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CHRONIQUE D’ORIENT

Chronique 2020

Responsables Guy Labarre, Hadrien Bru

Presses universitaires de Franche-Comté | « Dialogues d'histoire ancienne »

2020/2 46/2 | pages 325 à 382


ISSN 0755-7256
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Dialogues d’ histoire ancienne, 46/2, 2020, 325‑382

Chronique d’ Orient
Chronique 2020

Responsables
Guy Labarre
Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA (EA 4011)
guy.labarre@univ-fcomte.fr
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Hadrien Bru
Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA (EA 4011)
hadrien.bru@univ-fcomte.fr

Les murailles de Kition (Chypre) : état des lieux et recherches récentes


En 1976, K. Nicolaou publiait une restitution du tracé des murailles de Kition
qui, partant des observations des voyageurs (depuis le xve siècle), s’ appuyait également
sur une intime connaissance de la topographie de la ville antique (fig. 1a)1. Le rempart
ainsi restitué avait une forme allongée et irrégulière, qui suivait les ruptures de niveau,
très sensibles du côté ouest et sud-est, et englobait les deux plateaux bas que sépare
grossièrement aujourd’ hui le boulevard Grigori Afxentiou. Les fouilles ultérieures
du Département des Antiquités ont permis de dégager une partie du tronçon nord,
dont les énormes blocs de soubassement affleuraient (Area II = Kathari et Area IV, ici
fig. 1b, n° 8-9 et fig. 7), et d’ en préciser la datation au Bronze récent2. C’ était là un
résultat remarquable : la ville de Kition, fondation tardive de l’ âge du Bronze, avait
été ceinte de murailles dès l’ origine, ces dernières acquérant, au xiie siècle av. J.-C., un
caractère monumental, avec un appareil dit « cyclopéen ». C’ était aussi un résultat
1
Nicolaou 1976, p. 52-70.
2
Cette muraille, à soubassement de gros blocs de conglomérat, est associée au Floor IIIA de Kathari,
daté du Chypriote récent IIIA (xiie s. av. J.-C.) : Karageorghis, Demas 1985, p. 86-89. Elle reprend le tracé
d’ une muraille plus ancienne, faite de briques crues à soubassement de petites pierres, datée du Chypriote
récent IIC (Floor IV).

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surprenant puisqu’ on attendait un mur d’ époque classique, bien attesté par les sources3
et correspondant à la période d’ extension maximale de la ville (dont témoignait, entre
autres, le développement des nécropoles). Or, la fouille de Kathari n’ a pas pu montrer
que ce rempart a continué d’ exister après le xie siècle4. Certes, on pouvait supposer que
la muraille classique passait au même endroit (mais il en manquait la preuve5).
Le tracé de la muraille du Bronze récent dessinait, par ailleurs, les contours
irréguliers d’ une ville d’ une superficie sans parallèle, dans l’ île, à cette période6. Le tracé
sud du rempart était d’ autant plus étonnant que les trouvailles archéologiques sont peu
nombreuses sur le plateau méridional, au sud d’ une ligne allant approximativement du
lieu-dit Tourapi, à l’ ouest, au Lycée, à l’ est, et qu’ aucune ne date du Bronze récent7. On
manque de points de comparaison pour l’ époque des royaumes, mais le rapprochement
avec Néa Paphos, capitale de l’ île à l’ époque hellénistique, est éclairant : les remparts
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de cette dernière ville, qu’ on peut suivre sur presque tout leur tracé, font 4 km de long
et délimitent un espace de près de 100 ha8. Une ville dont l’ extension était celle d’ une
capitale d’ époque classique ou hellénistique, mais une enceinte datée du Bronze récent :
comment résoudre le paradoxe kitien ?
Pour répondre à ces deux questions, étroitement liées (celle du tracé et celle de
la chronologie de ce marqueur urbain par excellence qu’ est la muraille), nous avons
conduit deux séries d’ opérations : des prospections et une fouille limitée, dont les
principaux résultats sont présentés dans cet article9.
3
Mentionnées par Nicolaou 1976, p. 52.
4
La muraille paraît encore en fonction lors de la période associée au Floor I (début du Chypro-
Géométrique I), mais plusieurs indices montrent qu’ elle est désaffectée en plusieurs endroits. Enfin, les
nombreux débris de briques crues découverts sur les niveaux du Floor I situés à l’ extérieur de la muraille
montrent que cette dernière, ou du moins sa superstructure, se sont effondrées avant le Floor III, sans
doute, donc, avant le viiie siècle : Karageorghis, Demas 1985, p. 161-162.
5
Voir Nicolaou 1976, p. 63 : « Though it seems clear that the classical circuit passed at this point and
was most likely constructed right above the remains of this Mycenaean wall, nothing of it has survived » ;
p. 65 : « in Classical times the wall of Kition seems at least on the north side to have followed the line of
the Mycenaean one ».
6
Iacovou 2007, p. 12-13 : « Kition: A 70-Hectare Walled Megasite? ». En comparaison, Enkomi,
dont l’ enceinte urbaine est connue en extension, possède une surface d’ environ 14 ha (ibid., p. 8).
7
Elles consistent pour l’ essentiel en tombes, dont l’ une, de type « royal » et datée du viiie siècle,
localisée à l’ intérieur de l’ enceinte supposée : Hadjisavvas 2014, p. 1-27 et fig. 1.
8
Cayla 2018, p. 25.
9
La mission archéologique de Kition est cofinancée par le ministère de l’ Europe et des Affaires
Étrangères et le laboratoire HiSoMA, MOM, avec un soutien logistique de l’ École française d’ Athènes. Des

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Les prospections
Les prospections ont permis de relever deux types de marqueurs, susceptibles
d’ indiquer le tracé de la muraille : des ruptures de niveau (naturelles et/ou accentuées)
et des affleurements de blocs (fig. 1b). Il s’ agit systématiquement, dans ce dernier
cas, de gros blocs de conglomérat semblables à ceux qui, à Kathari, appartiennent
au rempart du xiie siècle avant J.-C.10 On remarquera que cet appareil est proche de
celui de l’ enceinte d’ autres sites du Bronze récent11, et qu’ il se distingue nettement de
celui du seul tronçon de fortification dégagé à Kition et sûrement daté d’ une période
postérieure12. À Enkomi comme à Kition, ces énormes blocs affleuraient d’ ailleurs sur
une partie du tracé et ils ont orienté les premières opérations de fouille13.
Tracé ouest
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1. De gros blocs de conglomérat, suivant une orientation grossièrement nord-sud,
affleurent dans une parcelle libre de construction au sud de la rue Franklin Roosevelt.
2. D’ autres blocs, disposés selon une orientation similaire, sont maçonnés
dans une terrasse de béton moderne, juste au nord de l’ extrémité orientale de la rue
Grivas Digenis14 (fig. 2).
3. Le long de l’ ancienne Agricultural nursery (parcelle non construite qui
appartient aujourd’ hui à la municipalité de Larnaca), le substrat rocheux a été taillé
de façon régulière, et il délimite une nette rupture de niveau entre l’ est (plus élevé) et
prospections géophysiques ont également été conduites, sous la direction de Chr. Benech (Archéorient,
MOM) avec un financement spécifique de l’ université Lyon 2. Nous adressons tous nos remerciements
au département des Antiquités de Chypre qui accompagne nos travaux, en particulier à M. Ieronymidou-
Solomidou, directrice, et à A. Satraki, responsable du district de Larnaca.
10
Ces blocs de conglomérat proviennent de terrasses marines soulevées. Plusieurs gisements sont
localisés à Kition même ou à proximité (cap Kiti, zone de Voroklini-Dhekeleia) : voir Xenophantos 1985,
p. 431-432 et p. 433, fig. 1.
11
À Enkomi, par exemple, où le rempart appartient à l’ histoire la plus récente du site (il est édifié au
Chypriote récent IIC = xiiie siècle av. J.-C.). Voir Dikaios 1969, p. 68-81 : « large sandstone blocks
roughly hewn » ; Courtois, Lagarce 1986, p. 2-5 (« enceinte cyclopéenne »).
12
Yon 2006, p. 68-69. Pour l’ interprétation de ce tronçon (et son orientation), voir également Tréziny
2016.
13
Pour Enkomi, Dikaios 1969, p. 6 ; pour Kition, voir la photographie publiée par Nicolaou 1976, pl. I.
14
Il est possible que ces blocs ne soient pas exactement en place ; ils ont pu être déplacés lors des travaux
d’ élargissement de la route, en 1959, qui ont mis en évidence un tronçon de la courtine (dont l’ épaisseur
allait jusqu’ à 6 m) : Nicolaou 1976, p. 61 et photographie pl. V, 2. L’ orientation est toutefois la même que
celle des blocs des points n° 1 et 3.

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l’ ouest15. Aucun bloc de conglomérat n’ a été repéré mais le rocher avait été aménagé,
peut-être pour soutenir une courtine : les gros blocs découverts lors de l’ agrandissement
du boulevard (ci-dessus, n° 2) en proviennent peut-être. Le dénivelé est régulièrement
indiqué dans les cadastres contemporains (depuis la période britannique) (fig. 3-4).
4. Dernier marqueur du tracé des murailles dans la zone, le site du Mound
a été exploré en 2019 (voir le compte rendu des résultats de la fouille, ci-dessous).
On perd toute trace (dénivelé ou blocs affleurant) plus au sud. Au nord du tronçon
n° 1-4, la topographie est marquée par un fort dénivelé dont le premier jalon est bien
repérable en bordure nord de l’ école primaire Sotiros, en direction de la rue Franklin
Roosevelt (n° 26). Il se poursuit de façon accentuée avec la rue Teukros (n° 5), invitant
à restituer une inclinaison du tracé vers le nord-est, jusqu’ au secteur de l’ église de la
Chrysopolitissa. Il est certain qu’ immédiatement à l’ est de ce dernier point se trouvait
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la ville du Bronze récent, comme le montrent les résultats des fouilles des Areas I et
III16. Les deux parcelles sont en net surplomb par rapport au niveau de la rue actuelle
(Chrysopolitissis). Les autres indices de l’ existence d’ une muraille sont fragiles : des
blocs de conglomérat sont visibles vers le milieu de la rue dans le soubassement du mur
de clôture de l’ ancien club arménien ; la tranchée pratiquée au centre de la rue par le
département des Antiquités, en 2014, sous la direction d’ A. Satraki, a mis en évidence
un long mur, qui suit à peu près l’ orientation de l’ artère, mais dont l’ appareil est différent
de celui du rempart du Bronze récent17. Rappelons que le sondage pratiqué en 1894 par
Myres au lieu-dit Kamilarga, au début de la rue Teukros (alors Leopold street) dans le
but de dégager le rempart « cyclopéen » avait été infructueux, révélant toutefois la
présence d’ un sanctuaire, peut-être suburbain18 (fig. 5-6).
6. Un profond dénivelé délimite plus au nord, au-delà de l’ église latine de Terra
Santa, la bordure ouest du plateau urbain. La dépression qui le jouxte immédiatement

15
Un mur de terrasse moderne, aujourd’ hui en partie effondré, a été bâti contre la paroi rocheuse, et
un escalier y a été taillé. Nous avons pu nettoyer et relever ce secteur en octobre 2019, grâce à l’ aimable
autorisation des services de la municipalité de Larnaca.
16
Karageorghis 1960 ; Karageorghis, Demas 1985, p. 5-23.
17
Nous remercions vivement A. Satraki des informations qu’ elle nous a généreusement transmises.
18
Myres 1897, p. 164-169. La localisation du sanctuaire (du moins de ses dépôts votifs) a pu être établie
grâce aux fouilles d’ urgence menées par le Département des Antiquités dans le cadre de l’ installation du
tout-à-l’ égout. Il était situé à l’ extrémité nord-est de la rue Teucros, près de l’ église de la Chrysopolitissa,
et non pas à l’ autre extrémité de la rue, comme le suggère Nicolaou 1976, p. 113, n° 6 et p. 103, fig. 25. Je
remercie P. Christophi de cette information.

