A. La notion de preuve La preuve est la démonstration de la réalité d’un fait, d’un état, d’une circonstance ou d’une obligation. Sans preuve, le justiciable ne pourra pas obtenir justice et/ou appliquer un droit qu’il dit posséder. Il est donc crucial pour une personne de pouvoir prouver. Ne pas pouvoir prouver son droit revient à ne pas en avoir. B. Les moyens de preuve La preuve peut être apportée par un écrit. Il existe plusieurs sortes d’écrits. L’acte authentique : écrit rédigé par un officier public (un notaire par exemple), c’est celui qui a la plus grande force probante. L’acte sous seing privé : acte écrit par les particuliers et portant leur signature (par exemple : un contrat de location). L’écrit électronique : il dispose depuis 2000 de la même force probante que les écrits papiers. D’autres moyens de preuves existent lorsqu’on ne peut pas prouver par écrit : les témoignages, les aveux et les expertises notamment.
2. Les règles juridiques en matière de preuve
A. En droit civil 1) Les actes juridiques Un acte juridique est la manifestation de l’intention, de la volonté d’une ou plusieurs personnes de produire des effets de droit, c’est-à-dire qui ont des conséquences juridiques. Les actes juridiques sont constitués principalement des contrats. Un contrat de travail est un acte juridique résultant de la volonté d’un employeur et d’un salarié : l’employeur comme le salarié ont tous les deux recherché à créer des obligations réciproques (la prestation de travail et la rémunération pour l’essentiel). Un acte juridique se prouve par écrit. Mais il existe des exceptions, certains actes n’ont pas besoin d’être prouvés par écrit. C’est le cas lorsque : - les actes juridiques portent sur un montant inférieur à 1 500 € ; - l’écrit a été perdu suite à un cas de force majeure (incendie, inondation…) ; - il y a une impossibilité de se procurer un écrit pour des raisons matérielles ou morales (liens de parenté, amitié…). 2. Les faits juridiques L’acte juridique doit être différencié du fait juridique, qui est un évènement voulu ou non, susceptible de produire des effets juridiques et qui fait naître des droits et des obligations non recherchés. Par exemple, un décès sans testament transmet un patrimoine aux héritiers, un accident va entraîner le versement de dommages et intérêts. Un fait juridique se prouve par tous moyens. B. En droit pénal En droit pénal, c’est à celui qui accuse de prouver. La preuve peut se faire par tous moyens. La décision du juge et des jurés se fera selon leur intime conviction, c’est-à-dire que l’acte et la personne à juger seront pris en compte dans leur subjectivité.
Thème 2 – Comment le droit permet-il de régler un litige ? 1
3. La charge de la preuve (qui doit prouver ?) A. Le principe de base Selon l’article 1353 du Code civil, « celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver. Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l’extinction de son obligation. » Le principe est donc que le demandeur doit prouver ce qu’il avance. Cependant, le défendeur a la possibilité de prouver le contraire. B. Les présomptions Il peut arriver que le législateur, par faveur pour le demandeur ou parce que la preuve est trop difficile à apporter, prévoie que le demandeur sera dispensé de sa charge. Le renversement de la charge de la preuve est donc un mécanisme qui permet au demandeur de ne pas apporter la preuve : c’est ce que l’on appelle des présomptions. Une présomption est une opinion, une supposition fondée seulement sur des apparences, des indices non prouvés. Exemple : lorsque deux personnes sont mariées et que la femme est enceinte, on suppose que le mari est le père de l’enfant : c’est une présomption de paternité. Il existe deux types de présomptions : - les présomptions simples : la personne peut prouver que la supposition est fausse. Exemple : lorsqu’il y a une présomption de paternité, le mari peut prouver (avec un test de paternité) que la supposition est fausse et qu’il n’est pas le père de l’enfant ; - les présomptions irréfragables : la personne n’a pas le droit de prouver le contraire de ce qui est supposé. Exemple : un hôtelier est supposé responsable des bagages déposés par ses clients. Si l’un d’entre eux est volé, l’hôtelier est responsable, il ne peut pas prouver le contraire.