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UNE ANALYSE DES CONSTRUCTIONS TRANSITIVES INDIRECTES

EN FRANÇAIS

André Dugas

De Boeck Supérieur | Travaux de linguistique

2001/1 - no42-43
pages 111 à 120

ISSN 0082-6049

Article disponible en ligne à l'adresse:


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http://www.cairn.info/revue-travaux-de-linguistique-2001-1-page-111.htm
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Pour citer cet article :
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Dugas André, « Une analyse des constructions transitives indirectes en français »,
Travaux de linguistique, 2001/1 no42-43, p. 111-120. DOI : 10.3917/tl.042.111
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Une analyse des constructions transitives indirectes en français

UNE ANALYSE DES CONSTRUCTIONS


TRANSITIVES INDIRECTES EN FRANÇAIS

André DUGAS*

Université Paris 13 et UQAM

Présentation
Le statut du verbe détermine la nature des phrases du français1. Ainsi, les
verbes se distinguent selon qu’ils s’emploient de façon transitive ou de façon
intransitive. La première classe se subdivise encore selon le type de
transitivité. Il y a les verbes dont le complément d’objet est direct (c.o.d.) et
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d’autres dont le complément d’objet se fait d’une façon indirecte (c.o.i.),

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c’est-à-dire par l’intermédiaire d’une préposition2. Les prépositions les plus
fréquemment imposées par le verbe sont à et de. Un certain nombre de
verbes régissent à la fois un complément d’objet direct et un complément
d’objet indirect, comme
donner quelque chose (c.o.d.) à quelqu’un (c.o.i.)
ou
recevoir quelque chose (c.o.d.) de quelqu’un (c.o.i.)
Certains verbes commandent deux compléments indirects, l’un avec
la préposition à, l’autre avec de. Ce sont des verbes comme parler, se
confesser3. Des grammairiens, entre autres Gobbe et Tordoir4, soutiennent
qu’il s’agit là d’un cas particulier d’une réduction obligatoire, où le marqueur
de jonction et a été effacé :
Pierre parle à Paul
Pierre parle de Jacques
*Pierre parle à Paul et de Jacques
Pierre parle à Paul de Jacques

Le complément indirect est introduit par d’autres prépositions comme


chez, pour ou des prépositions composées comme à propos de5. Le nombre

* 10855, av. de Bois-de-Boulogne – Montréal – H3M 2X2, QUÉBEC, CANADA


Tél. : (514) 332 0469 / (33) 1 42 08 59 26 – courriels : dugas1@libertysurf.fr /
dugas.andre@uqam.ca

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André DUGAS

de ces prépositions varie d’un grammairien à un autre. Par exemple, les


auteurs Martinet et alii (1979) en énumèrent une trentaine : à, après, avant,
avec, chez, comme, contre, dans, de, depuis, derrière, dès, devant, en, en
faveur de, entre, envers, malgré, outre, par, parmi, pendant, pour, sauf, sous,
sur, vers. Dans mon relevé, les prépositions à propos de, à travers, au-
dessus de, au-devant de, auprès de, au sujet de, autour de, d’avec, en travers
de, selon, s’ajoutent mais les suivantes, depuis, dès, envers, malgré, outre,
pendant, sauf ne sont pas retenues ; elles ne sont pas attestées non plus dans
le Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse6.

La valse hésitation dans l’identification du complément


d’objet indirect et du complément circonstanciel
Tous les auteurs ont souligné la difficulté, dans la tradition grammaticale
française, de distinguer entre complément d’objet indirect et complément
circonstanciel. Voyons brièvement quelques témoignages. Grevisse et
Goosse font remarquer que « Le procédé que l’on donne traditionnellement
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pour reconnaître l’objet indirect est peu pertinent. Il consiste à poser après

