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CHRONIQUE D’ORIENT

Chronique 2021

Hadrien Bru, Guy Labarre

Presses universitaires de Franche-Comté | « Dialogues d'histoire ancienne »

2021/2 47/2 | pages 305 à 351


ISSN 0755-7256
DOI 10.3917/dha.472.0305
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Dialogues d’ histoire ancienne, 47/2, 2021, 305‑351

Chronique d’ Orient
Chronique 2021

Responsables
Hadrien Bru
Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA
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hadrien.bru@univ-fcomte.fr

Guy Labarre
Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA
guy.labarre@univ-fcomte.fr

La Mission archéologique franco-bulgare à Apollonia du Pont


(Sozopol, Bulgarie) : la zone artisanale du secteur « Mur de fortification
méridional » (Iujna Krepostna Stena)

Apollonia, une ville de mineurs


Moins que la conquête d’ un vaste territoire ou une vocation commerciale
précoce, la cité d’ Apollonia du Pont doit, semble-t-il, son essor aux riches mines de cuivre
qui parsèment la chaîne voisine du Medni Rid ; une activité que reflète l’ imposante
statue d’ Apollon, haute de 30 coudées (env. 13 m), réalisée au ve siècle avant J.-C. par
le sculpteur Calamis et qui figure sur les émissions monétaires apolloniates1. C’ est
également ce que trahissent les lingots de cuivre découverts en mer, au large de la
colonie, qui laissent entrevoir la forte vocation exportatrice des ateliers métallurgiques
locaux (figure 1).

1
Pline l’ Ancien, XXXIV, 39, et IV, 92.

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Figure 1 : Lingots de cuivre découverts au large du cap Maslen Nos, fin du vie-ve siècles avant J.-C. Ahtopol, inv. n° КВП
95,96. Cl. L. Damelet, Centre Camille Jullian – UMR 7299, CNRS-Université d’ Aix-Marseille.

Les premières traces d’ exploitation ancienne ont été identifiées dans les années
1970 lors des prospections menées par E. N. Chernikh, et poursuivies par la suite de 2013
à 2016 par l’ équipe bulgaro-allemande (dir. R. Krauss, P. Leshtakov et K. Dimitrov)2.
Les mines couvrent une vaste zone qui s’ étend depuis les secteurs méridionaux de la
ville moderne de Bourgas (quartier de Meden Rudnik) jusqu’ aux villages de Rosen,
Zidarovo et Varshilovo, ainsi qu’ aux versants qui entourent le sommet de Bakarlaka
(mines de Sarneshko Kladentche et Propadnala Voda)3.
Les gisements en activité à l’ époque archaïque ont pour leur part été localisés
à Cherveno Zname (Propadnala Voda), dans un secteur disposé à 7,8 km à l’ ouest de
la cité4. L’ emplacement des galeries est matérialisé par de puissants cônes d’ épandage
aux marges desquels ont été installés des ateliers où s’ effectuait un premier traitement
thermique du minerai – grillage et réduction –, permettant d’ éliminer les impuretés
toxiques d’ arsenic et de sulfure (figure 2). Un de ces fours a pu être étudié en 2019, tandis
que les fouilles entreprises en 2020 se sont soldées par la découverte d’ autres unités sur
le territoire de la municipalité voisine de Vesselie5. Le mobilier qui les accompagne est
majoritairement de facture grecque, laissant supposer que ces gisements sont exploités
par une main-d’ œuvre dépendant étroitement de l’ univers matériel de la cité. Le statut
2
Chernikh 1978 et Krauss et al. 2020.
3
Baralis, Nedev, Bogdanova (à paraître) ; Leshtakov et al. 2020a.
4
 Baralis et al. 2010, p. 158.
5
 Leshtakov et al. 2020b, p. 448.

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de ces mines demeure néanmoins incertain dans la mesure où leur exploitation s’ opère
à un moment où s’ épanouissent autour plusieurs établissements fortifiés thraces6. Il est
dès lors possible que ces ressources aient pu faire l’ objet, durant la seconde moitié du
vie siècle avant J.-C., de contrats établis entre Apollonia et les populations thraces, sous
forme de concessions, suivant le modèle observé plus au sud, autour des établissements
continentaux de Thasos, et ce d’ autant plus que les limites du territoire archaïque
d’ Apollonia semblent alors relativement étroites7.
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Figure 2 : Apollonia du Pont. Les mines archaïques de Cherveno Zname (Propadnala Voda). Cl. F. Hayet.

Si le produit de l’ exploitation de ces mines faisait l’ objet d’ une intense circulation


dans la région8, c’ est toutefois la cité qui semble en être la principale destinatrice, dans
la mesure où cette extraction s’ avère strictement contemporaine d’ une intense activité
métallurgique au sein de la colonie. De fortes concentrations de scories ont en effet été
enregistrées dans la plupart des niveaux archaïques et du début de l’ époque classique au
centre et au sud-est de la péninsule9. Par ailleurs, quatre chantiers ont livré des ateliers

6
Gyuzelev 2008, p. 106-111 et 242-243.
7
 Baralis et al. 2016, p. 166 et 170 et Baralis, Nedev, Bogdanova 2019, p. 274.
8
Baralis, Nedev, Bogdanova (à paraître).
9
Sites de l’ Ancienne Mairie (« Starata Obshtina », n° 17 rue Cyrille et Méthode), du n° 11 et du n° 16
de la rue Milet, sur le site de l’ Ancienne Perception (« Starata Danashna », dit aussi « Maison Dukova »,
sur la parcelle cadastrale UPI XIX-157, carré 16, au n° 29 rue Cyrille et Méthode), ainsi que celui de
l’ Ancienne Menuiserie (« Starata Darvodelna », sur la parcelle cadastrale UPI XIII-221, carré 18, au
n° 46 rue Cyrille et Méthode). Cette situation se retrouve également au sud-ouest de la cité, sur le chantier
de la maison Hadjiyanonova (rue Kulata).

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métallurgiques archaïques, à la fois sur l’ île de St Cyriaque, ou en face, sur la péninsule


de Skamni10.

Un quartier archaïque de métallurgistes : le site de « Iujna Krepostna Stena »


(« Mur de fortification méridionale »)
Durant la seconde moitié du vie siècle av. J.-C., cette géographie des ateliers
s’ enrichit grâce au développement d’ une importante zone artisanale disposée en
périphérie de l’ espace urbain, au sud de la péninsule historique où se déploie la cité.
Près de 11 fours ont été découverts en 2012 sur le site de « Iujna Krepostna Stena »
(« Mur de fortification méridionale ») par une équipe du musée archéologique de
Sozopol (dir. D. Nedev) en partenariat avec le musée régional d’ histoire de Bourgas
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(dir. T. Drajeva) (figure 3). Ils occupent une zone large de 70 m explorée au travers de
deux secteurs de fouilles ouverts de part et d’ autre de l’ entrée de la ville ottomane11.
À l’ ouest, deux unités ont été mises au jour sur le substrat rocheux, devant le mur
protobyzantin, tandis que neuf autres reposent dans le secteur oriental, sous et aux abords
d’ une église médiobyzantine, elle-même entourée d’ une nécropole protobyzantine
(figure 4)12. Ces fours archaïques succèdent à la nécropole des premiers colons qui a été
aménagée à proximité immédiate de l’ espace urbain, directement sur le sable stérile qui
borde la péninsule rocheuse et assure sous la forme d’ une flèche sableuse la connexion
avec le continent13. Les analyses géomorphologiques réalisées dans le cadre de la mission
par Ch. Morhange en 2005 et 2006 ont démontré que cette liaison s’ est établie soit
au début de l’ âge du bronze, soit durant le troisième millénaire avant notre ère, bien
avant la fondation de la cité14. La mise en place de cette zone artisanale, à laquelle les
fouilles n’ avaient jusqu’ à présent relié aucune structure d’ habitation, succède donc
à l’ éloignement des zones funéraires et à leur installation sur le continent, dans le
secteur de Harmanité, où se développe à partir de la fin du second quart du vie siècle
avant J.‑C. la nouvelle nécropole de la cité.

10
 Panayotova et al. 2011, p. 259, 297 ; Baralis, Nedev, Bogdanova 2019, p. 275 et Baralis, Nedev,
Bogdanova (à paraître).
11
Drajeva, Nedev 2013 ; Bogdanova, Manev, Nedev 2014.
12
Baralis, Nedev, Bogdanova 2019, p. 275.
13
Nedev 2019.
14
Morhange, Marriner, Devillers 2010, p. 26 ; Baralis et al. 2011, p. 105.

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Figure 3 : Les fours métallurgiques du troisième quart du vie siècle avant J.-C. de la zone orientale.
Site « Iujna Krepostna stena », campagne 2012. Cl. D. Nedev.

Figure 4 : Vue aérienne du site de « Iujna krepostna stena », musée archéologique de Sozopol.

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La mission archéologique est elle-même intervenue en 2012 en tant qu’ expert


sur ce chantier afin de mener, à l’ invitation du musée archéologique de Sozopol et
de son directeur, M. Dimitar Nedev, l’ étude d’ un four de potier du second quart du
ve siècle avant J.-C., en collaboration avec le laboratoire LA3M ( J. Thiriot, CNRS-
Université d’ Aix-Marseille)15. De même, en partenariat avec l’ Institut de géophysique,
géodésie et géographie de Sofia (M. Kovacheva et M. Avramova, Académie des sciences
de Bulgarie), elle a mené des analyses archéomagnétiques sur les fours métallurgiques de
la zone orientale qui ont révélé une assez longue durée d’ activité, les fours n° 2 et 6 ayant
manifestement cessé de fonctionner quand le four n° 1 est entré en fonction16. De par
sa densité exceptionnelle, tout comme son positionnement stratégique aux marges de
la ville, à proximité immédiate du port, la zone artisanale de « Iujna Krepostna Stena »
constitue donc un précieux jalon pour appréhender le développement économique de
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la colonie au lendemain de sa fondation, tout comme la chaîne opératoire qui entoure
le travail du précieux minerai.
Si l’ essentiel de ce site de 3 000 m2 avait été fouillé en 2012 et 2013, le musée
archéologique de Sozopol avait réservé au nord de l’ édifice thermal protobyzantin et
à l’ ouest de l’ autel hellénistique une zone de 85 m2 (18,80 m max. x 5,60 m max.) que
nous avons pu explorer en 2019 (figure 5). L’ objectif, pour la mission, était d’ affiner la
chronologie qui entoure l’ apparition de cette zone artisanale et de préciser les différents
niveaux d’ occupation qui lui sont liés. Sous la direction bulgare de Teodora Bogdanova
(musée archéologique de Sozopol), nous avons ainsi réalisé deux campagnes de fouilles
successives – une première du 15 mars au 6 avril 2019, suivie d’ une seconde du 14 au
26 avril 2019. L’ étude du mobilier a bénéficié de la participation de Pierre Dupont
(CNRS, UMR 5138) et de Vasilica Lungu (IESEE, Académie roumaine), tandis que
les analyses paléobotaniques et paléozoologiques ont été réalisées par Tsvetana Popova
(Institut national d’ archéologie et musée, Académie bulgare des Sciences) et
Nicolas Morand (Institut royal des sciences naturelles de Belgique).
L’ espace alloué a été divisé en trois secteurs distincts. À l’ ouest, le secteur A
(9,35 x 5,60 m) – de loin le plus important par sa superficie – longe au sud la cour de
l’ édifice thermal protobyzantin que traverse un canal d’ écoulement des eaux, tandis
qu’ un mur en pierres sèches (mur 2) le délimite à l’ est. Le coffrage moderne en béton
installé à l’ issue des fouilles de 2013 lui apporte ses limites nord et ouest. La différence
de niveau entre le dallage de la cour et le niveau atteint en 2013 nous offrait un précieux
15
 Baralis et al. 2012, p. 180-181.
16
 Baralis et al. 2013, p. 274-275.