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à l’ ouest est fréquemment en eau : l’ analyse géomorphologique a montré que la mer y


pénétrait19.
Tracé nord
7. Une rue moderne qui part du site archéologique de Kathari vers l’ ouest
a entaillé des niveaux de brique crue qui correspondent peut-être à l’ élévation du
rempart. Ce type de superstructure, en briques rouges, est en tout cas caractéristique
de l’ appareil des murs du Bronze récent, quelle qu’ en soit la nature. Non loin de là,
rue Athanasiou Sakellariou, des blocs du rempart auraient été découverts lors de la
construction d’ une maison (n° 23). Le point n° 7 marque vraisemblablement un
retour du rempart vers l’ est : une tombe (SIG de Kition n° 6, indiquée sur la fig. 1b)
a été découverte en 1942 dans cette zone, au pied de la levée de terre où on suppose
le rempart et où ont été construits des immeubles sociaux (Municipal Polykatikiai)20.
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Datée de l’ époque géométrique, elle est forcément hors-les-murs.
8-9. Un tronçon du rempart a été fouillé sur près de 125 m de long dans le site
archéologique de Kathari21. C’ est le point le plus documenté de l’ enceinte. Il suit une
orientation grossièrement nord-ouest/sud-est. L’ appareil du soubassement est fait de
gros blocs de conglomérat placés sur deux rangs, enfermant un remplissage de blocaille
et supportant une élévation de brique crue. La largeur moyenne est de 2,40-2,50 m.
La courtine est flanquée de quatre tours quadrangulaires, de dimensions dissemblables,
sur le côté nord ; une porte a été identifiée à l’ est, matérialisée par la « rue D »22. La
construction est datée du Chypriote récent IIIA (mais elle reprendrait le tracé d’ une
muraille antérieure, essentiellement documentée par une épaisse couche de briques
fondues). Elle serait restée en usage jusqu’ au Chypro-Géométrique I (fig. 7).
14. Des blocs de conglomérat affleurant dessinent en ce point (Area IV des
fouilles chypriotes) un angle qui paraît indiquer un retour de la muraille vers le sud. De
fait, la ligne de côte antique se trouvait immédiatement à l’ est de cette zone. Pourtant,
le fouilleur est revenu sur son interprétation initiale et il suggère désormais que les blocs
ne sont pas en place23. Le point est donc douteux.
19
 Bony et al. 2016.
20
Nicolaou 1976, p. 168, n° 5. Le mobilier est inventorié sous le numéro LM 1285.
21
Karageorghis, Demas 1985, p. 86-89, 120-121, 139-140, 161-162, plan I.
22
Karageorghis, Demas 1985, p. 88.
23
Karageorghis 2005, p. 99 (« In Area IV some large stone blocks which belonged to the Late Bronze
Age defensive wall of Kition were found, but unfortunately they were not in situ ») et p. 102. Ce constat

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Tracé est
Plus au sud, on ne dispose plus d’ aucun repère et le tracé est entièrement
hypothétique, sinon faux : les points que l’ on reporte sur la carte fig. 1b sont destinés
à orienter le lecteur dans le parcours topographique, ils ne correspondent pas à des
vestiges avérés du rempart.
15. Au nord du site de Bamboula, de l’ autre côté de la rue Gjerstad dont la
construction a profondément modifié la topographie ancienne, une petite colline
artificielle, localement dénommée Bamboulos, fait pendant à celle de Bamboula. Il ne
fait aucun doute qu’ elle renferme des vestiges archéologiques, mais rien n’ indique qu’ il
s’ agit des restes du rempart, sinon un alignement approximatif dans l’ axe de l’ angle
repéré dans l’ Area IV (et dont on a vu ci-dessus la fragilité).
16. Un peu plus au sud, dans le même axe, un sondage implanté en 1976-
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1977 à Bamboula avait pour but de préciser le tracé de la muraille dans cette partie
de la ville24. Aucun bloc n’ a été mis au jour, mais les fouilleurs ont suggéré l’ existence
d’ une courtine de l’ enceinte du Bronze récent dans la partie est du sondage (dont
les pierres auraient été récupérées à date plus récente). L’ hypothèse repose sur deux
observations archéologiques : le substrat rocheux, dégagé dans la partie est du sondage,
a été aménagé ; un abondant matériel fragmentaire du Bronze récent constituerait un
dépôt jeté contre le rempart (curieusement sur sa face interne et non pas externe)25.
La découverte d’ un enchytrisme (inhumation de périnatal en jarre) a pu également
influencer cette hypothèse, l’ équipe ayant jusqu’ alors travaillé à Salamine, où de
nombreux enchytrismes de ce type ont été mis au jour dans la zone du rempart26. La
reprise de fouilles à cet endroit, en 2016-2018, a conduit à réviser cette interprétation27.
Le substrat rocheux est, en effet, aménagé, mais pour accueillir une occupation qu’ on
peut dater du Chypriote récent IIC (xiiie siècle av. J.-C.), c’ est-à-dire d’ une période
antérieure à la construction du rempart et que documentent notamment plusieurs puits
circulaires (au moins quatre dans la partie décapée). Le dépôt qui, dans l’ état du relevé

révise l’ interprétation proposée dans le rapport de fouille : rempart flanqué d’ une tour, en fonction, avec
plusieurs phases, du Bronze récent jusqu’ à l’ époque classique (Karageorghis 1977, p. 757-759).
24
Yon, Caubet 1985, p. 5-6.
25
Yon, Caubet 1985, p. 41-45.
26
Calvet 1980.
27
Des rapports succincts sont consultables sur le site de la « Chronique » en ligne, notices
n° 6169 (https://chronique.efa.gr/?kroute=report&id=6169), 6409 (https://chronique.efa.
gr/?kroute=report&id=6409) et 6780 (https://chronique.efa.gr/?kroute=report&id=6780).

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de 1977, avait, de fait, un aspect très rectiligne, a été retrouvé : la couche se poursuit
vers l’ ouest, et elle scelle les niveaux d’ occupation antérieurs au xiie siècle. Elle marque
donc une étape dans une occupation continue et non pas un dépôt, à date plus récente,
de matériel ancien déplacé : on a proposé d’ y reconnaître les traces d’ un rite d’ abandon,
connu par ailleurs à Chypre28.
17. L’ autre tronçon, supposément repéré un peu plus au sud en 1981, n’ a pas
plus d’ existence archéologique29. Si l’ on ne peut donc pas exclure que la muraille du
Bronze récent englobait le site de Bamboula, on n’ en a aucune preuve, et la courtine ne
passait en tout cas pas là où on l’ a précisément restituée.
20-22. Les archives du Département des Antiquités conservent mention de la
découverte, à l’ occasion de travaux, de blocs dont la description correspond à l’ appareil
de la muraille du Bronze récent30 : en 1947, lors de la construction d’ une maison
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privée (n° 20)31, et en 1959 lors du creusement d’ une fosse dans l’ arrière-cour du lycée
Evryviadion (n° 22).
24. On perd ensuite tout repère (sur le terrain et dans les archives) jusqu’ à un
profond dénivelé qui sépare la rue Diogène, en surplomb par rapport à un petit parc
qui la borde à l’ est.
Les prospections confirment donc dans ses grandes lignes le tracé proposé par
K. Nicolaou en 1976, mais seulement pour la muraille du côté occidental, vers les terres,
et, de façon encore plus précise, dans la portion nord qui ouvre sur une baie. Du côté
est (également bordé par la mer), on ne possède aucun bloc précisant son tracé, et son
existence même, du moins là où elle a été restituée, paraît dans certains cas douteuse.
La question est particulièrement piquante pour Bamboula qui a livré des vestiges dont
le statut urbain, depuis le Bronze récent, ne fait guère de doute. Et la question demeure
28
Fourrier 2019, p. 400-406.
29
Karageorghis 1982, p. 726-727.
30
Nous adressons tous nos remerciements aux directeurs successifs du département qui nous ont permis
de consulter ces archives pour la réalisation du SIG de Kition.
31
Le même tronçon a peut-être été dégagé en 2000, lors de la réfection du bâtiment de l’ électricité,
dans la parcelle vis-à-vis de Bamboula, de l’ autre côté de la rue Cimon. Le rapport déposé dans les archives
mentionne un mur qui suit à peu près l’ orientation de la rue (nord-est/sud-ouest) mais aussi un mur qui
prolonge celui du Bâtiment sud de Bamboula, un mur d’ époque classique, donc, et d’ orientation est-ouest
(voir aussi Yon 2006, p. 69). Selon une courte notice publiée du fouilleur (Georgiou 2003, p. 157-158),
les vestiges d’ un mur (dont la nature n’ est pas précisée) auraient été dégagés dans une couche contenant
du matériel allant du Chypriote Récent III au Chypro-Géométrique I-II : peut-être la muraille du Bronze
récent ?

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332 Chronique d’Orient - Chronique 2020

pour les périodes plus récentes : à l’ époque classique, le site abritait un arsenal militaire
(que documentent des hangars à trières dégagés par la mission française) ; il ne fait
guère de doute qu’ un endroit aussi stratégique était protégé de murailles, dont on n’ a
pourtant retrouvé pour le moment aucune trace.

La fouille
Pour compléter et préciser les résultats de la prospection, une campagne de
fouille a porté, en octobre 2019, sur le site du Mound, justement situé dans la partie
sud de la ville, bien loin du noyau urbain du Bronze récent (fig. 1b, n° 4). Il s’ agit d’ une
petite éminence, cernée d’ une profonde dépression du côté ouest, et généralement
interprétée comme abritant un fortin qui protégeait l’ une des portes de la ville32. La
présence d’ un bunker, probablement construit dans les années 1964-1974, donne du
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poids à l’ hypothèse en suggérant une permanence fonctionnelle. L’ occupation antique
y est, par ailleurs, documentée en surface par une colonne33. Avant la fouille, de gros
blocs de conglomérat, tout à fait semblables à ceux de la muraille du Bronze récent, ont
été repérés.
Les travaux de terrain ont consisté en un décapage de surface afin de faire
apparaître le tracé du mur, d’ une part (fig. 8), et en plusieurs sondages implantés
perpendiculairement à ce dernier pour en établir la datation, d’ autre part. Les niveaux
archéologiques, situés près de la surface, ont souffert de la construction du bunker et de
la tranchée qui s’ y rattache, ainsi que de la mise en plantation de la parcelle. Au nord, la
rue moderne a coupé à travers le rempart, les blocs déplacés étant rejetés dans la coupe.
Le relevé complet du site a permis de créer un modèle numérique de terrain (fig. 9) qui
met en évidence le surplomb de la colline, mais aussi la profonde fosse qui la borde sur
son flanc ouest et qui est vraisemblablement, au moins en partie, artificielle. Le site est
un témoin, un vestige fossile dans une zone dont la topographie a été profondément
lissée par des remblaiements massifs pour l’ aménagement routier et la mise en parcelles
constructibles. Le relevé des blocs de conglomérat affleurant en surface (fig. 10) révèle

32
C’ était, par exemple, l’ opinion de R. Hamilton Lang, reproduite dans Nicolaou 1976, p. 55. Voir les
photographies anciennes du site, ibid., pl. VII et p. 8, fig. 1 (point marqué « Mound: Gate? »). Le site
est désormais clos et géré par le département des Antiquités, qui a apporté un généreux soutien logistique
pour le désherbage. La fouille a bénéficié de la participation d’ A. Cannavò, N. Denninger, R. Hédan,
Ch. Peverelli et A. Savvas, que nous remercions de leur aide.
33
K. Nicolaou (1976, p. 61) mentionne d’ autres vestiges, aujourd’ hui disparus (« Well-dressed blocks
of gypsum and fragments of marble columns are still in situ or scattered about »).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020333

un tracé nord-ouest/sud-est, dans l’ alignement de l’ aménagement rocheux repéré le


long de l’ ancienne Agricultural nursery (n° 3), avec une inclinaison marquée vers le sud-
est qui suggère un retour vers l’ est à cet endroit.
Le sondage principal (sondage 20) a été poursuivi jusqu’ au substrat rocheux.
On a dégagé l’ alignement de blocs de conglomérats qui enserrent un remplissage
dense fait de mortier de plâtre, de dalles fragmentaires de gypse (marmaro local), avec
également de nombreuses inclusions de plâtres à empreinte de clayonnage provenant
d’ une toiture (fig. 11-12). Sous ce niveau, le rocher a été dégagé des deux côtés de
la courtine, à l’ altitude absolue d’ environ 9,30 m, à une profondeur plus grande par
rapport à la surface actuelle du côté ouest que du côté est. Il est partout aménagé : sur
le flanc ouest (extérieur) du rempart, on distingue une découpe rectiligne créant une
marche (fig. 13) ; sur le flanc est (intérieur), une surface aplanie portant les traces d’ une
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construction démontée (fig. 14). La fenêtre ouverte par la fouille est trop étroite pour
comprendre la nature de cet édifice, mais tout laisse penser que ce sont les spolia de ce
bâtiment (alors détruit) qui ont constitué le remplissage de la muraille (on remarque
notamment sur la surface aplanie du rocher, du côté est, l’ empreinte d’ un dallage de
grandes dalles qui pourraient correspondre à celles, malheureusement fragmentaires, de
marmaro, qui ont été retrouvées dans l’ appareil du rempart).
Comme le montre la coupe (fig. 15), les blocs de conglomérat de la muraille
reposent sur une couche de briques fondues épaisse et dense, très difficile à fouiller34.
Très peu de matériel a été recueilli dans la fouille : le déficit de mobilier est saisissant
quand on le compare à la production moyenne des sondages implantés dans la partie
nord de la ville (ainsi, par exemple, sur le site de Bamboula). Cela témoigne, de toute
évidence, d’ une occupation peu dense. En revanche, l’ éventail chronologique est
large, avec quelques éléments du Bronze récent (meule de basalte, tessons White Slip),
l’ essentiel datant de la fin de l’ époque classique et du début de la période hellénistique :
céramiques Plain White (bols, jattes et amphores), bols colour-coated à lèvre rentrante.
C’ est notamment le cas du peu de matériel découvert dans l’ appareil de comblement
entre les blocs du rempart et des quelques fragments provenant de la couche de briques
fondues sur laquelle il repose. Deux monnaies, découvertes dans cette dernière couche,
offrent un terminus post quem : ce sont des monnaies hellénistiques de bronze, dont un

34
Une même couche a été repérée lors de la fouille de la courtine de Kathari (ci-dessus, n° 8-19, avec
références) : elle y a été interprétée comme les restes d’ un rempart plus ancien. On peut désormais en
douter.

