Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Des lieux
de mobilisation et d’acquisition de savoirs politiques
Louise Fauchier
Dans Dialogues d'histoire ancienne 2023/Supplément27 (S 27), pages 167 à 190
Éditions Presses universitaires de Franche-Comté
ISSN 0755-7256
DOI 10.3917/dha.hs27.0167
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Louise Fauchier
Université Lumière Lyon 2 – HiSoMA UMR 5189, France
Louise.Fauchier@univ-lyon2.fr
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
1
Je remercie vivement Noémie Villacèque, Étienne Helmer et Marco V. García Quintela pour leurs
relectures et pour leurs conseils avisés. Sauf mention contraire, les traductions des textes anciens cités sont
issues de la Collection des Universités de France (CUF), éditée par Les Belles Lettres.
2
Voir dans le présent volume la contribution de M. C. D’Ercole, « Savoir vendre. Les pratiques de la
vente en Grèce classique, entre visibilité, esthétique et performance », p. 149-166.
3
Sur les pratiques collectives comme actes du politique, voir particulièrement Schmitt Pantel 1992 ;
2021. Voir aussi dans le présent volume la contribution de P. Schmitt Pantel, « Les banquets comme lieux
de savoirs », p. 319-341. Sur l’importance de ses travaux sur le politique (une nouvelle manière de penser le
politique en Grèce ancienne), cf. Sebillotte-Cuchet 2021. D’autres travaux sur le politique et les pratiques
collectives : par exemple Azoulay 2004 ; Ismard 2010 et récemment Azoulay, Ismard 2020. Cf. également
Mansouri 2002, p. 41, n. 1.
4
Azoulay 2006, p. 134.
ensemble et la manière de faire cité, englobant à la fois les règles institutionnelles et des
manières de vivres communes, renvoyant alors à la notion de politeia5. Les pratiques
collectives, au même titre que les pratiques du gouvernement – qui constituent la
politique –, font de la cité une communauté politique. Dès lors, le koinon, « le domaine
du commun », constituerait le socle sur lequel se construit le politique, cet art de
vivre en communauté6. Dans cette perspective, les lieux marchands semblent avoir
constitué d’importants espaces du politique. La question a été partiellement traitée par
S. Mansouri, S. Lewis, Fr. Larran et plus récemment par R. Matuszewski dans des écrits
interrogeant la communication et les interactions sociales à l’œuvre sur l’agora, dans
les boutiques et les ateliers des cités en général et d’Athènes en particulier7. Par ailleurs,
les travaux de K. Vlassopoulos et d’A. Gottesman ont particulièrement mis en exergue
la place de ces espaces informels (non-institutionnels) de la politique, notamment
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
5
Azoulay 2006 ; 2014.
6
Schmitt Pantel 2021. Sur la révision des perspectives sur le politique, voir Sebillotte-Cuchet 2021.
7
Mansouri 2002. Voir plus récemment Mansouri 2010, p. 125-147 ; Lewis 1995 ; 1996, p. 15-18 ;
Larran 2011 ; Matuszewski 2019. Sur l’agora et les boutiques comme espaces de communication, voir
également Coulet 1996, p. 56 sq. Sur le marché comme lieu d’échanges, Wycherley 1956 ; 1957.
8
Vlassopoulos 2007 ; Gottesman 2014 (en particulier p. 55-63). Vlassopoulos développe le concept de
free spaces pour désigner les espaces d’interactions entre citoyens, étrangers, esclaves et femmes.
1- Boutiques de barbier
Les auteurs anciens font de la boutique du barbier un centre de nouvelles par
excellence11. Leurs boutiques sont des lieux de rencontre où les bavards viennent
s’asseoir et tenir des propos de toutes sortes, où l’on commente notamment les faits et
gestes de ses contemporains.
Dès l’époque classique, la boutique du barbier est réputée être un espace
privilégié de diffusion de nouvelles et surtout de rumeurs. L’historien Charon de
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Avant cela, Aristophane fait déjà de ces boutiques des lieux de bavardages : dans
les Oiseaux, présenté en 414 avant J.-C., des pères parlent (legôsin) tous les jours de
leurs jeunes garçons chez les barbiers, se plaignant de leur attitude14. De même, dans
9
Notons que laleô et stômullô renvoient aussi à des bruits d’animaux et à des sons inarticulés. Les
références sont présentées au fur et à mesure de l’étude.
10
Logos et lalia désignant la « rumeur » ou la « renommée », renvoient aux bruits publics.