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profil stratigraphique haut de 1,07 m. Immédiatement à l’ est, le secteur B correspond


à un espace plus étroit, de 5,66 x 4,25 m, encadré par les murs 2 et 3, comprenant au
sud une modeste portion de la cour, ainsi que les escaliers de l’ édifice protobyzantin.
Là aussi, la différence de niveau entre le secteur fouillé en 2013 et la cour laissait visible
un profil haut de 0,95 m. Enfin, plus à l’ est encore, le secteur C occupe un espace étroit,
large de 1,40 à 2,40 m pour une longueur de 4,50 m, qui sépare le mur 3 de la plate-
forme d’ accès à l’ autel sacrificiel. Si la datation de l’ édifice thermal durant le ive siècle
apr. J.-C. était bien établie, celle des murs 2 et 3 semblait plus incertaine, tandis que le
mur 1 était en partie le produit d’ une reconstruction menée en 2013 afin de soutenir
les fondations de l’ édifice thermal.
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Figure 5 : Le secteur fouillé en mars et avril 2019 sur le site de « Iujna krepostna stena ».

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Le secteur A : les vestiges d’ un important édifice public


L’ enlèvement des remblais de sable déposés en 2013, à l’ issue de la dernière
campagne de fouilles, a permis la mise au jour des véritables niveaux culturels (US 7 à
9). Parallèlement, le nettoyage de l’ édifice et de la canalisation qui le dessert s’ est soldé
par de très belles découvertes, parmi lesquelles une boucle d’ oreille en or (PIN n° 8)
abandonnée à 0,27 m au nord du canal, ainsi que trois monnaies en bronze, une agrafe
vestimentaire en bronze (PIN n° 14) et une agrafe de réparation de vase en plomb
(PIN n° 15). Ce matériel confirme de nouveau la chronologie attribuée à cet édifice.
La cour présente elle-même une construction fort soignée qui s’ articule autour
d’ une couche de mortier épaisse de 3 cm appliquée sur un horizon de dalles de la même
épaisseur (US 1), disposé à son tour sur une couche de terre de 5 cm (US 2) qui assure
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le drainage de cet espace. Enfin, une argile épaisse de 5,5 cm (US 3) est posée à la base
de la structure et permet d’ égaliser le sommet des remblais, tout en assurant l’ étanchéité
globale de l’ ensemble. Ajoutés au mobilier relativement luxueux découvert, tous ces
éléments soulignent l’ attention particulière allouée à ce bâtiment remarquable qui
étonne par le caractère massif de ses murs et de son escalier latéral.
Son caractère intra ou extra-muros demeure en revanche particulièrement
incertain dans la mesure où les fortifications qui isolent cet espace de l’ espace urbain
s’ avèrent postérieures à sa construction, tandis que les limites de la ville hellénistique et
romaine ne sont pas encore connues. Seul le développement de la nécropole des premiers
colons au début du vie siècle avant J.-C. éclaire le caractère extra-muros attribué à cette
zone au lendemain de la fondation de la colonie, sans qu’ il soit possible d’ exclure une
mobilité postérieure de l’ enceinte.
Le relevé des profils stratigraphiques visibles sous la cour protobyzantine,
en surplomb de la limite des anciennes fouilles, ainsi que l’ ouverture d’ une fenêtre
supplémentaire large de 2,52 m pour une longueur de 4,45 m obtenue suite à
l’ enlèvement du dallage, dévoile la présence de six puissants remblais (US 3 à 5 et 7 à 9)
qui se développent immédiatement au nord du bâtiment, dans l’ espace qui sépare le
bâtiment du coffrage de béton périphérique au nord. Ils comprennent tous un matériel
diachronique couvrant un large horizon chronologique depuis le premier quart du ve
siècle jusqu’ au début du iiie siècle avant J.-C. Parmi le matériel amphorique, on note
la présence de spécimens provenant de Chios, de Mendé, de Lesbos (Grey Lesbian),
ainsi que de productions pseudo-milésiennes de la première moitié du ve siècle av. J.-
C., auxquels s’ ajoutent des conteneurs de Thasos et de Mendé de la première moitié du

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ive siècle avant J.-C., et de Thasos, d’ Héraclée et Sinope de la fin du ive et du début du
iiie siècle avant J.-C. D’ autres centres producteurs sont également représentés, comme
Samothrace et divers autres centres du nord de l’ Égée. À ce matériel amphorique
s’ ajoutent de très nombreux fragments de céramique commune, de cuisine (chytrai)
et de céramique vernissée du ive siècle avant J.-C., ainsi que des tuiles et couvre-joints
corinthiens, dont certains exemplaires, relativement épais, s’ avèrent identiques à ceux
découverts sur le site de Messarité 4 et remontent au début du ve siècle avant J.-C. Ces
couches ont enfin livré de nombreuses émissions monétaires en bronze du ive siècle
avant J.-C. et une monnaie en argent (US 7), accompagnées de trois balles de fronde
(PIN n° 50, 56 et 100) portant pour deux d’ entre elles les timbres ΔΙΑГ (PIN n° 56)
et ---ΑΘ--- (PIN n° 100). Ces diverses observations permettent de conclure que la
mise en place de ces remblais est étroitement liée à la construction de l’ édifice thermal
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protobyzantin, laquelle a fait un large usage de matériaux issus de contextes plus anciens
utilisés ici pour niveler le niveau de sol avant que ne soient édifiés le bâtiment et sa cour.
Ces remblais recouvrent à leur tour une structure massive, relativement
énigmatique, qui se présente sous la forme d’ un épais mortier (US 11) identifié sur
l’ ensemble du secteur A, soit sur une superficie globale de 52,36 m2 (9,35 x 5,60 m),
sauf dans l’ angle sud-ouest où ce dernier cesse 0,30 m au nord du mur 1 (figure 6). On
note dans la couche qui recouvre immédiatement ce revêtement (US 9) la présence
de nombreux déchets de taille. La construction du coffrage moderne a provoqué, par
son poids, une longue fissure, qui se développe à 0,50 m des limites septentrionales
du chantier et le parcourt d’ ouest en est. Une rigole, présente près du mur 1, divise
sur toute sa longueur cette vaste structure en deux parties suivant une orientation est-
ouest. Suivie sur un segment long de 9,35 m, elle se compose d’ un canal central large
de 0,25 m, encadré de part et d’ autre de deux canaux secondaires de 6 à 9 cm de large
pour une profondeur de 4,5 cm, accordant à l’ ensemble une largeur totale de 0,44 m.
Son remplissage a livré quelques fragments de panses d’ amphores et de céramique
commune, un bord de plat, et une émission monétaire en bronze d’ Apollonia de la fin
du ive siècle avant J.-C.

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Figure 6 : Secteur A. Le revêtement en mortier recouvrant l’ ensemble de la zone.
Cl. A. Baralis.

La qualité, tout comme la superficie de cette structure, étonnent. Sa localisation,


à l’ extrémité de l’ espace urbain, dans un secteur remblayé durant la période médiévale
également, car la configuration du terrain qui l’ entoure, en amphithéâtre, demeure
encore visible, malgré la requalification de cette zone lors de la construction des remparts
protobyzantins. Néanmoins, l’ installation de l’ entrée de la cité plus à l’ est, à l’ écart de
cette zone, et non en position centrale, semble indiquer la présence d’ un obstacle, ou
tout du moins, d’ une configuration du terrain qui ait pu lui être défavorable. Sans
pouvoir conclure sur la nature de cet édifice, son caractère public ne fait aucun doute au
regard des moyens investis pour sa construction qui s’ est traduite par l’ aménagement
d’ un large espace découvert, orienté vers le sud, adossé à une zone de relief. Se pourrait-
il qu’ il s’ agisse d’ un segment du théâtre de la cité ?

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Le secteur B : les débuts de la zone artisanale archaïque


La situation en secteur B s’ avère très proche de celle rencontrée au début des
fouilles en secteur A. Le profil stratigraphique présent sous les escaliers de l’ édifice
protobyzantin laisse en effet entrevoir de nombreux remblais installés lors de la
construction de ce bâtiment. L’ US 1 a ainsi servi au positionnement des marches. Il
recouvre à son tour la surface plus ou moins plane des remblais US 2 à 5 qui comblaient
cet espace. Leur mise en place apparaît néanmoins antérieure à la construction des
murs 2 et 3 dont les tranchées de fondation, larges de 0,51 m, entament respectivement
les remblais US 4 et 5. La présence dans ces derniers d’ un matériel très diversifié,
couvrant une large période, et dont les éléments les plus récents (tuiles, amphores
cannelées, pithos) datent du ive siècle apr. J.-C., oriente vers une construction tardive
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de ces murs, antérieure de peu à l’ édification du bâtiment protobyzantin. Le mur 3
se superpose lui-même à une canalisation en terre cuite (contexte n° 1) du ive siècle
avant J.-C. (figure 7). D’ un diamètre de 0,19 m, elle est visible depuis l’ angle sud-ouest
de l’ autel du secteur C jusqu’ au coffrage en béton qui borde au nord le secteur B. La
différence de niveau de 5 cm sur son parcours indique qu’ elle a servi à alimenter la ville.
Chaque segment qui la constitue dispose d’ un regard, sous la forme d’ un orifice ovale
scellé par un bouchon en terre cuite entouré d’ un mortier clair. Un scellage en plomb
assure à la jointure de chaque segment son étanchéité. La tranchée qui l’ accueille est
bordée en secteur C de deux murets en pierres sèches. Elle est elle-même comblée d’ une
argile pure, très compacte, destinée à assurer l’ étanchéité et la plasticité de l’ ensemble.
La tranchée de cette canalisation traverse deux horizons stratigraphiques – une
terre grasse brune (US 9) et une terre charbonneuse contenant de nombreux moellons
(US 10) – jusqu’ à atteindre une couche de terre noire, présentant une forte proportion
de charbons provenant de chênes (US 11), qui a livré quelques fragments de pois
chiches et le reste, peut-être, d’ une olive. L’ US 10 a fourni pour sa part 13 fragments
de faune provenant de mammifères domestiques (bœuf, porc, caprinés, chien) et trois
fragments de moules méditerranéennes. Elle recouvre à son tour plus à l’ ouest une
structure d’ habitation de forme circulaire (contexte n° 5) (figure 7). Cette dernière,
dotée de murs en terre crue compactée (bauge), dispose d’ un diamètre de 1,20 m (est-
ouest). Sa toiture reposait sur un poteau central de 0,16 m de diamètre installé au sein
d’ une plate-forme circulaire en argile blanche de 0,30 m de diamètre. Ce poteau était
placé approximativement au centre de la construction, à 0,60 m de la paroi orientale qui
est, de loin, la mieux conservée. Le sol, en argile brune claire, repose sur une alternance
de couches de terre sableuse et de terre grasse charbonneuse qui succède à un horizon

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316 Chronique d’Orient - Chronique 2021

rubéfié. Au sud-ouest, une plate-forme longue de 0,50 m en terre rubéfiée semble liée
à cet édifice.
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Figure 7 : Secteur B. L’ édifice en bauge de plan circulaire (contexte n° 5) et le dépôt de céramique qui la borde
(contexte n° 6). Cl. A. Baralis.

