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CHAPITRE 1
Les Biocapteurs : Généralités
1.1. Introduction :
La détection rapide, simple et fiable de différentes biomolécules dans les aliments, l’environnement ou
surtout en domaine biomédical a été perçue comme réponse à des demandes accrues. Face à cette
problématique, un intérêt grandissant a été porté durant ces dernières années aux nouveaux dispositifs
révolutionnaires à la taille et au prix réduit dits biocapteurs autorisant
l’exploration d’un grand nombre
d’échantillons et l’identification ou le dosage d’une large gamme de substances cibles.
Comme on peut le constater sur la figure 1.1, le biocapteur est constitué essentiellement de 04 parties
différentes :
a-L’analyte : ou élément à détecter/analyser : Il peut être de nature biologique, chimique, ou
biochimique: éléments simples, métaux, enzymes, protéines, anticorps, cellules entières, antigènes, ADN,
biomarqueurs, métabolite, médicaments etc..
b-Le biorécepteur : c’est l’élément sensible qui est constitué par un matériau biologique, il assure la
reconnaissance de l’élément qu’on désire analyser (analyte). Et émet un signal physique tel qu’un courant
électrique, une déformation ou une vibration mécanique, un signal thermique, une polarisation, etc...
Plusieurs entités biologiques sont susceptibles d’être employées telles que les enzymes, les anticorps, les
antigènes, les cellules, les tissus, l’ADN.…..
c-Le transducteur : est l’élément physique qui sert à exploiter la modification biochimique issue d’une
interaction entre un analyte et le biorecépteur pour la transformer en signal électrique. Ce composant peut
être des électrodes, des thermistors, des cristaux piézoélectriques, un transistor FET, des nanofils, des
nanotubes, des nanoparticules,...
Le type de transducteur sera choisi en fonction des modifications biochimiques se produisant au niveau
du biorecépteur. Cette adéquation entre le transducteur et l’élément biologique permettra d’obtenir un
signal sensible et facilement exploitable.
d-Un système de traitement du signal en sortie : amplification, filtrage, affichage…
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Biocapteurs M2 - Instr. Bio. [Université Batna 2 - 2022/2023]
Le principe de fonctionnement d’un biocapteur peut se résumer en :
1. L’entité biologique se fixe sur le biorécepteur de même nature,
2. Une réaction biochimique se produit et un signal biophysique est émis par le biorécepteur.
3. Cette information qui provient du biorécepteur, est captée par le transducteur qui se charge de la
convertir en un signal électrique mesurable (courant, tension,..).
4. Le signal émis en sortie du transducteur est de très faible intensité. Il sera transmis pour traitement et
affichage.
a-Le domaine médical : c’est le domaine qui a été pionnier dans les technologies de biocapteurs. Les
applications potentielles sont multiples comme le diagnostic (du diabète, cancer, dyslipidémie,...), le suivi
des différentes maladies par mesure : du glucose, des sécrétions d’enzymes, de l'urée, du cholestérol, des
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ions minéraux, du pH, de p(O2) du sang…, les recherches en médecine…
b-Le contrôle de l’environnement : Depuis quelques années, les biocapteurs commencent à faire leur
apparition dans le domaine de l'environnement. Ils vont permettre la détection et l’analyse de molécules
(air, gaz, rejets industriels, entités chimiques, entités biologiques,..). La détection rapide de toxiques
permet d'intervenir plus rapidement en cas de pollution. L’eau est aujourd’hui encore la principale
application pour le monitoring environnemental.
- le secteur automobile (contrôle de la combustion, des gaz polluants). - l'agriculture (analyse des sols et
des eaux d'irrigation) - la domotique pour la surveillance de fuites de gaz et émanations toxiques, la
qualité de l'eau, humidité, teneur en CO2,…
a-Biocapteurs électrochimiques :
Les transducteurs électrochimiques transforment l’interaction électrochimique entre l’analyte et
l’électrode en un signal électrique. Leur principe de fonctionnement est basé sur le fait que certaines
molécules électro-actives en solution peuvent échanger les électrons avec la surface de l’électrode selon
le potentiel auquel cet échange a lieu. Les transducteurs électrochimiques restent les plus utilisés grâce à
leurs principaux avantages liés à leur simplicité, leur coût faible et leur rapidité de réponse. Dans cette
catégorie nous distinguons : les transducteurs potentiométriques, ampérométriques, impédimétriques,
conductimétriques et voltammétriques.
b-Biocapteurs optiques :
Les transducteurs optiques sont devenus populaires durant ces dernières années avec plusieurs dispositifs
commercialement disponibles. Ils se sont basés sur certains phénomènes tels que la fluorescence, la
résonance plasmonique de surface, le radiomarquage et les ondes évanescentes, la variation de l’indice de
réfraction, ou d'autres paramètres optiques. Ce type de transducteur permet d’effectuer des mesures in situ
et en temps réel avec une bonne sensibilité, une robustesse et des faibles temps de réponse. Une autre
particularité est leur miniaturisation ainsi que leur capacité de détection simultanée de plusieurs analytes.
