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LES SYNTAGMES PRÉPOSITIONNELS PRÉDICATIFS DANS LES

GRAMMAIRES UNIVERSITAIRES : UN OBSERVATOIRE DE LA


PLACE ACCORDÉE AUX PRÉPOSITIONS

Claude Cortier

De Boeck Supérieur | Travaux de linguistique

2001/1 - no42-43
pages 121 à 140

ISSN 0082-6049

Article disponible en ligne à l'adresse:


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http://www.cairn.info/revue-travaux-de-linguistique-2001-1-page-121.htm
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Pour citer cet article :
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Cortier Claude, « Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires : un observatoire de la
place accordée aux prépositions »,
Travaux de linguistique, 2001/1 no42-43, p. 121-140. DOI : 10.3917/tl.042.121
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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

LES SYNTAGMES PRÉPOSITIONNELS


PRÉDICATIFS DANS LES GRAMMAIRES
UNIVERSITAIRES : UN OBSERVATOIRE DE
LA PLACE ACCORDÉE AUX PRÉPOSITIONS

Claude CORTIER *

Équipe d’accueil 1996, Langue, textes, images ,


Université Lyon 2 et INRP-Lyon

1. Un parcours au premier niveau :


les tables des matières
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Cet examen, sous l’angle des syntagmes prépositionnels prédicatifs, de
quelques ouvrages de grammaire parus dans la décennie précédente, utilisés
actuellement dans les universités françaises et les IUFM, a été motivé à
l’origine par un objectif didactique : trouver/construire pour un enseignement
de linguistique française en premier cycle de Lettres modernes, une
modélisation pour l’analyse de la phrase et du groupe verbal qui soit
compatible avec l’analyse d’énoncés et de textes, littéraires ou non. C’est
pourquoi on ne s’intéressera pas ici de façon détaillée aux groupes
prépositionnels (désormais G Prép.1) compléments des syntagmes nominaux
ou adjectivaux.
Le parcours rapide des tables des matières de ces ouvrages permet de
constater que ces grammaires, pour la plupart unifiées par une théorie
linguistique (Touratier, 1998 : 73), ont communément abandonné la
présentation traditionnelle, en parties du discours, pour orienter l’analyse
de la phrase en constituants syntagmatiques, à l’exception de la grammaire
de Wagner et Pinchon (1991, 1re édition en 1962). Quelques-unes choisissent
une solution intermédiaire : Grevisse/Goose (1995, 3e édition) consacrent
une partie sur cinq aux « Parties du discours » et réunissent « prépositions »
et « conjonctions » sous le titre « mots-outils » ; R. Tomassone (1996) traite
des « Classes de mots », mais brièvement : le chapitre 26, consacré à « la

* Équipe d’accueil 1996, Langue, textes, images, Université Lyon 2 et INRP-Lyon –


Tel./fax personnel : (33) 4 71 61 18 43 – Tél. professionnel : (33) 4 72 89 83 16 –
Adresse électronique: cortier@inrp.fr / cortier@free.fr – Adresse postale : La
Rivallière, 43 620 Saint-Romain Lachalm

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Claude CORTIER

préposition » ne comprend que deux pages, et c’est au sein du chapitre 15


consacré au « Groupe verbal » que sont abordées les questions de
compléments indirects et de prépositions. Les présentations par ordre
alphabétique des ouvrages de Arrivé, Gadet, Galmiche (1986), Denis et
Sancier-Château (1994) proposent un article où la « préposition » est
envisagée selon les trois points de vue, morphologique, syntaxique et
sémantique. Les grammaires plus spécialement destinées au premier cycle
universitaire et aux IUFM (Gardes-Tamine, 1990 ; Vargas, 1995 ;
Tomassone, 1996) traitent assez longuement des groupes prépositionnels
au sein du groupe verbal, plus rarement du groupe nominal. Dans l’ouvrage
de Gardes-Tamine (1990), les prépositions et groupes prépositionnels ne
sont abordés que dans le cadre des compléments du verbe. Les grammaires
plus importantes (par leur nombre de pages), que l’on peut dire « de
référence » en raison de leur exhaustivité, consacrent un chapitre, c’est le
cas de Riegel, Pellat, Rioul (1994, Chapitre IX : La préposition et le groupe
prépositionnel) ou plusieurs aux « Groupes prépositionnels », comme
l’ouvrage de Le Goffic (1993), exceptionnel à ce titre, car huit chapitres
abordent la question. Dans l’ensemble, comme le montre le tableau en
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annexe 1, le terme même de « préposition » apparaît rarement, seul, au
premier niveau dans ces tables, sauf dans la grammaire de Wagner et Pinchon,
où les pages sur le sujet représentent presque un dixième du total (63/687).

