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DISCOURS HISTORIQUES ET FICTION SOCRATIQUE

Louis-André Dorion

Presses universitaires de Franche-Comté | « Dialogues d'histoire ancienne »

2013/Supplement8 S 8 | pages 209 à 220


ISSN 0755-7256
ISBN 9782848674469
DOI 10.3917/dha.hs80.0209
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Dialogues d’histoire ancienne supplément 8, 2013, 209-220

Discours historiques et fiction socratique

Louis-André Dorion
Université de Montréal

Les historiens de la philosophie reconnaissent de plus en plus le caractère fictif


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(ou, si l’on préfère, fictionnel) des dialogues socratiques, non seulement en ce qui touche
leur mise en scène, mais également – et cela est beaucoup plus lourd de conséquences –
les propos qui sont prêtés aux différents personnages, y compris Socrate. Or si les
« conventions » du logos sokratikos autorisent une telle liberté d’invention, on voit
immédiatement qu’il devient désormais impossible de reconstituer la pensée du Socrate
historique à partir de dialogues qui autorisent une telle part de fiction ou de fictionnalité.
L’argument qui est le plus souvent invoqué pour justifier le caractère fictionnel de la
littérature socratique est un passage de la Poétique1 où Aristote reconnaît l’existence
du logos sokratikos, comme s’il s’agissait d’un genre littéraire pleinement reconnu, et il
l’assimile à une forme de mimêsis. On a beaucoup discuté de la question des origines du
logos sokratikos2, mais c’est une question obscure qui n’importe pas vraiment pour mon
propos.
L’hypothèse que j’aimerais développer est que nous avons peut-être un meilleur
argument pour justifier le caractère fictif ou fictionnel de la littérature socratique. Plutôt
que de faire appel à un témoignage en aval, en l’occurrence celui d’Aristote, qui écrit à
un moment où la production des logoi sokratikoi est déjà presque terminée, j’invoquerais
plutôt, en amont de la grande période de composition des logoi sokratikoi, l’exemple des
historiens, qui n’hésitaient pas à prêter aux « acteurs » de l’histoire des discours plus
ou moins fictifs. Si les historiens n’hésitaient pas à faire prononcer à leurs personnages,
qui sont souvent des contemporains, des discours qui sont en partie inventés ou recréés,

1  Poét. 1, 1447a28-b13 ; voir aussi Rhét. III 16, 1417a18-21 ; fr. 72 Rose (=Athénée, XV 505c).
2 Cf. Clay 1994.

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ne peut-on pas faire l’hypothèse qu’ils ont ainsi fourni aux auteurs de dialogues
socratiques, qui mettent très souvent en scène des personnages historiques qui leur sont
contemporains, le modèle et l’exemple de discours fictifs prononcés par des personnages
historiques ? Telle est mon hypothèse.

Thucydide
Le point de départ est un passage célèbre et controversé du livre I de la Guerre du
Péloponnèse, où Thucydide expose la « méthode » qu’il a suivie pour la composition des
discours qu’il rapporte :
J’ajoute qu’en ce qui concerne les discours (ὅσα μὲν λόγῳ) prononcés par les uns et les autres,
soit juste avant, soit pendant la guerre, il était bien difficile d’en reproduire (διαμνημονεῦσαι)
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la teneur même avec exactitude, autant pour moi, quand je les avais personnellement
entendus (αὐτὸς ἤκουσα), que pour quiconque me les rapportait de telle ou telle provenance :
j’ai exprimé ce qu’à mon avis ils auraient pu dire qui répondît le mieux à la situation, en
me tenant, pour la pensée générale (τῆς ξυμπάσης γνώμης), le plus près possible des paroles
réellement prononcées (τῶν ἀληθῶς λεχθέντων) : tel est le contenu des discours. D’autre
part, en ce qui concerne les actes (τὰ δ' ἔργα) [...] (I 22, 1 ; trad. Romilly).