11
Mansouri 2002, p. 49-51 et 2010, p. 129-130 ; Larran 2011, p. 196 ; Matuszewski 2019, p. 63-68. Sur
la diffusion de l’information dans la cité, voir Lewis 1996.
12
Charon de Lampsaque, FHG I 34 : « dans l’échoppe on ne parlait (dielegonto) plus que de l’oracle ».
13
Aristophane, Ploutos, 335-338.
14
Aristophane, Oiseaux, 1439-1441.
une comédie d’Eupolis, un protagoniste indique qu’il écoute les conversations dans les
boutiques de barbier15 :
καὶ πόλλ’ ἔμαθον ἐν τοῖσι κουρείοις ἐγὼ ἀτόπως καθίζων κοὐδὲ γιγνώσκειν δοκῶν
et j’apprenais beaucoup dans les boutiques de barbier, assis là discrètement et feignant de
ne pas prêter attention
Nicératos évoque ici la stoa et la boutique de barbier comme des espaces où l’on
discute et commente l’attitude d’un citoyen. À la même époque, Théophraste, dans
ses Caractères, présente la boutique du barbier, comme celle du parfumeur, comme des
lieux d’ostentation où le malotru (bdeluros) fait parler de lui et fanfaronne17. L’auteur
fait par ailleurs des boutiques de barbier des « symposia sans vin », suggérant que,
à cause des bavardages (lalian) de ceux qui viennent s’y asseoir (proskathizontôn), la
rencontre dans ce lieu est similaire à celle d’un symposium18. Cet espace de réunion et
de discussion est celui d’une communauté (koinonia). Les orateurs attiques font par
ailleurs régulièrement de ces boutiques des espaces de sociabilité privilégiés pour les
citoyens19. Ces échoppes jouent ainsi un rôle social et politique fondamental, assurant
la construction des relations entre les habitants de la cité. Par ailleurs, dans ces espaces,
les réseaux sociaux diffusent des informations relatives à la vie de la cité (aux habitants,
15
Eupolis, fr. 194 K-A.
16
Ménandre, Samienne, 680-683 (trad. CUF modifiée).
17
Théophraste, Caractères, XI, 9.
18
Plutarque, Moralia, 679A. Voir Lewis 1995, p. 437.
19
Lysias, Pour l’invalide, XXIV, 20 ; Contre Pancléon, XXIII, 3 ; Démosthène, Contre Aristogiton I,
XXV, 52. Extraits analysés infra II.
20
Polybe, III, 20, 5-6. Le terme koureakos est employé seulement par Polybe selon le TLG.
21
Plutarque, Nicias, 30, 1-3 et Du Bavardage, 509A. Thucydide ne mentionne quant à lui aucun barbier
lorsqu’il évoque cet événement.
22
Pour la bibliographie sur cet extrait, voir Mansouri 2002, p. 49, n. 16.
au sujet d’un quartier mal défendu par la cité23. Mais la boutique de barbier apparaît plus
généralement comme un lieu de bavardage et de commérage et elle semble considérée
par Plutarque comme un centre de fausses rumeurs et de ragots. Ainsi, le barbier ayant
annoncé la nouvelle du désastre de Sicile est accusé d’affabulation et torturé jusqu’à ce
que quelqu’un corrobore ses dires24. La méfiance envers ce barbier pourrait provenir
de leur proverbial goût pour le bavardage et la diffusion de rumeurs. Le biographe
présente en effet les barbiers comme une race (genos) bavarde (lalon), contaminée par
les parleurs (adoleschoi) qui affluent (prosreousi) pour s’asseoir (proskathizousin) dans
leurs boutiques25. Ces infatigables bavards pouvaient même causer leur propre perte par
leurs jaseries tel un barbier de Syracuse qui, après avoir critiqué le tyran Denys dans sa
boutique, aurait été mis en croix par le despote26.
L’échoppe du barbier apparaît ainsi comme un lieu de bavardages incessants par
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
23
Plutarque, Du Bavardage, 505A-B.
24
Plutarque, Nicias, 30, 1-3.
25
Plutarque, Du Bavardage, 509A. S’ensuit une anecdote impliquant le roi Archélaos et un barbier
bavard (voir aussi Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux (Archélaos).
26
Plutarque, Du Bavardage, 509A.
27
L’image des boutiques comme lieux de fausses rumeurs pourrait être liée au cliché littéraire du kapèlos
mauvaise langue : cf. Larran 2011, p. 196-198.