2. Compléments indirects de verbes


et compléments circonstanciels :
une frontière incertaine
Les auteurs de ces grammaires, qui traitent donc longuement, pour la plupart,
des fonctions du verbe, s’accordent sur une difficulté commune : trouver,
proposer des critères formels pour distinguer les G Prép., compléments
indirects du verbe, des G Prép., compléments circonstanciels. La grammaire
de Le Goffic est émaillée de nombreuses remarques sur ce point : « Le
problème des limites entre les compléments indirects essentiels et les
compléments accessoires se pose vite. Une structure comme : « envoyer un
paquet à Paul à Paris à grands frais » fait ressortir l’éloignement progressif
des compléments par rapport au verbe et leur « baisse de statut » (Le Goffic,
1993 : 290). « La terminologie habituelle des fonctions est lacunaire et
flottante en ce qui concerne les compléments indirects : cela reflète la
diversité des compléments en question, et de leur interprétation » (Le Goffic,
1993 : 337). Wilmet (1998 : 484-485) ironise sur le thème en utilisant un
vocabulaire de combat pour décrire les luttes entre grammairiens, voire entre
compléments : « une armée de grammairiens », « la contre-attaque des
circonstanciels », « ils regagnent du terrain sans pour autant négliger la

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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

difficulté de la question ». Il passe en revue grammaires, publications et


dictionnaires pour constater finalement : « de gauche à droite de la liste, les
doutes s’amplifient [...] les remblayages successifs ne réussissent pas à
assécher un marais d’entre deux où les meilleurs s’embourbent ». Comme
l’a souligné Denis Paillard dans sa communication à ce même Colloque2,
« cette première discussion est étroitement liée à une seconde question :
dans le cas où une préposition introduit un complément de verbe, y a-t-il ou
non désémantisation de la préposition ? », car pour certains, « si le syntagme
prépositionnel est complément essentiel de verbe, la préposition est un pur
outil syntaxique qui ne présente guère d’intérêt sur le plan sémantique (...)
cette préposition est généralement fixe et ne peut commuter avec une
autre » (Gardes-Tamine, 1990 : 104).
C’est donc surtout, mais pas exclusivement, avec les prépositions
autres que « de » et « à » que la frontière avec les compléments accessoires
est le plus souvent reconnue comme incertaine (compter sur, s’emporter
contre, lutter contre, prendre pour) car, dans ces cas, les procédures
transformationnelles et les tests échouent, alors qu’à l’évidence, le
complément est essentiel, voire objet indirect (Riegel, Pellat, Rioul, 1994 :
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223).

2.1. Une problématique issue des courants linguistiques


Cette distinction et sa permanence doit être d’abord rapportée à une histoire
et des nécessités didactiques : Chervel (1977 : 171 et sv.) explique que dans
les années 1850, le circonstanciel « va fonder sa fortune sur son opposition
avec le complément direct » qu’il faut apprendre à identifier pour des raisons
d’accord. Aujourd’hui encore, les enseignements universitaires de DEUG
ne peuvent faire fi des années d’enseignement grammatical diverses que
leurs publics étudiants ont suivies (ou subies ?) depuis l’école primaire, où
l’étude des fonctions conserve une importance considérable en raison des
impératifs de l’orthographe grammaticale3. C’est pourquoi la plupart des
grammaires reprennent, recadrent les fonctions de la grammaire scolaire,
en les intégrant dans une perspective linguistique (analyse distributionnelle,
procédures transformationnelles) et pour certaines, dans une modélisation
renouvelée.

2.2. Effacement, déplacement, détachement :


distinction complément de verbe/complément de phrase
Dans les années 70, dans la filiation et l’adaptation des grammaires
génératives, les procédures transformationnelles d’analyse sont apparues –
l’effacement, le déplacement, la répétition, la pronominalisation –, et ont

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Claude CORTIER

permis de distinguer deux grands types de compléments : d’une part, les


compléments dits « essentiels », indispensables au verbe, à la construction,
ou compléments de verbe (CV) pronominalisables et ne pouvant être
supprimés ou déplacés, d’autre part, les compléments non-essentiels,
facultatifs, ou accessoires, ou compléments de phrase (CP), pouvant être
effacés, déplacés et non pronominalisables. Cette distinction se trouve dans
la grammaire de Dubois, Lagane (1973 : 139-140) et dans les livrets
d’accompagnement de Marchand, Leeman, Schutte, Fabre (1973 : 42-43),
où, lors de l’analyse en constituants de la phrase (P), le G Prép. est dit groupe
permutable (GP) :
Dubois-Lagane, La nouvelle grammaire du français, Larousse, 1973

sujet prédicat
GN GV (GP)
Le boxeur porte un coup à son adversaire (à la troisième
reprise)

verbe (SN) (G Prép.) G Prép. (avec ou


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sans préposition)
constituant du constituant de P
GV

Nous retrouvons la distinction essentiel/accessoire dans l’ouvrage de


J. Gardes-Tamine (1990), La grammaire, 2/Syntaxe, au sein du chapitre 4
consacré au syntagme nominal et aux fonctions :
« Les compléments de verbe (CV) sont fortement liés au verbe et participent
à la définition de la proposition minimale, c’est à dire réduite aux éléments
indispensables à la cohérence syntaxique. Les compléments de phrase (CP),
au contraire, ne sont pas indispensables au cadre propositionnel minimal :
ils ne sont pas liés au verbe, mais portent sur l’ensemble de la
proposition » (1990 : 101 et sv.).

2.3. Classement fonctionnel des prépositions


Gardes-Tamine tire de cette distinction des conséquences pour les
prépositions :
« dans le cas où les CV sont des compléments indirects, cette préposition
est généralement fixe et ne peut pas commuter avec une autre préposition,
comme c’est le cas pour les CP ».

[1] a Il pense au jardin. *Il pense du jardin. vs


[1] b Il se promène (dans, vers, le long de etc., ) le jardin.

