Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
(MFE) Finance Islamique, Évolution Et Perspectives Au Maroc
(MFE) Finance Islamique, Évolution Et Perspectives Au Maroc
perspectives
En économie comme dans tout autre domaine de la vie du musulman, la sharia fait figure de
référence juridique et indique ainsi la ligne de conduite. Les quatre principales sources de la
sharia sont, par ordre d'importance1(*), les suivantes :
· Le Saint Coran (paroles de Dieu) : Il constitue la première source en termes de loi. Tout
élément tiré d'autres sources juridiques (ci-dessous) doit impérativement être en totale
conformité avec le Coran.
· L'Ijmaa : Dans sa dimension technique, ijmaa signifie le consensus des juristes musulmans
sur un point de droit. En pratique, l'ijmaa fait office de preuve si aucun élément du Coran ou
de la Sounnah ne permet de trancher sur un cas.
Ces objectifs sont simples à comprendre et sont basés sur quelques axiomes fondamentaux,
qui sont tous liés les uns aux autres. Le premier, et de loin le plus important, est le Tawhid ou
principe d'Unicité de Dieu. Cette notion fondamentale en Islam implique que c'est Dieu qui
créé l'homme, qui lui a insufflé sur esprit et la doté de ses pouvoirs physiques, sensoriels et
intellectuels. C'est lui a créé l'Univers, l'a empli de phénomènes, de créatures et de choses, et a
pourvu ceux-ci de lois qui régissent leur existence. Il leur a donné la puissance et l'énergie et
les a tous soumis à l'homme, son khalifa ou vice-régent sur terre
Nous n'avons pas créé le ciel et la terre et ce qui existe entre eux en vatin. C'est ce que pensent
ceux-qui ont mécru. Malheur à ceux qui ont mécru pour le feu ( qui les attend) 2(*)
On aboutit alors au deuxième axiome, celui du rôle essentiel que joue l'être humain sur terre.
En tant que gérant en son nom, Dieu (SWT) a ordonné à celui-ci d'étudier les phénomènes, de
découvrir et de propager les lois, pour qu'il puisse remplir sa mission sur terre et améliorer sa
vie dans ce monde, de façon à la rendre compatible avec son statut d'être humain, dans tout ce
qu'elle comporte comme relation, avec lio-même, avec Dieu, avec le monde et avec les autres.
Le terme khalifa utilisé dans ce contexte ne concerne donc pas un individu en particulier, mais
bien l'humanité toute entière. Par conséquent, de cette notion de gérance découle celle d'unité
fondamentale et de fraternité de l'humanité, accompagnée du concept tout aussi important de
`adala, ( c'est-à-dire de jusitice ). L'instauration de la justice et son respect consituent les
objectifs premiers de la loi et Dieu les a placés au même degré que la pièté.
L'économie islamique peut être définie comme cette branche de connaissances qui contribue à
la réalisation du bien être humain en permettant une affectation et une répartition de
ressources limitées, conformes aux enseignements islamiques sans trop limiter la liberté
individuelle ou créer des déséquilibres macroéconomiques et écologiques continus. On peut
définir l'Economie islamique aussi comme est une partie de la Doctrine islamique qui englobe
tous les secteurs de la vie. Elle ne s'attribue pas un caractère scientifique, comme le fait le
marxisme, mais elle n'est pas, non plus, dépourvue d'un fondement doctrinal ni d'une vision
englobant les principes de la vie et de l'univers, comme c'est le cas du capitalisme
Elle est fondée sur un paradigme dont l'objectif premier est la justice socio- économique
(Coran 57 :25). Cet objectif prend racine dans la croyance selon laquelle les êtres humains
sont les lieutenants du Dieu Unique, créateur de l'univers et de tout ce qu'il comporte. Toutes
les ressources à leur disposition leur ont été « confiées » par Dieu en vue de leur utilisation
juste, pour le bien être de tous. Ils sont ainsi responsables devant Lui dans l'au- delà et seront
récompensés (ou punis) pour la manière dont ils acquièrent et utilisent ces ressources.
Selon ce paradigme, plus n'est pas nécessairement mieux que moins dans toutes les
circonstances comme l'affirme l'économie conventionnelle. En d'autres termes, l'utilité
marginale n'est pas supposée strictement positive. Cela dépend beaucoup de la manière dont a
été acquise la richesse supplémentaire, de l'utilisateur de cette richesse et de la façon dont il
l'utilise ainsi que de l'impact sociétal et écologique de cet accroissement. Ainsi, plus peut être
mieux que moins à la condition que l'augmentation peut être réalisée sans affecter la force
morale de la société, sans aggraver l'anomie, et sans nuire à l'équilibre écologique.
Le désir de gagner sa vie, de vivre confortablement, même d'avoir des ornements ou des
décorations ou de se protéger d'un avenir incertain n'est jamais considéré comme un mal. Le
Coran dit plutôt que ses préceptes sont les moyens de réussir dans ce domaine sans le troquer
pour un échec dans l'au-delà.
Le second pilier de l'Economie islamique est le fait d'accorder aux individus une liberté
économique, dans les limites des valeurs morales et éthiques auxquelles croit l'Islam.
Le troisième pilier de l'Economie islamique est le principe de la justice sociale, que l'Islam a
incarnée en pourvoyant le système de distribution de la richesse dans la société islamique, en
éléments et garanties assurant à la distribution la possibilité de réaliser la justice sociale, et
mettant ledit système en harmonie avec les valeurs sur lesquelles il est fondé.
L'agriculture est la plus ancienne occupation de l'homme : c'est elle qui fournit l'indispensable
nourriture, irremplaçable source de vie. Elle est donc spéciale à la compagne, car la vie
bédouine à précéder la vie sédentaire des villes. C'est une occupation rurale, que les citadins
ne pratiquent ou ne connaît pas, car la société bédouine a existée avant la société urbaine et
les métiers des villes n'ont parue qu'après ceux des champs. Dieu est « le créateur et
l'Omniscient »
Le système de l'Iqta variait selon le but poursuivi et suivant que la concession était temporaire
ou héréditaire, ce système a évolué en traduisant trois formes d'Iqta :
· Iqta Tamlik : c'est la forme originale de l'Iqta. C'est une concession de terre relevant du
domaine public est accordé en pleine propriété à des conquérants musulmans. Ces derniers se
doivent exploiter cette terre tout en ayant l'obligation de régler une redevance appelée
« achour »
· Iqta Istighlal : cette forme de concession est apparue durant le règne des abbassides. Il
consiste à donner uniquement un droit de jouissance au bénéficiaire.
· Iqta Wilaya : cette forme de concession est apparue vers le 11éme siècle. Il a été justifié
pour motif politique. Il s'agit de grandes régions concédées à des chefs militaires ou à des
gouverneurs en contrepartie de leur soutien militaire et politique
2.4. Le commerce
Par le mot « commerce » (tijâra), on désigne la recherche du profit par l'augmentation du
capital en achetant bon marché ce qu'on revend très cher. Les denrées peuvent être aussi bien
des esclaves, du grain, des bestiaux, des armes ou des étoffes. La différence ainsi réalisée est
le « bénéfice »
Effet deux types de commerce existaient à savoir le commerce interne et le commerce externe
§ Le commerce interne a joué un rôle moins important que le commerce externe. Il est resté à
l'image d'économie familiale de subsistance qui dominait : seules quelques marchandises
faisaient l'objet d'échange, relativement important entre les différentes régions de l'empire. Il
s'agit des produits de luxe et certain produit de base tel que les céréales, le sucre, le papyrus.
Comme nous l'avons vu précédemment, l'idée centrale qui définit le mieux l'Economie
Islamique, et qui la distingue du paradigme séculier du marché, est la prise en compte d'une
éthique et de valeurs morales basées sur la religion.
D'un point de vue théorique, il en découle certaines divergences entre l'Economie Islamique et
le système conventionnel. Parmi les plus remarquables, l'identification des rôles de la
monnaie dans l'économie.
On accorde usuellement à la monnaie, telle qu'elle a été largement pensée, trois rôles
fondamentaux :
· Unité de mesure (ou de compte) : La monnaie est un étalon avec des valeurs en ce qu'elle
sert à exprimer, et ainsi à comparer, la valeur ou le prix des biens et des services. Cette
fonction est reconnue en Economie Islamique.
· Réserve de valeur : La monnaie peut être conservée sous la forme d'un pouvoir d'achat.
Cette fonction n'est pas reconnue en Economie Islamique.
Aristote
Il est admis par les jurisconsultes musulmans que le Riba prohibé en Islam ne se limite pas à
l'usure mais qu'il inclut toute forme d'intérêt, quelques soient les caractéristiques du prêt en
question (à la consommation / production ; taux élevé / faible ; échéance courte / longue ;
etc.). La prohibition du Riba découle essentiellement de l'interdiction par la Sharia de fixer, à
l'avance, un taux positif rémunérant l'écoulement du temps.
