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Hachijaj Migena
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Lopez El Idrisse Camille
Parello Laura
Pashaj Stelina
Pereira Teixeira Filipa
Schroeijers Charlotte
Sgz Merry
Modalités
- Supports du cours :
• Cours oral qui est enregistré et disponible une dizaine de minutes après la fin du
cours
• Quizz qui ne nécessitent aucune préparation mais qui seront des tests pour voir
si on a bien compris ou si ça mérite d’être approfondi à il n’y a aucun enjeu !
Il ne faut pas avoir peur, il faut vraiment se tester sans moindre risque. Les quizz
ont ses limites donc c’est une aide à l’apprentissage et non une garantie de notre
maitrise de la matière. En d’autres termes, ce n’est pas parce que on arrive à
gérer les quizz, qu’on connaît la matière.
• Code des sociétés et associations (CSA) : quel code ? C’est à notre choix mais
sans annotations de jurisprudences.
illimitée
SCRL Société coopérative à
responsabilité́ limitée
SCS Société en commandite simple
SE Société européenne
SEC ou SCE Société́ coopérative européenne
SFS Société à finalité sociale
SNC Société en nom collectif
SPRL Société privée à responsabilité́
limitée
SRL Société à responsabilité limitée
1. Société
Définition (CSA, art. 1:1) : Une société est constitué par un acte juridique par lequel un/des
associé(s) font un apport à un patrimoine et a pour objet l’exercice d’une ou plusieurs activés
déterminées.. Un de ses buts est la distribution ou la procuration d’avantages patrimoniaux
directs ou indirects à ses associés.
ð TOUTES société doit avoir pour but de distribuer ou procurer à ses associés des
avantages patrimoniaux directs ou indirects mais il y’a la possibilité d’avoir d’autres
buts (ex ; sociétés à but social ou qui prennent en compte des considérations
écologiques)
ð Le bénéfice ou l’avantage patrimonial direct est celui qui ajoute à la fortune des
associées (= dividendes).
ð Le bénéfice ou l’avantage patrimonial indirect est celui qui procure une économie (dans
certaines sociétés coopératives, les actionnaires de la société́ sont également ses clients
et perçoivent des ristournes en fonction du montant de leurs achats à la société́ ; le seul
bénéfice qu’ils retirent de leur participation à cette coopérative est l’économie ainsi
réalisée ).
Le CSA réglemente :
Chacune des sociétés présentent des particularités/ des avantages qui font que la personne qui
souhaite crée une société choisi tel forme plutôt qu’une autre.
2. Association
Elle réglemente :
- L’ASBL (livre 9)
- L’AISBL (livre 10) dont son but se caractérise par une dimension internationale
Le CSA comporte :
- Des dis pistions relatives aux partis politique européens (qui sont au premier chef régis
par un Règlement européen : règlement n° 1141/2014)
3. Fondation
II. Classifications
1. Introduction
A. Classifications générales
Personnalité morale : Désigne la personnalité juridique des entités qui ne sont pas des êtres
humains.
Commentaire :
- Pour les sociétés, il existe une forme de société sans personnalité morale, c’est la société
simple. La société simple est réglée sommairement par le CSA.
- Pour les associations on n’a pas de trace dans le Code pour celles sans personnalité
morale. Elle n’a pas de nom particulier, association sans personne morale. Mais ne peut
créer une association sans personnalité morale.
- Les sociétés qui sont des personnes morales : (SNC, SCOMM, SRL, SC, SA)
On a encore trois types de société régis par un règlement européen : ce règlement européen
s’applique directement dans l’ordre interne sans être transposé (>< directive).
o La société européenne :
Ces sociétés ne sont pas régies uniquement par le règlement européen. Le règlement européen
comporte une série de disposition qui s’applique d’office dans les états membres mais il laisse
certaines facultés et options aux états membres et renvoi au droit national sur une série de point.
Correction QUIZZ
: la différence principale entre une société et une association c’est le but. Le but est différent.
Une association a un but désintéressé alors qu’une société a pour but de procurer un avantage
patrimoniale directe ou un indirecte à ses membres. La nécessité ou non d’un capital, toutes les
sociétés n’ont pas de capitale.
La différence entre une association ou une fondation : une association est un groupement, c’est
une convention crée par plusieurs personnes. Une fondation ne comprend pas d’associés mais
résulte d’un acte juridique et affecte des biens à un but désintéressé. La fondation c’est une
masse de biens.
Société et fondation : une société a toujours un ou plusieurs associés. Une fondation n’a jamais
d’associé et la société a un but de distribuer des avantages à ces membres alors que la fondation
a un but désintéressé.
Chaque forme de personne morales à une appellation protégé. On peut s’appeler ASBL si on
respecte les règles relatives aux ASBL. L’entité crée doit avoir l’appellation conforme à ce que
prévoit la loi.
Le droit transitoire : vient de la réforme du 23 mars 2019. Depuis la réforme les fondations
et les associations peuvent exercer les même activités qu’une société mais on à des réserves
pour les fondations qui ont été créé avant le 1er mai 2019.
b) Existence de membres
1. Principe
Sociétés et associations = composées de membres (associés) >< Fondations = sont des masses
de biens affectées à un but déterminé.
2. Nombre de membres
Toutes entités (sociétés et associations) mentionnées dans le tableau ci-dessus doivent être
composé d’au moins 2 membres (disposition du CSA légèrement trompeuse !1 ). SAUF :
- SRL et SA : possibilité d’avoir 1 seul membre
- SC : au moins 3 membres
- SCE/SE : au moins 5 membres - dépend du mode de constitution de la société.
Ceci a son importance dans le choix de la forme de société à choisir lorsque l’on souhaite crée
une société ; si on est seul, on ne peut choisir qu’une SA ou une SRL
NB : pour la fondation il ne faut pas de membres
1
Dans le CSA, on voit qu’une société est constituée par un acte juridique d’une ou plusieurs personnes. Une
personne suffit pour constituer une société. En réalité, cette disposition est trompeuse car la société dans laquelle
un seul fondateur/associé suffit c’est finalement uniquement la SRL et la SA.
(i) Principes
Explication :
- Sociétés simples et associations sans personnalité moral à les associés ou les membres sont
responsables de tous les engagements de ces sociétés ou associations sur leur patrimoine
personnel.
• Celles où les associés sont responsables de tous les engagements de la personne moral :
Exemple : la Société en nom collectif – elle peut contracter un emprunt auprès d’une
banque. Si elle ne rembourse pas l‘emprunt la banque peut se retourner contre les
associés et les tenir personnellement responsable. C’est aussi le cas du groupement
européen d‘intérêt économique à Les associés sont tenus comme des cautions.
• Dans les autres sociétés : la responsabilité des associés et actionnaires est limité a leur
apport. Dans ce société-là, il faut faire un apport. Cet apport peut être en argent,
numéraire ou en industrie. Cet apport c’est de l’argent, des biens, ou un service mis a
disposition à la société. En contrepartie l’associé a des parts et des droits. Il a le droit de
percevoir des bénéfices ou de voter à l’AG. Si la société est en faillite, on risque de
perdre son apport. Dans une société, le membre perd son apport, c’est tout ce qu’il
risque de perdre. L’actionnaire engage sa responsabilité mais limiter à son apport.
• La société en commandite est une société entre le deux : société dans laquelle on a des
associés qui engagent leur responsabilité pour toutes les dettes de la société et ceux qui
ont responsabilité limitée.
2. Tempéraments
Il peut donc y avoir une absence ou limitation de responsabilité des associés/membres en cette
qualité et à ce titre mais ils peuvent être personnellement tenus des engagements de la PM si :
*Une personne qui utilise les biens, argents de la société, peu importe sa qualité, à des fins
personnelles commet une faute ; infection pénale = abus de biens sociaux. La personne engage
sa responsabilité personnelle.
** Par exemple ; une personne peut avoir différentes qualités au sien d’une même société. Elle
peut être associée et administratrice. Entant qu’administratrice, elle gère la société en dépit du
bon sens ; la société n’a aucun revenu mais elle, continue à acheter des biens à crédit que la
société ne parvient pas à rembourser…. La personne commet des fautes en sa qualité
d’administratrice et elle risque d’engager sa responsabilité.
** Exemple : Un associé d’une SRL qui a participé à la constitution de cette société étant que
fondateur. En cette qualité, il décide de la constituer uniquement avec des apports en industrie
puisque pour constituer une SRL il n’y a plus besoin de capital. La SRL est déclarée en faillite
6 mois plus tard car même s’il n’y pas besoin légalement de capital, dans la réalité, presque
aucune société ne peut fonctionner sans capital. La personne risque d’engager sa responsabilité
entant que fondateur (>< associé).
àfondateur = personne qui participe à la naissance de la société >< associé = la personne qui
a des actions dans la société. Le fondateur est actionnaire au moment de la constitution de la
société (il détient des parts) mais il pourrait les vendre et donc il ne plus être actionnaire. Tout
comme il existe des actionnaires qui ne sont pas fondateurs car pas présent à la création.
*** Théorie qui vise l’hypothèse dans laquelle une personne (généralement SRL avec un seul
actionnaire / administrateur) gère la société comme si elle était sa propre chose. Par exemple
un avocat crée une SRL seul pour exercer sa profession ; il y aura nécessairement 2 personnes
juridiques, l’avocat et « sa » SRL. En principe, il doit gérer la SRL en suivant toutes les règles
du CSA. Si l’avocat n’est pas rigoureux dans le suivit de ces règles et pour ses besoins
personnels il se sert dans la caisse de la société (=abus de bien sociales), n’approuve pas les
comptes… Il fait en réalité comme si cette société n’avait pas la personnalité juridique. La
sanction sera que les tiers (créanciers) pourront aussi faire comme si la société n’avait pas la
personnalité juridique et considérer que le SRL et l’avocat forme un patrimoine commun. Si la
SRL ne parvient pas à répondre de ses engagements, la responsabilité personnelle de l’avocat
sera engagée. (Théorie qui est en quelque sorte une application de la responsabilité civile ; « je
commet une faute, je dois la réparer »)
(ii) Personnes morales dont les membres n’engagent pas leur responsabilité
1. Associations
Les membres des ASBL, AISBL et partis politiques européens ne doivent pas faire d’apport
donc n’engagent pas leur responsabilité personnelle pour les dettes de l’association.
(iii) Personnes morales dont la responsabilité des actionnaires est limitée à leur
apport
- SA (CAS, art. 7:1)
- SC (CAS, art. 6:2) à >< avec la SRL : elle se caractérise par le fait que des actionnaires
peuvent être admis, démissionner ou être exclus sans modification des statuts de la société.
- SCE (règlement n°1435/2003, art. 1, §2) : Elle est une société dont le capital est représenté
par des parts (art. 4) et dans laquelle, sauf dispositions contraires des statuts, chaque membre
ne s’engage qu’à concurrence de son apport (art. 1, § 2). La limitation de la responsabilité
est donc la règle mais les statuts peuvent y déroger.
(iv) Personnes morales dont la responsabilité des associés est limitée ou mixte
- SNC (CSA, art. 4:22, al2) : c’est une variante avec PM de la société simple donc
responsabilité illimité et solidaire des associés.
- GEIE (réglement n°2137/85) ; les membres ne doivent pas faire d’apport mais en
contrepartie, chaque membre est responsable de façon illimitée des engagements pris par le
groupement.
- SComm (CSA, art. 4:22, al3) : variante avec PM de la société simple composé de 2
catégories d’associés.
Sociétés Associations
PM caractérisées par ASBL
l’absence de responsabilité AISBL
des membres pour les Parti politique européen
engagements de la PM
PM caractérisées par la SA (CSA, art. 7:1)
limitation de la SRL (CAS, art. 5:1, al1)
responsabilité de leurs SC (CSA, art. 6:2)
associés à leurs apports SE (Rglmt n°2157/2001, art
1, §2)
SCE( Rglmt n°1435/2003,
art 1) sauf statut ><.
PM caractérisées par la SNC
responsabilité illimitées des GEIE
leurs associés pour leurs
engagements
PM caractérisées par un SComm
système mixte de
responsabilité de leurs
associées.
Ce tableau n’inclut pas les fondations puisqu’elles n’ont pas de membres.
C’est fondamental. C’est la grande différence entre société et association. Les fondations et
associations doivent avoir un but désintéressé.
Avoir un but désintéressé ça veut dire qu’elles ne peuvent pas procurer un avantage
patrimoniale direct ou indirect à leurs membres sauf si c’est dans le but désigné par leur statut.
Exemple : une association qui a pour but d’aider les personnes en situation précaire.
C’est un but désintéressé qui correspond au but prévu par le Code.
Les sociétés ont comme but de procurer un avantage patrimonial direct à leurs membres
(distribution de dividendes/ les bénéfice) ou indirect (des économies).
Attention, sous l’empire du nouveau CSA un des buts de la société peut être désintéressé.
La société peut désormais avoir d’autres buts. N’importe quelle société peut prévoir à côté de
son but lucratif un but non lucratif. Ceci a une importance en matière de responsabilité sociétale
des entreprises.
2. But spécifique
Outre ce but lucratif, le législateur impose certains buts spécifiques à certaines personnes
morales :
- SC/SCE : buts spécifique = la satisfaction des besoins et/ou le développement des activités
économiques/sociales de leurs membres (Règlement n°1435/2003, art.I.3, et CSA, art. 6:1,
al.1)
- La société coopérative a un but spécifique : la satisfaction des besoins ou du développement
des besoins économique et social de ces actionnaires.
- SC agrée comme entreprise social : but spécifique principale = générer un impact sociétal
positif pour l’humain, l’environnement ou la société. Donc le but principal ici, n’est pas
lucratif mais social ! (CAS, art. 8:5, §1)
à Ce but spécifique + le fait qu’il n’y ait pas d’obligation de faire un apport conduit à ce
que le Règlement n°2137/85 ne considéré pas GEIE comme une société. Le législateur
consacre cependant le livre 18 du CSA au GEIE.
Les associations et fondations, elles doivent avoir des buts désintéressés mais là aussi, on
remarque des spécificités.
Pour les fondations il en existe de deux types. Ce qui distingue la fondation privée de la
fondation d’utilité publique c’est d’une part leur mode de constitution car la fondation
d’utilité publique requière un Arrêté royal. S’agissant du but la fondation d’utilité publique doit
tendre à la réalisation d’une œuvre à caractère philanthropique, philosophique, religieux,
scientifique, artistique, pédagogique ou culturel (Art 11 : 1 CSA). Une fondation privée ou une
ASBL peut avoir n’importe quel type de but désintéressé.
1. Droit belge
Sauf associations citées au point suivant, les entités examinées dans le cours sont soumises au
droit belge (CSA).
Le droit des sociétés et des associations diffère au sein de chaque EM de l’UE. Mais, en matière
de sociétés il existe une relative harmonisation à la suite de la transposition des directives2 en
matière de sociétés.
2. Droit européen
Le GEIE, SE et SCE ; leurs membres ne peuvent être que des personnes ressortissantes de l’UE
et doivent avoir au moins 2 membres d’Etats différents de l’UE.
Le GEIE, SE et SCE, les partis politiques européens et les fondations politiques européennes
sont également régis par le CSA. Pourquoi ? A l’inverse d’une directive, un règlement est
directement applicable dans tous les Etats membres et obligatoire dans tous ses éléments, sans
que les Etats aient le pouvoir d’y déroger ou même de les transposer.
C’est ainsi qu’outre par les règlements précités, les SE, les SCE, le GEIE6, les partis politiques
européens et les fondations politiques européennes sont également régis par les livres 15, 16,
18 et 17 du CSA.
Les critères précédents sont des critères de choix. Les seuils sont un critère de distinction qui
vont expliquer l’application de règles différentes. Plus là société/fondation/association est
grande plus les règles sont compliquées.
2
Les directives européennes ne sont pas directement applicables dans les droits nationaux des EM ; elles doivent
faire l’objet d’une transposition >< règlement directement applicable et obligatoire dans tous ses éléments
(i) Sociétés
1. Principe
- les petites sociétés : dotées de la PJ et qui à la date de bilan du dernier exercice clôturé, ne
dépassant pas les critères suivants (CSA, art. 1:24) :
- Les microsociétés : sont des petites sociétés dotées de la PJ qui ne sont pas une société filiale
ou une société mère et qui à la date du bilan du dernier exercice clôturé, ne dépassent pas les
critères suivants (CAS, art. 1:25) ;
- les autres sociétés : grandes sociétés qui dépassent plus d’un critère fixé pour les petites
sociétés.
- les très grandes sociétés : celles qui a date de clôture de leur bilann dépassent (CAS, art.
3:6, §4) ;
- Nbr moyen de 500 salariés sur l’exercice
- Ou un totale de bilan de 17 millions EUR
- Ou un chiffre d’affaire de 34 millions EUR
2. Importance
Le type de sociétés détermine les règles applicables dans toute une série de matières :
- En matière comptable :
Notamment pour les schémas des comptes que doivent utiliser les sociétés et associations qui
sont déterminées en fonction de leur taille. Les grandes sociétés utilisent un schéma complet
alors que les microsociétés peuvent utiliser un micro-schéma.
Les petites sociétés qui ne sont pas des sociétés cotées ou des entités d’intérêt public ont la
faculté d’établir leurs comptes annuels selon un schéma abrégé fixé par le Roi (art. 3:2) ; les
microsociétés ont la faculté d’établir leurs comptes annuels selon un microschéma fixé par le
Roi (art. 3:3) ; en outre, les petites sociétés qui ont adopté́ la forme d’une société SNC ou d’une
SComm ont la faculté de ne pas déposer leurs comptes annuels à la BNB (art. 3:9, § 1er).
Chaque association, société, fondation doit arrêter les comptes annuels mais aussi établir un
rapport de gestion sur l’année écoulée qui comporte une série de mentions dans lequel l’organe
d’administration explique les chiffres. En plus d’un document chiffré (les comptes annuels),
l’organe d’administration explique les chiffres et les difficultés rencontrées. Cette obligation
d’établir s’applique uniquement à certaines associations, sociétés, fondations. Cette obligation
de rapport de gestion ne s’applique pas aux microsociétés en raison de leur taille (art 3 : 4 CSA).
Les très grandes sociétés quant à elles, ont l’obligation d’établir un rapport de gestion qui en
plus doit être beaucoup plus complet que celui des grandes sociétés (art 3 :6, §4 CSA).
- En matière de contrôle :
o Le recours au critère sur base du seuil a également une utilité pour l’obligation de
déposer les comptes annuels à la Banque nationale de Belgique (BNB) :
Ce qui permet d’assurer une publicité aux comptes annuels. Tout le monde peut accéder à ces
comptes via la banque carrefour des entreprises. Les microsociétés ne doivent pas déposer des
comptes à la BNB.
1. Principe
Le CSA classe les associations en quatre types en fonction de leur taille : les micro-
associations, les petites associations qui ne dépassent pas plus d’un critère visé à l’article 3:47,
§ 2, les petites associations qui dépassent plus d’un critère visé à l’article 3:47, § 2 et les autres
associations.
- Les micro-associations sont les petites associations qui, à la date du bilan du
dernier exercice clôturé, ne dépassent pas plus d’un des critères suivants :
nombre de travailleurs, en moyenne annuelle : 10 ; chiffre d’affaires annuel,
hors taxe sur la valeur ajoutée : 700.000 EUR ; total du bilan : 350.000 EUR
(art. 1:29).
- Les petites associations sont les associations qui, à la date du bilan du dernier
exercice clôturé, ne dépassent pas plus d’un des critères suivants : nombre de
travailleurs, en moyenne annuelle : 50 ; chiffre d’affaires annuel, hors taxe
sur la valeur ajoutée : 9.000.000 EUR ; total du bilan : 4.500.000 EUR (art.
1:28).
- Le CSA opère au sein des petites associations une distinction entre celles qui,
à la date du bilan du dernier exercice clôturé, dépassent ou ne dépassent pas
plus d’un des critères suivants : un nombre de travailleurs en moyenne
annuelle de 5 ; 334.500 EUR pour le total des recettes, autres que non
récurrentes, hors taxe sur la valeur ajoutée ; 1.337.000 EUR pour le total des
avoirs ; 1.337.000 EUR pour le total des dettes (art. 3:47, § 2).
- Les autres associations sont celles qui dépassent plus d’un des critères fixés
pour les petites associations. On les appellera les grandes associations.
Le CSA prévoit une classification semblable pour les fondations (art. 1:30 et 1:31 et 3:51, § 2)
2. Importance
Cette classification revêt une importance considérable car le type d’association ou de fondation
détermine la règle applicable dans toute une série de matières :
- En matière de conflits d’intérêts : les petites ASBL qui dépassent plus d’un
des critères visés à l’article 3:47, § 2 et les grandes ASBL doivent appliquer,
en cas de conflits d’intérêts, des règles plus sévères que les autres ASBL (art.
9:8). Cette différence n’existe pas pour les fondations (art. 11:8 et 11:9).
B. Classifications spéciales
1. Capital : notion
Alors que, sous l’empire du Code des sociétés, les SPRL, les SCRL, les SA et les SCA étaient
dotées d’un capital, sous l’empire du CSA, seules les SA sont dotées d’un capital (outre les SE
et les SCE).
La notion conditionne l’application de toute une série de règles. Lorsque l’on constitue une
société à capital, il y a :
- Des règles qui s’appliquent au moment de la constitution de la société pour s’assurer que
la société ait un capital effectif minimum (61 500 EUR pour SA),
- Des règles qui dictent au moment de la constitution quel type d’apport peut constituer un
apport - intervention du notaire (apport en argent, de biens susceptibles d’évaluation
économique et PAS les apports en industrie)
- Des règles qui s’appliquent en cours de vie de la société comme des règles qui interdisent
la distribution de dividendes lorsque certaines limites sont atteintes.
SRL, SC : capitaux propres. Pour ces types de sociétés, le CSA ne prévoit plus de capital. Mais
il prévoit encore la notion de capitaux propres. Il n’y a pas de minimum (EUR) lors de la
constitution de la société mais il y a tout de même une série de règles qui s’appliquent pour
s’assurer que la société ait les ressources suffisantes pour mener une activité sans être déclarée
en faillite trop rapidement.
à Correctif QUIZZ :
o Toute société doit avoir au moins deux associés : Faux, la SA et la SRL peuvent en avoir
qu’un seul.
o Toute association doit avoir au moins deux associés : Vrai : chaque association doit
avoir au moins 2 associés mais constitué par un contrat
o Toute fondation doit avoir au moins deux associés : Faux : fondation jamais d’associé
o La constitution d’une société permet aux associés de limiter leur responsabilité pour
les engagements de cette société : Ça dépend
o Les règles auxquelles une société est soumise dépend uniquement de sa forme, jamais
de sa taille : Faux : ça peut dépendre de la taille
o Toute société a un capital Faux : seul société anonyme ou coopérative européenne ont
un capital
o Le seul but d’une société est de distribuer des avantages patrimoniaux à ses associés :
Faux : l’une des réformes du 23 mars 2019 est de prévoir qu’un des buts de la société
doit être de distribuer des avantages a ces associés
o Une ASBL ne peut jamais avoir pour but de distribuer des avantages patrimoniaux a
ses associé ou toute autre personne : Vrai sauf si elle fait dans un but désintéressé
déterminé par ses statuts
o Oui c’est possible qu’une société donner un immeuble en location à un de ces membres
mais aux conditions du marché
o Le but des associations coince avec le but des fondations : partiellement pour les
fondations car il existe deux types de fondation. Les fondations d’utilité publiques
doivent avoir un but, philosophie, artistiques, etc.
Ce critère ne concerne uniquement les sociétés. Pourquoi ? Lorsque l’on fait un apport à une
société, on met à sa disposition de l’argent par exemple, en contrepartie de parts (on ne donne
rien). Alors que lorsque l’on devient membres d’une association, on ne reçoit rien en échange
; on ne reçoit aucun titre qui donne droit aux bénéfices par exemple puisqu’elle a un but
désintéressé.
La cessibilité des actions et parts est un critère interessant lorsque l’on choisit la forme de la
société que l’on va créer. En fonction du choix, les parts et actions seront librement cessibles
ou pas.
Sociétés dont les actions sont ou peuvent être librement cessibles. Le CSA prévoit un
régime par défaut (supplétif) ; celui de la cessibilité pour les SA et les SE.
La SA se caractérise par le fait que ses actions sont librement cessibles et peuvent être admises
à la négociation sur un marché réglementé. Il est néanmoins possible de limiter cette cessibilité
dans une certaine mesure. Mais les statuts peuvent limiter la cessibilité dans certaines limites.
Les statuts ne pourront jamais rendre les actions complètement incessibles.
Les actions de la SRL ne peuvent en principe être cédées qu’à certaines conditions mais les
statuts peuvent rendre ses actions librement cessibles Dans une SRL, on ne peut pas à défaut
de disposition dans les statuts céder les actions a un associé, à un enfant, etc on ne peut pas
céder à n’importer qui. Par contre les statuts des SRL peuvent prévoir n’importe quoi : Ils
peuvent rendre les actions complètement négociables.
Par contre, dans les autres sociétés le régime par défaut est soit le régime de l’incessibilité ou
1. Principales classifications entre les sociétés (7/9)
de la cessibilité limitée. Dans les autres types de société il est également possible de déroger
au régime de l’incessibilité ou de l’incessibilité limité toujours dans une certaine mesure. On
g) Cessibilité des actions / parts
ne peut pas rendre les parts complément cessible.
2. Sociétés dont les actions ou les parts ne peuvent être rendues librement
cessibles
o Les actions d’une SC ne sont cessibles qu’à certaines conditions. Une SC ne peut pas
faire admettre ses actions à la négociation sur un marché réglementé (art. 6:1, § 2). –
o Les parts des SNC et des SComm sont en principe incessibles mais les statuts ou les
associés peuvent admettre la cession à certaines conditions.
1. Société cotée
La société cotée est celle dont les actions, les parts bénéficiaires ou les certificats se rapportant
à ces actions sont admis aux négociations sur un marché réglementé en Belgique (CSA, art.
1:11, al. 1) ; à savoir Euronext Brussels et le marché des instruments financiers dérivés
d’Euronext Brussels.
Les SA et SRL peuvent faire admettre leurs actions sur un marché réglementé. Une société qui
fait admettre ses actions sur Euronext devient une société cotée.
A l’heure actuelle il n’y pas de SRL cotée, pourquoi le législateur a-t-il prévu cette possibilité
? Il a voulu imiter certains de nos voisins (Pays-bas) tout en sachant que c’est irréaliste car
société sans capital).
- Les sociétés dont les valeurs mobilières visées à l’article 2, 31°, b) et c), de la loi du
2 août 2002 sur la surveillance du secteur financier et les services financiers, sont
admis aux négociations sur un marché réglementé = les sociétés dont les obligations
sont admises en bourse, (voy infra). l’obligation = un titre de créance, une fraction d’un
emprunt. La société peut emprunter de l’argent auprès d’une banque mais elle peut
également l’emprunter auprès du public. Comment fait-elle ? si elle a besoin de Y
EUR, elle émet des obligations de X EUR qui sont autant de fraction de l’emprunt
qu’elle contracte. 3
3
Obligation : titre de créance contre le créancier donc que la société fasse des bénéfices ou des pertes,
la société doit rembourser la créance et payer des intérêts aux titulaire du titre >< action : confère des
droits d’associé, si la société fait des perte, l’associé ne reçoit rien.
Il s’ensuit que toute société cotée est une entité d’intérêt public, mais l’inverse n’est pas exact.
3. Intérêt
Certaines règles s’appliquent en fonction de la catégorie. Par exemple, les règles de convocation
aux assemblées générales diffèrent dans les sociétés cotées et non cotées.
Les règles applicables aux sociétés cotées sont généralement plus complexes que les règles
applicables aux sociétés non cotées parce qu’il faut protéger des actionnaires minoritaires (pas
grand-chose à dire dans la gestion d’une société).
Exemple : la rémunération des administrateurs. Dans n’importe quel type de société, leur
rémunération est fixée par l’AG qui fait à peu près ce qu’elle veut. Par contre, dans les sociétés
cotées, la rémunération des administrateurs est strictement encadrée par la loi. La société doit
établir un rapport de rémunération, elle doit faire approuver certaines rémunérations par les
actionnaires…
Exemple ; opérations avec une partie liée. Une société cotée qui voudrait contractée avec sa
société-mère, le risque c’est que l’opération soit trop favorable à la société-mère. Il y a une
réglementation spécifique qui s’applique aux opérations des sociétés cotée avec des parties
1. Principales classifications entre les sociétés (9/9)
liées.
i) Agrément
III. Agrément
1. Notion
Le Code des sociétés réglementait la société agricole et permettait à toute société dotée de la
personnalité morale d’avoir une finalité sociale plutôt qu’un but lucratif. La société à finalité
11
⚠ ATTENTION : une société cotée peut posséder des obligations et des actions et peut les faire
admettre sur un marché réglementé. Par contre, une société qui n’est pas cotée ne peut posséder que des
obligations ! Elle peut faire admettre ses obligations sur un marché réglementé.
sociale n’était donc pas une forme distincte de société mais une société organisée par le Code
des sociétés qui choisissait une finalité sociale.
La loi du 23 mars 2019 a modifié ce système. Elle a supprimé la société agricole et la société à
finalité sociale mais permet à certaines sociétés de se faire agréer, à certaines conditions, comme
entreprise agricole ou comme entreprise sociale.
La société agricole était intéressante en matière de bail à ferme. Le bail à ferme comporte des
règles de protection du locataire ou du fermier en cas de résiliation ou de renouvellement du
bail car le fermier exploite sa ferme en nom personnel. Si le fermier exploite sa ferme par
l’intermédiaire d’une société, il ne le fait plus en nom personnel et risque donc de perdre la
protection prévue par la loi en cas de renouvellement. L’intérêt de la société agricole était bien
qu’elle ait la personnalité juridique on fait comme si le fermier exploitait en nom personnel. La
société agricole disparait mais pour malgré tout permettre de conserver cet avantage une série
de sociétés (SNC, SComm, SRL et la SCoopérative) peuvent se faire agréée comme société
agricole.
SNC, SComm, SRL et SC peuvent être agréées comme entreprise agricole moyennant certaines
conditions (CSA, art. 6:1, § 3, 8:2 —> voir arrêté royal du 28 juin 2019 fixant les conditions
d’agrément comme entreprise agricole et comme entreprise sociale).
Principal intérêt. Tient à une règle particulière pour l’application de la loi sur le bail à ferme :
l’exploitation à titre d’associé gérant d’une SNCEA, d’associé commandité d’une SCommEA,
d’administrateur d’une SRLEA ou d’administrateur d’une SCEA, est assimilée à l’exploitation
personnelle. Cette règle s’applique tant au preneur qu’au bailleur (bénéfice des avantage prévu
par la loi en cas d’occupation personnelle) (CSA, art. 8:3).
3. SC agréée
La SC peut également être agréée comme entreprise sociale si elle a pour but principal, dans
l’intérêt général, de générer un impact sociétal positif pour l’homme, l’environnement ou la
société et si elle remplit les conditions prévues par l’article 8:5, § 1, du CSA et l’arrêté royal du
28 juin 2019 fixant les conditions d’agrément comme entreprise agricole et comme entreprise
sociale.
à Ajouter à sa dénomination les termes « société coopérative agréée comme entreprise sociale
» (SC agréée comme ES) si son but principal ne consiste pas à procurer à ses actionnaires un
avantage économique ou social pour la satisfaction de leurs besoins professionnels ou privés
(CSA, art. 8:5, § 1, al. 4).
Une SC peut cumuler les deux agréments, en tant que « SC agréée » et en tant que « SC agréée
comme ES », et est alors une « SCES agréée ». (CSA, art. 8:5, § 2).
On peut s’interroger sur l’intérêt (autre qu’en matière de réputation) d’un tel agrément. L’intérêt
est de se faire agrée comme entreprise sociale est uniquement en termes de label. Ça fait une
image de marque mais pour le surplus cela ne donne pas d’avantage particulier.
Nb : Il existe aussi la société agrée et la société coopérative entreprise sociale agrée qui elles
peuvent obtenir certains avantages en matière fiscale et de sécurité sociale (réduction de
cotisation). Ce sont des sociétés qui répondent parfaitement à l’idéal coopératif. Mais ici,
l’agrément est utile car il procure des avantages ne matière fiscale et de sécurité sociale.
1. Ratio legis
La forme d’une entité renseigne immédiatement sur une série de règles qui lui sont applicables
(par exemple, si ses associés ou membres engagent ou non leur responsabilité personnelle pour
les engagements de cette entité).
2. Interdiction
Une personne morale ne peut faire usage dans sa dénomination ni autrement d’une autre forme
légale que celle qu’elle a valablement adoptée (CSA, art. 2:3, § 1, al. 3). Par exemple, une
ASBL dont le but est la prévention des pandémies ne pourrait pas choisir comme dénomination
« Fondation de Prévention des Pandémies ».
V. Bénéficiaires effectifs
1. Généralités
Dans le cadre de la législation anti-blanchiment, le CSA impose à toutes les sociétés et à toutes
les personnes morales qu’il régit (à l’exception des partis politiques européens et des fondations
politiques européennes) de recueillir et de conserver les données relatives à leurs bénéficiaires
effectifs, afin d’alimenter une banque de données centralisées, le Registre des bénéficiaires
effectifs (Registre UBO, Ultimate Beneficial Owners). Ce registre a été constitué au sein de
l’Administration générale de la Trésorerie du SFP Finances (CSA, art. 1:34 à 1:36).
- le nom ;
- la date de naissance ;
- la nationalité ;
- s’il s’agit d’une société, la nature et l’étendue de l’intérêt économique détenu par lui.
Les membres de l’organe d’administration qui omettent de procéder à ces formalités s’exposent
à des sanctions pénales (CSA, art. 1:36).
à Sont considérés comme possédant ou contrôlant en dernier ressort une société la ou les
personnes physiques qui possède(nt), directement ou indirectement, plus de 25 % des droits de
vote ou des actions ou du capital ou qui exerce(nt) le contrôle par d'autres moyens. Si ce n’est
le cas de personne, il s’agit de la ou des personnes physiques qui occupent la position de
dirigeant principal.
Dans le cas des associations (internationales) sans but lucratif et des fondations, il s’agit des
membres de l’organe d’administration, des personnes habilitées à représenter l'association, les
personnes chargées de la gestion journalière, des fondateurs d'une fondation, des personnes
physiques dans l'intérêt principal desquelles l'association (internationale) sans but lucratif ou la
fondation a été constituée ou opère, ou de toute autre personne physique exerçant par d'autres
moyens le contrôle en dernier ressort (CSA, art. 1:34 et loi du 18 septembre 2017 relative à la
prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme et à la limitation de
l'utilisation des espèces, art. 4, al. 1, 27°).
3. Accès au registre
Tout citoyen peut consulter les données de ce registre, sur la base du numéro BCE ou du nom
de l’entreprise (AR 30 juillet 2018 relatif aux modalités de fonctionnement du registre UBO).
VI. Historique
A. « Ancien » droit
1. Sociétés
- Code de commerce. Le Code de commerce de 1807 consacrait le titre III du livre I aux
sociétés commerciales.
- Loi du 18 mai 1873. Cette réglementation parut insuffisante dès les années 1860. Une
réforme législative de grande ampleur aboutit à la loi du 18 mai 1873.
- Lois coordonnées sur les sociétés commerciales. Cette loi fut complétée et modifiée à de
nombreuses reprises, au point que les lois en matière de sociétés ont été coordonnées une
première fois à la suite de la loi du 25 mai 1913 (arrêté royal du 22 juillet 1913) et une
seconde fois à la suite de la loi du 9 juillet 1935 (arrêté royal du 30 novembre 1935 de
coordination des lois sur les sociétés commerciales). Depuis 1935, les lois sur les sociétés
furent appelées « lois coordonnées sur les sociétés commerciales ».
Les lois coordonnées sur les sociétés commerciales firent à leur tour l’objet de très
nombreuses modifications, notamment en 1973 (pour transposer la première directive), en
1984 (pour transposer la deuxième directive) et le 13 avril 1995 (acquisition de la
personnalité morale subordonnée au dépôt de l’acte constitutif).
En outre, à côté des sociétés à forme commerciale régies par les lois coordonnées sur les
sociétés commerciales, il y avait les sociétés civiles régies par le titre IX du Code civil (mais
qui n’avaient pas la personnalité morale), les sociétés agricoles régies par la loi du 12 juillet
1979 et les groupements d'intérêt économique régis par la loi du 17 juillet 1989 (qui furent
qualifiés de sociétés par la loi du 13 avril 1995).
- Code des sociétés. L’article 110, § 1er de la loi du 13 avril 1995 donnait au Roi le pouvoir
de « codifier et mettre en concordance toutes les dispositions législatives et réglementaires
relatives aux sociétés commerciales ou à forme commerciale ». Le but de la codification
était « de regrouper les textes dans un Code des sociétés, de les harmoniser et d’en accroître
la compréhension, sans toutefois y apporter de modification de fond ». Cette codification se
voulait donc à droit constant.
Cette codification fut réalisée par la loi du 7 mai 1999 comportant le Code des sociétés. Le
Code des sociétés a intégré les dispositions qui se trouvaient, non seulement dans les lois
coordonnées sur les sociétés commerciales, mais également dans le titre IX du Code civil
(titre relatif aux sociétés), la loi du 12 juillet 1979 (société agricole) et la loi du 17 juillet
1989 (groupement d'intérêt économique). Il a abrogé les lois coordonnées sur les sociétés
commerciales, le titre IX du Code civil, la loi du 12 juillet 1979 et la loi du 17 juillet 1989.
- CSA. La loi du 23 mars 2019 introduisant le Code des sociétés et des associations et portant
des dispositions diverses a abrogé le Code des sociétés, sous réserve du droit transitoire.
2. Associations et fondations
La loi du 25 octobre 1919 et la loi du 27 juin 1921 avaient fait l’objet de relativement peu de
modifications jusqu’à 2019. Les principales modifications résultaient de :
• La loi du 2 mai 2002 sur les associations sans but lucratif, les associations
internationales sans but lucratif et les fondations, qui a modifié en profondeur la loi du
27 juin 1921 (elle a notamment rebaptisé les établissements d’utilité publique en
fondations, en opérant une distinction entre les fondations privées et les fondations
d’utilité publique) et y a intégré les associations internationales (elle a abrogé la loi du
25 octobre 1919) ;
Sur plusieurs points, ces deux lois avaient dans une certaine mesure aligné le régime des
associations et des fondations sur celui des sociétés (par exemple, en ce qui concerne les
modalités de constitution, les actes accomplis au nom de l’association ou de la fondation en
formation, le régime de la nullité).
La loi du 23 mars 2019 introduisant le Code des sociétés et des associations et portant des
dispositions diverses a abrogé la loi du 27 juin 1921, sous réserve des règles de droit transitoire.
1. Objectifs
Avant cette loi on avait une loi sur les ASBL (loi du 27 juin 1921) et un Code des sociétés.
Cette réforme a regroupé la matière des sociétés et associations dans un seul Code : le CSA.
- Harmoniser le droit des sociétés et le droit des associations et les réunir dans un
même code, le CSA ; C’est-à-dire que dans une série de cas ou rien ne justifiait des
règles différentes entre associations et sociétés le législateur a prévu les mêmes
règles. Toutefois, le droit ne peut pas totalement harmoniser.
- Rendre le droit des sociétés plus flexible, notamment par un système d’options, tout
en prévoyant des règles par défaut qui s’appliquent quand les parties n’ont pas fait
de choix ;
- « Faire du droit belge des sociétés un droit attractif qui soit compétitif sur le plan
international par rapport aux droits des autres pays membres de l’Union européenne
et qui puisse dès lors constituer un des éléments favorisant des investissements
étrangers et contribuant à maintenir un lien entre nos dernières grandes sociétés
multinationales belges et notre pays »
2. Principales réformes
- Intégration des associations et des fondations dans un même code, alors qu’auparavant
elles étaient régies par respectivement le Code des sociétés et la loi du 27 juin 1921.
- Harmonisation dans une certaine mesure du droit des sociétés et du droit des associations,
notamment en ce qui concerne les activités autorisées et une série de points techniques.
Dans toute une série de cas (cas des règles techniques), rien ne justifiait des règles
différentes entre les sociétés et associations, le législateur a donc décider de les regrouper
Exemple : Sous l’empire du Code des sociétés, le Conseil d’administration prenait des décisions
en délibérant. Le Conseil d’administration étant un organe délibérant, il forme ces décisions à
l’issue d’une réunion. Le législateur avait donné la possibilité au Conseil d’administration d’une
SA de prendre des décisions par écrit sans délibération préalable à certaines conditions
notamment que tous les administrateurs soient d’accord. Ces décisions ne pouvaient être prises
qu’à l’unanimité. Mais le législateur n’avait pas prévu de telles règles pour les associations
alors que rien ne justifiait cette différence. Le Code de société a prévu les mêmes règles pour
les société et association, l’organe d’administration peut prendre des décisions par écrit à
l’unanimité.
- Reconnaissance d’une seule société sans personnalité morale : la société simple, alors
qu’auparavant il existait, à côté de la société simple, la société momentanée et la société
interne ; La société momentanée était une société dépourvue de la PJ et qui se distinguait
par le fait qu’elle avait un objet limité à une ou plusieurs opérations déterminées (ex: la
société momentané créée par deux entrepreneurs pour répondre à un marché public sur la
construction d’un parc). La société interne était une société qui avait un associé visible et
d’autres associés « occultes » En d’autres termes, les tiers ne savaient pas que c’était une
société.
Explication : Une des formes de société qui existaient sous l’empire du Code de société c’était
la société en commandite par action. C’est une société par action (//SA) mais avec la caractérise
qu’elle a deux catégories d’associé (comme la société en commandite simple) :
o Les associés commanditaires qui comme les actionnaires limitent leur responsabilité à
leur apport.
La société en commandite par action était utile dans une série de cas car elle avait un gérant qui
est le commandité (donc responsable de tous les engagements) mais qui en contrepartie de cette
responsabilité avait un droit de veto sur toutes les décisions de AG et qui en plus était en plus
irrévocable car désigné dans les statuts.
Grace à ces deux caractéristiques la société en commandite par action répondait à une série de
préoccupations. La société est donc gérée par un gérant qui est irrévocable, c’est un mécanisme
de défense contre les OPA hostiles (offre publique d’acquisition).
Un autre intérêt de la société en commandite par action concerne les sociétés familiales. Les
parents veulent donner les actions de la société a leur enfant tout en gérant la société. Une des
façons de faire est la forme de la société en commandite par action. Les parents donnent les
actions à leur enfant mais restent gérants statutaires de la société : ils ont un droit de véto et
sont irrévocables. C’est une société utile qui a été abrogée.
o Un administrateur unique qui peut être irrévocable doté d’un droit de véto. Consiste à
reconstituer la SCA. Pour pouvoir reconstituer ce type de société, il faut prévoir des
dispositions dans les status d’une société anonyme.
4
on peut questionner la pertinence de cette suppression car si il n’existe plus de société agricole, les
SNC, SComm, SRL et SC peuvent se faire agréées comme entreprise agricole. Pas de réelle
simplification.
o Le système dual
- Nouvelles dénominations :
¬ La SRL remplace la SPRL (société privée à responsabilité limitée) qui était
organisée par le Code des sociétés ;
- Suppression de la société à finalité sociale, qui était prévue par le Code des
sociétés (non comme forme distincte de société mais comme variante de société),
mais possibilité d’agrément des SC en qualité d’entreprise sociale ;
¬ La SRL devient la forme naturelle de société pour toutes les autres sociétés;
¬ Système d’options ;
13
Explication :
La société coopérative à responsabilité limitée est une forme de société qui a été abrogé. La
société coopérative à responsabilité limitée, est la nouvelle dénomination de certaines sociétés
à responsabilité limitée. Certaines sociétés ont un but déterminé. C’est le cas de la société
coopérative dont le but est de développer ou de satisfaire les besoins économiques et sociaux
de ses actionnaires ou de tiers intéressés. Si une société qui avait été constitué sous la forme de
société coopérative à responsabilité limitée remplissait ce but, elle est devenue de plein droit
une société coopérative. Si ce n’était pas le cas et que la société coopérative à responsabilité
limitée ne remplissait pas l’idéal coopératif alors elle ne peut pas prendre la forme de société
coopérative.
Les SPRL ont été renommées SRL. Le « P » voulait dire privé, pourtant on n’a pas société
privée à responsabilité limitée si c’est une société qui a des actions qui peuvent être librement
cédée et qui peut faire coté ses actions.
Les sociétés européennes sont maintenues car elles résultent d’un règlement européen.
4. Architecture du CSA
Le CSA est divisé en 18 livres, plus des dispositions diverses, dont les dispositions abrogatoires
(notamment abrogation du Code des sociétés et de la loi du 27 juin 1921) et les dispositions
transitoires (infra).
Les livres 1 à 3 contiennent des dispositions générales applicables tant aux sociétés, qu’aux
associations et aux fondations.
Les livres 4 à 8 comportent des dispositions spécifiques applicables aux sociétés (livre 4 :
société simple, SNC et SComm ; livre 5 : SRL ; livre 6 : SC ; livre 7 : SA ; livre 8 : agrément
de sociétés).
3. Droit transitoire
1. Dates-clés
Le nouveau code a été introduit par une loi 23 mars 2019. Mais s’agissant d’une réforme d‘une
grande ampleur cela s’est fait en plusieurs étapes.
Les sociétés, associations et fondations n’ont pu se constituer depuis cette date que
conformément au CSA et ont été immédiatement soumises à toutes les dispositions du CSA.
Les sociétés, associations et fondations constituées avant cette date pouvaient décider
d’appliquer le CSA par une décision de leur assemblée générale aux conditions de majorité
requises pour la modification des statuts (« opt-in »).
- Depuis le 1er janvier 2020, le CSA s’applique également à toutes les sociétés,
associations et fondations constituées avant l’entrée en vigueur de la loi qui n’avaient
pas encore modifié leurs statuts.
Sont applicables tant les dispositions impératives du CSA (sans possibilité de dérogation par
les statuts : les clauses des statuts contraires sont réputées non écrites) que les dispositions
supplétives (sauf si elles sont contraires à des dispositions statutaires).
Lors de la première modification des statuts, les sociétés, associations et fondations constituées
avant le 1 janvier 2020 devront mettre les statuts en conformité avec le CSA, sauf s’il s’agit
d’une modification des statuts qui résulte de l’utilisation du capital autorisé, de l’exercice de
droits de souscription ou de la conversion d’obligations convertibles.
- 1er janvier 2024 : date ultime pour adapter les statuts. Le CSA s’appliquera
intégralement à toutes les sociétés et associations.
Il s’agit de la date ultime pour adapter les statuts. Les membres de l’organe d’administration
seront personnellement et solidairement responsables des dommages subis par la personne
morale ou par des tiers résultant du non-respect de cette obligation (CAS, art. 39, § 1, al. 3).
Le 1janvier 2020, « la partie libérée du capital et de la réserve légale des SRL ainsi que la partie
libérée de la part fixe du capital et de la réserve légale des SCRL qui répondent à la définition
de SC au sens de l’article 6:1 CSA ont été converties, de plein droit et sans formalité, en un
compte de capitaux propres statutairement indisponible, de sorte que ces sociétés sont devenues
des sociétés sans capital. La partie non libérée du capital des SRL et la partie non libérée de la
part fixe du capital de ces SCRL ont été converties de la même manière en un compte de
capitaux propres « apports non appelés ». Lors de la libération, les montants versés seront
comptabilisés dans le compte « capitaux propres » indisponible » (CSA, art. 39, § 2, al.2).
Le législateur a supprimé leur capital (= un montant qui désigne la somme de la valeur des
apports au moment de la constitution de la société). Le montant qui figurait dans le capital a été
transféré dans un compte de réserve indisponible pour la société. La société ne peut pas en
disposer sauf moyennant une modification de ses statuts.
Dès le 1er mai 2019 les sociétés pouvaient déjà adapter leur statut conformément au nouveau
Code. A ce moment-là la conversion du capital vers un compte indisponible s’est opérée. Pour
les autres sociétés, cela s’est fait de manière automatique le 1er mai 2020 pour les SPRL et les
sociétés coopératives à responsabilité limitée qui étaient des vraies sociétés coopératives.
Les personnes morales dont la forme est supprimée peuvent continuer à exister sous cette forme
jusqu’au 31 décembre 2023.
Elles restent soumises au Code des sociétés jusqu’à leur transformation, sous réserve de
l’application des dispositions légales impératives qui s’appliquent à la forme de société la plus
proche, notamment,
- Celles applicables à la SNC pour la SCRI, au GEIE et à la société agricole qui ne compte
pas d’associés commanditaires ;
- Celles applicables à la SRL à la SCRL qui ne répond pas à la nouvelle définition de société
coopérative (à l’exception des dispositions du livre 2, titre 7 [Résolution des conflits
internes], du livre 5, article 5:1, titre 5 [Du patrimoine de la société] et titre 6 [Démission
et exclusion à charge du patrimoine social) (CSA art. 41, § 1).
Le 1 janvier 2024, elles seront transformées de plein droit en la forme prévue par la loi :
- la société agricole sera transformée en SNC ou, si elle compte des commandités, en
SComm ;
- la SCRL qui ne répond pas à la définition de SC sera transformée en SRL (CSA, art. 41,
§ 2).
Dans un délai de six mois à compter du jour de cette transformation de plein droit, l’organe
d’administration devra convoquer une assemblée générale ayant à l’ordre du jour l’adaptation
des statuts à la nouvelle forme légale (CSA,art. 41, § 3). Les membres de l’organe
d’administration seront personnellement et solidairement responsables des dommages subis par
la personne morale ou par des tiers résultant du non-respect de cette obligation (CSA, art. 40, §
3).
Les SFS (sociétés à finalité sociale) qui n’ont pas adopté la forme d’une SCRL et qui souhaitent
conserver leur agrément comme entreprise sociale devront se transformer en SC pour cette date
er
(CSA, art. 42, § 1 , al. 2).
er
Les SFS sont présumées agréées comme entreprises sociales depuis le 1 janvier 2020 mais le
Ministre qui a l’Économie dans ses attributions peut renverser cette présomption (CSA, art. 42,
er er
§ 1 , al. 1 et AR du 28 juin 2019 portant exécution de l’article 42, § 4).
er
Si elles n’ont pas la forme d’une SC, elles doivent se transformer en SC avant le 1 janvier
er
2024 sinon elles perdront leur agrément (CSA, art. 42, § 1 , al. 2).
S’agissant des associations la loi de 1921 interdisait aux associations d’avoir une activité
commerciale à titre principal. La loi du 23 mars 2019 prévoit que les associations peuvent
exerce n’importe quel type d’activité. Ce qui distingue les sociétés des associations ce n’est pas
les activités, c’est le but (désintéressé).
On peut penser que les associations étaient satisfaite de ce changement ? Elles ont eu peur que
cette possibilité incite l’administration fiscale à les soumettre à l’impôt des société (plus lourds
que celui auquel sont soumises les associations). C’est la raison pour laquelle les représentants
d’associations ont demandé aux législateurs de différé la possibilité pour les associations
d’exercer n’importe quel type d’activité. Par conséquent, pour les associations constituées avant
1mai 2019, elle reste soumise à l’interdiction d’exercer des activités commerciales jusqu’en
2029 (sauf si elles décident d’adapter leurs statues au CSA) parce que dans l’esprit de ces
associations, ceci les protégera de l’administration fiscale.
Cette crainte est infondée car ce qui va déterminer le régime des associations c’est ce qu’elles
font en pratique et non pas ce qui est prévu dans le CSA.
6. Exceptions
La loi du 23 mars 2019 prévoit des exceptions au régime de droit transitoire, notamment :
- Jusqu’à la prochaine modification de leurs statuts et jusqu’au 1er janvier 2024 au plus
tard, les sociétés dotées d’un comité de direction peuvent le conserver (CSA, art. 39, § 3)
;
- Pour les personnes morales qui prévoient dans leurs statuts la compétence de l’organe
d’administration pour déplacer le siège, la loi assimile de plein droit la référence dans les
statuts à l’adresse à laquelle le siège de la personne morale est établi, à une mention en
dehors des statuts, de sorte que, depuis le 1janvier 2020, l’organe d’administration peut
déplacer le siège pour autant que le transfert n’implique pas de changement de langue
(sans modifier les statuts si le siège est transféré au sein de la même Région, en modifiant
les statuts si le siège est transféré dans une autre Région). Cette adresse sera supprimée
des statuts et remplacée par une mention de la région dans laquelle le siège est établi à
l’occasion de la première coordination des statuts (CSA, art. 44, al. 1). Si les statuts ne
prévoient pas la compétence du conseil d’administration pour déplacer le siège, il faut une
modification des statuts, mais qui peut être décidée par l’organe d’administration, pour
autant que le transfert n’implique pas de changement de langue (art. 44, al. 2). Dans tous
les cas, si le transfert implique un changement de langue, l’assemblée générale doit
modifier les statuts.
Correction Quizz
o Le 1er janvier 2024 st la date utile pour mettre en conformité le statut avec le CSA.
o Les SPRL sont dénommés SRL car l’appellation d’une société est une disposition
impérative : leur appellation a été changé automatiquement
o Les SPRL n’ont plus de capitale qui a été converti vers un compte indisponible entre le
1er mai 2019 et le 1er janvier 2020 : dans le courant du mois de mai 2019 un SPRL peut
décider d’appliquer le CSA, si elle le fait son capital est converti.
o Les SCA (société commanditaire par action) elle doivent se transformer avant le 1er
janvier 2024.
o Les sociétés qui ont un capital : Les SA et les Société en commandite par action et les
SCRL. Il existe encore des sociétés en commandite par actions et les sociétés
coopérative a responsabilité limitée ces sociétés ont encore un capital. Elles restent
soumises partiellement au Code des société pour les dispositions spécifiques à leur
forme. (Exemple de SCRL : cabinet d’avocat)
o Les ASBL constitue avant l’entrée en vigueur de la loi du 23 mars restent soumise à
l’interdiction d’exercer des activités commerciales sauf si elles ont modifié leur statut
au CSA. Elles peuvent exercer des activités si elles adaptent leur statut au CSA.
I. Notions fondamentales
Un des avantages de ces codes par rapport à la loi est leur faculté de s’adapter beaucoup plus
vite aux évolutions.
« la responsabilité des entreprises pour les impacts de leurs décisions et de leurs activités sur la
société et sur l’environnement »ou, en d’autres termes, la responsabilité des sociétés vis-à-vis
des parties prenantes (la notion de « responsabilité » est ici entendue de manière éthique.
Plus précisément, les entreprises doivent intégrer dans leur stratégie, leurs décisions et leurs
activités les questions relatives à l’organisation de l’entreprise ainsi que les préoccupations en
Pour chacune de ces questions, l’entreprise doit identifier et traiter les domaines d’actions qui
sont pertinents pour ses activités.
- la « redevabilité » (une entreprise doit être en mesure de répondre de ses impacts sur la
société, l’économie et l’environnement) ;
- la transparence de ses décisions et de ses activités qui ont une incidence sur la société et
l’environnement ;
- le respect du principe de légalité (ce qui implique qu’elle se tienne à jour et examine
régulièrement la conformité de sa situation aux réglementations) ;
- la prise en compte des normes internationales de comportement (ce qui en réalité est déjà
couvert par le respect du principe de légalité) ;
A. Théories de l’agence
1. Notion
C’est une théorie qui s’est développé à partir des années 1930. La théorie de l’agence concerne
les problèmes qui peuvent se poser entre le représentant (l’« agent ») et le représenté (le «
principal ») en raison du fait qu’ils ne sont pas sensibles aux mêmes risques et poursuivent des
buts différents
C’est une théorie qui part de la constations qu’il y a toujours des conflits entre le représentant
et le représenté. On vise ici toute relation entre les personnes qui font partie d’une même
organisation mais qui ont des positions et des objectifs différents. Dans une entreprise, de
nombreux conflits d’agence peuvent survenir : entre l’employeur et les travailleurs, entre les
dirigeants et les actionnaires, entre la banque et les épargnants, etc. Les termes «représentant
» et « représenté » étant ici entendus dans un sens large, non juridique.
La théorie de l’agence décrit notamment les relations entre les dirigeants (notamment les
administrateurs) (« agents ») et les actionnaires (« principals »).
Dans les petites entreprises, dans lesquelles les actionnaires et les dirigeants se confondent, il
n’y a par définition aucun risque de divergence entre les actionnaires et les dirigeants.
Au plus l’actionnariat est dispersé au plus il y a une scission entre la propriété et le pouvoir.
C’est-à-dire une scission entre les actionnaires propriétaires des actions et les dirigeants. Les
actionnaires ne sont plus les dirigeants. Les conflits d’agence risques d’être importants en raison
de la dispersion du partenariat .
à Au plus il y a une dispersion de l’actionnariat et de scission aux plus les conflits d’agence
risques d’être importants.
Cette dispersion des actionnaires et cette séparation entre la propriété et le pouvoir entraînent
un renforcement des pouvoirs des dirigeants et l’apparition de problèmes dits « d’agence » en
raison des divergences d’intérêts entre les propriétaires et les dirigeants
3. USA v. Europe
Les conflits d’agence se posent en des termes différents aux Etats-Unis et en Europe en raison
de différences dans la structure de l’actionnariat.
Aux Etats-Unis, l’actionnariat des grandes sociétés est fort dispersé, de sorte que les conflits
d’agence sont des conflits « classiques », entre les actionnaires et les dirigeants.
- Ils ont des objectifs différents, pour l’actionnaire s’est de maximiser son investissement le
plus rapidement possible alors que le dirigeant a en principe une vision à plus long terme.
- Ils ont une appréciation des risques différents, due au fait que les dirigeants poursuivent
généralement une stratégie à long terme et on accès à d’avantage d’informations que les
actionnaires (pas impliqué dans le fonctionnement de la société). . Les dirigeants ont accès
à plus d’informations. Une manière de réduire ce conflit est la transparence. Au plus la
société est transparence au plus les actionnaires sont soumis aux mêmes risques.
A l’inverse, et cette situation est beaucoup plus malsaine, il peut arriver que les dirigeants aient
intérêt à maximaliser les bénéfices à court terme parce que leur rémunération en dépend et
privilégient ainsi leurs intérêts personnels au détriment des intérêts à long terme des
actionnaires.
- Les coûts encourus pour surveiller les dirigeants (ex. : un audit) et les coûts encourus pour
inciter les dirigeants à certains actes ou comportements ;
- Les coûts résultant de l’exécution par les agents de leurs obligations (ex : le recours à un
expert indépendant);
- Les coûts d’opportunité ou pertes résiduelles, c’est-à-dire les pertes pour les actionnaires
qui résulte du fait que les dirigeants ont pris une décision qui n’était pas dans leurs intérêts
( Ex. acquisition). Les actionnaires vont être protégés par les mécanismes de gouvernance
d’entreprise ( pour exemple éviter que la rémunération soit trop importante)
5. Mécanismes de gouvernance
La théorie de l’agence invite à prévoir des mécanismes pour réduire ces conflits, aligner les
intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires et en définitive protéger les actionnaires.
De tels mécanismes font partie de la gouvernance de la société (transparence pour assurer
l’accès des actionnaires à l’information et la bonne communication entre les dirigeants et les
actionnaires ; reporting ; diversité au sein de l’organe d’administration ; plans d’intéressement
des dirigeants à long terme pour les inciter à prendre en considération la performance à long
terme de la société ; etc.).
Ce modèle de gouvernance « Shareholder primacy » a été proposé dans les années 1930 aux
USA par Berle.
Pour ce modèle, le but de la société doit être le profit des actionnaires. Le profit se traduit par
la distribution de dividendes et d’autre part par l’augmentation de la valeur des actions. Les
administrateurs sont là pour exécuter les instructions des actionnaires et veiller essentiellement
au profit à dégager. Dans ce modèle les administrateurs n’ont pas beaucoup d’indépendance.
Succès jusqu’à la fin des années 60 => crise économique et scandale financier => remise en
cause des professionnels, attentifs, aux intérêts des actionnaires.
Le risque de l’oligarchie technocratique, c’est le risque que les dirigeants forment une classe
les dirigeants qui se connaissent, qui se proposent et se cooptent. Ce qui a pour conséquence
qu’on voit les mêmes dirigeants dans une série de sociétés cotées. Ce mécanisme est manifeste
en Belgique
1. Notion
Ce modèle « Stakeholder theory » ne doit pas être confondus avec le modèle managérial. C’est
est un modèle de gouvernance qui reconnaît que les actionnaires ne sont pas les seuls à supporter
les risques économiques de la société et qui tient compte des intérêts de l'ensemble des acteurs
qui peuvent être concernés par ses activités : non seulement les actionnaires, mais aussi les
travailleurs, les fournisseurs, les prêteurs, ... et la communauté en général.
Ce modèle de la partie prenante est souvent opposé au modèle de la primauté des actionnaires.
Mais en réalité, ces deux modèles ne sont pas tout à fait incompatibles. Le modèle des partie
prenante postule que la prise en compte de l’ensemble des acteurs est dans l’intérêt de tous les
actionnaires. Selon le modèle des parties prenantes, les entreprises sensibles aux
préoccupations environnementales, aux questions sociales et de personnel, au respect des droits
de l’homme et à la lutte contre la corruption peuvent parfaitement adhérer au modèle de
maximalisation des intérêts des actionnaires et beaucoup le font
Par exemple, dans le modèle des parties prenante prendre en compte l’intérêt des travailleurs
est bénéfique pour les actionnaires. Un travailleur heureux est un travailleur plus efficace,
moins absent et plus innovant. Il en est de même pour les préoccupations environnementales
(poser de panneaux solaires est couteux mais sur le long terme l’entreprise économise de
l’énergie).
Avoir une politique environnementale va entrainer des frais mais cela contribue également à la
performance économique des entreprises.
à Le modèle des parties prenantes repose sur la responsabilité sociétale des entreprises.
D. Théorie néolibérale
1. Notion
Cette théorie est né dans les années 1970 par Milton Friedman et s’oppose radicalement tant au
modèle managérial qu’au modèle des parties prenantes.
Pour Friedman, le seul critère est le profit des actionnaires. Ce sont les actionnaires eux-
mêmes qui sont les mieux placés pour accroitre le profit des actionnaires. Ils sont les meilleurs
garants de la bonne gestion de l’entreprise et doivent pouvoir la contraindre à maximiser son
profit.
à Ce sont les actionnaires eux-mêmes qui peuvent donner des instructions aux dirigeants et
le marché.
Dans cette théorie, la réglementation des sociétés ne se justifie que par la performance
économique finale.
Friedman croit en la main invisible du marché et en l’efficacité du marché. Pour lui, la question
de la responsabilité sociétale des entreprises est l’exemple même du conflit d’agence.
Illustration : un administrateur sensible à l’environnement. Pour Friedman cela ne concerne
que l’administrateur en tant qu’individu et si cet individu veut consacrer son temps libre à
l’écologie c’est très bien. Mais si en sa qualité d’administrateur il impose à la société de penser
de l’argent pour nettoyer une rivière il donne de l’argent qui ne lui appartient pas.
Selon cette théorie, la responsabilité sociétale des entreprises est un exemple de conflit
d’agence entre les dirigeants et les actionnaires : les dirigeants poursuivent avec l’argent des
actionnaires des buts qu’ils déterminent eux-mêmes, au mépris des intérêts des actionnaires.
La société doit être basée sur le profit sans aucune autre préoccupation.
1. Notion
Selon ce mouvement, le droit peut être expliqué en termes purement économiques. Il constitue
un instrument pour promouvoir l’allocation optimale des ressources et l’efficience économique,
considérées comme un idéal auquel il doit tendre. L’exemple-type d’opération promouvant
l’efficience économique est un contrat de vente dans lequel le vendeur valorise davantage
l’argent qu’il reçoit que le bien qu’il vend et l’acheteur valorise davantage le bien qu’il achète
que le prix qu’il paie : chacune des parties est gagnante (« win-win »).
Ce mouvement est fondé sur la prémisse que les sujets de droit sont des êtres rationnels qui
tendent à maximaliser leur satisfaction individuelle de la façon la plus efficace possible et que
le marché régule spontanément les opérations qui s’y déroulent.
Dans un monde idéal (entendez, dans cette théorie : de concurrence parfaite, sans monopole,
où les mécanismes de marché fonctionnent sans frottements), la régulation par le marché
permettrait d’atteindre cette efficience économique. Le droit serait réduit au principe de la
liberté des contrats, toute autre institution freinant les échanges et induisant des frottements
dans les mécanismes du marché.
« Autrement dit, le rôle du droit, dans cette conception, est d’en avoir le moins possible « .
Mais comme ce monde idéal n’existe pas, le droit est nécessaire pour promouvoir cette
efficience économique.
En particulier, le droit doit veiller à : interdire les situations de monopoles ; assurer que les
contrats valablement conclus puissent être exécutés ; éviter le report du coût d’un bien ou d’un
service sur des tiers (par exemple en cas de dommage causé à l’environnement) favoriser la
transparence de l’information. En substance, il doit tendre à reconstituer la solution qui aurait
prévalu dans le monde idéal du fonctionnement efficace du marché.
Le mouvement Law and Economics privilégie les normes les moins contraignantes : les contrats
ainsi que les codes et chartes de gouvernance d’entreprise plutôt que la loi, le recours à la justice
étant à éviter dans la mesure du possible.
1. Notion
Cette théorie reconnait l’importance des conflits d’agence et pour laquelle le rôle du droit est
de protéger les actionnaires contre les abus des dirigeants. Cette théorie s’inscrit dans les
démarches du législateur belge.
Selon cette théorie, au plus le niveau de protection offerte par le droit est élevé au plus
l’actionnariat est diversifié. Si le niveau de protection est bas, peu d’actionnaires vont oser
rentrer dans la société.
En Russie on a un niveau de protection d’actionnaire qui est très faible et donc le nombre
d’actionnaire est très peu diversifié. Paradoxalement, selon cette étude le système de Common
law sont plus protecteurs des actionnaire que les systèmes de droit civil. Les systèmes de
Common law sont pourtant moins basés sur la loi que ceux de droit civil. L’actionnariat est
plus diversifié aux USA qu’en Europe car la Common law protège mieux.
1. Modèle sous-jacent
l’harmonie entre les dirigeants et les actionnaires (Law and Finance). Cela ne signifie
évidemment pas qu’on peut réduire les conceptions actuelles en la matière à ce mouvement.
2. Intérêt social
L’intérêt social est un concept fondamental de gouvernance d’entreprise : les dirigeants doivent
agir dans l’intérêt social.
Pour le modèle de la primauté des actionnaires l’intérêt de la société c’est l’intérêt des
actionnaires alors que s’agissant des parties prenantes, l’intérêt social ce n’est pas uniquement
celui des actionnaires mais celui de la communauté en général.
Le CSA ne définit pas ce concept. Son contenu fait l’objet de controverses : on oppose les
définitions centrées sur l’intérêt des actionnaires à celles articulées autour de l’entreprise.
Certains ont vu dans cette théorie la consécration par la Cour de Cassation de la théorie de la
primauté des actionnaires puisque la définition est muette sur les parties prenantes. Alors que
les partisans du modèle des parties prenantes ont dit que la Cour de cassation eut une vision
pérenne de la société, une vision de la société qui inclut les intérêts de la communauté, des
travailleurs, des fournisseurs. En effet en visant les associés futurs, elle englobe les intérêts des
parties prenantes, du moins dans la mesure où ils servent les intérêts à long terme des
actionnaires.
On s’accorde pour dire que la Cour de Cassation a tranchée en faveur de la théorie des parties
prenantes bien que cet arrêt soit flou mais c’est unanimement admis.
L’intérêt social dicte la conduite des administrateurs : ils doivent non seulement respecter la loi
et les statuts mais également agir dans l’intérêt social (quel que soit le contenu de ce concept).
Si les administrateurs n’agissent pas dans l’intérêt social, ils commetent une faute. Toutefois, il
dispose d’une marge d’appréciation en vertu de l’art 2:56 du CSA. Cet article consacre la
marge d’appréciation qui était autrefois une théorie jurisprudentielle : les administrateurs ne
commettent une faute que s’ils excédent la marge d’appréciation qu’auraient des
administrateurs prudents et diligents placés dans les mêmes circonstances. En reconnaissant
une telle marge d’appréciation aux administrateurs, le législateur règle un conflit d’agence. Il
reconnait que les dirigeants peuvent agir car ils disposent d’informations supplémentaires et car
aucune décision n’est « la » bonne décision. Cette disposition règle le conflit d’agence qui peut
survenir entre les administrateurs et les actionnaires en reconnaissant une marge d’appréciation
aux premiers.
Ce principe ne déroge nullement au droit commun : il prend en compte le fait que dans une
situation déterminée deux personnes normalement diligentes et prudentes peuvent
raisonnablement adopter des comportements différents. Tel est notamment le cas en matière de
gestion d’une personne morale, qui implique la prise de décisions pouvant présenter des risques,
par exemple en matière d’investissements ou de désinvestissements stratégiques. Ni les
actionnaires ni les juges ne peuvent se substituer aux administrateurs en émettant des jugements
d’opportunité sur la décision prise
Le modèle des parties prenante a un effet immédiat sur le but de la société. le CSA (art 1 :1)
reconnait qu’un des buts de la société est de procurer un avantage patrimonial aux associées.
Cela signifie que la société peut avoir d‘autres buts et notamment qu’elle peut se préoccuper
la responsabilité sociétale. Cette définition reste utile car à la lumière des travaux préparatoires
elle consacre la reconnaissance par le législateur de la prise en compte par les société de facteur
de responsabilité sociale dans leur stratégie.
SC agréée comme entreprise sociale c’est une société dont le but principal est de générer un
impact positif pour l’homme, l’environnement ou la société. Le but de cette société n’est pas
de générer du profit mais de générer un impact positif. Cette définition n’est plausible que si
on retient un modèle de parties prenantes.
4. Obligations de transparence
Ce modèle est propre à chaque société. La gouvernance dans une société cotée ou familiale
n’est pas la même. Dans une société familiale il est courant que les actionnaires et dirigeants
soient les mêmes personnes. La gouvernance d’entreprise s’applique à toutes les sociétés mais
elle va surtout être développée par les sociétés cotées.
Bien qu’à l’origine la gouvernance d’entreprise procède d’une réflexion des entreprises elles-
mêmes, le législateur est intervenu en consacrant un Code de gouvernance d’entreprise qui a
été élaboré par le milieu à savoir les entreprises elles-mêmes.
Dans le courant des années 1990, la Commission bancaire et financière et la Fédération
des entreprises ont élaboré un code de bonnes pratiques que toute société cotée doit respecter.
Ce Code a eu beaucoup de succès, toutes les sociétés cotées ont décidées d’y adhérer. Le
législateur belge a décider de prévoir que les sociétés cotées doivent se référé à un Code de
gouvernance d’entreprise qui sera désigné par Arrêté royal.
Le Code de gouvernance d’entreprise (pour les sociétés cotées) a été élaboré par la Commission
Corporate Governance, créée à l’initiative commune de la Commission bancaire, financière et
des assurances, de Euronext et de la Fédération des entreprises de Belgique. Ce Code s’adresse
aux sociétés cotées mais, selon ses termes, peut « également servir de cadre de référence pour
toutes les autres sociétés ». La dernière version de ce Code date de 2019 (le « Code de
gouvernance d’entreprise 2020 »).
Pour les entreprises non cotées et les PME => Code de bonnes pratiques de gestion pour les
entreprises non cotées et les PME (2017)
Ces codes ne sont pas des lois (elles revètent un caractère privée) mais les sociétés cotées
doivent déclarer qu’elles adhèrent à ce Code. Ce Code comporte une dizaine de principes et les
sociétés cotées sont obligés d’appliquer ces principes nonobstant leur taille ou leur modèle
spécifique de gouvernance.
En tant qu’ils fixent les règles de bonne pratique des sociétés, ces Codes revêtent cependant un
poids moral considérable : les sociétés qui s’en écarteraient sans pouvoir s’en justifier
s’exposeraient à une réaction négative de la part des investisseurs.
28 Projet de loi de loi introduisant le Code des sociétés et des associations et portant des
dispositions diverses, Doc. parl., Ch. Repr., sess. 2017-2018, Exposé des motifs, n° 3119/001,
Les sociétés cotées doivent désigner, dans leur rapport de gestion, le code de gouvernement
d’entreprise qu’elles appliquent et indiquer les principes auxquels elles dérogent en s’en
expliquant. Le Roi peut désigner le Code de gouvernement d’entreprise qui s’appliquera (CSA,
art. 3:6, § 2, 1°).
Cette formulation est pour le moins hypocrite car, d’une part, il n’existe en droit belge qu’un
seul code de gouvernement d’entreprise susceptible d’être appliqué par les sociétés cotées (le
Code belge de gouvernance d'entreprise) et, d’autre part, l’arrêté royal du 12 mai 2019 portant
désignation du Code de gouvernement d’entreprise à respecter par les sociétés cotées dispose
que les sociétés cotées doivent désigner le Code de gouvernance d’entreprise 2020.
Les sociétés cotées doivent également faire dans leur rapport de gestion une « déclaration de
gouvernement d’entreprise » qui comporte notamment un rapport de rémunération (art. 3:6, §
3).
Une société cotée qui n’indiquerait pas qu’elle applique le Code belge de gouvernance
d’entreprise (hypothèse assez théorique) violerait le CSA et ses administrateurs engageraient
leur responsabilité solidaire.
En revanche, les sociétés non cotées n’ont pas l’obligation légale d’indiquer qu’elles appliquent
le Code Buysse III.
Le Code de gouvernance d’entreprise pour les sociétés cotées comporte des principes généraux
(prise en compte de l’intérêt social) et invite les sociétés à mettre en place diverses structures
en vue d’assurer une bonne gestion, le tout dans la plus grande transparence. Il n’est pas
obligatoire dans tous ses points : il prévoit des principes (obligatoires mais assez élémentaires),
des dispositions (obligatoires, mais auxquelles la société peut déroger en s’en expliquant :
comply or explain) et des règles de conduite (qui ne sont pas obligatoires).
• Etablir et publier sur leur site internet une charte de gouvernance d’entreprise (la «
Charte GE ») décrivant tous les aspects principaux de leur gouvernance d’entreprise (le
contenu minimum est fixé par le Code belge de gouvernance d’entreprise) ;
• Inclure dans leur rapport annuel une Déclaration de gouvernance d’entreprise (la «
Déclaration GE »), décrivant tous les éléments pertinents concernant la gouvernance
d’entreprise au cours de l’exercice écoulé. Cette déclaration doit notamment
comprendre un rapport de rémunération.
Le second instrument de gouvernance d’entreprise pour les sociétés cotées est la charte de
gouvernement d‘entreprise. Le Code impose que chaque entreprise doit rédiger une Charte de
gouvernance d’entreprise. Dans cette Charte, la société va détailler ses mécanismes de
gouvernance d‘entreprise. Elle va expliquer comment se compose son CA et quel est son
processus de nomination. Le but est d’expliquer au mieux comment les intérêts des actionnaires
seront sauvegardés.
L’impact de la Charte dépend d’une société à l’autre. Il y a des sociétés qui jouent le jeu, qui
ont des chartes de de gouvernance d’entreprise qui réellement s’ajoutent à la loi. Pour d’autres
la charte est un pur exercice formel où elles reprennent une série de principes auxquelles de
toute manière elles ne peuvent pas déroger.
c. La déclaration de gouvernance
Les sociétés cotées doivent inclure dans leur rapport de gestion une déclaration de
gouvernance d’entreprise dans lesquelles elles indiquent qu’elles ont adopté une charte de
gouvernance d’entreprise et si elles ont respecté ou dérogé à certaines dispositions du Code de
gouvernance d’entreprise. Si elles dérogent à certaines dispositions elles doivent pourvoir
l’expliquer.
C’est un rapport sur la rémunération qui a été octroyé aux administrateurs et aux dirigeants.
Il convient de distinguer ces deux notions :
o Un administrateur est une personne qui fait partie d’un organe d’administration de la
société, ils sont nommés par l’assemblée générale des actionnaires ou dans certains cas
exceptionnels cooptés entre eux.
o Quant aux dirigeants, ce sont les autres personnes qui exercent une fonction de pouvoir
dans la société et qui sont nommées par l’organe d’administration (exemple : directeur
des ressources humaines, directeur financier).
Le rapport de rémunération des sociétés cotées doit établir la rémunération des administrateurs
et des dirigeants. La rémunération des administrateurs et des dirigeants est importante car elles
donnent lieu à de nombreux scandales.
L’obligation d’individualisation a été introduite par la loi du 28 avril 2020. Cette loi a renforcé
la transparence des sociétés cotées. Avant cette loi, il fallait simplement individualisée la
rémunération du C.E.O ( qui est bien souvent également un administrateur mais pas toujours –
il peut être simplement dirigeant) alors que la rémunération des autres administrateurs pouvait
être globalisé ( ex : 1 million euros pour les administrateur de la société).
o Le rapport doit mentionner les facteurs qui rendent la rémunération variable. Le rapport
de rémunération indique également si la politique de rémunération a été respecté.
Le rapport de rémunération est soumis au vote de l’assemblée générale. Ce vote est seulement
consultatif mais la société doit expliquer dans le rapport de rémunération suivant, la manière
dont le vote de l’assemblée générale a été pris en compte (art. 7:149, par. 3).
d. La politique de rémunération
Cet instrument est également nouveau et a été introduite par la loi du 28 avril 2020. Elle doit
être approuvée par l’AG au sein de chaque société.
Attention, le rapport de rémunération est un rapport établi par l’organe d’administration et va
être soumis et communiqué à l’assemblée générale qui doit annuellement approuver les
comptes. L’AG ne va pas approuver le rapport de rémunération, elle va simplement se
prononcer à titre indicatif pour l’organe d’administration. Par contre, l’AG va voter une
politique de rémunération proposée par l’organe d’administration. Cette politique doit
contribuer à la stratégie commerciale de la société, à ses intérêts et à sa pérennité à long terme,
et préciser la manière dont elle contribue à ces objectifs. Elle doit notamment décrire les
différentes composantes de la rémunération et leur importance respective, les critères pour
l’attribution de la rémunération variable, les périodes d’acquisition et, le cas échéant, de
conservation des actions quand la société attribue une rémunération en actions, la durée des
contrats avec les dirigeants, ... Cette politique de rémunération va conditionner toute la stratégie
de l’organe d’administration à cet égard qui devra respecter les règles.
... Cette politique de rémunération doit être approuvée par l’assemblée générale (de même que
chacune de ses modifications importantes et, en tout état de cause, au moins tous les quatre
ans). A l’inverse du vote sur le rapport de rémunération, le vote sur la politique de rémunération
est contraignant (art. 7:89/1).
Toutes les composantes des sociétés sont acteurs de la gouvernance d’entreprise : non
seulement ses dirigeants, mais également ses actionnaires.
Un des piliers de la gouvernance d’entreprise ce sont les actionnaires. Sans actionnaire il n’y
a pas de gouvernance d’entreprise. L’implication des actionnaires a été renforcée par deux
directives :
Ce sont des directives qui vont protéger les droits des actionnaires. Et c’est la directive de
2007 qui a été mise en œuvre par la loi du 28 avril 2020. Ces directives ont pour but de
promouvoir à long terme l’engagement des actionnaires. Le législateur européen a réalisé que
les crises financières avaient été causées par des visions à court terme des actionnaires et par
un désintérêt des actionnaires de leur société laissant ainsi mains libres aux dirigeants. Pour
permettre aux sociétés d’avoir une stratégie à long terme il faut promouvoir l’engagement à
long terme des sociétés cotées. Ces directives elles aussi ne concernent que les sociétés cotées.
§ Une des premières mesures qui a été mise en œuvre par la loi c’est d’améliorer la
communication entre la société et les actionnaires.
o Les actions dites « nominatives » : ce sont des actions représentées par une
inscription dans un registre tenu par la société dans « le registres des actions
nominatives ». Si j’ai des actions dans la société X. La société X a un registre
qui mentionne les actions dont je suis propriétaire. Ce registre permet à la société
de connaitre le nom des actionnaires
o Les actions dématérialisées : Ce sont des actions tenues en compte par des
intermédiaires comme des banques. La société ne connaissait pas les
actionnaires qui détenaient des actions car il y avait un intermédiaire entre la
société et son actionnaire. Améliorer la communication entre la société et ses
actionnaires consiste notamment à ce que lorsque la société transmet des
informations à un intermédiaire, il doit communiquer des informations à
l’actionnaire également. Inversement, quand l’actionnaire informe
l’intermédiaire il doit lui aussi, à son tour, relayer l’information à la société.
La société peut identifier leurs actionnaires, en demandant des informations aux intermédiaires
(entreprises d’investissement, établissements de crédit, dépositaires centraux de titres).
Cela ne pose pas de problème pour les actionnaires nominatives, c’est plus compliqué pour les
actions dématérialisées. Si on a une chaine d’intermédiaire, l’intermédiaire doit identifier le
suivant.
o Une seconde de manière de voter c’est par un mandat. Dans ce cas, l’actionnaire
donne procuration à une autre personne pour voter à sa place à l’AG.
o Le vote par correspondance est un des moyens moins classique introduit par la
directive SRD I. C’est un vote qui a lieu avant l’AG. L’actionnaire reçoit un
formulaire de vote à distance et envoie à la société. Il ne participe pas à l’AG ni
aux débats mais il vote quand même.
Ces façons de voter ont été d’une actualité brulante en raison de la crise COVID et plus
particulièrement au moment du confinement. La période du confinement ( mars- avril -mai)
était la période ou aurait dû se tenir les AG pour beaucoup d’entreprises. Il est interdit de se
déplacer mais on se demande si on peut organiser une assemblée par Teams, ect. Le CSA
prévoit que les sociétés cotées peuvent prévoir dans leur statut des moyens de vote électroniques
et de vote à distance. Des arrêtés de pouvoirs spéciaux sont intervenus, notamment un arrêté
royal qui a permis de tenir des AG par vidéo-conférence sans respecter les règles spécifiques
prévues par le CSA.
La transparence des investisseurs institutionnelles vise les entreprises d’assurances et les fonds
de pension. Ce sont des entreprises qui doivent investir dans des actifs pour se couvrir pour le
jour où elles devront exécuter leur obligation de payer de assurances et des retraites. La
transparence des investisseurs institutionnels et les gestionnaires d’actif ( les entreprises qui
gèrent des actifs pour les autres) représentent souvent le noyau dur de l’actionnariat des sociétés
cotées. Ce sont des entreprises qui ont des moyens considérables et qui doivent bien investir
leur argent quelque part, elles sont un peu obligées d’investir dans des sociétés. Étant donné
leurs moyens, elles ont un pourcentage significatif des sociétés cotées. La transparence des
investisseurs institutionnelles ont elles-mêmes des actionnaires. La directive vise à s’assurer
qu’elles rendent compte à leur propre actionnaire en dévoilant leur stratégie d’investissement
(les entreprises dans lesquelles elles vont investir, critères de sélection, comment elles gèrent
les risques, la manière de gérer les conflits d’intérêts) cela est rendu public.
Un conseil en vote est une entreprise qui conseille les actionnaires. La plus connue en Belgique
est I.S.S qui joue un rôle majeur vis-à-vis des sociétés cotées dans le mesure où les
recommandations qu’elle donnent sont souvent suivies. La directive et la loi imposent aux
conseilleurs en vote d’établir un rapport dans lequel ils indiquent la stratégie poursuivie, les
objectifs recherchés pour que les actionnaires soient au courant des motifs sous-jacents au vote.
Ici encore, le maitre mot reste la transparence.
Correction Quizz
o Une charte de gouvernances d’entreprise contient des règles qui complètent les
statuts.
o Le Code belge de gouvernance d’entreprise comporte des règles obligatoire et des
recommandations.
o Toute société doit établir une charte de gouvernance d’entreprise : Faux seules les
sociétés cotées doivent établir une charte de gouvernance d’entreprise. Pour les sociétés
non cotées, il y a un modèle de Code qui a été établi qui est le Code Buysse.
1. Modèle sous-jacent
La responsabilité sociétale des entreprises est un concept mou qui n’a pas de définition bien
établies mais qui à l’origine désigne le fait que spontanément des entreprises ont intégré des
préoccupations qui ne sont pas exclusivement financières dans leur stratégie. Ce sont des
préoccupations sociales et/ou environnementales. C’est un terme utiliser pour désigner la
responsabilité au sens large ( au sens éthique et pas au sens de 1382) des entreprises pour
l’impact de leur activité sur la société en général. L’émergence des discussions en matière de
RSE correspond avec le développement du modèle des parties prenantes.
2. Buts de la société
D’une part, l’article 1:1 énonce que « un de ses buts [de la société] et de distribuer ou de
procurer à ses associés un avantage patrimonial direct ou indirect » (art. 1:1).
par exemple sur la société ou l’environnement. Enfin, l’inscription des différents buts dans les
statuts de la société donne une protection légale aux directeurs qui considèrent des intérêts non-
financiers dans leurs décisions » .
L’exposé des motifs vise également des sociétés qui pourraient avoir un «objet désintéressé ».
D’autre part, le CSA subordonne l’agrément des sociétés coopératives en qualité d’entreprises
sociales à ce qu’elles poursuivent « pour but principal, dans l’intérêt général, de générer un
impact sociétal positif pour l’homme, l’environnement ou la société » (art. 8:5).
o Le développement durable,
o …
3. Instruments de la RSE
Les instruments qui assurent que les entreprises intègrent les préoccupations de responsabilité
sociétales :
a. La loi
Bien qu’à l’origine, la RSE procède d’une démarche volontaire, il existe une série de normes
dont l’entreprise doit tenir compte à titre d’obligation légale : en matière d’environnement, de
travail, de blanchiment, de corruption, ...
N’importe quelle société comme n’importe quel individu doit respecter les règles
environnementales.
b. Les recommandations internationales
Il existe une série de recommandations internationales qui sont de divers niveaux. Exemples :
La norme ISO 26 000 en matière de responsabilité sociétale. Cette recommandations repos sur
une série de principes que les sociétés doivent appliquées. Un de ces principes est la
redevabilité : une société est redevable envers la société au sens large de l’impact de ses
activités. Elle doit avoir un comportement éthique et respecter les lois. Une fois de plus ce sont
des principes élémentaires mais on trouve un consensus en dehors de la loi pour dire que les
sociétés doivent avoir cette préoccupation dans leur stratégie.
c. Les indicateurs
En matière sociale pour évaluer si une société performe bien en matière sociale dans ses
relations avec ses travailleurs elle peut indiquer le taux d’absentéisme de ses travailleurs, au
plus il est élevé au plus cela traduit un certain malaise. Il est possible de calculer le taux de
burnout, de rotation des travailleurs, etc.
En matière environnementales les indicateurs sont plus techniques (la consommation d’énergie,
les émissions de gaz à effet de serre, les rejets, ... )
d. Notations
o Des agences privées de notation sociale et environnementale : elles donnent une note
quant à leur implication dans la responsabilité sociétale.
o Des publications très sérieuses comme Forbes : on a une publication qui indique les
entreprises qui performent le mieux en matière de responsabilité sociétales.
« Que faire pour avoir l’air stylé·e ? Se draper dans 1 milliard de tonnes d’équivalents
CO2 ? Comment être toujours élégant·e ? Porter la mort d'ouvrie.re.s sous-payé.e.s sur
le dos ? Pour vous habiller éthique, il est temps de vous retrousser les manches » et qui
donne « une « note » sur 100 aux entreprises de prêt à porter.
e. Labels
Il existe des labels en matière de RSE qui peuvent être accordés par des entreprises
indépendantes et qui attestent que la société respecte les préoccupations en la matière.
Le CSA impose aux sociétés de rédiger un rapport de gestion (art. 3 :61er, al.2). Les sociétés
cotées doivent dans leur rapport de gestion inclure leur déclaration de gouvernances
d’entreprise ainsi que le rapport de rémunération.
Les très grandes sociétés ainsi que les entités d’intérêt public ( sociétés cotées et sociétés dont
les obligations sont admises sur euronex) doivent inclure une déclaration non financière qui va
porter sur les questions RS. Dans cette déclaration non financière, elles doivent indiquer les
domaines de RS qui sont impactés par leurs activités. Les domaines varient d’une entreprise à
l’autre. Elles doivent indiquer leur politique en la matières, les risques et les dictateurs qu’elles
utilisent (art. 3 :6, §4).
Comme on le voit, bien que la RSE procède au départ d’une démarche volontaire, la place de
la norme juridique est devenue très importante.
4. Défis
o Il est difficile de comparer une entreprise avec une autre car les questions sont difficiles
à exprimer en chiffres.
o Il n’existe pas de Code de responsabilité sociétale car les préoccupations des entreprises
sont trop différentes (Cf. tableau).
D’autre part, la RSE est devenue un instrument de marketing, avec le risque de « RSE washing
» ou de « greenwashing », c’est-à-dire une communication fondée sur la RSE sans que cela
corresponde à une véritable stratégie de RSE.
Le Greenwashing c’est une technique de marketing où une entreprise fait des prétentions en
matière environnementale sans stratégie RSE.
§ H&M à des bacs dans ses magasins où il est possible de venir déposer ses jeans usagés.
En échange, le consommateur reçoit une réduction sur un prochain achat. Dans son
marketing, H&m se vante de recycler les jeans déposés. Pourtant le taux de recyclable
est très bas.
§ La circulose est une nouvelle matière qui est constituée de matériaux recyclé a
concurrence de 55%. Cette technique est en voie de développement mais H&m se vante
déjà de l’utiliser. Certains ont dit que c’était du greenwahsing car par définition une
entreprise de prêt à porter agis à l’encontre des préoccupations environnementale en
fondant son modèle économique sur du fast-fashion c’est-à-dire que plusieurs fois par
an, elle procède à un renouvellement constant ses stocks et des incitateurs qui poussent
le consommateur a acheter.
o Les certificats et les labels qui sont attribués par des entreprises indépendantes
o Les plateformes en ligne : Moral score. Cette plateforme classe les entreprises
en fonction d‘une note. On peut chercher des entreprises qui sont sensibles aux
préoccupations sociétales.
o Les groupes de défense des droits de l’Homme, les ONG, la presse qui
dénoncent les pratiques d’entreprise.
o Récemment des ONG ont dénoncées que la plupart des industries de prêt-à-
porter exploitent le travail des ouighours.
Pour les consommateurs, les mécanismes de responsabilité sociétale n’ont pas un impact
considérable. Les chartes s’adressent au consommateur mais également aux investisseurs qui
doivent remplir une série de cases avant de pouvoir investir dans une société. Un investisseur
qui veut investir dans une société responsable va d’abord vérifier que l’entreprise a une charte
de gouvernance d’entreprise. Une série de décisions d’investissement vont être conditionnées
par les engagements pris par une société en matière de responsabilisé sociétales.
Correction Quizz :
o Vrai : La loi est une source de responsabilité sociétales des entreprises : ex : les lois sur
l’environnement
o Le greenwashing est une communication fondée sur la presse sans que cela ne
corresponde à une véritable stratégie de RSE.
Les sociétés sont soumises, avec certaines réserves, aux conditions générales de validité des
actes juridiques unilatéraux ou des contrats (I), aux conditions communes à toutes les sociétés
(II) et à des conditions particulières qui tiennent à leur finalité ou à leur forme légale, qui seront
examinées à l’occasion de chaque forme de société (infra).
Le contrat de société est bien distinct des autres contrats mais, dans certains cas, la question se
pose de la qualification du contrat en société ou en prêt (III).
La société résulte d’un contrat, du coup, elle doit répondre aux conditions de validité de
n’importe quel contrat (capacité, consentement, cause, objet). Non seulement la société doit
répondre aux conditions de validité du contrat, mais, elle doit répondre aux conditions de
validité spécifiques.
1. Nombre d’associés
Le CSA pose comme règle que la société peut être constituée par une seule personne : une
société est constituée par un acte juridique par lequel une ou plusieurs personnes, dénommées
associés, font un apport (art. 1:1).
Toutefois, la société simple, la SNC et la SComm doivent avoir au moins deux associés et la
SC trois. Seules la SRL et la SA peuvent avoir un seul associé (voir infra pour la SE et la SCE).
2. Consentement
Le consentement de chaque partie doit être libre, conscient, exempt d’erreur, de dol, de violence
et de lésion.
Pour protéger les travailleurs, la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail interdit de
subordonner la conclusion d’un contrat de travail à la souscription de parts ou d’actions (art.
24). Toute clause en ce sens serait nulle.
Le consentement peut émaner de l’associé lui-même, d’un mandataire ou d’un porte-fort sous
réserve de ratification.
3. Capacité
Lorsque la responsabilité des associés est illimitée, ils doivent avoir la capacité nécessaire pour
prendre des engagements illimités, ce qui implique l’application des règles spécifiques de
protection des mineurs, aliénés, faibles d’esprit, arriérés mentaux, prodigues et majeurs hors
d’état de gérer leurs biens.
En ce qui concerne les associés qui limitent leur responsabilité à leur apport, la souscription
d’actions ou de parts en contrepartie d’un apport en numéraire s’analyse en un acte
d’administration, sous réserve de l’hypothèse dans laquelle le souscripteur intervient en qualité
de fondateur. En revanche, la souscription d’actions ou de parts en contrepartie d’un apport en
nature s’analyse en un acte de disposition.
Les incapables peuvent souscrire des actions d’une société dont la responsabilité des
actionnaires est limitée lorsqu’ils sont, selon les cas, représentés, assistés ou autorisés.
L’objet de l’engagement d’un associé se confond avec son apport. Il peut s’avérer illicite s’il
porte sur un bien hors commerce ou s’analyse en une aide d’Etat illicite.
Non seulement l’engagement individuel de chaque associé mais également la société elle-
même doivent avoir un objet et une cause licites.
Toutefois, dans les SRL, SC et SA, seule l’illicéité de l’objet statutaire (par opposition à
l’illicéité de l’objet réel ou de la cause) peut entraîner la nullité de la société.
L’objet doit être limité à l’exercice d’une ou plusieurs activités déterminées (CSA, art. 1:1).
Les conditions de validité spécifiques aux sociétés tiennent aux apports à faire par les associés
et à leur but.
Sous réserve de règles particulières spécifiques à certaines formes de sociétés (notamment dans
la SA), les apports peuvent peut-être :
- En nature c.à.d. des biens autres que de l’argent. Exemple : un bien matériel comme
un immeuble, immatériel comme une créance ;
Chaque associé doit faire un apport, peu importe qu’il soit disproportionné mais il est essentiel
que chaque associé fasse un apport, sinon la personne ne sera pas un associé. Cet apport,
consiste à mettre quelque chose ou des services à la disposition de la société, en contrepartie de
droits dans la société qu’on appelle : des actions. Donc c’est une mise à disposition. Cette
somme va être soumise aux aléas de la société. reverrais-je un jour la couleur de mon argent ?
Cela dépend de comment la société va prospérer.
L’apport est une opération par laquelle une personne met à la disposition, soit de la société
lorsqu’elle est dotée de la personnalité morale, soit de l’ensemble des associés lorsqu’elle en
est dépourvue, certains éléments patrimoniaux, les soumet aux aléas sociaux et acquiert en
contrepartie des droits sociaux.
Donc, les apports sont par définition soumis aux aléas de la société. c’est vrai pour l’apport en
argent, en nature, et même en industrie. Exemple : la société de jeux informatique, imaginons
que Laureen met ces connaissances à disposition de la société, si tu vas bien elle aura des
dividendes mais si tout va mal, elle ne sera jamais rémunérée et elle aura perdu le temps donné
à la société.
L’art. 1 :1 du CSA dispose que le but de la société est de distribuer ou de procurer des avantages
patrimoniaux (directs ou indirects). Distribuer ou procurer ? Distribuer vise plutôt des
avantages patrimoniaux direct (c.à.d. dividendes) tandis que procurer = avantages patrimoniaux
indirects qui ne sont pas des dividendes (économies par exemple).
Ce but est essentiel pour la société, à tel point, qu’on ne peut pas prévoir une clause qui priverait
un associé de bénéfice ou de réserver tous les bénéfices à un seul associé (cela impliquerait que
les autres soient privés de ces bénéfices). En effet, à ce moment-là, le but de la société ne sera
plus de distribuer donc c‘est interdit.
Cette disposition vise les distributions au sens courant du terme (exemple : les distributions de
dividendes) ainsi que tous les mécanismes par lesquels la société procure directement ou
indirectement un avantage quelconque à ses associés.
Il peut s’agir d’économies ou d’opérations entre la société et ses associés dans lesquelles elle
ne reçoit pas de contrepartie suffisante par rapport à ses prestations (voir art. 1:4).
o Buts multiples
Une société peut avoir d’autres buts que la distribution des bénéfices.
Une société peut ainsi avoir, à côté d’un objet lucratif classique, un but désintéressé auquel elle
affecte une partie de ses profits.
Il est important de savoir, qu’avant, le but de la société devait être ce but lucratif, tandis que
désormais, notamment pour encourager la responsabilité sociétale de l’entreprises, il faut qu’au
moins un des buts de la société soit : de distribuer ou procurer des avantages patrimoniaux.àCe
qui signifie que la société peut avoir d’autres buts.
Le législateur a voulu ainsi encourager les fondateurs à prévoir des buts allant au-delà de la
distribution de bénéfices et portant, par exemple, sur l’environnement, ce qui confèrerait une
certaine protection aux administrateurs qui prennent en compte de tels intérêts dans leurs
décisions.
La société coopérative, qui est agréé comme entreprise sociale, a pour but principal de générer
un impact positif pour l’Homme, la société, etc. donc elle n’a même pas comme but premier, le
but lucratif, son but premier étant le fait d’avoir un impact positif.
Reste que la société doit avoir pour but de répartir au moins une partie de ses bénéfices à ses
associés (alors que toute distribution est exclue dans les associations et fondations).
o Clauses léonines
En principe, les associés disposent de toute liberté pour régler entre eux le partage des bénéfices
et des pertes, la règle de proportionnalité contenue dans le CSA revêtant un caractère supplétif.
Cette liberté est cependant limitée par l’interdiction des clauses léonines.
Comme au moins un des buts de la société doit être de distribuer ses bénéfices entre les associés,
les statuts (ou une convention entre les associés) ne peuvent pas prévoir de clauses qui
donneraient à l’un des associés la totalité des bénéfices, ou exclurait un ou plusieurs associés
de la participation aux bénéfices. De telles clauses, dites « léonines » sont en effet contraires à
la définition même de société.
En principe, une telle clause est nulle et pourrait même entrainer la nullité de la société... mais
pour les SRL, SA et Société coopérative, s’il y a une telle clause, alors cette clause serait
simplement réputée non-écrite et ne va pas entamer la validité de la société.
Ce qui est intéressant c’est, qu’avant sous le Code des sociétés, on prohibait ces clauses mais
également les clauses qui exonéraient un associé de toutes les pertes, voire qui mettait toutes
les pertes à charge d’un seul associé.
Que vise-ton par cette clause ? C’est une clause par laquelle ces Coassociés lui garantissent
qu’il ne subira pas de pertes. Une façon qui reste courante est la suivante : la société qui a pour
objet la création et la vente des jeux vidéo, a besoin de faire appel à un investisseur, et ce dernier
y croit et pense qu’il y a des chances que cette société devienne fleurissante mais il est prudent
car il n’a pas envie de perdre tout son investissement à Il pourrait convenir que les associés
lui rachèteront les actions qu’il a souscrites à un prix déterminé. Exemple : investit 10 000
euros, il pourrait convenir que dans 3 ans par exemple, ses Coassociés lui rachèteront ses actions
au prix de minimum 10 000 euros à il est exonéré des pertes.
⚠ Attention, ce sont ses Coassociés qui garantissent cela et non pas la société !
Donc, la loi du 23 mars 2019 a supprimé la prohibition, prévue sous l’empire du Code des
sociétés, des clauses qui exonèrent un associé de toutes pertes, jugée surannée et de nature à
empêcher la conclusion de conventions utiles sur le plan économique.
¬ Dans les sociétés simples, les SNC et les SComm, de telles clauses sont en principe
nulles (CSA, art. 4:2, al. 2), ce qui risque d’entraîner la nullité de la société ; il arrive
cependant qu’elles puissent être qualifiées autrement, par exemple en un prêt à usage
ou une convention sui generis.
¬ Dans les SRL, SC et SA, de telles clauses sont réputées non écrites (art. 4:2, al. 2, 5:14,
6:15 et 7:16), de sorte qu’elles ne risquent pas d’entraîner la nullité de la société.
Dans le passé, la société a souvent servi à déguiser des prêts, car si l’Eglise interdisait le prêt à
intérêt, elle admettait la réalisation de profits dans les sociétés. Bien qu’en Occident la société
ne soit plus, de nos jours, utilisée à cette fin, la distinction entre le contrat de société et le contrat
de prêt est toujours importante.
Le prêt est un contrat par lequel une personne remet une chose à une autre pour s’en servir à
charge de la lui restituer après usage ou au terme convenu.
Le prêt avec une participation du prêteur aux bénéfices présente des analogies avec l’apport en
jouissance d’une somme d’argent dans une société et il n’est guère aisé de distinguer ces deux
catégories de contrats. L’hésitation peut porter sur la qualification du contrat en son entier
(société ou prêt) ou de la remise des fonds (apport dans une société ou avance à une société).
La question de la qualification du contrat se pose surtout à propos des contrats qui prévoient la
participation des parties aux bénéfices. En fait, le problème de qualification ne concerne pas la
société mais l’acte d’apport. Exemple : un investisseur investit 10 000 euros et le contrat n’est
pas bien rédigé et les affaires tournent mal. La société ne sait pas rembourser tous ces créanciers
(les associés vont passer après), cet investisseur pourrait dire : je n’ai pas investi pour la
soumettre aux aléas mais j’ai fait un prêt à la société.
La difficulté concerne particulièrement la distinction entre, d’une part, le prêt et, d’autre part,
la société simple interne, en commandite ou de fait, en raison du caractère occulte de la
première, de la passivité des associés bailleurs de fonds dans la deuxième et de l’absence de
toute précision quant aux droits et obligations des parties dans la troisième.
En effet, la remise des fonds n’est pas significative car elle peut s’expliquer aussi bien par
l’apport en jouissance que le prêt ; la participation aux bénéfices peut se retrouver dans les deux
contrats et tant l’apporteur en jouissance que le prêteur peuvent être dispensés de contribuer
aux pertes.
La parenté entre les contrats de société et de prêt se manifeste le plus fréquemment lors de
tentatives de requalification d’une contrat de société en un contrat de prêt par le prétendu prêteur
lorsque la société a subi des pertes, mais il arrive également que des créanciers tentent de
requalifier le prêt consenti par une banque en apport en société afin d’exercer leurs recours sur
ces fonds ou même tout le patrimoine du banquier ou, plus généralement, que l’emprunteur
cherche à se libérer d’une obligation de remboursement.
Quand les contrats ne sont pas bien rédigés, il y a une hésitation qui peut se poser entre la
qualification de société et de prêt. Les associés n’ont pas de créance pour la restitution de leur
apport, à l’inverse d’un investisseur. En l’absence d’une telle clause, lorsque les parties ne se
sont pas expliquées sur la contribution aux pertes, certains auteurs proposent comme critère
distinctif de la société l’existence d’un pouvoir d’intervention ou d’intrusion.
Celui-ci n’est cependant pas de l’essence de la société. En outre, cette conception revient à nier
au prêteur la possibilité de se réserver un droit de regard sur les affaires de son cocontractant et
de subordonner l’accomplissement de certaines opérations à son autorisation préalable, sous
peine de voir requalifier son prêt en apport. Or, un prêteur peut légitimement exercer un certain
contrôle et intervenir dans une société pour protéger ses investissements, pourvu qu’il n’exerce
pas une activité positive de gestion et de direction. Ce n’est que dans des hypothèses marginales,
lorsque le banquier a accepté de courir des risques exceptionnels, que le contrat de prêt conclu
avec une banque peut être requalifié en contrat de société.
La poursuite d’un intérêt commun par les parties fournit un critère plus sûr.
Correction Quizz
- Uniquement les SRL et les SA peuvent avoir un seul associé… mais on comprend les erreurs
qu’il y a eu pendant le quizz. Dans les règles qui s’appliquent à certains types de société, on
voit les différences. à art. I.1 nous laisse penser autrement à cause de la formulation : « une
ou plusieurs personnes ».
- Les clauses qui privent un associé d’avoir les bénéfices sont nulles et peuvent entrainer la
nullité de la société ou sont réputées non écrites.
- Les clauses qui exonèrent sont désormais permises dans toutes les sociétés. Sous l’empire
du code des sociétés, avant, c’était interdit.
- « Mettre à la disposition d’une autre », ça ne veut pas dire que c’est soumis aux aléas de la
société : c’est vague ! Donc ça peut être une société ou un prêt à tout dépend du contrat et
des clauses !
Le régime spécial des sociétés sans personnalité juridique. Comme indiqué au premier cours,
dans le panorama des sociétés : désormais, il n’y a plus qu’une société sans personnalité
juridique, c’est la Société Simple (SS). Alors qu’avant il y en avait trois : société simple, société
momentanée (accomplir une ou plusieurs opérations (construire pont par exemple)), et la
société interne (=société occulte c.à.d. que seul celui qui gérait apparaissait aux yeux des tiers,
alors que les autres, les tiers, les participants n’étaient pas vus à qui a un certain intérêt dans
le monde l’art quand des marchands d’art s’associent à des grands collectionneurs, la société
interne est intéressante). Elles ont été abrogées.
Encore aujourd'hui, la société simple peut avoir un objet limité à une ou plusieurs opérations
(c.à.d. société momentanée) et encore aujourd'hui, elle peut avoir être occulte (société interne).
De qui se moque-t-on ? Le législateur se vente de réduire les formes de sociétés mais c’est
faux !
à Il y a plusieurs brèches :
1. Patrimoine (art. 1:1 CSA : toute société a un patrimoine >< art. 4:13 CSA : patrimoine
indivis entre les associés)
Cela signifie également, qu’en principe, que les biens acquis dans l’exercice de l’activité
appartiennent à tous les associés en indivision, de même que les dettes. S’il faut conclure des
contrats, tous les associés concluent le contrat. l’exemple : marché public, ils doivent signer
tous les deux.
Puis, la réforme a été opérée par la loi de 2019, art. 1:1 : « elle a un patrimoine ». Dire qu’une
société a un patrimoine n’a rien de choquant quand on pense à toutes les sociétés dotées de la
personnalité juridique mais le problème c’est que cet art. 1:1 se trouve dans le livre I qui
s’applique à toutes les sociétés, en ce compris, les sociétés sans personnalité juridique.
Désormais, si on lit le texte au premier degré : les sociétés sans personnalité juridique ont un
patrimoine. Le CE, quand il a vu l’avant de projet de loi, a hurlé en disant que reconnaître un
patrimoine à ces sociétés sans personnalité juridique va à l’encontre de tous les principes et n’a
aucune sens. Le législateur c’est expliqué dans l’exposé des motifs de la loi, en disant que déjà
sous l’empire du code des sociétés, il était bien admis que l’associé perd la maitrise des biens
qu’il apporte à la société, puisque ces biens, par définition, sont affectés à la société. Si on vend
un bien, on perd la disposition de ce bien. Si on apporte un bien à la société, qu’elle ait ou non
la personnalité juridique, on ne peut plus faire n’importe quoi de ce bien. Il est grevé d’une
charge c.à.d. qu’il est affecté à l’exercice de l’activité sociale.
De même, tout ce qui sera acquis dans le cadre de l’exercice de la société, doit servir à cette
société, et un associé ne peut pas en disposer librement. Le fait que les biens, qui sont affectés
à l’exercice de l’activité de la société, soient ainsi grevés d’une charge, explique aussi que les
créanciers personnels des associés (c.à.d. les créanciers qui ont une créance envers un associé,
qui n’a rien à avoir avec l’exercice de la société) sont subordonnés aux créanciers « de la
société » c.à.d. les créanciers qui ont acquis une créance dans le cadre de l’activité de la société.
Par exemple : imaginez une SS qui a pour objet d’effectuer une opération déterminée de
travaux : deux associés entrepreneurs qui constituent une SS pour construire un pont (c’est bien
une opération bien déterminée). Dans le cadre de cette société, ils contractent un emprunt, ils
achètent du matériel à crédit, etc. Comme ce qu’ils ont par ailleurs apporté à la société, est
affecté à l’exercice de l’activité sociale, comme le cas échéant, la société va recevoir de l’argent
du maitre de l’ouvrage, il est logique que les créanciers de la société (c.à.d. les créanciers qui
ont une créance née dans le cadre de l’activité de la société) passent avant les créanciers
personnels des associés. Imaginons que l’un des associés a acheté une voiture de sport, ça n’a
rien à avoir avec la société. Les créanciers personnels des associés sont subordonnés aux
créanciers de la société sur les biens affectés à la société.
Ce qui s’explique par cette notion de charge : les associés ont perdu la libre disposition de leurs
biens, en les apportant à la société, et si un associé a perdu la libre disposition de ces biens en
les apportant à la société, il est normal que ce créancier passe après. C’est ça que le législateur
explique dans l’exposé des motifs : qu’il n’a jamais voulu que consacré cette théorie de
subordination des créanciers personnels par rapports aux créanciers sociaux c.à.d. aux
créanciers qui ont une créance née d’un cadre de l’activité de la société.
Ok mais de là, à dire que toute société a un patrimoine, ça va un peu plus loin que la consécration
de cette théorie et ça parait tout à fait incompatible avec l’art. 4:13 (Livre IV : Société Simple)
qui prévoit qu’en cas de SS, le patrimoine est indivis entre les associés. Contradiction totale !
D’un côté, l’art. 1:1 dit que toute société a un patrimoine, et de l’autre côté, l’art. 4:13 dit qu’en
cas de SS, le patrimoine est indivis entre les associés. C’est blanc et noir parce que, soit le
patrimoine appartient aux associés, soit le patrimoine appartient à la société, mais on ne peut
pas dire les deux à la fois. Contradiction apparente parce que quand on lit l’art. I.1 à la lumière
des TP, on se rend compte que le législateur veut simplement dire que les créanciers de la
société (= créanciers sociaux) sont privilégiés par rapport aux créanciers personnels sur les
biens de la société.
Les articles 4:14 et 4:15 du CSA précisent à cet égard que les créanciers dont la créance trouve
sa source dans l’activité de la société peuvent exercer leur recours sur l’ensemble du patrimoine
social et que les associés sont personnellement et solidairement tenus à leur égard sur leur
patrimoine propre, tandis que les créanciers personnels des associés, dont la créance est
étrangère à l’activité sociale, n’ont de recours que sur la part de cet associé et les bénéfices qui
lui sont distribués.
A vrai dire, ces dispositions suffisent à elles seules pour atteindre le but recherché, sans qu’il
faille affirmer que les sociétés simples ont un patrimoine.
Le système mis en place par le législateur est particulièrement confus : d’une part, le CSA
énonce que toute société (en ce compris la société simple, qui est une société dépourvue de
personnalité morale) a un patrimoine (art. 1:1) mais, d’autre part, il prévoit, sous un titre intitulé
« Le patrimoine social et les droits des créanciers », que « Les biens apportés à la société ainsi
que ceux qui résultent de l’activité sociale forment un patrimoine indivis entre les associés »
(art. 4:13). Or, le patrimoine ne peut à la fois appartenir à la société, et être un patrimoine indivis
entre les associés.
En définitive, le législateur se borne à consacrer le « privilège » des créanciers sociaux sur les
créanciers personnels des associés et utilise le terme « patrimoine » à mauvais escient, voulant
simplement dire que l’ensemble des biens et des obligations affectés à la société simple forment
une universalité de droit.
Auparavant, seules les personnes pouvaient être déclarées en faillite ou déposer une requête en
réorganisation judiciaire. Depuis la réforme du Code de droit économique (CDE), peuvent être
soumises aux procédures d’insolvabilité, essentiellement la faillite et la procédure de
réorganisation judiciaire :
- Toutes les personnes morales, à l’exception des personnes morales de droit public
et de certains groupements comme l’Etat et les Régions ;
Qu’est-ce que ça vise « les organisations qui ont un but lucratif ou qui dans les faits procèdent
à des distributions de bénéfices », ça vise essentiellement les SS. Ces organisations sans
personnalité juridique, les personnes physiques qui exercent une activité professionnelle à titre
d’indépendant, et les personnes morales, sont regroupées sous le concept « d’entreprise » dans
le CDE. Toutes les entreprises peuvent être déclarées en faillite.
Donc, « entreprise » est un terme beaucoup plus général que celui de « société ». à Toutes les
sociétés sont des entreprises mais toutes les entreprises ne sont pas des sociétés. Par exemple :
le médecin qui exploite une entreprise peut le faire en nom personnel et n’est dès lors pas une
entreprise.
Etant des entreprises, les sociétés simples peuvent introduire une requête en réorganisation
judiciaire et être déclarées en faillite.
Le législateur a justifié cette règle par la reconnaissance par « la majeure partie de la doctrine
actuelle » de la société simple comme un patrimoine distinct . Il s’agit d’une grossière
simplification (voir supra).
Pourquoi on a classé cela dans les brèches ? Parce que ça ne va pas être évident de déclarer la
faillite d’une SS. Dans la mesure où il va être extrêmement difficile de déterminer exactement
l’ampleur des biens qui sont frappés par la faillite… mais cela rejoint l’idée que toute société a
un patrimoine, c.à.d. toute société a un ensemble de biens qui lui est affecté, et qui doivent, en
cas de problèmes, bénéficier d’abord aux créanciers sociaux. Les deux idées sont extrêmement
liées.
3. Enregistrement auprès de la BCE : registre des personnes morales (art. III.49 CDE)
Elle doit mentionner son numéro d’entreprise dans tous ses documents sociaux (art. III.23
CDE). Tout tiers peut avoir accès à ces données (art III.31 CDE).
L’octroi par le législateur de la qualité d’entreprise à la société simple et l’obligation qui lui est
faite de s’inscrire à la BCE lui font ainsi perdre un de ses attraits (la discrétion à l’égard des
tiers). En particulier, on se demande comment cette publicité est compatible avec la possibilité
pour une société simple d’avoir encore un caractère occulte.
En ce qui concerne les actions en justice, si on applique le droit commun (donc ignorons les
réformes récentes) : soit toutes les parties à cette entité agissent ensemble en justice (et
inversement, si les tiers veulent assigner l’entité ils doivent les assigner tous).
En principe, quand un litige concerne les droits et les obligations communs des associés ou des
membres ou les biens affectés à ce groupement, l’ensemble des associés ou membres doivent
être à la cause.
Il convient cependant de faire une distinction selon que les associés ou membres soient
demandeurs ou défendeurs.
Les tiers qui souhaitent agir à l’encontre de tous les associés ou membres doivent tous les
identifier dans l’acte introductif d’instance, ce qui peut s’avérer extrêmement difficile
puisqu’un groupement sans personnalité juridique ne doit pas publier la liste de ses associés ou
membres. Comme la responsabilité des associés et membres est solidaire, ils peuvent cependant
se contenter d’en mentionner un seul.
Si par contre, la société est inscrite à la BCE, ce qu’elle doit faire, elle doit indiquer sa
dénomination, son siège, l’identité de ses fondateurs etc., elle ne doit pas indiquer l’identité de
tous ces associés lorsqu’elle assigne en justice.
L’article 703, § 2 du Code judiciaire, introduit par la loi du 15 avril 2018 portant réforme du
droit des entreprises, facilite l’introduction d’actions en justice par ou contre les groupements
sans personnalité juridique inscrits à la BCE.
Lorsqu’un groupement est inscrit à la BCE, la mention de sa dénomination et de son siège dans
ses données à la BCE suffit pour justifier dans les litiges de l’identité de ses associés ou
membres. En d’autres termes, l’acte introductif d’instance ne doit pas reprendre l’identité de
tous les associés ou membres mais peut se contenter de mentionner la dénomination et le siège
de la société. La citation peut donc être faite à l’adresse du siège.
Il ressort des travaux préparatoires que, lorsque le groupement est défendeur, « L’objectif n’est
aucunement de prévoir un titre à exécuter pour les membres individuels, mais uniquement de
réaliser les biens indivis de l’association ou de la société (...) sans personnalité juridique. (...)
Le litige doit donc se rapporter aux biens de la société, mais au sens le plus large du terme, donc
tous les droits et obligations, biens matériels et immatériels (honneur et réputation par exemple),
dettes et créances, parmi lesquelles une action en cessation etc.(…) »
1. Conditions de fond
Le CSA définit la société simple comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent de mettre leurs apports en commun en vue de distribuer ou procurer à ses associés
un avantage patrimonial direct ou indirect. Elle est conclue pour l’intérêt commun des parties
(art. 4:1). Elle doit avoir un objet licite (art. 4:2).
Cette disposition ne prévoit donc pas de conditions supplémentaires de validité par rapport aux
conditions de validité communes aux sociétés, sinon qu’elle requiert au moins deux associés.
Donc pour la constitution, c’est très facile pour constituer une SS : ce sont uniquement les
conditions générales qu’on a vues un peu plus haut c.à.d. les conditions générales de validité
des actes juridiques et les conditions communes à toutes les sociétés (un apport et un but lucratif
qui s’applique).
2. Formalités
Aucune formalité, théoriquement, ce n’est même pas nécessaire de rédiger un écrit mais c’est
théorique parce que les SS ne sont pas toujours si simples que ça, il est bien nécessaire
d’indiquer qui fait quel apport. Donc, il est absolument recommandé d’établir un écrit mais ce
n’est pas une condition de constitution, en tant que tel.
En principe, le contrat de société est un contrat purement consensuel. Le CSA n’exige pas un
écrit mais on imagine difficilement les associés se contenter de paroles. L’acte de constitution
peut être sous seing privé ou authentique. Cet acte ne doit être ni déposé au greffe, ni publié.
1. Répartition en parts
Les droits des associés sont exprimés en « parts ». Ces parts ne sont pas matérialisées par des
titres-papiers ; elles résultent de l’inscription dans le contrat de société du nombre de parts
revenant à chacun.
Dans une SS, il n’est pas nécessaire de formaliser des parts. Si on est deux et que le contrat de
société prévoit que chaque associé a droit à 50% des bénéfices, on n’aura pas vraiment de
formalisation de parts. Par contre, si c’est une société plus importante, on va identifier par le
terme « parts » l’ensemble des droits et obligations des associés. Donc, ma part dans la société,
au sens commun, ou ma part au sens de titré non matérialisé, c’est l’ensemble de mes droits et
obligations dans la société.
