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Le symbolisme du labyrinthe : interprétation

Le symbolisme du labyrinthe : signification et sens caché. Comment


interpréter le labyrinthe et son centre ?

Apparu dès la préhistoire et présent dans de nombreuses civilisations,


le labyrinthe est un motif géométrique (cercle, carré, polygone…) qui
représente un cheminement complexe comportant de nombreuses impasses et
fausses routes.

Le but de celui qui l’emprunte est de rejoindre la sortie ou d’atteindre le centre,


sorte de lieu sacré.

Selon les cas, le labyrinthe est un jeu, une épreuve ou une allégorie. Spatial ou
mental, il possède un symbolisme riche et profond, qui évoque la quête, le secret
ou la Connaissance.

Le mot « labyrinthe » serait issu d’une racine indo-européenne très ancienne,


dont la signification renvoie à un « système complexe de bâtiments en pierre ».

Dans la mythologie grecque, l’ingénieux Dédale est mandaté par Minos, roi de
Crète, pour créer un labyrinthe afin d’y enfermer le Minotaure, monstrueuse
créature née des amours de la reine Pasiphaé (épouse du roi) et d’un taureau,
union voulue par Poséidon. Plus tard, après avoir vaincu les Athéniens, Minos
exige de ces derniers qu’ils lui envoient régulièrement des jeunes hommes pour
les livrer au labyrinthe et au Minotaure. Révolté par cette pratique, un jeune
Athénien, Thésée, décide d’affronter la terrible bête. Thésée s’éprend d’Ariane,
fille de Minos opposée à son père. Ariane donne à Thésée une pelote de fil afin
qu’il puisse retrouver la sortie du labyrinthe. Thésée parvient à tuer le
Minotaure et regagne la sortie.
Thésée représente le courage et la maîtrise, Ariane l’ingéniosité. L’alliance de
ces deux-là permet d’arriver à bout du labyrinthe.

Thésée et Ariane, British Museum

Entrons dans le symbolisme du labyrinthe.

Le symbolisme du labyrinthe.
Le labyrinthe représente d’abord une difficulté : c’est une épreuve des plus
angoissantes puisque la progression se fait à l’aveugle. La danger se trouve à
chaque recoin. Le parcours est parsemé d’embuches. Ainsi, le labyrinthe est
synonyme d’adversité, de terreur, d’erreur, d’égarement et de mort.

Seules l’intelligence et la ruse pourront permettre de sortir du labyrinthe : il


faudra interpréter des indices, résoudre des énigmes et mettre en place des
stratégies (cf. le fil d’Ariane, les cailloux du Petit Poucet…).

Le labyrinthe mental.

Le labyrinthe évoque un espace inconnu, ténébreux. On peut y voir l’image


du mental, de l’inconscient ou du subconscient.
Visiter notre labyrinthe intérieur, c’est affronter la part sombre de nous-mêmes.
C’est rechercher l’origine de nos peurs et de nos passions, c’est identifier le
mécanisme de nos instincts. C’est affronter notre propre image, comme dans le
palais des glaces (labyrinthe de miroirs).

Visiter l’intérieur de soi-même consiste à y introduire la lumière de


la conscience : la connaissance de soi offre le plan du labyrinthe.

Remarque : Le labyrinthe peut aussi symboliser la mémoire (se souvenir du


chemin ou le perdre) et l’apprentissage.

Le labyrinthe : une quête personnelle.

La traversée du labyrinthe évoque une quête personnelle et spirituelle. Il s’agit


de passer du « moi » au « soi », du paraître à l’être, de l’illusion à la réalité ou
encore du chaos à l’ordre.

Il s’agit de trouver son chemin de vie.

Cette recherche nécessite effort, courage et persévérance. Il faudra s’ouvrir à


l’inconnu, renoncer à ce que l’on croyait savoir et développer de nouveaux
modes de pensée.

Cette quête fait penser à celle du Graal, objet qui symbolise la vérité et
l’immortalité. Rappelons qu’après avoir aperçu le Graal dans le palais du Roi-
pêcheur, le chevalier Perceval passera tout son temps à tenter de retrouver le
château et la coupe.

Le thème du mystère et du secret.

Le labyrinthe évoque l’inconnu, le mystère de la vie, le secret de


l’existence. Percer le secret nécessite de se dépasser, de se mettre en danger,
voire de se sacrifier. Dans certains cas, il faudra être aidé, initié ou accompagné.

Pour accéder aux secrets, il faut accepter de mourir. Cette mort initiatique est la
porte d’entrée d’une nouvelle vie et d’un nouveau monde.

Le symbole du savoir et de la Connaissance.


Le labyrinthe évoque une construction complexe. Ce peut être une construction
mentale, une musique, une danse, une somme de savoirs accumulés, ou le
contenu d’un Livre sacré.

