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DOSSIER

Techniques de l’Ingénieur
l’expertise technique et scientifique de référence

ag1586
Analyse des risques sur un territoire -
Ébauche d'une nouvelle méthode globale
Par :
Jean-François BRILHAC
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse

Olivier THIBAUT
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse

Ce dossier fait partie de la base documentaire


Théorie et management des systèmes complexes
dans le thème Management industriel
et dans l’univers Génie industriel

Document délivré le 01/02/2013


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Analyse des risques sur un territoire
Ébauche d’une nouvelle méthode globale
par Jean-François BRILHAC
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
et Olivier THIBAUT
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse

1. Territoire et risques ................................................................................. AG 1 586 - 2


1.1 Quelques éléments préliminaires .............................................................. — 2
1.2 Territoire, un système complexe ................................................................ — 4
1.3 Méthodes et outils pour une analyse globale des risques ....................... — 4
2. Nouvelle méthode d’analyse globale des risques
sur un territoire......................................................................................... — 6
2.1 Choix des méthodes et outils...................................................................... — 6
2.2 Étude préliminaire : analyse systémique du territoire ............................. — 7
2.3 Identification des sources de danger ......................................................... — 9
2.4 Rédaction des grilles de processus de danger .......................................... — 9
2.5 Construction de scénarios ........................................................................... — 11
3. Vers la modélisation dynamique des risques sur un territoire ... — 11
3.1 Utilisation des réseaux de Petri .................................................................. — 11
3.2 Modèle du processus de danger sous forme de réseaux de Petri........... — 13
3.3 Scénarios d’accident sur un territoire avec les réseaux de Petri ............. — 13
3.4 Expression de la gravité .............................................................................. — 15
3.5 Détermination du vieillissement et des cycles de maintenance .............. — 15
3.6 Test de l’impact des mesures de prévention -protection ......................... — 15
4. Intérêts et limites de la méthode......................................................... — 16
4.1 Points forts de la méthode .......................................................................... — 16
4.2 Points faibles « actuels » ............................................................................. — 16
5. Conclusion – Perspectives de développement et d’application .... — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 1 586

e nos jours, les élus locaux doivent avoir une appréhension globale et
D transversale des risques qui menacent le territoire qu’ils administrent. Ce
travail est une contribution au développement d’une méthode d’analyse
globale des risques sur un territoire communal. Il a abouti à la réalisation de
plusieurs modèles systémiques du territoire et à la proposition de grilles de
processus de danger génériques afin d’évaluer le niveau de risque sur un terri-
toire et de construire des scénarios d’accidents.
Ces scénarios peuvent être représentés sous la forme de réseaux de Petri
pour modéliser le couplage dynamique entre les processus de danger qui
impactent le fonctionnement du territoire.

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ANALYSE DES RISQUES SUR UN TERRITOIRE _____________________________________________________________________________________________

1. Territoire et risques Il n’existe pas d’État sans territoire, ni d’administration sans terri-
toire. Le territoire étatique doit inévitablement être découpé admi-
nistrativement afin que les décisions prises par les gouvernants
De nos jours, les collectivités territoriales sont confrontées à un soient respectées. Ce découpage administratif est souvent en déca-
panel de risques très divers et les possibles effets dominos sont lage avec les éléments environnementaux du territoire. C’est sans
avérés [17]. Par conséquent, les élus locaux assument des respon- nul doute le premier élément de cette complexité territoriale.
sabilités de plus en plus lourdes et complexes. Pour y faire face, La simplicité n’a jamais été la caractéristique première de ce
ces derniers ont besoin de connaître leur territoire et les risques y découpage historique dominé par le principe de proximité et, de
afférents, leurs natures, leurs cibles et leurs effets. Une analyse a façon plus nuancée, par le principe d’égalité des citoyens. La réfé-
priori large et multidisciplinaire de l’impact des incidents, acci- rence en la matière reste les 36 680 communes françaises. Elles
dents et catastrophes sur le territoire, ainsi que leurs enchaîne- demeurent la principale manifestation de l’identité locale, même si
ments, permettrait de prioriser les actions de prévention et de aujourd’hui les communes sont largement supplantées par les
protection à mettre en œuvre et également d’améliorer la gestion structures intercommunales. En effet, les transferts de compétences
des risques. de l’État, et plus largement, la transformation de l’action publique à
l’endroit des territoires locaux, ont fini d’émietter et/ou de regrouper
Dans ce cadre, nous n’avons pas connaissance, à l’heure les différents territoires de l’État, notamment en fonction de
actuelle, de méthodes offrant une analyse des risques sur un considérations nouvelles. Reste à savoir si le risque en fait partie,
territoire à visée transversale et globale. L’objectif de cet alors même qu’il est au centre du fonctionnement social et que sa
article est de présenter l’ébauche d’une nouvelle méthode de perception n’est pas figée...
ce type. ■ Définition du risque
Comment appréhender le risque sur un territoire ? Le terme
Cet article comporte quatre paragraphes. Un premier paragraphe « territoire » venant d’être explicité, reste à définir le mot
dresse un état des lieux de la thématique des risques sur le terri- « risque ».
toire et des outils utilisés pour l’analyse des risques. La méthode
est exposée dans le second paragraphe. Celle-ci s’appuie sur une • Les définitions usuelles dépendent souvent des champs disci-
étude systémique du territoire, de nature à mettre en relief les dif- plinaires considérés :
férents éléments de ce système, leurs fonctions et les relations qui
– domaine du sens commun : danger éventuel plus ou moins
les lient. Cette étude préliminaire indispensable permet d’obtenir
prévisible ;
une connaissance approfondie de la dynamique propre au territoire
– domaine juridique : éventualité d’un événement ne dépendant
et des enjeux associés. Le troisième paragraphe propose un
pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la
modèle de simulation dynamique des possibles effets dominos
perte d’un objet ou tout autre dommage ;
entre processus de danger du territoire. Ce modèle utilise les
– domaine économique : possibilité de gain ou de perte moné-
réseaux de Petri. Enfin, le dernier paragraphe portera sur les inté-
taire due à une incertitude que l’on peut quantifier ;
rêts et limites de la méthode présentée.
– domaine technique : le produit :