Comme il s’agit d’un passage qui soulève plusieurs difficultés qui ont fait l’objet
de très nombreuses études3, je n’aurai pas la prétention d’en proposer une nouvelle
interprétation. Je me contenterai plutôt de présenter quelques exemples contradictoires
de l’usage qu’ont récemment fait de ce passage de Thucydide des historiens de la
philosophie qui s’efforcent de déterminer le degré d’authenticité du discours prononcé
par Socrate à l’occasion de son procès. D’un côté, il y a ceux qui prétendent que le
discours de Socrate, tel qu’il est rapporté par Platon dans l’Apologie de Socrate, présente
une véracité historique égale, voire supérieure à celle des discours que Thucydide met
dans la bouche de certains personnages4 :

3  Pour la bibliographie pertinente jusqu’en 1973, cf. West 1973. Parmi les nombreuses études sur le même sujet
publiées depuis 1973, cf. Cogan 1981 ; Loriaux 1982 ; Rokeah 1982 ; Wilson 1982 ; Plant 1988 ; Develin
1990 ; Porter 1990 ; Badian 1992 ; Garrity 1998 ; Tsakmakis 1998 ; Winton 1999.
4  Le rapprochement entre Thucydide (I 22, 1) et les discours que Platon fait prononcer à Socrate dans l’Apologie
remonte au moins au XIXe siècle, puisque Zeller approuve ceux qui accordent aux discours de Socrate, dans l’Apologie,
la même véracité que l’on doit reconnaître aux discours rapportés par Thucydide : « Il n’était d’ailleurs assurément pas
dans l’intention de Platon de reproduire littéralement le discours de Socrate et nous pouvons par suite, en ce sens, accepter
la comparaison de Steinhart, qui compare le procédé de Platon avec celui de Thucydide dans ses discours ; il faudrait
toutefois ajouter cette restriction qu’on doit alors appliquer aussi à Platon ce que Thucydide, I, 22, dit de lui-même : qu’il

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On peut accorder à l’Apologie [scil. de Platon] le même type de vérité historique qu’on
reconnaît aux discours dans l’œuvre de Thucydide (c’est une comparaison qui s’impose) :
tout en reconnaissant qu’il “était impossible pour lui et ses informateurs de mémoriser
exactement ce qui avait été dit” (τὴν ἀκρίβειαν αὐτὴν τῶν λεχθέντων διαμνημονεῦσαι, d’après
la paraphrase de A. Andrews5 dont je trouve très convaincant le plaidoyer en faveur de la
signification du texte), Thucydide nous assure que ces discours “représentent ce qui m’a
semblé (ὡς ἂν ἐδόκουν ἐμοὶ) être les paroles les plus appropriées à chaque orateur concernant
le sujet particulier traité, en me maintenant le plus près possible du sens général des paroles
vraiment prononcées (ἐχομένῳ ὅτι ἐγγύτατα τῆς ξυμπάσης γνώμης τῶν ἀληθῶς λεχθέντων)”
(Thucydide, I, 22, 1)6.

On a encore moins de raison pour douter de la substantielle véracité du discours que Platon
prête à Socrate, que de celle des discours des personnages de Thucydide, qui dit “prêter à
chacun de ses orateurs les opinions les plus appropriées aux circonstances, comme [il a pensé
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que] l’orateur les exprimerait selon toute vraisemblance, en [s’] efforçant d’approcher aussi
près que possible du sens général des paroles vraiment prononcées” (I 22) : dans le cas de
Platon, nous sommes sûrs – ce qui n’est pas le cas pour Thucydide – qu’il écrit en tant que
témoin oculaire, et comme quelqu’un qui, en raison de ses liens personnels avec l’orateur, a
dû écouter avec une attention soutenue chaque mot par lui prononcé7.

La position de Vlastos appelle deux remarques :


a) Vlastos considère que le discours prononcé par Socrate, à l’occasion de son
procès, est encore plus « vrai » que la plupart des discours prononcés par les personnages
de Thucydide. Platon était en effet présent au procès de Socrate8, alors que Thucydide,
de son propre aveu, n’a pas été un témoin direct de tous les discours qu’il rapporte9.
Si l’on suit Vlastos, il faudrait admettre que chacun des trois discours de Socrate, dans
l’Apologie, est authentique et fidèle à la réalité historique. Or le troisième discours de
Socrate, soit celui où il s’adresse à ses juges après sa condamnation à mort (38c-42a), est
depuis longtemps suspecté d’être fictif dans la mesure où il est improbable que l’on ait
permis à Socrate, après le vote qui l’a condamné à mort, de s’adresser une dernière fois à