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le verbe l’une des questions : … à qui ? … à quoi ? … de qui ? … de quoi ?
etc. On ne fait ainsi que reprendre la préposition qui est déjà présente dans
la phrase et remplacer le nom par un pronom interrogatif. Des compléments
que la tradition rangeait parmi les compléments circonstanciels (et que nous
appelons compléments adverbiaux) acceptent la même substitution : Il
travaille pour ses enfants. Il travaille pour qui ? – Carreler avec de la brique.
Carreler avec quoi ? Etc. » (Grevisse-Goosse 1986 : 416). De son côté, Le
Goffic écrit que « Le problème des limites entre les compléments indirects
essentiels et les compléments indirects accessoires (circonstanciels) se pose
très vite » (Le Goffic, 1993 : 290). Plus loin, ce même auteur ajoute que « la
frontière avec les compléments accessoires (circonstanciels) est incertaine »
(Le Goffic 1993 : 305). Riegel et ses co-auteurs font également écho à cette
faiblesse dans la description grammaticale et soulignent que
« L’identification du complément d’objet indirect est d’autant plus délicate
que la plupart des compléments circonstanciels sont aussi introduits par
une préposition » (Riegel et alii 1994 : 223). Wilmet fait également part de
ses incertitudes dans ce qui suit : « Le c.o.i. ‘complément d’objet indirect’
n’a jamais bénéficié – et pour cause – de la même attention que le c.o.d.
[…] Où passe exactement la frontière des compléments d’objet second et
des compléments de circonstance ? […] les doutes s’amplifient au fur et à
mesure que les circonstanciels offrent leur vaste échantillonnage de temps,
de lieu, d’accompagnement, de destination… » (Wilmet 1997 : 483-484).
Des analyses témoignent de ces hésitations qui vont jusqu’à la
contradiction entre les positions prises. Pour Riegel et alii (1994 : 219), la

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Une analyse des constructions transitives indirectes en français

phrase Traduisez-moi ce texte en latin s’analyse avec un complément d’objet


indirect, en latin, qui s’interprète autrement, comme un complément
circonstanciel pour les auteurs de la Grammaire Larousse du français
contemporain (Chevalier et alii 1964 : 186)7 C’est Wilmet cette fois qui
signale que « Le Petit Robert impute p.ex. dépendre de, dériver de aux
verbes transitifs indirects mais procéder de, provenir de aux intransitifs et
aux circonstanciels » (Wilmet 1997 : 484). De la même manière, ce que
rapporte encore Wilmet (1997 : 485-486), Tesnière analyse comme des
circonstanciels les compléments de changer de (veste + chaussures),
dépendre de quelqu’un, se souvenir de quelque chose, se tromper de porte.
Il ne serait pas difficile de débusquer d’autres exemples d’analyses
surprenantes ou contradictoires, mais nous allons maintenant examiner les
tests qui permettent supposément de distinguer les types de compléments
du verbe.

Les tests
Différents tests ont été proposés pour ce faire. Si leur approche se veut
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originale, grammairiens traditionnels, structuralistes ou générativistes ont
tous traité à peu près de la même manière et avec les mêmes critères les
problèmes d’identification des compléments transitifs ou intransitifs, les
compléments circonstanciels ou les compléments essentiels. La révision de
quelques positions qui est maintenant proposée, de façon succincte, va
davantage insister sur le caractère faillible ou ambigu des tests, quelle que
soit l’approche ou la théorie linguistique.
On devrait pouvoir distinguer globalement les deux types de
complément en appliquant des mesures qui conviennent à l’un parce qu’il
fait partie du prédicat, le complément d’objet indirect étant un complément
du verbe, à l’autre, le complément circonstanciel, en tant que constituant
périphérique de la phrase. C’est ce qui fait conclure à Riegel et alii (1994 :
223) que c’est un rapport de double dépendance qui caractérise les c.o.i. : il
est d’abord sémantique puisque le complément d’objet indirect est un
véritable actant qui, « complémentaire de celui du sujet, est appelé par le
sens du verbe », cette analyse étant inappropriée pour le complément
circonstanciel. Il est aussi syntaxique puisque le verbe introduisant des
compléments d’objet indirect détermine dans la plupart des cas le choix de
la préposition : les prépositions à s’imposent pour le verbe obéir et de pour
profiter. Dans le cas des compléments circonstanciels, les prépositions
associées à un verbe locatif, par exemple, peuvent varier : aller (à + dans +
vers + sous + sur +derrière, etc.).
Puisque le complément circonstanciel est périphérique de la phrase,
il n’est donc pas étonnant que les mêmes grammairiens fassent de la propriété

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André DUGAS

de la mobilité de ce complément dans la phrase celle qui le caractérise


vraiment, mieux que son caractère facultatif ou sa possibilité de se
démultiplier. (Riegel et al. 1994 : 140). Ils font du détachement en tête de
phrase une presque exception des compléments d’objet indirect :
Paris (c.o.i.), Jean y va souvent.

