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Jean-Philippe Martel
Le Seuil | « Poétique »
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Jean-Philippe Martel
L’impossible épopée moderne
Le « lyrisme de l’ignoble » comme stratégie
de valorisation littéraire chez Céline
Aujourd’hui, il est un lieu commun de la théorie des genres littéraires, qui veut que
le roman procède de l’épopée ; selon Hegel, il en serait l’actualisation « bourgeoise » et
« moderne1 ». Après le philosophe, nombre de chercheurs ont ajouté à l’autorité de
cette filiation, en mettant au jour certaines de ses modalités formelles, thématiques,
énonciatives et idéologiques. Toutefois, un constat tend à s’imposer au cours du
XXe siècle, qui problématise cette relation : celui du mélange et de l’absorption des
autres genres dans et par le roman. Jean-Yves Tadié, dans un livre sur Le Roman
au XXe siècle, en fait sa conclusion. Dominique Rabaté, lui, consacre un chapitre entier
de son ouvrage d’introduction au Roman français depuis 1900 au « récit poétique », en
tant qu’orientation significative de la production romanesque de l’entre-deux-guerres.
Quant à Michel Raimond, il réfléchit longuement sur l’« ambition poétique »
du roman à partir de la Grande Guerre (notamment dans Le Grand Meaulnes), pour
voir dans le « passage du réalisme au lyrisme » au sein de ce corpus un symptôme
important de La Crise du roman, des lendemains du Naturalisme aux années vingt.
Toutes ces lectures ont en commun de souligner une période précise de l’his-
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Alors que, dans l’expérience commune du langage, une même pensée peut
toujours être dite de plusieurs façons, voici soudain un texte, quelle que soit sa
longueur, auquel on ne saurait imaginer de rien changer sans altérer l’ensemble ou
même le détruire. Mots et message ne font plus qu’un5.
la postérité – Bardamu dirait qu’il fait « un discours aux asticots »… Mais, là où cet
art paraît le plus résolument lyrique, c’est dans la « position interprétative9 » qu’il
met en avant, et dans l’irrésolution de la quête identitaire qu’il donne à lire. En
effet, celle-ci, sans doute conditionnée par le regard que porte le romancier sur
son époque, participe dans une large mesure de ce que Pagès a nommé une « sur-
marginalisation » du sujet, concevable selon une « dynamique de retranchement
perpétuel10 ». Ainsi, voix-contre, ou parole en marge, ce que ce texte fait entendre,
c’est avant tout le discours unique d’une identité trouble, fondamentalement
instable et intenable, réagissant aussi bien contre les discours officiels que contre
les contre-discours connus, et transgressant, en définitive, toute forme de schéma
discursif préétabli. Ce faisant, l’intérêt de cette lecture passe du monde représenté
à l’être qui le représente, et demande, comme en creux, à prendre appui sur un
autre plan pour trouver à se résoudre. Comme si, de l’antique épopée au roman
moderne, l’essentiel de la « transposition » ne relevait pas tant de l’écriture, que du
sujet écrivant.
Pour Aristote, le propre de l’art poétique réside dans la mimèsis en action11, c’est-
à-dire dans l’imitation de gens en action. Selon ses vues, l’épopée, comme la tragé-
die, s’intéresse exclusivement à des « hommes nobles ». Et, si elle se distingue de sa
cousine dramatique, c’est d’abord sur la base d’un critère formel – « elle est une
narration12 » –, qui renvoie en premier lieu à une « situation d’énonciation13 ». Ici,
elle est mixte : parfois le poète parle en son propre nom, parfois il délègue la parole
à ses personnages. A ces catégories, le romantisme ajoute « un fondement philoso-
phique (opposition du subjectif et de l’objectif ), conformément à l’exigence théo-
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paraît naturelle, de même que l’ordre social, voire moral – on les appréhende « naï-
vement », parce qu’ils ne reposent pas sur des construits culturels21. Là, aucune
tension n’existe entre les plans de la narration et de l’événement narré. A ce pro-
pos, Hegel, Lukács, Auerbach et Bakhtine ont des positions très proches. L’aven-
ture épique, qui tient de la légende, ne supporte pas la discussion, non plus que la
relativité :
Inscrivant pour ainsi dire son aventure in illo tempore, le récit épique implique la
créance du lecteur, comme l’adhésion morale et idéologique des personnages et du
narrateur (du moins en apparence). En ce sens, le critère thématique – ici, guer-
rier –, d’ordinaire décisif dans l’attribution générique de ce type de texte, s’ex-
plique aisément : dans sa lutte avec l’Etranger, le sujet, qui concentre en lui tous les
traits de sa nation alors parfaitement accordée dans ses parties23, trouve motif tout
désigné à sa définition identitaire (par la négative). Mais, si l’œuvre entière de
Céline paraît bien placée sous le signe de la Guerre24 – jusqu’à puiser son premier
principe organisateur en elle25 –, il ne faudrait pas conclure qu’elle reconduit
nécessairement ces conditions morales et idéologiques, à un autre niveau constitu-
tives du genre épique.