La Sharia proscrit en effet toute prime contractuelle sur le montant d'un prêt de biens
fongibles (dont la monnaie). Elle interdit également le retrait par le prêteur d'un quelconque
avantage de son prêt, sauf si cet avantage est librement accordé par l'emprunteur après
remboursement du prêt et sans en constituer une condition tacite ou explicite.
· L'intérêt est interdit parce qu'il constitue une rémunération contractuelle fixée à l'avance
(taux fixe ou benchmarké).
· L'intérêt représente la rémunération du temps qui ne devrait pas faire l'objet d'échanges.
· L'intérêt est injuste parce qu'il correspond à une rémunération garantie du prêteur, alors que
les risques sont totalement assurés par l'emprunteur.
L'Islam ne s'oppose pas mais, au contraire, encourage le vrai profit comme le revenu d'un
effort d'entreprise et d'un capital investi. Seules les légitimations de l'argent comme un capital
et la justification de l'intérêt comme un avantage pour le simple fait de s'être abstenu de
consommer sont rejetées. La majorité des transactions (la vente et l'achat) sont permises en
Islam, les interdictions n'étant que des exceptions. C'est ainsi qu'on lit dans le verset 275 dans
la deuxième sourate du Coran :
Ceux qui pratiquent l'intérêt usuraire ne se tiennent (au Jour du Jugement dernier) que comme
se tient celui, que le toucher de Satan a bouleversé, cela parce qu'ils disent : «le commerce est
tout à fait comme l'intérêt ». Alors que Dieu a permis le commerce et interdit l'intérêt.
Donc, « Dieu a permis le commerce » est la règle générale avec la vente usuraire comme une
stricte exception. Le commerce est, en effet, fortement encouragé en Islam, incitation qu'on
retrouve dans le Coran :
... mais qu'il y ait du négoce (légal), entre vous, par consentement mutuel ... 3(*)
« On demanda au Prophète (sbsl) : Quelles sont les meilleures façon pour un homme de
générer du revenu ? » Il répondit : « Par son travail, et par toute vente légitime.» »
Cette première introduction est primordiale car elle permet d'établir le système financier
islamique comme un système basé sur le partage du profit et sur la participation, et sur le
commerce basé sur une entente mutuelle, sur l'honnêteté et la confiance entre les différents
intervenants, plutôt que sur le seul rejet de l'intérêt.
Ceux qui récitent le Livre accomplissement la Salât (la prière), et dépensent, en secret et en
public, de ce que Nous leur avons attribué, espèrent ainsi faire un commerce qui ne périr
jamais.4(*)
Dieu (SWT) incite en effet les musulmans tant à pratiquer leurs rites cultuels qu'à dépenser
leurs biens pour leur subsistance. Ainsi, le commerce d'un homme honnête n'échouera en
définitive jamais, car en plus de profiter des bénéfices, il aura droit à un revenu éternel auprès
de son Seigneur (SWT)
Le prophète (sbsl) insiste de la même manière sur l'honnêteté dans les transactions
commerciales et sur la récompense du commerçant intègre qui respecte ses engagements. « Le
commerçants véridique et honnête se trouve avec le Prophète, les véridiques et les
martyrs 5(*)».
La Finance islamique repose sur cinq principes fondamentaux, souvent qualifiés de piliers de
l'islam financier. L'existence de contrats et donc de produits spécifiques a la Finance
Islamique ainsi que la proscription de certaines méthodes classiques découlent des ces piliers :
· Prohibition du Riba : d'u point de vue étymologique, le mot ribâ (nom arabe masculin) vient
du verbe rabâ & arbâ qui signifie augmenter et faire accroître une chose à partir d'elle-même.
Il est intéressant de noter avant de donner une définition technique du ribâ que certains
juristes estiment que toutes transactions interdites en islam fait partie du ribâ[2].
Du point de vue juridique, nous pouvons définir le ribâ comme étant tout avantage ou surplus
qui sera perçu par l'un des contractants sans aucune contrepartie[3] acceptable et légitime du
point de vue du droit musulman [4], dans le cadre d'un prêt (ribâ dit al-nasî'a) ou d'une vente à
terme des monnaies (le ribâ dit al-nass'a) ou d'un troc déséquilibré des produits alimentaires
de même nature (riba dit al-fadl)
· Interdiction du Gharar : Le terme Gharar signifie le caractère aléatoire ou flou d'un échange
ou de l'une de ses composantes (nature du bien, prix, description etc.). Le Gharar peut donc
être plus largement défini comme la vente de biens dont l'existence et les caractéristiques ne
sont pas certaines. On retrouve a plusieurs reprises cette interdiction dans les sources de la
Sharia, et en particulier dans la Sounnah. On peut citer a titre d'exemple une parole du
prophète Mohammed (pbsl) : « L'Envoyé de Dieu a interdit de vendre la portée d'une
chamelle avant que celle-ci ne mette bas. » (rapporté par Al Boukhari, Mouslim).
Dans le même ordre d'idées, on notera également l'interdiction du Qimar (pari) et du mayssir
(spéculation). Leur prohibition découle de la possibilité pour l'un des contractants de perdre la
totalité de sa« mise ».
· L' « Asset Backing » : L' « Asset Backing » ou adossement a un actif tangible, apparaît
comme l'un des principes qui font de la Finance Islamique une finance reconnue pour son
potentiel en termes de stabilité et de maîtrise des risques. En effet, exiger que tout contrat soit
rattaché a une activité « palpable » rassure notamment quant aux problématiques de
déconnexion de la sphère financière a la sphère réelle.
Le respect de l'ensemble des conditions induites par ces piliers fondateurs de la Finance
Islamique permet d'affirmer qu'un produit financier est « Sharia Compliant ». Néanmoins, il
semble évident que la bonne foi de l'offreur ne suffit pas a garantir la conformité du produit a
la Sharia. Pour pallier a ce problème d'agence, cette responsabilité est confiée a un Sharia
Board qui certifie la licéité des produits offerts.
Les jurisconsultes musulmans ont une profonde influence sur la pratique quotidienne de la
Finance Islamique. En effet, la nécessité d'une concordance continue avec les préceptes de le
Sharia impose aux différents acteurs de cette industrie de faire régulièrement appel a un «
Conseil de la Sharia », ou Sharia Board. Chargé de surveiller la conformité des produits et
des méthodes avec la Loi Islamique, ce comité joue un rôle pivot dans la vie des produits
« Sharia Compliant ».
Le processus de certification d'un produit passera par un certain nombre de questions qui
guideront le comité dans cet exercice. Typiquement :
· En tant que gestionnaire de fonds, est-ce une transaction dans laquelle le banquier serait prêt
a investir son propre argent ?
Dans le cas spécifique de la surveillance des fonds, il est a noter que le rôle du Sharia Board
ne se limite pas au screening des actions ou autres produits mais consiste également a garantir
la conformité des stratégies et des méthodes de gestion. Typiquement, il est inexact de stipuler
qu'un fonds indiciel dont l'indice de référence est certifié par un Sharia Board est
automatiquement « Sharia Compliant ».
Il convient enfin de souligner l'un des problèmes récurrents auxquels font face les acteurs de
la Finance Islamique en relation avec le rôle du Sharia Board. En effet, il existe au sein de la
communauté musulmane différentes écoles de pensée dont les interprétations de textes
religieux sont plus ou moins reconnues en fonction de la sensibilité du client. Ainsi, une
institution financière faisant appel a un Sharia Board malaysien pour la certification d'un
produit rencontrera des difficultés pour vendre ce produit dans le Golfe. En effet, les pays du
Golfe, plus rigoristes, auraient tendance a rejeter certaines interprétations des jurisconsultes
malaysiens jugés trop souples. L'on remarque néanmoins des efforts de standardisation de la
part d'institutions ayant vocation a réglementer ce marché tels que l'AAOIFI. 7(*)
CHAPITRE 3 : LE DEVELOPPEMENT
DU STSYEME FINANCIER ISLAMIQUE
Ce chapitre traite des différentes voies qui ont été adoptées et qui ont permis l'application de
tous les principes et techniques financières développés ci-dessus, en réponse à diverses
circonstances historiques et économiques de la seconde moitié du 20éme siècle tant dans le
monde musulman que non-musulman.
Cependant, pour retrouver l'origine de ce mouvement, il faut remonter bien plus en arrière,
vers la moitié des années 30, époque à laquelle certains ulémas (savants musulmans) tentent
une approche islamique des différents problèmes socio-économiques, problèmes qui les
amenèrent à s'interroger sur la légitimité de l'application de l'intérêt dans leur économie.
Ainsi, ils se distinguaient, dans leur réflexion, des économistes de l'époque puisque leur
volonté ne résidait pas, comme ce fut le cas jusqu'alors, à modifier les injonctions islamiques
pour les adapter aux pratiques financières occidentales. Ils désiraient, au contraire, réaffirmer
les préceptes islamiques, sans accorder aucun compromis, et convaincre l'opinion publique de
la nécessité d'un retour vers un système économique en conformité avec les normes de l'Islam.