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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

Pour les compléments d’objet indirects, la liste des prépositions se réduit à


« de » (parler de), « à » (participer à) et « sur » (compter sur). Elle en
conclut que, pour les CV, la préposition est un pur outil syntaxique (souligné
par nous) qui ne présente guère d’intérêt sur le plan sémantique, à l’inverse
de ce qui se passe avec les CP. Ce n’est que dans quelques rares cas, où l’on
peut l’opposer à d’autres prépositions, que la préposition présente un sens
précis : je pars à Paris vs je pars de Paris (exercice N° 27, p. 146).
Soulignons qu’accorder à certaines prépositions le statut de simple « lien
syntaxique », préposition « vide » ou « incolore » incite à analyser les
G Prép. introduits par d’autres prépositions que à et de, comme des
compléments circonstanciels, ayant une portée phrastique.
D’autres grammaires soulignent, comme Gardes-Tamine,
l’importance du degré de nécessité de l’emploi de telle préposition dans
telle construction et de ce fait proposent une analyse fonctionnelle pour
classer les prépositions. Denis et Sancier-Château (1994) présentent un
classement qui les différencie en fonction du type de complément dont elles
sont la tête, distinguant « les prépositions libres à pleine valeur de sens »
des circonstanciels adjoints, « les prépositions libres » des compléments
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circonstanciels intégrés (voir ci-dessous), « les prépositions d’emploi figé »
dont le choix est contraint par le verbe (complément d’objet).
Cependant, comme le montre D. Leeman (1997 : 79), le choix de la
préposition dans le complément de phrase n’est pas toujours libre. Dans les
exemples ci-dessous :
[2] a Nous avons cherché la solution (pendant deux jours).
[2] b Nous avons trouvé la solution (en deux jours).

les G Prép. peuvent être dits compléments de phrase et pourtant ils ne sont
pas interchangeables :
* Nous avons cherché la solution en deux jours
* Nous avons trouvé la solution pendant deux jours.

Il y a une étroite relation entre le verbe et le choix de la préposition pour des


raisons sémantiques et aspectuelles. Il apparaît donc difficile d’établir une
corrélation systématique entre fonction et type de préposition.

3. La création d’une « fonction » intermédiaire


pour le G Prép.
Gardes-Tamine termine le développement consacré à l’analyse des
compléments en soulignant que, « dans le détail, la distinction des CP et
des CV est parfois difficile à établir, ce n’est pourtant pas une raison pour
l’abandonner. Comme souvent en linguistique, il faut poser l’existence de

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Claude CORTIER

deux pôles distincts, entre lesquels se situent toute une série de


fonctionnements intermédiaires ». Elle ne propose pas de modélisation pour
ces fonctionnements intermédiaires, sans doute en raison de la nature et du
projet de l’ouvrage.
Nous allons voir qu’un certain nombre de grammairiens ont choisi,
pour proposer une cohérence théorique et échapper à l’alternative binaire
COI/CC, soit d’introduire une nouvelle fonction pour caractériser ces
compléments prépositionnels post-verbaux, soit encore de superposer aux
fonctions traditionnelles le niveau prédicatif, permettant d’opposer intra et
extra-prédicatif.

• La Grammaire du français, de Denis et Sancier-Château (1994) présente


dans la partie « Syntaxe » de l’article « préposition » les fonctions possibles
pour le G Prép. dans le cadre d’une distinction fonctions essentielles vs
accessoires :
[3] a complément d’objet indirect : Il pense à ses enfants
[3] b complément d’objet second (COS) : Il a emprunté des livres à ma
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fille

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[3] c complément circonstanciel intégré (CC intégré) : Il va à Paris. *Il
va
[3] d complément circonstanciel adjoint (CC adjoint) : (Après le déjeuner),
il part (... ) faire sa promenade quotidienne (...)
Denis, D., Sancier-Château, A. , Grammaire du français, Le livre de poche, 1994

Fonctions essentielles Fonctions


accessoires
SN SUJET SV
VERBE attribut Complément
centre de Compl. objet CC circonstanciel
proposition COD/COI/COS intégré adjoint
Il enseigne Il habite à Paris, Après le déjeuner,
la grammaire en ville, il part
à des étudiants chez..., dans.... se promener.

À la différence du complément circonstanciel adjoint (CC adjoint), mobile


dans la phrase et qui dépend de la phrase tout entière, certains compléments
circonstanciels, qu’on appellera intégrés, entrent dans le GV dont ils sont
des compléments nécessaires. Les exemples proposés sont cohérents avec
le classement fonctionnel des prépositions dont nous avons parlé
précédemment.
• La Grammaire pour enseigner de Vargas (1995) destinée aux professeurs
des écoles et collèges s’efforce de redéfinir les rapports de la phrase-

