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LE BILAN THERMIQUE DES ÉTANGS : RÉFLEXION ÉPISTÉMOLOGIQUE

ET APPLICATION AUX ÉTANGS LIMOUSINS

Laurent Touchart

Armand Colin | « Annales de géographie »

2016/2 N° 708 | pages 143 à 169


ISSN 0003-4010
ISBN 9782200930202
DOI 10.3917/ag.708.0143
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Le bilan thermique des étangs :
réflexion épistémologique et application
aux étangs limousins
Heat budget of ponds : epistemological examination
and application to ponds in Limousin

Laurent Touchart
Professeur des Universités en géographie, directeur de l’EA 1210 CEDETE

Résumé Le concept de bilan thermique d’un lac, créé au XIXe siècle, a connu l’une des
évolutions sémantiques les plus disparates de l’histoire de la limnologie. À travers
de multiples significations dérivées, il est possible de déceler une propension
récente à lui donner le sens de somme algébrique des flux énergétiques à l’interface
entre l’eau et l’air. Ainsi, par un renversement de paradigme épistémologique, le
bilan thermique n’est plus un but, mais un moyen, et la limnologie est dépossédée
de son estimation, au profit de la climatologie. On discute ici l’intérêt d’un retour
au sens initial de différence entre le nombre maximal et minimal de calories
contenues dans le plan d’eau, favorisant une démarche géographique intégratrice
et hydrosystémique. On propose aussi : (i) d’appliquer ce concept créé pour
les lacs aux étangs, qui se distinguent par leur petite taille, leur stratification
éphémère et leur capacité à déverser la totalité du volume calorifique dans le
réseau hydrographique lors des vidanges ; (ii) d’étudier les variations calorifiques
à toutes les échelles de temps, y compris instantanées ; (iii) de travailler à l’avenir à
partir de plusieurs profils thermiques. Les premiers résultats, concernant quelques
étangs limousins, montrent le bien-fondé du retour épistémologique. En effet, les
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fortes valeurs de fin d’été proviennent des rythmes de brassage par convection
forcée, donc du fonctionnement limnologique, et non des flux énergétiques
d’origine climatique.
Abstract The concept of heat budget of a lake, developed in the XIXth Century, has
undergone some of the most contrasting semantic changes in the history of
limnology. Numerous derived meanings reveal a current understanding rather
based on the algebraic sum of the energy flows at the air and water interface. This
paradigm shift in epistemology leads to consider heat budget as a means, not as an
end, and to take the parameter away from limnology for the benefit of climatology.
The advantages of a potential return to the original sense (difference between
maximum and minimum calorific contents in the water body) are discussed, to
promote a geographical, integrative hydrologic systems approach. The Authors
propose : (i) to apply this concept, originally created for lakes, to ponds with
a smaller size, a temporary stratification and an ability to discharge the whole
thermal content in the hydrographic network during emptying ; (ii) to study the
heat budget variations at all time scales including instantaneous ones ; (iii) to
work in the future with several thermal profiles. Our first results concerning ponds
in the Limousin region show the merit of the return to the epistemological bases.
Indeed, high values at the end of the summer come from the rhythms of water
layer mixing by forced convection, that is from limnological processes and not
directly from atmospheric energy flows.

Ann. Géo., n° 708, 2016, pages 143-169,  Armand Colin


144 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

Mots-clefs étang, lac, épistémologie de la limnologie, température de l’eau, bilan thermique,


Limousin.
Keywords pond, lake, epistemology of limnology, water temperature, heat budget, Limousin.

Introduction

Le bilan thermique d’un plan d’eau est le compte des facteurs positifs et négatifs
lui amenant et lui enlevant des calories. La signification est double. Le terme
a été construit par F.-A. Forel (« balance thermique », 1880, p. 513 ; « bilan
thermique », 1895, p. 400) dans le sens du résultat chiffré de cette somme
algébrique, prenant le compte comme synonyme de total. Tout en gardant la
même signification, l’expression fut traduite en allemand en thermische Bilanz
(Forel, 1901a, p. 131 ; Wojeikow, 1903, p. 193) et surtout en Wärmebilanz
ou Wärmeinhalt par W. Halbfass (1905, 1923), puis en anglais par E. Birge et
C. Juday (1914) sous la forme de heat budget ; les Russes des décennies 1890
à 1910 entendaient de manière similaire oborot tepla (qu’ils traduisaient en
Wärmeaustausch dans leurs écrits en allemand) puis teplovoĭ balans (plus
récemment américanisé en teplovoĭ bdжet, Зdelьxteĭn, 2014), mais
insistaient déjà plus sur chaque facteur, faisant la part belle aux transferts (sous-
entendus dans oborot) de chaleur par évaporation ou encore à travers la banquise
lacustre (Voeĭkov, 1895, 1903, 1909 ; Wojeikow, 1903 ; Xostakoviqъ,
1910).
Mais, à l’échelle mondiale, c’est à partir des années 1950 que la définition
évolua vers l’action d’inventorier chacun des facteurs, le compte devenant
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synonyme de décompte, c’est-à-dire de décomposition de la somme. L’étude
limnologique synthétique était peu à peu remplacée par une recherche analytique
hydroclimatologique, souvent ciblée, de façon très approfondie, sur un seul
élément, en particulier l’évaporation (Bolsenga, 1975 ; Lemmin, 1995 ; Sacks et
al., 1994 ; Rong et al., 2013). Puis est venu le temps de la modélisation qui,
jusqu’à aujourd’hui, estime le bilan thermique à partir de données essentiellement
radiatives, le nombre de mesures réelles de température de l’eau pour valider le
modèle étant au mieux réduit à quelques campagnes de mesures (Stauffer, 1991 ;
Januario dos Reis & Dias, 1998 ; Momii, Ito, 2008), puisqu’il est justement le plus
souvent créé pour se passer des températures de l’eau (Gianniou, Antonopoulos,
2007 ; Kirillin et al., 2011 ; Duan, Bastiaanssen, 2015). En revanche, une
constante est restée depuis le XIXe siècle : seuls les lacs, d’ailleurs souvent parmi les
plus grands (Forel, 1901b ; Wojeikow, 1903 ; Bolsenga, 1975 ; Kittel, Richerson,
1978 ; Tihomirov, 1982 ; Schertzer, 1987 ; #orinov, Petrov, 1991 ; Sahoo
et al., 2013), sont étudiés pour leur bilan thermique, même si certains travaux se
penchent sur des plans d’eau de plus faibles dimensions, que ce soit en superficie
comme les lacs endoréiques naturels de Floride (Sacks et al., 1994) ou les plans
d’eau prenant place dans une ancienne carrière d’extraction de matériaux (Kettel
Articles Le bilan thermique des étangs • 145

et al., 2012) ou que ce soit en profondeur comme le lac pelliculaire1 chinois de


Dongping (Rong et al., 2013).
Nous proposons ici d’une part de remettre au premier plan le bilan thermique
en tant que somme calorifique totale présente dans le plan d’eau, car il offre
plusieurs avantages, qui doivent être présentés en abordant l’épistémologie de
la géographie limnologique, d’autre part d’apporter un nouvel objet d’étude à
cette thématique : l’étang.
Or les enjeux sont importants. Primo, dans les régions de tête de bassin
dans lesquelles le nombre de petits plans d’eau artificiels est élevé, les étangs
forment une réserve calorifique pour le réchauffement du réseau hydrographique,
construisant un risque de dégradation de la qualité des ruisseaux et petits cours
d’eau émissaires pour un certain nombre d’espèces. Ils constituent aussi, dans le
cas des grandes régions d’étangs, une source calorifique susceptible d’influencer
le microclimat.
Secundo, l’introduction des étangs apporte une nouvelle échelle de plans d’eau
de petites dimensions aux auteurs qui ont réfléchi aux corrélations entre bilan
thermique et taille des plans d’eau (Birge, 1915 ; Gorham, 1964 ; Timms, 1975 ;
Allot, 1986).
Tertio, l’étude de petits plans d’eau vidangeables donne un caractère concret
au bilan thermique brut, qui restait une notion théorique pour les lacs naturels2 ,
pour lesquels elle avait pourtant été créée. En effet, un lac, de par sa profondeur,
ne gèle jamais sur toute sa tranche, et un plan d’eau naturel exoréique, de par sa
contrepente, ne perd jamais toute son eau, alors qu’un étang artificiel est vidangé
périodiquement, si bien que la totalité de sa chaleur est alors réellement déversée
dans le réseau hydrographique.
Ultimo, cela donne une nouvelle jeunesse de réflexion à la notion de polymic-
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ticité3 (Wiszniewski, 1953), dans le sens défendu par J. Paschalski (1964) puis
précisé par W.M. Lewis (1983), mais en opposition à celui de G.E. Hutchinson
et H. Löffler (1956). Par leur faible profondeur, les étangs de zone tempérée à
hiver doux, en climat océanique, connaissent, outre de fréquents brassages, une
stratification inverse4 en hiver, alors que les lacs situés dans la même région ne
sont que monomictiques chauds5 ; ainsi la notion de bilan thermique saisonnier

