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NOTES DE LECTURE

De Boeck Supérieur | Travaux de linguistique

2001/1 - no42-43
pages 253 à 263

ISSN 0082-6049

Article disponible en ligne à l'adresse:


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http://www.cairn.info/revue-travaux-de-linguistique-2001-1-page-253.htm
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Pour citer cet article :
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« Notes de lecture »,
Travaux de linguistique, 2001/1 no42-43, p. 253-263. DOI : 10.3917/tl.042.253
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Notes de lecture

III.
NOTES DE LECTURE

Jean-Michel GOUVARD – La versification, Paris, Presses Universitaires de


France, 1999, X – 305 p., 2 13 048347 x.

Conçu comme un manuel, le présent ouvrage a pour but de fournir


un cadre de référence destiné à tous ceux qui désirent trouver une formation
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initiale, mais aussi à ceux qui veulent approfondir ou raviver leur
connaissances en matière de versification française. Après avoir esquissé
un bref parcours des traités de versification et des différentes tendances
observées au fil des siècles, l’auteur se propose de centrer le discours sur
les évolutions les plus récentes de la discipline, évolutions tributaires des
avancées de la linguistique.
Dans la présentation l’auteur fait mention de son désir de privilégier,
à la différence de manuels précédents, l’approche « linguistique » des formes
et des techniques poétiques. Au cours des années soixante-dix les évolutions
en linguistique, amorcées entre autres par le structuralisme et par l’influence
du linguiste Jacobson, viennent en effet enrichir les approches traditionnelles
et introduisent un changement décisif dans la description des formes
poétiques et des techniques de composition. Ceci dit, il ne faut pas oublier
que le manuel s’inscrit non seulement dans une perspective synchronique,
mais qu’il entend prendre en compte le caractère « dynamique » des formes
poétiques et des techniques de versification, à savoir les différentes
évolutions que celles-ci ont subies au cours des siècles.
La caractérisation de l’ouvrage comme un manuel de synthèse, destiné
à des fins pédagogiques justifie le recours à une subdivision traditionnelle
dans les manuels de versification. Il va de soi que ce choix, dicté sans doute
par un besoin de clarté, facilite la lecture pour le lecteur débutant. L’auteur
opte pour une première subdivision en deux parties: les trois premiers
chapitres, consacrés à l’étude du vers, constituent un premier sous-ensemble,

253
Notes de lecture

les trois derniers chapitres forment un second sous-ensemble, organisé autour


des structures plus amples. Le premier chapitre est consacré au décompte
des syllabes, le deuxième à l’accent et le troisième aux mètres. Dans les
trois derniers chapitres l’auteur étudie la rime, les strophes et les variations
métriques.

Le même besoin de clarté se traduit à l’intérieur de chaque chapitre.


L’auteur prête beaucoup d’attention aux problèmes qui peuvent faire
confusion chez l’étudiant débutant: il fournit une définition suffisamment
large de certaines notions ambivalentes telles que le hiatus (p. 41) ou la
synérèse et la diérèse (p. 51) avant de procéder à une analyse du
fonctionnement de ces phénomènes, ainsi que de leur évolution. Autant
dire qu’il ouvre des perspectives historiques qui expliquent l’apparition des
éléments constitutifs du vers français et qui montrent dans quelle mesure
celui-ci a évolué au fil des siècles.
Les exemples choisis embrassent une période qui va du Moyen Âge
– pensons au texte qui a inauguré la naissance du vers français, la Chanson
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de Roland – aux vers modernes, et ici l’auteur cite Éluard. En ligne générale

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les exemples, tirés d’auteurs « antologisés » et donc connus d’un public
large, aident à comprendre les procédés de versification et leurs changements
historiques. Il est cependant regrettable que l’auteur ne consacre qu’un
nombre (très) limité de pages aux vers libres modernes et aux facteurs qui
ont provoqué une remise en cause du système de versification classique.

L’ouvrage se termine par une bibliographie sélective qui présente un


double intérêt: les références données orientent en effet vers des ouvrages
qui illustrent les nouvelles voies empruntées par la discipline et vers des
ouvrages qui ont un intérêt historique.
En conclusion il importe de souligner que le présent ouvrage reste
fidèle aux objectifs énoncés dans la présentation, c’est-à-dire être un manuel
de synthèse destiné à un public étudiant. En outre l’ouvrage montre avec
clarté comment les avancées de la linguistique ont entraîné un changement
en profondeur dans la description des formes poétiques et de leurs évolutions
historiques.