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334 Chronique d’Orient - Chronique 2020

bronze d’ Alexandre probable35 (fig. 16). Le rempart peut donc être daté, à cet endroit,
du début de la période hellénistique (fin du ive siècle avant J.-C.). Quant au bâtiment
démonté sur lequel il est érigé, les matériaux dont il était fait (dalles de gypse et usage
abondant du plâtre) invitent à le dater de la période classique au plus tôt.
Voilà les éléments assurés que livre la fouille. Pour le reste, on doit se contenter
d’ observations, et d’ hypothèses. On est tout d’ abord frappé par la ressemblance
entre les blocs de conglomérat du rempart de Kathari (daté du Bronze récent) et du
Mound (daté de l’ époque hellénistique). Il paraît peu probable que des blocs de telles
dimensions aient été transportés depuis la partie nord de la ville : étaient-ils en place
dans une muraille plus ancienne, située à proximité et démontée ? Rien ne permet
de l’ assurer et les quelques tessons du Bronze récent constituent un témoignage bien
fragile. Par ailleurs, la quantité très réduite de matériel livré par la fouille tend à suggérer
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que la zone se trouvait dans un environnement peu densément occupé, sans doute
suburbain (et cela quelle que soit la période envisagée). L’ appareil, enfin, du rempart
suggère une construction hâtive, avec récupération de blocs et bouchage de débris de
construction : une opération ponctuelle de fortification, dans un contexte historique
particulier, et non pas une histoire longue d’ urbanisme. Placé dans les temps troublés
de la fin du ive siècle avant J.-C., peut-on imaginer que la fortification du Mound est liée
aux remous politiques qui ont accompagné la fin du royaume indépendant de Kition et
la mise en place de l’ ordre lagide36 ?

Conclusion
L’ enquête menée sur le terrain confirme en large part (en le précisant) le tracé
restitué proposé par K. Nicolaou en 1976, du moins pour les côtés ouest et nord. Du
côté est, en revanche, aucune trace indiscutable d’ une muraille n’ a été dégagée et la
question du tracé reste ouverte. On peut même se demander si la ville de Kition était
ceinte de remparts continus.
La fouille effectuée sur le site du Mound a, par ailleurs, montré que le tronçon de
muraille y datait de la fin du ive siècle avant J.-C. : remployant des blocs de l’ enceinte
du Bronze récent, la courtine qui passait sur le Mound a été édifiée à la hâte, dans un
35
Tous nos remerciements à Constantina Hadjivasili, qui a restauré ces monnaies, et à Joël Françoise,
pour l’ identification effectuée à partir de photographies : au droit, tête d’ Héraklès ; au revers, massue et
carquois.
36
Par exemple lors du siège de Kition par Ptolémée Sôter en 315 : Diodore, XIX, 62, 3-6 (= Yon 2004,
n° 79).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020335

contexte d’ urgence, et elle n’ est vraisemblablement guère restée longtemps en fonction.


Élément structurel d’ urbanisme au Bronze récent pour la muraille de Kathari,
fortification conjoncturelle au début de la période hellénistique pour celle du Mound.
Doit-on en conclure que, malgré l’ homogénéité d’ appareil (avec emploi de gros blocs de
conglomérat pour le soubassement), les différents tronçons repérés datent de périodes
différentes ? Il est impossible de le savoir, sauf à multiplier les opérations de fouilles
ponctuelles. Enfin, si l’ on accepte l’ hypothèse que les blocs de conglomérat du Mound
n’ ont pas été transportés depuis un lieu éloigné, et que donc la muraille du Bronze
récent passait à proximité, reste la difficulté que posent l’ extension de la ville, et le peu
de matériel retrouvé dans cette zone. Peut-être faut-il alors rompre avec les modèles
(celui d’ Enkomi notamment) et supposer un urbanisme lâche avec des zones mises
en culture, l’ essentiel de la ville (habitat et monuments) étant rassemblé sur le plateau
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nord ? Faute d’ apporter des réponses définitives, les résultats des travaux de la mission
française permettent du moins de préciser les questions, en les déplaçant.

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336 Chronique d’Orient - Chronique 2020

Figures
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Figure 1a : Le tracé du rempart de l’ ancienne Kition d’ après Nicolaou 1976, p. 8, fig. 1.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020337
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Figure 1b : Extrait du SIG de Kition (A. Rabot). Restitution de la topographie et de la ligne de côte antiques.
Les numéros correspondent à des tronçons (avérés ou supposés) du rempart du Bronze récent, listés dans le texte.

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338 Chronique d’Orient - Chronique 2020
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Figure 2 : Blocs de conglomérat au point n° 2, vue vers l’ est (Mission de Kition, 2009).

Figure 3 : Le substrat rocheux taillé en bordure est de l’ ancien Agricultural nursery (point n° 3), vue vers le sud
(Mission de Kition, 2019).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020339
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Figure 4 : Modèle numérique du terrain de l’ ancien Agricultural nursery (point n° 3), le rocher taillé est indiqué en ligne
pleine continue (SIG de Kition, A. Rabot).

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340 Chronique d’Orient - Chronique 2020
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Figure 5 : Le dénivelé vu depuis la rue Teukros (point n° 5), vers le nord-ouest (Mission de Kition, 2009).

Figure 6 : Point n° 5, vue aérienne du mur mis au jour par le département des Antiquités rue Teukros (SIG de Kition,
A. Rabot et A. Satraki, avec l’ aimable autorisation du département des Antiquités, Chypre).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020341
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Figure 7 : Le rempart de Kathari (points n° 8-9) vers l’ est (Mission de Kition, 2009).

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342 Chronique d’Orient - Chronique 2020
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Figure 8 : Mound (point n° 4), le tracé du rempart après désherbage, vers le nord (Mission de Kition, 2019).

Figure 9 : Mound (point n° 4), modèle numérique de terrain avec localisation des sondages (SIG de Kition, A. Rabot, 2019).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020343
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Figure 10 : Mound (point n° 4), relevé des blocs de conglomérat visibles en surface (SIG de Kition, A. Rabot, 2019).

Figure 11 : Mound (point n° 4), sondage 20, vue vers le sud : la couche d’ effondrement du rempart
(Mission de Kition, 2019).

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344 Chronique d’Orient - Chronique 2020

Figure 12 : Mound (point


n° 4), empreinte de clayon-
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nage sur plâtre provenant
d’ une toiture (Mission de Ki-
tion, 2019).

Figure 13 : Mound (point n° 4), sondage 20, flanc ouest de la courtine : le substrat rocheux aménagé, vers le nord
(Mission de Kition, 2019).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020345
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Figure 14 : Mound (point n° 4), sondage 20, flanc est de la courtine : le substrat rocheux aménagé, vers le nord (Mission de
Kition, 2019).

Figure 15 : Mound (point n° 4), coupe sud sur le rempart (Mission de Kition, A. Rabot).

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346 Chronique d’Orient - Chronique 2020
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Figure 16 : Monnaie en bronze d’ Alexandre KEF-1547 (Mission de Kition, C. Hadjivasili).

Sabine Fourrier – Université Lumière-Lyon 2 – UMR 5189, HISOMA


Alexandre Rabot – Université Lumière-Lyon 2 – UMR 5189, HISOMA

La Mission archéologique franco-bulgare à Apollonia du Pont


(Sozopol, Bulgarie) : le tumulus aristocratique de la parcelle cadastrale
UPI 7547 (ive siècle avant J.-C.)

I- Les tumuli, marqueurs du paysage social de la colonie


Les tertres funéraires qui parsèment le territoire d’ Apollonia du Pont constituent
les marqueurs parmi les plus importants du paysage social de la cité durant le ive siècle
avant J.-C. Directement placés pour certains en surplomb de la nécropole classique
et hellénistique de Kalfata-Budjaka, ils accompagnent la voie de circulation littorale,
à un moment où ils colonisent également les sommets de la chaîne collinéenne d’ où
ils dominent un domaine rural densément peuplé. Certains cependant privilégient
un emplacement plutôt excentré, situé à l’ extrémité des divers caps qui rythment le
littoral où, dans une référence claire aux épopées homériques37, ils s’ offrent au regard
des marins, à l’ image des tombeaux des héros tombés à Troie. Cette pratique ne traduit
pas seulement une volonté d’ héroïsation du défunt à une époque où les références à
l’ univers homérique se font de plus en plus palpables dans les rites funéraires, mais
37
 Odyssée, XXIV, 79-84.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020347

elle reflète également un investissement croissant de l’ aristocratie apolloniate dans des


monuments familiaux par lesquels elle entend matérialiser sa puissance et son emprise
spatiale sur le territoire poliade.
Ce processus n’ est pas sans nourrir une évidente contradiction avec la
connaissance que nous avons de l’ organisation politique de la cité38. Aristote39 évoque
en effet la transition à Apollonia entre un régime oligarchique, dominé par les grandes
familles fondatrices, accusées de prédation sur les finances publiques, et un régime
démocratique. Ce processus s’ opère, il est vrai, à une date qui n’ est pas précisée, mais
qui s’ avère de fait antérieure au troisième quart du ive siècle avant J.-C. La relation
éventuelle que cet événement peut entretenir avec les tensions sociales suscitées par
l’ arrivée d’ une seconde vague de colons, évoquée également par Aristote40, demeure
tout aussi obscure. Pourtant, si le mode de couverture des tombes à Apollonia au ve
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siècle avant J.-C. est encore mal connu, le tertre funéraire connaît une large diffusion
durant le premier quart du ive siècle avant J.-C. où il devient, durant une courte
période, le mode de marquage prédominant41. Les tumuli sont alors individuels et ne
recouvrent en général qu’ une seule tombe, mais les plus imposants d’ entre eux peuvent
présenter plus de 6 m de diamètre (tombes n° 336 et 291 de Kalfata) pour une hauteur
atteignant 1,5 m. Ce type de couverture finit néanmoins assez vite, dès le second quart
du ive siècle, par céder la place dans la nécropole littorale de Kalfata à des systèmes
de marquage plus discrets, et pour certains d’ entre eux modestes. Cette évolution
reflète les contraintes induites par une densification des secteurs funéraires où le luxe
s’ exprime désormais par le biais des périboles et des terrasses funéraires42. D’ autres
facteurs sont également invoqués, comme l’ existence de lois somptuaires que semble
refléter l’ équilibre qui s’ instaure entre l’ investissement consenti dans la construction de
la tombe et celui engagé dans les offrandes. La frugalité du mobilier qui accompagne les
tombeaux les plus coûteux (cistes, sarcophages) s’ oppose alors à la richesse de certaines
tombes à fosses qui constituent les sépultures parmi les mieux dotées, aboutissant in fine
à une standardisation du mobilier funéraire.
Pourtant, cette évolution s’ opère à un moment où la construction de larges
tumuli dans le territoire ne faiblit pas, comme le démontre l’ érection du tumulus de
38
Baralis 2019, p. 18-20.
39
 Politique, V, 3, 13.
40
 Politique, V, 3.
41
 Riapov et al. 2010, p. 55-64.
42
 Riapov et al. 2010, p. 65-75.

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348 Chronique d’Orient - Chronique 2020

Kissir Mikhail Tepe (Mapité 1), large de 38,3 m pour une hauteur de 6 m, fouillé en
1904 par le consul Alexandre Degrand et dont le mobilier est partagé aujourd’ hui
entre le musée du Louvre et le musée national d’ archéologie de Sofia. Se pourrait-il dès
lors que la cité, à l’ image d’ autres colonies comme Épidamne43, ait connu une histoire
plus tourmentée, rythmée par une opposition incessante entre clans aristocratiques et
partisans d’ un régime démocratique, qui aurait vu au terme d’ une situation de stasis le
retour victorieux des anciennes familles ? À moins que ces dernières au contraire n’ aient
pas totalement disparu du paysage social au prix certes de quelques concessions, comme
ce fut le cas par exemple à Athènes.
Afin de saisir l’ identité, à la fois sociale et ethnique, de ces individus qui bénéficient
d’ un traitement différencié par rapport à la masse des citoyens, la mission archéologique
franco-bulgare à Apollonia du Pont a développé un axe d’ étude consacré à ces contextes
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aristocratiques. Après la fouille en 2017 d’ une nécropole tumulaire dans le secteur de
Mapité44, elle est intervenue du 2 au 28 septembre 2018, en coopération avec le musée
archéologique de Sozopol (dir. Dimitar Nedev), sur un tumulus récemment découvert
sur la péninsule de Budjaka lors des travaux de terrassement engagés sur la parcelle
cadastrale UPI 7547 dans le cadre d’ un projet immobilier (responsables : T. Bogdanova
pour le musée archéologique de Sozopol et A. Baralis pour la mission française)45.
Le tertre se situe 2,7 km au sud-est de la cité d’ Apollonia, le long du littoral nord
de la péninsule de Budjaka. Seuls 260 m le séparent de la côte rocheuse et 720 m du
groupe de tumuli présent sur le cap Kolokita. Par son positionnement géographique, il
occupe donc un emplacement intermédiaire disposé à mi-chemin entre le centre de la
péninsule de Budjaka, où dominent les tertres funéraires érigés au lieu-dit « Batteria »,
et ceux fouillés sur le cap Kolokita en 1885 et 1904 par A. Goffas et A. Degrand46, puis
plus récemment par M. Tsaneva (1981) et enfin par plusieurs membres de l’ Institut
national d’ archéologie en 200647.