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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

type (exemples de grammaire) aux phrases qui fonctionnent effectivement


dans les textes. Concernant la rection verbale, Vargas se réfère à la théorie
de la valence, empruntée à Tesnière (1959) qu’il complète par une distinction
entre la valence en langue et la valence réelle dans un texte. Dans le chapitre
3 (Tome 2) consacré à l’étude des compléments, on distingue d’une part,
les compléments de verbe (CV) qui font partie de la valence du verbe et
constituent la rection du verbe (compléments d’objet, directs ou indirects),
et, d’autre part, ceux qui ont pour équivalents des adverbes pronominaux (y,
en) et dont la présence est obligatoire après le verbe (saturation obligatoire
de la valence verbale) : ce sont des compléments circonstanciels de
verbe (CCV), qui font partie du noyau de la phrase, alors que les
compléments de phrase (CP) sont des « expansions du noyau ». Vargas
propose également un complément du groupe verbal (CGV) qui complète
non pas le verbe seul, mais le groupe verbal :
VARGAS, C., Grammaire pour enseigner, Armand Colin, 1995

Groupe nominal Groupe verbal (GV) CP


sujet (GN)
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Verbe complément de Complément Complément
verbe (CV)
CV CCV de Groupe de
(circonstanciel Verbal
de verbe) G Prép. CGV Phrase
Madeleine va à Paris
Caroline court vers Bruno

La phrase ambiguë Caroline fait rouler la balle sous la table est analysée
selon les deux perspectives. Le G Prép. « sous la table » est soit un G Prép.
complément du groupe verbal (CGV) et correspond à la destination de la
balle, soit un G Prép. complément de phrase (CP), l’action se déroule dans
ce cas sous la table :
GN Sujet GV (V+ CV) G prép CCV Complément
de phrase
Caroline fait rouler la balle sous la table
Caroline fait rouler la balle (sous la table)

Le complément de groupe verbal peut être un groupe prépositionnel, un


adverbe ou un complément phrastique. Il n’est pas morpho-syntaxiquement
obligatoire, même s’il l’est sémantiquement, mais sa place à droite est
obligatoire. Dans l’exemple suivant, le déplacement ou le détachement
introduiraient également un changement de sens : J’ai fait ce travail selon
vos instructions. Vargas souligne que l’existence de ces CGV constitue une

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Claude CORTIER

raison supplémentaire pour ne pas utiliser le critère du déplacement comme


critère du complément de phrase. L’intérêt de ces phrases ambiguës4,
couramment utilisées par les grammairiens est, selon nous, essentiellement
didactique. Elles permettent de montrer d’une part, que le déplacement du
complément, et sa position en tête de phrase, induisent un changement de
sens et une insertion dans un contexte textuel ou scénique (Riegel, Le Goffic),
d’autre part que le G Prép. tire sa fonction de la relation qu’il entretient
dans la phrase avec un autre constituant et confirme la relation hiérarchique
établie par les prépositions.
En conclusion, la modélisation de C. Vargas introduit deux fonctions
nouvelles intéressant les groupes prépositionnels prédicatifs : celle de
complément circonstanciel de verbe (CCV), utilisée pour les verbes de
mouvement et celle de complément de groupe verbal (CGV) utilisé pour
les compléments post-verbaux qui ne sont pas grammaticalement essentiels
mais dont la place à droite est sémantiquement obligatoire.
• Le Goffic dans son imposante Grammaire de la phrase française (1993,
591 pages) consacre six chapitres au verbe et ses compléments essentiels (6-
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11) et cinq aux compléments accessoires (12-16) et s’efforce de considérer
la phrase comme inscrite dans une énonciation et de faire jouer les critères
syntaxiques, sémantiques et lexicaux. Le chapitre 14 (p. 38-40) présente
les diverses fonctions que « Le Groupe prépositionnel, constituant syntaxique
capital » peut occuper :
[4] a – complément essentiel derrière certains verbes : être en vacances,
renoncer à un projet.
[4] b – complément accessoire, circonstant de prédicat : Marie travaille
pour un patron.
[4] b – compl. accessoire, circonstant de phrase : Aucun compromis n’est
envisageable avec le régime de...
[4] c – interne à un groupe (fonction secondaire) : le train pour Paris, les
enfants de ma sœur

Le chapitre 15 différencie les portées des circonstants :


– portée interne au prédicat : circonstant de prédicat ou intra-prédicatif (§ 314 )
– portée externe au prédicat : circonstant de phrase (§ 315)

Les circonstants de prédicat sont rattachés au verbe, ils font partie du prédicat
qu’ils spécifient sous un ou plusieurs rapports.
[5] Paul travaille à Billancourt. Paul travaille à mi-temps. Paul travaille
sérieusement.

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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

Ces spécifications, plus ou moins prévisibles et attendues selon le verbe


peuvent poser des problèmes de délimitation avec les compléments
essentiels.
[6] Paul travaille à la réalisation d’un grand projet.

« Facultatif et accessoire du point de vue syntaxique, le circonstant


de prédicat joue un rôle sémantique de premier plan.
Rhématique (souligné par Le Goffic), il a vocation de porter
l’information primordiale » :
[7] Marie travaille à l’université, avec ardeur, avec des femmes, pour
un patron, pour gagner sa vie, le matin, la nuit, à mi-temps.

Cette caractéristique entraîne que le circonstant de prédicat est inclus dans


la portée de la négation ou de l’interrogation. C’est même normalement, du
fait de son rôle rhématique, l’élément focalisé par la négation ou
l’interrogation.
[8] a Paul ne travaille pas dans la restauration.
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Le circonstant de prédicat peut être pris dans le clivage en « c’est que... »
[8] b ⇒ Ce n’est pas dans la restauration que Paul travaille... mais dans
les assurances.