La part des associés dans les bénéfices et les pertes ainsi que dans le patrimoine social en cas
de dissolution est fixée dans le contrat de société. Elle ne doit pas nécessairement être
proportionnelle à leur apport. Ce n’est qu’à défaut de précision dans le contrat de société, que
les parts sont fixées proportionnellement aux apports. Dans cette hypothèse, celui qui a apporté
son industrie se voit attribuer un nombre de parts égal à celui qui rémunère l’apport le plus
faible autre qu’en industrie (CSA, art. 4:4). Cette règle n’est pas nécessairement équitable et
invite à régler la répartition des parts dans le contrat de société.
En principe les SS sont intuiti personae (art. 4 :1, al. 3 CSA), c.à.d. ce qui implique plutôt que
les parts sont incessibles (art. 4 :6 CSA). Mais, d’abord le contrat pourrait prévoir que les parts
peuvent être cédées, généralement c’est moyennant l’accord des autres associés, et même si le
contrat ne prévoit rien, si tout le monde est d’accord pour qu’un associé cède sa part (sa position
d’associé) à un autre, tout va bien. Une telle cession doit se faire « d’après les formes du droit
civil » c’est-à-dire conformément aux règles en matière de cession de créance, sans pouvoir
porter sur les engagements de la société antérieurs à son opposabilité (art. 4:7 CSA).
Enfin, c’est assez rare dans les SS parce qu’elles ont un caractère intuiti personae fort marqué.
Ce qu’on peut faire c’est, par exemple : imaginons qu’on est 3 dans la société qui a toujours
pour objet de fabriquer des jeux vidéo, et moi j’ai des un petit peu de problèmes financiers,
l’idée est que chaque associé fasse un apport en argent de 5000€ et moi je n’ai pas cet argent
mais je n’ai pas non plus envie de dire à mes associés que je me retire de la société parce que
j’y crois. Comme la société a un caractère intuiti personae, mes associés ne seraient pas
d’accord pour que je cède mes parts à un tiers, qu’est-ce que je vais faire ?
Ce que je vais faire c’est que je vais en quelque sortes, constituer une sous-société avec un tiers.
Je vais m’associer à un tiers et convenir avec ce tiers que nous allons faire une société simple
interne, une société occulte que mes associés ne connaitront pas.
Donc, nous sommes trois dans la société, par exemple : Stelina, Laura et moi. Mes deux
associées pensent que nous sommes effectivement trois ; ce qui correspond à la réalité… mais
je vais convenir avec Adeline qu’elle va apporter une certaine somme, par exemple les 5000€
qui sont nécessaires, que je vais mettre à la disposition de la SS principale, mais nous allons
nous partager tous les bénéfices qui me reviennent en qualité d’associé de la SS principale.
C’est parfaitement licite même si Stelina et Laura ne sont pas au courant que ça se passe ainsi,
mais c’est effectivement uniquement moi qui agis dans la société, et mon accord avec Adeline
est finalement un accord qui ne les intéressent pas. Ce contrat que je conclu avec Adeline et qui
aboutit à la création d’une société interne qui se greffe sur la société principale, s’appelle une
convention de croupiers, parce qu’un associé prend un autre en croupe. C’est un deuxième
contrat de société simple (interne) qui se greffe sur le premier (art. 4:6, al. 2 CSA). Il n’y a pas
de simulation, dans la mesure où chaque partie respecte parfaitement les contrats qu’elle a
conclu. Il n’y a pas de contre-lettre qui vient détruire les effets d’un acte apparent. Il y a sans
doute quelque chose qui est tenu occulte, mais ça ne suffit pas pour créer une simulation.
à Donc, le régime des parts, en principe elles sont incessibles. On peut les céder moyennant
l’accord des autres associés mais c’est assez rare, et on peut aussi pallier les inconvénients qui
en résultent par la conclusion d’une convention de croupiers.
IV. Administration
1. Gérants
o Désignation de gérants
En ce qui concerne l’administration des sociétés sans personnalité morale : liberté totale !
généralement, le contrat de société prévoit qu’il y a un ou deux gérants, ils gèrent souvent tous
ensemble.
Dans cette hypothèse, la société est administrée par ce ou ces gérants. Sauf si la convention ou
l’acte qui les désigne prévoit qu’ils doivent agir conjointement, ces gérants peuvent agir
séparément (art. 4:8).
Les gérants désignés par une clause spéciale du contrat de société ne peuvent être révoqués que
pour de justes motifs laissés à l’appréciation du juge ou par décision des associés prise à
l’unanimité ou, si le contrat le prévoit, aux conditions de majorité prévues par celui-ci.
Les gérants désignés par un acte distinct peuvent être révoqués comme de simples mandataires
(art. 4:9).
S’ils ne prévoient rien, ce qui est excessivement rare, le CSA prévoit que chaque associé,
individuellement, est investi des pouvoirs de gestion avec une limite : il ne peut pas faire
quelque chose si l’un des autres associés s’y est opposé auparavant. Donc si un associé dit aux
autres « je ne veux absolument pas que vous contractiez un emprunt auprès d’une banque »,
alors ce sera interdit.
2. Associés
Les associés prennent à l’unanimité toute décision qui intéresse la société ou qui a pour objet
de modifier la convention, à moins que la convention prévoie que leurs décisions seront prises
à la majorité.
Toutefois, même si les statuts prévoient la majorité, les associés ne peuvent modifier l’objet
essentiel de la société qu’à l’unanimité (art. 4:11 CSA).
Selon l’exposé des motifs, « L’‘objet essentiel’ de la société désigne à cet égard le cœur de
l’objet de la société. Une société constituée pour réaliser des opérations de transport ne saurait
Les biens apportés à la société ainsi que ceux qui résultent de l’activité sociale forment un «
patrimoine indivis entre les associés » (au sens précisé ci-dessus).
Ils doivent être affectés à l’activité de la société. « Les créanciers dont la créance trouve sa
source dans l’activité de la société peuvent exercer leur recours sur l’ensemble du patrimoine
social » (art. 4:14).
Les associés sont personnellement et solidairement tenus à leur égard sur leur patrimoine
propre.
Toutefois, si la société simple est interne, les tiers n’ont de recours qu’à l’égard de l’associé ou
du gérant qui a traité avec eux en nom personnel. Les tiers n’ont pas d’action directe contre les
autres associés (art. 4:14).
Sans préjudice de l’article 1166 du Code civil, les créanciers personnels des associés, dont la
créance est étrangère à l’activité sociale, et ceux qui ont traité avec un associé qui n’avait pas
le pouvoir de représenter les autres n’ont de recours que sur la part de cet associé et les bénéfices
qui lui sont distribués. Ils ne peuvent saisir les biens qui composent le patrimoine social ni
exercer aucun droit sur ceux-ci (art. 4:15).
4. Comptabilité
En leur qualité d’entreprises, les sociétés simples doivent tenir une comptabilité (CDE, art.
III.82). Cette comptabilité peut être simplifiée si le chiffre d’affaires ne dépasse pas 500.000
EUR (journal financier, journal des achats et journal des ventes, inventaire annuel) (CDE, art.
III.85 et AR du 21 octobre 2018 portant exécution des articles III.82 à III.95 du CDE).
Elles ne doivent pas déposer leurs comptes annuels à la Banque Nationale de Belgique.
V. Dissolution et liquidation
1. Causes de dissolution
C’est facile : on a contracté sa SS pour 10 ans, les 10 ans sont expirés à C’est terminé !
Pourquoi ? Parce que ce sont des sociétés intuiti personae, donc les évènements qui
affectent de manière forte un des associés, entraine la dissolution de la société mais ce
n’est pas d’ordre public (OP) donc les associés peuvent y déroger. Comment ? En
prévoyant par exemple, que lors du décès d’un associé, la société continuera avec les
autres, voire même avec les héritiers de l’associé pré-décédé (= c’est ce qu’on appelle
une clause de continuation), mais c’est dangereux parce que s’il y a des mineurs ça va
poser problème.
Surtout, voyons maintenant la durée : imaginons une société sans personnalité juridique,
une SS avec une durée illimitée et il n’y a pas de faculté de démission à Si ça s’arretait
là, ça serait un peu contraire à l’ordre public parce que les associés seraient prisonniers
de cette société jusqu’à l’éternité et aucun contrat ne peut avoir une durée infinie. Le
législateur a prévu la possibilité, dans les SS à durée illimitée, pour tout associé, de
résilier le contrat de société, à tout moment, moyennant un préavis raisonnable. C’est
un fort incitant pour impartir une durée déterminée à la société. Mieux vaut une durée
déterminée de 10 ans, qu’une durée indéterminée alors que chaque associé peut y mettre
fin à tout moment.
• Par la décision des associés prise à l’unanimité ou, le cas échéant, à la majorité prévue
par la convention ;
• Lorsque la société est conclue pour une durée indéterminée, par acte unilatéral de
résiliation moyennantunpréavisraisonnablepourautantquecetterésiliationsoitde bonne
er
foi et n’intervienne pas à contretemps (art. 4:17, § 1 CSA) ;
Pour quelles causes ? Par exemple, parce que l’objet de la société est réalisé, c’est le cas
si la société avait pour objet une opération déterminée. Comme par exemple, la
construction d’un pont. La construction du pont est terminée, théoriquement, la société
est dissoute de plein droit.
⚠ C’est théorique ! Pourquoi ? Parce que quand est-ce qu’un pont est terminé ? On
dirait quand on peut rouler sur le pont ? Cela veut dire quoi ? Lors de la réception
définitive ? Quid s’il reste des acomptes à payer par le maître de l’ouvrage ? Quid s’il
reste des petits travaux de mise en état à effectuer ?
à Donc, c’est une cause de dissolution prévue par le code mais c’est assez rare !
Généralement les parties prévoient, par une décision expresse, la dissolution de la
société.
2. Démission et exclusion
Le contrat de société simple peut prévoir la possibilité pour les associés de démissionner ou
d’exclure un associé sans que la société ne prenne fin à l’égard des associés restants (CSA, art.
4:19, al. 1er et 2). Il peut déterminer les conditions de majorité à laquelle la décision
d’exclusion doit être prise ainsi que les motifs d’exclusion mais il doit prévoir un délai de
préavis raisonnable.
Sous réserve de convention contraire, l’associé qui démissionne ou est exclu a droit à la valeur
de ses parts au moment où il perd la qualité d’associé (art. 4:19, al. 3).
à Donc, tout cela est réglé par le contrat. Si le contrat ne prévoit rien, en principe, un associé
ne peut pas démissionner, sous réserve de ce qu’on va voir.
Il ne peut pas être exclu, avec une exception : dans tous les cas, même si le contrat ne prévoit
rien, si un associé manque gravement à ses engagements, les autres associés peuvent agir en
résolution partielle du contrat de société à son égard. Ce qui aboutit à son exclusion. (art. 4 :20
CSA)
4. Dissolution – liquidation
On a rien de particulier à dire concernant la liquidation, comme la société n’a pas la personnalité
juridique, finalement, on fait comme un partage successoral, sinon que cette idée de
« patrimoine » et de « prévalence des créanciers sociaux », va continuer pendant toute la
liquidation de la société.
Toutefois :
• Les créanciers doivent être payés avant les associés et le liquidateur doit respecter le
principe d’égalité entre les créanciers (art. 4:21, renvoyant à l’art. 2:97, §§ 1 et 3 CSA).
Correction Quizz
- Comment s’appelle une société sans personnalité morale ? Une Société Simple (SS) bien
sûr. Une société de droit commun, c’est l’appellation qui prévalait avant la loi du 15 avril
2018. C’est l’ancêtre, en quelques sortes de la société simple (SS).
1) Signifie que les créanciers sociaux sont privilégiés par rapport aux créanciers des
associés,
2) et c’est aussi une expression abrégée pour désigner les biens affectés à la société.
C’est une question difficile évidemment parce que : est-ce que ça implique l’abrogation
du principe fondamental selon lequel seules les personnes ont un patrimoine ? Cela n’a
pas l’air à la lecture des TP. En tout cas ça n’implique pas qu’elles soient dotées de la
personnalité morale.
- Quand une société sans personnalité morale assigne un tiers en justice : En principe, l’acte
introductif d’instance ne doit pas reprendre l’identité de tous les associés. Il peut se
contenter de mentionner la dénomination et le siège de la société (c.à.d. immatriculation
à la BCE).
- Une société sans personnalité morale doit s’immatriculer à la BCE, au registre des
personnes morales parce qu’il n’y a pas de registre des identités sans personnalité morale.
Il y avait un choix à faire entre le registre des personnes morales et le registre des
personnes physiques à Le législateur a tranché en faveur du registre des personnes
morales.
- Les statuts d’une société sans personnalité morale peuvent être modifiés à la majorité :
uniquement si les statuts le prévoient, mais à l’exclusion de la clause relative à l’objet
essentiel, dont la modification requiert l’unanimité. Le législateur a requis l’unanimité
pour la clause relative à l’objet essentiel. Qu’est-ce que l’objet essentiel ? C’est vraiment
le secteur dans lequel la société exerce ses activités. Par exemple, la société qui a pour
objet de fabriquer et vendre des jeux vidéo, si c’est pour modifier/ajouter/préciser à alors
la majorité suffira, par contre si c’est pour indiquer que, désormais, la société a pour objet
des travaux publics à alors il faudra l’unanimité. Si les statuts ne prévoient rien, ce sera
l’unanimité.
- Un associé d’une société sans personnalité morale peut être exclu : dans les cas prévus par
le contrat de société et si celui-ci ne prévoit rien à cet égard, en cas de faute à la suite d’une
action en justice. Donc, bien sûr si le contrat de société le prévoit, mais aussi, si en cas de
résolution judiciaire, s’il commet une faute, et que les autres associés le poursuivent en
résolution partielle de la société.
- Un contrat de croupier est un contrat entre l’associé d’une société et une personne par
lequel il convient de l’associer aux bénéfices qu’il retire de cette société.
Question posée : Étant donné que la SS intuiti personae, et que la mort d’un des associés est
susceptible d’entrainer la dissolution de la société, sauf s’il était prévu une clause de
continuation avec notamment les héritiers du prédécédé. A ce sujet, qu’est-ce qu’il pourrait
arriver si lesdits héritiers seraient mineurs ? Une clause pareille serait-elle valide ?
Non, parce que ça va poser un problème. Les mineurs ne peuvent pas être associés dans une
société où ils engagent leur responsabilité limitée. Donc, ça va poser problème ! Notons, que
ce problème peut être évité dans les sociétés en nom collectif, parce qu’elles peuvent prévoir
une clause de continuation avec les héritiers du défunt, et peuvent prévoir que dans ce cas, s’ils
sont mineurs, la société se transformera en société en commandite simple, où les mineurs seront
commanditaires c.à.d. là où ils n’engagent pas leur responsabilité. Malheureusement, cette
possibilité n’existe pas dans la SS. Donc dans une SS, on craint qu’une telle clause ne puisse
pas fonctionner et on va devoir interpréter le contrat : « est-ce que les parties ont voulu que dans
ce cas le contrat continue uniquement entre les associés existants ? Ou bien, ont-ils voulu la
dissolution de la société ?
C’est un problème qui tient à une rédaction imparfaite de la clause, parce qu’on prévoit une
clause de continuation, il faut envisager l’hypothèse des mineurs… et comme toujours, en cas
de clause imparfaite, il faudra interpréter et voir quelle était la volonté des parties.
I. Conditions de fond
à Ce sont les mêmes conditions pour toutes les sociétés, avec ou sans, la personnalité juridique.
Comme toute société, les sociétés dotées de la personnalité morale sont soumises, avec certaines
réserves, aux conditions générales de validité des actes juridiques unilatéraux ou des contrats
et aux conditions communes à toutes les sociétés :
- But :
§ Clauses léonines
• SNC, Scomm : clause nulle
• SRL, SA et SC : claus réputée non écrites
§ Buts multiples
En outre, les SRL, les SC et les SA doivent remplir les conditions spécifiques qui tiennent à
leur forme légale, tandis qu’il n’y a pas d’autres conditions pour les SNC et les SComm sous
réserve de l’existence de deux associés.
Ces conditions doivent être réunies au plus tard le jour de la passation de l’acte constitutif.
II. Formalités
1. Introduction
Ce qui distingue du point de vue de la constitution les sociétés simples des sociétés de la
personnalité morale c’est le fait que dès qu’on crée une personne morale il va falloir rendre
public ce fait car on met une nouvelle personne morale sur le marché. Il y a toutes une série de
formalité qui devront être accompli.
L’ampleur et la complexité de ses formalités vont dépendre de la forme légale de société. Une
société anonyme est plus compliquée à constituer d’un point de vue des formalité qu’une société
en nom collectif. Mais il y a des principes généraux qui s’applique à toutes les sociétés.
La constitution d’une société dotée de la personnalité morale s’articule autour des étapes
suivantes :
A. Actes constitutifs
1. Terminologie
Il faut un écrit, un acte constitutif. Cet acte doit être distingué des statuts. L’acte constitutif est
l’acte établi au moment de la constitution de la société.
Dans les sociétés simples on pourrait se dispenser d’un écrit (même si ce n’est pas
recommandé), par contre dans les sociétés dotées de la personnalité morale, l’écrit est
indispensable.
L’AC est un acte rédigé devant notaire ou non (dépend de la forme légale de la société) dans
lequel les parties vont indiquer le nom, sous quel forme la société est constitué, quels sont les
fonds, quels types d’apports, etc. L’acte constitutif est donc un acte plus global qui englobe
notamment les statuts de la société
Le statut c’est un peu comme les lois fondamentales, la Constitution de la société. Les statuts
sont le texte organique de la société qui comporte les mentions imposées par le CSA ainsi que
Il faut retenir que l’acte constitutif est un acte plus global que les statuts, il comporte une série
de mentions tout à fait temporaire. A savoir, quels sont les fondateurs au moment de la
constitution de la société, ce qu’ils ont apporté. Cet acte va aussi prévoir des dispositions finales
ou on retrouve généralement la nomination des premiers administrateurs. Au cœur de l’acte
constitutif, il y aura les statuts qui eux ont une vocation de permanence. Ça ne veut pas dire
qu’on ne pourra jamais modifier les statuts mais les statuts sont un texte relativement stable qui
organisent la société.
Il peut s’agir d’un acte sous seing privée ou d’un acte authentique.
Un acte notarié est requis pour les SRL, les SC, les SA. Pour les autres sociétés on a le choix.
Les sociétés en nom collectif, sont dans 99% des cas constitué par un acte sous seing privée.
2. Langue
Les règles relatives à l’emploi des langues ne sont pas spécifiques aux sociétés mais concernent
l’entreprise.
- Les lois sur l'emploi des langues en matière administrative, coordonnées par l'arrêté
royal du 18 juillet 1966.
Les dispositions en matière d’emploi des langues s'appliquent aux actes et documents imposés
par la loi et en particulier :
- L’acte constitutif ;
- Tous les actes et documents qui doivent être déposés au greffe du tribunal de
l’entreprise ;
- Tous les actes et documents qui doivent être publiés aux Annexes du Moniteur belge.
En quelle langue ? Ça dépend, l’acte constitutif doit être rédigé en français, en anglais ou en
allemand. La législation linguistique en droit Belge est fondée sur la notion de siège
d’exploitation. C’est-à-dire de l’endroit où l’activité de la société est exercée. Généralement au
moment de la constitution de la société, la société n’a pas vraiment de siège d’exploitation donc
ça correspondra au siège statutaire. C’est surtout important en cours de vie social ou la société
peut avoir son siège statutaire (c.à.d. le siège qui est inscrit dans le statut) et des sièges
d’exploitations (des endroits où elle exerce réellement son activité).
Donc c’est la localisation du ou des sièges d’exploitation qui va déterminer la langue de l’acte
constitutif.
- Elle doit utiliser le néerlandais si elle a son siège d’exploitation dans une commune de
frontière linguistique de la Région de langue néerlandaise (Voeren, ...) ou dans une
commune à facilité (Drogenbos, Kraainem, Linkebeek, Rhode-Saint-Genèse, Wemmel,
Wezenbeek- Oppem)
- Si elle a des sièges d’exploitation dans plusieurs régions linguistiques, elle doit utiliser
les deux langues.
- Si une société a l’intention d’avoir un siège d’exploitation dans plusieurs régions
linguistiques, les statuts doivent être rédigés dans la langue de chacune des régions
concernées.
Et l’anglais dans tout ça ? Le législateur lors de la réforme en 2019, très ambitieux, a voulu
rendre la Belgique compétitive et le droit des sociétés plus moderne. Malheureusement, le
régime linguistique, les lois linguistiques sont extrêmement délicates. Le législateur n’a donc
pas prévu de mesure particulière pour l’anglais. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas utiliser
l’anglais. On peut utiliser l’anglais mais à titre de traduction en vertu d’une directive
européenne. Quand on dépose l’acte constitutif (au tribunal du greffe de l’entreprise), on peut
joindre une traduction dans une des langues de l’union européenne. L’anglais, est une langue
de l’union européenne grâce à l’Irlande.
Des personnes étrangères qui viennent établir une société en Belgique sont embêtés de devoir
établir des statuts en français ou en néerlandais, langue qu’elles ne comprennent pas. On peut
certes, joindre une traduction mais ce n’est jamais qu’une traduction. Le texte original, le texte
original sera le texte en français ou néerlandais.
3. Contenu
- Toutes les mentions qui doivent être déposées et publiées par extrait conformément à
l’article 2:8, § 2 du CSA : par définition, les mentions de l’extrait d’un acte proviennent
de cet acte ; les dispositions qui précisent le contenu de l’acte constitutif imposent
certaines mentions outre les données comprises dans l’extrait destiné à la publication
(CSA, art. 5:12, 6:13 et 7:14) ;
- Des mentions spécifiques à l’acte constitutif de chaque société (art. 5:12, 6:13 et 7:14
CSA).
B. Dépôt au greffe
Une fois l’acte constitutif rédigé il faudra faire un dépôt. Si c’est un acte notarié, c’est le notaire
qui s’en charge au greffe du tribunal de l’entreprise du siège statutaire de la société.
1. Dossier
Il est tenu, pour chaque personne morale, un dossier au greffe du tribunal de l’entreprise du
siège de la personne morale (CSA, art. 2:7, § 1er), où sont déposés tous les actes, extraits
d’actes, décisions et documents dont la publicité est ordonnée par le Code (AR 29 avril 2019,
art. 1:1). Le dossier peut être électronique en tout ou partie (AR 29 avril 2019, art. 1:2).
2. Objet
3. Délai
L’extrait de l’acte constitutif doit être déposé au greffe dans les 30 jours de la date de l’acte
définitif (CSA, art. 2:8, § 1er, al. 1).
4. Langue
été établie » de la région linguistique où le siège de la personne morale est établi (CSA, art.
2:33).
En tant qu’elle vise le « siège » de la personne morale, la loi doit être interprétée de manière
conforme à la législation existante comme visant le siège d’exploitation.
Une société peut faire établir et déposer une traduction dans une ou plusieurs langues officielles
de l’Union européenne.
Sur la base de cette disposition, une société peut ajouter au document rédigé en français ou en
néerlandais une version en néerlandais ou en français, à titre de traduction volontaire dans une
langue officielle de l’Union européenne. Le législateur belge a choisi de ne pas imposer une
traduction certifiée pour ne pas augmenter les frais administratifs des entreprises.
En cas de discordance entre la version publiée dans la langue officielle et les autres versions,
les traductions ne sont pas opposables aux tiers : les tiers peuvent cependant s’en prévaloir, sauf
si la société prouve qu’ils ont eu connaissance de la version ayant fait l’objet de la publicité
obligatoire (art. 2:32, al. 3).
1. Responsabilité du greffier
Le greffier doit adresser les copies des actes, extraits d’actes et documents ou le texte des
mentions à la direction du Moniteur belge, au plus tard le deuxième jour ouvrable qui suit celui
du dépôt (AR 29 avril 2019, art. 1:12, al. 1).
2. Délai
La publication doit être faite dans les 10 jours du dépôt (CSA, art. 2:13), à peine de dommages-
intérêts contre les fonctionnaires auxquels l’omission ou le retard seraient imputables.
D. Formalités ultérieures
A cette l’occasion (au moment du dépôt), la société sera immatriculée à la BCE. C’est sur la
base du numéro d’immatriculation à la BCE qu’on peut faire des recherches sur les sociétés sur
le site des annexes du MB.
Toute entreprise doit être enregistrée avant le début de ses activités dans la Banque- Carrefour
des Entreprises et se voit attribuer un numéro d’entreprise lors de son inscription (CDE, art.
III.17 et III.49).
Plus précisément, chaque société doit être inscrite au registre des personnes morales, qui est un
« répertoire de la Banque-Carrefour des Entreprises » (CSA, art. 2:7, § 1er, al. 2).
Soit elle s’inscrit directement par voie électronique, soit elle est inscrite par le notaire
instrumentant, ou par le greffe du tribunal de l’entreprise dans le registre des personnes morales
de la Banque-Carrefour des Entreprises (AR 29 avril 2019, art. 1:7, al. 1er).
Elle doit procéder à une modification avant la création de toute nouvelle unité d’établissement,
soit un « lieu d’activité, géographiquement identifiable par une adresse, où s’exerce au moins
une activité de l’entreprise ou à partir duquel elle est exercée » (CDE, art. I.2, 16°).
2. Autres formalités
Si l’acte constitutif est notarié, il doit être enregistré. S’il comporte un apport de biens
immobiliers, il doit être transcrit au registre du bureau compétent de l’Administration générale
de la Documentation patrimoniale pour être opposable aux tiers (L. hyp., art. 1er).
Quid en cas d’irrégularité pour ces formalités de base ? S’il n’y a pas d’acte constitutif : la
société n’aura pas la PM car la PM s’acquière avec le dépôt de l’acte constitutif.
Est-il possible que l’acte constitutif ne soit pas publié par extrait ? C’est très théorique car c’est
le greffe qui s’en charge, c’est lui qui a cette obligation (sous peine d’amende).
III. Sanctions
1. Introduction
Que se passe-t-il quand les conditions de constitutions ne sont pas exécutées correctement.
Exemple : volonté d’un associé est vicié au moment de la constituions de la société (c’est plutôt
théorique, la prof ne connait pas de cas de jurisprudence).
Par contre, l’hypothèse de vice de consentement est moins théorique lors d’une augmentation
de capital. Une société va mal, elle a besoin d’investissement, il est potentiel de faire miroitier
un succès potentiel de l’entreprise pour qu’il investisse (compte trafiqué).
Plusieurs types d’irrégularités sont donc susceptibles d’être commises pendant le processus de
constitution de la société.
Elles peuvent uniquement affecter la validité de l’engagement d’un associé et entraîner la nullité
de cet engagement (A).
Dans un souci de sécurité juridique, le CSA privilégie les actions en responsabilité par rapport
aux actions en nullité. Ainsi, le CSA limite les causes de nullité des sociétés mais prévoit de
nombreux cas de responsabilité des fondateurs.
1. Droit commun
Donc si l’engagement est vicié, l’engagement sera nul, on applique le droit commun.
La nullité des engagements des associés, est en principe régie par le droit commun des
obligations, quelle que soit la forme de la société concernée (que le CSA énumère
limitativement ou non les causes de nullité de cette société) et quel que soit le moment de
l’engagement de l’associé (lors de la constitution ou ultérieurement).
Le droit commun détermine les causes de nullité des engagements des associés ainsi que leur
régime.
2. Causes de nullité
Conformément au droit commun, l’engagement d’un associé peut être annulé s’il ne satisfait
pas :
- Aux conditions générales requises pour la validité de tout contrat ou, s’il s’agit d’une
société unipersonnelle, des actes unilatéraux,
- Aux conditions communes à toutes les sociétés, par exemple si l’associé fait un apport
inexistant ou fictif ou se voit attribuer tous les bénéfices.
Les règles qui limitent les causes de nullité de certaines sociétés interfèrent toutefois avec ces
principes. Ainsi, lorsque le CSA prévoit que les clauses privant un associé de toute participation
aux bénéfices sont « réputées non écrites » (art. 4:2, al. 2, 5:14, 6:15 et 7:16), le fait que cet
associé n’ait droit à aucun bénéfice n’est pas, en soi, une cause de nullité de son engagement.
L’erreur ou le dol peuvent provenir d’informations inexactes figurant dans des documents de
présentations préparés par les fondateurs, par exemple le prospectus ou un formulaire de
souscription.
Conformément au droit commun des obligations, la nullité peut être relative ou absolue.
Si un associé est victime d’une erreur, de violence ou de dol, ou s’il est incapable, la nullité est
relative. Seul l’associé concerné ou son représentant peut demander la nullité de son
engagement. Cette nullité peut faire l’objet d’une confirmation. Les mêmes principes
s’appliquent mutatis mutandis si c’est la société qui est victime d’une erreur, de violence ou de
dol.
3. Rétroactivité
Contrairement à la nullité de la société, la nullité de l’engagement d’un associé opère avec effet
rétroactif. L’associé dont l’engagement est annulé peut en conséquence répéter l’apport qu’il a
déjà libéré.
4. Effet sur la société
Incidence sur la société ? Société avec personnalité morale, avec un fort intuitu personae, la
société pourrait être annulé car l’engagement de chaque associé dépendait de l’autre.
Par contre si c’est une société anonyme la nullité de l’engagement de l’associé n’a aucun effet
sur la société et les fondateurs seront responsable de l’engagement qui a été annulé.
Pourquoi ? Il y a certaines sociétés qui intéressent plus l’économie que les autres. Ces sociétés
sont les RSL, les SC, les SA.
B. Nullité de la société
a) Causes de nullité
1. Renvoi
Les causes de nullité de chaque société dépendent de sa forme légale et seront donc examinées
à l’occasion de l’étude des différentes sociétés.
Le CSA ne limite pas les causes de nullité des SNC et des SComm mais limite les causes de
nullité des SRL, SC et SA.
Le législateur à très fort imité les causes de nullité des SRL, SC et SA. Les causes de nullité
sont :
- L’illicéité de l’objet statutaire, c.à.d. l’objet qui est inscrit dans les statuts (très
théorique)
àLa nullité de ce type de société est extrêmement rare. Par contre les causes de nullités des
autres types de société, ne sont pas énumérés par la loi.
1. Principe
L’article 2:34 du CSA, qui figure dans le livre consacré aux dispositions communes aux
personnes morales régies par le CSA, énonce en termes généraux que « la nullité d’une société
doit être prononcée par une décision judiciaire ». Il n’opère aucune distinction entre les sociétés.
La nullité de la société suppose toujours une décision judiciaire ou une sentence arbitrale et ce
dans un but de sécurité juridique. Elle ne peut jamais être constaté par les associés. Elle
concerne toutes les sociétés dotées de la PM. L’avantage de la décision judiciaire est qu’elle
sera publiée et opposable à tous les tiers.
Pour toutes une série de décisions les associés peuvent se réunir (ex : une approbation de compte
annuel approuvé par l’assemblé générale). Il se pourrait qu’après cette approbation, ils se
rendent compte d’une erreur et pourraient donc se réunir dans une nouvelle assemblée générale
et en approuvé de nouveau. Donc dans certains cas, les associés, les actionnaires, peuvent
constater la nullité d’une décision.
Comme la nullité d’une société dotée de la personnalité juridique doit être prononcée par une
décision judiciaire, elle ne peut être prononcée qu’à la suite d’une demande principale ou
reconventionnelle, et ne peut pas être opposée par voie d’exception.
L’article 2:36 du CSA consacre cette règle de manière imparfaite : « la nullité d’une société
pour vice de forme ne peut être opposée aux tiers par la société ou par un associé ou actionnaire,
même par voie d’exception, à moins qu’elle n’ait été constatée par une décision judiciaire
publiée (...) ». On ne peut pas comprendre a contrario que cette règle ne vaut ni pour les vices
de fond ni pour les vices invoqués par les tiers. Une telle interprétation serait contraire à l’article
2:34 du CSA : la nullité ne peut pas être opposée par voie d’exception quels que soient le vice
invoqué ou la personne qui l’invoque (société, associé, actionnaire ou tiers).
3. Régularisation
Le juge peut accorder un délai pour permettre à la société de procéder à sa régularisation (CSA,
art. 2:38).
c) Effets
La nullité n’a pas d’effet rétroactif (l’acte n’est jamais sensé avoir existé). La nullité d’une
société produit ses effets à dater de la décision qui la prononce (CSA, art. 2:34). Cette
disposition déroge au droit commun, en vertu duquel la nullité opère avec effet rétroactif
Cela serait trop compliqué si c’était le cas car les sociétés peuvent avoir réalisé depuis la
constitution de la société toutes une série d’actes. Donc si elles étaient annulées il aurait fallu
remettre en question tous ces actes aussi. à C’est la raison pour laquelle le législateur à décider
que la nullité n’a pas d’effet rétroactif pour les sociétés doté de la PM. Il y a une dissolution
uniquement pour l’avenir.
à Il s’ensuit que « la nullité ne porte pas atteinte par elle-même à la validité des engagements
de la société ou de ceux pris envers elle (...) » (art. 2:37, al. 2). Cette disposition vise les
engagements pris par ou envers la société et, de manière générale, toutes les obligations nées
avant la publication du jugement prononçant la nullité de la société.
Il y a d’autres sanctions qui s’appliquent et qui sont beaucoup plus efficace et utile.
A savoir la responsabilité des fondateurs. L’étendue de la responsabilité des fondateurs est fort
variée en fonction de la forme de la société :
- Dans les sociétés en nom collectif : responsabilité illimitée pour tous les engagements
de la société puisque les associés en nom collectif sont responsables de tous les
engagements de la société.
- Société anonyme : les fondateurs assument une responsabilité civile pour tous les
problèmes lors de la constitution de la société. Par exemple, si un engagement d’un
associé est nul, ils en seraient responsables à voy plus tard.
Dans un but de sécurité juridique, la nullité de la société n’est opposable aux tiers qu’à dater de
la publication aux annexes du Moniteur belge de l’extrait de la décision coulée en force de
chose jugée ou exécutoire par provision (CSA, art. 2:34, al. 3).
3. Liquidation
La nullité entraîne la liquidation comme en cas de dissolution (CSA, art. 2:37, al. 1). Le régime
ordinaire de liquidation s’applique, sous certaines réserves.
Les tribunaux « peuvent désigner les liquidateurs » (art. 2:37, al. 3). Il s’agit d’une faculté. Cette
désignation intervient à la requête d’un associé, d’un tiers ou même d’office. Dans certains cas,
comme celui d’un objet ou d’une cause illicite, on n’imagine pas que le juge ne désigne pas de
liquidateur.
1. Principe
« A défaut de convention contraire, ceux qui, au nom d’une personne morale en formation, et
avant l’acquisition par celle-ci de la personnalité juridique, ont pris un engagement à quelque
titre que ce soit, en sont personnellement et solidairement responsables, sauf si la personnalité
juridique a été acquise dans les deux ans de la naissance de l’engagement et si la personne
morale a repris ces engagements dans les trois mois de l’acquisition de la personnalité juridique.
Les engagements repris par la personne morale sont réputés avoir été contractés par celle-ci dès
l’origine ».
On parle ici des sociétés dotées de la (personnalité juridique) PJ et plus précisément de l’État
de gestation de ces sociétés. C.à.d. de la situation avant l’acquisition de la personnalité morale.
On parle donc du moment ou une société n’a pas encore la PJ.
Ex : société qui a pour objet de fabriquer et de vendre jeux vidéo. Nous sommes 3 et nous avons
rdv chez le notaire. On veut commencer l’activité le plus rapidement possible. Pour commencer
cette activité, nous n’avons pas besoin de grand-chose. Nous n’avons pas de garage ou nous
pouvons commencer notre activité donc on doit trouver un local. La société n’a pas la PJ donc
en principe la société ne peut pas conclure de bail. Le législateur permet aux sociétés en
formation de conclure un bail. Comment fait-on ? les trois fondateurs ou un seul, va signer le
contrat de bail avec le bailleur au nom de la société en formation. On parle donc d’un acte
accompli par le ou les promoteurs dans l’intérêt de la société avant sa constitution.
Ceux qui prennent un engagement au nom d’une société en formation engagent leur
responsabilité personnelle et solidaire pour les engagements contractés au nom de cette société,
sauf si elle se forme dans les deux ans de la naissance de l’engagement et le reprend dans les
trois mois de sa constitution.
Seuls ceux qui ont pris personnellement ou par mandataire un engagement au nom de la société
engagent leur responsabilité conformément à cette disposition ; celle-ci ne rend pas tous les
fondateurs responsables.
2. Engagements et créances
Bien que l’article 2:2 du CSA ne vise que les engagements et soit libellé en termes de
responsabilité, il concerne également la reprise de contrats et de créances.
3. Conventions contraires
Celles-ci peuvent aggraver la responsabilité de ceux qui ont pris un engagement au nom d’une
personne morale en formation (par ex. en prévoyant qu’ils resteront tenus même après la reprise
de l’engagement par la personne morale, ou en abrégeant les délais fixés par la loi), la diminuer
(par ex. en supprimant la solidarité des promoteurs), ou même la supprimer.
- Soit la société se constitue (acquisition par la société de la PM) dans les 2 ans de
l’engagement ET reprend l’engagement dans les 3 mois de sa constitution. Dans ce cas :
- Soit :
Dans le cas où le projet de constitution tombe à l’eau. Dans cet exemple, un des fondateurs
avait conclu le bail au nom de la société en formation. Mais imaginons que les deux autres
fondateurs ne sont plus partants pour diverses raisons. La société n’est pas constituée et le
fondateur qui a conclu le contrat de bail est tenu pour responsable de l’engagement. Il est
personnellement tenu, il devra payer le bailleur.
Toujours dans le cadre de cet exemple. Imaginons que les associés ont des doutes quant à
l’utilité de ce contrat de bail pour la société. Le conseil d’administration se réuni et à deux voix
contre trois il est décidé de ne pas reprendre le contrat de bail.
o Le promoteur est tenu. Ça veut dire que le promoteur est tenu sauf si la
société se constitue dans les délais et reprend l’engagement dans les délais.
Ça veut dire que dès l’origine le promoteur est tenu sous une condition
résolutoire qui est la constitution de la société et la reprise de l’engagement
dans les délais. C’est une condition résolutoire et non une condition
suspensive (si c’était le cas le bailleur n’aurait personne a qui demander le
payement avant la constitution de la société, avec la condition résolutoire,
les loyers sont exigible et donc le bailleur peut demander au promoteur de
les payer).
NB : Une fois que la société est constituée dans les délais et qu’elle reprend l’engagement dans
les délais. La société rembourse le promoteur.
Une manière de palier le risque qu’un des associés soit le seul tenu pour responsable est
d’impliquer tous les associés à ce contrat de bail.
Le promoteur qui va signer le contrat de bail peut aussi exiger un engagement préalable des
autres associés qui s’engagent à le désintéresser si jamais la société ne se constituait pas ou ne
reprenait pas l’engament.
5. Analyse juridique
Cette disposition établit une fiction : dans les limites de cette disposition, la société en formation
peut prendre des engagements comme si elle bénéficiait de la personnalité morale. La technique
de la fiction permet à la personnalité morale de rétroagir à un moment antérieur à la constitution.
Dans ce système, ceux qui prennent un engagement au nom d’une société en formation
contractent au nom de celle-ci mais sont personnellement tenus sous la condition résolutoire de
la constitution et de la reprise des engagements.
6. Modalités de la reprise
La société ne peut pas reprendre l’engagement avant le dépôt de l’acte constitutif au greffe.
Pourquoi ? On va voir que l’organe qui à toutes les compétences (sauf celles réservées par la
loi pour un autre organe), c’est l’organe d’administration. C’est lui qui est compétent pour
conclure un contrat de bail dans une société et pour reprendre un engagement conclu au nom
d’une société en formation, c’est toujours l’organe d’administration. Les organes et notamment
l’organe d’administration n’existe que dans les sociétés dotées de la personnalité morale. Il
faudra donc TOUJOURS attendre le dépôt de l’acte constitutif au greffe avant que le conseil
d’administration puisse reprendre l’engagement.
QUIZZ :
2. Les statuts sont déposés aux greffes et déposé aux annexes du moniteur Belge
3. L’acte constitutif n’est pas confidentiel => ça intéresse tous les tiers
6. La nullité d’une société dotée de la PM peut être prononcé par décision judiciaire, par
une décision arbitrale que si y a une clause dans le statut qui prévoit une clause
d’arbitrage) mais JAMAIS par une décision unanime des associés. C’est une question
de sécurité juridique.
8. Le fondateur d’une société sans PM peut conclure un contrat de bail pour la société.
9. Si le fondateur d’une SA conclut un bail pour cette SA en formation net que cette SA
reprend le bail. Cette SA est censée avoir conclu le bail à la date à laquelle le fondateur
a conclu le contrat à il y a comme une rétroactivité de la personnalité morale lié à cet
acte spécifiquement.
Section 3 – Financement
Sans financement une société ne sait pas fonctionner. Il y a eu des discutions sur l’opportunité
d’abroger le capital des anciennes SPRL qui sont devenu des SRL. Mais il faut rester pratique,
si on constitue une société et qu’on ne lui apporte pas de fond, pas de bien matériel, les chances
de cette société de fonctionner correctement sont extrêmement réduite. Il faut faire preuve de
beaucoup d’imagination pour imaginer une société qui pourrait fonctionner sans apports
initiaux de ses associés.
I. Types de financement
1. Introduction
A. Apport
1. Nécessité
Le premier mode de financement d’une société résulte des apports en numéraire par ses
associés.
Ce sont des apports fait par les associés essentiellement en argent ou en numéraire. Les apports
en nature peuvent aussi être utile (ex :si un associé apporté un immeuble pour la société installe
son siège). Mais le problème de cet apport en nature ce qu’ils ne sont pas liquides. Ce n’est pas
avec ces biens que la société va pouvoir payer les dettes qu’elle encourra dans son exploitation.
De même des apports en industrie peuvent être absolument déterminant mais constituer une
société uniquement avec ce type d’apport est assez théorique.
Ex : une société qui est une start-up et qui fabrique des jeux vidéo. Sans les connaissances des
associés qui vont leur fournir un apport en industrie, sans leur engagement de développer ses
jeux. La société n’a aucune chance.
Donc, ça ne veut surtout pas dire que les apports en nature ou en industrie, ne présente pas
d’intérêt pour la société. Ce que la prof veut dire c’est qu’une société à besoin de financement
pour fonctionner et une des premières sources de financement c’est les en espèces (numéraires)
que lui font les associés, les actionnaires.
En contrepartie de son apport, l’actionnaire ou l’associé va recevoir des actions qui vont lui
conférer une série de droits dans la société et notamment le droit de voter à l’assemblé général
et le droit de percevoir des dividendes si la société réalise des bénéfices.
Les apports sont soumis aux aléas sociaux. C’est-à-dire que si la société réalise des bénéfices,
ses apports vont fructifier, les associés vont recevoir des dividendes si la société est dissoute
tout en étant in boni. Ils vont non seulement recevoir en retour la valeur de leur apport mais
aussi un boni de liquidation. Par contre si la société éprouve des difficultés financières, ils ne
recevront pas de dividende et lors de la dissolution de la société, ils ne recevront rien du tout,
même pas la valeur de leur apport.
2. Caractéristiques
Un apport ne crée pas une dette dans le chef de la société vis-à-vis de ses actionnaires. Ce qui
est apportés à la société va faire partie de ce qu’on appelle, ses « fond-propre » qui sont inscrit
au passif du bilan. Pourquoi ?
Dans un bilan, il y a deux côtés. Le coté de l’actif et le côté du passif. Quand un associé fait un
apport à la société (par exemple : j’apporte 1000 euros à la société), à l’actif la société a 1000
euros.
Les apports ne représentent pas une dette de la société envers les apporteurs, même si le poste
« capital » dans la SA (et les réserves dans les autres sociétés) est inscrit au passif du bilan.
Si on a affaire à une société anonyme avec un capital, les 1000 euros que j’apporte à la société
vont entrer dans la composition du capital. Donc on inscrit toujours le capital au passif.
Nous avons 1000 au passif et 1000 à l’actif. C’est une règle de base, le total de l’actif est du
passif doivent toujours être équilibrer.
Donc les apports permettent de financer la société mais il ne crée pas une dette dans le chef de
la société. Si la société est déclarée en faillite, elle devra respecter les règles relatives aux suretés
et privilèges ses créanciers mais elle ne devra pas rembourser ses actionnaires/associés. Ce n’est
que si la société à rembourser tous ses créanciers à concurrence de 100%, que les associés
pourront le cas échéant récupérer la valeur de leur apport.
A noter donc que ce n’est pas interdit par la loi qu’une société n’est pas au départ des apports
en espèces mais en pratique c’est compliqué.
B. Emprunt
L’emprunt est également une source de financement très importante de la société. La société
peut contracter des emprunts auprès des associés et/ou de tiers, par exemple des établissements
de crédit.
Les avances faites par les associés peuvent faire l’objet d’un contrat en bonne et due forme mais
sont souvent inscrites dans un compte-courant. L’emprunt peut prendre une série de forme.
La société peut solliciter un emprunt auprès d’une banque, mais la banque ne sera pas désireuse
de consentir un prêt à une société si cette société n’a pas d’actif parce que les actionnaires n’y
ont pas apporté d’argent, de bien nature ou bien extrêmement peu. Pourquoi la banque
accepterait-elle de faire un prêt à une société si les actionnaires ne font pas confiance à la société
et eux même se dispense des apports à la société. Au plus les actionnaires ce seront montrer
enthousiaste dans leur apport, au plus c’est un signal positif pour la banque qui pourrait être
inciter à accorder un prêt.
De toute façon dans les sociétés à responsabilité limité, il est assez théorique d’imaginer qu’une
banque va consentir un prêt sans avoir une garantie. En quoi consiste cette sureté ?
Si la société à des actifs (suppose que les associés lui en est apporté) la sureté peut constituer
en un immeuble que la société dispose ou encore une caution personnelle des associés (ces
cautions sont un peu en perte de vitesse auprès des banques vu la multiplication des règles qui
tente à protéger les cautions de personnes physiques et donc à rendre les cautions inefficaces.
Cet emprunt peut aussi être fait auprès des actionnaires. Bien sûr, les actionnaires sont obligés
de faire un apport mais les actionnaires peuvent aussi prêter de l’argent à la société.
- Il peut s’agir d’un prêt en bonne et due forme. L’actionnaire joue le rôle de banquier
auprès de la société.
- Mais ce qui est beaucoup plus fréquent, c’est l’organisation de concourant entre la
société et un ou plusieurs de ses actionnaires.
2. Compte-courant d’associés
Qu’est-ce que c’est qu’un concourant ? c’est un compte dans lequel les créances et les dettes
mutuelles des parties vont entrer et vont se transformer. Ce ne seront plus des dettes et des
créances mais ce seront des articles d’un compte et seul le solde sera exigible.
Un compte-courant est donc un compte ouvert entre deux personnes physiques ou morales qui
conviennent de transformer leurs créances et leurs dettes réciproques en articles de débit et de
crédit dont le solde sera seul exigible.
Le compte-courant d’associé résulte de l’inscription d’une part d’avances faites par un associé
à la société et d’autre part de dettes de la société envers l’associé (remboursement de frais,
sommes dues à titre de dividendes, etc.)
Il ne fait l’objet d’aucun formalisme mais devrait idéalement faire l’objet d‘une convention
précisant ses modalités de fonctionnement et en particulier le taux d’intérêt dû par la partie en
négatif.
- Ce mode de financement est très souple puisque l’associé peut alimenter le compte-
courant sans formalités au fur et à mesure des besoins de la société ;
- Si le compte-courant est positif, l’associé est créancier de la société, et, sauf convention
contraire, sa créance n’est pas subordonnée à celle de la société.
Ce n’est pas du tout anormal qu’on est une société financée très peu par des apports et beaucoup
plus par des avances faites en compte courant par des associés ou actionnaires.
C. Obligations
1. Notion
Il n’existe pas en droit belge de définition légale de la notion d’obligations (au sens de titres).
On considère généralement que les obligations sont des titres en principe négociables,
représentant la fraction d’un emprunt collectif et donnant droit à un intérêt annuel et au
remboursement du principal.
Les obligations sont d’une certaine manière, une forme d’emprunt. La société qui veut un
emprunt peut s’adresser à une banque, à des actionnaires mais elle peut également s’adresser à
un public plus large qui serait désireux de lui avancer des fonds (mais des fonds dans une
mesure beaucoup plus limité que la banque est susceptible d‘avancer).
Les obligations sont des titres qui représentes une fraction d’un emprunt. Imaginez qu’une
société a besoin d’1 million d’euros. Elle peut bien entendu s’adresser à sa banque pour lui
demander de lui avancer 1 million. Elle peut aussi s’adresser à un public plus large (à 1000
personnes par exemple), pour demander à chacune de lui prêter 1000 euros.
Les obligations sont donc la fraction d’un emprunt collectif et ces obligations vont être
représenté par des titres que la société va émettre.
On voit régulièrement dans la presse financière que telle société à émit des obligations qui sont
offertes aux publics.
La durée d’une obligation, dépend des obligations à l’autre. Il y a des obligations à 3, 5, 10, 20,
etc. Ce sera fixé dans les conditions d’émission.
Les principales sociétés qui émettent des obligations : SA. Les autres sociétés peuvent le faire
mais c’est beaucoup plus rare.
2. Organe compétent
En principe, l’organe compétent d’une société, d’une association ou d’une fondation pour
émettre des obligations est son organe d’administration mais les statuts pourraient attribuer
cette compétence à l’assemblée générale.
L’organe compétent pour émettre des obligations l’est aussi pour en fixer les conditions
(montant, durée, taux, etc.).
3. Forme
Les obligations émises par une société, une association ou une fondation incorporent une
créance financière à leur égard et constituent donc des titres.
- Soit nominatif : c’est-à-dire des titres dont l’existence résulte de l’inscription dans le
registre des obligations nominatives
C’est la même règle que pour les actions qui peuvent être nominatives ou dématérialisé.
4. Types d’obligations
Ce type d’obligation dont on parle, ce sont des obligations « plain vanilla », par allusion aux
glaces les plus simples (vanille) mais les obligations peuvent être un petit peu plus sophistiqué.
Par exemple :
- Les obligations hypothécaires, ce sont des obligations qui sont garanti par une
hypothèque sur un ou plusieurs immeubles de la société.
- Il y a aussi les obligations subordonnées. C’est une obligation qui sera remboursé
qu’après certaines dettes (énumérer dans les conditions d’émission) de la société. à
c’est un type d’obligation plutôt réservé à des investisseur institutionnelle car certaine
banque qui font des prêts impose que certaines dettes lui soit subordonné.
Ces exemples ne sont pas limitatifs. Les sociétés peuvent, dans les limites des règles du DSA,
créer toutes type d’obligation qu’elles souhaitent.
Les obligations sont un instrument qui concerne surtout les grandes sociétés (SA), l’émission
elle-même relève d’une grande complexité. Et l’émission d’obligation signifie souvent que la
société a besoin d’un montant important qui ne peut pas être mis à disposition par une banque.
5. Régime
Sous réserve des règles de droit financier, le régime des obligations est organisé́ par le CSA
uniquement pour les SRL, les SC et les SA (infra).
Le régime des obligations émises par les autres sociétés, les associations et les fondations est
contractuel, à défaut d’autres règles légales.
Les conditions d’émission des obligations peuvent s’inspirer des règles du CSA en la matière,
à l’exception bien entendu des règles relatives aux obligations convertibles en actions (les
associations et fondations ne pouvant pas émettre des actions).
Elles peuvent par exemple organiser des assemblées générales des obligataires et leur permettre
de prendre à la majorité des décisions qui lient tous les obligataires, telles que, moyennant
l’accord de l’émetteur, la modification du taux des intérêts ou le remboursement anticipé des
obligations.
Les obligataires ont uniquement les droits qui leur sont attribués par les conditions d’émission
et les statuts :
- Le taux d’intérêts auquel ont droit les obligataires (sont les personnes qui souscrivent
des obligations) sont ceux prévues aux conditions.
- Ils ont droit aux remboursements du principal à l’échéance de l’obligation dont la durée
est fixée par les conditions d’émissions.
o Le droit d’assister aux assemblées générales des associés ou membres (sans voix
délibérative),
D. Crowdfunding
1. Notion
Le crowdfunding est un mode de financement qui consiste à récolter des fonds auprès du public
afin de financer des projets généralement via une plateforme en ligne où sont mis à disposition
les contrats, les bulletins de souscription, etc.
2. Régime
Lorsqu’il concerne des titres, le régime du crowdfunding résulte d’une combinaison de règles
applicables à ces titres et de règles de droit financier
1. Avertissement préalable
Ces obligations peuvent, par exemple, être offerte aux publics en général. C’est le cas
généralement des banques qui doivent lever des fonds et qui émettent des obligations. Cela
suppose le respect d’une série de règle qui ne relève pas strictement du droit des sociétés mais
qui ont un impact sur la vie des sociétés. C’est la raison pour laquelle on va parcourir brièvement
le droit financier.
On va brièvement voir les principales contraintes qui vont assortir la levée de fond par une
société (point A, B et C).
A. Monopole d’intermédiation
1. Notion d’intermédiation
à Article 4,6° de la Loi du 11 juillet 2018 relative aux offres public d’instruments de placement
et aux admissions d’instruments de placement à la négociation sur des marchés règlementés
Quand une société émet des titres (action ou obligation qu’elle offre en public en général),
généralement, il est impossible de se passer de l’intervention d’un tiers (qui est généralement
un établissement de crédit). Les agences de la banque vont jouer un rôle important, en avisant
ses clients de l’existence de cette offre et en jouant un rôle dans la remise des titres qui sont
émis par la société.
L’intermédiation, désigne le fait, pour une personne, d’intervenir dans le placement de ces
actions ou obligations. Elle intervient pour le compte de la société qui soit émet de nouveau
titre, soit offre de nouveau titre. Par exemple, une société à ses propres actions en portefeuille,
elle peut offrir ses titres aux publics.
Nb : en matière financière l’instrument de placement est un terme cacth all, tandis que la notion
de valeur mobilière est un terme plus étroit. Mais ce qu’il est important de retenir, c’est que ces
termes désignent les actions ou dès les obligations. La prof va nous parler ici des actions et
obligation qui non rien à voir avec l’instrument de placement.
2. Monopole
Cette intermédiaire ne peut pas être n’importe qui compte tenu de la responsabilité qui est
attaché à ce placement. C’est la raison pour laquelle la loi a prévu un monopole en faveur de
certaines entreprises réglementées dont notamment les établissements de crédit et des
entreprises d’investissement (art. 21 loi du 11 juillet 2018).
Cette rémunération va être fonction d’une série de critère dont l’État du marché, la réputation
de la banque, de son réseau d’agence, etc. La rémunération d’un établissement de crédit va
résulter d’une négociation entre la banque et la société.
o Faire appel à une banque permet de garantir que l’opération se déroulera mieux
Inconvénient :
o Le coût
La loi n’impose cependant pas de recourir à un intermédiaire : l'émetteur peut placer lui- même
les instruments qu'il émet (art. 21, al. 2, a) ou confier cette tâche à une entreprise liée si l'offre
s'adresse aux membres du personnel de l'entreprise liée (art. 21, al. 2, c).
Les investisseurs qualifiés sont essentiellement des entreprises réglementé qui de par leur objet
ont une connaissance aiguë de tous ces mécanismes de sorte qu’il n’est pas nécessaire pour
assurer le sérieux de l’opération de faire intervenir un intermédiaire établissement de crédit.
Elle ne doit pas faire appel à un intermédiaire qui jouit d’un monopole d’intervention car le
cercle restreint auquel elle s’adresse ne justifie pas l’intervention de la banque.
Dans le cas du crowdfunding qui a pour objectif de fournir à la personne qui apporte des fond
une contrepartie. Cette contrepartie peut être extrêmement diversifiée.
Exemple : Kingstarter. Exemple d’étudiant à financer un jeu vidéo et le recevoir dans les
premiers. Kingstarter à la particularité qu’elle a pour objet de soutenir des projets qui sont
créatif. Il y a d’autres plateformes spécialisées dans le placement des instruments
financiers (actions et obligation). Ce n’est pas sur Kingstarter qu’on va acquérir des actions et
obligations.
Crowdfunding est destiné à soutenir des projet désintéressé (kiss kiss bang bang). Il est utilisé
pour placer des actions ou obligations ou d’autres instruments financiers. Ce n’est jamais la
société elle-même qui exploite cette plateforme électronique, dans la mesure l’exploitation de
cette plateforme est assez compliquée d’un point de vue technique. C’est un tiers qui va
exploiter cette plateforme, il va le faire en contrepartie d’une rémunération.
Ce tiers est intermédiaire au sens définit par la loi. C’est-à-dire qu’il va intervenir dans le
placement d’instrument financier pour le compte de la société qui émet les actions, les
obligations ou autres titres.
Le crowdfunding va notamment être utilisé pour les start-up. L’intérêt c’est de lever des fonds
à un prix qui est moins élevé que les mécanismes traditionnels de fond. Moins élevé car on va
échapper au monopole des établissement de crédit mais aussi à la nécessité de rédiger un
prospectus (VOY les points suivants).
B. Offre publique
1. Notions
Quand il y a t-il offre publique d’instrument de placement ? Il faut se rappeler les notions de
droits des obligations. Quand on lui communique un ensemble d’éléments suffisamment précis
sur l’opération à conclure, de sorte que le destinataire de l’offre, n’a qu’à l’accepter.
L’offre publique d’action, de titre, d’obligation participent à la même idée. Il y a une offre au
public quand une personne adresse une offre à des personnes tout en lui communiquant des
informations suffisantes, de sorte que le destinataire n’a qu’a accepté ou refusé l’offre. Elle
dispose des éléments nécessaires pour prendre sa décision.
(i) Principes
Ce règlement et cette loi tente de protéger les investisseurs, donc ceux qui vont souscrire les
instruments de placement, en imposant à la société qui fait les offres, de rédiger un prospectus.
La règle d’or c’est qu’une société qui fait un appel au public pour placer ses titres doit rédiger
en principe un prospectus. De même si elle fait admettre ses titres sur un marché règlementé,
elle doit rédiger un prospectus. à article 1, §1 du règlement.
Une petite startup qui fabrique des jeux vidéo, cette entreprise prospère mais bientôt elle aura
besoin de beaucoup plus de fond pour se développer. Ce qu’elle peut faire, c’est un appel aux
publics pour placer ses actions voire des obligations. La société qui s’adresse au public devra,
en principe, rédiger un prospectus, mettre celui-ci à la disposition des investisseurs qui
pourront, en connaissance de cause, si oui ou non ils acceptent l’offre.
On peut aussi imaginer qu’une entreprise ait au fil du temps extrêmement diversifié son
actionnariat (qui atteint les milliers de personnes). Le problème si ces actions ne sont pas sur
un marché réglementer, c’est que ces actions ne sont pas extrêmement liquides. La société
pourrait alors faire admettre ces actions sur un marché réglementé.
Si Une société fait admettre ses actions sur le marché règlementé ça veut dire que n’importe
qui peut à n’importe quel moment acquérir ses actions. Si une société est côté en bourse,
n’importe qui peut acheter ses actions. Et si n’importe qui peut acheter ses actions et bien
l’investisseur potentiel mérite autant de protection que les investisseurs qui acquièrent des
actions dans le cadre d’une offre publique. C’est la raison pour laquelle la société doit établir
un prospectus tant en cas d’offre publique de valeur mobilière que lorsqu’elle fait
admettre ses actions sur Euronex.
Dans les deux cas, n’importe quel investisseur est susceptible d’acquérir des actions, de sorte
que le législateur à estimer qu’il fallait protéger ses investisseurs. Ces investisseurs vont être
protégé grâce à la rédaction d’un prospectus qui va être soumis à l’approbation de la FSMA
(art. 20 du règlement).
Un prospectus est un document généralement très volumineux (une brique) et qui va décrire
(art. 13 et s. du règlement) :
- La société sous tous ses aspects (ce qu’elle fait, ce qu’elle réalise, les comptes, ses
résultat prospectifs à ce qu’elle espère faire comme résultat)
- Des informations sur les titres à émettre. Par exemple : ce sont des actions qui donne
droit à des dividendes privilégié ou pas, etc.
- Partie du prospectus relatif au facteur de risque : la société doit être très prudente
lorsqu’elle décrit les risques auxquelles elle est confrontée (ex : pour une société
immobilière ça ira de l’effondrement du marché immobilier à l’obsolescence des
techniques utilisés pour la ventilation, les risques d’accident). Ce sont des passages très
développer car ils sont rédigés par des avocats qui envisage de manière pessimiste toutes
les situations pour lesquelles l’investisseur pourrait engager la responsabilité de la
société. On essaye d’envisager le pire pour éviter qu’un investisseur se retourne vers la
société. Ce qui explique que ces prospectus soit long, illisible et indigeste. On arrive
dans une situation, ou l’excès de protection voulu par le législateur tue un petit peu la
protection conférée aux investisseurs.
ð Le prospectus est un document assez couteux car il va mobiliser des forces tant au sein
de la société qu’en dehors de la société pour sa rédaction. Le département financier de
chaque société est au centre du processus mais toute une série de département vont
intervenir en fonction de l’activité que fait la société (ex : société pharmaceutique va
devoir mobiliser le département les départements qui s’occupe de la recherche).
ð Ça prend un certain temps à rédiger et après l’avoir rédigé il faut qu’il soit contrôlé par
la FSMA.
Il doit être mis à la disposition du public au plus tard au début de l’offre ou de l’admission à la
négociation sur un marché réglementé. Il est réputé être mis à la disposition du public lorsqu’il
est publié sous forme électronique sur le site de l’émetteur, des intermédiaires financiers ou du
marché réglementé (art. 21 du règlement).
(ii) Exceptions
Le règlement et la loi prévoient ces exceptions. Pourquoi la loi et le règlement ? Les règlements
européens s’appliquent directement dans les EM (effet direct = ne doit pas être transposer en
principe). Mais dans certains cas, les règlements autorisent les législateurs nationaux à
intervenir dans les limites qu’ils fixent. Ces le cas en l’espèce. Voici les principales exceptions :
- Offre de valeurs mobilières par un organisme sans but lucratif d’un état membre de
l’Espace Economique européen, en vue de se procurer les moyens nécessaires à la
réalisation de ses objectifs non lucratifs (règlement, art. 1, §2) ; (voy infra).
- Offres de valeurs mobilières adressées à des investisseurs qui acquièrent ces valeurs
pour un montant total d’au moins 100.000 EUR par investisseur et par offre distincte
(art. 1, § 4, d) ; explication similaire à l’exception précédente - ces exceptions
auraient pu être regroupées.
- Lorsque le montant total de l’offre dans l'Union est inférieur ou égal à un montant
de 5 millions EUR, calculé sur une période de 12 mois (loi du 10 juillet 2018, art.
7, § 1) : si une société émet une offre pour un montant inférieur à 5 millions d’EUR,
cette société ne devra pas établir de prospectus. Ce montant se calcul sur une durée
de 12 mois ; donc pas question pour une société de faire une offre par exemple au
mois de janvier de 3 millions d’EUR, puis au mois de mars 2 millions et au mois de
septembre une offre pour 4 millions car au totale sur 12 mois > à 5 millions.
ces actions, elle ne doit pas rédigé un nouveau prospectus si elle fait admettre 200 000
nouvelles actions sur ce marché (puisque 200 000 = 20% des actions déjà émises soit 1
million). ATTENTION ; cela suppose qu’ils s’agissent des mêmes titres!.La société ne
pourrait pas dire qu’elle a déjà des actions admises sur Euronex donc mettre des
obligations sur le marché réglementé sans émettre de prospectus à la loi parle de valeurs
fongibles = parfaitement échangeables les unes avec les autres.
Faut-il rédigé 2 prospectus en cas d’offre au public ET d’admission sur un marché réglementé
? Non, si une société émet des actions sans pouvoir se prévaloir d’une exception à la nécessité
de rédiger un prospectus et que le but est d’immédiatement faire admettre ces actions à la
négociation sur Euronex, elle rédige un seul prospectus.
La loi du 11 juillet 2018 requiert la publication préalable d’une note d’information dans une
série de cas dans lesquels un prospectus ne doit pas être publié.
La note d'information est un document bref qui ne peut pas excéder 15 pages format A4 ; la loi
limite sa longueur (art. 12, § 3, 1°). Elle ne doit pas non plus être approuvé par la FSMA. Elle
constitue une information précontractuelle. Elle doit notamment contenir des informations
sures :
- l'émetteur,
- le montant,
- la nature,
- les caractéristiques des instruments de placement offerts ou à admettre à la négociation,
La note d'information est mise à la disposition du public au plus tard le jour de l'ouverture de
l'offre au public ou de l'admission à la négociation. Elle est réputée être mise à la disposition
du public dès qu'elle est publiée sous une forme électronique sur le site web de l'émetteur et, le
cas échéant, sur celui des intermédiaires financiers (art. 17). Elle doit également être déposée
auprès de la FSMA, qui la publie sur son site internet (art. 18).
- offres au public d'instruments de placement dont le montant total dans l'Union est
inférieur ou égal à un montant de 500.000 EUR, calculé sur une période de 12 mois
(art. 10, § 3, 2° : exemption de minimis) ;
- offres au public d’instruments de placement par un organisme sans but lucratif d’un
Etat membre de l’Espace Économique européen, en vue de se procurer les moyens
nécessaires à la réalisation de ses objectifs non lucratifs (art. 10, § 2, 5°).
1. Notion
Les fonds remboursables sont les fonds mis à la disposition de celui qui les reçoit (à la suite de
dépôts, d’emprunts, de l’émission d’obligations), qui peut les utiliser pour son propre compte
et est contractuellement tenu à un remboursement en principe équivalent au moins au montant
nominal des fonds reçus.
Exemple : on fait un dépôt à la banque, la banque est dans l’obligation de nous rembourser. Il
en existe d’autres types ; par exemple on souscrit à une obligation classique à une société, la
société émettrice de ces obligations doit nous rembourser ces fonds. Si une entreprise lève des
fonds via une plateforme de crowdfunding, si les conditions de cette levée de fonds est que la
société doit rembourser les fonds si elle n’attend pas un certain montant déterminé. Ceux qui
ont apporté des fonds se verront rembourser.
Une personne est réputée recevoir du public des dépôts d'argent ou d'autres fonds
remboursables ou faire appel au public en vue de recevoir de tels dépôts ou fonds, si une ou
plusieurs des circonstances suivantes est réalisée :
- La mise en œuvre de procédés de publicité de quelque nature qu’ils soient, visant plus
de 50 personnes et destinés à annoncer ou à recommander la sollicitation de dépôts ou
d’autres fonds remboursables.
Est considéré comme procédé de publicité l’utilisation de toute technique visant à porter la
sollicitation de dépôts à la connaissance du public, et notamment :
2. Monopole
Qui sont-elles ?
- La Poste
L’entité qui recourt au crowdfunding est soumise aux règles en matière de dépôts de fonds
remboursables si elle s’adresse à plus de 50 personnes ou fait exploiter la plateforme par un
intermédiaire, peut disposer librement des fonds (ne fût-ce que pendant une certaine période)
et s’engage à rembourser les fonds, même si c’est uniquement dans l’hypothèse dans laquelle
un montant minimal n’est pas atteint à l’issue d’une période de souscription.
QUIZZ :
1) Les apports constituent une source de financement de la société. On pourrait imaginer que
si les associés sont prêts à faire des apports importants, que ce soit sa seule source de
financement.
2) Les apports ne représentent pas une dette de la société envers les associés. Les associés
ne peuvent pas s’adresser à la société en lui demandant de rembourser les apports. Ce
n’est que dans l’hypothèse d’une limitation au bénéfice de la société que la société
rembourserait le montant des apports mais ce n’est pas une dette.
3) L’assemblée générale ne peut pas décider seules de l’émission d’obligations plain vanilla
(= ordinaires). Qui peut emmener des obligations ? L’organe qui a la compétence
résiduaire dans la société ; la compétence de faire tout ce qui n’est réservé par la loi à un
autre organe. Généralement, l’organe qui dispose de cette compétence est attribué au
conseil d’administration. Il ne faut même pas de clause dans les statuts pour réserver les
missions d’obligations.
6) En cas d’offre public d’actions pour un montant d’1 million d’EUR, la société émettrice
doit rédiger une note d’information. (entre 500 000 et 5 millions
7) Le crowdfunding est un mode de financement qui consiste à réciter des fonds auprès du
public afin de financer des projets généralement via une plateforme en ligne en vue de
recevoir une contrepartie (= pas nécessairement en action) ou de soutenir gratuitement un
projet.
8) En cas de crowdfunding, le tiers rémunéré qui exploite la plateforme en ligne sur laquelle
a lieu la promotion du projet doit en principe avoir le statut d’établissement de crédit ou
d’entreprise d’investissement (ou un autre statut admis par la loi). Il existe une procédure
d’agrémentation prévu par la loi.
9) Si une start-up recourt au crowdfunding pour lever des fonds, en fonction du montant de
l’offre, elle devra rédiger un prospectus ou bien une note d’information ; + ou = à 5
millions à prospectus // entre 5Millions et 500 000 EUR ànote d’information // moins
que 500 000 EUR = rien du tout.
10) Le monopole des fonds remboursables fait-il obstacle à ce qu’une société citée émette des
obligations ? Non, le monopole est relatif. Toute société peut recueillir un tel dépôt pour
autant que la société respecte les dispositions de la loi du 11 juillet 2018 en matière de
prospectus ou de note d’information.
I. Introduction
Le CSA prévoit des organes d’administration différents en fonction des sociétés mais comporte
certaines règles communes à tous les membres des organes d’administration.
Tant des personnes physiques, pour autant qu’elles soient capables, que des personnes morales,
pour autant que l’exercice d’un mandat d’administrateur entre dans l’objet de cette personne
peuvent
morale, être désignées comme membres des organes d’administration.
Attention ; Pour les personnes morales, il faut vraiment que l’exercice d’un mandat
d’administrateur entre ou à tout le moins soit compatibles avec l’objet social de cette personne
morale.
Par le passé, il était tentant de constituer une personne morale pour exercer d’un mandat
d’administrateur, d’une part pour des raisons fiscales et d’autres part pour des raison de
limitation de responsabilité. Ex ; une personne est administrateur d’une SA et elle commet des
fautes ; sa responsabilité personnelle pourrait donc être engagée. Dans le passé, il eut été tentant
de constituer une SPRL puisque la responsabilité des associés de ce type de société est limitée
au montant de l’apport. Si la société administrateur voyait sa responsabilité engagée, en principe
l’associé de cette SPRL échappait à sa responsabilité. Le législateur a considéré que cette
technique d’avoir comme administrateur des personnes morales pouvait causer un préjudice à
la société administrée. Exemple ; une SA administrée et une SPRL administrateur. La technique
peut causer des problèmes à la SA. Pour deux types de raisons :
- (théorique) L’associé peut prendre des risques inconsidérés en se disant qu’il est tout
de même couvert par sa SPRL.
- Si une société est administrateur d’une autre société, il se pourrait qu’au différentes
réunions du conseil d’administration, la société administrateur envoie comme un
représentants différentes personnes de sorte qu’il n’y ai aucun suivi !
Ce sont les raisons pour lesquelles le législateur a imposé que quand une société est
administrateur d’une autre société elle doit impérativement désigné une personne physique
comme représentant ; Aux termes de l’article 2:55, alinéa 1 du CSA, « Lorsqu’une personne
morale assume un mandat de membre d’un organe d’administration ou de délégué à la gestion
journalière, elle désigne une personne physique comme représentant permanent chargé de
l’exécution de ce mandat au nom et pour le compte de cette personne morale. Ce représentant
permanent doit satisfaire aux mêmes conditions que la personne morale et encourt
solidairement avec elle les mêmes responsabilités civiles et pénales, comme s’il avait exercé ce
mandat en son nom et pour son compte ».
Le représentant permanent doit nécessairement être une personne physique. C’est la personne
morale administrateur (et non la société administrée) qui choisit son représentant permanent.
L’organe compétent pour procéder à sa nomination est son organe d'administration.
1) À titre personnel,
2) Comme représentant permanent d’une société X et
3) Comme représentant permanent d’une société Y.
La règle selon laquelle le représentant permanent encourt les mêmes responsabilités que la
personne morale administrateur n’incite pas à être représentant permanent d’une personne
morale solidairement responsable avec la société administrée.
C’est la raison pour laquelle le CSA prévoit que le représentant permanent d’une personne
morale qui est gérant et associé dans une SNC ou une SComm, ou qui est l’administrateur
unique d’une SA dont les statuts prévoient que l’administrateur est solidairement et
indéfiniment responsable des obligations de la société, ne contracte aucune responsabilité
personnelle relative aux engagements de la personne morale (art. 2:55, al. 3).
Le même problème se pose si on se trouve dans une SNC (société administrée) ; société dans
lesquelles les associées sont tout solidairement responsables des engagements pris par la
société. Parmi, les associés (qui sont également les gérants) de cette SNC, il y a a une SRL. La
SRL engage sa responsabilité pour toutes les dettes de la SNC comme n’importe quel autre
associé. Imaginons que cette SRL soit nommé gérante de la SCN. Entant que gérante, elle doit
désigner un représentant permanent. à problème : est-ce que cette personne physique, sera
responsable de toutes les dettes de la SCN au seul motif qu’elle est représentant permanent
d’une SRL administrateur ? C’est logique, dans le système du législateur, que la personne
physique réponde au même titre que la SRL des fautes qu’il a commise en qualité
d’administrateur. Mais c’est beaucoup moins logique que la personne physique de toutes les
dettes de la SNC parce qu’elle est représentant permanent de la SRL qui elle en sa qualité
d’associé répond de toutes les dettes de la SNC. Alors que l’objectif du législateur était bien de
limité la responsabilité de la personne physique à la responsabilité de personne morale
administrateur encouru avec sa casquette d’administrateur.
C’était un problème qui se pose sous l’empire du code des sociétés. Le législateur y a remédié
dans le CSA ; en précisant bien que la personne physique qui est représentant permanent d’une
personne morale administrateur, répond de la même responsabilité que cette personne morale
uniquement en sa qualité d’administrateur et non pas pour toutes dettes de la société (= et non
en sa qualité d’associé)
Autre technique utilisé sous l’empire du code des sociétés ; imaginons une SA qui a un seul
actionnaire (= Antoine). Imaginons que ce dernier crée une SRL 1 qui est désigné comme
administrateur de la SA. La SRL 1 doit désigner un représentant permanent ; Antoine. Mais
dans la SA, sous réserve du modèle de l’administrateur unique et du principe de la structure
duale, il faut en principe 3 administrateurs. Alors, Antoine crée une SRL 2 qui désigne comme
représentant permanent Antoine. Il crée encore une SRL 3 dont il serait lui-même représentant
permanent ou bien il décidera d’assumer le rôle du 3ème administrateur lui-même en personne
physique. Donc en théorie, on aurait les 3 administrateurs. Mais en pratique, il n’y aurait qu’une
seule et même personne qui exerce le rôle des 3 administrateurs ; Antoine qui s’est dédoublé
un certain nombre de fois grâce à ça technique de création de sociétés. Ceci ne correspond pas
à l’intention du législateur ; le conseil d’administration est un organe à caractère délibératif, il
faut donc nécessairement que plusieurs personnes soient présentes pour délibérés. Le législateur
a donc tout simplement interdit ce dédoublement qui consiste à créer plusieurs personnes
morales qui désignent le même représentant permanent. Une même personne physique ne peut
pas en plusieurs qualité différentes assisté au conseil d’administration.
- Interdiction prévue par le livre XX du CDE : à Les interdictions reprises dans le CDE
s’inspirent de l’idée que en cas de faillite, certaines personnes peuvent avoir démontrer leur
incapacité totale à pouvoir gérer une société. Il faut donc pouvoir leur interdire d’exercer des
mandats d’administrateur. Les cas qui donnent lieu à une interdiction sont assez sérieux ;
¬ Le tribunal qui a déclaré la faillite peut, s'il est établi qu'une faute grave et
caractérisée du failli a contribué à la faillite, interdire, par un jugement
motivé, à ce failli d'exploiter, personnellement ou par interposition de
personne, une entreprise (CDE, art. XX.229, §1). Comme l’exercice d’un
mandat d’administrateur comme activité professionnelle à titre indépendant
constitue une entreprise, cette interdiction vise notamment l’exercice des
mandats d’administrateur à titre d’activité professionnelle. ; —> faute grave
et caractérisée du failli ou d’une personne assimilée ayant contribué à la
faillite = interdiction d’exploiter une entreprise. Ex: un homme exploite une
société en dépit du bon sens ; il n’établit pas de plan financier = faute grave
et caractérisée donc interdiction . Attention ; il « peut être interdit » =
suppose un jugement. // Ex ; administrateur qui détourne des biens de la
personne morale. Quel est le rapport avec l’exercice d’un mandat
d’administrateur ? Le rapport est très étroit. Qu’est-ce qu’une entreprise
pour une personne physique ? C’est l’exercice d’une activité professionnel
à titre indépendant. Il existe une controverse sur la question de savoir si
l’exercice d’un mandat d’administrateur, fait de la personne physique une
entreprise ? La majorité de la JP est en faveur de la qualification d’entreprise
de l’exercice d’un mandat d’administrateur ; le seul fait d’exercer un mandat
d’administrateur fait de la personne physique une entreprise. Donc si le
tribunal interdit d’un failli ou l’administrateur d’une société faillie
d’exploiter une entreprise, il lui interdit par là même, d’exercer un mandat
d’administrateur.
¬ S'il est établi qu'une faute grave et caractérisée d’une personne assimilée
au failli a contribué à la faillite, le tribunal qui a déclaré cette faillite peut
lui interdire, par un jugement motivé, d'exercer personnellement ou par
interposition de personne, toutes fonctions conférant le pouvoir d'engager
de telles personnes morales (CDE art. XX.229, § 4). Cette disposition vise
notamment les fonctions d’administrateur et de gérant et fait donc
¬ Le tribunal fixe la durée de cette interdiction, qui ne peut excéder dix ans
(interdiction de 3 à 10 ans maximum) (CDE, art. XX.229, § 5). Toute
infraction à une de ces interdictions est pénalement sanctionnée (CDE, art.
XX.234). L’interdiction prend fin si le jugement déclaratif de faillite est
rapporté ou si le failli obtient sa réhabilitation (CDE, art. XX.235).
- Le juge qui condamne une personne comme auteur ou complice de certaines infractions ou
tentatives d’infractions pénale de nature économiques(corruption, vol, escroquerie,
détournement, faux en écriture, fausse monnaie, émission de chèques sans provision,
blanchiment ...) peut assortir sa condamnation de l’interdiction d’exercer les fonctions
d’administrateur, de gérant ou de commissaire dans les sociétés anonymes, en commandite
par actions, privées à responsabilité limitée et coopératives—> vielle arrêté qui n’a pas été
mis à jour suite suite à l’adoption du CSA (= donc uniquement pour les grandes sociétés)
(arrêté royal n° 22 du 24 octobre 1934, art. 1). L’article 3 étend cette interdiction aux
faillis non réhabilités. L’article 4 punit toute infraction à ces interdictions de peines
d’emprisonnement et d’amende.
- Les juges, notaires et militaires ne peuvent exercer de fonctions dans des sociétés
commerciales (respectivement : Code judiciaire, art. 299, L. ventôse, art. 6, 8° et loi du
28 février 2007 fixant le statut des militaires du cadre actif des Forces armées, art. 176).
= incompatibilité.
L’interdiction est prononcée par un jugement ; elle n’est pas automatique. Elle suppose que
la personne frappée d’interdiction soit dans les condition énumérés par la loi (faute grave et
caractérisée). Il faut donc une condamnation du tribunal. L’interdiction n’est pas
automatique. Le caractère grave et caractérisé de la faute est laissé à l’appréciation du juge.
Le juge détermine si la fuite est grave et caractérisée et si elle a contribué à la faillite.
5
Quelle est la différence avec la première interdiction ? La première interdiction est bcp plus
large, la troisième interdiction rentre la dans la première. Petit double emploi.
I. Comptes annuels
Toute société dotée de la personnalité morale doit établir des comptes annuels.
Chaque année, l’organe d’administration doit arrêter les comptes annuels qui se composent :
- Du bilan (l’actif et le passif)
- Du compte de résultats (correspond à toutes les dépenses et recette de la société)
- Des annexes (annexes explicatives)
- En principe, les sociétés doivent établir leurs comptes selon le schéma complet fixé par
l’annexe 3 de l’AR du 29 avril 2019 portant exécution du CSA
- Le petites sociétés qui ne sont pas des société cotées peuvent établir leurs comptes
annuels selon le schéma abrégé par l’annexe 4 de cet AR (CSA, art. 3:2).
- Le microsociétés peuvent établir leurs comptes annuels selon le micro-schéma fixé par
l’annexe 4 de cet AR (CSA, art. 3:2)
- Les SNC, les SComm et les GEIE dont le chiffre d’affaires n’excède pas 500.000 EUR
ont la faculté de ne pas établir leurs comptes annuels selon un schéma fixé par le Roi
et de tenir une comptabilité simplifiée (CSA, art. 3:2, al. 2, art. 3:3, al. 2 et AR du 21
octobre 2018 portant exécution des articles III.82 à III.95 du CDE).
à Approbation par l’assemblée générale des comptes annuels dans les 6 mois de la clôture de
l’exercice. L’exercice a en principe une durée d’un an, dans des cas plus exceptionnels, il peut
être un peu plus court ou un peu plus long. La plupart du temps, la période de l’exercice
correspond à l’année calendrier. La majorité des sociétés ont donc un exercice qui commence
le 1 janvier et se termine le 31 décembre mais pour des raisons diverses, l’exerciez peut
commercer à d’autres moment et donc décalé à par rapport l’année calendrier.
A défaut, le dommage subi par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de cette
omission (CSA, art. 3:1, §1).
à Publication : Dans les trente jours après l’approbation des comptes annuels et au plus tard
sept mois après la clôture de l’exercice, l’organe d’administration doit déposer auprès de la
BNB les comptes annuels (CSA, art. 3:10) ainsi que les autres documents visés à l’article 12
(rapport de gestion, rapport du commissaire, etc.).
A défaut, le dommage subi par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de cette
omission (art. 3:10, al. 3). Exemple : exercice du 1 janvier jusqu’au 31 décembre. L’AG doit se
ternir le 30 juin au plus tard. Les comptes doivent alors être déposée à la Banque nationale de
Belgique avant le 31 juillet.
Exceptions ; ne doivent pas publier à la BNB leurs comptes annuels (CSA, art. 3:9) :
- Les petites sociétés qui ont adopté la forme d’une SNC ou d’une SComm,
- Même si les SNC et SComm ne sont pas des petites sociétés, si elles n’ont pas de
personnes morales parmi leurs membres
- Les SNC, les SComm et les GEIE dont tous les associés à responsabilité illimitée
sont des personnes physiques.
à Sanctions pénales ; Alors que la loi du 23 mars 2019 a supprimé nombre de sanctions pénales
qui figuraient dans le Code des sociétés, jugeant la sanction de la responsabilité des
administrateurs plus adaptée, le CSA prévoit une série d’infractions en relation avec les
comptes annuels (défaut de soumettre les comptes annuels à l’assemblée générale dans les six
mois de la date de clôture de l’exercice, défaut de déposer les comptes annuels à la BNB dans
les 30 jours de leur approbation par l’assemblée générale et au plus tard dans les sept mois de
la clôture de l’exercice, faux, etc.) (art. 3:43 et 3:44).
Les comptes annuels sont préparés par l’organe d’administration. Chaque année, l’organe
d’administration doit également établir un rapport de gestion (CSA, art. 3:5). = rapport dans
lequel l’organe d’administration rend compte de sa gestion.
Il consiste en un exposé fidèle sur l'évolution des affaires, les résultats et la situation de
l'entreprise, ainsi qu'une description des principaux risques et incertitudes auxquels elle est
confrontée. Il comporte une analyse équilibrée et exhaustive de l'évolution des affaires, des
résultats et de la situation de l'entreprise, en rapport avec le volume et la complexité de ces
affaires.
- Les petites sociétés qui ne sont pas des sociétés cotées ou des entités d’intérêt public ;
- Les SNC, SComm et GEIE dont tous les associés à responsabilité illimitée sont des
personnes physiques (art. 3:4).
Si en principe, une société peut se contenter de rédiger un rapport de gestion avec certaines
mentions énumérées dans la loi. A l’inverse, certaines sociétés doivent compléter leur rapport
de gestion (informations complémentaires) :
- Le rapport de gestion des sociétés cotées doit comporter une section spécifique qui
comporte une déclaration de gouvernement d’entreprise (notamment, la désignation du
Code de GE qu’elle applique (= code belge de gouvernance d’entreprise 2020, pas
vraiment le choix), une indication des parties du Code auquel elle a dérogé et les raisons
de cette dérogation, etc.) (art. 3:6, § 2). Cette déclaration doit comporter le rapport de
rémunération, qui décrit notamment la politique de rémunération des dirigeants, sur une
base individuelle, le montant des rémunérations accordés aux membres non exécutifs
de l’organe d’administration, la rémunération du CEO, globalement, le montant de la
rémunération accordée aux autres administrateurs exécutifs, etc.) (CSA, art. 3:6, § 3).
- Le rapport de gestion des entités d’intérêt public et des très grandes sociétés doit
comporter une déclaration non financière, qui doit comporter des informations au sujet
des questions sociales, environnementales et de personnel, de respect des droits de
l’homme et de lutte contre la corruption (politiques appliquées par la société, résultats
de ces politiques, principaux risques, indicateurs clés de performance, etc.) (CSA, art.
3:6, § 4).
Le rapport de gestion est communiqué à l’assemblée générale en même temps que les comptes
annuels mais il n’est pas soumis à l’approbation de l’assemblée générale (voir par ex. le libellé
de l’article 7:149 du CSA : « L’assemblée générale entend, le cas échéant, le rapport de gestion,
le rapport de gestion sur les comptes consolidés, le rapport des commissaires et les autres
rapports prescrits par le code et discute les comptes annuels. Après l’approbation des comptes
annuels, l’assemblée générale se prononce par un vote séparé sur la décharge des
administrateurs ... »).
En revanche, l’assemblée générale doit se prononcer sur le rapport de rémunération par vote
séparé (art. 7:149, al. 3).
- Du premier et du dernier exercice qui peut avoir une durée plus courte (jusqu’à un jour)
ou plus longue (jusqu’à deux ans moins un jour).
IV. Commissaire
Les sociétés doivent désigner un ou plusieurs commissaires, à l’exception des petites sociétés
non cotées qui ne sont pas des entrés d’intérêts public et des SNC, SComm et des GEIE dont
tous les associées à responsabilité illimitées sont des personnes physiques (CSA, art. 3:72).
ATTENTION : Même si aucun commissaire ne doit être nommé en vertu de l’article 3:72
CSA, l’organe d’administration doit soumettre à l’assemblée générale à la demande d’un ou
plusieurs associés ou actionnaires de désigner un commissaire (CSA, art. 3:100).
D’autres missions :
- Lorsque ‘une SA se constitue, il peut avoir des apports en nature. Ces apports en nature
doivent faire l’objet d’un rapport des fondateurs ainsi que d’un rapport d’un réviseur
d’entreprise car au moment de sa constitution une société n’a pas encore de
commissaire. Mais en cours de vie sociale, les mêmes formalités doivent être répétées
si de nouveaux apports sont réalisé (= augmentation de capital). Il faudra cette foi, un
rapport des administrateurs et du commissaire si la société en a un.
Le commissaire est une personne physique ou une personne morale qui doit être choisi parmi
les membres de l’Institut des reviseurs d’entreprises (IRE) et être nommé par l’assemblée
générale (CSA, art. 3:58).
Le commissaire qui constate dans l’exercice de sa mission des faits graves et concordants
susceptibles de compromettre la continuité de l’activité économique de la société, doit en
informer l’organe d’administration par écrit et de manière circonstanciée. Dans ce cas, l’organe
d’administration doit délibérer sur les mesures qui devraient être prises pour assurer la
continuité de l’activité économique de la société pendant une période minimale de 12 mois. Si
le commissaire n’est pas informé de cette délibération ou s’il estime les mesures prises
insuffisantes, il peut saisir le président du tribunal de l’entreprise (CSA, art. 3:69).
V. Absence de commissaire
Il arrive que des sociétés qui n’y sont pas légalement tenues désignent spontanément un
commissaire, préférant avoir affaire à un professionnel raisonnable qu’à un associé
inexpérimenté et émotif. Un commissaire peut être nommée même si la société n’a pas
d’obligation d’en nommer un à peser le pour et le contre pour les sociétés.
Il existe une nette distinction au sein des sociétés dotées de la personnalité morale entre d’une
part les SNC et les SComm, qui sont très peu réglementées et d’ailleurs conçues comme des
variantes de la société simple, et d’autre part les SRL, les SC et les SA, qui le sont beaucoup
plus.
Le législateur a été écartelé entre le souhait de regrouper les règles communes aux sociétés
dotées de la personnalité morale dans le livre 2 du CSA et le souhait de rassembler dans un livre
distinct les règles applicables à chaque forme de société.
Il en résulte une cote mal taillée (mais comment faire autrement) : le livre 2 regroupe les
dispositions applicables à toutes les personnes morales, mais également certaines dispositions
communes aux SRL, SC et SA (notamment en matière de dissolution et de liquidation) ; le livre
4 est consacré aux SNC et aux SComm ; les livres 5, 6 et 7 sont consacrés respectivement aux
SRL, SC et SA mais comportent beaucoup de répétitions sur certains points.
La simplicité des SNC et des SComm par rapport aux SRL, SC et SA se manifeste
essentiellement sur les points suivants :
- Le CSA ne limite pas les causes de nullité des SNC et des SComm, à l’inverse des SRL,
SC et SA.
- Le CSA laisse pratiquement toute liberté en matière de gestion aux SNC et SComm, se
bornant à prévoir des règles pour l’essentiel supplétives, tandis que, tout en offrant le
choix aux SRL, SC et SA en ce qui concerne le modèle de gouvernance, il encadre très
fort leur gestion.
- Les petites SNC et les SComm peuvent tenir une comptabilité simplifiée et ne doivent
pas déposer leurs comptes annuels à la Banque Nationale de Belgique.
- La dissolution des SNC et SComm est extrêmement simple tandis que celle des SRL,
SC et SA est soumise à un ensemble de formalités essentiellement destinées à éviter
une atteinte aux droits des créanciers.
Le CSA conçoit les SNC et les SComm comme des variantes de la société simple : « La société
simple dont les associés conviennent qu’elle sera dotée de la personnalité juridique prend la
forme d’une société en nom collectif ou d’une société en commandite » (art. 4:22, al. 1).
C’est un peu surprenant puisque la société simple est dépourvue de la personnalité morale alors
que les SNC et les SComm sont des personnes morales. Pourquoi qualifié ces dernières de
variante de la société simple ? C’est absurde mais c’est comme ça que le législateur a présenté
les choses à l’occasion de la réforme et a réglementé les sociétés simple, SNC et SComm dans
le livre 4 du CSA.
Cette manière de présenter les choses résulte d’une attention tout à fait particulière accordée
néerlandophone du pays. Celle-ci est très influencer par les exemples qui viennent du Pays-Bas.
Au Pays-bas, il existe la « maatschap » qui correspond à la société simple et il y a des
discussions sur le fait qu’elle aurait ou pas un certain dégrée de personnalité juridique. La
doctrine néerlandophone a toujours considéré que les SNC avaient une espèce de personnalité
imparfaite. Cette imperfection de la personnalité tient en la responsabilité illimité des associés
en nom collectifs. Certains auteurs (prof) ont fortement contesté cette façon de voir ; la
personnalité on l’a ou on ne l’a pas et la SNC a la personnalité juridique donc c’est simplement
une personne morale. Peu importe que certains associés engagent ou non leur responsabilité,
c’est une autre question. Toujours est-il qu’au moment de la réforme, le ministre Koen Geens
professeur à la KUL au centre de cette doctrine néerlandophone, a fait prévaloir cette thèse dans
la réforme. Ceci dit il existe un certain nombre de points communs entre la société simple, la
SNC et la SComm.
Les SNC et les SComm sont soumises aux dispositions applicables à toutes les personnes
morales (livre 2) ainsi qu’à toutes les dispositions applicables à la société simple, à l’exception
des dispositions fondées sur l’absence de personnalité juridique de la société simple, soit les
articles :
- Art. 4:13, al. 1 les biens affectés à la société forment patrimoine indivis entre les
associés)
- Art. 4:14, alinéa 2 (absence d’action des tiers contre les associés autres que le gérant
dans une société interne),
Il est donc renvoyé au chapitre consacré à la société simple, sous réserve de ces exceptions et
des développements qui suivent.
II. Définitions
La société est :
- En nom collectif lorsque tous les associés sont responsables de manière illimitée et
solidaire des engagements de la société.
La SComm est donc une variante de la SNC avec deux catégories d’associés.
Les associés en nom collectif engagent leur responsabilité personnelle pour tous les
engagements de la société.
En revanche, les associés commanditaires ne sont personnellement tenus qu’à concurrence des
sommes et des biens qu’ils ont promis d’apporter. Les créanciers de la société ont une action
contre eux en vue de les obliger à libérer leurs apports et pour les contraindre à rapporter à la
société les dividendes qu’ils ont perçus s’ils n’ont pas été prélevés sur des bénéfices réels et
réalisés de la société. Dans ce dernier cas, les commanditaires peuvent agir contre les gérants
si ces derniers sont coupables de fraude, mauvaise foi ou négligence grave (art. 4:24).
Ils peuvent cependant donner aux gérants des avis, des conseils et des autorisations pour les
actes qui sortent de leurs pouvoirs (art. 4:25). La responsabilité des associés en nom collectif et
des associés commandités (voire des commanditaires dans des cas exceptionnels) est
subsidiaire : aucun jugement à raison d’engagements de la société portant condamnation
personnelle des associés en nom collectif ou en commandite ne peut être rendu avant qu’il y ait
condamnation de la société (art. 4:26).
Une manière – licite – de limiter la responsabilité dans les SNC et les SComm est de choisir
comme associés en nom collectif ou commandités des sociétés à responsabilité limitée (par
exemple des SRL).
IV. Gestions
Dans les société en nom collectif ou en commandite, le ou les gérants constituent l’organe
d’administration (art. 4:23).
La gestion est donc organisée par les statuts. Si les statuts ne prévoient rien, généralement,
chaque associé sera censé s’être donné mutuellement mandat pour gérer la société.
V. Durée
La durée des SNC et SComm peut être limitée ou illimitée. Dans l’hypothèse où elle serait
illimitée, aucun associé ne peut être contraint de rester dans la société ad vitam eternam et donc
il pourra provoquer la dissolution de la société.
Les statuts peuvent stipuler que la société en nom collectif ou en commandite continue en cas
de décès, de liquidation, d’incapacité ou de tout autre empêchement du gérant.
Dans ce cas, le président du tribunal de l’entreprise du siège de la société peut, sauf si les statuts
en disposent autrement, désigner, à la requête de tout intéressé, un administrateur provisoire,
même commanditaire (qui dans ce cas n’est responsable que de l’exécution de son mandat) (art.
4:28).
VI. Dispenses
Quelle que soit leur taille, les SNC et les SComm (ainsi que les GEIE) dont tous les associés à
responsabilité illimitée sont des personnes physiques sont, en raison de leur forme, dispensées
de l’application d’une série de règles :
- Elles ne doivent pas publier leurs comptes à la BNB (art. 3:9, 2°, qui vise également
les petites sociétés sous forme de SNC ou de SComm) ;
Conclusion
Ce type de société ne finalement pas très fréquente ; en effet pourquoi constitué une SNC ou
SComm a responsabilité illimitée alors que l’on peut consister une SRL à responsabilité limitée
et sans obligation de devoir faire des apports minimaux.
Les SCN et SComm avaient beaucoup plus d’intérêt lorsque, sous l’ancien régime, il fallait un
capital minium de 18 500 EUR pour les SPRL. Les personnes qui n’avaient pas cette somme
constituait une SComm pour laquelle on pouvait se limiter à 1 seul associé qui est tenu à toutes
les dettes de la société. Progressivement, toujours sous l’ancien régime, le législateur a admis
la SPRL STARTER qui a privé d’une partie de leur utilité la SNC et la SComm. Toujours est-
il qu’aujourd’hui avec la SRL que l’on peut constituer sans apport minimum, la SNC et SComm
perdent une partie de leur intérêt.
QUIZZ :
1) La SNC/ SComm sont des sociétés dotées de la personnalité morale et sont des variantes
de la société simples. —> il n’y a qu’une seule société sans personnalité = la société
simple.
2) Une SNC doit avoir au moins 2 associés. L’article 1:1 CSA prévoit qu’une société résulte
d’une acte juridique dans lequel une ou plusieurs personnes font un apport. Mais les
dispositions relatives à la SNC en exigent au moins 2.
3) Une SComm peut être constituée par des personnes physiques et morales ; Il faut qu’il y
ait au moins un commandité qui ne doit pas être nécessairement une personne physique.
Attention ; ce n’est parce que dans une société la responsabilité des associés est illimitée
que l’associé ne peut pas prendre la forme d’une société à responsabilité limitée (SNC ou
SComm en qualité de commandité ou de commanditaire). Dans une SNC tous les associés
nagent leur responsabilité illimitée. Une SRL pourrait être un associé en nom collectif ;
elle engagera sa responsabilité illimitée pour tous les engagent de la SNC. à raisonner
par étage ; l’associé de la SRL, la SRL et la SNC
Cours 7
Je vais vous expliquer les SA. Je n’ai pas suivi l’ordre du code des sociétés et des associations.
Le livre 5 est consacré à la SRL, le livre 6 à la SC et le livre 7 à la SA. Cette division en livre
est très pratique car on voit directement de quelle société on parle.
On va commencer par la SA et pas suivre l’ordre du législateur car lui commence donc par la
SRL (livre 5). Il a commencé par ce livre car c’est la société qui est destiné à devenir la société
à tout usage pour les sociétés qui ont la personnalité juridique. L’idée du législateur quand il a
créé le code était que la SRL sont destiné à la plupart des sociétés tandis que les SA sont
destinées aux grandes sociétés et les SC ont un but spécial. Maintenant, quand le législateur a
dit que les SA sont destinées aux grandes sociétés, rien n’est indiqué dans la loi, qu’une petite
société ne peut pas prendre la forme d’anonyme. La SA n’est pas réservée aux sociétés cotées
ou au multinational. Mais la SA demande un capital de 61 500 euros et a une réglementation
plus sévère sur certains points qu’une SRL. Rien n’empêche une société de taille modeste de
prendre la forme d’une société anonyme pour autant que les fondateurs apportent le capital.
Nous on commence par la SA car c’est la société la plus complète et lorsqu’on va voit la SRL
on peut faire des renvois à la SA et voir les différences entre ces sociétés. On va passer 3 cours
à voir le régime de la SA est après la SRL cette société est plus simple.
Section 1. Constitution
I. Conditions de fond
1. Introduction
Les SA sont bien entendu soumises aux conditions de validité communes à toutes les sociétés.
Elles peuvent être constituées par une ou plusieurs personnes physiques ou morales. Comme
les actionnaires limitent leur responsabilité à leur apport, le CSA prévoit également des règles
destinées à protéger les tiers, en ce qui concerne le capital (A), le plan financier (B) et les apports
(C). Ce sont les conditions communes à tout contrat si la SA comporte au moins 2 fondateurs
(consentement, capacité, objet et la cause). Toute société, il faut un apport de chaque fondateur
et il faut que la société ait au moins comme un de ses buts d’apporter un avantage patrimonial
direct ou indirect à ses fondateurs.
Toute SA doit avoir un capital d’au moins 61.500 EUR (CSA, art. 7:2). Des lois spéciales
imposent des montants supérieurs pour les sociétés exerçant certaines activités réglementées.
Le capital est la somme de la valeur des apports en argent et des apports en nature (ex : un
immeuble). Le minimum de la somme de ses apports doit être de 61 500 euros. C’est un
minimum ça peut être plus mais ça ne peut pas être moins. On peut se demander pourquoi ce
chiffre de 61 500 euros ? Car avant l’euros on avait les francs belges et 61 500 euros était 2 500
000 francs belges d’où ce chiffre un peu bizarre de 61 500 euros. Cette exigence signifie qu’il
y a des engagements des fondateurs d’avoir des apports de 61 500 euros et que ces engagements
soient exécutés lors de la construction de la société. D’où les deux termes : la souscription du
capital et la libération du capital. Souscrire= s’engager, la souscription du capital signifie les
engagements d’apporter des apports qui vont contribuer au capital.
La libération du capital signifie l’exécution des engagements relatif à ses apports. Imaginez que
je constitue seule une SA à laquelle je fais un apport seul en argent de 61 500 euros je souscris
(je m’engage à faire) cet apport, je libère et j’exécute cet apport. La différence souscription et
libération est très importante. La souscription du capital doit être inconditionnelle (je ne peux
pas assortir mon engagement d’une condition suspensive ou résolutoire car mon capital doit
être immédiatement constitué au moment de la passation de l’acte authentique et ce capital doit
être mentionné dans les statuts des SA).
La souscription du capital doit être inconditionnelle, ferme et intégrale, ce qui signifie 1) que
les engagements d’effectuer les apports doivent être purs et simples et ne peuvent être affectés
d’une condition suspensive, d’une condition résolutoire ou d’une faculté de dédit et 2) qu’il faut
de la part des actionnaires des engagements de faire des apports à concurrence du montant du
capital (CSA, art. 7:4).
Il est interdit d’émettre lors de la constitution de la société des actions pour un montant inférieur
à leur valeur nominale ou à leur pair comptable, c’est-à-dire au montant du capital divisé par le
nombre total d’actions, car une telle émission aboutirait à ce que le capital ne soit pas
intégralement souscrit. La situation est cependant différente en cas d’augmentation de capital
(voir infra)
4. Interdiction de la souscription par la société elle-même ou ses filiales
Les SA ne peuvent souscrire leurs propres actions, ni directement, ni par une société filiale, ni
par une personne agissant en son propre nom mais pour le compte de la société ou de sa filiale
(CSA, art. 7:5, § 1 er).
Cette interdiction ne s’applique pas à la souscription d’actions par la société filiale qui est « en
sa qualité d’opérateur professionnel sur titres, une société de bourse ou un établissement de
crédit » (art. 7:5, § 2).
Le CSA sanctionne la violation de ces dispositions de diverses manières :
- Les personnes qui ont agi en leur nom mais pour compte de la société sont considérées
comme ayant souscrit pour leur propre compte ;
- Les droits afférents à ces actions sont suspendus tant que ces actions n’ont pas été
aliénées (art. 7:5, § 1 er, al. 2 et 3)
5. Libération du capital
Le capital des SA doit être libéré au minimum à concurrence de 61.500 EUR (CSA, art. 7:11).
Cette règle se cumule avec celles relatives à la libération des apports en numéraire et en nature.
L’acte constitutif des SA doit indiquer le montant du capital et le nombre d’actions qui le
représentent (CSA, art. 2:8, § 2, al. 1, 5°).
1. Notion
Le plan financier est un plan que doivent rédiger les fondateurs et dans lequel ils vont justifier
que la société est viable pendant une période d’au moins 2 ans. Ils peuvent le faire tout seul ou
alors s’aider d’un expert pour le rédiger.
La loi détermine le montant minimum du capital de manière abstraite, de sorte que ce montant
minimum n’est pas nécessairement adapté aux activités que la société se propose
d’entreprendre. Afin d’assurer un capital suffisant, le CSA impose que, préalablement à la
constitution, les fondateurs remettent au notaire instrumentant un plan financier dans lequel «
ils justifient le montant du capital de la société à constituer » (art. 7:3, § 1 er). Cette technique,
d’une part, force les fondateurs à réfléchir au montant du capital ou des capitaux propres de
départ et, d’autre part, permet de contrôler a posteriori si le capital ou les capitaux propres de
départ étaient suffisants au moment de la constitution, dans le cadre d’une action en
responsabilité contre les fondateurs.
2. Contenu
Le plan financier est l’aspect chiffré d’un plan d’affaires conçu par les fondateurs. Il prend la
forme d’un état prévisionnel qui anticipe le chiffre d’affaires, les besoins d’investissement, de
constitution de stocks, de trésorerie, les frais, etc. …, et qui démontre ainsi le caractère suffisant
du capital pour l’activité envisagée.
Il comporte :
Le plan n’est pas soumis au contrôle d’un réviseur d’entreprises ou d’un expert-comptable
externe. Toutefois, le CSA prévoit que, si les fondateurs se font assister par un expert externe,
ils doivent le mentionner dans le plan financier.
Les apports sont une condition générale de toutes sociétés. Dans toutes sociétés chaque associé
doit faire un apport mais ces apports obéissent à des règles particulières ou du moins les apports
susceptibles de contribuer au capital. Qu’est-ce que signifie un apport susceptible de contribuer
au capital ? Quand un fondateur fait un apport à une SA, cet apport peut entrer dans le capital
mais on peut très bien imaginer qu’on affecte seulement une partie de l’apport au capital. Ex :
je fais un apport de 100 000 euros et seulement 80 000 euros est affecté au capital et 20 000
euros sont affecté à un post de réserve. On peut imaginez aussi des apports qui sont fait non pas
en contrepartie d’action qui contribue au capital mais qui en contrepartie des parts bénéficiaires
qui ne contribue pas au capital (les actions sont des titres qui contribuent au capital, les parts
bénéficiaires sont des titres qui ne représentent pas le capital).
Les règles qui suivent ne s’appliquent qu’aux apports qui contribuent à la formation du
capital, par opposition aux apports (en numéraire, en argent ou en industrie) faits en
contrepartie de parts bénéficiaires.
Ce dont on parle ce sont des apports qui contribuent au capital et qui ont des règles particulières.
Ces règles particulières concernent tout d’abord le type d’apport qui peut être fait dans une SA
pour contribuer au capital et ce sont uniquement les apports en argent et les apports en nature
qui sont uniquement sur des biens susceptibles d’évaluation économique (exemple : l’apport
d’un immeuble, d’une créance etc.). Quid des apports en industrie ? Les apports en industrie ce
sont des apports qui consiste en la prestation de certains services ou la réalisation de certains
travaux. Les apports en industrie sont des apports en nature selon le CSA mais dans une SA on
ne peut pas faire un apport en industrie qui contribue au capital. Par contre dans une SA on peut
faire un apport en industrie en contrepartie d’une part bénéficiaire qui ne contribue pas au
capital. On peut aussi faire un apport mixte donc mi nature et mi argent.
Les apports doivent être inconditionnellement souscrit mais ils ne doivent pas être libéré au
moment de la construction de la société à concurrence de 100%. En d’autres termes si je fais
un apport de 100 euros par exemple je m’engage à mettre 100 euros à la disposition de la société
mais je ne dois pas payer immédiatement les 100 euros. Les apports doivent être libéré à
concurrence de 25% seulement. Ils peuvent bien sur être libéré à concurrence de 100% mais ce
n’est pas obligatoire. Les statuts peuvent exiger de + 25%. Attention il faut combiner les règles
de la libération du capital de 61 500 euros et la règle de la libération minimale de chaque apport
à concurrence de 25%.
Exemple : je constitue une société anonyme il faut donc libérer un capital de 61 500 euros, si
j’apporte 61 500 euros ¼ de 61 500 euros ne fait pas 61 500 euros. Mais si j’apporte 1 000 000
euros je peux libérer 25% de mes apports (car j’aurai plus que 61 500 euros).
La libération des apports intervient quand le CA l’a décidé. La libération des apports en nature
doit intervenir au plus tard dans les 5 ans suite à la création de la SA ! pas pour les apports en
argent. Pourquoi dans les 5 ans ? Car la valeur des apports en nature peut se détériorer plus vite
que la valeur des apports en argent et donc le législateur a imposé ce délai de 5 ans.
2. Apports en numéraire
(i) En propriété
L’apport en numéraire ne peut être fait qu’en propriété : l’apport d’espèces en jouissance
s’analyse en un apport en nature. Lorsque des apports en numéraire contribuent à la constitution
du capital, le CSA impose des formalités particulières pour garantir la mise des fonds à la
disposition effective de la société au moment de sa constitution.
Les fonds doivent être déposés par versement ou virement sur un compte spécial ouvert au nom
de la société en formation auprès d’un établissement de crédit, « à la disposition exclusive de
la société à constituer ».
Une preuve du dépôt des apports en espèces auprès d’un établissement de crédit doit être remise
au notaire instrumentant.
Si la société n’est pas constituée dans le mois de l’ouverture du compte spécial, les fonds sont
restitués à leur demande à ceux qui les ont déposés (art. 7:12).
Les apports en argent doivent donc être versé sur un compte spécial. C’est un compte
indisponible et la société ne peut rien en faire avant le jour de la constitution de la société.
Qu’est ce qui se passe le jour de la constitution ? Le notaire aura reçu une attestation de la
banque auprès de laquelle se compte aura été ouvert et cette attestation indiquera que X aurait
versé un certain montant en contrepartie d’action et c’est sur la base de cette attestation de la
banque que le notaire va constater que des apports en espèce ont été fait à concurrence d’autant
et à partir de la constitution de la société la société va pouvoir disposer des sommes se trouvant
sur ce compte.
(iii) Libération
Les apports peuvent être libérés à concurrence d’une certaine fraction seulement. La libération
des actions à concurrence d’une fraction seulement permet aux actionnaires de ne pas devoir
immédiatement verser les fonds pour lesquels ils se sont engagés, tout en mettant à la
disposition de la société les fonds nécessaires pour entamer ses opérations.
Le législateur a cependant considéré qu’il fallait s’assurer du caractère sérieux des
souscriptions.
Chacune des actions correspondant à un apport en numéraire doit être libérée au moment de la
passation de l’acte à concurrence d’un quart (art. 7:11, al. 2, 2°).
L’acte constitutif peut toutefois exiger la libération des actions dans une mesure plus importante
que celle imposée par la loi, ou même leur libération intégrale.
Le CSA ne prévoit pas de délai maximal dans lequel les actions émises en contrepartie d’apports
en numéraire partiellement libérés au moment de la constitution doivent être entièrement
libérées. L’acte constitutif, les statuts ou un règlement d’ordre intérieur peuvent prévoir un
calendrier de libération des apports. A défaut, c’est l’organe d’administration qui détermine le
moment des appels de fonds, en respectant l’égalité des actions et conformément à l’intérêt de
la société.
3. Apports en nature
(i) Objet
Les apports en nature qui contribuent à la formation du capital doivent consister en éléments
d’actifs susceptibles d’évaluation économique, à l’exclusion des actifs constitués par des
engagements concernant l’exécution de travaux ou de prestations de services (CSA, art. 7:6).
Sont notamment considérés comme des éléments d’actifs susceptibles d’évaluation
économique :
- Le savoir-faire qui se rapporte à un bien susceptible de faire l’objet d’un apport en nature,
car il est en principe inclus dans ce bien,
- Un contrat de concession,
- Une créance, par opposition à la position créditrice d’un compte-courant, qui ne constitue
pas une créance et ne peut faire l’objet d’un apport, sauf en cas de clôture de ce compte-
courant et d’exigibilité de son solde,
(ii) Évaluation
Les apports doivent être évalués à leur juste valeur. S’ils sont surévalués de bonne foi, les
fondateurs n’engagent pas leur responsabilité. Toutefois, s’ils ont « manifestement » exagéré la
valeur, ce qui laisse présumer qu’ils ont agi sciemment, ils engagent leur responsabilité.
Sauf fraude aux droits des tiers, rien n’interdit une sous-évaluation des apports, par exemple
parce que les fondateurs estiment plus simple d’apporter des biens à leur valeur comptable.
(iii) Contrôle
Sous réserve de certaines exceptions, les apports en nature doivent faire l’objet d’un contrôle
quant à leur valeur. Ce contrôle repose sur la rédaction d’un rapport spécial par les fondateurs
et d’un rapport par un réviseur d’entreprises.
Dans leur rapport, les fondateurs décrivent les apports en nature, les évaluent et exposent
l’intérêt qu’ils présentent pour la société (art. 7:7). Les fondateurs dans leurs rapports vont donc
décrire le bien en question, ils vont indiquer les méthodes d’évaluation du bien et combien
d’action vont être émises en contrepartie de l’apport.
Le réviseur d’entreprise va faire en quelque sorte un rapport sur le rapport des fondateurs : il va
vérifier si les méthodes d’évaluation sont correctes et conduisent bien à l’évaluation qui a été
retenue. Le rapport du réviseur doit permettre aux actionnaires de se prononcer en toute
connaissance de cause sur les modalités de l’opération. Il ne doit donc pas décrire lui-même ces
biens, mais faire rapport sur la description qui en est faite par les fondateurs, en veillant à la
confidentialité nécessaire, spécialement en cas d’apport de brevet ou de know-how.
- Quelle est la rémunération effectivement attribuée en contrepartie (art. 7:7, § 1er , al. 2).
Les fondateurs ne sont pas tenus par les conclusions du réviseur mais, s’ils s’en écartent, ils
doivent justifier dans leur rapport les raisons pour lesquelles ils s’en écartent et courent le risque
de voir plus facilement démontrée une surévaluation manifeste des apports, auquel cas ils sont
susceptibles d’engager leur responsabilité.
Le rapport des fondateurs et le rapport du réviseur doivent être déposés au greffe (art. 7:7, §
1er). Ces rapports ne doivent par contre pas être annexés à l’acte constitutif.
Cette publicité soulève de délicats problèmes de discrétion puisque toute personne peut prendre
connaissance de ces rapports. Les fondateurs et le réviseur doivent concilier la description
adéquate des apports avec le secret des affaires de la société, notamment en cas d’apport de
brevet ou de savoir-faire.
Ces deux rapports vont être remis au notaire et lors de la passation de l’acte constitutif fait par
le notaire il y aura transfert de la propriété. Il y a certains cas très rares où il ne faut pas de
rapport du reviseur (car ce rapport coute très cher). Attention qu’en principe le rapport du
reviseur et celui des fondateurs coïncide mais dès fois le fondateur valu plus haut et peut
engager sa responsabilité. En principe, on arrive à un résultat similaire.
(iv) Exceptions
Le rapport des fondateurs et le rapport du reviseur ne sont pas requis dans trois hypothèses dans
lesquelles le bien apporté a fait l’objet d’une évaluation récente :
- Autres biens qui ont déjà été évalués par un reviseur d’entreprises dans les six mois
précédant l’apport ;
- Autres biens dont la valeur est tirée des comptes annuels de l’exercice précédent à
condition que les comptes aient été contrôlés par un commissaire et que celui-ci ait donné
une attestation sans réserve de ces comptes.
Toutefois, les fondateurs doivent demander l’intervention du reviseur si la valeur du bien a été
affectée par des circonstances exceptionnelles (par ex. : le marché des valeurs mobilières n’est
plus liquide) ou nouvelles (art. 7:7, § 2). Si l’apport a lieu sans l’intervention du reviseur,
l’organe d’administration doit déposer une déclaration au greffe du tribunal, dont le CSA
indique le contenu.
(v) Libération
Les apports mixtes sont ceux qui sont effectués pour partie en nature et pour partie en numéraire
en contrepartie d’une seule action. De tels apports se font généralement lorsque chaque action
a une valeur nominale importante.
En cas d’apports mixtes, il faut combiner les règles relatives aux apports en numéraire et aux
apports en nature, et, quand cela n’est pas possible, comme c’est le cas lorsque les délais de
libération ne sont pas les mêmes, appliquer les règles les plus sévères.
On applique en principe les règles des apports en argent et les règles des apports en nature. Mais
il peut avoir une difficulté, par exemple, un fondateur apporte 100 000 euros et un immeuble
Les apports à rémunération mixte sont ceux pour lesquels l’apporteur reçoit pour partie des
actions et pour partie une autre rémunération, par exemple une somme d’argent.
Si l’apport forme un ensemble indivisible, il peut s’agir d’un apport en nature avec attribution
d’un avantage particulier ; si, en revanche, l’apport porte sur des biens distincts, il s’agit d’un
apport en nature et d’une autre opération, par exemple une vente. Si les biens apportés pouvaient
faire l’objet d’une division mais ne l’ont pas fait (apport de marchandises ou de titres), l’apport
doit être traité comme celui d’un ensemble indivisible.
Dans le premier cas, il faut établir un seul rapport, en y mentionnant l’avantage particulier
attribué ; dans l’autre, il faut établir un rapport sur l’apport en nature et l’autre opération est, le
cas échéant, soumise au régime des quasi-apports.
6. Quasi-apports
Vente d’un bien dans la société dans les 2 ans par un fondateur, actionnaire ou un administrateur
dont le montant est au moins d’1/10 du capital. On applique les règles de la vente mais au
niveau interne de la société il faut une procédure spéciale (cette procédure ressemble à celle des
apports) c’est-à-dire il faut un rapport de l’organe de l’administration, il faut un rapport du
reviseur et une autorisation de l’AG. Ici aussi on a des exceptions mais elles sont très rares.
(i) Problématique
Pour prévenir une telle opération, le CSA impose le respect de formalités analogues à celles qui
sont prévues en cas d’apport en nature lorsque la société acquiert des biens de certaines
personnes pour une certaine valeur dans un certain délai après sa constitution. Cette opération
est qualifiée de quasi-apport (art. 7:8).
La réglementation des quasi-apports s’applique à l’acquisition par une société anonyme de tout
« bien ». Elle ne vise cependant pas l’opération par laquelle la société vend un bien à un
actionnaire alors que, dans cette hypothèse, se pose le problème inverse de la sous-évaluation.
Une telle opération peut donner lieu à l’application des règles relatives aux conflits d’intérêts.
Un bien est tout droit qui a une valeur pécuniaire, corporel ou incorporel, par exemple un
immeuble ou une créance.
Le bien que la société anonyme se propose d’acquérir doit appartenir à une personne qui a signé
ou au nom de laquelle a été signé l’acte constitutif, un actionnaire, un administrateur ou un
membre du conseil de direction et du conseil de surveillance.
L’acquisition doit avoir lieu dans un délai de deux ans à partir de la constitution de la société,
ce qui vise le dépôt de l’acte constitutif au greffe du tribunal. Sont également visées les
acquisitions résultant de la reprise, dans le délai de deux ans, d’engagements contractés par la
société durant sa période de formation. Cette précision était nécessaire : sinon, comme la reprise
de l’engagement rétroagit, ce dernier aurait été pris en dehors de la période de deux ans.
L’acquisition doit concerner un bien d’une contre-valeur au moins égale à un dixième du capital
souscrit. Seules les opérations importantes sont donc visées.
