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Réquisition

Procédé exceptionnel mis en œuvre par l’administration et qui consiste à contraindre de façon
unilatérale et autoritaire, une personne physique ou morale à céder temporairement l’usage de biens
immobiliers au profit de particuliers dans un but d’intérêt général.

Réservée originellement à la satisfaction des besoins militaires, cette procédure a été entendue par la
suite au logement des civils, fonctionnaires ou réfugiés, puis personnes dépourvues de logement ou
mal logées en temps de guerre comme en temps de paix.
A l’heure actuelle, trois régimes différents de réquisitions
de logements coexistent : le pouvoir de
réquisition du maire ; le droit de réquisition d’office du préfet ; la réquisition avec attributaire.

– Le maire doit, au titre de ses pouvoirs de police administrative générale, « pourvoir d’urgence à
toutes mesures d’assistance et de secours » nécessaires (art. L. 2212-2-5°  Code Général des
Collectivités Territoriales). Une jurisprudence administrative constante lui reconnaît, sur ce
fondement, la possibilité de prononcer à titre exceptionnel, la réquisition des locaux nécessaires au
relogement de familles sans abri lorsque le défaut de logement est de nature à apporter un trouble
grave à l’ordre public (catastrophe naturelle, sinistre…).

– Le préfet exerce un droit de réquisition d’office institué par l’ordonnance du 11 octobre 1945
(articles L. 641-1 et suiv. du Code de la Construction et de l’Habitation) dans toutes les communes où
sévit une crise du logement. Il peut procéder, sur proposition du service municipal du logement
(chargé, sous son contrôle, de répertorier les locaux disponibles) et après avis du maire, à la
réquisition totale ou partielle de locaux vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés, au bénéfice
des personnes dépourvues de logement, logées dans des conditions manifestement insuffisantes ou
expulsées par suite d’une décision de justice devenue définitive.

cinq ans (sauf exception).
La durée de réquisition est d’un an renouvelable et ne peut excéder

– Utilisée massivement jusqu’en 1948 (avec plus de 20.000 réquisitions en 1946), l’ordonnance de 1945
a vu son application se réduire progressivement à partir des années 1960 (environ 1000 attributions
annuelles), connaissant de nos jours une quasi désaffection (130 réquisitions en cours en 1980,
exclusivement à Paris).
L’article 52 de la loi du
29 juillet 1998 relative à la lutte contre exclusions instaure, à côté du logement
d’office, la réquisition avec attributaire (art. L. 642-1 et suiv. et R. 642-1 et suiv. du CCH) également
mise en œuvre par le préfet.

Destinée à remédier aux importants déséquilibres entre offre et demande de logements existant dans
certaines communes au détriment des personnes défavorisées, cet procédure concerne seulement les
logements vacants depuis plus de dix-huit mois. Elle se caractérise essentiellement par sa durée (d’un
à six ans, voire douze ans si l’importance des travaux de mise aux normes d’habitabilité le justifie) et
par le fait qu’elle interpose entre le titulaire du droit d’usage des locaux (qui ne peut être qu’une
personne morale) et le bénéficiaire (personne justifiant de ressources inférieures à un plafond fixé par
décret) un attributaire (collectivité territoriale, organisme HLM, SEM ou organisme agréé).
L’attributaire, lié par convention à l’Etat, effectue les travaux de mise en état d’habitabilité et assure la
gestion locative des logements.
L’effectivité de ce mécanisme dépend, pour l’essentiel, de l’exercice de cette médiation, destinée à
sécuriser les propriétaires, et de la recherche d’une solution de logement définitive à l’issue de la
période de réquisition (soit par un bail directement conclu entre le bénéficiaire de la réquisition et le
propriétaire, soit par une offre de relogement en HLM faite par l’attributaire, ou, à défaut, par le
préfet).

Françoise Zitouni
Révision Frédérique Lahaye, 2020

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