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Chronique 2021
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Chronique d’ Orient
Chronique 2021
Responsables
Hadrien Bru
Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA
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Guy Labarre
Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA
guy.labarre@univ-fcomte.fr
1
Pline l’ Ancien, XXXIV, 39, et IV, 92.
Les premières traces d’ exploitation ancienne ont été identifiées dans les années
1970 lors des prospections menées par E. N. Chernikh, et poursuivies par la suite de 2013
à 2016 par l’ équipe bulgaro-allemande (dir. R. Krauss, P. Leshtakov et K. Dimitrov)2.
Les mines couvrent une vaste zone qui s’ étend depuis les secteurs méridionaux de la
ville moderne de Bourgas (quartier de Meden Rudnik) jusqu’ aux villages de Rosen,
Zidarovo et Varshilovo, ainsi qu’ aux versants qui entourent le sommet de Bakarlaka
(mines de Sarneshko Kladentche et Propadnala Voda)3.
Les gisements en activité à l’ époque archaïque ont pour leur part été localisés
à Cherveno Zname (Propadnala Voda), dans un secteur disposé à 7,8 km à l’ ouest de
la cité4. L’ emplacement des galeries est matérialisé par de puissants cônes d’ épandage
aux marges desquels ont été installés des ateliers où s’ effectuait un premier traitement
thermique du minerai – grillage et réduction –, permettant d’ éliminer les impuretés
toxiques d’ arsenic et de sulfure (figure 2). Un de ces fours a pu être étudié en 2019, tandis
que les fouilles entreprises en 2020 se sont soldées par la découverte d’ autres unités sur
le territoire de la municipalité voisine de Vesselie5. Le mobilier qui les accompagne est
majoritairement de facture grecque, laissant supposer que ces gisements sont exploités
par une main-d’ œuvre dépendant étroitement de l’ univers matériel de la cité. Le statut
2
Chernikh 1978 et Krauss et al. 2020.
3
Baralis, Nedev, Bogdanova (à paraître) ; Leshtakov et al. 2020a.
4
Baralis et al. 2010, p. 158.
5
Leshtakov et al. 2020b, p. 448.
de ces mines demeure néanmoins incertain dans la mesure où leur exploitation s’ opère
à un moment où s’ épanouissent autour plusieurs établissements fortifiés thraces6. Il est
dès lors possible que ces ressources aient pu faire l’ objet, durant la seconde moitié du
vie siècle avant J.-C., de contrats établis entre Apollonia et les populations thraces, sous
forme de concessions, suivant le modèle observé plus au sud, autour des établissements
continentaux de Thasos, et ce d’ autant plus que les limites du territoire archaïque
d’ Apollonia semblent alors relativement étroites7.
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6
Gyuzelev 2008, p. 106-111 et 242-243.
7
Baralis et al. 2016, p. 166 et 170 et Baralis, Nedev, Bogdanova 2019, p. 274.
8
Baralis, Nedev, Bogdanova (à paraître).
9
Sites de l’ Ancienne Mairie (« Starata Obshtina », n° 17 rue Cyrille et Méthode), du n° 11 et du n° 16
de la rue Milet, sur le site de l’ Ancienne Perception (« Starata Danashna », dit aussi « Maison Dukova »,
sur la parcelle cadastrale UPI XIX-157, carré 16, au n° 29 rue Cyrille et Méthode), ainsi que celui de
l’ Ancienne Menuiserie (« Starata Darvodelna », sur la parcelle cadastrale UPI XIII-221, carré 18, au
n° 46 rue Cyrille et Méthode). Cette situation se retrouve également au sud-ouest de la cité, sur le chantier
de la maison Hadjiyanonova (rue Kulata).
10
Panayotova et al. 2011, p. 259, 297 ; Baralis, Nedev, Bogdanova 2019, p. 275 et Baralis, Nedev,
Bogdanova (à paraître).
11
Drajeva, Nedev 2013 ; Bogdanova, Manev, Nedev 2014.
12
Baralis, Nedev, Bogdanova 2019, p. 275.
13
Nedev 2019.
14
Morhange, Marriner, Devillers 2010, p. 26 ; Baralis et al. 2011, p. 105.
Figure 4 : Vue aérienne du site de « Iujna krepostna stena », musée archéologique de Sozopol.
