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Les banquets comme lieux de savoirs

Pauline Schmitt
Dans Dialogues d'histoire ancienne 2023/Supplément27 (S 27), pages 319 à 341
Éditions Presses universitaires de Franche-Comté
ISSN 0755-7256
DOI 10.3917/dha.hs27.0319
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Dialogues d’ histoire ancienne, supplément 27, 2023, 319‑341 – CC-BY

Les banquets comme lieux de savoirs

Pauline Schmitt Pantel


ORCID : 0000-0002-0059-9821
Professeure émérite université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ANHIMA – UMR 8210, France
schmitt-pantel@wanadoo.fr
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Les banquets sont partie intégrante des rites qui organisent le culte des divinités
en Grèce antique, les Grecs consomment la viande d’animaux sacrifiés et boivent du
vin après en avoir offert une libation aux dieux. Par les pratiques sacrificielles et la
commensalité, les Grecs construisent un système global de croyances qui délimite la
place des humains entre le monde des dieux et le monde des bêtes. Sacrifice, libation
et repas sont un élément de la définition anthropologique du Grec1 (figure 1). Les
banquets sont donc d’abord des lieux de savoirs religieux. Je ne développerai pas cet
aspect qui a été très bien étudié, mais il est fondamental.
À Athènes dès le viie siècle avant J.-C. les sources textuelles et iconographiques
permettent de connaître le déroulement des repas et la part prise par les chants, la musique
et l’échange de paroles. Solon, le législateur du début du vie siècle, a chanté au banquet
les lois qu’il avait mis en forme. Les comédies, en particulier celles d’Aristophane, font
une place de choix à la nourriture et aux repas. Au ive siècle Xénophon et Platon situent
plusieurs de leurs dialogues dans ce cadre. Et des sources d’époque classique rassemblées
par des auteurs comme Plutarque, Athénée et Lucien, permettent de connaître les
contenus multiples de ces lieux de savoirs où la voix des poètes, des sages, des citoyens
s’exprimait dans les chants, la récitation, les discours, les dialogues2. Les recherches de
ces trente dernières années ont exploré toutes ces pistes. Ici je me limiterai aux banquets
qui se tenaient dans les espaces communs de la cité, peu étudiés sous cet angle et je
1
Vernant 1974 ; Detienne, Vernant 1979 ; Durand 1986 ; Bruit et al. 2004 ; Georgoudi et al. 2005.
2
Lissarrague 1987 ; Murray 1990 ; Slater 1991 ; Murray, Tecusan 1995 ; Wilkins 2000 ; Romeri 2002 ;
Orfanos, Carrière 2003 ; Nadeau 2010 ; Gherchanoc 2012 ; Murray 2018 ; Jacob 2020.

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me demanderai en quoi ces pratiques collectives sont des lieux de savoirs dans la cité
athénienne3.
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Figure 1 : Trois moments du rituel : la procession (pompè), le banquet (symposion), la danse (komos). Date : 570-560 avant J.-C.
Crédits/source : Pyxide, Berlin, Staatl. Mus. F 1717, faces A, B, C.

L’introduction du livre invite à situer les lieux de savoirs topographiquement


dans la ville, et peut-être plus largement dans la cité (polis)4. Elle rappelle l’importance
pour la mise en place de nouveaux lieux de savoirs à Athènes du transfert de l’agora de
l’est vers le nord de l’Acropole au début de l’époque classique. Toutefois le Prytanée
qui est un des lieux importants de banquets communs demeure au pied de la pente
est de l’Acropole. D’autres lieux de commensalité sont créés sur la nouvelle agora dite
du Céramique, de façon très progressive. Les espaces se spécialisent dans la tenue de
3
Dans le prolongement de Schmitt Pantel 2011 [1992]. Voir aussi Lippolis 2012.
4
Voir M. V. Garcia Quintela, p. 11-29.

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banquets au cours du ve siècle, des bâtiments sont même construits, de façon peut-être
parallèle à l’expression d’un nouveau régime politique, sinon démocratique du moins
isonomique. Il est possible d’essayer d’intégrer les lieux, les acteurs sociaux et la fonction
politique en étudiant cette marche vers la monumentalisation (figure 2).
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Figure 2 : Carte d’Athènes avec localisation des lieux de repas signalés en gris foncé.
Crédits/source : infographie MVGQ.

Avant de reprendre l’étude de la commensalité du peuple des citoyens (le dèmos)


sous l’angle topographique, je soulignerai qu’un changement de regard sur la tenue des
repas communs à Athènes a été rendu possible grâce à l’archéologie. En effet depuis
trente ans de très nombreuses fouilles de puits, de fosses, de trous, ont été effectuées sur
l’agora comme sur les sites de sanctuaires. Ces fouilles ont mis au jour une très grande
quantité de vaisselle servant aux repas, plats, marmites, chaudrons pour le premier temps
du repas, celui de la consommation de nourriture, et vases à servir le vin et à boire pour
le deuxième temps du banquet. Je reviendrai plus précisément sur les conséquences de
ces trouvailles pour les différents lieux de banquet. De manière générale l’étude de ces

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dépotoirs a confirmé que les banquets pris dans des espaces communs ne se limitaient
pas au temps de la consommation des viandes et des céréales, mais comprenaient bien
ce temps très important pour la communication entre convives qu’est le symposion, le
boire ensemble. Cette confirmation est capitale pour mon propos. En effet le moment
du symposion permet la découverte, l’échange et la diffusion des informations et des
connaissances, caractéristiques des lieux de savoirs5.