Certains banquiers et économistes musulmans répondirent à l'appel mais aucune des tentatives
n'eut réellement un impact décisif. On retrouve plusieurs exemples remontant à cette époque
en Malaisie dans le milieu des années 40 et dans le Pakistan des années 50, à travers
l'apparition de coopératives rurales accordant des crédits sans intérêt. En 1962, le
gouvernement malais mit à la disposition de sa population le «Pilgrim's Management Fund",
qui permit aux fidèles d'épargner pour l'accomplissement du pèlerinage à la Mecque. Malgré
que l'étendue de l'activité de ces différentes instances reste limitée, elles représentaient sans
conteste l'ouverture à de plus larges aspirations et certains voient en cette première ébauche la
première phase de l'islamisation du système économique et financier.
L'émergence des discussions théoriques sur l'économie et la finance islamique n'a été
concrétisée dans la réalité qu'en 1963 à Mit Ghamr en Egypte. Cette première banque jouait
essentiellement le rôle d'une banque d'épargne basée sur le système du partage des profits et
des pertes mais ne projetait cependant aucun dessein religieux, évitant de cette manière d'être
perçue comme une manifestation du «fondamentalisme musulman» qui était alors un
anathème aux yeux du régime politique en place à cette époque. Cette expérience se
poursuivit jusqu'en 1967, temps auquel plus de neuf succursales s'étaient implantées à travers
tout le pays, étant donné le succès grandissant qu'avait connu l'application d'un système en
conformité avec la Chari'a. Peu de temps après la cessation de l'activité de cette première
banque apparut, en 1971, la Nasser Social Bank, qui opérait également sans intérêt et dans les
statuts de laquelle n'apparaissait aussi aucune référence à la Chari'a
Le début des années 70 fut la scène d'un véritable changement politique et idéologique dans le
paysage arabo-musulman. L'indépendance économique et politique face à la mainmise
occidentale était de plus en plus marquée, et permit à la population de ces différents Etats
d'exprimer et de pratiquer librement sa foi. Ce regain religieux se manifestait à tous les
niveaux de la population et dans tous les domaines, en particulier dans celui de l'économie et
de la finance. Ceci nous conduit à la deuxième phase dans laquelle les contours d'un système
bancaire alternatif rejetant l'intérêt et conforme aux objectifs de la Chari'a furent dessinés
pendant différents séminaires et conférences tenus à cette époque
De la même manière, plusieurs banques islamiques, tant dans la lettre que dans l'esprit, vont
apparaître dans les années 70 au Moyen-Orient. Ainsi, on peut citer la Dubaï Islamic Bank
(1975), la Faysal Islamic Bank du Soudan (1977), la Faysal Islamic Bank d·Egypte (1977), la
Banque Islamique de Bahreïn (1979), pour ne mentionner que celles-ci.
Les pays de l'Asie du Pacifique, bien que précurseurs du système financier islamique, étaient
à cette époque moins enclins au changement, et il fallut attendre le début des années 80 pour
voir s'établir en Malaisie la première banque islamique à part entière, la Bank Islam Malaysia
Berhad (81MB). Le mouvement fut dès lors enclenché, et le nombre de banques islamiques ne
cesse d'augmenter depuis cette époque.
La plupart des banques islamiques sont d'initiative privée, dans lesquelles le gouvernement n'a
pas de rôle ou seulement un rôle passif. Dans ce cas, les banques islamiques coexistent avec
des banques opérant selon le système conventionnel, c'est-à-dire en pratiquant l'intérêt.
Cependant, quelques pays musulmans, comme l'Iran, le Pakistan et le Soudan ont adopté une
approche différente, celle de l'islamisation progressive de tout leur système économique et
financier.
Nous entrons ici dans ce que nous appellerons la troisième phase de développement du
système bancaire islamique, c'est-à-dire son intégration dans des régions où la population
musulmane est minoritaire et dans des pays occidentaux.
IBS Luxembourg tentera d'élargir sa présence jusqu'au Danemark, où il installera une filiale
en 1982. il sera ensuite racheté par la Dar al-Maal al Islami (DMI), avant de fermer
définitivement ses portes en 1997.
Beaucoup plus tard, en 1990, va s'établir la Faisal Finance à Genève en Suisse, filiale de la
Dar al-Maal al Islamic (DMl). Cette institution remplira principalement le rôle d'une banque
d'affaires avec toutes ses implications. Une autre filiale de la DMI ouvrira également ses
portes au Luxembourg, mais cette fois en tant que holding de type Soparfi (société de
participations financières), et non pas sous le statut d'une banque.
Dans les pays d'Europe Continentale où la communauté musulmane représente une partie
non-négligeable de la population, comme l'Allemagne, la France ou la Belgique, les banques
islamiques sont jusqu'à présent non-existantes. Le principal argument avancé pour justifier
cette carence est la présence de législations qui s'opposent à l'établissement de telles
institutions.
L'une des règles les plus contraignantes est le système de garantie de dépôts géré par J'Institut
de Réescompte et de Garantie des dépôts. Par ce système, tous les dépôts sont protégés des
pertes réalisées ou de la faillite des banques par leur adhésion obligatoire à cette instance.
Dans le système islamique, seuls les comptes courants garantissent le capital initial. Par
contre, le capital investi sur les comptes d'investissement peut être sujet à une dépréciation,
suite aux pertes possibles engendrées par le projet financé.
La législation bancaire belge énumère24(*) toutes les activités que les banques sont autorisées à
pratiquer. Parmi celles-ci, certaines dispositions communes aux deux systèmes se retrouvent,
telles que la collecte des dépôts, le leasing, les opérations de paiement, ... Au demeurant, les
opérations commerciales réalisées dans le cadre des contrats de Murabaha ne sont pas
couvertes par la loi et ne peuvent donc être appliquées en Belgique.
Enfin, J'une des dernières contraintes légales qu'il est encore important de citer est la
limitation de détention de droits d'associés et de participations qu'une banque peut détenir. Un
arrêté royal prévoit à cet effet que «chaque poste n'excède pas 15% des fonds propres de
l'établissement de crédit et que le montant total n'excède pas 45% des fonds propres de
l'établissement25(*)». Etant donné que J'activité principale d'une banque islamique est
J'investissement des fonds déposés selon, entre autres, un contrat de Mudaraba qui peut
prendre la forme de participation dans le capital d'une société pour le compte propre de la
banque, il est évident que ces normes seront inévitablement dépassées.
En Allemagne, la seule initiative connue jusqu'à nos jours est celle qui a été entreprise par
l'IFH située au Luxembourg.
Mis à part ce projet, l'Allemagne reste surtout le siège d'une certaine réflexion sur le système.
Plusieurs personnalités ont révélé un véritable intérêt à J'égard du système bancaire islamique,
bien que cet intérêt se soit jusqu'ici résumé au potentiel du système d'un point de vue global,
plutôt qu'à une application spécifique à J'Allemagne
Un autre argument qui est souvent cité pour justifier J'absence de banques islamiques en
Europe Continentale est le poids relatif de la communauté musulmane dans la partie la moins
favorisée de la population. Cet argument reviendrait pourtant à dire que « ... le système
bancaire islamique ne serait réservé qu'aux riches et aux hommes d'affaires musulmans, ce
qui est .évidemment en contradiction avec les principes énoncés par le Coran... 26(*)».
1.2.2. Grande-Bretagne
La Grande-Bretagne est le seul pays d'Europe176 qui, jusqu'ici, a autorisé l'établissement d'une
banque islamique sur son territoire. Malgré que J'expérience ne dura que jusque 1993,
J'établissement de la Al-Baraka International Bank Lirnited (AlBL), filiale du groupe Al-
Baraka, est considéré comme J'expérience pionnière du système bancaire islamique en
Europe. La fermeture de la banque en 1993 est essentiellement due à son incapacité à
répondre aux exigences de la Banque Centrale d'Angleterre. Dans une lettre adressée à
J'Association des Banquiers Arabes en mars 1994, Eddie George, gouverneur de la Banque
d'Angleterre à cette époque.
Unit (lBU), comme est appelé ce projet, propose principalement des contrats de Murabaha et
de Ijam pour permettre le financement de l'achat de biens immobiliers aux musulmans
britanniques qui ne désirent pas contracter un emprunt à intérêt. Il est important de noter que
l'UBK avait déjà lancé le même type de service en Irlande en 1994. L'IIBU Fund II PLC basé
à Dublin permet l'investissement de fonds dans un assez large portefeuille d'équipement basé
sur le principe de l'Ijara. D'autre part, l'UBK avait également déjà proposé le Healthcare Fund
en décembre 1996, né de l'association de l'UBK et de la Kuwait Finance House, offrant la
possibilité d'un financement immobilier par Ijara.