Figure 5 : Le secteur fouillé en mars et avril 2019 sur le site de « Iujna krepostna stena ».
ive siècle avant J.-C., et de Thasos, d’ Héraclée et Sinope de la fin du ive et du début du
iiie siècle avant J.-C. D’ autres centres producteurs sont également représentés, comme
Samothrace et divers autres centres du nord de l’ Égée. À ce matériel amphorique
s’ ajoutent de très nombreux fragments de céramique commune, de cuisine (chytrai)
et de céramique vernissée du ive siècle avant J.-C., ainsi que des tuiles et couvre-joints
corinthiens, dont certains exemplaires, relativement épais, s’ avèrent identiques à ceux
découverts sur le site de Messarité 4 et remontent au début du ve siècle avant J.-C. Ces
couches ont enfin livré de nombreuses émissions monétaires en bronze du ive siècle
avant J.-C. et une monnaie en argent (US 7), accompagnées de trois balles de fronde
(PIN n° 50, 56 et 100) portant pour deux d’ entre elles les timbres ΔΙΑГ (PIN n° 56)
et ---ΑΘ--- (PIN n° 100). Ces diverses observations permettent de conclure que la
mise en place de ces remblais est étroitement liée à la construction de l’ édifice thermal
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rubéfié. Au sud-ouest, une plate-forme longue de 0,50 m en terre rubéfiée semble liée
à cet édifice.
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cet ensemble. Les analyses géochimiques menées par P. Dupont ont confirmé que
l’ amphore pseudo-milésienne PIN n° 126 (échantillon APO 225) est bien d’ origine
milésienne, tandis que les analyses paléobotaniques ont révélé la présence de chênes,
mais sans reste alimentaire associé. En revanche, 24 fragments de faune renseignent
la consommation de bœuf, de porc, de caprinés et d’ invertébrés marins (huître plate,
moule de Méditerranée). Aucune sélection de morceaux de viande ne semble décelable,
car des os de membres, de rachis et de bas de pattes sont présents dans l’ échantillon. Si les
amphores de Chios et Clazomènes reflètent une chronologie haute, jusqu’ au troisième
quart du vie siècle, leur association avec le reste matériel oriente vers une datation de
ce contexte dans le second quart du ve siècle avant J.-C., en parfaite cohérence avec la
chronologie accordée à la structure voisine à laquelle il est étroitement lié.
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lié aux vestiges de plusieurs fours métallurgiques mis au jour sous le mur 3 et le coffrage
en béton méridional (contexte n° 7). Nos observations ont été facilitées par l’ extension
du secteur B vers le sud, grâce à l’ enlèvement de l’ escalier protobyzantin. Un de ces
sols (US 32) s’ avère être en connexion avec une autre construction aux murs en bauge
en forme de Г, préservée sur une hauteur maximale de 0,15 m – premier segment est-
ouest, 0,80 m x 0,48 m ; second segment, nord-sud, 0,50 x 0,34 m. Il semble que cette
construction soit elle-même en rapport avec un foyer qui a livré des fragments de chêne
et de fruits, ou de fruits secs indéterminés (contexte n° 10, 0,57 m de diamètre). Ce
dernier repose sur les vestiges du four métallurgique archaïque découvert plus bas. Ces
différents niveaux de circulation éclairent donc une occupation continue de cet espace
par des constructions sommaires durant la seconde moitié du vie siècle avant J.-C.,
comme en atteste le mobilier qui les accompagnait (amphores du type de Zeest, du
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Ce dernier repose sur plusieurs remblais (US 35A à 39) dont le matériel (coupe
Villard B1, amphore de Milet, lampe carénée…) appartient à la première moitié du vie
siècle, tandis que le matériel qui accompagnait le foyer contexte n° 10 s’ avère lui aussi
très précoce (coupe Villard B1, coupe à yeux, coupes ioniennes à bande ou à vernis
noir). Ensemble, ils permettent de situer le fonctionnement du four métallurgique vers
le milieu ou le troisième quart du vie siècle avant J.-C., attestant qu’ il s’ agit du four le
plus ancien découvert à ce jour dans la cité.
Si les niveaux archaïques n’ont livré que des fragments de chêne (US 25, 29, 30,
31, 32), les vestiges de faune sont ici plus abondants (n = 100). Bon nombre d’entre eux
présentent d’ailleurs une coloration verte caractéristique d’un contact prolongé avec des
résidus de cuivre oxydé (US 13, 16, 19, 20, 23, 33 et 39) provenant des résidus de fours.