Cette construction est bordée immédiatement à l’ est par un autre contexte


(n° 6) correspondant à un dépôt de vases, pour l’ essentiel culinaires, placés dans un
espace bordé à l’ est par un alignement de blocs (contexte n° 4) (figure 8). Ce dépôt
contenait trois amphores – une de type pseudo-milésien (PIN n° 126), une de
Chios (PIN n° 124) et la troisième de Clazomènes (PIN n° 127) –, deux écuelles à
pâte grise (PIN n° 125 et 129), deux pieds de coupe-canthare et de skyphos à vernis
noir, un couvercle campaniforme, une grande chytra (PIN n° 130), une lopas à pâte
grise (PIN n° 133), deux coupes entières de type thrace modelées à anses surélevées
(PIN n° 121 et 128), deux cruches communes (PIN n° 122) dont une à anses bifide,
et une hydrie non vernissée (PIN n° 132), fragmentaire mais entière. Plusieurs autres
fragments d’ amphores lesbiennes à pâte grise, de bols ou de couvercles, parsèment

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021317

cet ensemble. Les analyses géochimiques menées par P. Dupont ont confirmé que
l’ amphore pseudo-milésienne PIN n° 126 (échantillon APO 225) est bien d’ origine
milésienne, tandis que les analyses paléobotaniques ont révélé la présence de chênes,
mais sans reste alimentaire associé. En revanche, 24 fragments de faune renseignent
la consommation de bœuf, de porc, de caprinés et d’ invertébrés marins (huître plate,
moule de Méditerranée). Aucune sélection de morceaux de viande ne semble décelable,
car des os de membres, de rachis et de bas de pattes sont présents dans l’ échantillon. Si les
amphores de Chios et Clazomènes reflètent une chronologie haute, jusqu’ au troisième
quart du vie siècle, leur association avec le reste matériel oriente vers une datation de
ce contexte dans le second quart du ve siècle avant J.-C., en parfaite cohérence avec la
chronologie accordée à la structure voisine à laquelle il est étroitement lié.
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Figure 8 : Secteur B. Le dépôt de céramique (contexte n° 6). Cl. A. Baralis.

Ce niveau d’ occupation scelle à son tour en profondeur une succession de sols


(US 18, US 24, US 32) alternant avec de nombreux remblais, dont un (US 24) semble

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318 Chronique d’Orient - Chronique 2021

lié aux vestiges de plusieurs fours métallurgiques mis au jour sous le mur 3 et le coffrage
en béton méridional (contexte n° 7). Nos observations ont été facilitées par l’ extension
du secteur B vers le sud, grâce à l’ enlèvement de l’ escalier protobyzantin. Un de ces
sols (US 32) s’ avère être en connexion avec une autre construction aux murs en bauge
en forme de Г, préservée sur une hauteur maximale de 0,15 m – premier segment est-
ouest, 0,80 m x 0,48 m ; second segment, nord-sud, 0,50 x 0,34 m. Il semble que cette
construction soit elle-même en rapport avec un foyer qui a livré des fragments de chêne
et de fruits, ou de fruits secs indéterminés (contexte n° 10, 0,57 m de diamètre). Ce
dernier repose sur les vestiges du four métallurgique archaïque découvert plus bas. Ces
différents niveaux de circulation éclairent donc une occupation continue de cet espace
par des constructions sommaires durant la seconde moitié du vie siècle avant J.-C.,
comme en atteste le mobilier qui les accompagnait (amphores du type de Zeest, du
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type Red et Grey lesbian, de Chios, de Milet et d’ Ionie du Nord ; cruches, bols, olpès
ioniennes à bande ; coupe Villard B2, anse trifide d’ œnochoé du style des chèvres
sauvages ; un fragment de coupe à vernis noir du type stemmed et un autre de lydion…).
Ils recouvrent à leur tour un foyer dépourvu de tout matériel (contexte n° 8,
0,69 x 0,38 m) qui n’ est séparé que par quelques centimètres de sable d’ un dernier
contexte qu’ il recouvre, à savoir un four métallurgique (contexte n° 9), objet final de
notre enquête (figure 9). Ce dernier dispose d’une chambre d’ une largeur interne de
0,52 à 0,60 m de diamètre, avec une ouverture orientée vers le sud-ouest. Ses parois sont
constituées d’ une seule assise de blocs placés de champ, d’ un calibre de 0,39 x 0,21 m max.,
sur lesquels s’ élève une paroi en argile de 9 cm d’ épaisseur. La chambre était remplie de
cendres et de blocs effondrés qui recouvraient un sol en argile compacte, de couleur
claire, épais de 2 cm reposant sur une sous-couche de terre rubéfiée de la même épaisseur.
Le four est lui-même doté à l’ est d’ une plateforme de travail en argile blanche (US 27)
de 1,20 x 0,80 m qui recouvre à son tour une structure de gros blocs (US 29, dimensions
max. de 0,39 x 0,21 m) suivie sur 1,04 m et disposée à 1,05 m à l’ ouest du four. Au sud du
four se développe enfin le sol noir US 34 qui conserve l’ enregistrement de son activité.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021319
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Figure 9 : Secteur B. Le four métallurgique archaïque (contexte n° 9) et les structures présentes à l’ ouest sous la plate-
forme de travail. Cl. A. Baralis.

Ce dernier repose sur plusieurs remblais (US 35A à 39) dont le matériel (coupe
Villard B1, amphore de Milet, lampe carénée…) appartient à la première moitié du vie
siècle, tandis que le matériel qui accompagnait le foyer contexte n° 10 s’ avère lui aussi
très précoce (coupe Villard B1, coupe à yeux, coupes ioniennes à bande ou à vernis
noir). Ensemble, ils permettent de situer le fonctionnement du four métallurgique vers
le milieu ou le troisième quart du vie siècle avant J.-C., attestant qu’ il s’ agit du four le
plus ancien découvert à ce jour dans la cité.
Si les niveaux archaïques n’ont livré que des fragments de chêne (US 25, 29, 30,
31, 32), les vestiges de faune sont ici plus abondants (n = 100). Bon nombre d’entre eux
présentent d’ailleurs une coloration verte caractéristique d’un contact prolongé avec des
résidus de cuivre oxydé (US 13, 16, 19, 20, 23, 33 et 39) provenant des résidus de fours.
Durant cette période, le régime carné des colons repose sur les bovins représentés par 29
restes, pour 14 de caprinés et trois de porcs. Deux os d’équidés (Equus sp.) ont été identifiés,
sur lesquels plusieurs traces de découpe sont visibles, éclairant la décarnisation d’un
membre antérieur. La poursuite des études archéozoologiques permettra de savoir si cette

DHA, 47/2, 2021


320 Chronique d’Orient - Chronique 2021

pratique était répandue dans la cité. Enfin, les moules méditerranéennes composent une
part importante du régime alimentaire avec 46 fragments (NMI = 29) dont quelques autres
sont apparus en marge des fours de l’US 29 parmi les fragments de chêne qui leur sont liés.

Aux marges d’ un espace rituel : le secteur C


De par son étroitesse, le secteur C ne s’ est pas avéré aussi riche en données que
les deux précédents (figure 10). Néanmoins, il nous a permis d’ étudier l’ élévation de
l’ autel sacrificiel (H. 0,73 m) qui s’ articule autour d’ une semelle de fondation de dalles
de grès dunaires (H. 0,24 m) à laquelle succèdent trois assises, dont la première est
composée de blocs réalisés dans le même matériau, sauf dans l’ angle sud-ouest où le
choix a été de privilégier le calcaire, tout comme sur les deux assises supérieures. Les
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blocs de la dernière assise sont par ailleurs liés entre eux par des agrafes en plomb en
queue-d’ aronde. Le nettoyage de la canalisation a révélé que cette dernière s’ engage sous
l’ angle sud-ouest de l’ autel où elle recoupe un mur plus ancien (mur 4). La tranchée de
la canalisation est ici encadrée de part et d’ autre par deux murets constitués de deux
assises réalisés en blocs calcaires soigneusement équarris, hauts de 0,19 m.

Figure 10 : Secteur C. La canalisation, depuis l’ angle sud-ouest de l’ autel jusqu’ au mur 3 sous lequel elle s’ engage.
En haut, le segment du mur 4. Cl. D. Nedev.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021321

Les acquis de la campagne 2019


Les résultats obtenus durant ces deux mois de fouilles dépassent de loin la
superficie relativement étroite de la zone étudiée dans la mesure où ils éclairent
la trajectoire historique et sociale de la zone artisanale présente au sud de la cité.
Ils en révèlent la précocité par la découverte du plus ancien four métallurgique,
dont l’ installation n’ accuse que quatre à cinq décennies de décalage par rapport à la
fondation de la colonie. Ce dernier recouvre par ailleurs plusieurs remblais du second
quart du vie siècle avant J.-C. qui comportaient eux aussi de fortes quantités de scories.
Ces éléments témoignent du développement, dès les premiers temps de l’ installation
de la communauté de colons, d’ une activité métallurgique importante dont la présence
semble étroitement liée aux mines de cuivre du Medni Rid. Ces travaux révèlent par
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ailleurs la forte densité d’ occupation de cet espace périphérique, disposé aux marges de
l’ espace urbain. Outre la commodité apportée par les vents dominants du nord-est, qui
repoussaient les émanations loin de l’ habitat, c’ est sans doute l’ existence d’ un foncier
disponible qui a sans doute attiré les artisans, tout autant que la localisation de cette zone
à proximité du port et des routes par lesquelles parvenaient minerais et combustible.
En ce sens, la mise au jour de deux niveaux (structure n° 7, US 24) associés à des fours
confirme les observations formulées en 2012 sur la base des analyses archéomagnétiques
qui avaient mis en lumière le long fonctionnement de cette zone métallurgique, sur
à peu près un demi-siècle. Désormais, en tenant compte de ces vestiges partiellement
préservés, le nombre de fours connus sur ce site atteint les 14 unités.
Une tout autre découverte réside dans l’ occupation continue de cet espace au
lendemain de l’ abandon des ateliers de métallurgistes, dont seul témoignait jusqu’ ici le
four de potier fouillé en 2012. La mise au jour en 2019 de l’ édifice circulaire (contexte
n° 5) et du dépôt de céramique culinaire (contexte n° 6) qui le borde immédiatement
à l’ est atteste au contraire de l’ occupation de cet espace jusqu’ au second quart du ve
siècle avant J.-C. par des structures sommaires, placées aux marges de l’ habitat, dont
l’ usage reste encore à définir. Par ailleurs, la découverte en secteur A de la vaste surface
recouverte d’ un épais mortier étonne et interroge. Sommes-nous en effet tout d’ abord
encore à cette époque en situation extra-muros ? Si la nécropole des premiers colons
démontre que l’ enceinte initiale était située plus au nord, le déménagement, à la fin du
premier quart ou durant le second quart du vie siècle avant J.-C., des zones funéraires
sur le continent, n’ apporte plus par la suite la même certitude ; et ce d’ autant plus que
les prospections géoradar réalisées autour du musée archéologique, soit au sud-ouest
de cet espace, ont détecté la présence d’ un mur épais qui pourrait bien correspondre