D'autres tentatives ont été entreprises entre-temps, mais sans grand succès. Ce fut le cas, par
exemple, pour l'El Medina Islamic Equity Fund lancé en 1994, qui sélectionnait une centaine
de sociétés dans un panier de 500, dans lesquelles les investisseurs musulmans pouvaient
investir. Ce fonds n'eut pas le succès attendu, à cause d'un manque de crédibilité et de la
carence d'un plan de marketing adéquat, étant donné la nouveauté du produit.
En dépit du peu de réussite engendré par la tentative d'implantation d'une institution islamique
en Angleterre, Londres reste sans conteste la première place financière islamique et également
la plaque tournante des réflexions et des discussions sur ce sujet et le lieu d'édition des
différents ouvrages publiés en anglais dans le domaine. Par conséquent, la Grande-Bretagne
est le pays d'Europe le plus avancé et le plus ouvert à une réelle implantation du système
financier islamique. Ceci sera illustré lorsque nous aborderons les différentes coopérations qui
existent entre les deux systèmes. Nous verrons, en effet, comment plusieurs banques
britanniques se sont lancées dans l'offre de produits financiers islamiques.
1.2.3. Etats-Unis
Avec plus de 6 millions de musulmans de toute origine, les Etats-Unis dispose d'un réel
marché pour le développement de services financiers en accord avec la loi islamique. En
outre, contrairement à la situation des immigrés musulmans vivant en Europe, la communauté
musulmane américaine n'est pas confinée dans ce qu'on pourrait appeler la classe précaire de
la population
En réponse à cette constatation, plusieurs initiatives ont été lancées sur le sol américain. Parmi
celles-ci, on peut citer la LARIBA Bank de l'American Finance House, qui est autorisée à
opérer dans plus de 13 Etats américains. Actuellement, la LARIBA Bank propose une
diversité de services de financement parmi lesquels le Lease-to-Purchase pour les biens
immobiliers, les voitures et les équipements médicaux. Elle offre également diverses
opportunités de financement et d'investissement aux petites et moyennes entreprises.
Une autre institution qui s'est également largement développée est l'Amana Mutual Fund
basée à Washington. Ce fonds permet à des investisseurs de placer leur argent dans un
portefeuille diversifié d'actions de compagnies dont l'activité est en accord avec les principes
de la Chari'a.
La liste des institutions offrant de pareils services est encore longue. Un dernier exemple
pourrait être l'initiative lancée par Omar Clark Fisher, consultant chez OPIC converti à l'Islam
en 1980. Il lança en 1992 la Première Société de Leasing Islamique, qui, après trois ans
d'existence, atteignit un portefeuille d'investissement de plus de 6 millions d'USD.
La taille actuelle du marché financier musulman est assez difficile à mesurer. Le nombre
d'institutions bancaires totalement islamiques était estimé à plus ou moins 200 unités en 1999
par le magazine spécialisé Private Banker, alors que le Président de l'Abu Dhabi Islamic
Bank, Al Nassiri parlait déjà d'une augmentation de 34 en 1983 à 194 banques islamiques en
199727(*)
Le dernier recensement officiel des institutions bancaires islamiques a été effectué en 1996
par l'Association Internationale des Banques Islamiques. Malgré que les chiffres de cette
enquête ont inévitablement augmenté en six années de temps, les graphiques et tableaux qui
en ressortent permettent d'obtenir une idée relativement claire da la taille et de la structure
actuelles du marché.
Le nombre de banques islamiques était alors estimé à environ 90, hormis les banques du
Pakistan, de l'Iran et du Soudan où la totalité du système bancaire a été islamisée. En 1996, la
valeur totale de l'actif qui était géré par ces banques s'élevait à 28 milliards d'USD alors
qu'elle est évaluée en 1998 à plus ou moins 50 milliards d'USD.
Les différents tableaux présentés ci-dessous sont directement repris des différentes enquêtes
menées en 1996 par J'Association des Banques Islamiques basée à Jeddah en Arabie Saoudite.
Le tableau suivant nous donne la répartition des banques islamiques à travers le monde:
Ces chiffres montrent que le plus grand nombre d'institutions financières islamiques se
trouvent en Asie, suivi par les pays du Golfe et les autres pays du Moyen-Orient. Bien que ces
chiffres nous offrent une première idée sur l'étendue et la répartition du marché financier
islamique par région, ils ne nous permettent pas d'évaluer le poids de différentes régions sur le
marché. Une répartition de la valeur des actifs gérés par région résout ce problème.
La taille est une variable importante pour pouvoir déterminer l'efficacité d'une banque.
D'après les données de ce tableau, nous pouvons constater que la majorité des banques
islamiques se trouvent en dessous du seuil d'efficacité fixé à 500 millions d'USD. Seules 10
banques sur les 80 dont les données sont disponibles publiquement atteignent ce seuil. La
petite taille adoptée par la majorité des banques islamiques est souvent justifiée comme une
manière de minimise!": le risque à travers une diversification de leur portefeuille d'actifs.
Ce tableau nous permet de constater que seulement 8 institutions ont atteint ce niveau
d'optimalité.
Des résultats qui sont dégagés de ces différents tableaux, on peut conclure que seul un nombre
restreint d'institutions financières islamiques a atteint les différents niveaux d'optimalité. Ces
résultats peu encourageants sont, de manière générale, à imputer au très jeune âge de la
plupart de ces institutions. Au demeurant, il est de notoriété publique qu'un haut niveau de
capital facilite l'appel à de nouveaux fonds puisqu'il reflète l'intérêt que portent des
actionnaires à la société.
A présent, il est intéressant de voir quels sont les modes de financement qui sont le plus usités
par un échantillon de 10 banques islamiques. Les banques reprises dans cet échantillon par
l'Association des Banques Islamiques ont été sélectionnées selon deux critères: premièrement,
selon une taille minimum pour que les données puissent être statistiquement significatives;
deuxièmement, selon la disponibilité des informations requises. Les dix banques reprises dans
l'échantillon représentent ensemble environ 50% de l'actif total agrégé des banques islamiques
en 1996; ce qui assure une certaine représentativité à l'échantillon.
Ce graphique reprend l'utilisation des divers modes de financement par les moyennes des
différentes banques. Cela indique la proportion de chaque mode de financement dans l'activité
de la banque. On constate que la Murabaha représente plus de 70% et l'Ijara 5%. Donc, les
instruments financiers basés sur la dette représentent plus de 75%, alors que les instruments
basés sur le partage du profit représentent moins de 14% du total.
Ici encore, pour pouvoir examiner quelle était la position du financement par secteur en 1996,
un échantillon d'une dizaine de banques a été sélectionné.
De ce graphique, il paraît évident que la majorité des banques investissent leurs fonds dans
des activités commerciales avec 42% du total investi. Le second secteur dans lequel les
banques investissent le plus est celui de l'immobilier, avec 13%. Le secteur industriel suit de
très près avec 12% et l'agriculture arrive en dernier lieu avec à peine 2,4%.
Les résultats obtenus ici sont à imputer à ceux obtenus lors de la répartition des ressources par
modes de financement. La Murabaha est, en effet, à l'origine un mode de financement
commercial. Ces résultats peuvent également être expliqués par la répartition géographique
des banques. La majorité des fonds gérés se situent dans la région du Golfe où l'agriculture est
très peu développée.
Après avoir étudié les différents résultats du secteur bancaire islamique en 1996, il nous est
maintenant possible de ·les exploiter pour pouvoir envisager les différents problèmes et
opportunités auxquels est confronté le système.
A la lumière des données étudiées ci-dessus, un premier problème qui se pose aux banques
islamiques est l'impopularité des instruments basés sur le partage du profit. L'ensemble des
techniques financières se scinde, en effet, en deux parties: celles qui sont basées sur un revenu
fixe du capital et celles basées sur le partage des pertes et des profits (Mudaraba et
Musharakah). Alors que les premiers économistes musulmans préconisaient la Musharaka et
la Mudaraba comme les principales méthodes de financement, elles ne représentent
actuellement que 10 à 15% de l'activité bancaire.
Pourtant, les théoriciens de la finance islamique ont bâti leurs espoirs sur de tels instruments
et comparé leurs effets sur l'économie à ceux produits par l'investissement directe. Ils ont
également développé toute une série d'arguments et de théories qui démontrent la supériorité
du partage des profits sur l'octroi d'un revenu fixe20I. L'utilisation de ce type de transaction a
été conseillée comme méthode de financement uniquement lorsque le partage des risques et
des profits n'est pas applicable. Si ce n'est pas le cas, les juristes et économistes musulmans
désapprouvent leur application, les banques préservant de cette manière le statique avec le
système conventionnel, par l'insistance sur la solvabilité du client et le maintien de la relation
créditeur/débiteur.
Plusieurs approches doivent être adoptées pour comprendre les causes de cette impopularité.
Partant de la perspective bancaire, le principal obstacle à leur développement semble se
résumer aux risques et aux coûts transactionnels que ceux-ci engendrent.