Durant cette période, le régime carné des colons repose sur les bovins représentés par 29
restes, pour 14 de caprinés et trois de porcs. Deux os d’équidés (Equus sp.) ont été identifiés,
sur lesquels plusieurs traces de découpe sont visibles, éclairant la décarnisation d’un
membre antérieur. La poursuite des études archéozoologiques permettra de savoir si cette
pratique était répandue dans la cité. Enfin, les moules méditerranéennes composent une
part importante du régime alimentaire avec 46 fragments (NMI = 29) dont quelques autres
sont apparus en marge des fours de l’US 29 parmi les fragments de chêne qui leur sont liés.
Figure 10 : Secteur C. La canalisation, depuis l’ angle sud-ouest de l’ autel jusqu’ au mur 3 sous lequel elle s’ engage.
En haut, le segment du mur 4. Cl. D. Nedev.
à une nouvelle enceinte construite plus au sud, en connexion avec la zone portuaire
qui se développe immédiatement à l’ ouest où plusieurs môles étaient encore visibles
au début du xxe siècle. Il n’ est dès lors pas exclu que la zone artisanale ait été incluse
dans l’ espace urbain, soit durant son fonctionnement, soit plus vraisemblablement
après son abandon, dans le cadre d’ un programme urbain ambitieux survenu durant
l’ époque classique. Auquel cas, cette esplanade serait par conséquent en position intra-
muros, non loin des limites de la ville. Il est en tout cas certain que la présence proche de
deux structures à caractère officiel, à savoir l’ autel sacrificiel et cette esplanade, auxquels
il convient d’ ajouter le voisinage immédiat du sanctuaire d’ Aphrodite Syriè, localisé
immédiatement au nord-est de cet espace17, traduit une requalification probable de
cette zone durant l’ époque classique. Ce n’ est qu’ à la fin de l’ époque hellénistique et au
début de l’ époque romaine qu’ intervient son abandon, lequel impacte tous les secteurs
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17
Nedev, Stoyanova 2019, p. 86.
18
Baralis et al. 2013, p. 322.
Les six inscriptions funéraires très bien conservées que nous présentons ci-
dessous, déposées au Musée de Fethiye (province de Muğla, sud-ouest de la Turquie), sont
d’ époque hellénistique et romaine. Elles sont inédites, sauf une qui devait être révisée
(n° 4 ci-dessous). Nous remercions Mme Gökçe Çiçek Keskin de l’ université Onsekiz
Mart de Çanakkale (anciennement à l’ université Dokuz Eylül d’ Izmir), qui avait un
permis n° 43210214-155.03/SLO daté du 22/03/2017 pour étudier les monuments
épigraphiques au musée de Fethiye, de nous en avoir fourni les photographies. Nous
remercions pour leur aide précieuse la directrice du musée de Fethiye Mme Emel Özkan
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I- Épitaphe d’ Arsasis
Musée de Fethiye. Max. conservé : H. 87 cm ; l. 41 cm ; max. ép. 9,6 cm ;
hauteur des lettres 1,2 cm (figures 1a-b).
Stèle à fronton et à acrotères. Calcaire jaunâtre local. Décor végétal à l’ intérieur
du fronton : acanthe sculptée, taenia et ovolo. Les feuilles sont en haut relief, luxuriantes
et tridimensionnelles. Deux lignes parallèles sont incisées sur la moulure horizontale
aux angles. Dans le champ de la stèle, une femme assise, voilée, portant la main à la joue.
De part et d’ autre, deux jeunes hommes, debout de trois quarts à gauche, vêtus d’ un
himation enroulé autour de leurs hanches. Ils tiennent chacun des objets différents,
peut-être un rouleau pour celui de gauche.
19
Pour une vue synthétique de l’ histoire de Telmessos, Tietz 2016, p. 341-345.
Marbre. La stèle est agrémentée d’ une large rosace composée d’ un bossage central
et de huit pétales, sculptée dans son fronton. La scène à plusieurs figures présente une
scène de dexiosis typique : au centre de la composition, une femme assise, plus âgée,
serre de sa main droite la main opposée d’ un personnage masculin debout devant elle.
Un garçon se tient debout à gauche de ce personnage. À sa droite, au centre de la scène,
un autre homme debout. Une petite fille est assise aux pieds de la femme et tend le bras
pour montrer un objet. Une servante se tient juste derrière la femme assise et porte
un chiton à manches longues qui était généralement la tenue exclusive des serviteurs/
esclaves. Épitaphe gravée sur deux lignes sur la base du relief et en dessous. Époque
hellénistique, peut-être des iie-ier siècles avant J.-C.