I- Le Prytanée
Mon parcours topographique ne sera pas exhaustif, je me permettrai de choisir
quelques lieux emblématiques. Dans le quartier à l’est des pentes de l’Acropole où l’on
situe l’ancienne agora archaïque se trouve un premier lieu de repas commun qui est
en même temps le foyer de la cité où la déesse Hestia a son siège6. C’est le Prytanée. Il
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existe à Athènes une tradition constituée dès le ve siècle sur la grande ancienneté du
Prytanée et du foyer commun. Thucydide et Plutarque font remonter l’existence du
Prytanée à l’époque de Thésée. La création d’un Prytanée unique pour toute l’Attique
aurait accompagné le synoecisme attribué à Thésée et aurait marqué le début véritable
de la cité athénienne. Le nom du Prytanée est ensuite associé à l’œuvre de Solon : les
lois de Solon auraient été exposées au Prytanée. Dans ces lois plusieurs prescriptions
concernent la nourriture prise en commun et plus exactement la nourriture en dèmosio,
c’est-à-dire au nom et aux frais du dèmos.
Une loi singulière de Solon est celle qui concerne la sitèsis en dèmosio, ce qu’il appelle lui-
même parasitein. Il ne permet pas que le même homme participe à la sitèsis souvent, mais
il le punit s’il refuse de s’y rendre quand il doit y aller. Il pensait que la première attitude
était inspirée par l’avidité, la seconde par le mépris de la communauté7.
Le texte ne nous dit pas que c’est Solon qui a institué cette sitèsis en demosio mais
qu’il l’a en tout cas organisée. Cette loi est dans la logique des réformes attribuées par
la cité de l’époque classique à Solon, réformes qui visent à garantir un fonctionnement
équilibré de la vie civique. Retenons que la tenue de repas au Prytanée est ancienne.
Jusque récemment la place exacte du Prytanée n’était pas connue de façon sûre.
Une inscription (publiée en 1983) a fait connaître la place de l’autel d’Aglauros : au

5
Christian Jacob a expliqué dans plusieurs livres et dans sa contribution dans ce livre (p. 31-44) le
contenu et la problématique d’une anthropologie des savoirs. Jacob 2014 ; Jacob 2018.
6
Voir dans ce livre la contribution de J. Gonzalez Garcia, p. 293-317.
7
Plutarque, Solon, 24-25 ; Solonos Nomoi F 8.

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pied de l’Acropole côté est8. Or un texte de Pausanias place le Prytanée près de cet
autel. Pausanias dans son parcours en Attique passe par le sanctuaire de Thésée, puis le
sanctuaire des Dioscures.
Au-dessus du sanctuaire des Dioscures se trouve l’enceinte sacrée d’Aglauros […] Aglauros
et Hersé furent frappées de folie quand elles virent Érichthonios, et elles se jetèrent du
haut de l’Acropole, à l’endroit le plus abrupt. C’est par là que les Mèdes montèrent pour
massacrer les Athéniens […]. À côté se trouve le Prytanée dans lequel sont inscrites les lois
de Solon, des statues des déesses Eiréné et Hestia9.
En 2006 Geoffrey Schmalz propose lui aussi de situer le Prytanée sur la pente est
de l’Acropole près de l’ancienne rue des Tripodes et du monument de Lysikratès dans
le quartier moderne de Plaka10. Ce qui est conforme au récit de Pausanias. Il apporte
des preuves archéologiques et épigraphiques à l’appui de cette nouvelle localisation.
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Le grand ensemble péristyle de 45 m (nord-sud) sur 65 m (est-ouest) actuellement
sous la place Agia Aikaterini pourrait être ce Prytanée, il serait resté en usage jusqu’à
l’époque romaine avec de périodiques reconstructions. Les publications sous la
direction d’Emanuele Greco de la topographie d’Athènes depuis 2010 et la synthèse
d’Emanuele Greco de 2020 font de la localisation du Prytanée à cet endroit un acquis11.
Ces confirmations archéologiques renforcent ce que j’avais suggéré : le Prytanée et la
tholos sont situés dans des lieux d’Athènes, différents et éloignés l’un de l’autre, ce qui
a bien sûr une signification politique12.
Le Prytanée a plusieurs fonctions, il est le lieu d’accueil des étrangers et de
certains citoyens, il est le lieu d’enregistrement des lois. Je ne rappelle ici que sa fonction
de lieu de repas. Au Prytanée, la cité accueille à sa table des hôtes temporaires, un des
honneurs fréquemment accordés soit à des étrangers, soit à des citoyens est de prendre
un repas au Prytanée. Au Prytanée, la cité reçoit aussi des convives à vie, ce sont les
citoyens athéniens qui bénéficient du privilège de la sitèsis.
Ainsi dans le Prytanée des convives mangent chaque jour. Ce sont les hôtes
d’un jour de la cité athénienne. De nombreux décrets athéniens comportent en effet
cette clause qui s’adresse soit à des étrangers, soit à des citoyens athéniens : « Plaise au

8
Dontas 1983.
9
Pausanias, I, 18, 2-3, traduction M. Yon.
10
Schmalz 2006.
11
Greco 2010-2015 ; Di Cesare 2015 ; Greco 2020.
12
Schmitt Pantel 2011 [1992], p. 145-177.

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peuple de l’inviter au repas au Prytanée le lendemain. » Pour les étrangers l’invitation


est faite pour le jour qui suit l’entrevue avec l’ecclèsia (l’Assemblée), cette pratique
courante va de pair avec le vote de l’éloge et parfois d’autres honneurs. Les citoyens qui
reçoivent ce type d’invitation sont surtout des ambassadeurs au retour d’une mission
à l’étranger. Les termes employés pour les deux catégories d’hôtes ne sont pas les
mêmes : les étrangers sont invités à une xenia, les citoyens à un deipnon. Ceci n’indique
pas selon moi une différence dans la qualité ou le contenu de la réception, mais une
reconnaissance du statut différent des hôtes. L’étranger a besoin d’entrer dans un lien
d’hospitalité qui le protège – xenia – avec les citoyens pour pouvoir partager le repas.
Pour les citoyens l’invitation au Prytanée marque leur réintégration dans la cité après
un séjour en dehors. Enfin, certains décrets qui accordent la citoyenneté invitent le
nouveau citoyen à un repas au Prytanée, ce qui rappelle la fonction d’intégration que le
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repas a également, dans d’autres occasions rituelles ou mythiques. Par cette invitation
d’un jour au Prytanée, la cité athénienne se conduit comme un oikos et accomplit un
acte qui s’inscrit dans la tradition de l’hospitalité. En admettant un homme à son foyer,
elle lui reconnaît le temps d’un repas une certaine proximité. Mais elle ne mélange pas
hospitalité et droits politiques : les termes qu’elle emploie précise le statut de chacun,
l’un reste un xenos (étranger), l’autre est un citoyen, et celui qui était un xenos mais qui
est devenu un citoyen participe au repas.
Le Prytanée reçoit aussi des hôtes à vie. La sitèsis à vie est le droit de manger
chaque jour au Prytanée comme hôte de la cité. Les bénéficiaires de ces repas sont
connus par un décret du milieu du ve siècle13. Ce décret a récemment été réétudié par
Evelyn Van Whout et Josine Blok14. Le premier groupe de bénéficiaires, longtemps
désigné comme les prêtres d’Éleusis ou le hiérophante, seraient en fait selon ces deux
auteures les Anakes, c’est-à-dire Castor et Pollux, des dieux invités au banquet, dans
le cadre d’une théoxénie. Les autres bénéficiaires sont : un homme par génération de
la descendance d’Harmodios et Aristogiton, les meurtriers du tyran Hipparque, puis
des personnages choisis par Apollon, peut-être le mantis, le devin. Suivent ensuite les
vainqueurs aux concours Olympiques, Pythiques, Isthmiques et Néméens, dans toutes
les épreuves. On connaît par d’autres textes d’autres détenteurs de la sitèsis à l’époque
classique : les athlothètes des Panathénées pendant le mois Hécatombaion, le descendant
d’un citoyen de Delphes du nom de Cléomantis qui aurait aidé les Athéniens en guerre