28
Aristophane, Thesmophories, 347 ; Théophraste, Caractères, VI, 5 ; Isocrate, Aréopagitique, VII, 49 ;
Sur l’échange, XV, 287 ; Diogène Laërce, I, 104. La bonne société regarde la fréquentation de ces lieux
d’un mauvais œil, cf. Plutarque, Propos de table, 621b ; Élien, Histoire variée, IX, 19. Pourtant, ce sont des
espaces de sociabilité ouverts où se croisent des individus de tous statuts et conditions socio-économiques.
Voir notamment Roubineau 2015, p. 339-340. Sur les tavernes et auberges comme lieux de sociabilité, voir
également Matuszewski 2019, p. 92-109.
des mœurs ou des idées nouvelles29. Mais ce sont aussi des lieux de rencontres amicales.
Plutarque évoque ainsi les amitiés – certes superficielles – de jeu, d’auberge ou de place
publique (ἐκ πανδοκείου καὶ παλαίστρας καὶ ἀγορᾶς φιλίαν συλλέγουσιν)30.
Par ailleurs, les ateliers (ergastèria) constituaient des lieux de rencontre
privilégiés. La littérature archaïque présente ainsi la forge (chalkeion) comme un lieu de
rassemblement informel du petit peuple où l’on bavarde et échange des informations31.
Cette pratique semble se poursuivre dans l’Athènes classique, la rencontre des citoyens
dans les ateliers et boutiques au ive siècle étant admise et même encouragée32. Ainsi,
Dioclidès – informateur dans l’affaire des Hermocopides – trouve le citoyen Euphémos
fils de Téloklès (probablement membre d’une famille respectable, son frère Kallias étant
le beau-frère d’Andocide) assis dans l’atelier d’un forgeron (ἔν τῳ χαλκείῳ καθήμενον)33.
D’autres ateliers constituent des lieux des lieux d’échanges et de discussions hétéroclites
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
29
Énée le Tacticien, X, 9-10.
30
Plutarque, Sur le grand nombre d’amis, 94a.
31
Hésiode invite son frère à l’éviter : « Passe sans t’y asseoir (θῶκον) près de la forge (χάλκειον) »
(Hésiode, Les Travaux et les Jours, 493-495). Cf. Roubineau 2015, p. 337.
32
Cf. infra II.
33
Andocide, Sur les Mystères, 40, I.
34
Machon, fr. 17, l, 358-362.
35
Théophraste, Caractères, VIII, 13-14. Pour un commentaire : Larran 2011, p. 39-40. Cet épilogue
pourrait être un ajout tardif : Diggle 2004, p. 288-289. Les ergastèria et l’agora comme lieux de bavardage :
Hypéride, Pour Euxénippe, 21, III.
36
Sur les ateliers comme lieu de rencontres philosophiques, voir aussi infra I.3.
37
Xénophon, Mémorables, III, 10, 1-15.
du moins, telle la sellerie qui avoisine la place dans laquelle il rencontre régulièrement le
jeune citoyen Euthydème38. Le philosophe fréquentait aussi l’ergastèrion du cordonnier
Simon qui serait devenu philosophe39.
D’une manière générale, les ergastèria constituent des espaces de sociabilité
centraux. C’est ce que semble suggérer un extrait d’Antiphane40 :
πρὸς γὰρ τὸ γῆρας ὥσπερ ἐργαστήριον ἅπαντα τἀνθρώπεια προσφοιτᾷ κακά
car tous les maux humains fréquentent la vieillesse comme si c’était un ergastèrion
Le sens n’est d’ailleurs peut-être pas seulement que les maux fréquentent la
vieillesse comme les hommes fréquentent les ergastèria mais que leur présence est source
de troubles41.
Ces ateliers sont des lieux où les informations circulent et s’accumulent. Certains
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
38
Xénophon, Mémorables, IV, 2, 1 ; IV, 2, 8.
39
Diogène Laërte, II, xiii, 122, 123. Sur le cordonnier Simon, voir Hock 1976. Voir aussi l’épigramme de
Phanias (iiie-iie siècle avant J.-C. ?) au sujet d’un barbier devenu philosophe : Anthologie Grecque, VI, 307.
40
Antiphane, fr. 251 K-A.
41
Olson 2021, p. 205.
42
Lewis 1995, p. 434.