(iii) Exceptions
- Aux acquisitions faites dans les limites des opérations courantes conclues aux conditions
et sous les garanties normalement exigées par la société pour des opérations de même
espèce ;
- Aux acquisitions résultant d’une vente ordonnée par justice, l’intervention du tribunal
faisant obstacle à toute surévaluation frauduleuse (art. 7:9, § 1 er) ;
- Aux acquisitions de biens pour lesquels l’intervention du reviseur n’est pas requise en
cas d’apport en nature, avec les mêmes exceptions et également l’obligation de déposer
une déclaration au tribunal de l’entreprise dans le mois (art. 7:10, § 2).
(iv) Formalités
Les quasi-apports doivent faire l’objet d’un rapport spécial de l’organe d’administration (CSA,
art. 7:10) et du commissaire ou, pour la société qui n’en a pas, d’un réviseur d’entreprises
désigné par l’organe d’administration (art. 7:8).
Dans ce rapport, l’organe d’administration expose, d’une part, l’intérêt que présente pour la
société l’acquisition envisagée et, d’autre part, les raisons pour lesquelles, éventuellement, il
s’écarte des conclusions du rapport du réviseur.
Ces rapports doivent être déposés au greffe du tribunal de l’entreprise. L’acquisition est
soumise à l’autorisation préalable de l’assemblée générale (art. 7:10, § 1 er , al. 3), qui se
prononce sur la base de ces rapports. Moyennant l’autorisation préalable de l’assemblée
générale, l’organe d’administration peut décider l’acquisition
1. Acte authentique
L’acte constitutif d’une SA doit être reçu par un notaire. Celui-ci vérifie le respect des règles
de constitution et notamment l’existence d’un plan financier, en cas d’apports en espèces, le
versement sur un compte spécial et, en cas d’apport en nature, la rédaction du rapport des
fondateurs et du rapport d’un reviseur d’entreprise
Quizz :
- Il faut faire dans les SA : Aucune de ses réponses. Pas d’accord en industrie ! On doit
faire au moins un apport en espèce ou au moins un apport en nature. Pas obligé que ça
soit les deux.
- Un apport en espèces à une SA : Doit être versé avant la constitution sur un compte
spécial, indisponible, de la SA.
- Un apport en nature à une SA doit faire l’objet d’un rapport des fondateurs :
Toujours, sauf exceptions.
- Un apport à rémunération mixte est un apport : Pour lequel l’apporteur reçoit pour
partie des actions et pour une autre rémunération.
- Le plan financier doit être : Ni déposé au greffe et ni publié. Il est déposé chez le
notaire
- Un quasi-apport est : Une vente à la société dans un certain délai après la constitution
de la société.
III. Sanctions
A. Nullité
1. Principe
Conformément à la Directive 2017/113278, le CSA limite les causes de nullité des SA aux cas
suivants : l’absence d’un acte authentique ; l’absence de certaines des mentions que doit
contenir cet acte ; l’illicéité ou la contrariété à l’ordre public de l’objet et l’insuffisance du
nombre de fondateurs (art. 7:15).
Compte tenu de l’intervention obligatoire d’un notaire, ces causes de nullité sont assez
théoriques.
Quelle que soit leur gravité, aucun autre vice ou irrégularité ne peuvent entraîner la nullité des
sociétés anonymes, que ce soit l’absence d’autres mentions que celles expressément indiquées,
l’illicéité de la cause, l’absence d’intérêt commun ou l’existence de clauses léonines (art. 7:16,
prévoyant que ces clauses sont réputées non écrites ; voir sup
La nullité de la société peut être prononcée si l’acte constitutif n’est pas établi en la forme
authentique (CSA, art. 7:15, 1°).
Seule l’absence de certaines mentions peut entraîner la nullité des sociétés anonymes : l’absence
d’indication au sujet de la dénomination, de l’objet de la société, des apports et du capital
souscrit (CSA, art. 7:15, 2°).
Cette disposition vise l’absence de toute indication par opposition à l’hypothèse dans laquelle
des indications figurent dans l’acte, mais sont incomplètes, imprécises, inexactes ou contraires
à la loi. Ainsi, le libellé en termes vagues de l’objet, la fixation du capital à un montant inférieur
au capital minimum, ou une dénomination contraire aux règles applicables, n’entraînent pas la
nullité de la société.
L’illicéité ou la contrariété à l’ordre public de l’objet entraîne la nullité de la société (CSA, art.
7:15, 3°).
Il s’agit de l’objet statutaire79, par opposition à l’activité réellement exercée. L’exercice d’une
activité illicite peut tout au plus entraîner la dissolution de la société. De même, l’illicéité de la
cause (volonté de tromper les créanciers) n’entraîne pas la nullité.
Dans les SA, il faut au moins un fondateur valablement engagé (art. 1:1).
Dans les SA, la responsabilité des actionnaires est limitée à leur apport, de sorte que les tiers ne
peuvent en principe pas agir à leur encontre et ont un intérêt tout particulier à ce que la société
soit régulièrement constituée.
Les comparants à l’acte constitutif sont considérés comme fondateurs de la société. Toutefois,
l’acte constitutif peut désigner comme fondateurs des actionnaires qui détiennent ensemble au
moins un tiers du capital. Dans ce cas, les autres comparants seront « tenus pour simples
souscripteurs », ce qui signifie qu’ils doivent uniquement répondre de leur souscription, sans
engager leur responsabilité comme fondateurs, à condition que 1) ils souscrivent uniquement
des actions en espèces ; 2) ils ne reçoivent aucun avantage particulier à cette occasion (art. 7:13,
al. 2).
(i) Souscription
Les fondateurs des SA sont « tenus envers les intéressés » (ils sont « de plein droit réputés
souscripteurs ») de toute partie du capital qui ne serait pas valablement souscrite, ainsi que de
la différence éventuelle entre le capital minimum requis par la loi et le montant des
souscriptions (CSA, art. 7:17, 1°). Ils sont également tenus de la part du capital qui ne serait
pas valablement souscrite parce que souscrite par la société elle-même (art. 7:19).
- de la libération effective des actions à concurrence des fractions et dans les délais
imposés par la loi ;
- de la libération de la partie du capital dont ils sont réputés souscripteurs (art. 7:17, 2°).
Les fondateurs sont personnellement responsables des engagements pris par une personne sans
pouvoir pour un tiers ou avec un porte-fort en l’absence de ratification (art. 7:21).
L’exercice d’une action en nullité de la société n’exclut pas une action en responsabilité contre
les auteurs de l’irrégularité.
Les fondateurs sont tenus « de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe
de la nullité de la société » (art. 7:18, 1°).
Comme la nullité opère sans effet rétroactif et la société annulée conserve sa personnalité pour
les besoins de la liquidation, il est rare qu’elle cause un préjudice aux tiers. En revanche, les
souscripteurs pourraient être lésés.
Les fondateurs sont tenus envers les intéressés de la réparation du préjudice qui est la suite
immédiate de l’absence ou de la fausseté des indications prescrites par la loi (art. 7:18, 1°). Par
exemple, l’acte ne mentionne pas une hypothèque sur l’immeuble apporté qui est le seul actif
de la société.
Les fondateurs sont tenus de réparer le préjudice qui est la suite immédiate de la surévaluation
manifeste des apports en nature (art. 7:18, 1°).
Cette hypothèse n’est pas théorique. En effet, si, sous réserve de certaines exceptions, les
fondateurs doivent faire appel à un réviseur d’entreprises en cas d’apports en nature, ils ne sont
pas liés par les conclusions du réviseur ; en outre, il pourrait arriver qu’ils se dispensent à tort
de recourir à un réviseur (auquel cas le notaire qui prête son ministère à la passation de l’acte
engagerait sa responsabilité).
(i) Principe
Les fondateurs sont tenus des engagements de la société, dans une proportion fixée par le juge
en cas de faillite de la société prononcée dans les trois ans de la constitution, si le capital était,
lors de la constitution, « manifestement insuffisant pour assurer l’exercice normal de l’activité
projetée pendant une période de deux ans au moins » (CSA, art. 7:18, 2°).
C’est le cas le plus fréquent de la responsabilité des fondateurs. Le législateur a craint « que les
appréciations portées après coup ne soient quelque peu arbitraires ». Le plan financier permet
d’éviter toute appréciation a posteriori.
(ii) Conditions
La mise en cause de la responsabilité des fondateurs sur cette base suppose la réunion des
conditions suivantes :
(a) Faillite dans les trois ans - La société doit être déclarée en faillite dans les trois ans de
sa constitution. La « constitution » au sens de ces dispositions vise le dépôt de l’acte
constitutif.
L’absorption rapide par les frais de lancement de l’activité, des fonds apportés, est un
indice fréquent de l’insuffisance du capital, mais les tribunaux retiennent généralement
un faisceau d’éléments qui traduisent le manque de préparation des fondateurs.
Le plan financier n’est pas le seul élément d’appréciation. Il peut être complété et interprété à
la lumière d’autres documents, comme des études de marché ou des prévisions fondées sur le
rendement antérieur en cas d’apport d’une activité antérieure.
Même en l’absence de plan financier ou en cas de plan financier imprécis, les fondateurs
peuvent soumettre tous autres éléments pour souligner que le capital n’était pas manifestement
insuffisant.
Pour poursuivre les fondateurs, il ne faut pas démontrer que la sous-capitalisation a été la cause,
ou l’une des causes, de la faillite. Les fondateurs ne peuvent donc pas s’exonérer de leur
responsabilité en prouvant que d’autres éléments ont provoqué la faillite.
Ces éléments peuvent cependant être pris en considération à d’autres fins, pour montrer qu’un
événement imprévisible a causé la faillite et que sans cet événement le capital aurait été
suffisant.
(iv) Autres erreurs
Les fondateurs ne sont pas responsables, en cette qualité, des erreurs de gestion commises
ultérieurement, même par eux. S’ils sont administrateurs, ils peuvent engager en cette qualité
leur responsabilité sur la base de l’article XX.225 du CDE (faute grave et caractérisée ayant
contribué à la faillite) ; il n’est pas rare que les deux fondements soient invoqués simultanément.
Les fondateurs sont tenus des « engagements de la société », ce qui vise l’ensemble du passif,
mais uniquement « dans une proportion fixée par le juge ».
Pour fixer cette proportion, le tribunal se fonde sur des indices qui traduisent un mépris envers
les autres opérateurs économiques ou, à tout le moins, la désinvolture des fondateurs :
l’insuffisance du capital et l’absence de toute étude de la faisabilité du projet conduisent en
général à condamner les fondateurs à l’ensemble du passif.
Dans certains cas, les tribunaux déterminent le montant du capital complémentaire qui aurait
été nécessaire et en font la mesure de leur condamnation.
Certains tribunaux prennent en considération les avances faites à la société par les fondateurs
après s’être rendu compte de l’insuffisance du capital, dans la mesure où ces avances ont
diminué le montant des engagements de la société envers les tiers.
1. En vertu du CSA
La loi du 23 mars 2019 limite fortement les sanctions pénales qui étaient prévues par le Code
des sociétés, jugées inefficaces. En particulier, le CSA ne comporte aucune sanction pénale
relative aux vices de constitution.
D. Responsabilité de tiers
1. Responsabilité du notaire
Le notaire peut engager sa responsabilité s’il manque à son devoir de conseil ou s’il n’exécute
pas correctement les obligations qui lui incombent dans le cadre de la formation. Le dépôt tardif
de l’acte constitutif est sanctionné par une amende fiscale (C. enr., art. 256).
2. Responsabilité du réviseur
Le reviseur pourrait également engager sa responsabilité, envers les tiers, s’il n’a pas constaté
dans son rapport une surévaluation manifeste des apports en nature.
Section 2 – Titres
B. Types
1. Actions
Les actions, ce sont des titres qui sont représentatives du capital social c.-à-d. que les apports
faits en contrepartie de ces actions vont contribuer au capital.
Les actions vont conférer divers droits et les principaux droits que les actions vont conférer est
le droit au dividende et le droit de vote.
Les SA doivent émettre au moins une action et une action au moins doit avoir le droit de vote
(CSA, art. 7:46).
L’émission d’actions est décidée soit lors de la constitution, soit ultérieurement, par l’assemblée
générale ou l’organe d’administration dans le cadre du capital autorisé. Les actions peuvent être
avec ou sans droit de vote.
Elles peuvent aussi conférer d’autres droits. Par exemple, le droit de présenter des
administrateurs au Conseil d’administration (CA). En effet, l’Assemblée générale (AG) va
nommer les administrateurs mais les statuts pourraient prévoir que l’AG devra nommer les
administrateurs sur la base d’une liste et que cette liste est proposée par des actionnaires.
Certaines actions sont avec droit de vote et d’autres actions sont sans droit de vote :
- Dans les sociétés non-cotées (art.7 :52), on peut indiquer dans les statuts
que certaines actions ont un droit de vote et d’autres actions ont deux ou
trois droits de vote (appelées « actions à vote multiple »)
Les sociétés cotées peuvent (car il s’agit d’une mesure statutaire) prévoir
dans les statuts que les actionnaires qui ont cette qualité d’actionnaire
depuis 2 ans auront un double droit de vote.
Exemple : J’acquiers aujourd’hui une action dans une SA. Elle doit
ouvrir une page à mon nom dans un registre et indiquer que j’ai souscrit
ou acheté autant d’actions pour tel prix et à telle date.
Les actions avec un double droit de vote perdent ce double droit de vote
dans une série d’hypothèses, et notamment en cas de conversion en
actions dématérialisées et en cas de cession de la propriété (sous réserve
de certaines exceptions : cessions au sein de la même famille ou d’un
même groupe de sociétés) (art. 7:53, § 2).
èDonc retenons que les actions à double droit de vote spécifiques aux
sociétés cotées (appelées aussi « actions de loyauté ») ne constituent pas
une classe distincte d’action.
Réponse à la question « l’illicéité de l’activité effective d’une société en contradiction avec son
objet statutaire n’entraîne-t-elle pas la nullité de pareille société ? » : Non. C’est uniquement
l’illicéité de l’objet statutaire. Rappelons que la nullité de la SA est restreinte par la loi. En effet,
la loi énumère de manière LIMITATIVE les causes de nullité et en ce qui concerne l’illicéité
de l’objet de l’activité, seule l’illicéité de l’objet statutaire entraine la nullité de la société.
D’autres sanctions pourraient s’appliquer au cas posé mais ce ne sera donc pas la nullité de la
société.
b) Les SA peuvent également émettre des actions sans droit de vote. La société peut aussi
émettre des actions sans droit de vote c.-à-d. des actions qui ne donnent pas de droit
de vote.
L’intérêt est qu’il y a des personnes qui sont intéressées plus par la rentabilité de l’action
et qui n’ont pas nécessairement les moyens ou l’envie de participer aux Assemblées
Générales et d’émettre leur droit de vote.
Et souvent, les actions sans droit de vote sont émises en contrepartie d’un dividende
privilégié. Donc, l’investisseur ressemble un peu plus fort à un prêteur (rappelons des
discussions qu’on a sur la qualification de certains apports en « prêt). Les actions sans
droit de vote évoquent évidemment plus le prêt que les actions avec droit de vote mais
si elles sont émises en contrepartie de véritables apports soumis aux aléas de la société,
ce sont bien des actions.
Et il y a une particularité : pour des opérations exceptionnelles, par exemple, les actions
sans droit de vote donnent un droit de vote en cas de :
b) Transformation de la SA en SRL
e) Il y a un cas que la société ne maîtrise pas : le cas où les actions sans droit
de vote donnent droit à des dividendes privilégiés (2 euros de plus que les
autres actions). Si pendant 2 exercices successifs, pour des raisons x ou y la
société ne paie pas le dividende privilégié, dans ce cas-là, les actions sans
droit de vote vont retrouver le droit de vote et vont pouvoir l’exercer jusqu’à
ce que les dividendes privilégiés promis aient été effectivement payés.
C’est embêtant car une société qui veut par exemple émettre des actions sans droit de
vote maîtrise complètement les opérations exceptionnelles qu’elle va ou ne va pas
accomplir. Par contre, elle ne maîtrise pas la situation économique et donc ne peut pas
être assurée qu’elle va pouvoir payer des dividendes privilégiés pendant 2 exercices
effectifs. C’est la faiblesse des actions sans droit de vote.
En cas d’émission d’actions sans droit de vote auxquelles un dividende privilégié est
attribué, ces actions bénéficient néanmoins d’un droit de vote, nonobstant toute
disposition contraire dans les statuts, la décision d’émission ou une convention si les
dividendes privilégiés n’ont pas été entièrement mis en paiement durant deux exercices
successifs. Le droit de vote cesse à nouveau lorsqu’il est distribué un dividende qui,
additionné au dividende de l’exercice concerné, est équivalent au montant des
dividendes privilégiés non distribués (art. 7:57).
La suspension du droit de vote attaché à des actions se réalise dans certains des cas où le droit
de vote des actions avec droit de vote, voire le droit de vote des actions sans droit de vote qu’on
retrouve dans des cas exceptionnels :
a) Lorsqu’une société a fait un appel de fonds car les actions n’ont pas été entièrement
libérées et que le solde des apports n’est pas libéré. Suspension des droits de vote
afférents aux actions concernées aussi longtemps que les versements éligibles en vue de
la libération n’ont pas été effectués (art. 7:217 et 7:224)
Exemple : J’ai payé 25 euros alors que j’ai fait un apport de 100 euros car au moment
de la constitution, les statuts prévoyaient la libération des apports à concurrence de
25% seulement. Donc, j’étais en droit de payer 25 euros sur 100. Mais en cours de vie
sociale, le Conseil d’administration demande le paiement du solde. Je ne le fais pas.
Alors je suis en défaut et mon droit de vote est suspendu.
b) Quand la société détient ses actions propres (l’acquisition d’actions propres est une
opération compliquée : on le verra plus tard) Suspension des droits de vote afférents aux
actions propres détenues par la société (art. 7:217 et 7:224)
c) Défaut de déclaration : (art. 7:83 et art. 25/1 de la loi du 2 mai 2007 relative à la
publicité des participations importantes dans des émetteurs dont les actions sont admises
à la négociation sur un marché réglementé et portant des dispositions diverses).
Ø Dans les sociétés non cotées, la loi, dans une optique de transparence impose de
déclarer les actions quand on atteint le seuil de 25%. Exemple : Je suis
actionnaire d’une société non cotée. J’ai 10 %. J’atteins 25%. Je dois le
déclarer à la société sinon mes droits de vote vont être suspendus pour ce qui
excède 25%. Dans les sociétés non cotées, c’est différent dans la mesure où les
seuils sont beaucoup plus. La loi impose 5, 10, voire 15% et la société peut
même aller plus bas en imposant un seuil de 1, 3%, etc.
Ø Dans les sociétés cotées, l’absence de déclaration a également pour effet que les
droits de vote vont être suspendus pour ce qui excède le seuil de déclaration.
Réponse à la question « est-ce que l’activité n’est pas une réalisation de l’objet social ? » : Oui.
L’objet social désigne l’activité que la société va entreprendre. Si l’activité concrète est illicite,
la jurisprudence constante affirme que la société ne sera pas nulle. En effet, la société n’est
nulle qu’en cas d’objet statutaire illicite c.-à-d. si les statuts écrivent noir sur blanc que la société
se livre au commerce de cocaïne.
Les parts bénéficiaires, c’est le terme légal utilisé. Il existe par ailleurs d’autres appellations
non légales comme « certificats de participation » ; « parts de fondateurs ».
Les parts bénéficiaires sont des titres qui sont émis par la société en contrepartie d’apports ou
non. Les parts bénéficiaires sont des titres non représentatifs du capital, dont l’émission est
décidée lors de la constitution de la société ou par l’assemblée générale, qui confèrent un droit
au dividende ainsi que, le cas échéant, les autres droits déterminés par les statuts (art. 7:58, al.
1).
Ils peuvent être émis gratuitement pas la société (par exemple pour récompenser des membres
du personnel). Si ces titres sont émis en contrepartie d’apports, les apports ne contribuent pas
à la formation du capital.
Ø Parfois un droit de vote mais si elles confèrent un droit de vote, la loi limite ce droit
de vote de 2 manières :
- Dans les sociétés cotées, il ne peut jamais y avoir plus d’une voix par titre.
Donc, on ne pourrait pas imaginer dans les sociétés cotées un droit de vote
multiple pour les parts bénéficiaires.
- Règles de ½ et 2/3 :
3. Droits de souscription
Un droit de succession est un droit de souscrire une action. C’est un titre qui représente le
droit de souscrire des actions à un prix déterminé.
Ils peuvent être émis soit par l’assemblée générale soit par l’organe d’administration dans le
cadre du capital autorisé.
Quel est l’intérêt ? Imaginons aujourd’hui que les actions d’une société cotée valent 50 euros
mais que la société est en phase de croissance et que le cours de bourse des actions ne cesse
d’augmenter.
Imaginons que cette société a des travailleurs et que la société veut leur permettre d’investir
dans la société car d’une part c’est un moyen de rémunérer des travailleurs et d’autre part cela
permet de les fidéliser et cela montre la confiance réciproque entre la société et les travailleurs.
La société pourrait émettre en leur faveur gratuitement ou assez gratuitement des droits de
souscription qui vont leur permettre de souscrire des actions de la société à un prix déterminé
de 50 euros.
Vous me direz que s’ils achètent les actions en bourse, ils devraient payer 50 euros, donc quel
est l’intérêt ? En fait, l’intérêt est que les droits de souscription vont pouvoir être exercés dans
x années, à un moment où les actions de la société valent peut-être 250 euros. Les titulaires des
droits de souscription vont pouvoir les souscrire à 50 euros alors qu’aujourd’hui les membres
du personnel ne sont peut-être pas désireux de souscrire à 50 euros des actions qui valent 50
euros. Mais peut-être que si dans deux ans, les actions vaudront 250 euros, ils seront ravis
d’exercer leur droit de souscription.
Ils sont fréquemment émis dans le cadre de plans d’intéressement du personnel aux résultats de
la société. Par exemple, la société les émet à un centime et ils donnent le droit de souscrire les
actions de la société à un prix égal à la valeur de ces actions au moment de la souscription des
droits de souscription (par exemple, 50 EUR). Le membre du personnel qui exerce son droit de
souscription devra payer ce prix (par exemple, 50 EUR) lors de l’exercice des droits de
souscription, par exemple trois ans plus tard, même si à ce moment la valeur de l’action est
supérieure (par exemple, 100 EUR). Les objectifs poursuivis sont à la fois l’optimalisation de
la rémunération des travailleurs (grâce à un régime fiscal avantageux) et la fidélisation des
travailleurs (dans la mesure où ils ne peuvent exercer leurs droits de souscription que si leur
contrat de travail n’a pas pris fin au moment de cet exercice).
Ne pas confondre avec « une option » ! L’option peut aussi être remise par la société à son
personnel dans le cadre d’un plan d’intéressement du personnel. Elle consiste à permettre au
personnel à acheter des actions de la société à un prix déterminé. Mais pour qu’une société
émette des options sur ses propres actions, il faut que la société soit en mesure de vendre ses
actions aux membres du personnel !
Donc, cela suppose que la société ait acheté ses propres actions et qu’elle détienne ses propres
actions en portefeuille.
Donc :
- Droit de souscription : cela permet de souscrire de nouvelles actions dans le
cadre d’une augmentation du capital
- Une option sur action est un contrat qui permet d’acheter une action existante
(généralement une action que la société détient en portefeuille)
Les droits de souscription sont très fréquents dans les plans d’intéressement du personnel car
en plus, il y a un régime fiscal qui est extrêmement favorable. Donc c’est un instrument
privilégié par les employeurs pour rémunérer leurs travailleurs.
à Nuançons toutefois par le fait que cela peut être dangereux pour les
travailleurs parce que si la société tombe en faillite et que si le travailleur a été
imprudent, qu’il a investi l’ensemble de ses économies dans la société, alors
non seulement il perd son job mais en plus il perd ses économies.
4. Obligations
On se rappelle que les obligations sont des titres d’emprunt qui ne sont pas soumis aux aléas
sociaux c.-à-d. que la société doit les rembourser même si la situation va très mal, même si elle
est en perte alors que les actions sont soumises aux aléas sociaux c.-à-d. que la société ne va
pas pouvoir distribuer de dividende sur des actions si la société est en perte.
En principe, l’organe compétent pour émettre des obligations est l’organe d’administration. Il
peut également s’agir de l’assemblée générale pour les obligations qui supposent une
augmentation de capital, soit les obligations convertibles ou remboursables en actions :
5. Certificats
On y reviendra ultérieurement.
6. Forme
La forme des titres est qu’ils sont nominatifs (c.-à-d. qu’ils sont inscrits. La propriété des titres
nominatifs résulte d’une inscription au nom du titulaire dans le registre des actions de la société)
ou dématérialisés (c.-à-d. résultent d’une inscription sur un compte tenu par un teneur de titre
(généralement une banque ou d’un organisme de liquidation comme Euroclear). Les statuts
déterminent librement la forme des titres, sous réserve que les actions sont obligatoirement
nominatives dans les deux cas suivants :
a) Elles ne sont pas entièrement libérées car la société doit savoir à qui elle doit
demander le paiement du solde (CSA, art. 7 :47)
Si j’ai une action, je ne peux pas dire que je vais donner la moitié de mon action à Julie, que
nous serons désormais deux actionnaires, que Julie aura un demi de droit de vote et aura droit
à la moitié des dividendes. NON !
« Indivisibilité des titres » veut dire qu’un actionnaire ne peut pas diviser ses titres. Ne pas
confondre avec l’opération qui consiste pour une société à « scinder ses titres » par exemple car
ils valent beaucoup trop. Les titres sont indivisibles en ce sens que le titulaire d’un titre ne peut
répartir celui-ci entre plusieurs personnes qui pourraient exiger de la société un titre distinct ou
une fraction des dividendes.
Exemple : Société cotée dont les actions sont cotées au prix de 10 000 euros l’action. Ce n’est
pas très attractif pour les petits investisseurs, elle pourrait alors diviser ses actions par 10, par
100 et multiplier ses actions qui vaudront d’autant moins. Cela requiert une modification des
statuts : la société peut le faire. Mais un actionnaire ne peut pas diviser ses propres titres !
- à la division par la société de titres en coupures (par exemple parce que la valeur
du titre est devenue trop importante et nuit à sa cessibilité ou sa négociabilité),
- à la constitution par le propriétaire du titre de droits réels sur son titre (usufruit,
gage, indivision) ; d’où l’utilité de la disposition suivant laquelle que la société
ne reconnaît qu’un seul titulaire par titre. Le CSA prévoit que « Si plusieurs
personnes ont des droits réels sur une même action, la société peut suspendre
l'exercice du droit de vote, jusqu'à ce qu'une seule personne ait été désignée
comme titulaire à son égard du droit de vote » (art. 7:24).
Le principe est qu’une SA a des titres qui sont librement cessibles et qui sont même négociables
sur un marché réglementé. Mais la société peut limiter cette cessibilité de deux manières, sans
jamais pouvoir les rendre totalement incessibles.
1) Clauses d’inaliénabilité : Une clause d’inaliénabilité est une clause qui interdit la
cession et la transmission des titres. Son objectif est généralement de favoriser le
lancement d’une société, généralement une start-up. Les actions sont incessibles mais
c’est contraire au principe fondamental suivant lequel en droit commun aucun bien ne
peut être rendu incessible et deuxièmement, dans la SA, la cessibilité peut être limitée
mais ne peut pas être exclue de sorte que les clauses d’inaliénabilité ne sont permises
que si elles sont justifiées par un intérêt légitime et qu’il y a une limite : une limite dans
le temps ou s’il n’y en n’a pas, elles pourront être résiliées moyennant un préavis
raisonnable. Pour être valables, les clauses d’inaliénabilité doivent être justifiées par un
intérêt légitime, notamment en ce qui concerne leur durée. Les clauses d’inaliénabilité
d’une durée indéterminée peuvent à tout moment être dénoncées moyennant le respect
d’un préavis raisonnable (art. 7:78, § 1er, al. 2).
èLa question classique des clients est : « combien d’années l’inaliénabilité peut-elle
durer » ? Il est généralement admis 5 ans, 10 ans selon la société mais 20 ans, cela
devient beaucoup. En fait, tout va dépendre du type de société et du type
d’investissement qui est fait dans la société. Exemple : Une société en matière de
recherche et développement de produits pharmaceutiques. Cela prend des années de
mettre au point un médicament. (Idem pour les vaccins alors même que les entreprises
pharmaceutiques sont subsidiées par les Etats). Mais prenons par exemple un
médicament pour une maladie orpheline plus rare, cela prendra des années avant que
le médicament soit mis au point et s’il y a deux actionnaires dont la présence est
absolument indispensable dans la société, on pourra justifier une clause d’inaliénabilité
beaucoup plus longue que si on a une petite start-up qui devrait être rentable dans un
an ou deux. Donc tout dépend de la société mais en tout cas, il vaut mieux prévoir une
durée limitée (ex : 3 ou 5 ans), le risque est que n’importe qui demande à n’importe
quel actionnaire « je résilie la clause d’inaliénabilité en donnant un préavis ».
Exemple : Les actions sont incessibles pendant cinq ans à compter de la date de l’acte
constitutif de la société.
La loi prévoit que l’application des clauses d’agrément et de préemption ne peut jamais
aboutir à ce que l’incessibilité dure plus que 6 mois.
Exemple :
1. Généralités
a) Sauf convention contraire, le présent Article s’applique à toute Cession de Titres, quelle
qu’en soit la forme.
b) Les Actionnaires peuvent renoncer aux délais prescrits par le présent Article.
2. Agrément
a) Tout Actionnaire qui envisage de céder des Titres à un tiers (le « Candidat
Cessionnaire ») doit notifier au conseil d'administration la Cession envisagée, en vue
de l'agrément de ce dernier par le conseil d'administration, en précisant :
ii. Le nombre, et le cas échéant les numéros, des Titres à Céder (les « Titres
Offerts ») ;
b) Dans les vingt (20) Jours Ouvrables qui suivent l'envoi de cette notification, le conseil
d'administration statue, à la majorité simple, sur l'agrément du Candidat Cessionnaire.
Le refus d'agrément du Candidat Cessionnaire doit être fondé sur de justes motifs.
3. Droit de préemption
ii. Toute Cession de Titres est soumise (i) à un droit de préemption de 1er
rang au profit des Actionnaires de la même catégorie (les « Actionnaires
de Premier Rang »), (ii) à un droit de préemption de 2ème rang au profit
des Actionnaires de l’autre catégorie (les « Actionnaires de Second
Rang »).
iii. Les Actionnaires de Premier Rang disposent d’un délai de trente (30)
Jours Ouvrables à compter de la Notification de la Cession pour exercer
leur droit de préemption sur tout ou partie des Titres Offerts et en aviser,
par lettre recommandée, le conseil d'administration de la Société.
iv. A défaut pour les Actionnaires de Premier Rang d'avoir exercé leur droit
de préemption dans les délais susvisés ou si leur droit de préemption n'a
pas été exercé sur la totalité des Titres Offerts, les Actionnaires de
Second Rang disposent d’un délai de trente (30) Jours Ouvrables à
compter de la Notification 1 pour exercer leur droit de préemption sur le
solde des Titres Offerts et en aviser, par lettre recommandée, le conseil
d'administration de la Société. L'absence d'exercice du droit de
préemption dans le délai imparti vaut renonciation expresse à l'exercice
de ce droit. Au plus tard huit (8) Jours Ouvrables après l'expiration du
délai de trente (30) Jours Ouvrables susvisé, le conseil d’administration
informe les Actionnaires du nombre de Titres Offerts à l'égard desquels
un droit de préemption de 2ème rang a été exercé (la « Notification 2 »).
v. Si le nombre total de Titres pour lesquels les Actionnaires ont exercé leur
droit de préemption excède le nombre de Titres Offerts, les Titres Offerts
sont répartis entre les Actionnaires ayant exercé leur droit de préemption
proportionnellement à leur participation dans le capital de la Société,
laquelle est calculée sans prendre en compte la participation de
l'Actionnaire cédant et de tout Actionnaire non intéressé.
vii. Au cas où la totalité des Titres Offerts n'a pas été acquise par les
Actionnaires restants, le Candidat Cessionnaire peut acquérir les titres
restants.
d) La propriété des Titres Offerts sera transférée aux Actionnaires ayant exercé leur droit
de préemption au jour du paiement du prix des Titres - lequel doit être exécuté dans les
trente (30) Jours Ouvrables à compter de la Notification 1 ou, le cas échéant, de la
Notification 2.
Mais si après 6 mois, on n’a toujours pas fini la procédure d’agrément et de préemption, le
candidat cédant pourra vendre au cessionnaire.
1. Cette clause prévoit qu’elle s’applique à tout Cession6 de titres, pas seulement des
actions. On vise ici donc des actions mais aussi les droits de souscription par
exemple.
Donc, c’est très bien d’avoir une clause qui bloque la cessibilité des actions mais si
on ne bloque pas la cessibilité des droits de souscription, on aura un problème car
les droits de souscription pourront être cédés à des tiers qui à leur tour pourront
souscrire les actions.
Donc quand on commence par l’agrément, cela veut dire que l’actionnaire qui veut
céder des actions le notifie au CA avec une série de renseignements et la CA (cf.
point B) statue sur l’agrément : il accepte ou non le tiers. àS’il accepte le tiers, alors
celui-ci devient actionnaire mais refuse l’agrément, n’accepte pas le tiers, sera
entamée dès lors la procédure de préemption. Le CA va indiquer à tous les
actionnaires qu’un droit de préemption est ouvert en leur faveur.
3. La clause ici est très longue car on envisage ici l’hypothèse (très fréquente dans la
pratique) que les actions vont d’abord être offertes à certains actionnaires (par
exemple, les actionnaires fondateurs) et ce n’est que si les actionnaires fondateurs
n’exercent pas leur droit de préemption, que d’autres actionnaires (appelés ici de
second rang) vont pouvoir exercer le droit de préemption.
Compte tenu des délais permis aux parties pour réagir (car on ne va pas leur dire
« vous pouvez exercer votre droit de préemption. Décidez-vous dans les deux
jours » Non ! Il faut que les actionnaires réfléchissent, trouvent le cas échéant les
fonds. Donc cela peut prendre beaucoup de temps mais le maximum est 6 mois.
Donc quand on rédige une pareille clause, on doit compter pour que les différents
délais n’excèdent pas 6 mois.
Exemple-type : Start-up dans le domaine informatique. Deux amis constituent une SA pour
développer un produit informatique car ils se connaissent bien, car ils s’aiment bien et se
font confiance dans leurs capacités respectives, leurs connaissances respectives. èDans
un cas pareil, il y aura quasi toujours une clause d’inaliénabilité. Un actionnaire ne pourra
pas vendre ses actions à un tiers qui par exemple ne connaîtrait rien en matière
informatique.
6
Généralement quand on rédige une telle clause, on veille à faire attention de viser la vente mais aussi tout ce qui
peut amener à ce que des actions soient cédées (par exemple, cela peut être un apport de titres à une autre société).
Et les clauses d’agrément et de préemption sont utiles notamment dans toute société où
l’intuitu personae est important : c’est le cas des sociétés familiales (ex : société familiale
qui gère des immeubles donc le patrimoine familial. Elle n’a pas envie qu’un tiers devienne
actionnaire mais si on a choisi la formule de la SA, on peut restreindre la cessibilité mais
pas l’interdire).
3) Clauses de drag along (obligation de suite) et de tag along (droit de suite) : elles
restreignent aussi d’une certaine manière la cessibilité. Ces deux types de clauses sont
souvent (mais pas toujours) combiné
Ø Droit de suite Une clause de droit de suite (tag along) est une clause en vertu
de laquelle les actionnaires (généralement minoritaires) ont le droit de céder, au
même prix, leurs titres au tiers auquel d’autres actionnaires (généralement
majoritaires) cèdent leurs titres. Son objectif est de protéger les actionnaires
minoritaires d’un changement de contrôle de la société : s’ils ne font pas
confiance au cessionnaire, ils peuvent lui céder leurs titres. Elle vise l’hypothèse
suivante : je suis actionnaire minoritaire de la société. J’ai 25%. Vous êtes
actionnaire majoritaire à 75%. Le droit de suite consiste en mon droit à vendre
les actions à la même personne que celle qui achète les vôtres.
èL’intérêt du droit de suite est évident pour l’actionnaire minoritaire qui a par
exemple investi dans une société parce qu’il faisait confiance aux actionnaires
majoritaires. Ce n’est pas n’importe quel tiers. Donc si les actionnaires
majoritaires vendent, il veut vendre aussi.
Ø Obligation de suite Une clause d’obligation de suite (drag along) est une clause
qui oblige les actionnaires (généralement minoritaires) à céder, au même prix,
leurs titres au tiers auquel d’autres actionnaires (généralement majoritaires)
cèdent leurs titres. Son objectif est de faciliter la cession par les actionnaires
auxquels elle profite. (c’est un peu l’inverse du droit de suite) : vous êtes
actionnaire majoritaire (vous avez 90 % des actions). Vous souhaitez vendre des
actions à un tiers. Le tiers dira « vous êtes fou ! Je veux 100% des actions dans
la société et pas 90% ».
Donc, l’obligation de suite est une clause qui impose aux actionnaires
minoritaires de vendre leurs actions aux mêmes conditions à la personne qui va
acheter les actions de l’actionnaire majoritaire.
èDonc, l’intérêt est évident pour les actionnaires majoritaires qui d’une
manière ou d’une autre ont convaincu les minoritaires.
Donc, s’il y a 50% dans une société, qu’il y a un organe d’administration avec deux
administrateurs, alors il y a un risque de blocage en cas de désaccord. àDonc, il faut
pouvoir sortir de la société !
i. Chacune des Parties (la « Partie résiliente ») pourra, dans un délai de quinze (15)
Jours ouvrables après l’expiration du délai mentionné ci-dessus, notifier par écrit
à l’autre Partie une « Notification de Résolution de blocage Persistant » et la
« Partie non résiliente ». (i) qu’elle souhaite acquérir l’ensemble des Actions
détenues par la Partie non résiliente en (ii) spécifiant le prix et les conditions
proposées par Action. Une telle Notification de Résolution de Blocage Persistant
est irrévocable. La Partie non résiliente ne peut plus ensuite notifier de
Notification de Résolution de Blocage Persistant.
ii. La Partie non résiliente, dans un délai de quinze (15) Jours Ouvrables après
réception de la Notification de Résolution de Blocage Persistant, pourra décider
de soit (i) vendre toutes ses Actions à la Partie résiliente aux prix et conditions
mentionnés dans la Notification de Résolution de Blocage Persistant ; ou soit (ii)
acheter l’ensemble des Actions de la Partie résiliente au prix et aux conditions
spécifiés dans la Notification de Résolution de Blocage Persistant.
Si la Partie non résiliente décide d’appliquer la solution mentionnée sous le point (i)
ou si la Partie non résiliente ne réagit pas dans un délai de (15) Jours Ouvrables après
réception de la Notification de Résolution de Blocage Persistant, la vente de ses
Actions sera mise en œuvre. Si la Partie non résiliente décide d’opter pour la solution
mentionnée sous le point (ii), la vente des Actions de la Partie Résiliente sera mise en
œuvre.
Exemple : A dit à B qu’il vend ses actions à 1 million d’euros, ce à quoi B va répondre
qu’il est d’accord ou qu’il propose de vendre ses actions plutôt à 1 millions d’euros.
Donc, c’est aussi la clause de la « roulette russe » : la partie qui déclenche cette clause
en disant qu’elle vend ou achète les actions de l’autre à autant risque de se retrouver
dans la position de l’acheteur s’il souhaite initier une vente ou dans la position du
vendeur s’il a dit qu’il voulait initier un achat.
Il faut les mettre dans les statuts ou convention d’actionnaires ? Les statuts sont plus publics
qu’une convention d’actionnaire, donc permettent d’assurer opposabilité aux tiers mieux
qu’une convention d’actionnaire.
Néanmoins, cette dernière est pratique pour ces clauses sont très longues, complexes et en outre,
il y a parfois des informations confidentielles (ex : sur la manière de calculer le prix), car on
peut prévoir qu’en cas de contestation de ceux qui exercent le droit de préemption sur le prix
ont recours à un expert ou on prévoit des formules. Donc la discrétion recommande parfois
d’inscrire ceci dans une convention d’actionnaire.
Par ailleurs, on peut obvier le problème qui tient au fait que la convention d’actionnaire n’est
pas publiée en inscrivant une mention dans le Registre des actions nominatives des
actionnaires. Cela permettra alors que les tiers soient au courant qu’il y a une convention
d’actionnaire.
La professeure utilise aussi cette possibilité de renvoyer dans les statuts à la convention
d’actionnaire qui restreint la cessibilité des actions. Cela empêche un tiers qui achète des actions
prétend qu’il n’est pas en violation de la clause qui limite la cessibilité des actions, en affirmant
ne pas être au courant et de bonne foi et donc prétend que son achat ne peut pas être annulé.
à Il est important de l’indiquer clairement car si les tiers sont au courant et qu’il y a une vente
d’actions en violation d’une clause qui restreint la cessibilité des actions, que le tiers est de
mauvaise foi et complice, alors la réparation en nature de la tierce complicité va pouvoir être
l’annulation de la vente tandis que si le tiers est de bonne foi et si la clause d’inaliénabilité qui
restreint la cessibilité figurait uniquement dans une convention d’actionnaire alors dans ce cas,
ce sera beaucoup plus difficile d’annuler la vente.
On peut citer comme arguments en faveur de l’insertion de ce type de clauses dans les statuts :
On peut citer comme arguments en faveur de l’insertion de ce type de clauses dans une
convention :
- leur discrétion, surtout s’il y a des éléments confidentiels concernant la fixation du prix
;
- la difficulté d’insérer dans les statuts des clauses parfois kilométriques (parfois six, sept
tours, avec des aller et retour vers les actionnaires d’une même catégorie si tous les
actionnaires de cette catégorie ne se portent pas acquéreurs au premier tour) ;
https://app.wooclap.com/MSNQLU/questionnaires/5f71f9d8b0f9d419941c61aa
1. Une SA peut émettre 1.000 actions dont 1 avec droit de vote et 999 sans droit de vote :
Vrai. Il suffit de mettre une action avec droit de vote.
2. Une SA peut émettre uniquement des parts bénéficiaires et des obligations : Faux car
elle doit avoir un capital de 61.500 euros et les apports émis en contrepartie des parts
bénéficiaires ou le prix des obligations n’entrent pas dans le capital. Donc il faut
nécessairement qu’elle émette au moins une action avec droit de vote.
3. Une SA 1 action avec droit de vote et 999 parts bénéficiaires : Vrai. Dans la question 1,
les 1000 actions contribuent au capital tandis que dans cette question 3, 1 action contribue
au capital et 999 parts bénéficiaires qui ne contribuent pas au capital. Peu importe si l’action
est émise en contrepartie d’un apport de 61.500 euros.
4. Les actions peuvent être nominatives ou dématérialisées. Elles ne peuvent plus jamais
être au porteur car cela a été abrogé il y a plusieurs années dans le cadre de la lutte contre
le blanchiment d’argent.
5. On peut rendre les actions d’une SA incessibles : Oui mais jamais complètement
incessibles car une des caractéristiques de la SA. En principe ses actions sont librement
cessibles et même négociables en bourse. Cette cessibilité peut être limitée mais jamais
réduites à néant.
a) Oui, par une clause spéciale des statuts ou par une convention
b) Oui, mais cela requiert une clause spéciale des statuts
c) Non, sauf pour une durée limitée (ou indéterminée qui pourra être résiliée à tout
moment). Le résultat est donc la cessibilité pour une durée limitée.
Une SA doit avoir un capital minimum de 61.500 euros. Ce capital va être constitué, mis à la
disposition de la société grâce à des apports lesquels peuvent être soit en espèces, soit en nature.
Si je fais un apport de 61.500 euros, le bilan de la société va être présenté comme suit : l’actif
en banque est de 61.500 euros et comme par définition le capital est inscrit au passif, le passif
sera de 61.500 euros. èLe Code fait la distinction entre la notion de souscription et de
libération :
En ce qui concerne le capital, le capital souscrit doit être de minimum 61.500 euros c.-à-d. qu’il
faut trouver des engagements, des fondateurs pour que le capital soit de minimum 61.500 euros.
Mais il faut aussi que le capital libéré soit d’au moins 61.500 euros (si on prend l’hypothèse où
il n’y a que des apports en espèce, il faut qu’il y ait 61.500 euros sur le compte spécial à la
disposition de la société pour le jour de l’acte constitutif.
Les apports et les actions doivent aussi être souscrits (il faut un engagement pour l’apports) et
libérés mais cette fois à concurrence de 25% (ex : si je fais un apport de 100 euros, je dois
uniquement payer 25 euros ou verser 25 euros sur le compte à la disposition de la société).
Pour voir quel est le montant minimal que je vais devoir payer, on va regarder les deux seuils
et on va prendre celui qui est le plus élevé.
Exemple : Constituons une société avec un capital de 100 000 euros. Le capital minimum
souscrit est de 61.500 euros (je suis bien au-delà) mais je dois le libérer à concurrence de
61.500 euros. è Donc premier seuil : 61 500
èDeuxième seuil : 100 000. Je fais uniquement des apports en espèce. Je dois les libérer à
concurrence d’un quart de 100 000 c.-à-d. 25 000.
èDeuxième seuil : les apports doivent être libérés à concurrence d’un quart. Apport d’un
million. ¼ d’1 million =250 000 euros
è Le plus élevé est le deuxième seuil. Donc, je dois apporter 250 000 euros
Donc, selon qu’on ait un capital qui excède ou non 4x61.500 euros, ce sera soit le capital libéré
de 61.500 euros qui sera le seuil le plus élevé, soit le quart des apports qui sera le seuil le plus
élevé.)
Section 3. Administration
I. Modèle de gouvernance
Il y a un grand principe à retenir : l’organe souverain dans la SA c.-à-d. l’organe qui a toutes
les compétences sauf les compétences que la loi réserve expressément à un autre organe, ce
n’est pas l’AG.
Ce mythe circule encore suivant lequel l’AG a tous les pouvoirs. Ce n’est pas juste. En effet,
l’organe souverain dans la SA, c’est l’organe d’administration.
Bien entendu l’AG a des pouvoirs importants car c’est notamment elle qui désigne les
administrateurs ou qui modifie les statuts. Mais elle n’a finalement que les pouvoirs que le CSA
a bien voulus lui donner.
L’organe qui a tous les pouvoirs sauf ceux réservés à un autre organe tel que l’AG, c’est
l’organe d’administration. Ce dernier va par exemple arrêter la stratégie de la société : Est-ce
que la société va attaquer de nouveaux marchés, est-ce qu’elle va se concentrer sur une région
déterminée du pays, est-ce qu’elle va développer sa gamme de production ? Toutes ces
décisions sont prises non pas par l’AG mais par l’organe d’administration.
Sous l’empire du CS, la gestion des SA était facile puisque c’était le CA qui était l’organe
d’administration et il y avait ce seul modèle de gouvernance avec un CA qui pouvait certes
déléguer des pouvoirs (par exemple, un délégué à la gestion journalière) ou bien à un comité de
direction qui était un comité composé d’une série d’exécutifs (par exemple, le directeur des
opérations, le directeur financier, le directeur du personnel) à qui il déléguait la prise de toute
une décision de mise en œuvre mais c’était toujours le CA qui était en charge de la stratégie et
sous l’empire du CSA, le comité de direction n’était pas un organe mais était juste auquel le
CA déléguait certains pouvoirs comme il pouvait aussi déléguer certains pouvoirs à un
mandataire.
Le CSA a profondément modifié cela en prévoyant que désormais une société anonyme a le
choix entre 3 modèles de gouvernance c.à.d. :
2. Administrateurs
L’assemblée générale nomme les administrateurs et peut les révoquer ad nutum, sans préavis
ni indemnité. Les statuts peuvent cependant prévoir que, sauf justes motifs, l’assemblée
générale ne peut mettre fin au mandat d’administrateur que moyennant le respect d’un préavis
ou le paiement d’une indemnité (art. 7:85, § 3). Le principe de la révocation ad nutum est donc
supplétif, sauf en cas de justes motifs.
En cas de vacance d’une place d’administrateur, les administrateurs restants ont le droit de
coopter un nouvel administrateur, sauf si les statuts l’excluent. La première assemblée générale
qui suit se prononce sur la confirmation du mandat de l’administrateur coopté (art. 7:88, § 1er).
3. Administrateurs indépendants
Les sociétés cotées peuvent avoir un des 3 modèles de gouvernance mais elles doivent avoir
des administrateurs indépendants, un type particulier d’administrateur non exécutif en plus
imposé par la loi.
Les administrateurs indépendants vont veiller aux intérêts des actionnaires minoritaires. Les
sociétés cotées doivent avoir au moins trois administrateurs indépendants. Cette obligation
résulte des articles 7:99 et 7:100 du CSA, qui leur imposent (sous réserve de certaines
exceptions) de constituer au sein de leur conseil d'administration un comité d’audit et un comité
de rémunération composé d’au moins un administrateur indépendant (comité d’audit) ou d’une
majorité d’administrateurs indépendants (comité de rémunération). En outre, dans ces sociétés,
les opérations visées par l’article 7:97 (opérations intra-groupe) doivent être soumises à un
comité composé de trois administrateurs indépendants, de sorte qu’il est utile, pour ces sociétés,
d’avoir, avant que la question ne se pose, trois administrateurs indépendants
Un administrateur d’une société cotée est considéré comme indépendant s’il n’entretient pas
avec la société ou un actionnaire important de celle-ci de relation qui soit de nature à mettre
son indépendance en péril. Si l’administrateur est une personne morale, l’indépendance doit
être appréciée tant dans le chef de la personne morale que de son représentant permanent.
Afin de vérifier si un candidat administrateur répond à cette condition, il est fait application des
critères prévus dans le Code belge de gouvernance d’entreprise 2020. Un candidat
administrateur qui remplit ces critères est présumé, jusqu’à preuve du contraire, être
indépendant (art. 7:87, § 1er).
Néanmoins, pour des critères précis, il renvoie au Code belge de gouvernance d’entreprise qui
comporte une série de critères recoupés dans les critères développés par le CGE (voir syllabus
pour les détails) :
èLe CGE fixe la limite à 10%. Ce qui est aberrant car avec ce taux élevé, bien sûr qu’on est
un actionnaire important d’une société cotée. Certes, avec ce taux, on ne contrôle pas pour
autant une société cotée mais compte tenu de l’absentéisme des actionnaires, avec ce taux, on
exerce énormément de pouvoirs à l’AG.
Si une personne entretient des relations d’affaire importantes avec une société, elle ne peut pas
devenir administrateur indépendant de cette société
4- Les liens familiaux : un administrateur ne peut pas être indépendant si sa conjointe est le
CEO de la société cotée.
6- Le sixième critère est l’exemple de l’administrateur indépendant qui s’installe et qui reste
administrateur indépendant pendant une très longue durée. Il reste même indépendant non-
exécutif pendant une longue durée. à Après 12 ans d’exercice du mandat d’administrateur, on
considère qu’une personne ne peut plus être administrateur indépendant parce qu’elle est
devenue trop familière avec la société, ce qui peut nuire à son indépendance de jugement.
S’il y a un CA, on met les administrateurs dans le CA. S’il y a un administrateur unique (on se
rappelle que dans une société cotée, l’administrateur unique doit être nécessairement une SA)
sera mis dans le CA d’une SA. Mais si la société a une structure duale, les administrateurs
indépendants vont siéger au conseil de surveillance.
On a vu que 3 membres était le chiffre minimum pour le CA. Quand il y a des administrateurs
indépendants, généralement, la société cotée a au moins 7 administrateurs car généralement, la
société cotée n’a pas envie que ce soient les indépendants qui soient majoritaires et qui puissent
faire la loi. D’ailleurs, on évite les nombres pairs car qui dit nombre pair, dit possibilité de
blocage. Donc un nombre impair est toujours conseillé dans les CA.
Bref : Sociétés cotées avec un administrateur unique : doit être une SA avec un
organe collégial
L’administrateur délégué est présumé membre exécutif du conseil d'administration (art. 7:99, §
3, al. 2 et art. 7:100, § 2, al. 1).
Le Code belge de gouvernance d’entreprise 2020 prévoit que la majorité des administrateurs
sont non exécutifs (3.4)
5. Parité
observation à propos de la nécessité d’un échange d’idées : ces idées sont d’autant plus fécondes
qu’elles émanent de personnes différentes. C’est une des raisons pour laquelle la loi impose la
mixité au CA c.-à-d. qu’il faut au moins 1/3 des administrateurs de l’autre sexe.
À titre anecdotique, signalons les discussions auxquelles ont donné lieu cette disposition
lorsqu’elle était introduite en droit belge en 2010, même un peu avant, à propos de certaines
sociétés détenues par l’Etat. Il y a une série de personnes qui se sont dit que la formulation est
quand même compliquée, donc ne vaudrait-il pas mieux dire qu’il y a un minimum 1/3 de
femmes. Mais dire qu’il faut au moins 1/3 des administrateurs de l’autre sexe n’est pas la même
chose que de dire qu’il faut au moins 1/3 de femmes. Si on s’arrêtait là, ce serait une règle
sexiste.
Cette obligation de mixité au CA ou conseil de surveillance vaut pour les sociétés cotées et les
entités d’intérêt public (par exemple, une société qui n’est pas cotée mais qui émet des
obligations qui elles-mêmes sont admises aux négociations sur euronex).
D’ailleurs au moment où on introduit l’exigence de mixité au CA, il y a plein d’études qui ont
été réalisées et qui démontrent que les sociétés où les CA où il y a une mixité performent mieux
que les sociétés qui n’incluent pas de considération de genre dans leur CA.
- La première et principale sanction est celle du marché qui est quand même
attentive à la gouvernance d’entreprise.
Les investisseurs institutionnels sont généralement très attentifs car ils ont parfois des
discussions qu’on a eue à propos de la GE : certains investisseurs institutionnels ne peuvent
investir dans des sociétés cotées que si ces sociétés cotées respectent certaines caractéristiques.
Donc, il se peut que certains de ces investisseurs aient des chartes de GE qui stipulent qu’ils
n’investissent pas dans des sociétés qui ne respectent pas des règles en matière de mixité (ils
vont se retirer alors de la société). Si la prochaine assemblée générale ne constitue pas un conseil
d'administration dont la composition est conforme à ces exigences, tout avantage, financier ou
autre, de tous les administrateurs, lié à l’exécution de leur mandat, est suspendu (art. 7:86, al.
3) ;
- L’autre sanction est prévue par la loi. Il se peut qu’un CA soit bien composé
(ex : 7 administrateurs dont 3 d’un sexe et 4 de l’autre) mais à la suite de
démissions, il se retrouve composé de manière irrégulière. En soi, ce n’est pas
un problème du point de vue de la loi mais si la prochaine AG ne rectifie pas la
situation, en visant au respect du quota, alors tout avantage financier/toute
rémunération des administrateurs devra être suspendue. è Les administrateurs
ont donc tout intérêt à inviter l’AG à rétablir la situation.
Mais si l’AG ne rétablissait pas la mixité, mais en plus, elle désignerait un membre du sexe
surreprésenté à alors dans ce cas, les décisions du CA vont se heurter à un problème.
Autre observation : Certes il faut 1/3 des administrateurs qui doivent être de l’autre sexe mais
la loi s’arrête là.
En pratique, on constate que les exécutifs ont le pouvoir, que les indépendants ont un rôle certes
important mais ne vont pas dicter la stratégie de la société. Donc souvent dans une série de
sociétés un peu plus traditionnel, ce qui se passe, c’est qu’on désigne comme administrateur
indépendant, les femmes c.-à-d. que les administrateurs exécutifs (schéma qui se retrouve dans
plusieurs sociétés cotées) sont les hommes et puis, 3 femmes sont nommées comme
administrateurs indépendants. èC’est une manière de contourner l’objectif de la loi mais la loi
n’interdit pas de le faire.
6. Réunions
Les statuts peuvent prévoir les modalités de réunion du conseil d'administration (convocation,
présidence, nombre minimum de réunions par an, ...) et quelles sont les personnes habilitées à
délivrer des extraits certifiés conformes des décisions du conseil d'administration (usuellement:
deux administrateurs, ou le président et un autre administrateur).
Les administrateurs forment un collège. Ce principe implique une délibération mais pas une
réunion physique entre tous les administrateurs de sorte qu’une décision prise dans le cadre
d’une conférence téléphonique ou une vidéoconférence est valable. Les statuts peuvent le
préciser.
Les décisions du conseil d'administration peuvent être prises par consentement unanime des
administrateurs, exprimé par écrit, à l’exclusion des décisions pour lesquelles les statuts
excluent cette possibilité (art. 7:95, al. 2).
Les statuts peuvent prévoir que le conseil d'administration se réunit un minimum de fois par an,
que les administrateurs peuvent conférer des mandats spéciaux ... .
èCe modèle traditionnel a fait ses preuves notamment car le CA est un organe collégial c.-à-
d. qu’il prend ses décisions à la suite d’une délibération et ce, généralement à la majorité (si
possible par consensus) et la confrontation des idées est quelque chose d’extrêmement utile et
qui va permettre de prendre des décisions meilleures. La confrontation des idées suppose aussi
que ces idées émanent de personnes différentes car si on a juste un club de personnes qui ont
fréquenté, qui ont eu la même éducation, qui ont le même âge, qui sont du même genre (des
hommes d’une génération un peu plus avancée par exemple), alors la confrontation des idées
risque d’être assez stérile.
On a cité ci-dessus le cas d’une société avec un actionnaire unique en disant que dans ce cas, le
CA doit avoir au minimum 2 administrateurs mais l’actionnaire unique pourrait alternativement
choisir le modèle où il y a 1 seul administrateur : c’est le modèle de l’administrateur unique.
1. Notion
Les statuts peuvent prévoir que la société est administrée par un administrateur unique, qui peut
être nommé dans les statuts.
Dans les sociétés cotées, l’administrateur unique doit être une société anonyme administrée par
un organe collégial.
Dans ce cas, si l’administrateur unique est une société anonyme avec un conseil
d’administration, les dispositions en matière de conseil d’administration s’appliquent par
analogie au conseil d’administration de l’administrateur unique et aux membres de celui-ci. Par
exemple, dans les sociétés cotées, le conseil d’administration de l’administrateur unique doit
comporter au moins trois administrateurs indépendants et au moins un tiers des administrateurs
doit être de l’autre sexe.
Si l’administrateur unique est une société anonyme avec une administration duale, les
dispositions en matière d’administration duale s’appliquent par analogie à son conseil de
surveillance et à son conseil de direction et à leurs membres.
3. Irrévocabilité
Les titulaires d’actions avec droit de vote qui représentent au moins 10 % (ou, pour une société
cotée, 3 %) du capital peuvent néanmoins désigner à l’unanimité un mandataire spécial,
actionnaire ou non, chargé d’introduire une demande de révocation de l’administrateur (art.
7:101, § 4)
4. Responsabilité
Les statuts peuvent prévoir que l’administrateur unique est solidairement et indéfiniment
responsable des obligations de la société. Dans ce cas, l’administrateur ne peut être
personnellement condamné en raison des obligations de la société tant que cette dernière n’a
pas été elle-même condamnée.
5. Droit de veto
Les statuts peuvent prévoir que le consentement de l’administrateur unique est exigé pour toute
modification de statuts, toute distribution aux actionnaires ou pour sa révocation.
L’intérêt de ce modèle de gouvernance est que les sociétés en commandite par action qui étaient
gérées par un gérant qui avait un droit de véto et qui était nommé dans les statuts et quasi
irrévocable ont été abrogées par la loi du 23 mars 2019, sous réserve du droit transitoire en ce
sens que les vieilles sociétés en commandite par action peuvent survivre jusqu’au 1er janvier
2024. C’est la date couperet si elles n’ont pas modifié leur statut pour cette date, elles seront
d’office transformé en société anonyme avec un administrateur unique.
Donc, ce modèle de gouvernance constitue une alternative à la SCA avec un gérant. Ce modèle
est donc utile dans tous les cas où les SCA étaient utiles comme pour les sociétés familiales où
on a généralement le pater familiae qui veut garder les reines de la société et qui étaient dans
la SCA un gérant, sera dans la SA avec un administrateur unique, l’unique administrateur qui
pourra donc décider de la gestion de la société et qui bien souvent sera stipulé irrévocable de
sorte que même si une personne qui a fondé une société et qui détient des actions peut même
les donner à ses enfants tout en étant assuré de garder le pouvoir grâce à sa position
d’Administrateur unique stipulé « irrévocable ».
Une autre utilisation jadis de la SCA, mais désormais de la SA avec un administrateur unique,
peut être une société pour se protéger contre des risques d’offre publique, d’acquisition car on
parlera brièvement des offres publiques d’acquisition mais à ce stade, il faut savoir qu’une offre
publique d’acquisition est une offre par une personne qui souhaite acquérir toutes les actions
d’une société. L’offre peut être amicale (lorsqu’elle se fait en bonne intelligence avec l’organe
d’administration) ou hostile (lorsque l’organe d’administration n’est pas consulté). Si on a une
société cotée par exemple, une offre publique d’acquisition est toujours possible mais le
prédateur sera beaucoup moins intéressé à faire une offre publique d’acquisition sur une
société s’il y a un administrateur unique irrévocable car même s’il obtient une grande majorité
des actions, en principe, il ne pourra pas révoquer l’administrateur unique et donc ne pourra
pas imprimer sa gestion à la société.
Donc le modèle de l’administrateur unique décourage aussi les offres publiques d’acquisition.
Ce système consiste à répartir l’administration de la société entre deux organes dont les
pouvoirs sont définis par le CSA : un conseil de direction compétent pour l’ensemble des
matières opérationnelles et un conseil de surveillance appelé, d’une part, à se prononcer sur les
grandes orientations stratégiques de la société et sur un certain nombre de questions qui lui sont
spécifiquement réservées, et, d’autre part, à superviser le conseil de direction.
Les statuts peuvent prévoir que l’administration de la société est assurée par un conseil de
surveillance et un conseil de direction (art. 7:104). Les membres du conseil de direction ne
peuvent être en même temps membres du conseil de surveillance, et vice-versa. Les membres
du conseil de direction et du conseil de surveillance ne peuvent pas, en cette qualité, être liés à
la société par un contrat de travail.
2. Conseil de surveillance
Il se charge de la stratégie de la société et a tous les pouvoirs qui sont expressément réservés
par la loi au Conseil d’administration dans une structure classique tandis que le Conseil de
direction a tous les pouvoirs qui lui sont délégués par le Conseil de surveillance et par la loi.
Le conseil de surveillance est chargé de la politique générale et la stratégie de la société et de
tous les actes qui sont réservés spécifiquement au conseil d’administration par d’autres
dispositions du CSA. En particulier, il rédige tous les rapports et projets prévus par le CSA. Il
exerce la surveillance du conseil de direction (art. 7:109).
Il constitue un organe collégial composé d’au moins trois membres, personnes physiques ou
morales (art. 7:105, § 1er).
Dans les sociétés cotées, il doit comporter des membres indépendants, dont l’indépendance
s’apprécie comme pour les administrateurs indépendants (art. 7:106, renvoyant à l’art. 7:87) et,
dans les sociétés cotées et les entités d’intérêt public, au moins un tiers des membres de l’autre
sexe (art. 7:106, renvoyant à l’art. 7:86). En fait, cette structure ressemble très fort à celle qui
existait sous l’empire du CSA où on avait un CA qui pouvait déléguer certains pouvoirs à un
comité de direction.
La différence ici c’est que les pouvoirs sont établis par la loi. Le Conseil de surveillance a un
rôle de définition de la stratégie et de contrôle de l’exécution par le Conseil de direction.
Les membres du conseil de surveillance sont nommés par l’assemblée générale des actionnaires
(ils peuvent être désignés pour la première fois dans l’acte constitutif) pour six ans au maximum
mais leur mandat est renouvelable de manière illimitée.
Ils sont révocables ad nutum mais, comme pour les administrateurs, les statuts peuvent prévoir
qu’il ne peut être mis fin au mandat d’un membre du conseil de surveillance que moyennant le
respect d’un délai de préavis ou l’octroi d’une indemnité de départ. L’assemblée générale peut
en toute hypothèse mettre fin au mandat d’un membre du conseil de surveillance pour de justes
motifs, sans préavis ni indemnité (art. 7:105).
En cas de vacance, les autres membres du conseil de surveillance ont le droit de coopter un
nouveau membre, sauf si les statuts l’excluent. La première assemblée générale qui suit se
prononce sur la confirmation du mandat du membre coopté (art. 7:106, renvoyant à l’art. 7:88).
Il prend toutes les mesures exécutives qui doivent être prises dans une société. Le conseil de
direction exerce tous les pouvoirs d’administration qui ne sont pas réservés au conseil de
surveillance (art. 7:110).
Il en va de même pour une répartition des tâches entre les membres du conseil de direction (art.
7:110).
Les statuts peuvent prévoir que certaines décisions prises par le conseil de direction doivent
être préalablement approuvées par le conseil de surveillance. De telles clauses statuaires n’ont
qu’un effet purement interne et ne sont pas opposables aux tiers. Le conseil de direction
constitue un organe collégial composé d’au moins trois membres, personnes physiques ou
morales. Les membres du conseil de direction sont désignés et révoqués par le conseil de
surveillance (art. 7:107).
Il est important de savoir quand on est membre du Conseil de surveillance, on ne peut pas être
membre du Conseil de direction.
èC’est logique puisque le surveillant ne peut pas être le surveillé et que tous les exécutifs vont
être dans le Conseil de direction (ex : le CEO doit être dans le Conseil de direction et non pas
dans le Conseil de surveillance).
Le conseil de direction exerce tous les pouvoirs d’administration qui ne sont pas réservés au
conseil de surveillance (art. 7:110). Il dispose donc de la compétence exclusive pour le
fonctionnement opérationnel de la société et de toutes les compétences résiduaires.
Les statuts peuvent apporter des restrictions aux pouvoirs du conseil de direction. Une telle
restriction n’est pas opposable aux tiers, même si elle est publiée. Il en va de même pour une
répartition des tâches entre les membres du conseil de direction (art. 7:110).
Les statuts peuvent prévoir que certaines décisions prises par le conseil de direction doivent
être préalablement approuvées par le conseil de surveillance. De telles clauses statuaires n’ont
qu’un effet purement interne et ne sont pas opposables aux tiers.
Le conseil de direction constitue un organe collégial composé d’au moins trois membres,
personnes physiques ou morales. Les membres du conseil de direction sont désignés et révoqués
par le conseil de surveillance (art. 7:107).
C’est un modèle qui provient du droit allemand. Il est donc très peu pratiqué en Belgique. Il
peut se justifier dans de très grandes sociétés.
v Les administrateurs sont nommés par l’AG : ça vaut aussi bien pour les membres du
Conseil d’administration que pour l’administrateur unique, que pour les membres du
conseil de surveillance.
>< Par contre, les membres du conseil de direction vont être nommés par le conseil de
surveillance.
v Les administrateurs seront nommés par l’AG qui peut les choisir parmi qui ? Le choix
est large. Il suffit que la personne soit compétente et ne soit pas frappée d’une
incompatibilité ou d’une interdiction professionnelle (cf. principes généraux vus
précédemment) : il peut s’agir d’une personne physique ou d’une personne morale
(une autre société par exemple, qui devra désigner un représentant permanent
personne physique)
Ce sont donc ceux qui apportent les projets et gèrent la société au quotidien.
- Tandis que les administrateurs non exécutifs vont plutôt avoir un rôle de
critique, de caisse de résonnance. Ils vont juger, discuter les projets qui sont
apportés par des administrateurs exécutif. Exemple : Dans une société
immobilière, ce sont des administrateurs exécutifs qui vont venir avec l’idée de
construire ou d’acheter tel bâtiment et ce sont les administrateurs non-exécutifs
qui au cours de la réunion du CA vont challenger cette décision, poser des
questions sur la rentabilité du projet, les risques, etc.
Donc, parfois on dit des administrateurs non exécutifs qu’ils ont un rôle plus
passif. Ce n’est pas tout à fait exact : ils ont un rôle très important mais plus un
rôle de caisse de résonnance, de critique mais au sens positif du terme.
Si on prend des décisions par écrit, par définition, on ne se réunit pas, on ne délibère pas. Donc
a priori, les décisions par écrit sont à l’opposé d’un organe délibérant et sans habilitation
expresse dans la loi, ce ne serait pas possible.
Cela arrive bien sûr en pratique de nombreuses fois sous l’empire du CS, même en l’absence
de toute habilitation légale qu’au lieu de se réunir, les administrateurs se contentent de signer
des papiers. Cela ne veut pas dire que cela correspond à ce qui doit être fait.
Il faut que ce soit à l’unanimité de tous les administrateurs. Cela veut dire que tous les
administrateurs doivent y participer et que donc une abstention d’un administrateur ferait
obstacle à l’adoption d’une décision écrite. Cette faculté est prévue par le CSA mais c’est une
disposition supplétive en ce sens que les statuts peuvent l’écarter en tout (ce serait pourtant
dommage de se priver d’une telle faculté) ou en partie (cela pourrait se justifier par le fait que
quand on arrête les comptes annuels, le CA doit se réunir et les administrateurs doivent échanger
les idées : se réunir ne veut pas dire nécessairement dans la même pièce. On peut très bien se
réunir lors d’une conférence vidéo ou téléphonique, ce qui compte vraiment pour le caractère
délibératif, c’est que les administrateurs puissent échanger des idées). Dans une résolution
écrite, il n’y a pas d’échange d’idées mais la contrepartie est que la résolution doit être adoptée
à l’unanimité.
En pratique, on constate que les exécutifs ont le pouvoir, que les indépendants ont un rôle certes
important mais ne vont pas dicter la stratégie de la société. Donc souvent dans une série de
sociétés un peu plus traditionnel, ce qui se passe, c’est qu’on désigne comme administrateur
indépendant, les femmes c.-à-d. que les administrateurs exécutifs (schéma qui se retrouve dans
plusieurs sociétés cotées) sont les hommes et puis, 3 femmes sont nommées comme
administrateurs indépendants. èC’est une manière de contourner l’objectif de la loi mais la loi
n’interdit pas de le faire.
Les conflits d’intérêts au sein de l’organe d’administration (dans toutes les SA) peuvent se
poser à divers niveaux comme par exemple, au sein d’un organe d’administration. Exemple-
type du conflit d’intérêt : Société immobilière. Imaginons qu’un administrateur veut acheter un
immeuble à la société, et la société veut le lui vendre. Cet administrateur se trouve dans une
situation de conflit d’intérêt car, en tant qu’administrateur de la société, il a intérêt à ce que le
prix soit le plus élevé possible car la société est venderesse mais en tant que personne physique,
il a intérêt que le prix soit le plus bas possible car lui personnellement est acheteur.
On sait que le Code civil régit les conflits d’intérêt dans la personne du mandataire, par exemple,
en disant que nul ne peut se porter acheteur en qualité du bien qu’il soit chargé de vendre en
qualité de mandataire. Donc, il y a ici une interdiction absolue.
tous les conflits d’intérêts patrimoniaux directs ou indirects (c.-à-d. qui intéressent le
patrimoine) qui se produisent le chef d’un administrateur.
- sa déclaration, ainsi que les raisons justifiant l'intérêt opposé qui existe dans son
chef, doivent figurer dans le procès-verbal du conseil d'administration qui devra
prendre la décision ;
- Le rapport de gestion (ou un document déposé en même temps que les comptes
annuels) doit contenir l’entièreté de ce procès-verbal (comprendre : … en tant
qu’il concerne cette décision ou opération, par opposition aux autres points à
l’ordre du jour) ;
Lorsque tous les administrateurs ont un conflit d’intérêts, la décision ou l’opération est soumise
à l’assemblée générale ; en cas d’approbation de la décision ou de l’opération par celle-ci, le
conseil d’administration peut l’exécuter (CSA, art. 7:96). Cette procédure ne s’applique pas :
- aux opérations conclues entre deux sociétés dont l’une détient au moins 95 %
des voix attachées aux titres émis par l’autre ou entre sociétés dont au moins 95
% des voix attachées aux titres sont détenues par une autre société ;
- aux opérations habituelles conclues dans des conditions et sous les garanties
normales du marché pour des opérations de même nature (art. 7:96, § 3).
En revanche, le CSA ne réglemente pas les conflits d’intérêts dans le chef du délégué à la
gestion journalière.
a) Soit direct : cf. exemple de l’administrateur qui vend un bien à la société (voy. plus
haut)
b) Soit Indirect. Exemple : Mathilde est administrateur d’une SA. Elle a par ailleurs créé
une SRL dans laquelle elle développe ses propres affaires, ce qui lui est tout à fait
permis. Mathilde est la seule actionnaire de cette SRL. Mais imaginons que ce ne soit
pas Mathilde qui veut acheter ou vendre un bien à la société dans laquelle elle est
administrateur mais que ce soit sa SRL qui est une personne juridique distincte. Donc,
la SRL veut acheter un bien à la SA où Mathilde est administrateur.
èMathilde n’a pas de conflit d’intérêt direct mais a un conflit d’intérêt indirect car
elle espérait que sa SRL réalise une excellente opération financière à Les règles dont
on va parler vont donc s’appliquer.
Lorsque l’administrateur unique est amené à prendre une décision ou se prononcer sur
une opération dans laquelle il a un intérêt direct ou indirect de nature patrimoniale
opposé à celui de la société, sauf s’il est également le seul actionnaire, il doit soumettre
cette décision ou cette opération à l’assemblée générale; en cas d’approbation de la
décision ou de l’opération par celle-ci, il peut l’exécuter. La même règle s’applique
lorsque tous les administrateurs ou membres du conseil de surveillance de la société
administrateur unique ont un conflit d’intérêts (CSA, art. 7:102). Ce principe admet les
mêmes exceptions qu’en cas de conflits d’intérêts au sein du conseil d’administration
Quid lorsque le CA fait une proposition à l’AG ? Par exemple, le CA, décide de proposer à
l’AG d’augmenter son capital par un apport qui serait fait par un administrateur. èLa
décision d’augmentation du capital est prise par l’AG. Le CA ne fait qu’une proposition dans
cet exemple, donc les règles ne s’appliqueront pas.
Distinguons quelles sont ces règles en fonction des divers modèles de gouvernance :
B. Il se peut que tous les administrateurs aient un conflit d’intérêt c.-à-d. qu’il soit
généralisé.
Par exemple, le CA souhaite que la société prenne une assurance qui couvre leurs
responsabilités. Dans ce cas, la décision doit monter à l’AG, laquelle prendra la décision. à
Une fois que l’AG a pris la décision, le CA pourra l’exécuter.
2. Administrateur unique
A. Si l’Administrateur unique est l’actionnaire unique (ex : tout comme on peut créer
une SRL à nous seul, on peut créer seul une SA et avec un administrateur unique où on
serait à la fois actionnaire et administrateur) : dans ce cas, il peut prendre toutes les
décisions qu’il veut. S’il nuit à quelqu’un, il se nuit à lui-même. Toutefois, s’il est
également l’actionnaire unique, il peut prendre la décision ou réaliser l’opération lui-
même (art. 7:102, § 1). Il doit décrire, dans un rapport spécial, la nature de la décision
ou de l’opération, ainsi que les conséquences patrimoniales de celle-ci pour la société
et justifier la décision qui a été prise. Il doit également mentionner dans son rapport
spécial les contrats conclus entre lui et la société. Ce rapport doit être reproduit dans son
intégralité dans le rapport de gestion ou, pour les sociétés qui ne doivent pas établir de
rapport de gestion, dans une pièce qui doit être déposée en même temps que les comptes
annuels.
Exemple : SA qui est l’Administrateur unique d’une société cotée. Cette SA envisage
d’emprunter de l’argent par exemple à la société cotée. Il y a un conflit d’intérêt : qui
va prendre la décision ? L’AG de la société cotée.
3. Système dual
Modèle de la structure duale (système dual) composé de 2 niveaux que sont le CA et le conseil
de surveillance :
Il y a des exceptions mais retenons surtout celle-ci car l’autre exception (entre sociétés
détenues à 95%) n’est pas appliquée : Les décisions et opérations habituelles aux conditions
et sous les garanties du marché que le marché offre pour les opérations de même nature. Cela
va dépendre de chaque cas d’espèce mais il faut être prudent. Ce qui constitue la condition
générale à ce propos est qu’il n’y a à ce propos pas de jurisprudence en la matière.
Exemple : Société immobilière. Généralement celle-ci achète/vend des immeubles mais ce sont
des opérations qui sont importantes. Peut-on dire que l’immeuble est une opération habituelle
qui va profiter de l’exception ? Non car cela reviendrait à ruiner le but du législateur si on a
affaire à une acquisition d’un montant qui est relativement important.
Mais prenons la société immobilière qui loue aussi des biens. Imaginons qu’elle loue des sortes
de caves pour stocker les marchandises (ou par exemple si on déménage, il y a des sociétés qui
sont spécialisées dans la location de bock : on peut louer 1, 10, 100…mètres carrés). Imaginons
qu’un administrateur veuille louer une surface d’un mètre carré car il est en train de
déménager. Il a certains problèmes et que les conditions de location fassent l’objet d’écrits
bien établis (il y a des conditions générales, tarifs qui sont bien établis, il n’y aucun risque qu’il
y ait dans ce cas-là une prévalence des intérêts de l’administrateur sur ceux de la société). On
peut dire que ça se fait aux conditions et sous les garanties normales pour des opérations de
même nature.
Ce qui ne sera pas le cas si une société immobilière vend un immeuble car chaque vente d’un
immeuble est différente. Par contre si des CG s’appliquent, des tarifs qui sont prédéterminés,
il n’y a pas de problème.
pour tomber dans l’exception, il faut une opération habituelle mais standard,
répétitive, qui se fait selon des CG types par exemple. C’est pourquoi elle prend
l’exemple d’un bock où y a des CG (des firmes font cela). On peut en prendre
connaissance à l’avance et voir que si on loue un mètre carré, on devra payer
autant d’euros. Il n’y a aucun risque qu’il y ait un conflit d’intérêt qui mène
aux sacrifices des intérêts de la société.
Par contre, si une société immobilière vend un immeuble, il n’y a pas de vente
d’immeuble qui sont identiques : chaque fois le prix est négocié, les garanties
sont négociées une par une. Donc là, on ne peut pas parler d’une
standardisation et on ne peut pas dire qu’il y a des garanties qui vont se
retrouver pour toutes les opérations de même nature et par conséquent, il ne
sera sans doute jamais possible d’invoquer une exception. Si une société
immobilière vend un immeuble à un administrateur mais qu’il est possible
d’invoquer l’exception si la société immobilière loue un bock à un
administrateur à des tarifs et des conditions qui ont été prédéfinis et qui
s’appliquent à tous.
Exemple : Société qui a pour objet d’entretenir les extincteurs qui généralement
a un contrat de location avec la personne qui a un extincteur dans sa maison.
Ce contrat de location prévoit un loyer car généralement les extincteurs sont
prêtés : un loyer qui couvre aussi une visite annuelle pour voir si l’extincteur
fonctionne toujours. C’est standardisé mais quel est le problème si la société
conclut un tel contrat avec un de ses administrateurs aux conditions
préétablies ? Aucun car c’est une opération habituelle, minime en plus et qui
se fait aux conditions habituelles et sous les conditions normales du marché.)
Si la société a nommé un commissaire, elle doit l’en informer. Le commissaire doit évaluer
dans son rapport les conséquences patrimoniales pour la société des décisions du conseil de
surveillance entachées d’un conflit d’intérêts.
Le membre ayant un conflit d’intérêts ne peut pas prendre part aux délibérations du conseil de
surveillance concernant ces opérations ou ces décisions, ni prendre part au vote sur ce point.
Lorsque tous les membres du conseil de surveillance ont un conflit d’intérêts, la décision ou
l’opération est soumise à l’assemblée générale. En cas d’approbation de la décision ou de
l’opération par celle-ci, le conseil de surveillance peut l’exécuter (art. 7:115, § 1er).
1. Mécanisme
Un autre type de conflit, ce sont les opérations avec une partie liée : alors que les conflits au
sein de l’organe d’administration s’appliquent à toutes les SA, le conflit dont on aborde à
présent concerne uniquement les sociétés cotées et leurs filiales.
Les sociétés cotées doivent soumettre à l’avis préalable d’un comité de trois administrateurs
indépendants (système moniste) ou de trois membres indépendants du conseil de surveillance
(système dualiste), le cas échéant assisté par un ou plusieurs experts indépendants, toute
décision ou opération avec une partie liée au sens de la norme IAS 24, ainsi que toute
proposition d’apport en nature (y compris un apport d’universalité ou de branche d’activité) par
une partie liée et tout projet de fusion, scission, opération assimilée ou apport d’universalité à
une partie liée (CSA, art. 7:97 et 7:116).
Les filiales des sociétés cotées sont soumises au même régime sous réserve qu’elles doivent
demander l’autorisation de prendre ces décisions ou d’exécuter ces opérations à leur société-
mère, qui doit suivre la même procédure que si elle-même prenait cette décision ou exécutait
cette opération.
En substance, une partie liée à la société cotée au sens de la norme IAS 24 est une personne, ou
un membre de la famille proche de cette personne, qui - exerce un contrôle ou un contrôle
conjoint sur la société cotée ; - exerce une influence notable sur la société cotée ; ou - fait partie
des principaux dirigeants de la société cotée ou de sa société mère
Il ne s’agit plus d’un conflit qui se produit dans le chef d’un administrateur (ce dernier achète
un bien à la société par ex) mais c’est le conflit qui se produit quand une société cotée ou une
de ses filiales conclut un contrat avec une société du groupe.
Pour prévenir qu’un préjudice financier soit causé à la société cotée et aux actionnaires
minoritaires (70% des actions sont éparpillées donc les actionnaires ne peuvent pas s’unir), le
législateur européen et le législateur belge ont arrêté la réglementation qui concerne les
opérations avec une partie liée.
v Opération avec une partie liée = personne ou membre de la famille proche de cette
personne, qui exerce un contrôle ou une influence notable sur la société ou fait
partie des principaux dirigeants de la société ou de sa société mère.
èLe champ d’application est large car cette notion repose sur d’autres notions telle
que :
Ø L’influence notable : Cela vise aussi les personnes qui exercent une influence
notable sur la société (ce qui est un concept plutôt comptable) mais retenons
qu’il n’est pas nécessaire qu’il y ait un contrôle absolu.
Ø C’est aussi une personne faisant partie des principaux dirigeants de la société ou
de la société mère.
Ø Enfin, quand on a une société qui exerce le contrôle ou qui exerce une influence
notable sur la société, on doit viser aussi toutes les personnes physiques (par
exemple, les membres de la famille des administrateurs de la société)
prennent une décision considérée comme abusive par les administrateurs indépendants). à La
loi ajoute que les administrateurs « impliqués » doivent s’abstenir (La prof ne comprend ce
que ça veut dire car soit on a un administrateur qui a un conflit d’intérêt classique au sein de
l’organe d’administration et alors cette règle va s’appliquer, soit on a un administrateur qui
fait partie par exemple des principaux dirigeants de la société mais c’est une partie liée donc
ici la prof ne comprend pas) Il faut un rapport du commissaire et annoncer immédiatement
l’opération (il faut que la société publie un communiqué de presse dans lequel elle indique
l’opération. Dans le rapport de gestion, la société mentionne ces annonces.
3. Procédure
Toutes ces décisions ou opérations doivent faire l’objet d’une annonce publique, au plus tard
au moment de la prise de la décision ou de la conclusion de l’opération. Cette annonce doit
notamment indiquer le nom de la partie liée, la nature de la relation avec cette la partie, la date
et la valeur de l’opération, ainsi que toute autre information nécessaire pour évaluer si la
transaction est juste et raisonnable. Cette annonce doit être accompagnée de la décision du
comité, le cas échéant des motifs pour lesquels le conseil d’administration ou le conseil de
surveillance ne suit pas l’avis du comité, ainsi que de l’appréciation du commissaire.
Le rapport de gestion doit contenir un aperçu de toutes les annonces faites durant l’exercice, en
indiquant l’endroit où ces annonces peuvent être consultées (art. 7:97, § 4/1)
4. Exceptions
Il faut bien comprendre et reconnaître ces exceptions (pas connaître par cœur) :
1. Quand une société cotée (ou une de ses filiales) fait une opération avec une de ses
filiales dans lesquelles l’actionnaire de contrôle de la société cotée détient moins
de 25 %.
Où est le risque d’abus quand une société cotée a une filiale à 100% : quand elle fait une
opération avec elle, il n’y a aucun risque d’abus ! Donc ces règles ne vont pas s’appliquer.
Toutefois si on imagine qu’une société cotée ait 50% dans une filiale, mais que la société mère
de la société cotée (donc la grand-mère de la filiale de la société cotée) ait aussi une
participation de 50% dans la sous-filiale.
èDonc 1ère étape : on a la société mère (qui une participation directe dans la société cotée et
filiale).
Deuxième étape : société cotée a une participation de 50% dans une sous-filiale de la société
mère mais cette dernière a aussi une participation directe dans cette sous-filiale. Dans ce cas,
il y a aussi un risque que l’opération soit un peu trop favorable à la sous-filiale et bénéficie à
leur mère qui a une participation de 50% dans cette sous-filiale.
C’est la raison pour laquelle les relations entre une société cotée et sa filiale sont exemptées
de cette procédure mais uniquement si l’actionnaire de contrôle de la société cotée a moins de
25% dans cette sous-filiale directement.
Exemple : Actif net de la société cotée fasse 100 millions. Si l’opération représente
moins de 1 million, l’opération ne sera pas soumise à cette procédure.
Exemple : Le CA décide de distribuer des dividendes (en principe c’est l’AG qui fait ça
mais le CA peut aussi distribuer des acomptes sur dividendes) à tous les actionnaires
mais parmi tous les actionnaires, il y a aussi la société mère. Donc elle va en profiter.
Donc, on a une opération entre la société cotée et la société mère. Est-ce que cela veut
dire qu’on doit appliquer cette lourde procédure ? Non. Ce type d’opération est
expressément exempté.
La rémunération n’est jamais fixée par la loi. Dans toute société, cotée ou non, et même dans
toute entité en fait, c’est toujours l’organe qui nomme, qui décide la rémunération. Donc, dans
n’importe quelle société, cotée ou non, c’est l’AG qui nomme les administrateurs et décide la
rémunération des administrateurs. Il y a certains cas de cooptation certes mais le CA ne peut
JAMAIS fixer sa propre rémunération car l’AG décide de cet aspect dans une société cotée ou
non.
Les questions en matière de GE : on a vu les mesures que la loi a prises pour assurer la bonne
information des actionnaires et leur donner notamment, en ce qui concerne la transparence. On
a vu toutes les mentions que le rapport de gestion qui doit contenir une déclaration de GE, qui
doit contenir un rapport de rémunération doit comporter. La loi entoure la rémunération dans
les sociétés cotées mais ce n’est pas la loi qui va dire que la rémunération ne peut pas excéder
autant d’euros.
1. Notion
A côté de l’organe d’administration (indispensable à la SA car imposé par la loi), il est possible
d’avoir un délégué à la gestion journalière (organe facultatif). La gestion journalière consiste
à exécuter les décisions de l’organe d’administration, à prendre aussi les décisions soit urgentes,
soit de minime importance. Le conseil d’administration, l’administrateur unique ou le conseil
de direction peut charger une ou plusieurs personnes, agissant seules ou collégialement, de la
gestion journalière de la société, ainsi que de la représentation de la société en ce qui concerne
cette gestion. Cette personne porte le titre de délégué à la gestion journalière ou s’il s’agit d’un
administrateur, d’administrateur délégué. La gestion journalière comprend tous les actes et les
décisions qui n’excèdent pas les besoins de la vie quotidienne de la société ainsi que les actes
et les décisions qui en raison de l’intérêt mineur qu’elles représentent ou en raison de leur
caractère urgent ne justifient pas l’intervention du conseil d’administration, de l’administrateur
unique ou du conseil de direction (CSA, art. 7:121).
La clause en vertu de laquelle la gestion journalière est déléguée à une ou plusieurs personnes
agissant soit seules, soit conjointement est opposable aux tiers dans les conditions prévues par
l’article 2:18 (art. 7:121, al. 3).
C’est un organe facultatif pouvant être prévu ou non. Le CA peut déléguer certains pouvoirs à
ce délégué.
⚠ Attention ⚠
- Administrateur délégué = administrateur qui est chargé de la gestion
journalière. L’administrateur délégué a 2 casquettes : il est à la fois
administrateur, à la fois délégué à la gestion journalière.
Le CEO est le boss dans les sociétés, celui qui a des pouvoirs exécutifs très
étendus qui sont généralement fixés dans un contrat qu’il a conclu avec la
société. Dans la plupart des cas, mais ce n’est pas indispensable, le CEO est
administrateur exécutif par définition.
Donc, quand le CEO est administrateur, il est aussi un administrateur avec deux
casquettes : administrateur et CEO. Mais souvent il a une troisième casquette,
celle du délégué à la gestion journalière mais être simple délégué à la gestion
journalière ne lui confère pas tous les pouvoirs d’un CEO.
Comités : Les entités d’intérêt public doivent constituer un comité d’audit et les sociétés cotées
doivent en outre constituer un comité de rémunération, selon le modèle choisi, au sein de leur
conseil d’administration (modèle moniste : CSA, art. 7:99 et 7:100), de leur conseil de - 167 -
surveillance (modèle dualiste : art. 7:119 et 7:120) ou du conseil d’administration ou du conseil
de surveillance de l’administrateur unique société anonyme (art. 7:101, § 1er, al. 2). En outre,
le CBGE 2020 prévoit la constitution d’un comité de nomination dans les sociétés cotées. Ce
ne sont pas des organes mais ils ont un simple rôle d’assistance à l’organe d’administration.
Ils sont imposés par la loi, non pas dans toutes les sociétés (elles peuvent mettre en place les
comités qu’elles veulent) mais la loi les impose essentiellement dans les sociétés cotées :
Exceptions : Les sociétés cotées répondant sur une base consolidée à au moins deux des
critères suivants :
- nombre moyen de salariés : inférieur à 250 personnes ;
- chiffre d’affaires net annuel : inférieur ou égal à 50 millions EUR ; ne sont pas
tenues de constituer un comité d’audit.
Les fonctions attribuées au comité d’audit doivent alors être exercées par le conseil
d'administration (système moniste) ou le conseil de surveillance (système dualiste) dans
son ensemble, pour autant que ce conseil comporte au moins un membre indépendant
et que, si le président du conseil est un membre exécutif, il n’exerce pas les fonctions
de président tant que le conseil exerce les fonctions de comité d’audit.
Ø Comité de nomination (sociétés cotées) : il n’est pas imposé par la loi mais CGE
prévoit qu’il y a outre le comité d’audit et comité de rémunération, un comité de
nomination qui lui va faire des propositions quant à la nomination des administrateurs.
Le comité de nomination est composé majoritairement d’administrateurs non exécutifs
indépendants. En pratique, il est souvent combiné avec le comité de rémunération. Il a
pour mission de faire des recommandations à l’organe d’administration au sujet de la
nomination des administrateurs et des autres dirigeants et de planifier le renouvellement
ordonné des administrateurs.
Ceux qui peuvent faire partie de ces comités sont : des administrateurs non exécutifs avec
une majorité d’indépendants cela dépend de chaque comité :
Ils sont indispensables même s’il y a des exceptions pour les sociétés cotées qui sont moins
importantes en termes de seuil que les autres mais ils jouent un rôle très actif dans les sociétés
cotées.
V. Représentation
1. Organe d’administrations
Qui représente la société dans un contrat par exemple (qui va signer) ou les actes de manière
générale ?
1ère réponse théorique : Organe d’administration dans son ensemble (mais pas pratique sauf
cas de l’administrateur unique) Quel que soit le modèle retenu, l’organe d’administration
(l’administrateur unique, chaque administrateur si les administrateurs ont des pouvoirs
concurrents ou l’organe collégial) peut représenter la société à l'égard des tiers et en justice, soit
en demandant, soit en défendant.
Deuxième réponse : C’est ce qu’on appelle la clause de double signature. Les statuts d’une
SA peuvent prévoir que la société est représentée par un ou plusieurs administrateurs (ou, dans
le système dualiste, un ou plusieurs membres du conseil de surveillance ou du conseil de
direction dans les matières relevant de leurs compétences respectives), agissant seuls ou
conjointement (il s’agira le plus fréquemment d’une clause de signature). Cette clause de
représentation est opposable aux tiers. Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce pouvoir
de représentation. Ces restrictions ne sont pas opposables aux tiers, même si elles sont publiées.
Il en va de même pour une répartition des tâches entre les administrateurs (ou, dans le système
dualiste, entre les membres du conseil de surveillance ou entre les membres du conseil de
direction) ayant le pouvoir de représentation (CSA, art. 7:93, § 2, 7:109, § 2, 7:110).
Le Code prévoit que lorsque les statuts confient la représentation de la société à 1-2-3
administrateurs, ces administrateurs forment eux-mêmes organe appelé les « représentants
généraux ». Grâce à une clause de double signature donc, deux administrateurs peuvent être les
représentants généraux de la société et tous les actes qu’ils vont signer pour la société vont
engager cette société.
Donc lorsque les statuts comportent une clause de double signature, la signature va engager la
société.
⚠ Attention : quand les statuts comportent une clause de double signature en faveur des
administrateurs, c’est en faveur de n’importe quel administrateur.
Les statuts pourraient prévoir des restrictions (ex : les administrateurs ne peuvent pas conclure
un contrat d’emprunt supérieur à 1 million d’euros sans l’autorisation de l’AG) Ce n’est pas
illicite mais c’est opposable aux tiers.
Quand il y a une clause de double signature, même lorsqu’il y a des restrictions, tout
engagement pris par ces 2 administrateurs même sans respecter ces restrictions, lierait la
société.
3ème type de représentation : Le mandat c.-à-d. le CA peut mandater un tiers pour agir au
nom de la société.
QUIZZ : https://app.wooclap.com/BZTCBP
1. Notion
Ce n’est pas elle l’organe souverain. L’organe souverain est le CA. L’AG a des pouvoirs de
décisions et autorisations : L’assemblée générale est un organe qui se compose de tous les
actionnaires. Tous les actionnaires peuvent y assister mais les actionnaires qui détiennent des
actions sans droit de vote ne peuvent exercer le droit de vote que dans les cas prévus par le
CSA. Les obligataires et les titulaires d’autres titres peuvent assister à l’assemblée générale.
Les administrateurs doivent y assister, en particulier lorsqu’un rapport rédigé par eux est à
l’ordre du jour.
2. Pouvoirs
Ø Approuve les comptes annuels (arrêtés par le CA) et décide le cas échéant de distribuer
un dividende (le CA peut lui aussi distribuer un acompte sur dividende).
Ø Modifie les statuts : elle peut notamment augmenter le capital quoique l’organe
d’administration peut aussi augmenter le capital dans le cadre du capital autorisé
3. Convocation
L’AG a aussi un organe délibérant, à caractère délibératif c.-à-d. qui forme une décision à
l’issue d’une discussion à Donc en principe, elle doit aussi se réunir. Ce n’est pas permis
par conférence téléphonique dans la mesure où le CSA impose que le bureau de l’AG (comité
qui s’assure que l’AG se déroule bien) doit toujours se réunir physiquement. On peut faire
participer les participants à distance, par des moyens électroniques mais cela reste compliqué
dans les SA surtout quand elles sont importantes car il faut toujours s’assurer de l’identité du
participant et l’intégrité du vote émis par le participant (qu’il ne soit pas faussé)
Dans les mêmes délais, par courrier électronique (si le destinataire lui a communiqué son
adresse électronique) ou sinon par courrier ordinaire.
Le CA convoque les actionnaires à l’AG :
a) Si les actionnaires sont nominatifs, par des lettres simples ou e-mails, et par publication
au M.B. et à la presse 15 jours avant l’AG dans les sociétés non cotées
Dans les AG ordinaires, il ne faut pas de quorum de présence c.-à-d. que l’AG peut prendre sa
décision quelle que soit le pourcentage de participation.
Mais pour certaines décisions, il faut un quorum de présence, notamment pour les modifications
de statut, il faut un quorum de présence de la moitié c.-à-d. que 50% des actions doivent être
présentes ou représentées. On compte en actions, on ne compte pas en actionnaires.
Exemple : Si nous sommes 3 actionnaires mais que j’ai 70% des actions. Si je me présente à
l’AG, 70% des actions seront présentes et donc, le quorum de présences sera réuni.
Si le quorum de présence n’est pas réuni, on a une AG de carence. à Dans ce cas, il faut
convoquer une nouvelle AG. Donc, on a un nouveau délai de 15 jours ou de 30 jours avec ceci
qui vaut surtout pour les sociétés cotées. Bien souvent, les sociétés cotées savent qu’elles vont
avoir une AG de carence car elles sont habituées à l’absentéisme de leurs actionnaires. Donc
dans la première convocation, comme pour la première fois, pour la première assemblée, elle
convoque les actionnaires, elles peuvent dire « l’AG se tiendra à telle date » mais si c’est une
assemblée de carence, la deuxième AG se tiendra à telle autre date.
Dans ce cas-là, quand elles annoncent déjà la date de la seconde AG, le délai de convocation
pour cette seconde AG sera réduit à 17 jours (ex : Le 7 octobre, je convoque une AG pour le 7
novembre 2020 mais j’annonce déjà que si l’AG du 7 novembre 2020 est de carence, l’AG n°2
aura lieu par exemple, le 1er décembre 2020. Dans ce cas, 7 novembre 2020 : je constate que
c’est effectivement une AG de carence. à Je relance une nouvelle convocation mais je ne dois
pas respecter le délai de 30 jours car il est réduit 17 jours car j’ai déjà annoncé la date de la
deuxième assemblée).
Idem pour les sociétés non-cotées, les délais de 15 jours peuvent être réduits à 10 mais c’est
généralement plus rare d’avoir un tel absentéisme mais cela peut quand même arriver.
4. Enregistrement
Dans les sociétés cotées uniquement, seuls vont pouvoir participer à l’AG les actionnaires qui
sont enregistrés. L’enregistrement consiste simplement à voir qui sont les actionnaires 14 jours
avant l’AG et seuls ces actionnaires pourront participer à l’AG. Ils doivent encore se manifester
auprès de la société, généralement 3 à 6 jours avant l’AG pour pouvoir y participer et cette
manifestation d’intention permet au CA de prendre les mesures nécessaires pour organiser l’AG
et le cas échéant de déjà calculer quelle est la majorité requise pour qu’une décision puisse être
prise. Le droit de participer à l’assemblée générale d’une SA cotée et d’y exercer le droit de
vote est subordonné à l’enregistrement comptable des actions au nom de l’actionnaire le
quatorzième jour qui précède l’assemblée générale, à 24 heures (ce jour et cette heure
constituent la date d’enregistrement) (CSA, art. 7:134, § 2).
L’enregistrement se fait par l’inscription sur le registre des actions nominatives de la société ou
l’inscription dans les comptes d’un teneur de comptes agréé ou d’un organisme de liquidation.
Ce teneur de comptes ou cet organisme de liquidation délivre une attestation à l’actionnaire. Il
n’est pas tenu compte du nombre d’actions détenues par l’actionnaire au jour de l’assemblée
générale.
Pourquoi cette formalité particulière d’enregistrement pour les sociétés cotées ? Car le
mécanisme de formalités d’admission (Formalités pour être admis à l’assemblée générale)
qui est prévu avant que la loi ne prévoie un mécanisme d’enregistrement consistait à dire que
les actions quand on veut annoncer notre intention de participer à une AG, on doit le dire 6
jours auparavant et nos actions devaient restées bloquées pendant ces 6 jours. Les statuts
déterminent les formalités à accomplir pour être admis à l’assemblée générale. Ils peuvent
subordonner l’admission à l’assemblée générale au dépôt d’une attestation établie par le teneur
de comptes ou l’organisme de liquidation ou à une notification préalable par l’actionnaire, dans
le délai qu’ils fixent.
Dans les sociétés cotées, les actionnaires doivent communiquer à la société leur volonté de
participer à l'assemblée générale, au plus tard le sixième jour qui précède la date de l'assemblée,
ainsi que l’attestation établie par le teneur de comptes agréé ou par l'organisme de liquidation
certifiant le nombre d'actions dématérialisées inscrites à son nom dans ses comptes à la date
d'enregistrement, pour lequel l'actionnaire a déclaré vouloir participer à l'assemblée générale
(CSA, art. 7:134, § 2, al. 3).
Cela pose un problème pour une série d’investisseurs institutionnels dans les sociétés cotées
car cette série d’investisseurs institutionnels ne peuvent pas bloquer les actions qu’ils détiennent
dans une société en ce sens qu’il se réserve la possibilité de pouvoir vendre des actions à tout
moment, notamment s’il y a un problème, que ce soit au niveau de l’économie mondiale ou au
niveau de la société en question.
Donc, le législateur a remplacé le système antérieur qui consistait à bloquer les actions des
actionnaires qui indiquaient qu’ils souhaitaient participer à l’AG pour indiquer qu’on regarde
14 jours avant l’AG qui est actionnaire (on fait une photo de l’actionnariat) et tous ces
actionnaires pourront participer à l’AG s’ils se manifestent sans que leurs actions soient
bloquées.
Théoriquement, cela peut avoir comme effet que dans les sociétés cotées, une personne qui est
enregistrée participe à l’AG bien qu’elle n’ait plus d’action. En pratique, on ne voit pas très
bien pourquoi cette personne participerait à l’AG.
Donc, dans les sociétés cotées, il faut respecter les formalités d’admission et s’assurer que
l’actionnaire soit enregistré 14 jours avant l’AG.
8. Modalité du vote
A l’AG, on peut voter :
a) En personne
b) Par procuration (mandataire CSA, art. 7 :142): cela suppose qu'on renvoie un
formulaire écrit à la société avant le jour de l’AG. Donc le vote par procuration est un
vote qui s’il est complété sur un formulaire ne profite pas des débats à l’AG. On peut
aussi désigner un mandataire sans lui donner d’instruction précise et le mandataire
prendra les décisions qu’il souhaite.
c) Par correspondance : on doit émettre son vote avant l’AG ou sous forme électronique,
au moyen d’un formulaire mis à disposition par la société (art. 7:146, § 1er, al. 1er).
d) Formulaire électronique qu’on peut remplir (très rare) mais on doit voter avant l’AG
9. Réunion
La réunion en principe est un organe délibératif :
• Par ailleurs, il est possible pour les AG de prendre des décisions écrites mais
cela ne doit pas être des actes notariés (excluant dès lors les modifications de
statuts) et ces décisions doivent être prises à l’unanimité par les actionnaires.
Donc cela signifie que ce type de procédure est uniquement possible dans les
petites sociétés.
10. Règles de quorum et de majorité
Exemple : Imaginons qu’il y a 100 actions. Il faut la majorité de 75% « pour » pour que la
décision soit prise. Si 25 votent « contre », la décision est prise quand même donc. Mais
imaginons que sur les 100 actions, lors du vote, 20 s’abstiennent. Dans ce cas, on va compter
la majorité sur 80 et la décision sera valablement prise si elle est prise par 75% de 80 c.-à-d. 60.
Donc si tout le monde émet un vote, la décision est prise si 75 actions votent pour la décision.
Si 20 actionnaires s’abstiennent, la décision sera valablement prise si elle est prise par 60
actions. Donc, s’il n’y avait pas cette règle d’abstention dans l’exemple n°2 où 20 s’abstiennent,
60 actions ne pourraient pas prendre la décision. Grâce à la neutralisation des abstentions, 60
peuvent prendre valablement la décision ?
Règles de quorum et de majorité : Sauf lorsque le CSA impose d’autres conditions, les
résolutions sont prises à la majorité des voix. Aucun quorum n’est requis.
Résolutions par écrit : Le CSA admet la possibilité de prendre par écrit, à l’unanimité, toutes
les décisions qui relèvent du pouvoir de l’assemblée générale. Il fait cependant une exception
pour les décisions qui doivent être passées par un acte authentique (art. 7:133).
Conventions de vote : L’exercice du droit de vote peut faire l’objet de conventions. Ces
conventions doivent être limitées dans le temps et ne peuvent être contraires à l’intérêt social.
Les conventions contraires au CSA ou par lesquelles un actionnaire s’engage à voter
conformément aux directives données par la société ou par une filiale ou à approuver les
propositions émanant des organes de la société sont nulles (art. 7:56).
Quizz : https://app.wooclap.com/BZTCBP/questionnaires/5f733afab0f9d419941ed3ab
4. Dans une SA, un actionnaire peut se faire représenter à l’assemblée générale par
un mandataire : Toujours. Dans la SA, la loi interdit de priver un actionnaire du droit
de se faire représenter à l’AG par un mandataire !!!
1. Réserves
On se rappelle que les SA ont un capital et ce dernier leur donne une sorte de matelas pour faire
face à la situation. C’est de l’argent qu’elles ont et qu’elles peuvent dépenser mais le jour de la
constitution de la société, la SA doit avoir un capital d’au moins 61.500 euros.
La société peut renforcer ce matelas en constituant des réserves : celles-ci peuvent soit provenir
d’apports car on se rappelle que le montant d’un apport ne doit pas contribuer intégralement au
capital. La société peut décider qu’un montant d’apport contribuera à un poste de réserves.
L’assemblée peut constituer des réserves qui peuvent être disponibles (distribuables à tout
moment) ou statutairement indisponibles (auquel cas, il faut une modification des statuts pour
les distribuer). En outre, chaque année, l’assemblée générale doit faire, « sur les bénéfices nets,
un prélèvement d'un vingtième au moins, affecté à la formation d'un fonds de réserve ; ce
prélèvement cesse d'être obligatoire lorsque le fonds de réserve atteint le dixième du capital »
(CSA, art. 7:211). C’est la réserve légale.
Le poste de réserves peut être un poste de réserves disponibles c.-à-d. que la société peut les
distribuer à n’importe quel moment à ses actionnaires sous forme de dividendes.
Les statuts peuvent imposer une réserve (par exemple de 10% du montant du capital) et dans
ce cas, chaque fois que la société fait des bénéfices, elle doit affecter une partie de ses bénéfices
à la constitution de ce poste de réserves jusqu’à ce qu’il atteigne 10% du capital.
La loi d’ailleurs impose une réserve légale : la société doit affecter 10% de ces bénéfices à la
constitution d’une réserve et cette obligation d’affectation s’arrête lorsque la réserve légale
atteint 5% du capital.
2. Dividendes
Quel est l’intérêt de cette réserve et comment cela fonctionne avec la distribution de
dividendes ?
- De manière générale, une société ne peut distribuer des bénéfices que quand
elle réalise des bénéfices. Autrement dit, une société ne peut distribuer de
dividendes que lorsqu’elle réalise des bénéfices.
- Pour vérifier si elle réalise des bénéfices, on va appliquer le test de l’actif net.
L’actif net est le total de l’actif moins les dettes qui doit toujours rester au moins
égal au capital.
C’est le test de l’actif net. A aucun moment, l’actif net (= total de l’actif – dettes)
ne peut devenir inférieur au montant du capital. Mais ce test est plus compliqué
car il dit en réalité qu’à aucun moment l’actif net ne peut devenir inférieur au
montant du capital augmenté de toutes les réserves que la loi/statuts ne
permettent pas de distribuer. à D’où l’intérêt de distinguer, réserves
disponibles ; statutaires ou légales. Aucune distribution ne peut être faite
lorsque l’actif net, tel qu’il résulte des comptes annuels, est, ou deviendrait, à la
suite d’une telle distribution, inférieur au montant du capital libéré ou, si ce
montant est supérieur, du capital appelé, augmenté de toutes les réserves que la
loi ou les statuts ne permettent pas de distribuer. Par actif net, il faut entendre
le total de l’actif, déduction faite des provisions, des dettes et, sauf cas
exceptionnels à mentionner et à justifier dans l’annexe aux comptes annuels,
des montants non encore amortis des frais d’établissement et des frais de
recherche et de développement (CSA, art. 7:212).
Cette règle s’applique à toutes les distributions : dividendes, tantièmes, achat
d’actions propres, octroi d’un financement pour l’acquisition des actions par un
tiers ...
Pour voir quel est le montant des bénéfices qu’une société peut distribuer, on a
égard au montant du capital et au montant de ses réserves statutaires
indisponibles et ses réserves légales.
A aucun moment, l’actif net, ne peut, à la suite d’une distribution des bénéfices
devenir inférieur au montant du capital augmenté de toutes les réserves légales
et statutaires.
L’AG décide de la distribution des dividendes en principe, lors de l’AG annuelle ou l’organe
d’administration peut aussi distribuer des acomptes sur dividendes. Si des dividendes étaient
distribuées alors que la société n’a pas réalisé de bénéfices (=Distributions irrégulières), les
administrateurs engageraient leur responsabilité et si les actionnaires étaient de mauvaise foi
c.-à-d. s’ils savaient ou devaient le savoir, ils devraient les distribuer.
Section 6. Modifications des statuts (autres que les opérations sur le capital)
Il existe quelques exceptions : Dispositions pouvant être modifiées par le CA : siège – site -
capital
(1) Ces exceptions sont le siège de la société. En ce qui concerne le siège, depuis la réforme, il
n’est plus indispensable d’indiquer dans les statuts une adresse précise (ex : indiquer la région)
et l’adresse précise va être indiquer dans l’acte constitutif c.-à-d. dans la partie (introductive ou
finale) de l’acte constitutif qui n’est pas les statuts.
S’il y a uniquement la région qui est indiquée dans les statuts, si le CA décide de déplacer le
siège à l’intérieur de la même région, il n’y a pas de modification des statuts à faire. Les statuts
doivent seulement indiquer la Région dans laquelle le siège est établi86. Ils ne doivent plus
(mais peuvent) indiquer l’adresse à laquelle le siège est établi (CSA, art. 2:4, al. 1 er). L’adresse
doit toutefois figurer dans l’acte constitutif et dans l’extrait de cet acte destiné à la publication
(art. 2:8, § 2, al. 1, 2°), et doit être indiquée à la Banque-Carrefour des Entreprises.
Exemple : L’acte constitutif dit que le siège de la société se trouve à Avenue Derder 54 à
Etterbeek, les statuts diront que le siège de la société se trouve en région bruxelloise. Si le CA
décide de déplacer le siège à une autre adresse à Bruxelles, il n’y aura aucune modification
des statuts.
Mais si la société indique dans ses statuts que le siège se trouve en Région bruxelloise, alors
en principe, le CA peut déplacer le siège en Région wallonne. C’est une modification des statuts
mais le CA est compétent sauf si les statuts excluent expressément sa compétence. Donc la loi
donne une compétence spéciale au CA de modifier la mention relative au siège même si l’on
passe d’une région à une autre.
Sauf disposition contraire des statuts, l’organe d’administration est compétent pour déplacer le
siège de la personne morale en Belgique, sans modification des statuts, pour autant que ce
déplacement n’entraîne pas de modification du régime linguistique de la personne morale, que
ce déplacement ait lieu au sein de la même Région et que l’adresse de la personne morale ne
figure pas dans les statuts. Si ce déplacement a lieu vers une autre Région (sans que ce
déplacement entraîne une modification du régime linguistique) ou que l’adresse du siège figure
dans les statuts, l’organe d’administration est encore compétent mais il doit procéder à la
modification des statuts (art. 2:4, al. 2 et 3).
Exception : si les statuts sont dans une langue et si le déplacement du siège dans une autre
région implique une autre langue, alors il faut traduire tous les statuts et c’est l’AG qui est
compétente. Un déplacement du siège vers une autre région linguistique entraîne l’obligation
de rédiger les statuts dans une autre langue et implique toujours une modification des statuts à
décider par l’assemblée générale aux conditions de majorité et dans les formes requises par la
loi (art. 2:4, al. 5), donc par acte authentique s’il s’agit d’une SA . Exemple : un siège en région
bruxelloise et les statuts sont établis en français.
Le CA veut déplacer le siège à Anvers, il faudra utiliser le néerlandais. Dans ce cas, il doit
proposer à l’AG de modifier les statuts car le déplacement du siège aura pour conséquences
un changement de la langue applicable.
(2) Deuxième mention que le CA peut modifier en vertu de la loi est le site internet de la société.
S’il est renseigné dans les statuts, alors le site internet est plutôt l’affaire du CA que de l’AG.
L’organe d’administration peut modifier l’adresse du site internet et l’adresse électronique de
la société même si elles figurent dans les statuts, ou adopter et publier un site internet ou une
adresse électronique si cela n’a pas été fait dans l’acte constitutif (art. 2:31, al. 5 et 6).
(3) Troisième disposition que le CA peut modifier c’est le capital mais uniquement dans ce cas-
là s’il y a dans les statuts ce qu’on appelle une clause de capital autorisé c.-à-d. une clause
statutaire qui habilite le CA à augmenter le capital. Les statuts peuvent attribuer à l’organe
d’administration la compétence d’augmenter le capital dans le cadre du capital autorisé (art.
7:198). On examinera dans les lignes qui suivent les modifications de statuts les plus fréquentes.
Cette clause statutaire n’est valable que 5 ans maximum c.-à-d. qu’après 5 ans, le CA perd cette
possibilité sauf s’il y a une nouvelle modification des statuts qui renouvelle la clause qu’on
appelle la clause de capital autorisé
Il existe des dispositions ne pouvant pas être modifiées mais uniquement en situation de
liquidation. En principe, toutes les dispositions des statuts peuvent être modifiées. Toutefois :
- Une société en liquidation peut transférer son siège, par exemple pour le
déplacer au cabinet de son liquidateur, mais le transfert ne devient effectif
qu’après son homologation par le tribunal (art. 2:77).
Ces mesures sont destinées à prévenir les manœuvres des sociétés qui tentent d’échapper aux
enquêtes des chambres d’enquête commerciale.
Exemple : Une société en liquidation qui a entamé sa dissolution est dissoute par justice et
entre dans une période de liquidation qui est une période pendant laquelle ses actifs vont être
réalisés, ses créanciers vont être payés. è Une telle société ne peut pas modifier sa
dénomination et son siège sauf autorisation sous forme d’homologation par le tribunal car une
société en liquidation peut être une société un peu suspecte. Cela peut être une société qui
remplit plutôt les conditions de faillite mais qui pour essayer d’échapper à la faillite s’est mise
en liquidation volontaire.
De telles sociétés sont dangereuses car elles peuvent causer des préjudices à des tiers et
peuvent essayer d’échapper à la faillite en se rendant +- invisibles, en changeant de nom ou
de siège pour essayer d’échapper aux enquêtes que font les tribunaux sur les sociétés en
difficulté par le service de dépistage.
Les SA peuvent tout changer, y compris leur objet (rappel : société en nom collectif où l’AG
ne peut modifier l’objet essentiel de la société qu’à l’unanimité). Il n’y a pas de règles pareilles
pour les SA sinon qu’il faut des formalités particulières pour modifier l’objet : il faut un rapport
du CA et une majorité renforcée qui est de 80% (4/5) et toujours un quorum de présence de
50% vu que c’est une modification de statuts. Le CSA exige pour les modifications des statuts
des SA un quorum de présence de la moitié au moins du capital (à défaut, une nouvelle
convocation sera nécessaire et la deuxième assemblée délibérera et statuera valablement, quelle
que soit la portion du capital représentée ou le nombre d’actionnaires représentés) et majorité
des trois quarts des voix exprimées, sans qu’il soit tenu compte des abstentions dans le
numérateur ou dans le dénominateur (art. 7:153).
La neutralisation des abstentions se justifie par le souci de tenir compte de la volonté réelle des
actionnaires : « Actuellement, pour des décisions relatives à la modification des statuts, une
abstention a valeur de vote négatif, alors que souvent les intéressés ne le ressentent pas et ne
l’ont pas voulu ainsi : en s’abstenant, ils entendent ne pas peser sur le résultat du vote. La
modification rencontre cette préoccupation »
Pour la détermination des conditions de quorum et de majorité, il n’est tenu compte ni des
actions ou parts bénéficiaires sans droit de vote (sauf si un droit de vote leur est reconnu) ni des
actions dont le droit de vote est suspendu (art. 7:140).
4. Acte authentique
Actes authentique : Les statuts ne peuvent être modifiés que par acte authentique. Il n’est pas
possible de modifier les statuts par résolution circulaire : le CSA admet la possibilité de prendre
par écrit toutes les décisions qui relèvent du pouvoir de l’assemblée générale mais fait une
exception pour celles qui doivent être passées par un acte authentique (art. 7:133), ce qui aboutit
à exclure les modifications des statuts.
Les SA peuvent tout changer, y compris leur objet (rappel : société en nom collectif où l’AG
ne peut modifier l’objet essentiel de la société qu’à l’unanimité). Il n’y a pas de règles pareilles
pour les SA sinon qu’il faut des formalités particulières pour modifier l’objet : il faut un rapport
du CA et une majorité renforcée qui est de 80% (4/5) et toujours un quorum de présence de
50% vu que c’est une modification de statuts.
Enfin, Modifications des droits respectifs attachés à une classe d’actions. Il y a cette
modification de statuts un peu particulière est quand il y a des classes d’actions différentes
(par exemple des actions avec ou sans droit de vote) :
- Il faut surtout organiser des mini assemblées c.-à-d. dans chaque classe d’action,
on va organiser l’équivalent d’une assemblée et il faut que les conditions de
Quorum et de majorité soient réunies dans chaque classe d’actions
L’organe d’administration doit établir un rapport spécial justifiant la modification proposée. Ce
rapport doit être annoncé dans les convocations à l’assemblée générale et mis à la disposition
des actionnaires.
Ce rapport est prescrit à peine de nullité de l’assemblée générale. L’assemblée générale ne peut
valablement délibérer et statuer sur la modification à l’objet que si ceux qui assistent à la
réunion représentent la moitié au moins du capital (ainsi que, s’il en existe, la moitié du nombre
total des parts bénéficiaires). Si cette condition n’est pas remplie, une nouvelle convocation
sera nécessaire. Pour que la deuxième assemblée délibère valablement, il suffit qu’une portion
quelconque du capital y soit représentée.
Une modification n’est admise que si elle réunit les quatre cinquièmes au moins des voix. Les
abstentions sont neutralisées.
Nonobstant toute disposition contraire des statuts, les parts bénéficiaires donnent droit à une
voix par titre. Elles ne peuvent se voir attribuer dans l’ensemble un nombre de voix supérieur à
la moitié de celui attribué à l’ensemble des actions, ni être comptées dans le vote pour un
nombre de voix supérieur aux deux tiers du nombre des voix émises par les actions. Si les votes
soumis à la limitation sont émis en sens différents, la réduction s’opérera proportionnellement
; il n’est pas tenu compte des fractions de voix (CSA, art. 7:154).
Donc, il y a des actions sans droit de vote et des actions avec droit de vote.