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Αλλας Ἑρμολύ[κ]ου
χρησ(τὲ) χαῖρε.
1) Seul le sigma final d’ Allas est en partie effacé. 2) Aucune trace de lettre
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lien entre les membres de la famille, même dans la mort. Alors que dans la plupart des
scènes funéraires représentant la dexiosis, l’ une des figures est assise, tandis que l’ autre
est debout, de nombreuses stèles montrent aussi une femme debout serrant la main d’ un
homme debout, les deux personnages donnant ainsi l’ apparence d’ une stature égale.
Sur les scènes de dexiosis, diverses relations familiales hiérarchiques sont présentées : les
pères et les filles, les mères et les fils, les maris et les femmes, les frères et les sœurs. On
peut penser ici à une mère assise donnant la main au fils défunt, devant le père et les
jeunes frères et sœurs, la servante restant en arrière, mais comme tous les traits du visage
des six personnages sont ciselés, l’ interprétation reste hypothétique.
au-dessous de la niche figurative. Sous le relief, texte de six lignes dont la dernière est
centrée sur la moulure. Écriture d’ époque hellénistique, iie-ier siècles avant J.-C.
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31
TAM II (2), 650 I4 et III b 4, 16, 21, 23 : φ(υλῆς) Ἱε(ραορίδος) ; et 674, 4 : [φ]υλῆς Ἱεραορίδος. Sur
les lieux, cf. le plan de l’ oppidum p. 241. Deux autres tribus sont attestées dans la cité : 650 I b 6, III b 6 ;
III b 17, 18 ; 674, 2 (φυλῆς Ἡλιάδος) et 661, 6-7 ; 663, 5-6 ; 664, 4-5 ; 666, 2-3 (φυλῆς Ἀπολλωνιάδος).
32
LGPN VB, p. 422 et p. 432.
33
Parméniôn fils de Mégaklès : TAM II (2), 650 III b 13-14. Voir aussi LGPN, VB, p. 344 qui renvoie
seulement à deux exemples : celui-ci et à un autre à Tabai en Carie.
34
Sur l’ héroïsation des défunts et la façon courante de désigner le défunt par le mot ἥρως à partir
de l’ époque hellénistique en Asie Mineure, voir Le Bris 2001, p. 97-112. Pour des exemples dans les
inscriptions de Patara, voir TAM II (2), 472, 473.
35
Pour la représentation des enfants sur les monuments funéraires romains, voir Huskinson 2007.
36
Zgusta 1964, p. 471 § 1451-1. LGPN VB, p. 387 et p. 392.
37
Zgusta 1964, p. 433 § 1271 et LGPN VB, p. 128 et 354.
38
C’ est la définition qu’ en donne le LSJ (abavia, privigna) et son supplément (step-daughter).
V- Épitaphe d’ Artémisia
Musée de Fethiye, n° inv. 639. Max. conservé : H. 47,6 cm ; l. 27 cm ;
ép. 11,3 cm ; hauteur des lettres 1,1 cm (figures 5a-b).
39
Sur les Bildfeldstelen à l’ époque romaine, voir von Moock 1998, p. 48-49, fig. 7.1.
40
Sturgeon 2004, p. 78.
41
Oakley 1982.
Stèle à fronton avec acrotères, très bien conservée. Calcaire jaunâtre local. Rosace
dans le fronton. Dans le champ, une femme debout, vêtue du chiton et de l’ himation, la
tête voilée, le bras droit replié sur la poitrine, le bras gauche le long du corps. À sa droite,
une jeune fille de trois-quarts, portant une robe au col en V et à manches courtes, les
mains jointes devant elle. Écriture du ier siècle avant J.-C. (apices, alpha à barre brisée,
mu aux branches latérales divergentes, oméga en fer à cheval à courbe resserrée).
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42
Trois occurrences : deux en Ionie (LGPN VA, p. 341) et une en Lycie à Xanthos (LGPN VB, p. 324).
VI- Épitaphe
Musée de Fethiye. Max. conservé : H. 76 cm ; l. 36 cm ; ép. 13 cm ; hauteur des
lettres 2,2 cm (figures 6a-b).