1.1 Quelques éléments préliminaires ( probabilité ) × ( gravité)

Ces éléments préliminaires renvoient aux questions suivantes : Cette définition implique nécessairement l’existence d’une
– quelles ont été les réflexions menées précédemment afin source de danger potentiellement génératrice d’impact sur des
d’expliciter ces deux domaines ? cibles exposées. Celles-ci (humaines, systèmes techniques, envi-
– quels sont les dossiers dont disposent les élus pour gérer les ronnement) sont soumises au champ de danger généré par cette
risques sur leur commune ? source. Il est également utile de prendre en compte une dimen-
– quels outils utiliser dans la gestion des risques sur le sion plus subjective, mais incontournable, pour définir un niveau
territoire ? de risque : il s’agit de l’acceptation du risque (ou acceptabilité) par
les cibles exposées. Ainsi, pour une définition plus complète, nous
pouvons indiquer que le (risque) associe (danger), (probabilité),
1.1.1 Notions de territoire et de risques (gravité) et (acceptabilité). Le critère de cinétique peut être égale-
ment pris en compte. On notera que cette définition du risque peut
■ Définition du territoire
être approchée de celle faite classiquement par les géographes. En
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Cet article se voulant le plus générique possible, il est important effet, le danger couplé à la probabilité et à la gravité correspond à
de trouver une définition simple et englobante. Beck [17] en pro- l’aléa, tandis que les cibles correspondent aux enjeux ;
pose plusieurs et la connotation « spécialisée » de chacune d’entre – domaine géographique : combinaison entre un aléa, phéno-
elles peut être dénotée : géographique, ethnologique, administra- mène potentiellement destructeur d’origine diverses (naturelle,
tive... anthropique), et d’un enjeu. L’équation suivante est généralement
considérée dans la problématique « territoire-risques » :
La définition du territoire retenue dans cet article est la
suivante : « ...espace géographique borné par des frontières, risque = ( aléa ) × ( enjeu )
abritant une population, soumis à une autorité politique qui lui
est propre et considéré en droit comme un élément constitutif
L’aléa est défini comme le phénomène destructeur observé.
de l’État et comme limite de compétence des gouvernants... ».
Il est caractérisé par une probabilité d’occurrence, une exten-
sion spatiale, une intensité. L’enjeu est l’ensemble des élé-
Cette approche fonctionnelle du territoire montre que la pré- ments exposés (personnes, bâtiments, entreprises, patrimoine
sence de l’homme sur un espace donné n’est pas neutre, notam- culturel, environnement...) présentant chacun une vulnérabilité
ment dans le cadre de l’identification des risques. L’homme devra propre.
réagir à tous les enjeux se présentant à lui. Par conséquent,
l’homme va chercher à en redéfinir en permanence les limites en Les enjeux ne sont pas uniquement situés dans les zones
fonction de nouveaux enjeux conjoncturels ou structurels. La directement menacées par les phénomènes. Pour ces derniers,
notion de territoire apparaît comme une limite de compétence des on parle d’enjeux exposés. Il faut également tenir compte des
gouvernants. enjeux impactés qui sont indirectement affectés.

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les plus exposées, à savoir celles dans lesquelles des plans de pré-
Par exemple, la mise hors service d’une prise d’alimentation en vention des risques sont établis ;
eau potable ou d’un transformateur électrique (deux aléas possibles) – le SDACR (Schéma départemental d’analyse et de couverture
peut avoir des répercussions très importantes bien au-delà de la zone des risques) est un instrument de rationalisation de la gestion du
concernée directement par l’un des aléas précédents et, de ce fait, Service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Ses princi-
multiplier les enjeux. paux objectifs sont de dresser un inventaire des risques existants
Un incendie dans un dépôt pétrolier peut produire des dans le département, de faire le bilan des moyens et des person-
conséquences sur des enjeux exposés (soumises au rayonnement nels de sapeurs-pompiers disponibles et, enfin, de permettre la
thermique) et impactés (difficultés dans le réapprovisionnement en proposition des optimisations de la couverture (des risques) déjà
combustible pour les utilisateurs). réalisée.
Nota : le DICRIM est rédigé par la municipalité à partir du DDRM, ou du DCS
• De fait, en partant du point de vue des géographes et des s’il existe, et constitue une première source d’information concernant les
techniciens, on peut alors classer les risques (au sens de source de risques encourus sur le territoire communal. Il se veut beaucoup plus syn-
danger) selon trois critères : thétique et accessible à la population de la zone considérée.