Isabelle MELIS
Centre d’études italiennes, KUL,
Blijde Inkomststraat 21
3000 Leuven

254
Notes de lecture

Anita Berit HANSEN – Les voyelles nasales du français parisien moderne.


Aspects linguistiques, sociolinguistiques et perceptuels des changements
en cours, Copenhagen, Museum Tusculanum Press. University of
Copenhagen, 1998, 373 pages, Collection « Études Romanes », vol. 40.

Les phonéticiens l’ont signalé depuis le début du XXe siècle et le


répètent de plus en plus souvent : la prononciation des voyelles nasales en
français est en pleine mutation. Mais qu’est-ce qui change, dans quel sens,
dans quelle mesure, et pourquoi ? Le [Œ¸¸¸], a-t-il vraiment disparu du français
~ ? Qu’en est-il des autres voyelles nasales : est-ce
parisien, en faveur du [ε]
que le [ã ] se rapproche du [ç], poussant celui-ci dans le sens d’un [õ], dans
un changement en chaîne ? Et quelle est la dimension sociolinguistique des
changements en cours ?

Dans cet ouvrage, qui est le remaniement de sa thèse de doctorat à


l’université de Copenhague, Anita Berit Hansen présente non seulement un
état de la question très fouillé des recherches sur les voyelles nasales
effectuées depuis le début du XXe siècle (p. 89-142), mais surtout elle
s’efforce de faire la lumière sur la question en formulant un ensemble
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d’hypothèses précises pour lesquelles elle fournit des réponses quantitatives
à partir d’expériences faites sur la prononciation de locuteurs parisiens.
Regardons la procèdure suivie.
Dans un premier temps on réunit les données d’observation (p. 147-
162) : des enregistrements de français parlé où, pour chaque voyelle nasale
potentielle (c’est-à-dire pour chaque phonème vocalique nasal) dans le
corpus, on indique la prononciation réelle du locuteur. Les 42 locuteurs, qui
ont habité à Paris pendant plus de la moitié de leur vie et y vivent toujours
au moment de l’enregistrement, sont sélectionnés en fonction de l’âge, du
niveau social (niveau de formation) et du sexe, afin d’évaluer l’importance
de facteurs sociolinguistiques (p. 147-151). Les enregistrements réalisés
par l’auteur entre 1989 et 1993 (26 locuteurs) sont comparés à ceux faits
par Caroline Péretz-Juillard en 1972-1974 (16 locuteurs), en vue de suivre
l’évolution de la prononciation dans le temps (les informateurs des deux
corpus sont nés entre 1907 et 1977). Quand A est prononcé comme B, alors
que B existe déjà, il faut un critère pour déterminer la prononciation de
référence, c’est-à-dire ce qui (selon la norme, ou selon un état antérieur de
la prononciation) devrait être prononcé A, et ce qui devrait être prononcé B.
Hansen prend comme critère l’orthographe (règles orthoépiques, p. 67-71) :
c’est l’orthographe qui indique si tel ou tel mot comporte un phonème /ã/,
un phonème /ç/, etc. La réalisation de ce phonème par le locuteur est notée
par les symboles conventionnels [Œ, ε,
~ ã, ç], par le [õ], ou par deux symboles
~
combinés (par exemple [Œ-ε]) en cas de prononciation intermédiaire.