DHA, 47/2, 2021


322 Chronique d’Orient - Chronique 2021

à une nouvelle enceinte construite plus au sud, en connexion avec la zone portuaire
qui se développe immédiatement à l’ ouest où plusieurs môles étaient encore visibles
au début du xxe siècle. Il n’ est dès lors pas exclu que la zone artisanale ait été incluse
dans l’ espace urbain, soit durant son fonctionnement, soit plus vraisemblablement
après son abandon, dans le cadre d’ un programme urbain ambitieux survenu durant
l’ époque classique. Auquel cas, cette esplanade serait par conséquent en position intra-
muros, non loin des limites de la ville. Il est en tout cas certain que la présence proche de
deux structures à caractère officiel, à savoir l’ autel sacrificiel et cette esplanade, auxquels
il convient d’ ajouter le voisinage immédiat du sanctuaire d’ Aphrodite Syriè, localisé
immédiatement au nord-est de cet espace17, traduit une requalification probable de
cette zone durant l’ époque classique. Ce n’ est qu’ à la fin de l’ époque hellénistique et au
début de l’ époque romaine qu’ intervient son abandon, lequel impacte tous les secteurs
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distaux de la cité18 jusqu’ à ce que l’ édification du bâtiment protobyzantin marque
un nouvel essor, peu de temps avant que la construction d’ une nouvelle enceinte
consacre un dernier déplacement des limites de la ville de nouveau vers le nord, à un
moment où la zone accueille une nécropole sur laquelle sera bâtie plus tard, à l’ époque
médiobyzantine, l’ église de St Nicolas.
Alexandre Baralis – Musée du Louvre, département des antiquités grecques, étrusques et romaines
Teodora Bogdanova – Institut culturel municipal, centre muséal
Dimitar Nedev – Institut culturel municipal, centre muséal
Nicolas Morand – Institut royal des sciences naturelles de Belgique
Tsvetana Popova – Institut national d’archéologie et musée de Sofia, Académie des sciences de Bulgarie

17
Nedev, Stoyanova 2019, p. 86.
18
 Baralis et al. 2013, p. 322.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021323

Six stèles funéraires gréco-romaines de Lycie


En hommage à Aksel Tibet
pour le 2e anniversaire de sa mort

Les six inscriptions funéraires très bien conservées que nous présentons ci-
dessous, déposées au Musée de Fethiye (province de Muğla, sud-ouest de la Turquie), sont
d’ époque hellénistique et romaine. Elles sont inédites, sauf une qui devait être révisée
(n° 4 ci-dessous). Nous remercions Mme Gökçe Çiçek Keskin de l’ université Onsekiz
Mart de Çanakkale (anciennement à l’ université Dokuz Eylül d’ Izmir), qui avait un
permis n° 43210214-155.03/SLO daté du 22/03/2017 pour étudier les monuments
épigraphiques au musée de Fethiye, de nous en avoir fourni les photographies. Nous
remercions pour leur aide précieuse la directrice du musée de Fethiye Mme Emel Özkan
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ainsi que M. Altan Yardımcı (Izmir). Nous ne connaissons pas précisément le lieu de
découverte de ces stèles à l’ exception de la n° 4, mais nous avons pu établir la provenance
de la n° 3 (Kadyanda). Si la collection épigraphique du musée de Fethiye, inauguré en
1962 et reconstruit en 1987, est composée principalement d’ inscriptions provenant de
son ancienne cité, Telmessos19, elle en conserve aussi un certain nombre venant de cités
de différentes parties de la Carie, de la Lycie et de la Pisidie, comme Tlos, Xanthos et
son Letôon, Pinara, Kaunos, Termessos Minor, Sidyma, Balboura et Oinoanda, et des
cantons modernes turcs de Fethiye, Dalaman, Ortaca, Köyceğiz et Seydikemer, dans la
province de Muğla.

I- Épitaphe d’ Arsasis
Musée de Fethiye. Max. conservé : H. 87 cm ; l. 41 cm ; max. ép. 9,6 cm ;
hauteur des lettres 1,2 cm (figures 1a-b).
Stèle à fronton et à acrotères. Calcaire jaunâtre local. Décor végétal à l’ intérieur
du fronton : acanthe sculptée, taenia et ovolo. Les feuilles sont en haut relief, luxuriantes
et tridimensionnelles. Deux lignes parallèles sont incisées sur la moulure horizontale
aux angles. Dans le champ de la stèle, une femme assise, voilée, portant la main à la joue.
De part et d’ autre, deux jeunes hommes, debout de trois quarts à gauche, vêtus d’ un
himation enroulé autour de leurs hanches. Ils tiennent chacun des objets différents,
peut-être un rouleau pour celui de gauche.

19
Pour une vue synthétique de l’ histoire de Telmessos, Tietz 2016, p. 341-345.

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324 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Écriture du iie siècle av. J.-C. (apices légèrement marqués, alpha à barre brisée,


epsilon et sigma aux barres horizontales, omicron et oméga plus petits, oméga en fer à
cheval et à barres horizontales).
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Διονύσιος καὶ Δωρᾶς


Αρσασι τῇ ἑ<αυ>τῶν ἀδε<λ>φῇ
μνήμης ἕνεκεν.

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Chronique d’Orient - Chronique 2021325

Traduction : « Dionysios et Dôras à Arsasis leur sœur, en mémoire ».


Alors que dans les théonymes, la terminaison -δωρας est fréquente (Héliodôras,
Mètrodôras, Isidôras etc.), le nom Δωρᾶς est rarement attesté20. Le nom féminin
Αρσασις est connu essentiellement en Lycie21. Le lapicide, qui travaillait à partir d’ un
modèle, n’ était sans doute pas familier du grec : on remarque les lettres manquantes
dans la 2e ligne et l’ irrégularité de l’ écriture dans le dernier mot de la 3e ligne. Le relief
est en adéquation avec l’ inscription : Dionysos et Dôras encadrent leur sœur défunte,
qui est assise. Arsasis porte la main à sa joue en geste de deuil22. Un parent en deuil
peut également être montré avec les cheveux coupés court, comme c’ est le cas pour
les deux jeunes frères (pour les cheveux coupés court en signe de deuil, voir Euripide,
Alceste, 215-217). Leurs visages sont ronds et jeunes en apparence, même si dans les
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représentations sur des stèles funéraires gréco-romaines en Asie Mineure, il peut
parfois être difficile de distinguer les jeunes gens des adultes. Le style du trône grec
orné et détaillé, avec des pieds rectangulaires, est cohérent avec les meubles datant du
ve siècle av. J.-C. à la période hellénistique23. Sur les stèles funéraires gréco-romaines,
des femmes trônaient, mais apparemment pas des hommes24 : sur les pierres tombales
de la période classique, on peut voir des hommes assis, mais pas aussi souvent que les
femmes. Les hommes s’ assoient généralement sur des chaises plutôt que sur des trônes
ou des tabourets. Aux époques hellénistique et romaine, il est extrêmement rare de voir
un personnage masculin assis dans l’ imagerie funéraire, et, lorsqu’ ils sont assis, c’ est sur
des tabourets. Sur cette stèle aux reliefs figuratifs, il y a une différence frappante entre la
qualité des figures de deuil et les éléments floraux du fronton qui sont plus habilement
sculptés que les humains. Mais les plis des vêtements sont détaillés. Peut-être étaient-ils
peints ?

II- Stèle funéraire d’ Allas


Musée de Fethiye. Max. conservé : H. 59,7 cm ; l. 32 cm ; ép. 8,7 cm ; hauteur
des lettres 1,3 cm (figures 2a-b).
20
 I. Ephesos 47, l. 52 : Δωρᾶς∙ ἱεροφάντης· dans une liste de donations de l’ époque de Commode.
Cf. LGPN VA, p. 149.
21
Zgusta 1964, § 107-7. LGPN VB, p. 61.
22
Neumann 1965, p. 128-130. Voir aussi Shapiro 1991.
23
Richter 1966, p. 23-28.
24
Une étude des monuments de personnages masculins assis de Conze 1900, p. 131-168, n° 617-782,
pl. 118-149, n’ a révélé aucun homme assis sur des trônes.

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326 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Marbre. La stèle est agrémentée d’ une large rosace composée d’ un bossage central
et de huit pétales, sculptée dans son fronton. La scène à plusieurs figures présente une
scène de dexiosis typique : au centre de la composition, une femme assise, plus âgée,
serre de sa main droite la main opposée d’ un personnage masculin debout devant elle.
Un garçon se tient debout à gauche de ce personnage. À sa droite, au centre de la scène,
un autre homme debout. Une petite fille est assise aux pieds de la femme et tend le bras
pour montrer un objet. Une servante se tient juste derrière la femme assise et porte
un chiton à manches longues qui était généralement la tenue exclusive des serviteurs/
esclaves. Épitaphe gravée sur deux lignes sur la base du relief et en dessous. Époque
hellénistique, peut-être des iie-ier siècles avant J.-C.
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DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021327

Αλλας Ἑρμολύ[κ]ου
χρησ(τὲ) χαῖρε.
1) Seul le sigma final d’ Allas est en partie effacé. 2) Aucune trace de lettre
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n’ apparaît entre χρησ- et χαῖρε : on peut donc penser à une abréviation plutôt qu’ à un
oubli dans la gravure des lettres de la part du lapicide dans une formule funéraire aussi
banale.
Traduction : « Allas fils d’ Hermolykos, excellent, salut ».
Allas est un nom rare. Il est signalé comme un nom grec, Ἀλλᾶς, dans une
inscription non publiée de Métropolis en Ionie25, mais surtout comme un nom
anatolien, une fois en Cilicie Trachée à Lamos26 et une autre fois en en Pisidie à Termessos
(Kelbesseis)27. Hermolykos est un nom que l’ on trouve fréquemment en Lycie28.
Les rosaces apparaissent sur les monuments de l’ époque romaine en tant que
décorations de frontons, tandis que les rosaces ornaient les pierres tombales dès
les époques archaïque et classique et constituaient un élément décoratif également
présent dans l’ art funéraire étrusque. La dexiosis est un geste si omniprésent dans la
sculpture funéraire en Asie Mineure hellénistique et romaine qu’ elle a suscité de
nombreuses analyses et interprétations savantes. Glenys Davies, par exemple, suggère
une multiplicité d’ associations qui ont été exploitées par les artistes pour créer un sens
ambigu, principalement les thèmes de la rencontre et de la séparation, mais aussi du
mariage29. La poignée de main dans les scènes funéraires symbolisait physiquement le
25
 LGPN VA, p. 22.
26
 LGPN VB, p. 20.
27
 LGPN VC, p. 20 (du iie-iiie siècle apr. J.-C.)
28
 LGPN VB, p. 153.
29
Davies 1994. Sur les scènes de dexiosis sur les pierres tombales de l’ époque romaine, voir von Moock
1998, p. 76.