13
IG I, 3, 131. La date du décret : 430 ou 424 avant J.-C.
14
Blok, Van’t Wout 2018.

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avec les Péloponnésiens au temps du roi Codros. Le décret des années 430-420 n’est
peut-être qu’un rappel et une confirmation des honneurs concédés antérieurement15.
Et un nouveau décret réglementant l’octroi de la sitèsis aurait été pris à l’époque de
Lycurgue à la fin du ive siècle. Dans l’histoire des repas pris au Prytanée un changement
a eu lieu entre le décret de l’époque de Périclès et celui (qui est présumé) de l’époque de
Lycurgue. La sitèsis au milieu du ve siècle est un honneur qui rappelle le passé d’Athènes.
À la fin du ive siècle la sitèsis entre dans la liste des megistai timai, « les plus grands
honneurs », et devient un honneur civique comme les autres.
Mais entre temps Socrate a réclamé pour lui-même cet honneur. Platon dans
l’Apologie de Socrate rapporte les propos de Socrate devant ses juges.
Qu’ai-je mérité, je le demande, pour m’être ainsi conduit ? J’ai mérité un bon traitement,
Athéniens, si nous voulons être justes. Et sans doute un traitement qui me soit approprié.
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Qu’y-a-t-il de plus approprié à un bienfaiteur pauvre qui a besoin de loisirs pour vous
exhorter ? Rien ne conviendrait à un tel homme, Athéniens, comme d’avoir la sitèsis
au Prytanée. Oui, cela lui siérait bien mieux qu’à tel d’entre vous qui a été vainqueur à
Olympie avec un cheval de course ou un attelage à deux ou un quadrige. Un tel vainqueur
vous procure une satisfaction d’apparence ; moi je vous en apporte une qui est réelle. De
plus il n’a pas besoin d’être nourri ; moi j’en ai besoin. Donc si vous voulez me traiter
justement et selon mon mérite, c’est là ce que je vous propose : de me nourrir au Prytanée16.
Les repas au Prytanée, que l’on soit hôte d’un jour ou hôte pour toujours,
rappellent l’importance du partage de la nourriture auprès du foyer commun dans la
formation de la communauté. C’est un lieu de savoirs qui concerne l’identité civique :
comment s’est constituée la polis, quels sont les personnages qui en ont marqué l’histoire.
Proclamer le nom de ceux qui ont le droit de manger au Prytanée dans l’assemblée, les
inscrire dans un décret, marque la proximité entre ces deux lieux de savoirs, détenteurs

15
J. Blok et E. Van’t Wout proposent de voir dans la prise de ce décret la transformation d’une pratique
honorifique traditionnelle en une institution formelle et abstraite. L’ouverture de la sitèsis vers d’autres
catégories de personnes à la fin du ve siècle serait la raison du vote de ce décret. Au ive siècle en effet certains
personnages politiques reçoivent cet honneur. Iphicrate par exemple, célèbre stratège. Démosthène (Contre
Leptine en 355-354) classe la sitèsis parmi les megistai timai, les plus grands honneurs, en compagnie de la
proédrie et du droit d’ériger une statue sur l’agora. Un décret de 229-228 rappelle les raisons actuelles
d’accorder la sitèsis : valeur militaire, savoir faire politique, richesse, être évergète et bon conseiller. Il
se réfère à un décret antérieur, qui selon l’accord des historiens, aurait-été pris à l’époque de Lycurgue.
Soit entre 338 et 330 avant J.-C. Une loi était sans doute le meilleur moyen de prendre acte de nouvelles
pratiques, de faire entrer dans la législation les changements survenus dans l’octroi de la sitèsis et en même
temps de le réglementer.
16
Platon, Apologie, 36d-e.

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de la mémoire politique. La parole et le vote du dèmos à l’assemblée se doublent d’une


pratique, la commensalité au Prytanée, qui inscrit dans le quotidien une décision et la
rappelle de génération en génération. Ces deux formes d’expression d’un savoir que l’on
pourrait qualifier de politique sont complémentaires.
Au cours du ve siècle se mettent en place progressivement d’autres lieux de
repas du dèmos. Un nouvel espace commun se constitue à Athènes, pris en partie
sur des nécropoles antérieures, en partie sur un habitat, au nord de l’Acropole, c’est
l’agora du Céramique17. Des bâtiments nécessaires à l’exercice des institutions vont
progressivement être construits tout au long du ve siècle. Et avec eux des lieux de
banquets communs.