La phrase suivante est aussi valable :


À Paris (c.o.i.), Jean y va souvent.

À Paris (circonstanciel), le prix des appartements (y + 0) est plus cher que


partout ailleurs.

La dislocation est pourtant facile dans certains contextes de compléments


du verbe, par exemple :
Aux derniers concurrents, on a dû remettre des dossards sans numéro.
Aux familles des victimes, le gouvernement russe n’a pas adressé de
messages de sympathie.
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Ce test n’est quand même pas inutile, à preuve ces exemples de
l’impossibilité d’une dislocation entre le sujet et le verbe :
*Pierre à Paris va souvent. (c.o.i.)
*Pierre, à Paris, y va souvent. (c.o.i.)

Pierre, à Paris, connaît beaucoup de monde. (circonstanciel)

La démarche de Riegel et alii, comme d’autres linguistes grammairiens


d’ailleurs, marque la distance par rapport à celle des grammaires
traditionnelles dans lesquelles la confusion dans l’analyse du complément
circonstanciel et du complément d’objet indirect est inévitable. Les questions
qui ? pour les êtres animés, quoi ? pour les non animés sont courantes pour
distinguer les compléments directs. L’analyse est la même pour les
compléments indirects, en positionnant d’abord la préposition. Cette façon
de faire prédisposait à la généralisation pour toutes les autres prépositions :
Louise s’adonne à la peinture.
Louise s’adonne à quoi ? …
Chantal travaille pour de l’argent.
Chantal travaille pour quoi ? …
Ruth verse le lait dans la terrine.
Ruth verse le lait dans quoi ? …

Dans le cas d’un complément de lieu (circonstanciel), la question où, pour


désigner exclusivement un complément circonstanciel, rivalise avec la
question à quoi ? pour trouver le complément d’objet indirect.

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Une analyse des constructions transitives indirectes en français

Mathieu va au stade. (c.o.i.)


Mathieu va où ? au stade

Mathieu s’entraîne au stade. (circonstanciel)


Mathieu s’entraîne où ? au stade

Ce test, toujours présent dans l’analyse grammaticale traditionnelle et


toujours utilisé en première approximation par tous, est donc inefficace pour
distinguer ces deux types de compléments, l’objet indirect et le
circonstanciel.
Pour délimiter les compléments d’objet indirect et les circonstanciels,
on dira que l’un des tests probants est l’impossibilité de faire commuter le
circonstanciel avec un pronom personnel clitique. À propos de la
pronominalisation des compléments d’objet indirect, Riegel et alii (1994 :
223-225) font jouer une série de paramètres de variation selon que le
complément est animé ou non. En bref, les compléments en à se
pronominalisent par les formes conjointes lui ou y ou les formes disjointes
précédées de la préposition, selon la nature du verbe.8 Par exemple,
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Jean succède à Ruth.
Jean lui succède
*Jean succède à elle.

Jean pense à Ruth.


*Jean lui pense
Jean pense à elle.

Les noms désignant des êtres non animés seront uniformément représentés
par le pronom y.
Jean consent à cette transaction.
Jean y consent.

La pronominalisation en y est également courante pour les circonstanciels.


Témoin l’exemple déjà cité ci-dessus :
À Paris, le prix des appartements y est plus cher que partout ailleurs.

Le cas de la pronominalisation des compléments en de est moins


problématique : les compléments non animés se pronominalisent de façon
régulière par en :
Paul se souvient de ses 20 ans.
Paul s’en souvient.

Dans le cas des noms animés, la stratégie des pronoms disjoints n’est pas
exclusive :

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André DUGAS

Léa abuse de ses vieux.


Léa abuse d’eux.
Léa en abuse.