1 Pelliculaire au sens où la superficie est suffisamment grande pour que le plan d’eau soit qualifié de lac,
mais où la profondeur est faible et se rapproche de celle d’un étang.
2 E.A. Birge (1915, p. 167) écrit même que « the crude heat budget [...] does not correspond to any fact
in nature ».
3 Rythme de brassage d’un plan d’eau, selon lequel la fréquence d’uniformisation thermique de la colonne
d’eau est plus courte que saisonnière (diurne dans le cas d’une polymicticité continue, de quelques
jours ou quelques semaines dans le cas d’une polymicticité discontinue).
4 La stratification inverse est la superposition de masses d’eau de densités différentes, la plus froide se
trouvant au-dessus de la plus chaude. La stratification directe est la superposition de masses d’eau de
densités différentes, la plus chaude se trouvant au-dessus de la plus froide.
5 Un lac monomictique chaud est brassé pendant une seule saison, l’hiver, et ne possède que deux états :
la stratification directe en saison chaude, l’homothermie en saison froide.
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pour passer de la quantité de calories maximale à celle d’une homothermie6 à


4°C et de la quantité de calories minimale à celle d’une homothermie à 4°C, qui
était réservée par les auteurs classiques aux seuls lacs dimictiques7 (Hutchinson,
1957 ; Dussart, 1992 ; Birge, 1915 avec le vocabulaire de lacs tempérés), peut
être ici appliquée aux étangs polymictiques discontinus (au sens de Lewis, 1983).
De ce fait, le bilan thermique qui traverse le seuil de densité maximale de l’eau
douce est associé dans le cas des étangs à tous les domaines climatiques et à une
grande fréquence des brassages, donc à une diffusion des calories sur toute la
colonne d’eau, alors qu’il est réservé au climat continental et à deux brassages
saisonniers pour les lacs.

1 Le bilan thermique, une grande question limnologique

1.1 Rappel de la méthodologie classique du bilan thermique


Le principe de base réside dans la définition de la calorie, soit la quantité de
chaleur nécessaire pour élever 1 g d’eau de 1°C. Selon l’inventeur de la notion
de bilan thermique en lac, le nombre de calories correspond ainsi au produit du
volume d’eau par sa température8 (Forel, 1880, 1895). Le fait que, aujourd’hui,
l’unité officielle soit le joule et qu’on sache que le passage de l’un à l’autre
varie légèrement en fonction de la température9 (Bureau international des poids
et mesures, 1950), ne modifie pas le principe, même si cela peut légèrement
changer le résultat, sauf à continuer de l’exprimer en calories, ce que font maints
limnologues (Neumann, 1953).
Le bilan thermique d’un plan d’eau pourrait s’exprimer en calories seules
(Forel, 1895, Ruttner, 1963), mais le chiffre est alors considérable10 , si bien
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que, dans les faits, il est presque toujours ramené en unité de surface, formulé
concrètement en calories par centimètre carré (Birge, 1915 ; Hutchinson, 1957 ;
Gorham, 1964 ; Ragotzkie, 1978 ; Cole, 1983 ; Dussart, 1992 ; Wetzel, 2001).

6 Température uniforme sur l’ensemble de la colonne d’eau, de la surface jusqu’au fond.


7 Un lac dimictique est brassé pendant deux saisons, l’automne et le printemps, et possède trois états : la
stratification directe en été, l’homothermie aux mi-saisons, la stratification inverse en hiver.
8 « Une colonne verticale d’eau, d’un centimètre carré de surface et de dix mètres de hauteur, pèse un
kilogramme ; chaque degré centigrade de température que cette colonne possède représente donc
une calorie qu’elle a dû gagner pour s’élever de zéro degré à la température constatée » (Forel, 1880,
p. 513). « Il s’agit ici d’eau ; par conséquent je puis choisir, pour température initiale à laquelle je
rapporte toutes mes comparaisons, la température de glace fondante. Un kilogramme d’eau à 5° aura
donc, au-dessus de cette base fixe de zéro centigrade, une quantité de chaleur de 5 calories » (Forel,
1895, p. 400, s’exprimant en grandes calories, dites plutôt aujourd’hui kilocalories).
9 De 14,5 à 15,5 °C, 1 cal = 4,1855 J ; de 3,5 à 4,5 °C, 1 cal = 4,2040 J ; de 19,5 à 20,5 °C, 1 cal
= 4,1820 J.
10 F.-A. Forel (1895, p. 404) cite 436 500 milliards de kilocalories dégagés par le Léman pendant la saison
froide, soit « 5 500 mille vagons de chemin de fer, chargés chacun de 10 tonnes de houille ». F. Ruttner
(1963, p. 31) cite « 120 X 106 ton calories or equivalent to that released by the combustion of 15,000
tons of high-grade coal » dégagées par le Lunzer Untersee, qui n’est pourtant qu’un tout petit lac
autrichien de 70 ha de superficie, 34 m de profondeur maximale et 13 millions de mètres cube.
Articles Le bilan thermique des étangs • 147

Cependant, si le but de la recherche réside dans l’étude du microclimat lacustre,


le nombre absolu de calories est préférable (Ruttner, 1963).
Le bilan thermique étant une différence, il résulte d’une soustraction et
toute la question est de savoir entre quels termes11 . Pour bien distinguer
d’une part le reste de l’opération arithmétique, d’autre part chacun des deux
éléments, les Russes opposent teplovoĭ balans, qui est le résultat, à teplovoĭ
zapas (Зdelьxteĭn, 2014), synonyme de teplosoderжanie (Naumenko i
sotrudniki, 2013), qui est la contenance calorifique de chacun des deux termes.
Dans le même ordre d’idées, les Californiens A.J. Horne et C.R. Goldman (1994)
font remarquer qu’il faudrait normalement distinguer heat budget et heat content.
Dans les calculs classiques, le premier terme est toujours le nombre de calories
contenues dans le lac au maximum estival. En fonction du second terme de la
soustraction, on parle de bilan thermique annuel, saisonnier et brut.
Historiquement, l’inventeur de la notion a défini le bilan thermique comme
le nombre de calories contenues dans le lac au minimum hivernal soustrait au
nombre de calories contenues dans le lac au maximum estival de la même année
(Forel, 1895). Cette acception existe toujours dans la limnologie, mais, comme
d’autres types ont été définis entre-temps, on le précise en bilan thermique annuel.
Il est appelé « provision annuelle de chaleur » par Étienne Hubault (1947, p. 116)
et « budget calorifique annuel » par B. Dussart (1992, p. 163). Plus stable chez
les auteurs anglo-saxons, le vocabulaire est pratiquement toujours celui de annual
heat budget (Birge et Juday, 1914, p. 559 ; Birge, 1915, p. 167 ; Welch, 1952,
p. 65 ; Hutchinson G.E., 1957, p. 493 ; Gorham, 1964, p. 525 ; Cole, 1983,
p. 219 ; Wetzel R.G., 2001, p. 87). Cependant A.J. Horne et C.R. Goldman
(1994) trouvent que l’expression de annual heat budget devrait être remplacée
par celle, plus juste selon eux, de maximum heat content, étant donné que la
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différence entre la contenance calorifique maximale et la contenance calorifique
minimale devrait donner comme résultat une contenance et non pas un bilan, qui
sous-entend une somme algébrique de gains et de pertes. F. Ruttner (1963) ne
parle lui aussi que de heat content. Chez les Russes, certains font la différence entre
teplovoĭ bdжet, qui ne pourrait être qu’annuel, et teplovoĭ balans, plus
varié quant aux échelles de temps (Tihomirov, 1982 ; Зdelьxteĭn, 2014).
Deux autres notions restent, si nous voulons les faire entrer dans une démarche
épistémologique, à l’échelle annuelle, dans le sens où elles décomposent le
cycle annuel en deux moitiés. Nous pourrions les nommer bilans thermiques
saisonniers. B. Dussart (1992) parle « d’apport estival de chaleur » (p. 163) et
« d’apport hivernal de chaleur » (p. 164) en plaçant le seuil à 4°C pour ce qui
est des lacs d’eau douce. Il reprend ainsi des auteurs anglo-saxons les summer
heat income (Birge12 , 1915, p. 167 ; Hutchinson, 1957, p. 493) et winter heat