On modifie les droits des actions sans droit de vote (par exemple, on modifie le dividende
privilégié qui leur est accordé : il vaudra non seulement que la décision soit prise avec le
quorum de la moitié et une majorité de 75%)
Mais il faut aussi que toutes les actions avec droit de vote satisfassent à ce quorum de présence
et cette condition de majorité et qu’en plus que les actions sans droit de vote satisfassent aussi
à ces conditions de présence et de majorité.
Il y a qu’une seule AG qui se tient mais on va calculer les conditions de quorum et de présence
au sein de chaque classe particulière d’actions.
QUIZZ
1) L'assemblée générale d’une SA qui n'est pas en liquidation peut modifier n’importe
quelle clause des statuts : Vrai
3) Indiquez lesquelles de ces actions constituent des classes d'actions : Des actions sans
droit de vote
4)Indiquez laquelle ou lesquelles de ces clauses des statuts l'organe d'administration peut
modifier, moyennant le cas échéant une autorisation statutaire : son capital
Pr. Simonart précise qu’elle n’a pas encore arrêté les modalités de l’examen. Il y a des risques
importants que l’examen ne soit pas oral comme c’était initialement prévu. S’il s’agit d’un
examen écrit, nous aurons accès au code non annoté. Les renvois numérotés, le fluo et le
surlignage sont autorisés, aucun autre type d’annotation ne sera permise. Cependant, si
l’examen est effectivement oral, il est peu probable qu’on puisse y avoir accès.
Avant toute chose, la notion de part bénéficiaire concerne uniquement les S.A. En effet, les
S.R.L. et les sociétés coopératives ne peuvent pas en émettre. Une part bénéficiaire est donc
un titre émis par une S.A.
Un titre est ce qu’émet la société en contrepartie, ou non, d’un apport et qui confère des
droits dans la société. Nous avons vu comme titres :
(1) Les actions qui donne les droits d’associé les plus étendus car l’actionnaire a un droit de
vote, le droit de percevoir des dividendes et le droit à l’information ;
(2) Les obligations qui sont un titre de créance. L’obligataire, le détenteur d’une obligation, a
le droit de se faire payer des intérêts et, à l’échéance, de récupérer le capital ;
Pour tout titre, il est important de savoir quoi mettre à disposition, apporter, payer à la société
pour les recevoir et quels droits y sont associés en contrepartie.
Premièrement, abordons les droits associés. Les parts bénéficiaires donnent droit aux droits
qui sont précisés par la société dans les conditions d’émission des parts bénéficiaires ou dans
les statuts. Les parts bénéficiaires donnent droit à un bénéfice, une partie d’un dividende, ça
peut être un dividende identique, inférieur ou supérieur que celui accordé aux actions. La
société dispose d’un choix absolu à cet égard étant entendu la prohibition de clause léonine,
stipulant qu’il est interdit de priver un actionnaire de tout droit au bénéfice.
Les parts bénéficiaires peuvent également donner droit au droit de vote dépendant du choix
de la société qui peut ou non l’accorder. Quel est l’intérêt pour un investisseur de souscrire
des PB qui donne droit uniquement à un droit au dividende et pas au droit de vote ?
L’investisseur pourrait uniquement être intéressé par l’argent et par le rendement de son
investissement et faire confiance au management pour la gestion de la société.
• En contrepartie d’un apport en argent. L’investisseur pourrait souscrire à des actions mais
préfère souscrire à des PB qui lui donne peut-être droit à un dividende privilégié en
contrepartie de l’absence de droit de vote.
• C’est une façon pour la société de récompenser les travailleurs. La société peut remettre
gratuitement des parts bénéficiaires à ses travailleurs. En effet, les parts bénéficiaires ne
sont pas nécessairement émises en contrepartie d’un apport. Il n’y aura pas
nécessairement un droit de vote avec ces PB mais un dividende qui cette fois-ci pourrait
être ordinaire.
Remarque : Nous pourrions considérer les actions sans droit de vote et les parts bénéficiaires
sans droit de vote comme équivalent pour l’investisseur. Cependant, il y a un inconvénient
avec les actions sans droit de vote pour les sociétés. En effet, les actions sans droit de vote
retrouvent le droit de vote si elles donnent lieu à un dividende privilégié et si ce dividende
privilégié n’est pas payé. Alors qu’il est possible de tout simplement éliminer le droit de vote
des PB, sauf dans les cas exceptionnels dans lesquels la loi prévoit que les PB donne tout de
même un droit de vote (changement des droits de différente catégorie de titre, etc.). Par
conséquent, l’élimination du droit de vote sera plus certaine dans les parts bénéficiaires que
dans les actions sans droit de vote.
Pour bien comprendre la différence, il faut bien distinguer les types de sociétés.
Comparons une entreprise familiale vs une entreprise cotée, une S.A.. Ces sociétés ayant plus
ou moins le même objet, la société familiale gérant les deux ou trois immeubles familiaux et
la grande société immobilière cotée gérant des centaines d’immeubles.
Dans une société familiale, le plus souvent, tous les administrateurs sont étroitement
impliqués dans la gestion de la société. Imaginons qu’il y a ait trois administrateurs, trois frères
et sœurs ayant hérités de leurs parents. En principe, chacun des frères et sœurs va être
étroitement impliqué dans la société en ce sens que l’un va s’occuper du suivi locataire, le
deuxième des travaux de rénovation et le troisième s’occupera de la maintenance de
l’immeuble.
travail constant concernant l’exécution des taches requises pour qu’une société tourne
correctement. De plus, ces trois administrateurs sont exécutifs, c’est-à-dire qu’à côté de leurs
fonctions qui consistent à siéger au conseil d’administration, à prendre des décisions
stratégiques et à arrêter les comptes annuels, ils sont également impliqués dans l’exécution
de tâches intellectuelles et matérielles.
La société cotée, elle a, par hypothèse, plus de moyens et peut engager une série de personnes
pour exécuter les tâches intellectuelles et matérielles. Ces personnes peuvent être des
travailleurs ou être engagés dans un contrat d’indépendant, tous les travailleurs ne doivent
pas être exécutifs. Par ailleurs, dans des sociétés cotées, le code belge de gouvernance
d’entreprise prévoit que la majorité des administrateurs doivent être non-exécutifs.
Le mot ‘chief’ renvoie généralement à des fonctions exécutives. Si un administrateur est aussi
‘chief’ c’est sans doute un exécutif. Pour le savoir, on peut consulter le rapport de gestion et
plus précisément la partie ‘Déclaration de Gouvernance d’entreprise’. Nous y trouverons les
noms des administrateurs, la date de la nomination et s’ils sont exécutifs ou non et s’ils sont
exécutifs, s’ils sont administrateurs indépendants. C’est une notion qui ne se retrouvera pas
uniquement dans les sociétés cotées mais en tout cas dans les sociétés d’une certaine
dimension. En effet, dans les sociétés plus petites n’ont pas les moyens de confier l’exécution
de tâches matériel à des autres personnes. C’est pourquoi on parle rarement dans le cadre
d’une SRL, d’administrateur exécutif car ils le sont en général tous.
Imaginons que Marie souhaite constituer une S.A. pour exercer une activité de
développement et de vente de jeux informatiques. Cependant, elle ne dispose pas des fonds
de 61 500 euros requis pour constituer une SA. Néanmoins, elle est propriétaire d’un petit
appartement qui se trouve dans un état déplorable, le toit fuit, de l’amiante dans les murs et
des souris. Bref, cet appartement ne vaut pas 61 500 euros et elle ne pourrait pas l’apporter
à la S.A. car en cas d’apport de biens, il faut un rapport des fondateurs, qu’elle pourrait encore
trafiquer, mais il faut aussi un rapport d’un réviseur et aucun réviseur n’accepterait de faire
un rapport dans des conditions pareilles.
Pourquoi alors ne pas constituer une SRL qui ne requiert pas de capital ? Plusieurs raisons
pourraient expliquer ce cas de figure. Premièrement, Marie souhaite constituer une SA alors
qu’elle ne dispose pas de cette somme car certaines institutions sont plus disposées à
accorder un prêt à une S.A. qui est une forme de société d’apparence plus sérieuse dans la
mesure où il faut un capital. Donc Marie emprunte 61 500 euros auprès de la banque qui
accepte. Elle verse ce montant sur un compte spécial ouvert au nom de la SA en formation et
se présente devant le notaire qui constate effectivement le compte ouvert au nom de la
société en formation avec les 61 500 euros en contrepartie de son action. Le notaire est
satisfait du plan financier qui correspond aux exigences de la loi et il reçoit l’acte qu’il dépose
au greffe. La société est constituée et dispose de la personnalité juridique. Dans cette S.A., il
y a à l’actif 61 500 euros et au passif également.
Marie se dit qu’elle n’a pas pu apporter l’immeuble dégradé à la société à cause de cette
exigence de rapport et donc décide de le vendre à la société. Au lendemain de la constitution
de la société, Marie vend son appartement à la société pour le prix de 61 500 euros. Résultat
des courses, avec cette somme, elle rembourse la banque de sorte que son prêt aura eu une
durée de vie extrêmement courte. Et la société se retrouve avec au passif 61500 euros et à
l’actif, un bien qui ne vaut pas cette somme. Nous arrivons donc au résultat que le législateur
a essayé d’empêcher en imposant que les apports de bien immeuble fassent l’objet d’un
rapport des fondateurs et d’un rapport d’un réviseur d’entreprise. En d’autre termes, avec
cette vente à la société, Marie contourne les règles en matière d’apport, règles qui édicte que,
du moins le jour de la constitution de la société le capital soit effectivement souscris et libérer
et corresponde à quelque chose. C’est pour empêcher ce type de fraude que le législateur
européen a développé cette notion de quasi apport.
Dans l’exemple de Marie, en tant que fondateur, vend un bien à la société le lendemain de sa
constitution, c’est-à-dire dans les délais des deux ans pour une valeur équivalente à 100% du
capital, les critères sont donc remplis.
En conclusion, si nous sortons de l’exemple par l’absurde pour rentrer dans le monde juridique
tel que nous le connaissons, il n’est pas interdit pour Marie de vendre son immeuble à la
société mais il faut respecter certaines mesures que le législateur a pris pour assurer la
protection du capital. Selon les mesures selon lesquelles, il faut une autorisation de
l’Assemblée Général. C’est-à-dire que l’on se retrouve alors dans la même situation qu’au
moment de la constitution, si un actionnaire veut apporter un bien, tout le monde doit être
d’accord. Il faut également les rapports qu’ils aurait fallu à la constitution, c’est à dire un
rapport, pas des fondateurs car la société existe déjà, mais des administrateurs et du reviseur
d’entreprise et donc la fraude voulue par Marie n’est pas possible car elle ne trouvera jamais
un réviseur d’entreprise qui s’accordera sur le prix auquel elle souhaitait vendre son
appartement à la société.
Donc la notion de quasi apport, vise les cessions de bien à la société dans un certain délai qui
doivent finalement respecter des règles semblables à celle prévues aux apports et donc éviter
une fraude.
Un autre point à développer maintenant que nous avons vu la notion de conflit d’intérêt,
imaginons que Marie ne soit pas seulement fondateur mais administrateur de la société. Elle
souhaite faire un quasi apport à la société, c’est-à-dire vendre son immeuble à la société dans
les deux ans de la constitution. Il faut aussi alors suivre les règles relatives au quasi apport
mais si a non seulement la casquette de fondateur mais aussi administrateur, il faut aussi
respecter les règles en matière de conflit d’intérêt. Autrement dit, l’administrateur en conflit
doit le déclarer aux autres administrateurs, s’abstenir de participer à la délibération et au vote
en plus de tout une série de mesure de publicité, communication au commissaire. En outre,
s’il y en a un et description de l’opération dans le procès-verbal, cela implique une
reproduction du procès-verbal dans le rapport de gestion. Il y a en cas de quasi apport, deux
corps de règles qui se cumulent, les règles relatives au quasi apport en tant que tel et le cas
échéant si le quasi apporteur est administrateur, les règles en matière de conflit d’intérêt.
Précision : la règlementation des quasi apport ne concerne que les S.A. car c’est une mesure
destinée à protéger le capital. Comme il n’y a pas de capital dans les S.R.L. et dans les sociétés
coopératives, on ne parle pas de quasi apport ni de la règlementation s’y rapportant.
5° Comment déterminer où les clauses doivent être insérées ? Dans les statuts ou dans la
convention d’associés ?
Premièrement, il y a des clauses qui doivent figurer dans les statuts. Pour constituer une
société, prenons l’exemple d’une S.A. bien que ce raisonnement s’applique à toutes les
sociétés, il faut regarder ce qui doit figurer dans les statuts en vertu de la loi, c’est à dire le
code des sociétés et des associations.
Deux endroits sont pertinents, d’une part, pour les S.A. dans le livre VII, une disposition de ce
livre indique que l’acte constitutif d’une S.A. doit comporter telle et telle mention. Par
conséquent, si c’est une mention visée dans cette disposition, elle doit obligatoirement figurer
dans les statuts. De plus, l’article du livre VII énumérant les mentions se réfère également aux
mentions devant figurer dans l’extrait de l’acte constitutif. Quand on constitue une S.A., ce
n’est pas obligatoire de faire publier tout l’acte constitutif, on peut uniquement publier
certaines mentions. Par exemple les mentions que le code impose de publier car ça intéresse
tous les tiers. A fortiori, si les mentions doivent être mentionnées dans l’extrait de l’acte
constitutif, ces dernières doivent être mentionnées dans l’acte constitutif lui-même.
Par exemple, pour SA, il faut indiquer l’objet, la dénomination et le capital dans l’extrait de
l’acte constitutif et donc dans l’acte constitutif aussi, dans les statuts aussi il faut indiquer
comme la société est gérée, quelle est son modèle de gouvernance et comment la société est
représentée. C’est le minimum déterminé par le code des sociétés et des associations.
Ce minimum doit se trouver dans les statuts car dans le cas contraire, le notaire devra refuser
de recevoir l’acte et l’absence de certaines mentions peuvent entrainer la nullité de la société.
Ne pas mentionner le nom, est un rare cas de nullité de S.A..
Au reste, les clauses ne figurant pas dans les statuts et non publiées alors qu’elles l’auraient
dû sont inopposables aux tiers. Ce sont des sanctions sévères dont une autre est également
la responsabilité des fondateurs.
Deuxième étape du développement, il y a les autres règles, des clauses que la loi n’oblige pas
à publier mais qui pourraient être utile de faire figurer.
Un troisième type de considération est la confidentialité. Imaginons que dans une clause de
préemption, il y a un mécanisme pour fixer le prix des actions. Ça peut être une clause
standard, du type ‘’ en cas de contestation sur le prix, le prix sera fixé par un réviseur
d’entreprise désigné par le président de l’institut des réviseurs d’entreprises saisie à la requête
de la partie la plus diligente’’. Une telle clause n’a rien de confidentiel mais si on commence à
se référer à certaines particularités de la société pour déterminer le prix des actions, ça
n’intéresse peut-être pas les tiers et qu’il vaut mieux mettre cela dans une convention
d’actionnaire.
Tout cela étant des arguments militant en faveur des conventions d’actionnaire mais il y a
également une série d’argument militant en faveur des statuts. Premièrement, si c’est une
clause qui lie tout le monde, autant disposer d’un seul document à consulter plutôt que deux,
c’est une question de lisibilité. Deuxièmement, les statuts, par ailleurs, sont opposables aux
tiers tandis qu’une disposition dans une convention d’actionnaire ne sera pas nécessairement
opposable aux tiers. En effet, elle n’est pas opposable aux tiers, si ce dernier n’en a pas
connaissance et n’a aucun moyen d’en avoir connaissance. Par exemple, une clause
d’inaliénabilité des actions qui figure uniquement dans une convention d’actionnaire et
mentionnée nulle part ailleurs, le tiers est de bonne foi et peut signifier que son achat est
valable. Par contre, si la clause figure dans les statuts, il ne peut plus affirmer sa bonne foi et
la cession sera inopposable à la société.
Cependant, il est possible de rendre une clause d’inaliénabilité qui figure dans une convention
d’actionnaire opposable aux tiers. Par divers moyens, par exemple en l’inscrivant dans le
registre des actionnaires et dire qu’il y a une convention d’actionnaires limitant la cessibilité
des titres. On peut faire aussi une référence dans les statuts à la conventions d’actionnaire
c’est à dire dans les statuts indiquer la cessibilité des actions est limitée par une convention
d’actionnaires conclue à telle date entre les actionnaires. Et dans ce cas-là, le tiers n’est pas
au courant de tous les détails mais s’ils veulent acheter des actions, il devra au moins poser la
question et il sait qu’il y a quelque chose et il doit en principe s’adresse au conseil
d’administration pour savoir si son achat ne soulève aucun problème.
Il ne faut pas l’unanimité pour la modification des statuts. Il faut en principe, à défaut de règles
plus sévères, le quorum de la moitié et la majorité des ¾ pour changer les statuts. S’il s’agit de
clause relatives à la cessibilité, c’est la majorité des ¾.
Pour une conventions d’actionnaire, en principe, il faut l’unanimité mais ce principe doit être
tempéré de deux manières. Premier principe, c’est qu’il faut l’unanimité mais dans le cas où
on est deux, c’est assez facile à atteindre. L’unanimité n’est jamais que des parties à la
conventions d’actionnaires. Deuxième observation, une convention d’actionnaire peut
prévoir qu’elle peut être modifiée à la majorité de 60%, 74%, etc. C’est aussi possible dans
une convention entre 10 parties de prévoir qu’elle peut être modifiée si 7 parties sont
d’accord et la modification affectera tout le monde. Cela va être extrêmement dépendre des
circonstances de chaque espèce.
Principe valant uniquement dans les sociétés cotées. 14 jours à minima avant l’assemblée
générale, la société constate qui sont ses actionnaires à ce moment-là. De même, tous les
teneurs de comptes, représentés majoritairement par les banques qui tiennent les comptes
des actions dématérialisées, vont voir quels actionnaires sont inscrit dans leur livre à cet
instant T, donc les actionnaires eux-mêmes ne doivent rien faire. Le terme enregistrement est
un terme suscitant une impression trompeuse car on a l’impression qu’on doit s’enregistrer
alors que pas du tout. Il faudrait remplacer le terme enregistrement par photographie, c’est-
à-dire que tous les actionnaires figurant dans les livres de la société ou les teneurs de compte
pour les actions dématérialisées sont d’office enregistrés.
I. Augmentation du capital
1. Introduction
Avant d’aborder la règlementation de l’augmentation de capital, un exemple pratique :
Voici une société avec un capital de 1000, c’est-à-dire qu’elle a été constituée avec des apports
dont la valeur totale équivalait à 1000. Par exemple, au jour de la constitution de la société, des
actionnaires ont apportés des immeubles pour 1000. Ce jour-là, donc, le total du passif, comme
à l’actif était de 1000.
Au fil du temps, la société a fait une série d’opération. Elle a vendu des immeubles, elle en a
racheté, elle a acquis du matériel mobilier, du matériel circulant. Après un certain temps, cette
société a à l’actif 1200 comme immeuble, 20 comme meuble, 380 comme compte en banque et
donc au total 1600 à l’actif.
Au passif toujours 1000 de capital, car elle s’est constituée avec un capital de 1000 et jusqu’à
présent elle n’a pas augmenté son capital, pour l’instant elle a 100 de dette. Le total du passif
doit toujours être égal au total du passif. C’est-à-dire 1600 du total du passif : 1000 + 100 =
1100 à 500 de bénéfice dont 100 affecté à sa réserve légale et le reste sur un compte de bénéfice
reporté.
La société se trouve dans une situation très favorable car elle est en bénéfice si on compte à la
fois la réserve légale et les bénéfices, on a 400 de bénéfices distribuables. Et 500, sans la réserve
légale, viennent en quelque sortes compléter le capital et fournisse son matelas. Imaginons que
la société veuille faire des investissements, elle fait soit un appel à investisseurs ou ce sont les
actionnaires existants qui contribueront à l’augmentation de capital.
La société veut augmenter son capital à concurrence de 150. Comment ça se passe ? Les 150
considérons que c’est de l’argent, le tiers apporte 150. La société avait 380 sur un compte en
banque donc7 le poste compte en banque va augmenter de 150 et bien entendu le total de l’actif
va aussi augmenter de 150. Au passif, le capital va augmenter de 150, et bien entendu, le total
va également augmenter de 150. C’est un exemple simple d’augmentation de capital.
7
En rouge c’est ce qui correspond à l’augmentation de capital.
Remarque : Comme les SA doivent mentionner le montant du capital dans leurs statuts (CSA,
art. 2:8, § 2, al. 2, 5° et 7:14, renvoyant aux mentions que doit comporter l’extrait de l’acte
constitutif), toute augmentation de capital requiert une modification des statuts (art. 7:177).
2. Organe compétent
D’un point de vue juridique, le capital est une mention devant figurer dans les statuts, à peine
de nullité pour la S.A. C’est généralement spécifié au début des statuts (à l’article 4, 5 ou 6
dépendant des statuts). Si on augmente le capital, comme stipulé précédemment, il faut modifier
cette clause des statuts.
La première chose à retenir pour cette augmentation de capital, c’est qu’il s’agit d’une
modification des statuts.
L’assemblée générale est en principe compétente pour augmenter le capital (SA) mais ce
pouvoir peut également être conféré à l’organe d’administration grâce à l’insertion dans les
statuts d’une clause de capital autorisé (CSA, art. 7:198).
Par conséquent, la clause de capital autorisé est une clause par laquelle les statuts autorisent
l’organe d'administration (dans le système dual, il s’agit du conseil de surveillance) à augmenter
en une ou plusieurs fois le capital souscrit à concurrence d’un montant déterminé qui, pour les
sociétés cotées, ne peut être supérieur au montant du capital. Cette autorisation n’est valable
que pour cinq ans à dater de la publication de l'acte constitutif ou de la modification des statuts.
Toutefois, elle peut être renouvelée une ou plusieurs fois pour une durée n'excédant pas cinq
ans par l'assemblée générale délibérant aux conditions requises pour la modification des statuts
(art. 7:199, al. 1 er).
Le capital autorisé ne peut jamais être utilisé pour certaines augmentations de capital
(disposition impérative):
Pas à des tiers absolu. Si nous nous rappelons, la clause de capital autorisée est
souvent utilisée pour pouvoir augmenter rapidement le capital, pour obtenir des
fonds ou un bien. Or, avec un droit de souscription, la société ne s’enrichit pas.
Généralement, les droits de souscription sont émis à un prix très peu élevé et
donc l’émission de droit de souscription ne va rien rapporter dans l’immédiat à
la société. La société va augmenter son capital le jour où les droits de
souscription seront exercés mais pas lors de l’émission de ces droits de
souscription. Donc il n’y a pas d’urgence à émettre des droits de souscription.
En conclusion, ces exceptions participent à la même idée, pour confier ce pouvoir au CA doit
être justifier par l’intérêt de la société c’est à dire que cette clause peut s’avérer extrêmement
utile pour acquérir des fonds ou rapidement un bien mais cette clause ne peut pas être utilisée
dans tous les cas où il y a un risque d’atteinte aux intérêts des actionnaires.
De plus, le capital autorisé ne peut être utilisé pour les augmentations de capital suivantes que
si les statuts le prévoient expressément :
8
89 L’article 1:27 du CSA définit le personnel aux fins des livres 5, 6 et 7 comme
1° toute personne physique engagée dans les liens d’un contrat de travail, d’un contrat de management ou d’un
contrat similaire avec la société ou sa/ses filiale(s) ; 2° toute personne morale engagée dans les liens d’un contrat
de management ou d’un contrat similaire avec la société ou sa/ses filiale(s), en vertu duquel cette personne morale
n’est représentée que par une seule personne physique qui en est également l’associé ou actionnaire de contrôle ;
3° les membres de l’organe d’administration de la société ou de sa/ses filiale(s), en ce compris les personnes
morales dont le représentant permanent est également l’associé ou l’actionnaire de contrôle.
Les statuts ne peuvent jamais supprimer le droit de souscription préférentiel. Par contre,
l’organe qui décide d’une augmentation de capital peut supprimer ou limiter le droit de
souscription préférentiel dans l’intérêt social. Le CA le peut aussi en cas d’augmentation de
capital dans le cadre du capital autorisé mais il faut que la clause des statuts qui confère le droit
au CA d’augmenter le capital le dise expressément et dans ce cas-là, il y a une règle de conflit
d’intérêt supplémentaire qui s’applique. S’il y a des administrateurs représentant une partie
tierce susceptible de souscrire à cette augmentation de capital, ils doivent s’abstenir.
Colonne de gauche, avant l’augmentation de capital. Imaginons que cette réserve ne soit pas
une réserve légale mais soit un autre poste de réserve (disponible, etc.) et celle-ci = 100. La
société peut aussi augmenter son capital non pas par un apport extérieur mais en incorporant
cette réserve dans le capital. Donc après l’augmentation de capital, le capital serait de 1000
+100 =1100.
Mais évidemment le total de l’actif et du passif ne change pas. On s’est contenté de bouger
d’une ligne à une autre. Quel intérêt ? Avoir un capital plus élevé sans faire d’apport extérieur.
Mais ça ne permettra pas d’enrichir la société. Donc il n’y a pas d’urgence pour le CA à
augmenter le capital par incorporation des réserves. C’est la raison pour laquelle la loi n’interdit
pas cette opération, elle n’est pas dangereuse pour les actionnaires mais elle la subordonne à
une habilitation expresse de l’AG.
Pour le surplus, les règles applicables sont les mêmes que l’augmentation de capital soit décidée
par l’assemblée générale ou l’organe d'administration.
3. Modes
L’augmentation du capital d’une SA peut se faire au moyen d’apports, on respecte les mêmes
règles qu’en cas de constitution :
L’augmentation de capital d’une SA peut également se faire par incorporation des réserves.
Poste de réserve disponible de 400, nous allons dans cette exemple l’affecter partiellement au
capital. Incorporer 150 au capital de sorte que mon compte de réserve disponible de 400 -150=
250. Ici ça ne change rien du point de vue de la richesse de la société. Mais son capital est plus
important, ce qui peut rassurer les tiers ou les banques.
L’augmentation de capital peut se faire en un seul acte notarié (l’assemblée générale ou l’organe
d’administration prend la décision d’augmenter le capital et en même temps constate
l’augmentation du capital) ou en plusieurs actes, généralement deux, qui doivent tous être reçus
par le notaire (premier acte : décision de l’assemblée générale ou de l’organe d’administration
Pour que l’augmentation de capital puisse se réaliser en un seul acte, il faut soit que les
apporteurs soient présents ou représentés à l’assemblée générale et que toutes les formalités
aient été accomplies au préalable (dépôt sur un compte spécial, rapports de l’organe
d'administration et du commissaire, …), soit que l’augmentation de capital se réalise par
incorporation des réserves.
Tout comme une société ne peut souscrire ses propres actions lors de sa constitution, elle ne
peut souscrire les actions qu’elle émet ultérieurement (CSA, art. 7:182, § 1 er).
6. Prix d’émission
(i) Justification du prix d’émission En cas d’augmentation de capital par apports (par
opposition aux augmentations de capital par incorporation de réserves), l’organe
d’administration doit rédiger un rapport sur l’opération, qui justifie spécialement le
prix d’émission et décrit les conséquences de l’opération sur les droits patrimoniaux
et les droits sociaux des actionnaires. Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou
un expert-comptable externe doit rédiger un rapport dans lequel il évalue si les
données financières et comptables contenues dans le rapport de l’organe
d’administration sont fidèles et suffisantes pour éclairer l’assemblée générale
appelée à voter sur cette proposition (art. 7:179, § 1 er). Ces rapports doivent être
déposés et publiés. Ils sont annoncés dans l’ordre du jour. Les actionnaires peuvent
en obtenir une copie. En l’absence de ces rapports, la décision de l’assemblée
générale est nulle. Toutefois, sauf si les actions sont émises à titre de rémunération
d’un apport en nature, l’assemblée générale, à laquelle l’ensemble des actionnaires
sont présents ou représentés, peut renoncer par une décision unanime à ces rapports
(art. 7:179, § 3).
(ii) Émission avec prime Les primes d’émission correspondent aux apports par les
actionnaires qui ne contribuent pas au capital et qui sont effectués en contrepartie,
soit de titres représentatifs du capital (auquel cas le montant souscrit qui ne contribue
pas au capital contribue aux primes d’émission), soit des titres non représentatifs du
capital (comme les parts bénéficiaires). La technique des primes d’émission peut
être utilisée lors de la constitution de la société, mais elle est plus fréquente à
l’occasion des augmentations de capital. Le CSA ne réglemente pas les primes
d’émission. Il se borne à prévoir que le montant des primes d’émission doit être
intégralement libéré dès la souscription (art. 7:184).
Tableau de gauche : total bilan 1600. Actif net : 1600 – 100 = 1500
Nous avons 100 actions existantes, comment les valoriser ? Il y a diverses méthodes relevant
davantage de la comptabilité que du droit des sociétés. Dans cet exemple, nous décidons de
valoriser les actions en fonction de l’actif net, c’est une méthode grossière, rarement utilisée
mais que nous allons employer pour illustrer notre propos.
S’il y a 100 actions et que l’actif net vaut 1500, nous pouvons conclure que la valeur d’une
action est de 15 (1500/100). La société émet dix nouvelles actions à valeur existante étant
entendu que si elle les émet moins cher, les actionnaires existants seraient mécontent.
Assurément, leurs actions, valant 15, y perdraient si, par exemple, la société émettait des actions
au prix de 10 car ils auraient une dilution. En émettant 10 actions au prix de 15, on pourrait
augmenter le capital à hauteur de 150 et on aura donc un total de 1150.
A l’origine au tableau de gauche, le capital était de 1000. Il y a 100 actions donc chaque
actionnaire en aurait apporté 10. Leurs actions valent à présent 15 car la société a bien performé
et accumulé des réserves. Il s’agit du pair comptable, c’est-à-dire le capital divisé par le nombre
d’action. Et donc la valeur de l’actif net, 15, est ici supérieure au pair comptable.
Pour des raisons comptables, la société peut désirer conserver le pair comptable. Pour ce faire,
il faut répartir le prix d’émission entre le capital et un poste de prime d’émission. Par
conséquent, le tiers rapporte toujours 150 et les 150 pourraient être mis au passif en ajout du
poste capital ou alors on peut le diviser. C’est à dire qu’une partie de prix d’émission peut
contribuer au capital et une partie contribuant au poste des fonds propres qui est le poste prime
d’émission qui va aussi pouvoir servir de matelas pour les créanciers.
Du point de vue des actionnaires existants, les deux formules (en affectant tout le prix
d’émission au capital ou bien on affecte une partie du prix d’émission au capital et une partie
au prime d’émission) reviennent exactement au même. Les actionnaires y sont indifférents.
Attention cependant, si le montant levé près du public ne correspond pas au montant qui
augmente le capital, ce n’est pas une fraude mais une technique comptable.
C’est la raison pour laquelle c’est l’organe compétent pour augmenter le capital ou émettre de
nouvelles actions (c’est-à-dire l’assemblée générale ou l’organe d'administration dans le cadre
d’une délégation) qui peut prendre cette décision.
L’organe d’administration doit rédiger un rapport spécial dans lequel il justifie l’opération et le
prix d’émission et décrit les conséquences de l’opération sur les droits des actionnaires (CSA,
art. 7:180).
Ce rapport doit être annoncé dans l’ordre du jour. Les actionnaires peuvent en obtenir une copie.
L’absence de rapport entraîne la nullité de la décision de l’assemblée générale.
8. Droit de préférence
(i) Principe
En cas d’augmentation de capital par apports en numéraire, les actions doivent être offertes par
préférence aux actionnaires proportionnellement à la partie du capital que représentent leurs
actions (CSA, art. 7:188). Les statuts ne peuvent ni limiter ni supprimer le droit de préférence
(art. 7:190).
Les actionnaires peuvent bien sûr renoncer à leur droit de préférence. Il n’y a pas suppression
ou limitation du droit de préférence lorsque chaque actionnaire renonce à son droit de
préférence lors de la décision de l’assemblée générale d’augmenter le capital. La renonciation
au droit de préférence de chaque actionnaire est actée dans l’acte authentique relatif à la
décision d’augmentation du capital (art. 7:192, al. 2).
(ii) Exercice
Le droit de préférence peut être exercé pendant un délai qui ne peut être inférieur à 15 jours à
dater de l’ouverture de la souscription (CSA, art. 7:188).
L’ouverture de la souscription ainsi que son délai d’exercice doivent être annoncés par un avis
publié huit jours au moins avant cette ouverture, aux Annexes du Moniteur belge9 , ainsi que
dans un organe de presse de diffusion nationale, papier et électronique et sur le site internet de
la société10 . Si toutes les actions de la société sont nominatives, la société peut se limiter à
communiquer cet avis aux actionnaires (art. 2:32).
9
L’article 7:189 du CSA vise les Annexes du Moniteur belge mais cette publication se fait traditionnellement au
Moniteur.
10
La communication de cet avis aux actionnaires et la publication de cet avis ne constituent pas, par elles-mêmes,
un appel public à l’épargne.
Hors, elle a un besoin urgent de fonds car elle se trouve au bord de la faillite alors qu’un tiers
est disposé à lui faire un apport en argent. La société peut y déroger dans l’intérêt social mais
le législateur est très méfiant c’est pourquoi il impose un rapport du conseil d’administration et
un rapport du réviseur.
Ces rapports doivent être déposés au greffe du tribunal de l’entreprise. Ils doivent être annoncés
dans l’ordre du jour et les actionnaires peuvent en obtenir une copie. L’absence de ces rapports
entraîne la nullité de la décision de l’assemblée générale.
Des règles supplémentaires s’appliquent quand le droit de préférence est limité ou supprimé en
faveur d’une ou plusieurs personnes déterminées qui ne sont pas membres du personnel (art.
7:193, § 1 er).
- De la libération des actions souscrites par les tiers ou dont ils sont réputés
souscripteurs (art. 7:205, 2°) ;
La réduction de capital implique la modification des statuts car le capital est indiqué dans les
statuts paradoxalement, c’est une opération beaucoup plus simple que l’augmentation de
capital :
- Seule l’AG est compétente ;
- pas de parallèle avec la clause de capital autorisée ;
1. Modes
Pourquoi ? Parce que le capital est devenu trop élevé à la suite d’opération diverses ou de par
l’activité de la société. Tant qu’on reste au-dessus du capital minimum de 61 500 euros, il n’y
a en principe pas de problème.
Cependant, les créanciers pourraient être angoissés par cette opération. Imaginez qu’un
créancier a contracté avec la société, dont le un capital s’élève à 20 millions, et tout d’un coup,
elle se retrouve à 61 500 euros. C’est pourquoi le législateur a prévu des mesures de protection
des créanciers. Si l’AG décide de réduire le capital, les créanciers sont censés être informés car
cette décision doit être déposée au greffe et publiée aux annexes du moniteur belge, certains
créanciers peuvent alors demander une sûreté à la société.
Dans le cas où la société refuse de donner une sûreté, ces créanciers peuvent saisir le président
du tribunal de l’entreprise qui se prononcera sur l’opportunité d’une sûreté. Cependant, seuls
les créanciers avec une créance certaine non encore exigible au moment de la réduction de
capital sont en mesure de le demander. En effet, les autres, par hypothèses, auront déjà obtenu
le remboursement de leur créance.
Aussi longtemps que le créancier n’a pas été satisfait, la réduction de capital ne peut pas être
mise en œuvre. Cela signifie que la décision reste une décision mais aucun paiement effectif ne
peut être fait en faveur des actionnaires sinon les administrateurs engagent leur responsabilité
personnelle.
Observations : Cette notion peut être valable pour les grands créanciers muni d’un service
juridique qui suit les sociétés avec lesquelles ils contractent. Néanmoins, comment un créancier
ordinaire saura qu’une société a réduit son capital ? C’est une mesure qui rate son objectif selon
la professeur car elle s’avère seulement efficace pour les créanciers ayant les moyens de se
payer un monitoring de leur débiteur.
Cela ne risque pas de porter préjudice aux créanciers. On se souvient qu’on peut augmenter le
capital en incorporant les réserves. Dans l’hypothèse inverse, on peut réduire le capital en
absorbant les pertes. L’intérêt ? Des pertes ne sont pas esthétique dans un bilan. Assurément,
les pertes découragent les créanciers. De plus tant que la société a des pertes, elle ne pourra pas
distribuer de bénéfice. Donc il peut être intéressant de réduire le capital en absorbant les pertes.
Hypothèse : Une société en perte. Immeubles capital 1000 mais ne valent plus que 500 /pas de
meuble/ 0 sur le compte en banque/ total de l’actif réduit à 500/ dettes de 300/ actif net 500-300
= 200. Elle a subi 800 de perte (1000 +300 =1300).
Réduction du capital avec absorption des pertes, le capital est réduit mais je peux
immédiatement l’augmenter à nouveau, c’est ce qu’on nomme le coup d’accordéon.
L’entreprise réduit le capital par absorption des pertes et l’augmente, donc au total on a 500 de
plus à l’actif qui est la véritable augmentation de capital par rapport en l’espèce.
Par conséquent, le total de l’actif va être de 1000 et nous supprimons le poste perte. Absorption
par le capital, 1000-800 et augmentation de capital de 500 (1000 – 800 + 500 =700). Donc nous
nous se retrouvons avec un bilan de 1000 ou il n’y a plus de perte. Si nous n’avions pas
commencer par réduire le capital, pour les tiers, le résultat aurait été identique mais mon bilan
est plus beau car il n’y a plus de perte au bilan. Néanmoins, ça aurait été exactement la même
chose si le capital s’élevait à 1500 et les pertes à 800.
Le coup d’accordéon peut aller jusqu’à réduire le capital à 0. Si nous avions 1000 de perte dans
notre exemple, nous aurions pu faire 1000-1000 + 500. La loi autorise des réductions de capital
qui vont a un montant inférieur à 61 500 pour autant qu’elles soient immédiatement suivies par
une augmentation de capital qui porte le capital au-dessus du minimum de 61 500.
Les convocations à l’assemblée générale doivent indiquer la manière dont la réduction proposée
sera opérée ainsi que le but de cette réduction (CSA, art. 7:208).
La société doit traiter de la même manière les actionnaires qui se trouvent dans la même
situation (CSA, art. 7:208).
Si la réduction du capital s’opère par un remboursement aux actionnaires ou par dispense totale
ou partielle du versement du solde des apports, les créanciers peuvent demander une sûreté dans
les deux mois de la publication aux Annexes du Moniteur belge de la décision de réduction du
capital. La société peut écarter cette demande en payant la créance à sa valeur, après déduction
de l’escompte.
A défaut d’accord ou si le créancier n’est pas payé, la contestation est soumise par la partie la
plus diligente au président du tribunal de l’entreprise dans le ressort duquel la société a son
siège. La procédure s’introduit et s’instruit et la décision s’exécute en référé. Le président
détermine la sûreté à fournir ou décide que la société ne doit pas en fournir. La société ne peut
effectuer aucun remboursement à ses actionnaires aussi longtemps que les créanciers qui ont
fait valoir leurs droits dans le délai de deux mois n’ont pas obtenu satisfaction à moins qu’une
décision judiciaire exécutoire n’ait rejeté leurs prétentions à obtenir une garantie (art. 7:209).
3. Réduction en vue d’apurer une perte subie ou en vue de constituer une réserve
pour couvrir une perte prévisible
Dans ces hypothèses, le capital peut être réduit en dessous du minimum légal mais cette
réduction ne sort ses effets qu’à partir du moment où intervient une augmentation portant le
montant du capital à un niveau au moins égal au minimum légal (CSA, art. 7:210, al. 3). C’est
ce qu’on appelle le « coup d’accordéon ». Le capital peut même être réduit à zéro : dans cette
hypothèse, toutes les parts ou actions sont annulées et de nouvelles actions sont émises dans le
cadre de l’augmentation de capital.
La réserve constituée pour couvrir une perte prévisible ne peut excéder 10 % du capital souscrit
après réduction. Cette réserve ne peut, sauf en cas de réduction ultérieure du capital, être
distribuée aux actionnaires ; elle ne peut être utilisée que pour compenser des pertes subies ou
augmenter le capital par incorporation de réserves (art. 7:210, al. 2).
1. Ratio legis
L’assistance financière consiste pour une société à assister des personnes, et plus précisément
à leur prêter de l’argent et à fournir des sûretés pour permettre à ces personnes d’acquérir des
actions à la société. Ces personnes peuvent acquérir des actions de deux manières, soit en
achetant des actions existantes soit en souscrivant des actions dans le cadre d’une augmentation
de capital.
Pendant longtemps, le législateur a interdit aux sociétés dotées d’un capital d’avancer des fonds,
accorder des prêts ou donner des sûretés en vue de l’acquisition de leurs actions par des tiers
car ces opérations aboutissent à rendre le capital fictif. Ces opérations pouvant cependant être
utiles, il a fini par les autoriser mais à certaines conditions.
A l’actif il y a toujours 200, représentés par mon apport mais la société a maintenant une créance
à mon égard et on peut continuer comme ça longtemps… La société peut continuer à me prêter
de l’argent et je souscrirai des actions nouvelles, cela rendant le capital complètement fictif car
le principal actif va être une créance à mon encontre mais mon principal actif va être les actions
de la société. On tourne en rond. C’est pourquoi le législateur belge et européen ont interdit
cette opération. Par contre, cette opération peut être utile dans certains cas limités. Par exemple,
si la société a beaucoup de liquidité et qu’il s’agit d’intéresser le personnel a l’actionnariat de
la société.
2. Conditions
Finalement, le législateur a autorisé cette opération mais en l’assortissant de toute une série de
conditions, de précautions. Les SA ne peuvent avancer des fonds, accorder des prêts ou donner
des sûretés en vue de l’acquisition de leurs actions par des tiers qu’à certaines conditions :
• Cette autorisation ne peut être portée à l’ordre du jour de l’AG que si le conseil
d’administration établit un rapport dans lequel il va expliquer quel est l’intérêt pour
lequel il sollicite une assistance financière. Il doit indiquer quel est l’intérêt, quels sont
les risques éventuels et quel est l’objectif de l’opération (pourquoi la société devrait
prêter de l’argent à qqn pour lui permettre d’acquérir des actions de cette société ?).
• Une fois que l’AG a pris sa décision (qui n’est qu’une autorisation), il faut une décision
de l’organe d’administration de prêter de l’argent à une personne ou bien de constituer
une sûreté en sa faveur sur les biens de la société.
• Cette opération n’est possible que si la société n’est en bénéfice, càd que le montant du
prêt pour garantir la dette du tiers ne peut pas excéder le montant des bénéfices de la
société. Seule une société en bénéfice peut faire une opération pareille.
• En plus, ces bénéfices seront bloqués, càd que la société, qui fait un prêt à un tiers pour
lui permettre d’acheter des actions de la société, doit constituer une réserve indisponible
au passif. Cette réserve indisponible est un montant qui va être prise en compte au
moment de la distribution éventuelle de dividendes pour le test de l’actif net, càd que
quand on distribue des dividendes, il faut que l’actif net reste supérieur au montant du
capital augmenté des réserves que la loi ou les statuts interdit de distribuer. La société
qui a recours à l’assistance financière ne peut être qu’en bénéfice et elle va restreindre
sa capacité de distribuer des bénéfices en constituant une réserve indisponible à l’actif.
• Le prix auquel le tiers ou l’actionnaire va acheter les actions de la société doit être un
juste prix (art 7 :227, §1 CSA).
Malgré la libéralisation de la loi (c’est plus interdit), il y a tjrs peu d’opérations d’assistance
financière. Il y a des exceptions en faveur du personnel mais même pour prêter l’argent aux
personnels la société doit quand même respecter les conditions qu’on a énuméré (art 7 :227, §2
CSA).
1. Principe
C’est une opération par laquelle la société acquière, généralement achète ses propres actions
soit à un actionnaire déterminé soit si c’est une société cotée, elle les achète en bourse. Le
législateur réglemente cette opération.
2. Objectifs
• C’est une opération fréquente surtout pour les sociétés cotées mais pas seulement. Pour
tout type de sociétés l’acquisition d’actions propres peut être utile pour se constituer un
stock d’actions propres si la société met en place un plein d’intéressement du
personnel. On a vu que des sociétés peuvent octroyer des droits de souscription à leur
personnel. Elles leur octroient gratuitement le cas échéant des droits de souscription qui
permettent aux membres du personnel, après un certain délai, de souscrire autant
d’actions à tel prix. C’est une manière de fidéliser le personnel parce que même si les
membres du personnel doivent payer le prix des missions lors de la souscription des
actions, par hypothèse, on se place dans une perspective où la valeur de l’action a
augmenté. Si la valeur de l’action n’augmente pas les membres du personnel ne vont
pas souscrire. Pour qu’ils souscrivent, il faut une augmentation du capital. Une autre
manière de procéder c’est de donner au personnel des options sur des actions
existantes. Ça revient au même si ce n’est qu’au lieu de souscrire des actions nouvelles,
ils vont acheter des actions à la société. Pour pouvoir le faire, il faut que cette société
ait ces actions dans son patrimoine à premier motif pour lequel une société peut
acquérir ses actions propres pour les distribuer à son personnel dans le cadre
d’intéressement personnel.
• Un autre objectif : une société cotée voit son cours de bourse fort bas pour des raisons
mystérieuses et qui ne sont pas justifiées de manière objective. Elle peut acheter ses
propres actions pour soutenir son cours de bourse.
• En cas de rumeurs d’OPA : c’est une offre publique faite par un tiers sur les actions de
la société. Pour compliquer une offre publique d’acquisition, la société peut mettre une
série d’actions à l’abri en faisant en sorte que des amis achètent ou acheter ses propres
actions et donc avoir un propre stock. C’est une opération bizarre car imaginons qu’une
société achète toutes ses actions, c’est une société inimaginable puisque toute SA doit
avoir au moins un actionnaire. Ça rendrait le capital fictif.
3. Conditions
L’article 7:215 du CSA subordonne l’acquisition par une société anonyme de ses propres
actions :
• Il faut une décision préalable de l’AG aux conditions de quorum et de majorité requises
pour la modification des statuts (valable 5 ans). Cette décision ne doit pas
obligatoirement figurer dans les statuts.
• S’il y a une telle clause, au moment qu’il lui semblera opportun, le conseil
d’administration pourra décider d’acheter des actions propres.
• Comme c’est une opération bizarre, la société ne peut acheter ses propres actions que
s’il a des bénéfices, qu’il existe des sommes distribuables.
• Elle ne peut acheter que des actions qui soient entièrement libérées.
• Respecter l’égalité des actionnaires : ça veut dire quoi ? Une SA ne peut acheter ses
propres actions que si elle fait son offre à tous les actionnaires et qu’elle accepte de les
acheter dans la même proportion. Une société cotée fait comment du coup ? Elle
respecte le principe d’égalité des actionnaires si elle achète ses actions en bourse car on
considère que le marché est anonyme et donc ça préserve l’égalité des actionnaires.
• Une société achète ses propres actions pour els distribuer au personnel. Mais c’est une
exception attrape-nigaud car c’est possible de se dispenser de l’autorisation si on
distribue les actions au personnel dans les 12 mois. Mais le plan d’intéressement du
personnel c’est pour fidéliser le personnel et ces plans ont tjrs une durée supérieure à 12
mois. Et d’ailleurs d’un point de vue fiscal, le personnel doit détenir les actions plus de
12 mois pour avoir un régime favorable. Cette exception n’est quasi jamais appliquée.
• La loi dit qu’il ne faut pas de décision préalable de l’AG s’il y a une clause statuaire qui
prévoit que le conseil d’administration peut acheter des actions pour faire face à un
dommage grave et imminent (risque d’OPA). Cette clause est valable trois ans. C’est
bizarre car il ne faut pas une décision valable 5 ans s’il y a une clause valable 3 ans. Ça
s’explique par une considération tout à fait historique. Dans le passé, la décision
préalable de l’AG n’était valable que 18 mois. Et donc l’autorisation valable de 18 mois
n’était pas nécessaire car la clause statutaire était valable 3 ans. Mais le législateur a
allongé la durée de la décision de l’AG. Ce sont des fausses exceptions.
• Il y a des vraies exceptions où toutes ces conditions ne sont pas requises : ces exceptions
c’est lorsqu’on fait une réduction de capital par annulation d’actions propres. Comment
on peut réduire le capital ? Rembourser les actionnaires, une partie des actionnaires mais
comment peut-on les rembourser ? On est 100, chacun a souscrit 10 et le capital est de
1000. La société pourrait décider de rembourser les actionnaires à concurrence d’un
total de 100 donc chaque actionnaire reçoit 1. Mais elle peut assis décider de rembourser
un seul actionnaire à concurrence de 100, c’est totalement dérogatoire au principe
d’égalité des actionnaires. Mais si tous les actionnaires sont d’accord, on peut y déroger.
Donc si on a une acquisition en vue de la destruction d’actions dans le cas d’une
réduction de capital, on va appliquer les règles de réduction du capital. Autre
exemple est celui où une société anonyme acquière ses actions propres « par hasard ».
Ses actions étaient détenues par une société qu’elle absorbe. La société A fusionne avec
la société B en absorbant la société B qui avait des actions de la société A. C’est un peu
« un hasard » qu’elle se trouve dans cette situation. Elle l’acquière par voie de
conséquence à la suite d’une autre opération et donc il ne faut pas respecter les
conditions.
• Dernière exception plus rare : la société avait une créance contre un actionnaire. Un
actionnaire auquel elle a prêté de l’argent, la société obtient gain de cause en justice et
saisit les biens de cet actionnaire, et parmi ces biens qu’elle saisit, il y a ses propres
actions. C’est la conséquence d’une autre opération.
4. Régime de la détention
La société acquière donc ses propres actions mais qu’est-ce qu’elle en fait ? Soit elle les détruit
(réduction de capital) soit elle ne les détruit pas. Si elle les détruit elle s’appauvrit. Si elle les
conserve pour les vendre par la suite, on aura donc les actions à l’actif et il faudra constituer un
poste de réserve au passif (art 7 :217, §2 CSA). Ce qui veut dire que la société restreint ses
possibilités de distribution de dividendes.
Qu’advient-il des droits de vote ? Les droit de vote attachés aux actions détenues sont paralysés
(art 7 :217, §1, al 2 CSA). La société ne peut pas voter à sa propre AG avec ses propres actions.
De même la société qui détient ses propres actions n’a pas de droits aux dividendes attachés à
ses propres actions (art 7 :217, §2 CSA). Qu’est-ce qu’on fait de ces dividendes ? Ils sont
répartis entre tous les autres actionnaires. Ex : une société a mis 1000 actions et a un dividende
de 100, elle rachète 100 actions, son dividende de 1000 va être réparti entre les 900 actions qui
se trouvent entre les mains des actionnaires.
5. Régime de l’aliénation
La société détient ses propres actions mais à un certain moment puisqu’elle les détient en vue
de les revendre, elle va devoir les revendre mais pas n’importe comment car comme au moment
de l’acquisition elle a dû respecter le principe d’égalité des actionnaires, elle doit aussi respecter
ce principe au moment de l’aliénation.
Donc si on a une société non cotée, elle doit faire une offre de vente à tous les actionnaires. Et
si c’est une société cotée, elle doit vendre ses actions sur le marché (ce qui garantit l’anonymat
des actionnaires).
• La vente aux fins d’éviter un dommage grave et imminent mais ça suppose une
autorisation statutaire. Ça peut viser la société qui a besoin d’intéresser un tiers dans
son actionnariat et donc pour éviter un dommage grave et imminent, on comprend que
la société puisse acheter des actions pour contrer une OPA mais vendre des actions pour
contrer une OPA c’est également envisageable. Ça peut être à une personne qui exercera
le droit de vote à l’AG pour prendre certaines mesures contre le prédateur (celui qui
lance une OPA).
• Il peut y avoir une autorisation statutaire qui permet à la société de vendre des actions
propres sans respecter le principe d’égalité des actionnaires à une ou plusieurs personnes
déterminées dans les statuts. À nouveau, il y a une règle spéciale de conflit d’intérêt qui
va s’appliquer dans cette hypothèse, c.à.d. que les administrateurs qui représentent ces
personnes vont devoir s’abstenir.
• Il y a une dernière exception : il se peut que la société acquière ses propres actions dans
le cadre d’une fusion. Mais même si elle le fait dans ce cadre, elle doit quand même
constituer une réserve indisponible au passif pour la valeur de ses actions. Il est possible
que la société qui acquière ses propres actions soit une société en perte car ces
exceptions-ci sont des exceptions qui s’appliquent à l’ensemble des conditions qu’on a
vu (pas besoin que la société soit en bénéfice). Toutes les conditions de détention
s’appliquent. Donc on peut être une société en perte qui absorbe une autre société qui
détient ses propres actions. Cette société en perte va être dans l’impossibilité de
constituer une réserve. Ce n’est pas dramatique mais elle a un délai de 12 mois pour le
faire et si elle n’y est pas arrivée, elle doit vendre ses actions sans respecter le principe
d’égalité des actionnaires (art 7 :218 CSA).
6. Reporting et publicité
C’est une opération dangereuse, elle doit donc être détaillée dans le rapport de gestion (art
7 :220). En outre, les sociétés cotées doivent informer la FMSA régulièrement, le public et leurs
propres actionnaires qui sont ainsi tenus au courant de cette action.
Ça ne sert à rien d’intercaler une filiale pour faire cette opération car c’est exactement le même
régime qui s’applique sinon qu’il faut une autorisation de l’AG de la société mère.
8. Sanctions
C’est la responsabilité des actionnaires. Mais en outre, les actions qui seraient irrégulièrement
acquises vont être annulées (art 7 :219 CSA).
9. Prise en charge
Les mêmes règles s’appliquent si une société anonyme prend ses propres titres en gage. La prise
en gage par une société anonyme de ses propres actions (soit par elle-même, soit par une filiale
directe, soit par une personne agissant en son nom propre mais pour compte de la société ou
cette filiale directe) est assimilée à une acquisition pour l’application des articles 7:215, §1
(conditions pour l’acquisition d’actions propres), 7:216, 2° (exception relative à la transmission
de patrimoine à titre universel) et 7:220 (reporting).
Cette assimilation est écartée pour les opérations courantes conclues aux conditions et sous les
garanties normalement exigées, pour des opérations de la même espèce, des établissements de
crédit. Nonobstant toute disposition contraire, la société ne peut pas exercer le droit de vote
attaché aux titres qui lui ont été remis en gage (art. 7:226).
Le législateur a voulu conscientiser les administrateurs quand il se passe des choses graves :
Une des choses graves est la réduction grave de l’actif net à un montant inférieur à la moitié du
capital.
Le conseil d’administration doit prendre les choses en main et convoquer l’AG dans les 2 mois
à partir du moment où ils s’en rendent compte. Le CA doit émettre un rapport soit il va dire on
doit dissoudre la société soit la situation n’est pas désespérée et il doit proposer telle ou telle
mesure (en général, une augmentation de capital). Il peut y avoir encore d’autres solutions.
S’ils ne le font pas, tous les administrateurs vont être responsables de tout le passif, on va
présumer que tout le passif est dû à la faute des administrateurs qui n’ont pas convoqué l’AG
(art 7 :228 CSA). C’est une situation dramatique car il y a une présomption de dommage.
Si l’actif net réduit un quart du capital, la dissolution va pvr être approuvée par l’AG avec un
quart des voix (art 7 :228, al 4). C’est la seule décision qui peut être prise par une AG avec un
quart des voix si les pertes sont à ce point graves.
Il y a deux dispositions du CSA qui imposent à l’organe d’administration lorsqu’il constate des
faits graves et concordants qui sont susceptibles de compromettre la continuité de l’entreprise,
le CA doit arrêter les mesures qui vont pouvoir permettre à la société de continuer (art 2 :52
CSA). S’il ne le fait pas le commissaire doit attirer l’attention du CA à cet égard et s’il continue
à ne rien faire, le commissaire doit en informer le tribunal de l’entreprise (art 3 :69 CSA). Pour
les SRL, il y a aussi une procédure de sonnette d’alarme bien qu’elle n’ait pas de capital car ces
règles-ci s’appliquent à toutes les sociétés.
1. Avertissement
La matière des offres publiques d’acquisition (OPA) relève pour l’essentiel du droit financier.
Elle intéresse cependant directement le droit des sociétés dans la mesure où, d’une part, la
société-cible peut se protéger par des mesures que le CSA règlemente et où, d’autre part, le
déroulement de l’OPA a une incidence sur la gouvernance de la société.
On se contentera donc ici d’observations très générales sur le mécanisme de l’OPA en lui-
même pour se concentrer sur les mécanismes anti-OPA et sur la gouvernance.
2. Notion
C’est une offre d’acquisition (généralement d’achat) qu’une personne fait sur tous les titres
d’une société (art 3, §1 LOPA). Il y a des OPA qui sont célèbres en Belgique. Quelques
exemples :
1) Une OPA qui date de 88 et qui a été faite par une société Cerus sur la société générale
de Belgique. On disait que la SGB représentait 1/3 de l’économie belge. C’était LA
société belge. Et un dimanche soir, de Benedetti (propriétaire de Cerus) prend rdv avec
le gouverneur de la SGB en lui apportant une boite de pralines et en lui annonçant qu’il
va lancer une OPA. L’administrateur s’énerve puisque la SGB est le noyau de
l’économie belge. La société générale a mis en œuvre toute une série de mécanismes
(augmentation de capital, appel à des amis, etc.) qui ont contrarié l’offre de Cerus qui
s’est soldée par un échec.
Cette société n’a pas pu acquérir même la moitié des actions. Comment est-ce possible
? À l’époque il n’y avait pas de législation OPA en Belgique, pas de législation de
transparence. Un prédateur pouvait donc acheter des actions, les accumuler et une fois
qu’il avait un paquet suffisant d’actions, il pouvait lancer une OPA. M. de Benedetti a
dit que son offre a raté à cause de la praline, il raconte qu’avec sa mentalité bien polie,
avant de lancer son OPA, il a voulu être poli et juste annoncer ses attentions. Et il dit
que s’il ne l’avait pas fait, la SG n’aurait pas pu se préparer et mettre en œuvre tous les
mécanismes d’OPA. Cette OPA est très célèbre car elle explique la législation OPA qui
a été mise en place juste après.
3) Ce sont des OPA qui ont été lancées sur Tractebel et Electrabel par le groupe français
Suez-Lyonnaise des Eaux.
4) OPA par Fortis sur ABN Armo qui date de 2007. À l’époque le groupe Fortis a cru
faire une affaire extraordinaire en lançant une OPA sur ABN Armo avec un montant
considérable. Mais malheureusement ABN Armo était touché de produits toxiques, càd
ces produits financiers qui sont extrêmement complexes et qui généralement
dissimulent des titres extrêmement dangereux. L’acquisition par Fortis est une des
causes qui explique la débâcle de Fortis un an plus tard.
La loi qui s’applique est une loi du 01/04/2007 qui a été mise en œuvre par un arrêt OPA. Elle
commence par définir une OPA avec des notions familières. Ne pas confondre l’hypothèse où
une société émet des actions en faveur de tout le public (offre publique de titre) et l’OPA qui
porte sur les actions existantes d’une société.
Pour qu’il y ait une OPA, il faut qu’il y ait une communication faite au public sur le territoire
belge pour que la loi belge s’applique et qu’elle fournisse des informations suffisantes au public
pour qu’il puisse prendre une décision en connaissance de cause et il faut que des moyens de
publicité qui soient mises en œuvre (cette notion est extrêmement large) (art 6, §1 LOPA).
Cette OPA peut être une OP d’achat (celui qui lance une OPA offre un prix) ou bien une OP
d’échange (OPE), c.à.d. que la société X s’adresse aux actionnaires de la société A en leur
disant pour une action de la société A, je vous remets deux actions de la société X. Ça about à
un échange.
• L’offre publique volontaire est toute offre publique qui est lancée volontairement.
L’offre volontaire peut porter sur une société cotée mais elle peut aussi porter sur une
société non cotée mais dont les titres sont répandus dans le public.
• L’offre publique obligatoire est une offre qu’il est obligatoire de lancer. La cible est les
sociétés cotées. Lorsqu’une personne franchit le seuil de 30% des titres avec droit de
vote, elle doit lancer une OPA sur tous les titres de la société cotée. Ce seuil est
extrêmement sensible qu’on essaye de ne pas dépasser. Car si on dépasse, il faut lancer
une offre publique d’acquisition sur TOUS les titres de cette société cotée.
Par exception, la loi considère que les offres suivantes volontaires ne sont pas des offres
publiques :
• La loi OPA ne va pas s’appliquer si les titres d’une société sont uniquement répandus
parmi des investisseurs qualifiés.
• Les offres qui portent sur des titres dont la valeur nominale par titre s’élève à au moins
100 000 euros.
On distingue aussi l’offre amicale (c’est celle qui est faite avec le consentement, la collaboration
de la société) de l’offre hostile (c’est celle qui se fait avec l’opposition de la société).
3. Conditions
La personne qui lance une offre publique d’action doit tjrs répondre à deux conditions :
• Elle doit lancer l’offre sur tous les titres donnant droit de vote ou donnant accès au droit
vote. Ça signifie qu’elle ne peut pas se limiter à 50%. Elle doit lancer l’offre sur tous
les titres et risque donc de se retrouver avec plus de 90% des titres
• Quand une personne lance une offre publique, elle doit avoir des fonds disponibles s’il
s’agit d’une offre d’achat ou de titres disponibles s’il s’agit d’un échange (art 4 AR
OPA).
4. Procédure
C’est un processus qui est long et couteux tant pour la société qui lance l’offre que pour la
société cible.
Ça commence par un avis d’OPA c.à.d. que l’offrant doit déposer un dossier auprès de la FMSA
dans lequel il inclut déjà un projet de prospectus (c’est un prospectus qui est en fait définitive)
(art 5 AR OPA). Si on a affaire à un offrant qui exerce déjà le contrôle sur la société, il doit
joindre aussi dans ce dossier le rapport d’un expert indépendant qui justifie le prix auquel il est
disposé à acheter les actions (art 6 et 20 à 23 AR OPA).
Une fois que ça a été publié, les actionnaires peuvent vendre leurs titres ou pas. C’est à
l’actionnaire de décider de ce qu’il va faire.
Puis, quand le délai pour accepter l’offre est expiré, on voit les résultats et si l’offrant a moins
de 50% c’est une cata pour lui car il aura affecté beaucoup d’argent à acheter des actions mais
il n’aura pas le contrôle. Quand l’offrant a 89% c’est aussi dramatique car quand on est une
société cotée, on est exposé à des frais donc si l’offrant est radin en ce qui concerne le prix et
qu’il ne parvient pas à convaincre une grande majorité des actionnaires, il peut se trouver dans
une situation où il ne parviendra pas à radier la cotation.
5. Réouverture de l’offre
Dans certains cas, l’offrant doit rouvrir l’offre. Dans quel cas ? :
• Lorsque pdt l’offre l’offrant a décidé d’augmenter son prix. L’offrant se rend compte
que son offre n’est pas suffisante et il augmente, il doit rouvrir l’offre pour permettre à
tout le monde de bénéficier du nouveau prix (art 35 AR OPA).
• L’offrant a au moins 90% des titres de droit vote. Pourquoi doit-il rouvrir l’offre ? Les
10% d’actionnaires qui n’ont pas donné suite à l’offre, n’auront plus rien à dire à l’AG.
C’est une situation pas très confortable. C’est la raison pour laquelle le législateur
impose à l’offrant de rouvrir l’offre.
6. Contre-offre et surenchère
Parfois, il y a des contre-offres, un opérateur fait une offre publique sur une société à un prix
de 50, un autre prédateur fait une contre-offre à 55, etc. La seule contrainte c’est qu’il faut que
le prix offert par le contre offrant soit supérieur d’au moins 5% au prix initial et ainsi de suite
(art 37 AR OPA).
En cours d’offre, l’offrant ne peut pas se rétracter, ne peut pas diminuer le prix de l’offre. Il ne
peut pas dire tout compte fait j’arrête. Il y a quelques exceptions qui tiennent aux mesures de
défense prises par la société qui fait l’objet d’une offre d’acquisition publique hostile :
• Il y a des cas où l’offrant peur retirer son offre si la société émet de nouveaux titres à
concurrence de plus d’1% des titres existants car ça modifie les conditions dans
lesquelles l’offrant à décider de lancer l’offre.
• Lorsque la société déclenche a poison pills, une pilule empoisonnée. C’est quoi ? Si par
exemple, on a une société avec des actifs stratégiques absolument fondamentaux pour
l’exploitation de cette société, si la société vend ses actifs ça s’appelle une pilule
empoisonnée et l’offrant peur retirer son offre.
• Il est possible que l’offre ait été faite sous condition d’une autorisation administrative
(des autorités de la concurrence) parce que ces autorisations sont longues à obtenir, si
elle n’est pas obtenue, il peut retirer son offre.
Il existe pour l’instant une offre, un accord ayant lancer une OPA sur Tiffany. Pour l’instant,
il y a eu des discussions entre le groupe Louis Vuitton et Tiffany. Ces discussions visaient
à une OPA amicale de LV sur Tiffany. Il y a eu bcp de discussions sur le prix (+16 milliards
de dollars). Cet accord a été obtenu dans le courant du mois de novembre 2019 mais entre
temps est venu le virus qui a bouleversé les résultats de Tiffany. De sorte que LV a fort
hésité sur cette acquisition. LV a commencé à se prévaloir d’un ordre d’un ministre français
qui l’aurait intimé de retarder cette acquisition. Il est apparu que ce ministre n’avait jamais
donné d’ordre mais a simplement émis une opinion sur cette acquisition. LV a donc invoqué
une MAC (material adverse change), càd que c’est une clause qui est conclue dans les
contrats et qui dans les cas exceptionnels permet à l’une partie de se dégager s’il se produit
un événement tout à fait imprévisible de force majeure et qui affecte l’équilibre
économique. Et donc LV indique des circonstances exceptionnelles qui ne lui permettent
pas la réalisation de l’offre compte tenu de l’effondrement des résultats de Tiffany.
Lorsqu’un offrant a fait une offre publique volontaire et qu’il se trouve avec presque tous les
titres, c’est une situation désagréable car tant qu’il y a des titres dans le public c’est difficile
d’obtenir la radiation. Il reste soumis à un tas de contraintes. La loi permet à l’offrant de faire
une offre de reprise, c.à.d. qu’à l’issu de cette offre de reprise tous les titres vont être transférés
à l’offrant. C’est une espèce d’expropriation privée en faveur de l’offrant mais qui est aussi à
des conditions drastiques. L’offrant doit avoir 95% des actions représentatives du capital, 95%
de tous les titres représentatifs du droit de vote (double seuil). Et il faut que sur ces 95%, il en
ait acquis 90% dans le cadre de l’offre. Dans ce cas, il peut rouvrir l’offre pour obtenir la totalité
des titres et devra payer le prix à tous les actionnaires.
L’inverse existe aussi. Quand on a affaire à un offrant qui a atteint un tel seuil, les actionnaires
restants peuvent le contraindre à reprendre ses titres.
Pourquoi une société peut-elle vouloir se défendre contre une offre publique d’acquisition.
Généralement, il faut bien dire que les administrateurs veulent rester en place ou les actionnaires
estiment que les projets de l’offrant sont contraires aux intérêts de la société. Quelques mesures
de défense :
• La clause capitale autorisée c’est une mesure de défense anti-OPA car s’il y a des
rumeurs d’OPA, le conseil d’administration peut augmenter le capital, si les actions sont
souscrites par des amis ça rendra d’autant plus difficile une OPA.
• L’insertion dans les statuts de clauses qui restreignent la cessibilité (les clauses
d’agrément et de préemption).
• Les poison pills sont des clauses contenues dans des contrats et qui déclenchent des
conséquences néfastes pour la société lors de la réalisation de certains événements
comme un changement contrôle ou une OPA. Ex : un contrat de crédit qui prévoit qu’en
cas de changement de contrôle, le crédit doit être immédiatement remboursé. C’est aussi
ce qu’on appelle la vente de bijoux de famille car ça ne va pas dans l’intérêt de la société.
Le législateur réglemente ces poison pills dans les sociétés cotées en prévoyant qu’elle
relève de la compétence exclusive de l’AG. Seule l’AG peut approuver un contrat qui
prévoit une poison pill en cas de changement de contrôle ou d’offre publique
d’acquisition et donc le conseil d’administration soumet la décision à l’assemblée
générale et cette décision doit faire l’objet d’une publicité. Mais tant que cette décision
est prise par l’AG sous réserve de sa compatibilité avec l’intérêt social, cette poison pill
lie la société et va fort diminuer l’attractivité de la société en cas d’OPA.
qui avaient des clauses d’agrément dans les statuts qui visaient les cas d’OPA et qui
avaient fait du lobbying pour pouvoir conserver l’efficacité de ces clauses d’agrément
et ce lobbying a réussi et a donné lieu à cette exception qui finalement n’a été appliquée
qu’à cette société uniquement.
À chaque fois qu’une société émet des titres pdt une période d’OPA, que ce soit dans le cadre
du capital autorisé ou par l’AG, c’est un motif de retrait de l’offre pour l’offrant.
On a vu qu’il y avait l’obligation par l’offrant de faire une offre de reprise, dans certains cas,
après une OPA, et cette offre est soumis à la loi OPA. Mais il y a aussi à côté de cette offre de
reprise dans le cadre de la loi OPA, des offres de reprise hors OPA, indépendamment de toute
offre publique d’acquisition.
Quand une personne détient plus de 95% des droits de vote d’une société, dans ce cas il peut
faire une offre de reprise sur tous les titres de la société. Il faut bien distinguer selon que l’on a
affaire à une société cotée ou pas.
Quand on a affaire à une société cotée, cette offre de reprise va avoir pour effet un effet
d’expropriation en ce sens que les actionnaires restants soient d’accord ou pas, tous les titres
vont être transférés à l’offrant, à la suite de quoi les actions ne seront plus cotées en bourse, la
société sera radiée du marché.
C’est un peu différent une offre de reprise hors OPA qu’une offre de reprise à la suite d’une
OPA parce que quand on a une offre de reprise après une OPA volontaire, il y a aussi un
transfert de plein droit des titres restants à l’offrant mais à quel prix ? Au prix de l’OPA, donc
à un prix qui par hypothèse a été jugé très favorable par les actionnaires puisque plus de 90%
ont répondu positivement à l’offre donc il y a un test du marché qui a démontré que le prix était
favorable.
Mais si on fait une offre de reprise hors OPA, il n’y a pas de test du marché puisque l’offrant
doit indiquer un prix qui n’a pas été accepté, par hypothèse, par d’autres, et c’est la raison pour
laquelle il doit produire le rapport d’un expert indépendant sur le prix offert. Un expert
indépendant se sera généralement une banque d’affaires, la procédure suppose aussi qu’en
matière d’opa la rédaction et l’approbation par la FSMA d’un prospectus et d’un mémoire en
réponse, mais il faut nécessairement le rapport d’un expert indépendant sur le prix offert.
Il est aussi possible de faire une offre de reprise sur les sociétés non cotées, elle est soumise à
beaucoup moins de formalités, il ne faut pas d’approbation de la FSMA, mais cette offre de
reprise obéit au droit commun.
Les actionnaires qui ne veulent pas répondre, qui refusent de céder leurs titres restant libre, il
n’y a pas d’expropriation. Le seul effet de cette offre c’est de ramasser, soit les titres que les
actionnaires ont volontairement prononcés à l’offre, soit les titres pour lesquels les actionnaires
ne se sont pas présentés. Donc ça peut être utile parce que le problème des sociétés c’est que
parfois il y a des titres on ne sait plus à qui ils appartiennent et j’ai presque envie de dire ils
n’appartiennent à plus personne ; je pense notamment aux anciennes actions au porteur, puis
ces actions se perdent, dans le cadre d’une succession elles sont jetées avec les vieux papiers
etc. et donc une société se retrouve parfois avec 100 000 actions dont 1000 ou elle ne sait pas à
qui elles appartiennent et donc l’offre de reprise peut être une manière de nettoyer les choses.
3. L’offrant peut limiter son OPA à 75% des actions avec droit de vote se trouvant dans le
public ? Faux, son offre doit porter sur la totalité des titres.
4. Celui qui se propose de lancer une OPA ne doit pas rédiger un prospectus si la valeur de ses
actions se trouvant dans le public est inférieure à 5 millions EUR ? Faux, il n’y a pas
d’exception de minimis dans la législation OPA. Il y en a une en matière d’appel au public
lorsqu’on émet des titres. Même si la valeur des actions est faible l’offrant doit rédiger un
prospectus.
5. Lorsque l’organe d’administration de la société cible donne son avis sur l’offre, les
administrateurs qui sont également actionnaires : doivent indiquer leurs intentions. Se serait
bizarre qu’ils disent dans leur avis que l’offre est vraiment très mauvaise et qu’ils
déconseillent aux actionnaires d’y donner suite mais que par ailleurs ils vendent leurs titres
à l’offrant. Ils ne doivent pas s’abstenir parce que ce n’est pas considéré comme une
décision ou une opération, mais un simple avis donc la procédure relative aux conflits
d’intérêts ne s’applique pas.
6. Si, à l’issue de la période d’acceptation de l’offre, l’offrant détient au moins 90% des titres
avec droit de vote : il doit rouvrir l’offre pour permettre aux autres actionnaires de répondre
à l’offre s’ils le souhaitent. On n’est pas dans une offre de reprise donc les actionnaires ne
sont pas obligés de lui céder leurs titres.
7. Pendant la période de l’offre, l’offrant peut retirer son offre : uniquement dans certains cas
particuliers, notamment en cas de contre-offre par exemple, ou en cas de circonstances
exceptionnelles, ou en cas d’émission de titres par la société.
8. Indiquez les opérations que l’organe d’administration d’une société peut encore faire après
le lancement d’une OPA : procéder à une augmentation de capital en espèce sans limiter ou
supprimer le droit de préférence des actionnaires, dans ce cas-là il ne risque pas une
opération abusive au préjudice des actionnaires, car par hypothèse ils ont encore tous la
possibilité d’y participer. Soit, les actionnaires sont contents avec l’OPA et ils n’ont aucune
raison de participer à cette augmentation de capital qui pourrait conduire au retrait de l’offre.
Soit, ils sont mécontents de l’OPA, et s’ils le souhaitent ils feront un apport dans le cadre
de l’augmentation de capital. En principe, après le lancement d’une OPA, le conseil
d’administration ne peut pas procéder à une augmentation de capital en nature dans le cadre
du capital autorisé sauf s’il y a une clause des statuts en ce sens.
9. Si les statuts d’une SA comportent une clause d’agrément, l’organe d’administration peut
refuser d’agrément de l’offrant : vrai, à condition de proposer aux actionnaires qu’une ou
plusieurs autres personnes agréées achètent leurs titres. On l’appelle « chevalier blanc »,
cette personne proposera aux actionnaires qui voudraient répondre à l’offre de les racheter
au moins au même prix.
10. Un actionnaire qui, dans le cadre d’une OPA, a acquis 99% des titres d’une société cotée
peut contraindre les autres actionnaires à lui céder leurs titres : vrai.
1. Sociétés cotées
- Notion
Une offre de reprise est une offre faite par un actionnaire qui détient au moins 95 % des titres
conférant le droit de vote émis par une société anonyme cotée sur la totalité des titres de cette
société sans que les actionnaires puissent refuser de céder leurs titres.
Cette offre permet de faire perdre à une société sa qualité de société cotée. Elle peut notamment
avoir lieu à la suite d’une OPA.
- Conditions
Toute personne physique ou morale, qui, agissant seule ou de concert, détient au moins 95 %
des titres conférant le droit de vote émis par une société anonyme cotée, peut faire une offre
publique de reprise afin d’acquérir en contrepartie d’un prix en argent la totalité des titres de
cette société conférant le droit de vote ou donnant accès au droit de vote.
- Procédure
L’offrant doit aviser la FSMA et lui communiquer un dossier comportant notamment projet de
prospectus et un rapport d’un expert indépendant sur le prix offert (arrêté royal du 27 avril 2007
relatif aux offres publiques de reprise, art. 3, 4 et 6).
La FSMA rend cet avis public et en informe l'entreprise de marché concernée, la société visée
et l’offrant.
L’organe d'administration de la société visée rédige un mémoire en réponse qui comporte son
appréciation à propos du rapport de l'expert indépendant et son opinion sur le prix. Si les
membres de l'organe d'administration n'adoptent pas une position unanime, l'avis mentionne les
positions divergentes des membres, en précisant s'il s'agit de membres considérés comme
administrateurs indépendants ou de membres qui représentent en fait certains détenteurs de
titres (art. 7/1 et 7/2).
Les détenteurs de titres peuvent faire part de leurs griefs à la FSMA (art. 10).
La FSMA autorise l'offrant à lancer son offre à condition que l'expert indépendant ait conclu
que le prix offert ne méconnaît pas les intérêts des détenteurs de titres et qu’elle ait approuvé le
prospectus et le mémoire en réponse (art. 16/1).
La période d'acceptation de l'offre, d’une durée de deux à dix semaines, débute après
l'approbation du mémoire en réponse de la société visée (art. 17).
L'offrant doit payer le prix dans les dix jours ouvrables qui suivent la publication des résultats
de l'offre (art. 18).
- Effet
Les titres non présentés à l'expiration de l'offre sont réputés transférés de plein droit à l'offrant,
que leur propriétaire se soit ou non manifesté. Les fonds nécessaires au paiement des titres ainsi
transférés sont consignés auprès de la Caisse des dépôts et consignations au profit de leurs
anciens propriétaires (art. 19).
A l’issue de l’offre de reprise, la société n’est plus considérée comme une société cotée (CSA,
art. 7:82, § 1er). Elle est radiée du marché sur lequel ses titres étaient admis à la négociation.
- Notion et conditions
Toute personne physique ou morale, qui, agissant seule ou de concert, détient 95 % des titres
conférant le droit de vote émis par une société anonyme non cotée, peut faire une offre de
reprise afin d’acquérir la totalité des titres de cette société conférant le droit de vote ou donnant
accès au droit de vote (CSA, art. 7:82, § 2).
- Effet
A l’issue de la procédure, les titres non présentés sont réputés transférés de plein droit à la
personne ayant fait offre de reprise avec consignation du prix, à l’exception des titres dont le
propriétaire a fait savoir expressément et par écrit qu’il refusait de s’en défaire.
A l’inverse de l’offre de reprise sur une société cotée, les actionnaires ne sont donc pas tenus
de céder leurs titres.
Les titres dématérialisés dont le propriétaire a fait savoir qu’il refusait de se défaire sont
convertis de plein droit en titres nominatifs et sont inscrits au registre des titres nominatifs par
l’émetteur.
Cette offre n’est pas soumise à la loi du 1er avril 2007 relative aux offres publiques
d’acquisition (CSA, art. 7:82, § 2).
Un des aspects majeurs de la réforme du Code des sociétés et des associations a été de supprimer
le capital pour les SRL et pour les sociétés coopératives car le législateur a jugé que ce capital
était inutile ; le jour où on constitue la société, le capital sera la somme de la valeur des apports,
mais il n’y a aucune garantie contre les pertes et ce capital peut être perdu le lendemain de sorte
qu’il offre une protection extrêmement réduite aux tiers.
De plus, toute réglementation du capital passe par la fixation d’un capital minimum (61.500€
pour les SA, 18 550€ pour les SRL (sauf certaines exceptions)) et la fixation de ce capital
minimum est assez arbitraire sans compter que ce minimum vaut aussi bien pour les petites
sociétés familiales que pour les grandes sociétés : « one size fits all ».
Et enfin, dans toutes règlementations du capital il y a des règles concernant la distribution des
dividendes ou la distribution en général, qui sont fondées sur le test d’actif net mais il n’y a rien
qui empêche d’autres formes de distribution/rémunération (par exemple de l’administrateur).
Pour ces raisons le législateur a jugé bon d’abroger le capital.
Par exemple, dans les SRL le capital minimum doit être suffisant, cette « suffisance » doit être
justifiée dans le plan financier.
Le législateur a quand même conservé énormément des règles applicables aux SA (selon la prof
il aurait atteint le même résultat si au lieu d’abroger le capital il avait simplement indiqué que
le capital minimum de la SRL est d’1€, ce qui était le cas des SPRL-strater auparavant).
1. Introduction
Pour se constituer la SRL a besoin d’un seul associé, il peut s’agir d’une personne physique ou
d’une personne morale.
Le CSA prévoit à cet égard des règles de protection des créanciers qui sont quasi-identiques
aux règles relatives au capital des SA.
L’Exposé des motifs explique ainsi ce parti pris : « Bien que le capital soit supprimé, il reste
important pour les actionnaires, en particulier les actionnaires minoritaires, que les éléments
patrimoniaux apportés, qui constituent le patrimoine de la société, soient correctement évalués.
En outre, le contrôle de cette évaluation est utile pour la détermination du montant des capitaux
propres suffisants visés à l’article 5:3. Enfin, le contrôle contribue à assurer l’image fidèle des
comptes annuels » .
Elle n’a pas besoin de capital mais elle a besoin de capitaux propres de départ suffisants. Si elle
n’en a pas dont elle peut justifier dans son plan financier et qu’elle est déclarée en faillite dans
les 3 ans, les fondateurs vont engager leur responsabilité personnelle. Il s’agit d’un corollaire à
la limitation de la responsabilité des actionnaires à leurs apports.
Dans toutes SRL, comme dans toutes sociétés, il faut faire des apports. Il peut s’agir d’apports
en argent, en nature ou en industrie. Ils doivent en principe être libérés totalement mais les
statuts peuvent fixer la mesure de libération librement (différence avec les SA) et donc on
pourrait imaginer des actions qui soient souscrites mais pas du tout libérées.
Il est possible de faire des apports en industrie en contrepartie d’actions. Il n’y a pas de
réglementation des quasi-apports car le législateur a considéré que cette réglementation était
inhérente aux sociétés qui ont un capital.
Sous réserve des différences ci-dessus, on applique les mêmes règles aux SRL qu’aux SA,
notamment la nécessité d’un acte authentique, des rapports pour les apports en nature, il faut
que les apports en espèce soient versés sur un compte spécial à la disposition de la société, …
Dire que le législateur a facilité la constitution des SRL ce n’est pas tout à fait l’avis de la prof…
Avant, pour constituer une SPRL il fallait un capital de 18.550€ mais qui pouvait être libéré à
concurrence de 6200€ ; ce n’est pas rien mais même aujourd’hui dans une SRL il faut un capital
de départ suffisant, donc de toute façon les actionnaires vont devoir trouver de l’argent.
- L’acte constitutif doit être reçu par acte authentique (CSA, art. 5:11 et 6:12).
- Les actions émises par les SRL et les SC doivent être intégralement et,
nonobstant toute disposition contraire, inconditionnellement souscrites (art. 5:5
et 6:6).
- En ce qui concerne les apports en numéraire, les fonds doivent être déposés par
versement ou virement sur un compte spécial ouvert au nom de la société en
formation auprès d’un établissement de crédit (art. 5:9 et 6:10).
- Bien que les SRL et les SC soient dépourvues de capital, le CSA impose
également aux fondateurs de ces sociétés de rédiger un plan financier dans
lequel ils justifient le montant des capitaux propres de départ à la lumière de
l’activité projetée (art. 5:4 et 6:5).
- Pour les apports en nature dans les SRL et les SC, le CSA requiert également
un rapport des fondateurs et un rapport d’un reviseur d’entreprise (art. 5:7 et
6:8), sous réserve de certaines exceptions.
4. Sanctions
En ce qui concerne le régime de nullité des SRL, il est identique à celui des SA (art. 5 :13 et
6 :14 CSA) sauf qu’il n’y a pas de cause de nullité pour absence de mention de capital dans les
statuts car les SRL n’en ont pas.
En ce qui concerne la responsabilité des fondateurs, le CSA comporte des règles semblables
pour les SRL et les SC, adaptées pour tenir compte de l’absence de capital dans ces sociétés
(art. 5:15 et 6:16). En particulier, les fondateurs engagent leur responsabilité en cas de faillite
de la société dans les trois ans si les capitaux de départ étaient manifestement insuffisants pour
assurer l’exercice de l’activité projetée pendant au moins deux ans.
Section 2. Titres
1. Actions
Elle doit au moins émettre une action avec un droit de vote (pareil que pour la SA). Chaque
action doit être émise en contrepartie d’un apport (CSA, art. 5:40). Il peut s’agir d’un apport en
industrie.
Sauf disposition statutaire contraire, chaque action donne droit à une part égale du bénéfice et
du solde de la liquidation (art. 5:41) et dispose d’une voix (art. 5:42). Alors que, sous l’empire
du Code des sociétés, toutes les parts avaient impérativement les mêmes droits, le CSA permet
aux statuts de déroger à ce principe.
Dès lors que les SRL n’ont pas de capital, les actions ne sont pas représentatives du capital et
il n’y a pas de lien nécessaire entre la valeur de l’apport et les droits attachés aux actions. Les
statuts peuvent donc conférer des droits différents à des actions émises pour un même apport,
ou les mêmes droits à des actions émises pour un apport différent. Il n’y a pas davantage de lien
entre la valeur historique de l’apport d’une action et les droits attachés à ces actions.
Les SRL peuvent émettre des actions à droit de vote multiple, des actions sans droit de vote,
avec dividende privilégié ou non, ou des actions dont le droit de vote ne peut être exercé que
sous certaines conditions.
Toutefois, si la SRL est cotée, elle ne peut déroger à la règle proportionnelle qu’en émettant des
actions de fidélité avec un double droit de vote, comme les SA cotées (CSA, art. 5:2 al. 1, 3°
renvoyant à l’article 7:53).
En cas d’émission d’actions sans droit de vote, celles-ci retrouvent le droit de vote dans les
mêmes circonstances que les actions sans droit de vote émises par les SA (art. 5:47).
L’exercice du droit de vote peut être suspendu dans diverses hypothèses prévues par le CSA,
qui ne coïncident pas exactement avec celles prévues pour les SA : suspension des droits de
vote afférents aux actions concernées aussi longtemps que les versements éligibles en vue de la
libération n’ont pas été effectués (art. 5:42, al. 2) ; suspension des droits de vote de l’apporteur
en industrie qui est dans l’impossibilité temporaire d’exécuter ses obligations pour une période
de plus de trois mois, pour toute la durée de cette impossibilité qui dépasse cette période de
trois mois (art. 5:10, al. 2) ; suspension des droits de vote afférents aux actions propres détenues
par la société (art. 5:124).
3. Classes d’actions
Comme dans la SA, elle peut créer plusieurs classes d’actions : actions avec droit de vote,
actions sans droit de vote, actions qui donnent lieu à un dividende privilégier, …
Par contre, différence importante avec la SA, les SRL ne peuvent pas émettre de parts
bénéficiaires (controversé) car ces parts bénéficiaires sont des titres émis en contrepartie
d’apports qui ne contribuent pas au capital, mais dans une société à responsabilité limitée il n’y
a pas de capital et donc la notion de part bénéficiaire n’a pas de sens.
Tous les titres qu’émet une SRL, qui ne sont pas des obligations ou des droits de souscription,
qui donnent droit à une partie du bénéfice, sont nécessairement des actions et doivent donc
répondre aux caractéristiques de celles-ci (c’est à dire avoir un droit de vote ou bien ne pas
avoir de droit de vote).
4. Forme
Les actions émises par les SRL sont nominatives mais les statuts peuvent prévoir qu’elles
peuvent émettre des actions dématérialisées. Les autres titres émis par les SRL sont en principe
nominatifs mais les statuts peuvent prévoir la forme dématérialisée (art. 5:18, al. 2).
5. Cession
Une autre différence par rapport à la SA c’est qu’en principe, dans la SA, les titres sont
librement cessibles (sauf limitation par les statuts). Dans la SRL, le régime par défaut (si les
statuts ne prévoient rien) est une quasi-incessibilité, c’est à dire que les actions peuvent être
librement cédées au conjoint ou cohabitant légal, aux descendants et ascendants en ligne directe
ainsi qu’aux autres actionnaires.
Pour le surplus, si un actionnaire veut céder ses actions, il doit demander l’agrément aux autres
actionnaires (double condition de majorité : agrément donné par des actionnaires qui ensemble
représentent les ¾ des actions et la moitié des actionnaires au total).
Régime supplétif : les statuts peuvent y déroger en rendant les actions complétement incessibles
ou les rendre tout à fait cessibles (elles peuvent même être rendues négociables sur un marché
règlementé mais c’est très théorique).
Sylla : Alors que, dans les SPRL, les parts étaient quasi incessibles, le CSA rend le principe de
la quasi-incessibilité des actions supplétif.
Les statuts peuvent régler librement la cessibilité des actions émises par la SRL ; « l’on peut
faire de la SRL une société très fermée mais également très ouverte » , ce qui explique la
disparition du terme « privée » dans sa dénomination.
Le registre des actions nominatives doit mentionner les restrictions relatives à la cessibilité
résultant des statuts et, lorsqu’une des parties le demande, les restrictions relatives à la
cessibilité des actions résultant de conventions ou des conditions d’émission (CSA, art. 5:25,
al. 1, 5°). En cas de contradiction entre les statuts et le registre des actions, les statuts prévalent,
sauf si ceux-ci n’ont pas encore été adaptés après une émission d’actions par l’organe
d’administration (art. 5:25, al. 2).
Sauf disposition statutaire contraire, tout transfert d’actions est soumis à l’agrément d’au moins
la moitié des actionnaires possédant les trois quarts au moins des actions, déduction faite des
actions dont la cession est proposée. Cet agrément doit ressortir d’un document écrit, comme
le procès-verbal d’une assemblée générale ou un document signé par les actionnaires qui
doivent donner leur autorisation. Une assemblée des actionnaires n’est donc pas indispensable.
Cet agrément n’est toutefois pas requis lorsque les actions sont cédées ou transmises :
1° à un actionnaire;
Les parties à une cession peuvent s’opposer au refus d’agrément devant le président du tribunal
de l’entreprise siégeant comme en référé. Si le refus est jugé arbitraire, le jugement vaudra
agrément, à moins que l’acheteur ne retire son offre dans un délai de deux mois suivant la
signification du jugement (art. 5:64).
Les héritiers et légataires d’actions qui ne peuvent devenir actionnaires parce qu’ils n’ont pas
été agréés ont droit, nonobstant toute disposition contraire, à la valeur des actions transmises,
selon le cas, à charge des actionnaires ou de la société qui se sont opposés à l’autorisation.
Le rachat peut être demandé à l’organe d’administration de la société, qui transmet sans délai
une copie de la demande aux actionnaires qui se sont opposés à l’autorisation. Les héritiers et
légataires ne peuvent plus demander la dissolution de la société.
À défaut d’accord entre les parties ou de dispositions statutaires, les prix et conditions de rachat
seront déterminés par le président du tribunal de l’entreprise siégeant comme en référé, à la
requête de la partie la plus diligente (art. 5:65).
Ce régime ne s’applique pas si les statuts prévoient un mécanisme qui permet aux actionnaires
concernés de céder leurs actions en cas de refus d’agrément, tel que des clauses d’agrément
assorties d’une obligation de rachat par les actionnaires qui refusent l’agrément ou un droit de
préemption proportionnel de tous les actionnaires.
Une cession contraire aux restrictions à la cessibilité qui figurent dans des statuts publiés
régulièrement, n’est opposable ni à la société ni aux tiers, que le cessionnaire soit de bonne ou
de mauvaise foi, même lorsque la restriction statutaire ne figure pas dans le registre des
actionnaires (art. 5:67).
Les SRL peuvent faire admettre leurs actions sur un marché réglementé (auquel cas elles
deviennent des sociétés cotées) mais c’est fort théorique. Le CSA renvoie, pour les SRL cotées,
à une série de dispositions applicables aux SA cotées (art. 5:2, al. 1er). Lorsqu’il est fait
référence, dans ces dispositions, à une fraction ou un pourcentage du capital, cette disposition
doit être lue comme une fraction ou un pourcentage des actions émises.
Section 3. administration
I. Principes
- Modèles de gouvernance
Le CSA comporte également trois modèles de gouvernance pour la SRL : les statuts peuvent
prévoir que la SRL est administrée par un administrateur unique, par plusieurs administrateurs
constituant un collège ou par plusieurs administrateurs disposant de pouvoirs concurrents, qui
peuvent être des personnes physiques ou morales.
Lorsque les administrateurs constituent un organe collégial et que la place d’un administrateur
devient vacante avant la fin de son mandat, les administrateurs restants ont le droit de coopter
un nouvel administrateur, sauf si les statuts l’excluent (art. 5:71).
Lorsque les administrateurs constituent un collège, les statuts peuvent apporter des restrictions
aux pouvoirs de ce collège. Une telle restriction n’est pas opposable aux tiers, même si elle est
publiée. Il en va de même pour une répartition des tâches entre les administrateurs (art. 5:73, §
2).
Les administrateurs ne peuvent pas être liés, en cette qualité, par un contrat de travail avec la
SRL. (CSA, art. 5:70, § 1er). Les administrateurs sont nommés par l’assemblée générale des
actionnaires pour une durée déterminée ou indéterminée; ils sont désignés pour la première fois
dans l’acte constitutif. Ils peuvent aussi être nommés dans les statuts (art. 5:70, § 2).
L’AG peut, en principe, mettre fin à tout moment et sans motif au mandat des administrateurs
qui ne sont pas nommés dans les statuts, pour ceux qui sont nommés dans les statuts il faut
passer par une modification de ceux-ci pour les révoquer. DONC : En principe, l’assemblée
générale peut mettre fin à tout moment, avec effet immédiat et sans motif, au mandat des
administrateurs qui ne sont pas nommés dans les statuts mais les statuts ou l’assemblée générale
au moment de la nomination peuvent prévoir une autre solution. La révocation d’un
administrateur nommé dans les statuts requiert une modification de ceux-ci. L’assemblée
générale peut en toute hypothèse mettre fin au mandat d’un administrateur, nommé ou non dans
les statuts, pour de justes motifs, sans préavis ni indemnité (art. 5:70, § 3).
- Gestion journalière
L’organe d’administration d’une SRL peut charger une ou plusieurs personnes, agissant seules
ou collégialement, de la gestion journalière de la société, ainsi que de la représentation de la
société en ce qui concerne cette gestion (CSA, art. 5:79).
Le CA devra décrire le conflit d’intérêt dans son procès-verbal, décrire les conséquences
patrimoniales de ce conflit, aviser le commissaire s’il y en a un et publier la partie relevante du
procès-verbal dans son rapport de gestion.
S’il n’y a qu’un seul administrateur, c’est le même régime que pour les SA : si cet
administrateur unique est aussi l’actionnaire unique il peut prendre la décision sinon la décision
est prise par l’AG.
Lorsque l’organe d’administration d’une SRL est appelé à prendre une décision ou se prononcer
sur une opération à propos de laquelle un administrateur a un intérêt direct ou indirect de nature
patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de la société, l’administrateur en question doit en
informer les autres administrateurs. Sa déclaration et ses explications sur la nature de cet intérêt
opposé doivent figurer dans le procès-verbal d’une réunion de ces autres administrateurs. Les
autres administrateurs peuvent prendre la décision ou réaliser l’opération eux-mêmes.
L’administrateur qui a un conflit d’intérêts ne peut pas participer à la réunion des autres
administrateurs concernant cette décision ou opération.
Si tous les administrateurs ont un conflit d’intérêts, la décision ou l’opération doit être soumise
à l’assemblée générale. Si l’assemblée générale approuve la décision ou l’opération, l’organe
d’administration peut l’exécuter (CSA, art. 5:76, § 1er).
- Organe collégial
- Administrateur unique
S’il n’y a qu’un administrateur et qu’il a un conflit d’intérêts, il doit soumettre la décision ou
l’opération à l’assemblée générale, sauf s’il est le seul actionnaire (art. 5:76, §§ 3 et 4).
- Procédure
Les autres administrateurs, l’assemblée générale ou l’administrateur unique qui est également
l’actionnaire unique doivent décrire dans le procès-verbal ou dans un rapport spécial la nature
de la décision ou de l’opération ainsi que ses conséquences patrimoniales pour la société et
justifier la décision qui a été prise.
Lorsque l’administrateur est aussi l’actionnaire unique, il doit également inscrire dans son
rapport spécial les contrats conclus entre lui et la société.
Cette partie du procès-verbal ou ce rapport spécial doit être intégralement reproduit dans le
rapport de gestion.
- Exceptions
L’article 5:76, § 5, prévoit les mêmes exceptions qu’en cas de conflits d’intérêts au sein de
l’organe d’administration d’une société anonyme.
- Quotas
Les SRL qui sont des entités d’intérêt public doivent respecter la règle des quotas en matière
de genre, comme les SA qui sont des entités d’intérêt public (CSA, art. 5:2, al. 1, renvoyant à
l’article 7:86).
Les SRL cotées doivent désigner des administrateurs indépendants et sont soumises à la même
procédure que les SA cotées en ce qui concerne les opérations avec une partie liée (art. 5:2, al.
1 , renvoyant aux articles 7:87 et 7:97).
- Comités
Les SRL cotées doivent instituer un comité d’audit et un comité de rémunération, comme les
SA (art. 5:2, al. 1 , renvoyant aux articles 7:99 et 7:100).
IV. Représentation
Une clause de double signature contenue dans les statuts dans laquelle la SRL prévoit qu’elle
est représentée par un ou plusieurs administrateurs agissant seuls ou conjointement. Cette clause
de représentation est opposable aux tiers. Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce
pouvoir de représentation, ces-dernières ne sont quant à elles pas opposables aux tiers même si
elles sont publiées.
- Organe d’administration
Le système de représentation est identique à celui des SA. Quel que soit le modèle retenu,
l’organe d’administration (l’administrateur unique, chaque administrateur si les administrateurs
ont des pouvoirs concurrents ou l’organe collégial) représente la société à l'égard des tiers et en
justice, soit en demandant, soit en défendant.
Les statuts d’une SRL peuvent prévoir que la société est représentée par un ou plusieurs
administrateurs agissant seuls ou conjointement (il s’agira le plus fréquemment d’une clause de
double signature). Cette clause de représentation est opposable aux tiers.
Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce pouvoir de représentation. Ces restrictions ne
sont pas opposables aux tiers, même si elles sont publiées. Il en va de même pour une répartition
des tâches entre les administrateurs (art. 5:73, § 2).
- Mandats spéciaux
Section 4. Assemblée générale – modification des statuts (autres que les opérations sur titres)
On applique les mêmes règles que dans la SA sauf que dans la SA un actionnaire peut toujours
se faire représenter par un autre à l’AG.
Dans la SRL, qui peut avoir un caractère beaucoup plus fermé, les statuts peuvent exclure ou
limiter la possibilité pour un actionnaire de se faire représenter par un autre à l’AG.
Sylla : Les règles en matière d’assemblée générale et de modification des statuts applicables
aux SRL sont semblables à celles applicables aux SA. Toutefois, sauf disposition contraire des
statuts, les actionnaires peuvent se faire représenter par un mandataire, qui ne doit pas être
actionnaire (CSA, art. 5:95, al. 1). A l’inverse de la solution admise dans les SA, les statuts
peuvent donc exclure cette possibilité, ou la restreindre en imposant que le mandataire soit lui-
même actionnaire.
- Réserves
Une SA doit constituer une réserve légale, chaque année elle doit affecter une partie (5%) de
ses bénéfices à la constitution d’une réserve jusqu’à ce que cette réserve atteigne 10% du capital
(c’est ce qu’on appelle la réserve légale). Elle est indisponible et elle renforce le capital.
Pour les SPRL, avant la réforme, c’était exactement la même chose. Depuis la réforme du 1er
janvier 2020, les SPRL ont été converties d’office en SRL (même sans modifier leurs statuts).
La loi transitoire a aussi prévu que le capital et les réserves légales ont été convertis en un comte
de réserves indisponibles.
- Dividendes
Au niveau de la distribution des bénéfices, si on applique le test de l’actif net, avant quand
c’était une SPRL l’actif net ne pouvait pas devenir inférieur suite à une distribution de
bénéfices, au capital augmenté de toutes les réserves que la loi ou les statuts ne permettent pas
de distribuer.
Depuis le 1er janvier 2020, c’est exactement la même chose car le capital et la réserve légale
ont été convertis en un compte de réserve indisponible et le test de l’actif net veut que l’actif
net ne puisse pas être inférieur, à la suite d’une distribution, à 0 (car plus de capital) mais
augmenté des réserves indisponibles.
Mais attention, les réserves indisponibles sont des réserves statutairement indisponibles, c’est
à dire que les statuts peuvent les rendre disponibles par une modification des statuts et donc
distribuer ces revenus.
Pour les SA le test de l’actif net s’applique en regardant les comptes annuels, pour les SRL il
s’applique en regardant les comptes annuels ou un état actif et passif plus récent.
Cet état actif et passif doit être visé par le commissaire ce qui implique des frais pour la SRL.
Le législateur a compliqué la distribution des dividendes dans les SRL en ajoutant un deuxième
test à celui de l’actif net : le test de liquidité.
Quand une décision est prise de distribuer des dividendes (prise par l’AG ou par l’organe
d’administration qui décide de distribuer ce qu’on appelle un « acompte sur dividendes »),
l’organe d’administration ne peut pas exécuter cette décision s’il se rend compte qu’en
l’effectuant la société ne pourrait pas payer les dettes qui viennent à échéance dans les 12 mois.
Donc le CA doit faire un rapport qui doit être doublé d’un rapport du commissaire si la société
en a un, pour indiquer si le test de liquidité est rempli ou pas.
Dans la SA, il n’y a que le test de l’actif net en cas de distribution de dividendes ou d’autres
distributions, par exemple dans le cadre d’un rachat d’actions propres.
o Test de liquidité
Dans la SRL, on a le test de l’actif net (qui s’applique un peu différemment car il n’y a plus de
capital et de réserve légale) et le test de liquidité.
Ce test de liquidité existe uniquement pour les SRL et non pour les SA car le législateur l’a vu
comme une compensation à l’abrogation du capital.
Dans les sociétés qui ont nommé un commissaire, ce dernier doit évaluer les données
comptables et financières historiques et prospectives de ce rapport et mentionner dans son
rapport de contrôle annuel qu’il a exécuté cette mission (art. 5:143).
S’il est établi que lorsqu’ils prennent cette décision, les membres de l’organe d’administration
savaient ou, au vu des circonstances, auraient dû savoir, qu’à la suite de la distribution, la société
ne serait manifestement plus en mesure de s’acquitter de ses dettes, ils sont solidairement
responsables envers la société et les tiers de tous les dommages qui en résultent.
Ce système combine donc le test de l’actif net avec un test de liquidité, dans la perspective de
responsabiliser les administrateurs. On peut s’étonner que le CSA n’ait pas prévu de test de
liquidité pour les distributions dans les SA : cela s’explique par le fait que ce test est destiné à
« compenser » la suppression du capital dans les SRL.
Le CSA permet la distribution d’acomptes sur dividendes dans les SRL : les statuts peuvent
déléguer à l’organe d’administration le pouvoir de procéder, moyennant le respect des deux
tests précités, à des distributions provenant du bénéfice de l’exercice en cours ou du bénéfice
de l’exercice précédent tant que les comptes annuels de cet exercice n’ont pas été approuvés, le
cas échéant réduit de la perte reportée ou majoré du bénéfice reporté (art. 5:141, al. 2).
Compétence de l’AG pour l’émission de nouvelles actions, mais il y a aussi l’analogue d’une
clause de capital autorisé (cette clause n’a pas encore de nom, la prof parle de « clause
d’émission autorisé »).
Par cette clause l’AG peut permettre à l’organe d’administration d’émettre de nouvelles actions.
L’organe d’administrations peut admettre de nouveaux actionnaires, il peut aussi exclure des
actionnaires (sauf si les statuts réservent cette compétence à l’AG), des actionnaires peuvent
également démissionner.
- Principes
Les SRL n’ont pas de capital mais doivent mentionner le nombre d’actions qu’elles ont émises
dans leurs statuts (CSA, art. 5:12, al. 1, 4° et al. 2). Toute émission de nouvelles actions requiert
donc une modification des statuts (art. 5:120, § 1 , al. 1).
Les statuts peuvent prévoir que l’organe d’administration peut émettre des nouvelles actions
sans modifier immédiatement les statuts.
- Organe compétent
L’assemblée générale est en principe compétente pour émettre de nouvelles actions mais les
statuts peuvent déléguer le pouvoir d’émettre de nouvelles actions à l’organe d’administration
(art. 5:134).
Le CSA prévoit à cet égard des règles semblables à celles applicables aux SA (art. 5:134 à
5:136), sinon qu’il vise, non les augmentations de capital, mais les émissions d’actions,
d’obligations convertibles ou de droits de souscription, qu’on ne peut bien sûr pas parler de
clause de capital autorisé et qu’il ne reprend évidemment pas l’exception relative à
l’incorporation de réserves dans le capital.
L’émission de nouvelles actions par une SRL peut se faire au moyen d’apports :
- en numéraire, auquel cas un compte spécial indisponible doit être ouvert au nom de la
société, mutatis mutandis conformément aux règles lors de la constitution de la société
; ou
Bien que les SRL n’aient pas de capital, l’organe d’administration doit également rédiger un
rapport qui justifie spécialement le prix d’émission et décrit les conséquences de l’opération
sur les droits patrimoniaux et les droits sociaux des actionnaires. Dans les sociétés où un
commissaire a été désigné, ce dernier rédige un rapport dans lequel il évalue si les données
financières et comptables contenues dans le rapport de l’organe d’administration sont fidèles et
suffisantes pour éclairer l’assemblée générale appelée à voter sur cette proposition.
A l’inverse de la solution prévue pour les SA, l’organe d’administration ne doit pas faire appel
à un réviseur d’entreprise ou un expert-comptable externe en l’absence de commissaire (art.
5:121, § 1er).
Ces rapports doivent être déposés et publiés. Ils sont annoncés dans l’ordre du jour. Les
actionnaires peuvent en obtenir une copie. En l’absence de ces rapports, la décision de
l’assemblée générale est nulle. Toutefois, sauf si les actions sont émises à titre de rémunération
d’un apport en nature, l’assemblée générale, à laquelle l’ensemble des actionnaires sont
présents ou représentés, peut renoncer par une décision unanime à ces rapports (art. 5:121, § 2).
- Droit de préférence
En cas d’émission de nouvelles actions par apports en numéraire, les actions doivent être
offertes par préférence aux actionnaires proportionnellement au nombre d’actions qu’ils
détiennent (CSA, art. 5:128). Toutefois, l’assemblée générale peut, dans l’intérêt social, aux
conditions de quorum et de majorité prévues pour la modification des statuts, limiter ou
supprimer le droit de préférence (art. 5:131). Ce régime est semblable à celui applicable aux
SA.
Pour le surplus, il est renvoyé au régime applicable aux SA (en gardant bien entendu à l’esprit
que chaque fois qu’il est question pour la SRL de l’augmentation du capital il faut comprendre
: émission de nouvelles actions) :
- Une SRL ne peut pas souscrire ses propres actions que ce soit directement, par
une société filiale, ou par une personne agissant en son nom propre mais pour
le compte de la société ou de sa filiale (CSA, art. 5:124, § 1er).
- Une SRL peut émettre des obligations convertibles ou des droits de souscription
(art. 5:122).
Toutefois, la règle qui paralyse les augmentations de capital en cas d’OPA sur la société (art.
7:202) ne s’applique pas aux SRL, même cotées (cf. art. 5:2, al. 1er).
Grande différence avec les SA, dans une SA les actionnaires ne peuvent pas démissionner parce
que la démission implique, en principe, un remboursement de la valeur de l’apport, et dans une
SA ce remboursement porterait atteinte au capital.
C’est possible dans une SRL de démissionner à charge du patrimoine social c’est à dire que la
société va devoir rembourser l’actionnaire qui démissionne. D’une part, ça implique une
modification des statuts et d’autre part, comme il y a cette règle fondamentale selon laquelle
les actionnaires passent toujours derrière les créanciers, le remboursement suppose que la
société ait des bénéfices.
C’est comme si l’actionnaire démissionnaire avait une créance subordonnée envers la société,
subordonnée au payement des autres dettes de la société.
Un actionnaire peut aussi être exclu, si les statuts le prévoient, à charge de la société. Les mêmes
règles vont s’appliquer : il va falloir modifier les statuts. Pourquoi ? Car le nombre d’actions
change (le nombre d’actions est indiqué dans les statuts d’une SRL, si on a 100 actions et que
j’ai 10 et que je démissionne à charge de la SRL, il n’y aura plus que 90 actions). Il est possible,
pour l’organe d’administration, de procéder à cette adaptation des statuts uniquement une fois
par an.
- Admission
- soit les apports supplémentaires se font sans émission d’actions nouvelles et sans
modification des statuts (art. 5:120, § 2), ce qui suppose une décision de l’assemblée
générale statuant à la majorité simple constatée par acte authentique. De tels apports ne
nécessitent pas de modification des statuts puisque le montant des capitaux propres ne
figure pas dans les statuts et que le nombre d’actions émises reste inchangé. Le
législateur a songé à l’hypothèse dans laquelle tous les actionnaires font des apports de
valeur égale (par exemple l’apport d’un immeuble dont ils sont copropriétaires à parts
égales)104. En principe, cette opération ne présente pas de risques pour les actionnaires
existants puisque la valeur des actions augmente sans bouleverser les équilibres entre
actionnaires. L’organe d’administration doit ensuite comptabiliser ces apports sous la
rubrique comptable prévue à cet effet. Aucune forme de publicité n’est prévue.
Seules des personnes répondant aux conditions pour devenir actionnaires peuvent souscrire des
actions nouvelles (art. 5:123). Cette disposition vise en particulier les actions qui n’ont pas été
souscrites dans le cadre du droit de préférence.
- Démission
Les statuts des SRL peuvent prévoir que les actionnaires ont le droit de démissionner de la
société à charge de son patrimoine et régler les modalités de cette démission, moyennant le
respect des conditions suivantes :
- la société doit payer la valeur de la part de retrait au plus tard dans le mois qui
suit ;
L’organe d’administration doit faire rapport à l’assemblée générale des demandes de démission
intervenues au cours de l’exercice précédent. Ce rapport doit contenir au moins l’identité des
actionnaires démissionnaires, le nombre et la classe d’actions pour lesquelles ils ont
démissionné, le montant versé et les autres modalités éventuelles, le nombre de demandes
rejetées et le motif du refus (art. 5:154).
- Exclusion
Les statuts des SRL peuvent prévoir la possibilité d’exclure un actionnaire pour justes motifs
ou pour tout autre motif indiqué dans les statuts.
L’actionnaire dont l’exclusion est demandée doit être invité à faire connaître ses observations
par écrit à l’assemblée générale, dans le mois de la communication de la proposition
d’exclusion. L’actionnaire doit être entendu à sa demande. Toute décision d’exclusion doit être
motivée.
L’organe d’administration doit communiquer dans les quinze jours à l’actionnaire concerné la
décision motivée d’exclusion et inscrire l’exclusion dans le registre des actions. Si l’actionnaire
a choisi de communiquer avec la société par courrier, il doit lui communiquer la décision par
pli recommandé.
Sauf disposition statutaire contraire, l’actionnaire exclu recouvre la valeur de sa part de retrait,
calculée comme en matière de démission, sinon que l’exclusion peut avoir lieu à tout moment.
Les actions de l’actionnaire exclu sont annulées (CSA, art. 5:155).
A contrario, les statuts pourraient priver l’actionnaire exclu de tout droit à la valeur de ses
actions.
- Formalités
L’organe d’administration doit mettre à jour le registre des actions (admissions, démissions,
exclusions, date à laquelle elles sont intervenues ainsi que le montant versé par et aux
actionnaires concernés).
Les émissions d’actions nouvelles et les modifications des statuts qui en découlent doivent être
constatées par un acte authentique reçu à la requête de l’organe d’administration (CSA, art.
5:137, § 1 , al. 4).
Toutefois, les statuts peuvent prévoir que l’organe d’administration peut émettre des actions
sans modifier immédiatement les statuts. Dans ce cas, les émissions et les modifications
statutaires qui en découlent doivent être constatées, avant la fin de chaque exercice, par un acte
authentique reçu à la demande de l’organe d’administration (art. 5:137, § 2).
De même, les démissions et les exclusions ainsi que les modifications statutaires qui en
découlent doivent être établies, avant la fin de chaque exercice, par un acte authentique reçu à
la demande de l’organe d’administration (art. 5:154, § 3 et 5:155, § 5). Pour les démissions et
les exclusions, une clause statutaire n’est donc pas nécessaire pour dispenser l’organe
d’administration de modifier immédiatement les statuts.
Bien que les SRL n’aient pas de capital, le régime applicable à l’assistance financière est
identique à celui applicable aux SA (CSA, art. 5:152), sous la seule réserve que cette disposition
ne prévoit pas expressément l’inapplication de la règle suivant laquelle, lorsque le tiers
bénéficiant de l’assistance financière acquiert des actions aliénées par la société ou souscrit des
actions dans le cadre d’une augmentation de capital, cette acquisition ou souscription doit être
effectuée à un juste prix (comparer avec l’art. 7:227, § 1 , al. 1, 4° pour les SA).
Il s’agit des prêts octroyés par la SRL pour permettre à une personne de souscrire ou d’acheter
ses propres actions ; régime quasi identique à celui de la SA. La seule différence est que dans
la SRL il n’y a pas de notion de « juste prix ».
Quasi identique à celui de la SA et en soit c‘est très rare les acquisitions d’actions propres dans
les SRL. Différences avec SA :
- L’autorisation que donne l’AG pour que l’organe d’administration achète les titres n’est
pas limitée à 5 ans dans les SRL.
- En cas d’acquisition d’actions, pour les distribuer au personnel, le délai dans lequel les
actions doivent être aliénées s’il n’y a pas eu de décision de l’AG, n’est pas limité à 12
mois.
Interdit pour les SRL car le législateur l’a jugé trop dangereux.
- Conditions
L’acquisition par une SRL de ses propres actions est soumise aux mêmes conditions que celles
requises pour l’acquisition par une SA de ses propres actions, avec les différences suivantes :
• le CSA ne limite pas à 12 mois le délai endéans lequel les actions doivent être
transférées au personnel (art. 5:145 et 5:149) ;
• comme pour les SA, le CSA écarte cette procédure pour l’acquisition d’actions
par la société à la suite d’une transmission de patrimoine à titre universel ou lors
d’une vente publique en vue de recouvrer une créance de la société sur le
propriétaire de ces actions (art. 5:147) ; cette disposition ne reprend logiquement
pas l’exception relative à l’annulation des actions en vue de la réduction du
capital puisque la SRL n’a pas de capital ;
• le CSA ne prévoit pas pour les SRL qui aliènent leurs actions les exceptions à
l’égalité de traitement des actionnaires en cas d’aliénation aux fins d’éviter à la
société un dommage grave et imminent ou en vertu d’une autorisation statutaire
explicite à une ou plusieurs personnes déterminées autres que le personnel ;
• le CSA n’assimile pas l’acquisition des actions de la SRL par une filiale à une
acquisition par la SRL elle-même.
Le CSA impose aux SRL cotées les mêmes règles que pour les SA cotées en ce qui concerne
l’égalité de traitement des actionnaires et l’obligation de reporting à la FSMA (art. 5:2, al. 1er,2°
renvoyant aux articles 7:215, § 1 , 4° et § 2), sous réserve qu’il ne renvoie pas à l’exception à
l’égalité de traitement prévue pour les SA en cas d’aliénation de ses actions aux fins d’éviter
un dommage grave et imminent.
- Régime de la détention
Le régime de la détention est identique à celui prévu pour les SA (CSA, art. 5:148).
- Régime de l’aliénation
La SRL ne peut aliéner les actions acquises qu’en vertu d’une décision de l’assemblée générale
prise aux conditions de quorum et de majorité requises pour la modification des statuts, qui
détermine les conditions d’aliénation.
Les actions doivent être offertes par préférence aux actionnaires existants proportionnellement
au nombre d’actions qu’ils détiennent. Une telle autorisation n’est pas requise pour l’aliénation
au personnel d’actions acquises à ces fins (CSA, art. 5:149).
- Prise en gage
Le CSA ne réglemente pas la prise en gage par une SRL de ses propres actions. Il ne s’agit pas
d’un oubli. L’Exposé des motifs précise en effet que « La disposition relative à la prise en gage
de parts propres (article 330 C. Soc.) est supprimée en raison de son inefficacité. Les opérations
pouvant donner lieu à une prise en gage d’actions propres restent néanmoins soumises aux
règles relatives à la gestion des conflits d’intérêts et au prescrit de l’article 5:152 [disposition
relative à l’assistance financière] »
Dans la SRL, il n’y a pas de capital, donc la procédure de la sonnette d’alarme s’applique quand
l’actif net est réduit à un montant inférieur à 0.
Dans ce cas-là, l’organe d’administration doit convoquer l’AG et lui proposer : soit la
dissolution de la société, soit des mesures pour redresser la situation, soit expliquer, le cas
échéant, que la situation est tout à fait temporaire et inviter l’AG à patienter.
La sanction est la même dans les SRL que dans les SA : si l’organe d’administration ne
convoque pas l’AG dans le délai de deux mois, tout le dommage subi par les tiers sera présumé
résulter de cette absence de convocation.
Sylla : Si, à la suite de pertes, l’actif net risque de devenir ou est devenu négatif, l’organe
d’administration doit, sauf dispositions plus rigoureuses dans les statuts, convoquer l’assemblée
générale à une réunion à tenir dans un délai n’excédant pas deux mois à dater du moment où la
perte a été constatée ou aurait dû l’être en vertu des obligations légales ou statutaires, en vue de
délibérer, le cas échéant, dans les formes prescrites pour la modification des statuts, sur la
dissolution éventuelle de la société et éventuellement d’autres mesures annoncées dans l’ordre
du jour afin d’assurer la continuité de la société.
A moins qu’il ne propose la dissolution, l’organe d’administration doit justifier les mesures
qu’il compte adopter en vue de redresser la situation financière de la société dans un rapport
spécial tenu à la disposition des actionnaires au siège de la société quinze jours avant
l’assemblée générale. Ce rapport doit être annoncé dans l’ordre du jour et les actionnaires
peuvent en obtenir une copie. Il est prescrit à peine de nullité de la décision de l’assemblée
générale.
Lorsque l’organe d’administration a rempli une première fois ses obligations, il n’est plus tenu
de convoquer l’assemblée générale pour les mêmes motifs pendant les 12 mois suivant la
convocation initiale. Si l’assemblée générale n’a pas été convoquée dans ce délai, le dommage
subi par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de cette absence de convocation
(CSA, art. 5:153).