La banque préfère également les contrats de Murabaha ou d'Ijara aux contrats basés sur le
partage des profits pour la perspective à court terme qu'ils offrent. Les banques favorisent le
court terme étant donné qu'elles travaillent généralement sur des petites réserves; elles doivent
donc pouvoir disposer rapidement de liquidités si le besoin s'en fait ressentir.
Par conséquent, il n'est pas surprenant que le financement par Murabaha et par Ijara
représente plus de 75% de l'activité globale de financement des banques islamiques. Ce type
de contrat, en plus d'être basé sur le court terme, offre un haut niveau de liquidité et peu de
risque aux investisseurs. Ces avantages ont donc largement contribué à la forte popularité de
ces techniques, mais cette utilisation abusive pose actuellement certains problèmes sur la
scène financière islamique: le risque de défaut de paiement des clients et la difficulté de
négociabilité de ces actifs.
Le danger engendré par l'insolvabilité du client est illustré de la manière suivante: même s'il
est permis d'imposer un prix plus élevé pour la vente à crédit comparé à la vente au comptant,
une fois le contrat conclu, une dette fixe naît du côté de l'acheteur. Si celui-ci n'acquitte pas sa
dette, les banques ne peuvent pas le pénaliser financièrement, cela étant assimilé à du Ribâ.
Il faut néanmoins rester vigilant lorsque la question de la pénalisation du client est abordée.
Les juristes musulmans s'accordent sur la légalité d'une sanction financière, mais la banque ne
peut retirer aucun bénéfice de celle-ci. La question de savoir si la banque utilise cette astreinte
pour réparer le dommage qu'elle a subi reste aujourd'hui une question non résolue.
L'autre problème engendré par l'utilisation excessive de ces contrats basés sur la dette est leur
difficulté à transformer ces modes financiers en instruments financiers négociables205. Une
fois qu'une dette a été créée, elle ne peut, en effet, être transmise à une tierce personne, si ce
n'est dans sa propre valeur. Vu le poids important de ces instruments sur le marché financier
islamique, celui-ci devient très peu négociable, et représente par conséquent l'un des obstacles
les plus importants à la mise sur pied d'un marché islamique secondaire.
Les taux de croissance spectaculaires le prouvent, les banques islamiques ont connu un succès
considérable dans la mobilisation de fonds dans le passé. Cependant, les circonstances
actuelles ne sont plus celles des années 70, et de nouveaux éléments menacent leur prospérité.
Les taux de croissance continuent à évoluer mais de manière décroissante et de nouveaux
efforts sont requis pour tenter de stabiliser ces taux.
Un premier élément qui remet en question le futur des banques islamiques est que celles-ci,
après de nombreuses armées de .monopole» dans leur domaine, doivent affronter aujourd'hui
l'intérêt grandissant que portent les banques conventionnelles sur leur marché. Bien qu'il est
difficile d'établir une liste complète des institutions qui pratiquent le système bancaire
islamique parmi leurs nombreuses activités, il n'en reste pas moins que celles qui l'appliquent
de notoriété publique sont des géants de la scène bancaire internationale. Leur concurrence
introduit graduellement de nouvelles réalités auxquelles les banques islamiques ne sont pas
préparées.
Cette innovation est d'autant plus nécessaire que c'est le manque de diversification dans les
produits proposés qui a mené la banque islamique à agir comme un intermédiaire plutôt que
comme un véritable investisseur. Les investissements en recherche et développement sont, par
conséquent, indispensables.
Cette idée pourrait paraître évidente, mais elle n'en est pas moins extrêmement difficile à
appliquer, étant donné le filtre religieux par lequel tout nouveau produit doit passer. Une
condition sine qua non pour que celui-ci soit attractif auprès des principaux clients de la
banque, les musulmans, est son adéquation aux règles du droit islamique. Cependant,
plusieurs techniques sont à la disposition des juristes musulmans, comme le qiyas, la maslaha
ou encore l'istihsan . Ce fut le cas, par exemple, pour la procédure d'approbation du contrat de
Salam. Rappelons qu'au départ, la vente d'un objet qui n'est pas en possession du vendeur est
interdite. Cependant, dans le cas du contrat de Salam, le Prophète (sbsl) a autorisé une telle
transaction pour les besoins des gens de son époque, pour autant que la protection des intérêts
des deux parties soit assurée .
Ici aussi, de nouveaux besoins sont apparus et la nécessité de l'innovation se fait nettement
ressentir. Les marchés financiers conventionnels débordent de nouveaux produits tels que les
options, les plans de pension, les cartes de crédit, ... Les institutions islamiques ne peuvent
donc se permettre de rester à l'arrière-plan de la scène. C'est ainsi que de nombreux contrats
classiques ont été améliorés, voire modifiés, pour répondre aux besoins contemporains. On
peut citer comme exemple le modèle même de la structure bancaire islamique, la Mudaraba
two-tiers. Ce modèle est basé sur une adaptation du principe de Mudarib udarib:qui donne le
droit au Mudarib (la banque) de devenir elle-même Rabb al mâl vis-à-vis de ses clients. Ce
principe est également usité pour l'application des sous-contrats pour d'autres techniques
financières. Le processus d'innovation est donc en cours mais requiert d'importants
investissements en Recherche et Développement. En vue d'optimiser leurs investissements
dans ce domaine, les banques ont décidé de centraliser leurs efforts par la création, en 1992,
du Bureau de Coordination et de Recherche Académique, qui est situé dans le Centre Saleh
Kamel pour l'Economie Islamique, à l'Université Al Azhar au Caire, en Egypte.
L'une des plus grandes difficultés que rencontrent les Conseils de la Chari'a dans leur
fonction est la diversité des opinions des savants musulmans. Bien qu'ils soient unanimes sur
les principes fondamentaux, il existe souvent plus d'une interprétation pour un seul sujet. Le
gouvernement malais a tenté de faire face à ce problème au début du développement de son
industrie bancaire islamique. Sa Banque Centrale, la Banque Negara, dispose de son propre
conseil religieux qui détermine les règles applicables pour l'ensemble des banques islamiques
actives sur son territoire.
Une tentative de centralisation des conseils de la Chari'a a été amorcée par les différentes
initiatives de séminaires internationaux réunissant des juristes et des experts financiers
musulmans, séminaires dont le plus célèbre est le OIC Fiqh Academy tenu régulièrement à
Jeddah, en Arabie Saoudite.
La situation est cependant loin d'être idéale. Les discussions entre juristes et financiers sont
souvent vides de sens, ceux-ci utilisant des termes techniques qui varient non seulement d'une
discipline à l'autre, mais également d'un pays ou d'un courant de pensée à l'autre. Le véritable
problème qui se pose dès lors est « ... la carence en savants qui maîtrisent tant les
enseignements coraniques qu'économiques et financiers. Dans une interview donnée à
l'auteur, Muazzam Ali de la IIBI à Londres estimait qu'il n); avait pas plus de 20 savants à
travers le monde qui répondent à ces conditions210)).
Ce problème de concordance des avis émis mène souvent à des opinions contradictoires et à
des conflits d'intérêts. De plus, la diversité des conseils de la Chari'a ralentit
considérablement le développement du système financier islamique, sans lesquels il ne peut
cependant pas fonctionner.
Jusqu'ici, les institutions financières islamiques à travers le monde ont toujours essayé de
bénéficier de la structure institutionnelle déjà établie pour le système conventionnel.
Cependant, elles ne peuvent se contenter d'une structure reposant sur des principes différents
et souvent contradictoires à son fonctionnement. La nécessité de l'établissement d'institutions
orientées plus spécifiquement vers leurs besoins et leur nature se fait donc vivement ressentir.
Le manque d'instances de contrôle dans le paysage financier musulman est l'un des problèmes
les plus urgents à résoudre, étant donné les carences qu'engendre ce manque. En effet, trois
raisons expliquent cette urgence: la difficulté d'acquisition d'informations disponibles pour les
investisseurs et le manque de transparence, le manque d'assurance quant à la faisabilité et au
futur du système financier, et l'amélioration des politiques monétaires.
L'information est un élément essentiel pour assurer la continuité d'un système financier, et
dire que la transparence est une qualité du marché bancaire islamique serait un leurre. Il n'est
pas rare, par exemple, que le procédé exact de calcul des pans de profits sur les différents
dépôts soit gardé confidentiel. De la même manière, les détails quant à l'utilisation des fonds
par les banques ne sont que rarement rendus publics. Cette attitude de la part de la majorité
des banques islamiques enraye la fiabilité de leur activité. Une transparence plus accrue est
donc requise et celle-ci pourrait être exigée par une instance de contrôle, qui obligerait les
banques à révéler les informations cruciales aux investisseurs potentiels et ainsi augmenter
l'efficacité des marchés financiers.
L'industrie bancaire conventionnelle est l'un des secteurs les plus contrôlés et les plus régulés.