11 Ici et dans les paragraphes suivants, « terme » est utilisé au sens d’élément dans une relation mathéma-
tique.
12 E. Birge (1915, p. 167) emploie aussi « distributed-wind income » comme synonyme de « summer
heat-income » et c’est également ce que fait P.S. Welch (1952, p. 65) en l’appelant « wind-distributed
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income (Hutchinson, 1957, p. 493 ; Cole, 1983, p. 219). Ces bilans saisonniers
sont calculés en comparant le nombre de calories contenues dans le plan d’eau
en homothermie (à sa température de densité maximum13 ) et le nombre de
calories lors du maximum estival et du minimum hivernal. De fait, seuls les lacs
dimictiques sont concernés par ces deux bilans saisonniers (Dussart, 1992). En
lac monomictique, le bilan annuel se confond avec un seul des deux apports
précédents.
A une échelle de temps plus longue, et surtout plus théorique, comme une
sorte de maximum potentiel, le seuil de température de densité maximale peut
être remplacé par celui du point de congélation, soit, pour les lacs d’eau douce,
la valeur de 4 °C remplacée par celle de 0 °C. Il s’agit d’un bilan thermique brut,
que B. Dussart (1992, p. 164) nomme « budget calorifique global » et définit
comme « la quantité de chaleur nécessaire pour faire passer cette eau de 0°C
à la température maximum annuelle à toutes les profondeurs ». Cette notion
est appelée gross heat budget par les auteurs anglo-saxons (Birge, 1915, p. 167,
Hutchinson, 1957, p. 494) ou, plus rarement crude heat budget (Birge, 1915,
p. 167).
Plusieurs autres échelles de temps sont possibles. (i) Sur le long terme, il est
réalisable de calculer un bilan thermique pluriannuel représentant le nombre de
calories contenues dans le lac au minimum minimorum hivernal14 soustrait au
nombre de calories contenues dans le lac au maximum maximorum estival. F.-A.
Forel (1895) avait déjà effectué cette opération, retranchant les deux extrêmes sur
15 ans. E.A. Birge (1915) réalisait un calcul un peu différent, présentant le plus
élevé et le moins élevé des bilans annuels. Elle est reprise par G.E. Hutchinson
(1957, p. 504) en « variations from year to year [...] of the heat budget ». Cette
dernière démarche s’apparente à la notion d’irrégularité interannuelle classique
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en géographie. (ii) À l’opposé, sur le court terme, la prise en compte du cycle
diurne serait possible, mais, en limnologie, traditionnellement, les mesures de
température de l’eau ne se font pas en continu, si bien que la notion de bilan
thermique diurne n’a pas été popularisée. L’échelle diurne classique est plutôt celle
du gradient (rate of heating), divisant l’apport saisonnier par le nombre de jours
pendant lequel il se produit, afin d’obtenir une moyenne quotidienne (Jenkin,
1942) ; c’est d’ailleurs cette méthode, utilisée sans discernement par F.-A. Forel
(1901b), qui a conduit à des critiques fortes s’appuyant sur l’impossibilité des
lacs du nord de l’Europe à souffrir de telles valeurs à l’échelle diurne (Voeĭkov,
1903, Birge, 1915).

heat ». L’influence d’E. Birge a été telle que les auteurs anglo-saxons emploient souvent le terme
d’apport de chaleur birgéen pour qualifier ces bilans thermiques saisonniers (par exemple « birgean
winter heat income », Cole, 1983, p. 219).
13 Température à laquelle la masse volumique de l’eau est la plus élevée. Celle de l’eau distillée est de
3,94 °C (Markofsky et Harleman, 1971). Une eau plus chaude que ce seuil, mais aussi une eau plus
froide, ont une masse volumique plus faible.
14 Le minimum minimorum est la température instantanée (horaire) la plus basse, le maximum maximorum
est la température instantanée (horaire) la plus haute.
Articles Le bilan thermique des étangs • 149

Le principe de l’extrapolation d’un seul profil vertical, en général au droit de la


plus grande profondeur ou bien au centre géométrique du plan d’eau, à tout le lac
a été l’étape la plus discutée15 de l’histoire de la limnologie concernant la méthode
de calcul du bilan thermique. En fait, l’inventeur de la notion de bilan thermique
en lac travaillait sur une seule colonne d’eau à la plus grande profondeur (Forel,
1895). D’après les critiques émises par A. I. Voeĭkov (1903), E. Brückner
(1909), W. Halbfass (1910, 1923), et surtout, très longuement, par E.A. Birge
(1915), cela suppose l’idée fausse que toute la chaleur de la colonne d’eau se fait
depuis le contact avec l’atmosphère et cela interdit donc de prendre en compte
les transferts latéraux de chaleur internes au lac, qui viennent pourtant modifier
la température du centre du lac depuis le littoral, lequel, à profondeur égale, a
un comportement différent de celui du large et est influencé par des apports
fluviaux.
Certes, contrairement à ce qu’en disent E.A. Birge (1915) et G.E. Hutchinson
(1957), F.-A. Forel était conscient de ce problème. Mais il n’en reste pas
moins que sa solution n’était pas scientifique : il se contentait de proposer
une pondération arbitraire du résultat obtenu sur la colonne d’eau du point le
plus profond du Léman : « diminuons ce chiffre de 1/4, de 1/3 si l’on veut,
pour tenir compte de l’erreur, que nous avons commise en étendant à la région
littorale le calcul qui n’est strictement valable que pour la région centrale du lac »
(Forel, 1895, p. 404).
Les premières solutions proposées furent les suivantes. Le Russe A. Wojeikow
(1903), prenait les volumes de ce qu’on appellerait aujourd’hui l’épilimnion et
l’hypolimnion16 et multipliait chacun des deux volumes par leur température
moyenne respective. Il réalisa ce calcul pour le plus grand lac d’Europe, à l’est
de Saint-Pétersbourg, le Ladoga, en distinguant la couche de la surface à 50 m
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et celle de 50 à 200 m de profondeur. Cela diminuait grandement les chiffres
trouvés par F.A. Forel (1901b), si bien qu’A. Wojeikow (1903) qualifia ainsi
son propre résultat : « c’est déjà un compte acceptable » (Dies ist schon eine
annehmbare Zahl, p. 197). Le chercheur russe suggérait aussi l’utilisation d’une
autre méthode, encore meilleure : le compte du gain de chaleur non pas sur
toute la colonne d’eau ou tout le lac mais sur une colonne d’eau allant jusqu’à la
profondeur moyenne. Le géographe allemand W. Halbfass (1923) adoptait une
méthode proche en estimant la température moyenne du lac et sa profondeur
moyenne.