– probabilité d’occurence ; • Plans de prévention des risques et de secours


– gravité des effets ; Ces plans s’intéressent essentiellement aux questions d’urba-
– cinétique du phénomène. nisme et de vulnérabilité :
C’est cette approche qu’il convient de considérer dans les déve- – les plans de prévention des risques (PPRN et PPRT : Plan de
loppements. prévention des risques naturels et technologiques) sont élaborés
par les services de la préfecture ;
– le Plan communal de sauvegarde (PCS) est un outil opération-
1.1.2 Gestion des risques sur le territoire nel et stratégique élaboré par l’équipe municipale et à la disposi-
tion du maire dans le cadre de l’exercice de son pouvoir de police.
■ Plans, dossiers et schémas d’aménagement existants Le PCS va recenser et analyser les risques à l’échelle de la
Il existe de nombreux outils, dossiers, plans et schémas commune. À ce titre, il complète le plan ORSEC et, tout particuliè-
concernant la gestion des risques sur le territoire [20]. Chacun est rement, son volet technologique, à savoir le PPI. Il apporte une
plus ou moins spécifique et plus ou moins adapté à un utilisateur réponse de proximité à la réalisation du risque, puisque ce plan a
défini. Leurs rôles sont divers allant de l’information à la gestion. Ils pour objectif de se doter de modes d’organisation et d’outils tech-
couvrent un large spectre de la thématique du risque sur le territoire. niques, de nature à faire face à la crise ou à basculer dans l’évite-
ment de crise. Il définit donc l’organisation prévue par la commune
Malheureusement, chacun de ces plans est rédigé indépendam-
pour assurer l’alerte, l’information, la protection et le soutien de la
ment des autres, selon une méthode spécifique. Une étude cloi-
population au regard des risques connus ;
sonnée et réductrice du phénomène considéré est ainsi obtenue. Il
convient cependant de les présenter, chacun possédant ses forces – le PPI (Plan particulier d’intervention), à l’instar du Plan ORSEC,
et ses particularités. met en œuvre les orientations de la politique de sécurité civile dans
le cadre de la mobilisation des moyens, les exercices et entraîne-
• Documents généraux d’affichage des risques ments, l’information et l’alerte. L’efficacité de ces plans repose sur
l’existence de PPRN et PPRT. Ce sont des plans qui ont pour objet de
Différents documents et études d’affichage des risques, établis délimiter les zones exposées directement ou indirectement à un ris-
par le préfet ou le maire, visent à identifier, diagnostiquer les que et d’y réglementer l’utilisation des sols. Cette réglementation
sources de danger sur le territoire de compétence de leur auteur. va, de l’interdiction de construire, à la possibilité de construire sous
L’objectif principal de ces documents est d’informer la population : certaines conditions. Le PPR n’a pas pour ambition d’apporter des
– le DDRM (Dossier départemental sur les risques majeurs) est solutions à tous les problèmes posés, mais permet de prendre en
élaboré par les services préfectoraux (DRIRE, DIREN, DDAF, DDE...) compte le risque dans les choix d’urbanisme et, dès lors, d’affecter
et transmis aux maires des communes concernées. Le terme un territoire au risque. Dans la mesure où l’affichage des risques
« risque » renvoie bien ici à la notion de sources de danger ; entraîne un zonage particulier, la responsabilité de la commune
– à partir des éléments du DDRM, le préfet établit un Porter à pourrait être engagée si cet affichage n’était pas suffisant.
connaissance (PAC, anciennement document synthétique
communal). Le PAC précise la nature et la localisation des risques, • Autres ressources disponibles
et précise les informations qui doivent être mises à la disposition D’autres études, spécifiques à un territoire donné, peuvent être
du public. Le PAC est complété par une cartographie au 1/25 000e utiles à la connaissance et à la gestion des risques. On peut citer à
qui permet de situer les risques dans la commune. Ce PAC titre d’exemples :
comporte également des mesures de sauvegarde. Par ailleurs, il – les études sur les risques naturels (carte d’aléas, atlas de
permet au maire de développer l’information préventive et de réa- zones inondables, etc.) ;
liser le DICRIM ;
– les connaissances des risques industriels ;
– le DICRIM (Document d’information communal sur les risques – les Arrêtés de reconnaissance de l’état de catastrophe, natu-
majeurs) se veut la référence des documents d’information sur les relle ou technologique ;
risques associés à un territoire considéré. Il expose à la fois
– les archives relatant des événements passés ;
l’extension spatiale du risque étudié, ses conséquences prévi-
sibles, et les mesures générales de prévention/protection à adop- – les autres éléments de connaissance et d’évaluation des phé-
ter. Il est, en fait, très général et souvent insuffisant pour une nomènes (repères de crues, par exemple) ;
analyse fine des risques au niveau communal ; – des études techniques permettant une bonne connaissance
des phénomènes (étude hydraulique, géotechnique, etc.).
– le DCS (Dossier communal synthétique) regroupe les informa-
tions essentielles sur les risques naturels et technologiques pour ■ Objectifs essentiels à atteindre pour une collectivité en matière
une commune, ainsi que les mesures de sauvegarde. Il est élaboré de risque
à l’initiative du préfet, à partir des éléments du DDRM. Le dossier
est destiné à sensibiliser aux risques majeurs et à informer la Les objectifs à atteindre peuvent être regroupés suivant les
population. De plus, il permet au maire de développer l’informa- grandes étapes définies ci-dessous :
tion préventive et de réaliser le DICRIM concernant sa commune. – faire le diagnostic des sources de danger et des enjeux en défi-
Ce type de dossier doit être réalisé en priorité dans les communes nissant le plus précisément possible les phénomènes prévisibles