255
Notes de lecture

La transcription des corpus a été réalisée par A.B. Hansen. Toutes les
conclusions portent donc sur le jugement auditif d’une seule personne, ce
qui constitue une objection évidente et d’ailleurs courante. Afin d’écarter
ce problème, l’auteur se livre à une expérience préalable (p. 166-174) dans
laquelle des stimuli (parole lue de 4 locuteurs) sont soumis au jugement de
cinq phonéticiens expérimentés. Ceux-ci identifient la voyelle nasale
prononcée en faisant un choix parmi huit variantes possibles désignées par
un ou plusieurs signes phonétiques. Le résultat est déroutant : même si le
nombre de variantes prévues est très élevé (8 variantes pour 4 phonèmes),
les divergences dans le jugement des phonéticiens sont extraordinaires. Les
juges individuels semblent avoir une préférence pour tel ou tel sous-ensemble
de variantes. Peut-être l’accord entre les juges aurait été meilleur si les
réponses possibles avaient été représentées par des sons acoustiques (de
référence) plutôt que par des signes phonétiques, mais cette expérience n’a
pas été envisagée par Hansen. Par ailleurs l’analyse acoustique des voyelles
nasales (identification des valeurs formantiques à partir de l’analyse
spectrale) est particulièrement délicate (en raison de l’anti-résonance due à
la cavité nasale) ; dans l’état actuel des connaissances, il n’y a pas vraiment
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de solution de rechange pour l’analyse auditive. Il faut cependant constater
que la manifestation acoustique n’occupe qu’une place marginale dans
l’étude de Hansen (p. 73-74).
Aux données ainsi réunies l’auteur applique plusieurs types d’analyse.

1. Le premier type, appelé analyse « systémique » par l’auteur (p. 188-


210), concerne le système phonologique des voyelles nasales, leur nombre
et leur nature (le timbre, les caractéristiques articulatoires) chez chaque
locuteur individuel. Est-ce que tel locuteur possède quatre voyelles nasales
ou seulement trois, et quel est le timbre précis des variantes qu’il emploie ?
La majorité des locuteurs ont gardé quatre voyelles nasales, même si la
nature (le timbre) des 4 éléments dans le système individuel varie
considérablement. Ces données sont également envisagées sous un angle
diachronique: la comparaison des locuteurs enregistrés vers 1974 à ceux
enregistrés vers 1993 montre qu’il ne semble pas y avoir d’évolution au
niveau du nombre de systèmes individuels et de la multiplicité de leurs
configurations (p. 204). Les données semblent contredire l’idée d’une
~ et /Œ/ en [ε],
confusion de /ε/ ~ confusion qui aurait entraîné une diminution
de la proportion de systèmes à 4 éléments. La réalisation actuelle du phonème
/Œ/ correspond à un timbre entre [Œ] et [ε] ~ (arrondissement partiel).
~
Cependant, le degré de chevauchement entre /ε/ et /Œ/ est aujourd’hui moins
extrême qu’en 1974 (p. 210), époque à laquelle la prononciation de /Œ/
comme [ε] ~ semble avoir fonctionné comme caractéristique d’un groupe
social particulier.

256
Notes de lecture

2. L’analyse variationniste cherche à expliquer l’emploi des variantes


à partir de facteurs externes (non linguistiques), comme le temps (évolution
diachronique, p. 211-228), l’âge du locuteur, son appartenance socio-
culturelle (analyse sociolinguistique, p. 230-250). Les occurrences de chaque
variante sont classées en fonction des facteurs mentionnés, et les résultats
~
visualisés dans des graphiques et des tableaux. En 1993, la variante [Œ-ε]
du phonème /Œ/ est très fréquente dans le groupe socio-cuturel favorisé et
acceptée également par les jeunes de formation technique, au détriment de
~ La réalisation de / ã/ comme [ã-ç], plus fermée et arrondie,
la variante [ε].
est très courante (45 %) en 1993, quel que soit le niveau social, bien qu’elle
semble venir de couches sociales défavorisées.
3. Sous la rubrique « analyse linguistique » (p. 250-278), l’auteur
examine le rôle de la position (de la syllabe comportant la voyelle nasale)
dans le groupe rythmique et dans le mot. En syllabe finale de groupe
rythmique, la syllabe porte l’accent final ; il s’agit donc d’un facteur
prosodique. L’évolution des voyelles nasales est plus avancée sous l’accent
final. Dans un mot monosyllabique le rendement fonctionnel de la voyelle
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nasale est potentiellement plus élevé que dans un mot plurisyllabique, ce
qui pourrait freiner l’évolution dans cette position. En effet, la proportion
des variantes récentes des voyelles nasales est moins élevée dans les
monosyllabes.
4. Enfin, l’étude présente des tests de perception, visant à mesurer la
confusion entre les voyelles nasales chez les auditeurs (p. 285-311) ; ces
tests effectués chez 18 auditeurs portent sur la prononciation de 4 locuteurs.
Plusieurs types de stimuli sont utilisés: mots segmentés, mots isolés, mots
insérés dans des phrases, ou encore des paires de mots que les auditeurs
avaient à discriminer. Pour chaque type de stimulus, on mesure l’erreur
d’identification. Les résultats obtenus confirment les résultats des analyses
précédentes : la différenciation de /Œ/ ~ /ε/~ pose le plus de problèmes et
~
celle de /ε/ ~ /ã/ le moins. Le taux d’erreurs est inférieur pour les phrases
complètes parce que l’identification de la voyelle y est en partie basée sur
le contexte.

