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II- Les obstacles Juridiques de l’accès au service HIV et tuberculose

 Sur le plan juridique


L’environnement juridique n’offre pas une protection suffisante à ces catégories de personnes.
En particulier, les tendances législatives dans le sens de la criminalisation et l’exposition au
VIH1 et/ou de sa transmission et les autres mesures restrictives et punitives à l’égard du VIH
et tuberculose sont la règle dans la majorité des pays africains. A titre d’exemple le cas du
Cameroun.

Au Cameroun, on observe un vide juridique au niveau du statut sérologie et la pénalisation en


rapport avec l’orientation sexuelle et l’identité du genre.

En ce qui concerne, le statut sérologie, il n’existe pas de législation, ni de réglementation


spécifique sur le VIH.La protection des personnes vivantes avec le VIH demeure assurée par
les textes régissant la vie professionnelle et familiale 2. C’est ce qui ressort du code pénal
camerounais, dans le Chapitre IV du titre II des crimes et délits, qui parle des atteintes à la
santé publique3 de façon générale, sans mentionner une protection spécifique relative aux
personnes atteintes du VIH et de la tuberculose.

En rapport avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre, on a le code pénal Camerounais,


qui pénalise les rapports sexuels entre personnes de même sexe à travers l’article 347 bis qui
stipule qu’« Est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20 000
à 200 000 francs, toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe4 ».
Tout cela limite l’accès au service ou traitement des personnes atteintes du VIH et
Tuberculose.

 Sur le plan social

La stigmatisation, discrimination envers les personnes vulnérables sont les facteurs principaux
qui les empêchent d’accéder ou de recevoir les services essentiels de prévention et de soins du
VIH. En effet, les personnes les plus touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme sont
celles qui n’ont pas accès aux soins de santé du fait, entre autres, de facteurs tels que rejet
social, la discrimination et la criminalisation.

Dans le cadre du VIH et de la tuberculose, les personnes clés ou encore personnes


vulnérables5 qui sont stigmatisées et fait l’objet de discrimination sont :

 les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ;


 les personnes transgenres, en particulier les femmes transgenres ;
 les travailleurs du sexe ;

1
VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine.
2
Serge DouomongYotta« Investir sur les populations clés pour inverser la tendance du VIH », plaidoyer,
Yaoundé, P.15.
3
Loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pénal, P.94.
4
Ibid, P.133.
5
Serge DouomongYotta, P.16.
 les consommateurs de drogues injectables ;
 les personnes vivant avec le VIH ;
 Les détenus et les populations incarcérées
 les migrants, les réfugiés et les populations indigènes. 

 Sur le plan économique

La pauvreté est l’une des raisons. En effet, les personnes atteintes du VIH et de la tuberculose
n’ont pas parfois de moyen pour se prendre en charge. On a le cas du traitement de
tuberculose qui n’est toujours pas à la portée de tous, contrairement à celui du VIH.

III- La situation actuelle de la prise en charge de la tuberculose

Sur le plan international, on a l’Un6ion Internationale contre la Tuberculose et les


maladies respiratoires, qui prescrit un certain nombre de normes relatives à la prise en
charge des personnes atteintes de la tuberculose.

Les PNT7 de la plupart des pays, notamment de ceux à forte prévalence de


tuberculose, doivent être intégrés au sein du ministère de la santé. Les PNT ont
pour rôle principal de veiller à ce que les points suivants soient appliqués :

• les services de prise en charge de la tuberculose doivent être régis par le


plan stratégique national de lutte contre la tuberculose, dont le coût doit être
dûment évalué. Les coûts doivent incomber aux gouvernements nationaux
et aucun coût astronomique ne doit incomber aux patients atteints de
tuberculose. Les plans doivent être revus et mis à jour régulièrement ;

• les soins antituberculeux doivent être dispensés conformément aux directives


et politiques nationales, qui sont réexaminées régulièrement afin de garantir
leur bien-fondé technique. Ces soins doivent être intégrés au système de
santé général et proposés de manière standardisée dans toutes les régions
du pays ;