- Test de liquidité
Outre cette procédure de sonnette d’alarme très semblable à celle qui s’applique dans les SA,
l’organe d’administration doit aussi appliquer cette procédure, aux mêmes conditions, quand il
se rend compte que les dettes de la société (qui deviennent exigibles) ne puissent plus être
payées avec un horizon de 12 mois.
Sylla : Les SRL doivent également appliquer cette procédure, avec les mêmes sanctions,
lorsque l’organe d’administration constate qu’il n’est plus certain que la société, selon les
développements auxquels on peut raisonnablement s’attendre, sera en mesure de s’acquitter de
ses dettes au fur et à mesure de leur échéance pendant au moins les 12 mois suivants (art. 5:153,
§ 2).
On peut regretter que le législateur n’ait pas repris cette règle pour les SA mais c’est cohérent
avec l’absence de test de liquidité pour la distribution des bénéfices d’une SA.
Les règles déjà examinées pour les SA (CSA, art. 2:52 et 3:69) s’appliquent aussi aux SRL et
aux SC. L’organe d’administration doit délibérer quand il se rend compte qu’il y a des faits
graves et concordants qui mettent en péril la continuité de la société, s’il ne le fait pas, le
commissaire (s’il y en a un) doit attirer l’attention de l’organe d’administration et doit l’inviter
1. Une SRL peut émettre des actions avec droit de vote en contrepartie d’apports en
industrie : oui, c’est un des aspects majeurs de la réforme, on peut faire n’importe quel
type d’apport à une SRL car elle n’a plus de capital.
2. Les apports en espèces à une SRL lors de sa constitution doivent être versés sur un
compte spécial : oui, il faut malgré tout continuer à respecter les règles qui existent en
matière d’apports, qui sont les mêmes que pour la SA. Donc il faut continuer de verser
les apports en espèces sur un compte spécial même si la SRL n’a pas de capital.
3. Le régime par défaut dans la SRL en matière de cessibilité des actions est : la quasi-
incessibilité des actions. Système d’agrément par les actionnaires et recours au tribunal
si le refus est jugé arbitraire.
4. Les actions d’une SRL peuvent être cotées en bourse : vrai. C’est très théorique mais
elles le peuvent.
5. Un actionnaire peut démissionner d’une SRL alors qu’il ne peut pas démissionner d’une
SA : vrai, il peut le faire à charge du patrimoine social. Il ne peut pas le faire dans une
SA car dans une SA le capital est protégé, donc la seule manière pour un actionnaire
dans une SA de se retirer à charge de la société serait de faire une réduction de capital.
6. La distribution de dividendes par une SRL est notamment soumise au test d’actif net
bien qu’elle n’ait pas de capital : oui, dans tous les cas.
7. Les apports en nature faits à une SRL doivent en principe faire l’objet : d’un rapport
des fondateurs ou de l’organe d’administration et d’un rapport du commissaire ou d’un
réviseur. C’est pareil pour les SA.
8. Les apports en industrie faits à une SRL doivent en principe faire l’objet : d’un rapport
des fondateurs ou de l’organe d’administration et d’un rapport du commissaire ou d’un
réviseur. Les apports en industrie sont un type d’apports en nature !!!!! Il faut donc faire
un rapport.
10. La distribution de dividendes par une SRL est soumise à un test de liquidité alors que
ce n’est pas le cas dans les SA : oui, la SRL est soumise à un double test (un peu
contradictoire avec la volonté du législateur de faire de la SRL une société plus simple
et flexible que la SA).
- Acte constitutif
Les SC doivent être constituées par acte authentique (CSA, art. 6 :12)
- Nombre d’actionnaires
Il faut trois actionnaires pour constituer une coopérative car c’est lié à l’idée même de la société
coopérative qui a pour but de satisfaire les besoins et de développer les activités économiques
ou sociales de ces actionnaires ou de tiers intéressés.
Les SC doivent être constituées par au moins trois fondateurs, personnes physiques ou morales,
et doivent à tout moment avoir au moins trois actionnaires.
L’absence de trois fondateurs valablement engagés est une cause de nullité de la SC (CSA, art.
6:3).
« Si au cours de son existence une société coopérative compte moins de trois actionnaires, tout
intéressé peut en demander la dissolution devant le tribunal de l'entreprise du siège de la société.
Le tribunal peut accorder à la société un délai pour régulariser la situation en prenant une autre
forme légale ou en ramenant à nouveau le nombre d'actionnaires à trois » (art. 6:126).
- But
Les SC ne doivent pas avoir comme but unique de distribuer des dividendes à leurs actionnaires
mais doivent leur permettre de pouvoir exercer leurs activités dans des meilleures conditions
ou dans des conditions économiquement plus favorables.
Le fait d’avoir ajouté à la définition de la SC « à des tiers intéressés » ruine un petit peu la
caractéristique de la SC car celles qui serait uniquement destinée à faire des opérations avec
des tiers intéressés ne se distinguerait pas vraiment d’une société ordinaire.
Quand il a créé cette forme de société le législateur avait à l’esprit une idée de « vrai
coopérative » avec une vision « volontaire et ouverte » ce qui signifie que toute personne qui
souhaite en faire partie et qui répond aux conditions pour en faire partie devrait pouvoir être
admise.
Le contrôle démocratique des membres : aucun membre ne doit avoir une position majoritaire
et on limite le droit de vote de chacun des membres pour que chacun puisse s’exprimer.
Il y a d’autres principes comme par exemple la formation, la SC doit avoir une vocation
éducative pour ses membres, … Ces principes se retrouvent dans l’exposé des motifs mais le
code ne les reprend pas.
Sylla : « La société coopérative a pour but principal la satisfaction des besoins et/ou le
développement des activités économiques et/ou sociales de ses actionnaires ou bien de tiers
intéressés notamment par la conclusion d’accords avec ceux-ci en vue de la fourniture de biens
ou de services ou de l’exécution de travaux dans le cadre de l’activité que la société coopérative
exerce ou fait exercer. La société coopérative peut également avoir pour but de répondre aux
besoins de ses actionnaires ou de ses sociétés mères et de leurs actionnaires ou de tiers intéressés
que ce soit ou non par l’intermédiaire de filiales. Elle peut également avoir pour but de favoriser
leurs activités économiques et/ou sociales par une participation à une ou plusieurs autres
sociétés » (CSA, art. 6:1, § 1 , al. 1).
Cette définition est calquée sur celle de la société coopérative européenne (infra). Pour se
conformer aux recommandations internationales, le législateur a fait de la SC une forme de
société avec un but spécifique et a réservé cette forme aux sociétés qui mènent une entreprise
sur la base de l’idéal coopératif tel que précisé dans les sept principes de l’Alliance Coopérative
Internationale :
4) Autonomie et indépendance
7) Souci de la communauté
La flexibilité, qui constituait l’attrait des sociétés coopératives sous l’empire du Code des
sociétés, se retrouve désormais également dans la SRL.
Alors que, sous l’empire du Code des sociétés, les SCRL étaient très proches des SPRL sous
réserve de leur capital variable, désormais, les « fausses » coopératives ne peuvent plus prendre
cette forme et doivent se transformer, par exemple en SRL.
Pour le surplus, il est renvoyé au régime des SRL, notamment en ce qui concerne :
• Le régime des clauses léonines (art. 6:15) ; la rédaction de cette disposition est pour
le moins curieuses eu égard au but spécifique des SC ;
Section 2. Agréments
L’agrément en tant que tel, en vertu d’une loi de 1962, permet à la SC d’être une SC agrée.
Pour se faire, elle doit avoir comme but principal de procurer à ses actionnaires un avantage
économique ou social, pour la satisfaction de leurs besoins professionnels ou privés. Ça
correspond au but principal de la SC, mais la SC admet aussi les « tiers intéressés » alors que
la SC agrée doit être tout entière orientée vers ses propres actionnaires.
Il y a toute une série de conditions d’agrément qui se trouvent dans la loi et qui sont des
conditions d’agrément qui traduisent les principes coopératifs : adhésion ouverte, limitations
des voix des actionnaires : chacun a une voix, quel que soit le nombre d’actions qu’il a et les
dividendes sont limités à 6% du montant de l’apport.
La SC peut donc distribuer des dividendes mais son principal but est de procurer des avantages
économiques ou sociaux (par exemple permettre à l’actionnaire d’acheter un bien à un prix
inférieur à celui du marché).
Être agrée comme SC présente de l’intérêt en matière fiscale et en matière de sécurité sociale.
Sylla : Une SC dont le but principal consiste à procurer à ses actionnaires (et uniquement à ses
actionnaires) un avantage économique ou social, pour la satisfaction de leurs besoins
professionnels ou privés, peut être agréée en application de la loi du 20 juillet 1955 portant
institution d’un Conseil national de la Coopération, de l’Entrepreneuriat social et de l’entreprise
Agricole et de ses arrêtés d’exécution. Elle ajoute à la dénomination de sa forme légale le terme
« agréée » et est désignée en abrégé « SC agréée » (CSA, art. 8:4).
Pour être agréées, les SC doivent adopter des statuts conformes aux principes suivants (AR 8
janvier 1962, art.1, §1, 1° à 8°) :
2° les actions, même si elles sont de valeur différente, confèrent, par catégories de
valeurs, les mêmes droits et obligations, sous réserve du droit de vote (infra, 3°) ;
3° tous les actionnaires ont une voix égale en toutes matières aux assemblées générales,
quel que soit le nombre d’actions dont ils disposent ;
L’intérêt d’un tel agrément tient à divers avantages fiscaux et en matière de sécurité sociale :
- Entreprise sociale
La SC agrée comme entreprise sociale est l’héritière de la société à finalité sociale sous le Code
des sociétés.
Elle a pour but principal de, dans l’intérêt général, généré un impact positif pour l’homme, la
société ou l’environnement. C’est un but qui ressemble très fort au but désintéressé des ASBL
(par exemple : venir en aide aux personnes qui se trouvent dans une situation précaire).
Conditions d’agrément pas exactement les mêmes que pour les SC agrées mais il y a quand
même un regroupement (ex : limitation des dividendes éventuels à 6%). Ici, on n’a pas un
actionnaire = une voix mais il y a une limitation des droits de votes à 10%.
Quel est l’intérêt de cet agrément ? C’est un label de qualité ; la société agrée peut se prévaloir
de son agrément comme entreprise sociale.
Une SC peut être agrée en vertu de la loi de 1962 (SC agrée) et peut être agrée comme ES : elle
peut donc avoir les deux agréments : SCES agrée.
Pour avoir le double agrément on ne peut pas avoir ce but principal mais pour avoir le simple
agrément il faut avoir ce but principal… bref la prof elle-même ne comprend pas tout ça donc
elle n’a pas l’air de nous demander de nous pencher sur ce dernier point.
Section 3. Titres
- Actions et obligations
Comme il y a minimum 3 actionnaires il faut au moins 3 actions avec droit de vote. Les actions
peuvent uniquement être avec droit de vote. Elles peuvent émettre des obligations mais ne
peuvent pas émettre de parts bénéficiaires (les SA le peuvent et dans les SRL tendance à dire
que non mais la question est controversée).
Sylla : Les SC peuvent uniquement émettre des actions (elles peuvent aussi les appeler « parts
») nominatives avec droit de vote et des obligations (CSA, art. 6:19, al. 1). Elles ne peuvent
donc pas émettre de parts bénéficiaires.
Les SC doivent émettre au moins trois actions avec droit de vote et chaque action doit être
émise en contrepartie d’un apport (art. 6:39).
Sauf disposition contraire, chaque action donne droit à une part égale du bénéfice et du solde
de liquidation (art. 6:40) et à une voix (art. 6:41). Les SC peuvent donc émettre des actions à
droit de vote multiple et des actions avec dividende privilégié.
- Forme
Ces actions peuvent être uniquement nominatives (différence avec les SA et SRL ou elles
peuvent être nominatives ou dématérialisées).
Une SC peut uniquement émettre des actions nominatives avec droit de vote et des obligations
(CSA, art. 6:19, al. 1).
L’exercice du droit de vote peut cependant être suspendu dans diverses hypothèses prévues par
le CSA : suspension des droits de vote afférents aux actions concernées aussi longtemps que
les versements éligibles en vue de la libération n’ont pas été effectués (art. 6:41, al. 2) ;
suspension des droits de vote de l’apporteur en industrie qui est dans l’impossibilité temporaire
d’exécuter ses obligations pour une période de plus de trois mois, pour toute la durée de cette
impossibilité qui dépasse cette période de trois mois (art. 6:11).
- Cession
Les actions sont quasi-incessibles, c’est à dire qu’en principe elles peuvent être cédées
uniquement aux actionnaires ou aux personnes qui remplissent les conditions pour être admises
par les statuts. Les statuts ne peuvent pas rendre les parts cessibles ou négociables, ils peuvent
renforcer l’incessibilité mais ils ne peuvent pas rendre les parts plus cessibles.
Sauf disposition statutaire contraire, les actions sont librement cessibles aux actionnaires, le cas
échéant dans les conditions prévues par les statuts (CSA, art. 6:52).
Le registre des actions nominatives doit mentionner les restrictions relatives à la cessibilité
résultant des statuts et, lorsqu’une des parties le demande, les restrictions relatives à la
cessibilité des actions résultant de conventions ou des conditions d’émission (art. 6:25, al. 1,
5°). En cas de contradiction entre les statuts et le registre des actions, les statuts prévalent (art.
6:25, al. 2).
Les actions ne peuvent être transférées à des tiers que si ceux-ci appartiennent aux catégories
déterminées par les statuts et satisfont aux exigences statutaires pour devenir actionnaire.
L’organe d’administration a le pouvoir d’en décider, sauf si les statuts prévoient que ce pouvoir
appartient à l’assemblée générale. Les statuts peuvent prévoir que l’organe compétent peut
refuser un candidat acquéreur, à condition de motiver son refus (art. 6:54, al. 1). A contrario,
dans le silence des statuts, l’organe compétent doit admettre toutes les personnes qui
remplissent les conditions fixées par les statuts pour devenir actionnaires.
Une cession contraire aux restrictions à la cessibilité qui figurent dans des statuts publiés
régulièrement, n’est opposable ni à la société ni aux tiers, que le cessionnaire soit de bonne ou
de mauvaise foi, même lorsque la restriction statutaire ne figure pas dans le registre des
actionnaires (art. 6:53).
A l’inverse des SA et des SRL, les SC ne peuvent pas faire admettre leurs actions sur un marché
réglementé (art. 6:1, § 2).
Section 4. Administration
Renvoi au régime applicable aux SRL : Le CSA prévoit les mêmes règles en matière
d’administration pour les SC que pour les SRL non cotées, notamment :
Renvoi au régime applicable aux SRL : Le CSA prévoit les mêmes règles en matière
d’assemblée générale et de modification des statuts pour les SC que pour les SRL non cotées,
notamment :
- les mêmes règles de convocation aux assemblées générales des SC (art. 6:70 et 6:71) ;
- les mêmes règles en matière de modalité de vote à l’assemblée générale (art. 6:80) ;
Renvoi au régime applicable aux SRL : Le CSA prévoit les mêmes règles en matière de
réserves et de dividendes que pour les SRL, et notamment le double test pour distribuer des
dividendes (art. 6:115 et 6:117).
- Originalité des SC
Le CSA conserve cette règle (voir infra). Cela reste donc un point majeur qui distingue les SC
des SRL.
Toutefois, le CSA prévoit que, comme les SRL, les SC doivent mentionner le nombre d’actions
qu’elles ont émises dans leurs statuts (CSA, art. 6:13, al. 1, 4° et al. 2). L’obligation de
mentionner le nombre d’actions dans les statuts, plutôt que dans l’autre partie de l’acte
constitutif, résulte manifestement d’une erreur : il est incohérent d’imposer la mention du
nombre d’actions dans les statuts d’une SC, alors qu’il est possible de devenir actionnaire d’une
SC, de démissionner ou d’être exclu sans modification des statuts. La Cour constitutionnelle
vient d’annuler cette disposition (Cour constitutionnelle, 15 octobre 2020, arrêt n° 135/2020,
B.24.4.)
- Admission
Les SC se caractérisent par le fait que de nouveaux actionnaires peuvent être admis, peuvent
démissionner ou être exclus sans modification des statuts.
C’est une société qui se caractérise par la variabilité du personnel (au sens des actionnaires) et
en principe c’est l’organe d’administration qui va statuer sur l’admission, et généralement il va
admettre les personnes qui remplissent les conditions fixées par les statuts pour être admis.
L’organe d’administration peut, sans modification des statuts, décider d’émettre de nouvelles
actions et de les attribuer aux personnes qui satisfont aux exigences statutaires pour devenir
actionnaires, sauf si les statuts réservent ce pouvoir à l’assemblée générale (CSA, art. 6:106, §
1er et 6:108, § 1er).
Nonobstant toute disposition statutaire contraire, les actionnaires et les tiers qui satisfont aux
exigences statutaires pour devenir actionnaires peuvent souscrire à des actions nouvelles sans
modification statutaire, conformément aux conditions prévues par les statuts (art. 6:106, § 1er).
Les statuts peuvent cependant prévoir que l’organe compétent peut refuser un candidat
actionnaire, à condition de motiver son refus (art. 6:106, § 1er , al. 2). A contrario, dans le
silence des statuts, l’organe compétent doit admettre toutes les personnes qui remplissent les
conditions fixées par les statuts pour devenir actionnaires.
- Démission
Alors que dans une SRL, pour qu’un actionnaire puisse démissionner ou être exclu, il faut une
clause des statuts en ce sens ; dans les SC, la démission est de droit c’est à dire que tout
actionnaire peut démissionner nonobstant toute décision contraire.
Un actionnaire peut également être exclu mais il doit pouvoir faire valoir ses droits de la défense
et être entendu : cette décision d’exclusion doit être portée à l’ordre du jour de l’AG qui doit
entendre l’actionnaire (c’est possible que ce soit le CA qui se voit accordé ce pouvoir).
Aussi bien dans la SC que dans la SRL la démission n’est, en principe, pas possible pendant les
trois premières années. Elle n’est possible qu’ultérieurement et ensuite il y a toute une série de
règles supplétives qui vont s’appliquer (comme : en principe on ne peut démissionner que dans
les 6 premiers mois de l’exercice. Mais c’est une règle supplétive et les statuts peuvent y
déroger).
Sylla : « Nonobstant toute disposition statutaire contraire, les actionnaires ont le droit de
démissionner de la société à charge de son patrimoine » (CSA, art. 6:120, § 1 , al. 1). Une telle
démission n’est autorisée qu’à partir du troisième exercice suivant la constitution (art. 6:120, §
1 , al. 2, 1°).
Les statuts peuvent régler les modalités de la démission mais ne peuvent pas l’interdire. Sauf
disposition contraire des statuts,
• un actionnaire ne peut démissionner que pendant les six premiers mois de l’exercice
social ;
• la société doit payer la valeur des actions pour lesquelles l’associé a démissionné au
plus tard dans le mois qui suit ;
• son montant correspond au montant libéré et non encore remboursé de ces actions, avec
comme plafond le montant de la valeur d’actif net de ces actions telle qu’elle résulte des
derniers comptes annuels approuvés.
Sous réserve que, dans les SC, les statuts ne peuvent écarter le droit de démission et la démission
n’entraîne pas de modification des statuts, le régime de la démission est identique dans les SC
et les SRL.
- Exclusion
En principe, en cas de démission ou d’exclusion, tant dans la SRL que dans la SC, l’actionnaire
a droit au remboursement de la valeur de son apport mais en respectant le test d’actif net et le
test de liquidité.
Si on ne peut pas faire de distribution à l’actionnaire en raison de ces tests, l’actionnaire aura
une créance contre la société que cette dernière devra payer avant toute distribution de
dividendes.
Nonobstant toute disposition statutaire contraire, la société peut exclure un actionnaire pour
justes motifs. Les statuts peuvent prévoir des motifs d’exclusion supplémentaires (CSA, art.
6:123, § 1 , al. 1).
L’assemblée générale est en principe compétente pour prononcer l’exclusion mais les statuts
peuvent attribuer ce pouvoir à l’organe d’administration (art. 6:123, § 1 , al. 2).
L’actionnaire dont l’exclusion est demandée doit être invité à faire connaître ses observations
par écrit à l’organe compétent pour décider de l’exclusion, dans le mois de la communication
de la proposition d’exclusion. L’actionnaire doit être entendu à sa demande.
Toute décision d’exclusion est motivée (art. 6:123, § 1 , al. 3 à 5). Sauf disposition contraire
des statuts, l’actionnaire exclu a droit à la valeur de ses actions (calculée comme en cas de
démission) (art. 6:123, § 3). A contrario, les statuts pourraient priver l’actionnaire exclu de
tout droit à la valeur de ses actions.
Après chaque mouvement, l’organe d’administration doit ensuite mettre à jour le registre des
actions.
Renvoi au régime applicable aux SRL : Le CSA prévoit les mêmes règles en matière
d’assistance financière pour les SC que pour les SRL (art. 6:118).
Interdiction : Le CSA interdit aux SC d’acheter leurs propres titres (art. 6:53, qui prévoit une
exception en faveur des sociétés de bourse et des établissements de crédit).
- Interdit dans la SC (le législateur ne s’est pas vraiment exprimé sur cette interdiction).
Renvoi au régime applicable aux SRL : Le CSA prévoit les mêmes règles en matière de
sonnette d’alarme pour les SC que pour les SRL (art. 6:119, § 2 et § 4, art. 2:52 et art. 3:69).
à Communication récente : Les SC dont des sociétés dont l’actionnariat est variable c’est ce
qui les distinguent des SARL dans lesquelles pour toute admissions, démission ou exclusion
d’actionnaire il faudra modifier les statuts. Par contraste, la SC est une société à actionnariat
variable en ce sens que des actionnaires sont admis, démissionnent ou sont exclus sans
modification des statuts.
Il y avait une disposition complètement absurde dans le CSA qui indiquait que les statuts d’une
SC doivent indiquer le nombre d’actions de cette SC.
Et ces dispositions devaient se trouver en vertu du Code dans l’acte constitutif mais dans les
statuts et cela créait une contradiction parce que quand un administrateur était admis dans une
SC la SC émet des actions qu’elle lui attribue, quand un actionnaire démissionne ou est exclu
d’une SC ses actions sont annulées et il en obtient le remboursement par la SC.
Donc, c’est contradictoire de dire qu’un actionnaire peut être admis, démissionné ou exclu sans
modification des statuts, et d’autre part, imposer que le nombre d’actions soit indiqués dans les
statuts. La Cour constitutionnelle a été saisie d’une série de griefs contre la loi qui a institué le
CSA et a annulé cette disposition.
Quiz 8.2 SC
Question 2 : But principal d’une SC : Ce n’est pas de distribuer des dividendes mais de
développer les besoins économiques ou sociaux de ses actionnaires (ex : distributeurs
grossistes). Remarque : Comme la SC est une société, elle doit nécessairement procurer des
avantages patrimoniaux, directement ou indirectement à ses membres
Question 3 : En cas d’exclusions d’un actionnaire d’une SC. Si les statuts ne prévoient rien, la
société doit lui payer la valeur de son apport. Et c’est différent de ce qu’il se passe dans une SA
(on ne peut porter atteinte au Capital sauf en cas de réduction de capital). Dans le cas d’une
exclusion, c’est une opération entre la Société et l’actionnaire exclut. Les autres actionnaires ne
doivent pas acheter les actions. C’est la société qui doit les annuler en contrepartie du paiement
d’un prix. Les statuts peuvent prévoir que l’actionnaire exclut est privé de tout droit au
remboursement de son apport.
Question 4 : Le CA d’une SC peut, si les statuts lui attribuent ce pouvoir, exclure un associé
en respectant les droits de la défense : motivation de la décision, l’actionnaire doit pouvoir faire
entendre son point de vue. (les statuts d’une SC ne peuvent pas déroger à cette règle). C’est en
principe l’AG qui peut exclure un membre. Attention : dans la SC il est possible de déléguer ce
pouvoir au CA.
Question 5 : Une SC agrée comme entreprise sociale doit distribuer des avantages sociaux
direct ou indirect à ses actionnaires parce que c’est une société et que cela doit être son but.
Comme elle est agrée, elle devra limiter les dividendes qu’elle distribue le cas échéant à ses
actionnaires : limite à 6% du montant de l’apport de l’actionnaire en question.
De quoi s’agit-il ? Ils sont institués chacun par un règlement européen qui s’applique
directement dans le droit des états membres, sans transposition par le législateur du pays
européen (différent de la Directive qui doit être transposée avant d’être appliquée).
Soumettre une entité directement au droit européen est censé apporter une série
d’avantages devrait favoriser la constitution de groupement entre les ressortissants européens :
Pourquoi cette facilitation ? méfiance des ressortissants vis-à-vis de la législation d’une autre
partie.
- Le règlement européen
- Les statuts
- La loi Belge sur la SE
- Les dispositions belges sur la forme de la SA
Donc, les SE ne sont pas identiques suivant leur pays de constitution. La loi nationale des pays
a encore beaucoup d’importance ce qui explique le succès mitigé des groupements européens.
I. Introduction
1. Ratio legis
A l’inverse d’une directive, un règlement est directement applicable dans tous les États
membres et obligatoire dans tous ses éléments, sans que les États aient le pouvoir d’y déroger
ou même de les transposer.
2. Succès mitigé
On compte à ce jour :
o 2.193 GEIE12 (Arte, Rail Manche Finance, The Mont Blanc Tunnel, ...).
Si ces chiffres sont modestes, plusieurs SE sont de très grandes sociétés cotées en bourse.
A. Introduction
1. Définition
2. Loi applicable
L’objectif du Conseil était essentiellement de créer une forme supranationale de société pour
faciliter le rapprochement et la réorganisation de sociétés ayant une dimension européenne.
Toutefois, le Règlement constitue plutôt un cadre général qui laisse beaucoup de questions à
la loi de l’Etat où la SE est immatriculée. L’avantage d’une réglementation supranationale est
donc partiellement neutralisé par les références aux lois nationales.
La SE est également régie par les dispositions du livre 15 du CSA adoptées en application de
ce Règlement et, pour les matières non régies par ce Règlement, par les dispositions du livre 7
du CSA, applicables aux SA.
11
European Company (SE) Database – ECDB, http://ecdb.worker-participation.eu/ (accès 19.10.2020).
12
EEIG Statistics from the European EEIG Information Centre (at LIBERTAS – European Institute GmbH),
https://www.libertas-institut.com/wp-content/uploads/2020/01/ewiv-statistik-1.pdf (accès 04.09.2020).
13
Règlement n° 2157/2001 du Conseil du 8 octobre 2001 relatif au statut de la société européenne (SE), J.O.U.E.,
L294, 10 novembre 2001, p. 1 et s.
14
Directive 2001/86/CE du Conseil du 8 octobre 2001 complétant le statut de la Société européenne pour ce qui
concerne l'implication des travailleurs, J.O.U.E, L294, 10 novembre 2001, p. 22.
- lorsque le Règlement l'autorise expressément, par les dispositions des statuts de la SE,
pour les matières non réglées par le Règlement ou, lorsqu'une matière l'est partiellement,
pour les aspects non couverts par le Règlement (i) par la loi de l’Etat membre où la SE
a son siège statutaire ; (ii) à défaut par la loi nationale de l’Etat où la SE a son siège
statutaire qui s'appliquerait à une société anonyme ;
- par les dispositions des statuts de la SE, dans les mêmes conditions que pour une société
anonyme constituée selon le droit de l'État membre dans lequel la SE a son siège
statutaire.
En conséquence, il n’y a pas une seule SE, mais autant de SE que d’États membres de l’Union
européenne.
En Belgique, outre le Règlement SE, la SE est régie par les dispositions du livre 15 du CSA
adoptées en application de ce Règlement et, pour les matières non réglées par ce Règlement,
par les dispositions du livre 7 du CSA applicables aux SA (CSA, art. 15:2).
4. Facteur de rattachement
Le Règlement SE a tenté de trouver un compromis entre la théorie du siège réel (la société est
régie par la loi de l’Etat du lieu où elle a son siège réel) et la théorie de l’incorporation ou du
siège statutaire (la société est régie par la loi de l’Etat où elle a été constituée ou où elle a son
siège statutaire).
B. Constitution
La SE peut être constituée de quatre manières : constitution d’une société holding, constitution
d’une société filiale par des sociétés nationales ou par une SE, fusion, transformation d’une SA
préexistante. Elle ne peut donc être créée qu’à partir d’une ou plusieurs sociétés préexistantes
et jamais ex nihilo.
2. Sociétés participantes
En principe, seules des sociétés constituées selon le droit d'un État membre et ayant leur siège
statutaire et leur administration centrale dans l’Union européenne peuvent participer à la
constitution d’une SE.
Les formes de sociétés pouvant participer à la constitution d’une SE et les critères à remplir
dépendent du mode de constitution :
Type de
constitution de la Type de société Critères
SE
Des SA et des SRL peuvent « promouvoir » la constitution d’une SE holding « si deux d’entre
elles au moins : a) relèvent du droit d'États membres différents, ou b) ont depuis au moins deux
ans une société filiale relevant du droit d'un autre État membre ou une succursale située dans
un autre État membre » (Règlement SE, art. 2, § 2).
La SE holding est constituée par des apports d’actions ou de parts par les actionnaires ou
associés de ces sociétés. La société Holding ainsi constituée va détenir des participations de la
société A et de la société B. Cette Holding devient une SE. Cette opération est assez lourde à
mettre en œuvre.
Ce projet est soumis pour approbation à l’assemblée générale de chacune des sociétés. Si les
assemblées générales des sociétés promotrices approuvent le projet de constitution, les sociétés
promotrices peuvent lancer la procédure de constitution. Ensuite, les actionnaires des sociétés
promotrices ont « un délai de trois mois pendant lequel ils peuvent communiquer aux sociétés
promotrices leur intention d’apporter leurs actions ou parts en vue de la constitution de la SE
». L’opération ne se réalise que si le pourcentage minimal d’actions ou parts prévu par le projet
est apporté. Dans ce cas, l’acte constitutif de la SE holding constate que les actionnaires des
sociétés promotrices ont apporté le pourcentage minimal d’actions ou parts de chaque société
fixé conformément au projet de constitution et que toutes les autres conditions sont remplies.
La SE holding peut devenir une société de participation financière ou une tête de groupe.
On peut établir le caractère européen d’une opération si une société ont des filiales dans un
autre états membre (même des filiales).
Les sociétés, mais également d’autres entités juridiques de droit public ou privé, « peuvent
constituer une SE filiale en souscrivant ses actions, si deux d'entre elles au moins: a) relèvent
du droit d'États membres différents, ou b) ont depuis au moins deux ans une société filiale
relevant du droit d'un autre État membre ou une succursale située dans un autre État membre
» (Règlement SE, art. 2, § 3).
La SE filiale est constituée par des apports en espèces ou en nature par ces sociétés et entités.
5. Transformation
Une SA peut se transformer en SE si elle a depuis au moins deux ans une société filiale relevant
du droit d’un autre Etat membre (Règlement SE, art. 2, § 4). Elle ne peut pas transférer son
siège statutaire dans un autre Etat membre à l’occasion de cette transformation (art. 37, § 3).
Une SE peut se transformer en SA mais cette décision ne peut être prise qu’après un certain
délai : deux ans à partir de l’immatriculation et approbation des deuxièmes comptes annuels
(art. 66, § 1er).
6. Fusion
Deux sociétés européennes peuvent fusionner entre-elles pour créer une SE.
Une SE peut être constituée par fusion (par constitution de société nouvelle ou par absorption).
Dans ce dernier cas, la société absorbante doit prendre la forme d’une SE simultanément à la
fusion (Règlement SE, art. 17).
La SE doit être immatriculée dans l’Etat membre de son siège statutaire dans un registre désigné
par la législation de cet Etat (Règlement SE, art. 12, § 1er). Cette immatriculation ne peut avoir
lieu qu’après le règlement des modalités relatives à l’implication des travailleurs (infra). La SE
acquiert la personnalité morale lors de son inscription dans ce registre (art. 16, § 1er).
Il s’agit en Belgique du registre des personnes morales. L’immatriculation doit être publiée
dans l’Etat où la SE s’est constituée.
Elle fait ensuite l’objet d’un avis publié pour information au Journal officiel de l’Union
européenne après la publication nationale.
1. Notion
• L’information désigne le fait que l'organe représentant les travailleurs et/ou les
représentants des travailleurs sont informés, par l'organe compétent de la SE, sur les
questions qui concernent la SE.
- Mise en place d’un groupe spécial de négociation qui va comporter des représentants
de de l’employeur des travailleurs de toutes les sociétés impliquées dans l’opération.
- Le groupe spécial peut n’arriver à prendre aucune décision : Dans ce cas, on applique
la Directive pour ce qui concerne l’implication des travailleurs.
En principe (sauf exception) les travailleurs ne peuvent être privé du système favorable auquel
il était soumis.
2. Principe
La SE ne peut être immatriculée dans un Etat membre que si un accord a été conclu sur les
modalités relatives à l’implication des travailleurs (Règlement SE, art. 12, § 2). Bien entendu,
ce principe ne s’applique que si les sociétés participantes ont des travailleurs. La Directive SE
comporte des règles extrêmement détaillées et complexes qui visent en substance à sauvegarder
les droits qu’avaient les travailleurs avant la constitution de la SE.
3. Conséquences
Ces règles impliquent une chance ou un risque (selon ses sensibilités ...) d’exportation des
systèmes de participation des Etats qui en ont dans les Etats qui n’en ont pas. Par exemple, une
SE immatriculée en Belgique issue de la fusion entre une société belge et une société allemande,
ou de la transformation de cette SE, pourrait se voir appliquer le système de Mitbestimmung
allemand.
Cela peut rendre les opérations avec des sociétés régies par les lois d’États avec un tel système
moins attractif pour les sociétés régies par les lois d’États sans un tel système, et vice-versa.
4. Faiblesse
Outre leur complexité, la principale faiblesse des règles prévues par la Directive SE est leur
caractère statique : elles s’appliquent au moment de la constitution de la SE, sans avoir égard à
l’évolution ultérieure du nombre de travailleurs.
Dans les États qui ont un système de participation, il existe donc un risque de détournement des
règles nationales par la constitution d’une SE avant que le seuil (ou que le seuil suivant) prévu
par la législation soit atteint, ou par la constitution de SE coquilles vides qui ont pu
s’immatriculer sans négociations préalables en l’absence de travailleurs.
Donc, système compliqué et, en raison son caractère statique qui peut donner lieu à des fraudes.
D. Organes
1. Principe
Les SE ont donc le choix entre un système moniste ou un système dualiste qui explique le
nombre de SE. Pourquoi, en Allemagne les SA sont soumises au modèle dual, comme en
Tchéquie. Mais un grand nombre de SE sont immatriculée en Tchéquie pour le modèle moniste.
Donc, on a une série de sociétés Tchèques qui ont la forme de SE juste pour échapper aux
contraintes de la législation nationale qui leur impose un modèle dual.
E. Transfert transfrontalier
1. Principe
Une SE peut transférer son siège statutaire dans un autre Etat membre de l’Union européenne
sans dissolution ni création d’une personne morale nouvelle, moyennant le respect des
conditions fixées par l’article 8 du Règlement SE, qui sont analogues à celles prévues en cas de
fusion.
Le Ministre de l’Économie peut s’opposer au transfert du siège d’une SE ayant son siège
statutaire en Belgique dans un autre Etat membre pour des raisons d’intérêt public (Règlement
SE, art. 8, § 14 et CSA, art. 15:26).
F. Avantages et inconvénients
1. Avantages
• Possibilité d’effectuer des fusions transfrontalières (mais cet avantage doit être
relativisé depuis la transposition de la directive sur les fusions transfrontalières).
• Possibilité de déplacer le siège dans un autre Etat (mais cet avantage doit être
relativisé depuis la réglementation par le CSA des transformations
transfrontalières).
2. Inconvénients
• Risque de fraude
La SCE est soumise au même système que la SE, notamment en ce qui concernent les normes
applicables. (système de règlement, de renvoi au dispositions nationales).
Pour qu’une SCE soit régit à titre subsidiaire par la loi belge, elle doit avoir son siège statutaire
et son administration centrale en Belgique.
C’est également une société à Capital, et c’est une différence par rapport à la SC nationale qui
est une société sans capital.
A. Introduction
1. Notion
La SCE est « une société dont le capital souscrit est divisé en parts » et où « le nombre des
membres ainsi que le capital … sont variables » (Règlement SCE, art. 1, § 2, al. 1 et 2).
Sauf dispositions contraires des statuts, chaque membre de la société coopérative européenne
ne s’engage « qu’à concurrence du capital qu’il a souscrit », auquel cas la dénomination sociale
doit être suivie des termes « à responsabilité limitée » (art. 1, § 2, al. 3).
Le but principal de la SEC est « la satisfaction des besoins et/ou le développement des activités
économiques et/ou sociales de ses membres notamment par la conclusion d’accords avec ceux-
ci en vue de la fourniture de biens ou de services ou de l’exécution de travaux dans le cadre de
l’activité que la SEC exerce ou fait exercer » (art. 1, § 3, 1ère phrase). « La SEC peut aussi avoir
pour objet de répondre aux besoins de ses membres en favorisant, de la même manière, leur
participation à des activités économiques dans une ou plusieurs SEC et/ou coopératives
nationales ». Elle « ne peut admettre des non-membres au bénéfice de ses activités ou permettre
à ceux-ci de participer à ses opérations, sauf dispositions contraires des statuts » (art. 1er, § 4).
La société peut « mener ses activités par l’intermédiaire d’une filiale » (art. 1, § 3, 3ème phrase).
Le capital souscrit doit être d’au moins 30.000 EUR (art. 3, § 2). Le capital doit être libéré à
concurrence d’au moins 6.200 EUR (art. 17, § 1er).
Différence entre les buts de la SCE et la SC Belge : c’est que ce but vise la satisfaction des
besoins ou le développement des activités des membres dans la SCE alors que pour la SC belge,
le but peut aussi être aussi de satisfaire les besoins ou de développer les activités économiques
de tiers. Le but est donc limité aux membres.
La société coopérative européenne (en abrégé « SEC ») est régie par le Règlement n° 1435/2003
du Conseil15 et la directive 2003/72/CE du Conseil du 22 juillet 200316, qui complète le statut
de la société coopérative européenne pour ce qui concerne l’implication des travailleurs.
En outre, la SCE est régie par les dispositions du livre 16 du CSA adoptées en application de
ce Règlement et, pour les matières non réglées par ce Règlement, par les dispositions du livre
6 du CSA, applicables aux SC (CSA, art. 16:2).
B. Constitution
La SCE peut être constituée de trois manières : par des associés, par fusion ou par
transformation.
15
Règlement (CE) n° 1435/2003 du Conseil du 22 juillet 2003, relatif au statut de la société coopérative européenne
(SEC), J.O.U.E., n° L207, du 18 août 2003, p. 1 et s.
16
Directive 2003/72/CE du Conseil du 22 juillet 2003 complétant le statut de la société coopérative européenne
pour ce qui concerne l’implication des travailleurs, J.O.U.E., n° L207, du 18 août 2003, p. 25 et s.
• par au moins cinq personnes physiques résidant dans au moins deux États membres,
• par au moins cinq personnes physiques et sociétés au sens de l’article 48, deuxième
alinéa, du TFUE, ainsi que d’autres entités juridiques de droit public ou privé,
constituées selon le droit d’un État membre, qui résident dans au moins deux États
membres ou sont régies par la législation d’au moins deux États membres,
• par des sociétés au sens de l’article 48, deuxième alinéa, du TFUE, ainsi que d’autres
entités juridiques de droit public ou privé, constituées selon le droit d’un État membre,
qui résident dans au moins deux États membres ou sont régies par la législation d’au
moins deux États membres (Règlement SCE, art. 2, § 1er, 3 premiers tirets).
3. Transformation
Une société coopérative peut se transformer en SCE si elle a depuis au moins deux ans un
établissement ou une filiale relevant du droit d’un autre Etat membre (Règlement SCE, art. 2,
§ 1er).
Elle ne peut pas transférer son siège statutaire dans un autre Etat membre à l’occasion de cette
transformation (art. 35, § 2).
Une SEC peut se transformer en société coopérative mais cette décision ne peut être prise
qu’après un certain délai : deux ans à partir de l’immatriculation et approbation des deuxièmes
comptes annuels (art. 76, § 1er).
4. Fusion
Une SCE peut être constituée par « fusion de coopératives constituées selon le droit d’un Etat
membre et ayant leur siège statutaire et leur administration centrale dans [l’Union européenne],
si deux d’entre elles au moins relèvent du droit d’États membres différents » (Règlement SCE,
art. 2, § 1, 4ème tiret).
Cette fusion s’opère par absorption ou par constitution de société nouvelle (art. 19).
1. Principe
Comme la SE, la SCE ne peut être immatriculée dans un Etat membre que si un accord a été
conclu sur les modalités relatives à l’implication des travailleurs (Règlement SCE, art. 11, § 2).
D. Organes
1. Principe
Les organes de la SCE sont l’assemblée générale et soit un organe de surveillance et un organe
de direction (système dualiste), soit un organe d'administration (système moniste) selon l'option
retenue par les statuts (Règlement SCE, art. 36).
En principe, chaque membre de la SEC dispose d'une voix à l’assemblée générale, quel que soit
le nombre de parts qu'il détient (art. 59, § 1er).
Toutefois, les statuts peuvent prévoir qu'un membre dispose d'un nombre de voix qui est
déterminé par sa participation aux activités de la coopérative, à l'exclusion de sa participation
sous forme de contribution au capital17. Les voix ainsi attribuées ne peuvent dépasser le nombre
de cinq par membre, ou 20 % du total des droits de vote si ce nombre est inférieur (art. 59, § 2
et CSA, art. 16:19).
E. Transfert transfrontalier
1. Principe
Les SCE peuvent transférer leur siège dans un autre Etat membre de l’Union européenne tout
en conservant leur personnalité morale (Règlement SCE, art. 7 et CSA, art. 16:22 à 16:26 du
CSA).
Remarque : pour être agréée, une SC Belge doit prévoir des règles particulières en ce qui
concerne la limitation des droits de votes à l’AG, le but étant que l’AG ne soit pas dominée par
un associé mais que tous puissent s’exprimer.
C’est une idée que l’on trouve également dans la SCE où tout membre doit avoir 1 ou 5 voies
en principe dans la même idée de ne pas laisser dominer l’AG par un membre.
La SCE présente les mêmes avantages en matière de transfert du siège et les mêmes
désavantages de la SA européenne avec même un inconvénient supplémentaire : la limitation
de son but : le but qui est extrêmement étroit et susceptible d’intéresser seulement une série
d’entité.
N’est pas qualifié de société par le règlement même si le GEIE est intégré dans le CSA.
Il a la personnalité morale et se caractérise par le fait que la responsabilité des membres est
illimitée. Chaque membre va répondre personnellement sur son patrimoine personnel des dettes
du groupe.
17
Sous réserve d’exceptions au profit des SEC participant à des activités dans le domaine financier ou de
l’assurance ou dont les membres sont majoritairement des coopératives.
Pour le système des normes, c’est légèrement plus simple mais avec les mêmes désavantages :
le règlement va s’appliquer à titre principal (renvoi à la loi interne du siège-des options
différentes seront donc prises dans différents pays).
Ex : Option pour la personnalité morale. Était laissée à l’appréciation des différents états
membres – on a donc des groupements avec personnalité morale (Belgique) ou sans
personnalité morale (Allemagne).
Deux sociétés qui ont leur siège dans deux états membres.
C’est un groupement sans capital (sans apport) mais concrètement cela paraît difficile.
Le but du GEIE est très particulier : se rapproche de la SCE mais son seul but est de développer
l’activité économique de ses membres par rapport à laquelle elle doit avoir un caractère
accessoire et jamais de faire des bénéfices par elle-même.
Ex : plusieurs cabinets d’Avocats qui traitent des matières avec un caractère transnational. La
documentation coûte très cher et l’idée serait de mettre sur pied un groupement qui va mettre
sur pied leur base de documentation et leur base de données. C’est un groupement qui répond
parfaitement du GEIE (développer l’activité économique, l’activité du GEIE présente bien une
activité subsidiaire et ce groupement n’a pas pour but de créer des bénéfices par lui-même). Le
GEIE ne pourrait pas vendre sa base de données par ce qu’il ne pourrait pas faire de bénéfices.
Le GEIE a en plus, a en plus un relatif inconvénient ke fait que le gérant (administrateur) doit
être une personne physique.
Par contre, au point de vue des travailleurs, ce n’est pas aussi compliqué que les SE :
Quizz 9.1
3.La SE et la SCE sont soumises à des règles d’implications des travailleurs, pas le GEIE
4. Une ou plusieurs de ces entités peuvent-elles être constituée par 2 personnes physiques (une
française, une allemande) : pas la SE, pas la SCE, oui pour le GEIE
5. Qui peut avoir pour but, la vente et la construction de chemins de fer ? : but lucratif ordinaire :
La SE
6. Existe-t-il des sociétés européennes, soumis à titre principal par le règlement et pour les
matières non réglées par le règlement, par le droit anglais ? : Le règlement, l’Angleterre est
sortie de l’UE ! Non il n’y a plus de SE soumise au droit européen en Angleterre.
7. Est-ce qu’une société Italienne, une Société Autrichienne, une société Russe peuvent
constituer une SE : non, le Russie ne fait pas partie de l’UE.
8. Une société Allemande qui a plus de 5000 travailleurs, donc soumise au Mitbestimmung , au
degré très élevé puisque les travailleurs peuvent proposer la moitié des membres du Conseil de
Surveillance. Et si elle se transforme en SE pour échapper à la règle, en installant son siège en
Belgique : Non, il y a des mesures de sauvegarde.
9. Une SA Tchèque doit avoir un système d’administration dual en vertu du droit Tchèque. Si
elle a une filiale en Pologne depuis 5 ans, peut-elle se transformer en SE pour se doter d’un
système moniste ? Oui, c’est un cas qui paraît très limite mais ce n’est pas interdit.
10. Pour qu’elle soit soumise à titre subsidiaire au droit belge, il va falloir avoir son siège
statutaire et son siège réel en Belgique.
1. Notion
Le GEIE est un groupement de personnes physiques exerçant leurs activités dans l’Union
européenne ou l’Espace économique européen et de personnes morales (sociétés ou autres
entités juridiques) ayant leur siège sur le territoire de l'Union européenne ou de l'Espace
économique européen.
Aux termes de l’article 1, § 3 du Règlement GEIE, les États membres déterminent si les
groupements immatriculés à leurs registres ont ou non la personnalité juridique. En Belgique,
le GEIE est une personne morale (CSA, art. 1:5, § 3).
Le GEIE se caractérise par son but : « le but du groupement est de faciliter ou de développer
l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité
; il n’est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même. Son activité doit se rattacher à l’activité
économique de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci ».
La définition du but du groupement comporte quatre aspects :
• L’activité de ses membres doit être économique ; ce terme est très large : il vise de
manière générale toute activité continue et organisée relative à la production, la
circulation ou la distribution des richesses ou toute activité tendant à la satisfaction d’un
besoin de marché ; des groupements peuvent être constitués entre titulaires de
professions libérales, entre artisans, entre agriculteurs, dans le domaine de la santé, de
l’éducation et de la prévoyance ou des sports, voire de l’économie sociale ;
substituer à celle de ses membres (considérant n° 5). Cette condition manifeste l’idée
que le groupement est un instrument de coopération économique, et non de direction ou
d’intégration. Il faut donc un lien entre l’activité du groupement et celle de ses membres,
et celle-ci doit rester prépondérante. Ainsi, un groupement ne peut être à la tête d’un
groupe ou constituer une holding ; un groupement ne peut pas exercer une activité qui
ne présente aucun lien par rapport aux activités de ses membres ;
• Le groupement ne peut rechercher de bénéfices pour son propre compte, ce qui serait
inconciliable avec sa vocation de développer l’activité de ses membres.
Dès lors, le GEIE n’est pas considéré comme une société18.
2. Loi applicable
Le groupement européen d'intérêt économique est régi par le Règlement n° 2137/8519 et à titre
subsidiaire par la loi interne du siège (Règlement GEIE, art. 2, § 1er), qui correspond en principe
au lieu où le groupement a son administration centrale (art. 12).
Il s’agit en Belgique du livre 18 et, pour les matières non réglées par le ce Règlement, du livre
2, titre 4 (Constitution et formalités de publicité) du CSA (CSA, art. 18:2).
3. Membres
Le GEIE doit comporter au moins deux sociétés européennes appartenant à deux États membres
différents et ne peut avoir comme membres que des membres ressortissants de l’Union
européenne (ce qui s’apprécie en fonction du lieu de l’activité pour les personnes physiques et,
pour les personnes morales, de leur siège statutaire ou de leur administration centrale).
Les membres du GEIE sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes contractées
par celui-ci (art. 24).
De nouveaux membres peuvent être admis ; des membres peuvent démissionner ou être exclus
dans les conditions fixées par le contrat de groupement (art. 26 et 27).
4. Apports et capital
18
Cf. considérant n° 4 du Règlement GEIE : « considérant que le groupement se distingue d'une société
principalement par son but, qui est seulement de faciliter ou de développer l'activité économique de ses membres
pour permettre à ceux-ci d'accroître leurs propres résultats ». Ce considérant n’a pas empêché le législateur belge
de prévoir les dispositions subsidiaires applicables au GEIE dans le CSA.
19
Règlement (CEE) n° 2137/85 du Conseil du 25 juillet 1985 relatif à l'institution d'un groupement européen
d'intérêt économique (GEIE), J.O.C.E., 31 juillet 1985, n° L 199/1.
5. Formalités
Le GEIE est constitué par un contrat qui peut être sous seing privé. Ce contrat doit être déposé
dans le registre de l’Etat membre où il est immatriculé (art. 5 et 6).
Il fait l’objet d’une publicité dans le journal national de l’Etat où il est immatriculé et ensuite
sous forme d’un avis dans le Bulletin officiel de l’union européenne (art. 39).
6. Organes
Les organes du groupement sont les membres agissants collégialement et le ou les gérants (une
ou plusieurs personnes physiques nommées dans le contrat de groupement ou par une décision
des membres) (art. 19).
Le contrat de groupement peut prévoir d'autres organes ; il en détermine alors les pouvoirs.
En principe, chaque membre dispose d'une voix. Le contrat de groupement peut toutefois
attribuer plusieurs voix à certains membres, à condition qu'aucun d'eux ne détienne la majorité
des voix (art. 17, § 1).
7. Nombre de travailleurs
Un GEIE ne peut pas avoir plus de 500 travailleurs (Règlement SCE, art. 3, 2, c).
8. Transfert du siège
Le GEIE peut transférer son siège à l’intérieur de l’Union européenne (Règlement GEIE, art.
13 et 14).
9. Avantages
10. Inconvénients
Chapitre 7. Groupes-Filiales-succursales
I. Notions
Un groupe n’est jamais qu’un ensemble de sociétés qui sont unies par des liens économiques.
Dans le sens où vous avez une société mère qui exerce le contrôle sur d’autres sociétés et une
société filiale et des sociétés filiales, c’est-à-dire des sociétés sur lequel le contrôle est exercé.
On peut raisonner par analogie avec un arbre généalogique : mère, filles, petites filles et les
filles peuvent avoir des sœurs. Le lien de filiation est égal au lien de contrôle dans le droit des
sociétés.
La société mère exerce son contrôle sur ses filiales qui peuvent-elles exercer leur contrôle sur
d’autres sociétés qui seront donc des filiales indirectes de la sociétés mères et font parties du
groupe : la société mère, les filiales, les sous-filiales, les sociétés sœurs etc.
1. Groupe
Un groupe de sociétés est un ensemble formé par une société-mère et ses filiales et sous-filiales
qui fonctionnent comme un seul ensemble grâce à une source unique de contrôle. La société-
mère est celle qui exerce le contrôle sur une ou plusieurs autres sociétés, appelées « filiales ».
Le groupe ne jouit pas lui-même de la personnalité morale. L’existence d’un groupe entraîne
de nombreuses conséquences juridiques, notamment en matière d’intérêt social (infra) et de
responsabilité (infra). L’existence d’un groupe explique aussi la réglementation en matière
d’opérations entre sociétés liées (supra).
Intérêt de la notion de Groupe : si une société doit être gérée dans l’intérêt social, l’intérêt du
groupe joue aussi un certain rôle.
En matière comptable, la société mère doit établir des comptes consolidés : les résultats de ses
filiales comptent.
Ex : Un groupe international établi en Belgique et une filiale produit une pollution énorme dans
un autre pays : est-ce que les victimes peuvent se retourner vers la société mère ?
Bref, la notion de groupe repose sur celle de contrôle : qu’est-ce que le contrôle : c’est le
pouvoir de désigner la majorité des administrateurs ou d’exercer une influence significative sur
la gestion de la société.
2. Contrôle
(iii) Contrôle de fait : Le contrôle est de fait lorsqu’il résulte d’autres éléments.
Un associé est, sauf preuve contraire, présumé disposer d’un contrôle de fait
sur la société si, à l’avant-dernière et à la dernière assemblée générale de
cette société, il a exercé des droits de vote représentant la majorité des voix
attachées aux actions, parts ou autres titres représentés à ces assemblées
(CSA, art. 1:14, § 3). Une participation de 20 %, voire 10 %, peut suffire à
avoir le contrôle d’une société cotée dont l’actionnariat est fort dispersé.
(absentéisme : certaine société n’exerce pas leur droit de vote à l’AG.
3. Filiale
Une filiale est une société dotée de la personnalité morale contrôlée par une autre (appelée la
société-mère), généralement grâce à la détention de la majorité des droits de vote. Une société
sur laquelle plusieurs sociétés exercent un contrôle conjoint est appelée filiale commune (art.
1:18, al. 2).
4. Succursale
Une succursale est un établissement secondaire où une personne morale exerce son activité et
qui est doté d’une certaine autonomie de gestion. Par exemple : l’agence d’une banque gérée
par un directeur. Elle ne bénéficie pas de la personnalité morale. Mais une personne au sein
de cette succursale possède le pouvoir d’engager la société (ex : une chaîne de magasins de
jouets où les différents magasins ne sont pas dotés de la personnalité juridique mais sont de
simples établissements de la société : des sièges d’exploitation)
Il ne faut pas confondre une succursale avec un siège d’exploitation, qui est un établissement
où la société exerce son activité et qui bénéficie ou non d’une certaine autonomie de gestion
(par exemple, les magasins de chaussures exploités par une SA ayant pour objet toutes activités
de chausseur). Un siège d’exploitation peut correspondre à une succursale (par exemple, une
agence bancaire) mais pas nécessairement (par exemple, un magasin dans lequel les vendeurs
n’ont aucun pouvoir de gestion).
1. Elle n’a pas la personnalité juridique >< tandis qu’une filiale a la personnalité juridique
1. Position de la question
Peu importe la forme des sociétés qui font parties d’un groupe, ça peut être une SPRL, une
société coopérative, une société en nom collectif, peu importe. On va prendre l’exemple d’une
SA. La question de la prise en compte de l’intérêt de groupe revient à se demander si le conseil
d’administration peut prendre en compte l’intérêt du groupe ? Et parallèlement est-ce que la
société-mère peut donner aux administrateurs, qui ont été nommés dans la SA filiale, des
instructions en disant « faites comme ceci » ? Ex : une SA belge qui fabrique des tracteurs et
elle doit s’approvisionner de matériaux pour construire ses tracteurs. Est-ce que la société-mère
peut dire aux administrateurs de la filiale « nous allons conclure un contrat et la société belge
va uniquement s’approvisionner auprès de nous » et parallèlement est-ce que les
administrateurs de la SA belge peuvent conclure ce contrat qui est plus dans l’intérêt du groupe
que dans l’intérêt de la société elle-même ? Parce que l’intérêt de la société elle-même ce serait
de faire son « shopping » sur le marché et de conclure des contrats à gauche et à droite en
fonction des conditions qui sont les plus intéressantes.
Concernant ces instructions, les administrateurs font ce qu’ils veulent quand même ? Non, il
faut bien se rendre compte que si la SA A et la société-mère de la SA B, donc ma société qui
fabrique des tracteurs, qui va nommer les administrateurs de la SA B ? C’est l’assemblée
générale. Mais qui a la majorité des droits de votes à l’assemblée générale ? Par définition c’est
la société-mère. Donc si les administrateurs ne suivent pas les instructions de la société-mère,
que se passera-t-il ? Ils vont tout de suite être révoqués.
2. Jurisprudence
Le CSA ne dit rien sur la question, mais il y a une jurisprudence qui est assez constante et qui
permet au conseil d’administration, qui en principe doit toujours avoir en tête l’intérêt social de
la société, permet de prendre en compte l’intérêt du groupe, mais à certaines conditions.
Dans son arrêt phare sur la question, la Cour de cassation de France a décidé ce qui suit :
« le concours financier apporté, par les dirigeants de fait ou de droit d'une société, à une autre
entreprise d'un même groupe dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement, doit
être dicté par l'intérêt économique, social ou financier commun, apprécié au regard d'une
politique élaborée pour l'ensemble de ce groupe, et ne doit être démuni de contrepartie ou
rompre l'équilibre entre les engagements respectifs des diverses sociétés 119 concernées, ni
excéder les possibilités financières de celle qui en supporte la charge » .
La jurisprudence belge s’est prononcée dans le même sens. Les conditions sont :
- Tout d’abord il faut qu’il y ait un véritable groupe qui n’existe pas seulement sur papier,
qu’il ne soit pas une série de flèches sur un document, mais qu’il y ait une stratégie de
groupe dans lesquels le rôle de chaque société est intégré. C’est ce qu’on appelle un
« véritable groupe » où chaque société exerce des fonctions bien déterminées qui par un
effet de synergie vont produire un ensemble plus riche que si chaque société agissait
dans son coin.
- Il faut également que la décision soit prise dans l’intérêt du groupe. Ce n’est pas parce
qu’il y a un groupe que l’on peut prendre une décision dans l’intérêt sans que cela
réponde à un intérêt réel. Il faut que ce soit dans l’intérêt du groupe parce que cela assure
à la société-mère des débouchés pour ses produits.
- Il faut qu’il y ait un équilibre entre les sociétés. C’est-à-dire que les désavantages que
peut retirer la société filiale en prenant en compte l’intérêt du groupe soit contrebalancé
pour des avantages. Ex (avantages) : la société-mère dispose de marchés où la société
filiale peut écouler ses tracteurs. Ex (avantage) : l’approvisionnement est garanti, tandis
que si la société filiale doit s’approvisionner sur le marché, elle va dépendre de ce qu’i
se trouve sur le marché.
- La prise en compte de l’intérêt de groupe ne peut jamais conduire à mettre la filiale dans
une situation de nature à causer son insolvabilité. En d’autres termes, une filiale ne peut
jamais être sacrifié. Ex : une société-mère belge et une société filiale belge, alors on
applique le droit belge. Mais c’est plus compliqué lorsque c’est un groupe multinational
étant donné que les règles en matière d’intérêt de groupe ne sont pas nécessairement les
mêmes dans tous les pays.
A. Principes
1. Position de la question
Une autre question c’est la responsabilité de la société-mère pour les dettes de ses filiales. A
savoir, quand la filiale est déclarée en faillite, les créanciers de la filiale peuvent se retourner
contre la société-mère qui généralement a une surface financière beaucoup plus importante. Le
principe est NON. Pourquoi ? Parce que la société-mère et ses filiales ont une personnalité
juridique distincte. A supposer bien entendu que la filiale soit une société à responsabilité
limitée, comme une SA. C’est évident que si la filiale est une société en nom collectif, en vertu
du droit commun, ses associés seront solidairement responsables. Et si la filiale est une société
dont la responsabilité des actionnaires est limitée, comme la SA, en principe la société-mère ne
répond pas des dettes de sa filiale. Ainsi, les créanciers de la filiale n’ont pas de recours à
l’encontre de la société-mère.
2. Dimension internationale
Cette question se complique quand le groupe a une dimension internationale car il faut
déterminer la loi applicable et la juridiction compétente.
Un des cas les plus célèbres est celui consécutif au naufrage en 1978, de l’Amoco Cadiz au
large des côtes bretonnes, dans lequel la responsabilité de la société-mère fut retenue pour la
pollution des côtes françaises après le naufrage de l’Amoco Cadiz sur la base d’une levée du
voile social en raison du contrôle étroit exercé par la société-mère sur sa filiale.
3. Principe
Le principe est simple : le groupe n’a pas la personnalité juridique et sa responsabilité ne peut
pas être engagée ; chaque membre du groupe est une personne juridique distincte et ne répond
en principe pas des engagements des autres membres du groupe.
A côté de cela, il y a toute une série de nuances qui peuvent arriver à ce qu’une société-mère
soit tenue responsable.
La première nuance c’est l’hypothèse où la société-mère s’est engagée par exemple à titre de
caution pour sa filiale. Ex : une filiale conclu un contrat de crédit et pour cela l’établissement
de crédit demande à la société-mère de se porter caution. Dans ce cas, si la filiale fait défaut, la
banque pourra mettre en cause la responsabilité de la société-mère sur la base du contrat
(application du droit commun).
- La société-mère peut se borner à dire dans une lettre de confort « telle société est ma
filiale ». Ça peut par exemple rassurer un établissement de crédit de voir que cette filiale
fait partie d’une société-mère bien connue sur le marché. Mais ça ne va pas procurer un
confort énorme à l’établissement de crédit.
- Dans la lettre de confort, la société-mère peut aller plus loin. Elle peut dire « telle société
est ma filiale et elle est solvable ». Cela va déjà plus loin parce que s’il s’avère que la
filiale n’était pas solvable au moment où elle a contracté avec l’établissement de crédit,
dans ce cas-là, l’établissement de crédit peut se retourner contre la société-mère en
invoquant une faute parce que « vous avez dit qu’elle était solvable alors qu’elle ne ne
l’était pas ». Cette faute est en lien causale avec le dommage parce que c’est sur cette
base que j’ai contracté la filiale.
- Troisième type de lettre de confort « cette société est ma filiale et je fournis à mes filiales
les moyens nécessaires pour qu’elles exécutent leurs obligations ». Ce n’est pas un
engagement contractuel avec l’établissement de crédit, mais c’est une déclaration. Ce
type de lettre est généralement un nid à procès.
On voit qu’en fonction de ce que le lettre de confort peut dire, ça peut donner un confort plus
ou moins important au créancier. Si la société-mère ne respecte pas tout d’abord ce qu’elle ferait
dans sa lettre ou qu’elle fait de fausses déclarations, alors l’établissement de crédit peut mettre
en cause sa responsabilité extracontractuelle. Ex (lettre de confort qui produit un très grand
confort) : « cette société est ma filiale, elle est solvable pour l’instant et dans l’hypothèse où
elle éprouverait des difficultés financières, la société-mère fournira tous les moyens nécessaires
pour remédier à cette situation ». Si la société-mère ne la respecte pas, elle a fait une déclaration
qu’elle ne respecte pas donc responsabilité. La responsabilité de la société-mère sur la base de
telles lettres dépend donc de leur libellé et de l’intention des parties.
La levée du voile social c’est quand la personne physique ou morale qui contrôle une société
ne respecte pas l’autonomie patrimoniale de la société et se sert de la société comme s’il
s’agissait de son propre patrimoine. Ex : dans les petites SCRL c’est généralement l’actionnaire
unique de la SCRL qui fait payer toutes ses factures personnelles par la SCRL.
Cela peut également se produire dans les groupes de société. Ex : une société-mère qui a besoin
de fond. Au lieu de conclure un contrat de crédit en bonne et due forme aux conditions de
marché avec sa filiale, tout simplement paie ses factures avec l’argent qui se trouve sur le
compte de la filiale. Si c’est un comportement généralisé, la société-mère traite la filiale comme
si la filiale n’avait pas à PJ. Comme si tous les actifs de la filiale appartenait à la société-mère.
C’est-à-dire qu’elle confond les patrimoines. Donc si elle ne respecte pas l’autonomie de la
filiale, alors les tiers ne doivent pas non plus respecter l’autonomie des deux sociétés et peuvent
considérer que les dettes de la filiale sont les dettes de la société-mère. Donc la sanction du non-
respect par la société-mère de l’autonomie patrimoniale de la filiale c’est une réparation en
nature. Les créanciers aussi pourront faire comme si les deux sociétés n’en forment qu’une.
La levée du voile social est très rarement invoquée en Belgique et concerne plutôt les relations
entre un actionnaire majoritaire personne physique et « sa » société que les relations au sein de
groupes de sociétés.
4. Droit de la concurrence
En droit de la concurrence, quand une société-mère détient 100 % du capital de sa filiale ayant
commis une infraction aux règles communautaires de la concurrence, la Cour de Justice
considère que, d’une part, cette société-mère peut exercer une influence déterminante sur le
comportement de cette filiale, et que, d’autre part, il existe une présomption réfragable selon
laquelle ladite société-mère exerce effectivement une influence déterminante sur le
comportement de sa filiale.
Dans ces conditions, la société-mère est solidairement responsable pour le paiement de
l’amende infligée à sa filiale, à moins qu’elle ne renverse cette présomption et démontre que sa
filiale se comporte de façon autonome sur le marché.
Les créanciers peuvent également exercer une action en responsabilité contre les
administrateurs de la filiale, voire de la société-mère (faute de gestion ; action en comblement
de passif ; etc.). Ces actions seront examinées dans le chapitre suivant.
1. Mesures préventives
- Dans les sociétés qui n’ont pas de commissaire, droit d’investigation individuel (infra).
2. Actions en justice
- Action en nullité des décisions contraires à l’intérêt social et causant un préjudice aux
actionnaires minoritaires ;
- Action en responsabilité contre les administrateurs de la filiale (et le cas échéant contre
la société-mère ou ses propres administrateurs en qualité d’administrateur de fait) via
l’action minoritaire (faute de gestion ; violation des statuts ; abus de majorité ; etc.) ;
- Droit de retrait ;
- Etc.
1. Dossier
Les succursales doivent faire l’objet d’une certaine publicité. Les personnes morales qui ont
leur siège statutaire à l’étranger peuvent exercer leurs activités, ester en justice en Belgique, et
y établir une succursale (CSA, art. 2 :148, al. 1er). Pour chaque personne morale étrangère ayant
une succursale en Belgique, il est tenu un dossier au tribunal de l’entreprise dans le ressort
duquel la succursale est établie. Si la personne morale étrangère a plusieurs succursales en
Belgique, le dossier est tenu au greffe du tribunal de l’entreprise dans le ressort duquel une des
succursales est établie, ceci au choix de la personne morale étrangère (art. 2:23).
Toute société étrangère qui ouvre une succursale en Belgique doit avant l’ouverture de cette
succursale déposer une série de documents dans ce dossier, dont notamment sa dénomination
et sa forme légale, ses statuts, le registre auprès duquel elle est immatriculée dans l’Etat dont
elle relève (de même que son numéro d’immatriculation dans ce registre), un document
émanant de ce registre attestant son existence, l’adresse et l’indication des activités de la
succursale, l’identité des personnes qui ont le pouvoir de représenter la société à l’égard des
tiers, ses comptes annuels et ses comptes consolidés afférents au dernier exercice clôturé.
Elle doit également y déposer dans les 30 jours toute modification de ces mentions, la
dissolution de la société, la nomination, l’identité et les pouvoirs des liquidateurs, ainsi que la
clôture de la liquidation, toute procédure de faillite, de réorganisation judiciaire ou toute autre
procédure analogue dont elle fait l’objet, la fermeture de la succursale.
Le dépôt de ces documents est publié par mention aux Annexes du Moniteur belge (art. 2:27).
Ce dépôt rend ces documents opposables aux tiers (art. 2:28).
On voit aussi très fort le lien entre l’autonomie de la succursale et les formalités de publicité
qui sont imposées.
2. Comptes annuels
Toute société étrangère qui a une succursale en Belgique doit déposer ses comptes annuels et
ses comptes consolidés à la Banque nationale de Belgique, annuellement, dans le mois qui suit
l’assemblée générale et au plus tard sept mois après la date de clôture de l’exercice (CSA, art.
2:24 et 3:20).
La société étrangère doit donc déposer ses comptes à la Banque nationale de Belgique sous
peine de diverses sanctions.
3. Sanctions
Les actions intentées par les personnes morales étrangères qui ont une succursale en Belgique
sont irrecevables si elles n’ont pas déposé leur acte constitutif au tribunal de l’entreprise (CSA,
art. 2:148, al. 2). Par ailleurs, les documents non déposés sont inopposables aux tiers.
On a une sanction tout à fait classique, quand une formalité de publicité n’a pas été accomplis
c’est l’inopposabilité des actes non déposés. Ex : une société étrangère ne dépose pas la liste
des personnes qui sont susceptibles de l’engager, cette personne ne pourrait pas agir en justice
par le biais de ses représentants.
D’ailleurs, il y a une autre sanction plus générale qui est l’irrecevabilité des actions en justice
quand ces formalités n’ont pas été exécutées.
Tous les actes, factures, annonces, publications, lettres, notes de commande, sites internet et
autres documents émanant de succursales de personnes morales étrangères en Belgique, doivent
contenir une série d’indications, telles que la dénomination de la personne morale, sa forme
légale, l’indication précise du siège de la personne morale et de l’adresse de la succursale (CSA,
art. 2:29, al. 1).
Toute personne qui intervient pour une personne morale étrangère dans un acte qui ne respecte
pas ces conditions peut être déclarée responsable des engagements qui y sont pris (art. 2:29, al.
4).
QUIZZ :
- Sa taille
- Le nombre de travailleurs qu’elle emploie
- Sa personnalité morale
- Il n’y a pas de distinction : ces deux termes sont synonymes
3) Une SA et les autres filiales de sa société mère font partie du même groupe :
- Vrai
- Faux
Réponse : Vrai.
4) Dans certaines sociétés, il peut se produire qu’un actionnaire puisse exercer le contrôle
avec une participation de seulement 15% :
- Vrai
- Faux
Réponse : Vrai.
- Toujours
6) Une filiale peut être contrainte par sa société-mère de s’approvisionner auprès d’une
autre société du groupe, à des conditions moins favorables pour elle que si elle
s’approvisionnait auprès d’un tiers :
- Oui, à condition que cela ne conduise pas à son insolvabilité et qu’elle retire d’autres
avantages de son appartenance au groupe qui compensent d’une certaine manière le
préjudice subi
Réponse : Oui, à condition que cela ne conduise pas à son insolvabilité et qu’elle
retire d’autres avantages de son appartenance au groupe qui compensent d’une
certaine manière le préjudice subi.
7) Une filiale détenue à 100% par une autre société doit organiser des réunions de son
organe d’administration comme toute autre société :
- Vrai
- Faux, cela ne servirait à rien puisque, de toute manière, c’est la société mère qui
décide tout
- Faux, mais la société-mère doit en son sein organiser des réunions spéciales du
conseil d’administration consacrées à sa filiale
Réponse : Vrai.
8) Une lettre de confort :
Chapitres 8. Conflits
I. Introduction
a. Conflits d’agence
Que peuvent faire les actionnaires quand ils ne sont pas satisfaits ? C’est le problème des
conflits d’agence. Les conflits d’agences aux États-Unis désignent plus typiquement les conflits
entre les actionnaires et le management ou les dirigeants. Dans les sociétés européennes ou les
conflits sont plus concentrées, les conflits d’agence concernent non seulement les conflits entre
les actionnaires et les dirigeants, mais aussi souvent les conflits entre les actionnaires
minoritaires et les actionnaires majoritaires. Pourquoi ? Parce que là ou l’actionnariat est plus
concentré, les actionnaires majoritaires peuvent désigner les administrateurs, les personnes qui
font parties de l’organe d’administration. Et donc le conflit entre les actionnaires minoritaires
et le management se confond souvent avec un conflit entre les actionnaires minoritaires et les
actionnaires majoritaires qui ont pu, à l’assemblée générale, désigner les administrateurs.
Tout le mécanisme, toutes les règles de gouvernances sont destinées à assurer le respect des
équilibres entre les différents types d’actionnaires et également les autres parties prenantes à la
société. C’est l’enjeu même d’une bonne gouvernance d’entreprise. La loi prévoit d’ailleurs
toutes une série de règles qui sont destinées à permettre aux actionnaires minoritaires de ne pas
devoir passivement subir la loi de la majorité. Ex : la possibilité pour les actionnaires
minoritaires de demander au conseil d’administration de convoquer une assemblée générale, de
faire ajouter des points à l’ordre du jour, la possibilité qu’ils ont de poser des questions soit par
écrit avant l’assemblée générales soit à l’assemblée elle-même. Ils ne sont donc pas dépourvus
de toute faculté d’initiative outre que la loi impose toute une série d’obligation en matière de
transparence. On parle beaucoup de la transparence en matière de rémunération des
administrateurs, mais la transparence en matière de publication des états financiers, des comptes
annuels est également destinée à permettre aux actionnaires minoritaires d’avoir une bonne vue
sur les affaires de la société.
Cependant cela ne suffit pas toujours. Quand cela ne suffit pas, que peuvent faire les
actionnaires minoritaires ? nous allons donc commencer par les mesures qui sont les plus
« douces », celles qui sont le moins susceptibles d’avoir un impact sur la société pour terminer
par les mesures les plus radicales. La mesure la plus radicale étant une demande en dissolution
de la société.
1. Principe
Dans les sociétés dans lesquelles aucun commissaire ne doit être nommé, l’organe
d’administration est tenu de soumettre à l’assemblée générale la demande d’un ou de plusieurs
associés ou actionnaires visant à la nomination d’un commissaire (CSA, art. 3:100).
Il s’agit du droit d’investigation qu’a tout associé qui n’a pas de commissaire. Rappel : Les
petites sociétés non cotées ne doivent pas désigner de commissaire. Le commissaire est
nécessairement un réviseur d’entreprise qui est désigné par l’assemblée générale dont la
mission est de contrôler la régularité des opérations qui doivent être inscrits dans les comptes
ainsi que les comptes annuels. Déjà, dans les sociétés qui ont un commissaire, il n’est pas là
pour défendre les intérêts des actionnaires majoritaires. Le commissaire doit faire preuve
d’indépendance, à peine d’engager sa responsabilité. Il veille au respect, à la régularité des
opérations dans l’intérêt de tous les actionnaires. Ex : si le commissaire se rend compte que
certains produits de vente ne se retrouve pas dans la comptabilité de l’entreprise, ce qui signifie
qu’ils ont été détournés, ou s’il se rend compte que certaines décisions du conseil
d’administration ont été prise sans respecter certaines règles de publicité alors qu’il y avait un
conflit d’intérêt, il doit absolument le signaler sans prendre en compte le fait que le fait même
de la signaler va jeter un certain opprobre sur la société. Non, le commissaire doit signaler
quand il constate des irrégularités.
Mais donc, dans toutes une série de sociétés (des petites sociétés non cotées et ainsi que les
sociétés dont tous les associés sont des personnes physiques par exemple) il n’y a pas de
commissaire. S’il n’y a pas de commissaire, la loi prévoit un remède pour les actionnaires
minoritaires. Ce remède c’est le droit d’investigation individuel des associés. Cela signifie que
n’importe quel associé, quel que soit sa participation, sous réserve de l’abus de droit, peut
demander de faire ce que le commissaire aurait fait si la société avait désigné un commissaire.
C’est-à-dire d’examiner la régularité des opérations qui doivent être indiquées dans les comptes
et les comptes. Il peut le faire seul, mais il peut aussi se faire assister de son expert-comptable
externe, étant donné qu’un certain nombre d’associés n’ont pas les connaissances nécessaires
pour se livrer à cet examen. (Art. 3 :101)
- Oui, c’est une bonne chose pour l’associé. Toutefois, c’est une investigation qu’il va
devoir faire à ses frais, sauf dans l’hypothèse au l’entreprise serait d’accord de prendre
ses frais à sa charge ou bien qu’il parviendrait à convaincre un tribunal que la société
doit prendre ces frais à sa charge. Mais, en règle générale, c’est l’associé qui devra payer
cette investigation, c’est-à-dire payer l’horaire de l’expert qu’il assigne.
- Du point de vue de la société par contre cela peut être une mesure qui est très ennuyante,
bien entendu pour les sociétés qui ont des choses à cacher, mais également pour les
sociétés qui n’ont rien à cacher. Ça peut être un droit qui va fort perturber la société.
Pourquoi ? Dans l’hypothèse où l’on a à faire à une petite société (donc sans
commissaire), elle n’a pas nécessairement un service comptable, juridique extrêmement
étendu. Elle a peut-être une personne qui s’occupe des finances, de la comptabilité, des
aspects juridiques etc. Généralement dans les petites sociétés qui sont actives, cette
personne est fort occupée à gérer le tout venant de la société, à gérer un contrat
d’assurance par ici, à négocier une réduction du loyer par là. Mais si elle doit
commencer à répondre aux demandes de l’associé qui exerce son droit d’investigation,
cela va lui prendre du temps parce que l’associé va demander des documents
déterminés, va poser des questions spécifiques. Tout n’est peut-être pas dans la tête de
la personne qui doit lui répondre donc cela va lui prendre du temps. Ainsi, le temps qu’il
va consacrer à répondre à l’associé, cette personne ne peut pas le consacrer à faire autre
chose pour la société. Donc, cela peut avoir pour effet, dans certains cas, un effet un peu
destructif sur la société. Un effet qui deviendra encore plus destructif lorsqu’on a à faire
à des associés qui sont complètement déraisonnables, qui demandent de vérifier tout et
n’importe quoi. Quelle est la solution si la société se trouve face à un associé pareil, si
ce sont des choses qui se répètent ? La solution est que l’assemblée générale désigne un
commissaire. En effet, dans les cas où l’on n’a pas à faire à une petite société non cotée,
il faut désigner un commissaire. Dans le cas d’une petite société ce n’est pas obligatoire,
mais pas interdit non plus. Donc une société peut toujours désigner, en dehors de toute
obligation légale, un commissaire, ce qui aura un effet apaisant sur l’ensemble des
actionnaires, parce que ça montre la volonté de la société d’être relativement ouverte
étant donné que la commissaire a accès à toutes infos de la société. Toutefois, il y a
aussi des inconvénients. Le principal inconvénient c’est l’aspect financier étant donné
que le commissaire doit être rémunéré. Cela va prendre un certain temps des personnes
qui s’occupent de la comptabilité puisqu’il faut avoir un échange avec le commissaire
qui va aussi poser des questions, mais avec l’avantage que la commissaire sait ce qu’il
doit regarder et qu’il est plus raisonnable qu’un associé mécontent. Cet aspect frais est
important, mais il ne doit pas non plus être exagéré dans la mesure où les honoraires du
commissaire seront plus raisonnables dans une petite société que dans une société
multinationale. Tout simplement parce qu’il y aura moins de travail à effectuer. C’est
donc une balance à faire par les sociétés dans certains cas où il y a des actionnaires qui
exercent leur droit d’investigation, parfois c’est justifié, parfois c’est exagéré. Ainsi, la
rémunération de cet expert-comptable externe incombe à la société s’il a été désigné
avec son accord ou si cette rémunération a été mise à sa charge par une décision
judiciaire (art. 3:102).
2. Champ d’application
Ce droit peut être exercé dans toutes les sociétés dotées de la personnalité́ morale.
3. Objectif
A quoi sert cette action ainsi que l’action suivante ? Quel est leur objectif ? Ce n’est jamais
qu’obtenir des informations. Ou dans le cas d’un expert, qui sera nommé, d’aboutir à la
constatation qu’il y a une atteinte grave aux intérêts de la société. Ce droit a pour but de
permettre aux associés qui ne sont pas impliqués dans la gestion quotidienne de la société de
contrôler cette gestion et son impact sur les comptes et sur la situation financière. L’objectif du
demandeur est souvent d’obtenir des informations destinées à alimenter une action en nullité
d’une décision de l’assemblée générale ou de l’organe d’administration ou une action en
responsabilité contre les administrateurs ou les autres actionnaires.
Exemple : la société conclut des opérations qui sont systématiquement en faveur de la société
mère, parce que le prix payé par la société filiale est supérieur au prix du marché. Et la société
filiale ne tire aucun avantage dans sa participation dans le groupe.
1. Principe
Il ne faut pas confondre le droit d’investigation d’un associé qui peut s’exercer avec l’assistance
d’un expert (choisi par l‘associé) avec l’action en justice en désignation d’un expert. Le droit
d’investigation individuelle s’exerce par le fait que l’associé écrit une lettre ou téléphone à
l’administrateur délégué en disant « dites, quand est-ce que je peux passer ? ». L’action en
désignation d’un expert est différente parce qu’elle s’exerce devant un tribunal, plus
précisément le président du tribunal qui siège comme en référé, parce que c’est une action qui
doit aller vite. Cette action n’est possible que lorsque le demandeur démontre qu’il y a des
risques ou un risque avéré d’atteinte grave aux intérêts de la société. En d’autres termes, il doit
apporter la preuve, généralement de soupçon de fraude ou de décisions qui sont contraires à
l’intérêts de la société. Ex : une société qui fait partie d’un groupe de sociétés, si la société
conclut des conventions qui sont dans l’intérêt de la société mère parce que le prix est supérieur
au prix du marché. A ce moment-là, il y a aura un débat devant le tribunal qui portera sur la
prise en compte de l’intérêts de groupe. Ce sera au tribunal d’apprécier si dans ce cas l’intérêt
de groupe peut justifier cette convention ou bien s’il s’agit de contrats qui sont
systématiquement en défaveur de la société mère.
2. Champ d’application
C’est une action qui n’est pas possible dans toutes les sociétés. Elle est uniquement possible
dans la SRL, SC et SA. De plus, elle est réservée aux actionnaires qui détiennent une certaine
quotité d’actions ou de voix. Pourquoi ? Pour prévenir l’abus de droit. Pour éviter qu’un
actionnaire qui a une petite action commence à désigner un expert. Étant donné que cette
demande de désignation d’un expert elle va nécessairement avoir une certaine publicité puisque
c’est devant un tribunal et elle peut déjà nuire à la réputation de la société. C’est pour cette
raison que la loi limite la possibilité pour les actionnaires de recourir à cette action à la détention
dans les SRL et SC, la détention de 10% des actions émises et dans les SA il faut 1% des voix
attachées à l’ensemble des titres existants ou possédant des titres représentant une fraction du
capital égale à 1.250.000 EUR au moins (quel que soit la taille de la SA !!!!). (CSA, art. 5 :106,
6 :91, 7 :160)
3. Objectif
A quoi sert cette action ainsi que l’action précédente ? Quel est leur objectif ? Ce n’est jamais
qu’obtenir des informations. Ou dans le cas d’un expert, qui sera nommé, d’aboutir à la
constatation qu’il y a une atteinte grave aux intérêts de la société. Ex : la société conclut des
opérations qui sont systématiquement en faveur de la société mère, parce que le prix payé par
la société filiale est supérieur au prix du marché. Et la société filiale ne tire aucun avantage dans
sa participation dans le groupe.
Une fois que l’actionnaire minoritaire a obtenu dans l’action précédente la preuve qu’il y a
certaines opérations irrégulières ou ici la preuve que la filiale est désavantagée, il va alors devoir
intenter une autre action. Une action pour obtenir la réparation de son dommage. Quelles sont
ces actions ?
Le premier type d’action qui pourrait être intenter c’est l’action en nullité de votes ou de
décisions. L’exemple d’une action en nullité de votes : chaque année doit se tenir assemblée
générale qui va se prononcer sur les comptes annuels et la décharge des administrateurs, ce qui
consiste à dire que les administrateurs n’ont pas commis de fautes durant l’exercices des
comptes annuels. Mais il se pourrait qu’un actionnaire ait voté en faveur de la décharge et puis
qu’il se rende compte qu’il ait voté en faveur parce que les infos qu’on lui avait communiquées
sont tout à fait différentes de la réalité. Son vote est donc entaché d’un vice, d’une erreur, voir
même d’un dol. En ce qui concerne la nullité des votes, n’importe quel actionnaire peut faire
annuler son vote pour les causes du droit commun (absence de consentement, vice de
consentement).
Quel est l’intérêt de l’actionnaire minoritaire de faire annuler son vote sur la décharge alors que
cela ne change rien étant donné que les actionnaires majoritaires ont assez de voix pour prendre
la décision à la majorité ? (Voir plus tard).
1. Champ d’application
Les articles 2:42 à 2:48 du CSA réglementent la nullité de votes ou de décisions des organes.
Ils s’appliquent à toutes les personnes morales visées par le CSA.
Les causes de nullité d’un vote sont les mêmes que celles de tout autre acte juridique (vices de
consentement, ...).
La nullité d’un vote entraîne la nullité de la décision prise si le demandeur prouve que le vote
nul a pu influencer la décision qui a été prise (art. 2:43).
Mais alors que la nullité des votes est soumise au droit commun, pour la nullité de décisions de
l’organe d’administration ou de l’assemblée générale, la loi énumère de manière limitative les
causes de nullité parce que la nullité prise par une société risque d’une certaine manière de
porter atteinte à la sécurité juridique.
Dans quels cas un actionnaire ou tout intéressé, peut faire annuler une décision ?
Il peut aussi y avoir des abus de majorité, quand la majorité prend une décision qui est
justifié non par l’intérêt social mais par l’intérêt de la majorité elle-même et qui cause
un préjudice aux actionnaires minoritaires.
Il peut également y avoir des abus de minorité. Comment c’est possible étant donné que
la minorité ne peut pas prendre de décisions ? Ce n’est pas tout à fait vrai. Il y a un cas
ou la minorité peut prendre la décision. Il s’agit d’une décision qui peut être prise avec
¼ des voix. C’est en cas de perte grave, très grave du capital. Lorsque l’actif net d’une
SA est réduit à un montant inférieur au ¼ du capital la décision de dissolution peut être
prise à la majorité d’1/4 des voix. Cette décision pourrait être abusive dans l’hypothèse
où l’organe d’administration a proposé des mesures de redressement ou il y a des
investisseurs qui sont prêt à redresser la société.
L’excès de pouvoir vise la décision qui est prise en dehors des pouvoirs compétents.
Exemple : le conseil d’administration qui prend une décision qui appartient à
l’assemblée générale.
Le détournement de pouvoir c’est quand une décision est prise dans un but autre que
l’intérêt social. Ex : une société réalise des bénéfices et l’assemblée générale se
prononce chaque année sur l’affectation des bénéfices. La société peut les distribuer aux
actionnaires ou les mettre en réserve. Mettre une somme en réserve est prudent et la loi
impose de mettre 10% des bénéfices dans un poste de réserve légale jusqu’à ce que le
montant de la réserve légale atteint 5%. Cela est donc un procédé raisonnable, mais par
contre si systématiquement une société qui se porte bien et qui n’a pas de projet
d’investissement dans un horizon raisonnable et met donc les bénéfices dans la réserve
et qu’en fait c’est une guerre des nerfs entre les actionnaires majoritaires qui par
exemple essaient de racheter les actions des actionnaires minoritaires et qui disent qu’ils
vont se lasser à force de na pas recevoir de dividendes. Cela peut être un détournement
de pouvoir que de mettre systématiquement les bénéfices en réserve.
- Lorsque des droits de votes sont exercés alors qu’ils ont été suspendus et que ces droits
de votes ont permis d’atteindre la décision en question. Ex : une décision qui est prise à
la majorité de 51 contre 49 et que cette décision a pu être prise parce qu’un actionnaire
a émis 3 votes en faveur de la décision. Mais cet actionnaire n’avait pas libéré ses actions
alors que la société avait fait un appel de fond. A ce moment-là les actions sont
suspendues. Ex : un actionnaire doit faire une déclaration de transparence et il ne l’a pas
fait, alors son droit de vote est suspendu. Dans ce cas, la décision obtenue grâce à son
droit de vote irrégulièrement exercé peut être annulée.
- Ensuite il y a aussi tous les cas qui sont prévus par des dispositions spéciales du CSA
(art. 2 :42). Ex : il y a une augmentation de capital et le conseil d’administration n’a pas
fait de rapport sur le prix (art. 7 :10, §1er). Il y a tout une série de cas où la loi dans des
cas extrêmement précis, qui ne sont pas liés à un abus de droit, prévoit la nullité de la
décision (art. 5 :77, §2, 6 :65, §2, 7 :115, §2).
Le juge doit procéder à une appréciation marginale et ne peut pas substituer sa propre
appréciation à celle de l’organe.
4. Demandeur
Qui peut demander la nullité ? La personne morale elle-même ou toute personne qui a intérêt
au respect de la règle de droit méconnue (essentiellement les associés ou actionnaires et les
membres de l’organe d’administration) peut demander la nullité au tribunal de l’entreprise.
N’est pas recevable à invoquer la nullité celui qui a voté en faveur de la décision attaquée, à
moins que son consentement a été vicié, ou celui qui a renoncé au droit de s’en prévaloir, à
moins que la nullité ne résulte d’une règle d’ordre public (art. 2:44).
C’est donc une action qui va essentiellement être intéressante pour les actionnaires, mais pas
seulement. On pourrait imaginer qu’un tiers demande la nullité de la décision mais encore faut-
il qu’il ait un intérêt. Cela va être difficile pour le tiers d’en justifier un intérêt.
5. Défendeur
L’action en nullité est dirigée contre la personne morale (art. 2:45). Cette règle donne lieu à une
situation curieuse si c’est la personne morale qui est demandeur.
6. Suspension
Dans les cas qu’il estime urgents, le président du tribunal de l’entreprise peut, à la requête de
la personne morale ou d’une personne qui a intérêt au respect de la règle de droit méconnue,
ordonner en référé la suspension d’une décision si les moyens invoqués peuvent justifier prima
facie l’annulation de la décision attaquée (art. 2:46).
7. Réparation
En cas d’abus de minorité, l’abus consiste généralement en ce que la minorité fait obstacle à la
prise d’une décision. A première vue, la nullité des votes ne constitue donc pas une réparation
efficace.
Bien que la jurisprudence était généralement hostile à cette solution, la loi du 23 mars 2019 a
consacré cette solution : le juge peut décider que sa décision tiendra lieu de vote positif, à titre
de réparation en nature de l’abus de droit commis par la minorité (CSA, art. 2:43, al. 2).
Si la décision est nulle, elle est nulle vis-à-vis de tout le monde. Il y a tout de même une question
qui se pose. Imaginez que le conseil d’administration a pris une décision sur la base de laquelle
un contrat a été conclu. Un contrat avec un tiers et que le tiers soit de bonne foi. Il ne savait pas
que le contrat a été conclu à la suite d’une décision du conseil d’administration alors qu’il fallait
une décision de l’assemblée générale. Ou le tiers est de bonne foi parce qu’il ignorait que la
décision était entachée d’un excès de pouvoir. C’est rare mais si c’est le cas le tiers de bonne
foi peut conserver ses droits. Cependant, ce ne sera jamais le cas si le contrat a été conclu avec
un membre de l’administration parce qu’il doit savoir de quoi il en retourne. Ex : un contrat est
conclu avec un membre de l’organe d’administration en violation des règles en matière de
conflit d’intérêt, la décision peut être annulée et le contrat qui s’en suit aussi. Si la société décide
de vendre un immeuble à l’administrateur (c’est un cas typique de conflit d’intérêt), une
procédure spécifique doit être respectée. Si cette dernière n’est pas respectée alors la décision
est nulle et elle va aussi conduire à la nullité du contrat qui a été conclu.
Donc, la nullité ne peut cependant pas être opposée aux tiers qui, sur la base de la décision, ont
acquis des droits à l’égard de la personne morale sans qu’ils aient eu ou dû avoir connaissance
du vice dont la décision était entachée (art. 2:48). En d’autres termes, la nullité n’affecte pas les
droits acquis par des tiers de bonne foi à l’égard de la personne morale, par exemple les contrats
conclus sur la base d’une décision de l’organe d’administration qui a été annulée. Le demandeur
conserve néanmoins son droit à demander des dommages-intérêts.
Par exception à cette règle, la nullité peut toujours être opposée aux membres des organes
d’administration qui, en cette qualité, auraient acquis des droits à l’égard de la personne morale
sur la base de la décision annulée (art. 2:48). L’Exposé des motifs cite les décisions relatives à
leur nomination, décharge ou rémunération.
9. Prescription
C’est une action qui doit être intentée rapidement, 6 mois à partir du moment où le demandeur
avait connaissance ou devait avoir connaissance de la décision. Pourquoi rapidement ? Parce
que c’est une question de sécurité juridique. (art. 2 :143, §4)
Il se pose parfois un problème dans la mesure où c’est très bien d’annuler une décision mais
que se passe-t-il dans le cas d’un abus de minorité lorsque le minoritaire refuse de voter en
faveur d’une décision ? Ici on n’est plus dans le cas où une décision positive est prise et doit
être annulée, mais c’est le cas où une décision négative est prise. Ex : la société va mal et le
point à l’ordre du jour est l’augmentation du capital, qui requiert à l’assemblée générale une
majorité des ¾ (donc quorum de la moitié et majorité des ¾). Alors si des actionnaires sont
absent à la première assemblée, ce n’est pas trop gênant du point de vue du quorum parce que
dans ce cas-là l’organe d’administration convoque une deuxième assemblée générale qui peut
se prononcer sur le même ordre du jour sans quorum de présence, toujours à la majorité de 75%.
Et donc si les actionnaires minoritaires ont par exemple 30% des actions et refusent de voter en
faveur de l’augmentation de capital c’est embêtant parce que même si tout le monde est présent
à l’assemblée générale, elle ne pourra pas voter en faveur de l’augmentation de capital qui est
pourtant en faveur de la société. Donc Emme si on annule la décision en faveur de
l’augmentation de capital, il n’y a toujours pas de décision positive en faveur de cette
augmentation de capital. Heureusement le CSA prévoit désormais que le juge peut substituer
sa décision aux votes des actionnaires minoritaires. C’est-à-dire qu’avec une décision favorable
du juge, une société va pouvoir procéder à l’augmentation de capital. C’est un type de réparation
en nature. Donc pour les abus de minorité, quelle est la meilleure réparation en nature ? Faire
en sorte que cet abus n’a jamais été commis, c’est-à-dire pouvoir prendre la décision.
Avec l’action en nullité, les actionnaires minoritaires n’ont toujours pas de réparation
financière. C’est l’objectif d’une action contre les actionnaires. Cette action peut être intentée
indépendamment ou en complément d’une autre action. Bien souvent cette action contre les
actionnaires va être parallèle à une action en nullité. Parfois l’action en nullité de la décision
donne satisfaction aux actionnaires minoritaires. En ce sens si une décision d’un abus de
minorité a été prise et qu’un contrat a été conclu dans la foulé, si l’actionnaire minoritaire
obtient la nullité à la fois de la décision et du contrat. Dans ce cas généralement il a obtenu ce
qu’il voulait. Toutefois, des fois cela ne suffit pas et il va alors intenter une action en
responsabilité contre les actionnaires en invoquant un abus de majorité par exemple.
QUIZZ :
3) Si une SA envoie tardivement les convocations à une assemblée générale (par exemple
un jour après l’expiration du délai légal) :
o Les décisions prises par l’assemblée générale sont nulles de plein droit
o Tout actionnaire ayant un intérêt peut saisir le tribunal qui devra prononcer la
nullité de la décision
Réponse : Tout actionnaire ayant un intérêt peut saisir le tribunal mais le tribunal
prononcera la nullité de la décision qu’en cas de fraude ou si l’irrégularité a pu
avoir une incidence sur la décision prise, ce qu’il appréciera
1. Principe
Une action en responsabilité contre les actionnaires peut être intentée indépendamment ou en
complément d’une autre action. Ainsi,
1. Principe
Dans toutes les personnes morales visées par le CSA, les membres de l’organe d’administration
et les délégués à la gestion journalière engagent leur responsabilité envers la personne morale
pour les fautes qu’ils commettent dans l’accomplissement de leur mission. Cette responsabilité
est de nature contractuelle.
Parmi toutes les mesures, l’action en responsabilité contre les administrateurs est la plus
fréquente. Mais il ne faut pas exagérer non plus, à savoir qu’il y a peu d’action en responsabilité
des administrateurs qui sont intentées en Belgique.
Imagions une société qui a racheté une chaine de restaurant, cette société se trouve dans
une situation financière désastreuse à cause des mesures prises pour lutter contre le
covid-19. Bien sûr qu’à posteriori on se dit que la décision est mauvaise mais au
moment où elle a été prise la décision était bonne, il y avait des plans d’affaires qui
montraient que ces restaurants marchaient très bien, etc on ne va pas pouvoir apprécier
a posteriori.
2. Champ d’application
Ce régime s’applique à toutes les personnes morales visées par le CSA et concerne les membres
de l’organe d’administration et les délégués à la gestion journalière mais également les
administrateurs de fait, définis comme ceux qui ont effectivement détenu le pouvoir de gérer la
personne morale (art. 2:56).
Ils engagent leur responsabilité solidaire lorsque l’organe d’administration forme un collège et,
même s’il ne forme pas un collège, en cas d’infractions aux dispositions du CSA ou aux statuts
de la personne morale. Dans une SA, l’organe d’administration est toujours collégial donc
responsabilité solidaire d’office. Par contre dans la SRL il y a des administrateurs concurrents
donc pas de collège car chaque administrateur est lui-même un organe individuel à lui tout seul.
Comme exemples de violation du CSA ou des statuts susceptible d’entraîner leur responsabilité
envers la personne morale, on peut citer : le dépassement de l’objet, la violation des règles
légales en matière de conflits d’intérêts (infra), le défaut de publication de la démission ou de
la révocation d’administrateurs, le défaut de convoquer l’assemblée générale dans les cas
prévus par la loi, le défaut de tenir une comptabilité régulière, etc. La responsabilité est
également solidaire ici.
4. Décharge
Après l'approbation des comptes annuels, l'assemblée générale doit se prononcer par un vote
spécial sur la décharge des administrateurs ou des membres du conseil de surveillance. En
accordant la décharge, l’assemblée générale reconnaît que les administrateurs ou les membres
du conseil de surveillance se sont bien acquittés de leur mission pendant l’exercice qui fait
l’objet des comptes annuels. L’octroi de la décharge requiert un vote spécial, distinct de
l’approbation des comptes annuels.
La décharge fait en principe obstacle à l’exercice d’une action en responsabilité à leur encontre
(voir cependant infra pour l’action minoritaire). Parce que si un administrateur a commis une
faute, un détournement de biens sociaux et a puisé dans les caisses de la société, la victime est
la société. C’est donc la société même qui peut agir contre les administrateurs fautifs.
L’assemblée générale va décider d’intenter une action à l’encontre des anciens administrateurs.
La décharge n'est valable que lorsque les comptes annuels ne contiennent ni omission, ni
indication fausse dissimulant la situation réelle de la société et, si des opérations ont été
accomplies en violation des statuts ou du CSA, que lorsqu'elles ont été spécialement indiquées
dans la convocation à l’assemblée générale (CSA, art. 5:98, 6 :83 et 7:149).
Dans les SA qui ont opté pour un système dual, le conseil de surveillance se prononce sur la
décharge des membres du conseil de direction (art. 7:109, § 3).
5. Exonération
Avant il fallait dénoncer la faute à l’assemblée générale ce qui semble plus logique et plus
efficace. Cependant, en Belgique on n’aime pas trop tout ce qui est délation c’est pour cela que
le législateur a modifié cette règle et que la faute doit à présent être dénoncée à l’organe
d’administration. Pour la première condition il faut également que l’administrateur n’ait
commis aucune faute. S’il était juste absent cela ne suffit pas pour dire qu’il n’a commis aucune
faute car l’administrateur c’est son job de prendre part au conseil d’administration, il doit être
présent mais même pas forcement physiquement et il peut même donner une procuration à son
collègue en lui disant qu’il est contre cette décision et qu’il vote contre. Il peut cependant arriver
qu’il soit absent pour de justes motifs, à ce moment-là ça ne sera pas fautif de ne pas avoir
participé à la réunion.
ne comporte pas expressément une telle règle pour les SNC et les SComm, elle devrait
également s’appliquer à ces sociétés).
Ce principe se justifie de plusieurs manières : c’est à l’assemblée générale, et non aux associés
ou actionnaires individuels (qui ne constituent pas un organe de la société), d’apprécier si les
administrateurs ont commis une faute ; c’est la société qui souffre le dommage causé par les
administrateurs (diminution de l’actif ou augmentation du passif), le dommage subi par les
actionnaires l’étant par répercussion ; si les associés ou actionnaires pouvaient poursuivre
individuellement les administrateurs, ils pourraient se faire indemniser deux fois (une fois via
la société et une deuxième fois directement) ; ils recevraient cette indemnisation au préjudice
de tous les autres associés ou actionnaires.
Ce n’est que dans l’hypothèse dans laquelle ils auraient subi un préjudice personnel distinct du
préjudice subi de la même manière par tous (résultant de l’atteinte portée au patrimoine ou à la
réputation de la personne morale) que les associés ou actionnaires peuvent mettre en cause la
responsabilité des administrateurs.
Toutefois, dans les SRL, SC et SA, les actionnaires minoritaires peuvent, à certaines conditions,
intenter une action contre les administrateurs pour le compte de la société.
Dans les SRL et SC, ils doivent avoir des titres auxquels sont attachés au moins 10% des droits
de vote (art. 5:104 et 6:89) ; dans les SA, ils doivent avoir des titres auxquels est attaché au
moins 1% des droits de vote ou des titres représentant une fraction du capital égale à 1.250.000
EUR (art. 7:157).
Seuls ceux qui n’ont pas voté la décharge et ceux qui ont voté une décharge qui n’est pas valable
peuvent intenter l’action minoritaire.
Si la demande est rejetée, les demandeurs peuvent être condamnés personnellement aux dépens
et, s’il y a lieu, à des dommages-intérêts envers les défendeurs.
Si la demande est accueillie, les sommes dont les demandeurs ont fait l’avance, et qui ne sont
pas comprises dans les dépens mis à charge des défendeurs, doivent être remboursées par la
société.
1. Principe
Imaginons qu’on ait un accident qui cause un préjudice matériel a un tiers, l’auteur de la faute
est la société donc pourquoi invoquer une responsabilité personnelle des administrateurs alors
qu’ils ne font qu’agir pour la société. Pourtant la jurisprudence est dans le sens que les
administrateurs peuvent engager leur responsabilité extracontractuelle envers les tiers même
s’ils ont agi purement en leur fonction d’administrateur. Donc ils ne vont jamais engager leur
responsabilité contractuelle envers les tiers. Si une société conclu un contrat c’est la société qui
est parti au contrat et ce n’est pas les administrateurs qui sont parti au contrat. Mais c’est
différent pour la responsabilité extracontractuelle, si la société commet une faute
extracontractuelle les administrateurs pourront également engager leur responsabilité
personnelle.
Ils engagent leur responsabilité solidaire lorsque l’organe d’administration forme un collège et,
même s’il ne forme pas un collège, en cas d’infractions aux dispositions du CSA ou aux statuts
de la personne morale, tout en pouvant se décharger de cette responsabilité en dénonçant
l’infraction (supra).
Comme exemples de fautes dans l’exercice de leurs fonctions susceptibles d’entraîner leur
responsabilité envers les tiers, on peut citer : une rupture abrupte des négociations avec un tiers
ainsi que la plupart des fautes qui constituent des infractions pénales (par exemple, abus de
biens sociaux).
Comme exemples de violation du CSA ou des statuts susceptibles d’entraîner leur
responsabilité envers les tiers, on peut citer : le dépassement de l’objet ; le défaut de convocation
de l’assemblée générale pour délibérer sur les mesures à prendre quand la société a subi de
lourdes pertes ; le fait de contracter des engagements au nom de la personne morale tout en
sachant qu’elle est devenue insolvable et ne pourra donc jamais faire face à ses obligations
(poursuite d’activités déficitaires) ; le défaut de faire aveu de la faillite, etc.
La faute commise par les administrateurs d’une personne morale entraîne la responsabilité
directe de celle-ci mais cette responsabilité n’exclut pas, en règle, la responsabilité personnelle
des administrateurs : elle coexiste avec celle-ci. Cette règle ne va pas de soi : en principe, la
théorie de l’organe devrait conduire à imputer les fautes des administrateurs commises dans les
limites de leurs fonctions à la personne morale ; retenir systématiquement la responsabilité
personnelle des administrateurs n’est ni logique ni juste, car la faute résulte souvent d’un «
risque d’entreprise » (par ex., rupture de négociations) ; autre chose est évidemment de retenir
la responsabilité des administrateurs lorsqu’ils sortent de leurs fonctions ou abusent de leurs
fonctions.
En vertu de la théorie du concours de responsabilités, lorsque deux personnes sont liées par un
contrat, le créancier ne peut mettre en cause la responsabilité extracontractuelle de son débiteur
que si la faute constitue également un manquement à une obligation générale s’imposant à tous
et si ce manquement a entraîné un dommage distinct de celui résultant de la simple inexécution
du contrat (sauf si la faute constitue une infraction pénale).
La théorie du concours de responsabilités connaît une application particulière pour les agents
d’exécution. L’agent d’exécution est celui qui a été chargé par le débiteur principal d’exécuter
tout ou partie des obligations découlant du contrat qu’il a conclu avec le créancier. La Cour de
cassation assimile les administrateurs à des agents d’exécution.
Un créancier ne peut pas agir contre les agents d’exécution de son débiteur sur une base
contractuelle. Le principe de la relativité des conventions s’oppose en effet à une telle action
puisque l’agent d’exécution n’est pas parti au contrat.
Exemple : une personne fait venir un réparateur et la réparation est mal effectuée mais la
personne en question n’agit pas dans les délais prévus par les conditions générales du réparateur
et donc ne parvient pas à engager sa responsabilité contractuelle. Elle pourrait essayer
d’engager sa responsabilité extracontractuelle. Mais la jurisprudence de la Cour de Cassation
est très stricte à cet égard, elle dit que :
Un créancier ne peut agir contre les agents d’exécution de son débiteur sur une base
extracontractuelle que si la faute qui lui est imputée constitue la violation, non de l’obligation
contractuelle, mais de l’obligation générale de prudence qui s’impose à tous et si cette faute a
causé un dommage distinct de celui résultant de la simple inexécution du contrat.
Il en résulte une quasi-immunité des agents d’exécution vis-à-vis des cocontractants du débiteur
principal, et notamment des administrateurs vis-à-vis des cocontractants de la société.
Cette théorie ne trouve cependant pas à s’appliquer lorsque la faute constitue une infraction
pénale.
Exemple : on a toujours cette société qui achète les actions d’une autre société sans faire de due
diligence c’est une faute des administrateurs envers la société mais est-ce que les tiers peuvent
invoquer cette faute contractuelle des administrateurs ? Oui, si cette faute n’est pas une faute
qu’aurait commis tout administrateurs prudent et diligent.
Un autre cas fréquent où la responsabilité peut être invoquée, c’est lors de la rupture des
négociations. Le tiers mécontent va essayer d’engager la responsabilité de la société voir même
des administrateurs en disant qu’ils ont commis une faute en rompant les négociations.
20
Cass., 20 juin 1997, Pas., 1997, I, p. 709 ; Cass., 25 octobre 2012, Pas., 2012, p. 2039.
infraction pénale ou s’il a commis une faute professionnelle que n’aurait pas commise un bon
père de famille.
La coexistence de ces deux formes de responsabilités ne requiert pas que le dommage subi par
le tiers soit étranger à l’exécution du contrat.
Ces principes s’appliquent aussi aux fautes commises par les agents d’exécution et notamment
par les membres des organes d’administration et les délégués à la gestion journalière : les tiers
peuvent mettre en cause leur responsabilité sur la base de manquements par ces administrateurs
à leurs obligations envers la société (par exemple, ne pas avoir accompli les démarches
nécessaires pour permettre à la société d’obtenir les subsides auxquels elle a droit). Dans ce
cas, les administrateurs ne bénéficient donc pas vis-à-vis des tiers d’une quasi-immunité.
En cas de faillite d’une entreprise et d’insuffisance de l’actif et s’il est établi qu’une faute grave
et caractérisée dans leur chef a contribué à la faillite, tout membre de l’organe d’administration
et délégué à la gestion journalière, actuel ou ancien, ainsi que toute autre personne qui a
effectivement détenu le pouvoir de gérer l’entreprise, peut être déclaré personnellement obligé,
avec ou sans solidarité, de tout ou partie des dettes sociales à concurrence de l’insuffisance
d’actif (CDE, art. XX.225, § 1er). La fraude fiscale peut être considérée comme une faute grave
et caractérisée.
Cette disposition n’est pas applicable lorsque l’entreprise en faillite a réalisé au cours des trois
exercices qui précèdent la faillite ou au cours de tous les exercices si l’entreprise a été constituée
depuis moins de trois ans, un chiffre d’affaires moyen inférieur à 620.000 EUR hors taxe sur la
valeur ajoutée et lorsque le total du bilan du dernier exercice n’a pas dépassé 370.000 EUR (art.
XX.225, § 2). Il s’agit pour l’essentiel des microsociétés, des micro-associations et des micro-
fondations.
Cette action peut être introduite tant par le curateur que, en cas d’inaction du curateur, par tout
créancier lésé (art. XX.225, § 3).
Cette disposition n’est pas applicable lorsqu’il s’agit d’une ASBL, AISBL ou fondation qui
tient une comptabilité simplifiée (art. XX.227, § 5).
En outre, et c’est de prime abord plus surprenant, les administrateurs ou membres du conseil
de surveillance, de même que les membres de l’organe d’administration de l’administrateur
unique, sont personnellement et solidairement responsables du préjudice subi par la société ou
les tiers à la suite de décisions prises ou d’opérations accomplies conformément aux règles en
matière de conflit d’intérêts si la décision ou l’opération a procuré à un ou plusieurs d’entre
eux un avantage financier abusif au détriment de la société (CSA, art. 5:78, 6:66 et 7:122, al. 1
et al. 3). En ce qui concerne les membres du conseil de direction, ils engagent leur responsabilité
uniquement s’ils omettent de renvoyer une décision ou une opération au conseil de surveillance
dans les cas imposés par la loi.
En réalité, cette solution est également conforme au droit commun : le simple fait de prendre
une décision ou d’accomplir une opération qui procure un avantage financier abusif à un tiers
au détriment de la société constitue en effet une faute de gestion.
1. Principe
Pour lutter contre la fraude fiscale et en matière de sécurité sociale, la loi rend dans certains cas
les dirigeants responsables des dettes fiscales ou sociales de la personne morale :
1. Principes
Le CSA instaure des plafonds au-delà desquels, sauf exception, les membres de l’organe
d’administration et les délégués à la gestion journalière de toute personne morale réglementée
par le CSA n’engagent pas leur responsabilité (art. 2:57).
L’article 2:58 exclut toute limitation de responsabilité contractuelle ou statutaire qui irait au-
delà. Il interdit également les clauses d’exonération de responsabilité et de garantie vis-à-vis
des tiers contractés par avance par une personne morale au profit des membres de l’organe
d’administration et des délégués à la gestion journalière.
Pourquoi ces plafonds ? Le législateur était très attaché à cette réforme car l’un des objectifs de
la réforme est d’améliorer la position concurrentielle de la Belgique pour attirer les sociétés par
rapport aux pays voisins. Et d’après le législateur les pays voisins sont beaucoup moins sévères
que la Belgique en matière de responsabilité des administrateurs et donc pour attirer les
administrateurs et les sociétés en Belgique il fallait limiter la responsabilité des administrateurs.
La deuxième raison est qu’il y aurait une guerre des talents, les administrateurs compétents
iraient plutôt dans les pays où ils n’engagent pas trop leur responsabilité. La troisième raison
est que c’est injuste. Un administrateur est un haut dirigeant d’une société et il y a d’autres
hauts dirigeants de la société qui ne sont pas administrateurs. Or, une série de hauts dirigeants
est engagé sous les termes d’un contrat de travail et on sait qu’un travailleur n’engage jamais
sa responsabilité pour les fautes qu’il commet sauf pour les fautes lourdes, les fautes légères
qui présentent un caractère habituel et la faute commise avec l’intention de la commettre. Et le
législateur a jugé cela discriminatoire pour les administrateurs d’avoir une responsabilité sans
plafond et pour les autres hauts dirigeants (comme le directeur financier qui fait un travail assez
semblable) d’avoir une responsabilité qui est limité. Dès lors le législateur a instauré ces
plafonds.
2. Ratio legis
L’exposé des motifs de la loi du 23 mars 2019 justifie ce système par plusieurs considérations
:
3. Caractère impératif
L’article 2:57 du CSA est impératif en ce sens que, d’après ses termes, est interdite toute
limitation qui irait au-delà, qu’elle soit statutaire ou conventionnelle.
4. Champ d’application
- ils s’appliquent à la responsabilité pour les dommages causés par n’importe quel type
de faute ;
Les plafonds de responsabilité se situent entre 125.000 EUR et 12 millions EUR, en fonction
du chiffre d’affaires et du total du bilan de la personne morale :
1. 25.000 EUR, dans des personnes morales qui ont réalisé pendant les trois exercices
précédant l’intentement de l’action en responsabilité un chiffre d’affaires moyen sur
base annuelle inférieur à 350.000 EUR, hors taxe sur la valeur ajoutée, et dont le total
du bilan moyen au cours de la même période n’a pas dépassé 175.000 EUR ;
2. 250.000 EUR, dans les personnes morales qui ont réalisé pendant les trois exercices
précédant l’intentement de l’action en responsabilité un chiffre d’affaires moyen
inférieur à 700.000 EUR hors TVA et dont le total du bilan moyen au cours de la même
période n’a pas dépassé 350.000 EUR ;
3. 1 million EUR, dans les personnes morales qui, pendant les trois exercices précédant
l’intentement de l’action en responsabilité, n’ont pas dépassé plus d’une des limites
suivantes :
chiffre d’affaires moyen hors TVA, sur base annuelle : 9 millions EUR ;
4. 3 millions EUR, dans les personnes morales qui, pendant les trois exercices précédant
l’intentement de l’action en responsabilité, ont dépassé ces limites mais n’ont atteint ou
dépassé aucune des limites mentionnées au 4°;
5. 12 millions EUR, dans les entités d’intérêt public et les personnes morales qui, pendant
les trois exercices précédant l’intentement de l’action en responsabilité, ont atteint ou
dépassé au moins une des limites suivantes :
chiffre d’affaires moyen hors TVA, sur base annuelle, de 50 millions EUR.
Ces montants sont indexés. Ils s’appliquent par fait générateur, ce qui implique qu’ils ne sont
pas multipliés en cas de pluralité de demandeurs ou d’administrateurs en faute.
On constate que ces plafonds ne correspondent pas exactement aux seuils utilisés en matière
comptable par exemple.
6. Exceptions
L’article 2:57, § 3 du CSA prévoit une série d’exceptions qui limitent très fort la portée de
l’article 2:57. Ces plafonds ne s’appliquent pas :
Il arrivait que, pour attirer des administrateurs de talent, de sociétés s’engagent à leur égard à
ne pas exercer d’action à leur encontre en cas de faute de leur part et/ou à les garantir en cas
d’action de tiers à leur encontre (de telles clauses excluaient généralement la faute lourde et
bien sûr la faute intentionnelle).
L’article 2:58 n’empêche pas qu’une personne morale, après la commission d’une faute par un
administrateur, renonce à agir contre cet administrateur ou prenne à sa charge les dommages-
intérêts auxquels il serait condamné mais on n’aperçoit pas très bien l’intérêt de la personne
morale d’agir ainsi ; une telle décision peut s’avérer contraire à l’intérêt social.
F. Responsabilité pénale
1. Principe
Exemple : mettre en vente sur le marché des produits nocifs pour les personnes, ils pourraient
donc engager leur responsabilité pénale.
Ils peuvent engager leur responsabilité pénale en raison d’infractions qu’ils commettent eux-
mêmes (défaut de soumettre les comptes annuels à l’assemblée générale ou de les déposer à la
BNB dans les délais requis ; distribution de dividendes fictifs ; faux dans les comptes ; violation
des règles en matière de distribution des dividendes ; etc.) ou d’infractions commises par la
personne morale qui leur sont également imputables
A. Généralités
1. Notion
Le livre 2, titre 7, du CSA, organise les actions en exclusion et en retrait. Ces actions sont des
alternatives à la dissolution judiciaire pour justes motifs (infra).
2. Champ d’application
Ces actions ne sont possibles que dans les SRL et les SA, à l’exception des sociétés cotées
(CSA, art. 2:60). On n’aperçoit pas la raison pour laquelle le CSA ne les permet pas dans les
SC.
3. Tribunal compétent
Ces actions doivent être introduites devant le président du tribunal de l’entreprise du siège de
la société, siégeant comme en référé.
La société doit être citée à comparaître en tant que partie et doit avertir à son tour les autres
actionnaires (art. 2:62).
B. Exclusion
1. Conditions
Un ou plusieurs actionnaires d’une SRL ou d’une SA détenant ensemble des titres représentant
30 % des voix attachées à l’ensemble des titres existants, ou des actions dont la valeur nominale
ou le pair comptable représente 30 % du capital de la société (SA) ou des titres auxquels 30 %
des droits aux bénéfices sont attachés, peuvent demander en justice, pour de justes motifs, qu’un
actionnaire transfère ses titres aux demandeurs (art. 2:63).
Deux conditions sont donc requises :
- Le ou les demandeurs doivent posséder 30 % des titres déterminés comme indiqué ci-
avant. Le CSA ne dit rien quant au pourcentage de titres détenus par le défendeur. Cette
action pourrait donc avoir pour effet l’exclusion de l’actionnaire majoritaire par un
actionnaire minoritaire.
- Le ou les demandeurs doivent invoquer des justes motifs. La notion de justes motifs est
identique pour l’action en exclusion et pour l’action en dissolution pour justes motifs
(infra). Il y a justes motifs, non seulement lorsqu’un actionnaire ou un associé manque
gravement à ses obligations ou lorsque son infirmité le met dans l’impossibilité
d’exécuter celles-ci, mais encore dans tous les autres cas qui rendent impossible la
poursuite normale des affaires sociales, telle la mésintelligence grave et durable des
actionnaires ou des associés (art. 2:73). Le motif d’exclusion ne doit donc pas
nécessairement consister en un comportement fautif ou illégal imputable à l’un des
associés21. Les justes motifs doivent être imputables à l’associé qu’on veut exclure.
Généralement ces justes motifs seront des abus de majorité systématique. Ceci dit, il est
très rare que ce soit un minoritaire qui intente une action en exclusion contre le
majoritaire parce que cette action est une action qui va tendre au transfert, à la cession,
à la vente des titres de l’associé exclu à l’associé qui demande son exclusion et donc
généralement ça sera les actionnaires qui ont peu de titres qui seront les victimes de
cette action en exclusion.
21 Cass., 9 septembre 2019, T.R.V., 2020, p. 75, note F. PARREIN, « Wederzijdse vorderingen
tot uitsluiting: wie biedts de meeste garanties voor het voortbestaan van de vennootschap?