Dans un premier temps, il convient de rappeler que Céline – à la suite de Gide,
qu’il le veuille ou non – conçoit la littérature comme une interrogation. « L’essen-
tiel, voyez-vous, dans la littérature, c’est de poser une question. Macbeth, hein, ça
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texte n’est plus éloquent à cet égard que l’« Hommage à Zola », prononcé à l’occa-
sion du trentième anniversaire de la mort du père du naturalisme :
Quand nous observons de quels préjugés rancis, de quelles fariboles pourries peut
se repaître le fanatisme absolu de millions d’individus prétendus évolués, instruits
dans les meilleures écoles d’Europe, nous sommes autorisés certes à nous demander
si l’instinct de mort chez l’homme, dans ses sociétés, ne domine pas déjà définiti-
vement l’instinct de vie. Allemands, Français, Chinois, Valaques. Dictatures ou pas.
Rien que des prétextes à jouer à la mort […]. Le sadisme unanime actuel procède
avant tout d’un désir de néant profondément installé dans l’homme et surtout dans
la masse des hommes, une sorte d’impatience amoureuse, à peu près irrésistible,
unanime, pour la mort. Avec des coquetteries, bien sûr, mille dénégations ; mais le
tropisme est là, et d’autant plus puissant qu’il est parfaitement secret et silencieux […].
Il faudrait être doué d’une manière bien bizarre pour parler d’autre chose que de
mort en des temps où sur terre, sur les eaux, dans les airs, au présent, dans l’avenir,
il n’est plus question que de cela. Je sais bien qu’on peut encore aller danser
musette au cimetière et parler d’amour aux abattoirs, l’auteur comique garde ses
chances, mais c’est un pis-aller30.
Quand il devient patent que le monde n’est pas celui qu’on croyait qu’il était
– parce que son appréhension scientifique se modifie, que son devenir politique
s’avère difficilement contrôlable, et que le système de représentations qu’on en avait
n’est plus approprié à la réalité qu’on constate, ni le vieux système de valeurs aux
choix qui s’imposent dans l’action – recentrer l’écriture sur le moi est une manière
d’intérioriser la crise et une méthode pour parvenir, peut-être, à la dominer38.
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En faisant figurer dans le texte faux départs, ratés et repentirs du discours, comme
il le fait aussi à un autre niveau pour la narration, Céline remet en évidence le tra-
vail véritable de toute rédaction, et amène à poser la question des conséquences
possibles de cette occultation sur l’idée que nous nous faisons du langage, et peut-
être du monde48.
Alors là, j’en reviens à ma grande attaque contre le Verbe. Vous savez, dans les Ecri-
tures, il est écrit : « Au commencement était le Verbe. » Non ! Au commencement
était l’émotion. Le Verbe est venu ensuite pour remplacer l’émotion, comme le trot
remplace le galop, alors que la loi naturelle du cheval est le galop ; on lui fait avoir
le trot. On a sorti l’homme de la poésie émotive pour le faire entrer dans la dialec-
tique, c’est-à-dire le bafouillage, n’est-ce pas49 ?
Quoi qu’en dise Y. Pagès50, l’antériorité de l’émotion sur le Verbe demeure une
thèse éminemment romantique51, qui suppose une solution esthétique originale.