Ces propriétés sont utilisées comme tests du caractère intra-prédicatif du


circonstant. Sa place est relativement fixe, c’est la position post-verbale,
avec construction liée et dans le même groupe intonatif que le verbe (position
d’intégration maximale du complément accessoire).
Le Goffic, P., Grammaire de la phrase française, Hachette, 1993

sujet prédicat éléments


extra-prédicatifs
compl. accessoires compl. accessoires
verbe compléments intra-prédicatifs extra-prédicatifs
essentiels circonstant circonstant final
post-verbal lié de phrase

Le paragraphe 331 traite également des « ambiguïtés du circonstant final


de phrase », en donnant pour exemples des énoncés humoristiques :
[9] a Il a menacé de tuer son propriétaire par téléphone.
[9] b Je vous écrirai demain sans faute.

et souligne que dans la plupart des cas l’ambiguïté passe inaperçue lorsqu’il
n’y a pas d’enjeu interprétatif. Il précise que la place du circonstant n’est

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Claude CORTIER

pas indifférente et détaille le fonctionnement des divers types d’énoncés


(post-verbal, initial, final) selon la nature du circonstant (prépositionnel,
adverbial).
La précision des analyses peut nous inciter à interpréter la modélisation
proposée comme une graduation de gauche à droite de compléments, de
moins en moins liés au verbe, ou comme le propose Wilmet, d’intégration
plus ou moins forte au noyau.

4. Gradation du noyau à la périphérie


La Grammaire critique du français (1998) de M. Wilmet propose dans le
cadre de la phrase, une terminologie « rafraîchie » des fonctions ainsi qu’une
analyse de la prédication et des compléments de la prédication. Elle passe
en revue les différentes catégories traditionnelles de compléments du
verbe (chapitre 9), discutant d’abord la transitivité, puis les compléments
d’objet, premier, second, pour en arriver à un problème de délimitation : où
passe exactement la frontière des compléments d’objet second et des
compléments de circonstance ? (1998 : 484-485).
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Les grammaires énumèrent les prépositions les plus aptes à construire
un objet second : à ; puis de, à quelque distance ; un peu en retrait, en, dans,
sur, contre ; épisodiquement, avec, chez, par, pour... De gauche à droite de
la liste, les doutes s’amplifient au fur et à mesure que les circonstanciels
offrent leur vaste échantillonnage de temps, de lieu, d’accompagnement, de
destination.[...] La contre-attaque des circonstanciels revendique de droite
à gauche jusqu’aux prépositions les plus propices à l’objet second.
Pour les circonstanciels, on en revient à Tesnière, responsable de la
distinction actant/circonstant, à Grevisse qui en distinguait 29 espèces
différentes dans l’édition de 1980, à Wagner et Pinchon, qualifiés de
« pionniers » de cette dichotomie (§ 68 : compléments essentiels vs
accessoires). Wilmet propose finalement une synthèse (1998 : 488 et sv.)
pour « clarifier la donne » :
– il faut tenter de tailler un bloc de compléments du noyau verbal ou
compléments nucléaires,
– ventiler les compléments nucléaires en objets ou circonstanciels,
– graduer les circonstanciels au fur et à mesure qu’ils s’éloignent du
noyau verbal vers la périphérie, en fonction d’une plus ou grande
solidarité.

Wilmet admet cependant que si « le premier but est accessible, le deuxième


prête toujours le flanc aux discussions et le troisième titille les chercheurs ».
Cependant, en considérant la solidarité du syntagme prépositionnel avec le
noyau verbal, il apparaît possible de proposer une graduation, « d’un plus à

130
Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

un moins de solidarité », du centre (complément nucléaire) à la périphérie,


graduation que l’on établira en fonction des possibilités de
pronominalisation :

– objets premiers : Pierre lit un livre, nage la brasse, Pierre court 100
m.
– objets seconds pronominalisables en lui/leur : Pierre lui/leur
téléphone.
– objets seconds pronominalisables en y/en : Pierre a été blessé à la
jambe. Il y pense, en parle.
– objets seconds présupposant un objet premier : Pierre commande X
à Y, joint l’utile à l’agréable.
– circonstanciels obligatoires : Pierre séjourne, va, vit à Paris (vs
circonstanciels facultatifs : Pierre travaille à Paris). Ce plat va au
four (vs Cette robe va à Marie, elle lui va, objet second).
On élimine du noyau les circonstanciels facultatifs, les attributs et les
appositions. Cependant, remarque Wilmet, « cette perspective ne permet
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toujours pas de distinguer les objets seconds des circonstanciels obligatoires,

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sauf à adopter une position maximaliste, où l’on ne conserve que des objets
seconds : habiter chez ses parents, aller/séjourner/vivre à Paris ». L’issue
théorique proposée est la suivante : les compléments d’objet ont une
incidence au verbe, alors que les compléments circonstanciels ont leur
incidence à une relation incluant avec le verbe d’autres éléments. « Le
circonstanciel nucléaire serait alors le complément obligatoire d’une relation
intraverbale ». C’est la conclusion du § 606. Il reste ensuite à détailler les
circonstanciels facultatifs de la prédication (§ 645), tantôt fixes, tantôt
mobiles : intraprédicatifs, extraprédicatifs et transprédicatifs. Wilmet, pour
terminer, analyse plusieurs phrases ambiguës dont cet exemple emprunté à
Riegel et al. (1994) pour lequel trois interprétations sont possibles, la phrase
ambiguë permettant encore une fois la clarification :
[10] Les militaires rebelles se sont rendus en Argentine.