DHA, 47/2, 2021


328 Chronique d’Orient - Chronique 2021

lien entre les membres de la famille, même dans la mort. Alors que dans la plupart des
scènes funéraires représentant la dexiosis, l’ une des figures est assise, tandis que l’ autre
est debout, de nombreuses stèles montrent aussi une femme debout serrant la main d’ un
homme debout, les deux personnages donnant ainsi l’ apparence d’ une stature égale.
Sur les scènes de dexiosis, diverses relations familiales hiérarchiques sont présentées : les
pères et les filles, les mères et les fils, les maris et les femmes, les frères et les sœurs. On
peut penser ici à une mère assise donnant la main au fils défunt, devant le père et les
jeunes frères et sœurs, la servante restant en arrière, mais comme tous les traits du visage
des six personnages sont ciselés, l’ interprétation reste hypothétique.

III- Épitaphe de Parméniôn


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Musée de Fethiye. H. 84,2 cm ; max. l. 36,0 cm ; ép. 9,1 cm ; hauteur des
lettres 1,8-2,0 cm.
           Marbre blanc local (de Marmaris ?). Surface modé-
rément altérée avec une croûte jaune-brun. Stèle à acro-
tères. Rosace au milieu du fronton. Un naiskos presque
intact et très bien conservé avec deux fragments horizon-
taux se rejoignant. Une zone décorée avec des couronnes
funéraires et des rubans suspendus entoure la zone figura-
tive en retrait sur le dessus pour honorer le défunt. Une
femme et un enfant nu placé à sa droite, tous deux debout
de face, remplissent la zone figurative. La femme est vêtue
d’ un chiton finement plissé sous un manteau. Elle tient
l’ extrémité de son himation d’ un côté par la main gauche
repliée sur sa poitrine et de l’ autre par la main droite pen-
dante le long du corps. L’ ourlet inférieur est relevé en dia-
gonale. Ses pieds nus reposent sur la bordure inférieure
légèrement inclinée. Le tissu du chiton est transparent et
laisse transparaître son nombril. Elle est enveloppée dans
les vêtements à la manière de la soi-disant “petite femme
d’ Herculanum” (selon le type des deux statues trouvées
ensemble en 1711 dans le théâtre). Sa figure est endomma-
gée, peut-être délibérément. À sa gauche, sur-le-champ et
débordant sur le côté latéral, un enfant nu, debout, de face.
Les deux personnages se trouvent sur une base en relief

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021329

au-dessous de la niche figurative. Sous le relief, texte de six lignes dont la dernière est
centrée sur la moulure. Écriture d’ époque hellénistique, iie-ier siècles avant J.-C.
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Φανίας Παρμενίωνος
φυλῆς Ἱεραορίδος καὶ
Κλεα[ρ]γ[ας]ις Φιλώτου Παρ-
4 μενίοντι τὸν ἑαυτῶν υἱ-
ον‧
ἥρωσι.
Traduction : « Phanias fils de Parméniôn, de la tribu Hiéraoris et Kléargasis fille
de Philôtas à Parméniôn, leur fils ; aux défunts ».
Au début des lignes 1 et 3, les noms propres ne se laissent pas déchiffrer aisément,
mais on peut reconnaître le nom grec Phanias, l. 1 et restituer le nom anatolien féminin
Kléargasis, l. 3, qui correspond bien aux lettres encore lisibles et au nombre de lettres
attendues dans l’ espace. Ce dernier n’ est attesté que dans une inscription sur une base
de statue trouvée à Lydae, oppidum lycien situé à l’ ouest de Telmessos30. Dans l’ apparat
critique, J. Zingerle se demandait s’ il fallait lire Kλ. Ἄργασις. Cette interrogation peut
être définitivement rejetée, puisque notre inscription offre un nouveau témoignage de
ce nom.
30
 TAM II (1), 147, 16. Datée du ier-iie siècles apr. J.-C. d’ après LGPN VB, p. 235.

DHA, 47/2, 2021


330 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Il s’ agit d’ une inscription de Kadyanda (Üzümlü), située à environ 25 km dans


l’ intérieur des terres au nord-est de Telmessos : Phanias, fils de Parméniôn, est en effet
un citoyen qui appartient à une tribu attestée dans cette cité par deux inscriptions :
une liste de donateurs gravée sur trois blocs trouvés dans l’ angle d’ un mur du temple
dorique, et dans une inscription honorifique sur une base trouvée au sud-ouest du
stade31. Les noms grecs sont tous bien attestés dans cette cité qu’ il s’ agisse de Phanias ou
de Philôtas32. En revanche, c’ est seulement la deuxième attestation dans cette cité pour
le nom Parméniôn33.
Quant au dernier mot centré sur la stèle, ἥρωσι, au datif pluriel, il ne peut pas
être associé à Parméniôn qui porte, comme on le voit très fréquemment, le même nom
que son grand-père paternel, et qui est le seul défunt mentionné. Au datif singulier,
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on attendrait plutôt Παρμενίωνι, mais le nom est décliné comme un participe présent
actif. Il faut donc comprendre ἥρωσι comme une adresse générique à l’ ensemble des
défunts héroïsés que Parméniôn vient de rejoindre dans la mort. Cela témoigne en tout
cas d’ une adhésion à cette conception de l’ au-delà, qui s’ observe plus particulièrement
en Asie Mineure à partir de cette période et qui veut que les morts soient considérés
comme des dieux ou des héros34.
Les représentations d’ enfants sur les monuments funéraires gréco-romains
d’ Asie Mineure les montrent généralement de trois manières suivantes : 1) seuls ou avec
un serviteur, 2) dans des scènes de famille ou 3) en tant que serviteurs, et les enfants sur
les monuments funéraires de la période romaine sont souvent représentés comme plus
âgés que les âges indiqués dans les inscriptions qui les accompagnent35. Ici, il ne s’ agit
pas d’ une « nudité héroïque », mais une nudité de jeunesse. Cependant, il est difficile
d’ établir un lien entre les personnages cités dans l’ inscription et ceux représentés en
relief.

31
 TAM II (2), 650 I4 et III b 4, 16, 21, 23 : φ(υλῆς) Ἱε(ραορίδος) ; et 674, 4 : [φ]υλῆς Ἱεραορίδος. Sur
les lieux, cf. le plan de l’ oppidum p. 241. Deux autres tribus sont attestées dans la cité : 650 I b 6, III b 6 ;
III b 17, 18 ; 674, 2 (φυλῆς Ἡλιάδος) et 661, 6-7 ; 663, 5-6 ; 664, 4-5 ; 666, 2-3 (φυλῆς Ἀπολλωνιάδος).
32
 LGPN VB, p. 422 et p. 432. 
33
Parméniôn fils de Mégaklès : TAM II (2), 650 III b 13-14. Voir aussi LGPN, VB, p. 344 qui renvoie
seulement à deux exemples : celui-ci et à un autre à Tabai en Carie.
34
Sur l’ héroïsation des défunts et la façon courante de désigner le défunt par le mot ἥρως à partir
de l’ époque hellénistique en Asie Mineure, voir Le Bris 2001, p. 97-112. Pour des exemples dans les
inscriptions de Patara, voir TAM II (2), 472, 473.
35
Pour la représentation des enfants sur les monuments funéraires romains, voir Huskinson 2007.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021331

IV- Épitaphe d’ Ida et de Pladarma


Trouvée dans la cité d’ Arsada (Arsaköy) située au nord-est de la vallée du
Xanthos entre Tlos et Xanthos et déposée au musée de Fethiye. H. 112 cm, l. 38 cm
en haut, 48 cm en bas, ép. 12 cm ; hauteur des lettres 2 cm (figures 4a-b).
Stèle de calcaire local à fronton et à acrotères, très bien conservée, avec un panneau
figuratif en retrait peu profond encadré par un arc en plein cintre sans pilastre. Acrotère
central à palmette, deux volutes débordant à
la base sur les côtés. Méduse au centre du
fronton et rosettes dans chaque angle. Les
personnages en bas-relief sont placés dans la
zone centrale creusée peu profondément et
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sans bordure pour l’ encadrer. Une femme
voilée, les jambes de profil, le corps de trois-
quarts, pose la main gauche sur le tabouret
sur lequel elle est assise. Les plis verticaux
d’ un chiton, larges et peu profonds, sont
visibles sous l’ ourlet de l’ himation. Les pieds
apparaissent sans que l’ on puisse dire s’ ils
sont nus ou chaussés. Une étoffe recouvre le
tabouret et tombe entre les deux pieds ornés
de trois disques. Devant elle, debout de face,
un personnage de plus petite taille enveloppé
dans son himation, le bras droit replié sur la
poitrine, le bras gauche pendant le long du
corps tenant le pan de son manteau. La
sculpture des figures est en relief peu
profond. Les traits des visages sont indiqués
sommairement, mais ils semblent avoir été
délibérément défigurés. Le style des plis du
drapé, peu profonds et accentuant les formes
de l’ anatomie, ressemble à ceux des monuments datés de la période hellénistique
moyenne dans le sud-ouest de l’ Asie Mineure. Sous le relief, dans un cadre, une feuille
(hedera). Écriture d’ époque hellénistique, iie-ier siècles avant J.-C.