Bien qu'une instance comme la Banque Centrale est présente dans tous les pays où il existe
des institutions islamiques, la structure et le fonctionnement de celle-ci sont trop souvent
calqués sur celle du système conventionnel.
Ces dernières années, des efforts ont été entrepris dans certains pays; ainsi, en Egypte et en
Jordanie, un Acte Bancaire Islamique a été édité, prévoyant des règles spécifiques aux
institutions financières islamiques et les relations de celles-ci avec la Banque Centrale.
D'autres pays comme la Malaisie ont édicté des règles, pour les opérations des banques
islamiques parallèlement à celles déjà présentes pour les banques conventionnelles.
Cependant, aucune de ces initiatives ne prévoit un système d'assistance conforme aux règles
de la Chari'a. Ainsi, les dépôts des banques auprès de la Banque Centrale restent rémunérés
par une charge d'intérêt, et il en est de même pour les prêts octroyés. Plusieurs solutions ont
déjà été avancées, mais rares sont leurs applications. Ainsi, Chapra212 propose un dépôt
commun par les banques islamiques sous le contrôle des Banques Centrales pour fournir une
aide à une autre en cas de problème de liquidité, et ce sur une base coopérative.
Enfin, une dernière institution qui devra être mise sur pied prochainement est un Conseil de la
Chari'a commun à toutes les banques et qui fournirait des règles standardisées et communes à
chacune.
Un système financier requiert qu'une bonne partie de ses activités soit basée sur du long
terme. Dans le système conventionnel, ces activités sont assumées par l'émission de titres
comme les obligations à long terme et les actions. Cette fonction est assurée par les marchés
de titres et les institutions spécialisées. En plus du public, les plus importantes sources de ces
investissements à long terme sont les banques d'investissement, les fonds communs, les
compagnies d'assurance et les fonds de 'pension.
Dans le système islamique, une émission d'obligations à long terme n'est pas possible
puisqu'elle repose sur l'intérêt. Le besoin en marché des actions est, par conséquent, bien plus
élevé. De plus, un manque latent de standardisation des produits empêche les banques
islamiques de se développer. Cette standardisation permettrait aux banques de coopérer, tout
comme les méthodes basées sur l'intérêt ont été uniformisées. Cette uniformisation
favoriserait la syndication de beaucoup de transactions bancaires et la capacité de pouvoir
titriser ces produits endiguerait le manque de négociabilité de ces produits, permettrait la
croissance d'un marché secondaire spécifique et encouragerait les investissements à long
terme213.
Malheureusement, dans la plupart des pays musulmans, le marché des actions n'est pas
vraiment développé. Parallèlement, le nombre d'institutions spécialisées est relativement
négligeable. Des fonds communs et des fonds Mudaraba sont apparus mais leur nombre reste
assez restreint et l'information sur leur performance presque inexistante. De la même manière,
le nombre de compagnies d'assurance islamiques peut tenir sur les doigts d'une main.
Ce retard pose plusieurs problèmes au système musulman: d'une part, il l'empêche d'assurer
son avenir et sa longévité à cause du déséquilibre flagrant qui existe entre le court terme et le
long terme. D'autre part, il augmente le décalage déjà existant avec le marché conventionnel
où le nombre et les performances des institutions spécialisées sont relativement croissants
Alors que les banques conventionnelles disposent de règles comptables internationales qui
leur sont communes et que leur Banque Centrale publie les comptes annuels consolidés des
banques après supervision, le système financier islamique dispose d'une diversité de pratiques
comptables, pratiques qui varient d'une institution à l'autre, entravant ainsi toute tentative de
comparaison entre les documents comptables. De plus, les concepts utilisés pour l'élaboration
du bilan et du compte de résultat ne sont que rarement définis d'une manière rigoureuse.
Cependant, ces dernières armées, plusieurs initiatives ont été prises pour neutraliser ce
problème et pour tenter une standardisation des pratiques comptables. Etant donné l'ampleur
et la nouveauté de cette initiative, un simple paragraphe ne nous permettrait de l'aborder d'une
manière adéquate
L'arrivée au Maroc des techniques bancaires conformes aux préceptes de l'islam est désormais
une réalité. Bank Al-Maghreb a enfin annoncé l'introduction de nouveaux produits bancaires
conformes à la Charia dés le mois d'octobre 2007, cette annonce a été faite par le wali du
Bank Al-Maghreb Abdellatif Jouahri lors d'une conférence de presse tenue à Rabat mardi 23
Mars 2007.
Il a aussi souligné que les nouveaux produits financiers autorisés concernaient uniquement le
financement, et non les dépôts. Il a indiqué que 53 pour cent des dépôts en espèces dans les
banques marocaines se faisaient sous la forme de dépôts non productifs et qu'il n'y avait donc
aucune raison pour les citoyens préférant conduire des transactions sans intérêt d'avoir des
réserves sur les dépôts bancaires. Il convient aussi de signaler que l'offre de ces produits, afin
qu'elle s'aligne avec les standards internationaux, a donné lieu à la signature de contrats
établis sur la base des règles édictées par «The Accounting and Auditing Organization for
Islamic Financial Institutions», organisme basé à Bahreïn, qui compte 130 membres,
représentant 29 pays.
L'introduction au Maroc, de ces trois techniques de financement qui sont parmi les opérations
islamiques les plus répondu dans le monde, vient d'une part dans un contexte international
dans le quelle la présence des techniques de financement islamiques dans le marché est de
plus en plus pesante, plus de 800 milliards de dollars gérées selon la charia surtout après le
boom pétrolier des années soixante-dix qui a entraîner une grande disponibilité de
pétrodollars et de ce fait la création du premier grand établissement islamique de financement,
et une croissance de plus de 25 % sur six ans . La finance islamique, jusque-là laissé à
quelques institutions financières du Golfe du Pakistan ou de Malaisie, s'avère receler un
énorme potentiel qui intéresse de plus en plus les occidentaux notamment en grande Bretagne
« l'Islamic Bank of Britain » et les Etats-Unis dans laquelle le Dow jonce a par exemple créé
un indice de placement islamique. Et d'autre part ces techniques vont répondre à une demande
interne de plus en plus ascendante pour ce type de financement, par les citoyens comme par
les investisseurs venus du moyen orient, surtout après une vaste renaissance de l'islam et de
ces valeurs dans le monde musulmans.
D'autres banques islamiques virent le jour au cour de la décennie 70 tel que le groupe « DAR
AL AMAL AL ISLAMI », « AL BARAKA », le rythme de la création va s'accélérer dans
beaucoup de pays arabes à savoir le KOWEÏT, QUATAR,JORDANI... on voit naître
également des guichets d'opérations bancaires islamiques au sein de banques traditionnelles,
notamment aux ETATS-UNIS et en suisse. D'autre pays tel que l'Iran, et lors de la montée des
islamistes au pouvoir, a adopté intégralement un programme de restructuration de leurs
institutions dans le sens islamique en interdisant complètement aux banques de percevoir ou
de verser des intérêts.
Nous trouvons quelques banques islamiques au Maroc. Cependant, ces banques apparaissent
toutes sous un statut particulier. En effet nous ne trouvons que des B.I.D : Banque islamique
de Développement, a travers ce nom nous comprenons que ces banque ne sont amenées à
financer (conformément au système islamique) que les projets publics généralement de grosse
envergure, d'ailleurs, même le capital de ces banques est public. Nous pouvons donc nous
poser la question de savoir pourquoi n'y a-t-il pas de banques susceptibles de financer les
projets privés de plus petites envergures au Maroc ?
La réponse est de la part de M. jouahari dans une interview du journal La Nouvelle Tribune
17/1/2007 « Quelle réponse avez-vous donnée à la demande que vous adressent des banques
islamistes, de venir s'installer au Maroc ? Comme vous le savez, le rôle des organes de
régulation et de supervision est de prévenir des situations, de replacer les décisions dans leur
contexte général, intérieur et externe, sans se retrouver dos au mur, de veiller à ne pas
désarticuler le marché qui existe. En conséquence, notre réponse à ces interpellations est
claire. Nous ne pouvons accorder d'autorisation d'établissement sans projet industriel clair et
défini. Mais, avec le GPBM, nous avons mis au point toute une panoplie de produits bancaires
qui répondent aux spécificités et règles de la Charia».
L'opération "Moucharaka" est définie comme étant tout contrat ayant pour objet la prise de
participation, par un établissement de crédit, dans le capital d'une société existante ou en
création, en vue de réaliser un profit. Les deux parties participent aux pertes à hauteur de leur
participation et aux profits selon un prorata prédéterminé.
L'opération "Mourabaha" est définie comme étant tout contrat par lequel un établissement de
crédit acquiert, à la demande d'un client, un bien meuble ou immeuble en vue de le lui
revendre moyennant une marge bénéficiaire convenue d'avance, le règlement par le client se
fait en un ou plusieurs versements, à une date ultérieure, ne dépassant pas 48 mois.