– affichage et voix des crieurs publics43 – que par un bouche-à-oreille informel. Chez
Aristophane, le retour du Mégarien sur le marché (agora) de l’Athénien Dicéopolis
est considéré comme un retour à un quotidien normal, marqué non seulement par la
reprise du commerce mais aussi par des échanges de nouvelles entre Athéniens d’une
part, Mégariens et Béotiens d’autre part44. Sur l’agora, on cherche et on apprend des
informations de toutes sortes45. C’est un lieu de flânerie46, de rencontres amicales47,
de bavardages48 et de diffusion de rumeurs49. Selon Aristote, la population urbaine, et
particulièrement les marchands qui vont et viennent sur l’agora forment des groupes de
discussions et de rencontres50 :
ἔτι δὲ διὰ τὸ περὶ τὴν ἀγορὰν καὶ τὸ ἄστυ κυλίεσθαι πᾶν τὸ τοιοῦτον γένος ὡς εἰπεῖν ῥᾳδίως
ἐκκλησιάζει
de plus, à cause de ses incessantes allées et venues sur l’agora ou par la ville, tout ce genre
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Certaines parties du marché semblent avoir été des espaces d’échange de groupes
sociaux particuliers, notamment les parfumeurs et les « tables » (des banquiers ?)51. Sur
la place publique, les renommées se font et se défont52. Les faits et gestes des individus,
43
Sur l’affichage public voir Pébarthe 2006, p. 243-289. Sur les annonces par voix de crieur, voir par
exemple Aristophane, Assemblée des femmes, 813-821.
44
Aristophane, Acharniens, 750-760.
45
Les Athéniens cherchent à s’informer : Démosthène, Première Philippique, 10. On y apprend des
informations politiques de première importance comme la nouvelle du désastre de Sicile (cf. supra).
Aristophane, Thesmophories, 577-578 : « Tout à l’heure, sur l’agora, j’ai entendu parler d’une chose qui est
de la plus haute importance pour vous » : καὶ νῦν ἀκούσας πρᾶγμα περὶ ὑμῶν μέγα ὀλίγῳ τι πρότερον κατ᾽
ἀγορὰν λαλούμενον.
46
Cf. notamment Millett 1998.
47
Plutarque, traité Sur le grand nombre d’amis, 94a.
48
Voir notamment Aristophane, Nuées, 1003 : « tu passeras ton temps dans les gymnases, au lieu
de débiter sur l’agora des bavardages épineux sans queue ni tête », οὐ στωμύλλων κατὰ τὴν ἀγορὰν
τριϐολεκτράπελ᾽ οἷάπερ οἱ νῦν.
49
Sur les rumeurs sur l’agora cf. Démosthène, Contre Midias, XXI, 103-104 et Contre Timocrate, XXIV,
15 (cf. infra).
50
Aristote, Politique, VI, 4, 13.
51
Cf. infra partie III.
52
Larran 2011, p. 42. Sur la diffusion des bruits publics sur l’agora, dans les rues et les boutiques qui la
bordent : cf. Larran 2011, p. 41-43.
exposés à la vue de tous, peuvent être commentés et critiqués. Ainsi, les folles dépenses
du riche citoyen Timarque et de son compagnon au marché aux poissons font l’objet
de ragots circulant dans la cité53. C’est parce que les espaces marchands sont des lieux
offrant une visibilité que le « prétentieux » (alazôn) de Théophraste se rend où l’on
vend les meilleurs chevaux. Il prétend aussi être prêt à dépenser jusqu’à deux talents
de vêtements sur l’agora54. C’est pour des raisons similaires que le « complaisant »
(areskos) se rend aux comptoirs de banquiers sur l’agora55.
Par ailleurs, l’agora, comme les ateliers-boutiques, sont des lieux de discussions
sophistiques et philosophiques56. Dans les écrits de Platon et de Xénophon, les rencontres
philosophiques se font de l’oikos à l’agora, en passant par les boutiques, le gymnase et
les rues57. Le marché et les activités marchandes semblent avoir été particulièrement
propices aux leçons de certains philosophes comme Socrate ou Diogène58. À côté
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
publics circulent dans ces espaces où se font et se défont les réputations, où les faits et
gestes des contemporains sont commentés et critiqués. Comme nous l’avons souligné,
cette circulation d’informations apparaît centrale dans le fonctionnement de la cité
démocratique, assurant la création et la diffusion d’une opinion publique.
II- Des lieux de rencontre habituels des citoyens : traitement d’affaires personnelles,
judiciaires et politiques
Agora, kapèleia et ergastèria sont présentés comme d’importants lieux de la vie
publique où il était d’usage pour les citoyens de se rencontrer, de régler leurs affaires
personnelles63 et de discuter d’affaires politiques et judiciaires. Ces espaces constituent
alors des lieux informels de la politique, celle qui se joue en parallèle des institutions
politiques et judiciaires formelles.
