particulier, on peut essayer d'éclairer l'épisode par la tradition biblique dans
son ensemble. C'est ce que fait E. Haulotte. Il remarque que la Bible s'exprime en termes très
négatifs au sujet de la nudité. Celle-ci « ne peut trouver d'excuse chez un être libre que dans le cas
de force majeure ». « On peut se demander si Mc 14,52 ne veut pas évoquer une situation de ce
genre...: une sorte de ' coup de filet ' eschatologique (cf. Ap 16,15) a lieu alors »3. La fuite du jeune
homme nu indiquerait donc que la Passion est un temps d'extrême détresse, un temps
eschatologique.

3. A. Farrer aboutit à une perspective semblable par un autre chemin4. Il compare le récit de
la Passion au discours apocalyptique et trouve entre les deux textes plus d'un point de contact, en
particulier ceux-ci: Mc 13,14 évoque le temps où l'abomination de la désolation sera où il ne faut
pas et conseille de prendre alors la fuite (feugetwsan) ; Mc 14,50.52 relate la fuite des disciples,
puis celle du jeune homme (aefugen); - Mc 13,16 conseille à celui qui sera alors dans son champ
de ne pas revenir en arrière pour prendre son manteau; Mc 14,51-52 note que le jeune homme lâche
même le drap qui le couvrait, pour s'enfuir tout nu. A vrai dire, les textes ne se correspondent pas
parfaitement et Farrer a l'honnêteté de le reconnaître : « Le Christ a conseillé de fuir l'abomination
des derniers jours. Nous pouvons difficilement penser qu'il a conseillé à ses disciples de
l'abandonner dans le jardin et qu'ils ont bien fait de s'enfuir ». Cependant il pense qu'un certain
rapport existe entre ces deux parties de l'évangile de Marc, et on peut le lui accorder. Il a, par
ailleurs, le grand mérite d'orienter les recherches vers une étude de la rédaction de Marc.

4. Mais avant de mener l'enquête en dehors du récit de la Passion, ne conviendrait-il pas


d'examiner d'abord ce récit lui-même? L'épisode du jeune homme nu ne pourrait-il pas s'éclairer par
une étude de ses

1
A. Loisy, L'Évangile selon Marc (Paris 1912) 425.
2
V. Taylor, Mark , 561.
3
K. HatooTTE, Symbolique du vetement selon la Bible (Pans 1966) 85.
4
A. Farrer, A Study m St Mark (London 1951) 141.
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rapports avec les autres épisodes de la Passion, tels que Marc les raconte? De fait, une série de
contacts verbaux paraissent suggestifs.

a) Il est clair d'abord que, dans cette péricope de l'arrestation, Marc associe étroitement le
jeune homme à Jésus. Il n'emploie pas à son sujet le verbe simple akolouqein, « suivre », habituel
pour les disciples (1,18; 2,14; 6,1; 8,34 etc.), mais le composé sunakolouqein, «accompagner»,
qui ne se trouve que 3 fois dans le Nouveau Testament (Mc 5,37; 14,51; Lc 23,49).
De plus, le verbe kratein qui a servi à annoncer la péricope dès le premier verset du récit de la
Passion (14,1) et qui en est le mot-clef (14, 44.46.49.51), s'applique au jeune homme comme à
Jésus. On arrête Jésus (14,46): on arrête aussi le jeune homme (14,51). Le terme ne reparaît pas
ailleurs dans le récit de la Passion.

b) Un autre mot met l'épisode en rapport avec la scène finale du récit, l'ensevelissement de Jésus. Ce
contact a été noté par A. Farrer1. Le jeune homme est enveloppé d'un sindwn; il n'a pas d'autre
vêtement. Jésus, à qui on a pris ses vêtements pour les tirer au sort (15,24), est enroulé, au moment
de la mise au tombeau, dans un sindwn (15,46). Il semble que Marc insiste sur ce mot, car il le
répète chaque fois à deux reprises, ce qui fait un total de 4 emplois, alors que Matthieu et Luc n'ont
le mot qu'une seule fois et qu'il est absent du reste du N.T. Le jeune homme est enveloppé d'un
sindwn (14,51) et puis il lâche le sindwn (14,52); Joseph achète un sindwn et puis il enroule
Jésus dans le sindwn (15,46).

