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David Gaatone
2001/1 - no42-43
pages 23 à 31
ISSN 0082-6049
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Les prépositions : une classe aux contours flous
LES PRÉPOSITIONS :
UNE CLASSE AUX CONTOURS FLOUS*
David GAATONE**
* Cette communication est une version abrégée et modifiée d’un article à paraître.
** 79/3, rue Haïm Levanon – Tel Aviv 69345 (Israël) – Tél. +972 3 641 36 89 –
Université de Tel Aviv – Ramat Aviv, 69978, Tel Aviv (Israël) –
dgaatone@post.tau.ac.il
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Passif (promotionnel)
On appellera « passif promotionnel » le passif « classique », celui qui
consiste à « promouvoir » un objet direct en position de sujet.
[2] Maya a été (autorisée à / *permise de) jouer dehors
De négatif
[3] a. Je n’attends plus (de / *des) miracles
b. Je ne m’attends plus à (*de / des) miracles
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n’étant pas vrai. Cependant, dans certains cas au moins, ces deux rôles ne
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Faut-il dire, dans [10], que de relie et subordonne amis à beaucoup, alors
que nombreux est subordonné à amis, malgré une relation sémantique
identique ?
[10] Maya a (de nombreux / beaucoup d’) amis
Il a déjà été observé par ailleurs que l’idée de relation suggère une certaine
symétrie entre les termes reliés, alors que l’on constate au contraire une
cohésion beaucoup plus forte entre la préposition et sa séquence (Spang-
Hanssen 1963, 1993, Riegel et alii 1994, Cadiot 1997). En témoignent,
entre autres, le « déplacement » de la préposition avec sa séquence en
interrogative et relative [12], et l’existence de substituts, tels que lui, leur,
dont, en, y, qui renvoient à tout un syntagme composé d’une préposition et
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de sa séquence :
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Bien entendu, le terme de « préposition vide » ne doit pas être pris au pied
de la lettre. Il s’agit en fait d’emplois vides de certaines prépositions. Il
n’existe pas de préposition toujours vide de sens, du moins si l’on continue
à voir un même mot dans le de de la ville de Paris et celui de elle vient de
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A. Facteur sémantique
La préposition est librement choisie par le locuteur en fonction de son
message. Elle a alors un (ou plusieurs) contenu(s) sémantique(s) spécifique(s)
(spatial, temporel, causal, etc…), et est en principe commutable avec d’autres
prépositions dans le même contexte :
[16] Maya se lève (à / avant / après / dès / vers / etc…) huit heures
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C’est sans doute là l’emploi le plus typique de la préposition, celui qui vient
intuitivement à l’esprit quand on cherche à la définir.
B. Facteur lexical
La préposition est conditionnée automatiquement par un verbe, un nom ou
un adjectif, devant un éventuel complément. Il n’y a plus alors choix libre
du locuteur, donc pas non plus commutabilité :
[17] S’intéresser à, raffoler de, alterner avec, compter sur, pencher pour;
le besoin de, la confiance en; sujet à, enclin à, apte à, capable de,
digne de, passible de, etc…
C. Facteur syntaxique
La préposition est conditionnée par le type de construction syntaxique adopté
par le locuteur. Le choix n’est donc à nouveau pas libre. Les grammaires
utilisent ici souvent le terme de « cheville syntaxique », qui n’est qu’un
autre mot pour « pur instrument grammatical », c’est-à-dire, en fait,
préposition vide de sens. C’est le cas, par exemple, de de, caractéristique
des appositions affectives et d’appellation :
[20] Un amour d’enfant, la ville de Paris, le joli mois de mai
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D. Facteur lexico-syntaxique
Il s’agit ici essentiellement de toute une série de verbes transitifs directs,
qui présentent cette particularité de construire leur objet avec de, ou plus
rarement avec à, mais seulement si cet objet est un infinitif. Le
conditionnement est donc double : d’une part, le verbe précédent, de l’autre,
la nature de l’objet. Ce cas pose un problème difficile par rapport à la
définition traditionnelle de l’objet direct, dans la mesure où celui-ci est défini
précisément par l’absence de préposition, problème que d’aucuns résolvent
en excluant ce de de la classe des prépositions. On y verra une marque (ou
un article ou un indice) d’infinitif, ou encore un « complémenteur » :
[24] Maya accepte (cette idée / de partir)
Maya apprend (le français / à parler français)
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RÉFÉRENCES
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