s’est tenu aussi exactement que possible, dans sa relation, au sens et au contenu des paroles réellement prononcées. »
(1884, p. 180 n. 1 in fine).
5  Andrews 1962, p. 64 sq., p. 65-71.
6  Vlastos 1994, p. 75, n. 15.
7  Ibid., p. 347-348.
8  Cf. Apol. 38b.
9  Cf. Danzig 2010, p. 19 n. 3 : Vlastos held that Plato followed a Thucydidean methodology in composing the speech and
that, because of being present, he succeeded better than Thucydides in putting this Thucydidean historical methodology into
practice. But he offered no arguments to clarify or support this interesting suggesting.

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ses juges10. Plusieurs commentateurs récents de l’Apologie s’entendent à reconnaître que


le troisième discours de Socrate est une invention de Platon11, de sorte que la présence
de Platon au procès ne peut pas être considérée, contrairement à ce que soutient Vlastos,
comme un gage de l’authenticité de tout ce qui est rapporté dans l’Apologie.
b) Si le discours de Socrate dans l’Apologie de Platon est vrai, il s’ensuit que les
propos divergents ou contradictoires que Xénophon lui fait tenir, dans sa version de
l’Apologie de Socrate, sont forcément faux. Or Xénophon, qui n’a pas assisté au procès
de Socrate, s’en remet pourtant au récit d’un témoin oculaire digne de confiance12,
exactement comme le fait Thucydide lui-même pour les discours auxquels il n’a pas pu
assister. Or si le recours à un témoin oculaire n’empêche pas les discours rapportés par
Thucydide d’être vrais, alors que celui de Xénophon, qui applique pourtant la même
méthode, est faux, force est de conclure qu’il est possible de prêter à un personnage
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historique des propos fictifs. Je ne vois pas comment l’on pourrait refuser de reconnaître
cette conséquence.
La position de Vlastos ne fait cependant pas l’unanimité. Il y a en effet des
historiens qui prétendent que le discours de Socrate, dans l’Apologie platonicienne, n’est
pas moins inventé que ne le sont les discours de Thucydide :
Besides, the Apology [scil. de Platon] does not pretend to be a faithful report of Socrates’ speech
in his own defence at his trial. It is not a mixture of fact and fiction or stylised truth, but the
portrayal of a character, in other words, a free reconstruction of Socrates’ personality, through
the medium of his apologetic speech. […] It is exactly what was also done by Thucydides the
historian, who invented or remade as he liked the speeches of characters without shocking
anyone, not even the witnesses of the event, provided that the speech which was invented or
remade, related to a given situation and was consistent with the character of the personage13.
As to scrupules about the accuracy of Socrates’ speech at his trial, Plato does not seem to have been
more concerned about this in an apologetic work, than Thucydides was about his characters’
speeches in an historical work14.

10  Wilamowitz (1920, I, p. 124) était déjà d’avis que ce troisième discours est entièrement fictif.
11  Cf., entre autres, de Strycker et Slings 1994, p. 201-204 ; Danzig 2010, p. 40.
12  Comme il était absent d’Athènes à l’époque du procès de Socrate, Xénophon doit forcément s’en remettre au
récit d’un témoin oculaire, en l’occurrence Hermogène (cf. Mém. IV 8, 4 et Apol. 2). Ce dernier est l’un des principaux
compagnons de Socrate (cf. Mém. I 2, 48) et Platon reconnaît lui-même, dans le Phédon (59b), qu’Hermogène faisait
partie des intimes qui ont assisté à la mort de Socrate.
13  Montuori 1981, p. 137.
14  Ibid., p. 139.