43
Thucydide, I, 24-26.
44
Bogdanova, Nedev, Baralis, Krumova 2018.
45
Bogdanova, Nedev, Baralis 2019. Un soutien particulier a été accordé par l’ Institut français de
Sofia, ainsi que par le musée archéologique de Sozopol qui a assuré le co-financement des opérations. La
mission a opéré pour sa part sur un co-financement alloué par la commission des fouilles du Ministère des
affaires étrangères et par le musée du Louvre dans le cadre du programme de recherche sur la mer Noire
(resp. A. Baralis).
46
Shkorpil, Shkorpil 1891. Seure 1924, p. 328-330.
47
Alexandrov 2007 ; Bozkova, Petrova 2007 ; Katsarova 2007 ; Mikov 2007.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020349

II- Le tumulus de la parcelle cadastrale UPI 7547


Le tertre occupe une parcelle cadastrale de 0,148 ha (UPI 7457), disposée
en surplomb de plusieurs complexes hôteliers qui bordent la longue route côtière.
Recouvert jusqu’ ici d’ une épaisse couverture forestière, cet espace a fait l’ objet au cours
des jours précédant l’ ouverture du chantier de nombreuses opérations de terrassement,
lesquels se sont soldées par une rectification des marges méridionales et septentrionales
du tertre, respectivement sur un et deux mètres, tandis que les extrémités est et ouest
elles-mêmes n’ ont pas été épargnées. Ces interventions lui ont conféré en retour un
aspect rectangulaire, assez singulier. Doté encore à notre arrivée d’ une longueur de
16,10 m pour une largeur de 7,50 m, sa hauteur, de 2,25 m au sud, atteint près de
3,05 m au nord en raison d’ un effet de pente. Le massif, anormalement long pour un
tertre funéraire, présente une orientation globale de 75° est.
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Après un relevé photogrammétrique de la structure par drone, celle-ci a été
balayée par prospections géoradar au moyen d’ un équipement de marque « Mala »
grâce à la coopération offerte par le musée archéologique de Primorsko (D. Pantov).
Sept profils, large chacun d’ un mètre, ont couvert la partie la plus haute du monticule
suivant une orientation est-ouest modifiée de 15° conformément à celle du tumulus
(fig. 3). Parmi les résultats acquis, le troisième profil a détecté la présence à un mètre de
profondeur d’ une imposante structure pouvant correspondre à une tombe maçonnée
d’ une largeur approximative d’ un mètre. Un semblable signal a été obtenu sur les
quatrième, cinquième et sixième profils, révélant une seconde structure de dimensions
plus imposantes. Ces données ont donc éclairé une concentration potentielle d’ objets
dans la partie sud-ouest du remblai, tous alignés est-ouest. Enfin plusieurs cavités ont
été repérées dans les profils 2, 3 et 4, tandis que des anomalies de plus petites dimensions
sont apparues en divers points du remblai.
1- Le secteur oriental
Afin d’ opérer un enlèvement méthodique du remblai et d’ en analyser sa
structure, nous avons procédé par coupes successives depuis l’ extrémité orientale où les
prospections géoradar n’ ont identifié aucune anomalie. La première coupe a couvert
les trois premiers mètres de la couverture, tandis que les 4 autres coupes ont été dotées
chacune d’ une largeur d’ un mètre et demi. Elles ont dévoilé ainsi l’ organisation interne
de la partie orientale du remblai (fig. 1). Celui-ci s’ articule autour d’ une accumulation
de gros blocs (dimensions moyennes de 0,40x0,35x0,15 m) organisés en demi-cercle,
dessinant ainsi une couronne large de 2,10 m au sud et de 2,70 m à l’ est (niveau

DHA, 46/2, 2020


350 Chronique d’Orient - Chronique 2020

supérieur : 45,57 m au sud, 44,48 m au nord). Cette formation, similaire à un mur de


ceinture, s’ avère mieux conservée au nord et à l’ est, tandis que les blocs qui la constituent
se mêlent au sud à divers affleurements du substrat rocheux. Elle occupe un espace large
de 9,50 m qui entoure une zone centrale de 5,10 m de diamètre.
Le remplissage de cette structure dispose de sa propre stratigraphie. Celle-
ci s’ articule autour d’ une première couche (US 2 : 0,00 à 0,26 m ; niveau supérieur :
45,90 m) formée d’ un cailloutis mélangé à une terre jaunâtre entourant au centre une
zone de terre grisâtre de 0,66 m de diamètre consécutive à un dépôt de cendres. À ce
premier horizon succèdent des moellons de plus gros calibre (US 3, de 0,26 à 0,58 m),
pris dans une terre brune relativement meuble, qui recouvrent à leur tour un troisième
niveau de gros blocs et de cailloutis (US 4) reposant sur un mince horizon d’ argile
(US 5) disposé lui-même directement sur le substrat (niveaux : 44,72 m au sud, 44,49 m
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au nord). L’ ensemble de cette structure semi-circulaire est recouvert enfin d’ une couche
de moellons (US 1) qui forme le niveau supérieur de la couverture tumulaire.
Le matériel mis au jour parmi les blocs de la ceinture et dans le remplissage
central s’ avère très hétéroclite. Il révèle une association de fragments d’ amphores
recouvrant un large champ de centres producteurs (Thasos, Héraclée, Lesbos, Chios,
Solokha) du ve et surtout du ive siècle avant J.-C. Ils sont accompagnés de fragments de
pithoi, de tuiles corinthiennes et tuiles couvre-joints, mélangés à de plus rares fragments
de céramique commune (pots, cruches) auxquels s’ ajoutent quelques spécimens, eux
aussi fragmentaires, d’ amphores peignées et de cruches cannelées des iiie et ive siècle
apr. J.-C., dont certains ont été découverts à la base de la ceinture de blocs. L’ analyse
des sédiments éclaire la présence au centre de la structure d’ un noyau d’ olive et d’ un
pois chiche.
Cette formation, qui occupe la moitié orientale du tumulus, demeure
relativement énigmatique, bien que le caractère diachronique du matériel oriente vers
un massif d’ épierrement qui aurait été utilisé comme zone d’ accumulation dès la fin de
l’ Antiquité. Un creusement moderne de 2,10x4,30 m à son extrémité sud-est rappelle
en ce sens que ce massif a servi encore récemment de lieu d’ enfouissements de déchets.
Pourtant, la structure interne de ce remblai interpelle, dans la mesure où loin de
correspondre à une accumulation chaotique et éparse de matériel, elle s’ articule autour
d’ un alignement circulaire de blocs plus ou moins cohérent, encadrant un remplissage
doté d’ horizons nettement différenciés qui n’ est pas sans rappeler l’ organisation
interne des couvertures tumulaires fouillées en 2017 dans le secteur de Mapité, elles
aussi dépourvues de tout contexte funéraire.

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020351

2- Le monument funéraire
Quelle que soit sa fonction, la structure orientale accorde au tertre sa forme
allongée si singulière. Elle borde elle-même un tombeau maçonné qui occupe la
moitié occidentale du remblai. De forme quadrangulaire, ce monument est doté d’ une
longueur de 7,78 m (nord-sud) pour une largeur de 6 m (est-ouest), couvrant une
superficie globale de 46,68 m2 (fig. 2 et 4). Ses quatre murs disposent de deux à trois
assises construites en blocs de grès dunaires placés le plus souvent en carreau, de champ,
et plus rarement en boutisse, suivant un appareil pseudo-orthogonal. Elles reposent à
leur tour sur une semelle de fondation de dalles de gneiss qui s’ appuie elle-même sur
un radier de moellons. L’ élévation de la façade méridionale est ainsi de 0,67 m ; celle
de la façade orientale de 0,70 m. Le monument doit cependant composer à l’ ouest et
à l’ est avec le dénivelé du terrain. Pour ce faire, une nouvelle assise est ajoutée à 4,67 m
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de l’ angle sud-est à la base du mur afin de compenser l’ abaissement du niveau de base.
Ce système perdure sur 0,71 m avant que l’ assise supérieure ne disparaisse à son tour,
conférant au monument une élévation plus ou moins homogène.
Les quatre murs s’ adossent par ailleurs à un blocage de gros blocs de gneiss,
plus ou moins alignés. Ce massif repose en arrière du mur oriental sur une assise de
dalles, tandis que les blocs supérieurs ne présentent aucun appareil et suivent plutôt
la logique de l’ accumulation. Ils dépassent parfois la dernière assise du mur de façade,
comme le long du mur méridional où ces blocs surplombent l’ assise supérieure de
0,20 m. L’ épaisseur donnée à ce blocage s’ avère variable. S’ il dispose d’ une seule rangée
de blocs au sud, il se dédouble en revanche le long du mur nord où il se développe
sur une épaisseur de 0,95 m. Cette particularité s’ explique par la fragilité de la façade
septentrionale, directement exposée aux contraintes de la pente. Malgré les précautions
prises, ce renforcement n’ a pas empêché le mur de s’ effondrer au cours d’ un événement
brutal dont on retrouve l’ écho sur l’ ensemble des tombes. Les diverses assises de ce mur
ont ainsi été déposées à l’ horizontale, immédiatement en contrebas, devant la première
assise, suivant un pendage de 30 à 40°.
D’ autres interventions sont venues endommager par la suite le monument,
comme en témoigne la disparition de la plupart des blocs d’ angles, ainsi que d’ une
partie du mur occidental. Ces observations permettent de supposer que le tombeau
n’ ait pas été dès l’ origine recouvert sur ses quatre côtés d’ un épais remblai tumulaire en
dehors de celui qui compose son remplissage, expliquant l’ accumulation d’ un matériel
diachronique et hétéroclite que l’ on retrouve ici aussi dans les couches supérieures de la
couverture tumulaire amphores et vases tardo-romain, céramique glaçurée ottomane.

DHA, 46/2, 2020


352 Chronique d’Orient - Chronique 2020

Par sa présence, ce mobilier trahit la déposition tardive et diachronique d’ une partie de


ce remblai.
On note par ailleurs sur le mur nord, en quatrième position depuis l’ est, au sein
de l’ assise supérieure, un bloc en grès dunaire présentant la forme singulière d’ une base
de colonne posée sur un segment de stylobate (0,45x0,85 m). Loin de constituer la
preuve que le tombeau disposait d’ une quelconque façade monumentale, l’ utilisation
de ce bloc démontre le réemploi ponctuel d’ éléments destinés à d’ autres constructions
et réorientés en raison soit de l’ abandon de la commande, soit d’ une erreur de taille.
Le tombeau devait être pour autant couronné par une imposante stèle dont la base
imposante (0,63x0,56x0,25 m) a été découverte 3,25 m à l’ est de son angle nord-est,
posée curieusement de champ aux marges du secteur oriental.
3- Le remplissage du tombeau et les dépositions rituelles postérieures aux funérailles
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Le tombeau dispose d’ un épais remplissage dont la couche supérieure n’ est autre
que la couche homogène de moellons qui constitue la surface de l’ ensemble du tumulus
(US 1 : 0,00 à 0,23 m). Outre le caractère diachronique de son matériel, les fragments
de céramique, de tuiles ou de pithoi accusent tous de fortes marques d’ intemporisation.
Le second horizon stratigraphique a livré pour sa part des moellons plus imposants
(0,25x0,20 m en moyenne), pris dans une terre brune relativement meuble dont le
calibre s’ affirme en profondeur (0,45x0,25 m). Il s’ agit du véritable remblai tumulaire.
Ce dernier renferme trois contextes rituels. Le premier consiste en une grande coupe
non vernissée placée en position sommitale, au centre du tombeau, immédiatement à
la jonction entre la première et la seconde couche (fig. 5). Posée intentionnellement à
l’ envers, elle représente l’ acte de scellage du tombeau, associé à une libation. Légèrement
plus au sud, mais à un niveau inférieur, un second dépôt rituel (DP 2, fig. 8 et 9),
dépourvu de toute marque de combustion, a été mis au jour dans une zone située en
surplomb immédiat de la tombe SP 4. Ce contexte (niveau 46,09 m), relativement
imposant, s’ étend sur une zone large de 1,26 m. Il repose à 0,48 m sous la surface tardive
du tumulus et donc à 0,25 m de profondeur sous celle de la seconde couche du remblai.
Les 14 vases qui le composent s’ étagent eux-mêmes sur une profondeur de 0,37 m.
Ils couvrent une large typologie (bols et coupes à vernis noir, bols communs, plats à
poisson, cruche, canthare à vernis noir, pots). La plupart d’ entre eux sont empilés et
certains placés à l’ envers. Ils orientent vers le second quart ou le milieu du ive siècle
avant J.-C. Ce dépôt répond à une catégorie de dépositions rituelles bien connue dans
la nécropole littorale de Kalfata où de tels contextes, disposés habituellement en fosse,