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(connus), leur emprise sur le territoire et les enjeux concernés (éta- ports et les échanges, accélère le développement des idées, des
blissements sensibles menacés...) ; techniques, des arts, et des systèmes politiques. [...] À la manière
– établir un recensement des moyens matériels et humains du récif de corail, [elle] est à la fois support et conséquence de
nécessaires pour mettre en place le dispositif de diffusion de l’activité de l’organisme social qui vit en son sein... ».
l’alerte ; En se basant sur des analogies, notamment avec un organisme
– mettre en place une procédure de réception de l’alerte au vivant, De Rosnay propose un modèle général du système « ville ».
niveau de la commune pour une capacité de réaction, de jour En effet, tout comme un organisme vivant, une ville consomme
comme de nuit ; des matières premières, produit et transforme au travers d’activi-
– mettre en place un dispositif efficace de diffusion de l’alerte tés et rejette des déchets. Cette dynamique s’inscrit dans un envi-
des populations. Peu importe les moyens employés, l’essentiel est ronnement qui, lui-même, réagit avec le système pour aboutir à un
que la commune s’assure qu’elle est capable de diffuser l’alerte à équilibre. Pour De Rosnay, la ville est le catalyseur des
l’ensemble de ses concitoyens ; communications et des innovations. C’est un lieu de confrontation
– prévoir une fonction de commandement du dispositif. L’objec- intense des idées, propre à faire évoluer rapidement le système
tif consiste essentiellement à assurer un suivi de la situation, à « population ». De nombreux points de son étude ont été réutilisés
centraliser les informations et décisions, mais également à mainte- dans la construction du modèle général du territoire proposé dans
nir un lien permanent avec les autres intervenants ; cet article.
– réaliser l’information préventive des populations (DICRIM) en
lien avec le PCS.
1.3 Méthodes et outils pour une analyse
On peut constater que l’analyse et l’identification préalable
globale des risques
des sources de danger et des enjeux constituent une étape
capitale dans le processus de gestion des risques. 1.3.1 Cindyniques
Les cindyniques permettent de déterminer les vulnérabilités
d’une organisation face à une agression [12]. Le postulat de départ
1.2 Territoire, un système complexe (vérifié lors de nombreuses analyses de catastrophes réelles) est
que les catastrophes arrivent lorsqu’un certain nombre de déficits
générateurs de danger sont présents : les DSC (Déficits systé-
1.2.1 Notions de systémique miques cindynogènes).
Il est souvent tentant et presque inévitable pour un profession- ■ La méthode repose sur la notion d’hyperespace de danger [13].
nel d’analyser un objet à la lumière de sa spécialité. Sa formation La situation de danger doit être précisée lors d’une première étape
initiale (souvent disciplinaire) lui donne des repères auxquels il est de l’étude. Cette situation doit être limitée dans le temps et dans
facile de se raccrocher pour appréhender une question nouvelle. Il l’espace. Les réseaux d’acteurs inclus dans l’étude doivent être
devient alors très difficile d’adopter une vision globale et objective connus. Le regard qui est porté sur la situation de danger se fait
qui se voudrait interdisciplinaire et transversale afin d’observer la par référence aux 5 dimensions de danger qui constituent l’hype-
réalité. La démarche systémique permet de modéliser le plus sim- respace du danger :
plement et globalement possible les systèmes complexes.
– les faits de mémoires de l’histoire et des statistiques : il s’agit
des informations stockées dans les banques de données qui
Il existe de nombreuses définitions du terme « système ». exploitent le retour d’expérience ;
Dérivé du mot grec « sustêma » qui signifie « ensemble – les représentations et modèles élaborés à partir des faits. Ils
organisé », un système peut se définir de façon très générale regroupent les connaissances qui servent d’appui aux calculs per-
comme un « ...ensemble d’éléments en interaction dynamique, mettant de quantifier le risque (domaines de la physico-chimie, de
organisés en fonction d’un but... » [9]. la résistance des matériaux, des sciences de la terre, etc.) ;
– les objectifs qui permettent, pour chacun des réseaux
Par « éléments », on désigne les composants du système,
(personnes ou groupe de personnes) impliqués dans les situations
pouvant eux-mêmes être constitués d’autres éléments.
à risque, d’expliciter ses finalités ;
L’ensemble des éléments forme la structure du système. Ces
éléments sont en interaction dynamique, c’est-à-dire qu’ils – les normes, lois, règlements, standards et codes déontolo-
giques ;
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échangent information, matière ou énergie, généralement dans


un processus de transformation, et, dans tous les cas, en vue – les systèmes de valeurs fondamentales.
d’une finalité propre au système. ■ Le danger résulte, d’une part des déficits dans chacune de ces
dimensions (les déficits systémiques cindynogènes) et des
contradictions entre les dimensions (disjonctions), mais également
Par exemple, un système d’extinction d’incendie est composé de des dissonances entre deux ou plusieurs réseaux d’acteurs. Par
pièces mécaniques et électriques diverses organisées dans le but de exemple, il peut exister une disjonction entre la dimension des
circonscrire un feu. objectifs et celle des normes si, pour un même réseau d’acteurs,
Un organisme vivant est composé de cellules échangeant res- les objectifs à atteindre sont tels que le respect des normes et
sources, énergie, déchets et informations en vue du développement règlements est impossible. Dans ce cas, il y a disjonction
et de la survie de ce dernier. politique [13]. La notion de dissonance est relative à la présence
Il est clair que le système « territoire » peut être plus facilement d’au moins deux réseaux d’acteurs dans un système. Elle se
comparé au système « organisme vivant » (système complexe) qu’au mesure selon un écart dans une des dimensions de l’hyperespace
système d’« extinction incendie » (système compliqué). du danger. Par exemple, en se référant à l’axe des représentations
et modèles, il est certain que, si l’un des réseaux d’acteurs utilise
des modèles inconnus de l’autre réseau d’acteurs et que ces
1.2.2 Application de la vision systémique à la ville modèles sont déterminants pour le système, alors une situation
cindynogène est générée.
De Rosnay [9] propose une application de la vision systémique
au système « ville ». Il analyse la ville selon différents points de ■ L’objectif de cette méthode est de rechercher l’ensemble des
vue : « ...La ville, en raison de sa propension à catalyser les rap- déficits systémiques cindynogènes de l’organisation qui peuvent

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générer un danger. Ces déficits sont au nombre de dix. Ils ont été
constitués à partir d’enquêtes post-accidentelles et sont regroupés
en trois grandes familles : Champ
de danger
– culturels : cultures de l’infaillibilité, du simplisme, de la non
communication et du nombrilisme ;
Effet
– organisationnels : la subordination de la sécurité à d’autres du « champ de danger »
fonctions créatrices de risque et la dilution de responsabilités ;
– managériaux : absence d’un système de retour d’expérience, Événements SYSTÈME SOURCE SYSTÈME CIBLE
de procédures écrites, d’un programme de formation du personnel initiateurs
et de préparation aux situations de crise. internes

Kervern [12] décrit les différentes situations précédant des acci-


Source
dents technologiques majeurs (catastrophe de Bhopal en de
Événement FLUX DE
décembre 1984, accident de la navette Challenger en janvier 1986, initial DANGER
danger
et catastrophe de Tchernobyl en avril 1986). Il met ainsi en relief de
nombreux déficits systémiques cindynogènes. L’application des Événements Événements Effets
initiateurs Cibles
cindyniques a été explorée notamment par Verdel [16] dans le terminaux supposés
externes
domaine du génie civil.