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Comme on le voit, le passage I 22 de Thucydide est interprété de façon


diamétralement opposée par ceux qui s’efforcent d’établir, ou au contraire de rejeter,
l’historicité du discours que Platon fait prononcer à Socrate à l’occasion de son procès.
Ces deux interprétations opposées sont probablement représentatives des positions
extrêmes et opposées qui sont défendues, parmi les historiens, à propos de ce passage de
Thucydide. Je suis personnellement plutôt enclin à suivre ceux qui soutiennent que le
passage méthodologique de I 22, 1 n’exclut pas la présence, chez Thucydide, de discours
qui comportent une grande part d’invention.
Que l’on me permette deux autres remarques à propos du passage I 22, 1 de
Thucydide :
i) À défaut de reproduire la lettre des discours qui ont été prononcés, Thucydide
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déclare en respecter autant que possible l’esprit (γνώμη). Cette déclaration me laisse
perplexe dans la mesure où, bien que Platon et Xénophon attribuent en commun à
Socrate de nombreuses thèses, la formulation de ces thèses est à ce point différente, chez
nos deux disciples de Socrate, que cela affecte la thèse elle-même, à savoir son contenu et
sa teneur. Autrement dit, bien que Platon et Xénophon attribuent en commun à Socrate
des thèses qui sont en apparence identiques, si bien qu’ils respecteraient l’un et l’autre
l’« esprit » de ces thèses socratiques, la formulation même de ces thèses est à ce point
différente qu’elle en modifie l’« esprit », si bien que l’on n’a plus vraiment affaire à la
même thèse15. Je fais le pari que si l’on disposait de plusieurs versions d’auteurs différents
d’un discours rapporté par Thucydide, on constaterait pareillement que l’esprit d’un
discours n’est pas indépendant de sa lettre.
ii) Alors que Vlastos et Montuori font un rapprochement limité entre Thucydide
I 22 et l’Apologie de Socrate – leur rapprochement concerne uniquement les discours
prononcés par Socrate à l’occasion de son procès –, je propose un rapprochement élargi,
c’est-à-dire qui s’étend à tous les entretiens rapportés dans les dialogues socratiques. Il
s’agit, je ne m’en cache pas, d’une extension considérable dans la mesure où la fictionalité
s’étendrait ainsi à l’ensemble du dialogue, alors que les discours rapportés par les
historiens s’insèrent dans la trame de leur récit et n’occupent ainsi qu’une fraction du
texte complet. Le rapprochement élargi que je propose peut néanmoins s’autoriser de

15  Je me suis appliqué, au cours des dernières années, à mettre en lumière les différences irréductibles que l’on relève
entre les exposés que Platon et Xénophon donnent de plusieurs thèmes socratiques communs, notamment le signe divin
de Socrate, la basilikê tekhnê, l’emploi de la réfutation (elenchos), la connaissance de soi, l’utilité de l’amitié, la possibilité
de l’akrasia, le refus de faire de la politique.

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Thucydide dans la mesure où les historiens ont fourni l’exemple de la possibilité de faire
prononcer à des personnages historiques des paroles qu’ils n’avaient pas prononcées. Les
auteurs de logoi sokratikoi n’ont ainsi eu qu’un tout petit pas à franchir pour prêter à leurs
personnages des conversations et des entretiens plus ou moins fictifs.

Xénophon
Le cas de Xénophon est singulier et précieux, puisqu’il est à la fois historien
et philosophe. À la différence de Thucydide, il a également composé des dialogues
socratiques et, à la différence de Platon, il a composé des ouvrages historiques. Comme
Xénophon est à la fois historien et philosophe, ce serait une erreur d’isoler ses dialogues
philosophiques de ses ouvrages historiques, ou vice versa, non seulement parce que sa
pensée est remarquablement homogène dans l’ensemble de ses écrits – il arrive en effet
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très souvent qu’un passage des Mémorables reçoive un éclairage inattendu et précieux
d’un passage de la Cyropédie ou de l’Agésilas –, mais aussi parce que ses procédés de
composition littéraire ne peuvent pas être radicalement différents selon qu’on a affaire
à une œuvre historique ou à un dialogue philosophique. Or comme Xénophon, en tant
qu’historien, connaît certainement le modèle des discours inventés ou « recréés » que
l’on trouve chez Thucydide, il serait étonnant qu’il n’en fasse pas lui-même usage dans ses
œuvres historiques et qu’il n’y fasse pas également appel dans ses dialogues socratiques.
Ceux qui ont étudié les discours rapportés dans les Helléniques – la principale
œuvre historique de Xénophon – ont déjà observé que l’on ne trouve pas, chez Xénophon,
une digression méthodologique comparable à celle que l’on trouve chez Thucydide16 (I
22). Xénophon ne précise pas non plus, à la différence de Thucydide, qu’il a lui-même
entendu certains discours. Certes, rien n’empêche qu’il ait pu assister à certains discours17,
mais il ne prend jamais la peine de le signaler. Ce silence ou cette omission de Xénophon
contraste avec les affirmations répétées de sa présence à l’un ou l’autre des entretiens entre
Socrate et ses interlocuteurs18. On aurait cependant tort de prendre ces passages au pied
de la lettre car l’on peut établir, dans certains cas, que Xénophon n’a pas pu assister à