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020353

dans le remblai qui recouvre la tombe ou à proximité du système de marquage, associent


vases à boire et à verser, et formes plus ouvertes (bols) accompagnés parfois d’ offrandes
alimentaires, végétales et carnées, et de divers objets48. Ces offrandes (enagismata)
matérialisent les cérémonies (nomizomena) dues au défunt après les funérailles. De
par leur disposition géographique, elles sont susceptibles de correspondre soit aux
hommages du neuvième jour, importants parmi tous pour la légitimité successorale
qu’ ils confèrent aux participants, soit à ceux du trentième jour, interdits parfois dans
certaines cités, comme Kéos49, de par les coûts qu’ ils engendrent. Ils ont en revanche
peu de chance de répondre à la cérémonie du troisième jour, plus modeste, laquelle ne
se matérialise à Apollonia que par la présence d’ un à deux vases directement en haut de
comblement de la fosse ou sur le tombeau lui-même.
Par ailleurs, on observe la présence 1,95 m au nord-est du dépôt DP 2, d’ un
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mince foyer (F5), sans vase ni matériel associé, qui repose également dans le remplissage,
à 1,18 m du parement oriental. Plus en profondeur, la partie centrale du tombeau est
occupée par une terre brune sans matériel, ni immixtions de pierres, correspondant à
la couverture initiale de la tombe SP 4, tandis que le second horizon stratigraphique
se poursuit au nord encore plus bas où il cède la place à une couche de terre compacte
mélangée à de très nombreux charbons et à du sable jaune orangé. À son tour, cette
couche recouvre dans ce secteur un dernier horizon de terre comportant des pierres de
petit calibre qui se développe jusqu’ au substrat, lequel affleure dans la partie nord du
tombeau. Il est dès lors possible de supposer que cette couche ait constitué le niveau
d’ installation de la première tombe (SP 4).
4- Les sépultures centrales
La première sépulture, placée approximativement au centre du tombeau,
correspond à une ciste monumentale, longue de 2,59 m pour une largeur de 1,21 m,
orientée 80° est (SP 4). Elle occupe un emplacement disposé à 3,22 m du parement nord
du tombeau, 3,72 m du parement sud, 1,22 m du parement est et 1,81 m du parement
ouest. Quatre dalles imposantes assurent sa couverture (alt. 45,50 m), chacune d’ une
longueur oscillant entre 1,00 et 1,16 m pour une largeur inscrite entre 0,52 et 0,58 m
et une hauteur de 0,29 à 0,30 m. Ces dalles sont elles-mêmes scellées par une argile
pure, brune foncée, très plastique, qui comble les jointures de la cuve du tombeau, ainsi
que les espaces interstitiels entre les dalles, et lui confère une excellente étanchéité.
48
Baralis 2010. En Grande Grèce : Rastrelli 1984-1985, p. 322 et 358.
49
Sokolowski 1969.

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354 Chronique d’Orient - Chronique 2020

Ce dispositif est complété par une couche de sable pur de couleur jaune orangé qui
recouvre les dalles de couverture avant d’ être scellée à son tour par une nouvelle couche
d’ argile. Une monnaie en bronze d’ Apollonia (avers : ancre ; revers : tête d’ Apollon) a
été découverte à proximité de l’ angle nord-ouest de la tombe, dans le remblai. La cuve
de la tombe est construite au moyen de deux assises de blocs de grès dunaires suivant
un appareil isodome. Le parement interne des blocs, très soigneusement équarris, à
la jointure soignée, est recouvert d’ une peinture rouge, directement appliquée, sans
mortier, sur la surface de la pierre (fig. 6).
Le défunt, un homme mature (40-60 ans), repose en décubitus dorsal, membres
en extension, tête à l’ est. Si le sujet est en position anatomique, il ne présente pas moins
quelques particularités : le crâne, disposé contre la paroi nord, sur le côté gauche, n’ est
en effet pas posé sur la mandibule ; les côtes, en désordre, outrepassent le crâne vers l’ est ;
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le bassin enfin est bouleversé, tandis que les jambes n’ apparaissent pas parfaitement
alignées, les os des deux tibias se chevauchant avec ceux des hanches. Le mobilier
s’ articule autour d’ un ciseau en fer (PIN n° 103), caractéristique pourtant à Apollonia
des sépultures féminines, lequel a été brisé en deux segments posés respectivement au
niveau du bassin et sur la main gauche, ainsi que d’ un strigile en bronze à palmette
(PIN n° 101, alt. 44,36 m), découvert contre la hanche gauche, mais dont quelques
fragments de l’ extrémité de la lame ont été dispersés contre la paroi sud de la tombe,
le long d’ une vaste zone s’ étendant depuis le coude jusqu’ au pied. Enfin, un pot (PIN
n° 100, alt. 44,33 m) a été placé à l’ envers, embouchure vers le bas, à l’ ouest du bassin.
On note par ailleurs la présence d’ offrandes alimentaires, à savoir des moules, dans le
mince remplissage de la tombe.
Aucun éclat de pierre n’ a été découvert à proximité de la ciste. Les blocs de la
tombe, comme ceux de la couverture, n’ ont donc pas été ajustés sur place. Par ailleurs, la
couche qui recouvre immédiatement le dernier scellage en argile diffère profondément
du reste du remblai tumulaire. Il s’ agit en effet d’ une couche de terre brune et meuble,
relativement pure, dépourvue de tout matériel et de toutes immixtions de pierres. Cet
horizon, qui débute à l’ altitude de 45,85 m, présente une épaisseur d’ à peu près 30 cm
et semble correspondre à un petit tertre placé sur la tombe avant que ne soit construit le
tombeau lui-même et que ne soit mis en place plus tard son remplissage.
À 0,70 m au sud de SP 4, une seconde ciste (SP 3) aux dimensions monumentales
occupe l’ extrémité méridionale du tombeau. Elle est entourée au nord et à l’ est d’ un
coffrage de dalles placées en carreau ou en boutisse qui forme une plate-forme tout
autour de la cuve. La ciste est elle-même fermée par cinq dalles imposantes d’ une

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Chronique d’Orient - Chronique 2020355

longueur oscillant entre 1,03 et 1,59 m pour une largeur de 0,39 à 0,56 m et une
hauteur de 0,46 m, lesquelles composent une couverture longue de 2,45 m. La cuve est
construite en blocs de grès dunaire dont le débitage s’ avère moins soigné que ceux de
la tombe SP 4. Ils conservent en effet de façon ostentatoire les traces de gradine. Les
parois internes réunissent deux à trois assises, sans trace de peinture. Bien que de l’ argile
ait été utilisée ici aussi pour étanchéiser la tombe, celle-ci n’ a pas empêché le remblai
de la couverture tumulaire de s’ infiltrer depuis l’ extrémité occidentale et de remplir la
sépulture aux trois quarts.
Le sujet, un homme mature (65-70 ans), repose en décubitus dorsal, tête à l’ est.
Le corps présente des perturbations similaires à celles identifiées sur SP 4 : le crâne
repose à 0,25 m de la mandibule, elle-même placée de façon énigmatique à l’ angle
nord-est de la tombe ; une côte s’ intercale entre les deux, tandis que d’ autres côtes sont
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éparpillées le long de la paroi sud, au niveau des membres supérieurs et inférieurs du
sujet ; enfin les jambes accusent le même chevauchement que celui observé dans SP 4.
Ce désordre témoigne du remplissage tardif de la tombe, postérieur à cette mobilité qui
n’ a été possible que par une décomposition du corps dans un espace non colmaté. La
question d’ un lit funéraire, qui se serait effondré, est directement posée.
Le mobilier s’ articule ici autour de deux strigiles (PIN n° 105 et 106) en bronze
placés en quinconce, à seulement 12 cm l’ un de l’ autre, et à 10 cm du crâne. L’ anse d’ un
des deux strigiles repose d’ ailleurs sous le bras droit. Deux lécythes – l’ un à filet (PIN
n° 107), l’ autre à figures rouges orné d’ une palmette (PIN n° 108) – ont été déposés sur
le bassin. Cependant, le col et l’ embouchure de ces deux vases ont été préalablement
rituellement brisés, comme le veut l’ usage à Apollonia, et ces divers éléments déposés
en plusieurs endroits de la tombe, notamment entre les jambes et contre la hanche
droite, tandis qu’ un fragment de la panse du lécythe à filet a été découvert sous le crâne.
Enfin, une olpé, intacte, complète le mobilier. Elle est placée sur le côté, contre la paroi
occidentale de la tombe, au niveau des pieds. Les deux lécythes orientent vers la fin du
second quart du ive siècle avant J.-C. 
À une date plus tardive, un dallage de quatre dalles a été aménagé dans l’ angle
sud-est du tombeau (fig. 7). La dalle la plus occidentale se superpose d’ ailleurs sur
0,21 m à la dalle de couverture orientale de la ciste SP 3. Cette structure, alignée à 95°
est, constitue un lit funéraire destiné à un troisième sujet mature, de sexe masculin,
posé en décubitus dorsal, tête à l’ est, directement dans le remblai (SP 2). Son crâne est
curieusement placé à proximité des limites orientales du tombeau, et ce sans aucune
couverture, ni protection. De façon caractéristique, aucun mobilier n’ accompagne le

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356 Chronique d’Orient - Chronique 2020

défunt, lequel semble n’ avoir pas joui du même statut social que les deux premiers sujets
auxquels pourtant cet aménagement le rattache. Il est permis, au regard du traitement
différencié dont il a fait l’ objet, de se demander s’ il s’ agit d’ un membre direct de la
famille ou d’ une personne occupant un autre statut – serviteur ? esclave ?
5- La sépulture secondaire
Les trois tombes protégées par le tombeau ne sont pas les seules à occuper la
parcelle funéraire. À 0,74 m du mur méridional, une troisième ciste, elle aussi de
grandes dimensions, a été installée de façon strictement parallèle au monument. D’ une
longueur de 2,46 m pour une largeur de 1,05 m, elle ne garde de sa couverture que
la dalle occidentale, elle-même préservée de façon très fragmentaire, expliquant que
la tombe soit entièrement colmatée par un remplissage issu du remblai tumulaire.
Aucun fragment des dalles manquantes n’ a été découvert à proximité, éclairant leur
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enlèvement, peut-être après une tentative de pillage de la tombe. C’ est ce que laisse
deviner le caractère homogène de ce remplissage sur une épaisseur de 0,70 m qui diffère
des 25 derniers centimètres, eux-mêmes d’ origine exogène.
Le segment de la dalle de couverture encore en place est construit en grès dunaire.
Il dispose d’ une épaisseur de 9,5 cm et présente une surface plane, contrairement à celles
des tombes SP 3 et 4 qui sont, elles, à double pente. Deux assises rythment ses parois
sud et nord, tandis que les parois est et ouest ne comptent qu’ une seule dalle posée
de champ. Tous les blocs sont également en grès dunaire. La profondeur remarquable
de la tombe – 0,98 m – semble l’ avoir protégée des tentatives d’ intrusion. Le sujet, un
homme mature (60-65 ans), repose en décubitus dorsal, tête à l’ est. Le corps a souffert
des mêmes perturbations que ceux observés dans les tombes SP 3 et 4, trahissant une
exposition du corps en position haute, sans doute sur un lit funéraire en bois, avant
son effondrement tardif, bien qu’ aucune cavité latérale, destinée aux pieds de la klinè,
n’ ait été ici observée. Éclairant les facteurs entourant cette similitude observée dans
les perturbations qui ont affecté les trois principales sépultures, le mur septentrional
du monument funéraire témoigne de par son effondrement d’ un puissant évènement
sismique. Il est dès lors possible que les trois lits funéraires se soient alors affaissés à un
moment où le bois des klinai n’ était plus guère vaillant. Le remblai tumulaire n’ avait
pas alors entièrement recouvert le mur septentrional du monument, laissant ainsi ses
blocs s’ effondrer en ligne, fragilisés par l’ effet de pente et par la poussée exercée par le
remplissage du tombeau.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020357

