Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
BRÈVE HISTOIRE
DE LA THÉOLOGIE AFRICAINE
13. Pour approfondir la pensée de l’auteur, cf. « Pour une Éthique christocen-
trique » in NGINDU MUSHETE et alii (ed), combat pour le christianisme africain.
Mélanges en l’honneur du professeur Vincent Mulago, Kinshasa, FCK, (CERA),
1981, 21-31 ; African theology in its social context. Orbis books, Maryknoll, New-
York, 1992 ; African Christian morality at the age of inculturation, Nairobi, 1990.
Voir ici même l’article de B. Bujo, p. 159-174.
MEP_RSR2010,2:Intérieur 5/03/10 15:54 Page 183 (Noir/Black film)
visible et invisible, et introduit par leur force éthique, les lois éter-
nelles et surnaturelles des valeurs dans le monde des vivants. Ces
« saints » ancêtres, selon Bujo, continuent d’exercer une profonde
influence sur le monde des vivants. Ces ancêtres trouvent leur modèle
de leur accomplissement dans le Christ, dans la mesure où il est
« passé dans le monde en faisant le bien » : guérissant les malades,
accomplissant de nombreux miracles, ressuscitant les morts, prêchant
de pardon et la réconciliation. Les Africains doivent s’en inspirer pour
s’engager collectivement dans les luttes de libération des structures
socio-économiques oppressantes, renforcées par la mondialisation
néolibérale, les dictatures militaires corrompues et des pseudo démo-
craties africaines, et de l’embourgeoisement illicite de la classe diri-
geante, de l’inertie et de la passivité des dirigeants d’Églises face à la
surexploitation éhontée des populations toujours plus pauvres.
V. LA THÉOLOGIE DE LA RECONSTRUCTION
Au cours de la sixième assemblée générale de la Conférence des
Églises de toute l’Afrique (CETA) tenue à Lomé en 1987, le théolo-
gien protestant kenyan Jesse Mugambi lance pour la première fois le
concept de « reconstruction », compris comme une prise en charge par
les Églises chrétiennes des problématiques socio-politiques et écono-
miques d’une Afrique au ban de l’Histoire. La « reconstruction
globale » de l’Afrique est pour lui un défi théologique majeur 14. Ce
concept a été repris et hissé à son plus haut point de conceptualisation
théologique par le philosophe et théologien congolais Kä Mana,
devenu depuis le coryphée de ce courant.
Kä Mana relève de prime abord les insuffisances caractéristiques
des théologies de l’identité culturelle et de la libération. Il reproche à
la théologie de l’identité culturelle son option passéiste et fixiste, inca-
pable de transformer le présent et d’entrevoir l’avenir. À la théologie
de la libération, il reproche son accent unilatéral lorsqu’il s’agit d’éta-
blir les responsabilités dans la crise multisectorielle que traverse
l’Afrique. Elle a eu tendance à incriminer presqu’exclusivement l’Oc-
cident, négligeant et feignant d’ignorer de manière presque aberrante
la responsabilité des Africains eux-mêmes. Ces deux courants en défi-
nitive ont plus évolué dans les bibliothèques et dans les amphithéâtres
que dans le concret de la lutte des Africains pour la reconstruction de
CONSIDÉRATIONS CRITIQUES
Bien que ces différents courants théologiques aient leur perti-
nence, ils pèchent tous par un déficit exégétique du titre christolo-
gique de « sauveur » qui mobilise toutes leurs réflexions, ainsi que
l’absence d’une réflexion approfondie sur la Croix et le mystère mort-