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
63
Nous privilégions ici le terme « personnel » ou « individuel » à « privé » dans la mesure où toute
affaire discutée et faisant l’objet d’une publicité dans ces lieux prend une dimension publique.
64
Lysias, Pour l’invalide, 20, XXIV.
65
Cf. supra I.
l’agora66. D’autres discours vont dans ce sens. Dans le Contre Aristogiton du corpus
démosthénien, l’orateur veut montrer que son adversaire peut être suspect parce qu’on
ne le voit pas en public, ni à l’agora ni dans les boutiques comme tout Athénien qui se
respecte67. Il ne fréquente dans la ville absolument aucune de ces boutiques de barbier,
ou de parfumeur, ou aucun autre ergastèrion (ἐν τῇ πόλει κουρείων ἢ μυροπωλίων ἢ τῶν
ἄλλων ἐργαστηρίων). Aristogiton doit avoir des secrets s’il est incapable de se montrer
en public. L’honnête citoyen n’a rien à cacher et vit sa vie en public, exposant chaque
aspect de son existence aux yeux et au jugement des autres. D’autres extraits suggèrent
qu’il était d’usage pour les citoyens de fréquenter des boutiques situées à proximité
de l’agora. Ainsi, l’atelier de forgeron fréquenté par Euphémos fils de Téloklès est
probablement situé à proximité de l’Héphaïstéion où Dioclidès le conduit ensuite68.
Par ailleurs, selon Lysias, les Décéliens avaient l’habitude de fréquenter une boutique
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
2- Agora, boutiques et ateliers : des lieux pour traiter des litiges et des affaires judiciaires
Les ateliers et boutiques pouvaient être des lieux de discussion privilégiés des
litiges impliquant les citoyens. Dans le Contre Callimaque d’Isocrate, où s’opposent
deux citoyens, Callimaque rencontre lui-même les foules en venant s’asseoir dans
les ateliers (καθίζων ἐπὶ τοῖς ἐργαστηρίοις) pour défendre sa cause et diffamer son
adversaire71. L’atelier de l’artisan apparaît alors comme un « autre tribunal72 » où l’on
peut faire connaître sa cause et la défendre. À côté des boutiques et des ateliers, les
litiges sont aussi traités sur l’agora. De manière assez similaire à ce que l’on retrouve
dans le Contre Callimaque, dans le Contre Midias du corpus démosthénien, Midias
66
Cf. infra III.2. sur la création d’un entre-soi.
67
Démosthène, Contre Aristogiton, XXV, 51-2.
68
Andocide, Sur les Mystères, I, 40.
69
Lysias, Contre Pancléon, XXIII, 3.
70
Xénophon, Mémorables, IV, 2, 1 ; IV, 2, 8 : cf. supra.
71
Isocrate, Contre Callimaque, XVIII, 9. Cf. Mansouri 2002, p. 51.
72
Mansouri 2002, p. 51.
calomnie son adversaire en faisant le tour de l’agora73. Les individus impliqués dans
des affaires pouvaient faire courir rumeurs et bruits sur l’agora notamment pour se
défendre74 ou critiquer leurs concitoyens75. C’est aussi sur l’agora que pouvait avoir lieu
la publicité d’une accusation. Dans le Contre Athénogène, c’est au marché aux parfums
que le client d’Hypéride prend à partie Athénogène, qui lui a vendu une parfumerie,
avant de lui intenter un procès :
Καὶ κα̣[τ]α̣λαϐόντ̣ες αὐτὸν πρὸς τοῖς μυροπωλίοις ἠρω̣[τ]ῶ̣μεν, εἰ οὐκ αἰσχύνοιτο ψευδόμενος
κα[ὶ ἐν]εδρεύσας ἡμᾶς ταῖς συνθήκαις, οὐ προειπὼν τὰ χρέα. [...]Πολ̣λῶν δ’ ἀ[ν]θρώπων
σ[υλλ]εγομένων καὶ ἐπακουόν[τ]ων τοῦ πρά[γ]μα̣ τος, διὰ τ̣[ὸ] ἐ̣ν τ̣ῆι ἀγορᾶι τ̣οὺς λόγους
γίγνεσθα̣ι̣, [κ]α̣ὶ̣ κα̣τα̣τ̣εμνόντων αὐτὸν κελευόν[τ]ων τε̣ [ἀ]π̣[άγ̣]ειν ὡς ἀνδραποδι[σ̣
̣ ]τή[ν,
τοῦτο μὲ]ν οὐκ ὠιόμεθα δεῖν ποιεῖν, πρ[οσεκαλεσά]μεθα δὲ αὐτὸν εἰς ὑμᾶς κατὰ [τὸν νόμ]ον.