1- Ils ont trouvé refuge en Argentine : circonstanciel nucléaire


2- Ils ont déposé les armes, cela se passait en Argentine :
circonstanciel intraprédicatif
3- En Argentine (lieu de la reddition), ils se sont rendus : circonstanciel
extraprédicatif.

131
Claude CORTIER

Wilmet, Grammaire critique du français, Hachette supérieur, Duculot, 1997, 19982.

complément d’objet premier complément d’objet second compléments circonstanciels


– non-prép : pronominalisables en lui/leur :
Pierre aime Marie Marie parle à Pierre.

– prép. (pronominalisable en le) pronominalisables en y/en : obligatoire facultatif facultatif


en le) : fixe mobile
Pierre demande à boire, Marie en parle à Pierre. Pierre Pierre A Paris,
il le demande) Pierre assure Hector de séjourne, court à Pierre
sa sympathie vit, va à Paris court
à Paris (y va)

nucléaires péri-
phériques

intra-prédicatifs extra-
prédicatifs

5. De la grammaire au lexique
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• La position maximaliste évoquée par Wilmet correspond, semble-t-il, au

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point de vue adopté par Riegel, Pellat, Rioul (1994 : 223) qui ne limitent
pas la liste des COI aux syntagmes régis par les prépositions qualifiées de
« simples liens syntaxiques » mais l’étendent à diverses prépositions
régissant des compléments obligatoires : jouer avec le feu, courir après les
honneurs, s’enrouler autour du cou, s’écraser contre un arbre, voter pour
le candidat, lutter contre, se tourner vers, etc. Pour distinguer les COI des
circonstanciels, ces auteurs proposent d’appliquer à l’envers les critères qui
permettent d’identifier les circonstanciels, constituants périphériques de la
phrase. Cependant, l’existence d’un double rapport de dépendance, à la fois
syntaxique et sémantique avec le verbe, doit se révéler décisif. Si le G Prép.
est un actant « appelé » par le sens du verbe, il est intégré dans le schéma
actanciel du verbe.
De même que le verbe obéir implique un second actant auquel le
premier conforme sa conduite, le procès dénoté par le verbe de mouvement
parvenir suppose un point d’aboutissement : il est parvenu au/jusqu’au
sommet.
Dans ce cas, le rapport est également syntaxique puisque le verbe
contrôle la préposition ou limite la construction à un paradigme restreint.
C’est pourquoi, dans le chapitre consacré aux prépositions, ces auteurs
peuvent écrire que « les valeurs sémantiques des prépositions relèvent
essentiellement du dictionnaire ». Cependant, ajoutent-ils, « les prépositions,
qui ont un sens fondamentalement relationnel, ont une charge sémantique
propre qui se combine avec le sémantisme des constituants qu’elles mettent
en relation » (1994 : 369-373). Ainsi la préposition avec peut indiquer :

132
Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

– l’instrument : Il mange avec des baguettes ;


– l’accompagnement : Il est avec Paul ;
– la participation : Il l’a traduit avec un collègue ;
– la manière : Il l’a fait avec empressement ;
– la matière : Il l’a préparé avec de la farine et du sucre ;
– différents types de possession : Le grand blond avec une chaussure
noire, une jeune fille avec une belle dot, etc.
Les auteurs soulignent qu’il est souvent possible de trouver, dans
cette diversité des emplois, un sens de base commun : dans le cas d’avec, la
concomitance, rapport dont la négation est dénotée par sans. Cela n’est pas
aussi net pour les prépositions qui marquent un simple rapport de dépendance
entre deux constituants, à, de, en. Cependant les emplois simultanés de ces
prépositions dans des constructions identiques révèlent des oppositions
stables, repérées, mais non analysées d’ailleurs, par la plupart des
grammairiens. Ces auteurs concluent cette présentation des COI par un renvoi
à d’autres chapitres où l’on montrera avec plus de détails que « les
prépositions sont une caractéristique lexicale déterminante des verbes
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autorisant des constructions indirectes (VII, 1.4.3 et 1.4.5) ainsi que des
adjectifs à compléments (VIII : 5.3).
Nous avons pu constater que Arrivé, Gadet, Galmiche (1986 : 561)
proposent une conclusion identique sur la question sémantique :
« (…) la plupart des prépositions sont fondamentalement attachées à
l’opérateur phrastique le plus important, à savoir le verbe (elles constituent
l’élément pertinent des constructions dites indirectes) ; dès lors, leur présence
ou leur absence, comme leur alternance devient décisive au niveau lexical
dans le classement sémantique de nombreux verbes ».