c-Biocapteurs piézoélectriques :
Ce type de transducteur a été mis au point par Shons et al. en 1972. Il repose sur le phénomène
piézoélectrique, qui induit à l’apparition d’un potentiel électrique à la surface d’un matériau lorsque celui-
ci subit une contrainte mécanique. Le biocapteur à effet piézoélectrique le plus utilisé est connu sous le
nom de microbalance à quartz (QCM). Il est basé sur la mesure de l’oscillation d’un cristal de quartz
immergé dans un liquide et sur lequel est immobilisé le composé biologique. Par la suite ce système
entraîne un changement de masse à la surface du cristal provoquant un changement quantifiable de la
fréquence de résonance.
d-Biocapteurs thermiques :
Aussi appelés capteurs enthalpimétriques, ont été développés dans les années 1970. Ils sont destinés à
déterminer la concentration d’un substrat par la variation d’enthalpie associée à des réactions exo ou
endothermiques. Leur principe est basé sur l’immobilisation des récepteurs biologiques qui sont reliés à
un microcalorimètre ou à une résistance thermique capable de mesurer les changements d’enthalpie ou de
température dues aux réactions avec l’analyte.
e-Biocapteurs manométriques :
Mesurent les changements de pression d’un gaz. Il s’agit de biocapteurs utilisant comme ligand une
enzyme capable d’hydrolyser l’analyte en un gaz.
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1.5.2. La sensibilité :
La sensibilité S est définie comme étant le rapport de la variation de la grandeur de sortie Δs, à la
variation du mesurande Δm. S= Δs/Δm. Elle correspond à la pente de la courbe de d’étalonnage.
Dans le meilleur des cas, i.e. si la fonction est linéaire, S est alors constante, quelle que soit la valeur du
mesurande.
Dans le cas d’une courbe non-linéaire, on peut définir des plages de sensibilité sur des intervalles de
valeurs du mesurande. On peut alors définir un écart à la linéarité (en %) entre la réponse réelle et la
droite de réponse obtenue, par exemple par une méthode des moindres carrés.
saturation
Droite de régression
Plage linéaire
La valeur de la sensibilité, dans des conditions d'emploi spécifiées est généralement fournie par le
constructeur ; elle permet à l'utilisateur d'estimer l'ordre de grandeur de la réponse, connaissant l'ordre de
grandeur des variations du mesurande.
1.5.3. La linéarité :
Un biocapteur est dit linéaire si sa sensibilité est indépendante de la valeur du mesurande ; le signal de
sortie reste proportionnel à la variation du mesurande. Il en résulte alors une plus grande simplicité dans
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le traitement du signal permettant d'accéder à la valeur numérique de la variation du mesurande.
Mais en réalité, l’étalonnage du biocapteur fournit un certain nombre de points (n) qui ne sont pas
forcément tous alignés (même dans le cas idéal) du fait de l'imprécision des mesures ou des imperfections
dans la réalisation. Cependant, il est possible, de trouver l'équation de la droite qui en est la représentation
la plus bonne (s = am+b), telle que la somme des carrés des écarts des divers points à cette droite soit
minimale où :
L'écart de linéarité permet d'apprécier la linéarité d'une courbe d'étalonnage : il est défini à partir de l'écart
maximum entre la courbe d'étalonnage et la meilleure droite, cet écart étant exprimé en % de la valeur
maximale de la grandeur de sortie dans la plage considérée.
Un capteur est d'autant plus rapide que son temps de réponse est plus court.
Le temps de réponse dépend des phénomènes physico-chimiques (adsorption, désorption, diffusion sur les
parois...),
Figure 1.5 : Représentation par analogie avec un tir sur cible des notions de :
fidélité (a), justesse (b) et précision (c).
La précision peut être spécifiée numériquement par l'erreur de précision qui, compte tenu de toutes les
causes d'erreur, délimite l'intervalle autour de la valeur mesurée, à l'intérieur duquel on est assuré de
trouver la valeur vraie ; elle se traduit par des résultats de mesurage groupés autour de leur valeur
moyenne : m = ± Δm (où est la valeur moyenne du mesurande).
On peut également l'exprimer en valeur relative par Δm/ , (généralement en %).
1.5.6. La sélectivité :
La sélectivité du biocapteur correspond à la capacité de mesurer un analyte particulier dans un échantillon
biologique dans lequel se trouve une quantité élevée d’analytes de différents types ;
En d’autres termes, d’être le plus insensible aux autres grandeurs qui ne font pas l’objet de la mesure.
Lorsque celles-ci peuvent donner un signal de sensibilité, on les appelle des interférents.
Même si des recherches sont conduites pour améliorer la sélectivité, par utilisation de matériaux
spécifiques, il y a toujours une interférence aussi faible soit-elle. Il est donc nécessaire de caractériser ce
phénomène pour une espèce principale p et des interférents i, par la formule suivante :
Sel=f(ap+∑kpi × ain)
Où :Kp,i est le coefficient de sélectivité (sensible à p en présence d'interférents i). Le paramètre n dépend
des espèces (dans les cas simples il vaut 1). Plus ces coefficients K sont faibles et plus le capteur est
sélectif.