Nous le rencontrons là où sont établis les parfumeurs, et nous lui demandons s’il n’a pas
honte de nous tromper ainsi et de nous avoir tendu un piège avec cette convention où il
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Nous voyons ici le caractère public que prend l’affaire sur l’agora. Elle commence
par une accusation devant des passants témoins qui s’immiscent dans la querelle.
L’agora constitue un espace privilégié de publicité, que ce soit pour la conclusion d’une
transaction ou une assignation en justice. C’est également ce que suggèrent les vers de
la Samienne de Ménandre, présentés plus haut77 : le citoyen Nicératos souhaite mettre
ses affaires en ordre de sorte que toute la cité soit au courant de ses décisions et que tous
en discutent en ville. Le terme agora n’est pas mentionné mais peut être sous-entendu
dans ce passage78. En dehors de l’agora, le deigma, l’espace où se déroulaient les ventes
sur échantillon à l’emporion, a pu être employé pour rendre publics des actes odieux79.
Archippos, laissé pour mort après avoir été passé à tabac est ainsi conduit au deigma et
exposé afin qu’Athéniens et étrangers soient témoins du mal qui lui a été fait, suscitant
73
Démosthène, Contre Midias, XXI, 104.
74
Démosthène, Contre Timocrate, XXIV, 15.
75
Démosthène, Contre Aristogiton, XXV, 85.
76
Hypéride, Contre Athénogène, I, 11-12.
77
Ménandre, Samienne, 680-683.
78
J.-M. Jacques l’intègre dans sa traduction de la CUF.
79
Sur le deigma, voir la contribution de M. C. D’Ercole dans ce volume, p. 149-166.
80
Lysias, Contre Tisis (= fr. 17 Gernet-Bizos), 6. Sur le deigma comme lieu de montre, voir aussi l’attitude
du prétentieux (alazôn) se faisant passer pour un riche financier auprès des étrangers (Théophraste,
Caractères, XXIII, 2).
81
Eschine, Contre Ctésiphon, III, 1 ; interprétation de S. Mansouri : quand l’orateur parle des sollicitations
sur la place publique, il s’agit probablement des discussions qui ont lieu : Mansouri 2002, p. 53.
82
Lysias, Contre Pancléon, XXIII, 2. Sur les ateliers de foulon comme lieux de sociabilité, voir
Matuszewski 2019, p. 86-91.
83
Lysias, Contre Pancléon, XXIII, 3.
84
Lysias, Contre Pancléon, XXIII, 6-7.
85
Démosthène, Sur l’ambassade, XIX, 122. Cf. Mansouri 2002, p. 53-54. Sur l’agora comme lieu de
rassemblement et réunion voir aussi Aristote, Politique, VI, 4, 13 (supra).
86
Démosthène, Contre Aristogiton, XXV, 47. D’autres références relatives aux discussions politiques sur
l’agora : Vlassopoulos 2007, p. 40-41. Par ailleurs, les hommes politiques devaient aller au contact de la
population dans ces espaces marchands : voir par exemple Plutarque, Vie de Périclès, 5, 2-3.
87
Isocrate, Aréopagitique, VII, 14-15. Par ailleurs, le monde des artisans et des marchands est intimement
associé à celui de la politique dans l’œuvre d’Aristophane : Mansouri 2002, p. 56.
88
Hypéride, Pour Euxénippe, III, 21. Voir aussi Hypéride, Contre Philippidès, 2.
89
Plutarque, Nicias, 12, 1 et Alcibiade, 17, 3.
90
Mansouri 2002, p. 54-55.
chez un barbier particulier à proximité de l’agora tandis que les Platéens se rencontrent
chaque mois au marché au fromage frais98. Des groupes d’hommes se rencontrent
régulièrement en des lieux particuliers et en des temps particuliers99. Ce genre de
réunion n’avait rien d’inhabituel pour des citoyens100.