».
- l’exclusion au sens de l’article 5:155 n’est possible que dans les SRL, tandis que l’article
2:63 s’applique aux SRL et SA ;
- l’exclusion au sens de l’article 5:155 peut avoir lieu pour tout motif précisé par les
statuts tandis l’article 2:63 suppose de justes motifs ;
- le prix des actions est fixé conformément aux statuts dans un cas et par le juge dans
l’autre (voir cependant infra) ;
- le paiement du prix est soumis au double test d’actif net et de solvabilité en cas
d’exclusion au sens de l’article 5:155, tandis que ces tests ne trouvent pas à s’appliquer
en cas d’exclusion au sens de l’article 2:63, dès lors que ce n’est pas la société qui paie
le prix des actions.
3. Inaliénabilité
Pour éviter que le défendeur ne prive l’action de tout intérêt en aliénant ses titres, le CSA lui
interdit d’aliéner ses titres ou de les grever de droits réels pendant toute la durée de la procédure,
sauf avec l’accord du juge ou des parties à la cause (art. 2:65).
Le juge condamne le défendeur à transférer ses titres aux demandeurs, et les demandeurs à
accepter les titres contre paiement du prix qu’il fixe.
Lorsqu’il fixe le prix de reprise, le juge est tenu par les dispositions contractuelles ou statutaires
relatives à la fixation de la valeur des titres, pour autant que ces dispositions se rapportent
spécifiquement à l’hypothèse d’une exclusion judiciaire et que ces conventions ne donnent pas
lieu à un prix manifestement déraisonnable. En tous les cas, le juge peut se substituer à toute
partie ou à tout tiers désigné par les statuts ou les conventions pour fixer le prix.
Sous l’empire du Code des sociétés, la jurisprudence était divisée quant à la date de référence
pour la fixation du prix et l’influence éventuelle de l’attitude des parties sur la valeur des titres.
Cette jurisprudence a été critiquée par la doctrine car, singulièrement en cas de retrait,
l’actionnaire retrayant transfère ses actions à l’actionnaire à l’origine des justes motifs à un prix
impacté par ces justes motifs. Elle obligeait dès lors le demandeur à exercer d’autres actions
pour obtenir la réparation intégrale de son dommage.
Dans des arrêts ultérieurs, la Cour de cassation a décidé que le juge doit faire abstraction des
circonstances qui ont conduit à l’action et de l’attitude des parties à la suite de cette action ;
cela implique que si le juge constate que ces circonstances ont eu une incidence sur la valeur
des parts telle qu’elle est déterminée à la date du transfert, il doit neutraliser cette incidence,
quitte à fixer la date de référence à un autre moment que la date de transfert.
Le CSA tranche la controverse en posant le principe que le juge estime la valeur des titres au
moment où il ordonne leur transfert, sauf si cela conduit à un résultat manifestement
déraisonnable. Dans ce cas, il peut, en tenant compte de toutes les circonstances pertinentes,
décider d’une augmentation ou d’une réduction équitable du prix.
Le transfert a lieu, le cas échéant, après l’exercice des droits éventuels de préemption
mentionnés dans le jugement, proportionnellement à la détention de titres de chacun, à moins
qu’il en soit convenu autrement (art. 2:67).
C. Action en retrait
1. Conditions
Tout actionnaire peut, pour de justes motifs, demander en justice que les actionnaires à l’origine
de ces justes motifs reprennent tous ses titres (CSA, art. 2:68).
La seule condition est donc l’existence de justes motifs dont les défendeurs sont à l’origine.
L’article 2:68 ne fixe aucune condition quant au pourcentage de titres détenus par les
demandeurs ou les défendeurs.
Cette action est en général intentée par un actionnaire minoritaire contre les actionnaires
majoritaires. L’hypothèse inverse est possible mais elle est assez théorique.
L’exemple type c’est l’actionnaire minoritaire qui se plaint d’abus de majorité et qui demande
au tribunal que l’actionnaire majoritaire lui reprenne ses titres.
Le retrait au sens de l’article 2:68 du CSA se distingue de la démission au sens de l’article 5:154
:
- la démission n’est possible que dans les SRL, tandis que le retrait est prévu dans les
SRL et les SA ;
- la démission peut être totale ou partielle tandis que le retrait porte nécessairement sur
tous les titres de l’actionnaire ;
- la démission est à charge de la société tandis que le retrait est à charge des actionnaires
à l’origine des justes motifs ;
- la démission n’est pas subordonnée à des motifs particuliers tandis que le retrait suppose
de justes motifs ;
- la démission est un acte juridique unilatéral tandis que le retrait suppose une action en
justice ;
- le prix des actions est fixé conformément aux statuts en cas de démission et par le juge
en cas de retrait (voir cependant infra) ;
- le paiement du prix est soumis au double test d’actif net et de solvabilité en cas de
démission, tandis que ces tests ne trouvent pas à s’appliquer en cas de retrait dès lors
que ce n’est pas la société qui paie le prix des actions.
3. Absence de l’inaliénabilité
A l’inverse de ce qu’il prévoit pour l’exclusion, le CSA n’interdit pas aux défendeurs d’aliéner
leurs titres pendant la procédure. En effet, cela ne les empêcherait pas d’acheter les titres du
demandeur (art. 2:69).
Le juge condamne le défendeur à accepter les titres et le demandeur à transférer les titres au
défendeur contre paiement du prix qu’il fixe, selon les règles exposées supra à propos de
l’action en exclusion.
1. Notion
Il s’agit généralement d’aménager une situation d’attente afin de permettre aux parties de
trouver une solution.
La désignation d’un administrateur provisoire est une mesure d’immixtion du juge dans la
gestion de la société que seules des circonstances exceptionnelles peuvent justifier.
Les circonstances qui peuvent justifier la désignation d’un administrateur provisoire sont les
suivantes :
- etc.
3. Publicité
4. Avantages et inconvénient
Le Code de droit économique prévoit la possibilité pour les intéressés (et donc notamment les
actionnaires, les créanciers et les travailleurs d’une société) de demander au président du
tribunal de l’entreprise la désignation d’un mandataire de justice ou d’un administrateur
provisoire pour gérer toute entreprise insolvable dans certaines circonstances :
- Lorsqu'il existe des indices graves, précis et concordants que les conditions de la faillite
sont réunies, le président du tribunal peut dessaisir en tout ou en partie l'entreprise de la
gestion de tout ou partie de ses actifs ou de ses activités et désigner un ou plusieurs
administrateurs provisoires. L'ordonnance de dessaisissement ne conserve d'effet que
dans la mesure où, dans les 21 jours de son prononcé, une demande en faillite, une
demande en dissolution judiciaire ou une demande en réorganisation judiciaire a été
introduite par une partie intéressée en ce compris l'administrateur provisoire désigné
d'office. La décision cesse de plein droit de produire des effets si la faillite, le sursis ou
la dissolution n'est pas prononcé dans les quatre mois de l'introduction de la demande
(art. XX.32).
Le but est ici non pas de sauvegarder les intérêts de la société mais de protéger son actif dans
l’intérêt des créanciers et des travailleurs.
1. Renvoi
Des associés ou actionnaires mécontents peuvent demander la nullité de leur engagement et/ou
de la société selon les règles examinées supra.
1. Généralités
On verra dans le chapitre consacré à la dissolution et à la liquidation que le CSA prévoit les
causes de dissolution volontaires, de plein droit et judiciaires.
L’action en dissolution pour justes motifs est le « remède ultime » pour résoudre un conflit si
le règlement des litiges prévu aux articles 2:60 à 2:69 du CSA n’apporte pas de solution.
Il y a justes motifs, non seulement lorsqu’un actionnaire ou un associé manque gravement à ses
obligations ou lorsque son infirmité le met dans l’impossibilité d’exécuter celles-ci, mais encore
dans tous les autres cas qui rendent impossible la poursuite normale des affaires sociales, telle
la mésintelligence grave et durable des actionnaires ou des associés (art. 2:73).
Seuls les associés et actionnaires peuvent intenter cette action, à l’exclusion de tiers même
intéressés (comme les travailleurs) et du ministère public.
On ne peut pas avoir de justes motifs qui ne soient pas fautifs du tout. Exemple : plusieurs
personnes ont constitué une start-up pour développer des jeux informatiques. Pour cela on a
besoin d’une personne qui a des idées et des connaissances, il va donc y avoir un apport en
industrie. Imaginons que la personne qui apporte cet apport en industrie soit malade pendant un
long délai, ses droits vont être suspendus. Notre petit génie ne se rétablie pas alors que le temps
passe, l’investisseur aimerait bien récupérer son argent car il se rend compte que la société ne
pourra jamais se développer dans cette situation. L’incapacité du petit génie sera alors un juste
motif pour la dissolution. S’il n’y a pas d’autres solutions possibles, l’investisseur pourra
demander la dissolution pour juste motif. Mais ça reste une solution extrême, c’est la dernière
solution possible et envisageable et donc les tribunaux sont très réticents pour prononcer la
dissolution. Généralement on va d’abord essayer d’autres solutions comme l’action en retrait
ou l’action en exclusion. S’ils ne sont que deux dans la société l’action en dissolution revient à
une action en dissolution ou en retrait.
QUIZZ 1
▪ Individuelle
▪ Solidaire
▪ In solidum
La bonne réponse est solidaire car ce sont les membres d’un organe collégial.
2. Si les administrateurs d’une SA commettent une faute, leur responsabilité est plafonnée à
un montant déterminé :
▪ Vrai
▪ Faux
▪ Uniquement si une clause des statuts le prévoit
▪ Cela dépend de la nature de la faute
La bonne réponse est cela dépend de la nature de la faute car il y a des exceptions
notamment en cas de faute grave.
La bonne réponse n’est aucune de ces réponses n’est correcte car si certains dénoncent ils
sont exonérés, si responsabilité il y a elle sera toujours solidaire et pour ce qui est de
l’absence si cette absence même est une faute ils pourront également engager leur
responsabilité.
▪ Vrai
▪ Faux
▪ Vrai, sauf si l’administrateur-société a la forme d’une société à
responsabilité limitée
La bonne réponse est « vrai » car la personne physique désignée comme représentant par
l’administrateur-société engage sa responsabilité de la même manière que l’administrateur-
société
▪ Vrai
▪ En principe faux en vertu de la théorie du cumul de responsabilité
▪ En principe faux en vertu du principe du concours de responsabilité
La bonne réponse est « vrai » car les administrateurs engagent leur responsabilité
extracontractuelle pour les fautes qu’ils commettent, ces fautes ne sont pas absorbées par la
société.
QUIZZ 2
1. En cas de litige entre deux actionnaires d’une SA, laquelle/lesquelles de ces réponses sont
correctes :
- Seul l’actionnaire étranger aux justes motifs allégués peut intenter une action en
exclusion contre l’autre
- Seul l’actionnaire détenant une certaine quotité des titres peut intenter une action
en exclusion contre l’autre
Les bonnes réponses sont les deux dernières propositions car il faut bien 30% des titres pour
intenter l’action en exclusions. Les actions peuvent être croisées car il peut y avoir plusieurs
actionnaires qui détiennent au moins 30% et qui peuvent aussi décider d’intenter cette
action.
2. En cas de litige entre deux actionnaires d’une SA, laquelle/lesquelles de ces réponses sont
correctes ?
- Seul l’actionnaire étranger aux juste motifs allégés peut demander que l’autre
actionnaire lui reprenne ses actions
- Seul l’actionnaire détenant une certaine quotité des actions peut demander que
l’autre actionnaire lui reprenne ses actions.
La bonne réponse est la première proposition car c’est le tribunal qui va fixer le prix, il va
devoir respecter les statuts mais il devra veiller à une décision qui soit déraisonnable.
- Par le juge
- Seul l’actionnaire étranger aux justes motifs allégés peut demander la dissolution
de la société pour justes motifs
- Seul l’actionnaire détenant une certaine quotité des actions peut demander la
dissolution pour justes motifs
Avant d'entamer la matière des associations et des fondations, la prof souhaite répondre à une
question qui lui a été posée concernant le droit de retrait. On a vu la semaine dernière, parmi
les mécanismes de résolution des conflits entre associés, l'exclusion : donc dans certains cas,
l’actionnaire mécontent peut demander l'exclusion d'un autre associé ou d'un autre actionnaire.
Le droit de retrait est l'inverse, en ce sens que l'actionnaire qui est mécontent et qui a un conflit
avec un autre actionnaire souhaite que l'autre actionnaire rachète sa participation. Donc
l'exclusion, en tant que mécanisme de résolution des conflits, ressemble à l'exclusion d'un
actionnaire d'une SRL, si l'assemblée générale est mécontente de son comportement. Et l'action
en retrait ressemble à la démission d'un actionnaire d'une SRL qui ne souhaite plus rester.
La ressemblance tient au fait que dans l'un ou l’autre cas, il y a un associé un actionnaire qui
sort de la société, tantôt à la suite d'une exclusion tantôt, à la suite d'une démission ou d'un
retrait. Mais ce sont des mécanismes qui sont quand même fort distincts de l'exclusion ou de la
démission d'une SRL parce que quand on est exclus ou qu’on démissionne d'une SRL, l’associé
est exclue/démissionne ça entraîne l'annulation de ses actions et en principe un remboursement
par la société. Donc les fonds propres de la société vont diminuer. Par contre, lorsqu'on a affaire
à une exclusion ou à un retrait comme mécanisme de résolution des conflits la situation est
différente parce que c'est une opération qui s'effectue eux entre actionnaires, c'est-à-dire que ce
sont certains actionnaires qui vont acheter eux les actions des autres. Donc l'action en retrait va
avoir en quelque sorte pour l'actionnaire le même résultat qu'une démission. En ce sens qu’il va
ressortir de la société mais il va sortir de manière tout à fait différente : c'est-à-dire qu'il ne va
pas faire annuler ses parts et obtenir le remboursement par la société, mais il va faire racheter
ses parts par les actionnaires qui sont à l'origine des justes motifs. Donc, c'est un contrat forcé
et le juge va ordonner aux actionnaires à l'origine des justes motifs (si le juge estime qu’il y a
des justes motifs), le rachat des actionnaires qui ont initié cette action.
I. Introduction
1. Notion
Outre les dispositions de droit interne (loi du 24 mai 1921 garantissant la liberté d’association
et article 27 de la Constitution), la liberté d’association est garantie par la Convention
européenne des droits de l’homme (art. 11, § 1) et le Pacte international des droits civils et
politiques (art. 21 et 22, § 1).
Elle peut être définie comme le droit fondamental par lequel plusieurs personnes décident
ensemble de poursuivre un but collectif par la mise en commun de moyens, de connaissances
et d’activités de manière libre et sans autres entraves que celles qui sont rendues nécessaires
par la vie en commun dans une société démocratique.
Elle s’impose tant aux États qu’aux justiciables. Elle s’applique bien entendu tant aux
associations qu’aux sociétés mais les associations constituent son domaine de prédilection.
C’est donc un sujet qui aurait pu être parlé beaucoup plus tôt dans la mesure où la liberté
d'association fonde non seulement à la possibilité de constituer une association mais fonde
également la possibilité de constituer une société ou n'importe quel groupement de personnes.
Pourquoi alors on en parle seulement maintenant alors que les principes qui seront exposer
valent aussi bien pour les sociétés ? Parce que cette liberté d'association est plus invoquée et
pose plus de difficultés pour les associations que pour les sociétés. Pourquoi ? Parce qu'on vit
dans un monde capitaliste ou le fait de s'associer pour réaliser des bénéfices n'a jamais donné
lieu à beaucoup de difficultés. Par contre, s'associer pour promouvoir des idées a pu poser, dans
le passé et encore maintenant, beaucoup plus de difficulté. Ça peut être des idées
philosophiques, mais également des idées politiques qui peuvent faire que l'état a plus tendance
à essayer de juguler cette liberté. Par opposition au cas où des personnes s'associent simplement
pour réaliser des bénéfices, ce qui sera généralement encouragé par l'état parce que ça va
contribuer à son à son économie.
2. Restrictions
Il y a la liberté d'association et la liberté de réunion. Donc les entraves que nous subissons pour
l'instant, c'est plus à la liberté de réunion qu’à la liberté d’association. Donc, une restriction à
la liberté d'association suppose d'abord que la liberté d'association soit en cause. Ensuite, il faut
une restriction, c'est-à-dire une mesure qui va entraver la possibilité même de constituer une
association. Cette mesure ça peut être une interdiction pure et simple, par exemple on ne
pourrait pas constituer d'association dans le domaine de religieux, ou alors une mesure qui, sans
vraiment empêcher la constitution de l'association, la rend tellement onéreuse ou la rend
tellement compliquée qu’en fait, c’est impossible.
a) Conditions
Selon l’article 22 du Pacte international des droits civils et politiques et l’article 11, § 2, de la
CEDH, l’exercice du droit de libre association peut faire l’objet de restrictions dans les
conditions suivantes :
(1) La restriction doit être prévue par la loi : l’ingérence doit avoir une base en droit interne et
la loi doit répondre à des « standards de qualité ». Donc une mesure gouvernementale qui
sort du néant ne permettrait pas de fonder une restriction justifiée.
(2) La restriction doit viser un but légitime : elle doit être nécessaire dans l’intérêt de la sécurité
nationale, de la sûreté publique, de l’ordre public, ou pour protéger la santé ou la moralité
publique ou les droits et les libertés d’autrui (Pacte) ou poursuivre un but légitime
(Convention).
(3) La restriction doit être nécessaire (ce vocable n’a pas la souplesse des termes « utile » ou «
opportun ») dans une société démocratique, répondre à un besoin social impérieux et être
proportionnée au but légitime poursuivi.
b) Applications
Un autre exemple de restriction qui est admise, ce sont les milices privées (loi du 29 juillet 1934
interdisant les milices privées). Mais là aussi ça ne va pas de soi parce que certains pays les
encouragent. Mais en droit belge, on considère que c'est incompatible avec une société
démocratique que n'importe qui puisse prendre des armes pour défendre des causes quelles
qu’elles soient.
Le législateur considère l’objet même de ces associations comme contraire à l’ordre public et
ces interdictions sont nécessaires dans une société démocratique. Donc, il y a des restrictions
mais en droit belge comme les deux exemples précités mais, les cas d’interdiction pure et simple
sont rares.
§ Qui impose la constitution d’une ASBL pour l’exercice de certaines activités (comme
l’examen de certains appareils ou installations conformément au RGPT): elle n’impose pas
aux personnes de s’associer mais réglemente ces activités ;
§ Qui, pour l’exercice de certaines activités, exige un agrément : le législateur peut régler
l’exercice de ce droit en ce qui concerne les matières dans lesquelles son intervention est
nécessaire, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à la sûreté publique, à la
défense de l’ordre public et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la
morale, ou des droits de l’homme.
Le principe de la liberté d’association a deux faces : « La liberté d’association dans tous les
domaines est garantie. Nul ne peut être contraint de faire partie d’une association ou de ne pas
en faire partie » (loi du 24 mai 1921 garantissant la liberté d’association, art. 1).
1. Portée
La liberté positive d’association, c’est la liberté que vous avez vous et moi de constituer une
association dans n'importe quel domaine avec n'importe quel but. Pour autant évidemment
qu’on ne poursuive pas la réalisation ou la commission de crimes et de délits.
Alors, si nous souhaitons constituer une association qui est dotée de la personnalité juridique,
nous devrons respecter certaines formalités et ces formalités, on les a vu au début du cours
quand on a parlé des grands principes généraux des personnes morales.
Si nous voulons constituer une association dotée de la personnalité juridique, les formalités
consistent à rédiger l'acte constitutif, les statuts de cette ASBL et à déposer une série de
documents au greffe du tribunal de l’entreprise. Des documents qui seront ensuite publiés aux
annexes du moniteur belge.
Est-ce que ces formalités sont des restrictions à la liberté d'association ? Non. Ces formalités
ne sont pas des restrictions à la liberté d'association. On reste tout aussi libre de poursuivre la
fin qu'on souhaite. Seulement, si on veut avoir la personne juridique, on doit respecter certaines
formalités. De même, dans certaines matières, pour exercer certaines activités, il faut un
agrément. Par exemple, pour installer des ascenseurs ou pour réparer des ascenseurs il faut un
agrément et l'association qui aurait cela pour objet devrait obtenir cet agrément. Est-ce que c'est
une restriction à la liberté d'association ? Non, c'est l'activité elle-même, qu'elle soit d'ailleurs
exercée par n'importe, qui est soumise à certaines règles qui sont destinées à protéger le public.
On reprend l'exemple de la réparation d'ascenseurs, l'idée étant que n'importe quel petit
bricoleur du dimanche ne puisse pas s’instituer réparateur d'ascenseur, dans la mesure où les
accidents en la matière peuvent être extrêmement graves.
Un autre exemple, ce sont les ASBL qui s'occupent d'activités de secrétariat social (donc régler
les questions relatives au personnel de société) doivent aussi être agréées, parce qu’elles doivent
répondre à une série de critères de qualité. Mais là aussi le but, ce n’est pas de juguler la liberté
d'association mais de s'assurer que les droits des travailleurs, qui seront traités par ces
secrétariats sociaux, soient correctement fait.
Alors parfois, c’est l'association elle-même qui doit être agréé et il y a un cas : le CSA a abrogé
ce qui existait avant l'entrée en vigueur du CSA, c'était l’union professionnelle. L'Union
professionnelle était une espèce d'association qui était régie non pas par la loi de 1921 sur les
ASBL mais par une vieille loi de 1898 qui permettait à plusieurs personnes de constituer
ensemble une association qu'on appelait l'Union professionnelle destinée à défendre leurs
intérêts professionnels.
L'intérêt de l'Union professionnelle était la possibilité d'agir en justice pour défendre les intérêts
professionnels des membres Alors qu'en général, si vous constituez une association ayant la
personnalité juridique, cette association peut intenter une action en justice en cas d'atteintes à
elle-même, à son propre patrimoine, à son honneur ou à sa réputation ; mais, en principe elle
ne peut pas défendre les intérêts collectifs des membres. Et donc l'intérêt de l'Union
professionnelle sous l'empire de la loi de 1898, c'était de permettre une action en justice pour
défendre des intérêts professionnels des membres. Par exemple, une association de restaurateurs
eux peut agir pour défendre les intérêts professionnels de ses membres qui sont confrontés à
des mesures qui rendent l'exercice de leur activité extrêmement difficile.
Mais donc toutes ces mesures qui consistent soit à imposer des conditions pour l'acquisition de
la personnalité juridique, soit à imposer des conditions pour l'exercice d'une activité déterminée
ou pour faire jouir la liberté d'association de certains avantages exceptionnels particulier ne sont
pas des restrictions.
Le principe de la liberté d’association, dans son caractère positif, implique également le droit
d’adhérer à une association préexistante. Donc vous souhaitez ensemble de constituer une
association mais vous pouvez aussi adhérer à une association existante. La raison pour laquelle
on fait la distinction entre le fait d'adhérer à une association et le fait d'y être admis,
Exemple : Imaginez que vous êtes un groupe d'étudiants et vous décidez de constituer une association
pour lutter contre le réchauffement climatique. Et imaginez que Mathilde qui est également étudiante
trouve votre association chouette et souhaite en faire partie. Vous êtes absolument ravis de l'accueillir.
Elle a le droit à adhérer à cette association sans que le gouvernement puisse venir mettre son nez. Je
change un petit peu les données, imaginez que la prof ait envie de faire partie de cette association parce
qu’elle trouve que c'était une excellente idée de lutter contre le réchauffement climatique en promouvant
des initiatives locales et qu’elle voudrait donc bien adhérer à votre association. Mais là, vous êtes quand
même un petit peu plus hésitant parce que c'est une association entre étudiants, alors vous avez le droit
de la refuser.
En d’autres termes, à la liberté d'association ne donne pas le droit d'être admise dans n'importe
quelle association, il faut encore que l'association accepte et l'acceptation par l'association n'est
pas une restriction à la liberté d'association mais est un exercice de la liberté d'association par
les membres de l'association existante. Et en disant ça, on en arrive à la portée négative de la
liberté d'association.
1. Portée
Sous sa forme négative, le principe de liberté d’association signifie que nul ne peut être
contraint de s’associer. Cette forme négative n’est pas inscrite dans le texte de l’article 11 de la
CEDH. Toutefois, à plusieurs reprises, la Cour européenne des droits de l’homme a considéré
que cette disposition consacre implicitement la liberté négative de ne pas s’associer.
Conformément à cette jurisprudence, il est bien admis en droit belge que nul ne peut être
contraint de s’affilier à une association, par exemple un syndicat.
La loi du 24 mai 1921 garantissant la liberté d’association consacre le droit des membres de se
retirer d’une association (art. 2).
Autrement dit, chacun d'entre nous a non seulement le droit de refuser d'adhérer à une
association mais nous avons également le droit de refuser de constituer une association. On ne
peut pas vous forcer à constituer une association. Il y a une exception, mais on ne va pas en
parler parce qu'elle dépasse vraiment la matière du cours : ce sont les associations de
copropriétaires.
Exemple : Donc vous étudiant et vous décidez de constituer l'association pour lutter contre le
réchauffement climatique et Valentine n’a pas envie de faire partie de cette association pour des raisons
qui là regarde. Elle a le droit de refuser d'adhérer à l'association et vous ne pouvez pas là contraindre
à y adhérer. Ce serait une violation de sa liberté d'association.
La Cour européenne des droits de l’homme favorise une approche au cas par cas de cette
question, en faisant la balance des intérêts en cause : on peut subordonner l’octroi des avantages
fournis par une association à l’adhésion à cette association, sauf quand ils sont nécessaires pour
exercer une activité déterminée.
Mais en pratique, parfois certaines personnes essayent de contraindre d’autres à faire partie
d'une association. Dans le même ordre d’idées, on peut s’interroger sur la conformité au
principe de la liberté d’association des clauses contractuelles qui imposent à l’un des
cocontractants de s’affilier à une association déterminée et d’en rester membre.
Un exemple qui est assez fréquent : ce sont les bailleurs qui donnent en location toute une série
de surfaces parce que dans ce genre d'endroits, notamment dans les shopping Center, il y a
souvent une ASBL qui est composée par les différents commerçants qui exploitent une parcelle
commerciale. Cette association est destinée à faire l'animation du centre commercial. Tout ça
évidemment, c'est pour attirer pour attirer la foule, pour faire dépenser leur argent aux
consommateurs. Alors le problème, c'est que souvent dans les baux, on trouve des clauses par
lesquelles, le bailleur (donc celui qui est propriétaire du centre commercial) impose aux
locataires des cellules commerciales, de faire partie de cette association. L'idée derrière cette
imposition, c'est que l'animation profite à tous les commerçants. Quand il y a plus de
consommateurs qui viennent dans un centre commercial, de manière générale, ça profite à tous
parce que ça multiplie les chances qu’ils fassent des achats. Et donc, l’idée était que ce serait
quand même injuste qu’il y ait un commerçant qui ne fasse pas partie de cette association et
qui ne paye pas les cotisations requises par cette association.
N’empêche, c’est une entrave à la liberté d’association parce que là on force qqn à adhérer à
une association. La prof trouve que ce n’est pas justifié du tout parce que le bailleur peut
parfaitement arriver à un résultat identique et le résultat qu’il essaye d’atteindre, c’est que tout
le monde contribue à l’animation du centre commercial. Il peut atteindre un résultat tout à fait
identique en prévoyant d’une part, la constitution d’une ASBL auquel adhère qui veut, mais en
prévoyant que les frais d’animation du centre commercial sont tout simplement des charges
supplémentaires qui font partie du bail. Et donc, lorsqu’il rédige un contrat de bail, il y a un
loyer et aussi des charges, à lui de penser qu’il faudra animer le centre commercial et que peut-
être il faudra prévoir des charges particulières à cet égard.
Il s’agit d’un bon exemple pour opposer aux ASBL qui se trouvent dans une situation de
monopole et qui ne peuvent pas refuser d’admettre des membres. Ici, c’est un bon exemple
puisqu’il n’y a rien qui justifie non plus de forcer qqn à adhérer à une association.
Le but qui était poursuivi par le législateur était peut-être tout à fait légitime, il faut que tout le
monde profite du centre commercial et de ses animations. Donc, c’est logique que des
commerçants qui sont installés y contribuent tous. Le but est peut-être légitime mais de la part
du bailleur, ce n’était pas nécessaire du tout de prévoir une telle dérogation au principe de la
liberté d’association.
Mais il y a quand même toute une série de situations, où lorsque des associations existantes
refusent d'admettre un membre, ça peut quand même être un petit peu plus problématique. Un
des exemples qui a donné lieu à de la jurisprudence sur la question, concerne une association
de taximen qui organisait donc dans une ville de France un service de dispatching. À l'époque
où eux il n'y avait pas les applications Uber et autres, il était indispensable de passer par un
service de dispatching. Un service de dispatching, c’est quoi ? En fait, à l'époque, quand on
voulait un taxi, on téléphonait à un service central pour réserver un taxi. Donc ce service de
dispatching est absolument indispensable.
La question, qui a donné lieu à de de la jurisprudence et qui est montée jusqu’à la Cour
européenne des droits de l'homme, portait sur un taximan qui avait fait une demande
d’adhérence à une association taximen qui organisait un système de dispatching. Et cette
association lui avait refusé, sans motifs objectifs, de devenir membre de l'association et c'était
évidemment dramatique pour le taximan qui ne savait pas exercer son métier. Donc l'affaire a
été en justice et on a fini par considérer que l'association, qui occupe une certaine position de
monopole et qui abuserait de ces droits en refusant d'admettre un membre, est forcée d'admettre
ce membre. Donc il y a une entorse à la dimension négative de la liberté d'association qui est
que dans certains cas, l'association ne va pas pouvoir refuser un membre.
QUIZZ :
I. Activités
1. Principe
En ce qui concerne toutes les associations, depuis la réforme, en ce qui concerne les activités
qu’elles peuvent exercer, elles peuvent faire tout et n'importe quoi pour autant que ce soit licite.
Concernant les limites des activités commerciales que les ASBL pouvaient exercer, en vertu de
la loi du 27 juin 1921, les ASBL ne pouvaient pas exercer des activités commerciales à titre
principal mais elles pouvaient en exercer à titre accessoire. Qu’est-ce que cela
signifie d’exercer une activité commerciale à titre accessoire ? Il y avait pratiquement autant de
définitions que d’auteurs de doctrine qui s’étaient prononcés sur la question, et de jugements
qui avait été rendus sur la question. C’était extrêmement confus et le législateur n’a prévu pour
l’un des grands aspects de la réforme en ce qui concerne les associations, rien de particulier à
cet égard. C'est-à-dire que les associations peuvent, comme la société, exercer n'importe quelle
activité pour autant qu’elle soit licite.
Pour quelles raisons, cette exception a-t-elle été introduite (l’article 39, § 4 de la loi du 23
mars 2019) ? Ce projet de loi il a été fait en 4 ans environ. Ce qui est très rapide pour une
réforme de cette ampleur. Alors on pourrait penser que les organisations représentatives des
associations étaient très heureuses puisque la réforme prévoit qu’elles peuvent faire n'importe
quel type d'activité. Et bien pas du tout, les organisations d'association ont été extrêmement
inquiètes et pour expliquer cette inquiétude, il faut faire un tout petit détour par le droit fiscal.
Les personnes morales de droit belge exerçant leurs activités en Belgique, peuvent être
soumises soit à l'impôt des sociétés soit à l'impôt des personnes morales. L’impôt des sociétés
consiste en un pourcentage des revenus de la personne morale et l'impôt des personnes morales
est absolument rikiki. De manière générale, Les sociétés sont toujours soumises à l'impôt des
sociétés et généralement les associations sont soumises à l'impôt des personnes morales, c'est-
à-dire un impôt rikiki. Mais, le critère pour appliquer l'impôt des sociétés où l'impôt des
personnes morales ce n'est pas la forme juridique (société ou association), mais c’est le critère
de l'activité. Et si une personne morale exerce une activité de type commercial ou industriel elle
sera soumise à l'impôt des sociétés. Donc les associations ont résonné en se disant que
maintenant que le législateur permet aux associations de faire n'importe quoi, alors elles vont
être taxés à l'impôt des sociétés. Mais c'est faux parce que ce qui va déterminer le régime de
taxation, c'est ce qu'elles font dans la réalité.
Pour calmer les inquiétudes des associations, le législateur a dit que si elles n’adaptent pas votre
leur statut au nouveau CSA, alors elles conservent l'ancienne interdiction d’exercer des activités
commerciales à titre principal, jusqu’en 2029.
Résultat des courses : les anciennes ASBL, c.à.d. celles qui ont été constituées sous l’empire de
la loi du 27 juin 1921, restent soumises à l'ancienne interdiction d’exercer des activités
commerciales si elles n’adaptent pas leur objet ou leur statut au CSA. En principe, toutes les
sociétés et toutes les associations doivent se mettre en ordre pour 2024 mais si elles ne l'ont pas
fait et bien, elles restent soumises à l'interdiction d'exercer des activités commerciales jusqu'en
2029. Cela suppose qu'on imagine une ASBL qui ne fait aucune modification des statuts parce
que si elle fait une modification des statuts, elle est obligée de mettre tous ses statuts en
conformité avec le nouveau code.
La justification est absurde et puis le système lui-même est un petit peu particulier parce que
celles qui ne font rien, elles restent soumises à l'interdiction d'exercer des activités
commerciales. Mais en 2018, le législateur, par la loi sur la réforme du droit de l'entreprise, a
supprimé la notion de commercialité. Il a abrogé la notion d'acte de commerce ainsi que le code
de commerce, sous réserve de quelques livres et il a remplacé la notion de commercialité par
celle d'entreprise. Il a prévu que dans toute une série de dispositions légales, il faut remplacer
la notion de commercialité par celle d'entreprise.
Mais si on applique ça à la lettre, la loi du 27/6/21 disait qu'une ABL ne pouvait pas exercer
d'activité commerciale. Si on remplace commerciale par entreprise, ça voudrait dire qu’une
ASBL ne peut pas être une entreprise solide parce que par définition, une entreprise, au terme
du CDE, ce sont, notamment, toutes les personnes morales. Donc une personne morale par
définition, est une entreprise. Donc ça n’a aucun sens de dire qu'une ASBL ne peut pas être une
entreprise.
Maintenant dire que la loi du 27/6/21 était une disposition légale qui, se référant à la notion de
commerçant pose une limite aux activités autorisées de professions réglementées, c'est quand
même poussé le bouchon un petit peu loin. Mais à part ce texte, on ne voit pas comment on
peut encore justifier l'interdiction pour les à ASBL qui n'ont pas adapté leur objet au nouveau
code, d’exercer des activités commerciales puisque cette notion d'activité commerciale a été
abrogée par la loi du 15/4/2018.
Bref pour les associations qui n’ont pas encore adapter leur statut, il est clair de dire que c'est
vraiment l'intention de législateur, que cette interdiction d’exercer des activités commerciales
à titre principal subsiste, avec toutes les vieilles controverses sur qu'est-ce qu'une activité
commerciale accessoire où principal. La situation est beaucoup plus claire pour, d'une part, les
associations qui ont modifié leur objet, qui ont mis leur statut en conformité avec le nouveau
code et d’autre part, pour les ASBL qui se sont constitués sous l'empire du nouveau code
puisque celles-là peuvent faire n'importe quoi dans les limites des activités qui sont autorisées
par l'ordre public.
Tout le monde dit que le législateur était très généreux envers les ASBL puisqu’il leur a permis,
désormais, d’exercer tout type d'activité ; ce qui supprime une contrainte pour les associations,
sous réserve du droit transitoire. Par contre, pour le but, le législateur a été un petit peu plus
restrictif que ce qui existait auparavant.
II. But
1. Principe
Auparavant, c.à.d. sous l’empire de la loi du 27/6/1921, ce qui était interdit aux associations,
c'était de distribuer des dividendes. Par contre, elles pouvaient procurer des bénéfices indirects
sous forme d'économie à leurs membres par exemple. Désormais, le but est plus étroit en ce
sens qu'une association ne peut pas distribuer où procurer directement ou indirectement un
quelconque avantage patrimonial que ce soit à ses fondateurs, à ses membres, à ses
administrateurs ou à n’importe qui. Donc, le principe est qu’elles ne peuvent procurer aucun
avantage patrimonial directement (distribution de e dividendes) ou indirectement (en concluant
avec les membres un contrat qui n'est pas aux conditions du marché mais qui est anormalement
favorable en faveur du membre).
Le principe est l'interdiction mais il existe une exception à l’interdiction, c’est qu’elle peut le
faire dans le cadre de son but désintéressé. L'association doit donc avoir un but désintéressé,
elle ne peut pas distribuer où procurer des avantages à qui que ce soit. Avec une exception : elle
peut le faire dans le cadre de son but désintéressé. Là aussi, c'est une disposition où il faut
s'accrocher pour comprendre et on comprend ce qu'elle veut dire que quand on va voir dans les
travaux préparatoires qui donnent toute une série d'exemples.
Il se peut que le but désintéressé de l’association soit précisément de procurer certains avantages
à certaines personnes. Dans ce cas-là, elle peut le faire. Par exemple, si le but de l'association
c'est de fournir gratuitement des repas aux personnes en situation précaire, elle peut le faire.
Donc le législateur a dû prévoir une exception et prévoir que dans le cadre de son but
désintéressé, l’association peut distribuer des avantages à qui que ce soit, ça pourrait même être
des membres, pour autant que ce soit dans le cadre de son but désintéressé.
§ Exception : elle peut quand même distribuer des avantages à n'importe qui y compris
à ses membres si elle le fait dans le cadre de son but désintéressé.
Comment c'est possible que dans le cadre de son but désintéressé elle procure des
avantages patrimoniaux à ses membres ? Il est tout à fait légitime pour des personnes, en
situation précaire par exemple, de s’associer pour avoir comme but, un but désintéressé pour
permettre à l'ensemble d'entre eux de vivre dans des conditions dignes. Dans ce cas, certains
avantages pourront leur être accordés par l'association. Par exemple, mettre gratuitement un
logement à leur disposition. Donc, c'est possible que le simple fait qu'une personne soit membre
d'une association ne la disqualifie pas pour profiter des avantages qu'une association peut
accorder à quiconque dans le cadre de son but désintéressé.
QUIZZ :
1. Une ASBL peut distribuer des dividendes à ses membres. à Faux, c’est une interdiction
absolue.
2. Est-ce qu’une ASBL peut exercer une activité commerciale ? à Vrai, mais sous réserve du
droit transitoire. Donc ce n’est pas sans restriction, ce n’est pas à condition que cette activité
soit accessoire. Pour les vieilles, c’est vrai mais la réponse n’est pas exacte pour les
associations constituées sous l’empire du nouveau code. Donc en fait, si les statuts sont
conformes au CSA, on peut dire de manière générale qu’elle peut exercer une activité
commerciale. Bien que la notion de commercialité ai été abolie ne raison de la rédaction
défectueuse des textes législatifs.
3. Une ASBL qui a pour but de venir en aide aux personnes en situation précaire peut leur
procurer gratuitement un logement. à Vrai, même si ces personnes deviennent membres
de cette ASBL. Donc la qualité de membre de l’ASBL n’est pas déterminante pour vérifier
s’ils peuvent ou non, recevoir des avantages. Ce qui compte, c’est le but désintéressé de
l’ASBL et si le fait de procurer ces avantages entre bien dans le cadre du but désintéressé.
4. Une ASBL qui a pour but d’encourager la pratique du sport et qui exploite un centre sportif
peut prévoir des tarifs moins élevés pour ses membres. à Oui, l’ASBL qui a pour but
d’encourager la pratique du sport auprès des jeunes pourrait prévoir que tous les jeunes qui
soient membres ou pas ont droit à des tarifs moins élevés. Ça rentre dans le cadre de son
but désintéressé.
5. Une ASBL est une entreprise. à Vrai, une entreprise, c’est une personne physique qui
exerce une activité professionnelle à titre d’indépendant, c’est toute personne morale et ce
sont aussi des organismes sans but lucratif qui sont constitués pour distribuer des bénéfices
(soit les sociétés simples notamment).
Section 3. Financement
Introduction
Quel que soit le but désintéressé que poursuit une fondation ou une association, il y a toujours
un moment où elle aura besoin de ressources pour effectuer son activité, même des activités qui
à priori n'impliquent pas des mises de fonds extrêmement importantes. Par exemple, distribuer
des repas au sans abris, on va beaucoup compter sur les volontaires, mais il faut quand même
acheter de la nourriture, préparer la nourriture, etc. Bref malheureusement, il faut des
financements.
Une société va notamment procurer son financement grâce à son activité. Mais une ASBL ou
une fondation se trouvent dans une situation fort différente à cet égard car bien sûr elle peut
exercer, désormais, n'importe quel type d'activité du moins si on a affaire à une association
constituée sous l'empire du CSA, mais ça ne sera pas nécessairement à ça qu'elle va affecter
l’essentiel de son temps.
Toutefois, malgré l’absence de toute obligation légale, les associations et les fondations
bénéficient souvent d’« apports » (I) et de cotisations (II) de leurs membres. Elles peuvent
accepter des libéralités (III), organiser des collectes et recevoir des subsides. Certaines
recourent à l’emprunt, parfois sous des formes alternatives (IV), ou au Crowdfunding (V).
Enfin, le produit de leurs activités peut dans certains cas constituer une source de financement
(VI).
I. Apports
1. Notion
Alors qu’en réalité, on ne fait pas d’apport dans une association comme on fait un apport à une
société. Le terme d'apport a ici une signification tout à fait différente : un apport à une société,
c'est un acte par laquelle on met des fonds, des biens, des services à la disposition de la société
ou alors on lui fournit des services, on s'engage à effectuer des travaux en sa faveur, en
contrepartie de parts où d'actions dans la société.
Mais une association n’émet pas de titre, elle n’émet pas de parts où d'actions. Et donc dans les
associations, on entend par le terme d'apport, une notion qui est différente de la notion d’apport
dans la société. Il s’agit des biens que les fondateurs ou les membres mettent, sans contrepartie,
à la disposition de l’association ou de la fondation (en contrepartie peut-être du droit d'être
membre de l’ASBL mais elle ne va pas recevoir d'actions ou de parts).
Le CSA n’impose pas aux fondateurs ou aux membres de faire des apports, sous réserve que
l’affectation de biens à la réalisation du but est une condition de constitution de la fondation.
2. Nature juridique
Ces apports ne sont certainement pas des apports au sens du CSA puisque les apporteurs ne
reçoivent en principe pas de droit et pas non plus d’actions ou de parts représentant des droits,
en contrepartie. Mais les statuts pourraient cependant créer plusieurs catégories de membres et,
par exemple, accorder aux membres un droit de vote en fonction de l’importance de leur apport.
Donc, il est impossible qu'une à ASBL, au moment de l'acte constitutif, accepte une
donation. Et on ne pourrait pas non plus avoir recours au processus de la prise d'acte pour
une association en formation pourrait marcher, parce que pour reprendre un acte accompli
en son nom et pour son compte, une association doit avoir la personnalité juridique. Et au
moment où on se réunit pour signer l'acte constitutif, elle n’a pas la personnalité juridique.
Donc, il était impossible qu'elle reprenne cet acte. Donc les apports initiaux ne sont jamais
des libéralités.
§ Les libéralités d’un montant supérieur à 100.000 EUR doivent être autorisées par arrêté
ministériel. Les libéralités à une ASBL doivent donc, en principe, faire l'objet d'un arrêté
ministériel d'approbation. Ça ne vaut évidemment pas pour les dons manuels. Mais si
l'apport initial à une ASBL était une libéralité, il faudrait un arrêté ministériel pour la
constitution d’une ASBL, qui n'est pas du tout le régime prévu par le législateur.
§ Les statuts d’une fondation peuvent prévoir que « lorsque le but désintéressé de la fondation
est réalisé, le fondateur ou ses ayants droit peuvent reprendre une somme égale à la valeur
des biens ou les biens mêmes que le fondateur a affecté à la réalisation de ce but » (art. 11:1,
al. 2). On admet donc de prévoir dans les statuts de l’ASBL, un droit de reprise. C'est-à-
dire, je fais un apport à l’ASBL : je lui apporte un immeuble, mais j’ai le droit de reprendre
cet immeuble à la dissolution de l'association. Ce serait impossible si c'était une libéralité
parce que les libéralités se caractérisent, notamment, par le fait qu'elles sont irrévocables.
§ Dans une série de cas, les fondateurs ne sont pas animés par une intention libérale envers
l’association ou la fondation. Donc, pour faire une libéralité, il faut avoir l'intention de faire
une donation/de faire une libéralité. Mais, si par exemple, vous devez faire un apport pour
faire partie d'une association qui exploite un centre sportif, quand vous faites votre apport
initial pour être membre de cette ASBL, et bien vous n'avez pas l'intention de faire une
donation de libéralité, vous faites ce paiement parce que vous avez envie d'être membres de
cette ASBL.
Les apports ultérieurs peuvent cependant s’analyser en libéralités s’ils sont inspirés par le
souhait de faire une libéralité à l’association ou à la fondation. Il se peut donc que parfois, en
cours de vie de l'association, on puisse avoir un doute quant à la nature de l’apport (donation
ou apport ?), et là, il faudra voir s’il y a une intention libérale. Mais, en tout cas, au moment de
la constitution de l'association, ce n'est jamais une libéralité.
o Intérêt #1 : Les règles en matière d’autorisation des libéralités. Autrement dit, ici on
s’intéresse, à la forme des libéralités (ex : l’acte authentique qui est requis pour une
libéralité).
o Intérêt #2 : Les règles en matière de réserve légale des héritiers. Le droit des héritiers
réservataires qui peuvent des libéralités qui porteraient atteinte à leurs réserves, ce
n’est pas les cas si l’acte de mise à disposition est simplement qualifié d’apport.
3. Droit de reprise
Les statuts d’une fondation peuvent prévoir que, lorsque le but désintéressé de la fondation est
réalisé, le fondateur ou ses ayants-droit peuvent reprendre les biens apportés ou une somme
égale à leur valeur (CSA, art. 11:2, al. 2).
A contrario, ils ne peuvent pas prévoir un tel droit en cours de vie sociale ou à la dissolution si
elle n’a pas réalisé son but.
Le CSA ne comporte pas de disposition semblable pour les associations. En l’absence de règle
sur ce point, les statuts des associations pourraient prévoir un droit de reprise pour les apports
qui ne constituent pas des libéralités et pourraient même l’étendre à d’autres hypothèses : la
perte par l’apporteur de sa qualité de membre en cours de vie sociale, la dissolution de
l’association (qu’elle ait ou non réalisé son but), ... Une telle clause s’apparente à une condition
résolutoire assortissant l’apport.
II. Cotisations
1. Notion
Les cotisations sont les contributions dont les statuts des associations peuvent imposer aux
membres le paiement.
Alors il ne faut pas confondre non plus les « apports » avec les cotisations que les statuts
peuvent imposer aux membres de payer. Donc, les statuts peuvent le prévoir et parfois les statuts
font même des distinctions selon que l'on ait affaire à des membres adhérents où effectifs, à des
membres d'honneur, à des membres dorés ou à des membres d'argent.
2. Plafond
Donc le statut doit faire des distinctions, mais ce qu'il faut absolument que le statut indique,
c’est le maximum du montant des cotisations annuels (art. 2:9, § 2, 8°).
Les statuts peuvent indiquer un montant maximum mais également une fourchette, un plafond
différent en fonction des catégories de membres, un montant assorti d’une clause d’indexation.
Les statuts peuvent donc être rédigés de manière flexible, mais il faut une limite parce qu’en
l’absence d’une telle clause, les ASBL ne peuvent pas imposer à leurs membres le paiement de
cotisations.
Sous réserve de l’hypothèse dans laquelle les statuts prévoient le principe de cotisations, il n’est
pas possible de modifier autrement qu’à l’unanimité les statuts pour introduire l’obligation de
payer des cotisations car on augmenterait sinon les engagements des membres sans leur accord.
Le CSA ne comporte pas une telle règle pour les AISBL mais rien n’empêche de mentionner
dans les statuts le montant maximal des cotisations.
Alors les cotisations sont quand même une source assez importante pour beaucoup de petites
associations ça leur permettent de fonctionner.
3. Adhérents
Les statuts des ASBL doivent indiquer si les cotisations sont dues uniquement par les membres
effectifs ou également par les adhérents. S’ils ne précisent rien, les adhérents ne sont pas tenus
puisque ceux-ci n’ont que les droits et les obligations fixés par les statuts (CSA, art. 9:3, § 2).
Généralement, quand il existe des adhérents, le montant des cotisations dans leur chef est moins
élevé que pour les membres effectifs.
4. Montant
Le montant des cotisations est en principe fixé, dans les limites indiquées par les statuts, par le
conseil d’administration, sauf si les statuts ou le conseil lui-même délèguent cette compétence
à un autre organe, par exemple l’assemblée générale.
On peut également imaginer que les statuts fixent un montant fixe mais cette formule manque
de souplesse.
Les statuts doivent fixer la périodicité des cotisations. S’ils ne précisent rien, on peut
généralement considérer qu’elles sont dues chaque année.
5. Défaut de paiement
Le membre qui ne paie pas ses cotisations peut être présumé démissionnaire (CSA, art. 9:23,
al. 1). S’agissant d’une sanction à l’encontre du membre défaillant, l’ASBL a le choix : elle
peut, soit le considérer comme démissionnaire, soit demander en justice sa condamnation au
paiement des cotisations impayées.
III. Libéralités
1. Principe
Aux termes de l’article 9:22, al. 1er du CSA, « A l’exception des dons manuels, toute libéralité
entre vifs au profit de l’association dont la valeur excède 100.000 EUR doit être autorisée par
le ministre de la Justice ou son délégué ».
Des dispositions similaires existent pour les fondations et les associations internationales (art.
10:11 et 11:15).
En fonction des associations, certaines comptent plus que d’autres sur cette source de
financement. Mais en principe, il faut un arrêté ministériel pour que l’association puisse
accepter cette libéralité. Donc vous ne pouvez pas, de manière purement consensuelle sans faire
intervenir cet arrêté royal, faire une libéralité à une ASBL, ou du moins une libéralité importante
puisque cet arrêté ministériel est requis pour les libéralités entre vifs, dont la valeur excède
100.000 €.
2. Ratio legis
A l’origine, cette règle avait pour but d’éviter la prolifération des biens dits de mainmorte (c’est-
à-dire essentiellement les biens des congrégations religieuses, d’une durée infinie, de sorte que
ces biens étaient soustraits à toute mutation) mais aussi de protéger l’intérêt des familles. Ce
deuxième objectif est toujours d’actualité même si, aujourd’hui, il s’agit surtout d’assurer une
certaine surveillance sur les associations et les fondations. Ainsi, l’autorisation est refusée si
elles n’ont pas publié leurs statuts, les actes de nomination de leurs administrateurs ou leurs
comptes (CSA, art. 9:22, al. 5).
Ces dispositions s’appliquent aux donations par acte notarié et aux libéralités testamentaires.
Elles ne visent pas les actes suivants, bien qu’ils soient également à titre gratuit :
§ Les dons manuels. Si on veut donner plus de 200.000€ à une ASBL, on ne va pas se
ramener avec une valise pleine de billets, l'association ne pourrait pas l'accepter pour
des raisons liées à la législation sur le blanchiment d’argent.
§ Les donations indirectes (par exemple, par un virement bancaire qui ne mentionne
pas qu’il s’agit d’une donation). Il y a des controverses sur la question de savoir si
un virement est une action indirecte ou pas.
§ Les cotisations ;
§ Les actes de transfert à titre gratuit par une autre association ou fondation. On
n’applique pas non plus cette exigence d’arrêté ministériel quand une association
fait un « apport » de son patrimoine à une autre association.
Ce régime est donc assez lourd puisqu’il faut demander une autorisation au ministre de la
justice. Mais il s’applique dans des situations qui sont quand même assez limitées.
4. Procédure
L’autorisation prend en principe la forme d’un arrêté ministériel mais la libéralité est réputée
autorisée si le Ministre de la Justice ou son délégué n'a pas réagi dans un délai de trois mois à
dater de la demande d'autorisation qui lui est adressée (CSA, art. 9 :22, al. 2).
L’autorisation ne peut pas être accordée si l’association ou la fondation n’a pas rempli les
formalités visées par le CSA (notamment le dépôt des statuts, des actes de nomination des
administrateurs, ...).
Même si ces formalités ont été respectées, le Ministre de la Justice conserve un pouvoir
d’appréciation.
D’autres raisons qui pourraient justifier le refus sont l’incompatibilité de la libéralité avec
l’objet de l’association, l’exercice par l’association d’une activité contraire à la loi, la situation
des héritiers, la situation du donateur qui se dépouille en laissant des créanciers impayés ou en
portant atteinte à la réserve de ses héritiers, etc.
A. Contrat et obligations
1. Financement classique
Les associations et les fondations peuvent se financer par l’emprunt, auprès de leurs membres,
d’établissements de crédit ou de n’importe quel tiers.
Maintenant ce ne sera pas toujours évident parce qu’une société a généralement des actifs sur
lesquels, elle peut constituer des suretés. Tandis que les associations n’ont pas toujours une
surface financière qui leur permettent de constituer des suretés en faveur d’une banque. Le
prêteur exigera alors vraisemblablement des garanties personnelles si l’association ou la
fondation ne peut constituer de sûretés sur ses biens.
Il y a bien sûr les cautions de leurs membres, de leurs administrateurs. Mais ce n’est très drôle
de constituer une caution en faveur d’une société alors qu’on est administrateur d’une société
dans le but de gagner de l’argent. Dans le cadre d’une association, c’est peut-être encore moins
drôle, outre que les banques sont généralement assez frileuses vis-à-vis des cautions qui
émanent de personnes physiques parce que les cautions sont devenues extrêmement fragiles en
raison de toute une série de règles.
2. Financement alternatif
Les associations et les fondations peuvent également solliciter du crédit auprès d’établissements
de crédit alternatifs. Certaines banques comme Triodos, par exemple, qui permettent peut-être
un peu plus facilement aux ASBL de solliciter un crédit mais c’est quand même une source de
financement difficile.
B. Obligations
Comme ni le CSA ni aucune autre loi n’interdisent aux associations et fondations d’émettre des
obligations, elles peuvent en principe le faire, même en l’absence d’une clause des statuts en ce
sens, sauf si les statuts interdisent le recours à ce mode de financement. Donc ce n’est pas
fréquent, mais les associations peuvent émettre des obligations.
2. Organe compétent
En principe, l’organe compétent d’une ASBL ou d’une fondation pour émettre des obligations
est son organe d’administration, en sa qualité d’organe souverain mais les statuts pourraient
attribuer cette compétence à l’assemblée générale.
L’organe compétent pour émettre des obligations l’est aussi pour en fixer les conditions
(montant, durée, taux, etc.).
3. Régime
Les obligations émises par les associations ou les fondations doivent revêtir la forme
nominative ou dématérialisée.
Sous réserve des règles de droit financier, le régime des obligations émises par une association
ou une fondation est contractuel.
Les conditions d’émission des obligations peuvent s’inspirer des règles prévues par le CSA
pour les sociétés anonymes, à l’exception bien entendu des règles relatives aux obligations
convertibles ou remboursables en actions puisque les associations et fondations ne peuvent pas
émettre d’actions.
Elles peuvent par exemple organiser des assemblées générales des obligataires et leur permettre
de prendre à la majorité des décisions qui lient tous les obligataires, telles que, moyennant
l’accord de l’émetteur, la modification du taux des intérêts ou le remboursement anticipé des
obligations.
Pour rappel, n’importe qui peut émettre des obligations et si on s’adresse au public, il faudra,
en principe, rédiger un prospectus ou une note d’information avec quand même certaines
exceptions (notamment, si on ne fait pas d’offre public, si on s’adresse à moins de 150
personnes, si on fait appel au public pour moins de 500.000€).
Les associations et les fondations sont soumises à la législation en matière d’offres au public
d'instruments de placement et en matière d’appel au public en vue de recevoir des dépôts de
fonds remboursables (supra).
Mais il y a une exception en faveur des organismes sans buts lucratifs qui émettent des
instruments de placement (notamment, des obligations) en vue de se procurer des moyens
nécessaires à la réalisation de leurs objectifs non lucratifs et qui ne doivent donc pas rédiger de
prospectus ou de note d’information :
§ Soit parce qu’elles offrent des obligations sans faire d’offre publique ;
§ Soit, si elles offrent des obligations dans le cadre d’une offre publique, parce qu’elles
peuvent invoquer l’exemption de minimis : 500.000 EUR sur une période de 12 mois à
condition que chaque investisseur ne peut donner suite à l’offre que pour un montant
maximal de 5.000 EUR (art. 10, § 3, 2° de la loi du 11 juillet 2018 relative aux offres au
public d'instruments de placement et aux admissions d'instruments de placement à la
négociation sur des marchés réglementés ; supra) ;
§ Soit, si elles offrent des obligations dans le cadre d’une offre publique, parce qu’elles
peuvent invoquer l’exception en faveur des organismes sans but lucratif qui émettent des
instruments de placement en vue de se procurer les moyens nécessaires à la réalisation de
leurs objectifs non lucratifs (art. 10, § 2, 5° de la loi du 11 juillet 2018).
Exemple : Imaginez une ASBL qui a pour mission de veiller à la sauvegarde, par exemple, d’un
parc naturel. Mais veiller à la sauvegarde d’un parc naturel, ça peut nécessiter des ressources
très importantes. Par exemple, pensons à une ASBL, ça arrive de plus en plus que certains
parcs naturels, dans certains pays, soient plus ou moins laissés à l’abandon et donc, au
braconnage parce que les pays n’ont pas assez de fonds pour entretenir ces parcs naturels. Et
donc, des braconniers viennent tuer les éléphants. Certains pays font des partenariats avec des
ASBL, des organisations non-gouvernementales. Mais, elles sont évidemment besoin de fonds
qui sont assez importantes parce qu’il faut instaurer un monitoring de zone qui sont assez
importantes, notamment grâce à des satellites, grâce à des drones. Cela suppose des fonds et
une manière d’obtenir des fonds, ça pourrait être d’émettre des obligations, donc un titre
d’emprunt. Et si c’est dans le cadre de l’objectif non lucratif, en principe, il ne faut pas de
prospectus et pas de note d’information.
V. Crowdfunding
C’est une technique qui est devenue plus fréquente pour les associations de lever des fonds via
une plateforme. Mais si c’est en vue d’émettre des obligations, ce seront les mêmes règles qui
s’appliqueront.
Par contre, si c’est pour lever des fonds via une plateforme de Crowdfunding sans obligations
de remboursement, s’il n’y a pas d’instruments de placement, là il ne faudra pas rédiger de
prospectus ou de note d’information, soit parce qu’elles n’offrent pas d’instruments de
placement, soit si elles offrent des instruments de placement (généralement des obligations),
pour les raisons précitées. Autrement dit, si une association lève des fonds sans émettre des
titres (donc sans promettre quoi que ce soit comme return sur l’investissement aux personnes
qui sont prêtes à apporter des fonds), elle ne devrait établir ni prospectus ni note d’information.
Dans l’hypothèse plus rare où elles feraient une offre publique d’instruments de placement sans
pouvoir se prévaloir de ces exemptions, elles devraient établir, selon les cas, un prospectus ou
une note d’information.
Le produit des activités des associations et des fondations peut bien entendu contribuer à leur
financement. En ce qui concerne le produit des activités, pour toute une série d’association, ce
produit est extrêmement limité.
Maintenant, pour certaines associations, il peut être important. La mesure dans laquelle le
produit de leurs activités contribue à leur financement est très variable d’une association ou
fondation à l’autre : certaines exercent quotidiennement des activités lucratives (hôpitaux,
ETC.) ; d’autres n’en organisent pas ou se contentent d’organiser des événements ponctuels
(fancy-fairs, ...) ; d’autres encore perçoivent uniquement les revenus de leurs investissements
(fondations accordant des bourses).
QUIZZ :
1. Est-ce qu’une personne physique peut faire des apports à une ASBL ? Oui, sans recevoir de
titres en contrepartie. Pour rappel, la notion d’apport à une ASBL a une signification
particulière qui n’est pas la même que celle pour les sociétés puisque, par définition, une
ASBL n’émet pas de titres. Donc, si vous faites un apport à une ASBL, vous ne recevez
rien en contrepartie, vous vous serez appauvrit (du moins matériellement).
2. Une personne physique peut donner 1 million € à une ASBL. à Oui, mais moyennant, en
principe, un acte authentique et une autorisation ministérielle qui va précisément voir si ça
ne va pas porter préjudice à ses héritiers. Il y a une autre raison qui est un peu plus historique
et qui a moins d’intérêt maintenant, pour laquelle il faut cette autorisation ministérielle :
pour rappel, les lois sur les ASBL datent de 1921. Il y a encore des réflexes d’ancien régime
où le plus grand propriétaire terrien était l’église. Pourquoi l’église et pas les nobles ? Parce
que les nobles ont des enfants et ces derniers ont des enfants, ce qui implique que les terres
sont divisées. Tandis que l’église est indivisible et elle ne faisait qu’accumuler les biens
(notamment, les terres) sans jamais diviser. Et donc l’église était devenue un propriétaire
terrien extrêmement important qui portait ombrage à l’Etat. C’est ce qu’on appelait le
système de la « mainmorte », parce que cette concentration des biens au cœur de l’église
menait à un immobilisme de tous ces biens et ça faisait peur à l’Etat. Et comme pas mal
avaient constitué des associations, le législateur a voulu contrôler ça par un système de
contrôle. C’est une des autres origines de cette autorisation ministérielle mais pour l’instant,
ce qui compte essentiellement, c’est de voir s’il n’y a aucune faute dans ces donations.
3. Une ASBL peut-elle émettre des obligations ? Oui et cette émission est soumise au
Règlement 2017/1129 (Règlement prospectus) et à la loi du 11 juillet 2018. Ce qui ne veut
pas dire que l’ASBL devra nécessairement rédiger un prospectus. Si elle peut invoquer une
exemption, elle ne devra pas rédiger de prospectus mais elle est quand même soumise au
Règlement prospectus. Donc, en principe, il faut établir un prospectus mais il y a toute une
série d’exceptions qui sont susceptibles de s’appliquer.
4. Est-ce qu’une ASBL peut lever des fonds via le Crowdfunding pour soutenir un projet
philanthropique (sans aucune obligation de remboursement) ? à Si elle fait appel à des
fonds dont elle dit qu’elle ne remboursera jamais, le législateur s’est dit alors qu’il n’était
pas nécessaire de protéger des investisseurs puisqu’ils savent que ce n’est pas un
investissement, que c’est un fonds perdu. Et donc cette levée de fonds n’est pas soumise à
la réglementation prospectus. Ce règlement est là pour protéger les petits investisseurs, ceux
qui apportent de l’argent, en contrepartie d’actions ou d’obligations et qui espèrent un return
sur cet investissement et surtout, que cet investissement pourra leur être remboursé un
certain moment. Or, quand des personnes versent des fonds sur une plateforme de
Crowdfunding uniquement pour soutenir un projet philanthropique, elles savent très bien
qu’elles ne reverront la couleur de cet argent puisque l’objectif c’est de soutenir l’ASBL.
5. Est-ce qu’une ASBL peut imposer à ses membres de payer des cotisations ? à Vrai, mais
il faut un plafond dans les statuts. Donc, il faut nécessairement une clause statutaire. S’il
n’y a pas de clause statutaire, l’assemblée générale et l’organe d’administration ne peuvent
pas imposer le paiement de cotisation.
6. Une ASBL dont le but est d’aider la recherche et qui fait appel au public pour financer des
recherches pour développer un vaccin contre le Covid 19, ne doit rédiger ni prospectus ni
note d’information (// question 4).
1. Notion
Le principe d’association concerne toutes les entités visées par le CSA en ce compris, les
sociétés. Mais il est surtout invoqué pour les associations. Pas pour les fondations, puisqu’elles
ne résultent pas de l’exercice de la liberté d’association.
Nous pouvons faire la même observation pour le règlement d’ordre intérieur. Un règlement
d’ordre intérieur est un acte par lequel une personne morale, représentée par son assemblée
générale ou son organe d'administration, organise son fonctionnement. Autrement dit, il s’agit
d’un document qui complète les statuts sur toute une série de points, une délibération sociale
d’une nature particulière qui se situe dans le prolongement des statuts.
Et tant les sociétés que les associations, peuvent établir un règlement d’autre intérieur. le
règlement d’ordre intérieur concerne surtout les sociétés coopératives, les ASBL et les AISBL.
Il ne faut pas confondre le règlement d’ordre intérieur avec la charte de gouvernance
d’entreprise des sociétés cotées. Pour rappel, les sociétés cotées se voient appliquer le code
belge de gouvernance d’entreprise de 2020 parce que le CSA dispose que les sociétés cotées
doivent désigner un code belge de gouvernance d’entreprise et il n’y en a qu’un et c’est le code
belge de gouvernance d’entreprise 2020. Ce code prévoit que les sociétés établissent une charte
de gouvernance d’entreprise, dans laquelle, elles vont décrire leur gouvernance d’entreprise et
ça ressemble à un règlement d’ordre intérieur.
Mais, la source est tout à fait distincte puisque c’est le code belge de gouvernance d’entreprise
qui leur impose de décrire leur gouvernance d’entreprise. Il ne s’agit donc pas de compléter les
statuts mais il s’agit d’expliquer dans un langage relativement clair, quelles sont les relations,
quelles sont les mécanismes que la société instaure en son sein pour régler les relations entre
les actionnaires et les divers organes, notamment. Donc, c’est différent mais, il y a quand même
une série de points communs. Ce dont on parle maintenant, ce sont donc des règlements d’ordre
intérieur qu’établissent des associations.
Exemple : on reprend l’association qui exploite un centre sportif, elle peut établir un règlement
d’ordre intérieur concernant la fréquentation du centre sportif.
Ces dispositions ne sont pas spécifiques aux associations mais en pratique les associations
adoptent davantage un règlement d’ordre intérieur que les sociétés (avec une exception pour les
sociétés coopératives, dont l’article 6:69 réglemente le règlement d’ordre intérieur), pour
préciser des règles de fonctionnement, développer les objectifs poursuivis ou réglementer des
aspects pratiques (heures d’ouverture d’une bibliothèque, tenue vestimentaire sur un court de
tennis, ...).
En outre, le CSA impose une clause des statuts, donc pour qu’il y ait un règlement d’ordre
intérieur, il faut qu’il y ait les statuts qui le prévoient et qui renvoient à la dernière version du
règlement d’ordre intérieur.
2. Organe compétent
Et les statuts vont indiquer quel est l’organe compétent pour adopter le règlement d’ordre
intérieur. En principe, c’est une question d’administration donc ça relève plutôt de l’organe
d’administration (CSA, art. 2 : 59, al. 1er), mais ce n’est pas interdit que les statuts confèrent
cette compétence à l’assemblée générale.
Il en résulte que les statuts doivent nécessairement comporter une référence à un règlement
d’ordre intérieur ou, plus exactement, au règlement d’ordre intérieur puisqu’ils doivent indiquer
la dernière version approuvée du règlement.
3. Publicité
La mention du règlement d’ordre intérieur dans les statuts avertit les membres de son existence
mais elle ne suffit pas : la personne morale doit soit le communiquer aux membres (de même
que ses modifications), le cas échéant via leur adresse électronique, soit le mettre à disposition
sur son site internet (art. 2 : 59, al. 2).
Elle n’est donc pas obligée de publier le règlement d’ordre intérieur aux Annexes du Moniteur
belge.
4. Contenu
Première règle : Aujourd’hui, il est interdit que le règlement d’ordre intérieur déroge à des
dispositions légales et impératives mais il ne peut pas non plus déroger aux statuts (art. 2 : 59,
al. 1, 1° et 2°). Pourquoi pas aux statuts ? Le règlement d’ordre intérieur fait l’objet d’une
certaine publicité mais d’une publicité limitée.
Tout d’abord cette publicité qui résulte du fait que les statuts doivent mentionner son existence.
Ensuite, l’organe d’administration doit communiquer le règlement d’ordre intérieur aux
membres. S’il y en a beaucoup, il peut le mettre sur son site internet mais s’il n’y a pas beaucoup
de membres, généralement, elle le communiquera aux membres.
Résultat : les tiers ne sont pas au courant du contenu de ce règlement d’ordre intérieur. S’ils
lisent les statuts de l’ASBL, ils peuvent savoir qu’il y a un règlement d’ordre intérieur mais si
l’ASBL ne l’a pas mis sur son site internet, ils ne connaissent pas le contenu. Il n’est pas prévu
que ce règlement sera publié aux annexes du MB. Et donc, le législateur a considéré que ce
serait prendre les tiers en traitre, de prévoir dans le règlement d’ordre intérieur des dispositions
aux statuts. Raison pour laquelle, le règlement d’ordre intérieur ne peut pas déroger au statut.
Deuxième règle : Le règlement d’ordre intérieur ne peut pas régler une matière qui exige une
disposition statutaire. Par exemple, les statuts doivent indiquer comment les décisions du
conseil d’administration se forment. C’est une clause des statuts qui ne pourra pas être réglée
dans le règlement d’ordre intérieur. A nouveau, pour ne pas prendre les gens en traitre. On
s’attend à ce que cette clause figure dans les statuts, ce n’est pas pour que le règlement d’ordre
intérieur vienne prévoir une solution qui est complètement différente.
Troisième règle : Il y a une troisième matière appelée la « matière interdit », c.à.d. une matière
à laquelle, le règlement d’ordre intérieur ne peut pas toucher. Le CSA prévoyait que le
règlement d’ordre intérieur ne pouvait pas toucher aux droits des membres, aux pouvoirs des
organes ou à l’organisation et au mode de fonctionnement de l’assemblée générale (art. 2 : 59,
al. 1, 3°).
C’est une disposition qui était un peu ambiguë puisqu’elle touchait aux droits des membres.
Qu’est-ce que ça voulait dire ? On reprend l’exemple du centre sportif. Imaginez que ce centre
exploite un bassin de natation et que le règlement d’ordre intérieur dit que vous ne pouvez
avoir accès à ce bassin que si vous avez un maillot qui satisfasse à certaines conditions et un
bonnet de bain. Est-ce qu’on touche aux droits des membres ? D’une certaine manière oui
parce qu’on ne peut pas avoir accès à la piscine sans notre maillot et bonnet de bain. Mais, ce
serait absurde de dire que ce genre de clause soit figurée dans les statuts. Ça n’a aucun sens.
Cette clause est donc extrêmement bizarre. Mais heureusement, la Cour constitutionnelle l’a
annulée par un arrêt tout récent du 15 octobre 2020. En fait, elle est annulée pour un tout autre
motif : elle l’a annulée parce qu’il y a des dispositions spéciales dans le CSA qui concernent le
règlement d’ordre intérieur des sociétés coopératives. Et pour les SC, il n’y avait pas cette
dernière interdiction. Or, on ne voyait rien dans le régime particulier des SC qui justifie une
solution différente pour les associations et pour les SC. Et donc la CC a estimé qu’il y avait
discrimination et elle a annulé cette disposition, à savoir l’art. 2:59, al. 1er, 3°, qui figurait dans
les dispositions générales.
De sorte, qu’on a plus que 2 matières interdites qui s’expliquent par le fait que le règlement
d’ordre intérieur ne donne pas lieu à une publicité aussi étendue que les statuts :
§ Les dispositions qui règleraient un point pour lequel, le Code exige une disposition
statutaire.
Chapitre 2. ASBL
Ce dont la prof nous a parlé ce sont des principes qui s’appliquent essentiellement à toutes les
associations et fondations, sauf bien sûr la liberté d’association, puisque la fondation est un
groupement de personnes.
Nous allons maintenant aborder l’étude systématique des ASBL, des associations
internationales sans but lucratif et des fondations (AISBL), ce qui est beaucoup plus facile que
la matière des sociétés une fois que l’on a vu la matière des sociétés parce que beaucoup de
principes sont extrêmement similaires, donc ce que prof va faire c’est surtout insister sur les
questions / sur les aspects qui sont différents.
On commence avec les ASBL qui sont aussi les plus règlementées par le CSA. On verra que
pour les AISBL, il y a certaines règles et impératifs qui sont assez sévères, mais que pour le
surplus, le législateur laisse une énorme liberté aux AISBL.
Section 1. Constitution
1. Définition
« Une association est constituée par une convention entre deux ou plusieurs personnes,
dénommées membres. Elle poursuit un but désintéressé dans le cadre de l’exercice d’une ou
plusieurs activités déterminées qui constituent son objet. Elle ne peut distribuer ni procurer
directement ou indirectement un quelconque avantage patrimonial à ses fondateurs, ses
membres, ses administrateurs ni à toute autre personne sauf dans le but désintéressé déterminé
par les statuts » (CSA, art. 1:2).
Cette définition vaut tant pour les ASBL que pour les AISBL.
2. Conditions de fond
En ce qui concerne la constitution des ASBL, il s’agit d’un contrat à l’origine. On se souvient
qu’une société résulte d’un acte juridique, et on utilise l’expression « acte juridique » parce
qu’une société peut être constituée par une ou plusieurs personnes, du moins certaines sociétés.
Rappelons-nous que seules les sociétés à responsabilité limitée (SARL) et les sociétés
anonymes (SA) peuvent être constituées par une seule personne. Mais toujours est-il que dans
la définition générale des sociétés, le législateur a utilisé le terme « acte juridique » pour
précisément viser l’hypothèse de la constitution d’une SA ou d’une SARL par une seule
personne. C’est différent pour les ASBL qui exigent toujours au minimum 2 membres, de sorte
que l’ASBL résulte d’un contrat. Et comme elle résulte d’un contrat, alors elle doit répondre
aux conditions du contrat.
Comme toute personne morale, les ASBL doivent être identifiées par une dénomination.
3. Formalités de constitution
On vient de voir que l’association doit avoir un but désintéressé. Et elle doit être constituée par
écrit, ça c’est impératif, mais cet écrit peut être un acte notarié ou un acte sous seing privé.
Pourquoi constituer une ASBL par acte authentique alors qu’un acte sous seing privé suffit ?
Exemple de parties qui veulent toute la sécurité juridique que donnent l’intervention et la
réception de cet acte par un notaire. Mais l’immense majorité des statuts des ASBL sont
constituées par acte sous seing privé et ça va très bien comme ça.
Et ensuite l’ASBL doit, de même qu’une société, déposer son acte constitutif au greffe du
Tribunal de Commerce et il sera publié par extrait aux annexes du moniteur belge ; ce sont
exactement les mêmes règles que pour les sociétés. à CSA, art. 2:9, § 1 er , al. 1, 1°, 3° et 4°.
L’ASBL acquiert la personnalité juridique au moment de ce dépôt (art. 2:6, § 2). Ces documents
doivent ensuite être publiés aux annexes du Moniteur belge (art. 2:6, § 2). Le dépôt doit
intervenir dans les 30 jours de l’acte définitif (art. 2:9, § 1er) et la publication dans les 10 jours
du dépôt (art. 2:13).
5. Nullité
En ce qui concerne les causes de nullité des ASBL, on se souvient que pour les sociétés, on fait
une distinction entre les sociétés en fonction de ce que leur cause de nullité soit, ou non,
énumérée par la loi. Donc les sociétés dont les causes de nullités sont uniquement celles
énumérées par la loi, sont pour rappel :
- Les SA,
- Les SARL
- Et les sociétés coopératives.
Et bien pour les ASBL aussi, le législateur considère qu’elles ont un rôle suffisamment
important dans l’économie pour être prudent, et donc pour limiter les causes de nullité des
ASBL. Et les causes de nullité des ASBL sont très semblables à celles des sociétés. C’est ainsi
qu’une ASBL va pouvoir être annulée :
- Et s’il n’y a pas dans cet écrit, certaines mentions essentielles comme sa
dénomination,
- Souvenons-nous qu’une société, une SA par exemple, ne peut être annulée, pour illicéité
du but, que si son objet statutaire est illicite, et peu importe si son objet réel est illicite.
L’exemple bateau est la société qui dans ses statuts prévoit une activité d’exploitation
d’une entreprise de transport, et qui dans la réalité se livre à l’importation et à un trafic
de drogue. Une telle société ne peut pas être annulée parce que son objet statutaire est
complètement licite, et ça, ça résulte d’arrêts de la Cour de justice européenne
compétente, puisque cette énumération limitative des causes de nullité des sociétés
provient d’une directive européenne, et on n’imagine pas que les fondateurs d’une
société soient assez stupides pour inscrire dans leurs statuts que la société a pour objet
statutaire de faire du trafic de drogue. De sorte que pour les sociétés, cette cause de
nullité est tout à fait théorique.
- Pour les associations, c’est différent, et c’est différent pour deux raisons :
o 1ère raison, c’est que pour les associations, cette énumération limitative des
causes de nullité ne résulte pas de la transposition d’une directive. Il n’y a aucune
directive qui a été transposée en ce qui concerne la partie du Code des sociétés
et des associations (CSA) relative aux associations, de sorte qu’on peut avoir
égard, tant à l’objet ou au but réel, qu’à l’objet ou au but statutaire. Et donc une
ASBL qui sur papier aurait un but ou un objet super nickel, mais qui serait
constituée dès l’origine avec un objet ou un but illicite, pourrait être annulée.
o 2ème raison pour laquelle cette cause de nullité pourrait être invoquée plus
fréquemment que pour une société, c’est que le législateur voit d’un très bon œil
les sociétés dont le but est de faire du profit. Tout, dans notre société, est
capitaliste ; le but lucratif est bien vu, et toutes les sociétés ont, et par définition
doivent avoir un but lucratif. Maintenant, il est vrai qu’elles peuvent avoir un
but en plus, mais la prof dit qu’elle n’a pas encore vu énormément de sociétés
qui, dans leurs statuts, ajoutait un but qui n’était pas un but lucratif.
En revanche, les associations sans but lucratif, par définition, doivent avoir un
but désintéressé, et ce but désintéressé pourrait s’inscrire dans des choix de
sociétés qui pourraient être considérés comme illicites. Bon, maintenant c’est
extrêmement rare, mais la prof dit qu’elle a quand même trouvé un exemple,
c’est un exemple qui date d’il y a plusieurs dizaines d’années, c’est un exemple
qu’elle a trouvé en France d’une ASBL qui avait pour but de mettre en contact
les personnes qui ne pouvaient pas avoir d’enfants avec les femmes qui étaient
disposées à porter un enfant, en somme : les mères porteuses. Et à l’époque
c’était considéré comme absolument illicite. La prof ne dit pas qu’il n’y a plus
de discussions aujourd’hui sur la question ; en tout cas à l’époque c’était
considéré comme tout à fait contraire à l’ordre public. Et bien l’ASBL a été
annulée. Donc c’est beaucoup moins théorique pour une ASBL d’imaginer
qu’elle a un but désintéressé, qu’elle veut afficher parce que ça fait partie de son
ADN, de soutenir ce but, mais qui soit considéré comme contraire à l’ordre
public par le législateur.
La nullité d’une association doit être prononcée par une décision judiciaire et produit ses effets
à compter de cette décision (CSA, art. 2:40).
Section 2. Membres
I. Généralités
1. Nombre et qualité
En ce qui concerne ses membres, la prof dit qu’elle nous a déjà dit qu’elle devait avoir 2
fondateurs, mais elle doit aussi tout au long de son existence, garder au moins 2 membres. Donc
si elle n’avait pas 2 fondateurs, elle pourrait être annulée. On verra que si à un certain moment
il y a moins que 2 membres, elle pourra être dissoute.
à Donc :
- Une personne morale, qui peut d’ailleurs être une autre association, ou une société aussi.
Une société doit certes avoir un but lucratif, mais elle peut en principe pratiquer du
mécénat parce que ça fait partie de la promotion à long terme de l’intérêt social des
actionnaires, elle se rend sympathique auprès du public, c’est aussi une dimension de sa
responsabilité sociétale, en plus une société peut ajouter d’autres buts à son but lucratif,
donc aujourd’hui rien n’interdit une société d’être membre d’une ASBL pour soutenir
cette ASBL.
Donc ce qui est intéressant c’est la possibilité pour les associations de distinguer (et là la prof
utilise les termes du code), entre les membres effectifs et les membres adhérents. Et on a tous
déjà entendu parler, vu des associations, qui nous donnent la possibilité de devenir membre
effectif ou membre à part entière, ou membre adhérent, parfois appelé « membre
sympathisant », avec généralement des cotisations qui sont différentes, plus élevées si on est
membre effectif, et moins élevé si on est membre adhérent.
En quoi consiste cette distinction ? De manière assez simple, un membre effectif est un
véritable membre, et un membre adhérent n’est pas un membre, mais est une personne qui a
des liens que prof qualifierait de « privilégiés » avec l’association. Et c’est un petit peu
fallacieux, ça induit en erreur, de la part du législateur, d’avoir appelé les adhérents des
« membres adhérents » parce que les prétendus « membres adhérents » que prof va préférer
appeler les « adhérents » tout court n’ont pas de droit au sein de l’association autre que les
droits que leur donnent les statuts. Exemple : on est membre effectif (c’est-à-dire véritable
Par contre, les statuts peuvent réserver aux membres adhérents pratiquement aucun autre droit
que celui d’avoir accès aux services de l’association ou aux installations de l’association.
Prof reprend son exemple de l’ASBL qui exploite un centre sportif. On est membre effectif de
cette ASBL, on peut voter à l’AG et on a bien entendu accès aux installations du centre sportif.
On est adhérent, on peut avoir accès aux installations du centre sportif parce qu’en principe les
statuts nous en donneront le droit, mais généralement les statuts ne nous donneront aucun autre
droit. Bon, ils pourraient nous donner d’autres droits, nous donner le droit d’assister à l’AG,
mais ils ne nous donneront jamais le droit de voter à l’AG car c’est un droit qui est réservé aux
membres effectifs.
Donc la prof trouve que la terminologie est ambigüe et qu’il aurait mieux fallut parler de
« membres » tout court et « d’adhérents », plutôt que de « membres effectifs » et de « membres
adhérents ».
3. Catégories
Au sein des membres (prof a envie de dire des « vrais membres »), des membres effectifs,
l’association peut encore faire toute une série de distinctions en fonction de tous les critères
qu’elle souhaite, pour autant que ça ne soit pas évidement des critères discriminatoires.
Beaucoup d’association distinguent les membres fondateurs des autres, en donnant plus de
droits aux membres fondateurs. Par exemple, les membres fondateurs ont plusieurs votes, ou
les membres fondateurs peuvent présenter des candidats administrateurs à l’AG, tandis que les
autres membres ne le peuvent pas.
On peut aussi faire une distinction un petit peu fondée sur le prestige, le membre d’or ou les
autres membres. Le membre d’or payera une cotisation généralement plus importante, par
exemple (on va un peu changer de l’exemple de l’association sportive) si c’est une association
qui organise des concerts, les membres auront droit à des meilleures places au concert.
Les critères suivants peuvent constituer la base de différentes catégories de membres :
- Les membres statutaires (nommés dans les statuts, ce qui leur assure une certaine
stabilité) ou à vie et les autres ;
- Les membres de droit (personnes qui peuvent devenir membres par leur seule qualité,
telle que président du conseil d'administration de telle institution, ambassadeur de tel
Etat, descendants de telle personne, …) ;
1. Admission
Notre association est constituée, le nombre de ses membres n’est pas figé, en ce sens que de
nouveaux membres peuvent être admis et que des membres peuvent démissionner ou
malheureusement être exclus.
Comment se passe l’admission de nouveaux membres dans une association ? C’est vraiment
laissé libre, le législateur a laissé toute liberté aux statuts, donc les statuts peuvent être rédigés
de 100 000 manières.
Les conditions d’admission sont les règles auxquelles les candidats doivent satisfaire pour
pouvoir être admis. Les statuts peuvent fixer n’importe quel critère pour autant qu’ils ne
contreviennent pas à l’ordre public ou à des lois impératives (par exemple, en fixant des critères
qui constitueraient une discrimination injustifiée en vertu de l’âge, du sexe ou de l’origine) et
qu’ils n’imposent pas au candidat de commettre des actes fautifs au sens de l’article 1382 du
Code civil. Ils peuvent ainsi subordonner l’admission à la qualité d’ancien étudiant de telle
école (pour une association d’alumni), à l’exploitation d’une entreprise dans tel quartier (pour
une association de commerçants), à l’adhésion à un parti (pour une association politique), …
Bon, on peut imaginer une association qui n’admet pas de nouveaux membres, on peut imaginer
une association qui fixe des critères généraux et toute personne qui remplit ces critères peut
demander d’être admise, et l’organe d’administration n’a pas d’autre choix que de vérifier si
les conditions sont remplies et d’admettre la personne. On peut imaginer que les statuts
prévoient le pouvoir discrétionnaire de l’organe d’administration, on peut imaginer toutes les
formules. On peut même imaginer que les statuts réservent ce pouvoir à l’AG.
2. Démission
Par contre, ce qui n’est pas supplétif, c’est le droit de tout associé ou de tout membre d’une
ASBL, de démissionner.
Cela ne veut pas nécessairement dire qu’un membre d’une ASBL du jour au lendemain peut
démissionner. Les statuts peuvent régler les modalités de la démission, en imposant par exemple
un préavis raisonnable. C’est permis, pour autant que ça ne mette pas en jeu le principe même
de la démission. Si par exemple (prof nous donne un exemple grossier), si les statuts prévoient
qu’un membre peut démissionner à condition de payer 100 000 euros à l’association, c’est
évident que c’est une telle restriction à la faculté de démission que cette clause sera considérée
comme empêchant la démission constituant une entrave injustifiée à la démission, et cette
clause pourra être annulée et le membre pourra démissionner sans payer cette somme.
Mais qu’est-ce qu’un préavis raisonnable ? En pratique ça ne pose pas de problème car il n’y
a pas de jurisprudence sur la question, ce qui prouve bien que cela ne pose pas de problème en
pratique. 15 jours, un mois, par contre un préavis en année sera manifestement déraisonnable.
3. Décès
La qualité de membre d’une association est intuitu personae : le membre est admis en raison de
ses caractéristiques. La qualité de membre se perd par le décès (ou, pour les personnes morales,
par la clôture de la liquidation ou la dissolution-liquidation en un seul acte). Elle est
intransmissible aux héritiers ou aux ayants-droit même universels des personnes morales.
4. Exclusion
Un membre peut aussi être exclu si les statuts le prévoient. Donc, la démission est de droit,
même si les statuts ne prévoient rien, un membre peut démissionner et les statuts ne pourraient
pas prévoir qu’un membre ne peut pas démissionner.
Pour l’exclusion, c’est différent. L’exclusion ne relève pas de la liberté d’association, quoi que,
on pourrait dire que ça relève de la liberté de la majorité de s’associer ou de rester associé avec
d’autres ou pas.
Enfin toujours est-il que pour l’exclusion, elle n’est possible que si les statuts le prévoient
expressément. Donc les statuts doivent prévoir, pour qu’un membre puisse être exclu, que l’AG
peut exclure les membres. L’AG, uniquement l’AG : c’est une décision qui est considérée
comme absolument capitale et qui est donc réservée à l’AG, qui devra se prononcer aux
conditions de modification des statuts.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Soit ce sont les conditions prévues par la loi, qui sont un quorum
de présence de 2/3 et une majorité de 2/3 (prof fait un rappel sur la différence : un quorum de
présence il faut que les 2/3 soient présents, 2/3 des membres ici. Si les 2/3 des membres ne sont
pas présents ou représentés, il faut convoquer une nouvelle AG, qui pourra se prononcer quel
que soit le nombre de membres présents ou représentés, mais qui devra se prononcer à la
majorité des 2/3. Donc petite différence par rapport aux SA par exemple, modification des
statuts, j’obtiens ??? ((je n’ai pas compris à 2:25:20 du cours du 27/10/2020)) comme ça, ça
rentre, quorum de la moitié, majorité des 3/4. ASBL : quorum des 2/3, majorité des 2/3. Bon
maintenant il se pourrait aussi que les statuts imposent des conditions plus sévères : non pas
une majorité des 2/3 mais une majorité des 9/10ème par exemple. Si c’est plus sévère, c’est bon,
et si c’est moins sévère, ce n’est pas bon.)
L’exclusion d’un membre s’analyse comme une résolution du contrat d’association à son
encontre.
Les statuts doivent prévoir les conditions et les formalités d’exclusion (CSA, art. 2:9, § 2, 5°).
En l’absence d’une clause d’exclusion, une association ne peut pas exclure de membres.
5. Suspension
La compétence exclusive de l’assemblée générale en matière d’exclusion ne fait pas obstacle à
la clause des statuts qui confère au conseil d'administration le pouvoir de suspendre un membre
jusqu’à la prochaine assemblée générale.
On considère généralement que le membre suspendu conserve tous ses droits découlant de la
loi et des statuts, ce qui implique notamment qu’il doit être convoqué à l’assemblée générale et
peut y exercer le droit de vote, car, sinon, il se trouverait dans la même situation qu’un membre
exclu.
Toutefois, si le membre exclu conservait tous ses droits, on n’apercevrait pas l’utilité d’une
suspension. On peut faire une distinction entre les droits qui découlent de la loi et les autres
droits : la suspension n’a aucun effet sur les droits légaux mais les statuts pourraient prévoir
qu’elle entraîne la suspension des droits supplémentaires qui résultent des statuts et du
règlement d’ordre intérieur.
6. Condition résolutoire
Les statuts peuvent prévoir que le membre qui ne remplit plus les conditions d’admission ou se
trouve dans certaines situations (condamnation pénale même non définitive, …) perd de plein
droit sa qualité de membre. Il s’agit, non d’une exclusion, mais de la réalisation d’une condition
résolutoire et la procédure d’exclusion ne doit pas être respectée. En effet, en adhérant au
contrat d’association, le membre accepte les conditions d’admission.
En l’absence d’une telle clause, la perte des conditions d’admission n’entraîne pas de plein droit
la perte de la qualité de membre.
Donc un membre peut être amené à sortir de l’association par sa démission, par son exclusion,
aussi par la perte de certaines conditions. C’est ce qu’on appelle une clause de qualité. Par
exemple pour être membre d’une association qui gère les droits de certains artistes, il faut
donner un mandat à cette association pour gérer les droits de cet artiste.
Si l’artiste retire le mandat, il va perdre sa qualité de membre si les statuts prévoient que ce
mandat est une condition essentielle pour être et rester membre. C’est ce qu’on appelle des
clauses de qualité, il faut répondre à certaines qualités pour être membre de l’association.
Ou un autre exemple, imaginons une ASBL qui a pour but de protéger les intérêts d’une
profession déterminée, par exemple des boulangers. Si la personne n’exerce plus l’activité de
boulanger, elle perd sa qualité de membre.
Et ces clauses de qualité fonctionnent un peu comme des conditions résolutoires : on devient
membre sous condition résolutoire qu’on ne remplit plus la qualité en question. C’est aussi une
façon de perdre sa qualité de membre et dans ce cas-là attention : ça se produit de manière
automatique, il n’y a pas de démission, il n’y a pas d’exclusion, donc il ne faut pas faire
intervenir l’AG.
Mais n’est-ce pas une manière de détourner les règles en matière d’exclusion ? Non parce que
le membre qui adhère aux statuts lit la clause, il sait lire, il voit que s’il perd la qualité de
boulanger il ne sera plus membre. Et il marque son accord sur cette clause.
La prof a oublié de nous dire une chose très importante, que l’exclusion est possible si une
clause des statuts le prévoit, si c’est l’AG qui la prononce, mais aussi si le membre dont
l’exclusion est envisagée a la possibilité de faire valoir ses droits de la défense, c’est-à-dire
qu’il peut s’expliquer, il a le droit d’être entendu par l’AG. Et si jamais l’AG l’excluait sans
l’entendre, ce serait une violation des droits de la défense, qui pourrait conduire à la nullité de
la décision d’exclusion, d’où l’intérêt de prévoir toutes ces clauses pour l’association bien sûr,
pas pour le membre dont l’exclusion est envisagée, clauses de perte de qualité, de condition
résolutoire. Vous devez remplir telle et telle qualité, si vous ne les remplissez plus, ce qui
s’apprécie de manière tout à fait objective, vous perdez votre qualité de membre.
Le membre qui perd sa qualité, pour qu’il ait l’effet, c’est très simple : il n’est plus membre, il
n’a plus d’obligation envers l’association, sous réserve évidemment de devoir payer les
cotisations qui avaient été appelées et pour lesquelles il était en retard de payement. Mais il n’a
donc aucun droit sur les actifs de l’association. S’il a fait un apport à l’association, en principe
il ne peut pas le récupérer, sauf si les statuts prévoyaient expressément que dans tel et tel cas le
membre peut récupérer son apport.
Maintenant quels sont en principe les droits et les obligations des membres ?
La prof va commencer par les obligations parce que c’est très facile, il y en a très peu. Un
membre n’est évidemment pas responsable des obligations, des dettes, de l’association. Il
n’engage pas sa responsabilité pour les dettes de l’association. Et en fait sa principale obligation
va être le cas échéant de payer des cotisations. La prof dit bien « le cas échéant » parce que
pour que des cotisations soient dues, il faut que le plafond soit prévu dans les statuts de
l’association.
Si les statuts de l’association ne prévoient rien en matière de cotisation, ou prévoient que des
cotisations pourront être déterminées par l’AG, c’est interdit pour l’association de réclamer des
cotisations : il faut que le montant soit dans les statuts.
2. Droits
Son droit essentiel est de participer à l’AG et d’exercer son vote, et en principe il aura une voix.
Et donc là on voit bien la différence avec les sociétés où les actionnaires ou les associés ont
deux droits essentiels : le droit de percevoir des bénéfices, des dividendes en cas de bénéfices,
en cas de distribution de bénéfices, et le droit de participer à l’AG et d’y voter.
Dans les ASBL, le droit est extra patrimonial : c’est le droit de participer à l’AG et d’y exercer
le droit de vote, notamment de désigner les administrateurs.
Alors les membres qui ne sont pas contents de la gestion peuvent aussi demander à l’organe
d’administration de convoquer une AG, s’ils représentent 1/5ème, mais sinon ils ont leurs droits :
des droits d’information bien entendu, si l’AG prend des décisions, elle doit les en informer,
mais sinon ils n’ont en principe pas d’autres droits patrimoniaux que ceux de par exemple faire
usage des installations de l’association.
3. Obligations
Tout membre doit payer les cotisations décidées par le conseil d'administration ou l’assemblée
générale (en fonction des statuts) ; les statuts doivent en toute hypothèse fixer le montant
maximum (art. 2:9, § 2, 5°).
Seule l’assemblée générale peut relever le plafond des cotisations, dans le cadre d’une
modification des statuts. Les statuts peuvent fixer des cotisations différentes en fonction de la
catégorie de membres.
4. Responsabilité
Les membres ne sont en cette qualité pas responsables des engagements de l’association (CSA,
art. 9:1). Les membres doivent cependant exécuter les obligations découlant du contrat
d’association : ils doivent payer les cotisations fixées conformément aux statuts et respecter les
diverses obligations mises à leur charge. A défaut, ils peuvent en principe être exclus.
L’hypothèse d’une faute des membres susceptible d’engager leur responsabilité envers
l’association se rencontre surtout quand ils sont également administrateurs (de droit ou de fait)
car ce sont généralement des fautes dans la gestion de l’association qui causent un dommage à
l’association ou aux tiers.
Les membres pourraient également engager leur responsabilité envers les tiers à la suite d’une
« levée du voile social » s’ils confondent le patrimoine de l’association et le leur mais une telle
confusion suppose généralement qu’ils aient des pouvoirs d’administrateur, de droit ou de fait.
1. Introduction
Un des objectifs de la réforme de 2019 était d’unifier le droit des sociétés et des associations.
C’est sans doute en ce qui concerne l’organe d’administration qu’elle a le mieux atteint son
objectif. La loi du 23 mars 2019 a en effet éliminé une série de différences injustifiées entre les
règles applicables à l’organe d’administration des sociétés anonymes et des ASBL, différences
qui tenaient davantage à des erreurs de rédaction de la loi du 2 mai 2002 qui a modifié la loi du
27 juin 1921 (déjà dans une optique d’harmonisation) qu’à un choix délibéré du législateur.
Le code parle d’organe d’administration, mais comme ça doit être un organe collégial, toutes
les associations constituées sous l’empire du nouveau code appellent cet organe le « Conseil
d’Administration ».
C’est un organe collégial, donc il prend ses décisions à l’issue d’une délibération, sous
réserve que : désormais le CSA prévoit qu’il peut toujours prendre cette décision par écrit, à
l’unanimité. Donc les décisions sur papier sont possibles, mais il faut que tous les membres du
Conseil soient d’accord.
Les statuts peuvent exclure cette possibilité, au motif que, ou du moins pour certaines décisions,
en disant que certaines décisions sont tellement importantes qu’il faut une délibération, mais ça
n’est pas interdit de prendre n’importe quelle décision, par résolution écrite, si les statuts ne
prévoient rien.
Il faut au moins 3 administrateurs. Ca peut être embêtant s’il n’y a que 2 membres, parce que
qui va-t-on nommer comme 3ème administrateur ? Il faudra quasi trouver un homme ou une
femme de bal. Le législateur y a été sensible et a prévu, comme en matière de sociétés, que s’il
n’y a que 2 membres, 2 administrateurs suffisent.
Alors parfois dans les statuts, on voit que le président du Conseil d’Administration a une voix
prépondérante, c’est-à-dire que si les votes sont partagés, s’il y a un Conseil de 4 membres,
c’est 2 contre 2, le camp où est le président l’emporte. Cette voix prépondérante est suspendue
dans l’hypothèse où il n’y aurait plus que 2 administrateurs.
Les administrateurs sont nommés et révoqués par l’AG avec quand même la possibilité, comme
en matière de sociétés, d’une cooptation. On se souvient ce qu’est la cooptation : on a un conseil
d’administration de 5 membres par exemple et l’un démissionne, donc une place devient
vacante. Le conseil d’administration c’est-à-dire les autres administrateurs, peuvent coopter un
nouvel administrateur qui va exécuter, qui va remplir le mandat vacant, jusqu’à la prochaine
AG, qui va soit confirmer que la personne choisie est cooptée par les autres administrateurs
reste administrateur, ou va décider que non.
« Les statuts peuvent prévoir qu’un administrateur peut se faire représenter par un autre
administrateur à une réunion de l’organe d’administration » (CSA, art. 9:9, al. 2).
En l’absence d’une telle clause, un administrateur ne peut donc pas se faire représenter par un
collègue.
Il est donc indispensable de prévoir dans les statuts d’une ASBL une clause spécifique si on
veut permettre aux administrateurs de se faire représenter par un collègue. Les statuts pourraient
limiter le nombre de mandats confiés à un administrateur.
5. Pouvoirs
Que fait le conseil d’administration ? C’est comme en matière de sociétés : c’est l’organe
souverain, il a tous les pouvoirs qui ne sont pas les pouvoirs réservés à l’AG.
Le conseil d’administration est certainement un organe dont le caractère intuitu personae est
très marqué en ce sens que l’AG nomme des personnes administrateurs en fonction de leurs
qualités personnelles. Et en plus, se traite au conseil d’administration des questions qui peuvent
être très confidentielles pour l’association. C’est la raison pour laquelle il n’est jamais permis
qu’un tiers puisse représenter un administrateur au conseil d’administration.
La solution est différente avec ce qui se passe au niveau de l’AG : en principe, sous réserves,
dans certaines personnes morales, de dispositions statutaires contraires, un actionnaire peut se
faire représenter par un tiers à l’AG. Au conseil d’administration, ce n’est jamais possible : un
administrateur ne peut pas se faire représenter par un tiers au conseil d’administration.
Mais en principe, il peut donner un mandat à un de ses collègues administrateur. C’est la raison
pour laquelle on voit dans beaucoup de procès-verbaux de conseil d’administration : « sont
présents ou représentés les administrateurs suivants : X est présent, Y est représenté par X, etc.
». Dans les associations, il faut que les statuts prévoient expressément cette possibilité de
représentation pour qu’un administrateur puisse être représenté au conseil d’administration,
donc les statuts doivent dire expressément qu’un administrateur peut se faire représenter au
conseil d’administration.
Certains estiment que la même règle est d’application au sein des sociétés. La prof est beaucoup
plus sceptique à cet égard, notamment parce qu’il n’y a pas de disposition pareille qui soit
prévue à propos des sociétés.
Mais c’est très important en pratique parce que beaucoup d’associations, de vieilles
associations, ne prévoient pas une telle clause, et comme les dispositions impératives du
nouveau Code s’appliquent, bah ces associations risquent d’être dans l’embarras si elles ne
modifient pas leurs statuts, puisqu’un administrateur ne pourra pas se faire représenter par
l’autre.
En ce qui concerne la représentation vis-à-vis des tiers, la prof n’a rien de spécial à dire parce
que c’est le même régime qui s’applique pour les sociétés, donc ça c’est pratique.
Généralement, les statuts vont comporter une clause de double signature, c’est-à-dire que
l’association peut être représentée par 2 administrateurs tout à fait quelconques.
Et toute restriction serait inopposable aux tiers. Donc si les statuts prévoient que l’association
est représentée dans les actes et en justice par 2 administrateurs sauf les contrats de crédit d’un
montant de plus de 100 000 euros pour lesquels il faut l’accord de l’AG, c’est une restriction à
leur pouvoir, et cette restriction est inopposable aux tiers, même si elle est dans les statuts,
même si elle est publiée. Et donc en pratique si nos 2 administrateurs concluent un contrat de
crédit d’un montant d’1 million sans l’autorisation de l’AG, l’association est liée. Bien entendu
dans l’ordre interne, les administrateurs ont commis une faute, mais ça c’est une autre histoire,
c’est dans l’ordre interne, c’est la responsabilité des administrateurs vis-à-vis de l’association.
Mais l’association sera liée.
7. Conflits d’intérêts
Nouveauté du CSA : c’est que désormais (ça n’existait pas avant sous l’empire de la loi du 27
juin 1921), la loi a prévu un système de règlementation des conflits d’intérêt plus ou moins
identique à celui qui existe au sein du conseil d’administration des SA, des SARL et des sociétés
coopératives lorsqu’un administrateur a un conflit, a un intérêt d’ordre patrimonial direct ou
indirect qui est opposé à celui de la société ou de l’association. L’exemple type : l’association
vend un immeuble à son administrateur.
Donc le régime est quasi identique, du moins pour le début selon la prof, en ce sens que
l’administrateur qui a un conflit doit le déclarer, et il doit s’abstenir de participer à la décision,
à la délibération, mais aussi au vote. Concrètement on adopte le point de l’ordre du jour qui est
vente de l’immeuble de l’association à l’administrateur untel, l’administrateur untel se retire, il
sort de la pièce où a lieu la délibération, et on l’appellera lorsque ce point aura fait l’objet d’une
décision.
Donc ces règles s’appliquent à toutes les associations, mais le législateur a eu pitié des
associations qui étaient plus petites et il n’a pas voulu leur imposer trop de formalités, de sorte
qu’on a (on se rappelle que pour les sociétés il faut décrire dans le procès-verbal du conseil
d’administration pourquoi l’administrateur a un conflit d’intérêt, expliquer la nature de la
décision, expliquer les conséquences de la décision, et publier le procès-verbal dans le rapport
de gestion). Et bien ce n’est pas nécessaire, ce n’est pas requis pour les associations qui sont
une sorte de petites associations. Celles-là ne doivent pas effectuer ces formalités.
Par contre, les associations qui dépassent certains critères, notamment les grandes associations,
sont soumises exactement au même régime que les SA, donc doivent établir un procès-verbal
substantiel, le publier dans leur rapport annuel et avertir leur commissaire. La prof nous rappelle
en effet que les grandes associations ont un commissaire, et qu’en cas de conflit d’intérêt, les
sociétés qui ont un commissaire doivent le prévenir et le commissaire examinera si la procédure
a été respectée, il en fera mention dans son rapport. C’est la même chose pour les grandes
associations.
8. Délibérations écrites
Les décisions de l’organe d’administration peuvent être prises par décision unanime de tous les
administrateurs, exprimée par écrit, à l’exception des décisions pour lesquelles les statuts
excluent cette possibilité (CSA, art. 9:9, al. 1er).
Cette possibilité devient donc de droit. Une ASBL peut cependant l’exclure par ses statuts.
9. Sonnette d’alarme
En ce qui concerne la procédure de sonnette d’alarme, il n’y a pas de capital dans les ASBL.
On peut faire des apports mais ça n’est même pas requis.
On se rappelle, les seules constitutions : il faut un écrit, il faut un écrit qui comporte les mentions
qui sont requises par la loi, et il faut un nombre minimum de membres et un but désintéressé.
Mais, on s’en souvient, la prof ne nous a parlé d’aucune autre formalité.
Si on fait un apport, il n’y a pas de versement sur un compte spécial, si on fait un apport en
nature, il n’y a pas de rapport de reviseur, pourquoi ? Parce que dans l’association, il n’y a pas
de capital ou de capitaux propres de départ, comme dans le cadre d’une SARL par exemple, il
ne faut pas de plan financier dans la constitution d’une ASBL.
Et cette simplicité des ASBL se retrouve aussi au niveau de la procédure de sonnette d’alarme.
On se souvient que pour les SA par exemple, il y a une procédure de sonnette d’alarme qui
s’enclenche lorsque l’actif net est réduit à la moitié du capital, ou pour les SARL lorsque l’actif
net devient inférieur à 0. Tout ça n’existe pas pour les ASBL parce qu’elles n’ont pas de capital
ou de capitaux propres de départ suffisant. Donc la seule procédure de sonnette d’alarme qui
s’applique c’est lorsque le conseil d’administration constate que la continuité de l’entreprise est
mise en péril. Et dans ce cas-là, il doit délibérer et voir les mesures qui peuvent être prises pour
remédier à ce risque de discontinuité. C’est le seul cas qui peut être qualifié de procédure de
sonnette d’alarme.
Et enfin, pour la responsabilité, la prof peut nous renvoyer à tout ce qu’elle nous a dit pour la
responsabilité des administrateurs des sociétés, et notamment des plafonds de responsabilité,
avec ceci que y’a beaucoup de toutes petites, de micro-associations, et donc là le plafond de
responsabilité sera le moins élevé c’est-à-dire 125 000 euros, ce qui n’est pas rien quand même.
Et alors une petite nuance, c’est que certaines dispositions du Code de droit économique qui
prévoient la responsabilité personnelle des administrateurs dans certains cas, notamment en cas
de faute grave et caractérisée, ayant contribuée à la faillite, ou en cas de poursuites déficitaires
des activités, ne vont pas s’appliquer à certaines associations. Mesure de faveur du législateur.
Mais sinon on voit que le régime est quand même extrêmement semblable.
Concernant la gestion journalière, la prof n’a rien de particulier à nous dire concernant l’organe
éventuel de gestion journalière. Tout comme dans une SA, l’organe d’administration, le conseil
d’administration peut déléguer la gestion journalière à un administrateur.
La prof nous rappelle qu’on parle d’administrateur délégué lorsque la personne chargée de la
gestion journalière est par ailleurs administrateur et on parle de délégué à la gestion journalière
lorsque la personne chargée de la gestion journalière n’a par ailleurs pas la qualité
d’administrateur.
La prof nous rappelle aussi que la notion de gestion journalière est devenue beaucoup plus large
que sous l’empire du Code des sociétés parce que jadis il s’agissait uniquement des actes
urgents ou de minime importance, tandis que désormais il s’agit des actes urgents OU devenus
importants, les 2 conditions ne sont plus cumulées.
Donc pas de difficulté particulière pour l’organe de gestion journalière, c’est un organe
facultatif. Cela peut être utile dans les grandes ASBL où l’organe d’administration ne se réunit
pas très souvent. Dans les petites ASBL généralement il n’y en a pas.
1. Pouvoirs
L’AG rassemble tous les membres. La prof nous le rappelle, elle rassemble tous les membres
effectifs. Seuls les membres effectifs ont le droit de prendre part et de voter à l’AG. Parfois les
statuts reconnaissent aux adhérents le droit d’assister à l’AG, mais pas le droit de voter à l’AG
car le droit de vote à l’AG c’est ce qui définit le membre effectif.
Donc ce sont globalement pour l’AG annuelle les mêmes points à l’ordre du jour, sinon qu’il
n’y a évidemment pas d’affectation des bénéfices, et qu’il y a une approbation du budget.
Et puis il y a des AG qui se tiennent en dehors du moment prévu pour l’AG annuelle.
Bien entendu, la prof ouvre une parenthèse, bien que traditionnellement on mette à l’ordre du
jour de l’AG annuelle des nominations d’administrateurs, ce point peut être apporté à l’ordre
du jour de n’importe quelle AG en cours d’année. De même, l’AG ne doit pas attendre le 3ème
mardi d’avril, si c’est la date statutaire de son AG annuelle, pour révoquer des administrateurs
éventuellement.
Autre parenthèse ouverte par la prof, la date de l’AG annuelle doit toujours être indiquée de
manière précise dans les statuts. Donc les statuts généralement n’indiquent pas une date fixe
parce que s’ils indiquaient le 15 avril par exemple, bah le 15 avril risque d’être certaines années
un samedi, un dimanche voire le jour de pâque, donc généralement ce qu’on fait dans les statuts
c’est de prévoir que l’AG se tient « le 3ème jeudi du mois d’avril » par exemple, et souvent il est
prudent d’ajouter une clause « et si ce jour est un jour férié, le jour ouvrable suivant, étant
entendu que le samedi ne sera pas considéré comme un jour ouvrable. » Donc, c’est vraiment
déconseillé de fixer une date fixe, mais il n’y a évidemment aucune ambigüité si l’on dit que
l’AG se tient le 3ème jeudi du mois d’avril à, par exemple, 10h30.
La prof ferme la parenthèse pour l’AG annuelle.
Et donc des AG peuvent se tenir à un autre moment qu’à la date fixée par les statuts. Il s’agit
alors d’une AG extraordinaire qui peut donc avoir n’importe quel point de la compétence de
l’AG à l’ordre du jour, notamment des nominations et révocations d’administrateurs, ou de
commissaire, et les autres points pour lesquels l’AG est compétente c’est bien sûr la
modification des statuts. Cela c’est un point commun entre les sociétés et les associations. L’AG
est toujours compétente en matière de modification des statuts, même si on l’a vu pour les
sociétés, certaines modifications de statuts peuvent être laissées à l’organe d’administration,
rappelons-nous, la clause de capital autorisé dans les SA.
Les associations peuvent aussi se contenter d’indiquer dans leurs statuts la région dans laquelle
leur siège est établi, de sorte que dans les associations aussi l’organe d’administration est
compétent pour déplacer le siège social, pour autant que ça n’implique pas de modification de
la langue applicable aux statuts. Donc le conseil d’administration peut déplacer le siège. Si c’est
à l’intérieur de la même région, il n’y aura pas de modification de statut, mais si c’est dans une
autre région du même régime linguistique, ce serait une modification des statuts de la
compétence de l’organe d’administration. Mais c’est la seule exception, avec l’indication du
site internet, c’est la seule exception pour les associations, sinon c’est l’AG qui est compétente
pour modifier les statuts. Elle est aussi compétente pour, on l’a vu, exclure un membre, et
rappelons-nous qu’elle doit entendre ce membre : respect des droits de la défense. Elle est
compétente pour toutes les opérations que la prof va appeler « extraordinaires », qui sont : la
dissolution, la transformation, la fusion et bien entendu, les statuts pourraient réserver certains
pouvoirs à l’AG, par exemple en prévoyant que l’organe d’administration ne peut pas faire telle
ou telle opération sans l’approbation préalable de l’AG ; c’est permis.
2. Convocation
C’est aussi aux statuts à fixer. Généralement, on prévoit que c’est par exemple le président du
conseil d’administration, ou le président du conseil d’administration qui doit le faire à la
demande de 2 administrateurs, ou le délégué à la gestion journalière.
Ce sont les statuts qui vont fixer les modalités de convocation, étant entendu que le Code prévoit
une règle impérative qui est le droit pour des actionnaires, des membres, qui représentent 1/5ème
des membres, d’exiger la convocation d’une AG. Donc des membres, même s’ils sont
majoritaires, ne peuvent pas convoquer eux-mêmes l’AG, mais ils doivent demander à l’organe
d’administration, ou à la personne compétente en vertu des statuts pour convoquer l’AG, de le
faire.
Et dans ce cas, c’est obligatoire de convoquer l’AG. Et si l’organe d’administration restait sourd
à leur demande, s’il y a un commissaire, ils peuvent s’adresser au commissaire, qui aura
exceptionnellement le droit de convoquer une AG. Le délai de convocation est de 15 jours, rien
de particulier à cet égard, c’est le même délai que dans les SARL par exemple.
Les statuts peuvent être modifiés par acte authentique ou sous seing privé. En cas de
modification des statuts, le quorum, la prof nous l’a indiqué hier, il y a un quorum de présence
de 2/3 des membres et la majorité est en principe de 2/3 des membres.
La prof nous rappelle comment ça se passe : quorum de présence ça signifie que les 2/3 des
membres doivent être présents ou représentés à l’assemblée. Si ce quorum n’est pas atteint, il
faut reconvoquer une nouvelle AG, qui elle statuera valablement quel que soit la proportion de
membres présents ou représentés.
Les membres présents ou représentés vont voter et la décision est prise si elle recueille la
majorité des 2/3 des membres. Et comme pour les sociétés, on neutralise les abstentions. En
d’autres termes, une abstention n’est pas considérée comme un vote négatif, on n’en tient pas
compte. S’il y a 100 membres et que 50 s’abstiennent, la majorité va être calculée sur 50 et non
pas sur 100. La majorité est portée à 4/5ème pour des décisions très importantes comme la
modification du but, des objets ou encore la dissolution.
L’AG des ASBL est, on le voit, beaucoup plus facile que dans les sociétés.
Chapitre 3. AISBL
Qu’est-ce qu’une AISBL ? Une AISBL est une association qui n’a pas de but lucratif et qui
poursuit un but d’utilité internationale.
Section 1. Constitution
I. Condition de fond
1. But désintéressé
L’AISBL est une association et à ce titre doit, comme l’ASBL, avoir un but désintéressé (CSA,
art. 1:2).
Tout ce que l’on veut, pour autant que la dimension de ce but dépasse le cadre étroit qui est
national. La prof avait cité comme exemple hier une association qui a pour but d’examiner les
mesures locales à prendre en vue de lutter contre le réchauffement climatique. Est-ce que ça
pourrait faire l’objet d’une AISBL ? On pourrait imaginer quelles sont les mesures locales à
prendre quels que soient les pays concernés. Donc on pourrait se dire que le but est de lutter
contre les réchauffements climatiques qui est évidement d’utilité internationale et pas national,
et qu’examiner les mesures locales ça ne veut pas dire examiner les mesures à prendre « en
Belgique » ; ça peut être examiner les mesures qui peuvent être prises partout dans le monde,
mais qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique.
Donc tout ce qui est écologie fournit des exemples de but international, étant entendu qu’on
peut avoir des buts écologiques qui sont tout à fait nationaux ou même locaux. On peut avoir
une association qui a pour but de veiller à la sauvegarde des grenouilles dans le lac
Steenokkerzeel, ce qui sera un but tout à fait national.
Dans le domaine des relations diplomatiques et de la paix dans le monde, on peut avoir des
AISBL. Dans le domaine culturel. Dans énormément de domaines on peut créer des AISBL.
Ce qui est important de savoir c’est que là où on peut créer une AISBL, on peut préférer la
forme toute simple de l’ASBL. Si on a comme but la rencontre des jeunes pour éviter qu’il y
ait des guerres dans le futur par exemple, bien entendu c’est un but international, on peut créer
une AISBL, mais on peut aussi créer une ASBL. En d’autres termes, il y a une exigence de
dimension internationale pour l’AISBL, mais par contre il n’y a aucune exigence de nationalité
ou d’internationalité pour les ASBL. Ce qu’on peut faire dans une AISBL, on peut le faire dans
une ASBL. Mais l’inverse n’est pas toujours exact : si on a un but purement local comme les
mesures à prendre pour éviter que telle espèce en voie d’extinction qui n’existe qu’aux alentours
du lac de Steenokkerzeel survive, là évidemment on ne peut pas créer une AISBL.
Attention aussi car international ne signifie pas nécessairement que dans cette association il
faut nécessairement des représentants, des membres, qui viennent d’États différents : on peut
très bien constituer une AISBL uniquement avec des personnes nationales. Ce qui compte c’est
uniquement la dimension internationale du but.
En ce qui concerne les conditions de fond, la prof peut nous renvoyer à ce qu’on a vu sur
l’ASBL : il n’y a pas de condition de fond distincte de celle de tout contrat. Il faut notamment
2 membres, ce n’est pas possible de constituer une AISBL à soi tout seul, mais par contre ce
qui change et ce qui est assez, la prof a presque envie de dire « anachronique », ce sont les
conditions de constitution de l’AISBL.
II. Formalités
1. Acte authentique
On a peut-être, si on a eu des cours d’histoire qui remontaient encore à cette période, des
souvenirs de compagnies comme la compagnie des indes occidentales etc., qui, dans l’ancien
régime, voyait son existence subordonnée à un acte du roi, qui avait d’ailleurs aussi des
pouvoirs quasi régaliens comme : le pouvoir de police, le pouvoir de frapper monnaie etc...
Et donc ce qui sent l’ancien régime, c’est le processus de constitution de l’AISBL, qui doit non
seulement faire l’objet d’un acte authentique, alors qu’on s’en souvient, pour une ASBL on a
le choix (acte sous seing privé, ou acte authentique), mais en plus, il faut un arrêté royal de
reconnaissance, et c’est là que ça semble un peu obsolète à la prof comme manière de
fonctionner au 21ème siècle.
Il faut que le roi, enfin les services du ministère de la justice, reconnaisse la personnalité
juridique de l’AISBL. Et d’ailleurs, alors que pour une ASBL le processus de constitution est
tout à fait standard : acte constitutif, dépôt au greffe et acquisition de la personnalité morale,
publication d’extrait aux annexes du moniteur belge, le processus est un petit peu différent ici
pour l’AISBL : il faut aussi un acte constitutif qui est authentique, mais il faut que le roi
reconnaisse la personnalité juridique, et la personnalité juridique est acquise au moment de
l’arrêté royal, et non pas au moment du dépôt des actes aux annexes du moniteur belge. Les
actes ou un extrait des actes, l’acte constitutif, devra aussi être déposé au greffe du tribunal de
l’entreprise, devra aussi faire l’objet de publications par extraits, mais le moment de
l’acquisition de la personnalité juridique est différent.