15 G.E. Hutchinson (1957, p. 492) qualifie de unsound (faux, discutable, mal fondé) cette partie du
raisonnement de F.-A. Forel, fait d’autant plus marquant que l’inventeur de la limnologie est toujours
porté aux nues dans tous les écrits mondiaux depuis 120 ans. Certains résultats donnés par la méthode
de F.-A. Forel sont même dits vollkommen unverständlich (complètement incompréhensibles) par Eduard
Brückner (1909).
16 L’épilimnion est la couche d’eau superficielle peu dense située au-dessus du saut thermique, qui est la
plus chaude en stratification directe, tandis que l’hypolimnion est la couche d’eau profonde plus dense
située en dessous du saut thermique, qui est la plus froide en stratification directe.
150 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016
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Fig. 1 Organigramme de l’évolution épistémologique du bilan thermique des plans d’eau © Armand Colin | Téléchargé le 24/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 46.193.65.195)

Organization chart of the epistemological trends in the heat budget of water bodies

Après la Seconde Guerre mondiale, la méthode qui se généralise est celle


qui consiste à calculer le volume d’eau pour chaque tranche de profondeur à
partir de la carte bathymétrique, puis de multiplier chacun de ces volumes par
la température représentative de cette profondeur (Hubault, 1947 ; Ruttner,
1963 ; Ragotzkie, 1978 ; Cole, 1983 ; Dussart, 1992). Avant l’invention de la
géomatique, ce volume, était calculé classiquement par la formule donnée par E.
Hubault (1947, √ p. 116) : « le volume de chaque couche m’a été donné par la
formule (S + S’+ SS’) H/3, S et S’étant les deux surfaces qui la limitent, et H
l’épaisseur ».
Articles Le bilan thermique des étangs • 151

1.2 Une mise en avant de la démarche géographique


1.2.1 La revalorisation de la vision limnosystémique
En fait, la méthodologie d’obédience forelienne fondée sur le résultat, soit le
nombre de calories dans le lac, était plus ou moins tombée dans l’oubli ces
dernières décennies17 . Les travaux récents sont fondés sur la quantification des
seules causes, et d’ailleurs, en général, des seules causes climatiques, depuis que S.
Bolsenga (1975) a suggéré que les autres flux d’énergie pouvaient être négligés.
Alors exprimé en watts puisqu’il s’agit d’un ensemble de flux énergétiques, le
bilan thermique du lac est assimilé à la somme algébrique du bilan radiatif, du
bilan de chaleur sensible et du bilan de chaleur latente, bien que, dans certains
plans d’eau particuliers, l’apport calorifique de sources thermales (Taran, Rouwet,
2008) ou le refroidissement estival de sources profondes (Kettel et al., 2012),
ainsi que le rôle des sédiments (Rosenberry et al., 1993) soient aussi étudiés.
Les mesures ne sont alors plus limnologiques, mais climatiques, issues de
stations météorologiques, et un certain nombre de postes sont calculés à partir de
modèles. Il y a aussi des auteurs qui estiment les températures de surface du lac
à partir de données satellitaires ; dans ce cas, le bilan thermique (Lofgren, Zhu,
2000), parfois réduit à la seule recherche de l’évaporation (Sima et al., 2013),
devient un ensemble de calculs de flux énergétiques à l’interface entre l’air et
l’eau.
À l’inverse, nous pensons que le bilan thermique, dans sa méthode de
quantification des calories du plan d’eau, est la seule qui soit intégratrice des
échanges extérieurs (bilan climatique, bilan hydrologique des tributaires et de
l’émissaire, éventuellement bilan des échanges avec la cuvette et les sédiments)
et du fonctionnement interne (apport de calories en profondeur par brassage
mécanique, courants à composante horizontale) : c’est une démarche plus proche
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de celle de limnosystème que les approches analytiques et plus conforme à la
géographie, qui préfère étudier le tout et les liens qui unissent les parties entre
elles que les parties en elles-mêmes. Elle demande cependant d’admettre que
l’empirisme ait quelques vertus dans la définition de la personnalité géographique
de chaque plan d’eau.
Un petit nombre de limnologues, ayant pris du recul, estiment que les deux
approches peuvent coexister. Il est alors plus clair de les séparer sur le plan du
vocabulaire. C’est ainsi que, à la suite d’I.S. Bowen (1926), G.E. Hutchinson
(1957) distingue le heat budget qui est synthétique, et l’energy budget (p. 512), qui
est analytique. Suivant cette nuance, les auteurs actuels n’étudient pratiquement
plus que l’energy budget (Yao, 2009). Pour compléter les distinctions, J.F.T. Saur
et E.R. Anderson (1956, p. 247) parlent de heat storage pour le bilan interne,

17 Il suffit pour s’en convaincre de lire les deux éditions du manuel d’A. Lerman : dans la première, datée
de 1978, un chapitre entier, écrit par R.A. Ragotzkie, est consacré au bilan thermique, tandis que, dans
la seconde, entièrement refondue en 1995, seules deux pages, sous l’appellation de « thermal energy »,
sont dévolues à ce sujet uniquement selon l’approche analytique (Imboden, Wüest, 1995).
152 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

mais de bilan advectif18 pour les échanges avec les tributaires et émissaires, tout en
détaillant aussi les parties du bilan climatique, la différence entre budget et storage
pouvant aussi prendre une connotation temporelle (cf. infra). Le géographe russe
K.K. Зdelьxteĭn (2014, p. 211) indique quant à lui clairement qu’il convient
d’utiliser les unités calorifiques (le joule) pour « les échanges thermiques internes
au lac » (vnutrivodomnyĭ teploobmen) et les unités énergétiques (le watt)
pour les échanges avec l’extérieur et le bilan thermique total.
Mieux même, en restant chez les seuls auteurs de la méthode analytique, un
renversement de paradigme a conduit à ne plus étudier le bilan thermique comme
un but, mais comme un moyen, afin d’aboutir à la quantification de l’évaporation,
considérée comme l’inconnue dans l’équation poste par poste (Januario dos Reis,
Dias, 1998), ou, dit autrement son « résidu » (Gianniou, Antonopoulos, 2007)
mathématique.
Non pas par le mode de calcul, qui n’était pas exact, mais par sa conception,
nous pensons que la démarche forelienne, qui reposait sur le bilan thermique
conçu comme un but, était utile et éminemment géographique, synthétique et
intégratrice. Si on les étudie au second degré, les critiques émises par E.A. Birge
(1915) et G.E. Hutchinson (1957) peuvent être comprises comme une vaine
tentative d’employer la méthode synthétique à des fins analytiques. Pour ce faire,
il n’est pas besoin de passer par un vrai bilan thermique : la quantification de
chaque poste suffit. En effet, le problème soulevé par E.A. Birge (1915), qui était
que l’approche forelienne ne permettait pas la comparaison entre les lacs parce
que l’intégration des différences morphométriques et hydrographiques noyait
celle du climat, n’en est un que si l’on cherche à isoler justement l’influence
dudit climat. Or la taille du plan d’eau et les caractères des affluents ne sont pas
moins importants que la localisation du lac en latitude pour le géographe, lequel
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n’est pas gêné par le fait que la spatialisation des premiers ne répond pas aussi
bien que celle de la seconde à des règles de distribution. En outre, le problème
des variations calorifiques d’échelle diurne dépassant les possibilités énergétiques
de l’influence du climat, soulevé d’abord par A. Wojeikow (1903), n’est vraiment
gênant qu’à la fausse échelle diurne calculée en divisant l’amplitude saisonnière
par le nombre de jours. A longue échelle de temps, ce sont bien toutes les
influences qui se fondent dans le creuset, tous les flux externes et le mélange à
l’intérieur du lac.
D’ailleurs, sans l’avoir pour autant analysé de façon épistémologique, certains
auteurs, encore dans les années 1990, soulignaient l’intérêt de la démarche
synthétique (#orinov, Petrov, 1991 ; Dussart, 1992), se distinguant de
l’immense majorité des limnologues ne travaillant plus que de façon analytique.