II- La tholos et ses alentours


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La tholos, bâtiment circulaire construit sur l’agora vers 470 avant J.-C. près
du Bouleutèrion, est le lieu de réunion des prytanes, magistrats créés par la réforme de
Clisthène. Son plan circulaire est une nouveauté dans l’urbanisme athénien18. C’est
le lieu où les cinquante prytanes se rassemblent, sacrifient et mangent le temps de
leur prytanie soit un dixième de l’année. Les traces d’une banquette le long du mur
circulaire de la tholos suggèrent que les prytanes prennent leur repas assis et non
allongés sur des lits de table (klinai)19. Après la fin de la construction de la tholos, une
structure séparée a été rajoutée au nord, identifiée comme une cuisine. Les fouilles de
trois dépôts à proximité immédiate de la tholos ont livré un grand nombre de vases
de banquets, fouilles dont certaines sont très récentes (depuis 2013)20. Les céramiques
trouvées couvrent un siècle. Certaines portent la marque (ligature) DE : delta epsilon
(qui est l’abréviation de dèmosion) (figure 3). Ce qui semble indiquer que la vaisselle
était fournie par la collectivité civique. Les coupes à boire à deux anses et les bols ne sont
pas décorés – ils sont à engobe noire – et ils sont de même taille21.

17
Camp 2010.
18
Pour une mise au point archéologique récente : Longo 2014.
19
Cooper, Morris 1990.
20
Lynch 2011 ; 2014 ; 2015.
21
Steiner 2018. A. Steiner remarque que partager des repas et boire dans des coupes de même taille
illustre bien la nouvelle volonté d’égalité dans la cité. Elle veut marquer la différence entre les repas à la
tholos et d’autres repas communs qui se tiennent à même époque sur l’agora.

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Figure 3 : Tessons avec l’indication dèmosion abrégée en DE.
Crédits/source : adaptée de Rotroff, Oakley 1992, plate 45.

La fonction du repas commun à la tholos a été jugée avant tout utilitaire puisque
les prytanes sont tenus de vivre ensemble un dixième de l’année. Il est possible d’aller
plus loin. Ce repas s’inscrit dans l’héritage de la commensalité de l’époque archaïque
mais il est aussi la marque du changement opéré par la réforme de Clisthène. Il est
réservé aux seuls prytanes, les autres citoyens en sont exclus. Il n’a pas pour fonction
l’intégration de tous les citoyens mais la différenciation, la séparation d’un petit groupe
de citoyens le temps de leur archè, de leur gouvernement. Le repas en commun est une
des conséquences du dispositif institutionnel qui fait des cinquante prytanes le symbole
de la permanence et de la continuité du pouvoir politique et il est l’expression du
partage du pouvoir. L’organisation pratique de ce repas dans la tholos n’incombe pas
à la cité, mais les prytanes reçoivent une somme d’argent – une indemnité : misthos –
pour contribuer à la fourniture des nourritures et de la boisson qu’ils vont consommer
ensemble. La cité « assure la trophè (nourriture) du dèmos » en versant régulièrement
un misthos aux citoyens qui s’occupent des affaires communes22.
22
Schmitt Pantel 2011 [1992].

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Le temps quotidien du symposion qui suit le repas permet aux prytanes de débattre
des questions communes qu’ils vont ensuite aborder devant la Boulè, le Conseil. Il est
difficile de recréer les échanges qui ont lieu alors, mais on peut penser que la grande
habitude de discussion que les citoyens ont acquise dans les repas entre amis dans leurs
maisons ne s’arrête pas aux portes de la tholos. Comme lors du repas quotidien des
Spartiates (le syssition) on peut imaginer que tous les domaines de la vie publique sont
abordés, et particulièrement ceux sur lesquels les prytanes vont être amenés à proposer
des lois. C’est en quelque sorte un conseil des ministres réservé à ceux qui sont en ce
moment en charge de l’exécutif de la cité.
D’autres citoyens athéniens en charge d’une archè prennent aussi leur repas dans
l’espace de l’agora. Les fouilles de la fosse H4:5 qui se trouve à l’angle nord-ouest de
l’agora ont livré des centaines de vases de banquet. Dans un trou de 1,80 m à 2,25 m
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de diamètre, de 1,90 m de profondeur, on a trouvé 840 coupes mais aussi 87 cratères à
figures rouges. Une publication très précise en a été faite23. La datation des céramiques est
comprise entre 475 et 425 avant J.-C., date à laquelle la fosse a été comblée. L’événement
expliquant ce dépôt est vraisemblablement le tremblement de terre qui eut lieu en 426
avant J.-C. à Athènes. Parmi les centaines de tessons une quarantaine porte la marque
delta epsilon DE. Sur d’autres sont inscrits des graffiti, des noms de personnes, des
injures aussi. Peu de matières organiques ont été conservées dans cette fosse, mais des
os d’animaux indiquent la consommation de viandes, les eschara (foyers) évoquent la
cuisson, les pots pour l’huile, pour les condiments, les marmites suggèrent la préparation
des aliments. La provenance du vin peut être connue : les amphores viennent de Chios,
de Lesbos, de Corinthe, mais surtout de vin local. Ce dépôt serait lié à des bâtiments
qui ont pu être utilisés pour abriter les repas ou pour conserver la vaisselle publique : un
grand édifice trapézoïdal se trouve en partie sous la stoa de Zeus Éleutherios (portique
de 23 m de long) et daterait d’environ 475 avant J.-C. La construction de la stoa de
Zeus en 430-420 avant J.-C. le détruit. Une autre construction, plus modeste, se trouve
derrière la stoa Basileios24. La stoa Basileios avait été construite au tout début du ve
siècle puis endommagée par l’invasion perse et reconstruite vers 460 avant J.-C. Outre
l’archonte roi, les autres archontes ont pu siéger dans cette stoa, et tenir des banquets à
proximité. Au ive siècle les neuf archontes reçoivent de l’argent pour leur nourriture :
quatre oboles chacun, ce qui est beaucoup plus que les prytanes qui reçoivent chacun

23
Rotroff, Oakley 1992.
24
Di Cesare 2014.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


Les banquets comme lieux de savoirs 329

une obole. Toutefois la quantité de matériel trouvé plaide pour la tenue de repas plus
importants en nombre de convives : non seulement les archontes, mais peut-être aussi
les hipparques, les philarques, les stratèges25. Ce dépôt peut être aussi relié à la tholos
qui était proche. Bref l’énigme demeure du statut exact des convives. Mais pour notre
propos cette découverte archéologique confirme l’existence d’un temps de symposion
partagé par de nombreux magistrats athéniens. Et par conséquent de l’utilisation de ces
moments conviviaux comme incubateurs et distributeurs de savoirs (figure 4).
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Figure 4 : Les lieux de repas de l’Athènes démocratique identifiés par l’archéologie.
Crédits/source : Pompeion, adaptée de Travlos 1980, p. 478, pl. 602 ; tholos adaptée de Travlos 1980, p. 555, pl. 693 ; stoa
sud adaptée de Travlos 1980, p. 535.