L’auteur arrive aux conclusions suivantes: les différentes analyses


des données indiquent que les évolutions signalées dans les études de
~ le glissement
phonétique française (principalement la confusion de /Œ/ ~ /ε/,
de /ã/ vers [ç]) sont beaucoup moins poussées que ne le font croire les
phonéticiens. Les résultats ne montrent que des tendances. En 1993 la perte
~
de l’opposition /Œ/ ~ /ε/ n’est attestée que chez 22 % des locuteurs. Le
~ semble avoir été freiné après 1974 et en grande
glissement de /Œ/ vers [ε]
partie remplacé par une prononciation intermédiaire [Œ-ε].~ Le glissement

257
Notes de lecture

de /ã/ vers [ç], phénomène observé surtout chez les jeunes, a avancé de
56 % en 1974 à 69 % en 1993.
Dans le livre de Hansen, l’étude appliquée (corpus, analyses) est
précédée de plusieurs chapitres préliminaires. On y trouve par exemple un
rappel des notions fondamentales de phonologie structuraliste (p. 19-35)
justifié apparemment par le besoin de discuter la notion de « rendement
fonctionnel ». Le chapitre 2 donne une introduction à la sociolinguistique
variationniste (p. 37- 53). Même la phonétique historique fait une courte
apparition au chapitre 6 (p. 79-87), où sont examinées les voyelles nasales
en ancien français. A la place de ces préliminaires parfois redondants et des
nombreuses redites dans la partie expérimentale, le lecteur aurait préféré un
peu plus de concision.
La monographie de A.B. Hansen, sans doute l’étude la plus détaillée
dans son genre, sera désormais la référence obligatoire pour celui qui
s’intéresse à la prononciation des voyelles nasales en français contemporain.

Piet MERTENS
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K.U.Leuven, Departement linguïstiek
Blijde Inkomststraat 21
3000 Leuven
Piet.Mertens@arts.kuleuven.ac.be

Claude V INCENOT – Précis de grammaire logique, Paris, H. Champion


(Bibliothèque de grammaire et de linguistique 4), 1998, 1224 p. 2-85203-
684-3.

La langue est un système d’oppositions ; cet axiome, qui cristallise


l’approche structuraliste des faits linguistiques, est à la base de l’ouvrage
de Claude Vincenot. L’auteur se propose en effet de saisir l’ensemble des
phénomènes grammaticaux à partir du jeu des oppositions bipolaire et
concurrentielle impliquant au moins deux traits. La première oppose deux
termes aux « pôles incompatibles dans le même temps sous le même
rapport » (p. 26) ; la seconde concerne deux termes « compatibles dans le
même temps sous le même rapport » (p. 13). Pour chaque type l’auteur
présente divers modes de représentation et fournit une interprétation des
combinaisons cumulative et vide.
Muni de ces instruments analytiques, l’auteur se propose de fournir
une analyse systématique des systèmes oppositifs grammaticaux et lexicaux,
entreprise ambitieuse qui résulte en un fort volume de plus de mille pages,
structuré en cinq parties. La première (7-194) explicite les principes
opératoires et illustre leur efficacité en phonologie, en morpho-syntaxe et