Devant nécessairement tenir compte d’une « loi naturelle » oubliée ou corrompue
par l’apprentissage de l’écriture, celle-ci comprend déjà, en germe, la contradic-
tion inhérente à sa réalisation potentielle : sa mise à l’écrit. Céline prétend tourner
cette difficulté grâce à l’« invention » du « langage parlé en littérature », et par une
plus grande attention portée à la musicalité des mots.
Ainsi, l’impression d’oralité serait une solution mitoyenne satisfaisante, dans la
mesure où elle permet de reprendre un mouvement historique là où il s’est égaré
– c’est-à-dire dans la fixation académique de ses usages linguistiques. Pour Céline,
la langue de Rabelais est plus riche que celle de Voltaire52 ; truculente, elle par-
court un spectre plus large de la réalité – notamment en intégrant le trivial à son
objet ; elle aurait par conséquent plus de prise sur elle. Mieux encore, l’emploi de
la langue orale contribuerait à la régénérescence de la langue française : comprise
comme plus spontanée et, partant, plus près de l’« émotion », elle permettrait un
retour bénéfique aux « origines perdues » du langage. Notons en outre que « trans-
poser » l’oral à l’écrit (Céline prend bien soin de spécifier qu’il ne s’agit pas de « sté-
nographie ») constitue en soi une modalité spécifique de dislocation de la phrase et
du récit. En effet, pour Godard, la transposition de structures et de vocables
propres à la forme orale de la langue – forme qui suivrait au plus près « l’allure
première du jaillissement des idées ou des souvenirs » –, dans la forme écrite, signa-
lerait encore plus nettement ce geste de « mise en ordre des éléments de la pensée »,
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Pour rendre sur la page l’effet de la vie parlée spontanée il faut tordre la langue en
tout rythme, cadence, mots et c’est une sorte de poésie qui donne le meilleur sorti-
lège – l’impression, l’envoûtement, le dynamisme54.
C’est dire que la phrase célinienne, trouvant dans la forme parlée de la langue
française matière à renouvellement aussi bien lexical que syntaxique, répond, dans
son élaboration même, à un autre impératif que celui de la Raison. Dès lors, il
convient de chercher ailleurs, ou à un autre niveau, ce qui importe le plus dans ce
discours.
Pour Henri Godard, il faut encore une fois penser cette nécessité supérieure
selon la perspective morbide, voire fataliste, de Céline. Puisque ce dernier place
l’homme et les civilisations « le dos contre la mort », pourquoi ses produits – même
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Pour Henri Godard, ces investissements (lyriques) du discours ont pour effet de
renvoyer « d’abord à cette première actualité du personnage en train de voir et de
comprendre64 ». En effet, chez Céline, la « musicalité » de la langue, qui repose à
un autre niveau sur la fonction « esthétique » du discours, est valorisée comme
étant mieux à même de rendre l’affectivité du langage. L’auteur, dans ses commen-
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taires critiques, affirme travailler dans l’« émotivité directe » et le « rendu émotif »
– formules qui reviennent fréquemment sous sa plume, et qui supposent en outre
un rapport certain à l’inscription du locuteur au sein de l’énonciation. Ceci posé,
d’autres « effets de présence » sont engagés dans et par cette écriture, qui concou-
rent à parler au « nerf » : adresses au lecteur, inscription de l’énonciateur (de plus
en plus manifeste à partir de Mort à crédit) dans une situation concrète65 (par
exemple, celle du médecin discutant de son activité d’écrivain avec le confrère
Gustin), prédilection de l’intonation au détriment de la dénotation66, etc. Mais le
plus évident d’entre eux demeure sans doute le choix d’une focalisation interne,
guidée par la subjectivité d’un Je tout-puissant.
Pour Hegel, ce repli sur soi lyrique serait à situer dans le cadre d’une époque
« où les rapports sociaux ont reçu une forme fixe et une organisation complète ».