La Bible peut être assimilée à un labyrinthe : elle nécessite un effort de


décryptage et d’interprétation. Il s’agira de trouver le fil conducteur qui mène à
l’entrée du Royaume de Dieu. Telle est la définition de la Connaissance
sacrée.

Remarque : le labyrinthe peut aussi être vu comme la matière au sein de


laquelle l’esprit tente de percer.

Le centre du labyrinthe et son symbolisme.

Le centre du labyrinthe évoque un point de paix et d’harmonie : c’est l’équilibre


retrouvé, le centre de la croix ou encore l’accès au Soi.

Ce point central évoque l’axe du monde, le tao (la Source, la voie droite),
le coeur, l’arbre de vie au centre du jardin d’Eden ou encore le Saint des
saints du Temple de Salomon.

Tel l’œil du cyclone, c’est un lieu de paix au coeur de la tourmente, un point


d’harmonie au milieu des souffrances dues à l’agitation de notre mental.

Au centre du labyrinthe se trouve parfois une pierre qui peut évoquer la pierre
cubique des franc-maçons ou la Pierre philosophale des alchimistes (signe
d’un éveil spirituel complet).

Le labyrinthe : un symbole maçonnique ?


Le labyrinthe n’est pas directement évoqué en loge, mais son analyse renvoie à
de nombreux symboles maçonniques tels le bandeau (l’aveuglement du
profane), la pavé mosaïque (la dualité), le parcours initiatique (décrivant des
cercles concentriques), le cabinet de réflexion (espace ténébreux où l’on se
confronte à soi-même) ou encore le VITRIOL (« Visite l’intérieur de la
Terre… »).
Entrer dans le labyrinthe, c’est visiter l’intérieur de soi-même pour y trouver la
pierre cachée, la parole perdue ou l’authenticité primordiale. Nous parlons bien
d’un cheminement initiatique.

Par ailleurs, le labyrinthe constituait la signature de certaines confréries de


bâtisseurs de cathédrales, ancêtres des franc-maçons. Il n’est pas rare de trouver
des labyrinthes représentés sur le sol des églises ou des cathédrales françaises.

Le labyrinthe et son symbolisme dans les églises et


cathédrales.

On trouve les labyrinthes ou dédales au sol ou au mur des cathédrales


d’Amiens, de Bayeux, de Chartres, de Mirepoix, de Poitiers, de Saint-Quentin,
d’Arras, d’Auxerre ou encore de Toulouse.

Ces labyrinthes sont censés bloquer l’accès des démons venant de l’ouest (lieu
du soleil couchant, donc de la mort). Ils ont une fonction substitutive au
pèlerinage vers les Lieux saints. A ce titre, le centre du labyrinthe est appelé
« Jérusalem » ou « paradis ». Traditionnellement, le trajet se fait à genoux, en
récitant des prières.

Ici, le Minotaure est associé au Diable, Thésée à Jésus. Le labyrinthe est le


chemin vers la vie éternelle.

A noter que les labyrinthes présents au seins des édifices religieux sont
traditionnellement formés de onze cercles concentriques, sans impasse ni cul-
de-sac pour faciliter la progression des fidèles.
Labyrinthe de la cathédrale d’Amiens (identique à celui de Saint-Quentin)

Labyrinthe de la cathédrale de Chartres

A Chartres, le labyrinthe est le parfait exemple de mariage entre Antiquité et


pensée chrétienne. L’école théologique de Chartres incitait ses étudiants à lire
Aristote et s’approprier les matières profanes, dont l’arithmétique, la géométrie
et l’astronomie.

Autres parallèles symboliques.


Le symbolisme du labyrinthe évoque entre autres :

 le voyage par exemple celui d’Ulysse, véritable odyssée initiatique,


 le pèlerinage,
 l’espace et le temps,
 l’infini,
 la spirale,
 les métaux et planètes alchimiques (parcourues selon un itinéraire en
spirale),
 la grande ville,
 le piège,
 le nœud (par exemple le nœud de Salomon),
 la défense du lieu sacré (contre les intrus, les démons ou le mal),
 la bibliothèque (cf. Umberto Eco, Le Nom de la rose),
 l’étoile qui rayonne autour de son centre,
 les mandalas (dans le bouddhisme, représentation symbolique de
l’univers sous forme de figure géométrique),
 la caverne (de Platon) ou la grotte,
 le paradis,
 le Saint des saints,
 l’Enfer, par exemple celui de Dante avec ses 9 cercles concentriques,
 le cercle solaire,
 etc.

Au final, le labyrinthe représente l’épreuve initiatique qu’il faut traverser pour


accéder au centre caché, point de vérité ultime. Le labyrinthe opère un tri parmi
les hommes, il agit comme un filtre. Atteindre son centre nécessite
d’abandonner une partie de soi-même, de se transformer. Le meilleur chemin
est sans aucun doute celui du coeur.

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