DHA, 47/2, 2021


332 Chronique d’Orient - Chronique 2021
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Ed. pr. : TAM II (2) 543.
Σονβρας τῆι προγό-
ν[η]ι Ειδα καὶ Πλαδαρ-
μα τῆ θυγατρί.
Traduction : « Sonbras, à sa belle-fille Ida et à Pladarma sa fille ».
L’ iota adscrit est clairement visible l. 2 dans les mots τῆι προγόνηι, mais est oublié
l. 3 pour les deux noms anatoliens Ειδα et Πλαδαρμα, et pour l’ article τῆ devant θυγατρί
l. 2, le lapicide transcrit un Π à la place de Η.
Le nom Σονβρας est anatolien et ne semble pas avoir d’ autre parallèle. C’ est
une variante du nom Συμβρας que l’ on trouve également à Arsada et à Xanthos36. Les
noms féminins Ειδα et Πλαδαρμα sont également anatoliens et sans parallèles37. Le mot
προγόνη peut désigner soit une aïeule, soit la fille d’ un premier lit ou une belle-fille38.

36
Zgusta 1964, p. 471 § 1451-1. LGPN VB, p. 387 et p. 392.
37
Zgusta 1964, p. 433 § 1271 et LGPN VB, p. 128 et 354.
38
C’ est la définition qu’ en donne le LSJ (abavia, privigna) et son supplément (step-daughter).

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021333

Ce type de stèle est similaire à celles connues sous le nom de Bildfeldstele en


allemand.39 Typologiquement, il est également similaire aux stèles en arc, un type qui
apparaît pour la première fois à la fin du premier siècle avant J.-C. Le fronton de la stèle
est rempli d’ un portrait audacieux d’ une jeune Méduse, aux joues lisses, sans iris pour
les yeux, portant une coiffure « baroque » turbulente avec des mèches en forme de
serpent. Le Gorgoneion est une image qui figurait en bonne place dans les temples et
tombeaux grecs archaïques pour sa fonction apotropaïque. Moins fréquente à l’ époque
classique, on constate un renouveau de sa représentation dans les tombes et les bâtiments
d’ époque romaine. Aux périodes hellénistique et romaine, elle est représentée avec des
mèches épaisses et turbulentes soufflées vers l’ avant et effleurant les joues comme dans
les exemples d’ Aphrodisias, de Sidè et de Leptis Magna40. Elle est très fréquente dans la
sculpture funéraire de la Lycie gréco-romaine.
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Au centre de la stèle, une figure féminine est assise sur un tabouret. La typologie
de ce type de tabouret s’ apparente à un diphros, c’ est-à-dire un tabouret bas sans dossier
d’ un design particulier. À l’ époque grecque classique, les tabourets comportent des pieds
constitués de deux éléments concaves de hauteur à peu près égale, tandis qu’ à l’ époque
romaine, ils ont tendance à être plus élaborés avec une série de moulures tournées.
La figure féminine assise a le bras droit plié dans un geste de dévoilement
(ἀνακάλυψις). Il est fréquemment représenté sur les stèles gréco-romaines d’ Asie
Mineure et est associé au rituel du mariage lorsque la mariée se dévoile à son mari41.
Un seul personnage féminin est représenté sur la stèle, tandis que le personnage à
gauche est interprété comme un esclave (servula) dans l’ editio princeps. Ce personnage,
de plus petite taille, paraît en effet être un jeune homme ou un garçon : la poitrine n’ est
pas marquée et un creux sur son bras gauche marque sa musculature. Il porte une sorte
de couvre-chef inhabituel (capuche, capote ?) dont nous ne connaissons aucun exemple
comparable parmi les reliefs funéraires gréco-romains de Lycie. On ne peut donc établir
une correspondance entre l’ inscription et les représentations sculptées.

V- Épitaphe d’ Artémisia
Musée de Fethiye, n° inv. 639. Max. conservé : H. 47,6 cm ; l. 27 cm ;
ép. 11,3 cm ; hauteur des lettres 1,1 cm (figures 5a-b).
39
Sur les Bildfeldstelen à l’ époque romaine, voir von Moock 1998, p. 48-49, fig. 7.1.
40
Sturgeon 2004, p. 78.
41
Oakley 1982.

DHA, 47/2, 2021


334 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Stèle à fronton avec acrotères, très bien conservée. Calcaire jaunâtre local. Rosace
dans le fronton. Dans le champ, une femme debout, vêtue du chiton et de l’ himation, la
tête voilée, le bras droit replié sur la poitrine, le bras gauche le long du corps. À sa droite,
une jeune fille de trois-quarts, portant une robe au col en V et à manches courtes, les
mains jointes devant elle. Écriture du ier siècle avant J.-C. (apices, alpha à barre brisée,
mu aux branches latérales divergentes, oméga en fer à cheval à courbe resserrée).
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Διονύσιος τοῦ Διονυσίου τοῦ Θεοδώ-


ρου καὶ Ξεναρχὶς Δωροθέου
Ἀρτεμισίᾳ τῇ ἑαυτῶν θυγατρί.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021335

Traduction : « Dionysios fils de Dionysios petit-fils de Théodôros, et Xénarchis


fille de Dôrothéos, à Artémisia leur fille ».
Artémisia est certainement la femme voilée représentée au centre du relief. On
remarque dans cette inscription la fréquence des noms théophores ou liés au divin.
Xénarchis est un nom peu attesté42. Cette grande figure féminine à droite, fortement
drapée, se tient en position frontale. L’ encolure de son chiton est en forme de U,
avec deux lignes verticales peu profondes sculptées en dessous indiquant de minces
plis de son tissu transparent. Son bras droit, endommagé, est étroitement enveloppé
dans son himation et maintenu contre sa poitrine à la manière de la grande femme
d’ Herculanum. Elle tient un pli de son manteau dans sa main gauche. Les femmes
habillées de cette manière présentent une image de modestie et de repos tranquille.
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Ses cheveux sont séparés au centre et coiffés en vagues douces de chaque côté de son
visage. Les brins individuels sont indiqués sur la surface avec des incisions ondulées peu
profondes faites avec le bord du ciseau. Dans la sculpture funéraire gréco-romaine de
la Lycie, les types et les styles vestimentaires permettent d’ identifier les personnages.
Les femmes mûres, vraisemblablement mariées, portent généralement un chiton, c’ est-
à-dire une robe en tissu léger avec des manches boutonnées, généralement ceinturée,
sous un manteau composé d’ un grand morceau de tissu rectangulaire, probablement de
laine, généralement drapé sur une épaule et enroulé autour du corps. C’ est le costume
le plus courant pour les figures féminines sur les monuments funéraires gréco-romains
de Lycie.
La figure plus petite, à gauche, peut être identifiée comme une jeune fille ou une
servante/esclave. Elle porte une robe sans manches. Ses cheveux sont en arrière, attachés
par un rouleau et retenus en chignon. En Lycie hellénistique et romaine, il existe un
certain nombre d’ exemples mettant en vedette une femme mature avec un serviteur. Les
filles et les jeunes servantes sont identifiées par leur costume, péplos ou robe à manches
longues, les cheveux coupés court ou liés dans un sakkos. Elles sont figurées en marge et
de taille plus petite. Il est difficile de dire si les pieds de ces personnages sont chaussés ou
non, puisque les orteils ne sont pas sculptés. Des traces de peinture sont évidentes sur le
fond, un pigment rouge est conservé.

42
Trois occurrences : deux en Ionie (LGPN VA, p. 341) et une en Lycie à Xanthos (LGPN VB, p. 324).

DHA, 47/2, 2021


336 Chronique d’Orient - Chronique 2021

VI- Épitaphe
Musée de Fethiye. Max. conservé : H. 76 cm ; l. 36 cm ; ép. 13 cm ; hauteur des
lettres 2,2 cm (figures 6a-b).
Stèle à fronton avec acrotères, base moulurée avec tenon ; très bien conservée.
Calcaire jaunâtre local. Même calcaire que la stèle n° 5. De plus, la typologie et la
fabrication de la stèle, en particulier dans la zone du fronton, sont similaires à cette stèle
n° 5 : elles proviennent peut-être du même lieu de découverte. Dans le champ, trois
hommes debout de face, vêtus d’ une tunique, le bras droit sur la poitrine, le bras gauche
le long du corps. Deux lignes d’ inscription avec lignes de réglage de part et d’ autre des
lettres. Datation du iie siècle apr. J.-C. d’ après l’ écriture (alpha à barre brisée, sigma
carré, oméga courbe souligné d’ un trait horizontal).
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Ἀπολλω- Θεόδω- Ἰάσων
νίδης ρος

Trois noms grecs : Apollonidès, Théodôros, Jason.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021337

Les trois personnages masculins sont reproduits dans une position identique :
ils sont enveloppés dans un himation aux plis épais, c’ est-à-dire un vêtement extérieur
lourd (cape), en laine, formé d’ un morceau de tissu rectangulaire porté enroulé autour
du corps43. Mais il n’ est pas enveloppé, de manière caractéristique, sur une épaule, car les
hommes âgés sont parfois représentés avec l’ himation couvrant les deux épaules. Le bas
des jambes n’ est pas couvert par leur manteau dont le bord inférieur est bien défini. Il
est difficile de dire si leurs pieds sont chaussés ou non, car les orteils ne sont pas sculptés.
Leurs bras droits sont repliés sur leur poitrine et leurs bras gauches sont maintenus le
long du corps, leur main gauche cachée dans les plis du manteau. Ces trois mâles, de
face, côte à côte, regardent vers l’ extérieur. Leurs corps sont de forme standard. Ils ont
un visage lisse sans caractéristique. Leurs yeux, leurs oreilles et leurs lèvres ne sont pas
définis. Leurs cheveux sont courts et bouclés. Généralement, sur les stèles funéraires
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gréco-romaines de Lycie, les jeunes hommes sont imberbes et ont les cheveux courts. Ce
serait donc un indice de leur catégorie d’ âge, bien qu’ il soit difficile de préciser. En tout
cas, leurs caractéristiques iconographiques sont similaires et indiquent qu’ ils avaient
probablement à peu près le même âge.
Ergün Laflı – Dokuz Eylül Üniversitesi, İzmir
Guy Labarre – Université de Bourgogne Franche-Comté, ISTA

Inscriptions gréco-romaines d’ Anatolie X


Les inscriptions présentées ci-dessous proviennent essentiellement du
musée archéologique de Kahramanmaraş, dont nous remercions la direction. Il
s’ agit de la troisième partie des recherches épigraphiques effectuées dans la région
de Kahramanmaraş et publiées dans Inscriptions gréco-romaines d’ Anatolie VIII
et IX (2019-2020). L’ autorisation de publier les inscriptions exposées aux musées
de Kahramanmaraş, Gaziantep et Şanlıurfa a été accordée par la Direction
Générale des Monuments et des musées du Ministère de la culture et du tourisme
de la République de Turquie à Ergün Laflı le 9 décembre 2004 au titre du permis
B.16.0.AMG.0.10.00.01/707.1/14 (030317). Un permis récent (E-44692667-900-
1421208) accordé par la Direction du musée de Kahramanmaraş le 2 juin 2021 a été
reçu par Mme Alev Çetingöz de l’ université Dokuz Eylül (Izmir). Nous remercions
Mme A. Çetingöz pour ce qui concerne les photographies des inscriptions du musée de

43
Sur le port de l’ himation par les hommes dans l’ iconographie de l’ époque romaine, voir Bieber 1959.

DHA, 47/2, 2021


338 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Kahramanmaraş, et M. Seydihan Küçükdağlı (Direction de la culture et du tourisme de


Kahramanmaraş), pour l’ autorisation envoyée à Mme Çetingöz.