1.3.2 Méthode MADS-MOSAR Figure 1 – Modèle du processus de danger (d’après [3])

Comme mentionné précédemment (cf. § 1.1.2.), l’analyse et


l’identification des risques constituent la première étape de toute
mise en place de système de gestion des risques. Il est, en effet, de danger présentes dans un système s’agrègent entre elles pour
nécessaire d’identifier et d’analyser les risques avant de pouvoir former des scénarios complexes aboutissant à un événement non
prétendre les gérer. Des actions de maîtrise des risques ne sont souhaité. Parmi les événements non souhaités mis en évidence,
possibles que si les sources de danger et les dommages dont elles certains seront retenus pour une analyse plus détaillée avec une
sont à l’origine sont connus. La difficulté majeure de ce travail recherche des moyens de maîtrise des risques à mettre en œuvre.
réside dans le fait que les risques et leurs interactions sont très Il s’agit d’événements présentant une forte probabilité d’apparition
divers, ce qui implique une forte complexité du système. Une prise ou un niveau de gravité des conséquences élevé (événements
en compte systémique des risques et une approche systématique majorants).
de recherche et d’étude des sources de danger sont donc les deux
caractéristiques essentielles d’une méthode d’analyse des risques
1.3.3 Méthode d’analyse globale des risques
répondant à l’objectif de maîtrise des risques globaux du système
considéré.
en entreprise

■ En réponse à cette problématique, la Méthode organisée systé- À l’origine, la méthode MOSAR était uniquement destinée à
mique d’analyse des risques (MOSAR) [3] apparaît comme bien l’analyse de systèmes techniques. Mais, plus qu’une méthode, il
appropriée. Son objectif est de rechercher les dysfonctionnements s’agit d’un véritable canevas propre à être adapté à tout système
techniques et opératoires d’une installation ou d’un procédé dans considéré. Ainsi, Dassens [19] s’est inspirée de MOSAR pour déve-
un environnement défini dont l’enchaînement peut conduire à des lopper une méthode d’analyse du système complexe de type
événements non souhaités (ENS). L’identification des scénarios « entreprise ». Dans cette étude, un modèle du processus de dan-
d’accident permet le choix, la mise en place, et la validation de ger simplifié a été proposé avec les grilles de sources de danger
barrières de sécurité adéquates. La méthode MOSAR repose sur correspondantes (internes à l’entreprise pour les unes et liées à
deux principes qui structurent l’ensemble de sa démarche : son environnement pour les autres).
– l’approche systémique définie précédemment ; Cette méthode utilise la notion d’événement redouté (ER) qui
– le modèle du processus de danger : ce modèle sert de réfé- correspond à l’ENS utilisé dans MOSAR.
rence pour l’analyse des sources de danger potentielles
intrinsèques au système. 1.3.4 Outil dynamique : les réseaux de Petri
■ Le modèle de processus de danger ([3] [15]) permet de représen-
Les réseaux de Petri sont couramment utilisés dans l’industrie
ter un enchaînement logique tel que schématisé sur la figure 1. Un
(procédés, chaînes de production) pour simuler et modéliser les
événement élémentaire – dit événement initiateur (cause) – permet
systèmes dynamiques. Aussi, leur utilisation est également perti-
l’activation d’une source de danger potentielle. Il en résulte l’appa-
nente pour l’analyse de risques. En particulier, ils ont été utilisés
rition d’un événement initial générateur d’un flux de danger
pour simuler la propagation stochastique des incendies dans les
(matière, énergie, information) qui va provoquer un événement
bâtiments [18].
terminal (conséquence). L’événement terminal peut impacter les
différentes cibles (population, environnement, installations maté- ■ Un réseau de Petri peut être représenté par un graphe orienté
rielles) exposées à la source de danger et, éventuellement, aussi (composé d’arcs) reliant des places et des transitions. C’est un
d’autres sources de danger. graphe bipartite, c’est-à-dire que sont reliées alternativement les
places et les transitions. Les places peuvent contenir des jetons,
représentant généralement des ressources disponibles. Le nombre
Il faut qu’il y ait présence simultanée dans l’espace et le de jetons présents dans la place est le marquage.
temps (champ de danger) d’une source de danger, d’un événe-
ment initiateur, d’un événement initial et d’une ou plusieurs La figure 2 schématise un réseau de Petri constitué de deux
cibles, pour que le processus de danger puisse se réaliser. places et d’une transition (schématisée par un rectangle), ainsi
qu’un arc amont et un arc aval (flèches entre places et transition).
Un jeton occupe initialement la Place 1 (figure 2a). Quand la transi-
■ Un des intérêts du modèle du processus de danger est qu’il per- tion est valide, par exemple quand des conditions de délais sur la
met de décrire des liens de causalité entre les événements initia- transition sont remplies (le temps t de simulation, au cours duquel
teurs et les événements terminaux afin de montrer que les sources le jeton est présent dans la place 1, est supérieur ou égal à δ), il y

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ANALYSE DES RISQUES SUR UN TERRITOIRE _____________________________________________________________________________________________

Transition Transition
(condition : t > = δ ?) (t > = δ, délai OK)

Place 1 Place 2 Place 1 Place 2

a RdP avant tir de transition b RdP après tir de transition

Les entrées d’une transition sont les places d’où part une flèche pointant vers cette transition.
Les sorties d’une transition sont les places pointées par une flèche ayant pour origine cette transition.