La pronominalisation par en couvre tous les compléments d’objet indirect


de lieu, par exemple,
Pierre vient de Montréal.
Pierre en vient.

ce qui peut ajouter la confusion avec des compléments de phrase de ce type


sans même que la pronominalisation puisse se produire pour les
circonstanciels.
Il est cependant un cas particulier de la pronominalisation par en.
Voyons ce qui suit. Les prépositions à et de introduisent également des
phrases avec les suites à ce que P ou de ce que P, où ces suites ne sont pas
toujours substituables à que, comme dans
*Paul voit qu’elle vienne.
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Paul voit à ce qu’elle vienne.

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*Le malentendu provient que vous analysez cette phrase
différemment.
Le malentendu provient de ce que vous analysez cette phrase
différemment.

La pronominalisation se passe normalement pour la construction en à ce


que par y :
Paul y voit.

La pronominalisation par en (et non le) pour de ce que se fait aussi


normalement pour le verbe rêver :
Marc rêve (de ce) que sa fille épouse un homme riche.
Marc en rêve.

mais elle est impossible pour Le malentendu en provient.

La faiblesse des tests


Comme nous venons de le voir, la pronominalisation des compléments
d’objet indirect suit des méandres pour le moins tortueux qui ne mènent pas
toujours au résultat souhaité. Les techniques de la transformation à
l’interrogative avec qui, pour les animés, quoi, pour les non-animés, ne
prouvent rien. Il existe encore d’autres tests comme la non-commutation ou
le non-remplacement de la préposition, la dislocation, sujets que nous avons
effleurés, le non-dédoublement avec et cela, l’extraction avec c’est…qui,

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Une analyse des constructions transitives indirectes en français

c’est…que – que nous n’avons pas vu – mais tous sont plus ou moins
probants. Il est un test déjà éprouvé qui semble fournir de meilleurs résultats
tout en demeurant simple d’application, c’est l’effacement ; s’il s’agit bien
d’un complément d’objet indirect et non d’un complément circonstanciel,
son effacement entraîne l’agrammaticalité de la phrase.

Les compléments essentiels


En théorie grammaticale, il s’agit là de l’un des tests les plus pertinents
dans la mesure où il permet de distinguer ce qui est grammatical de ce qui
ne l’est pas. La notion de complément essentiel9 s’applique justement pour
distinguer la fonction des compléments du verbe – essentiels – et celle des
compléments de la phrase – non-essentiels. Le rapport de double dépendance,
sémantique et syntaxique, se ramène à une procédure d’analyse binaire ; à
chaque effacement, il suffit de vérifier le résultat : la phrase est grammaticale
ou elle ne l’est pas. La fonction du complément se déduit d’elle-même.
C’est en appliquant strictement ce test de l’effacement que je viens de
terminer une analyse de quelque douze mille verbes. Ces travaux ont
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commencé à Montréal pour se poursuivre au Laboratoire de linguistique
informatique de l’Université Paris 13.
Le complément du verbe tout à la fois objet direct non-animé se trouve
dans 7031 emplois ; l’objet direct animé humain n’est représenté que 3180
fois. La propriété intransitive s’applique à 2699 emplois de verbes et les
emplois pronominaux représentent 2451 emplois. Comme on pouvait s’y
attendre, les compléments essentiels introduits par les prépositions à ou de
sont plus fréquents que pour les autres prépositions, mais il n’y en a que
357 de la préposition à suivie d’un objet suivi à son tour, ou non, d’un autre
objet (par exemple, à objet (de V infinitif + que V. indicatif + que V
subjonctif), autrement dit un complément d’objet indirect introduit par la
préposition à. Dans les mêmes conditions, il n’y a que 303 emplois pour
des objets indirects introduits par la préposition de.
Enfin, examinons une dernière donnée. Il y a 366 structures différentes
décrivant ces milliers de verbes, comme intransitifs, transitifs directs ou
indirects, pronominaux intransitifs ou avec objet direct ou indirect, structures
attestées par une seule ou plusieurs propriétés combinées.

NOTES

1. Pour ce travail de recherche et pour ma participation au colloque qui a donné


lieu à ces Actes, j’ai reçu de l’aide du directeur du Laboratoire de linguistique
informatique, le Professeur Gaston Gross. Je désire ici le remercier et lui témoigner
ma reconnaissance. Je remercie également Michel Mathieu-Colas pour l’aide
précieuse et indispensable qu’il m’a apportée dans le traitement de mes données.