Cappadoce/Commagène
N° 1 – Musée de Kahramanmaraş. Göksun (Κυκυσός/Κουκουσός/Cucusus),
à 76 km au nord-ouest de Kahramanmaraş, non loin des sources du fleuve Pyramos
(moderne Ceyhan), en Cataonie/Cappadoce, région ultérieurement incluse dans
la province d’ Arménie Seconde, au pied de puissants contreforts du Taurus. Cippe
funéraire de Ouidèrès, simple colonne/columelle de marbre poreux local, sans fioritures,
brisée en haut et en bas, avec marques de pic et de ciseau plat. Légère patine avec croûte
jaune-brun et surface piquée. H. 78,2 cm ; diam. 52 cm. Pierre interprétée à tort par le
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musée comme un milliaire44. Le monument est gravé de 4 lignes de grec (hauteur des
lettres 2,8-3,2 cm) en une belle écriture régulière du Haut Empire romain, avec apices ;
sigma, epsilon et oméga lunaires ; ligature Η-Ρ (ligne 1).

44
Pour des milliaires de la région relevés par D. H. French, voir AÉ 2008, 1505 et AÉ 2012, 1519.
Concernant l’ onomastique anatolienne locale, voir notamment J. et L. Robert, BÉ 1952, p. 175, n° 153.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021339
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Ουιδηρης
γʹ • ζῶν
καὶ φρονῶν
ἑαυτῷ.
Traduction : « Ouidèrès troisième du nom, vivant et sain d’ esprit, à lui-même. »
L. 1 : Ουιδηρης est un nouveau nom anatolien, ici anthroponyme masculin post-
louvite, comportant la ligature Η-Ρ ; avec une morphologie proche, nous connaissions
déjà l’ anthroponyme féminin Ουιδερμα en Lycie, à Typallia45, ou encore Ουιδεπειμις à
Arykanda, toujours en Lycie46.
L. 2 : l’ indication numérique Γ est très claire, à la fois surmontée d’ une barre
horizontale indiquant le chiffre, et suivie d’ une apostrophe. Une nette interponction
accentue ensuite la mise en page.
La qualité de la gravure et la forme des lettres nous conduisent à dater ce court
texte des iie-iiie siècles de notre ère. Le fait que Ουιδηρης soit au moins le troisième de
sa famille à porter un ancien nom anatolien post-louvite indique un ancrage culturel
indigène assumé, manifestement sur la longue durée, cela en pleine époque impériale
et gréco-romaine.
45
Zgusta 1964, p. 397, § 1157 ; LGPN VB, p. 335, « Ουιδερμα » n° 1.
46
 I. Arykanda 137, l. 2 ; Şahin 1995, p. 97 II, 9 ; C. Brixhe, BÉ 1996, p. 637, n° 421 ; LGPN VB, p. 335,
« Ουιδεπειμις » n° 1.

DHA, 47/2, 2021


340 Chronique d’Orient - Chronique 2021

N° 2 – Musée de Kahramanmaraş. Territoire de Kaisareia Germanikeia/


Germanicia (Kahramanmaraş) ou région environnante. Stèle funéraire de Phalados
en calcaire local, dont la partie supérieure est brisée, et encadrée par une moulure. Sa
surface est altérée, avec une croûte jaune-brun. Les lettres des trois dernières lignes
montrent des traces de pigments rouges. L. 29,7 cm ; H. 51,3 cm. Six lignes de grec
(hauteur des lettres 2,8-3,5 cm) apparaissent, d’ une gravure fruste, irrégulière et non
réglée, avec sigma, epsilon et oméga lunaires, alpha et delta dont la haste droite dépasse
du sommet des lettres.
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1 [---]ΣΕΟΣ
Φαλαδῷ
ἀδελφῷ
ἐποίησ-
5 εν μν(ήμη)ς
χάριν.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021341

Traduction : « […]seos (a érigé la stèle) à son frère Phalados, en souvenir ».


L. 1 : le nom de celui qui a dédié ce modeste monument funéraire à son frère
Phalados au datif pourrait être [Μου]σε͂ος, anthroponyme masculin bien attesté avec
cette graphie en Cilicie47, car trois lettres pourraient tenir en début de ligne 1, bien que
les lignes 2 à 6 ne comprennent chacune que 5 ou 6 lettres gravées.
L. 2 : l’ anthroponyme Φάλαδος, déjà attesté en Commagène à Seleukeia sur
l’ Euphrate-Zeugma dans deux courtes épitaphes48, est un théophore sémitique du
dieu Aphlad, notamment connu des textes cunéiformes depuis de hautes époques49.
Plus intéressant encore : l’ anthroponyme en question est répertorié à Rome par deux
inscriptions pour un soldat justement originaire de Germanikeia en Commagène, et
nommé en latin Marcus Aurelius M(arci) f(ilius) Faladus/Paladus50.
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La graphie de cette épitaphe ainsi que la datation d’ autres inscriptions
répertoriant l’ anthroponyme Φάλαδος/Faladus, notamment sur le limes danubien51,
nous conduisent à dater le texte entre la fin du iie et le début du iiie siècle de notre ère.
N° 3 – Musée de Kahramanmaraş. Territoire de Kaisareia Germanikeia/
Germanicia (Kahramanmaraş) ou région environnante. Chapiteau corinthien typique
avec acanthes, volutes et palmes, en marbre blanc, d’ une granulométrie fine à moyenne,
avec inclusions cristallines blanches opaques. Peut-être un produit des ateliers de
Proconnèse. L’ angle gauche de l’ abaque est cassé. Hauteur 74 cm, largeur de section
transversale de l’ abaque 74 cm et diamètre inférieur du kalathos 57 cm. Les volutes
inférieures sont de petite dimension, alors que les feuilles des acanthes sont grandes,
marquées par des traces de trépan52. Dans la partie inférieure du chapiteau, le trou
d’ empolion est carré. L’ abaque sans décoration porte un nom inscrit en grec, à l’ envers,
avec mu presque cursif et upsilon sans haste.

47
Voir par exemple I. Anazarbos 461 = LGPN VB, p. 305, « Μουσαῖος » n° 35 (ier-iie s. apr. J.-C.) ; Le
Bas, Waddington 1870, 1499 et SEG VI, 786 (à Mopsueste) ; SEG XXXVII, 1271 (à Anemourion, ve
s. de notre ère). Pour les attestations de l’ anthroponyme Μουσαῖος en Cappadoce à l’ époque impériale, voir
LGPN VC, p. 304, « Μουσαῖος » n° 3-4.
48
Wagner 1976, p. 218-219, n° 79 (d’ où SEG XXVI, 1562) et p. 257, n° 140 m (d’ où SEG XXVI,
1610) ; Ergeç, Yon 2012, p. 161, 6 m.
49
Voir Yon 2018, p. 152.
50
 Voir CIL VI, 32624 et 37184.
51
 AÉ 1912, 45 = 2005, 1184 à Narona (Dalmatie) ; AÉ 2009, 1133 à Aquincum (Pannonie Inférieure).
52
Pour les plus proches parallèles, voir Heilmeyer 1970, pl. 13.3, et Weinberg 1960, pl. 31.4 (basilique
sud de Corinthe).

DHA, 47/2, 2021


342 Chronique d’Orient - Chronique 2021
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Δαμύρου.
On connaît à Stratonikeia de Carie les anthroponymes Δαμύλα53 et Δαμύλας54,
de manière très localisée, sachant qu’ ils appartiennent d’ après L. Zgusta au stock
onomastique hellénique55. Mais, plus proche du nom gravé sur le chapiteau qui nous
intéresse, l’ anthroponyme masculin Δαμύρτιος apparaît à Pergame à deux reprises à
l’ époque hellénistique56. Il semble donc que nous ayons à Germanikeia l’ attestation

53
 LGPN VB, p. 96, « Δαμύλα » n° 1.
54
 LGPN VB, p. 96, « Δαμύλας » n° 1-12.
55
Zgusta 1964, p. 142, § 250.
56
 I. v. Pergamon 235 A f = LGPN VA, p. 117, « Δαμύρτιος » n° 1 ; MDAI(A) 29, 1904, p. 172, n° 14,
col. B, ligne 33 = LGPN VA, p. 117, « Δαμύρτιος » n° 2 (145 av. J.-C.).

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021343

d’ un nouveau nom grec, mais à une date ultérieure, car le style du chapiteau est environ
datable de 200 apr. J.-C. ou d’ un peu après au iiie siècle, ce dernier étant d’ une belle
facture, classique et montrant des traces de sculpture au trépan, dont les feuillages
d’ acanthe conservent la marque par endroits. Δάμυρος était-il un sculpteur venu
d’ Anatolie occidentale afin d’ honorer une commande de la cité ?
N° 4 – Musée de Kahramanmaraş. Territoire de Kaisareia Germanikeia/
Germanicia (Kahramanmaraş) ou région environnante. Dédicace. Angle d’ un bloc de
calcaire local quadrangulaire brisé. L. 36,7 cm ; H. 23,3 cm ; ép. 12 cm. Sur sa bordure,
un texte grec (hauteur des lettres 2,7-3,8 cm) est gravé de manière orthogonale,
horizontalement et verticalement. Malgré l’ usure de la surface de la pierre et l’ état
fragmentaire du monument, on distingue nettement 12 lettres (et peut-être une
treizième partiellement), avec alpha à barre brisée, sigma lunaire, iota adscrit, kappa
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dont les barres se détachent de la haste, et oméga doté d’ une grande barre horizontale
à apices.

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344 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Horizontalement :
[---]Ω̣Ι Ἀέρο̣ς
Verticalement :
Σ(?) ΚΙΚΟ̣[---]
Il est probable que nous ayons affaire à deux anthroponymes masculins au
nominatif, par exemple en rapport avec une dédicace et un sanctuaire particulier.
Pour cette raison, on pourrait donc imaginer de suppléer horizontalement avant
l’ anthroponyme un nom de divinité au datif, ou même [θε]ῶι. Dans cette perspective,
le nom masculin du dédicant qui suit au nominatif est Ἀέρος si on l’ accentue en grec,
ou plutôt Αερος, anthroponyme relativement rare, mais attesté à Doura-Europos au
génitif patronymique (Αερου)57, dans un milieu culturel mixte, sémitique et hellénique.
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Le nom Ἀέρος est connu à Antioche du Kragas (Cilicie Trachée), mais dans le contexte
spécifique divinatoire d’ un oracle par les dés gravé sur pierre58 ; Ἀέριος est possiblement
attesté en Cappadoce au ive siècle de notre ère59, Ἀερίων apparaît en Carie à Iasos dès
le milieu du iie siècle av. J.-C.60, alors qu’ on trouve Ἀερίη dans le Pont à Amisos en 562
de notre ère61.
Verticalement, la séquence ΚΙΚΟ fait immédiatement songer aux anthroponymes
helléniques Κῖκος ou Κίκον bien attestés, mais la lettre endommagée qui la précède (un
sigma lunaire ou un epsilon lunaire) crée difficulté.
Le ductus de l’ inscription est d’ époque impériale, sans doute plutôt en son début,
en raison de l’ utilisation du iota adscrit.