En pratique, ça ne pose pas tellement de difficultés à ceux qui constituent l’AISBL parce que
c’est le notaire qui va se charger des formalités, et le notaire n’a évidemment pas envie de passer
un acte authentique, puis de voir son acte authentique refusé parce que le roi refuse de délivrer
cet arrêté royal. Donc, en pratique, comment ça se passe ? Le notaire établit un projet, et il
envoie son projet au ministère de la justice, et le fonctionnaire compétent revoit le projet et
indique au notaire si c’est bon ou pas. Et, ce n’est que lorsque le notaire est sûr que son projet
est bon qu’il introduira la demande officielle de reconnaissance de la personnalité morale, et
l’arrêté royal sera délivré, idéalement ça devrait être quelques jours, en fait c’est une question
en principe de quelques semaines, et actuellement, c’est plutôt une question de quelques mois.
Question posée en cours : Concernant le greffe, ici ils doivent aussi déposer les documents au
greffe mais ils n’acquièrent pas la personnalité juridique à ce moment-là ?
Réponse de la prof : non, ils l’acquièrent au moment où l’arrêté royal est édité. Et le notaire
ne déposera les documents au greffe que lorsque cet arrêté royal aura été porté à sa
connaissance. Donc il n’y a pas de risque qu’il n’y ait pas dépôt puisque c’est le notaire qui
s’en charge et il n’y a pas de risque qu’il y ait dépôt sans arrêté royal puisque c’est un arrêté
royal et 2 dépôts. Évidemment il y aurait un risque si c’était les particuliers qui s’en chargeaient,
mais comme c’est le notaire qui s’en charge, il n’y a « pas » de risque. Le notaire pourrait être
distrait, ça peut arriver, mais alors la sanction de l’absence de dépôt serait que la personnalité
morale et les statuts seraient inopposables aux tiers. Le dépôt au greffe et la publication sont
indispensables pour assurer l’opposabilité aux tiers de tout ça.
3. Nullité
Le CSA énumère de manière limitative les causes de nullité des AISBL :
4° lorsque le but ou l’objet en vue duquel elle est constituée, ou son but ou objet réel,
contrevient à la loi ou à l’ordre public ;
5° lorsqu’elle a été constituée dans le but de fournir à ses membres, à ses membres
adhérents, aux membres de son organe d’administration ou à toute autre personne, sauf
dans le but désintéressé déterminé par les statuts, des avantages patrimoniaux directs ou
indirects (art. 10:4).
Section 2. Membres
1. Nombre et qualité
Autant le processus de constitution est lourd, autant une fois que l’AISBL s’est constituée, dans
le respect bien entendu des principes généraux et notamment du caractère désintéressé de son
but et de ses activités, autant ce régime se caractérise par la liberté. La liberté en ce sens qu’il
y a extrêmement peu de règles impératives qui s’appliquent aux AISBL, même si on compare
aux ASBL.
Question posée en cours : c’était donc pour vous le seul avantage, qui est un avantage de
prestige. En terme légal ou en termes de gestion, il n’y a aucune différence entre une ASBL et
une AISBL ?
Réponse de la prof : Si, le régime est beaucoup plus libre aussi. Donc la constitution est
beaucoup plus lourde, mais le régime est beaucoup plus libre. Maintenant, la prof va nous parler
de cette liberté d’organiser la gouvernance. On constate quand même que beaucoup d’AISBL
reprennent dans leurs statuts les mêmes règles, reprennent des statuts quasi identiques à ceux
des ASBL. En d’autres termes elles ne sentent pas le besoin d’utiliser cette liberté.))
Donc en ce qui concerne les membres, il y a une règle impérative : c’est qu’il en faut 2. Mais
pour le surplus, elles font ce qu’elles veulent. Toute personne physique ou morale peut devenir
membre d’une AISBL.
Mais comme les ASBL aussi, il peut y avoir des membres effectifs et des adhérents, plusieurs
catégories de membres, ça c’est quelque chose qui se retrouve beaucoup plus fréquemment dans
les AISBL que dans les ASBL. Par exemple, des catégories de membres en fonction de leur
contribution. On peut aussi avoir des AISBL où on a des personnes morales de droit public, des
États à la limite, et des associations, des associations représentatives d’autres associations, il
peut y avoir différentes catégories de membres avec des cotisations à payer différentes, avec
des droits de vote différents, tout ça, c’est permis.
3. Admission et sortie
Les statuts doivent prévoir les conditions et les formalités d’admission et de sortie des membres
(CSA, art. 2:10, § 2, 4°). Le CSA ne comporte aucune disposition à cet égard.
Section 3. Gouvernance
- 1ère règle impérative : il faut au moins une AG par an, qui a certains pouvoirs on va le
voir.
- 2ème règle impérative : c’est ce qui concerne la modification de certaines clauses des
statuts. C’est tout. Nous allons voir qu’il n’y a pas de règles particulières pour l’organe
d’administration par exemple.
1. Assemblée générale
L’AG c’est la réunion de tous les membres et elle doit au moins se réunir une fois pour
approuver le budget et les comptes, et le cas échéant si on a affaire à une grande association,
pour nommer un commissaire, et elle doit se réunir si 1/5ème des membres le demande. C’est la
seule règle impérative concernant les AG.
Cela veut dire par exemple que les statuts peuvent prévoir que les administrateurs sont nommés
selon un autre processus qu’une nomination par l’AG. Ca veut dire aussi que certaines
compétences traditionnelles de l’AG comme par exemple la modification des statuts ou même
la dissolution, doivent être soustraites à l’AG et données à un autre organe : l’organe
d’administration.
Donc c’est aussi une formule, et là la liberté peut être avantageuse, pour le management, pour
concentrer le pouvoir au niveau de l’organe d’administration plutôt que de laisser toute une
série de compétences entre les mains des membres qui se réunissent dans l’AG. La prof ne dit
pas que c’est nécessairement une bonne chose, mais ça doit être examiné au cas par cas.
2. Organe d’administration
L’organe d’administration : bah l’AISBL prévoit ce qu’elle veut. Elle pourrait aussi inverser
les choses, elle pourrait aussi prévoir une AG qui est l’organe souverain. Donc on l’a vu, dans
toutes les sociétés et les ASBL, l’organe d’administration c’est l’organe souverain.
Et bien, on pourrait prévoir autre chose dans les AISBL, comme on pourrait restreindre au
minimum les compétences de l’AG, les statuts pourraient aussi donner tout pouvoir à l’AG et
prévoir que l’organe d’administration est simplement un organe d’exécution des décisions de
l’AG, ou faire l’inverse et dire que l’organe d’administration, comme dans les ASBL, est
l’organe souverain, et même qu’il a beaucoup plus de pouvoirs que l’organe d’administration
dans l’ASBL. Liberté absolue. Et cette liberté s’étend même aux conflits d’intérêts, à la
règlementation des conflits d’intérêt.
Alors le CSA, ou plutôt le législateur, a été extrêmement attentif à bien prévoir des procédures
de conflit d’intérêt dans les sociétés, dans les ASBL, dans les fondations, mais dans les AISBL,
rien n’est prévu.
C’est-à-dire que toute liberté est laissée aux statuts qui peuvent prévoir une procédure de conflit
d’intérêts calquée sur celle des ASBL ou même des SA, et qui pourrait aussi ne pas prévoir de
procédure de conflit d’intérêt, ce qui n’est évidemment pas à conseiller parce que :
2) S’il n’y a aucune règle dans les statuts, on va vite se demander quel est le droit commun
qui s’applique, et le droit commun n’est pas si clair que ça.
Donc, il est recommandé de traiter la procédure de conflit d’intérêt dans les statuts, mais ça
n’est absolument pas obligatoire.
- 1ère bizarrerie : qui modifie les statuts ? Ce sont les statuts qui indiquent quel est l’organe
compétent,
- 2ème bizarrerie : il y a un principe qui était tout à fait général jusqu’à présent et qu’on
peut appeler le principe du parallélisme des formes suivant lequel lorsqu’une personne
morale doit se constituer selon une forme déterminée, eh bien elle doit utiliser la même
forme pour modifier ses statuts. Exemple : une SA doit se constituer par acte
authentique -> il faut un acte authentique pour modifier ses statuts. La prof précise que
la règle du parallélisme des formes, d’une part n’interdit jamais à une entité de recourir
à un acte authentique, même lorsqu’il n’y est pas obligé, par exemple une ASCBL se
constitue par acte sous seing privé, rien ne lui interdit de modifier ses statuts par acte
authentique, par exemple parce que les membres sont en train de se disputer et qu’on
pense que le notaire va pouvoir apporter la paix à l’AG et éviter toute contestation
ultérieure. Donc ce n’est pas interdit, la règle du parallélisme des formes n’interdit pas
de modifier par acte authentique un acte qui a été établi sous seing privé, mais elle
interdit par contre, lorsque l’acte constitutif a été établi par acte authentique de le
modifier par acte sous seing privé. C’était un principe absolu, mais on a une exception
avec l’AISBL.
Et le système n’est pas simple. En principe, un acte sous seing privé suffit pour modifier les
statuts. Donc on a vu que les statuts doivent être établis par acte authentique ; ils peuvent en
principe être modifiés par acte sous seing privé, sauf, et c’est l’exception, certaines mentions,
par exemple les compétences de l’AG ou les modalités de réunion de l’AG, doivent
nécessairement être constatées par acte authentique. Et, il faut un arrêté royal pour la
modification du but. Cela c’est logique. Il fallait un arrêté royal pour la constitution du but,
pour vérifier que le but soit bien un but désintéressé, d’utilité internationale, ce serait
évidemment un petit peu trop simple si dès qu’elle a son arrêté royal, l’AISBL devenait
complètement libre. A cet égard, il faudra un arrêté royal pour modifier le cas échéant le but.
Question posée en cours : Le parallélisme des formes c’est dire que même si y’a une obligation
de faire les statuts avec un acte authentique au début, on peut modifier les statuts par après avec
un acte sous seing privé ?
Réponse de la prof : Non, c’est l’inverse. Si on a un acte authentique pour la constitution, il faut
un acte authentique pour la modification. Si on a un acte sous seing privé pour la constitution,
il suffit d’un acte sous seing privé pour la modification, mais on est libre de recourir, de faire
appel, à un notaire.
Donc : acte sous seing privé à acte sous seing privé. Acte authentique à acte authentique.
Exception : l’AISBL, mais c’est une exception un peu tordue parce que bien qu’il faille un acte
authentique pour la constitution, un acte sous seing privé suffit en principe pour la modification,
mais avec des tas d’exceptions. C’est pour ça que la prof nous dit que c’était une exception
imparfaite, un petit peu tordu.
Chapitre 4. Fondations
Section 1. Constitution
1. Définition
« Une fondation est une personne morale dépourvue de membres, constituée par un acte
juridique par une ou plusieurs personnes, dénommés fondateurs. Son patrimoine est affecté à
la poursuite d’un but désintéressé dans le cadre de l’exercice d’une ou plusieurs activités
déterminées qui constituent son objet. Elle ne peut distribuer ni procurer, directement ou
indirectement, un quelconque avantage patrimonial à ses fondateurs, ses administrateurs ni à
toute autre personne, sauf dans le but désintéressé déterminé par les statuts » (CSA, art. 1:3).
Jusqu’à présent, toutes les personnes morales que nous avons abordées, qu’il s’agisse des
sociétés, ASL ou AISBL, sont des groupements de personnes (avec une petite exception pour
la SA et la SRL unipersonnelle parce qu’on ne peut pas parler de groupement de personnes
quand on est tout seul).
A l’inverse, la fondation n’est pas un groupement de personnes. C’est une masse de biens
affectée par son ou ses fondateurs à un but désintéressé déterminé.
Le ou les fondateurs peuvent constituer une fondation par testament ou de leur vivant. Si Albert
II veut constituer une fondation, il doit pour cela affecter un ensemble de biens ou une somme
d’argent à un but déterminé et c’est cette masse de biens, dotée de la personnalité morale suivant
un processus de constitution, qui va constituer la fondation.
La différence fondamentale de la fondation par rapport aux associations et aux sociétés est que
la fondation n’a pas de membre (super important). Elle a bien entendu un ou plusieurs
fondateurs (cette masse de biens ne tombe pas du ciel) mais ce fondateur n’est pas membre de
la fondation. On va voir quels sont les pouvoirs qu’il peut se réserver vis-à-vis de cette fondation
mais quoi qu’il en soit, il n’en est pas membre puisqu’une fondation par définition n’a pas de
membre. C’est une masse de biens !
2. Distinction préalable
Il faut faire la distinction entre les fondations privées et les fondations d’utilité publique. Toutes
les deux sont dépourvues de membres et doivent poursuivre un but désintéressé (CSA, art. 1:3
; supra).
La fondation d’utilité publique est celle qui tend à la réalisation d’une œuvre à caractère
philanthropique, philosophique, religieux, scientifique, artistique, pédagogique ou culturel.
Une fondation privée est une fondation qui n’est pas reconnue comme étant d’utilité publique
(art. 11:1).
Elles sont soumises aux mêmes règles, sauf les exigences particulières en ce qui concerne le
but de la fondation d’utilité publique ainsi que le processus de constitution et de modification
des statuts.
3. Conditions de fond
- D’une part, son but doit être désintéressé (et en outre, s’il s’agit d’une fondation
d’utilité publique, tendre à la réalisation d’une œuvre à caractère philanthropique,
philosophique, religieux, scientifique, artistique, pédagogique ou culturel).
(1) En ce qui concerne les fondations privées, elles peuvent donc poursuivre n’importe quel
type de but, pour autant qu’il soit désintéressé.
Exemple : le but d’une fondation privée peut être le même que celui d’une association sans but
lucratif comme par exemple lutter contre le réchauffement climatique dans le monde ou veiller
à la sauvegarde des grenouilles dans tel écosystème local.
Remarque (pas très importante) : Le CSA indique que les associations ne peuvent pas procurer
ou distribuer d’avantages patrimoniaux à leurs membres, administrateurs ni à toute autre
personne sauf dans le cadre de leur but désintéressé. Pour la fondation, comme elle n’a pas de
membre, le Code dit qu’elle ne peut pas distribuer ou procurer d’avantages patrimoniaux à ses
fondateurs, administrateurs ou à tout autre personne -> Il n’y a pas la notion de membre dans
la définition du but mais c’est normal puisqu’elle n’a pas de membre.
(2) En ce qui concerne la fondation d’utilité publique, elle a également un but désintéressé mais
pas n’importe lequel. Tout comme l’AISBL qui a un but désintéressé spécifique (ce but doit
avoir une dimension internationale), la fondation d’utilité publique a également un but
désintéressé spécifique : il doit tendre à la réalisation d’une œuvre ayant un caractère
philanthropique, philosophique, religieux, scientifique, artistique, pédagogique ou culturel. Si
la fondation poursuit un but qui n’entre pas dans cette énumération, cette fondation ne peut pas
être reconnue d’utilité publique.
Exemples :
Quels buts ne pourraient pas convenir pour une fondation d’utilité publique ?
Exemple : Un but qui serait vraiment écologique et local du genre la sauvegarde des grenouilles
du lac de Steenokkerzeel. Néanmoins, avec un peu d’habilité, on peut faire rentrer pratiquement
tous les buts désintéressés dans cette énumération. En effet, a priori, la sauvegarde des
grenouilles du lac de Steenokkerzeel n’est un but ni philanthropique, ni philosophique, ni
religieux, ni éducatif, ni scientifique, ni artistique, ni pédagogique, ni culturel. Malgré tout, on
peut peut-être lui donner un but scientifique étant donné que la sauvegarde passe par l’étude
des grenouilles. Dès lors, si on rédige les statuts en prévoyant que la fondation a pour but l’étude
et la sauvegarde des grenouilles, une fondation d’utilité publique peut convenir (Ce ne serait
pas une fraude à la loi. Par ailleurs, il y a souvent une dimension scientifique dans un but
écologique)
N’oublions pas que la fondation (tout comme les associations) peut distribuer ou procurer des
avantages patrimoniaux à quiconque lorsque cela rentre dans le cadre de son but désintéressé.
Exemple : Les fondations qui accordent des bourses vont forcément accorder des avantages
patrimoniaux aux étudiants puisqu’elles accordent ces avantages patrimoniaux dans le cadre de
leur but désintéressé. Ici, on a un exemple, non pas à une distribution de bénéfices mais à un
prêt ou versement d’argent qui est tout à fait possible puisqu’il s’insère dans le cadre de son but
désintéressé.
C’est à tort que le CSA utilise le terme « patrimoine », qui vise un ensemble de biens et
d’obligations : ce sont des biens qui doivent être affectés à la fondation.
S’il y a plusieurs fondateurs, il suffit que l’un d’eux affecte des biens à la fondation : la loi ne
requiert pas que chaque fondateur affecte des biens.
Il peut s’agir d’une somme d’argent, d’un immeuble, d’une collection d’œuvres d’art, d’un
portefeuille de titres ...
Par l’acte d’affectation, le fondateur met un bien à la disposition de la fondation sans recevoir
aucune contrepartie. Cet acte fait partie du processus de constitution et s’analyse en un acte sui
generis (cession à titre gratuit) (supra).
4. Formalités
Les fondations privées et les fondations d’utilité publique doivent être constituées par acte
authentique (art. 2:5, § 3).
Pour le surplus, le processus de constitution des fondations privées est analogue à celui des
ASBL tandis que le processus de constitution des fondations d’utilité publique est analogue à
celui des AISBL :
(1) La fondation privée a la même exigence que celle du but de l’ASBL. Son processus de
constitution est pratiquement identique à celui de l’ASBL, à la différence que l’acte de
constitution doit être un acte authentique (l’acte de constitution doit être reçu par un
notaire). Excepté cela, on retrouve exactement les mêmes formalités classiques qu’on
connaît à savoir le dépôt de l’acte constitutif ainsi que la publication d’extraits aux
annexes du moniteur belge qui vont assurer la publicité vis-à-vis des tiers.
(2) Le processus de constitution à la fondation d’utilité publique est identique à celui des
AISBL. Il faut non seulement un acte authentique mais aussi un arrêté royal. (cf. Partie
du cours sur le processus de constitution des AISBL)
5. Nullité
Les causes de nullité sont pratiquement identiques à celles des ASBL, sous réserve qu’il n’y a
pas la cause de nullité qui tient à l’absence d’au moins deux fondateurs puisqu’une fondation
n’a pas de membre et qu’un seul fondateur pourrait suffire. (Une fondation peut être constituée
par une ou plusieurs personnes et ça n’aura aucune incidence sur la validité de la fondation ni
même sur son fonctionnement).
La nullité d’une fondation ne peut être prononcée que dans les cas suivants :
1° lorsque l’acte constitutif n’est pas établi en la forme requise = (Absence d’écrit et d’acte
authentique) ;
2° lorsque les statuts ne contiennent pas les mentions visées à l’article 2:11, § 2, 2°
(dénomination et région dans laquelle le siège est établi) et
3° (but et activités) = (Absence de certaines mentions fondamentales dans les statuts) ; lorsque
le but ou l’objet en vue duquel elle est constituée, ou son but ou objet réel, contrevient à la loi
ou à l’ordre public ;
4° lorsqu’elle a été constituée dans le but de fournir à ses fondateurs, aux membres de son
organe d’administration ou à toute autre personne, sauf dans le but désintéressé déterminé par
les statuts, des avantages patrimoniaux directs ou indirects (CSA, art. 11:5). = (Un but qui ne
serait pas désintéressé).
à Les causes de nullité sont très rares pour les fondations car elles doivent être constituées par
acte authentique (reçu par un notaire).
Section 2. Gouvernance
La fondation fait l’objet d’une série de règles au même titre que les ASBL. (Ce sont vraiment
les AISBL qui font figure d’exception en se voyant reconnaître une extrême liberté pour leur
constitution)
1. Organe d’administrations
Le Code prévoit que l’organe d’administration est l’organe souverain puisqu’il n’y aura pas
d’assemblée générale (puisqu’il n’y a pas de membres). Cet organe d’administration peut avoir
un ou plusieurs administrateurs. S’il y a plusieurs administrateurs, ce sera un organe collégial
qui formera ses décisions à la suite d’une délibération. (CSA, art. 11:6).
àUne fondation est administrée par un ou plusieurs administrateurs qui ont tous les pouvoir.
Les statuts doivent indiquer le mode de nomination des administrateurs (CSA, art. 2:11, § 2,
4°, a).
Cette clause est d’autant plus importante que la fondation n’a pas d’assemblée générale.
Les premiers administrateurs sont désignés, soit dans les statuts eux-mêmes, soit dans l’acte
constitutif de la fondation, mais les statuts doivent nécessairement prévoir des règles pour la
nomination de leurs successeurs : « Que se passe-t-il si les administrateurs démissionnent ou
sont révoqués parce qu’ils ont commis des fautes ? »
Dans la fondation, ce problème est non seulement un problème de bonne gouvernance mais il
en va même de la vie de la fondation qui ne pourrait pas fonctionner sans personne au sein de
son organe d’administration. Il faut absolument que les statuts règlent la question des
nominations ultérieures des administrateurs (= des nominations des administrateurs une fois
que les administrateurs nommés dans l’acte constitutif ne seront plus là pour une raison ou une
autre)
A cet égard, les statuts disposent de toute liberté à cet égard ; les mécanismes les plus fréquents
sont les suivants :
Exemple
- L’ULB a constitué une fondation. Dès lors, la fondation de l’ULB pourrait prévoir dans
ses statuts que les membres du Conseil d’administration sont nommés par tel organe de
l’ULB.
- Des sociétés constituent parfois des fondations (la fondation Cartier par exemple). Dès
lors, la fondation Cartier pourrait prévoir dans ses statuts que ses administrateurs sont
nommés par telle société du groupe Cartier.
Si on opte pour cette deuxième option, il faudra faire attention à deux éléments. Tout
d’abord, il faut que l’entité que la fondation a choisi pour nommer ses administrateurs
soit une entité dont on est raisonnablement assuré qu’elle va durer dans le temps et pas
une entité qui pourrait disparaître rapidement. Ensuite, il faut s’assurer de l’accord de
l’entité qu’on désignerait dans les statuts pour nommer les administrateurs (= il faut que
l’organe de l’ULB choisi par la fondation de l’ULB ou encore la société Cartier accepte
de nommer les administrateurs de la fondation en question)
Avis de la prof : Cette option fonctionne bien mais pas dans tous les cas, c’est une
question de cas d’espèce.
3) Il est possible de prévoir que les administrateurs futurs seront désignés par une
personne physique est une solution.
Avis de la prof : Pas idéal parce que cette personne physique n’est pas éternelle non
plus. Par ailleurs, lorsqu’on prévoit dans des fondations d’ordre familial que les
administrateurs seront nommés par les descendants de monsieur X, ces descendants
ne pouvant pas donner leur accord maintenant parce qu’ils n’existent pas encore,
quid si ces descendants ne sont pas d’accord ?
4) On peut aussi prévoir que certaines personnes seront administratrices du fait de leurs
fonction. Par exemple, le président du conseil d’administration de l’ULB sera
administrateur de telle fondation. Là aussi, il faut s’assurer que ces personnes sont
d’accord.
Avis de la prof : Pas idéal parce que si on prévoit que seront administrateurs d’une
fondation des personnes identifiées par leur fonction, on ne peut demander l’accord
que de la personne qui occupe actuellement cette fonction mais c’est impossible de
demander l’accord de la personne qui, dans dix ans, sera président du conseil
d’administration de l’ULB.
5) On peut aussi prévoir des formules qui combinent ces différentes solutions. Par
exemple, s’il y a un conseil d’administration de 8 membres, on pourrait prévoir que
¼ des membres est renouvelé tous les 3 ans par cooptation, que certains membres
seulement sont désignés par telle entité.
Petit récapitulatif :
- En cas de mandats à durée déterminée (expirant chaque fois à une année d’intervalle),
cooptation d’un nouvel administrateur tous les ans ;
- Désignation par un tiers, par exemple une association ou une fondation active dans le
même domaine ou un expert ;
- Fixation dans les statuts de conditions de qualité libellées de telle manière que certaines
personnes deviennent administrateurs de plein droit ; ce type de clause est à rédiger avec
prudence car les personnes concernées pourraient refuser ;
- etc.
Le cas échéant, les statuts peuvent imposer de choisir les administrateurs dans des « catégories
» spécifiques (telle branche de la famille, telle profession, ...).
Les statuts doivent également mentionner les modalités de révocation et de cessation des
fonctions des administrateurs (CSA, art. 2:11, § 2, 4°, a).
En principe, tout administrateur peut démissionner à tout moment, pour autant qu’il ne le fasse
pas à contretemps. Les statuts peuvent cependant imposer un préavis.
(Toutes les personnes morales peuvent démissioner)
En ce qui concerne la révocation, ils peuvent aussi être révoqués en fonction de ce que
prévoient les statuts.
Les statuts peuvent prévoir que les administrateurs sont révocables ad nutum ou uniquement
pour de justes motifs, énumérés ou non. Ils peuvent également prévoir que tous les
administrateurs ou certains d’entre eux sont irrévocables, même si ce n’est pas toujours
opportun.
Si les statuts sont muets sur la question, le pouvoir de révoquer les administrateurs appartient à
l’organe d'administration en sa qualité d’organe souverain, titulaire des pouvoirs résiduaires.
En toute hypothèse (donc aussi dans l’hypothèse où le statut ne prévoit rien), le tribunal de
l’entreprise dans le ressort duquel la fondation a son siège, peut prononcer la révocation des
administrateurs dans toute une série de cas :
Dans ce cas, le tribunal doit nommer les nouveaux administrateurs en conformité avec les
statuts (art. 11:13).
C’est notamment lui qui nomme le commissaire (CSA, art. 11:11), établit le budget (art. 11:12)
et arrête les comptes.
Les administrateurs peuvent convenir de la répartition des tâches entre eux. Une telle répartition
des tâches n’est pas opposable aux tiers, même si elle est publiée (art. 11:7, § 1er).
5. Représentation de la fondation
Les statuts peuvent prévoir que la fondation est représentée par un ou plusieurs administrateurs,
agissant seuls ou conjointement. Cette clause est opposable aux tiers si elle est publiée.
Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce pouvoir de représentation. Une telle limitation
n’est pas opposable aux tiers, même si elle est publiée. Il en va de même pour une répartition
des tâches entre les administrateurs ayant le pouvoir de représentation (CSA, art. 11:7, § 2).
Lorsque l’organe d’administration est appelé à prendre une décision ou à se prononcer sur une
opération relevant de sa compétence à propos de laquelle un administrateur a un intérêt direct
ou indirect de nature patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de la fondation, cet administrateur
doit en informer les autres administrateurs avant que l’organe d’administration ne prenne une
décision.
Sa déclaration et ses explications sur la nature de cet intérêt opposé doivent figurer dans le
procès-verbal de la réunion de l’organe d’administration qui doit prendre cette décision. Il n’est
pas permis à l’organe d’administration de déléguer cette décision.
L’administrateur ayant un conflit d’intérêts ne peut prendre part aux délibérations de l’organe
d’administration concernant ces décisions ou ces opérations, ni prendre part au vote sur ce point
(CSA, art. 11:8, § 1er).
à Sur le plan des principes, l’administrateur en conflit doit le déclarer et doit s’abstenir de
participer à la délibération et au vote.
Cependant, on a quand même un petit problème. En effet, dans une association dans laquelle
tous les administrateurs sont conflictés, le point à l’ordre du jour remonte à l’assemblée
générale. Or, ici, cette solution n’est pas possible puisqu’il n’y a pas d’assemblée générale (=
l’organe d’administration n’a aucun organe auquel il pourrait se référer).
Pour cette raison, le CSA prévoit la solution suivante : S’il n’y a qu’un seul administrateur ou
si tous les administrateurs du Conseil d’administration ont un conflit patrimonial avec la
fondation, ils peuvent prendre la décision eux-mêmes (Solution pas idéale selon la prof). (art.
11:8, § 2)
Par contre, dans ce cas, il devra y avoir une publicité de cette décision. Le ou les
administrateur(s) doit/doivent décrire la nature de la décision ou de l’opération entachée d’un
conflit d’intérêt ainsi que les conséquences patrimoniales de celle-ci pour la fondation et
justifier la décision qui a été prise.
Cette partie du procès-verbal devra être reproduit, soit dans son intégralité dans le rapport de
gestion, soit dans un document qui devra être déposé en même temps que les contrôles annuels
pour les petites fondations qui n’ont pas à établir de rapport de gestion, de sorte qu’il y a un
certain contrôle (minime) par la publicité.
Ce contrôle est plus important dans les grandes fondations parce que quand une fondation ou
association a nommé un commissaire et qu’il y a un conflit d’intérêt à l’organe d’administration,
l’association ou la fondation doit en aviser le commissaire en lui communiquant ce procès-
verbal. Le commissaire, dans son propre rapport (il doit l’établir en fin d’année), vérifiera si la
procédure a été respectée, évaluera les conséquences patrimoniales pour la fondation des
décisions de l’organe d’administration pour lesquelles il existe un intérêt opposé (art. 11:9)
On a donc plus de risques dans les petites fondations puisque les grandes fondations connaissent
un contrôle des conflits d’intérêt supérieur grâce au rôle du commissaire.
Comme pour les ASBL, il est tout à fait possible de prendre des résolutions écrites à l’unanimité
des administrateurs. Il ne faut même pas de clause des statuts dans ce cas. Au contraire, si on
veut exclure cette possibilité, il faut le prévoir dans les statuts (CSA, art. 11:10, al. 1).
Les statuts peuvent prévoir qu’un administrateur peut se faire représenter par un autre
administrateur à une réunion de l’organe d’administration (CSA, art. 11:10, al. 2).
9. Gestion journalière
L’organe d’administration peut charger une ou plusieurs personnes, qui agissent chacune
individuellement, conjointement ou collégialement, de la gestion journalière de la fondation,
ainsi que de la représentation de la fondation en ce qui concerne cette administration.
Bien sûr, il y a la possibilité d’un délégué à la gestion journalière (administrateur ou pas) mais
ce n’est pas ce délégué qui va pouvoir résoudre la problématique des conflits d’intérêt.
Les statuts ont été arrêtés lors de la constitution de la fondation par le fondateur !
Tout comme les statuts vont devoir décrire comment renouveler les administrateurs, ils devront
également prévoir les conditions de modification des statut (puisqu’il n’y a pas d’assemblée
générale). (CSA, art. 2:11, § 2, 5°).
Là aussi, les solutions apportées par le statut vont fort dépendre des circonstances de fait.
Si par exemple, on a une société qui constitue une fondation dans le cadre de sa politique de
mécénat, les statuts de la fondation prévoiront sans doute que les statuts de la fondation peuvent
être modifié par le Conseil d’administrateur de cette société. Tant que le fondateur est vivant,
il peut aussi se réserver la possibilité de modifier les statuts de la fondation.
Les statuts peuvent aussi prévoir qu’ils peuvent être modifiés par l’organe d’administration
(c’est un peu dangereux car ça équivaut à donner d’énormes compétences à l’organe
d’administration).
On peut aussi prévoir que la modification des statuts suppose l’autorisation d’une quelconque
instance mais il faut alors s’assurer de son accord pour endosser cette tâche (même remarque
que celle valant pour renouvellement du conseil d’administration).
Enfin, il est possible, en cas de négligence des personnes habilitées à modifier le statut, de
s’adresser au tribunal si les statuts ne prévoient pas de procédure de modification et que
l’absence de modification des statuts auraient des conséquences manifestement contraires aux
intentions du fondateur. Dans ce cas, le tribunal de l'entreprise peut, à la demande d'un
administrateur au moins ou à la requête du ministère public, modifier les statuts. Dans ce cadre,
il veille à s'écarter le moins possible des statuts existants (art. 11:4).
Exemple : Les statuts d’une fondation qui avait été constituée il y a très longtemps prévoyaient
l’octroi de bourses pour favoriser l’éducation des filles qui fréquentaient des écoles
d’enseignement pour filles (à l’époque il n’y avait pas d’enseignement mixte).
Est-ce qu’à l’époque, le but de la fondatrice était d’accorder des bourses uniquement aux filles
qui fréquentaient des écoles de filles ? (Autrement dit, avait-elle comme intention d’exclure les
filles qui fréquentaient des établissements scolaires mixtes au bénéfice de cette bourse ?) Bien
évidemment que non ! Son but était évidemment d’accorder des bourses à toutes les filles pour
promouvoir l’éducation des femmes, mais puisqu’elle avait rédigé ces statuts à une époque où
les écoles mixtes n’existaient pas encore, elle ne pouvait pas prévoir cette hypothèse.
Dès lors, pour coïncider avec les intentions de la fondatrice selon un contexte différent
(l’existence de plusieurs types d’établissements), il fallait modifier les statuts pour permettre
l’octroi de bourses à toutes les filles, quel que soit l’établissement qu’elles fréquentent.
Parfois, on se rend compte que certains vieux statuts qui ont été rédigés compte tenu de
conditions qui valent à un moment déterminé, sont devenus complètement contraires à
l’intention du législateur et qu’il faut donner un petit coup de pouce. Ce coup de pouce sera
donné par le tribunal qui va bien sûr intervenir uniquement si ce n’est pas possible de le faire
au sein du Conseil d’administration, soit parce qu’il n’en a pas les pouvoirs, soit parce qu’on a
affaire à un conseil d’administration apathique qui ne fait rien.
QUIZZ
C’est un petit rappel de ce qu’on a vu tout au début lors des premiers cours. Le mécanisme de
la prise d’engagement au nom des personnes morales en formation fait partie des dispositions
générales applicables à toutes les personnes morales. C’est exactement le même système que
pour une société. Lorsqu’une ASBL est en formation (imaginons qu’il s’agisse d’acheter des
ordinateurs), tout fondateur ou toute autre personne peut conclure le contrat d’achat au nom et
pour compte de l’ASBL en formation et ce contrat sera censé avoir été conclu dès l’origine par
l’ASBL (même avant qu’elle n’ait acquis la personnalité juridique). Si l’ASBL acquiert la
personnalité juridique (=dépose son acte constitutif aux greffes) dans les deux ans de
l’engagement et si l’organe compétent reprend l’engagement dans les 3 mois de la constitution
(il faut que ces deux conditions soient remplies), l’ASBL est censée avoir acheté les ordinateurs
à un moment où elle n’avait pas encore la personnalité juridique. On a donc une rétroactivité
de la personnalité juridique mais qui est tout à fait limitée puisqu’elle ne vise que la personnalité
juridique pour cet engagement en question. C’est la même chose qu’en matière de société
La prof comprend les hésitations entre la réponse 3 et la réponse 4. Il est vrai que les deux
pourraient se défendre. Comme moyen mnémotechnique, pensons au fait que beaucoup
d’associations ont des milliers de membres. Ce n’est pas possible pour une association de réunir
son AG chaque fois qu’il faut accueillir un nouveau membre. C’est une manière de retenir que
généralement, en l’absence de statut, ce sera le Conseil d’administration qui sera compétent
pour l’admission d’un nouveau membre.
On touche là à quelque chose d’exceptionnel et de très grave et c’est la raison pour laquelle,
c’est l’assemblée générale qui est compétente pour exclure un membre. à Ce n’est pas
toujours évident de se demander quel organe est compétent pour quoi mais en réfléchissant aux
situations, on peut se dire que l’un est plus logique que l’autre.
Les statuts pourraient exclure cette possibilité pour certains cas particuliers, par exemple pour
l’approbation des comptes annuels (peut-être pas super prudent d’exclure des cas de résolution
par écrit vu la période dans laquelle on vit, même si on peut toujours se réunir par
visioconférence ou conférence téléphonique). C’est peut-être bien de réserver le plus de
souplesse possible dans les statuts en ne prévoyant pas d’exclusion vu la période. Toujours est-
il que la réponse à la question est bien la première : Oui, l’organe d’administration peut prendre
ses résolutions par écrit à l’unanimité même en absence de clause statutaire sauf dans les cas
qu’excluraient les statuts.
Ce n’est donc pas la même réponse que dans les SA ou les associations sans but lucratif où c’est
l’organe d’administration. Dans les AISBL (c’est une des manières dont s’exprime la liberté
des rédacteurs des statuts), c’est l’organe désigné par les statuts
⚠ La prof tire les oreilles de ceux qui ont choisi l’option 1 puisqu’une fondation n’a pas de
membre et comme elle n’en a pas, elle n’a pas d’assemblée générale.
Dernière possibilité (la bonne) : « Oui, si elle respecte la procédure en matière de conflits
d’intérêts et si le bail est aux conditions du marché ».
C’est en effet une décision qui est entachée d’un conflit d’intérêt : Si l’ASBL est bailleur, elle
a intérêt à avoir le loyer le plus élevé possible et si l’administrateur est locataire, il a intérêt à
avoir le loyer le plus bas possible.
De plus, ça ne suffit pas, il y a un autre problème : En effet, une ASBL ne peut pas procurer ou
distribuer d’avantages patrimoniaux direct ou indirect à quiconque et notamment à ses
administrateurs. Donc, si le bail est trop favorable à l’administrateur, si le loyer n’est pas aux
conditions du marché, elle lui procure un avantage qui n’entrera pas dans le cadre de son but
désintéressé (sauf exceptions).
QUESTIONS
Les clauses de drag along et de tag along sont des clauses qui restreignent la cessibilité des
actions des sociétés anonymes. En principe, les actions des sociétés anonymes sont librement
cessibles. Elles sont même négociables sur Euronet mais les statuts peuvent limiter la cessibilité
des actions dans une certaine mesure. Elles ne peuvent jamais les rendre totalement incessibles.
Ces clauses vont surtout se retrouver dans des sociétés anonymes où il y a un groupe de deux
actionnaires : les actionnaires minoritaires et les actionnaires majoritaires.
Imaginons que les actionnaires majoritaires détiennent 70 % d’actions et que les actionnaires
minoritaires détiennent 30% d’actions.
- Sans doute qu’aucun tiers ne voudra racheter uniquement 70% des actions anonymes et
que le tiers voudra acheter 100% des actions de cette société.
- Sans doute également que les actionnaires pourraient vendre leurs actions à un prix plus
favorable si toutes les actions de la société étaient vendues.
à Si les actionnaires vendent 70% des actions, soit ils ne trouvent pas de candidat
acquéreur soit le candidat acquéreur est prêt à leur payer 10 euros par action si 70%
d’actions sont vendues et 15 euros par action si 100% des actions sont vendues parce
qu’il pourra faire de cette société ce qu’il veut en ayant l’unanimité.
D’où la clause de drag along qui est une clause qui oblige les actionnaires minoritaires
à vendre leurs actions à la personne à laquelle les actionnaires majoritaires vendent leurs
actions. Les actionnaires minoritaires sont obligés de vendre leurs actions à celui qui
acquiert les actions des actionnaires majoritaires. Cette clause est en faveur des
actionnaires majoritaires parce qu’elle elle facilite la vente par les actionnaires
majoritaires de leurs actions.
En quoi cette clause restreint-elle la cessibilité des actions ? Elle restreint la cessibilité
des actions des actionnaires minoritaires dans la mesure où une fois que les actionnaires
majoritaires ont trouvé un candidat acquéreur, les actionnaires minoritaires ne peuvent
plus vendre leurs actions à n’importe qui mais ils doivent vendre leurs actions au
candidat acquéreur des actionnaires majoritaires, au même prix et aux mêmes
conditions. C’est donc une clause qui contraint les actionnaires minoritaires à suivre les
actionnaires majoritaires.
La clause de tag along est d’une certaine façon l’inverse. Si les actionnaires majoritaires
vendent leurs actions, les actionnaires minoritaires ont le droit d’également de vendre
leurs actions au même candidat acquéreur et aux mêmes conditions.
Quel est l’intérêt ? Si on a deux groupes d’actionnaires, il est possible que les actionnaires
minoritaires s’entendent très bien avec les actionnaires majoritaires. Dans ce cas, les
minoritaires n’ont sans doute pas envie de se retrouver avec d’autres majoritaires qu’ils ne
connaissent sans doute pas, d’où cette idée de permettre de vendre leurs actions en même temps
que les majoritaires.
Pour les AISBL, le CSA prévoit un livre spécifique (livre 10) avec un nombre de
dispositions très minime (11 dispositions). (N’oublions pas que s’ajoute à ces 11
dispositions, toutes les dispositions communes qui s’appliquent à toutes les personnes
morales).
Dans ces 11 dispositions du livre 10, il y a une disposition sur l’assemblée générale qui
prévoit des règles impératives, à savoir les compétences minimales de l’assemblée
générale qui concerne tout ce qui tourne autour du budget et des comptes annuels.
Cela implique donc une deuxième règle impérative en relation avec les assemblées
générales : il faut tenir au moins une assemblée générale par an car on approuve les
comptes annuels chaque année.
Toujours relativement aux assemblées générales, les membres qui représentent 1/5 des
membres peuvent imposer la convocation d’une AG. Ca suppose que l’AG ait certains
pouvoirs. En effet, si les membres veulent convoquer une AG pour approuver des
modifications des statuts par exemple mais que l’AG n’est pas compétente, ce droit ne
leur servira à absolument rien.
à Ce sont les seules règles impératives qui concernent l’AG et qui concernent
essentiellement cette compétence minimale en matière de budget, de compte et aussi la
nomination du commissaire (la prof a oublié de le mentionner).
b) La deuxième règle impérative concerne la modification des statuts qui sont en principe
sous forme d’acte sous seing privée, sauf quelques exceptions pour certaines clauses,
notamment les clauses relatives à l’AG (mode de convocation de l’AG, compétence de
l’AG). D’autre part, il faut un arrêté royal si le but est modifié.
4. Quelle est l’utilité pour une société d’acquérir ses propres actions ?
Quelles sociétés peuvent acquérir leurs propres actions ? Les sociétés anonymes et les SRL.
L’utilité concerne essentiellement lessociétés anonymes et c’est sur elles qu’on va se concentrer
dans les propos qui vont suivre.
Il peut y avoir plusieurs raisons d’acquérir ses propres actions pour une société :
Le cas le plus fréquent d’acquisition des actions propres, c’est dans le cadre de plan
d’intéressement du personnel. Le personnel (travailleurs mais également dirigeants) peut avoir
une rémunération consistant en une partie fixe. D’ailleurs les travailleurs, en vertu du droit du
travail, doivent avoir une composante de leur rémunération qui est une somme d’argent. En
outre, tant les travailleurs que les dirigeants peuvent se faire accorder une rémunération qui
consiste en actions de la société. Pourquoi ? Parce que c’est un investissement comme un autre.
Pour que la société puisse rémunérer son personnel en action, il faut que cette société dispose
de ces actions. Si on est par exemple engagé dans la société Google, notre rémunération consiste
partiellement en des actions de cette société : Il faut que le jour où on a droit à être payé en
actions de la société, que la société ait ces actions.
Qu’est-ce qu’elle peut faire pour se procurer ses actions ? La société pourrait les racheter sur le
marché (mais à quel prix ?). C’est plus prudent pour cette société d’acquérir ses propres actions
et d’avoir dans son propre patrimoine, un stock de ses propres actions qu’elle pourra distribuer
à titre de rémunération aux membres du personnel qui ont droit à ces actions.
La deuxième raison revient à l’ordre du jour en ces temps de crise. Il s’agit d’une façon de
décourager un prédateur dans le cadre d’une offre publique d’acquisition hostile.
On vit une période de crise et une série de sociétés cotées subissent cette crise de plein fouet.
Certaines sociétés cotées voient leur courbe de bourse chuter. Or, une société dont le cours de
bourse chute et qui devient inférieure à la valeur réelle de la société devient une proie pour
d’autres sociétés prédatrices qui elles, pour une raison ou une autre, échappent aux effets de la
crise et sont donc prêtes à lancer une offre publique d’acquisition sur les actions de ces sociétés.
Pourquoi y a -t-il un risque plus important qu’elles lancent une offre publique d’acquisition sur
les actions de la société cotée ? Précisément parce que le cours est actions est anormalement
bas et que le prédateur a envie d’acheter cette société à un moment où il ne devra pas payer
beaucoup d’argent parce que le cours est particulièrement bas.
On a vu toute une série de mécanisme qui sont autant de défense anti EBA et une de ces
défenses, c’est la possibilité pour la société d’acquérir ses propres actions, ces dernières pouvant
être mises dans des mains amies, ce qui permettrait de diminuer l’influence du prédateur
éventuel.
Cette deuxième raison vaut essentiellement pour les sociétés cotées mais pas uniquement (pour
toutes les sociétés dont les actions sont largement répandues dans le public)
L’acquisition d’actions propres par une société peut aussi être une manière de placer sa
trésorerie. Certaines sociétés peuvent penser que le meilleur investissement qu’elles peuvent
faire, c’est dans leurs propres actions. Quand elle aura besoin d’argent, elle vendra ses propres
actions sur le marché à un bon prix. En d’autres termes, tout comme une société, à titre
d’investissement, peut acheter les actions de la société X, une société pourrait acheter ses
propres actions.
Une société peut consentir une option sur ses propres actions à un tiers pour intéresser un
investisseur. Dans ce cas, il faut qu’elle ait les actions nécessaires pour lui permettre d’honorer
sa promesse, d’où l’acquisition d’actions propres.
5. Dans les sociétés européennes, quelle est la différence entre siège réel,
statutaire et administration centrale en ce qui concerne le facteur de
rattachement ?
Dans toutes les sociétés, il y a la question du facteur de rattachement, à savoir : « Quand une
société peut-elle être considérée comme une société belge/ chinoise/ française … » « Qu’est ce
qui va constituer le facteur de rattachement d’une société à un état déterminé ? »
C’est le droit national qui va déterminer le facteur de rattachement. Aujourd’hui, en droit belge,
le CSA fixe comme facteur de rattachement le siège statutaire, c’est-à-dire le siège tel qu’il est
inscrit dans les statuts. Dès lors, une société qui a son siège statutaire en Belgique est une société
belge. Le critère du siège statutaire est très simple car on peut tout de suite voir quel est le droit
applicable à une société.
En prévoyant que le critère de rattachement est le siège statutaire, le législateur belge, en 2019,
a fait un virage à 180 degrés.
Auparavant, sous l’empire du Code des sociétés, c’était le siège réel. Le siège réel est l’endroit
d’où une société est effectivement gérée. C’est l’endroit où le Conseil d’administration se
réunit, ou l’assemblée générale se réunit, ou la comptabilité est tenue, ou les archives sont
tenues. Sous l’empire du Code de sociétés avant la modification du législateur en 2019, une
société était belge si elle avait son siège réel en Belgique, quel que soit l’endroit où elle avait
indiqué son siège statutaire. En principe, le siège statutaire devait correspondre au siège réel
mais si la société avait indiqué qu’elle avait son siège statutaire en Belgique mais que toutes
ses réunions se tenait en France, cette société était considérée comme une société française.
Évidemment, cette question de facteur de rattachement pose des difficultés : quand on a un pays
qui applique la théorie du siège statutaire et l’autre pays qui applique la théorie du siège réel.
On peut se retrouver avec des cas où chaque pays considère que la société en question relève
de son droit national.
Pourquoi la prof en a parlé spécifiquement pour les sociétés européennes ? Dans l’UE, certains
états appliquent la théorie du siège réel et d’autres appliquent la théorie du siège statutaire. (De
moins en moins d’états appliquent la théorie du siège réel mais il y en a encore comme la France
par exemple). L’époque de la rédaction du règlement sur la société européenne ou la société
coopérative européenne, les états se sont bien entendu étripés quant au facteur de rattachement
à retenir : S’agissait-il du siège réel (qui correspond plus ou moins à l’administration centrale)
? S’agissait-il du siège statutaire ou du lieu d’incorporation de constitution ? Finalement, les
rédacteurs de ces règlements ont choisi les deux facteurs : il faut avoir à la fois son
administration centrale et son siège statutaire dans un même pays.
à Ils sont obligés d’avoir les deux au même endroit pour que la loi s’applique.
Petite subtilité qui ne présente pas beaucoup d’intérêt : Il y a une option pour les états membres.
Règle générale = Il faut que la société ait son administration centrale et son siège statutaire dans
le même pays. Par contre, à titre d’option (c’est à chaque législation nationale de décider), ça
ne doit pas nécessairement être au même endroit dans le même pays.
Si un actionnaire a 95% d’actions d’une société, il conservera sa majorité aussi longtemps qu’il
le souhaite en ce sens que les 5% d’actions qu’il ne possède pas ne vont pas pouvoir se
multiplier par une opération magique.
S’il a 95 % des actions, libre à lui de décider s’il les vend ou s’il ne les vend pas.
Il y a bien sûr des actions qui peuvent être émises dans le cadre d’une augmentation de capital
mais avec ses 95% d’actions, cet actionnaire est évidemment libre de procéder ou non à une
augmentation de capital. C’est lui qui fait la loi à l’assemblée générale ! Si à l’assemblée
générale, il décide une augmentation de capital, il peut souscrire en tout cas à 95% de cette
augmentation de capital (droit de souscription préférentiel). Il est absolument maître de garder
sa majorité et il ne doit pas recourir à une OPA pour cela.
Au point de vue vocabulaire, on appelle l’AG ordinaire, celle qui se réunit chaque année pour
établir le rapport de gestion, approuver les comptes annuels, statuer sur l’affectation du résultat,
nommer le cas échéant de nouveaux administrateurs ou renouveler le mandat des
administrateurs qui est venu à expiration.
En ce qui concerne l’AG extraordinaire, la terminologie n’est pas très bien fixée.
Certains appellent AG extraordinaire, toute assemblée qui se tient en dehors de l’assemblée
générale annuelle ordinaire annuelle (= AG qui n’a pas à l’ordre du jour les points qui
appartiennent généralement à l’assemblée annuelle) (1).
C’est une simple question de terminologie. Ce n’est pas le terme qu’on emploie qui va
déterminer les compétences de l’AG.
Est-ce qu’une AG qui ne se tient pas à la date annuelle prévue par les statuts pour révoquer des
administrateurs, est ce qu’on l’appelle AG ordinaire ou extraordinaire ? Il y a des positions
différentes mais c’est une pure question terminologique qui ne change rien au fond.
Quant à la question de savoir s’il est fréquent qu’une AG extraordinaire soit convoquée, oui
quand même ! Par exemple, il y en a eu plein d’AG extraordinaires pour modifier / adapter les
statuts au nouveau Code des sociétés et des associations.
Pour modifier l’objet, ce n’est pas rare dans la mesure où quand une société se développe, elle
a parfois envie d’étendre son objet. Certaines petites sociétés ne modifient jamais leur objet et
se bornent chaque année à tenir une AG annuelle pour approuver leur compte (ex : société
d’avocat qui comporte un seul membre, à savoir l’avocat en question qui exerce sa profession
dans le cadre d’une SPRL). Cela va fort dépendre du type de société mais de façon générale, au
plus la société est complexe, au plus il y a de risque de convoquer des AG en dehors de l’AG
annuelle ordinaire.
Dans une société cotée, c’est très couteux de convoquer une AG extraordinaire parce qu’il y a
tout un calendrier à faire, des rapports à établir, parce que les points sont plus ou moins
complexes (il faut bien expliquer aux participants comment ils peuvent participer) … Bref c’est
assez lourd ! Pour cette raison, pas mal de sociétés cotées prévoient le même jour l’AG ordinaire
annuelle et l’AG extraordinaire pour modifier les statuts, renouveler l’autorisation de capital
autorisé, … Pourquoi c’est plus pratique de le faire en une fois ? C’est moins couteux parce
qu’on va pouvoir faire une seule publication et pas deux dans la presse. C’est également moins
couteux en termes de ressources humaines. En termes de gouvernance c’est bien généralement
d’organiser l’AG ordinaire annuelle et une AG extraordinaire de modification des statuts le
même jour parce que ça permet généralement qu’il y ait plus d’actionnaires présents.
C’est une possibilité ! Toute société peut adopter un règlement d’ordre intérieur mais c’est plus
fréquent pour les associations mais ce n’est pas obligatoire. Si une société veut adopter un
règlement d’ordre intérieur, ses statuts doivent le mentionner. C’est pas du tout obligatoire !
Communication
En terme du programme du cours, il nous reste à voir les opérations exceptionnelles (la
dissolution et la liquidation / la transformation et les opérations de fusion)
Dans un premier temps, quand j’ai conçu le cours, j’avais envisagé de voir les opérations
transfrontalières (et notamment les fusions transfrontalières). Je me rends compte que d’une
part, ces opérations sont très exceptionnelles. Très peu d’entre nous pratiqueront dans ce
domaine. D’autre part, ça risque d’être indigeste si on n’a jamais vu les fusions de nous plonger
dans les fusions transfrontalières, matière très compliquée.
Je vous propose de remplacer le cours sur les opérations transfrontalières par une séance de QR
sur l’ensemble du cours.
La semaine prochaine (semaine du 2 novembre), nous avons encore cours mardi et mercredi :
On verra la dissolution, la liquidation, la transformation et si on a le temps on commencera les
fusions.
En ce qui concerne la date de cette séance de QR, les délégués vont organiser un sondage parmi
l’ensemble des étudiants pour savoir quelle serait la date idéale pour cette séance de QR.
En ce qui concerne les modalités d’examen (ce sera d’office un écrit), la prof hésite encore
(QCM, examen questions ouvertes, casus…). On aura une réponse d’ici début novembre. Si
certaines d’entre nous avons une idée de format d’examen, la prof est preneuse. L’idée étant
évidemment de tenir compte du fait que l’examen aura (très probablement) lieu à distance et
que la prof veut éviter le risque de tricherie.
B. Autre point d’actualité qui date de plusieurs jours : Quand on a parlé des offres
publiques d’acquisition au cours, on a abordé les cas dans lesquels l’offrant peut retirer
son offre, cas qui sont rarissimes et où il y a des circonstances totalement imprévues qui
ne permettent à l’offre de sortir ses effets. Mme Simonart avait alors dit qu’elle ne
connaissait pas d’exemple à sa connaissance en droit belge mais il s’avère qu’on peut
faire un petit parallèle aux États-Unis où le groupe Louis Vuitton s’était rétracté de
l’offre publique d’acquisition qu’ils comptaient lancer sur Tiffany en raison notamment
de la crise liée à la Covid19 et aux résultats absolument désastreux de Tiffany. Bien que
le droit américain diffère du droit belge, le motif qu’invoquait Louis Vuitton évoquait
quand même assez le motif qui pourrait le cas échéant être invoqué en droit belge.
Cependant, il ne pourrait rien sortir du tribunal saisi de l’affaire dans l’état du Delaware
parce que les parties sont en négociations pour que l’acquisition se fasse à un autre prix.
Elle appelle « opérations exceptionnelles » des opérations qui sont très rares comme la
dissolution et la liquidation. Puisqu’en effet la dissolution d’une société, par hypothèse, n’est
dissoute qu’une seule fois. Mais il y a aussi la transformation. En effet, une société pourrait se
transformer plusieurs fois dans son existence mais ça reste une opération qui n’est pas
extrêmement courante. Bien que, comme nous allons le voir en principe lors du prochain cours,
avec le nouveau code des sociétés et des associations, le fait qu’une série de formes de sociétés
comme la société en commandite par actions vont disparaitre, le nombre de transformations va
être anormalement élevé ces temps-ci jusqu’en 2024.
En ce qui concerne le cours d’aujourd’hui, première chose à distinguer est donc qu’est-ce que
la dissolution et qu’est-ce que la liquidation parce que souvent ces termes sont employés un
petit peu l’un pour l’autre.
La dissolution correspond à la fin du contrat de société. Lorsque la société trouve son origine
dans un contrat, c’est la résiliation du contrat de société. La dissolution est donc quelque chose
d’instantané : le contrat est simplement résolu.
Tandis que la liquidation désigne en principe (avec quelques nuances à apporter par la suite)
tout un processus qui vise les sociétés dissoutes pour lesquelles un liquidateur doit être nommé
pour réaliser les actifs, pour payer les créanciers et puis s’il reste quelque chose, ce qu’on
appelle « un boni de liquidation », l’affecter suivant les fins de la personne morale. Si c’est une
société, le boni de liquidation serait distribué entre les différents actionnaires. Si c’est une
association, le boni de liquidation sera affecté au but désintéressé de l’association.
Il ne faut donc pas confondre parce que la dissolution est quelque chose d’instantané tandis que
la liquidation est un processus qui prend place dans le temps et qui a une certaine durée.
I. Introduction
Ce qui est intéressant de savoir c’est comment une société prend fin. Il y a 3 causes de
dissolution : la dissolution volontaire, la dissolution de plein droit (qui est beaucoup plus rare)
et la dissolution judiciaire (dont on a déjà parlé quand on avait vu les différends entre associés).
En principe, la dissolution volontaire suppose une décision de l’assemblée générale (art. 2 :70,
1° pour les sociétés et art. 2 :109, 1° pour les associations). Quand une société s’est constituée,
c’est l’ensemble des associés ou l’ensemble des actionnaires qui doivent se réunir pour décider
de la dissolution de la société. C’est donc un principe général quand il y a une société ou une
association.
Mais quand il n’y a pas de société ni d’association et quand on a affaire à une fondation la
dissolution volontaire n’est pas possible (voir après). La dissolution volontaire est donc réservée
aux entités qui ont une assemblée générale : les sociétés et les associations.
L’assemblée générale doit désigner un ou plusieurs liquidateurs mais cette décision peut être
prise à la majorité simple (CSA, art. 2 :83 et 2:118, § 2). Cette décision doit bien entendu être
déposée et publiée.
Il y a aussi un autre cas de dissolution volontaire et qui peut sembler plus surprenant. Ce cas
concerne uniquement les Sociétés simples, les sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés
en commandite (Scom).
Rappel : Dans ces sociétés, les associés engagent leur responsabilité illimitée pour toutes les
dettes de la société, ce qui va de soi si on a affaire à une société simple, sans personnalité
juridique, mais qui tient en particularité pour la société en nom collectif et pour la société en
commandite qui sont des sociétés dotées de la personnalité juridique. Bien qu’elles soient
dotées de la personnalité elles répondent de leur(s) propre(s) dette(s) et leurs associés répondent
aussi, à titre subsidiaire, des dettes de la société.
Ces sociétés peuvent avoir une durée déterminée mais elles peuvent aussi avoir une durée
indéterminée. Le problème c’est que si on est associé d’une société en nom collectif par
exemple c’est que l’on va répondre jusqu’à la fin de nos jours des dettes de cette société. Cet
engagement heurte un principe fondamental du droit des obligations : une personne ne peut pas
s’engager de manière illimitée dans le temps. C’est la raison pour laquelle le législateur permet
dans les sociétés simples, les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite à toute
associé de résilier la société à tout moment sans motif, si cette société a une durée indéterminée.
La seule chose c’est que l’associé doit donner un préavis qui doit être raisonnable et qui ne peut
pas être fait à contre-temps, c’est-à-dire que l’associé ne peut pas le faire au moment qui serait
le plus préjudiciable pour les autres associés (CSA, art. 4:17, § 1er). Cette faculté s’explique
par la prohibition des engagements perpétuels.
Évidemment c’est une possibilité qui peut être extrêmement gênante pour les sociétés mais il
est possible d’éviter cela en prévoyant tout d’abord une durée déterminée de la société mais
toujours avec la controverse de savoir ce qu’est « une durée déterminée ». Il est certain qu’une
durée de 100 ans va être considérée comme une durée indéterminée. Si on prévoit 99 ans c’est
d’une certaine manière une durée déterminée, 99 ans étant le chiffre que l’on cite
traditionnellement pour dire qu’un engagement est à durée déterminée, mais il faut bien se dire
que 99 ans, en pensant bien que l’associé ne devient pas associé quand il est bébé, s’il s’engage
pour 99 ans il s’engage pour plus que la durée de sa vie. C’est en réalité une question qui n’est
pas encore tranché dans la jurisprudence ou la doctrine.
Une autre façon d’empêcher que n’importe quel associé parce qu’il est mal luné puisse mettre
fin à la société c’est lui donner la possibilité de démissionner (art. 4 :19). On peut prévoir dans
la société simple, dans la société en commandite ou la société en nom collectif la faculté de
démissionner. Elle n’est pas de droit parce que ce sont des sociétés qui sont caractérisées par
un intuitu personae fort marqué généralement mais les statuts peuvent prévoir qu’un associé
démissionne à certaines conditions. Et s’il peut démissionner à certaines conditions, bien que
la société ait une durée déterminée, il ne sera pas lié ad vitam aeternam puisqu’il lui suffit
d’exercer sa faculté de démission. Et donc la loi écarte cette faculté de résiliation unilatérale de
la société si les statuts prévoient la possibilité de démission.
1. Objectifs du législateur
Le législateur a prévu un régime particulier de dissolution volontaire dans les SRL, les SC, les
SA, les SE et les SCE ainsi que dans les grandes associations.
Le législateur a prévu un régime particulier parce que la dissolution est un mécanisme qui peut
évoquer la faillite quand la société ou l’association est insolvable. Quand elle est insolvable et
si elle est en état de cessation de paiement et d’ébranlement de crédit elle doit faire aveu de la
faillite puisque depuis la réforme du code de droit économique toute entreprise (et donc toute
personne morale) qui est en état de cessation de paiement et d’ébranlement de crédit doit faire
aveu de la faillite.
Mais bien que faire aveu de la faillite soit une obligation légale, il y a toujours malgré les efforts
du législateur et malgré les réformes qui sont intervenues un cachet très défavorable qui
s’applique à la procédure de faillite et beaucoup d’entreprises en difficulté essaient d’éviter la
faillite en procédant à une dissolution suivie d’une liquidation. À vrai dire cela ne pose pas de
problème si ces entreprises jouissent encore d’une certaine confiance de leurs créanciers tout
simplement parce que dans ce cas-là les conditions de la faillite ne sont pas remplies. Et si les
créanciers laissent la dissolution et la liquidation se dérouler sans protester, en participant à
cette procédure, on pourra généralement considérer que la condition d’ébranlement de crédit
n’est pas remplie puisque les créanciers font encore relativement confiance à la société. Mais
la marche est très difficile à tracer…
En revanche, il y a des sociétés et des entreprises qui risquent d’entamer une procédure de
liquidation pour éviter la faillite dans un but de porter atteinte aux droits des créanciers. Il y a
un danger à cet égard qui existe aussi bien pour les sociétés que pour les associations puisque
désormais les associations peuvent être déclarée en faillite puisqu’elles sont des entreprises au
même titre que les sociétés. C’est la raison pour laquelle le législateur depuis 2006 a assorti la
dissolution volontaire d’une série de formalités pour essayer de limiter les dissolutions conçues
comme des alternatives frauduleuses à la faillite. Mais s’il a voulu éviter que des entreprises
contournent en quelque sorte leur procédure de faillite pourquoi a-t-il limité cette procédure
aux SRL, SC, SA, SE, SCE ainsi que dans les grandes associations puisqu’une SNC peut aussi
être déclarée en faillite de même qu’une petite association ?
En ce qui concerne les sociétés, il a considéré qu’il n’y avait pas vraiment de danger dans les
SNC et les Scom puisque de toute manière les associés en SNC et les associés en Scomm
répondent personnellement de toutes les dettes de la société donc il a estimé que le risque était
limité. Pour les associations, la ratio legis est un petit peu différente. Le législateur n’a pas
voulu imposer trop de formalités aux associations quand elles sont petites. Il a donc limité ce
régime aux grandes associations, ce qui du point de vue de la technique législative vaut ce que
ça vaut… Toujours est-il que quand on a affaire à une SRL, une SC, une SA, une SE, une SCE
ainsi qu’une grande association la décision de l’assemblée générale doit être assortie de toute
une série de formalités.
2. Formalités préalables
Il faut d’abord qu’il y ait une proposition de l’organe d’administration. Chose classique, puisque
chaque fois que l’AG est convoquée il y a un ordre du jour et une proposition qui est faite par
l’organe d’administration. Oui mais cet organe doit aussi établir un rapport justificatif auquel il
doit joindre un état comptable qui résume la situation active et passive. Il doit également faire
appel si l’entité a un commissaire et sinon un réviseur d’entreprise et un expert-comptable qui
va vérifier si cette situation active et passive correspond à la réalité et reflète fidèlement les
comptes annuels (CSA, art. 2 :71, § 2 et 2:109, § 2).
Une copie de ces rapports et de cet état résumant la situation active et passive doit être adressée
aux actionnaires ou aux membres (art. 2 :71, § 3 et 2:109, § 3) en même temps que la
convocation.
Ces rapports sont prescrits à peine de nullité de la décision de l’assemblée générale (art. 2 :71,
§ 4 et 2:109, § 4). Le CSA étend l’application de ces dispositions aux SNC et SComm si elles
souhaitent recourir à la procédure de dissolution-liquidation en un seul acte (art. 2 :71, § 5 ;
infra).
3. Acte de dissolution
Ce n’est qu’avec l’ensemble de ces documents que le notaire pourra passer l’acte de dissolution.
Il pourra passer l’acte de dissolution en voyant si l’ensemble de ces formalités ont été remplies
et devra donner une attestation de légalité.
Qu’est-ce qu’une attestation de légalité ? En principe, un notaire ne peut passer un acte que s’il
constate que c’est régulier mais dans certains cas s’il y a des petites irrégularités qui ne portent
pas préjudice aux tiers, qui n’affectent pas fondamentalement l’acte, il peut passer outre. Par
exemple, une AG se réunit, 99 pourcents des actionnaires sont là et puis on constate qu’il y a
une petite erreur dans le délai de convocation et qu’on s’est trompé d’un jour. Manifestement
il n’y a aucune fraude et le notaire pourrait décider quand même de passer l’acte malgré la petite
irrégularité sous sa responsabilité. En revanche, lorsqu’il doit donner une attestation de légalité
il doit attester que tout est parfait au niveau des formes (art. 2 :71, § 6, al. 1). Même s’il ne
manque qu’un rapport il ne peut pas passer l’acte. D’ailleurs la loi dit expressément que s’il
manque cette étape ou le rapport du commissaire la décision de l’assemblée générale est nulle.
Ces rapports doivent aussi être déposés et même si tout cela est d’une certaine lourdeur ça
participe au souci de transparence.
4. Modification de la durée
La question que certains se posent est de savoir s’il est possible de détourner cette procédure
en modifiant la durée ? En effet, la plupart des sociétés ont une durée indéterminée mais elles
peuvent très bien avoir une durée limitée dans le temps. Or, la durée du terme est une cause de
dissolution de plein droit. Si une société est constituée pour 30 ans, après 30 ans elle sera
dissoute de plein droit. Et donc certains ont essayé de contourner cette procédure en allant voir
le notaire pour demander de modifier la durée de la société.
Aujourd’hui, si la durée de la société est une durée indéterminée on peut aller s’adresser au
notaire en disant qu’il faut prévoir que la société prend fin le 31 décembre 2020. Il s’agit
manifestement d’une fraude dans un cas pareil et le notaire doit refuser de passer l’acte de
modification des statuts.
1. Expiration du terme
Les sociétés simples, les SNC et les SComm sont censées conclues pour une durée indéterminée
(CSA, art. 4 :3). Sauf disposition statutaire contraire, les SRL, les SC, les SA, les SE et les SCE
ainsi que les associations sont constituées pour une durée illimitée. Lorsqu’une durée est
déterminée, l’assemblée générale peut décider la prorogation pour une durée limitée ou
illimitée. Cette décision requiert une modification des statuts (art. 5 :157, 6:125 et 7:230).
Lorsque la société ou l’association est à durée limitée, celle-ci commence à courir à partir de la
conclusion de l’acte, indépendamment de la date à laquelle elle a acquis la personnalité morale,
sous réserve d’une règle contraire dans les statuts.
Avant (il y a vraiment très longtemps) la transposition de la première directive en 1973, les
sociétés étaient constituées pour 30 ans. Maintenant la règle par défaut c’est qu’elles sont
déterminées pour une durée indéterminée mais encore une fois c’est possible lors de la
constitution de la société de prévoir une durée déterminée.
Rappel : Dans une société anonyme par exemple, il n’est pas possible de prévoir une condition
suspensive parce que le capital ne serait pas effectivement souscrit mais une société peut
parfaitement prévoir une condition résolutoire. Par exemple, la société prendra fin lorsque
l’autorisation qui lui est donnée pour exercer telle ou telle activité prendra fin. Ça ne porte pas
atteinte, si on a affaire à une SA, à l’intégrité et à l’intangibilité du capital. Les tiers savent très
bien qu’à un certain moment la société prendra fin, ça pourrait être expiration du terme après
30 ans et ça serait le jour où l’autorisation en question prendra fin.
Cette troisième cause de dissolution est beaucoup plus rare et est spécifique aux sociétés
simples, SNC et SComm (CSA, art. 4 :16, 2ème tiret).
Quant à la réalisation de l’objet comme cause de résolution de plein droit c’est assez
exceptionnel. On peut imaginer une SA qui a un objet déterminé (construire quelque chose) et
lorsque la construction est achevée son objet est réalisé. Cela étant, il est exceptionnel que cette
cause de dissolution intervienne. Prenons même un exemple bien limité dans le temps :
construire un pont. L’objet sera réalisé quand ? Lorsque la dernière brique du pont aura été
posée, lors de la réception provisoire du pont, lors de la réception définitive, quid en cas d’appel
en garantie ultérieure et quid s’il y a des litiges ? Donc faire confiance à la réalisation de l’objet
comme cause de résolution de plein droit n’est pas une bonne idée et généralement dans le
contrat de société simples les parties seront attentives à prévoir que la dissolution ne pourra être
qu’une dissolution volontaire, c’est-à-dire quand les parties estiment qu’effectivement tout est
terminé elles décideront de dissoudre la société.
La professeure nous signale un autre cas de réalisation de l’objet qui est devenu purement
théorique. C’était un cas de dissolution qui était utilisée pour les sociétés qui exploitaient des
mines de charbon. Lorsque le dernier charbon était extrait l’objet avait été réalisé ? Là aussi, à
partir de quand une mine est vraiment épuisée ? C’est extrêmement difficile à dire et donc il
faut vraiment essayer d’éviter cela en prévoyant dans les statuts que la dissolution sera
volontaire.
En principe, les sociétés simples, les SNC et les SComm prennent fin par le décès, l’incapacité,
la faillite ou la liquidation d’un associé (CSA, art. 4 :16, 3ème tiret). Cette cause est vraiment
spécifique aux sociétés à caractère intuitu personae fort marqué. Qui dit caractère intuitu
personae fort marqué implique en principe que le décès d’un associé entraine la fin de la société.
Ça peut être le décès, l’incapacité, un associé qui devient sénile, la faillite, la liquidation…
En principe une société en nom collectif il y a 4 associés, si un d’entre eux décède la société
prend fin. Mais c’est une cause de dissolution qui est supplétive en ce sens que les statuts
peuvent l’écarter. Et ils peuvent l’écarter de deux manières. Si on reprend l’exemple des 4
associés :
- Ils peuvent prévoir que la société va continuer entre les 3 associés qui restent
- Ou ils peuvent prévoir que la société va continuer avec les héritiers, les légataires de
l’associé décédé (art. 4 :18).
Évidemment, cette clause de continuation avec les ayant-droits de l’associé marche en cas de
décès mais ne marche pas nécessairement dans les autres cas et ne fonctionnent pas notamment
en cas de faillite d’un associé.
A. Sociétés et associations
a. Causes
(i) Sociétés
1. Justes motifs
Cette cause a déjà été abordée au cours traitant des différends entre associés : tout actionnaire
ou associé peut demander au président du tribunal siégeant comme en référé la dissolution de
la société pour justes motifs (CSA, art. 2 :73).
Quand on a examiné ces différends on a vu les mécanismes qui sont à la disposition des
associés, il y avait le retrait (=le rachat forcé d’un associé) ou l’exclusion (d’un associé) et on
les avait alors qualifiés de « bombes atomiques ». Ces bombes sont en réalité moins graves que
celles qui explosent que celles lorsqu’un associé demande la dissolution de la société. Dans les
3 cas, la cause sont des justes motifs. Des justes motifs c’est souvent une faute, un manquement
imputable à l’un des associés mais pas nécessairement.
Il y a justes motifs lorsqu’il y a une situation telle entre les associés que la société est devenue
ingérable. Ça peut être des disputes incessantes entre associés sans qu’il soit extrêmement facile
de dire que le blâme doit reposer sur telle ou telle personne. C’est un peu comme dans un
divorce, il n’y a pas nécessairement une partie en faute et dans la société ça peut juste être des
disputes incessantes quant à une différence de vue sur la stratégie de la société. Ça peut aussi
être le fait que certains associés sont devenus incapables de concourir à la réalisation du but de
la société, par exemple une start-up où on comptait sur les apports intellectuels des uns et des
autres et certains se désintéressent ou sont devenus incapables. Ça peut être aussi le fait qu’un
actionnaire abuse de sa position, que la société est devenue ingérable ou bien que plus personne
ne veuille être désigné comme administrateur de la société.
Tout ça ce sont donc des justes motifs. De préférence le juge prononcera, si c’est demandé
évidement, le retrait ou l’exclusion d’un associé plutôt que la dissolution parce que la
dissolution a des conséquences énormes : la société va prendre fin, elle avait peut-être des
travailleurs, ce n'était peut-être pas du tout dans l’intérêt de la société et de toutes parties
prenantes que la société soit dissoute mais c’est le remède ultime qui peut être prononcé à la
requête de n’importe quel associé ou n’importe actionnaire. Mais associé ou actionnaire
uniquement car c’est une cause qui vise à résoudre des problèmes entre actionnaires et associés,
il est logique que ce soient uniquement les associés ou les actionnaires qui puissent demander
cette dissolution. La dissolution pour juste motifs a beau être une menace énorme ce n’est pas
pour cela que ça se produit tous les jours, dans la pratique les dissolutions pour justes motifs
sont rares.
La deuxième cause de dissolution est plus fréquente : la dissolution des sociétés fantômes ou
des sociétés en sommeil. Une société fantôme est une société dont les associés se sont
complètement désintéressés. Il n’y a plus d’administrateur parce que les mandats des
administrateurs ont expiré depuis belle lurette, l’AG n’a jamais été convoquée pour nommer de
nouveaux administrateurs… Cela se manifeste par le défaut de dépôt des comptes annuels qui
ne sont dès lors plus approuvés.
Rappel : Parmi les AG obligatoires il y a au moins chaque année une AG qui doit se tenir pour
approuver les comptes annuels. Les comptes annuels doivent être approuvés dans les six mois
de l’exercice. L’exercice correspond souvent (mais pas nécessairement) à l’année calendrier
(1er janvier au 31 décembre). Les comptes relatifs à 2020 devront être approuvés par une
assemblée générale qui se tiendra au plus tard le 30 juin 2021 et ils devront être déposés, sauf
exceptions, à la banque nationale de Belgique dans le mois, c’est-à-dire le 31 juillet 2021 CSA,
art. 3:10, supra. Si la société ne respecte pas ces délais, c’est-à-dire si elle ne respecte pas le
délai de 6 mois pour approuver les comptes ou qu’elle ne dépose pas les comptes dans le mois
et en tout cas avant le 31 juillet 2021, tout intéressé y compris le ministère public peut demander
la dissolution de la société. À défaut, et au plus tôt 7 mois après la clôture de l’exercice
comptable, tout intéressé ou le ministère public peut assigner la société et demander au tribunal
de l’entreprise de prononcer sa dissolution. Le tribunal doit accorder un délai de régularisation
de 3 mois au moins (art. 2 :74). C’est donc un mécanisme qui permet de se débarrasser des
sociétés fantômes/en sommeil
Mais « tout intéressé » c’est qui ? Bien entendu c’est tout actionnaire mais par hypothèse ici les
actionnaires se désintéressent de la société. On pourrait imaginer un actionnaire minoritaire qui
est le seul à devoir faire quelque chose mais qui n’arrive à rien faire parce qu’il est seul, il
pourrait demander la dissolution de la société pour non-dépôt des comptes annuels. Ça pourrait
être le ministère public aussi ce n’est pas rare pour ne pas donner aux tiers, au public,
l’impression qu’une société existe encore, pour éviter toute tentative de fraude, on essaye de
l’éliminer. Un concurrent ? C’est quand même beaucoup plus théorique parce qu’on ne voit pas
très bien pourquoi le concurrent aurait un intérêt puisque par hypothèse cette société ne fait plus
rien, donc ce sera essentiellement un actionnaire minoritaire ou le ministère public. On peut
évidemment encore imaginer des sociétés qui fonctionnent mais qui ne remplissent pas leurs
obligations comptables, dans ce cas-là les concurrents seraient plus intéressés puisqu’eux par
hypothèse ils se conforment à toutes les obligations légales et puis ils voient une autre entreprise
dont l’activité est semblable à la leur mais qui évite toute une série de frais parce qu’elle
n’effectue pas toutes les formalités auxquelles elle est tenue. Ça pourrait être une forme de
concurrence déloyale et dans ce cas-là on pourrait imaginer qu’un concurrent agisse.
On en vient maintenant aux causes de dissolution qui sont spécifiques à certaines sociétés. C’est
la dissolution d’une SA dont l’actif net est réduit à un montant inférieur au capital minimum
qui est de 61.500 euros. Le tribunal peut accorder un délai de régularisation à la société (CSA,
art. 7 :229). Il faut se souvenir qu’en cas de perte grave de l’actif net lorsque l’actif net (actif –
les dettes) est réduit à la moitié du capital l’organe d’administration doit convoquer une AG
pour délibérer soit sur la dissolution de la société soit sur d’autres mesures comme par exemple,
la continuation de la société grâce à une augmentation de capital.
Ici il ne s’agit pas d’une cause de dissolution volontaire il s’agit d’une cause de dissolution
judiciaire. Si jamais l’actif net (actif moins les dettes) est réduit à un montant inférieur au capital
minimum tout intéressé peut demander au tribunal de dissoudre la société. Parce qu’une SA par
définition doit être constitué avec un capital minimum de 61.500 euros et si son actif tombe en-
dessous elle ne respecte plus les règles du jeu de sorte qu’elle se trouve dans une situation qui
peut porter préjudice aux créanciers puisque les créanciers n’ont plus ce matelas qui est cette
mesure de protection qui est le capital minimum. C’est donc une cause de dissolution dont
l’action peut à nouveau être introduite par tout intéressé mais ici les créanciers peuvent être
particulièrement intéressés à exercer cette action.
En ce qui concerne les sociétés coopératives il y a deux causes de dissolution. La première c’est
si on a affaire à une société qui se dit SC mais qui en fait a un but qui n’est pas celui de la SC.
En effet, la SC a un but tout à fait particulier et ce but doit être non pas seulement de distribuer
des dividendes à ses actionnaires mais de satisfaire et de développer les besoins économiques
ou sociaux de ses actionnaires.
Mais il ne faut toutefois pas oublier qu’il y a une période transitoire. À la suite de la réforme
du code des sociétés et des associations et que les sociétés et associations ont jusqu’en 2024
pour mettre leurs statuts en conformité avec le code des sociétés et des associations. Or, sous
l’empire du code des sociétés il n’y avait pas de conditions particulières en ce qui concerne le
but des SC qui pouvaient avoir exactement le même but qu’une SPRL. C’est ainsi que nombre
de sociétés professionnelles, par exemple des sociétés de médecins, de réviseurs d’entreprise,
des sociétés d’avocats… étaient constitués sous la forme de SC à responsabilité limitée parce
que la coopérative a toujours été caractérisée par la variabilité de son actionnariat. En ce sens
que les actionnaires peuvent être admis ou peuvent sortir de la société sans modification des
statuts, ce qui est beaucoup plus pratique qu’à l’époque d’une SCRL où il fallait modifier les
statuts si un associé entrait ou sortait. Et bien toutes ces vieilles SCRL sont amenées à
disparaitre puisque la loi du 23 mars 2019 supprime la forme de la SCRL, elle crée une nouvelle
forme de société coopérative mais cette fois-ci avec un but tout à fait spécifique qui est un but
de satisfaire ou développer les besoins de ses membres voire des tiers dans certaines conditions.
Mais les SCRL bien qu’elles soient amenées à disparaitre ont un délai qui expire en 2024 pour
modifier leurs statuts et pour se transformer généralement en SRL. Cette période transitoire
c’est un droit qu’elles ont et donc il n’est pas question de dissoudre aujourd’hui toutes les
SCRL. D’ailleurs, elles ne se présentent pas comme SC, la nouvelle forme prévue par le CSA,
elles se présent comme forme de SCRL, forme qui est amenée à disparaitre.
Si une société se présente comme une SC mais que son but n’est pas conforme à celui défini
par l’article 6 :1, un actionnaire, un tiers intéressé ou le ministère public peut demander au
tribunal de prononcer sa dissolution. Le tribunal peut accorder à la société un délai pour se
régulariser (CSA, art. 6 :127).
héritiers) ou un actionnaire vend ses actions à un autre associé... Dans ce cas c’est une cause de
dissolution mais pas de plein droit. C’est une cause de dissolution judicaire qui n’est pas trop
« méchante » parce que le tribunal peut accorder un délai de régularisation, c’est-à-dire que de
toute façon il n’y a aucun risque jusqu’au moment où le tribunal se sera prononcé donc là la
situation peut de toute manière être régularisée parce que tribunal pourra se prononcer sur la
base de la situation qui existe au moment où il rend sa décision. Donc dans tous les cas la
régularisation est possible jusqu’à sa décision, il pourrait donc encore accorder un délai de
régularisation si par exemple il n’y a plus que deux associés qui expliquent qu’ils sont en
négociation pour faire rentrer un nouvel investisseur dans la société. Il y a donc des possibilités
de régularisation, ce n’est pas irrémédiable pour une SC de perdre un de ses 3 actionnaires (CSA,
art. 6 :126).
Dans le même ordre d’idées, si on a une société qui se présente comme une SC agrée ou comme
une SC agrée comme entreprise sociale et qu’en réalité elle ne répond pas du tout aux conditions
là aussi elle peut faire l’objet d’une action en dissolution. Ce sera là vraisemblablement une
autre SC qui dira que c’est de la concurrence déloyale.
(ii) Association
Pour les associations les causes de dissolution sont un petit peu curieuses comme le montre
cette première cause de dissolution : l’incapacité de remplir ses engagements (art. 2:113, § 1er,
1°). Pourquoi une association ne remplirait pas ses engagements ? Parce qu’elle remplit les
conditions de la faillite, parce qu’elle est en état de cessation de paiement et d’ébranlement de
crédit.
- Première observation : Pourquoi prévoir une cause de dissolution alors qu’en principe
elle devrait faire aveu de la faillite ?
- Deuxième observation : Pourquoi prévoir cette cause de dissolution : l’incapacité de
remplir ses engagements, uniquement pour les associations et pas pour les sociétés ?
La raison elle est purement historique et elle tient à une technique législative un petit peu
boiteuse. La raison historique est la suivante : lorsque la loi du 27 juin 1921 il n’était
évidemment pas question que les associations puissent être déclarées en faillite parce que la
faillite était réservée aux commerçants et les ASBL n’étaient pas considérées comme
commerçants. Ce n’est que depuis de la loi du 11 aout 2017, réforme du Code de droit
économique que les associations peuvent être déclarées en faillite et que désormais la notion de
commercialité a été abrogée et que la faillit n’est plus réservée aux commerçants. Mais à
l’époque les associations ne pouvaient pas être déclarées en faillite puisqu’elles n’étaient pas
considérées comme des commerçants. C’est la raison pour laquelle le législateur a prévu que
l’incapacité de remplir ses engagements était une cause de dissolution judiciaire des
associations mais cette cause de dissolution n’a plus beaucoup de chance depuis qu’elles
peuvent être déclarées en faillite, cependant elle existe toujours.
Cette deuxième cause (art. 2 :113, § 1er, 3°) s’agit généralement d’une association qui va arrêter
ses revenus à procurer des avantages patrimoniaux à des membres ou d’autres tiers. « Violation
du CAS » et non « violation grave ». On peut quand même penser que le juge va toutefois
apprécier la situation et si on a une violation minime du code des sociétés et des associations,
il ne va pas annoncer la dissolution de l’association.
Les deux autres causes suivantes de dissolution sont un peu curieuses : affectation du
patrimoine ou des revenus à un autre but que le but statutaire (art. 2 :113, § 1er, 2°) ou violation
de l’interdiction de de distribuer des avantages patrimoniaux (art. 2 :113, § 1er, 3°) le législateur
aurait pu ne pas citer ces deux autres causes de dissolution, c’est une violation du CSA. Ces
trois causes de dissolution peuvent en réalité être réunies en une seule violation du CSA ou
violation des statuts.
Si pour les associations les causes de dissolution sont assez différentes, ce n’est pas le cas pour
le non-dépôt des comptes annuels (art. 2 :113, § 1er, 4° ; supra) (raison pour laquelle la
professeure l’a indiqué en rouge dans ses slides). Pour le non-dépôt des comptes annuels c’est
la même solution que pour les sociétés.
Le fait que le nombre de membres tombent en-dessous de 2 nous rappelles la condition pour
les SC. Une association ne peut pas être constituée par une seule personne, si une association
avait un nombre de membre de 2 ou de plus de 2 mais qu’à la suite d’une démission par exemple
il n’y a plus qu’un membre c’est une cause de dissolution judiciaire de l’association à la
demande de tout intéressé.
Ici l’association va pouvoir se régulariser jusqu’au jour de la clôture des débats mais en
revanche il y a une petite incohérence car le Code ne prévoit pas que le tribunal peut octroyer
un délai supplémentaire à l’association pour se régulariser. Donc la solution ressemble à celle
retenue pour la SC avec deux différences :
- Tant les associations que les coopératives peuvent se régulariser jusqu’à la clôture des
débats mais en plus le tribunal peut donner à la société coopérative un délai pour se
régulariser en plus, ce qui n’est pas prévu pour l’association.
b. Procédure
1. Demandeur
Madame Simonart ne s’y penchera pas plus que ça car elle laisse ça pour le cours de procédure.
Cependant, comme déjà indiqué précédemment le demandeur peut être tout intéressé (un
actionnaire, un administrateur, un travailleur qui voit que la société en cas de non-dépôt des
comptes annuels va à l’eau, un créancier, un concurrent, le ministère public). En cas de fausse
société agrée ça pourrait même être le Ministère de l’économie (ce n’est absolument pas
fréquent, il n’y a encore rien à ce propos puisque la législation est toute récente).
Ce principe explique que l’action en dissolution est plus facilement reconnue aux associés,
actionnaires et membres qu’aux tiers. Les premiers bénéficient en quelque sorte d’une
présomption d’intérêt personnel et légitime à agir mais ils ne peuvent se dispenser de démontrer
leur intérêt en cas de contestation.
Le seul souhait d’éliminer une entreprise du marché ne crée pas, en soi, un intérêt légitime mais
un concurrent peut avoir un intérêt légitime à demander la dissolution d’une société qui
méconnaît les règles du jeu.
Peuvent être intéressés, outre les associés, actionnaires et membres, les administrateurs, les
créanciers, et également, dans certains cas, les débiteurs et les concurrents si le défendeur ne
respecte pas les règles du jeu. »
2. Tribunal compétent
C’est le tribunal du siège de la société ou de l’association qui est compétent, sous réserve qu’il
s’agit du président siégeant comme en référé pour l’action en dissolution d’une société pour
justes motifs (ce qui s’explique par le fait que, la société ne pouvant généralement plus
fonctionner, l’action est urgente).
3. Régularisation
La régularisation peut être faite jusqu’à la clôture des débats. Et pour le surplus (retour en arrière
sur les slides), le tribunal peut accorder un délai de régularisation pour les sociétés sauf en cas
de justes motifs.
B. Fondations
Seul le tribunal de l’entreprise du siège d’une fondation peut prononcer sa dissolution. Même
le fondateur, s’il est encore en vie, ne peut pas unilatéralement dissoudre sa fondation. Même
l’arrivée du terme n’emporte pas la dissolution de plein droit de la fondation. Il existe une
exception : la dissolution de plein droit en cas de fusion ou de scission (infra)
Cette compétence exclusive s’explique par une volonté de contrôler les fondations, qui n’ont ni
membres ni assemblée générale. Cela étant, si le fondateur ou l’organe d’administration de la
fondation souhaite la dissoudre, il suffit d’apporter tout le patrimoine de la fondation à une autre
fondation poursuivant un but similaire et de demander au tribunal de la dissoudre en raison de
la réalisation de son but ou de l’impossibilité de le poursuivre.
Pour l’instant la professeure n’a pas évoqué les fondations, car les fondations sont vraiment à
part. Pour les sociétés et les associations il y a trois types de dissolution : volontaire, de plein
droit et judiciaire alors que pour les fondations il n’y en a qu’une c’est la dissolution judiciaire.
Donc il n’est pas possible de créer une fondation en prévoyant dans les statuts que la fondation
prendre fin de plein droit après 5 ans ou que la fondation prendra fin de plein droit lorsqu’elle
aura atteint son objectif de restauration d’une œuvre d’art. Ce sera toujours une cause de
dissolution judiciaire.
Ces causes de dissolution judiciaires sont pratiquement les mêmes que celles des associations
sauf la diminution du nombre de membres en-dessous de deux membres et en plus on va ajouter
comme causes de dissolution ce qui pour une association ou pour une société serait une cause
de dissolution de plein droit (raison pour laquelle elles sont mises en bleu ciel dans les slides).
- La réalisation du but ou de l’objet : c’est la fondation qui prévoit qu’elle a pour but de
restaurer la Chapelle Sixtine par exemple, une fois ce but atteint l’organe
d’administration va devoir s’adresser au tribunal pour prononcer la dissolution
judiciaire. Alors pourquoi n’a-t-on pas prévu de dissolution de plein droit ? Pour éviter
les cas de fraude puisqu’il n’y a pas d’assemblée générale par hypothèse qui puisse
contrôler ce que fait l’organe d’administration.
Ça vaut aussi pour une résolution résolutoire expresse qui serait prévue dans les statuts (CSA,
art. 2 :114) et bien entendu c’est aussi le tribunal du siège qui est compétent. Ça peut heurter
un peu le sens logique qu’il faille demander la dissolution judiciaire quand le terme prévu dans
les statuts est expiré mais c’est ainsi que cela se passe parce que le législateur l’a prévu ainsi
pour prévenir les cas de fraude.
4. Procédure
Le fondateur ou ses ayants droit, un ou plusieurs administrateurs, tout tiers intéressé (supra) et
le ministère public peuvent demander la dissolution judiciaire d’une fondation. Ce sera en
principe l’organe d’administration qui demandera la dissolution dans les cas qui entraînent,
pour les sociétés et les associations, une dissolution de plein droit.
1. « Je ne comprends pas la différence entre le terme prévu dans les statuts et le terme » ?
Il n’y en a pas…Le terme c’est le terme. Le terme prévu dans les statuts c’est quand les
statuts disent « la société prend fin après 30 ans » : voilà ce qu’est le terme (la Professeure ne
saisit pas trop le sens de la question de l’étudiant(e)).
2. « Pourquoi dites-vous que pour les fondations la dissolution de plein droit n’existe pas mais
qu’après expiration du terme elles peuvent être dissoutes ? »
Il n’y a en effet pas de dissolution de plein droit, la dissolution de plein droit c’est la
dissolution qui opère comme ça sans qu’il soit besoin d’aucune formalité, aucune décision. Une
fondation ne sera jamais dissoute de plein droit mais si un terme est prévu dans les statuts
l’organe d’administration doit s’adresser au tribunal du siège de l’entreprise et c’est le tribunal
qui prononcera la dissolution. Donc effectivement il n’y a pas de dissolution de plein droit c’est
une dissolution qui est judiciaire. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas prévoir de terme dans
les statuts mais même si un terme est prévu la dissolution doit être prononcée par le tribunal.
Tout intéressé pourrait le faire donc par exemple si on imagine qu’une personne
constitue une fondation qui prévoit dans ses statuts qu’elle a pour objet d’accorder des
bourses aux étudiants pendant 10 ans et qu’à l’expiration de cette durée de 10 ans, le
solde des ressources du patrimoine de la fondation sera affecté à une autre fondation qui
poursuit un but similaire. Si après les 10 ans l’autre fondation ne reçoit toujours pas ce
qui lui revient elle pourrait saisir le tribunal pour faire prononcer la résolution judiciaire.
La transformation n’est pas une cause de dissolution, on le verra d’ailleurs durant le cours
de demain. La transformation se fait par hypothèse avec maintient de la personnalité juridique.
Effectivement ce n’est pas de plein droit, mais tout intéressé peut saisir le tribunal.
Ce n’est certainement pas une cause d’annulation, les causes d’annulation ne concernent que
les vices de constitution. C’est une cause de dissolution judiciaire et il faut donc une décision
judiciaire d’ici du moins la clôture des débats la société a le temps de se régulariser et en plus
le tribunal pourrait lui donner un délai de régularisation.
NB : Madame Simonart précise dans la question une grande SA pour être sûr que la SA dépose
ses comptes à la banque nationale de Belgique.
Le 31 juillet de l’année suivante parce que la grande SA a six mois pour approuver les
comptes ce qui fait le 30 juin et encore 1 mois pour déposer les comptes ce qui nous fait le 31
juillet. Le 30 juin c’est le délai ultime pour approuver les comptes, pour les déposer c’est le 31
juillet.
Uniquement par une décision judiciaire, le fondateur n’a absolument plus rien à dire.
ATTENTION : il y a une erreur dans ce quizz c’est la deuxième réponse qui est bonne !
Les grandes associations sont soumises aux formalités spéciales mais la décision de
dissolution est prise conformément aux règles ordinaires.
Cette question était en réalité un petit rappel, il y a plusieurs sonnettes d’alarme : la perte
grave de l’actif net mais il y a aussi cette illiquidité de la société (la société n’est plus liquide)
et le test de liquidité est un test qui s’applique uniquement en cas de distribution de dividendes
dans les SRL et les SC. Assez curieusement ce test de liquidité ne s’applique pas dans les SA.
De même que le législateur a réservé le test de liquidité pour la distribution de dividendes aux
SRL et aux SC, il a prévu ce type particulier de sonnettes d’alarmes uniquement dans les SRL
et les SC.
NB : La professeure comprend les hésitations des étudiants dans leur réponse, d’une part parce
que ça fait longtemps que l’on a vu ça en cours et d’autre part, parce que ce n’est pas hyper
logique. Pourquoi le législateur n’a pas aussi prévu à la fois le teste de liquidité et cette
procédure de sonnette d’alarme pour les SA ?...
C’est une question qui anticipe sur la deuxième partie du cours. L’assemblée générale ne
peut pas désigner de liquidateur mais ça on le verra dans la deuxième partie du cours. La
professeure comprend aussi que les gens se soient trompés.
Section 2. Liquidation
1. Observation préliminaire
Il ne sera traité ici que de la liquidation des sociétés et associations dotées de la personnalité
morale. La liquidation des sociétés simples n’est quasi-pas réglementée par le CSA, sous
réserve qu’un ou plusieurs liquidateurs doivent être désignés et que le « patrimoine » de la
société est censé subsister pour les besoins de la liquidation jusqu’à la clôture de celle-ci (art.
4:21).
Ce qui est important d’avoir à l’esprit c’est que depuis la réforme de la notion d’entreprise dans
le nouveau code de droit économique, toute entreprise peut être déclarée en faillite. Il y a donc
des risques que certaines entreprises essayent de contourner cette procédure en recourant à une
liquidation. Et le législateur a prévu une série de mesures qui sont destinées à exercer un
« certain » (la professeure le souligne) contrôle du tribunal sur les liquidations.
Il a prévu ces mesures à la suite de réformes qui avaient déjà eu lieu sous l’empire du Code des
sociétés et les mesures que le législateur avaient initialement prévues et qui consistent
essentiellement à s’assurer de l’honorabilité de la personne du liquidateur et à prouver le plan
de répartition des actifs, le législateur avait initialement prévu ces mesures pour à l’époque
toutes ces sociétés et puis il s’est rendu compte que ça causait un travail énorme aux tribunaux
et un travail qui n’était pas indispensable lorsqu’on a affaire à des sociétés pour lesquelles il
n’y a aucun risque de non-paiement des créanciers parce qu’elles sont tout à fait solvables. C’est
ainsi qu’avec la réforme des sociétés, le législateur a décidé de limiter le contrôle du tribunal
sur les liquidations au cas dans lequel la liquidation apparait déficitaire.
Mais qui va déterminer si la liquidation apparait déficitaire ? L’organe d’administration de la
société ou de l’association. C’est tout à fait illogique ! Que craint en réalité le législateur ? Que
des sociétés notamment essaient de frauder les créanciers en recourant à une liquidation à la va-
vite plus tôt qu’à une faillite qui se fait sous le contrôle du tribunal. Et le législateur prévoit des
mesures de contrôle par le tribunal en cas de liquidation déficitaire. Mais qui juge le caractère
déficitaire de la liquidation ? L’organe d’administration qu’on suspecte précisément de recourir
à une liquidation pour frauder les créanciers… Il y a quelque chose qui ne va pas parce que l’on
fait confiance à l’organe envers lequel par définition le législateur n’a pas confiance puisqu’il
veut instaurer des mesures de surveillance de la part du tribunal. Il y a donc quelque chose qui
est intrinsèquement vicié dans cette procédure selon Mme Simonart.
2. Effet de la dissolution
La dissolution fait entrer la société, l’association ou la fondation dans une phase de liquidation,
sous réserve des hypothèses suivantes :
(i) Dissolution et liquidation en un seul acte ;
(ii) Dissolution sans liquidation (fusions et scissions) ;
(iii) Dissolution avec clôture immédiate de la liquidation (clôture de la faillite et, le cas
échéant, dissolution judiciaire des sociétés, associations et fondations qui restent en
défaut de déposer leurs comptes annuels).
I. Phase de liquidation
1. Distinctions
La première distinction à faire est celle que l’on opère selon que la liquidation est bénéficiaire
ou déficitaire. Comment on voit cela ? Il faut revenir un peu en arrière dans le cours (et les
slides) pour voir que l’on détermine cette distinction selon l’état résumant la situation active et
passive que l’organe d’administration qui propose la dissolution doit établir.
La deuxième distinction est la même que celle qui régit la nécessité ou non de formalités en cas
de dissolution volontaire. D’un côté il y a la SRL, la SC, la SA, les sociétés européennes (non-
mentionnées sur les slides) et les grandes associations et de l’autre côté, les SNC, les Scomm
et les petites associations dont le législateur va moins se préoccuper.
En cas de dissolution volontaire ou de plein droit, les liquidateurs sont nommés par l’assemblée
générale conformément aux dispositions des statuts, à la majorité simple (art. 2 :118, § 2).
En principe n’importe quelle personne capable peut être liquidateur sous réserve qu’il y a
certaines personnes qui ne peuvent pas être liquidateur ; ce sont les personnes frappées d’une
interdiction judiciaire ou bien qui ont commis certaines infractions que le législateur trouve
incompatibles avec l’exercice d’une fonction de liquidateur par exemple une escroquerie
(infraction aux articles 489 à 490bis du Code pénal ou pour vol, faux, concussion, escroquerie
ou abus de confiance) ni les dépositaires, tuteurs, administrateurs ou comptables, qui n'ont pas
rendu et soldé leur compte en temps utile (durée de cette exclusion : dix ans) (CSA, art. 2:82,
al. 3 et 2:119, al. 4). Il convient d’ajouter à cette énumération les personnes frappées d’une
interdiction professionnelle (AR n° 22 du 24 octobre 1934 relatif à l'interdiction judiciaire faite
à certains condamnés et faillis d'exercer certaines fonctions, professions ou activités ; voir
supra) Les personnes qui ont été déclarées en faillite sans avoir obtenu la réhabilitation et celles
qui ont encouru une peine d'emprisonnement, même avec sursis, pour l'une des infractions
mentionnées à l'article 1er de l'arrêté royal n° 22 du 24 octobre 1934, pour une infraction au
livre III du Code de droit économique (règles en matière de comptabilité), ou pour une
infraction à la législation fiscale, ne peuvent pas non plus être nommées comme liquidateurs,
sauf homologation par le président du tribunal de l’entreprise (art. 2:84, al. 5 et 2 :119, al. 5)
Pour toutes les sociétés et associations c’est l’AG qui va désigner le liquidateur mais en plus
dans les sociétés et associations auxquelles le législateur voue une attention particulière (les
SRL, les SC, les SA et les grandes associations) il faudra demander la confirmation du mandat
du liquidateur au tribunal si la liquidation apparait déficitaire.
C’est donc uniquement si les deux conditions sont remplies : une SRL, une SC, une SA ou une
grande association et que la liquidation apparait de prime à bord déficitaire sur la base de l’état
résumant la situation active et passive que l’organe d’administration a du établir lorsqu’il a fait
la proposition de dissolution à l’AG, si ces deux conditions sont remplies le juge va se
prononcer sur la personne du liquidateur et va confirmer ou non son mandat et il aura une
mission encore un peu plus compliquée si c’est une personne qui s’est rendue de l’une ou l’autre
malversation lors du passé.
C’est donc l’étape normale : lors de la dissolution l’AG nomme un ou plusieurs liquidateurs et
dans certains cas ces liquidateurs doivent faire l’objet d’une mesure de confirmation par le
tribunal. D’ailleurs si la société a un doute elle va prévoir un ordre de liquidateurs suppléants.
Si le liquidateur est une personne morale, celle-ci doit désigner un représentant permanent (art.
2 :82, al. 2 et 2 :118, § 3)
Il se peut que pour une raison ou une autre la société ne désigne pas de liquidateur, c’est pourtant
une très mauvaise idée. Parce que tous les membres de l’organe en fonction, par exemple les
administrateurs vont être considérés comme liquidateurs (tous n’avaient peut-être même pas
envie) et ils vont être considérés comme liquidateurs mais uniquement passivement et non
activement (art. 2 :79). Les tiers peuvent les considérer comme des liquidateurs et agir contre
eux en leur qualité de liquidateur présumé mais en revanche les administrateurs réputés
liquidateurs ne pourront pas exercer toutes les compétences jugées actives des liquidateurs et
ne pourront pas intenter une action en justice. C’est donc une mesure destinée à protéger les
tiers et certainement pas à protéger la société. Les tiers peuvent considérer les
(ex)administrateurs comme liquidateurs mais les (ex)administrateurs ne peuvent pas exercer les
compétences actives des liquidateurs.
Pourquoi Mme Simonart dit ex-administrateur ? Parce qu’une fois que la société est dissoute
elle entre en principe dans un processus de liquidation et les fonctions de l’organe
d’administration prennent fin. Donc le conseil d’administration prend fin et c’est le(s)
liquidateur(s) qui va(vont) gérer la société. Il n’y a donc plus d’administrateur en fonction à
partir de la dissolution de la société, le relai est pris par les liquidateurs.
La solution est différente dans les associations : le tribunal nomme les liquidateurs sur requête
motivée d’un membre, d’un tiers intéressé ou du ministère public (art. 2 :118, § 4).
NB : Mme Simonart ne veut pas s’attarder sur la procédure pour ne pas rendre ça trop lourd
(elle résume donc très vite quelques aspects importants) ...
La nomination des liquidateurs va devoir bien étendu faire l’objet de mesures de publicité. En
fait, on va suivre les mêmes règles que lors de la nomination d’un administrateur. Rappel : Un
administrateur, personne morale, doit désigner un représentant permanent, ç a va être la même
chose pour un liquidateur personne morale, il va devoir désigner un représentant et la société
liquidée va devoir déposer l’acte de nomination au greffe du tribunal de l’entreprise qui va
publier un extrait de l’acte aux annexes du Moniteur belge de sorte que tous les tiers pourront
être au courant.
Les liquidateurs doivent réaliser l’actif, désintéresser les créanciers et affecter le solde, soit au
remboursement des actionnaires ou associés, soit aux fins désintéressées prévues par les statuts
de l’association ou de la fondation. Ils représentent la société, l’association ou la fondation à
l’égard des tiers et en justice (CSA, art. 2 :87, § 2 et 2 :121, § 2).
Dans les sociétés et les associations, les liquidateurs ont en principe le pouvoir d’accomplir tous
les actes nécessaires ou utiles à la liquidation, sous les réserves suivantes :
- Les statuts ou la décision de nomination peuvent limiter les pouvoirs des liquidateurs.
Sauf dans les SNC et les SComm, cette limitation n’est pas opposable aux tiers même
si elle est publiée (art. 2 :87, § 1er et 2 :121, § 1 er).
Pour les fondations, le CSA ne précise rien quant aux pouvoirs des liquidateurs, ce qui
s’explique par le fait qu’ils sont toujours désignés par le tribunal, qui détermine leurs pouvoirs.
Un des buts du législateur c’était d’assurer la transparence des liquidations pour éviter le
détournement des procédures de faillite et c’est la raison pour laquelle il faut que les liquidateurs
déposent des états de liquidation régulièrement au greffe du tribunal de l’entreprise pour que le
tribunal puisse garder un œil sur ces liquidations. Et si en tout cas la liquidation est déficitaire
le liquidateur doit soumettre le plan de répartition des actifs au tribunal et ça pour contrôler que
le principe de légalité des créanciers ne soit pas mis en péril et que les créanciers soient payés
avant que les actionnaires ne se voient rembourser quoi que ce soit selon le grand principe que
les créanciers passent avant les actionnaires et les créanciers doivent être traités sur un pied
d’égalité sauf s’il y a des causes légitimes de préférence comme une hypothèque, un privilège
légal et sous réserve des dettes de la masse.
En fait, en ce qui concerne la protection des créanciers on applique en substance les mêmes
règles pendant une liquidation que pendant une faillite avec toutefois ces grandes différences
que :
- D’une part, il y a un liquidateur nommé par l’assemblée générale et non pas un curateur.
C’est vrai qu’il y a donc un certain contrôle du tribunal via la procédure de confirmation
du mandat (enfin c’est quand même un liquidateur qui émane de la société).
Les liquidateurs des sociétés et des grandes associations doivent transmettre à la fin des sixième
et douzième mois de la mise en liquidation un état détaillé de la situation de la liquidation au
greffe du tribunal de l’entreprise dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société.
Cet état est versé dans le dossier de la société. À partir de la deuxième année, cet état détaillé
n’est transmis au greffe et versé au dossier de liquidation que tous les ans (CSA, art. 2 :96 et
2:125). En outre, s’il résulte des comptes que tous les créanciers ne pourront pas être payés, le
liquidateur soumet par requête unilatérale le plan de répartition de l'actif entre les différentes
catégories de créanciers pour accord au tribunal (art. 2 :97, § 2, al. 1 et 2 :133). Cette obligation
ne s’applique pas aux sociétés lorsque les créanciers qui n’ont pas été entièrement remboursés
sont des actionnaires et que ces actionnaires approuvent le plan de répartition par écrit et
renoncent à soumettre celui-ci au tribunal (art. 2 :97, § 2, al. 2).
(ii) Règles applicables à toutes les sociétés et toutes les associations
Au moins un mois avant l’assemblée générale, les liquidateurs doivent déposer au siège de la
société ou de l’association un rapport chiffré sur la liquidation comportant les comptes de la
liquidation et pièces à l'appui. S’il y a un commissaire, il doit contrôler ces documents. En
l’absence de commissaire, les actionnaires, associés membres disposent d'un droit individuel
d'investigation, pour lequel ils peuvent se faire assister d'un expert-comptable ou d'un réviseur
d'entreprises (art. 2 :100, al. 1 er et 2 :134, § 1er).
(iii) Petites associations et fondations
Le CSA n’impose pas de formalités particulières en cours de liquidation des fondations et des
petites associations
7. Clôture de la liquidation
Et puis quand le liquidateur a fait son travail, c’est-à-dire quand il a réalisé les actifs, quand il
a payé les créanciers, il doit faire rapport à l’AG (qui ne doit pas se tenir devant notaire) avec
les comptes de liquidation à l’appui. L'assemblée générale entend le cas échéant le rapport du
commissaire, se prononce sur l’approbation des comptes et statue sur la décharge des
liquidateurs et la clôture de la liquidation (CSA, art. 2 :100, al. 2 et 2 :134, § 2). La clôture de
la liquidation doit être publiée (art. 2 :102 et 2:136). S’il n’y a pas d’AG, si c’est une fondation,
il doit faire rapport au tribunal.
Tout comme pour les fondations il n’y a pas de causes de dissolution volontaire parce qu’il n’y
a pas d’AG et c’est le tribunal qui décide la dissolution, en cas de clôture de la liquidation et
que le liquidateur ne sait pas faire rapport à l’AG, il doit faire rapport au tribunal.
S’il y a un solde, c’est-à-dire si après avoir payé tous les créanciers, s’il reste quelque chose, ça
dépendra de la forme de la personne morale.
- Si c’est une société, on commence par rembourser les apports et s’il y a encore quelque
chose qui reste, le boni de liquidation on va le distribuer aux actionnaires à concurrence
du montant de leurs actions.
- Si c’est une fondation ou une association, les statuts doivent indiquer l’affectation du
surplus éventuel qui reste après le paiement des créanciers et le liquidateur doit respecter
cette affectation. Lorsque la liquidation est terminée, les liquidateurs doivent faire
rapport au tribunal et lui soumettre une situation comptable ainsi que la proposition
d’affectation de l’actif. Le tribunal autorise l’affectation des biens dans le respect des
statuts et prononce la clôture de la liquidation (art. 2 :140).
8. Actifs oubliés
Si on oublie des actifs, en principe ces actifs vont appartenir en indivision entre les associés
(art. 2 :104, § 1er) mais on va voir que les créanciers mécontents, qui n’auraient pas été payés
et qui se rendent qu’on avait oublié des actifs (qu’il y avait par exemple un immeuble oublié à
l’étranger que tout le monde avait perdu de vue) les créanciers pourraient faire rouvrir la
liquidation pour se faire payer sur ces actifs.
9. Passifs oubliés
Si on oublie les passifs (une dette) c’est très gênant. Imaginons même que les actionnaires,
(qu’on pensait qu’il y avait un boni de liquidation) qu’après la clôture de la liquidation ils aient
reçu le boni de liquidation, et qu’on se rend compte qu’un des créanciers n’a pas été payé et
que les actionnaires ont donc été payés avant les actionnaires ce qui ne va pas du tout.
Le Code des sociétés et des associations prévoit une solution qui est fort à l’avantage des
actionnaires et qui prévoit qu’ils ne sont responsables envers les créanciers que :
- D’une part, à concurrence de ce qu’ils ont reçu dans le cas de la liquidation (art. 2 :104,
§ 2) ;
- Sans solidarité entre eux ;
- S’ils étaient de mauvaise foi, s’ils connaissaient ou devaient savoir qu’il y avait encore
des créanciers à payer.
Cela veut dire si on prend une grande société cotée où bien entendu les grands actionnaires ne
sont pas au courant de l’existence de tous ces créanciers, et bien ces actionnaires pourraient être
désintéressés et si on se rend compte après qu’il y avait un créancier qui était impayé, tant pis
pour lui parce que dans 99 pourcents des cas ces actionnaires seront parfaitement de bonne foi.
Tant pis pour le créancier dans un cas pareil. Alors bien entendu, il pourra intenter une action
en responsabilité contre les liquidateurs parce que les liquidateurs auraient dû voir qu’il y avait
encore des dettes impayées et en pas clôturer la liquidation.
Ils ont donc une action en responsabilité contre les liquidateurs qui ont commis une faute dans
le processus de liquidation mais ils n’ont pas d’action contre les actionnaires même si les
actionnaires ont bénéficié de distribution dans le cas de la distribution si ces actionnaires sont
de bonne foi. Évidemment si on a affaire à une petite société où tous les actionnaires étaient
également membres de l’organe d’administration il sera beaucoup plus facile aux tiers de
démontrer que les actionnaires étaient au courant ou devaient être au courant qu’il y avait encore
des dettes impayées et alors le créancier pourra se retourner contre ces actionnaires à
concurrence de ce qu’ils ont reçu ou avec leur casquette d’administrateur pour avoir commis
une faute dans la liquidation.
Il y a aussi, et ça c’est relativement récent, la possibilité pour les sociétés et pour les associations
de se dissoudre et de se liquider en un seul acte. Pourquoi ? Parce qu’il est apparu que pour
certaines sociétés et associations elles décident de se dissoudre à un moment où il ne leur reste
plus rien. Elles n’ont plus d’actif ni de passif, elles décident de se dissoudre. Pourquoi entamer
un processus de liquidation alors que finalement il n’y a rien à liquider ? c’est la raison pour
laquelle, le législateur permet la dissolution et la liquidation en un seul acte mais il ne l’autorise
qu’à certaines conditions.
1. Conditions
La première condition est qu’il ne faut pas nommer de liquidateur. On ne peut pas nommer de
liquidateur. Si l’AG nomme un liquidateur même s’il n’y a rien à liquider tant pis pour elle, la
société/ l’association ne peut pas procéder à la dissolution/liquidation en un seul acte.
Madame Simonart nous raconte un cas qu’elle a rencontré où une société avait des créanciers
dans un pays qui faisait l’objet d’un embargo et cette société aurait bien voulu se liquider mais
elle ne pouvait pas dans la mesure où il restait des créanciers. Cette société était parfaitement
au courant de l’existence de ces créanciers mais elle ne pouvait pas effectuer le paiement. Dans
ce cas-là on peut consigner. Consigner signifie faire un paiement à la caisse des dépôts et
consignations, qui est une institution de l’État, qui va garder les fonds jusqu’à ce qu’elles
reçoivent des instructions pour les libérer.
Autre cas de consignation : on sait très bien qu’il va y avoir une dette mais elle n’est encore
due. Le meilleur exemple c’est la dette d’impôts. Oui il va falloir payer l’impôt des sociétés qui
n’est pas encore du. Cet impôt est calculé et le montant est consigné à la caisse des dépôts et
des consignations. Donc il faut que toutes les dettes soient soit payées soit confirmées par le
commissaire, s’il y a un commissaire, ou un réviseur d’entreprise ou un expert-comptable qui
doit dire texto : « toutes les dettes ont été payées ou consignées ».
Il y a une exception pour les sociétés et les associations c’est quand elles acceptent que leurs
dettes ne soient pas encore payées. Enfin c’est une exception pas très utile.
La troisième condition c’est qu’il faut l’unanimité. L’unanimité est comprise dans deux sens
différents :
- Dans les associations, c’est bien l’unanimité de tous les membres. S’il y a 54 membres
dans une association il faut que les 54 membres soient d’accord.
- Le législateur s’est rendu compte que l’unanimité pouvait être difficile à atteindre dans
les sociétés et c’est la raison pour laquelle il exige toujours l’unanimité dans les sociétés
mais dans les SRL et les SA il s’est dit qu’il pouvait y avoir beaucoup d’actionnaires et
si les actionnaires ne viennent pas à l’AG la société ne pourra pas se dissoudre/liquider
en un seul acte. C’est la raison pour laquelle il a accepté que l’unanimité (art. 2 :135)
soit uniquement celle des actionnaires présents te représentés dans les SRL et les SA à
condition qu’il y ait un quorum d’au moins la moitié (moitié des actions dans les SRL
et moitié des actions représentatives du capital dans les SA (art. 2:80)).
Pourquoi uniquement les SRL et les SA dans la mesure où il pourrait y avoir une
troisième forme de société où il pourrait y avoir énormément d’actionnaires : les SC ?
Selon la professeure, il s’agit d’un oubli du législateur et c’est donc une mauvaise idée
de ne pas avoir aussi visé les sociétés coopératives qui peuvent aussi avoir des centaines,
des milliers d’actionnaires et qui donc de facto si la loi n’est pas modifiée vont se
retrouver dans l’impossibilité de se dissoudre et se liquider en un seul acte.
Les SNC et les SComm peuvent également se dissoudre et se liquider en un seul acte mais à
condition de se conformer aux règles en matière de dissolution volontaire applicables aux SRL,
SC, SA, SE et SCE (art. 2 :71, § 5). L’assemblée générale doit se prononcer en faveur de la
dissolution et liquidation en un seul acte à l’unanimité de tous les associés. De même, les petites
associations ne peuvent procéder à une dissolution-liquidation en un seul acte que si elles
établissent un état résumant la situation active et passive.
2. Actifs restants
S’il reste des actifs, en principe ce n’est pas possible, la dissolution/liquidation en un seul acte
c’est en principe quand il ne reste plus rien (CSA, art. 2 :104, § 1 er, al. 1). S’il reste des actifs
ça va être la même solution qu’en cas de liquidation, c’est-à-dire qu’ils vont appartenir en
indivision aux associés ou aux membres avec la possibilité d’un créancier qui n’aurait pas été
payé de faire rouvrir la liquidation.
S’il est vrai pour les sociétés que les actifs restants appartiennent en indivision aux associés,
dans les associations en revanche ce n’est pas possible dans la mesure où une association ne
peut pas avoir pour but de procurer des avantages patrimoniaux à ses membres (art. 2 :132).
Que ce soit en cas de dissolution avec liquidation ou en cas de dissolution/liquidation en un
seul acte s’il reste des actifs ils doivent être affectés à la fin qui est prévue dans les statuts. Si
on prend l’exemple de l’association qui prévoit dans ses statuts qu’en cas de dissolution tous
ses actifs restants doivent être affectés à la Fondation Roi Baudoin, par exemple, cette
association est dissoute et liquidée en un seul acte et puis on se rend compte 3 mois après qu’elle
avait encore un immeuble à l’étranger et bien cet actif doit être affecté à la Fondation Roi
Baudoin, il faut donc suivre les statuts.
3. Passifs oubliés
En revanche, s’il reste des dettes qui n’ont pas été payées, la solution va être différente de la
dissolution avec liquidation. En cas de dissolution avec liquidation, rappelons-nous que même
si les actionnaires ont reçu quelque chose ils ne seront pas responsables envers les créanciers
s’ils sont de bonne foi. Et s’ils sont de mauvaise foi (c’est-à-dire s’ils connaissaient ou devaient
connaitre l’existence d’une créance) ils ne sont tenus envers les créanciers qu’à concurrence de
ce qu’ils ont reçu dans le cadre de la liquidation.
Et bien c’est différent en cas de dissolution et de liquidation en un seul acte parce que cette fois-
ci tous les actionnaires sont responsables envers les créanciers à concurrence de ce qu’ils ont
reçu dans le cadre de la liquidation (toujours sans solidarité) mais même s’ils sont de bonne foi
(CSA, art. 2 :104, § 3). Leur responsabilité est donc aggravée par rapport à celle des actionnaires
des sociétés qui suivent une procédure de liquidation, parce que le recours à la procédure
accélérée offre en principe moins de garanties aux créanciers.
Cela signifie que du point de vue des actionnaires c’est beaucoup moins dangereux de faire une
dissolution avec liquidation qu’une dissolution/liquidation en un seul acte parce qu’en cas de
dissolution/liquidation en un seul acte si le conseil d’administration a été distrait et s’il reste
des dettes impayées ils vont devoir en répondre personnellement, ce qui n’est pas le cas en cas
de dissolution suivie d’une liquidation. Cette procédure-ci est plus dangereuse pour les
actionnaires.