D’une façon générale, les espaces marchands pouvaient constituer des lieux
de rencontre de groupes sociaux particuliers, tenant des discussions propres à leur
groupe101. Ainsi, la fréquentation des boutiques ou des étals de parfums semble avoir
été l’apanage d’individus fortunés102. Ces lieux constituaient un espace de rencontre
des jeunes athéniens aisés au ve siècle. Aristophane moque les jeunes imberbes qui
se rencontrent sur l’agora et plus précisément des garçons du marché aux parfums
qui bavardent, assis, parlant de l’un d’entre eux et tenant des conversations pseudo-
sophistiques (τὰ μειράκια ταυτὶ λέγω τἀν τῷ μύρῳ, ἃ στωμυλεῖται τοιαδὶ καθήμενα103). De
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Hommes bons présente les marchés aux couronnes et aux parfums comme des lieux de
bavardage (laleite) d’hommes riches108. D’autres espaces du marché ont pu être l’objet
d’une sociabilité particulière. Les jeunes peuvent se rencontrer près des hermès situés
au nord-est de la place, notamment les éphèbes pour leur entraînement militaire109,
tandis que la jeunesse dissolue se donne rendez-vous à la fontaine « aux neuf bouches »
(Ἐννεάκρουνος), située peut-être au sud-est de l’agora selon Isocrate110. Les Athéniens
les plus en vue, quant à eux, se rencontrent peut-être près des tables des banquiers111. Il
existait aussi sans doute des cercles d’anciens dans lesquels il n’était certainement pas
de bon ton de s’immiscer112. Les femmes, pour leur part, ont pu disposer d’espaces de
sociabilité particuliers sur l’agora, notamment les fontaines113.
Les espaces marchands les plus en vue et les mieux fréquentés par les citoyens
honnêtes se situent dans l’Asty et surtout à proximité de l’agora, si l’on en croit Lysias.
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
108
Phérécratès, fr. 2 K-A. Datation de l’œuvre : inconnue. Pour l’identification des individus à des
hommes riches : cf. Storey 2011, p. 447-448.
109
Ménandre, Cithariste, 63-65. Sur les hermès de l’agora comme secteur d’entraînement militaire : Bugh
1988, p. 64.
110
Isocrate, Sur l’échange, XV, 286-287. Les fontaines pouvaient constituer de hauts lieux de rencontre et
de discussion : cf. Larran 2011, p. 43.
111
Cf. Platon, Hippias mineur, 368b ; Théophraste, Caractères, V, 7.
112
Larran 2011, p. 43. Sur les anciens fréquentant les ergastèria : cf. supra I et II.
113
Les fontaines publiques semblent avoir constitué des espaces de sociabilité notables pour les femmes.
Sur la gunaikeia agora (Théophraste, Caractères, II, 9) et les débats concernant ce lieu, voir Diggle 2004,
p. 193-194.
114
Lysias, Pour l’invalide, XXIV, 19-20.
115
Cette agora, peut-être située à l’angle sud-ouest de l’agora où se vendaient des produits volés ou
de provenance douteuse, n’est connue que par des auteurs et commentateurs tardifs. Cf. Fisher 1998,
p. 58. Nous ne pouvons qu’être étonnés de l’existence d’un tel lieu à proximité immédiate de l’espace
institutionnalisé du marché.
116
Sur les lieux – notamment les espaces marchands – mal famés : cf. Fisher 1998.
117
Aristophane, Assemblée des femmes, 300-303 ; Aristote, Politique, VI, 4, 13.
118
Théophraste, Caractères, IV.
119
Eupolis, fr. 194 K-A.
120
Hypéride, Contre Athénogène, I, 11-12 ; Démosthène, Sur l’ambassade, XIX, 122.
121
Une distinction entre boutique et agora en termes de démarcation public/privé, opposant l’espace
semi-privé de la boutique et l’espace public de l’agora ne paraît pas pertinente ici. Contra : Lewis 1995,
p. 435.
espaces les plus fréquentés par les citoyens se trouvent dans les environs de l’agora122. Le
jeune citoyen Euthydème, parce qu’il n’a pas l’âge de fréquenter la place publique, règle
ses affaires dans une boutique proche, suggérant une certaine continuité des fonctions :
on peut y conduire ses affaires publiquement sans entrer dans l’agora. On perçoit
l’importance de l’agora en premier lieu et ensuite des boutiques et des ateliers dans le
traitement des affaires des citoyens. L’espace de la boutique reste un espace public dans
lequel le citoyen qui n’a rien à cacher règle ses affaires à la vue de tous123. Les ergastèria
de la ville sont, autant que l’agora, des lieux où s’accumulent et se relaient les bruits de
la ville, notamment les informations concernant les citoyens ou la vie politique de la
cité124. Les informations pouvaient se diffuser à partir d’une boutique pour être relayées
sur la place publique, comme l’annonce du désastre de Sicile relatée par Plutarque125, ou
se répandre depuis l’agora ou d’autres espaces publics jusque dans les boutiques, comme
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
rencontrer dans un endroit discret130. Toutefois, les informations même discrètes qui
transitent par les boutiques finissent par se diffuser131. D’autre part, les groupes qui
se réunissaient et la nature des réunions pouvaient dépendre, en partie du moins, du
type d’établissement. Certains semblent en effet plus propices à tenir lieu de lieu de
rencontre que d’autres, comme les boutiques ou ateliers des barbiers, des cordonniers,
des parfumeurs ou des forgerons132. Par ailleurs le profil de la clientèle habituelle est
variable selon le type de commerce et la réputation de l’établissement : une auberge
fréquentée par une clientèle hétérogène et néanmoins populaire ; ou la boutique
d’un parfumeur fréquentée par de riches individus. Enfin, la localisation des espaces
paraît importante pour comprendre la circulation et la nature des informations. Il
est probablement significatif que le barbier de Plutarque qui apprend la nouvelle du
désastre de Sicile soit situé au Pirée, ville portuaire où l’on trouve une population dense
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Conclusion
Marchés, boutiques et ateliers sont des espaces de sociabilité centraux dans
l’Athènes classique où sont accumulées et partagées des informations hétéroclites,
130
Gottesman 2014, p. 58-59. Si les boutiques, en particulier celles situées autour de l’agora, constituent
des lieux de socialisation c’est probablement en raison des caractéristiques de la place, inadaptées aux
interactions privées : cf. Gottesman 2014, p. 26-43.