18 Advectif qualifiant la dominante horizontale des mouvements d’eau qui vont des cours d’eau affluents
vers le plan d’eau et du plan d’eau vers l’effluent, en opposition avec les échanges de chaleur à
dominante verticale qui se produisent à l’intérieur du plan d’eau entre la surface et le fond.
Articles Le bilan thermique des étangs • 153

1.2.2 Échelles spatiales : taille de l’étang et multiplication des profils thermiques


Le bilan thermique, qui est généralement une affaire de lac, sera ici appliqué
à l’étang. Cet objet géographique, caractérisé par sa petite taille, sera compris
comme ayant une profondeur de moins de 6 m et une superficie inférieure à
100 ha. De telles dimensions incitent en général les auteurs à considérer l’étang
comme homogène.
Ainsi, dans le cas de faibles profondeurs, la plupart des auteurs admettent
que les brassages sont si fréquents que la température mesurée en surface est
significative de toute la tranche d’eau, confortant ainsi la vision scientifique selon
laquelle l’étude du bilan thermique se résume à un calcul de transfert de chaleur
au contact de l’eau et de l’air (Ron et al., 2013). Nous réfutons cette hypothèse
et avons montré précédemment que, dans un étang de quelques mètres de la zone
tempérée, les stratifications thermiques sont plus prononcées et plus durables
que ne le dit la bibliographie (Touchart, 2007). L’étang a donc en soi un intérêt
limnologique qui ne peut se soustraire à éliminer la dimension verticale, mais doit
au contraire l’intégrer à des échelles fines dans l’estimation du bilan thermique,
en prenant en compte les thermoclines journalières et temporaires, au sens de
A.J. Horne et C.R. Goldman (1994).
Même dans les grands lacs, à quelques exceptions près comme le Ladoga
(Naumenko et al., 2000 ; Timofeeva, 2010), il est déjà très rare de trouver
des études de bilan thermique faisant référence à un quadrillage du plan d’eau
multipliant les données de température de l’eau dans la dimension horizontale.
C’est a fortiori inconnu en étang. Or la prise en compte de plusieurs profils
verticaux espacés en plan est un avantage améliorant la précision, qui est d’autant
plus appréciable que les étangs sont en général retenus derrière un barrage
artificiel, d’où leur forme assez fréquemment multilobée, comprenant plusieurs
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petits bassins de comportements distincts. Il en est ainsi du plus vaste étang de la
Haute-Vienne, celui de Cieux.
1.2.3 Échelles temporelles et mesures en continu
À l’origine, dans les études traitant du bilan thermique, deux campagnes de
mesures annuelles, effectivement réalisées sur le terrain en été et en hiver,
suffisaient. Elles étaient considérées comme représentant le maximum et le
minimum dans la méthode de F.-A. Forel (1895), encore utilisée par B. Dussart
en 1992. Aujourd’hui, cependant, leur cadence est plus grande, souvent une
dizaine ou une vingtaine de campagnes par an. Par exemple, dans leur étude du
bilan thermique du lac Titicaca, T. Kittel et P.J. Richerson (1978) s’appuient sur
18 campagnes de mesures ; dans le lac Sparkling du Wisconsin, J.D. Lenters et ses
collaborateurs (2005) font des mesures toutes les deux semaines, tout en ayant
aussi une chaîne thermistance automatique, mais d’un intervalle de profondeur
moins précis.
Malgré les moyens techniques aujourd’hui à disposition, force est de recon-
naître qu’il reste beaucoup plus facile d’obtenir des enregistrements de données
154 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

météorologiques que limnologiques. Cela fut d’ailleurs l’une des causes d’aban-
don ou de mise en retrait de la méthode classique. Nous souhaiterions, par
l’intermédiaire de nos thermomètres enregistreurs, la remettre en avant, et égale-
ment la moderniser, dans le sens de la prise en compte d’un plus grand nombre
d’échelles de temps. La mesure en continu des températures de l’eau permet de
comparer non seulement les vrais écarts extrêmes saisonniers (au lieu d’extrêmes
supposés, guidés par les dates arbitraires de campagnes de mesures), mais aussi
d’affiner les écarts à toutes les échelles de temps, que ce soit les variations inter-
diurnes ou intradiurnes. Cela permet de répondre par de vraies mesures, et non
une équation, à la notion de heat storage de J.F.T. Saur et Anderson E.R. (1956),
désignant les variations calorifiques d’un lac à n’importe quelle échelle de temps.
Certes, d’autres chercheurs travaillent évidemment avec des enregistrements auto-
matiques de la température de l’eau (Lenters et al., 2005 ; Wang et al., 2014),
mais leur but est différent, puisqu’il s’agit de calibrer un modèle mathématique
dans une démarche de quantification analytique des différents postes.

2 Site d’étude et méthodologie pour la détermination


du bilan thermique des étangs limousins

2.1 Les étangs du Limousin, nombreux, profonds


et assez durablement stratifiés
Le Limousin est l’une des principales régions françaises d’étangs, comptant
au total 24 400 plans d’eau de toutes tailles (Bartout, Touchart, 2013), dont
environ 15 000 étangs au sens strict (Bartout, 2006). Ces derniers exercent
potentiellement une forte influence sur le réseau hydrographique, qui est constitué
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d’un dense chevelu de ruisseaux et de petits cours d’eau situés en tête de bassin.
Par rapport à d’autres grandes régions françaises d’étangs, le Limousin se
caractérise par des plans d’eau de faible superficie mais de grande profondeur,
parfois à la limite du lac, barrant souvent des vallons encaissés. Leur stratification
est assez durable, eu égard au fait que ce sont des étangs, gardant leur stabilité
pendant plusieurs semaines d’affilée pendant la saison chaude, que cela soit
quantifié par les profils thermiques, les diagrammes thermo-isoplèthes (Touchart,
2001) ou le nombre de Wedderburn (Touchart et al., 2014).

2.2 Matériel de mesure de la température et des volumes d’eau


Nous avons recueilli environ 300 000 données inédites de température de l’eau à
l’intérieur même de plusieurs plans d’eau limousins : l’étang de la Pouge (bassin
de la Gorre, commune de Saint-Auvent), le Grand Étang de Cieux (bassin de la
Glane, commune de Cieux), l’étang des Oussines (bassin de la Vézère, commune
de Saint-Merd-les-Oussines), l’étang de Landes (bassin de la Voueize, commune
de Lussat) l’étang de la Chaume (bassin de la Benaize, commune d’Azérables),
ainsi que le lac de barrage de Saint-Pardoux. Nos premiers thermomètres ont été
Articles Le bilan thermique des étangs • 155

placés en 1997 dans les ruisseaux alimentant les étangs et en 1999 à l’intérieur
des plans d’eau (Touchart, 2001).
Les thermomètres enregistreurs utilisés sont des Tinytag Data Loggers. Ce
sont des thermomètres à résistance nominale de 10 kg-ohms, à coefficient de
température négatif (NTC). Leur précision est de 0,2 °C selon le constructeur
Gemini, mais nos propres calibrations avec un thermomètre Lufft C100 à
résistance de platine en montage quatre fils, à précision au centième de degré
garantie par un certificat du service de métrologie d’Avantec, ont montré que les
instruments neufs étaient à 0,15 °C près, ceux de plusieurs années d’âge étant en
moyenne à 0,37 °C près (Touchart et Bartout, 2010). Les thermomètres sont
cadenassés tous les 20 cm jusqu’à 2 m (tranche dans laquelle les sauts thermiques
sont les plus marqués), puis tous les mètres jusqu’au fond, sur une chaîne
galvanisée en huit, dont le poids est tel qu’il assure la verticalité de l’ensemble
et sa stabilité sans avoir besoin de lui adjoindre un corps mort. En surface, une
bouée assure la flottaison.
L’ensemble a été placé en avant de la digue, au droit de la plus grande
profondeur, dans les étangs de Cieux, la Pouge et les Oussines, mais des essais
ont été effectués au centre géométrique du plan d’eau dans les étangs de Landes
et de la Chaume (tableau 1). En 2000 et 2001, nous avions placé trois chaînes de
mesures thermiques automatiques dans le petit lac de barrage de Saint-Pardoux,
dans chacun des trois bassins séparés par des détroits. Dans le lac de Grand-Lieu,
l’une de nos doctorantes avait comparé les températures issues d’une chaîne de
mesures au large et une autre sous les nénuphars littoraux (Brunaud, 2007). La
méthode est en prévision19 pour des étangs beaucoup plus petits, même en forme
simple, et non multilobée, afin de prendre en compte les écarts entre le large et
le littoral.
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La bathymétrie des étangs, nécessaire au calcul des volumes d’eau, a été
effectuée au moyen d’une perche graduée de 5 m de long terminée par un disque
formé de lamelles métalliques souples (Carlini, 2006). Le nombre de points de
mesures manuelles de profondeur a été de 1 001 dans l’étang de Landes, 626
dans celui de Cieux, 231 dans celui de la Pouge et 134 dans les Oussines. Un
échosondeur, prêté par le bureau d’études Hydro-développement Aquabio-conseil
de Cournon d’Auvergne, a été utile pour les profondeurs supérieures à 5 m. La
localisation en plan était suivie par un GPS Geoexplorer 3 de marque Trimble.
Le Modèle Numérique de Terrain de chaque étang a été construit sous le
logiciel Surfer, en utilisant une interpolation par triangulation de Delaunay. Les
courbes bathygraphiques, corrélant superficie et profondeur, ont été réalisées par
M. Carlini (2006).
Ayant construit autant de strates que de thermomètres situés sur la chaîne de
bouée, nous multiplions ensuite le volume d’eau de chaque tranche de profondeur