Éolide
N° 5 – Kymè. Inscription honorifique des mystes de Dionysos Kathègemon
pour T. Flavius Primigenius, procurateur impérial. Base de marbre découverte sur
l’ agora de la cité. Bloc brisé à gauche. Seule une photographie sans la transcription
du texte grec (mais une traduction en turc et en italien) avait donné lieu à une brève
première publication officielle (A. La Marca, Arkeoloji ve Sanat 148, 2015, p. 93),

57
Cumont 1926, p. 411, n° 54 (sanctuaire d’ Artémis).
58
Bean, Mitford 1965, p. 37, n° 43, col. 1, ligne 13.
59
 LGPN VC, p. 6, « Ἀέριος » n° 1.
60
 I. Iasos 200, l. 6 ; LGPN VB, p. 8, « Ἀερίων » n° 1-2.
61
 LGPN VA, p. 7, « Ἀερίη » n° 1.

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Chronique d’Orient - Chronique 2021345

avant que l’ inscription ne soit présentée rapidement avec son texte grec par l’ équipe du
Supplementum Epigraphicum Graecum, que nous reprenons ici pour l’ essentiel (SEG
65, 1101), en proposant quelques commentaires et une photographie remontant à
l’ époque de la découverte de la pierre, en juin 2011.
Base de statue bellement gravée d’ un lettrage des ier-iie siècles de notre ère, d’ une
écriture réglée comportant 7 lignes de grec, avec sigma à branches, èta dont la barre se
détache des hastes, apices marqués. La mise en page du texte est remarquable.
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1 [Διονύσ]ο̣υ Καθηγεμόνος
[μεγάλου θε]οῦ πρὸ πόλεως
[ο]ἱ  μύσται
[Τίτον Φλά]ο̣υϊον Σεβαστοῦ
5 [ἀπελεύθε]ρ̣ον καὶ ἐπίτροπον
[Πριμ]ι  ̣γένιον
[τὸν ἑαυτῶν] Eὐεργέτην.
Traduction : « Les mystes de Dionysos Kathègemon, grand dieu “devant la cité”,
à Titus Flavius Primigenius, affranchi de l’ Auguste et procurateur, leur évergète ».

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346 Chronique d’Orient - Chronique 2021

L. 1 : on reconnaît la célèbre divinité rayonnante du Dionysos de Pergame,


intimement liée au pouvoir des Attalides, puis à celui des empereurs romains dans le
cadre du culte des souverains.
L. 3 : l’ inscription de l’ expression [ο]ἱ μύσται indiquant au nominatif les
dédicants de la statue est centrée, ce qui répond au centrage du cognomen du dédicataire
[Πριμ]ι̣γένιον décliné à l’ accusatif de dédicace, à la ligne 6.
L. 4-5 : dans une séquence logique et chronologique, il est rappelé que T. Flavius
Primigenius (à la nomenclature hélas banale) fut d’ abord affranchi de l’ empereur, puis
son procurateur.
L. 6 : le cognomen du dédicataire [Πριμ]ι̣γένιον est centré, ce qui répond au
centrage du nom des dédicants [ο]ἱ μύσται à la ligne 3.
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L. 7 : le mot Eὐεργέτην semble presque avoir été ajouté de manière imprévue. On
remarque qu’ il comporte une majuscule, laquelle signifie l’ importance capitale que les
« bienfaiteurs » occupaient dans le monde grec des cités.
Il s’ agit d’ une importante inscription pour l’ histoire de Kymè. Les mystes
dionysiaques de cette cité s’ étaient déjà fait connaître dès 27 avant J.-C. en érigeant
une stèle de marbre montrant leur proximité avec Lucius Vinicius, alors proconsul
d’ Asie62, ce qui montre à quel point ils se situaient au centre de la vie politique, et
comme connectés au pouvoir central. Le nouveau texte de Kymè prouve qu’ ils tenaient
toujours cette très influente position, vers la fin du ier siècle ou au début du iie siècle
de notre ère, d’ une part en se rattachant clairement au dionysisme pergaménien
qui connut vraisemblablement son acmé sous Trajan et Hadrien, d’ autre part en
entretenant manifestement un lien privilégié avec le procurateur impérial T. Flavius
Primigenius, dont nous n’ avons pas retrouvé la trace pour l’ instant. Ce dernier est
visiblement, d’ après sa nomenclature, un affranchi des empereurs flaviens, entre 69 et
96 apr. J.-C., donc. Quelle procuratèle occupait-il ? Les associations dionysiaques de
l’ époque impériale, composées de grands notables et de gens de théâtre (technitai) qui
organisaient les grandes fêtes civiques, défendaient les intérêts de leur cité, notamment
ce qui concerne les aspects diplomatiques et financiers63. C’ est pourquoi on pourrait par
exemple émettre l’ hypothèse que T. Flavius Primigenius était procurator fisci Asiatici, un

62
 I. Kyme 17 (stèle conservée au Rijksmuseum van Oudheden, à Leiden, inv. n° I 1901/7, 11) ; le dossier
comporte une lettre du gouverneur en question aux Kyméens.
63
Cela apparaît par exemple incidemment dans la correspondance entre Trajan et Pline le Jeune, pour ce
qui concerne les cités de Bithynie, avant tout Nicée et Nicomédie.

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021347

influent poste financier justement créé par les Flaviens64. Vers la même époque que celle
de notre inscription de Kymè en effet, on connaît un certain Fortunatus qui a exercé
cette même fonction, alors que son père Hermas était cubiculaire de Domitia Augusta
(épouse de Domitien65), dans l’ intimité de la famille impériale flavienne66. Le procurator
fisci Asiatici était encore un affranchi de l’ empereur Marc Aurèle, nommé Marcus
Aurelius, dans la deuxième partie du iie siècle de notre ère67. En outre, un affranchi
impérial des Antonins nommé Salvius, adiutor fisci Asiatici, est à mettre en rapport
avec les proches serviteurs d’ Hadrien, de Marc Aurèle, mais aussi avec la province de
Cilicie68. Les mystes dionysiaques de Kymè ont donc tout à fait pu obtenir de T. Flavius
Primigenius des faveurs financières (telle qu’ une remise du tributum par exemple), lui
élevant en retour une statue sur l’ agora de la cité vers la fin du ier siècle ou au début du
iie siècle de notre ère.
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Hadrien Bru – Université de Bourgogne Franche-Comté, ISTA
Ergün Laflı – Dokuz Eylül Üniversitesi, İzmir

64
Boulvert 1974, p. 152. D’ après G. Fabre, cette procuratèle financière aurait été créée sous Domitien
(Fabre 1994, p. 345), mais l’ essentiel de l’ impulsion réformatrice semble souvent provenir de Vespasien,
suite à la guerre civile de 68-69 apr. J.-C. qui l’ a conduit à l’ Empire ; sur cela, voir plus récemment Schmall
2011, p. 266-269, 271, laquelle évoque comme attributions financières potentielles du fiscus Asiaticus le
tributum (soli) et le tributum capitis.
65
Il s’ agit de Domitia Longina (PIR2 D 142), fille de Corbulon mariée à Domitien en 70, portant le titre
d’ Augusta depuis Septembre 81, et décédée après 126 (cf. Kienast, Eck, Heil 2017, p. 112).
66
Voir l’ inscription de Rome (CIL VI, 8570 = ILS 1517) ; Solin 1982, vol. I, p. 349 ; Solin 1996, vol. II,
p. 293.
67
 Voir CIL XIII, 1800 (inscription de Lyon) ; Wuilleumier 1948, p. 49-50 ; Boulvert 1974, p. 123,
171. Marcus Aurelius était marié à Annia Myrinè, sans doute elle aussi affranchie de la famille impériale
antonine (l’ anthroponyme féminin Myrinè est attesté en Mysie, et beaucoup en Attique).
68
 CIL VI, 8577 = ILS 1507.

DHA, 47/2, 2021


348 Chronique d’Orient - Chronique 2021

Bibliographie

Abréviations

AA = Archäologischer Anzeiger.
AÉ = L’ année épigraphique.
AJA = American Journal of Archaeology.
BÉ = Bulletin épigraphique (Revue des Études Grecques).
CIL = Corpus Inscriptionum Latinarum.
EA = Epigraphica Anatolica.
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I. Anazarbos = M. H. Sayar, Die Inschriften von Anazarbos und Umgebung, Bonn, 2000.
I. Arykanda = S. Şahin, Die Inschriften von Arykanda, Bonn, 1994.
I. Ephesos = H. Wankel, Die Inschriften von Ephesos, Ia, Bonn (IGSK 11), 1979-.
I. Iasos = W. Blümel, Die Inschriften von Iasos, Bonn, 1985.
I. Kyme = H. Engelmann, Die Inschriften von Kyme, Bonn, 1976.
ILS = Inscriptiones Latinae Selectae.
I. v. Pergamon = Die Inschriften von Pergamon.
LGPN VA = T. Corsten (éd.), A lexicon of Greek personal names, vol. VA, Coastal Asia Minor: Pontos to
Ionia, Oxford, 2010.
LGPN VB = J.-S. Balzat, R. W. V. Catling, E. Chiricat, F. Marchand (éds), A lexicon of Greek personal
names, vol. VB, Coastal Asia Minor: Caria to Cilicia, Oxford, 2013.
LGPN VC = J.-S. Balzat, R. W. V. Catling, E. Chiricat, T. Corsten (éds), A lexicon of Greek personal names,
vol. VC, Inland Asia Minor, Oxford, 2018.
LSJ = H. G. Liddel, R. Scott, H. S. Jones, A Greek-English Lexicon, Oxford, 19969.
MDAI(A) = Mitteilungen des deutschen archäologischen Instituts (Abteilung Athen).
SEG = Supplementum Epigraphicum Graecum.
TAM = E. Kalinka (ed.), Tituli Asiae Minoris, II, Tituli Lyciae linguis Graeca et Latina conscripti, fasc. 1,
n° 1-395, Pars Lyciae occidentalis cum Xantho oppido (1920) ; fasc. 2, n° 396-717, Regio quae ad
Xanthum flumen pertinet praeter Xanthum oppidum (1930).

DHA, 47/2, 2021


Chronique d’Orient - Chronique 2021349

Études

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« Le programme ANR Pont-Euxin : bilan des campagnes 2010 à Apollonia du Pont (Sozopol, dpt.
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и южна крайбрежна алея, УПИ ХІХ–523 и 525, УПИ ХХІІ–526 и УПИ ХХІ–527, кв. 27 по
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