Figure 2 – Exemple d’un réseau de Petri simple

a tir de la transition. Le jeton est alors transmis en place


Tombe Part en
2 (figure 2b). Il a franchi la transition. Véhicule
en panne réparation
Véhicule en panne Véhicule
Un poids peut être également affecté aux arcs. S’il s’agit d’un OK au garage
arc reliant une place à une transition, le poids détermine le
nombre de jetons nécessaires pour autoriser le passage de la
place à la transition, c’est l’opération d’« assemblage ». Si un arc
relie une transition à une place, la transition enverra autant de
jetons que le poids de l’arc dans la place, c’est l’opération de
« découpage ».

■ Un réseau de Petri évolue lorsqu’une de ses transitions est Subit un contrôle final
effectuée. Une transition est franchissable si chacune des places
en entrée contient au moins le nombre de jetons correspondant au Figure 3 – Exemple de réseau de Petri évolutif
poids de l’arc qui la relie à la transition. Un (ou plus, suivant le
poids de l’arc) jeton est alors consommé dans chaque place amont
et un (ou plus) jeton est produit dans chaque place à l’aval de la
transition.
2. Nouvelle méthode
d’analyse globale
À titre d’exemple, considérons la panne et la réparation d’un véhi-
cule automobile (figure 3). Le véhicule peut prendre trois états des risques
différents : en fonctionnement, en panne et en réparation. Trois tran-
sitions caractérisent le passage entre les états :
sur un territoire
– « tombe en panne » ; Cette nouvelle méthode d’analyse globale des risques sur un ter-
– « part en réparation » ; ritoire suppose l’existence d’un pendant opérationnel. Dans la
– « subit un contrôle final avant sortie ». mesure où l’utilisation de cette méthode est laissée à la discrétion
Les transitions « part en réparation » et « subit un contrôle final de ceux qui assument la responsabilité de la prévention et de la
avant sortie » sont caractérisées, dans ce cas et en première approxi- gestion des risques, et plus exactement, de ceux qui assurent la
mation, par des délais fixes (délai pour réparation = 24 h, délai pour continuité du service sur le territoire, elle doit être accessible, fonc-
remise en route après réparation = 1 h).
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tionnelle et n’entraînant pas en soi de nouveaux cas d’ouverture


En revanche, la transition « tombe en panne » est de nature très de responsabilité. Toute approche non évolutive dans laquelle les
différente. En effet, un véhicule tombe en panne suivant une certaine scénarios seraient figés et peu adaptés entraînerait la mise en jeu
loi (qui dépend du véhicule et de sa fiabilité) et le tir de transition doit de la responsabilité de l’Autorité territoriale, mais également du
être effectué suivant un délai aléatoire. Celui-ci doit cependant être lié concepteur.
à la loi mathématique qui décrit la défaillance du véhicule. Le pendant opérationnel de la méthode est un outil accessible
et simple d’utilisation, permettant l’identification d’un grand
■ Les réseaux de Petri interprétés possèdent des propriétés nombre de sources de danger susceptibles d’affecter le territoire,
supplémentaires. Les transitions peuvent en effet prendre en d’élaborer a priori (donc sans retour d’expérience) des scénarii
compte des messages. Ces messages prennent la forme de d’accident et de proposer des actions de protection–prévention
variables booléennes (message vrai ou faux), tant en condition adaptées. La méthode va de l’analyse systémique du territoire
d’entrée (le franchissement n’est possible que si la condition est jusqu’à la réalisation d’outils statiques d’aide à la gestion des
respectée) qu’en condition de sortie (un message est généré risques présentés ci-après. La méthode doit permettre de mettre
quand la transition est tirée). Ces messages peuvent communiquer en évidence des processus de danger (les plus significatifs) qui
des informations utiles pour l’ensemble des RdP considérés. peuvent affecter le territoire.

Par exemple, le franchissement de la transition « Part en répara- 2.1 Choix des méthodes et outils
tion » de l’exemple présenté à la figure 3 peut être conditionné par
un message « Réparateur disponible » (indiquant vrai) généré par un La plupart des méthodes et outils présentés § 1 ont été utilisés
autre réseau de Petri qui modélise la disponibilité des réparateurs. dans les différentes étapes qui composent le développement de la