16  Buckler 1982, p. 180 : Just as Xenophon does not say specifically that he is continuing Thucydides’ history, so neither
does he tell his readers how he will deal with the speeches in the Hellenika. One can assume that he is following Thucydides’
famous pronouncement at 1.22, but because of his silence on the topic that must clearly remain an assumption.
17  À propos des discours rapportés aux livres VI et VII des Helléniques, Buckler (1982, p. 188) affirme : Xenophon
himself could have heard few of the speeches and conversations. Usher (1968, p. 128) estime qu’il est improbable que
Xénophon ait pu assister aux discours de Théramène et de Critias (Hell. II 3, 24-49).
Mém. I 3, 8 ; I 4, 2 ; I 6, 14 ; II 4, 1 ; II 5, 1 ; II 7, 1 ; IV 3, 2 ; Banq. I 1 ; Écon. I 1.
18 Cf. 

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l’entretien qu’il rapporte19. Or si l’on peut établir que Xénophon n’a pas pu assister à
un entretien, alors qu’il affirme précisément le contraire, on sera peu enclin à considérer
qu’il ait pu être le témoin oculaire des discours qu’il rapporte sans jamais prendre la peine
de souligner sa présence.
On trouve également au début des Mémorables un passage programmatique qui
rappelle, par certains aspects, le passage I 22 de Thucydide : « Comment il m’a paru être
utile à ses compagnons, d’une part en acte (ἔργῳ) en se montrant tel qu’il était, d’autre
part par sa conversation (διαλεγόμενος), c’est ce que je vais rapporter en exposant tout ce
dont je me souviendrai (διαμνημονεύσω) à ce sujet. » (I 3, 1). Je suis frappé, peut-être à
tort, par la présence dans ces deux textes de mots et d’expressions identiques : le diptyque
ergon-logos, le verbe διαμνημονεύειν20 et le verbe ἤκουσα qui n’est pas présent en Mém. I
3, 1, mais que Xénophon emploie ailleurs à plusieurs reprises pour insister sur sa qualité
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de témoin des discours et des actes de Socrate21.
Revenons aux discours dans les Helléniques. Ceux qui se sont penchés sur la
question de l’authenticité ou de l’historicité des dialogues rapportés par Xénophon ont
généralement adopté une approche au cas par cas, c’est-à-dire qu’ils s’efforcent d’établir,
pour chacun des discours qui font l’objet de leur étude, si l’on a affaire à un discours
authentique, ou bien à un discours inventé ou fictif, ou encore à un discours qui, bien
qu’ayant été composé par Xénophon, n’en est pas moins fidèle à l’esprit (gist), sinon à la
lettre, du discours prononcé par tel ou tel acteur historique. Il est évidemment impossible
de présenter le détail de ces analyses, mais j’aimerais néanmoins commenter brièvement
certaines tentatives d’établir l’authenticité de certains discours. Ce qui est frappant, dans
ces études qui s’interrogent sur l’historicité des discours rapportés par Xénophon22,
c’est l’absence de rapprochements ou de comparaisons avec les entretiens socratiques,
comme si la méthode de composition de Xénophon en histoire n’avait rien à voir avec
sa méthode de composition d’entretiens prêtés à des personnages historiques dans les
dialogues socratiques23. Or l’on trouve chez ceux qui plaident en faveur de l’historicité