25
Steiner 2002. Dans cet article, Ann Steiner suggère la tenue de repas par les phylarques et les
hipparques. Elle fait une étude détaillée des vases pour montrer que la céramique de banquet indique que
les convives appartenaient à une élite athénienne, dans la tradition du banquet aristocratique archaïque, ce
qui, selon elle, va bien avec le statut social des archontes. Je ne la suivrai pas du tout sur cette voie, ni dans
ses hypothèses non fondées sur les railleries concernant le gouvernement de la chose publique.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


330 Pauline Schmitt Pantel

III- La stoa sud


L’existence de la stoa I sud vient confirmer ce point.26 La stoa sud est un portique
de 15 m de large sur 80 m de long. Selon la céramique trouvée sur place il fut édifié
pendant les trente dernières années du ve siècle avant J.-C. Il n’y a pas de traces de
structures antérieures. Le bâtiment comporte seize pièces qui sont de taille égale : 4,80 m
de côté, avec une entrée légèrement décentrée, ce qui est le signe architectural de la
salle à manger grecque (l’andrôn), le pavement est caractéristique des salles de banquet
également et dans quelques pièces on a trouvé des restes de repas. La structure a d’abord
été identifiée comme le Thesmotheteion. Puis deux interprétations de sa fonction ont
été privilégiées : une salle de banquets liée à une aire sacrée utilisée par les éphèbes et
les magistrats lors des Panathénées et une fonction commerciale, ce serait le portique
de la farine : alphitopôlis. Je retiens l’hypothèse d’un véritable hestiatorion, un ensemble
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de salles permettant de s’allonger sur des klinai pour banqueter (105 lits de tables et
autant de convives). En effet l’édifice qui a été construit vers 475 avant J.-C. et servait
aux repas a été détruit par la construction de la stoa de Zeus vers 430-420 avant J.-C. Or
c’est dans cette période qu’est érigée la stoa I qui pourrait l’avoir remplacé. L’idée d’une
utilisation plurifonctionnelle de cet espace bâti est bien sûr attrayante, il aurait servi
pour différentes occasions de banquets. Cet ensemble marque en tout cas la volonté de
donner au cœur du domaine public athénien des lieux permanents à une activité – les
banquets, le partage et les échanges de savoirs – qui semble essentielle à la délibération
et la prise de décision collective, bref à l’exercice de la citoyenneté (figure 5).

26
Marginesu 2014.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


Les banquets comme lieux de savoirs 331
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Figure 5 : Agora, stoa sud, pièce V.
Crédits/source : reconstitution et dessin de H. A. Thompson, « Excavations in the Ancient Agora: 1953 », Hesperia, 23, 1954,
p. 44, fig. 4.

IV- Le Pompeion et l’hestiasis


Pour terminer le parcours des lieux de repas dans cette nouvelle agora du
Céramique, il faut aller jusqu’à l’entrée de la porte du Dipylon. En ce lieu un bâtiment
a été construit à la fin du ve siècle : le Pompeion. Il est le point de départ de certaines
processions dont celle des Panathénées. Mais il est aussi le lieu du partage des viandes
après les grands sacrifices comme lors des Panathénées et le lieu de la tenue de banquets27.
Il comprend deux salles de quinze lits chacune, deux salles de onze lits, deux salles de
sept lits, associées à une cour péristyle où l’on pouvait dresser de nombreux autres lits
de table, sans compter l’utilisation de l’espace autour du Pompeion proprement dit. La
découverte de traces de trous de poteaux près de la porte du Dipylon semble indiquer que
des abris temporaires, des tentes, étaient installés à proximité du bâtiment permettant
d’abriter une population importante de banqueteurs. Des restes d’ossements de bœufs
trouvés au nord du Céramique confirment cette fonction. Aux quelques « officiels »

27
Hoepfner 1976 ; Monaco 2014.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


332 Pauline Schmitt Pantel

ou notables restaurés dans les salles de banquets du Pompeion s’ajoutait alors une partie
du dèmos athénien. Ces trous peuvent aussi être la trace de bâtiments antérieurs à la
construction du Pompeion, soit des structures en bois qui auraient servi de lieu de
banquets pendant une grande partie du ve siècle. L’organisation de certains de ces repas
faisait l’objet d’une liturgie : l’hestiasis. Toutes les grandes fêtes athéniennes annuelles
qui comportaient des sacrifices devaient donner lieu à des banquets soit immédiatement
après le sacrifice, soit plus tard de retour dans les dèmes avec les parts de viande distribuées
lors des sacrifices. Pour certaines de ces fêtes la responsabilité de l’organisation des repas
revenait à un citoyen chargé d’une liturgie particulière : l’hestiasis. Comme les autres
liturgies, l’hestiasis avait pour cadre la tribu qui était au nombre de dix à Athènes. Il y
avait donc en principe dix Athéniens chargés de la liturgie de l’hestiasis chaque année à
Athènes. Le responsable de la liturgie ou hestiator (hôte), désigné par le tirage au sort ou
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parfois volontaire, devait nourrir les citoyens de sa tribu lors des grandes fêtes civiques.
Cette liturgie est attestée par les textes pour au moins deux fêtes : les Panathénées et
les Dionysies. La signification de cette liturgie est la même que celle des autres liturgies
comme la chorégie et la triérarchie, il s’agit de mettre en commun des pratiques pour
créer davantage de communauté entre les citoyens dans tous les domaines. Lors des
Panathénées, deux sacrifices ont lieu sur l’Acropole, le premier donne lieu à un partage
hiérarchique des viandes entre les participants à la procession et les magistrats de la
cité, les parts de viande du second sacrifice sont distribuées au peuple dans le quartier
du Céramique en fonction de leur appartenance aux dèmes. C’est ce second partage
qui pourrait avoir été suivi d’un grand banquet, soit au Céramique, soit dans le cadre
des tribus ou même des dèmes. L’existence du Pompeion plaide en la faveur d’une
localisation au moins partielle de ce banquet dans le Céramique.
Lors des Grandes Dionysies (du dix au quinze Élaphèboliôn) la première journée
comprenait une procession où défilaient les bœufs offerts par la cité, les clérouquies, les
alliés et les riches particuliers, elle se terminait par une hécatombe et des banquets. On
ne connaît pas le rôle exact des hôtes publics dans cette fête, ni le lieu exact du banquet à
l’époque classique. Beaucoup plus tard, Hérode Atticus offrit à boire au Céramique aux
habitants de la ville et aux étrangers allongés sur des jonchées de lierre. Peut-être est-ce
déjà le cas à l’époque classique. Le décret sur l’organisation des Petites Panathénées qui
date du milieu du ive siècle prescrit en effet que la distribution des viandes ait lieu au
Céramique, un lieu charnière entre l’Asty et la chôra, « comme pour les autres partages
de viandes »28. La liturgie de l’hestiasis règlemente la tenue de certains repas pris dans
28
IG II2, 334.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