6
Union Internationale contre la Tuberculose et les maladies respiratoires, Prise en charge de la tuberculose,
Guide, 7ème éd, pays du BRICS, 2019, P73.
7
Programme de National de lutte contre la Tuberculose.
• un réseau de laboratoires doit être mis en place pour le diagnostic précoce
de la tuberculose et le suivi du traitement. Ce réseau doit inclure des centres
à même de réaliser les tests de résistance aux antituberculeux ;

• l’intégralité des régimes de traitement pour l’infection tuberculeuse et la


tuberculose active, avec des médicaments de qualité garantie conformément
aux recommandations internationales, doit être disponible sans aucune
rupture de stock ;

• lorsque l’approvisionnement régulier en médicaments n’est pas possible, les


médicaments nécessaires à un régime complet doivent être mis de côté dès
le début du traitement de chaque patient. Chaque patient commençant un
traitement sera ainsi en mesure de le terminer ;

• tout patient tuberculeux doit faire l’objet d’un soutien et de soins centrés
sur le patient (stratégie du traitement directement observé par une personne
prédéfinie ou utilisation de nouveaux outils d’aide à l’observance comprises) ;

• un enregistrement et une notification minutieux doivent être garantis pour


pouvoir disposer de données de bonne qualité qui permettront d’orienter la
prise de décisions et de renforcer la qualité de la prise en charge clinique et du
programme de lutte contre la tuberculose à tous les niveaux.
Toutefois, comment est-ce que ces services sont organisés ?
Les services de prise en charge de la tuberculose se structurent en quatre niveaux 8:
1. Niveau des centres de soins primaires (Centre de Traitement, CT) :
responsables de l’identification des cas présumés de tuberculose et du
traitement des cas confirmés.

2. Niveau des districts nous avons des centres de diagnostic et de traitement


(CDT) : sous la direction des Coordinateurs Tuberculose, ces centres sont
la pierre angulaire des soins antituberculeux.

3. Niveau intermédiaire (provincial, régional ou national) : rôle de soutien


aux CT et CDT.

4. Niveau national : PNT, rôle de coordination de la prise en charge globale


des services de lutte contre la tuberculose.

8
Idem, P74.
Ensuite, L’OMS9 qui a recommandé en 2020 que les patients de tuberculose multirésistante
soient traités selon un nouveau schéma thérapeutique, qui est plus court de 9 à 11mois et
administré exclusivement par voie orale.

Au Cameroun, le Plan stratégique de lutte contre la Tuberculose au Cameroun 2015-


2019.
La prise en charge des patients souffrants de la tuberculose en milieu urbain offre de soins et
parcours thérapeutique.
Le Programme Nationale de lutte contre la Tuberculose au Cameroun, recommande10 :
- d’approvisionner les malades chaque semaine enphase intensiveet chaque mois en
phase de continuation.
- que certains CDT11 décentralisent le traitement dans un centre de santé(CSI) proche du
domicile du malade mais cela est ponctuelle
- une bonne éducation desmalades dans le souci de renforcer l’adhérence
- le programme devra réfléchir sur une stratégie de dispensation décentralisée du
traitement dans les CSI (Centre de Santé intégré).

IV- La stratégie nationale de développement pour la lutte contre le VIH12 et


la tuberculose

Au niveau Africain, on a la Stratégie Régionale pour le VIH, la Tuberculose, les Hépatites B,


C et les Droits et Santé Sexuels et Reproductifs des Populations Clés de la CEDEAO 13.
Les objectifs stratégiques de la stratégie régionale de la CEDEAO 14 sont les suivants :

- Renforcer la coordination et le leadership nationaux et régionaux pour une réponse


régionale harmonisée et durable aux problèmes du VIH, de la tuberculose, des
hépatites B et C et des DSSR15 pour les populations clés