Cet état de civilisation favoriserait, par réaction, la quête d’« indépendance » du
sujet67. Dans l’histoire (française) des lettres, cette tendance s’affirme et s’épanouit
pleinement – c’est-à-dire : autant du point de vue des thèmes que de l’énonciation
– au début du XIXe siècle, chez les romantiques. Plus tard, elle trouve à se prolon-
ger dans une esthétique « fin de siècle », qui s’élabore d’une part en un « lyrisme
impersonnel » chez les parnassiens (et certains symbolistes), et d’autre part en un
« lyrisme rageur » chez les écrivains pamphlétaires de la décadence, tels que Léon
Bloy (par ailleurs proche de Villiers de l’Isle-Adam et de Joris-Karl Huysmans,
tenants d’autres options esthétiques, mais réunis par un même mépris pour leur
siècle). Réagissant doublement à la surenchère romantique alors dominante et à la
prétention objective des romanciers « positivistes », Huysmans, Valéry et Gide écri-
vent à la fin du XIXe siècle des « antiromans » qui mettent en jeu une tension
– entre « rapports d’action » et « exigences d’élucidation » – que Michel Raimond
considère comme essentielle à la définition du roman moderne. Autour de la
Grande Guerre, cette tendance évolue encore dans le sens de sa spécificité, lorsque
des écrivains comme Larbaud, Proust et Giraudoux recentrent l’écriture roma-
nesque autour du Je (Morand fait la même chose pour la nouvelle). En adaptant
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rer le mauvais sort. De cette manière, il s’agirait, pour le sujet, de retourner le sub-
strat nocif du hasard contre lui-même75 – thèse qui a le mérite d’éclairer d’un point
de vue identitaire l’absence d’enchaînements logiques (ou du moins la récurrence
de successions événementielles principalement déterminées par « une contingence
diffuse ») dans Voyage au bout de la nuit. Cette conversion opérée dans l’équilibre
des forces positives et négatives de l’œuvre peut aussi être observée au niveau idéo-
logique, par l’appropriation antithétique, dans le discours, de positions irréconci-
liables (par exemple : freudisme et révolution pour Bellosta76, mais, plus
évidemment encore, mécanisme masochiste du serf et celui, sadique, du Prince,
pour Pagès77), en vue d’une ultime perversion « de l’intérieur » des forces histo-
riques aliénant le sujet. Cependant, il reste que la forte prégnance du hasard en tant
que principe actif de la quête de Bardamu accuse une identité faible, « lacunaire et
flottante78 », disposée à endosser toutes les étiquettes avant de les rejeter pour irre-
cevables, parce que manquant dramatiquement de foi (en lui, comme en elles).
Ainsi, pénétrée de part en part par des figures qu’elle ne reconnaît pas pour
valables, cette identité trouble va s’articuler selon deux vecteurs complémentaires,
à la fois signes et structures du chaos qui la travaille. Ensemble, abject et peur tra-
versent le sujet pour en ébranler l’édifice identitaire. Paradoxalement, ces notions
tendent à poser des limites stables à la formulation du moi : si Bardamu, par sa
lâcheté, dégoûte Lola, c’est qu’ils n’appartiennent pas à la même humanité ; et,
pour reprendre le même exemple, si Bardamu a peur à la guerre, c’est qu’il n’est
pas soldat. Toutefois, l’abject et la peur, figurant dans le discours du locuteur, peu-
vent aussi être appréhendés positivement.
D’une part, l’abject, ou ce qui n’est ni objet ni sujet, participe de ce grand dérè-
glement des limites que met en œuvre Céline. Selon Julia Kristeva, « [l]’abject brise
le mur du refoulement et ses jugements. Il repousse le moi aux limites abomi-
nables dont, pour être, le moi s’est détaché – il le ressource au non-moi, à la pul-
sion, à la mort. L’abjection est une résurrection qui passe par la mort (du moi)79 ».
De même, la place accordée aux vomissements, déjections et autres souillures, dans
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dans les marges ou, plus exactement, dans les interstices de « morales du langage »
(déjà existantes ou seulement pressenties) prouve bien, si besoin était, l’impossible
adéquation au monde de ce sujet en quête de soi. Mais, qu’au surplus cette der-
nière se dise depuis un horizon trouble, et l’unité à la base de l’identité qu’elle met
en œuvre est assurément minée. Or, chez Céline, le sujet ne se reconnaît jamais
que partiellement (ou, plus justement, paradoxalement) dans les fonctions sociales
qu’il accepte, pour un temps, de remplir. N’étant ébauchée par aucun rôle, son
identité ne peut s’articuler que dans un « discours problématisé », qui transgresse le
schème discursif dominant et, par là, se fait lyrique.
