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6 La dynamique de la répartition des

revenus
SYNTHÈSE
La valeur ajoutée est créée conjointement par différentes catégories d’agents économiques. Il est donc logique que
chacune de ces catégories en reçoive une part proportionnellement à sa propre contribution. Ce partage de la valeur
ajoutée est conflictuel puisque chaque catégorie d’agents cherche à augmenter ses revenus en captant la plus grande
part possible de la valeur ajoutée (1). À la suite de cette répartition, les agents disposent de revenus primaires dont
les origines sont diverses et qui ont évolué dans le temps (2). Ces revenus primaires peuvent être répartis de
manière inégale. C’est pourquoi une redistribution des revenus permet de constituer le revenu disponible des agents
économiques et de réduire les inégalités (3).

1. Le partage de la valeur ajoutée et ses évolutions


La valeur ajoutée doit être partagée entre les agents économiques qui ont contribué à sa création. De manière
générale, c’est le facteur travail qui capte la majeure partie de la valeur ajoutée (environ les deux tiers), le facteur
capital en reçoit environ un tiers et l’État une partie très modeste (3 % environ).
Cette répartition de la valeur ajoutée a évolué dans le temps, en fonction de facteurs divers qui avantagent ou non
les différentes catégories d’agents économiques. Les gains de productivité, par exemple, selon qu’ils affectent
davantage le facteur travail ou le facteur capital, vont modifier le partage de la valeur ajoutée. Aussi, dans la
mesure où ce partage est conflictuel, le pouvoir de négociation de chaque catégorie de bénéficiaires, principalement
les actionnaires pour le facteur capital et les salariés pour le facteur travail, va influencer lui aussi le partage de la
valeur ajoutée. Enfin, le poids relatif de chaque facteur dans la création de valeur, et en particulier l’importance du
stock de capital, va naturellement jouer un rôle dans la répartition de la valeur ajoutée. Ainsi, lorsque le progrès
technique est important et/ou que le coût du capital est faible, les entreprises sont incitées à accumuler du capital
dont la part dans la création de valeur ajoutée devient plus importante, ce qui favorisera l’augmentation de sa part
dans le partage de cette valeur.

2. Les sources des revenus primaires des ménages


Les revenus primaires des ménages sont composés de trois éléments :
- les revenus du travail, qui proviennent de l’activité des travailleurs (salaires, traitements, primes, avantages
en nature) ;
- les revenus du patrimoine, qui sont issus du patrimoine (placements financiers, loyers) ;
- les revenus mixtes, qui rémunèrent à la fois le travail d’un entrepreneur et le patrimoine personnel qu’il a
mobilisé dans l’activité de l’entreprise. Cette catégorie de revenus rémunère donc à la fois le travail et le
patrimoine, c’est la raison pour laquelle on l’appelle « revenus mixtes ». Cette catégorie de revenus
concerne les entrepreneurs individuels (artisans, commerçants, professions libérales).
Depuis 1950, les revenus de travail constituent la partie la plus importante des revenus primaires, leur part étant
même en augmentation régulière (52 % en 1950 et 70 % en 2018). Cette augmentation s’explique en partie par la
réduction simultanée de la part des revenus mixtes (42 % en 1950 et 9 % en 2018). En effet, depuis les années
1950, le salariat a augmenté au détriment d’autres formes d’activités, principalement l’entreprenariat individuel.
En parallèle, on observe depuis 1950 une augmentation régulière de la part des revenus du capital dans les revenus
primaires. Ainsi, les intérêts et dividendes représentent 7 % des revenus primaires en 2018 contre 3 % en 1950.
Pour ce qui concerne les loyers reçus, leur part était de 15 % des revenus primaires en 2018 contre 5 fois moins
(3 %) en 1950. On peut imaginer que la part des revenus primaires issue des revenus du capital pourrait continuer à
augmenter dans les prochaines décennies avec l’essor de l’économie du partage, qui consiste à louer les biens qui
sont peu ou plus utilisés par un agent économique.

Thème 2 – Comment la richesse se crée-t-elle et se répartit-elle ? 1


3. Le processus de redistribution
La répartition de la valeur ajoutée entre les agents économiques leur permet de bénéficier de revenus primaires dont
les origines sont variées. D’un point de vue global, la répartition des revenus primaires entre les agents
économiques peut être assez inégale.
En France, le rapport entre le revenu moyen des 10 % les plus aisés et le revenu moyen des 10 % les plus modestes
était, par exemple, supérieur à 21 en 2015 (les plus aisés sont environ 21 fois plus riches que les plus modestes).
Ces inégalités peuvent justifier une redistribution des revenus. Celle-ci consiste à verser à certains agents
économiques, en fonction de leurs revenus primaires, des revenus de transfert pour améliorer leur niveau de
revenus. Ces revenus de transfert peuvent prendre la forme de prestations sociales comme les pensions de retraite,
les indemnités de chômage ou des allocations comme les allocations familiales. La redistribution suppose
également que certains agents économiques soient soumis à des prélèvements obligatoires qui réduiront leurs
revenus et permettront de financer la redistribution. Ces prélèvements obligatoires prennent la forme de cotisations
sociales et d’impôts comme l’impôt sur le revenu, la contribution sociale généralisée (CSG) ou la taxe d’habitation.
Lorsque l’on ajoute aux revenus primaires des agents les revenus de transfert et que l’on déduit les prélèvements
obligatoires, on obtient le revenu disponible des agents.
En France, les prélèvements obligatoires représentent en 2018 près de 45 % du PIB. Le poids des prélèvements
obligatoires dans le PIB n’a cessé de progresser depuis 1960 où il ne représentait que 30 % du PIB. En
comparaison des autres pays, ce poids est important. La France figure parmi les pays dont le poids de prélèvements
obligatoires (en %) du PIB est le plus important, avec d’autres pays européens comme le Danemark ou la Belgique.
Dans la plupart des autres pays, ce poids est moins important, parfois inférieur à 20 % comme dans le cas du
Mexique (16,2 %). La moyenne des pays de l’OCDE est située à 34,2 % en 2017, la France se situant donc bien au-
delà de cette moyenne.
La contrepartie de ces prélèvements obligatoires importants est que la redistribution des revenus en France s’avère
très efficace. Alors que les Français les plus aisés sont 21,1 fois plus riches que les plus modestes avant la
redistribution des revenus, ils ne sont plus que 5,7 fois plus riches après la redistribution. Cette dernière a donc
réduit les inégalités par 4 environ.

2 Chapitre 6 – La dynamique de la répartition des revenus

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