c. Enfin, on doit noter des contacts avec le récit du matin de Pâques. Le mot neaniskoj
reparaît alors dans l'évangile de Marc. « Entrant dans le tombeau», les femmes «virent un
neaniskoj » (16,5). Ici encore, il s'agit d'un mot rare, qui ne se retrouve dans aucun autre récit de
la résurrection (Matthieu ne l'emploie que dans une péricope de la vie publique: Mt 19,20.22; et Luc
de même, dans une péricope différente: Lc 7,14). Dans tout l'évangile de Marc, on ne rencontre que
deux fois un neaniskoj, la première fois, associé à l'arrestation de Jésus (14,51-52), la seconde
fois, pour expliquer sa disparition du tombeau: « Vous cherchez, dit-il, Jésus le Nazaréen, le
crucifié; il est ressuscité, il n'est pas ici; voilà le lieu où on l'avait mis» (16,6).
Du neaniskoj de l'arrestation, Marc a indiqué qu'il était d'abord « enveloppé (peribeblhmenoj)
d'un drap » et que pour fuir, il a lâché le drap. Du neaniskoj de la résurrection, Marc indique qu'il
est « enveloppé (peribeblhmenon) d'une robe blanche ». Le verbe periballw n'a que ces deux
emplois dans tout l'évangile de Marc. Aucun autre évangéliste ne s'en sert pour décrire les anges de
la résurrection.
Un dernier contact verbal est fourni par le verbe fuir. Le jeune homme de l'arrestation s'est enfui
(efugen) ; celui du tombeau vide ne manifeste aucune intention de faire de même, - il est
tranquillement assis (16,5) - , mais ce sont les femmes qui, stupéfaites de le voir et de l'entendre, se

1
Voici ce qu'il écrit à ce sujet: « The young man puts off his sindon and escapes alive. Christ is destined, at this season, to
wear the sindon alone. The Arimathaean wraps him in it; it is his shroud» (A Study, 141).
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mettent à s'enfuir du tombeau (efugon 16,8). Le verbe n'est pas repris par les autres évangélistes
lorsqu'ils racontent les événements de Pâques. Dans la rédaction de Marc, ce contact semble
pourtant moins étroit que les précédents, car Marc parle de s'enfuir en d'autres endroits de son
évangile (5,14; 13,14).

5. L'ensemble des observations que nous venons de faire jette une nouvelle lumière sur l'épisode
que W. Bundy appelle "the most mysterious passage in the Gospel of Mark »1. Il semble que cet
épisode (Mc 14,51-52) constitue, dans la rédaction de Marc, une sorte de préfiguration énigmatique
du sort de Jésus.

Etroitement associé à Jésus (sunakolouqei) lors de son arrestation, le jeune homme est lui-même
arrêté (kratousin, cf. 14,46), mais il s'échappe, en laissant aux mains des adversaires le sindon
qui l'enveloppait. C'est là un signe, mais un signe qui, à ce moment du récit, est ambigu. Dans cet
épisode comme si souvent ailleurs, se vérifie l'excellente définition que M. Dibelius a donnée de
l'évangile de Marc: « ein Buch der geheimen Epiphanien »2. L'ambiguïté tient à l'ambivalence des
deux derniers mots: gumnoj efugen (14,52). Aussi bien l'un que l'autre, ils évoquent d'abord une
situation d'extrême détresse et une humiliation. « Fuir » n'a rien de glorieux, et la honte de la fuite
est encore plus grande lorsqu'on en est réduit à s'enfuir « tout nu ».

Mais le verbe comporte aussi un aspect positif, qui est celui d'échapper à un danger. Lorsqu'on s'est
senti perdu, saisi par les mains d'adversaires implacables, et qu'on a réussi à échapper à leur étreinte,
ce sont des sentiments d'exultation que l'on éprouve et non pas d'humiliation (cf. Ps 124). Le
ridicule retombe sur les agresseurs qui croyaient tenir leur homme et qui se retrouvent avec, dans
les mains, un simple morceau de toile.