19  Le cas le plus flagrant est celui de l’entretien rapporté dans le Banquet (I 1). Cf. Dorion 2000, p. xxxix-lii.
20  Il n’y a qu’une seule occurrence de ce verbe chez Thucydide (I 22, 1) et seulement deux chez Xénophon (Mém. I 3,
1 ; Cyrop. I 2, 2).
Mém. I 2, 31 ; I 4, 2 ; II 4, 1 ; II 5, 1 ; IV 8, 4 ; Écon. I 1.
21 Cf. 
22  Cf., entre autres, Usher 1968 et Buckler 1982.
23  Gray (1989, p. 97 n. 6) est toutefois une exception : elle propose un rapprochement entre le discours de Théramène
(Hell. II 3, 15-24) et une position exprimée par Socrate (Mém. I 2, 32). Ce rapprochement est pertinent, mais très peu
développé. Pontier 2001, démontre que la place et la fonction des discours, dans les entretiens socratiques de Xénophon,

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des discours, que ce soit dans les œuvres historiques ou dans les dialogues socratiques, des
arguments qui sont très similaires et qui me paraissent tout aussi peu convaincants.
Je me contenterai d’un exemple. Dans un article publié en 1968, mais qui est
encore régulièrement cité, Usher s’efforce de démontrer que le discours de Critias contre
Théramène, au livre II des Helléniques (II 3, 24-29), est pour l’essentiel authentique et
fidèle au discours que Critias a réellement prononcé24. Parmi les arguments avancés pour
étayer cette position, Usher fait valoir que l’on trouve dans le discours de Critias quatre
mots rares que l’on ne trouve nulle part ailleurs chez Xénophon. Ces hapax25 seraient
un gage d’authenticité, en ce qu’ils confirmeraient le souci de respecter la lettre même
du texte prononcé par Critias. Dans un article récent (2004), D. Sansone s’est efforcé
de démontrer que l’apologue d’Héraklès à la croisée des chemins, que l’on trouve au
livre II des Mémorables (II 1, 21-34) et que Socrate attribue au sophiste Prodicos, est une
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transcription fidèle du récit de Prodicos. Ces deux cas sont tout à fait similaires : de même
que Xénophon rapporterait fidèlement, au livre II des Helléniques, un discours de Critias
dont nous n’avons pas conservé autrement le texte, de même il rapporterait également
de façon très fidèle, au livre II des Mémorables, l’apologue de Prodicos dont nous n’avons
pas non plus conservé le texte. Or parmi les arguments que Sansone développe en faveur
de sa thèse, il y en a un qui ressemble étrangement à celui invoqué par Usher. Sansone
(2004, p. 132) remarque en effet que l’on compte quinze hapax dans l’apologue attribué
à Prodicos et que ce nombre exceptionnellement élevé d’hapax, dans un texte aussi court,
serait un gage d’authenticité du récit rapporté par Xénophon. Dans sa réplique à l’article
de D. Sansone, V. Gray fait remarquer qu’il y a d’autres sections des Mémorables où l’on
compte proportionnellement pas moins d’hapax que dans l’apologue d’Héraklès à la
croisée des chemins, sans que cela nous ait jamais incité à conclure que ces autres passages
provenaient d’une autre source26.

sont comparables, mutatis mutandis, à ce qu’elles sont dans les autres œuvres de Xénophon, mais il ne soulève pas la
question de la véracité ou de l’authenticité de ces discours.
24  La position de Usher a été critiquée et rejetée par Gray 1989, p. 97 : The authenticity of Xenophon’s speeches has been
upheld. I remain unconvinced. Voir aussi Gray 1989, Appendix I : « The speech of Critias », p. 183-184, où elle réfute
point par point les arguments de Usher.
25  Usher (1968, p. 131) relève quatre hapax qui confirmeraient l’authenticité du discours de Critias. Un de ces
hapax (ὑποτέμοι, II 3, 34) n’en est pas un puisqu’on relève deux autres occurrences du verbe ὑποτέμνω chez Xénophon
(ὑποτεμνόμενος, Hell. I 6, 15 ; ὑποτεμοῦνται, Cyrop. I 4, 19).
26 Cf. 
Gray 2006, p. 427.