258
Notes de lecture

en sémantique syntaxique. La deuxième (195-470) concerne la


syntagmatique ; l’auteur part de la nécessaire distinction entre la dimension
linéaire des successions et la dimension hiérarchique des relations de
dépendance entre subordonnant et subordonné. Les relations
paradigmatiques au sein du lexique sont présentées dans la troisième partie
(471-682) ; l’analyse porte tant sur la structure interne des mots construits,
en particulier sur la préfixation, que sur les rapports entre termes ;
homonymie, polysémie, synonymie et antonymie sont reconsidérées à la
lumière des différents jeux d’oppositions. La quatrième partie, intitulée
l’analyse logico-grammaticale (683-992), présente une vue d’ensemble de
la sémantique grammaticale des termes dépendants – nominaux et
adjectivaux d’une part et adverbiaux d’autre part –, alors que le verbe et ses
relations actantielles sont examinés dans la cinquième et dernière partie
(993-1158). Le modèle syntaxique proposé est verbo-central au niveau des
relations hiérarchiques, mais non au niveau des relations linéaires, ce qui
explique que le verbe régit le sujet d’un certain point de vue, mais subit par
ailleurs les contraintes d’accord en personne. Cette partie est consacrée à
trois thèmes : la description de la valence verbale, les relations entre verbes
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constructeurs et les relations entre constructions d’un même verbe, en
particulier la voix.

L’ampleur de la matière traitée et l’insistance sur les modes


d’interprétation des oppositions font que, malgré sa longueur, l’ouvrage est
un précis aux analyses assez fréquemment schématiques. Celles-ci suscitent
l’intérêt du lecteur, parce qu’elles font apparaître des rapprochements peu
communs ; on citera par exemple le suggestif parallélisme entre les emplois
du pronom il et ceux du subordonnant que ou l’interprétation des marqueurs
d’actance à, de et ø comme expression d’une perspective rétrospective,
prospective ou aspective. Leur traitement devrait toutefois être bien plus
détaillé pour que la fécondité de la perspective adoptée apparaisse de manière
convaincante. La titre du livre suggère une synthèse, appuyée sur un corps
d’analyses vérifiables, mais le texte soulève plutôt des questions et ouvre
des voies à la réflexion. Il est à souhaiter que l’auteur offre, au moins pour
certains thèmes, un traitement plus complet ou que la consultation du livre
incite le lecteur à explorer lui-même la piste proposée.
Ludo MELIS
Departement linguïstiek, K.U.Leuven
Blijde Inkomststraat 21
B-3000 Leuven

259
Notes de lecture

Le nom et le groupe nominal : quelques études récentes

Les notes de lecture parues dans le numéro 41 présentaient aux pages 124 à
127 un ensemble de travaux relatifs au groupe nominal. Aux travaux signalés
il convient d’ajouter les cinq livres ou recueils suivants, qui attestent
clairement l’importance de ce champ en linguistique française :
Flaux, N. et Van de Velde, D. Les noms en français : essai de classement.
Gap & Paris, Ophrys (L’essentiel français), 2000, 127 p., 2-7080-0958-
3

De Mulder W. et Flaux, N. Les noms propres : nature et détermination.


Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion (Lexique 15),
2000, 151 p., 2-907170-08-2

Bosveld L., Van Peteghem M. et Van de Velde D. De l’indétermination à la


qualification, les indéfinis. Arras, Artois Presses Université (Etudes
littéraires et linguistiques), 2000, 276 p., 2-910663-51-5

Doetjes, J. Quantifiers and Selection, On the Distribution of Quantifying


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Expressions in French, Dutch and English. The Hague, Holland Academic

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Graphics (HIL Dissertations 32), 1997, 307 p., 90-5569-034-1.

Rouget, C. Distribution et sémantique des constructions Nom de Nom. Paris,


Champion (Les français parlés : textes et études 4), 2000, 256 p., 2-
7453-0394-5.

Dans leur brève synthèse consacrée aux noms communs, Nelly Flaux
et Danièle Van de Velde mettent au centre des préoccupations le problème
classique de la classification des noms. A leurs yeux, le lexique nominal est
biparti : aux noms dénotant des entités du premier ordre, localisables,
s’opposent les noms dénotant des entités autres – états, procès, qualités – et
généralement dérivés de verbes ou d’adjectifs. Cette organisation de base
est à la fois indéniable, mais non rigide ; d’une part, il existe des noms d’un
troisième type, liés aux instruments de la détermination : les noms de quantité
et, d’autre part, les glissements entre catégories, ainsi que la fluidité des
sous-catégories, fournit un tableau plus complexe. Pour résoudre le problème
de classement, les deux auteurs proposent une approche corrélant étroitement
sens et forme : le classement des noms doit se faire à l’aide d’outils descriptifs
de type sémantique, mais leur reconnaissance se fait à partir de propriétés
syntaxiques. Ainsi, elles délimitent le groupe des noms abstraits
indénombrables à partir des compatibilités avec les indéfinis du/de la et
un(e). Une frontière méthodologique nette et justifiée peut dès lors être
tracée entre une approche proprement linguistique du problème des classes
de noms et d’autres approches, référentielle ou cognitive.