Les banquets comme lieux de savoirs 333

les lieux communs, mais ceux-ci peuvent aussi à Athènes dès le ve siècle être offerts par
de riches citoyens. Ainsi Cimon, Alcibiade et Nicias ont été à diverses reprises les hôtes
des citoyens29.
Si l’on compare les banquets qui ont lieu à la tholos et dans les édifices réservés
aux magistrats sur l’agora à ceux qui se déroulent au Pompeion et tout autour, le
changement d’échelle saute aux yeux. Ce lieu de commensalité et de symposion est ouvert
à l’ensemble des citoyens et non plus réservé à ceux qui détiennent une archè. Mais les
pratiques restent les mêmes : de multiples savoirs s’échangent par la parole, les chants,
les gestes, l’ébriété, voire les injures et les querelles. L’importance de ces moments dans
la vie civique et pour le fonctionnement du vivre ensemble démocratique me semble
confirmée par le souci constant de la communauté civique de construire tout au long
du ve siècle des édifices et de réserver des espaces au cœur de la ville qui permettent de
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tels échanges. Tout comme le théâtre ou le sanctuaire, les lieux de repas communs font
partie de l’élaboration d’une sociabilité civique.
Deux autres occasions de banquets me paraissent au cœur de cette enquête sur
les savoirs : les repas lors des fêtes des Thesmophories et lors des fêtes des Apatouries. Ils
nous conduisent sur la Pnyx puis dans l’ensemble du territoire de l’Attique.

V- La Pnyx et les Thesmophories


Entre l’Acropole où les banquets communs n’ont pas vraiment leur place, à
l’exception de ceux d’un nombre restreint de citoyens dans la Pinacothèque qui peut
être aménagée en salle de banquet de dix-sept lits, et l’agora du Céramique, un autre
lieu de banquet existe au centre de la cité, sur la Pnyx, lors de la fête des Thesmophories.
Cette fête en l’honneur de Déméter et Koré a lieu pendant trois jours au mois de
Pyanopsion (octobre). Elle est réservée à des femmes mariées à des citoyens athéniens.
Le troisième jour des Thesmophories, le jour de Kalligeneia (la belle naissance), les
femmes abandonnent le jeûne qu’elles pratiquent les deux jours précédents, elles offrent
un sacrifice et font un banquet. Le lieu où les femmes se tiennent depuis le début de la
fête est le Thesmophorion situé sur la Pnyx, lieu où se rassemble d’ordinaire l’assemblée
(l’ecclèsia). Tout ce qui va servir au sacrifice et au repas est fourni par deux femmes qui

29
Schmitt Pantel 2009b.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


334 Pauline Schmitt Pantel

sont choisies dans chaque dème, soit des dizaines de femmes responsables. Les frais
incombent en fait à leur époux comme le rappelle l’orateur Isée30.
Le cadre est celui d’une liturgie de type de l’hestiasis. Le citoyen revêt la
responsabilité de cette liturgie à la place de son épouse qui n’a pas le droit de cité. Un
décret du dème de Cholargos donne la liste de ce qu’il faut fournir pour le repas. Le
sacrifice sanglant et la consommation de viandes lors du banquet sont attestés par des
scholies à la pièce d’Aristophane Les grenouilles. La prise en charge du banquet par la
communauté civique par le biais d’une sorte de liturgie imposée aux riches époux est
une manière de souligner l’importance de la fête dans le système politique athénien. Les
femmes des Thesmophories sont des épouses-mères, et c’est ce double statut de femme
légitime et de mère de futurs citoyens qui explique leur participation à un banquet
sacrificiel. Après s’être provisoirement retirées de la vie civique (les deux premiers jours
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de la fête) les épouses y sont réintégrées par le sacrifice et le banquet du dernier jour.
Quiconque participe à la fête des Thesmophories fait connaître son statut d’épouse
et de mère de citoyen, bref d’Athénienne, un savoir qui importe à tous dans la cité,
puisqu’il conditionne la reproduction du système politique. Il en est de même lors des
repas de la fête des Apatouries.

VI- Les phratries et les Apatouries


La fête des Apatouries, commune à de nombreuses cités ioniennes, est célébrée
dans le cadre des phratries, des groupes de personnes qui se reconnaissent des ancêtres
communs. Les lieux de célébration et de repas sont donc dispersés sur tout le territoire
de l’Attique. Cette fête est l’occasion de l’intégration de nouveaux membres dans la
phratrie. Elle dure trois jours au mois de Pyanopsion (octobre). Le jour appelé Dorpia
a lieu un repas entre les phratères. Le jour appelé Anarussis est le théâtre de nombreux
sacrifices en l’honneur de Zeus Phratrios et d’Athéna. Le jour appelé Koureotis ont lieu
plusieurs offrandes : le koureion, soit le don fait par le jeune homme de sa chevelure au
sortir de l’adolescence à une divinité, la gamèlia soit un sacrifice et un repas qui rendent
public le mariage d’un phratère et par conséquent indiquent le statut d’épouse d’une
jeune femme, et enfin le meion, un autre sacrifice. Dans cette fête, la phratrie resserre les
liens entre tous ceux qui ont un même père (un ancêtre commun) et affirme son identité