19 Choffel Q., Le bilan thermique des petits plans d’eau : étangs de la région Centre et comparaisons
internationales. Univ. Orléans, thèse de doctorat en géographie inscrite en septembre 2015, sous la
direction de L. Touchart et P. Bartout.
156 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

Tab. 1 Les caractéristiques des mesures de température dans six étangs et un lac de
barrage limousins
Temperature measurement characteristics in six ponds and a reservoir in the
Limousin

Début des Fin des Localisation de la


Étang Pas de temps
mesures mesures bouée
Cieux 6 juillet 1999 29 août 1999 Toutes les heures Plus grande
profondeur
Cieux 22 octobre 27 juillet 2001 Toutes les heures Plus grande
2000 profondeur
Cieux 15 avril 2002 17 juin 2002 Toutes les heures Plus grande
profondeur
Pouge 13 avril 2000 4 septembre Toutes les heures Plus grande
2000 profondeur
Oussines 22 avril 2002 1er avril 2003 Toutes les heures Plus grande
profondeur
Landes 20 février 7 juillet 2004 Toutes les heures Centre
2004 géométrique
Chaume 5 octobre 13 novembre Toutes les heures Centre
2007 2007 géométrique
Lac de 20 décembre 25 mars 2001 Toutes les heures 3 bouées
Saint- 2000
Pardoux

de l’ensemble du plan d’eau par la température située au milieu de celle-ci. Ce


calcul, qui donne une contenance calorifique à chaque couche d’eau, est effectué
pour chaque heure. Enfin, nous ajoutons toutes les contenances calorifiques pour
obtenir celle de l’étang tout entier.
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3 Premiers résultats dans les étangs des Oussines et de la Pouge

L’analyse de toutes nos données dépasserait de beaucoup la taille de cet article.


Nous nous contentons ici d’amorcer la réflexion et de présenter l’intérêt du sujet
par la focalisation sur deux étangs, les Oussines et la Pouge, car ce sont les seuls
dont la plage de mesures couvre la totalité de la saison chaude, au sens d’une
suite ininterrompue allant du 1er juin au 31 août. Quelques données partielles
concernant d’autres étangs pourront cependant, à des fins de comparaison, être
citées.

3.1 Un bilan thermique brut d’étang pouvant dépasser cinq mille calories
par centimètre carré
Dans une publication précédente (Touchart, 2007), nous avions calculé la
contenance calorifique d’un étang de 14,78 ha de superficie, 2,4 m de profondeur
maximale, 1,03 m de profondeur moyenne et 152 612 m3 de volume, celui des
Oussines situé sur le plateau de Millevaches. De façon originale, nous avions fait
une moyenne des 2 208 données horaires de la saison chaude allant du 1er juin
Articles Le bilan thermique des étangs • 157

au 31 août 2002, et le résultat en était une contenance calorifique moyenne de


2 657.109 calories pour la totalité du volume de l’étang. Si nous la ramenons
par unité de surface, cela fait 1 798 calories par cm2 : nous pourrions créer le
néologisme de « bilan thermique brut moyen » pour qualifier cette valeur.
De façon inédite, de nouvelles données des Oussines seront apportées ici et
l’étang de la Pouge sera traité plus en détail, pour son intérêt morphométrique.
En effet, celui-ci est susceptible de donner des valeurs-plafond pour un étang
français, du fait de son assez vaste superficie de 32,24 ha et, surtout, de sa très
grande profondeur maximale de 6 m, conduisant à un volume de 665 756 m3
et une profondeur moyenne de 2,06 m. La tranche superficielle des 75 premiers
centimètres concentre 32,3 % du volume d’eau, celle de 0,75 à 1,25 m 17,3 %,
de 1,25 m à 1,75 m 14,4 %, de 1,75 m à 2,50 m 16,3 %, de 2,50 m à 3,50 m
12,3 %, de 3,50 m à 4,50 m 5,1 % et de 4,50 m à 6 m 2,2 %.
La moyenne des 2 208 données horaires de la saison chaude allant du 1er juin
au 31 août 2000 donne une contenance calorifique moyenne de 14 440.109
calories pour la totalité du volume de l’étang. Le bilan thermique brut moyen de
la Pouge est donc de 4 479 calories par cm2 .
Nous pouvons maintenant fournir quelques résultats plus classiques. Le bilan
thermique brut de l’étang des Oussines, calculé en prenant la valeur instantanée
horaire maximale, survenue le 19 juin 2002 à 17 heures (15 heures en heure
solaire), est de 2 485 calories par cm2 , celui de l’étang de la Pouge, calculé
en prenant la valeur instantanée horaire maximale, survenue le 19 juin 2000
à 19 heures (17 heures en heure solaire), est de 5 271 calories par cm2 . Pour
comparaison, celui du Grand Étang de Cieux, en prenant le 16 juin 2002 à
minuit (22 heures en heure solaire), est de 4 408 calories par cm2 , mais l’absence
de données au-delà du 19 juin rend la valeur moins assurée, du fait qu’elle
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aurait peut-être été dépassée. Quant à l’apport estival de chaleur, calculé en
soustrayant la contenance calorifique instantanée horaire maximale à celle d’une
homothermie à 4 °C, il est de 2 072 calories par cm2 pour les Oussines et
4 445 calories par cm2 à la Pouge. Pour comparaison, celui de Cieux est de
3 641 calories par cm2 sans compter un éventuel dépassement au-delà du 19 juin
(tableau 2).

Tab. 2 Les bilans thermiques des étangs des Oussines (2002-2003), de la Pouge (2000)
et de Cieux (2002)
Gross heat budget, summer heat income and annual heat budget of the ponds
Oussines (2002-2003), Pouge (2000) and Cieux (2002)

Bilan brut moyen Bilan brut Apport estival Bilan annuel


Oussines 1 798 2 485 2 072 2 485
Pouge 4 479 5 271 4 445 Données
manquantes
Cieux Données 4 408 3 641 Données
manquantes manquantes
(Mesures et calculs en cal/cm2 , L. Touchart.)
158 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

Pour ce qui est du bilan thermique annuel, il est égal au bilan thermique brut
pour l’étang des Oussines, car, le 31 janvier 2003, sous la glace, la température
de la colonne d’eau était à 0 °C de la surface jusqu’au fond ; l’apport hivernal
de calories est donc de 413 cal/cm2 . Cela montre une nouvelle fois l’intérêt
d’étudier un étang, car ce phénomène serait bien entendu impossible en lac du
fait des profondeurs. En revanche, nous ne pouvons calculer le bilan thermique
annuel directement pour l’étang de la Pouge, puisque notre chaîne thermistance
n’a fonctionné que d’avril à septembre. Il n’est cependant pas inintéressant de
noter que l’apport estival de chaleur calculé par rapport à nos vraies mesures,
soustrayant le maximum du 19 juin et le minimum du 14 avril, est de 3 098
cal/cm2 . Mais nous pouvons améliorer le calcul en reconstituant les valeurs de
l’étang grâce à celles effectivement mesurées dans l’émissaire sur l’ensemble de
l’année, cette démarche étant valable du fait que l’étang était en homothermie
entre le 31 janvier et le 19 avril. Le résultat est alors de 4 384 cal/cm2 entre
le maximum du 19 juin et le minimum en homothermie à 4,3 °C le 31 janvier.
En revanche, il n’y a pas d’extrapolation possible à partir des températures de
l’émissaire lors de la période de stratification inverse qui a eu lieu avant le
31 janvier.