Revenant sur SP 1, on note que la sépulture a livré un alabastron en argile (PIN


n° 12) posé contre le bras droit, une monnaie en argent d’ Apollonia (PIN n° 11, avers :
ancre ; revers : tête de Gorgone) présente dans le remplissage, ainsi qu’ une aiguille en
bronze (PIN n° 36) placée sous le crâne (linceul ? coussin ?) et un strigile en bronze
(PIN n° 13) disposé contre la jambe droite mais dont une partie de la lame a été
découverte à l’ est du crâne.
Un bloc (0,32x0,50x0,42 m) repose de même à 0,68 m au nord-ouest de la ciste.
Contre son angle nord-est a été disposé un dépôt funéraire (DP 1) qui regroupe une
coupe à vernis noir ornée d’ un décor estampé de palmettes et un pot placé à l’ envers.
Cette association démontre en retour que le bloc a pu servir de marqueur pour la
sépulture.
6- Les foyers rituels
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Signe de la remarquable prospérité des membres de la famille inhumée dans
le tombeau, quatre imposants foyers bordent la structure centrale. Ils sont disposés
le long de ses façades ouest, sud et est. Le premier foyer (F1, fig. 10), placé devant le
mur occidental, comporte à sa base une coupe non vernissée, posée à l’ envers, au fond
du creusement aménagé pour accueillir le foyer. Ce dispositif, en apparence singulier,
s’ avère commun aux foyers apolloniates. Il se retrouve notamment dans la nécropole
littorale de Kalfata ou dans l’ établissement rural de Messarité où parfois 4 à 5 coupes
sont alignées sous les foyers qui ponctuent la voie méridionale.
La déposition de ces vases témoigne de la consécration de l’ emplacement retenu
pour la cérémonie avant que le foyer lui-même ne soit mis en place. Au-dessus de la coupe,
deux bûches, encore préservées, ont été disposées parallèles l’ une à l’ autre (longueur de
0,59 m ; largeur de 0,11 m). Une fois le feu allumé, un ensemble de 18 vases (bols à
vernis noir, bols communs, plats à poisson à vernis noir, canthares à vernis noir, askos,
balsamaire), certains rituellement brisés, d’ autres placés intentionnellement à l’ envers,
ont été entassés sur un périmètre large de 0,79x0,79 m et sur une profondeur de 0,18 m
(alt. supérieure : 45,33 m, inférieure : 45,15 m). Le balsamaire permet d’ attribuer ce
contexte au dernier quart du ive siècle avant J.-C. Tous les vases portent d’ intenses
traces de combustion, tandis que les ossements d’ animaux, correspondant pour deux
d’ entre eux à un capriné, sont concentrés en deux zones, certains en relation directe
avec des vases ouverts tels que les bols. Les analyses macrobiologiques ont confirmé la
présence de fragments de galettes funéraires ou de bouillie dans les sédiments inférieurs.

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358 Chronique d’Orient - Chronique 2020

Au sud du tombeau, un second foyer (F2), plus modeste, a également été mis au
jour. Il repose à 1,17 m du mur sud et à 1,85 m à l’ est de la ciste SP 1. Tout comme le
foyer F1, il couvre une zone de forme rectangulaire de 0,32x0,32 m ; 5 vases composent
cet ensemble : un pot à pâte grise, une lopas, une salière et un bol à vernis noir, ce dernier
orné d’ un décor estampé de palmettes. Enfin, un dernier vase (pot ?) à pâte orangée,
très fragmentaire, complète ce service. Quelques amandes grillées ont été récoltées. Si le
feu ne semble pas avoir été ici très intense, on note néanmoins l’ état de fragmentation
très poussé de certains vases.
La façade orientale du tombeau abrite à son tour deux autres foyers, soulignant
l’ importance accordée à cette dernière pour le visiteur. Le premier ensemble (F3), de loin
le plus imposant, repose à 1,94 m de l’ angle sud-est du tombeau, directement contre le
parement du mur. Il couvre une zone large de 1,15 m (nord-sud) sur 0,56 m (est-ouest).
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La coloration blanchâtre d’ une partie des ossements d’ animaux, tout comme la très
forte fragmentation des vases, associées à une épaisse couche de charbon, témoignent
de la puissance du feu, comprise entre 700° et 900 °C. Celle-ci explique en retour la
formation aux abords du foyer d’ une couche rubéfiée rougeâtre épaisse de 7 cm. Ce
contexte est lui-même entouré d’ un blocage de moellons et de blocs. Le développement
de certains vases sous ces derniers, associé au fait que seules certaines pierres comportent
des traces d’ exposition au feu, et ce seulement à leur base, démontrent la mise en place
de ces dernières non pas au début de la cérémonie, comme on pourrait s’ y attendre,
mais une fois le foyer en partie consumé. La profondeur de F3 atteint 0,43 m. Sans
surprise, une coupe non vernissée est placée à l’ envers, à la base du foyer, sous les bûches,
non loin d’ un « gril à poisson ». Parmi les offrandes alimentaires, on note la présence
de 67 ossements animaux qui ont été soumis à différents degrés de combustion. Un
premier individu est représenté par des fragments de la boîte crânienne, de vertèbres
thoraciques et de côtes. Sur ces dernières, certaines portent des traces de découpe. De
nombreux fragments d’ os longs sont également présents. Tous ont été exposés à de fortes
températures, trahissant leur placement au cœur même du foyer. Ils correspondent
à une chèvre âgée de plus de 36 mois dont les os longs sont latéralisés à gauche, ce
qui laisse entrevoir la déposition d’ une moitié de carcasse, et non l’ animal entier. À
ce premier ensemble s’ ajoutent deux autres groupes qui rassemblent à la fois des
ossements carbonisés, exposés à une température plus basse, et des os non-brûlés. Tous
appartiennent à des moutons. Ils éclairent le dépôt de morceaux, en différents points, à la
périphérie du foyer, tandis que l’ on note également une petite accumulation de moules
(Mytilus galloprovincialis) dans l’ angle nord-ouest, contre le mur de façade du tombeau.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020359

Par ailleurs, plusieurs noisettes grillées sont posées dans un bol, non loin d’ un ossement
de capriné, tandis que les sédiments ont également livré des fragments de cornouilles
et d’ autres susceptibles d’ appartenir à une galette funéraire. Outre la déposition de 34
vases répondant à une large typologie de forme (lopas, canthares à vernis noir, coupes
et bols à vernis noir, plats et gril à poisson, askos), F3 contient également un strigile en
bronze, placé volontairement entre deux blocs de la première assise du mur. La poignée
repose solidement dans la jointure, la lame en exergue, expliquant que cette dernière se
soit brisée et que des fragments aient été retrouvés le long du parement, sur une zone
large de 4,69 m. La chronologie du mobilier situe ce contexte dans le second quart du
ive siècle avant J.-C.
Le dernier foyer (F4) est pour sa part installé à 2,62 m de l’ angle nord-est du
tombeau et à 5,41 m de l’ angle sud-est. Il se développe également le long du mur
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oriental sur une zone longue de 1,34 m (nord-sud) et large de 0,87 m (est-ouest). Deux
alignements de trois blocs le bordent respectivement au nord et au sud. Une fois encore,
ces blocs reposent sur les niveaux supérieurs du foyer et ne comportent de traces de feu
qu’ à leur base, attestant de leur mise en place tardive lors de la cérémonie. F4 comporte
près de 21 vases posés sur des bûches, lesquels sont placées sur une coupe non vernissée
disposée à l’ envers, à proximité d’ un gril à poisson. Le foyer contient quelques noisettes
éparses et une extrémité de membre postérieur droit de mouton qui n’ a pas été exposé
au feu. Un scaphoïde gauche de capriné calciné repose également sous un des vases.
Si la coupe-skyphos, proche de Sparkes 1970, n° 608, oriente vers une chronologie
relativement haute, à la toute fin du premier quart du ive siècle avant J.-C., le reste du
mobilier permet de placer ce contexte plutôt dans le second quart de ce siècle.
L’ exploration du tertre funéraire de la parcelle cadastrale UPI 7547 constitue
un jalon important dans l’ étude des tumuli aristocratiques qui entourent l’ ancienne
Apollonia du Pont. Elle confirme tout d’ abord l’ ancienneté du groupe présent à
l’ extrémité de la péninsule de Budjaka dont elle permet d’ ancrer la chronologie dans le
second quart du ive siècle avant J.-C. auquel appartiennent également les deux sépultures
du tertre fouillé en 1981 par M. Tsaneva50, ou ceux explorés 1885 par A. Goffas et en
1904 par A. Degrand sur le cap Kolokita51. Ce faisant, cette étude confirme l’ essor à une
date précoce dans le ive siècle avant J.-C. d’ une classe sociale soucieuse d’ affirmer par
ces monuments funéraires une position différente de ceux qui occupent la nécropole
littorale de Kalfata. Elle permet d’ en approcher par ailleurs les rites et les usages grâce
50
Tsaneva 1985, p. 352-359; Tsaneva 1986, p. 61-62; Damyanov 2019, p. 289-290.
51
Shkorpil, Shkorpil 1891, p. 125-126; Seure 1924, p. 328-330.

DHA, 46/2, 2020


360 Chronique d’Orient - Chronique 2020

au développement d’ une approche pluridisciplinaire qui complète et recontextualise


les anciennes découvertes. Non sans surprise, on observe que le tumulus de la parcelle
cadastrale UPI 7547 préserve un relatif équilibre entre le caractère soigné de ses
constructions et une certaine frugalité dans le mobilier funéraire où le luxe s’ exerce avec
retenue, tandis que les différents contextes rituels qui succèdent aux funérailles – dépôts,
foyers – reproduisent la chaîne opératoire reconnue dans la nécropole de Kalfata ou celle
découverte plus récemment par la Mission dans le secteur de Messarité52.

Illustrations
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Figure 1 : Photographie aérienne du tumulus. En bas, la structure circulaire tardive.


En haut, le tombeau aristocratique (cliché : musée archéologique de Sozopol).

52
Baralis 2010, p. 139-164; Baralis 2017, p. 40-44; Baralis, Panayotova 2015, p. 993-995.

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020361
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Figure 2 : Vue de la façade méridionale du tombeau et de la ciste SP 1 qui la borde (cliché : A. Baralis).

Figure 3 : Relevé géoradar du tumulus (cliché : D. Pantov).

DHA, 46/2, 2020


362 Chronique d’Orient - Chronique 2020
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Figure 4 : Enregistrement photogrammétrique du tombeau (musée archéologique de Sozopol).

Figure 5 : La coupe commune placée à l’ envers, au sommet du remplissage tumulaire (cliché : A. Baralis).

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020363
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Figure 6 : Aperçu de l’ intérieur de la ciste SP 4 et de ses parois peintes (cliché : A. Baralis).

Figure 7 : Le dallage de la tombe SP 2 posé sur la couverture de la sépulture SP 3 (cliché : A. Baralis).

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364 Chronique d’Orient - Chronique 2020
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Figure 8 : Le dépôt rituel DP 2 (cliché : D. Nedev).

Figure 9 : Le dépôt rituel DP 2 (cliché : D. Nedev).

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Chronique d’Orient - Chronique 2020365
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Figure 10 : Le foyer F1 (cliché : A. Baralis).

Alexandre Baralis – Musée du Louvre, Département des antiquités grecques, étrusques et romaines
Teodora Bogdanova – Musée archéologique de Sozopol
Nicolas Morand – Museum d’ histoire naturelle
Dimitar Nedev – Musée archéologique de Sozopol
Tsvetana Popova – Institut national d’ archéologie et musée, Académie des sciences de Bulgarie
Victoria Ruseva – Institut d’ anthropologie de Sofia, Académie des sciences de Bulgarie

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366 Chronique d’Orient - Chronique 2020

A New Seleukid Lead Test Piece


One of the private numismatic collections in Moscow holds a unique coin-
shaped object – a lead round piece with an impression made by a reverse die of the
tetradrachm of the Seleukid king, Demetrios II.
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Figure 1: Demetrios II, first reign. Lead; 29-30 mm; 11,11 g single sided (reverse only). Mallus, 146-138 BC.

ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΔΗΜΗΤΡΙΟΥ in two lines to r., ΦΙΛΑΔΕΛΦΟΥ ΝΙΚΑΤΟΡΟΣ in two


lines to l., cult figure of Athena Magarsia standing facing on basis, wearing aegis, arms
outstretched, r. hand holding spear, rosette above each shoulder. Control (in ex.): Η.

This specimen has an almost flat round shape, a diameter of 29-30 mm and
a weight of 11,11 grams. One side has no image and is a blank field, while the other
bears an image of Athena standing frontally facing. Athena holds a spear in her right
hand, and her left hand is turned palm up. To right and to left of Athena is the legend:
ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΔΗΜΗΤΡΙΟΥ ΦΙΛΑΔΕΛΦΟΥ ΝΙΚΑΤΟΡΟΣ, in the exergue
is control H. An impact of hammering is clearly visible on the surface of the blank
side, which has caused a slight deformation of the circle. According to the available
information, this specimen was acquired as a commercial lot at a Swiss auction in
May 2020,53 but its initial origin remains enigmatic. The accompanying documentation
for the lot specifies that it originates from the territory of Turkey.
53
Leu Numismatik, Web Auction 12, 30 May 2020, lot 598.