Plus exactement, le discours lyrique ne se situe pas dans la perspective d’un sujet
réel mais d’un sujet lyrique, qui apparaît un sujet problématique dans la mesure où
le discours lui-même est devenu problématique dans son identité. Le sujet lyrique
est donc a priori un sujet problématique, qui est à définir comme un sujet pourvu
d’une identité sentimentale. C’est un sujet en quête de son identité, sujet qui s’ar-
ticule lyriquement dans le mouvement de cette quête81.
Université de Sherbrooke
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NOTES
33. Marie-Christine Bellosta, Céline ou l’art de la contradiction, Paris, Presses universitaires de France,
« Littératures modernes », 1990, p. 46.
34. Mikhaïl Bakhtine écrit : « La vérité sur un être humain dans la bouche d’autrui, si elle ne lui est pas
adressée dialogiquement (: si c’est la vérité par contumace), devient un mensonge humiliant et cadavérisant,
dès qu’elle touche son “saint des saints”, c’est-à-dire “l’homme dans l’homme” » (La Poétique de Dostoïevski,
Paris, éd. du Seuil, « Pierres vives », 1970, p. 98).
35. Voir à cet effet Henri Godard, Henri Godard commente Voyage au bout de la nuit, Paris, Gallimard,
« Foliothèque », 1991 ; et Henri Godard commente Mort à crédit, Paris, Gallimard, « Foliothèque », 1996.
36. Notamment Marie-Christine Bellosta, Céline ou l’art de la contradiction, op. cit., p. 176 ; et Yves
Pagès, Les Fictions du politique chez Céline, op. cit., p. 295.
37. Marie-Christine Bellosta, Céline ou l’art de la contradiction, op. cit., p. 197.
38. Ibid., p. 215.
39. Karlheinz Stierle, Identité du discours et transgression lyrique, op. cit., p. 431.
40. Ibid., p. 431-432.
41. Erich Auerbach, Mimésis. La représentation de la réalité dans la littérature occidentale, Pairs, Galli-
mard, « Tel », 1946 (rééd. 1968), p. 15.
42. Marie-Christine Bellosta a déjà mis en lumière et la confusion désirée par Céline entre les « lieux
emblématiques » de Bordeaux et de Toulouse dans l’épisode de Voyage se déroulant « dans le Midi », et le
« gauchissement continu de la chronologie [dans le même roman] qui fait de l’année 17 […] l’amalgame
poétique de plusieurs champs de bataille » (Céline ou l’art de la contradiction, op. cit., p. 65-73 et 50). Yves
Pagès a fait de même à propos de Normance, où des désastres militaires s’étant déroulés à différentes époques
sont assimilés par excès délirant en un seul bombardement théâtralisé, conférant à la narration une portée
mythique (Les Fictions du politique chez Céline, op. cit., p. 162-164).
43. Même si M.-C. Bellosta veut que Voyage soit une réécriture du Candide de Voltaire, il est clair que le
déroulement événementiel n’y est pas linéaire, ou suivi – sans parler de Mort à crédit ou d’Un château l’autre,
qui exacerbent le brouillage temporel déjà latent dans Voyage, en multipliant les flashbacks, récits de rêves et
autres digressions narratives.
44. In Les Cahiers de l’Herne. Céline II, Paris, éd. de l’Herne, 1965, p. 102.
45. Henri Godard, La Poétique de Céline, op. cit., p. 31.
46. Céline fait dans une Interview avec Julien Avard l’apologie du quolibet (in Cahiers Céline 7. Céline et
l’actualité 1933-1961, textes réunis et présentés par Jean-Pierre Dauphin et Pascal Fouché, Paris, Gallimard,
1986, p. 459).
47. Karlheinz Stierle, « Identité du discours et transgression lyrique », art. cité, p. 431-434.
48. Henri Godard, La Poétique de Céline, op. cit., p. 203.
49. Louis-Ferdinand Céline, « Ma grande attaque contre le Verbe », in Le Style contre les idées, op. cit.,
p. 67.
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