3.2 L’évolution de la contenance calorifique d’heure en heure


sur plusieurs mois
En plus des échelles habituelles, les mesures en continu permettent de lire
l’évolution heure par heure de la contenance calorifique des deux étangs. Dans
celui des Oussines, pour lequel nous possédons des données sur une année entière,
on distingue bien le rythme à quatre temps des saisons (fig. 2). En stratification
directe, la contenance est toujours supérieure à 1 000 cal/cm2 , mais des variations
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d’échelle moyenne sont très importantes, faisant osciller les valeurs entre 1 000
et 2 500 cal/cm2 en une dizaine de jours, cependant que l’amplitude diurne est
plutôt forte. En homothermie, du 22 septembre au 5 décembre, la contenance
calorifique baisse de 1 000 à 500 cal/cm2 de façon assez régulière. Du 5 décembre
au 5 janvier, des alternances d’homothermies à 4 °C et de stratifications inverses
peu prononcées se succèdent autour de valeurs de 500 cal/cm2 . Du 5 janvier au
11 février, l’étang des Oussines est gelé en surface, et le refroidissement de toute
la tranche s’accentue jusqu’au 31 janvier, avant de s’affaiblir. Enfin, à partir de la
deuxième décade de février, une nouvelle homothermie se met en place.
Dans l’étang de la Pouge, pour lequel nos données courent sur un semestre,
la croissance de la saison froide à la saison chaude est compliquée par un plateau
de hautes valeurs, décalé de façon plus manifeste que dans l’étang des Oussines
sur la fin de l’été. En outre, des phénomènes s’intercalent à moyenne échelle de
temps, notamment une baisse de plusieurs jours, à la mi-juillet.
A courte échelle de temps, l’amplitude diurne de la contenance calorifique est
nettement plus forte en stratification directe qu’en homothermie, elle-même plus
prononcée qu’en stratification inverse. Mais, au sein de la période de stratification
directe, les valeurs d’amplitude diurne atteignent leur maximum au printemps,
Articles Le bilan thermique des étangs • 159

Fig. 2 L’évolution de la contenance calorifique de l’étang des Oussines d’avril 2002 à


avril 2003
The development of heat content of the pond of Oussines from April 2002 to April
2003

avant de rebaisser en été, confortant les conclusions relevées par les auteurs
russes il y a plus d’un siècle dans les lacs finlandais quant aux arrivées des écarts
quotidiens les plus forts aux mi-saisons (Alьtberg, 1918). Une focale peut être
faite sur le bilan thermique diurne du 19 juin, le jour du maximum calorifique
de l’année dans les deux étangs. Dans l’étang de la Pouge, il montre un écart de
484 calories par cm2 (5271-4787), dans une forme dissymétrique dans laquelle
la montée est rapide et régulière de 9 heures (7 heures, heure solaire) jusqu’au
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maximum de 19 heures (17 heures), tandis que la baisse est plus lente et saccadée.
Dans l’étang des Oussines, l’écart est de 348 calories par cm2 , dans une forme
dissymétrique ressemblant à celle de l’autre étang (fig. 3).

4 Discussion

4.1 Bilan thermique et taille des étangs


Quand nous aurons traité les données de multiples étangs, une double possibilité
géographique apparaîtra. D’abord, il s’agira de comparer les bilans thermiques
entre étangs de différentes tailles, c’est-à-dire d’effectuer des corrélations entre
surface, profondeur, volume et bilan thermique, à la manière des travaux d’E.
Gorham (1964) sur les lacs, mais pour les étangs. En effet, la formule de Gorham
n’est pas faite pour les étangs, puisqu’elle s’annule pour une profondeur moyenne
de 1,37 m, soit une profondeur maximale de plus de 3 m. Pour des profondeurs
inférieures à ces seuils, l’équation de Gorham donne des valeurs négatives de
bilan thermique. C’est pourquoi nous proposons pour les étangs limousins
160 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

Fig. 3 Le bilan thermique diurne des étangs de la Pouge et des Oussines au solstice d’été.
The diurnal heat budget of the ponds of Pouge and Oussines at the summer
solstice.
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une nouvelle équation, pour l’instant fondée sur les trois étangs de la Pouge
(profondeur moyenne de 2,06 m), Cieux (1,65 m) et les Oussines (1,03 m) :
y = 205,18 x 2 + 2114 x
y : bilan thermique exprimé en calories par centimètre carré
x : profondeur moyenne (au sens du quotient entre le volume et la superficie
de l’étang) exprimée en mètres.
Ensuite, grâce aux régressions mathématiques précédentes, il conviendra
d’extrapoler les valeurs à l’échelle de tous les étangs du Limousin en s’appuyant
sur les bases de données exhaustives de Pascal Bartout, selon une démarche que
nous avons tous deux mise au point pour évaluer le volume total des étangs
d’une région (Tuxar i sotrudniki, 2014). Ce sera surtout l’objet d’articles
ultérieurs, dans lesquels il faudra tenir compte aussi des effets de localisation
géographique, pour déterminer des liens avec l’altitude, la latitude, la longitude.
Une amorce de comparaison peut déjà être réalisée. Certes, les données de
l’étang des Oussines et de la Pouge ne concernent pas la même année, mais la
confrontation entre les deux plans d’eau peut être tentée néanmoins. En effet, à
la station Météofrance de Limoges-Bellegarde, la moyenne des températures de
l’air des huit mois allant de janvier à août a été de 12,26 °C en 2000 et 12,41 °C
Articles Le bilan thermique des étangs • 161

en 2002, la différence étant seulement de 0,15 °C entre ces deux années. Le


bilan thermique brut moyen de l’étang de la Pouge est 2,5 fois plus élevé que
celui de l’étang des Oussines, son bilan thermique brut instantané 2,1 fois plus
élevé, montrant qu’il s’agit sans doute là d’un chiffre plafond des étangs du
Centre-Ouest de la France, étant donné la très grande profondeur de la Pouge
relativement à ce type de plan d’eau. A l’autre extrémité, l’apport estival de
chaleur de la Pouge, calculé en soustrayant la contenance calorifique instantanée
horaire maximale à celle d’une homothermie à 4 °C, qui est 2,1 fois plus élevé
que celui des Oussines, est environ 8 à 9 fois moins élevé qu’un lac d’assez grande
taille comme le Léman20 . On aurait pu s’attendre à une différence plus grande
entre l’étang de la Pouge et le lac franco-suisse ; il est vraisemblable que les plus
fortes températures superficielles de l’étang compensent en partie la beaucoup
moins grande possibilité de transfert en profondeur des calories par convection
forcée.
Une autre perspective de recherche consistera à cadrer le bilan thermique
synthétique avec des postes analytiques connus de gains et de pertes de calories.
Deux directions sont à envisager. Il s’agira d’une part de traiter nos données
inédites de température des ruisseaux tributaires et émissaires des étangs. Dans
une précédente publication (Touchart, 2002), nous avions effectué un premier
calcul de ce type, montrant que l’étang limousin du Theil (superficie de 2,19 ha,
profondeur maximale de 2,4 m, volume de 23 285 m3 ) possédait un bilan
calorifique fluvial négatif de 12 698 cal/cm2 par an (en 1999-2000) si on
retranchait les calories exportées par l’effluent de celles apportées par l’affluent.
Il s’agira d’autre part de croiser le bilan thermique synthétique avec les postes
climatiques et les sous-bilans radiatifs, de chaleur latente et de chaleur sensible. De
ce point de vue, la thèse de doctorat en géographie en cours sur l’évaporation
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des étangs du Berry et du Limousin sera déterminante, comme en témoignent
les premières publications issues de ce travail (Aldomany et al., 2013).