Parmi les banques marocaines qui ont déjà commercialiser ces produits, c'est bien sûr
Attijariwafa bank qui a dévoilé ses deux premières formules depuis le 8 octobre 2007 dans ses
agences. Baptisés «Miftah Al Kheir» et «Miftah Al Fath», les deux produits sont la
déclinaison du concept «Mourabaha» et «Ijara wa Iqtinaa».
La première formule est un contrat par lequel la banque acquiert, à la demande de son client,
un bien immobilier à usage d'habitation ou professionnel en vue de le lui revendre,
immédiatement, moyennant une marge bénéficiaire connue d'avance. Le règlement par le
client se fait en un ou plusieurs versements étalés sur une durée convenue avec la banque, qui
peut atteindre 25 ans, et le prix de vente au client est calculé sur la base du coût de revient de
l'immeuble que supporte la banque (prix, frais, taxes...).
Quant à Miftah Al Fath, il s'agit d'un contrat selon lequel Attjariwafa bank met à la
disposition de son client, à titre locatif, un bien immobilier, assorti de l'engagement ferme du
client d'acquérir le bien au terme du contrat. Le produit s'adresse à la fois aux particuliers et
aux professionnels et peut également financer 100% du bien en question. La durée du contrat
varie entre 10 ans et 20 ans au maximum.
A partir de janvier 2010, la TVA sur les produits bancaires alternatifs comme la mourabaha et
l'ijara sera de 10 pour cent, contre les 20 pour cent qui étaient préalablement appliqués.
Les nouveaux taux de l'emprunt signifient que les produits bancaires alternatifs conformes à
la charia seront désormais taxés au même taux que les produits bancaires et les prêts
traditionnels. Les Musulmans qui hésitaient à contracter des prêts classiques pourront
maintenant utiliser un grand nombre de produits bancaires alternatifs sans craindre de violer
les règles de leur religion.
Les banques proposent un grand nombre de produits alternatifs. Avec les contrats murabaha,
une banque ou un établissement de crédit achète un bien dans l'intention de le revendre au
client avec une marge de profit convenue à l'avance. Les clients peuvent également opter pour
un contrat ijara, par lequel une banque loue un bien à un client avec une option d'achat à la fin
de la période du prêt en leasing. Les entreprises et les PME peuvent également profiter de
contrats musharakah, par lesquels une banque contribue au financement de la nouvelle
entreprise dans l'espoir d'en tirer un profit.
Tous ces services renoncent à appliquer le taux d'intérêt traditionnel, pour rester conformes
aux restrictions islamiques sur les profits tirés des intérêts.
Des taux de TVA élevés constituaient un obstacle aux pratiques bancaires alternatives, a
expliqué lundi à Rabat le spécialiste financier Othmane Mehdi, soulignant qu'un manque
d'information sur ces services avait également empêché leur développement.
"Pour réussir ces opérations dites islamiques, il faut miser sur la publicité pour que la clientèle
cible soit au fait des nouveautés", a-t-il ajouté.
Il reconnaît que certains mettront en doute la "légalité islamique" des produits proposés et se
demanderont si les dispositions financières proposées sont vraiment halal.
Les nouveaux produits islamiques, sont des modes de financements qui émane et respecte la
théorie économique islamique et ils se distinguent des produits bancaires traditionnels sur
plusieurs points
2.1. Caractéristiques des nouveaux produits bancaires islamiques par rapport aux
autres produits bancaires traditionnels:
Pour mieux comprendre le contenu de ces nouveaux produits bancaires, il vaut mieux faire
une petite comparaison, entre ces derniers et les autres produits dit traditionnels assimilables :
1 : Il s'agit dans les deux cas de l'acquisition d'équipement au profit d'un client les ressources
financières ne lui permettent pas de faire face à un investissement déterminé.
2 : Il s'agit aussi dans les deux cas d'un contrat de location, c'est-à-dire que le bien reste
propriété de la banque qui le donne en location au client pour un période déterminée.
3 : Dans le ta'jir, comme dans le leasing le client a l'option d'achat du bien à la fin de la durée
du contrat pour une unité monétaire symbolique.
4 : Dans les banques islamiques, comme dans les banques classiques, il s'agit là de l'un des
plus chers modes de financement
Mais à l'instar de ces points de convergences, il y en a pas mal de points de divergences qui
apparaissent essentiellement dans le principe de résiliation du contrat de location avant son
terme. En effet dans l'orthodoxie du droit musulman le bénéficiaire du ta'jir peut le résilier
avant l'échéance de la dernière traite, contrairement au leasing, où le bénéficiaire est tenu de
respecter l'échéancier et ce n'est qu'à cette date qu'il peut soit : lever l'option d'achat du bien,
ou refuser de lever l'option d'achat, ou bien convenir sur la base résiduelle de cession, d'un
nouveau loyer échelonné dans le temps. Toutefois la différence qui a de la taille c'est que
« Ijara wa Iqtinaa » pose sur le principe de la marge bénéficiaire alors que le leasing sur les
taux d'intérêt qui sont prohibées par la charia.
· La Murabaha et le crédit -acheteur : la Murabaha est souvent comparer avec le crédit-
acheteur qu'on utilise souvent dans le domaine du commerce international. Dans le crédit-
acheteur la banque accorde à un acheteur un prêt d'un montant déterminé qu'il remboursera à
des échéances déterminées. Tant dans le crédit-acheteur que dans la Murabaha , il y a
l'avantage pour le fournisseur d'être payé directement et au comptant.
Néanmoins le crédit-acheteur est un crédit financier qui porte sur le moyen de paiement, alors
que dans la Murabaha il y a un contrat commercial (vente) et un financement à terme. De
même dans le crédit acheteur la banque est étrangère au contrat commercial, alors que dans la
Murabaha la banque est une partie intégrante.
En introduisant des produits bancaires islamiques, le Maroc voulait que ces derniers
contribuent au développement du pays, surtout au niveau social et économique, et comme ça
conserver l'équilibre social et économiques que l'Etat se batte depuis toujours pour le
stabiliser.
Comme beaucoup de pays du tiers monde le Maroc connaît une grande crise d'habitat, que les
crédits traditionnels, n'ont pas pu résoudre, et encore plus, les banques sont même soupçonnés
de l'accentuer notamment par la spéculation , et par des crédits qui ne répondent pas aux
demandes d'un grand nombre de clients, qui ont des convictions religieuses contraires aux
principes sur lesquelles ces crédit sont basées, surtout les taux d'intérêts prohibés par les
préceptes de la charia ( 42% de ceux qui refusent les crédits bancaires au Maroc c'est pour des
motifs religieux) selon une étude faite par une association spécialisé dans la matière.
Enfin il vaut mieux signaler qu'en acceptant la commercialisation de ces produits, l'Etat
marocain va rompre la route contre toute éventuelle utilisation politique de ces modes de
financement, surtout par l'opposition islamique, et de cette manière il n'y aura aucun
changement sur le niveau sociopolitique interne. Et d'ailleurs c'est la principale cause qui a
poussé l'Etat pour autoriser la commercialisation des produits bancaires islamiques.
Selon Omar al katani l'expert économique marocain, les produits alternatifs auront un impact
positif sur l'économie marocaine, et cela va apparaitre dans plusieurs domaines : tous d'abord
et selon une étude faite par l'association de M. katanii 6% des entreprises marocaine refuse de
nouer des relations avec les banques pour des raisons religieuses, et 20% veulent changer
leurs modes de financement par un autre islamique, donc c'est une grande partie d'entreprise
qui ont maintenant ce qu'elles cherchaient depuis longtemps pour leur épanouissement .
Il y a aussi l'intérêt financier du fait que ces produits ; vont certainement contribuer dans le
processus de bancarisation que le Maroc poursuit ces derniers années, car d'une part les
banques auront plus de produits à présenter, et d'autre part elles cibleront une nouvelle
catégorie de clients, qui' ont été négligé auparavant.
Il faut aussi signaler que les produits islamiques, vont aider beaucoup ceux qui pratiquent des
métiers libéraux, comme les médecins, les avocats, les notaires pour équipier leurs bureaux,
par ijara ou murabaha, notamment ceux qui ont des convictions religieuses.
Il y' a aussi un autre intérêt de plus grande importance, qui est l'épanouissement du secteur de
l'immobilier, car en donnant plus de crédits conformes aux préceptes de l'islam, en va
encourager beaucoup de gens à acheter des logements ce qui va se répercuter sur ce secteur
qui est liée avec plusieurs secteurs économiques majores.
Enfin l'intérêt économique de ces produits réside aussi dans le fait, que c'est une manière qui
va attirer plus d'investisseurs des pays de golf, qui vont amener avec eux plus de devises et
créeront de ce fait plus d'emplois. Mais toutefois il reste de savoir si tous ces apports sont
palpables sur la pratique, ou seulement de simples spéculations théoriques.