DHA supplément 8
Discours historiques et fiction socratique 217

À l’occasion d’une étude très minutieuse des expressions et des pronoms (τάδε,
τοιάδε, τοιαῦτα, ταῦτα) que Xénophon emploie pour introduire les discours qu’il
rapporte, Buckler affirme qu’aucune de ces expressions ne nous autorise à considérer
que Xénophon rapporte fidèlement les paroles qui ont réellement été prononcées27.
Or la plupart de ces expressions sont également celles que Xénophon emploie lorsqu’il
rapporte les propos qu’échangent les interlocuteurs qui prennent part à un dialogue
socratique, ce qui confirme, d’une part, que les procédés de composition sont bien les
mêmes dans les œuvres historiques et dans les dialogues socratiques, et, d’autre part, que
le caractère approximatif, voire fictif, des discours rapportés dans les Helléniques vaut
également pour les dialogues contenus dans les écrits socratiques.
Il n’est pas du tout nécessaire, dans le cadre de mon hypothèse, d’adopter la position
extrême, défendue par certains, qui consiste à soutenir que tous les discours rapportés dans
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les Helléniques sont fictifs et que Xénophon se sert des personnages auxquels il prête des
discours comme de porte-voix pour exposer ses propres idées28. Buckler identifie vingt-
neuf discours dans les livres VI et VII des Helléniques et il s’efforce de déterminer, pour
chacun d’eux, leur degré d’authenticité ou d’historicité. Même si j’entretiens des doutes
sur les moyens qui nous permettraient de mesurer ou d’évaluer le degré d’authenticité ou
d’historicité d’un discours, je suis prêt à admettre, à la suite de Buckler, qu’une minorité
d’entre eux rapportent fidèlement les propos tenus par tel ou tel personnage historique29.
Tout ce qui importe, pour l’hypothèse que je défends, est qu’il semble établi et reconnu
que de nombreux discours, dans les Helléniques, sont en grande partie fictifs ou inventés
et qu’ils correspondent souvent aux idées mêmes de Xénophon. Par exemple, Proclès
observe, dans un discours que Xénophon lui fait prononcer, que la discipline, chez les
Lacédémoniens, est très forte sur terre, alors que c’est surtout sur mer que les Athéniens se
montrent disciplinés30. Or Xénophon prête la même idée à Socrate dans les Mémorables

27  Buckler 1982, p. 188-189.


28 Cf.  Walbank 1967, p. 5 : Xenophon of course provides speeches, but to express his own views; and if he takes a speaker’s
known opinions into account, the speeches remain none the less inventions.
29 Selon Buckler (1982, p. 188), seuls trois des vingt-neuf discours qu’il étudie semblent to imply absolute accuracy (à
savoir les discours 11, 12 et 25 dans le tableau dressé par Buckler 1982, p. 181). Quant à la grande majorité des discours
rapportés aux livres VI et VII des Helléniques, there is no reason to conclude that Xenophon regularly tried to record the exact
words of the speakers (1982, p. 190). Voir aussi la conclusion de l’étude de Buckler : In conclusion, although his technique
can roughly be called Thucydidean, Xenophon clearly employs speeches in his own fashion. The speeches in this portion of the
Hellenika (scil. livres VI-VII) are not the ones actually delivered at the time, nor are they the actual words of the speakers. What
Xenophon omits can sometimes be significant, and his speeches should never be taken at face value. (p. 203-204).
Hell. VII 1, 8.
30 Cf. 