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méthode. Seule l’approche des cindyniques n’a pas été abordée 2.2.2 Analyse systémique du territoire
car elles ont pour principal objectif d’améliorer le management
interne. C’est en s’inspirant du modèle de la ville présenté par De
Il nous a semblé prioritaire de s’intéresser en premier lieu au Rosnay [9] que le modèle du territoire proposé pour cette étude a
diagnostic des sources de danger externes avant d’analyser plus été développé. À l’origine, une ville était un concept relativement
finement les sources de dangers internes liées au fonctionnement simple : le regroupement d’individus en un lieu confortable et pro-
des services administratifs du territoire. Ces aspects pourront tégé. Les besoins étaient faibles : de l’eau et un abri contre les
néanmoins être étudiés ultérieurement afin d’affiner cette agressions naturelles. Les besoins se diversifièrent avec le déve-
méthode. loppement des technologies et l’évolution des populations : déve-
loppement des réseaux de transport, aménagement des espaces
d’activités, constitution des réserves de ressources.
2.2 Étude préliminaire : analyse ■ Rappelons (cf. § 1.1.1) que nous avons défini le territoire comme
systémique du territoire un « ...espace géographique borné par des frontières, abritant une
population, soumis à une autorité politique qui lui est propre et
La réalisation d’un modèle systémique du territoire est une pre- considéré en droit comme un élément constitutif de l’État et
mière étape incontournable afin de définir précisément le sujet de comme limite de compétence des gouvernants... ». Sa finalité est
l’étude et d’apporter de l’objectivité à notre analyse. d’ : « ...assurer la sécurité de la population, faciliter les échanges et
abriter les activités humaines... ». On s’intéresse donc, tout particu-
2.2.1 Réflexions préalables lièrement, à la société établie dans l’espace géographique
considéré.
■ Quel est le système territoire objet de l’étude ? Quel acteur
modélise le territoire ? La méthode se voulant la plus générique ■ Après avoir défini la finalité du territoire (ou système) considéré,
possible, il a été dans un premier temps décidé de s’affranchir des il faut en spécifier les autres caractéristiques systémiques
questions concernant la taille du territoire ou l’utilisateur potentiel (environnement, activité, structure et évolution) comme préconisé
de la méthode. Nous avons cependant vite réalisé que la définition par Le Moigne [14] :
du périmètre géographique de l’étude conditionnerait l’ensemble – environnement : comporte l’environnement naturel et le
de l’étude, tout comme l’acteur pour lequel la méthode d’analyse contexte géopolitique et économique ;
des risques est développée. Les préfets de départements et de – activité : transformation de l’énergie et de la matière, catalyse
régions (acteurs potentiels au titre de la planification) disposent de des relations interpersonnelles, codification et régulation des
nombreux services techniques d’aide à la gestion des risques. Les comportements individuels, organisation de la distribution des
maires et adjoints n’ont que très peu de supports. En outre, les produits et répartition des zones d’activités, maintien du bon fonc-
maires détiennent le pouvoir de police sur leur territoire au nom tionnement de ses réseaux et organes ;
duquel ils doivent assurer l’ordre public (salubrité, sécurité, tran-
quillité publique). C’est par conséquent l’acteur maire et le terri- – structure : habitants, logements, entreprises et commerces,
toire communal qui ont été retenus comme modèle de travail pour réseaux de communication et de transport, ouvrages de stockage,
le développement de la méthode. organismes administratifs et financiers, réseaux de distribution
d’énergie et d’élimination des déchets ;
■ Quelle est la finalité de l’étude ? Au choix : – évolution : naît, se développe, se diversifie, décline. Il faut
– s’agit-il de créer un outil semi automatisé permettant d’établir considérer la population comme partie intégrante du territoire,
le Plan communal de sauvegarde ? ainsi que d’autres caractéristiques anthropiques : évolutions éco-
– quelle sera l’interaction avec les méthodes, protocoles, dos- nomiques, démographiques...
siers actuellement utilisés ?
– considère-t-on uniquement le champ d’action du maire ?
■ Nous aboutissons ainsi à un premier modèle du territoire que
nous pouvons compléter par une analyse structurelle (analyse des
– le champ d’action est-il seulement considéré ?
différents éléments qui composent le système) plus approfondie
– s’agit-t-il d’essayer de fournir l’inventaire le plus exhaustif pos-
des finalités :
sible des risques sur une commune ?
– quels sont les risques à considérer ? – assurer la sécurité : logements, services de secours (pompiers,
– quels sont les enjeux à retenir ? SAMU), services de santé (hôpitaux, cliniques) ;
– maintenir l’ordre public : régulation des comportements (lois,
■ Ces différentes questions font émerger la nécessité de
réglementation et application), forces actives (armée, police et
construire un modèle du territoire. En effet, les sources de danger
gendarmerie), centres de rétention ;
peuvent générer, de part leur activation, des événements non sou-
haités qui perturbent l’état de marche parfaite du système terri- – faciliter les échanges : réseaux de transport et d’adduction et
toire. infrastructures associées (gares, aéroports...), réseaux de commu-
nications (téléphone, radio, télévision, satellites...), infrastructures
Est sous-entendu par événement non souhaité tout événement de transit (hôtels) ;
portant atteinte au bon fonctionnement du territoire, que ce soit
– faciliter les activités : administration, industries, agriculture,
une désorganisation dans sa gestion, des perturbations dans les
artisanats, commerces, restauration, lieux de culte, éducation,
communications, une atteinte de la population ou l’arrêt d’une
sports, loisirs.
activité de production...
■ La méthode doit permettre au maire d’identifier un grand ■ S’appuyant sur cette analyse structurelle, on peut donc dégager
nombre de sources de danger et de scénarios d’accident sur sa une nouvelle typologie des risques sur un territoire. En effet,
commune. Les sources de danger qui seront donc considérées ne peuvent être considérés comme modes de défaillances la non
sont pas seulement celles sur lesquels le maire ou les services atteinte ou une atteinte dégradée des finalités [19].
techniques communaux peuvent agir. Dans l’idéal, l’objectif de la S’appuyant sur cette définition, nous obtenons trois grands
méthode serait, dans le futur, de fournir au responsable de la types d’atteintes sur les cibles pour le système territoire :
commune une vision globale des risques repérés sur son territoire,
afin qu’il puisse hiérarchiser les mesures (de prévention et/ou de – atteinte à la population ;
protection) qui s’imposent à son niveau et transmettre les informa- – échanges perturbés ou difficiles ;
tions aux administrations supérieures (ou parallèles). – activité(s) impraticable(s) ou perturbée(s).

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– il existe plusieurs « systèmes primaires » et organes essentiels