3. Analyse et appréciation sur les nouveaux produits bancaires islamiques après leurs
commercialisation au Maroc
Cette seconde partie il va être consacré pour l'analyse de ces produits. Cette analyse a pour
but de relever les contraintes et les difficultés que ces produits alternatifs ont rencontrées
«contraintes fiscales ; réglementaires, politiques, organisationnelles, commerciales...... » Ce
qui a engendrer la cherté de ces produits par rapport aux autres produits déjà existante dans le
marché financier, et pour donner à cette étude plus d'envergure on va tenter de présenter les
mesures nécessaires qui vont contribuer au succès de ces modes de financement au Maroc.
Des produits halals mais trop chère .... C'est la réflexion faite par les clients vis-à-vis les
nouveaux produits islamiques, alors qu'on attendait à des produits moins chères que ceux des
banques traditionnels. Cette cherté est due à des causes directes et des causes indirectes.
Les causes directes : pour Miftah Al Keir la mensualité est plus élevée que dans le cas d'un
prêt immobilier conventionnels, par ex si l'immeuble coute 300000DH il doit payer 8192DH
par mois pendant une duré n'excédant pas 120mois, et donc le montant de cette vente va être
de 980000DH ce qui est énorme. Cela est expliqué par la double transaction à faire dans le
cadre du contrat, (achat de la banque puis revente au client, ce qui va induire beaucoup de
frais à savoir les honoraires de notaires, les taxes d'enregistrement et d'inscription foncière...)
et aussi par les frais d'assurance vie et incendie.
Pour MIftah AL fath c'est la même chose, la mensualité est aussi trop supérieur par rapport à
un crédit logement conventionnel, parce que d'une part la duré est plus courte, d'autre part les
frais de la double transaction, et enfin les clients supportent la TVA sur toute la mensualité, et
non pas uniquement sur les intérêts comme dans les crédits classique.
Les causes indirectes : comme on a dit c'est seulement attijari wafa bank, qui a osé à
commercialiser ces produits, alors que les autres banques sont soit des réticents, soit des
refusant à ces produits. Pour les premiers ils attendaient à voir le comportement des clients,
avant d'entrer pour commercialiser ces nouveaux produits, mais après ce premier mauvais
résultat ils n'ont pas pu s'aventurier, ce qui a contribuer au maintien de cette hausse de prix,
pour défaut de compétitivité entre les banques.
Par ailleurs il y'a d'autre causes, qui ont poussé ces banques à ne pas commercialiser ces
nouveaux modes de financement à savoir:
o des convictions politiques douteuses de tous ce qui est islamiques, surtout après la montée
en force du PJD, et les demandes qu'il a fait pour l'introduction de ces modes de financement.
o la pression du lobby des banques, qui redoute le succès de ces produits, chose qui va
certainement encourager l'introduction de banques islamiques au Maroc.
o une mauvaise formation des personnels des banques sur la finance islamique.
o un marketing trop modeste qui n'a pas aidé à une bonne commercialisation de ces produits
bancaires.
o la non utilisation des personnalités religieuses, pour sensibiliser les clients et les banques sur
l'importance de ces produits alternatifs
Selon un cadre de la banque attijari wafa bank, seulement 72 dossiers de demande pour les
produits alternatifs ont été accepté, et un seule dossier été refusé, et cela depuis leurs
commercialisation en octobre 2007. Donc les résultats sont décevants alors qu'on attendait le
contraire, surtout après le succès de ces produits dans les autres pays.
Par ailleurs aucune autre banque n'a eu le courage de concurrencer attijari wafa bank dans ces
produits, par ce qu'ils ont été découragé, dans un premier temps par le flou de la fiscalité
appliqué sur les produits alternatifs, selon une étude faite par l'économiste, et aussi par le
faible résultat réalisé après leur commercialisation. Il y'a même des rumeurs qui parlent de
mesures, visant à retirer ces produits du marché marocain.
Cette cherté à engendrer un mécontentement général au sein de la société, on parle d'un prix
lourde pour faire ce qui est halal en islam, payer plus chère pour préserver ses conviction
religieuses, et il y'en a même qui parle de complot qui vise les nouveaux produits islamiques.
Mais malgré tout ça le Maroc, après avoir introduit ces nouveaux produits bancaires
islamiques ne semble pas se décourager pour autant, bien au contraire il compte continuer à
encourager les modes de financement islamiques qui ont fait le succès des banques
islamiques, notamment dans les pays du golf et en Europe. Mais pour le faire il est nécessaire
de prendre un certains nombre de dispositions.
3.3. les mesures nécessaires pour un vrai succès des produits alternatifs
Afin que les nouveaux modes de financement islamiques, réalisent leur but, il faut prendre un
certains nombres de mesures adéquates pour les rendre plus compétitifs, et pourquoi pas
autoriser l'entré des banques islamiques au Maroc pour une meilleure gérance.
Tous d'abord il faut que les responsables marocains aient, une vraie volonté de promouvoir
ces nouveaux produits bancaire, en méconnaissant toutes sortes, de conviction politiques
contraires ou pression défavorable du lobby des banques, car c'est une question qui intéresse
tous les marocains qui veulent voir leur pays en plein développement, et l'intérêt général bien
sûr prévaut à l'intérêt privé de quelques minorités.
Ensuite il faut prévoir une réglementation fiscale adéquate : premièrement il faut que l'IS dans
Ijara wa iqtinaa soit étalé sur la durée du contrat, deuxièmement la tva appliquées aux
acquisitions d'immeubles doit être diminué, en fin les taxes d'enregistrement fiscales ne
doivent pas être payé doublement, et ce en prévoyant des mécanismes fiscales appropriés à
cette situation.
Par ailleurs l'état doit encourager les banques réticentes, à servir les produits alternatifs soit
par des récompenses fiscales, soit par la pression et ne pas se contenter de subir leur pression,
car de cette manière on créera une concurrence entre ces banque ce qui va certainement
baisser le prix desdites produits. D'autre part il faut que l'Etat incite les banques, pour envoyer
leurs personnels à faire des séjours de formation dans les banques islamiques du pays de golf,
pour qu'ils puissent avoir plus de compétence en la matière.
Il faut aussi faire des compagnes de sensibilisation, surtout par des personnalités religieuses et
économiques, dans les mosquées comme à la télévision sans ignorer, les autres moyens de
sensibilisation tel que les journaux et internet......Cette compagnes de sensibilisation doit
cibler à la fois les banques et les particuliers, pour les sensibiliser sur l'importance des
produits bancaire islamiques, pour l'économie marocaine.
Les règles régissant le système financier islamique sont claires et incontournables: le rejet
absolu de l'intérêt comme loyer de l'argent et la recherche d'une harmonie entre le bien-être
individuel et social. A cet effet, un système alternatif a commencé à se dessiner au début des
années 40 pour aboutir, à partir des années 70, à l'apparition d'un véritable marché bancaire
islamique.
Actuellement, en dépit des nombreuses difficultés internes et des obstacles posés par son
environnement, le système financier islamique a réussi à franchir une première étape plus que
décisive pour son avenir: plus de 30 ans de coexistence avec un système dominé par
l'application du taux d'intérêt. Cependant, son avenir n'est pas encore totalement assuré, et les
défis qu'il doit relever restent encore nombreux. L'expérience nous a montré que l'activité
bancaire est l'une des fonctions commerciales les plus difficiles à pratiquer d'une manière
religieusement acceptable.
Le contexte compétitif dans lequel les banques islamiques évoluent les a souvent obligées à
rester confiner dans une attitude de mimétisme du système conventionnel; cette attitude les
incite à promouvoir les instruments à court terme et peu risqués, tentant ainsi d'offrir à leurs
clients des opportunités similaires à celles proposées par la banque conventionnelle. Ces
circonstances, et d'autres en parallèle, ont éloigné les banques islamiques de leur rôle initial
d'intermédiaires financiers basés sur le partage des profits et des pertes comme il est prévu par
la doctrine islamique.
Une autre difficulté que rencontre le système financier islamique est le manque de
coordination et de collaboration entre ses différents acteurs. Malgré que des débuts de
solutions soient apportés par des associations telles que l'AAOIFI28(*) et la BID29(*), le chemin
vers un résultat réellement effectif est encore long.
Après plus ou moins trente premières années d'existence, le système financier islamique se
trouve actuellement dans une phase de transition dont l'aboutissement sera capital pour son
avenir. S'il arrive à surmonter ses difficultés, il entrera probablement dans une nouvelle
période de développement et pourra passer d'un phénomène de croissance à un système
permanent et fermement établi.
Les perspectives qui s'ouvrent alors à lui sont nombreuses, parmi lesquelles la plus importante
est assurément son intégration dans l'environnement économique occidental, tant américain
qu'européen, qui ne manque pas, vu l'importance de la communauté musulmane dans ces
régions, d'opportunités.
La conduite de cette étude nous a enfin permis de relever un certain nombre de thématiques
encore trop peu traitées et qu'il incombe aux étudiants, chercheurs et professionnels d'explorer
; parmi lesquelles :