Stèle à fronton avec acrotères, base moulurée avec tenon ; très bien conservée.
Calcaire jaunâtre local. Même calcaire que la stèle n° 5. De plus, la typologie et la
fabrication de la stèle, en particulier dans la zone du fronton, sont similaires à cette stèle
n° 5 : elles proviennent peut-être du même lieu de découverte. Dans le champ, trois
hommes debout de face, vêtus d’ une tunique, le bras droit sur la poitrine, le bras gauche
le long du corps. Deux lignes d’ inscription avec lignes de réglage de part et d’ autre des
lettres. Datation du iie siècle apr. J.-C. d’ après l’ écriture (alpha à barre brisée, sigma
carré, oméga courbe souligné d’ un trait horizontal).
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Les trois personnages masculins sont reproduits dans une position identique :
ils sont enveloppés dans un himation aux plis épais, c’ est-à-dire un vêtement extérieur
lourd (cape), en laine, formé d’ un morceau de tissu rectangulaire porté enroulé autour
du corps43. Mais il n’ est pas enveloppé, de manière caractéristique, sur une épaule, car les
hommes âgés sont parfois représentés avec l’ himation couvrant les deux épaules. Le bas
des jambes n’ est pas couvert par leur manteau dont le bord inférieur est bien défini. Il
est difficile de dire si leurs pieds sont chaussés ou non, car les orteils ne sont pas sculptés.
Leurs bras droits sont repliés sur leur poitrine et leurs bras gauches sont maintenus le
long du corps, leur main gauche cachée dans les plis du manteau. Ces trois mâles, de
face, côte à côte, regardent vers l’ extérieur. Leurs corps sont de forme standard. Ils ont
un visage lisse sans caractéristique. Leurs yeux, leurs oreilles et leurs lèvres ne sont pas
définis. Leurs cheveux sont courts et bouclés. Généralement, sur les stèles funéraires
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43
Sur le port de l’ himation par les hommes dans l’ iconographie de l’ époque romaine, voir Bieber 1959.
Cappadoce/Commagène
N° 1 – Musée de Kahramanmaraş. Göksun (Κυκυσός/Κουκουσός/Cucusus),
à 76 km au nord-ouest de Kahramanmaraş, non loin des sources du fleuve Pyramos
(moderne Ceyhan), en Cataonie/Cappadoce, région ultérieurement incluse dans
la province d’ Arménie Seconde, au pied de puissants contreforts du Taurus. Cippe
funéraire de Ouidèrès, simple colonne/columelle de marbre poreux local, sans fioritures,
brisée en haut et en bas, avec marques de pic et de ciseau plat. Légère patine avec croûte
jaune-brun et surface piquée. H. 78,2 cm ; diam. 52 cm. Pierre interprétée à tort par le
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44
Pour des milliaires de la région relevés par D. H. French, voir AÉ 2008, 1505 et AÉ 2012, 1519.
Concernant l’ onomastique anatolienne locale, voir notamment J. et L. Robert, BÉ 1952, p. 175, n° 153.
1 [---]ΣΕΟΣ
Φαλαδῷ
ἀδελφῷ
ἐποίησ-
5 εν μν(ήμη)ς
χάριν.
47
Voir par exemple I. Anazarbos 461 = LGPN VB, p. 305, « Μουσαῖος » n° 35 (ier-iie s. apr. J.-C.) ; Le
Bas, Waddington 1870, 1499 et SEG VI, 786 (à Mopsueste) ; SEG XXXVII, 1271 (à Anemourion, ve
s. de notre ère). Pour les attestations de l’ anthroponyme Μουσαῖος en Cappadoce à l’ époque impériale, voir
LGPN VC, p. 304, « Μουσαῖος » n° 3-4.
48
Wagner 1976, p. 218-219, n° 79 (d’ où SEG XXVI, 1562) et p. 257, n° 140 m (d’ où SEG XXVI,
1610) ; Ergeç, Yon 2012, p. 161, 6 m.
49
Voir Yon 2018, p. 152.
50
Voir CIL VI, 32624 et 37184.
51
AÉ 1912, 45 = 2005, 1184 à Narona (Dalmatie) ; AÉ 2009, 1133 à Aquincum (Pannonie Inférieure).
52
Pour les plus proches parallèles, voir Heilmeyer 1970, pl. 13.3, et Weinberg 1960, pl. 31.4 (basilique
sud de Corinthe).