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André DUGAS

2. La précision qu’apportent Grevisse et Goosse (1986 : 414, rem. 1) en rapport


avec ces notions est étrange : « Les verbes qui demandent un complément d’objet
direct sont appelés transitifs; sinon, ils sont intransitifs. On appelle parfois transitifs
indirects les verbes construits avec un objet indirect. Nous n’utilisons pas cette
désignation ». Nous, si.
3. Ces verbes font partie d’une liste restreinte, le plus souvent des verbes de
communication ; ils ont la particularité d’accepter une grande variation de la
préposition à et parfois de la préposition de: arguer de qqch à/avec/devant qqn ;
bavarder de qqch à/avec qqn ; bavasser de qqch à/avec/sur qqn ; cancaner de/sur
qqch à/devant qqn ; caqueter de qqch à/avec/devant qqn ; causer de qqch à/avec
qqn ; commérer de/sur qqch avec/devant qqn ; conférer de/sur qqch à/avec qqn ;
converser de qqch à/avec qqn ; débattre de qqch avec qqn ; deviser de qqch avec
qqn ; dialoguer de qqch avec qqn ; discourir de/sur qqch avec qqn ; discuter de
qqch avec qqn ; faire part de qqch à qqn ; jacasser de qqch à/avec qqn ; jaser de
qqch à/avec qqn ; placoter de qqch à/avec qqn ; protester de qqch auprès de qqn ;
témoigner de qqch devant qqn ; s’accuser de qqch à qqn ; s’entretenir de/sur qqch
avec qqn ; s’exprimer sur qqch avec/auprès de qqn ; se plaindre de qqch à/auprès
de qqn ; se vanter de qqch à/auprès de qqn. La préposition de est souvent omise
avec les verbes synonymes de parler ou causer (Grevisse et Goosse 1986 : 460).
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4. Cf. Gobbe et Tordoir (1986 : 126).

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5. Cf. Dugas (2000 : 186).
6. Des compléments d’objet indirect sont camouflés. Voyons la structure de
compléments de verbes comme avertir, convaincre, informer, persuader
Paul avertit Ruth d’un danger imminent.
*Paul avertit Ruth de qu’il y a un danger imminent.
Paul avertit Ruth qu’il y a un danger imminent.
Elle est une preuve de l’effacement obligatoire de la préposition quand l’objet
indirect est une phrase. Les grammaires scolaires ne font pas de cas de cette analyse
où il est facile de faire l’erreur de prendre cette phrase complément sans préposition
pour un deuxième objet direct. L’effacement de la préposition à semble ne se produire
que dans le cas de locutions verbales comme faire attention, prendre garde :
Paul fait attention au bon déroulement de l’opération.
*Paul fait attention à que l’opération se déroule bien.
Paul fait attention que l’opération se déroule bien.
L’effacement d’autres prépositions est peu fréquent, comme dans
Ruth prie Éric (pour) qu’il soit prudent.
7. Ce rapprochement est fait dans Wilmet (1997 : 518).
8. La pronominalisation oblige à reconnaître des classes de verbes nettement
distinctes, le pronom étant antéposé ou maintenu dans la position du nom. La
typologie établie au Laboratoire d’Automatique Documentaire et Linguistique rend
compte d’une façon fine de classes de verbes définies de la sorte sur la base de
critères classificatoires d’ordre syntaxique et sémantique. Les classes établies l’ont
toujours été à partir de l’étude d’emploi des verbes.
9. La notion même de « complément essentiel » n’est pas figée : « On trouve
également l’appellation « complément obligatoire », par exemple dans Wilmet
(1997 : 314, rem. 3). Mais obligatoire est à essentiel ce que fin, intention, mobile,

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Une analyse des constructions transitives indirectes en français

motif (des termes littéraires) sont à but (un terme grammatical) ; il en va de même
pour non obligatoire, facultatif, accessoire – tous ces termes se trouvent dans les
grammaires – par rapport à non essentiel (Dugas 2000 : 183, rem. 2)

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