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020367

Apparently, this item, despite its external similarity, cannot be considered as a


coin, although hypothetically it could be used as a mean of payment. Despite the fact that
rare single sided Seleukid bronze coins are known, the main problem in determining an
ancient coin as a mean of accumulation and payment, is the metal from which it is made.
Cases of minting lead coins in antiquity are not rare, there are known cases of issuing
lead coins also by the Seleukids;54 however, most of them are either modern fantasies,
perhaps blanks for the next plating with precious metal, or so-called “emergency coins”
issued by the authorities during the periods of crisis and shortage of precious metals. In
our case, the possibility of an antique forgery should be excluded due to the existence of
an image only on one of the sides, which contradicts the very idea of falsification. The
iconography, as well as the technique, style of image and the epigraphic details, show a
high level of professional competence of die-engraver and correlates well with known
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coins of Demetrios II. The image has no signs of schematization, which also excludes
barbarian imitation. At the same time, it is noteworthy that the diameter of the coin
circle corresponds well with the diameter of tetradrachm – 29-30 mm. This confirms
the probability that the image was struck with an original die. Despite the high enough
detalization of the image, the relief of the left field is hidden under a dense layer of
oxides, which does not allow us to draw a confident conclusion about the degree of
wear of the die that was used to strike the image. It is also worth taking into account the
probable wear of the surface of the item itself after minting.
Attribution of this item does not cause any difficulties. The mention in the legend
of a “king Demetrios”, as well as the royal titulature, allow us to refer this item to the coinage
of the Seleukid king Demetrios II. The set of royal epithets presented in the legend gives
an exact identification. Actually, there are only six different combinations of royal epithets
of Demetrios II recorded in coin legends; however, the combination of ΦΙΛΑΔΕΛΦΟΥ
ΝΙΚΑΤΟΡΟΣ occurs on coins issued only during the first period of his reign (146-
138 BC). Additionally, this combination was recorded for eight Seleukid mints and
emissions related to three unattributed issues. Excluding the production of Seleucia on
the Tigris, all other issues where the combination ΦΙΛΑΔΕΛΦΟΥ ΝΙΚΑΤΟΡΟΣ was
used, are localized in Cilicia, Northern Syria and in Phoenicia. An important distinctive
detail, which differs from the die the object was struck by, is the control H, placed in the
exergue. Of all the known issues of the tetradrachms of Demetrios II from Mallus with
the image of Athena Magarsia, such a monogram does not occur on any of them, which
suggests that the image on this item was struck by a previously unknown die.
54
Hoover 2008; Hoover, Iossif 2009, p. 46.

DHA, 46/2, 2020


368 Chronique d’Orient - Chronique 2020

An analysis of iconography can also provide additional information. In particular,


it allows us to make an assumption about the mint, where, in all probability, the item,
or rather the die, was made. Thus, the figure of a standing female deity can be clearly
identified with Athena, due to the specific iconographic features—a helmet, a spear in
the right hand, a long peplos covering the entire body. However, a number of additional
elements differentiate this image of Athena from the canonical variant, which makes it
possible to assume that in this case we are dealing with some kind of a local version of
the cult of Athena. Among these elements, we should pay attention to the rosette above
each shoulder of Athena, the fillet that binds the spear, the serpentine décor—radiating
snakes of the goddess’ aegis. Any additional devices, which are usually depicted on the
coins, unfortunately, are not visible.55 All these details as well as the composition, pose
and gesture make it easy to identify the figure depicted on the item as Athena Magarsia,
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whose cult was widespread in Hellenistic and Roman Cilicia. The recognizable pose,
as well as the existence of a basis, allow us to conclude that in this case we are looking
at the image of the cult statue of Athena Magarsia, which was widely replicated on
Hellenistic and Roman coins issued in Cilicia. Athena Magarsia was also depicted on
Seleukid coins issued by the mint of the Cilician city of Mallus, under several Seleukid
kings from Demetrios I, and later. The images of the statue of Athena Magarsia were
also employed for the tetradrachms of Demetrios II.56 It is noteworthy that the coins
of Demetrios II with the image of Athena Magarsia bear the legend ΒΑΣΙΛΕΩΣ
ΔΗΜΗΤΡΙΟΥ ΦΙΛΑΔΕΛΦΟΥ ΝΙΚΑΤΟΡΟΣ, which is identical to that one
presented on the object in consideration.
Perhaps the most problematic is the question of the functional purpose of this
specimen. Despite the fact that there have been numerous attempts to explain the
significance of this kind of lead objects, there was recently a tendency to revise and
generalize our knowledge about such lead objects. Detailed analysis of the material
conducted by F. de Callataÿ57 revealed that some of the known lead objects are later
forgeries, and the original items, in all probability, vary in their functionality.
Based on the available analogies presented by F. de Callataÿ, it is possible to
assume several probabilities of interpretation of the functional purpose of the published
object—a seal impression, a weight, a coin, a token, and a test piece. The first three
55
For the detailed description of the reconstructed cult statue of Athena Magarsia, see Houghton 1984,
p. 102-110. About cult figures on Seleukid coins see also: Lacroix 1949.
56
Houghton, Lorber, Hoover 2008, n° 1896.
57
 Callataÿ 2010, p. 219-255. See also Fischer-Bossert 2002.

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020369

should be excluded due to technical inconsistencies. Despite the fact that rare examples
of impressions of seals on lead are actually known, the surface of the flan does not have
any signs of holes and channels through which the thread that binds the document
would be passed. Moreover, the published specimen is a flat coin circle, without the
typical hollows on the contour around the circle.
The second option (a weight) should also be excluded from the possible ones,
since the weight of this item (11 grams) does not correspond to any of the denominations
of the attic weight system adopted by the Seleukids. In addition, this item does not have
typical weight designation, which also excludes the version about the identification of
this object as a weight. In all probability, the possibility of using this item as a coin
should also be excluded. As mentioned earlier, lead coins of the Hellenistic period are
well known, but they are distinguished by one significant—the existence of an image
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on both sides. Rare examples of single-sided bronze coins can be rather considered as a
technical defect. On a large scale, lead coins did not have any external differences from
coins made from other metals, with the exception, perhaps, of typical oxides.
The remaining options—token and test piece—represent the two closest variants
of the functional purpose of this item. It is difficult to make a choice in favor of any one
of them. However, it is worth paying attention to the fact that, like lead coins, tokens
that share Seleukid coin types, or made using official coin dies, have images on both
sides. These are some of known Seleukid lead objects, which may have been regarded as
tokens.58 Moreover, the well-known “clay coins” from Seleucia on the Tigris, made of
baked clay, should also be added to similar items. Their functional purpose also rises a
large number of questions, although among all versions two are most likely—a votive,
and a token. It should be noticed that the votive version cannot be excluded in the
case of the published item. However, on the other hand, a similar practice should have
left behind a larger number of known specimens. Perhaps, typologically the closest
analogy to the published item is the test piece from the collection of A. Houghton
struck from a reverse die of the tetradrachm of Antiochus II, which belongs to the
mint of Lysimacheia.59 Like the published object, this item has only a reverse image
and the same diameter of the circle, which confirms that it was struck with an original
die. Additionally, both test pieces share reverse dies, which were never used on the
regular coinage, because their controls differ from those on known issues. However,
even taking into account these arguments, there is no doubt that this version remains
58
 Callataÿ 2010, n° 19-20; Hoover, Iossif 2009, p. 46.
59
Houghton 1997, p. 2; Hoover 2007, p. 850.

DHA, 46/2, 2020


370 Chronique d’Orient - Chronique 2020

only an assumption, primarily due to the lack of the available material, and therefore,
for responding to questions about the purpose of this object, it remains to rely only on
future finds.
Svyatoslav V. Smirnov – Institute of World History, Russian Academy of Sciences

Inscriptions gréco-romaines d’ Anatolie IX


Les cinq inscriptions présentées ci-dessous proviennent du musée archéologique
de Kahramanmaraş, dont nous remercions la direction. Il s’ agit de la deuxième partie
des recherches épigraphiques effectuées dans la région de Kahramanmaraş et publiées
dans Inscriptions gréco-romaines d’ Anatolie VIII (2019)60. L’ autorisation de publier
les inscriptions exposées aux musées de Kahramanmaraş, Gaziantep et Şanlıurfa a été
accordée par la direction générale des monuments et des musées du Ministère de la
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Culture et du Tourisme de la République de Turquie à Ergün Laflı le 9 décembre 2004
au titre du permis B.16.0.AMG.0.10.00.01/707.1/14 (030317).

Commagène/Cappadoce
N° 1 – Territoire de Kaisareia Germanikeia/Germanicia (Kahramanmaraş) ou
région environnante. Stèle funéraire de marbre à acrotères dont le fronton est orné
d’ un umbo ; la base de la stèle est plus large à son extrémité inférieure. Dimensions :
H. 143,2 cm ; larg. 34,1 cm ; ép. 11,3 cm. Sous le fronton, quatre lignes de grec aux
caractères réglés et soignés, avec alpha à barre brisée, sigma non lunaire, kappa dont la
haste se détache, èta dont la barre est détachée des deux hastes, trois iotas adscrits (l. 3-4)
et apices légèrement marqués. Plusieurs lettres gravées sont endommagées, mais lisibles.

Κιλαμωας Ἀσ̣κλη-
πιάδ̣ου Ἀσκληπι-
άδει τῶι ἰδίωι
ἀδε̣λφ̣ῶι.

60
Nous remercions Alexandru Avram et Claude Brixhe pour leurs remarques.

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020371

Traduction : « Kilamoas fils d’ Asklepiadès à son frère Asklepiadès. »


L. 1 : Κιλαμωας est un beau nom anatolien ancien remontant à l’ Âge du Bronze,
notamment connu sous la forme Kilamuwa pour un roi de
Sam’ al au ixe siècle avant notre ère61. En 1950, l’ anthroponyme
masculin Κιλαλοας (en fait au génitif sous la forme Κιλαλοου)
a été recensé en Cappadoce orientale sur le site de Karatepe
(Kokousos, à environ 70 km au nord-ouest de Germanikeia)
grâce à une inscription62 mais, comme l’ avait déjà souligné
L. Zgusta, le premier éditeur du texte G. E. Bean faisait
savoir : « But other readings are not excluded; there may be a
letter lost at the end of the line ». En effet, la photographie de
l’ inscription de Karatepe montre assez clairement en fin de
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ligne 1 que les deux derniers jambages du M situés sur la
bordure droite de la pierre ont été mutilés, et qu’ il convient
donc de lire plutôt le mot Κιλαμ̣οου à la lumière de nos
connaissances onomastiques anatoliennes actuelles ; la
nouvelle inscription publiée ici confirme la correction de
lecture à effectuer en fin de première ligne du texte de Karatepe
(mu au lieu de lambda)63, lequel présente manifestement la
variante Κιλαμοας avec omicron, au lieu de oméga comme ci-
dessus.
L. 1-3 : Ἀσκληπιάδης est un anthroponyme grec
masculin banal, régulièrement utilisé en Cappadoce entre le
ier et le iiie siècle de notre ère64. Il est ici porté par le père et
l’ un des deux fils.

61
Laroche 1966, p. 93, n° 575 ; Halpern 2016, p. 21-22 ; Bru 2017, p. 168-169 ; Binetti 2017, p. 182-
184.
62
 Alkım, Bean 1950, p. 563, n° 7 et pl. LXXXV, fig. 43 (photographie), d’ où SEG 12, 507, que suivent
Zgusta 1964, p. 230, § 607-8 (malgré la note 115 : « Andere Lesungen sind nicht ausgeschlossen; am
Ende der Zeile fehlt vielleicht ein Buchstabe [sic]. »), et LGPN VC, p. 218, s. u. « Κιλαλοας » n° 1. Cela
dans un milieu socio-culturel indigène anatolien, local, puisque le patronyme en question est celui de Ινδης
(LGPN VC, p. 195, s. u. « Ινδης » n° 1 ; Zgusta 1964, p. 201, § 473-3).
63
Les jambages/branches écarté(e)s des M du texte de Karatepe confirment la confusion de lecture que
l’ on peut faire avec Λ, car les angles intérieurs des caractères sont identiques.
64
 LGPN VC, p. 68, s. u. « Ἀσκληπιάδης » n° 22-33.

DHA, 46/2, 2020


372 Chronique d’Orient - Chronique 2020

L. 3-4 : trois iotas adscrits sont à signaler pour les trois derniers mots τῶι ἰδίωι
ἀδε̣λφ̣ῶι.
Ce court texte funéraire et cette stèle de belle qualité révèlent une mixité
culturelle, à propos d’ une famille où le père porte un anthroponyme très hellénique,
mais l’ un de ses fils un vieux nom anatolien remontant à l’ époque des Hittites. À titre
hypothétique, ce nom, Κιλαμωας, pourrait avoir été choisi par la mère d’ origine indigène
(hélas non citée dans l’ épitaphe), à moins qu’ il ne s’ agisse d’ un enfant d’ origine indigène
adopté par une famille grecque. La graphie de l’ inscription invite à la dater du début de
l’ époque impériale (ier siècle apr. J.-C.–début iie siècle).
N° 2 – Territoire de Kaisareia Germanikeia/Germanicia (Kahramanmaraş) ou
région environnante. Autel quadrangulaire de calcaire dédié à la Tychè. Dimensions :
H. 71,6 cm ; larg. 23,3 cm ; ép. 21,9 cm. Quatre lignes de grec y sont gravées en grandes
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lettres à apices de l’ époque impériale, avec sigma et epsilon lunaires, alpha à barre brisée,
èta à barre séparée des hastes, et iotas souscrits.