131
Plutarque, Du Bavardage, 505A-B (anecdote impliquant Sylla) et 509A (anecdote impliquant Denys
de Syracuse). Cf. supra I.
132
Le parfumeur ou le cordonnier semblent plus propices à des rencontres qu’un boucher ou un tanneur
par exemple, tandis que les boutiques de barbier sont propices aux causeries en raison du temps que les
clients y passent en échange d’un service. La nature du service peut aussi impliquer un flux soutenu de
clients : Lewis 1995, p. 436. Les petits ateliers et notamment les forges sont des lieux de réunions fréquentés
car bien chauffés : Jouanna 2022, p. 90, n. 14.
133
Lewis 1995, p. 436.
134
Lysias, Contre Pancléon, XXIII, 2-13.
allant des simples ragots aux discussions philosophiques. Ce sont aussi des lieux
où se forgent et se transmettent des savoirs plus proprement politiques. Ces espaces
« ouverts » accueillaient des rassemblements hétérogènes et spontanés mais offraient
aussi, et peut-être surtout, des lieux d’échanges pour des groupes sociaux particuliers.
Ces sociabilités révèlent une autre manière de faire cité – en dehors des institutions
formelles – et esquissent des formes de pratiques collectives informelles. Elles concourent
au développement d’une sphère publique, un espace de réunion et de discussion de
questions d’actualités et de société, pouvant influencer la politique de la cité135. Les
informations et les émotions sortent des institutions formelles. Elles s’étendent dans
la sphère publique via des réseaux sociaux et permettent le développement d’une
opinion publique136. Une certaine continuité semble se dessiner entre les boutiques et
les ateliers, particulièrement ceux des environs de l’agora, d’une part, et l’agora même
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
135
Gottesman 2014, p. 61.
136
Gottesman 2014, p. 63 sq.
Bibliographie
Abréviation
Études
Azoulay V. (2014), « Repenser le politique en Grèce ancienne », Annales. Histoire, Sciences sociales, 69/3,
p. 605-626.
Azoulay V. (2006), « Isocrate, Xénophon ou le politique transfiguré », Revue des Études Anciennes, 108/1,
p. 133-153.
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)
Larran Fr. (2011), Le bruit qui vole : Histoire de la rumeur et de la renommée en Grèce ancienne, Toulouse.
Lewis S. (1996), News and Society in the Greek Polis, London.
Lewis S. (1995), « Barbers’ Shops and Perfume Shops: “Symposia without Wine” », dans A. Powell (éd.),
The Greek World, London, p. 432-441.
Mansouri S. (2010), Travail et participation politique au ive siècle avant J.-C., Bruxelles.
Mansouri S. (2002), « L’agora athénienne ou le lieu de travail, des discussions et des nouvelles politiques :
chercher la politique là où elle n’est apparemment pas », Dialogues d’Histoire Ancienne, 28/2, p. 41-63.
Matuszewski R. (2019), Räume der Reputation: zur bürgerlichen Kommunikation im Athen des
4. Jahrhunderts v. Chr., Stuttgart.
Millett P. (1998), « Encounters in the Agora », dans P. Cartledge, P. Millett, S. von Reden (éds), Kosmos:
Essays in Order, Conflict and Community in Classical Athens, Cambridge, p. 203-208.
© Presses universitaires de Franche-Comté | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)