53
LGPN VB, p. 96, « Δαμύλα » n° 1.
54
LGPN VB, p. 96, « Δαμύλας » n° 1-12.
55
Zgusta 1964, p. 142, § 250.
56
I. v. Pergamon 235 A f = LGPN VA, p. 117, « Δαμύρτιος » n° 1 ; MDAI(A) 29, 1904, p. 172, n° 14,
col. B, ligne 33 = LGPN VA, p. 117, « Δαμύρτιος » n° 2 (145 av. J.-C.).
d’ un nouveau nom grec, mais à une date ultérieure, car le style du chapiteau est environ
datable de 200 apr. J.-C. ou d’ un peu après au iiie siècle, ce dernier étant d’ une belle
facture, classique et montrant des traces de sculpture au trépan, dont les feuillages
d’ acanthe conservent la marque par endroits. Δάμυρος était-il un sculpteur venu
d’ Anatolie occidentale afin d’ honorer une commande de la cité ?
N° 4 – Musée de Kahramanmaraş. Territoire de Kaisareia Germanikeia/
Germanicia (Kahramanmaraş) ou région environnante. Dédicace. Angle d’ un bloc de
calcaire local quadrangulaire brisé. L. 36,7 cm ; H. 23,3 cm ; ép. 12 cm. Sur sa bordure,
un texte grec (hauteur des lettres 2,7-3,8 cm) est gravé de manière orthogonale,
horizontalement et verticalement. Malgré l’ usure de la surface de la pierre et l’ état
fragmentaire du monument, on distingue nettement 12 lettres (et peut-être une
treizième partiellement), avec alpha à barre brisée, sigma lunaire, iota adscrit, kappa
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Horizontalement :
[---]Ω̣Ι Ἀέρο̣ς
Verticalement :
Σ(?) ΚΙΚΟ̣[---]
Il est probable que nous ayons affaire à deux anthroponymes masculins au
nominatif, par exemple en rapport avec une dédicace et un sanctuaire particulier.
Pour cette raison, on pourrait donc imaginer de suppléer horizontalement avant
l’ anthroponyme un nom de divinité au datif, ou même [θε]ῶι. Dans cette perspective,
le nom masculin du dédicant qui suit au nominatif est Ἀέρος si on l’ accentue en grec,
ou plutôt Αερος, anthroponyme relativement rare, mais attesté à Doura-Europos au
génitif patronymique (Αερου)57, dans un milieu culturel mixte, sémitique et hellénique.
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Éolide
N° 5 – Kymè. Inscription honorifique des mystes de Dionysos Kathègemon
pour T. Flavius Primigenius, procurateur impérial. Base de marbre découverte sur
l’ agora de la cité. Bloc brisé à gauche. Seule une photographie sans la transcription
du texte grec (mais une traduction en turc et en italien) avait donné lieu à une brève
première publication officielle (A. La Marca, Arkeoloji ve Sanat 148, 2015, p. 93),
57
Cumont 1926, p. 411, n° 54 (sanctuaire d’ Artémis).
58
Bean, Mitford 1965, p. 37, n° 43, col. 1, ligne 13.
59
LGPN VC, p. 6, « Ἀέριος » n° 1.
60
I. Iasos 200, l. 6 ; LGPN VB, p. 8, « Ἀερίων » n° 1-2.
61
LGPN VA, p. 7, « Ἀερίη » n° 1.
avant que l’ inscription ne soit présentée rapidement avec son texte grec par l’ équipe du
Supplementum Epigraphicum Graecum, que nous reprenons ici pour l’ essentiel (SEG
65, 1101), en proposant quelques commentaires et une photographie remontant à
l’ époque de la découverte de la pierre, en juin 2011.
Base de statue bellement gravée d’ un lettrage des ier-iie siècles de notre ère, d’ une
écriture réglée comportant 7 lignes de grec, avec sigma à branches, èta dont la barre se
détache des hastes, apices marqués. La mise en page du texte est remarquable.
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62
I. Kyme 17 (stèle conservée au Rijksmuseum van Oudheden, à Leiden, inv. n° I 1901/7, 11) ; le dossier
comporte une lettre du gouverneur en question aux Kyméens.