La dissolution avec clôture immédiate de la liquidation vise les cas dans lesquels ce n’est pas
une dissolution volontaire (donc on ne sait pas faire de dissolution-liquidation en un seul acte),
mais qu’il n’y a rien à liquider. S’il n’y a rien à liquider, ça n’aurait aucun sens de nommer un
liquidateur et d’entamer une procédure de liquidation.
Ainsi, lorsque le tribunal prononce la dissolution d’une société, association ou fondation sans
désigner de liquidateur, il doit prononcer la clôture immédiate de la liquidation (art. 2 :81,
2 :113, §3, et 2 :114, §3, CSA).
Tant pour les sociétés que pour les associations, on a vu qu’il y a cette clause de dissolution
judiciaire qui tient au non-dépôt des comptes annuels (cfr quizz : exercice social du 1er janvier
au 31 décembre) à si la société ou l’association n’a pas déposé ses comptes annuels pour le 31
juillet de l’année suivante au plus tard, le tribunal, à la requête de tout intéressé peut prononcer
la dissolution judiciaire.
Parfois, ce sont des sociétés ou associations qui sont négligentes mais qui sont encore très
actives, mais parfois ce sont aussi des sociétés/associations/fondations fantômes ou en sommeil.
Càd que depuis des mois ou des années, elles ne font plus rien, qu’il n’y a plus rien dans cette
société ou cette association. S’il n’y a plus rien dans cette société ou association, à quoi bon
nommer un liquidateur et entamer un processus de liquidation ? C’est la raison pour laquelle,
lorsqu’il prononce la dissolution judiciaire d’une telle société ou association, le tribunal pourrait
ordonner la clôture immédiate de la liquidation plutôt que de nommer un liquidateur judiciaire.
Ce sera du cas par cas. S’il y a encore quelque chose à liquider, le tribunal nommera un
liquidateur. Mais s’il n’y a plus rien à liquider, le tribunal va ordonner la clôture immédiate de
la liquidation.
• Clôture de la faillite
Cela vise les entreprises qui ont été déclarées en faillite et donc la faillite est clôturée. Si une
entreprise est déclarée en faillite, le tribunal nomme un curateur. Ce-dernier va avoir une
mission qui ressemble très fort à celle du liquidateur : il va devoir réaliser les actifs, payer les
créanciers et affecter le solde soit au payement des actionnaires s’il reste quelque chose (mais
c’est tout à fait théorique), soit aux fins poursuives par l’association s’il reste quelque chose
(mais c’est tout à fait théorique aussi).
En pratique, que fait le liquidateur ? Il réalise les actifs et il paye les créanciers dans la mesure
du possible, en respectant le principe d’égalité des créanciers, sous réserve des dettes de la
masse et des causes légitimes de préférence.
Les dettes de la masse sont des dettes qui sont contractées en cas de faillite par le curateur, ou
en cas de liquidation par le liquidateur, pour les besoins respectivement de la gestion de la
faillite ou de la gestion de la liquidation.
Þ Ex. : un curateur est nommé comme curateur d’une société déclarée en faillite et il se
rend compte que la comptabilité est dans un état déplorable et qu’il doit faire appel à un
comptable. Mais ce comptable n’accepterait jamais de travailler pour le curateur s’il
doit être soumis au principe d’égalité des créanciers et qu’il ne pourrait recevoir
qu’1/5ème des honoraires auxquels il a droit. Pour inciter les personnes à traiter avec les
curateurs dans l’intérêt de la gestion de la faillite (ou avec les liquidateurs dans l’intérêt
de la liquidation), il y a cette notion de dette de la masse qui consiste à reconnaitre à ces
dettes une espèce de caractère hyper privilégié dans le sens où elles passent avant le
paiement des autres créanciers.
Þ Ex. : curateur ou liquidateur qui se rend compte qu’il faut prendre des mesures de
précautions des actifs de la société. Par ex., les machines ne peuvent pas restées comme
ça, il risque d’y avoir des vols, il faut organiser des surveillances. Les surveillants qui
contractent avec le curateur ou le liquidateur vont être considérés comme des créanciers
de la masse et seront payés avant les autres créanciers.
Il s’agit donc d’une exception dans l’égalité des créanciers en cas de faillite ou de liquidation
déficitaire, en plus des sûretés (hypothèques, gages, etc.) et causes légitimes de préférence
(privilèges légaux comme le privilège du vendeur impayé).
Une fois que le curateur a réalisé tous les actifs et qu’il a affecté tous ces actifs au paiement des
créanciers, il faut clôturer la faillite. Cela signifie qu’il ne reste plus rien dans la société ou
l’association. Ça n’a donc pas de sens, après la faillite, de ré-entamer un processus de
liquidation au sens du CSA.
Attention que la faillite elle-même n’équivaut pas à la dissolution de la société. C’est la clôture
de la faillite qui va entrainer la dissolution et la clôture immédiation de la liquidation. Attention
aussi qu’une société qui est en liquidation (dissolution avec liquidation), peut être déclarée en
faillite. Mais si une société qui est déclarée en faillite n’avait pas encore été dissoute, c’est la
clôture de la faillite qui va entrainer sa dissolution avec clôture immédiate de la liquidation.
Une fusion est mécanisme par lequel une ou plusieurs sociétés transfèrent tout leur patrimoine,
activement et passivement, à une autre société qui, en contrepartie du transfert de tout ce
patrimoine actif et passif, va émettre des actions qu’elle va attribuer non pas à la société
transférante, mais aux actionnaires de la société transférante. Et la société qui transfert tout son
actif et passif est dissoute par le fait de la fusion.
La scission est un mécanisme semblable : mécanisme par lequel une société transfert tout son
patrimoine actif et passif à 2 ou plusieurs autres sociétés qui émettent également des actions en
faveur des actionnaires qui s’est scindée, société qui est dissoute dans l’opération.
La fusion et la scission ont comme effet le transfert de tout le patrimoine de la société qui fait
une fusion ou une scission, et la dissolution de ces sociétés. Mais c’est une dissolution sans
liquidation, pourquoi ? Parce qu’il ne reste plus rien : elles ont tout transféré par le mécanisme
de fusion ou de scission, et comme elles ont transféré tout leur patrimoine, elles n’ont plus rien
et donc elles ne vont évidemment pas se liquider. C’est un cas de dissolution sans liquidation.
1. Conditions
La réouverture de la liquidation peut avoir lieu à la requête de tout créancier n’ayant pas
recouvré l’intégralité de sa créance lorsque celui-ci se rend compte, après la clôture de la
liquidation, que des actifs ont été oubliés. Il peut ainsi demander la réouverture de la liquidation
en intentant une action en réouverture de la liquidation contre les derniers liquidateurs en
fonction.
L’hypothèse est donc soit une dissolution qui a été suivie d’une liquidation sur une certaine
durée, soit une dissolution-liquidation en un seul acte qui laisse des créanciers impayés. Et ces
créanciers impayés se rendent compte par la suite qu’il y a encore tel ou tel actif qui appartient
à la société sur lequel ils pourraient se faire payer.
Þ On revient en arrière, on efface la clôture de la liquidation pour permettre que cet actif
soit affecté aux créanciers et non pas aux actionnaires (dans le cadre d’une société) pour
bien respecter l’ordre dans lequel les dettes doivent être payées : d’abord les créanciers,
et ensuite les actionnaires.
2. Effet
Cela signifie que la société retrouve sa personnalité juridique et devient de plein droit
propriétaire de l’actif oublié. Elle ne va perdre sa personnalité juridique qu’au moment de la
clôture de la liquidation. De même, le liquidateur qui avait été nommé redevient liquidateur de
cette société (les derniers liquidateurs en fonction recouvrent cette qualité, sous réserve de
certaines exceptions) – CSA, art. 2 :105, §2 et 2 :137, §2.
Pourquoi est-ce que la personnalité juridique est conservée pendant tout le processus de
liquidation (s’il y en a un) ? Parce qu’autrement ce ne serait simplement pas faisable : imaginez
une société avec des contrats de travail, des immeubles, des créances, etc. On ne pourrait pas
imaginer que, du jour au lendemain de la dissolution, tout ça se trouve en indivision. Non, la
société conserve sa personnalité morale pendant tout le processus de liquidation, et c’est à la
clôture de la liquidation qu’elle la perd. Mais elle pourrait la récupérer en cas de réouverture de
la liquidation.
3) En cas de liquidation d’une SA, le plan de répartition de l’actif doit être soumis au tribunal :
4) Si on a oublié des actifs lors de la liquidation d’une SA et que certains créanciers n’ont pas
été intégralement désintéressés, après la clôture de la liquidation :
a) Tant pis pour les créanciers : ces actifs reviennent aux actionnaires et échappent
définitivement aux créanciers
b) Tant pis pour les créanciers : ces actifs reviennent à l’État et échappent
définitivement aux créanciers
c) Tout créancier impayé peut demander la réouverture de la liquidation – Vrai
5) Si on a oublié des actifs lors de la liquidation d’une SA et que tous les créanciers ont été
intégralement désintéressé
6) Si on a oublié des passifs lors de la liquidation d’une SA, après la clôture de la liquidation
8) La dissolution-liquidation en un seul acte est possible pour toutes les sociétés et toutes les
associations, moyennant le respect de certaines conditions :
a) Vrai – Vrai
b) Faux, c’est impossible car le tribunal doit approuver au préalable le plan de
répartition de l’actif
c) Faux, c’est impossible car le liquidateur doit déposer un mois avant l’assemblée
générale un rapport chiffré sur la liquidation
d) Faux, uniquement dans les SRL, SC, SA, SE et SCA
9) Dans les SRL, la dissolution-liquidation en un seul acte présente en général plus de risques
pour les actionnaires que la dissolution suivie d’une liquidation
a) Vrai – Vrai
b) Faux
10) Le cas le plus fréquent de dissolution avec clôture immédiate de la liquidation est
Explications
- Q2 : oui, mais uniquement des compétences « passives » : les tiers peuvent intenter une
action contre ces ex-administrateurs réputés liquidateurs, mais par contre ces ex-
administrateurs réputés liquidateurs ne vont pas pouvoir eux-mêmes intenter une action
en justice.
- Q5 : attention ça ressemble à la question 4, mais ici les créanciers ont été intégralement
désintéressés. La réponse est donc totalement différente.
- Q6 : ils sont responsables, mais pas trop : sans solidarité et uniquement s’ils savaient
ou devaient savoir que des dettes n’avaient pas été payées. Et même dans ce cas, ils ne
sont responsables qu’à concurrence de ce qu’ils ont reçu dans le cadre de la liquidation.
Pourquoi ? Parce que ce sont des actionnaires et la responsabilité des actionnaires est
limitée à leur apport, où ici à ce qu’ils ont reçu dans le cadre de la liquidation. Si les
actionnaires n’ont rien reçu, les créanciers n’ont pas d’action contre eux.
- Q7 : il pourrait rester un boni de liquidation. Il se pourrait que l’ASBL aient encore des
richesses après sa dissolution. Imaginez une ASBL qui était gérée par des volontaires,
mais ils en ont eu marre donc ils ont arrêté, mais s’il reste encore des richesses après
la dissolution, il faut les affecter aux fins poursuivies par l’ASBL.
- Q8 : oui, il n’y a pas ici de plan de répartition de l’actif. Par hypothèse, toutes les dettes
ont été payées ou consignées. Il n’y a pas de liquidateur, donc il n’y a rien à déposer
par le liquidateur parce qu’il n’y a pas de liquidateur. C’est possible pour toutes les
sociétés et pas seulement les SA et compagnie, c’est aussi possible pour les SNC
- Q9 : C’est vrai, parce qu’en cas de dissolution-liquidation en un seul acte, s’il apparait
plus tard qu’en fait les dettes de la SRL n’avaient pas été payées, les actionnaires en
seront responsables personnellement, sans solidarité, à concurrence de ce qu’ils auront
reçu dans le cadre de cette dissolution-liquidation. Même si c’était de bonne foi, qu’ils
n’avaient aucune possibilité de connaitre l’existence de cette dette. Mais cependant, si
on a une dissolution suivie d’une liquidation, dans ce cas, s’il apparait ultérieurement
qu’il y avait des dettes laissées impayées, les actionnaires en seront responsables s’ils
connaissaient ou devaient connaitre l’existence de cette dette, toujours sans solidarité
et toujours à concurrence de ce qu’ils auront reçu dans le cadre de la liquidation.
- Q10 : ce n’est pas la dissolution par expiration du terme, pourquoi ? Si on a prévu que
la société a une durée de 30 ans par exemple, et que les 30 sont expirés, la société peut
encore avoir plein d’actifs et de passifs. Ce n’est pas non plus la dissolution pour justes
motifs, car cela est souvent en cas de mésintelligence entre associés, ou lorsque des
associés sont devenus incapables, etc. mais là aussi il reste généralement encore des
actifs et des passifs. Par contre, c’est la dissolution pour défaut de déposer les comptes
annuels parce que, souvent, cette cause de dissolution concerne des sociétés qui ont été
laissées à l’abandon depuis des années et il n’y a plus rien dans ces sociétés. S’il n’y a
Comment ça se voit ? Pour les sociétés qui doivent établir, en cas de dissolution volontaire, un
état résumant la situation active et passive, en principe, ça va ressortir de cet état. à On est
dans le cas de dissolution volontaire, c’est donc l’AG qui est toujours compétente. Dans les SA,
SRL, SC, SE et les grandes associations, le législateur prévoit des formalités préalables, dont
un état qui résume la situation active et passive. À partir de cet état résumant, l’organe
d’administration va pouvoir déterminer si, à priori, la liquidation va être bénéficiaire ou
déficitaire.
Cela relève dont d’une appréciation de l’organe d’administration compte tenu de tous les
éléments, et en agissant de BF. Le risque qu’on aperçoit c’est que l’organe d’administration
n’agisse pas de BF parce que la nomination des liquidateurs est soumise à la confirmation du
tribunal si la liquidation, prima facie, apparait déficitaire. Il y a aussi le rapport du commissaire
sur cet état, mais c’est toujours à la société de saisir le tribunal pour avoir la confirmation du
juge. On laisse quand même énormément à la bonne volonté de l’organe d’administration.
Chapitre 2. Transformation
Section 1. Introduction
1. Notion
La transformation d’une personne morale est la modification de sa forme légale. Elle peut se
concevoir soit entre sociétés (une société constituée selon une forme déterminée adopte une
autre forme), soit entre des formes différentes de personnes morales (par ex., une société se
transforme en ASBL).
Cela n’aurait donc pas de sens de parler de transformation pour une société simple : si une
société simple veut devenir une SNC, il n’y a pas d’autres solutions que la dissolution de la
société simple. Un apport devra ensuite être fait par les associés de la société simple à une
nouvelle société dotée de la personnalité juridique, par ex. une SNC.
Tout l’objectif de la transformation est bien entendu, pour les sociétés dotées de la personnalité
morale, de maintenir cette personnalité morale, càd de ne pas devoir passer par la dissolution
de la société et la création d’une nouvelle société.
On va voir une série d’exemples, et un des exemples types est une SRL qui grandit et qui
souhaite se transformer en SA. Le maintien de la personnalité juridique aura pour corolaire qu’il
ne faut pas se poser la question de la cession des actifs de la société qui se transforme. à si une
SRL se transforme en SA, il n’y a aucune cession des éléments qui se trouveraient dans le
patrimoine de la SRL, il n’y a donc pas de problème de cession de contrats, pas d’accord des
créanciers à avoir, pas de problème de cession d’immeubles, etc. C’est la même personne
morale qui continue avec tous ses attributs et tous les éléments de son patrimoine.
C’est donc une opération qui est très intéressante et qui suppose peut-être certaines formalités
au moment même de l’acte de transformation, mais qui évite tous les problèmes qu’il pourrait
y avoir s’il fallait procéder à une cession des éléments de la SRL à une SA.
2. Actualité
La loi du 23 mars 2019 a et va encore multiplier les cas de transformations : une série de sociétés
souhaitent profiter des nouvelles opportunités offertes par cette loi ; les personnes morales dont
la forme légale est supprimée et les « fausses » sociétés coopératives doivent adopter une autre
forme légale avant le 1er janvier 2024.
3. Réglementation
Le CSA consacre le livre 14 à la transformation des sociétés, des associations et des fondations.
Il admet les cas suivants de transformations :
Par ailleurs, la loi du 23 mars 2019 prévoit à titre de disposition transitoire la transformation de
plein droit le 1er janvier 2024 des personnes morales dont elle supprime la forme légale et qui,
à cette date, n’auront pas été transformées en une autre personne morale, en la forme légale
jugée la plus proche (art. 41, §2, L. 2019).
Enfin, en vertu des règlements européens applicables, une SA peut se transformer en SE, et
vice-versa, et une SC peut se transformer en SCE, et vice-versa.
En dehors de ces hypothèses, la transformation d’une personne morale en une personne morale
d’une autre forme entraine sa dissolution et la création d’une nouvelle personne morale.
Dans les lignes qui suivent, on examinera successivement les principes généraux applicables à
toute transformation avec maintien de la personnalité (section 2), les différentes hypothèses de
transformation (section 3) et la transformation des personnes morales dont la forme légale est
supprimée par la loi du 23 mars 2019 (section 4).
- Acte authentique
En effet, lorsque les associés ont décidé de créer leur société, ils ont pris une décision importante
qui était de choisir la forme légale de leur société, par exemple une SRL. Ils n’ont pas choisi
une SA. La transformation de la forme de la société étant une décision très importante pour les
associés, le législateur a prévu des mesures destinées à vérifier qu’il y a effectivement une
grande majorité des associés ou des membres qui sont d’accord avec l’opération.
Ainsi, alors qu’en matière d’actes de sociétés et d’associations, c’est en principe la forme de la
société ou de l’association et la nature de l’acte en cause qui déterminent si l’intervention du
notaire est requise, pour les opérations de transformation, c’est uniquement la nature de l’acte
qui compte : sous réserve d’une exception (transformation d’une SNC en SComm), la
transformation de n’importe quelle forme de société ou d’association requiert un acte
authentique.
Þ Par ex. si une SComm, société qui ne requiert pas d’acte authentique pour sa
constitution, veut se transformer en SNC, société qui ne nécessite pas non plus d’acte
authentique pour sa constitution, il faudra quand même un acte authentique, car c’est un
acte plus ou moins exceptionnel. L’intervention du notaire est donc requise pour assurer
que les choses se passent bien dans le respect des règles et que les conditions de quorum
et de majorité soient satisfaites.
Il faut donc un acte authentique, des conditions de quorum et de majorités particulières. Dans
une série de cas, il faut des rapports spéciaux. Mais pour l’instant, on se concentre sur les
principes généraux qui sont applicables à tous les cas de transformations.
On a vu que, dans les statuts, il faut obligatoirement indiquer la forme légale de la société. C’est
une mention très importante, puisque même dans les sociétés où les causes de nullité sont
limitées par la loi (SA, SRL et SC), l’absence de mention de la forme légale est néanmoins une
cause de nullité.
Dans tous les statuts de toute société, il y a, généralement après l’article consacré à la
dénomination de la société, une disposition qui indique la forme que prend la société.
Bien entendu, lors de la transformation, il faudra modifier cette clause et prévoir que la société
a la forme d’une SA au lieu d’une SRL.
Toutefois, la disposition contenant la forme légale de la société n’est pas la seule disposition
des statuts qui devra être modifiée. En effet, toutes les clauses qui sont incompatibles avec la
nouvelle forme ou qui sont appelées par la nouvelle forme devront être modifiées également.
La transformation n’entraine donc pas la constitution d’une nouvelle personne morale. Une
personne morale ne peut se transformer en une autre personne morale que si elle remplit les
conditions spécifiques / les exigences légales de la nouvelle personne morale en laquelle elle se
transforme (capital, but, etc.).
Þ Ex. pour le capital : une SNC ou une SRL se transformant en SA : dans les statuts de la
SRL ou de la SNC, il n’y a pas de disposition concernant le capital puisqu’une SRL n’a
pas besoin de capital pour être créée. Cependant, pour pouvoir se transformer en SA,
elle devra insérer une disposition relative au capital et celui-ci devra être minimum de
61.500€.
à Si une SNC se transforme en SA, elle doit se doter de fonds suffisants pour atteindre
le capital minimum.
Comment peut-elle avoir ce capital ? Est-ce qu’elle peut faire une augmentation de
capital au moment de la transformation ? Il faut être prudent. En principe, il faut qu’elle
ait un actif net (=actif – dettes) qui soit au moins égal au montant du capital choisi pour
la SA. On aura donc une opération qui sera purement comptable en ce sens que des
fonds propres qui n’étaient pas qualifiés de capital vont désormais être qualifiés de
capital. Par contre, si la SRL n’a pas d’actif net qui soit au moins égal au montant du
capital choisi, avant la transformation, les actionnaires doivent faire des apports en
argent ou en nature pour que son actif net soit au moins égal au montant du capital
choisi.
Þ Exemple pour le but : une SRL se transforme en SC. La SC a un but tout à fait
spécifique, alors la SRL doit modifier son but pour que celui-ci réponde à celui de la
société coopérative.
Þ Autre exemple pour le but : une ASBL veut se transformer en AISBL : tant l’ASBL que
l’AISBL doivent avoir un but désintéressé (ne pas procurer ou distribuer des avantages
patrimoniaux directement ou indirectement à leur membre), mais il y a une condition
supplémentaire pour l’AISBL qui est que son but doit avoir une dimension
internationale.
o Ex. : ASBL qui a pour but d’encourager un nouveau sport en Belgique. Imaginez
que cette ASBL veuille désormais encourager ce nouveau sport en Europe. Elle
peut se transformer en AISBL, parce que son but acquiert une dimension
internationale. Si elle voulait continuer à cantonner cette activité à la Belgique,
elle ne pourrait pas se transformer en AISBL.
⚠ Chaque fois, il faut bien voir quelles sont les exigences spécifiques de la nouvelle forme de
personne morale choisie et bien vérifier si la personne morale qui se transforme répond à ces
nouvelles caractéristiques. Ce sera généralement le cas parce qu’elle voudra répondre à ces
nouvelles caractéristiques. L’ASBL qui veut se transformer en AISBL, c’est précisément parce
qu’elle a développé son but et qu’elle lui a développé une dimension internationale. Mais il faut
être attentif à cela.
La modification des statuts peut donc être assez lourde, ceux-ci devant être mis en conformité
avec toutes les exigences légales de la nouvelle forme légale choisie.
- De manière plus délicate : on vérifie article par article, et on modifie les articles qu’il
faut
- De manière plus brutale et prévoir que les statuts sont entièrement remplacés. Ça peut
être plus efficace dans la mesure où le notaire peut prendre son acte type de SA et
l’adapter aux exigences de la société concernée, et ça évite d’oublier de modifier
certaines clauses.
Encore faut-il être attentif lorsqu’on choisit la méthode brutale, que si on remplace les statuts
par d’autres statuts, on risque de modifier des clauses pour lesquelles il faut, en cas de
modification, un rapport spécial. Par ex., si on remplace tous les statuts, on risque de modifier
l’objet, or il faut un rapport spécial pour modifier l’objet. Cela peut être une raison de faire une
modification plus délicate, clause par clause, en ne modifiant que les clauses qui s’imposent.
3. Sanctions
La personne morale dont la transformation a échoué subsiste dans sa forme ancienne, mais elle
s’expose à des sanctions si la transformation était imposée par les circonstances (diminution du
nombre d’associés sous le seuil minimum imposé par la loi, entrée de mineurs dans une SNC,
perte grave du capital par une SA, …).
Le CSA ne permet la transformation d’une personne morale en une autre, avec maintien de la
personnalité morale, que dans les cas qu’il prévoit expressément. Si on a un autre cas qu’un de
ceux qui rentrent dans ce tableau-ci, il n’est pas possible de procéder à une transformation, et il
faudra recourir à la dissolution de la personne morale et, le cas échéant, à la constitution d’une
nouvelle personne morale.
On va pour l’instant s’en tenir aux principes généraux et aux cas généraux. On parlera à la fin
du cours des cas particuliers des personnes morales dont la forme légale est supprimée (ex.
SCA, SCRL, etc.) : ce sont des sociétés dont la forme légale a été supprimée par la loi du 23
mars 2019 qui a introduit le nouveau CSA. Il y a une période transitoire qui expire en 2024, et
d’ici là, ces sociétés vont devoir soit se dissoudre, soit se transformer. On parlera de cette
transformation obligatoire dans un deuxième temps.
Il s’agit des cas où une société qui a la personnalité juridique (autres que les SE) veut adopter
la forme d’une autre société dotée de la personnalité juridique (autre qu’une SE). De quoi peut-
il s’agir ? Qu’est-ce qui peut justifier qu’une société veuille se transformer en une autre ? Quels
sont les motifs ?
A. Hypothèses et motifs
Les cas les plus fréquents, c’est les SRL qui se transforment en SA ou les SA en SRL. Pourquoi
est-ce qu’une SRL voudrait se transformer en SA, alors que la SA est une forme légale qui est
plus exigeante, dans la mesure où il faut notamment un capital ? C’est généralement parce que
la SRL se développe et s’agrandit.
Þ Ex. une start up constituée sous forme de SRL : Elle se développe et elle veut, à un moment,
faire appel au public et voir ses actions négociées sur Euronext. Depuis la réforme, il est
possible de prévoir que les actions d’une SRL soient cessibles, et même de les faire admettre
aux négociations sur Euronext, mais il n’y a pas encore de SRL qui soit cotée sur Euronext,
et c’est moyennement sérieux de voir une société cotée qui n’aurait même pas de capital. Si
la société veut se développer, elle aura généralement intérêt à se transformer en SA parce
que, quelles que soient les critiques que l’on peut adresser à la notion de capital, cela reste
quand même un signe relatif de sérieux. À situation égale, entre une société qui a un capital
et une société qui n’en a pas, généralement, les banques préfèrent des sociétés à capital car
elles seront plus limitées dans leurs possibilités de distribution des dividendes aux
actionnaires. C’est un gage de sérieux, même pour les investisseurs, que d’avoir un capital
et c’est bien la raison pour laquelle il n’y a aucune SRL qui soit sur le marché.
Le passage de la SA à la SRL s’explique par une hypothèse inverse. Imaginons qu’on ait une
société qui avait des activités très importantes, mais qui pour une raison ou une autre, a réduit
ses activités. Elle va peut-être considérer qu’il n’est plus nécessaire d’avoir un capital de
61.500€ et va vouloir se transformer en SRL, notamment pour pouvoir disposer, rendre
disponible et distribuer à ses associés le montant qui était affecté à son capital.
Autre exemple où il peut être intéressant de faire une transformation, c’est l’hypothèse de la
SNC qui prévoit dans ses statuts une clause de continuation avec les héritiers de l’associé
prédécédé.
On a vu hier les causes de dissolution des sociétés et notamment la règle suivant laquelle, dans
les SNC, le décès d’un associé entraine la dissolution de la société, parce que la SNC est une
société à caractère inuitu personae fort marqué.
Mais c’est une règle supplétive et la SNC peut, dans ses statuts, écarter cette règle supplétive,
en prévoyant qu’en cas de décès d’un associé, la société continue soit entre les associés
survivants, soit avec les héritiers de l’associé décédé.
Le problème c’est que, pour être associé en nom collectif, il faut avoir une pleine et entière
responsabilité, puisque les associés en nom collectif sont responsables de toutes les dettes de la
société. Cela signifie que des mineurs ne peuvent pas être associés en nom collectif. Si un
associé décède, il peut bien entendu laisser des héritiers majeurs, mais il se peut aussi qu’il
laisse des héritiers mineurs. S’il laisse des héritiers mineurs et qu’il y a une clause de
continuation avec les héritiers de l’associé prédécédé, ça pose un problème.
Dans ce cas-là, la SNC peut se transformer en SComm en prévoyant que les associés survivants
sont commandités et que les mineurs sont commanditaires. Pour rappel, les commanditaires
limitent leur responsabilité à leur apport. Il est donc possible que des mineurs soient
commanditaires dans une SComm.
Donc, c’est un cas qui peut être utile : transformation de SNC à SComm pour donner effet utile
à la clause des statuts qui prévoit qu’en cas de décès d’un associé, la société n’est pas dissoute,
mais continue avec les héritiers de l’associé prédécédé.
On a vu juste avant qu’il fallait toujours un acte authentique pour effectuer une transformation,
même quand une SComm se transforme en SNC, mais ici c’est une exception et c’est la seule
exception : quand une SNC se transforme en SComm pour permettre l’entrée de mineurs dans
la société et la continuation de la société, la loi n’exige pas un acte authentique à titre de mesure
de faveur parce que cette transformation ne résulte pas d’une fantaisie des associés, mais elle
est imposée par la force des circonstances.
4. Autres
Il y a d’autres cas de transformation, on peut tout imaginer. On peut même qu’une SComm se
transforme en SA, mais ces cas sont plus rares. Les principaux, c’est entre SA et SRL, et SNC
et SComm. Mais on peut imaginer qu’une SC ait envie d’étendre son but, elle serait donc
obligée de se transformée en SRL.
B. Formalités
La transformation est une opération importante qui va affecter les droits des associés. Par ex.,
la mesure de la cessibilité des actions ne sera pas la même ; la mesure dans laquelle la société
pourra distribuer des dividendes ne sera pas la même ; et encore, si on imagine des hypothèses
de transformation entre des sociétés plus radicales, par ex. si une SA se transforme en SNC (pas
du tout fréquent), les actionnaires qui voyaient leur responsabilité limitée à leur apport vont être
désormais responsables de toutes les dettes de la société. C’est vraiment une modification
substantielle de leurs droits.
Raison pour laquelle, dans toutes les hypothèses de transformation, le législateur prévoit des
formalités qui sont relativement lourdes. Les formalités que nous verrons maintenant valent
pour tous les cas de transformation.
1. Rapport justificatif
L’organe d’administration (dans une SA avec une administration duale, il s’agit du conseil de
surveillance – art. 14 :1, §2, CSA) doit toujours établir un rapport justificatif ayant pour objectif
d’expliquer la proposition de transformation et qui sera annoncé dans l’ordre du jour de
l’assemblée appelée à statuer.
Ce rapport justification doit être accompagné d’un état comptable qui résume la situation active
et passive de la société, clôturé à une date ne remontant pas à plus de 3 mois avant l’AG appelée
à se prononcer (art. 14 :3 et 14 :5, CSA).
Qui dit état comptable, dit intervention d’un commissaire si la personne morale a un
commissaire, et si elle n’en a pas, d’un réviseur d’entreprise ou d’un expert-comptable externe
qui sera désigné par l’organe d’administration (ou par l’AG dans les SNC et les SComm), et
qui va faire un rapport sur cet état à il va vérifier si cet état comptable reflète fidèlement la
situation de la société, notamment, si l’actif net n’est pas surévalué (art. 14 :4, CSA).
Une copie de ces rapports ainsi que le projet de modification aux statuts doivent être annexés à
la convocation des associés ou communiquées aux actionnaires (art. 14 :6, CSA).
Ces rapports sont prescrits à peine de nullité de la décision de transformation (art. 14 :7, CSA).
Il faudra ensuite, sauf dans les fondations qui elles n’ont pas d’AG (il s’agira alors de l’organe
d’administration), la réunion d’une AG qui, en principe, ne pourra se prononcer que si un
quorum de présence de la moitié est réuni, et à la majorité des 4/5ème (art. 14 :8, §1er, 1° et 2°,
CSA).
Þ Sur plus de la moitié qui est réunie, il faut une majorité de 4/5ème, qui est une majorité plus
importante que pour une modification ordinaire des statuts.
Þ Le CSA ne prévoit pas la neutralisation des abstentions, alors que c’est devenu la règle pour
toutes les modifications des statuts (en ce compris celle de l’objet et des buts). Il s’agit
manifestement d’un oubli.
Mais dans certains cas, l’unanimité est requise. Dans quels cas ?
- Quand on a des SNC et des SComm qui sont concernées, quel que soit d’ailleurs le sens
de la transformation (= d’une SNC ou d’une SComm, ou en SNC ou en SComm) : si
une SA se transforme en SNC, imaginez la position des actionnaires qui limitaient leur
responsabilité à leur apport à ils vont répondre désormais de toutes les dettes de la
société, ils doivent donc tous être d’accord. On ne parle pas de quorum de présence,
mais bien de l’unanimité de tous. C’est la même chose si une SNC veut se transformer
en SA, il faudra aussi l’accord de tous les actionnaires ;
- Lorsque la société existe depuis moins de 2 ans : le législateur s’est dit que si les
fondateurs ont constitué une société sous telle forme, c’est quand même bizarre que,
moins de deux après, ils décident de transformer la société en une autre forme. Raison
pour laquelle, pour toutes les jeunes sociétés, la transformation est possible mais
uniquement si tous les actionnaires ou associés sont d’accord ;
- Lorsqu’une clause des statuts prévoit qu’on ne pourra pas transformer la société, la
clause doit être modifiée à l’unanimité : ici, il faut raisonner en plus étapes :
o Imaginez qu’on a une SRL et que l’art. 18 des statuts prévoit que l’AG ne pourra
jamais transformer la société. On pourrait, le cas échéant, modifier cette clause.
Il y a évidemment des controverses pour savoir si on peut modifier cette clause
à la majorité des ¾, car, si on peut modifier les statuts et n’importe quelle clause
à la majorité des ¾, on pourrait simplement supprimer cette clause et le but des
fondateurs est complètement réduit à néant.
o Raison pour laquelle, pour éviter toute discussion quant au point de savoir si on
peut modifier à la majorité des ¾ une clause qui comporte une interdiction
absolue comme celle-là, le législateur a été plus radical et a dit que s’il y a une
clause statutaire de ce type, on devra modifier les statuts à l’unanimité.
Þ Si les statuts prévoient que la société ne pourra adopter une autre forme, une telle
clause des statuts ne peut être modifiée qu’à l’unanimité (art. 14 :8, §4, CSA).
« Nonobstant toute disposition contraire des statuts, les parts bénéficiaires donneront droit à
une voix par titre » (art. 14 :8, §2, al. 2, CSA). Le cas échéant, s’il existe plusieurs classes de
titres et si la transformation entraine une modification de leurs droits respectifs, le quorum et la
majorité doivent être réunis dans chaque catégorie.
Quand on transforme n’importe quelle société en une société qui a un capital (SA, SE et SCE),
il faut que l’actif net soit au moins égal au montant du capital minimum requis. Le cas le plus
fréquent, c’est la transformation de la SRL en SA : la SRL doit avoir un actif net d’au moins
61.500€. Sinon, les actionnaires doivent, avant l’opération de transformation, faire des apports
pour augmenter son actif, et par conséquent son actif net, pour faire en sorte que l’actif net soit
au moins égal au montant de 61.500€ ou au montant supérieur que les parties auraient requis.
Sans énoncer explicitement cette règle, le CSA prévoit la responsabilité (1) des associés des
SNC, (2) des commandités des SComm, ainsi que (3) des membre de l’organe d’administration
de toute autre société qui se transforme, pour la différence éventuelle entre l’actif net de la
société après transformation et le capital minimum requis (art. 14 :12, CSA).
Le cas échéant, la société qui souhaite se transformer en SA doit au préalable augmenter son
actif.
En cas de transformation d’une SNC ou d’une SComm (le législateur a manifestement oublié
de viser les SRL et les SC) en une SA, SE ou SCE, le capital après transformation ne pourra
pas être supérieur à l’actif net tel qu’il résulte de l’état comptable (art. 14 :3, al. 2 et 3, CSA).
S’est posée la question de savoir si on devait appliquer toutes les règles qui s’appliquent en
matière de constitution d’une société. La réponse a été massivement non.
Imaginez la SRL qui se transforme en SA : elle a des immeubles, elle a un compte en banque
avec de l’argent, sa personnalité morale continue après sa transformation, etc. Donc, il n’y a
pas lieu d’ouvrir un compte spécial avant sa transformation, ou de verser l’argent qui se trouvait
dans les comptes de la SRL. Il ne faut pas établir de rapports de l’organe d’administration et
d’un commissaire sur les apports en nature. En effet, il y a des déjà des rapports pour la
transformation : le rapport justificatif de l’organe d’administration et le rapport du commissaire.
Þ Ces formalités se substituent en quelque sorte aux formalités qui seraient requises
en cas de constitution d’une SA.
Sous l’empire du Code des sociétés (qui n’écartait pas non plus les dispositions contenant cette
obligation), la doctrine s’accordait à considérer qu’il s’agissait d’un oubli du législateur et que
ces dispositions ne devaient pas être respectées car la transformation ne réalise pas d’apport par
elle-même. En toute hypothèse, comme les règles en matière de responsabilité des fondateurs
ne s’appliquent pas, l’absence de plan financier devrait n’avoir aucune conséquence.
En effet, rédiger un plan financier en cas de transformation n’a pas de sens : en principe, la
société existe déjà depuis un bon moment et, généralement, les notaires n’exigent pas un plan
financier, et peu importe d’ailleurs. Rappelez-vous qu’un des effets juridiques du plan financier
(en plus de conscientiser les fondateurs, les obliger à réfléchir sur les développements de la
société, etc.) est la responsabilité des fondateurs en cas de faillite de la société dans les 3 ans si
le plan financier montre que le capital était manifestement insuffisant pour assurer l’exercice
normal des activités pendant 2 ans.
Or, le CSA écarte expressément les règles en matière de responsabilité des fondateurs lors d’une
transformation. Donc, peu importe qu’il n’ait pas expressément dispensé les transformateurs
d’établir un plan financier, dans la mesure où, de toute manière, il n’y aurait aucune
conséquence à l’absence d’établissement de ce plan financier.
En fait, le législateur aurait dû dire de manière générale que les formalités requises pour la
constitution ne s’appliquent pas, et qu’il faut simplement que la personne morale qui se
transforme réponde à toutes les conditions de fond de la personne en laquelle elle se transforme.
5. Acte authentique
Comme on l’a vu, et sous réserve d’une exception (voir point 8), toute transformation d’une
société doit, à peine de nullité, être constatée par un acte authentique, même lorsque la société
qui se transforme n’a pas été constituée par un acte authentique. Ainsi, la transformation d’une
SNC en SA doit être constatée par acte authentique.
Cet acte authentique, dans un but de sécurité juridique, va reproduire les conclusions du rapport
qui a dû être établi par le commissaire, un réviseur d’entreprise, ou un expert-comptable sur
l’état comptable. Et il va devoir arrêter les nouveaux statuts.
6. Statuts
La transformation suppose nécessairement que les nouveaux statuts soient arrêtés dans le cadre
de l’opération. C’est-à-dire que, immédiatement après la décision de transformation, les statuts
de la société sous sa forme nouvelle, y compris les clauses qui modifieraient son objet, doivent
être arrêtés aux mêmes conditions de présence et de majorité que celles requises pour la
transformation. À défaut, la décision de transformation reste sans effet (art. 14 :9, CSA).
7. Dépôts et publication
Cet acte de transformation, comme tous les actes authentiques, ainsi que les statuts devront faire
l’objet d’un dépôt au greffe du tribunal d’entreprise du siège de l’entité qui se transforme, et
devront être publiés aux annexes du MB, ce qui permettra d’assurer la publicité de la
transformation.
L’acte de transformation doit être publié en entier, et les statuts par extraits (art. 14 :10, al. 3,
CSA).
8. Exception
L’exception est la transformation de la SNC en SComm si les statuts prévoient une clause de
continuation, en cas de décès d’un associé, avec les héritiers de cet associé, et que l’associé
décédé laisse des héritiers mineurs. C’est le seul cas où il ne faut pas d’acte authentique.
Comme les mineurs ne peuvent pas être associés en nom collectif, pour éviter la dissolution,
les statuts des SNC prévoient parfois qu’en cas de décès d’un associé laissant des héritiers
mineurs, la société continuera avec ses ayant droit, qui auront qualité de commanditaires. Bien
qu’il s’agisse d’une transformation, le CSA écarte les art. 14 :3 à 14 :12 et donc, notamment,
l’exigence d’un acte authentique (art. 14 :14, CSA).
En cas de transformation d’une société caractérisée par une responsabilité illimitée de ses
membres (SNC ou d’une SComm) en une société dans laquelle la responsabilité des associés
est limitée à leur apport, les associés en nom collectif ou les associés commandités restent tenus
solidairement et indéfiniment à l’égard des tiers, des engagements de la société antérieurs à
l’opposabilité aux tiers de l’acte de transformation. C’est-à-dire que si une SNC se transforme
en SA, la SA va répondre de toutes les dettes de la société, mais en plus, les associés vont rester
responsable des dettes de la société encourues avant la transformation (art. 14 :13, al. 1, CSA).
Pourquoi ? Parce que le tiers ont compté dessus, parce que les créanciers qui ont contracté avec
une SNC ont compté sur l’engagement personnel des associés, donc il ne serait pas juste de les
en priver.
En cas de transformation en SNC ou en SComm, les associés en nom collectif ou les associés
commandités répondent indéfiniment à l’égard des tiers, des engagements de la société
antérieurs à la transformation (art. 14 :13, al. 2, CSA), et forcément aussi des engagements
ultérieurs. Si une SA se transforme en SNC, les nouveaux associés vont répondre de toutes les
dettes pour le futur, mais aussi pour le passé.
L’art. 14 :12, CSA prévoit la responsabilité des associés des SNC, des commandités des
SComm et des membres de l’organe d’administration de toute autre société qui se transforme
pour :
- La différence éventuelle entre l’actif net de la société après transformation et le capital
minimum prescrit par le CSA ;
- La surévaluation de l’actif net apparaissant dans l’état résumant la situation active et
passive de la société ;
- La réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe soit de la nullité de
l’opération de transformation, soit de l’absence ou de la fausseté de certaines des
énonciations prescrites par le CSA.
L’organe d’administration serait donc par exemple responsable s’il a établi un rapport inexact,
s’il a présenté à l’AG un état comptable qui ne reflète pas la situation de la société, ou s’il a
accompli n’importe quelle faute dans le cafte de la transformation.
Dès qu’il est avisé de la transformation d’une SC et donc que l’AG appelée à décider de la
transformation de la société est convoquée, chaque actionnaire peut, nonobstant toute
disposition contraire des statuts, et à tout moment, démissionner. Il ne doit ainsi pas se soucier
des clauses figurant dans les statuts qui restreindraient la démission.
L’associé démissionnaire doit notifier sa démission à la société 5 jours au moins avant la date
de l’AG. Sa démission sera ainsi affectée d’une condition : elle ne produira ses effets que si la
proposition de transformation est adoptée. Les convocations à l’AG doivent reproduire ces
règles (art. 14 :8, §5, CSA).
1. Sens unique
Cette possibilité de transformer une société en ASBL ou AISBL est nouvelle. Qu’est-ce qui
pourrait amener une société dotée de la personnalité morale à devenir une ASBL ? Depuis la
réforme, les sociétés et les associations peuvent exercer les mêmes activités, mais la différence
de but subsiste. Alors, dans la mesure où une société a un but lucratif, on devrait imaginer des
actionnaires qui, tout d’un coup, ne sont plus intéressés par leur but lucratif, soit une société qui
ne voudrait plus distribuer ou procurer d’avantages patrimoniaux à ses associés ou actionnaires.
On reste perplexe. Cette possibilité existe, mais c’est autre chose de dire qu’elle va être
beaucoup utilisée.
3. Procédure
La procédure est calquée sur celle de la transformation entre société, sous réserve des points
suivants :
- Comme cette transformation prive les associés ou actionnaires du droit de participer aux
bénéfices, elle suppose leur accord unanime (art. 14 :31 à 14 :36, CSA).
Avant la loi du 23 mars 2019, les ASBL étaient soumises à la loi du 27 juin 1921 et les sociétés
étaient soumises au Code des sociétés. Les ASBL ne pouvaient pas exercer d’activité
commerciale, du moins à titre principal, ce qui pouvait être gênant dans une série d’hypothèses
où les activités commerciales, qui étaient au départ accessoires, s’étaient développées et où
l’ASBL retirait beaucoup de ressources de son activité commerciale qui était à la limite de
l’activité principale.
Puis, dans un certain nombre de cas, il y avait des doutes extrêmes sur la licéité de l’activité
commerciale : était-elle accessoire ou principale.
En 1995, le législateur a créé, dans le Code des sociétés, la société à finalité sociale (qui pouvait
exercer n’importe quel type d’activité civile ou commerciale, et qui, comme son nom l’indique,
avait une finalité sociale - par ex. venir en aide aux sans-abris), précisément dans le but de
répondre aux besoins de toute une série d’associations qui étaient de bonne foi dans la mesure
où elles avaient effectivement un but désintéressé, mais qui voulaient financer ce but avec une
activité qui devenait à la limite de l’activité commerciale.
Lorsqu’il a créé la société à finalité sociale, le législateur a aussi permis aux ASBL de se
transformer en société à finalité sociale. Et cette transformation avait un intérêt évident :
permettre à ces associations de pouvoir, en tout liberté, exercer des activités commerciales, en
poursuivant leur but et en affectant le revenu de leurs activités à leur but. La transformation
d’ASBL en société à finalité sociale sous l’ancien régime s’expliquait tout à fait : une ASBL
ne pouvait pas exercer d’activité commerciale, tandis qu’une société à finalité sociale pouvait
exercer n’importe quel type d’activité, en ce compris une activité commerciale.
Dans le nouveau CSA, il n’y a plus de société à finalité sociale, mais son équivalent est la
société coopérative agréée comme entreprise sociale. Il s’agit d’une société qui a un but qui
doit être, à titre principal, d’avoir un impact positif en ce qui concerne l’homme, la société,
l’environnement, etc. Le but des anciennes sociétés à finalité sociale correspond plus ou moins
au but des sociétés coopératives qui obtiennent un agrément comme entreprise sociale.
Maintenant, la raison qui expliquait que les ASBL pouvaient vouloir se transformer en société
à finalité sociale sous l’ancien régime (c.à.d. la possibilité de pouvoir exercer des activités
commerciales) n’existe plus aujourd’hui : les ASBL peuvent désormais exercer n’importe
quelle activité, sous réserve bien entendu des règles de la période transitoire, en ce qui concerne
les ASBL constituées auparavant.
On ne voit donc pas très bien pourquoi les ASBL pourraient vouloir se transformer en société
coopérative agréée comme entreprise sociale. Elles pourraient peut-être le faire pour des motifs
fiscaux, si elles exercent une activité qui fait qu’elles sont soumises à l’impôt des sociétés :
elles pourraient alors vouloir se transformer en société coopérative avec le double agrément
pour avoir certaines faveurs fiscales. Mais ces faveurs sont quand même relativement limitées.
C’est donc un cas qui ne devrait pas être vraiment fréquent.
Il y a peut-être encore une autre raison : le « prestige » qui serait accordé aux sociétés
coopératives agréées, dans la mesure où il faut un agrément, et qu’un agrément c’est plus
prestigieux que de ne pas avoir d’agrément.
En outre, si le but principal d’une ASBL et celui d’une SC agréée peuvent être très proches, il
ne faut pas perdre de vue qu’une ASBL ne peut pas distribuer ou procurer un avantage
patrimonial à ses membres, tandis que toute société doit avoir comme but ou, du moins, parmi
ses buts, de distribuer ou procurer un avantage patrimonial à ses associés ou actionnaires.
Il s’ensuit qu’une ASBL qui souhaite procurer ou distribuer un avantage patrimonial à ses
membres doit se transformer.
La prof n’est cependant pas convaincue que ce soit un cas de transformation qui aura
énormément de succès.
2. Procédure
La procédure est calquée sur celle de transformation entre sociétés, sous réserve des points
suivants :
- Quorum de présence : au moins 2/3 des membres. A défaut, une seconde convocation
est nécessaire et la nouvelle assemblée délibère et statue valablement, quel que soit le
nombre de membres présents ou représentés. La seconde assemblée ne peut pas être
tenue dans les 15j après la première assemblée ;
- Conditions de majorité : 4/5 des voix des membres présents ou représentés, sans qu’il
soit tenu compte des abstentions au numérateur ni au dénominateur 22 ;
- L’actif net de l’ASBL tel qu’il résulte de l’état résumant la situation active et passive,
doit être identifié dans les comptes annuels de la SC et versé sur un compte de réserve
indisponible ;
- Ce montant ne peut faire l’objet, sous quelque forme que ce soit, d’un remboursement
aux actionnaires ou d’une distribution ;
22
L’art. 14:39, CSA renvoie à l’art. 9 :21, al. 3 et 4. Il en résulterait qu’il ne faut pas de quorum de présences et la
majorité des 2/3 ou des 4/5 des voix. Ce renvoi aux al. 3 et 4 procède manifestement d’une erreur de plume et doit
se lire comme un renvoi aux al. 1, 2 et 4.
Une ASBL peut se transformer en AISBL et une AISBL peut se transformer en ASBL.
2. Motifs d’une transformation
La principale différence entre les ASBL et les AISBL tient à la dimension internationale du but
de l’AISBL. Une ASBL peut avoir une dimension internationale, mais une AISBL doit avoir
un but à caractère international.
Il s’ensuit qu’une ASBL qui développe une dimension internationale, bien qu’elle puisse
décider de rester ASBL, peut décider de se transformer en AISBL, par exemple pour des raisons
de prestige.
Inversement, une AISBL doit se transformer en ASBL si elle réduit son but et qu’elle perd sa
dimension internationale. Mais elle pourrait aussi, tout en gardant son but à caractère
international, décider de se transformer en ASBL simplement pour ne plus être soumise à
aucune formalité en cas de modifications des statuts et de ne plus devoir passer devant un
notaire.
3. Procédure
La procédure est calquée sur celle de la transformation entre sociétés (en particulier, la décision
de transformation requiert également un acte authentique), sous réserve des points suivants :
Les deux types de fondation ont un but désintéressé, mais la fondation d’utilité publique a un
but qui, en plus d’être désintéressé, doit revêtir un caractère philanthropique, philosophique,
religieux, scientifique, artistique, pédagogique ou culturel. C’est donc un but plus spécifique
qu’un simple but désintéressé. Tandis qu’une fondation privée peut avoir n’importe quel but
désintéressé.
Pourquoi est-ce qu’une fondation privée voudrait se transformer en fondation d’utilité
publique ? Là aussi ça peut être pour des raisons de prestige : une fondation privée qui poursuit
un tel but pourrait vouloir se transformer en fondation publique pour des raisons de prestige.
3. Procédure
L’organe d’administration doit établir un rapport justificatif auquel il doit joindre un état
résumant la situation active et passive de la fondation, clôturé à une date ne remontant pas à
plus de 3 mois avant la réunion de l’organe d’administration appelée à se prononcer sur le
projet.
1. SA en SE ou SC en SCE
Les SA peuvent se transformer en SE, et les SC en SCE, si elles ont, depuis au moins 2 ans,
une filiale (ou un établissement pour la SC) dans un autre État membre de l’UE (Règlement
Européen SE, art. 2, §4 et Règlement Européen SCE, art. 2, §1er). à Ce sont aussi des cas rares.
2. SE en SA ou SCE en SC
Une SE peut se transformer en SA, et une SCE en SC, après un certain délai : 2 ans à partir de
l’immatriculation et approbation des deuxièmes comptes annuels (Règlement SE, art. 66, §1er ;
Règlement SCE, art. 76, §1er). à Ce sont aussi des cas rares.
Les transformations les plus fréquentes sont donc les transformations entre sociétés dotées de
la personnalité morale.
Question d’une étudiante : est-ce qu’il est possible d’envisager des transformations successives ? Par
exemple : une SNC qui devient SComm parce que les héritiers sont mineurs, puis, une fois qu’ils
deviennent majeurs, revenir vers une SNC ? Oui c’est possible. En parlant de transformations
successives, on va revenir en arrière pour une petite subtilité. à On a vu qu’une société, une SA par
ex., peut se transformer en ASBL. Une ASBL ne peut pas se transformer en société, du moins ce n’est
pas prévu par le CSA. Le législateur a expliqué pourquoi : il a craint de fraudes. Une ASBL a un but
désintéressé, imaginez qu’elle fasse appel à la générosité du public puis qu’elle se transforme en
société. Ce serait bizarre.
Le législateur a prévu qu’une ASBL peut se transformer en SC agréée comme entreprise sociale. Mais
par ailleurs, tout comme une SC peut se faire agréée comme entreprise sociale, une SC pourrait aussi
renoncer à son agrément ou le perdre, rien ne l’interdit. Et une SC peut se transformer en SA.
Donc, est-ce qu’une ASBL peut se transformer en SCES, qui elle-même renoncerait après cette
transformation à son agrément, et puis qui se transformerait en SA ? On arriverait à un résultat qui
est clairement interdit par la loi.
Dans le CSA, il n’y a pas de disposition expresse qui dit qu’une ASBL ne peut pas se transformer en
société, mais il y a une disposition qui dit que les seuls cas de transformation sont ceux prévus par la
loi, et il y a des passages dans les travaux préparatoires, et notamment l’exposé des motifs, qui
expliquent que le législateur s’est clairement opposé à une transformation d’une ASBL en société, à
part le cas de la SCES.
Donc l’ASBL qui se transformerait ainsi en plusieurs étapes en SA : ce serait manifestement un cas
de fraude, et le notaire devrait refuser de prêter son ministère. Maintenant, à quelle étape devrait-il
refuser de prêter son ministère ? Pas au moment où l’ASBL se transforme en SCES, c’est un cas tout
à fait admissible et le notaire n’a aucune raison de suspecter qu’en fait ce n’est que la première étape
d’un processus frauduleux. Mais si le notaire a affaire à une SCES qui veut se transformer en SA et
qu’il se rend compte que cette SCES est issue de la transformation de l’ASBL, là, il doit se poser des
questions et refuser de passer l’acte.
C’est le seul cas de transformation successive qui poserait problème. D’où l’intérêt de l’intervention
du notaire car il y aurait un risque que la transformation puisse se faire si elle se faisait par acte sous
seing privé.
On n’aurait par contre pas de problème si une SRL se transforme en SA, puis qu’elle se transforme
en SE après 2 ans d’avoir eu une filiale dans un pays étranger. Ça ne pose pas de problème.
Section 4. Transformation des personnes morales dont la forme légale est supprimée
Ce sont des transformations qui vont nécessairement se produire en raison de l’abrogation, par
la loi du 23 mars 2019, de certaines formes légales de sociétés qui existaient avant le CSA.
La transformation n’est pas une opération rarissime, mais cette abrogation des formes légales
va multiplier les cas de transformations.
- La société agricole devient une SNC ou, si elle compte des associés commanditaires,
une SComm (pour mémoire) ;
- L’union professionnelle qui était régie par une loi de 1898 et la fédération d’unions
professionnelles deviennent une ASBL (loi du 23 mars 2019, art. 41, §2) (pour
mémoire)
Toutes ces formes vont disparaitre de plein droit le 1er janvier 2024.
Dans un délai de 6 mois à compter du jour où ces personnes morales auront été transformées
de plein droit en une autre personne morale, l’organe d’administration devra convoquer une
AG ayant, à l’ordre du jour, l’adaptation des statuts. Comme la personne morale aura déjà été
transformée (de plein droit), cette adaptation se fera conformément aux règles en matière de
modification des statuts (et non aux règles en matière de transformation). Les membres de
l’organe d’administration seront personnellement et solidairement responsable des dommages
subis par la personne morale ou par des tiers résultant du non-respect de cette obligation (art.
41, §3, L. 23 mars 2019).
Si une société constituée sous la forme d’une SCA ne s’est pas transformée volontairement d’ici
le 1er janvier 2024, il y aura une transformation d’office qui résulte tout simplement de la loi et
du faut qu’on arrivera au 1er janvier 2024.
La SCA ne doit rien faire dans l’intervalle, pour autant que le 1er janvier 2024 ses statuts soient
adaptés. Si ce n’est pas fait, si elle ne fait rien, les administrateurs peuvent, en principe, engager
leur responsabilité, même si, en pratique, on ne voit pas trop le dommage qui pourrait être subi.
Si les administrateurs, ou plutôt, comme on a affaire à une SCA, le gérant (il n’y a pas de
Conseil d’Administration, mais il y a un ou plusieurs gérants) n’a rien fait, le 1er janvier 2024,
par l’effet miraculeux de la loi, la SCA devient une SA avec un administrateur unique.
C. SCRI à SNC
La SCRI va être transformée en SNC car il s’agit aussi d’une société à responsabilité illimitée
des associés.
D. SCRL à SRL
Pour rappel, les SCRL sont des sociétés constituées sous cette forme avant le 1er mai 2019, mais
qui ne répondent pas à la nouvelle définition de société coopérative, pourquoi ? Pour répondre
à la nouvelle définition de SC, il faut avoir un but spécial de satisfaire les besoins économiques
et sociaux de ses membres.
Or, les SCRL qui répondaient à la nouvelle définition de SC sont devenues de plein droit des
SC le 1er janvier 2020. Tout comme les SPRL sont devenues de plein droit des SRL le 1er janvier
2020.
Les seules SCRL qui restent sont ce qu’on appelle les fausses coopératives, càd les sociétés qui
ne répondent pas à la nouvelle définition du but des SC. On a déjà vu l’exemple des sociétés
constituées entre des avocats, ou entre des réviseurs d’entreprises.
Ces sociétés, si elles ne font rien d’ici le 1er janvier 2024, seront transformées en SRL le 1er
janvier 2024. Pourquoi ? Parce que c’est la forme la plus proche de ces anciennes SCRL.
D’autant plus que maintenant, dans la SRL, il y a une possibilité d’admettre ou d’exclure des
membres, certes avec des formalités plus lourdes que dans une société coopérative, mais sous
cette réserve, les deux formes sont extrêmement semblables.
Rappelez-vous du cours qu’on a eu sur les SRL et les SC : il y a relativement peu de différences
entre ces deux formes de sociétés. Donc les SCRL vont devenir des SRL.
E. GIE à SNC
Le législateur a décidé d’abroger cette forme et, le 1er janvier 2024, les GIE deviendront des
SNC, pourquoi ? Parce que le GIE, comme la SCRI, se caractérisait par la responsabilité
illimitée de ses membres.
Les unions professionnelles vont devenir des ASBL si, d’ici-là, elles ne font rien.
Dans le point précédent, on peut dire que c’est un peu l’hypothèse de l’organe d’administration
paresseux, qui ne fait rien d’ici le 1er janvier 2024, et qui est donc opportuniste. Pourquoi
opportuniste ? Imaginez une SCA qui veut se transformer aujourd’hui en SA à administrateur
unique, elle va devoir accomplir toute une série de formalités. Elle pourrait se dire qu’elle ne
va rien faire car le législateur va se charger de la transformation pour elle, puisque la
transformation sera automatique le 1er janvier 2024. C’est vrai et c’est pas vrai :
Le législateur s’est dit que si un organe d’administration est diligent et qu’il décide de ne pas
attendre le 1er janvier 2024 et de transformer la SCA en une SA à administrateur unique, est-ce
qu’il devrait suivre tout le processus de transformation ? Alors que des administrateurs
négligents pourraient échapper à ce processus ?
Non, le législateur a prévu une mesure de faveur pour éviter ce problème en prévoyant que si
une entité dont la forme est abrogée décide de se transformer volontairement avant le 1er janvier
2024 dans la forme dans laquelle elle serait transformée si elle ne faisait rien (de plein droit),
elle peut le faire sans suivre la procédure de transformation, mais avec une simple modification
des statuts, ce qui lui évite des rapports, des conditions de majorité plus sévères, de devoir faire
appel à un commissaire, etc.
Þ Les personnes morales dont la forme légale est supprimée par la loi du 23 mars 2019
peuvent se transformer volontairement avant le 1er janvier 2024 dans la personne morale
dans laquelle elles seraient transformées de plein droit le 1er janvier 2024,
conformément aux règles en matière de modifications des statuts, et non aux règles en
matière de transformation (art. 41, §4, 1ère phrase, L. 23 mars 2019)
Þ C’est donc plus facile, plus rapide et moins coûteux. Mais ce n’est pas valable que si la
société se transforme dans la forme de société en laquelle elle serait transformée si elle
ne faisait rien car c’est la forme qui est jugée par le législateur de correspondre le mieux
à la forme qui est abrogée.
Þ Cette solution, selon laquelle une véritable transformation peut être décidée aux
conditions de la modification des statuts, est a priori étonnante. Mais elle s’explique par
le fait que la procédure de transformation ne s’applique pas à la transformation qui
s’opère de plein droit au 1er janvier 2024, et que le législateur a jugé qu’il était inutile
d’imposer à ces personnes morales la lourde procédure de transformation si elles
adoptent volontairement la nouvelle forme légale de personne morale désignée par la
loi avant le 1er janvier 2024.
Ce système de transformation pour les personnes morales dont la forme légale est supprimée
est tout à fait exceptionnel dans la mesure où :
- Elles vont pouvoir se transformer avant le 1er janvier 2024 sans suivre la procédure de
transformation et simplement en suivant la procédure de modification des statuts.
Cette solution, qui est tout à fait exceptionnelle, est beaucoup plus économique et meilleure que
celle qui aurait consisté à dire qu’elles étaient dissoutes de plein droit : la prof pense que c’est
une bonne solution que d’avoir prévu des transformations de plein droit plutôt que des
dissolutions de plein droit. En effet, on peut avoir des cas d’administrateurs négligents, mais on
peut aussi avoir des petites sociétés (SCRL par ex) où les membres de l’organe d’administration
ne sont pas toujours au courant de tous les développements administratifs.
Or, si le législateur avait prévu la dissolution de plein droit des personnes morales dont la forme
légale est abrogée, cela aurait été une catastrophe. Alors qu’ici, une transformation de plein
droit, ce ne sera pas une catastrophe.
Certes, les administrateurs engagent leur responsabilité s’ils n’ont pas adapté les statuts d’ici le
1er janvier 2024, et en cas de transformation automatique, s’ils ne modifient pas les statuts dans
les 6 mois pour les adapter à la nouvelle forme légale, mais c’est une responsabilité qui est
largement théorique : pour engager sa responsabilité, il faut avoir commis une faute (ne pas
avoir accompli les formalités nécessaires dans le délai légal), mais il faut aussi un dommage.
Or, quel est le dommage ici ? Il n’y en a pas. Donc cette responsabilité est assez théorique.
Þ En cas de transformation d’une SCA en SA, les associés commandités restent tenus
solidairement et indéfiniment à l’égard des tiers des engagements de la société
antérieurs à l’opposabilité aux tiers de l’acte de transformation art. 41, §4, deuxième
phrase, L. 23 mars 2019).
Þ Même si la forme légale indiquée dans le CSA pour chacune des formes de sociétés
amenées à disparaitre est la plus proche de la leur, et si la procédure de modification des
statuts est plus simple et moins onéreuse que celle de la transformation, ces sociétés
peuvent choisir une autre forme de société conformément à la procédure de
transformation : les SCA conçues comme outil de planification successorale, par ex,
pourraient préférer la forme de la SRL à celle de la SA.
2) Une société constituée sous l’empire du Code des sociétés doit modifier ses statuts pour
les adapter au CSA
a) A l’occasion de la première AG après le 1er janvier 2020
b) A l’occasion de la première AG de modification des statuts après le 1er janvier
2020 – VRAI
c) A l’occasion de la première AG après le 1er janvier 2024
d) A l’occasion de la première AG de modification des statuts après le 1er janvier
2024
3) Les SCRL constituées sous l’empire du Code des sociétés qui n’ont pas encore adapté
leurs statuts au CSA :
a) Peuvent toutes subsister sous cette forme jusqu’à leur dissolution
b) Sont toutes devenues de plein droit des SC le 1er janvier 2020
c) Seules les SCRL répondant à la nouvelle définition de SC sont devenues de plein
droit des SC le 1er janvier 2020 ; les autres deviendront des SRL le 1er janvier
2024 si elles ne transforment pas auparavant en une autre forme légale – VRAI
4) Les SCRL constituées sous l’empire du Code des sociétés qui ne répondent pas à la
définition de SC au sens du CSA et qui n’ont pas encore adapté leurs statuts au CSA :
a) Ont encore un capital – VRAI
b) Ont vu leur capital converti de plein droit en un compte de réserves indisponibles
le 1er janvier 2020
5) Les SCRL constituées sous l’empire du Code des sociétés qui répondent à la définition
de SC au sens du CSA et qui n’ont pas encore adapté leurs statuts au CSA :
a) Ont encore un capital
b) Ont vu leur capital converti de plein droit en un compte de réserves indisponibles
le 1er janvier 2020 – VRAI
9) Les SCA
a) Ont complètement disparu
b) Disparaitront complètement lorsque la dernière SCA aura été transformée et au
plus tard, le 1er janvier 2024 – VRAI
c) Disparaitront complètement le 1er janvier 2029
Explications :
- Q2 : oui, elle doit en profiter si elle modifie ses statuts après le 1er janvier 2020. Petit
rappel du droit transitoire qu’on a vu tout au début : une société constituée avant
l’entrée en vigueur du nouveau Code doit modifier ses statuts pour le 1er janvier 2024,
mais si elle modifie ses statuts auparavant, à l’occasion de la première AG, elle doit
en profiter pour modifier ses statuts. Ça s’explique finalement : le législateur a prévu
une assez longue période transitoire pour adapter les statuts au nouveau Code
jusqu’au 1er janvier 2024, en se disant qu’on ne va pas contraindre une société à
convoquer une AG pour modifier ses statuts, sans compter que s’il avait prévu un
délai très bref, il y aurait eu un étranglement au niveau des notaires qui n’auraient
pas pu suivre. Mais le législateur s’est aussi dit : si de toute manière une société
convoque une AG pour modifier ses statuts devant le notaire, elle n’a qu’à en profiter
pour adapter ses statuts.
- Q3 : /
- Q5 : /
- Q7 : non, une ASBL ne peut pas se transformer en société, avec une réserve pour la
SCES.
- Q8 : non. Le seul cas de transformation permis pour les fondations est la fondation
privée qui devient une fondation d’utilité publique.
- Q9 : Il y a encore aujourd'hui des SCA. 2029 est une date qui n’intervient que pour
les ASBL dans le régime du droit transitoire à les ASBL constituées sous l’empire
de la loi du 27 juin 1921 ne peuvent pas exercer d’activité commerciale aussi
longtemps qu’elles n’auront pas adapté leur objet social et leurs statuts au nouveau
CSA. Cette interdiction prend fin le 1er janvier 2029.
- Q10 : parce que si elles ne font rien, elles deviendront des SA avec un administrateur
unique le 1er janvier 2024. Et donc, pour ne pas encourager la négligence, le
législateur a consenti une mesure de faveur aux SCA qui veulent se transformer en la
forme dans laquelle elles seraient transformées si elles ne faisaient rien, en leur
permettant de simplement suivre les règles de modification des statuts et non par les
règles en matière de transformation qui, sinon, auraient été applicables.
Ce qui est compliqué est de combiner les règles ordinaires de transformation avec le système
de droit transitoire qui est prévu par la loi du 23 mars 2019, mais qui est importante.
Le droit transitoire ne s’applique pas aux sociétés, associations et fondations qui ont été créées
sous l’empire du nouveau CSA. Dans ce cas, il n’y a pas de question de droit transitoire. Mais
le droit transitoire concerne toutes les formes de personnes morales qui ont été constituées
auparavant.
Il s’agit des fusions, des scissions, des apports d’universalité ou de branches d’activités. On va
commencer par voir à quoi correspondent ces diverses notions.
Les opérations de restructuration, d’un point de vue technique, elles sont relativement
compliquées. Ce qui est important c’est surtout de comprendre à quoi correspond chaque
technique de restructuration, et quels sont leurs effets. Une fois qu’on a bien compris comment
fonctionne une fusion, une scission, etc., quels sont les effets, alors pour la procédure, si on a
un doute, on peut toujours consulter son code. Mais il est essentiel de les comprendre.
Les opérations de fusion, de scission, etc. concernent aussi bien les sociétés que les associations
et les fondations. C’est nouveau dans la mesure où, sous l’empire du Code des sociétés et de la
loi du 27 juin 1921, seules les sociétés pouvaient procéder à des opérations de fusion et de
scission. Ce n’était pas possible pour les ASBL qui pouvaient uniquement procéder à ce qu’on
appelait des « apports gratuits d’universalité », càd transférer tout leur patrimoine à une autre
entité, en suite de quoi, elles continuaient à exister et devait, le cas échéant, si elles n’avaient
plus rien dans leur patrimoine, se dissoudre.
La loi du 23 mars 2019 a assez bien uniformisé le régime des sociétés et des associations en
leur permettant, de manière générale, de faire les mêmes opérations de fusion, de scission,
d’apport d’universalité et de branche d’activités. Mais elle a simplifié le régime applicable aux
associations et fondations, par rapport au régime qui est applicable aux sociétés.
Raison pour laquelle on va d’abord voir le régime des sociétés, et puis parler des associations
et fondations. Avec ceci aussi que les fusions, etc. sont des opérations vraiment importantes et
fréquentes pour les sociétés, alors qu’elles sont beaucoup moins fréquentes pour les associations
et fondations.
Il faut donc bien comprendre le régime des sociétés, et comprendre les quelques différences en
ce qui concerne les effets pour les associations. Mais les subtilités quant aux formalités
applicables, c’est peut-être moins important à ce stade.
Section 1. Sociétés
I. Champ d’application
Ce qu’on va voir aujourd’hui va concerner toutes les sociétés, à part les sociétés européennes.
Pourquoi ? Parce que pour les SE, il y a déjà un régime de fusion qui est organisé dans le
règlement européen. Assez curieusement, ça concerne aussi les sociétés en faillite et en
liquidation à donc les sociétés en faillite et en liquidation peuvent être fusionnées, mais à
conditions qu’elles soient intactes. En ce sens que, le curateur ou le liquidateur, n’ait pas encore
commencé de distribution. Ce sont des cas tout à fait exceptionnels.
On va aujourd’hui essayer de voir quelles sont ces opérations et quels sont leurs effets.
A. Notions
1. Fusion
Une fusion est une opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transfèrent tout leur
patrimoine (actif et passif), par suite d’une dissolution sans liquidation, à une autre société qui,
recevant tout ce patrimoine, va émettre de nouvelles actions dans le cadre d’une augmentation
de capital, et va distribuer ces actions aux actionnaires de la société qui a transféré tout son
patrimoine. Autrement dit, la fusion est l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés
transfèrent à une autre société, par suite d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur
patrimoine, activement et passivement, moyennant l’attribution aux associés ou actionnaires de
la société dissoute
Cela va entrainer la dissolution de la société qui a apporté tout son patrimoine, dissolution sans
liquidation puisque tout ayant été apporté, il n’y a rien à liquider.
On parle d’action car on part de l’hypothèse où on a affaire à une société qui émet des actions,
mais comme cette opération de fusion concerne toutes les sociétés, on peut avoir des fusions
entre des SNC, des SRL, des SA, etc. Quoi qu’il en soit, le cas le plus fréquent d’opération de
fusion est le cas des SA, donc pour simplifier, on prend comme modèle une fusion de SA et on
parlera donc d’actions, de capital, etc.
Þ Exemple : on a une SA qui est propriétaire et qui exploite 3 immeubles, c’est une petite
société immobilière. Et on a une plus grande société immobilière qui est intéressée par ces
immeubles. Elle pourrait soit acheter ces immeubles 1 à 1, mais elle pourrait aussi absorber
la petite société immobilière. Quels seraient les effets ? Tous les immeubles, ainsi que tous
les autres éléments d’actif et de passif de la petite société immobilière sont transférée à la
grande société immobilière. La grande société immobilière émet des actions en faveur des
actionnaires de la petite société immobilière. Et la petite société immobilière est dissoute
dans liquidation.
Dans une opération pareille, les actionnaires de la société absorbée n’ont plus d’actions dans la
petite société immobilière, mais reçoivent des actions dans la grande société immobilière.
Il y a deux types de fusions : la fusion par absorption et la fusion par constitution d’une nouvelle
société.
On parle de fusion par absorption quand une société transfère tout son patrimoine à une autre
société qui existe déjà et qui va donc l’absorber. C’est l’exemple de la petite société
immobilière qui se fait absorbée par la grande société immobilière. Donc, c’est une opération
par laquelle une ou plusieurs sociétés préexistantes transfèrent à une société préexistante
l’intégralité de leur patrimoine (CSA, art. 12:2).
On peut aussi avoir une fusion par constitution d’une nouvelle société. Là, on a au moins 2
sociétés à l’origine qui apportent tous leurs actifs et leurs passifs à une nouvelle société qui est
constituée pour l’occasion. Donc, c’est une opération par laquelle plusieurs sociétés transfèrent
à une nouvelle société qu’elles constituent l’intégralité de leur patrimoine (art. 12:3).
Les effets sont exactement les mêmes :
Attention, il faut être attentif au fait qu’en cas de fusion, il n’y a, in fine, qu’une seule société.
Il n’y a qu’une société bénéficiaire du transfert.
Une société A transfère tout son patrimoine a une autre société B. Mais comme cette société
qui détiens 100% de actions de la société A, d’un point de vue économique riens ne change
pour la société B, puisqu’elle détient directement les actions actives et passives de la société A,
donc elle n’augmente pas son capital et ne s’enrichie pas et d’où l’idée de la fusion silencieuse.
La société absorbante n’émet pas de nouvelles parts ou actions. (CSA, art 12 :7).
Imaginez une SA qui est titulaire de 100% des actions d’une autre SA (il y a donc une société-
mère qui détient à 100% une société filiale). La société-mère peut absorber sa filiale. Mais les
effets de la fusion vont être un peu différents :
- On aura bien entendu un transfert de tout le patrimoine (actif et passif) de la société-
filiale vers la société-mère
- Mais cette opération va se faire sans émission d’actions, pourquoi ? Parce que dans une
fusion par absorption classique, la société bénéficiaire va augmenter son capital parce
qu’elle reçoit tous les actifs et passifs de la société transférante. Mais ici, la société-
mère, bien qu’elle reçoive aussi tous les actifs et passifs de sa filiale, ces actifs vont
prendre la place des actions que la société-mère avait dans la filiale. Puisque la filiale
est dissoute sans liquidation, toutes ses actions vont disparaitre. En d’autres termes,
quand une société-mère absorbe une filiale, la société-mère ne s’enrichit pas. Avant la
fusion, elle avait toutes les actions de sa filiale dans son patrimoine. Après la fusion elle
a, non pas les actions de la filiale, mais tous les actifs et passifs de sa filiale. En d’autres
termes, on pourrait dire qu’avant la fusion, la société-mère était « indirectement »
propriétaire de tous les actifs et passifs de la filiale, et après la fusion, elle détient
directement tous les actifs et passifs.
Comme cette opération ne produit pas tous les effets d’une fusion, c’est pour cela qu’on parle
d’opération assimilée à la fusion ou encore de fusion « silencieuse ». Pourquoi ce silence ?
C’est comme si l’émission d’actions faisait du bruit. Dans une fusion, il y a une émission
d’actions qui fait un certain bruit. Dans une opération assimilée à la fusion, la société-mère
n’émet pas d’action et c’est pour ça qu’on l’appelle la fusion silencieuse.
3. Scission
Þ Ex. : on a une société de travaux qui a deux branches d’activités (une qui concerne les gros
travaux, et une qui concerne les travaux de peinture) : sa branche relative aux gros travaux
pourrait se faire absorber par une société existante, et l’autre branche par une autre société
spécialisée dans les travaux de peintures.
La scission par constitution de sociétés nouvelles est une scission au bénéfice de deux ou
plusieurs sociétés qui sont constituées pour l’occasion (art. 12:5)
Þ Imaginez qu’on ait une société dans laquelle on a deux groupes d’actionnaires qui se
disputent. Une manière de résoudre leur différend serait de scinder la société en deux, de
sorte qu’un groupe d’actionnaire recevrait les actions d’une société, et l’autre groupe
recevrait les actions de l’autre société.
La scission mixte est la scission au bénéfice de deux sociétés dont l’une préexiste déjà et l’autre
est constituée à l’occasion (art. 12:6).Pourquoi mixte ? Parce que c’est à la fois une scission par
absorption et une scission par constitution de société nouvelle.
Pourquoi il existe 3 types de scission et uniquement 2 types de fusion ? Tout simplement parce
qu’en cas de fusion, il n’y a qu’une seule société bénéficiaire. Tandis qu’en cas de scission, il
y en a 2 ou plus. Donc c’est possible, qu’en cas de scission, le transfert se fasse au bénéficie
d’une société préexistante et d’une société nouvelle. Mais ce n’est pas possible en cas de fusion,
parce qu’il n’y a qu’une seule société bénéficiaire de l’opération de fusion : si cette société
existe déjà, on a une fusion par absorption ; si elle n’existe pas encore, on a une fusion par
constitution de société nouvelle.
La scission silencieuse (art. 12 :8, 2° CSA) est la scission qui s’opère en faveur de sociétés-
mères.
Þ Imaginez qu’on ait une société A et une société B. Les deux sont chacune titulaires de 50%
des actions dans la société C. La société C, est donc une filiale commune des sociétés A et
B. La société C pourrait transférer tout son patrimoine (actif et passif) à ses sociétés-mères
A et B. Chacune des sociétés-mères remplacerait dans son patrimoine les actions qu’elle
avait dans sa filiale par la moitié des actifs et passifs de cette filiale. Les sociétés-mères ne
s’enrichissent donc pas. Il s’agit d’une simple modification de la consistance de leur
patrimoine, et donc il n’y aucune raison, comme elles n’augmentent pas leur capital,
d’émettre de nouvelles actions. Et donc c’est une scission silencieuse, comme nous avions
affaire à une fusion silencieuse.
La scission partielle (art. 12 :8, 1° CSA) est une fausse scission, une demi-scission. C’est une
opération par laquelle une société transfert non pas tout son patrimoine, mais une partie de son
patrimoine, à une autre société qui émet des actions en faveur des actionnaires de la société
transférante. Mais, comme la société transférante a transféré uniquement une partie de son
patrimoine et pas tout son patrimoine à la société bénéficiaire, la société transférante continue
à exister.
- La société bénéficiaire émet des actions en faveur des actionnaires de la société qui se
scinde.
- Le transfert n’est pas total, il ne porte que sur une partie du patrimoine de la société qui
se scinde
- La société scindée ne disparait pas, elle n’est pas dissoute sans liquidation, elle continue
à exister.
C’est donc une opération par laquelle la société s’appauvrit : si elle faisait un apport, elle
recevrait quelque chose en contrepartie. Ici, elle fait un transfert de patrimoine, mais qui est
rémunéré ? Ce sont ses actionnaires et pas elle. Donc ses actionnaires, les actionnaires initiaux,
vont se retrouver avec des actions dans deux sociétés : la société initiale et la société à laquelle
une partie du patrimoine a été transférée. Mais la société initiale va se retrouver plus pauvre
qu’avant car elle aura transféré un ensemble d’actifs et de passifs.
Il s’agit donc d’une opération assez dangereuse pour les créanciers et qui peut être le risque de
fraudes. On verra plus tard comment est-ce qu’on peut protéger les créanciers.
La scission partielle et silencieuse : l’opération par laquelle, suite d’une dissolution sans
liquidation une société transfère l’intégralité de son patrimoine, à deux ou plusieurs autres
sociétés qui sont déjà titulaires de toutes ses actions et autres titres.
Est-ce qu’une fusion n’est possible qu’entre des sociétés ayant la même forme ? Non, une
SNC peut se faire absorbée par une SA. Une SRL peut se scinder entre une SComm et une
SA. Mais tout ça est assez exceptionnel, sauf peut-être entre SRL et SA. Dans 80%, les
fusions vont concerner des SA qui vont fusionner avec des SA. Il y a aussi des cas où des SA
vont absorber des plus petites sociétés, comme des SRL généralement. Mais on peut
mélanger les formes. La seule réserve c’est les SE.
Une scission est une opération par laquelle la société scindée transfert tout son patrimoine,
soit à au moins deux sociétés préexistantes (scission par absorption), soit à au moins deux
sociétés nouvelles (scission par constitution de sociétés nouvelles), soit à au moins une
société préexistante et au moins une société nouvelle (scission mixte). La scission n’entraine
pas nécessairement la création, par la société scindée, de nouvelles sociétés.
Pourquoi est-ce que la société scindée disparait ? Parce que quand on procède à une scission,
l’objet même de la scission est de faire disparaitre la société au bénéfice des sociétés
nouvelles. Si on veut que la société ne disparait pas, il faut recourir à d’autres mécanismes.
Par ex. une scission silencieuse ; ça peut être aussi un apport, mais si une société fait un
apport à une autre, la rémunération va à la société qui apporte et pas aux bénéficiaires. Ici,
l’intérêt des fusions et des scissions est de permettre aux actionnaires des sociétés qui
fusionnent ou qui se scindent de devenir actionnaires des sociétés bénéficiaires.
Comment distinguer la fusion et la scission ? Ce sont des opérations qui se ressemblent très
fort, mais elles se distinguent grâce au nombre des sociétés :
Est-ce que la société-mère s’enrichit ? Non : elle détenait 100% des actions d’une société qui
détenait des actifs et des passifs, on supprime un étage si on veut (la filiale), mais donc elle
ne s’enrichit pas, elle n’augmente donc pas son capital, donc elle ne va pas émettre des
actions.
On parle de « silencieuse » parce qu’elle n’émet pas d’actions : c’est une opération assimilée
à la fusion parce que la différence importante avec la fusion ordinaire est que la société
bénéficiaire de la fusion n’émet pas d’actions.
Et ça vise une hypothèse bien particulière : la société-mère qui absorbe sa filiale à 100%.
- Imaginez maintenant qu’on ait sociétés (A et B), qui ont chacune 50% des actions
dans la société C. On a 2 sociétés-mères et 1 filiale. Les 2 sociétés-mères exercent ce
qu’on appelle un « contrôle conjoint » sur la société C. Si la société A détient 100%
de la société C, elle détient un contrôle exclusif. Si 2 sociétés se partagent le contrôle
d’une filiale, on parle d’un contrôle conjoint et d’une filiale commune. Imaginons
que ce soit un contrôle conjoint parfaitement égalitaire (50%-50%), donc chacune des
sociétés-mères a, indirectement (façon de parler), 50% des actifs et des passifs de la
société C. Imaginez que ces deux sociétés A et B décident d’arrêter leur collaboration
qui se fait via cette société C. Elles décident de mettre fin à la société C et une des
manières de le faire serait de la dissoudre avec un processus de liquidation. Mais une
autre façon est de prévoir que la société C va se scinder par absorption par la société
A et par la société B. Donc, tout comme dans la fusion silencieuse, la filiale transfert
tout son patrimoine (actif et passif) à la société-mère ; ici, la filiale transfert tout son
patrimoine (actif et passif) à ses 2 sociétés-mères. On a donc 2 sociétés in fine, c’est
une scission.
Les deux sociétés-mères ne s’enrichissent pas plus que dans la fusion silencieuse,
elles remplacent, dans leur patrimoine, des actions par des actifs et des passifs.
- La scission partielle, c’est complètement différent. C’est une fausse scission. Elle a
certains effets de la scission mais pas tous. Imaginez qu’on ait une société qui a deux
branches d’activités : elle fabrique du pain industriel et des pâtisseries industrielles.
Les actionnaires estiment que la stratégie de ces deux sociétés doit être différentes car
le marché pour le pain est différent de celui pour les pâtisseries industrielles. Les
actionnaires pourraient décider de scinder cette société en deux sociétés : la société
qui va fabriquer du pain et celle qui va fabriquer les pâtisseries industrielles. Mais, ils
pourraient aussi prévoir que la société va continuer à exister, mais qu’elle va
transférer la partie de son patrimoine relative à l’exploitation de la pâtisserie
industrielle à une autre société. Elle ne va pas se scinder en 2, elle va juste transférer
une partie de son patrimoine à une autre société et cette société va émettre des actions
au profit des actionnaires de la société initiale. Les actionnaires vont désormais avoir
des actions dans deux sociétés : celle relative au pain et celle relative aux pâtisseries
industrielles. Ils vont pouvoir poursuivre une stratégie différente pour ces deux
sociétés.
La 2ème société peut être soit une société qui existe déjà soit une nouvelle société, on
pourrait avoir l’un ou l’autre.
C’est une opération dangereuse pour les créanciers car la société initiale s’est
appauvrie.
o Imaginez que la société initiale ait une division qui marchait bien et une
division qui marchait mal. On peut imaginer qu’elle transfert la division qui
marchait bien à une nouvelle société et qu’elle garde la division qui marchait
mal. Pour les créanciers, ça peut être une situation assez catastrophique.
Par rapport à la scission silencieuse, est-ce que c’est d’office dans le cas de deux sociétés-
mères distinctes qui contrôlent une filiale ensemble ? Ou est-ce qu’on peut imaginer ce
mécanisme avec une société-mère, une filiale et une sous-filiale ? Et que la sous-filiale
transfert à 50% son patrimoine à sa société-mère directe (la filiale) et 50% à la sa « grand-
mère » (la société-mère) ? La prof pense que le code n’envisage pas cette hypothèse. La prof
ne sait pas y répondre, car elle est quasi-sûre que le code n’envisage pas cette hypothèse.
Cependant, elle pense qu’on devrait raisonner exactement de la même manière. Il s’agirait
de toute manière d’une scission et non pas d’une fusion.
Dangers de la fusion et scission pour les actionnaires et créanciers : Exemple : Fusion par
absorption ; la société absorbante est plus importante que la société absorbée et si elle est cotée,
c’est une bonne affaire en termes de liquidité. En cas de fusion tout va dépendre de la situation
économique respective des sociétés, de la liquidité actions chaque société.
B. Procédure
On va essayer de faire le plus simple possible, mais on doit quand même voir les grandes étapes
de la fusion et de la scission.
A comme effet le transfert universel de tout le patrimoine de la société qui fusionne. Le projet
de fusion doit comporter au moins les mentions requises par le CSA (art. 12:24, al. 2, 1° à 8 et
12:37, al. 2, 1° à 8°).
Cette mention n’est pas requise pour le projet des opérations assimilées à la fusion par
absorption car la société absorbante n’émet pas de nouvelles actions ou parts (voir art. 12:50,
al. 2, 1° à 4°). -Dépôt au greffe au moins 6 semaines avant l’Assemblée générale
C’est un projet établit par l’organe d’administration, quel qu’il soit. Ce projet doit comporter
une série de mentions : le nom des sociétés, leur siège, leur objet social, etc. Mais ce qui est
particulier de la fusion ou de la scission est qu’il faut un « rapport d’échanges ».
Imaginez qu’on est actionnaire d’une société A qui soit absorbée par une société B, et qu’on
avait 1 action dans la société A. Combien d’action de la société B allons-nous recevoir ? C’est
ça que l’on appelle le rapport d’échange : c’est le nombre d’actions que chaque actionnaire de
la société qui fusionne ou qui se scinde reçoit en contrepartie d’une action qu’il avait dans la
société qui se scinde et qui fusionne. On dit 1 action ici pour faire simple, mais on peut très
bien imaginer que le rapport dise : « vous avez 3 actions de la société nouvelle pour 2 actions
de la société qui se scinde ou qui fusionne ».
Ce projet est arrêté par l’organe d’administration avec toutes les mentions qui sont requises par
la loi.
Il est déposé par toutes les sociétés concernées au greffe du tribunal d’entreprise. Il y a un délai
spécifique aux fusions et aux scissions : ce dépôt doit avoir lieu au moins 6 semaines avant
l’AG. En d’autres termes, l’AG ne peut pas se tenir avant l’écoulement de ces 6 semaines. Il
n’est pas possible de déroger à cette règle, même à l’unanimité. à Toute fusion et toute scission
prend un certain temps, ne serait-ce qu’en raison de ce délai de 6 semaines entre le dépôt au
greffe de ce projet de fusion/scission et la tenue de l’AG.
C’est une des étapes majeures de la fusion ou de la scission, notamment parce qu’il fait courir
ce délai de 6 semaines.
En principe, dans chaque société, l’organe d’administration doit établir un rapport écrit sur la
situation patrimoniale des sociétés concernées et qui explique et justifie, du point de vue
juridique et économique, l’opportunité, les conditions, les modalités et les conséquences de
l’opération, les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange des actions ou des
parts, l’importance relative qui est donnée à ces méthodes, les valeurs auxquelles chaque
méthode parvient, les difficultés éventuellement rencontrées et le rapport d’échange proposé
(CSA, art. 12:25, al. 1 ; 12:38, al. 1 ; 12:61 et 12:77).
L’organe d’administration doit établir le rapport de fusion ou de scission. Quelle est la portée
de ce rapport ? Il va devoir expliquer l’opportunité de la fusion ou de la scission, notamment
sur un point économique et indiquer ce qui justifie cette fusion ou cette scission, qui est une
opération exceptionnelle pour la société puisqu’elle va être appelée à être dissoute sans
liquidation dans le cadre de cette opération. Le Conseil d’Administration va aussi devoir
expliquer les principaux effets qu’aura cette fusion ou cette scission.
Ce rapport doit être doublé par un rapport du commissaire, d’un réviseur d’entreprise ou d’un
expert-comptable externe.
L’obligation de rédiger ces rapports va également ralentir le processus de fusion ou de scission,
et va aussi le rendre plus onéreux, ne serait-ce que parce qu’on doit faire appel à une réviseur
ou à un commissaire d’entreprise.
Exceptions : Compte tenu de la lourdeur de ces rapports, le CSA permet de s’en dispenser dans
certains cas :
- En cas de fusion ou de scission, si tous les associés et autres titulaires de titres conférant
un droit de vote de chacune des sociétés participant à l’opération en décident ainsi (art.
12:25, al. 2, 12:38, al. 2, 12:65 et 12:81 ; art. 12:26, § 1er, al. 6, 12:39, al. 6, 12:65 et
12:78, al. 6)
S’il y a accord unanime de tous les actionnaires ou associés de toutes les sociétés qui
participent à l’opération : ce ne sera possible que si on a affaire à la fusion ou à la
scission de sociétés relativement petites car il faut pouvoir réunir l’unanimité de tous à
tous doivent être présents, et tous doivent être d’accord de renoncer à ces rapports sur
la fusion ou la scission.
- En cas de scission par constitution de sociétés nouvelles, si les actions ou parts des
sociétés nouvelles sont attribuées aux actionnaires ou associés de la société scindée
proportionnellement à leurs droits dans le capital ou leur part dans les capitaux propres
de la société scindée (art. 12:77, al. 2 et 12:78, al. 7)
En cas de scission par constitution de sociétés nouvelles lorsque la règle de la proportion
est appliquée :
Þ Imaginez qu’on ait une SA (A) qui se scinde en deux SA (B et C). Il faut que
chaque actionnaire de la SA A reçoive le même nombre d’action dans la SA B
et la SA C. Dans ce cas, on peut déroger à la nécessité d’avoir un rapport de
fusion ou de scission.
- En cas d’opérations assimilées à la fusion quand on a une société qui absorbe sa filiale.
(Les articles 12:50 à 12:58 n’imposent pas ces rapports.)
Attention, ces rapports ne suffisent pas. Rappelez-vous qu’on a une augmentation de capital
dans le cadre d’une fusion ou d’une scission : la société absorbante augmente son capital. De
sorte qu’il faudrait, en principe, outre ces rapports sur la scission et la fusion, des rapports sur
les apports en nature.
En principe, dans le cadre d’une augmentation de capital, il faut un rapport sur les apports en
nature, du moins quand la société bénéficiaire est une SRL, une SC ou une SA.
Il y a cependant quelques exceptions : Le législateur a considéré que les rapports ne sont pas
obligatoires dans 3 cas :
- S’il y a un rapport de fusion ou de scission, il fera en quelque sorte double emploi avec
le rapport sur les apports en nature, et donc, dans ce cas-là, il n’en faut pas.
- Si les actifs transférés sont des actifs d’un type pour lesquels il ne faut pas de rapport de
réviseur : par ex si on a des actions qui sont cotées en bourse (Exception rarissime en
cas de fusion)
- En cas d’opération assimilée à la fusion : c’est une opération qui est beaucoup plus
simple qu’une fusion car il ne faut pas de rapport de fusion, il ne faut pas rapports sur
les apports en nature. Ça s’explique par le fait que c’est une opération silencieuse, il ne
se passe pas grand-chose, la société remplace des actions dans son patrimoine par des
actifs. (Les articles 12:50 à 12:58 n’imposent pas ces rapports.)
4. État comptable
Il faut également, si le projet de fusion, est vieux de plus de 6 mois (s’il est postérieur de plus
de 6 mois par rapport à la fin de l’exercice – par ex. on a un exercice qui va du 1er janvier au 31
décembre : si le projet de fusion date du mois de novembre), on considère que les comptes
annuels sont trop vieux pour permettre aux actionnaires de se prononcer en connaissance de
cause, et il faut que l’organe d’administration établisse un état comptable particulier. (CSA, art.
12:28, § 2, 5°, art. 12:41, § 2, 5°, art. 12:51, § 2, 4°, art. 12:64, § 12, 5° et 12:80, § 2, 5°).
Il y a de nouveaux certaines exceptions : cet état comptable intermédiaire n’est pas requis :
- En cas de fusion si tous les actionnaires sont d’accord : unanimité. Si tous les associés
et autres titulaires de titres conférant un droit de vote de chacune des sociétés participant
à l’opération en décident ainsi (art. 12:28, § 2, 5°, 12:41, § 2, 5°, 12:51, § 2, 4°) ;
- En cas d’opérations assimilées à la fusion par absorption (les articles 12:50 à 12:58,
n’imposent pas cet état). C’est une opération beaucoup plus light, comme on a vu.
- En cas de sociétés cotées : est-ce qu’il ne faudrait pas justement protéger tout
particulièrement les actionnaires en cas de sociétés cotées ? Oui, mais les sociétés cotées
sont des sociétés qui doivent établir un rapport financier semestriel, qui correspond
grosso modo à des comptes à la moitié de l’exercice. Du coup, ce rapport financier
semestriel fait office d’état comptable
Dans les SRL, SC et SA, tout actionnaire a le droit, au moins un mois avant la date de la réunion
de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur le projet de fusion ou de scission, de prendre
connaissance au siège des comptes annuels des 3 derniers exercices de chacune des sociétés
concernées, des rapports des commissaires des trois derniers exercices et des rapports des
administrateurs ainsi que de l’état comptable (art. 12:28, § 2, 12:41, § 2, art. 12:51, § 2, 12:64,
§ 2 et 12:80, § 2). Donc, autrement dit, une fois que tous ces documents sont établis, l’organe
d’administration peut convoquer les associés ou les actionnaires, en leur envoyant le projet, les
rapports et l’état comptable.
En outre, dans les SRL, SC et SA, tout actionnaire a le droit, au moins un mois avant la date de
la réunion de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur le projet de fusion ou de scission,
de prendre connaissance au siège des comptes annuels des 3 derniers exercices de chacune des
sociétés concernées, des rapports des commissaires des trois derniers exercices et des rapports
des administrateurs ainsi que de l’état comptable (art. 12:28, § 2, 12:41, § 2, art. 12:51, § 2,
12:64, § 2 et 12:80, § 2).
Alternativement, les sociétés peuvent mettre ces documents sur leur site internet (art. 12:28, §
4, 12:41, § 4, art. 12:51, § 4, 12:64, § 4 et 12:80, § 4).
Les organes d’administration de chacune des sociétés concernées sont tenus d’informer
l’assemblée générale de leur société ainsi que les organes d’administration de toutes les autres
sociétés concernées de toute modification importante du patrimoine actif et passif intervenue
entre la date de l’établissement du projet et la date de la dernière assemblée générale qui se
prononce sur l’opération. Les organes d’administration qui ont reçu cette information sont tenus
de la communiquer à l’assemblée générale de leur société (CSA, art. 12:27, 12:40, 12:63 et
12:79).
Exceptions :
- En cas de fusion, si tous les associés, actionnaires et titulaires de titres de chacune des
sociétés participant à la fusion en ont décidé ainsi (art. 12:27, al. 3 et 12:40, al. 3) ;
- En cas de scission par constitution de sociétés nouvelles, si les actions ou les parts de
chacune des sociétés nouvelles sont attribuées aux actionnaires ou associés de la société
scindée proportionnellement à leurs droits dans le capital ou leur part dans les capitaux
propres de la société scindée (art. 12:79).
Mais en plus, il doit mettre à leur disposition, pour que les actionnaires puissent vraiment se
prononcer en toute connaissance de cause, un mois au moins avant l’AG, toute une série de
documents :
Après tout ça, on arrive à l’AG dans chacune des sociétés concernées.
En principe, l’assemblée générale est compétente pour approuver la fusion ou la scission. Il faut
un quorum de présence de la moitié. Si cette condition n’est pas remplie, une nouvelle
convocation est nécessaire et la nouvelle assemblée peut délibérer et statuer valablement quelle
que soit la portion du capital représentée. L’assemblée générale se prononce à la majorité des
trois quarts des voix (art. 12:30, § 1, 12:43, § 1, 12:53, § 1, 12:67, § 1 et 12:83, § 1).
Toutefois, l’unanimité est requise :
- Dans les SNC et SComm (CSA, art. 12:30, § 4, 12:43, § 4, 12:53, § 4, 12:67, § 4 et
12:83, § 3 et 4)
Dans certains cas, l’organe d’administration est compétent pour approuver la fusion ou la
scission :
- Fusion par absorption : (concerne les SRL, SC et les SA) : si la société absorbante
détient plus de 90% des actions de la société absorbée, dans ce cas la société absorbante
ne doit pas réunir son AG et peut prendre cette décision par son organe d’administration.
(art. 12:30, § 6).
- Opération assimilée à la fusion : ni l’approbation par l’assemblée générale de la société
absorbante qui a la forme légale d’une SRL, d’une SC, d’une SA ni l’approbation par
l’assemblée générale de la société absorbée ne sont requises (art. 12:53, § 6).
- Scission par absorption : l’approbation par l’assemblée générale de la société à scinder
n’est pas requise si les sociétés bénéficiaires détiennent toutes les actions ou parts de la
société scindée (art. 12:67, § 7).
Ces exceptions sont extraordinaires en ce sens qu’elles permettent la disparition volontaire
d’une société sans l’intervention de son assemblée générale.
Dans ces hypothèses, c’est l’organe d’administration qui approuve la fusion. Les dispositions
relatives au capital autorisé ne sont pas applicables à cette décision.
9. Acte authentique
L’intervention du notaire est requise quelle que soit la forme légale des sociétés participant à
l’opération : ainsi, même les fusions entre SNC ou la constitution d’une nouvelle société sous
forme de SNC requièrent l’intervention du notaire.
L’assemblée générale de la ou des sociétés absorbantes (ou l’organe d’administration dans les
cas exceptionnels où cet organe peut prendre la décision) doi(ven)t non seulement se prononcer
sur la fusion mais également modifier les statuts. A défaut, la décision reste sans effet. La fusion
ou la scission est réalisée lorsque sont intervenues les décisions concordantes prises au sein de
toutes les sociétés intéressées (CSA, art. 12:32, 12:55 et 12:69).
La constitution de la ou des nouvelles sociétés est en principe soumise à toutes les conditions
(de fond) prévues par le CSA pour la forme de société choisie (art. 12:36, § 1er et 12:74, § 1er).
Il ne faut cependant pas remplir les formalités requises pour la forme de société choisie et,
notamment, rédiger un plan financier (art. 12:36, § 1er et 12:74, § 1er). Ce serait inutile puisque
le capital ou les capitaux propres de départ de la société nouvelle a ou ont déjà été justifiés et
que les conséquences de la fusion ou de la scission ont été décrites dans le rapport de l’organe
d’administration.
L’assemblée générale de chacune des sociétés intéressées doit non seulement se prononcer sur
la fusion ou la scission mais également modifier les statuts, devant notaire et aux mêmes
conditions de présence et de majorité que celles requises pour la décision de fusion ou de
scission. A défaut, la décision de fusion ou de scission reste sans effet (art. 12:45 et 12:85).
La fusion ou la scission est réalisée lorsque la nouvelle société est constituée (art. 12:46 et
12:86).
11. Publicité
Les actes doivent être déposés au greffe du tribunal de chacune des sociétés ou il y a un siège
et publication aux annexes du Moniteur belge de même que, le cas échéant, les actes modifiant
les statuts de la société absorbante ou l’acte constitutif de la nouvelle société (CSA, art. 12:33,
12:47, 12:56, 12:70, 12:73, § 4, 12:87 et 12:90, § 4).
Cette publication rend la fusion opposable aux tiers, sauf actes translatifs ou déclaratifs de droits
réels immobiliers autres que les privilèges et hypothèques. Le CSA comporte cependant
certaines exceptions, notamment pour les actes translatifs ou déclaratifs de droits réels
immobiliers autres que les privilèges et hypothèques qui ne sont opposables aux tiers que
moyennant la transcription sur le registre du bureau compétent de l'Administration générale de
la Documentation patrimoniale (art. 12:14).
Une société ne peut absorber une autre société que si les associés ou les actionnaires de la
société absorbée remplissent les conditions requises pour acquérir la qualité d’associé ou
actionnaire de la société absorbante (CSA, art. 12:29, § 1er).
(ii) SC : démission
Dans les SC, chaque actionnaire a la faculté, nonobstant toute disposition contraire des statuts,
de démissionner à tout moment au cours de l'exercice social et sans avoir à satisfaire à aucune
autre condition, dès la convocation de l'assemblée générale appelée à décider la fusion de la
société avec une société absorbante ou nouvelle d'une autre forme légale. La démission doit
être notifiée à la société. Elle n'a d'effet que si la fusion est décidée (art 12:29, § 2, 12:42, § 2,
12:52, § 2, 12:61, § 2 et 12:82, § 2).
C. Effets
Dissolution sans liquidation des sociétés transférantes : Les sociétés transférantes cessent
d’exister. Elles sont cependant réputées exister durant un délai de 6 mois en vue de l’exercice
éventuel d’une action en nullité de la fusion ou de la scission (CSA, art. 12:13, al. 1, 1°).
Les associés ou les actionnaires des sociétés dissoutes deviennent associés ou actionnaires des
sociétés bénéficiaires (CSA, art. 12:13, al. 1, 2°), sauf en cas d’opérations assimilées à la fusion
par absorption et d’opérations assimilées à la scission lorsque la société bénéficiaire est déjà
titulaire de toutes les parts ou actions des sociétés dissoutes (art. 12:13, al. 2).
Une société bénéficiaire ne peut émettre aucune action ou part en échange d’actions ou de parts
d’une société dissoute qui étaient détenues par la société bénéficiaire elle-même, par la société
dissoute elle-même ou une personne agissant en son nom propre mais pour leur compte (art.
12:34, § 2, 12:48, § 2, 12:57, 12:71, § 2 et 12:88, § 2).
3. Transfert du patrimoine
L’ensemble du patrimoine actif et passif de la ou des sociétés dissoutes est transféré à la ou aux
sociétés bénéficiaires (CSA, art. 12:13, al. 1, 3°), sauf en cas de scission partielle puisque, par
définition, une partie seulement du patrimoine de la société est transférée à la société
bénéficiaire.
Comme indiqué ci-avant, sous réserve de certaines exceptions, la publication des procès-
verbaux des assemblées générales des sociétés concernées rend ce transfert opposable à tous
sans qu’il soit nécessaire de dépecer l’opération en fonction des éléments de l’actif et du passif
et de respecter les formalités prévues pour le transfert et l’opposabilité aux tiers de chacun de
ces éléments.
Au plus tard dans les 2 mois de la publication aux annexes du Moniteur belge des actes
constatant la fusion ou la scission, les créanciers de chacune des sociétés qui participent à la
fusion ou à la scission peuvent exiger une sûreté, pour autant que :
(i) Leur créance soit certaine et ne soit pas encore exigible avant cette publication :
Créanciers ayant une créance certaine et NON exigible lors de la publication de l’acte
constatant la fusion ou la scission (action en justice ou arbitrale introduite avant cet
acte) : peuvent demander une sureté dans les 2 mois de cette publication. ; ou
(ii) que leur créance ait fait l’objet d’une action en justice ou d’une action arbitrale
introduite avant l’acte constatant la fusion ou la scission : Créanciers ayant une créance
certaine et exigible (action en justice ou arbitrale introduite avant cet acte) : en cas de
scission, responsabilité solidaire des sociétés bénéficiaires pour ladite dette de la société
scindée à concurrence de l’actif net attribuée)
La société bénéficiaire peut écarter cette demande en payant la créance à sa valeur, après
déduction de l'escompte.
Si la société dissoute est une SNC ou une SComm, les associés en nom collectif ou les associés
commandités restent tenus solidairement et indéfiniment à l'égard des tiers, des engagements
de la société dissoute antérieurs à l'opposabilité aux tiers de l'acte de fusion ou de scission (CSA,
art. 12:16, § 1er).
Si la société bénéficiaire est une SNC ou une SComm, les associés en nom collectif ou les
associés commandités répondent solidairement et indéfiniment à l'égard des tiers, des
engagements de la société dissoute antérieurs à la fusion ou à la scission et qui, dans ce dernier
cas, ont été transmis à la société bénéficiaire. Ils peuvent cependant être exonérés de cette
responsabilité par une clause expresse insérée dans le projet et l'acte de fusion ou de scission
rendue opposable aux tiers (art. 12:16, § 2).
En cas de scission, les sociétés bénéficiaires demeurent solidairement tenues des dettes
certaines et exigibles au jour de la publication aux annexes du Moniteur belge des actes
constatant la scission, ainsi que des dettes pour lesquelles une action a été introduite en justice
ou par voie d'arbitrage avant l'acte constatant la scission.
Cette responsabilité est limitée à l'actif net attribué à chacune de ces sociétés.
En cas de scission partielle, la société scindée est considérée comme une société bénéficiaire
pour l’application de cette règle et la responsabilité de la société scindée est limitée à l’actif net
conservé par elle (CSA, art. 12:17).
1. Causes de nullité
Soulte : est la contrepartie en espèce qui fait partie avec les actions de la rémunération qui sera
offerte aux actionnaires des sociétés transférante.
Outre les cas de nullité des décisions de l’assemblée générale (art. 2:42 ; supra), le CSA prévoit
les causes de nullité suivantes pour les opérations de fusion et de scission :
- Si ces décisions ont été prises en l’absence des rapports requis (art. 12:20, al. 1).
Le tribunal peut cependant, dans ces deux derniers cas, attribuer aux sociétés un délai pour
régulariser la situation.
2. Effet
En cas de nullité d'une fusion ou d'une scission par constitution d’une nouvelle société, la
décision judiciaire qui prononce cette nullité prononce également la nullité de la nouvelle
société (CSA, art. 12:21). L’extrait de cette décision doit être publié (art. 12:22).
A. Notions
1. Apport d’universalité
L’universalité est l’ensemble des actifs et des passifs qui appartiennent à la société. On parle
d’apport d’universalité lorsqu’une société apporte tout son actif et passif à une autre société.
L’apport d’universalité est l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution
l’intégralité de son patrimoine activement et passivement à une ou plusieurs sociétés existantes
ou nouvelles moyennant une rémunération consistant exclusivement en actions ou parts de la
ou des sociétés bénéficiaires des apports (CSA, art.12:9).
11) D’abord, cas d’apport d’universalité, la société qui l’apporte, conserve sa personnalité
juridique
12) Ensuite, c’est elle qui reçoit l’action et non les actionnaires.
2. Cession d’universalité
La cession d’universalité est l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution
l’intégralité de son patrimoine activement et passivement à une ou plusieurs sociétés existantes
ou nouvelles, moyennant un prix (cession à titre onéreux) ou même gratuitement (cession à titre
gratuit).
La branche d’activité est l’ensemble d’actifs et de passifs qui sont affectés à une fin déterminée
qui ont un certain degré d’autonomie. Lorsque la société apporte uniquement une branche
d’activités. Une branche d’activités est un ensemble qui, du point de vue technique et sous
l’angle de l’organisation, exerce une activité autonome et est susceptible de fonctionner par ses
propres moyens (CSA, art.12:11).
L’apport d’une branche d'activités est l'opération par laquelle une société transfère, sans
dissolution, à une autre société une branche de ses activités ainsi que les passifs et les actifs qui
s'y rattachent, moyennant une rémunération consistant exclusivement en actions ou parts de la
société bénéficiaire de l'apport (art. 12:10).
La cession de branche d’activités est l’opération par laquelle une société transfère sans
dissolution à une autre société une branche de ses activités ainsi que les passifs et les actifs qui
s’y rattachent moyennant une rémunération consistant en un prix ou même gratuitement.
B. Caractère facultatif
En cas d’apport de branche d’activités par une personne physique à une société, les parties
peuvent soumettre l’opération au régime organisé par le CSA (art. 12:101).
C. Procédure
1. Régime facultatif
- en cas d’apport de branche d’activités par une personne physique à une société, les
parties peuvent soumettre l’opération au régime organisé par le CSA (art. 12:101). Dans
les lignes qui suivent, il ne sera traité que du régime organisé par le CSA.
2. Projet d’apport
3. Rapports
4. Organe compétent
L’apport d’universalité doit être décidé par l’assemblée générale de la société apporteuse (CSA,
art. 12:94, § 1er), aux conditions de présence et de majorité requises pour la modification des
statuts (art. 12:94, § 3, al. 1). L’accord de tous les associés est requis dans les SNC et l’accord
de tous les associés commandités est requis dans les SComm (art. 12:94, § 3, al. 3). L’apport
de branche d’activités doit être décidé par l’organe d’administration de la société apporteuse
(art. 12:94, § 1er).
La société bénéficiaire émet de nouvelles parts ou actions, ce qui requiert en principe une
décision de l’assemblée générale (sauf clause de capital autorisé ou d’émission autorisée) et,
dans les SRL, SC et SA, un acte authentique.
5. Dépôt compétent
L’acte constatant l’apport d’une universalité ou d’une branche d’activités doit être déposé au
greffe du tribunal de l’entreprise et publié par extrait aux annexes du Moniteur belge (CSA, art.
12:95), ce qui rend l’apport ou la cession opposable aux tiers (art. 12:98).
Le CSA comporte à cet égard les mêmes exceptions qu’en cas de fusion et de scission
(notamment en ce qui concerne les droits réels immobiliers).
6. Dépôt et publication
D. Effets
Cela peut sembler bizarre en cas d’apport ou de cession d’universalité puisque, par hypothèse,
la société transférante transfère l’ensemble de son patrimoine actif et passif. Toutefois, en
principe, elle reçoit en contrepartie soit des actions ou parts émises par la société bénéficiaire,
soit un prix payé par la société bénéficiaire.
Reste la cession d’universalité à titre gratuit. Une telle opération n’est pas théorique : on peut
imaginer que la société cédante soit à ce point endettée que la société bénéficiaire reprenne ses
dettes mais ne lui paie aucun prix.
Le CSA permet aux créanciers de chacune des sociétés qui participent à l’opération de
demander une sûreté, comme en matière de fusion ou de scission (art. 12:99).
La société apporteuse reste solidairement tenue des dettes certaines et exigibles au jour de
l’apport qui sont transférées à une société bénéficiaire ainsi que des dettes qui font l'objet d'une
action en justice, introduite en justice ou par voie d'arbitrage avant l’acte constatant l'apport
mais cette responsabilité est limitée à l’actif net conservé par la société apporteuse ou cédante
en dehors du patrimoine apporté (art. 12:100, § 1er).
En rédigeant cette disposition, le législateur a perdu de vue que la société qui apporte une
universalité ne conserve aucun actif net de sorte qu’elle échappe à toute responsabilité au regard
de cette disposition. Ce mécanisme risque d’être utilisé frauduleusement pour transférer des
dettes à une société insolvable et les actifs à une société solvable.
Si la société apporteuse ou cédante est une SNC ou une SComm, les associés en nom collectif
et les associés commandités restent tenus solidairement et indéfiniment à l'égard des tiers des
engagements de la société apporteuse ou cédante antérieurs à l'opposabilité aux tiers de l'acte
d'apport ou de cession (art. 12:100, § 2).
En cas d’apport de branche d’activités par une personne physique à une société, lorsque cet
apport est soumis au régime du CSA, l’apporteur est, pour cette responsabilité, assimilé à un
associé solidairement tenu (art. 12:101).
Les associations et fondations peuvent faires des apports à titre gratuit d’universalité ou de
branche d’activités. C’est un non-sens et une expression malheureuse utilisée par le législateur
étant donné qu’elle n’est permise en principe que pour les sociétés. Cependant, cet apport à titre
gratuit n’est autre qu’une cession. Quel est l’intérêt quand une association fait un apport à titre
gratuit à une autre association ? Elle n’a plus rien donc ce qui lui reste à faire est de se dissoudre.
Jadis, l’apport à titre gratuit était ce que faisaient les associations qui voulaient fusionner sauf
que la fusion n’existait pas pour celles-ci.
1. Bénéficiaires
Les ASBL et les AISBL peuvent procéder à une fusion ou une scission uniquement en faveur
d’une ou plusieurs personnes morales poursuivant un but désintéressé (CSA, art. 13:1, § 1er).
Il peut s’agir d’ASBL, d’AISBL et de fondations, mais également d’universités ou de personnes
morales de droit public poursuivant un but désintéressé.
Les fondations peuvent procéder à une fusion ou une scission uniquement en faveur de
fondations, d’universités ou de personnes morales de droit public poursuivant un but
désintéressé. En outre, les fondations d’utilité publique ne peuvent pas fusionner ou se scinder
avec des fondations privées.
2. Procédure
(i) Projet
Les organes d’administration des personnes morales parties à l’opération doivent établir
conjointement un projet de fusion ou de scission. Ce projet doit décrire les motifs de cette
opération ainsi que l’ensemble de ses modalités et, si le patrimoine de la personne morale
dissoute est apporté à plusieurs bénéficiaires, la manière dont il est réparti. Ce projet ne doit
pas être déposé et publié donc on n’a pas le délai de 6 semaines.
Ils doivent joindre à ce projet un état résumant la situation active et passive de la personne
morale appelée à se dissoudre clôturer à une date ne remontant pas à plus de 3 mois avant celle
à laquelle les organes compétents des personnes morales concernées doivent se prononcer et,
si la personne morale appelée à bénéficier de l’apport est une ASBL, une AISBL ou une
fondation, un état résumant la situation active et passive de celle-ci.
Le projet de fusion ou de scission, l’état résumant la situation active et passive des parties ainsi
que le rapport du commissaire, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe sur
ces états doivent être transmis aux membres des associations concernées ou aux membres des
organes des autres personnes morales concernées.
S’il s’agit d’une ASBL ou d’une AISBL, la décision doit être prise par son assemblée générale
aux conditions requises pour la modification de son but ou de son objet (quorum de présence
de deux tiers et majorité des quatre cinquièmes, sauf conditions plus strictes imposées par les
statuts).
S’il s’agit d’une fondation, la décision doit être prise par son organe d’administration statuant
à l’unanimité de ses membres (CSA, art. 13, § 3). L’intervention du notaire est requise.
Ces décisions ne produisent leurs effets que si la ou les personne(s) morale(s) bénéficiaire(s)
de l’apport accepte(nt) l’apport.
S’il s’agit d’une ASBL ou d’une AISBL, la décision doit être prise par son assemblée générale
aux conditions requises pour la modification de son but ou de son objet, sauf conditions plus
strictes imposées par les statuts.
S’il s’agit d’une fondation, la décision doit être prise par son organe d’administration statuant
à l’unanimité de ses membres et, s’il s’agit d’une autre personne morale, par l’organe
compétent aux conditions requises par les dispositions légales, réglementaires ou statutaires qui
lui sont applicables (art. 13:4, § 1er).
L’intervention du notaire est requise sauf s’il s’agit d’une université ou d’une personne morale
de droit public (art.13:4, § 2)
3. Publicité
Les procès-verbaux doivent être déposés et publiés par extraits, ce qui rend et assure la fusion
ou la scission opposable aux tiers. Le CSA comporte à cet égard les mêmes exceptions qu’en
cas de fusion et de scission (notamment en ce qui concerne les droits réels immobiliers) (CSA,
art. 13:4, § 5 et 13:5).
4. Effets
Les associations ou fondations qui fusionnent ou se scindent sont dissoutes de plein droit sans
liquidation (CSA, art. 13:1, § 2, al. 1° et 2°).
Le CSA permet aux créanciers de chacune des personnes morales qui participent à l’opération
de demander une sûreté, comme en matière de fusion et de scission de sociétés (art. 13:6).
En cas de scission, les personnes morales bénéficiaires demeurent solidairement tenues des
dettes certaines et exigibles au jour de la publication aux annexes du Moniteur belge des actes
constatant la scission ainsi que des dettes pour lesquelles une action a été introduite en justice
ou par voie d’arbitrage par le créancier avant l’acte constatant la scission. Leur responsabilité
est limitée à l’actif net attribué à chacune de ces personnes morales (CSA, art. 13:1, § 2, al. 2
et 12:17).
7. Nullité
Outre les cas de nullité des décisions de l’assemblée générale (art. 2:42 ; supra), le CSA prévoit
les causes de nullité suivantes pour les opérations de fusion et de scission d’associations et de
fondations :
Si les décisions des assemblées générales ou des organes d’administration qui ont approuvé la
fusion ou la scission n’ont pas été constatées par acte authentique ;
Si ces décisions ont été prises en l’absence du projet de fusion ou de scission ou en l’absence
du rapport du commissaire, du reviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe (art.
13:7).
Le tribunal peut cependant attribuer un délai pour régulariser la situation.
1. Notion
L’apport à titre gratuit d’universalité ou de branche d’activités est en réalité une cession à titre
gratuit d’universalité ou de branche d’activités.
2. Régime
Les associations et les fondations peuvent soumettre cette opération au régime organisé par le
CSA pour les apports d’universalité et de branche d’activités, auquel cas le régime examiné ci-
avant pour les sociétés s’applique par analogie. Cette méthode s’écarte du parti pris du
législateur de répéter les dispositions légales pour chaque forme de personne morale plutôt que
de faire des renvois.
La décision de procéder à l’apport est prise aux conditions de quorum et de majorité requises
pour la modification des statuts, par l’assemblée générale dans les associations et par l’organe
d’administration dans les fondations.
L’acte constatant l’apport d’universalité ou l’apport de branche d’activités doit être établi en la
forme authentique (art. 13:10).
3. Caractère facultatif
Le régime prévu par le CSA présente l’avantage d’entraîner un transfert de plein droit de
l’universalité ou de la branche d’activités qui est opposable aux tiers par la simple publication
des actes de transfert.
- Sous réserve des réunions à l’université, l’examen sera écrit à distance et axé sur des
questions de réflexions et des cas pratiques ;
- On peut avoir son code et le cas échéant le sylla (préférence de faire sans mais elle ne
peut pas contrôler et de toute façon sachant qu’on a le sylla, les questions seront donc
très axées sur la réflexion ;
- Le temps sera limité à 2 heures et il y aura des indications (par exemple : 20 lignes).
SEANCE DE QUESTIONS-REPONSES