4.2 L’évolution de la contenance calorifique : le rôle des périodes


de brassage complet en saison chaude
Le maximum instantané de la contenance calorifique des étangs des Oussines et
de la Pouge, qui arrive dans les deux cas exactement le 19 juin alors même que
l’année est différente, semble confirmer que la cause déterminante se trouve être
le bilan radiatif. Pourtant, si on opère un lissage du graphique par décade, on

20 Le bilan thermique annuel est d’environ 30 000 à 40 000 cal/cm2 dans le Léman selon les années, si
l’on se fonde sur les chiffres de F.-A. Forel (1895), E. Hubault (1947) et B. Dussart (1992) pour une
homothermie hivernale en général de quelques dixièmes de degré au-dessus de 4 °C (si bien que le
bilan thermique annuel est presque égal à l’apport estival de chaleur). Notons, dans un autre contexte
climatique, que le bilan thermique annuel du lac de Tibériade, qui ne descend jamais en dessous de
15 °C, est déjà de 33 500 cal/cm2 (Neumann, 1953). Il serait beaucoup plus élevé pour un calcul fait à
partir d’une homothermie à 4 °C. On voit ici le rôle important des fortes températures de surfaces, qui
existent dans le lac israélo-palestinien mais n’arrivent jamais dans le Léman.
162 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

voit apparaître l’importance du décalage sur la fin de l’été dans les deux étangs,
en lien avec les caractéristiques thermiques du climat hyperocéanique21 limousin.
Au-delà des ressemblances, on peut cependant noter que le décalage des
fortes valeurs sur août est plus net dans l’étang le plus profond, où la fin de ce
mois est même concernée. Dans l’étang de la Pouge, cela peut être formalisé
par une courbe de tendance, qui montre les hautes valeurs de la dernière décade
d’août (fig. 4). On peut émettre l’hypothèse que, l’étang de la Pouge étant
particulièrement profond, la multiplication des alternances de stratification et de
destruction de celle-ci par brassage forcé apporte la chaleur en profondeur, si bien
que toute la colonne d’eau emmagasine un grand nombre de calories. D’ailleurs,
si l’on revient aux valeurs instantanées, on peut noter le chiffre très élevé de 5 233
cal/cm2 le 25 août à 17 heures (15 heures) pour des températures respectives
de surface et de fond de 26,6 °C et 19,5 °C. Le bien-fondé méthodologique
de l’utilisation du bilan thermique synthétique apparaît dans ces hautes valeurs
durables de fin août : dans l’ordre d’importance, les facteurs radiatifs laissent
manifestement la place au fonctionnement interne du plan d’eau et sa convection
forcée.
Pour confirmer cette hypothèse des fortes valeurs liées aux brassages complets,
il est nécessaire d’étudier le comportement de la couche de fond. La figure 5
indique l’évolution de la contenance calorifique de la tranche allant de 4,5 à
6 m de profondeur, ainsi que la part de celle-ci en pourcentage de la contenance
calorifique de l’ensemble de l’étang de la Pouge.
Le volume d’eau de la tranche de fond représente 2,18 % du volume d’eau
total, si bien que, en homothermie, c’est cette valeur qui est atteinte pour le
pourcentage de calories. C’est en effet le cas au tout début de la période de mesure,
à la mi-avril. Puis la mise en place de la stratification, en augmentant la contenance
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calorifique des parties supérieures de l’étang, fait baisser ce pourcentage, qui
atteint son minimum le 5 mai et reste à des valeurs basses jusqu’au 16 mai.
Ensuite, à chaque fois qu’il y a brassage forcé, la contenance calorifique
profonde augmente en absolu et aussi de façon relative, en pourcentage. Ce
fut remarquable à la fin de la première décade de juillet, lors du passage d’une
perturbation atmosphérique. D’ailleurs, le maximum instantané de température
de l’eau au fond de l’étang pour toute l’année eut lieu le 9 juillet à 23 heures
(21 heures), montant à 20,6 °C.
Au contraire, à chaque fois que la stratification se remet en place, la part
relative du fond rebaisse. Ce fut net lors des fortes stratifications autour du 19 juin,
faisant suite aux brassages des 10 et 11 juin. Cependant, cette dernière règle est
de moins en moins suivie au fur et à mesure de l’avancée de la saison chaude, du

21 Sur la normale 1981-2010, à la station Météofrance de Limoges-Bellegarde, l’amplitude thermique


annuelle de l’air est de 15,05 °C, la moyenne de juillet de 19,25 °C, celle d’août de 19,15 °C. Il n’est
donc pas rare qu’août soit plus chaud que juillet. Pour les années de notre étude, août 2000 a été plus
chaud que juillet de 2,7 °C, cependant qu’août 2002 a été moins chaud que juillet de seulement 0,1 °C.
Articles Le bilan thermique des étangs • 163
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Fig. 4 L’évolution de la contenance calorifique de l’étang de la Pouge d’avril à sep-
tembre 2000 et le décalage des fortes valeurs sur la fin de l’été
The development of the heat content of the pond of Pouge from April to September
2000 and the time lag of the high values which do not appear until on the end of
summer

printemps jusqu’à la fin de l’été, car, pour simplifier22 , la contenance calorifique,


en absolu, du fond de l’étang ne cesse de croître pendant cette période. Du fait
de cette augmentation continue du numérateur, les pourcentages finissent par
devenir durablement élevés à la fin août, que l’étang soit stratifié ou, a fortiori,
brassé.

22 Le fait est si remarquable qu’il peut être quantifié par une simple droite de régression (y = 0,0127 x
+ 50,771), où « y » est la contenance calorifique de la couche de fond de l’étang exprimée en calories
par centimètre carré et « x » est l’heure (allant de 1 pour le 13 avril à 16 heures jusqu’à 3456 pour le
4 septembre à 15 heures). Le coefficient de corrélation R2 est de 0,8712.
164 • Laurent Touchart ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 708 • 2016

Fig. 5 L’évolution d’avril à septembre 2000 de la contenance calorifique de la tranche


allant de 4,5 à 6 m de profondeur, ainsi que la part de celle-ci en pourcentage de
la contenance calorifique de l’ensemble de l’étang de la Pouge
The development from April to September 2000 of the heat content of the layer
from 4.5 to 6 m depth and the proportion it represents in the heat content of the
whole pond of Pouge

Conclusion
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Le bilan thermique, quand il est estimé à partir de la contenance calorifique
d’un volume d’eau, est un intégrateur synthétique de tous les phénomènes, qu’ils
soient externes (climatiques et hydrographiques) ou internes (convection). En ce
sens, il est particulièrement géographique. Son calcul dans les étangs du Centre-
Ouest de la France montre l’intérêt pour la limnologie d’étudier l’étang comme
un objet différent de celui du lac. Ayant un fonctionnement polymictique froid
discontinu, au sens de W.M. Lewis (1983), il demande de comprendre des bilans
thermiques saisonniers à la fois en stratification directe et inverse.
Mais, surtout, de façon appliquée, la systématisation de son étude pour les
étangs pourrait être un outil de gestion plus efficace que la température de l’eau,
car il cumule cette dernière avec le volume d’eau, en particulier pour déterminer
l’influence des petits plans d’eau sur le réchauffement du réseau hydrographique.
Il autoriserait ainsi, si le déversoir de surface a un effet trop grand, à choisir
les équipements de sortie d’eau les plus appropriés, notamment le moine ou la
vanne de fond. Dans le cas de construction d’une dérivation, la connaissance
du bilan thermique serait encore plus utile, puisque, par définition même, deux
Articles Le bilan thermique des étangs • 165

volumes d’eau de température différente confluent là où le canal de restitution


rejoint le cours d’eau. Ce serait un apport substantiel aux recherches actuelles
concernant l’effet des étangs à dérivation sur le chevelu hydrographique du Berry
et du Limousin (Millot et al., 2014).
Le bilan thermique serait également un complément très utile à l’étude du
microclimat des régions d’étangs, qui s’effectue pour l’instant par des méthodes
classiques de traitement de données de stations météorologiques pour ce qui est
de la Brenne (Azaroual et al., 2014). Pour ce faire, il conviendrait de croiser la
contenance thermique de quelques étangs avec les bases de données régionales
exhaustives, comptabilisant et caractérisant les plans d’eau.

Université d’Orléans
10 rue de Tours
45 065 Orléans CEDEX 2
laurent.touchart@univ-orleans.fr

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