63
Cela apparaît par exemple incidemment dans la correspondance entre Trajan et Pline le Jeune, pour ce
qui concerne les cités de Bithynie, avant tout Nicée et Nicomédie.
influent poste financier justement créé par les Flaviens64. Vers la même époque que celle
de notre inscription de Kymè en effet, on connaît un certain Fortunatus qui a exercé
cette même fonction, alors que son père Hermas était cubiculaire de Domitia Augusta
(épouse de Domitien65), dans l’ intimité de la famille impériale flavienne66. Le procurator
fisci Asiatici était encore un affranchi de l’ empereur Marc Aurèle, nommé Marcus
Aurelius, dans la deuxième partie du iie siècle de notre ère67. En outre, un affranchi
impérial des Antonins nommé Salvius, adiutor fisci Asiatici, est à mettre en rapport
avec les proches serviteurs d’ Hadrien, de Marc Aurèle, mais aussi avec la province de
Cilicie68. Les mystes dionysiaques de Kymè ont donc tout à fait pu obtenir de T. Flavius
Primigenius des faveurs financières (telle qu’ une remise du tributum par exemple), lui
élevant en retour une statue sur l’ agora de la cité vers la fin du ier siècle ou au début du
iie siècle de notre ère.
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64
Boulvert 1974, p. 152. D’ après G. Fabre, cette procuratèle financière aurait été créée sous Domitien
(Fabre 1994, p. 345), mais l’ essentiel de l’ impulsion réformatrice semble souvent provenir de Vespasien,
suite à la guerre civile de 68-69 apr. J.-C. qui l’ a conduit à l’ Empire ; sur cela, voir plus récemment Schmall
2011, p. 266-269, 271, laquelle évoque comme attributions financières potentielles du fiscus Asiaticus le
tributum (soli) et le tributum capitis.
65
Il s’ agit de Domitia Longina (PIR2 D 142), fille de Corbulon mariée à Domitien en 70, portant le titre
d’ Augusta depuis Septembre 81, et décédée après 126 (cf. Kienast, Eck, Heil 2017, p. 112).
66
Voir l’ inscription de Rome (CIL VI, 8570 = ILS 1517) ; Solin 1982, vol. I, p. 349 ; Solin 1996, vol. II,
p. 293.
67
Voir CIL XIII, 1800 (inscription de Lyon) ; Wuilleumier 1948, p. 49-50 ; Boulvert 1974, p. 123,
171. Marcus Aurelius était marié à Annia Myrinè, sans doute elle aussi affranchie de la famille impériale
antonine (l’ anthroponyme féminin Myrinè est attesté en Mysie, et beaucoup en Attique).
68
CIL VI, 8577 = ILS 1507.
Bibliographie
Abréviations
AA = Archäologischer Anzeiger.
AÉ = L’ année épigraphique.
AJA = American Journal of Archaeology.
BÉ = Bulletin épigraphique (Revue des Études Grecques).
CIL = Corpus Inscriptionum Latinarum.
EA = Epigraphica Anatolica.
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Études
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(Sozopol, dpt. de Bourgas, Bulgarie) et Orgamè/Argamum ( Jurilovca, dpt. De Tulcea, Roumanie) »,
Dialogues d’ Histoire Ancienne, 37/2, p. 220-234.
Baralis A., Nedev D., Bogdanova T. (à paraître), « Ateliers et zones artisanales à Apollonia du Pont et
dans les établissements de l’ Ouest de la mer Noire », dans A. Esposito, A. Pollini (éds), Espaces de
production : quelles interactions dans les nouvelles fondations ?, Naples.
Baralis A., Nedev D., Bogdanova T. (2019), « Mines et activités métallurgiques à Apollonia », dans
A. Baralis, K. Panayotova, D. Nedev, Apollonia du Pont, sur les pas des archéologues, collections du
Louvre et des musées de Bulgarie, Sofia, p. 274-276.
Baralis A., Nedev D., Gyuzelev M., Iacob M., Lungu V., Mănucu-Adameşteanu M., Panayotova K. (2010),
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(Sozopol). La nécropole de Kalfata (ve-iiie siècle av. J.-C.), Paris–Aix-en-Provence (Bibliothèque
d’ Archéologie Méditerranéenne et Africaine, 5), p. 23-30.
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p. 334-338.
Nedev D., Stoyanova D. (2019), « Les sanctuaires de la cité : l’ architecture religieuse de la péninsule de
Skamni », dans A. Baralis, K. Panayotova, D. Nedev, Apollonia du Pont, sur les pas des archéologues,
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Neumann G. (1965), Gesten und Gebärden in der griechischen Kunst, Berlin.
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