La nudité elle-même perd alors son caractère humiliant. A celui qui a eu l'habileté de tout lâcher,
même ses vêtements, pour échapper à ses ennemis, on ne peut certes pas appliquer la formule: « La
nudité livre l'être aux puissances destructrices »3. Elle apparaît, au contraire, comme une condition
de la libération. Et lorsque ce détachement se situe dans la perspective du dessein de Dieu, sa valeur
positive devient très grande. On peut songer à un retour à la nudité originelle (Gn 2,25), signe
d'intégrité et de liberté parfaites.

Le texte de Mc 14,51-52 est donc ambigu. Il l'est volontairement, car Marc, dans tout son récit de la
Passion, insiste sur les aspects para-

1
W. Bundy, Jesus, 513.
2
M. Dibelius, Die Formgeschichte des Evangeliums (Tübingen 21933). 232.
3
E. Haulotte, Symbolique, 85. En d’autres passages, le même auteur montre le caractère positif que peut prendre la nudité,
par ex. p. 241.
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doxaux du mystère, qu'il ne veut éclairer qu'à la fin1. Lorsqu'on lit le passage, on pense d'abord à
une interprétation négative, celle que suggèrent E. Haulotte et A. Farrer. Mais il contient aussi une
secrète promesse. Comme le jeune homme appréhendé réussit à s'échapper, Jésus, lui aussi,
échappera finalement à ses ennemis. Il passera par la grande détresse et par l'humiliation, mais ce
sera pour lui le chemin de la victoire.

Le présage devient plus net lors de la mise au tombeau. Jésus se trouve alors dans la même tenue
que le jeune homme: il n'a qu'un drap pour se couvrir. Il semble « arrêté » pour de bon: la mort le
tient. Mais comme le jeune homme, il laissera le drap2 et s'échappera.

Au matin de Pâques, le sens positif du présage se révèle avec netteté. Le jeune homme qui s'est
enfui en laissant tout aux mains de ses ennemis reparait en quelque sorte; il n'est plus nu, mais
revêtu par Dieu d'un vêtement de gloire; il ne court plus, mais est tranquillement assis, établi qu'il
est dans la sécurité divine (16,5). Il est bien placé pour annoncer le message pascal: pour avoir
consenti au dépouillement total, Jésus a échappé à tous ses ennemis au-delà de la nudité de la mort;
à « l'endroit oû on l'avait mis » (16,6), il n'y a maintenant plus rien. Dieu l'a libéré et lui a donné
non seulement un vêtement, mais un «corps de gloire» (Ph 3,21). «Il est ressuscité, il n'est pas ici»
(Mc 16,6).

Ce triomphe paradoxal couvre les ennemis de ridicule, car il réduit à néant leurs efforts pour tenir
Jésus (cf. 14,1). Mais il est si déconcertant que les saintes femmes elles-mêmes en sont
bouleversées et se mettent à fuir à leur tour. C'est ainsi que l'œuvre de Dieu met en déroute toutes
les pensées humaines. Le salut se trouve ensuite, dans la nudité glorieuse de la foi.

Une interprétation de ce genre ne peut assurément prétendre à la certitude de l'évidence. Elle aurait
peu de vraisemblance, s'il fallait admettre que Marc n'est qu'un chroniqueur superficiel ou un
simple compilateur de traditions évangéliques. Mais les études qui se multiplient actuellement sur
la rédaction de Marc démontrent amplement le contraire3: Marc est un véritable évangéliste,
conscient de sa mission, qui consiste à présenter le mystère du Christ. Son style, certes, est trop
spontané pour être bien soigné, mais la composition d'ensemble est loin d'être irréfléchie. S'il écrit
mal, Marc compose bien.

Il y a donc lieu de penser que les nombreux contacts verbaux que nous avons relevés ne sont pas
un pur effet du hasard, mais manifestent une intention. Reconnaître celle-ci ne conduit nullement -
est-il besoin de le préciser? - à mettre en doute la réalité de l'incident raconté.

1
Qu'on me permette de renvoyer à « Structure et théologie des récits de la Passion dans les évangiles synoptiques », NRT
89 (1967) 135-163.
2
La rédaction de Marc, à vrai dire, n'explicitera pas ce point. Jean est plus précis: Jn 20,5-7.
3
Cf. en particulier (Q. Quesnell, The Mind of Mark (Rome 1969) et sa bibliographie.

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