Μ̣ουνια
Ἀρσινόη
τῇ Τύχῃ
ἀνέθηκε.
Traduction : « Mounia Arsinoé a dédié
(l’ autel) à la Fortune. »

DHA, 46/2, 2020


Chronique d’Orient - Chronique 2020373
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L. 1 : Μουνια semble être un nouvel anthroponyme féminin anatolien ; on
connaissait déjà, pour nom féminin, Μουνα en Phrygie orientale et en Galatie65, ainsi
que l’ anthroponyme masculin Μουνις en Cappadoce du nord-ouest66.
L. 2 : Ἀρσινόη est un anthroponyme féminin bien attesté en Cappadoce aux iie-
iii siècles de notre ère67, ici manifestement en tant que double nom.
e

L. 3 : on distingue deux discrets iotas souscrits sous le èta à la fin de chacun des
deux mots.
Cet autel dédié aux iie-iiie siècles de notre ère le fut manifestement dans le
cadre civique grec qui est en général celui de la sublimation de la figure de la Fortune
hellénique, spécialement depuis la fin de l’ époque hellénistique. Le double nom que
porte Μουνια Ἀρσινόη témoigne concomitamment de l’ hellénisation d’ un milieu
culturel mixte.
65
Zgusta 1964, p. 336, § 983-1, à corriger grâce à Avram 2019, p. 335 ; LGPN VC, p. 303-304,
s. u. « Μουνα » n° 1-30.
66
Zgusta 1964, p. 336, § 983-4 ; LGPN VC, p. 304, s. u. « Μουνις » n° 1.
67
 LGPN VC, p. 57, s. u. « Ἀρσινόη » n° 2-7.

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374 Chronique d’Orient - Chronique 2020

N° 3 – Territoire de Kaisareia Germanikeia/Germanicia (Kahramanmaraş) ou


région environnante. Inv. n° 6.1.98. Stèle funéraire de marbre à acrotères typique de
la région de Kahramanmaraş dont le fronton est intérieurement marqué d’ un triangle
blanc ponctué par un cercle en son centre. L’ acrotère supérieur est gravé d’ une volute
évoquant celle des palmettes. Le tiers inférieur de la pierre forme une plinthe dépourvue
de tenon mais permettait de l’ installer en terre en position verticale. Dimensions : H.
83 cm ; larg. 27 cm ; ép. 8 cm. Entre la plinthe et le fronton se trouvent gravées six lignes
de grec (haut. des lettres 3 cm), dont la gravure est assez régulière quoique maladroite,
avec sigma et epsilon lunaires (l. 2), omicron carré (l. 3) mais plusieurs erreurs du lapicide
(l. 1, 3, 4-5).
Καχιαν<ο?>-
ς κὲ ΑΘΙΗ
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ΟΑ Πακυ-
ιᾳ θυγατ<ρ>-
ὶ μνήμη<ς>
χάριν.
Traduction : « Kachian(o?)s et Athe(n)a (?) à
leur fille Pakuia, en souvenir. »
L. 1-2 : le lapicide semble avoir oublié de graver
la dernière lettre de la ligne concernant manifestement
un nom masculin d’ origine iranienne non encore
attesté, possiblement Καχιανος ou Καχιανις ; on
connaît en effet déjà l’ anthroponyme masculin Καχητις
à Césarée de Cappadoce68.
L. 2-3 : l’ anthroponyme féminin de la mère de
la défunte pose quelques difficultés ; en fin de ligne 2,
on lit nettement les lettres ΑΘΗ, éventuellement
relatives à un nom théophore tiré d’ Athéna, identifiée
à la déesse guerrière cappadocienne Ma69, mais un

68
Zgusta 1964, p. 219, § 559 ; Jerphanion, Jalabert 1911, p. 307 ; pour des formes onomastiques
relatives à « Kaki », cf. notamment Justi 1895, p. 152 ; pour d’ autres noms à la morphologie analogue en
Anatolie, voir Zgusta 1964, p. 210.
69
Voir Robert 1963, p. 494.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020375

iota semble avoir été ajouté entre le thêta et le èta, puis le début de la ligne 3 montre
clairement ΟΑ; pour cette dernière séquence avec un net sigma carré, on pense bien
sûr à l’ anthroponyme féminin anatolien Οα70, mais qui n’ est bien attesté qu’ en Pisidie
et Isaurie, plus à l’ Ouest, sachant que cette lecture supposerait d’ une part que le nom
de la mère fût Αθη (non attesté)71, d’ autre part que sa fille défunte eût porté le double
nom (ici au datif ) de Οα Πακυια, ce qui paraît improbable ; l’ anthroponyme féminin
Ἀθηνᾶ étant attesté dans un autre texte funéraire de la région (voir infra notre n° 5), et
le nom féminin Ἀθηνώ étant par ailleurs connu à deux reprises en Cappadoce à Tyane
et Komana à l’ époque impériale72, on pourrait suggérer une nouvelle erreur du lapicide
ayant confondu le N avec un omicron carré (une anomalie dans la mesure où il s’ agit de
la seule lettre carrée du texte), et lire Ἀθηνᾶ pour le nom de la mère de la défunte. Cet
anthroponyme lié à l’ assimilation de la grande déesse Ma dans la région pouvant être un
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nom d’ esclave. Cependant les multiples erreurs de gravure du lapicide n’ invitent pas à
se prononcer définitivement sur l’ anthroponyme féminin en question.
L. 3-4 : l’ anthroponyme de la défunte pour qui la stèle est érigée semble être
Πακυια, un nouveau nom ; en rapport avec la morphologie de ce nom, l’ anthroponyme
Πακτύες est reconnu par les spécialistes d’ onomastique iranienne comme porté par
des personnages en Lydie et en Carie73, également attesté à Athènes dès 453-452
avant J.‑C.74 ; mais le lapicide n’ aurait-il pas omis un tau entre le kappa et l’ upsilon pour
la forme Πακ<τ>ύιᾳ ?
L. 4-5 : le graveur a omis le Ρ de θυγατ<ρ> ὶ et le Σ de μνήμη<ς>75.
Ce court texte funéraire comporte a priori deux nouveaux noms « indigènes »
pour le père et la fille défunte, sur une stèle à acrotères gravée en grec, dont la graphie,
assez fautive par ailleurs, conduit à proposer une datation à l’ époque impériale romaine
(iie-iiie siècles après J.-C.).

70
Zgusta 1964, p. 386, § 1129-2.
71
En dépit de Zgusta 1964, p. 48, § 21.
72
 LGPN VC, p. 9, s. u. « Ἀθηνώ » n° 1-2.
73
Justi 1895, p. 240 ; Schmitt 2011, p. 289, n° 254 ; rapide mention dans Robert 1963, p. 6, 321 ; voir
aussi Zgusta 1964, p. 403-404, § 1193 ; LGPN VA, p. 353, s. u. « Πακτύες ».
74
 IG I3 260 A, col. I, l. 16.
75
Pour une erreur semblable à Lystra (Lycaonie) dans un texte funéraire mentionnant une onomastique
indigène, voir MAMA VIII, 90.

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376 Chronique d’Orient - Chronique 2020

N° 4 – Territoire de Kaisareia Germanikeia/Germanicia (Kahramanmaraş) ou


région environnante. Inv. n° 28.15.78. Stèle funéraire de marbre à acrotères dont le
fronton est orné d’ un fleuron, et l’ acrotère supérieure d’ une double volute évoquant
celle des palmettes. La plinthe non dégrossie
qui servait à placer la stèle en position verticale
supporte une guirlande grossière latéralement
ornée de rubans. Dimensions : H. 71 cm ;
larg. 30 cm ; ép. 13 cm. La partie de la pierre
située entre le fronton et la guirlande
comporte cinq lignes de grec (haut. des lettres
2 cm), avec sigma et oméga lunaires (l. 2, 3, 4),
ainsi que plusieurs ligatures (l. 3-4).
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Κύριλλα Κο-
τα{ς} Κυρίλῳ
τῷ χρηστῷ
υἱῷ μνήμης χά-
ριν.
Traduction : « Cyrilla fille de Kotas, à
son vertueux fils Cyril(l)e, en souvenir. »
L. 1-2 : Κύριλλα est un anthroponyme
féminin courant76, surtout de la fin du iie au
ive siècle, alors que le nom masculin Κόττας
(avec deux tau), nettement plus rare, est
attesté à Komana en Cappadoce au iie siècle
de notre ère77 ; L. Zgusta reconnaît (à tort) le
nom Κοτᾶς comme appartenant à la sphère
linguistique thrace dans une inscription relativement tardive de Mysie78, mais on le
trouve déjà à Aphrodisias de Carie au ier siècle avant J.-C.79, à Phaselis (Lycie) à l’ époque

76
Pour la Cappadoce, cf. LGPN VC, p. 238, s. u.« Κύριλλα » n° 18-27.
77
 LGPN VC, p. 230, s. u. « Κόττας » n° 1 ; voir par ailleurs Robert 1963, p. 283, 310.
78
Zgusta 1964, p. 251, § 710 ; Munro 1897, p. 269, n° 4.
79
 I.Aph2007 8.4 ; BÉ 1983, p. 156, n° 386 suit les éditeurs et accentue Κότας ; LGPN VB, p. 244,
s. u. « Κοτᾶς » n° 1.

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Chronique d’Orient - Chronique 2020377

impériale80, et l’ on connaît néanmoins ailleurs les noms anatoliens (plutôt pisidiens)


Κοτης et Κοττης81. Κοτας est ici un patronyme qu’ on attendait au génitif (Κοτα), non
au nominatif. Le nom du défunt est Κύριλος, variante de Κύριλλος avec un seul lambda,
anthroponyme bien attesté en Cappadoce aux iie-iiie siècles de notre ère82.
L. 3-4 : ligature P-H ; on connaît déjà la formule τῷ χρηστῷ υἱῷ à Komana de
Cappadoce83 sur une stèle usée mentionnant d’ ailleurs sous cette forme l’ anthroponyme
féminin : Κυρίλλῃ ; notons en outre que Χρῆστος est un anthroponyme masculin
populaire en Anatolie à l’ époque impériale, surtout aux iie-iiie siècles de notre ère84.
L. 4 : ligature Μ-Ν-Η-Μ-Η.
En raison de l’ onomastique et de la graphie, le texte paraît datable des iie-iiie
siècles de notre ère.
N° 5 – Territoire de Kaisareia Germanikeia/Germanicia (Kahramanmaraş)
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ou région environnante. Partie supérieure d’ une stèle funéraire de calcaire brisée à
acrotères (endommagés) dont le fronton est orné d’ une rosette stylisée quadripartite.
Sous le fronton, une guirlande de feuillage encadre un court texte funéraire grec de cinq
lignes, la dernière ne laissant deviner que les traces des parties supérieures des lettres.
Dimensions : H. 49,7 cm ; larg. 44,2 cm ; ép. 19,1 cm. Le texte n’ est pas réglé, mais le
tracé des lettres est néanmoins régulier, avec sigma et epsilon lunaires, upsilon à haste
courte, èta à barre séparée des deux hastes, thêta à barre séparée du corps de la lettre.
χαῖρε
Ἀθηνᾶ ̇
εὐψύχει ̇
οὐδεὶς
ἀ̣θ̣ά̣ν̣[ατος].
Traduction : « Salut, Athéna. Sois courageuse ! Personne n’ est immortel. »
L. 2 : l’ anthroponyme féminin grec Ἀθηνᾶ ne surprend pas dans la région85.
80
 SEG 52, 1404 (dédicace à Arès Epekoos).
81
Zgusta 1964, p. 249-250, § 707-3 et 707-4 ; LGPN VB, p. 244 et LGPN VC, p. 230, s. u. « Κοτης ».
82
 LGPN VC, p. 239, s. u. « Κύριλλος » n° 9-19.
83
Harper 1968, p. 115, n° 5, 11.
84
Voir notamment, pour l’ Asie Mineure intérieure, LGPN VC, p. 450, s. u. « Χρῆστος ».
85
Cf. Robert 1963, p. 494 et le commentaire de notre texte n° 3. Pour l’ Anatolie intérieure, voir
également les attestations en Isaurie, Phrygie orientale et Pisidie (LGPN VC, p. 7, s. u. « Ἀθηνᾶ » n° 1-4).

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378 Chronique d’Orient - Chronique 2020

L. 5 : sur sa cassure inférieure, la pierre montre les traces des parties supérieures
des quatre premières lettres de ἀ̣θ̣ά̣ν̣[ατος](la pointe des alphas, la partie supérieure du
thêta et la partie supérieure des deux hastes du nu). L’ expression finale est courante,
particulièrement en Syrie et au Proche-Orient.
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Chronique d’Orient - Chronique 2020379

Ce court texte funéraire montre une hellénisation culturelle, sociale et religieuse


certaine, sanctionnée par une formule finale courante en Orient à l’ époque impériale
romaine, laquelle permet, avec la paléographie, de dater ce monument des iie-iiie siècles
de notre ère.
Ergün Laflı – Dokuz Eylül Üniversitesi, İzmir
Hadrien Bru – Université de Bourgogne Franche-Comté – ISTA / EA 4011

Bibliographie

Abréviations

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DHA, 46/2, 2020

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