• L’importance du plan lexical est reconnue par R. Tomassone qui


consacre plusieurs paragraphes à l’analyse des contraintes lexicales dans
les relations verbe-compléments, directs ou indirects (1996 : 2.5.2). Les
constructions des verbes « conduire » d’une part et « savoir et connaître »
d’autre part sont présentées à titre d’exemple et d’entraînement et de pistes
de réflexion (1996 : 203-205).
• Le Goffic dans le chapitre 6 « Le verbe et ses compléments essentiels »
consacre cinq paragraphes au « verbe dans le lexique » (1993 : § 121 à
126 ; p. 180-192), étudie les verbes « écrire ; apprendre ; changer ; sembler »,
propose un plan d’étude des constructions verbales (§ 126). Il analyse dans
les chapitres suivants : « Les constructions du verbe être » (chap. 7) ; « Les
constructions transitives à un complément (chap. 8), à plusieurs
compléments » (chap. 9), à compléments clitiques » (chap.10), puis « Les
constructions intransitives 5 à complément indirect » (chap. 11). Dans ce

133
Claude CORTIER

dernier chapitre, il détaille les compléments essentiels en fonction des


prépositions têtes : à, de et autres. Chaque paragraphe est assorti d’analyses
et remarques sur le statut et le sémantisme de la préposition, nous en donnons
quelques exemples :
Le complément indirect est en à : « la prép. marque une mise en
relation, avec ou sans mouvement, sans contact (...). L’apport sémantique
est plus ou moins manifeste selon les cas ; il est parfois indiscernable, la
prép. faisant corps avec le verbe ».
Le complément indirect est en à N : 1. Localisation dynamique,
destination. 2. Visée psychologique : « la prép. fait souvent corps avec le
verbe : on est aux limites d’une « transitivité indirecte ».
Le complément indirect est de : 1. Marquant l’origine. 2. Marquant
le point de vue « au sujet de ».
Complément indirect introduit par une autre préposition : avec, après,
en, par, parmi, pour, sur... À côté de ces emplois d’une préposition spécifique
à un verbe, il faut préciser que certains verbes peuvent être suivis d’une
gamme plus ou moins étendue de prépositions : tomber dans, sur, en ; aller
vers, en, sur, pour, etc.
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Conclusion
Il ressort de cet inventaire que l’analyse traditionnelle des fonctions bloque
l’analyse fine des syntagmes prépositionnels, prédicatifs et extra-prédicatifs,
et que d’autres perspectives s’avèrent nécessaires pour expliciter la place et
l’importance des G Prép. et des prépositions. Nous avons vu qu’un G Prép.,
qui apparaît facultatif du point de vue syntaxique, peut porter l’information
principale s’il est en position de rhème, qu’il apparaît nécessaire d’introduire
dans les grammaires les apports de la linguistique énonciative ou de la
grammaire de texte. Ces conclusions sont également celles de l’équipe
Rhêma, à l’issue des travaux « Autour du circonstant » (Rémi-Giraud, S. ,
Roman, A., 1998).
Cependant, cette ouverture à d’autres linguistiques, ne devrait pas aboutir à
un abandon de la syntaxe, comme le souligne D. Leeman (1997 : 79), dans
cet article à vocation didactique, mais « à faire de la syntaxe autrement (…),
en revenant aux mots et aux contraintes qui atteignent leurs combinaisons,
donc en intégrant la réflexion lexicale, peu honorée par les temps qui
courent ». On peut s’intéresser à une préposition également par sa
distribution, c’est-à-dire non seulement aux verbes recteurs mais également
à la sélection des noms qu’elle est susceptible d’introduire. Cela présente
l’avantage d’un point de vue didactique de rompre avec les coutumes et de
« faire prendre vie aux structures », on se rend compte alors que les
manipulations habituelles ne renseignent en rien sur la grammaticalité d’une

134
Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires …

phrase et l’appropriation au contexte. On rejoint par là les préoccupations


de la didactique du français langue étrangère, dont les ouvrages de grammaire
ne manquent pas, eux, de s’intéresser aux prépositions, et nécessairement à
leurs contraintes lexicales d’emploi.

NOTES

1. Le terme de groupe et l’abréviation G Prép. étant les plus courants dans les
grammaires, c’est ceux que nous utiliserons désormais.
2. Contribution intitulée « Prépositions et rection verbale ».
3. En outre, la distinction entre ces deux compléments étant sans importance
en regard de l’orthographe grammaticale, on n’avait, du point de vue de la grammaire
scolaire, peu ou pas de raisons de s’intéresser à ces compléments. Soulignons
cependant qu’à l’école primaire, la distinction compléments de verbe et compléments
de phrase est la plus couramment enseignée, comme le montre notre étude « Les
présentations de la phrase complexe à l’école primaire », communication à la journée
d’études consacrée à « La phrase complexe dans l’enseignement » organisée à
l’IUFM d’Arras 8 mars 1998, par Nelly Flaux et Guy Legrand.
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4. Précisons que les phrases ambiguës se trouvaient déjà exploitées dans les
premières présentations des grammaires génératives par N. Ruwet (1968) : Les
Marines jugent les Vietcongs sans pitié, phrase citée par Genouvrier, Peytard (1970 :
126), car elles permettent de montrer les divergences entre structures de surface et
structures profondes.
5. Le Goffic différencie complément direct et objet direct (Paul rencontre
Marie), objet direct/complément direct non objet (Ce vin sent le bouchon (proche
de l’attribut), Paul doit partir). Sa terminologie ne propose pas d’objet indirect,
mais des compléments indirects de verbe, essentiels.

ANNEXE

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136
Grammaires Entrées /table des matières Entrées index pages/prép. rapport Terminologie des fonctions
p.