260
Notes de lecture

Après avoir présenté dans l’introduction le champ à traiter et les


principes adoptés, les auteurs examinent dans le premier chapitre d’une
part les noms de quantité et de qualité proches de la détermination, et d’autre
part les propriétés de base des vrais noms. Les chapitres suivants traitent
des noms concrets dénombrables (II : noms d’objets naturels ou fabriqués
et collectifs) et indénombrables (III : noms de matières et d’idéalités tels
poésie ou théâtre), qui sont les noms prototypiques. Les noms par extension
sont traités dans les deux chapitres suivants : les noms abstraits intensifs
(noms de qualités, de sentiments et d’états) et les noms abstraits extensifs
(noms d’activités et d’actions).

Cette synthèse très dense dans laquelle toutes les décisions sont bien
argumentées sera un point de départ incontournable pour tout travail sur la
classification des noms tant en syntaxe qu’en sémantique.

Le numéro de Lexique consacré au nom propre comporte deux


ensembles d’études. Les premières sont relatives à la nature du nom propre
comme nom référant à un individu. En ouverture, S. Ben Mansour traduit et
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commente un passage d’un grammairien arabe du XIIe siècle sur la définition

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du nom propre ; cette présentation permet d’apprécier la densité de l’analyse
et la position originale dans la tradition. La section comporte en plus deux
articles consacrés au problème du référent individuel : W. De Mulder (Nom
propre et essence psychologique. Vers une analyse cognitive des noms
propres ? 47-62) propose de dépasser l’opposition entre nominalisme et
réalisme en traitant le nom propre comme porteur d’un concept individuel
qui synthétise en une essence les qualités diverses réunies dans cet individu
particulier. M. Noailly (« Ce même Bajazet » : nom propre et principe
d’identité. 21-34) invoque la conscience de soi comme principe fondateur
de l’identité d’un individu pourtant à chaque fois différent de soi. Ainsi
s’établit un lien avec les pronoms personnels. Ce rapport est creusé dans la
contribution de D. Van de Velde (Existe-t-il des noms propres de temps ?
35-45) ; l’auteur montre que les divers types de noms propres, noms de
personne, de lieu et de temps, sont liés à la triade fondamentale je, ici,
maintenant.

Le second ensemble de travaux se propose d’étudier les rapports entre


la classe des noms propres et celle des noms communs et ce par le biais de
leur fonctionnement dans le groupe nominal. Ainsi se dégagent, d’une part,
des différences nettes entre les deux groupes tant pour les combinaisons
avec le trait pluriel (M.-N. Gary-Prieur, Les noms propres et le pluriel. 63-
76) que pour le complexe autre + nom (C. Schnedecker, Le nom propre
modifié par autre ou Comment « une Micheline peut en cacher une autre ? ».
77-92) et, d’autre part, des passages, mis en évidence dans les deux dernières