30
Selon Isée, III, 80, Sur la succession de Pyrrhos : « Dans son dème, un homme qui possédait trois
talents de fortune aurait été tenu s’il avait été marié d’offrir au nom de sa femme légitime le repas des
Thesmophories aux femmes du dème ». Voir Schmitt Pantel 2011, p. 131-135 [1992], et Schmitt Pantel
2009a, p. 123-144.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


Les banquets comme lieux de savoirs 335

à un moment crucial : celui où elle va accueillir de nouveaux membres. Et c’est un


repas qui est choisi pour dire la communauté entre les phratères et pour rendre public
l’intégration des jeunes à la phratrie. Le banquet est ainsi le lieu d’un savoir capital :
celui de connaître et reconnaître les membres de la communauté des phratères et au-
delà des citoyens, puisque les phratries jouent le rôle de cellule de base du lien civique31.
Ainsi lors des Thesmophories comme des Apatouries les banquets construisent des
savoirs qui portent sur l’appartenance au groupe, savoirs qui sont inextricablement liés
aux rituels et à la définition de la citoyenneté.
La topographie des banquets à Athènes est beaucoup plus riche encore, pour s’en
convaincre il suffit de parcourir les dèmes et les espaces communs réservés aux réunions
des tribus par exemple, sans oublier les très nombreux sanctuaires et les associations
cultuelles32. Les calendriers des rituels des dèmes inscrits sur pierre sont d’excellentes
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sources pour constituer une encyclopédie des savoirs. On pourrait pour chaque fête
athénienne donnant lieu à des banquets se demander quels savoirs étaient ainsi constitués,
répétés, parfois réactivés, ou même oubliés. Comme d’autres recherches publiées dans
ce livre l’ont souligné, les savoirs sont de diverse nature et ils circulent différemment
selon les lieux. Des pentes nord de l’Acropole jusqu’au Céramique en passant par la
Pnyx et même par l’ensemble du territoire de la polis avec les repas des phratries, j’ai
repéré quelques lieux de banquet commun où se tissait de façon chaque fois différente
un lien avec des savoirs. J’ai pu suivre aussi l’intérêt constant porté par la cité à la bonne
tenue de cette commensalité en repérant la monumentalisation progressive des lieux
de banquet. Cette topographie des savoirs liés aux banquets communs pourrait être
cartographiée, elle surprendrait à la fois par la densité des lieux au centre de la ville et
par leur dispersion sur toute l’Attique, un véritable réseau qui tisse l’espace de la cité.
Les inscriptions et les données archéologiques sont les sources sur lesquelles
s’appuie une telle description. Mais l’importance de la commensalité et du symposion à
Athènes à l’époque classique se lit aussi dans les images peintes sur les vases33 et dans les
textes déclamés au théâtre ou chantés dans les sanctuaires. Je prendrai un seul exemple :

31
Un exemple : IG2 1237. L’inscription de la phratrie des Démotionides comprend plusieurs décrets pris
entre le début et le milieu du ive siècle avant J.-C. réglementant le fonctionnement de la phratrie qui avait
son siège dans le dème de Décélie. Les textes juxtaposent deux séries de gestes : des offrandes (animaux,
pains, vin, argent) et la tenue d’un repas dans une fête centrée sur l’admission des jeunes dans la phratrie.
Le sacrifice a lieu sur l’autel de Décélie. Voir Ismard 2010, et texte de l’inscription p. 427-432.
32
Ismard 2010.
33
Lissarrague 1999.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


336 Pauline Schmitt Pantel

la tragédie d’Euripide, Ion, parce qu’elle propose une synthèse des différentes formes de
repas dans la cité athénienne.

VII- Les banquets d’Ion


La tragédie d’Euripide représentée en 418 avant J.-C. au théâtre de Dionysos
à Athènes met en scène l’histoire d’Ion, jeune homme né de l’union d’une fille
d’Érechthée, Créuse, et du dieu Apollon34. La trame du récit est ponctuée de banquets35.
Xouthos, l’époux de Créuse, s’adresse ainsi à Ion :
Ne parle plus ainsi, apprends à être heureux. Car je veux, au lieu même où je t’ai retrouvé,
afin d’inaugurer notre table commune (koinè trapezè), à un commun festin (daita koinèn)
prendre place avec toi, offrir le sacrifice omis à ta naissance (genethlia). À présent je te fête
en t’offrant un repas (deipnon) comme un hôte invité au foyer (ephestion) l’on ramène.
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Et puis tu me suivras vers la terre d’Athènes ainsi qu’un visiteur (theatès), et non point
comme un fils […]. Allons convoque en foule aux joies de l’hécatombe (bouthusia), du
festin (hèdonè), tes amis, et fais-leur tes adieux avant de t’en aller de la cité de Delphes36.
Xouthos évoque trois types de repas. Il propose d’abord une dais koinè un
repas commun fondé sur le partage qui marquerait le début de la trapezè koinè, la table
commune, qui réunira désormais Xouthos et Ion. C’est le signe, en Grèce, de la vie sous
le même toit, dans le même oikos. Cette dais s’accompagne du sacrifice normalement
offert le cinquième ou le septième jour après la naissance de l’enfant : les genethlia lors
de la cérémonie des amphidromies, moment où l’enfant est accepté et légitimé par le
père. Par ce sacrifice et ce repas, Ion est reconnu comme le fils de Xouthos, et agrégé au
foyer paternel. À Athènes, Xouthos étant un étranger, cela ne signifie pas qu’Ion soit
intégré au foyer d’Érechthée.