- Renforcer la gestion des informations sanitaires relatives aux populations clés


afin d'orienter l'élaboration de politiques et de programmes fondés sur des
données probantes pour les cibler.
- Passer à l’échelle des interventions globales et ciblées de prévention, de
traitement, de soins et de soutiens concernant le VIH, la tuberculose, les hépatites
B et C et les services de santé sexuelle être productive afin de réduire l'incidence,
9
L’Organisation Mondiale de la Santé.
10
Plan stratégique de Lutte contre la tuberculose au Cameroun 2015-2019, P.21.
11
CDT : Centre de Diagnostic et de Traitement de la tuberculose
12
Virus de l’Immunodéficience Humaine
13
CEDEAO « Stratégie Régionale pour le VIH, laTuberculose, les Hépatites B & C et les
Droits et Santé Sexuels et Reproductifs desPopulations Clés de la CEDEAO », CEDEAO, 2004, P33-34.
14
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
15
Droits et Santé Sexuels et Reproductive.
la morbidité et la mortalité parmi les populations clés.
- Autonomiser toutes les populations clés et promouvoir leur participation
significative à la conception, à la mise en œuvre et au suivi des politiques et des
programmes afin de garantir une plus grande efficacité des politiques et des
programmes de santé.
- Veiller à ce que les droits de l'homme des populations clés soient respectés en
s'attaquant aux déterminants sociaux, économiques et juridiques de la santé,
notamment les lois discriminatoires, la stigmatisation, la discrimination et la
Violence qui entrave leur accès aux servicesde santé.

Au Cameroun, on a le Plan Stratégique Nationale de lutte contre le VIH, le SIDA ET les


IST16, qui et présente 8 axes stratégique17 telles :
AXE1 : Renforcement de la prévention de la transmission du VIH et des IST, communication
et éducation pour le changement de comportement.
AXE 2 : Renforcement de l’accès aux soins et traitements.
AXE 3 : Renforcement du soutien et de la protection des PVVIH18, des OEV19 et des
personnes affectées.
AXE 4 : Appropriation de la lutte contre le VIH par l’ensemble des acteurs.
AXE 5 : Renforcement du système de santé.
AXE 6 : Renforcement du système communautaire.
AXE 7 : Information stratégique.
AXE 8 : Coordination, partenariat et gestion.
On relève également le plan stratégique de lutte contre la tuberculose20 au Cameroun.
Ce plan stratégique sedéfinit en cinq objectifs :
- intensifier le dépistage de la tuberculose, en particulier parmi les populations
vulnérables et/ou à risque, et améliorer letaux de succès thérapeutique de 80% en
2012 à 87% en 2019 ;
- augmenter à 95% le dépistage du VIH chez les tuberculeux, à 80% la mise sous
ARV des malades coinfectés, à 85% le dépistage de la tuberculose multi résistante
parmi les populations cibles et à 95% la mise sous traitement des malades TBMR
dépistés ;
- relever à 85la proportion de la population ayant des connaissances satisfaisantes
sur la tuberculose et VIH d’ici à 2019 ; établir un partenariat avecau moins une
organisation de la société civile (OSC) par région ;

16
Infection sexuellement transmissible.
17
Plan Stratégique National « De lutte contre le VIH, le SIDA et les IST 2014-2017 », Yaoundé, 2013, P7-13.
18
Personne Vivante avec du VIH.
19
Orphelins et Enfants Vulnérables.
20
Plan stratégique de Lutte contre la tuberculose au Cameroun 2015-2019, P.60-67.
- obtenir 100% des rapports attendus dans les délais et réaliser aumoins 90%
dessupervisions planifiées ; présenter chaque année les résultats d’au moins une
recherche opérationnelle visant à mieux orienter les interventions du PNLT ;
- améliorer les capacités de gestion du programme et des subventions de façon à
augmenter le taux d’exécution du budget disponibleà plus de 80% à la fin 2016 et
à plus de 90% à la fin de 2019.

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