DHA supplément 8
218 Louis-André Dorion

(III 5, 1831). De même, Polydamas conclut en ces termes le portrait qu’il brosse de Jason,
qu’il présente comme un chef exemplaire : « D’ailleurs il n’en est pas moins l’homme le
plus maître de lui (ἐγκρατέστατος) que je connaisse quand il s’agit des plaisirs du corps
(τῶν περὶ τὸ σῶμα ἡδονῶν) et ce n’est pas là non plus ce qui l’empêche jamais de faire ce
qu’il doit32. » Or l’affirmation que la maîtrise de soi (enkrateia) à l’endroit des plaisirs
corporels est une vertu indispensable au chef (politique ou militaire) est un véritable
leitmotiv dans les Mémorables33.
L’influence des historiens sur les méthodes de composition de Xénophon ne
se limiterait pas aux discours, puisqu’elle s’étendrait également aux dialogues qui sont
contenus dans les Helléniques. Comme le souligne V. Gray dans une étude consacrée
aux dialogues dans les Helléniques, Xénophon ne s’est probablement pas inspiré de
Thucydide pour la rédaction de ces dialogues puisque les échanges dialogués sont plutôt
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rares dans la Guerre du Péloponnèse34. On pourrait évidemment être enclin à considérer
que la présence de dialogues dans les Helléniques est attribuable au compagnonnage
de Xénophon avec Socrate et à l’influence des dialogues socratiques, mais il semble
plutôt que ce soit l’influence d’Hérodote qui soit ici déterminante35, de sorte que ce
seraient à nouveau les historiens qui auraient fourni à Xénophon le modèle d’un type de
composition, celui du dialogue, dont on aurait pu croire, du moins à première vue, qu’il
provenait plutôt de la tradition philosophique.
Le caractère plus ou moins fictif de nombreux discours rapportés dans les
Helléniques est un point de départ qui me paraît largement suffisant pour proposer et
développer l’hypothèse suivant laquelle les auteurs de logoi sokratikoi ont pu s’inspirer
de la pratique des historiens qui consiste à prêter des discours fictifs à des personnages
historiques et à des acteurs politiques. Auteur de discours politiques et d’entretiens
socratiques, Xénophon est évidemment un auteur privilégié pour explorer et vérifier cette
hypothèse, puisque l’attribution à des personnages historiques de propos inventés, qu’il

31  Hatzfeld (1948, p. 171 n. 1) a également fait ce rapprochement, mais la référence qu’il donne (Mém. IV 4, 18)
est erronée.
32  Hell. VI 1, 16 (trad. Hatzfeld).
33  Cf. I 5 et surtout II 1, 1-7, où Socrate cherche à convaincre Aristippe que l’enkrateia à l’égard des plaisirs corporels
(boisson, nourriture, sexualité et sommeil) est une vertu indispensable à celui qui exerce le commandement (politique ou
militaire).
34 Cf. 
Gray 1981, p. 321.
35  Ibid., p. 332-333.

DHA supplément 8
Discours historiques et fiction socratique 219

s’agisse de discours politiques ou d’entretiens philosophiques, relève vraisemblablement


d’une seule et même méthode de composition littéraire.

Conclusion
L’hypothèse que j’ai esquissée a l’avantage de fournir un modèle et, partant,
une explication du caractère fictif des logoi sokratikoi, là où le témoignage d’Aristote ne
fournit au mieux qu’une attestation, mais non une explication, du caractère fictif de cette
littérature. Le témoignage d’Aristote confirme en effet après coup, pour ainsi dire, que
le genre du logos sokratikos accordait aux auteurs une grande licence poétique, mais il
n’explique pas vraiment, en amont, ce qui explique et autorise cette liberté d’invention.
L’hypothèse que je propose opère un renversement de paradigme par rapport à une
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opinion largement répandue au XIXe siècle : alors qu’on défendait autrefois l’historicité
des logoi sokratikoi de Xénophon en arguant qu’il était également un historien et qu’il
était donc impartial, neutre, objectif et accoutumé à rapporter fidèlement des faits36, je
soutiens aujourd’hui que c’est au contraire la pratique des historiens, qui n’hésitaient pas
à attribuer des discours fictifs à des personnages historiques, qui sert de fondement au
caractère fictionnel des logoi sokratikoi en général.

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36  La position de Boutroux est représentative de la communis opinio qui prévalait au XIXe siècle : « l’historien a le
droit aujourd’hui, non seulement d’invoquer le témoignage de Xénophon à côté de ceux de Platon et d’Aristote, mais
encore de le mettre en première ligne, puisque, seul des trois, Xénophon est historien de profession. [...] Xénophon a
dû y apporter [scil. dans les Mémorables] les habitudes de fidélité et d’impartialité qui distinguent ses récits proprement
historiques. » (1901, p. 17).

DHA supplément 8
220 Louis-André Dorion

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