34
J’emprunte le résumé de l’histoire d’Ion à Loraux 1981, p. 198, « Créuse autochtone » : « Violée
par Apollon, Créuse, fille d’Érechthée a exposé son enfant qu’elle croyait mort. Elle a ensuite épousé
Xouthos, descendant de Zeus, mais étranger à Athènes. Leur union est stérile. Aussi viennent-ils à Delphes
consulter Apollon au sujet de leur postérité. Ils y rencontrent un adolescent qui n’est d’autre que l’enfant
jadis exposé, sauvé par son géniteur divin. Pour que l’enfant rentre en possession de son foyer, Apollon le
donne à Xouthos. Fureur et désespoir de Créuse qui complote la mort de celui qu’elle croit être le fils de
son époux. Après avoir tenté chacun à son tour de supprimer l’autre, le fils et la mère se retrouvent face à
face : Créuse reconnaît son enfant. Départ pour Athènes où Ion héritera du pouvoir de ses ancêtres les
Érechtéides. »
35
Schmitt Pantel 2011, p. 209-221.
36
Euripide, Ion, 650-665.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


Les banquets comme lieux de savoirs 337

Le second type est un repas d’hospitalité tout à fait banal. Ion est dans ce cas
un étranger, xenos, qualifié également de theatès, visiteur, et Xouthos en l’invitant agit
conformément aux règles d’hospitalité. Le troisième type est un repas entre amis (philoi)
qu’offre Ion, avec cette nuance que les amis sont les citoyens de Delphes. Ce repas d’amis
est en fait un repas civique. Repas de reconnaissance, geste d’hospitalité, banquet
civique, Euripide déploie l’éventail des significations possibles de la commensalité.
Créuse sait que la participation d’Ion au grand banquet commun lui permettra d’être
reconnu comme citoyen d’Athènes et descendant d’Érechthée, et c’est alors qu’elle agît
et tente de l’empoisonner. La pièce d’Euripide donne alors la seule description détaillée
qui nous soit parvenue d’un banquet auquel participe tout le dèmos dans un texte du
ve siècle avant J.-C. Delphes est en effet dans cette pièce le miroir d’Athènes. Les repas
décrits permettent de suivre la construction de l’identité d’Ion et de la reconnaître :
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devenir un fils légitime, être un hôte possible, appartenir à une communauté civique,
être le descendant d’Érechthée et donc le roi d’Athènes. Le drame se joue lors du
symposion, ultime étape de la construction de l’identité du jeune Ion. Dans le théâtre
de Dionysos, les spectateurs venus entendre les échos contemporains d’une très vieille
histoire de leur cité, celle des débuts de la royauté, partageaient sans doute entre eux
cette description de la fonction des banquets, qui était vraisemblablement la leur à la fin
du ve siècle. Le théâtre est aussi le lieu d’expression de savoirs partagés.

VIII- En conclusion : pour une étude croisée des lieux de savoir


À explorer un thème particulier, pour moi celui des banquets, je ressens bien
la difficulté qui réside dans une étude séparée et juxtaposée des lieux de savoirs. Un
exemple permet de l’illustrer. Un événement politique majeur dans l’histoire de la cité
athénienne est le meurtre par deux citoyens du tyran Hipparque en 514 avant J.-C.
à Athènes lors de la fête des Panathénées. Harmodios et Aristogiton sont tués à leur
tour et deviennent les héros de la libération d’Athènes de la tyrannie. Leur souvenir est
très rapidement fixé dans le bronze : deux statues sont élevées en leur honneur dès 510
avant J.-C., œuvres du sculpteur Anténor. Emportées par les Perses comme butin en
480 lors de la prise d’Athènes, elles sont remplacées en 477-476 par un autre monument
commémoratif en bronze réalisé par Critios et Nésiotès qui est installé sur l’agora. Ce
second groupe, dit des Tyrannoctones (assassins du tyran), est connu par des vases, des
monnaies, des bas-reliefs de marbre et un groupe de deux statues d’époque romaine37.
Ce monument est le premier qui ait eu une signification ouvertement politique. Or
37
Parmi une bibliographie abondante, Fehr 1989 (1984) ; Hölscher 2010 ; Azoulay 2014.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


338 Pauline Schmitt Pantel

cet événement fondateur de la démocratie, la mort du tyran, est présent dans un autre
lieu de savoir. Peu après l’assassinat d’Hipparque, un scolion (une chanson) circule dans
les banquets au sujet des conjurés disant que les Athéniens doivent à Harmodios et
Aristogiton l’instauration de l’isonomie (l’égalité devant la loi). Ainsi la fabrication de
cet événement clef de l’idéologie démocratique s’est fait au sein des groupes de citoyens
qui participent aux symposia, un lieu de sociabilité et de débat politique tout à la fois,
avant de se diffuser dans d’autres lieux publics de la cité. Aristophane y fait plus tard
allusion dans ses comédies. Enfin les descendants d’Harmodios et d’Aristogiton sont
honorés par la cité de plusieurs manières. L’aîné d’entre eux reçoit le droit de manger
sa vie durant au Prytanée, le foyer commun de la cité, c’est le privilège de sitèsis, une
place dans les premiers rangs du théâtre, c’est la proédrie, et il est dispensé de payer
des taxes : l’atélie. Ces honneurs continuent pendant plusieurs générations. L’exemple
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des meurtriers du tyran Hipparque qui ont ouvert la voie à l’instauration de l’égalité
devant la loi à Athènes, rappelle que les lieux de savoirs qui en construisent l’histoire
ont été fort divers : un monument, un tombeau, un rituel, mais aussi une chanson lors
d’un banquet et l’octroi d’honneurs dont la sitèsis au Prytanée. La diversité des lieux
et des processus du savoir, révélé par cet exemple, plaide bien sûr pour une étude, non
seulement complémentaire mais aussi croisée des lieux de savoirs, pour restituer la
complexité des liens qui forgent l’appartenance à une cité, comme ici celle d’Athènes.

DHA, supplément 27, 2023 – CC-BY


Les banquets comme lieux de savoirs 339

Bibliographie

Abréviations

Solonos Nomoi = E. Ruschenbusch, Solōnos Nomoi: die Fragmente des Solonischen Gesetzwerkes mit einer
Text- und Überlieferungsgeschichte, Wiesbaden, 1966.

Études

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Blok J., van’t Wout E. (2018), « Table Arrangements: Sitesis as Polis Institution (IG 13 131) », dans
Fl. Van den Eijnde, J. Blok, R. Strootman (eds), Feasting and Polis Institutions, Leiden-Boston,
p. 181-204.
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Bruit L. et al. (2004), « Banquet », dans Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum, vol. 2, Los Angeles,
p. 215-297.
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