Arrivé, Gadet, entrée alphabétique : Préposition 557-562 5/720 complément circonstanciel/objet direct
Claude CORTIER

Galmiche « préposition » Prépositionnel (syntagme) et indirect


1986 Grammaire générative et prép.

Gardes-Tamine, préposition (exercices sur 146-147 1/160 complément de verbe/


1990 Ø « de » pour différencier complément de phrase
articles et prépositions)

Maingueneau, Les compléments renvois à 1/258 complément d’objet,


1991 Ø prépositionnels 12, 15, complément indirect,
Les compléments indirects 24, 41 complément circonstanciel

Wagner, Pinchon, Les prépositions idem table des matières 467-530 63/687 complément essentiel (objet direct,
1963, 1991 I- La préposition à pas de COI), circonstanciel
II- La préposition de
III- La préposition en
Les autres prépositions

Le Goffic, 1993 chap. XIV : Les compléments 419-449 30/591 complément essentiel/
accessoires. complément accessoire
Groupes prépositionnels
Les types de prépositions

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Riegel, Pellat, chapitre IX : La préposition et Groupe prépositionnel 369-373 5/646 complément d’objet direct et indirect,
Rioul, 1994 le groupe prépositionnel Verbe à 2 compléments, à 3 compléments
– Les classes morphologiques
des prép.
– Syntaxe des prép. : le groupe
prép.
– Sémantique des constructions
prép.

Denis et entrée alphabétique : 441-448 8/541 complément d’objet direct et indirect,


Sancier-Château, 1994 « La préposition » complément circonstanciel intégré au GV
I- Morphologie,
II- Syntaxe, III- Emplois

Grevisse-Goosse, Chapitre VII : Les mots-outils préposition 331-335 5/393 complément essentiel/ /non-essentiel
1995 A- La préposition

Vargas, vol.2, 1995 L’expansion du nom : La préposition 160-163 3/274 complément de verbe
le groupe prépositionnel Le groupe prépositionnel 223-224 (compl. prépositionnel de verbe)
Le complément de groupe verbal complément de groupe verbal
(complément prép. de GV)
Le complément prép.de GV complément circonstanciel de verbe

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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires

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Tomassone, 1996 Chapitre 26 : La préposition 309-310 2/317 complément essentiel (direct et indirect)
Chapitre 15 : Le groupe verbal Ø 198-199 complément circonstanciel
complément essentiel indirect 201
Claude CORTIER

introduit par à, de, par d’autres


prépositions que à et de

Wilmet, 1998 2. Le nom 145, 189, 3/670 compléments du verbe,


2.1.2.1. Caractérisants, indirects, 227 nucléaires (attribut, objet premier,
prépositionnels second, circonstanciel intraprédicatif)
2.2.3. Quantifiants, analytiques, compléments de la prédication,
prépositionnels circonstanciels extra et trans-prédicatifs
2.2.6.1. De préposition

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Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires

RÉFÉRENCES

Les grammaires (ordre chronologique de parution)


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Hachette supérieur, nouvelle édition 1991 (grammaire de référence).
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MARCHAND F., LEEMAN D., S CHUTTE, A., F ABRE C., 1973, Comment apprendre la
grammaire, livrets niveau 1, 2, 3, Paris, Larousse, collection « apprendre le
français » dirigée par J. Dubois et R. Lagane.
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grammaire de référence).
GARDES-T AMINE J., 1990, La grammaire, 2/Syntaxe, Paris, Armand Colin, (initiation
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MAINGUENEAU D., 1991, Précis de grammaire pour examens et concours, Paris,
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LE GOFFIC 1993, Grammaire de la phrase française, Paris, Hachette supérieur,
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(public universitaire, grammaire de référence).

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DENIS D., S ANCIER-C HÂTEAU, A., 1994, Grammaire du français, Le livre de poche,
librairie générale française.
RIEGEL M., P ELLAT J.C., RIOUL R., 1994, Grammaire méthodique du français, Paris,
PUF, 2e édition mise à jour, 1998, collection « Linguistique nouvelle » (public
universitaire, grammaire de référence).
VARGAS C., 1995, Grammaire pour enseigner/2, La phrase verbale, les fonctions et
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des écoles et collèges).
GREVISSE M., GOOSSE A., 1995, Nouvelle grammaire française, Louvain-la-Neuve,
De Boeck et Duculot, 3e édition.
TOMASSONE R., 1996, Pour enseigner la grammaire, Paris, Delagrave Pédagogie,
(Formation des enseignants, professeurs des écoles et collèges).
WILMET M., 1998, Grammaire critique du français, Paris/Louvain-la-Neuve,
Hachette supérieur, Duculot, 2e édition De Boeck et Larcier (public universitaire,
grammaire de référence).

Autres références
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de la grammaire scolaire, Paris, Payot.
GENOUVRIER E., PEYTARD J., 1970, Linguistique et enseignement du français, Paris,
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pendant », Recherches, 26, p. 75-92.
REMI-GIRAUD S., R OMAN A., 1998, Autour du circonstant, Presses Universitaires de
Lyon.

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Claude CORTIER

TESNIERE L., 1959, Eléments de syntaxe structurale, Paris, Klincksieck.


TOURATIER C., 1998, « Les grammaires universitaires du français de ces dix dernières
années », Le français moderne, 1998, 66, p. 73-102.
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