261
Notes de lecture

études dues à N. Flaux (Le nom propre et le partitif. 93-116 ; Nouvelles


remarques sur l’antonomase. 117-144).
Sous le titre De l’indétermination à la qualification sont réunies trois
études consacrées aux groupes nominaux indéfinis, circonscrits par leur
compatibilité avec les contextes existentiels. La première étude porte
essentiellement sur la place de du et des dans l’ensemble des indéfinis (L.
Bosveld – de Smet, Les syntagmes nominaux en des et du : un couple curieux
parmi les indéfinis 17-116) ; l’auteur adopte une perspective sémantico-
logique, mais accorde également une large place aux considérations
sémantiques et syntaxiques. Les deux autres travaux sont complémentaires
en ce qu’ils couvrent l’ensemble des déterminants indéfinis, au sens retenu
plus haut, de morphologie adjective ; Marleen van Peteghem traite en effet
des qualitatifs tel, même et autre (Les indéfinis corrélatifs autre, même et
tel 117-202) et Danièle Van de Velde quel et les autres adjectifs indéfinis
sauf tout et chaque, qui ne passent pas le test définitoire (Les indéfinis
comme adjectifs 203-272). Les deux travaux proposent une description
sémantique des items lexicaux et s’ouvrent sur la question de la catégorie :
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ces lexèmes sont-ils des déterminants ou des adjectifs ? Les réponses
apportées divergent : pour M. Van Peteghem il s’agit de déterminants, alors
que D. Van de Velde met en évidence les propriétés prédicatives et donc
adjectives des termes qu’elle étudie. On observera le caractère paradoxal
des conclusions, vu que les adjectifs étudiés par D. Van de Velde sont plus
couramment traités comme des déterminants, alors que la tradition
grammaticale est plus réservée quant aux qualitatifs. L’ensemble formé par
les trois études constitue, pour ce pan important de la grammaire du nom et
du groupe nominal, la description la plus précise dont on dispose à l’heure
actuelle en linguistique française et il suscite en plus des questions
intéressantes sur les rapports entre détermination au sens restreint et
caractérisation adjective.
La thèse de doctorat de Jenny Doetjes est consacrée à la quantification
en anglais, en français et en néerlandais ; l’auteur envisage non seulement
la quantification nominale, mais également celle des verbes et des adjectifs,
élargissant la perspective aux marques de degré. Elle distingue entre les
expressions quantifiantes qui sélectionnent une classe syntaxique et qui
révèlent dès lors la présence de propriétés structurales propres à cette classe,
le nom ou le verbe, et les expressions quantifiantes a-sélectives qui peuvent
s’adjoindre à différents types d’expressions ; celles-ci sont sensibles à la
présence d’un trait ‘quantifiable’ ou ‘gradable’ au niveau des unités lexicales,
mais non de propriétés des classes. L’analyse très détaillée met en évidence
des différences et des parallélismes entre les quantifieurs d’une part et entre
les trois langues considérées d’autre part.

262
Notes de lecture

La monographie que C. Rouget consacre aux structures du type N de


N, où N doit être compris tant comme un nom nu que comme un groupe
nominal, reprend à la base un champ déjà fréquemment exploré. L’auteur
se propose en effet de dégager, à l’aide d’une étude distributionnelle
systématique appliquée à un vaste ensemble d’exemples oraux attestés, une
typologie de constructions corrélées à des interprétations. La méthodologie
adoptée est celle de l’approche pronominale et l’auteur présente et justifie
dans son premier chapitre la grille d’analyse appropriée. Son application
aux matériaux permet de dégager huit classes de constructions, quatre
marginales et quatre centrales. Dans le premier groupe figurent les structures
dans lesquelles N1 fait partie d’une locution verbale (avoir la direction
d’un service important), les structures à N1 approximatif (une espèce de
chaise) ou à N1 quantitatif (une foule de détails) et, enfin, les noms composés.
Ces diverses classes peuvent être qualifiées de marginales dans la mesure
où le rapport articulant N1 et N2 est non canonique, soit que N1 ne soit pas
autonome (classes 1 à 3), soit que la solidarité des composantes empêche la
décomposition syntaxique (classe 4). Les classes de base s’y opposent par
le fait que N1 est la tête du syntagme nominal régissant de N2. L’auteur
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prévoit quatre classes. Les trois premières peuvent être définies en fonction
du rapport entre N1 et N2 : N2 qualifie ou identifie N1 (l’anniversaire de
sa mère), N2 est un argument de N1 (le départ de Julie ; la restauration du
moulin) ou N2 est inclus dans N1 qui en est un hypéronyme (le problème
des déchets). La quatrième classe est particulière dans la mesure où elle
permet une double analyse : N1 peut être conçu comme la tête du groupe
nominal ou comme une expression quantifiante (un petit groupe de
manifestants) ; seule la première interprétation impliquant une relation de
partie à tout est à envisager ici.

La classification est appuyée par l’analyse de nombreux exemples


disposés en tables très éclairantes et fournit une base solide aux analyses de
cette construction fondamentale.

Ludo MELIS
Departement linguïstiek K.U. Leuven
Blijde Inkomststraat 21
3000 Leuven

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