Il apparaît ainsi clairement l’intérêt de développer un satellisés autour d’une administration centrale qui gère la coordi-
modèle théorique du système étudié pour en déceler plus nation de l’ensemble ;
facilement les modes de défaillances possibles. Dans ce cadre, – ces « systèmes primaires » ont pour fonctions :
plusieurs modèles du système territoire sont à élaborer en uti-
• le transport et l’approvisionnement en énergie et en matières
lisant des analogies avec des modèles précédemment
premières,
développés [9].
• la production de produits assimilables ou de ressources,
• la communication interne et avec les autres organismes,
2.2.3 Modèles développés pour le système • la gestion active et passive de l’organisme,
territoire
• l’élimination des déchets,
■ Modèle organique • la sauvegarde de la population.
Comme mentionné précédemment (cf. §.1.2.2), nous pouvons
• Un modèle fonctionnel a donc été réalisé, regroupant
désigner comme organisme tout système auto-organisé composé
l’ensemble des systèmes répertoriés dans le tableau 1, afin de
d’organes consommant des ressources et produisant des déchets.
mettre en évidence leurs places et leurs relations. Le modèle est
En d’autres termes, un organisme désigne un ensemble d’élé-
volontairement simplifié et ne constitue qu’une grille d’analyse
ments ou d’organes composant une structure fonctionnelle. En
préalable. Il est présenté en figure 4.
biologie, un organisme est un ensemble d’organes (respiratoires,
digestifs....) en interaction. Dans la société, un organisme est une • L’État est au centre du système et déploie ses compétences
réunion de personnes ayant un but commun, qui est d’effectuer dans le cadre des activités réalisées au sein du territoire. Il utilise
une action à but politique, social, environnemental, industriel, etc. pour cela les réseaux de télécommunication afin de centraliser les
informations récoltées par ses capteurs et d’organiser l’application
• Afin de conceptualiser le rôle et la fonction des différents de ses décisions. Comme tout organe, il est composé d’éléments.
organes d’un territoire, nous avons établi une analogie entre le Il utilise donc également les voies de communication et de trans-
fonctionnement du territoire et celui du corps humain. Cette initia- port afin d’approvisionner ses membres et de permettre leur
tive, qui était au départ un simple soutien à la réflexion dans la déplacement. La justice, dans le cadre des actions en responsabi-
détermination des sous-systèmes du territoire, a finalement lité, la réglementation et, tout spécialement, le pouvoir de police,
conduit à produire son propre modèle systémique du territoire, ou les mécanismes assurentiels régulent passivement le compor-
présenté ensuite. L’idée sous-jacente reposait simplement sur le tement des individus, et imposent un climat règlementaire particu-
constat suivant : le corps humain étant étudié, analysé et observé lier en sanctionnant ceux qui s’éloignent du modèle adopté. Elles
depuis des siècles, pourquoi ne pas se servir de cette formidable sont aidées dans ce travail par les forces de l’ordre qui forment le
base de connaissances pour guider et valider notre réflexion sur le bras séculier de la justice. Ces deux organes veillent à la bonne
territoire ? organisation sociale du territoire, tempèrent les comportements,
Cette analogie, présentée dans le tableau 1, permet de dresser harmonisent les relations entre individus selon un code établi et
les conclusions suivantes : des sanctions claires.

Tableau 1 – Analogie territoire/corps humain


Fonctions Corps humain Territoire
Entités individuelles Cellules Individus
Charpente et protection de l’activité Squelette Bâti
Délimitation du système Peau Frontières
Action selon commande Muscles Entreprises (privées et publiques)
Réception, traitement, intégration Système nerveux central Administration du territoire
et émission de messages
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Transmission de l’information Nerfs Réseaux de télécommunications


Distribution des ressources Système cardio-vasculaire Réseaux de transport et acheminement
Transformation des matières premières Système digestif Industrie, artisanat, agriculture
en ressources
Apport d’énergie Système respiratoire Centrales de production d’énergie
Régulation latente Système endocrinien Réglementation, responsabilité, assurance
Capteurs d’information Organes sensoriels Médias, enquête
Ressources Nutriments, eau, oxygène Aliments, eau, oxygène, matières
premières, informations, énergie
Défense face aux agressions internes Système immunitaire Forces de l’ordre
et externes
Sauvegarde de la population Réaction immunitaire et méiose Services de secours et de santé
Mémoire et apprentissage Neurones Système éducatif et archives
Élimination des déchets Système urinaire et digestif Infrastructures de collecte et traitement
des déchets

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– la population (sous-système social), qui reste l’élément à pro-


Combustibles téger en priorité ;
t fossiles, énergie – le sous-système organisationnel : il regroupe l’ensemble des
men
nne solaire, cours d’eau,
organes chargés d’administrer le territoire et de sécuriser la popu-
viro bois, etc.
En lation (justice, forces de l’ordre, services de soin et de secours...) ;
– le sous-système politique (élus, collectivités locales...) ;
– le sous-système technique : il comporte à la fois les différentes
infrastructures – réseaux de transport, d’utilités (eau, gaz, électri-
Médias, instituts cité), de communication – et les activités industrielles ;
de sondages
– le sous-système économique : il représente les capitaux, les
marchés locaux et internationaux, le dynamisme économique
local, etc. ;
– le sous-système environnement naturel qui englobe
Justice et Production l’ensemble du territoire, sa géographie, sa géologie, son climat, etc.
législation ÉTAT d'énergie

C’est à partir de ce modèle, présenté en figure 5, qu’ont été


établies les différentes grilles d’identification des sources de
Forces Production
de l’ordre et de biens de
danger et de processus de danger. Il servira de base de
de secours consommation réflexion et de modèle de représentation pour toute la suite de
cette étude.

Collecte et
traitement 2.3 Identification des sources de danger
des déchets

Dans le modèle systémique du territoire élaboré, nous nous


sommes attachés à identifier les sources de danger susceptibles
RESSOURCES de bouleverser l’équilibre d’un fonctionnement « normal » et
DÉCHETS
d’atteindre les grands types de cibles définis plus haut : popula-
Légende : tion, activités et échanges.
Réseaux de télécommunications Informations Dans cette optiques une grille simple de diagnostic de l’espace
Voies de communication et Ressources de danger du territoire est proposée. Cette grille est destinée à être
infrastructures associées Déchets utilisée par le maire afin de recenser l’ensemble des sources de
Services techniques danger présentes sur le territoire étudié. Cette analyse préliminaire
Bâti permet d’alléger le nombre de processus de danger envisageables
Frontières sur le territoire.
Le modèle du processus de danger utilisé pour la méthode
Figure 4 – Modèle systémique organique du territoire s’apparente fortement à celui proposé par Dassens [19] pour la
méthode d’analyse des risques en entreprise. Une représentation
• Le patrimoine de bâti abrite l’ensemble des activités humaines en est donnée dans la figure 6.
et assure le confort et la protection des individus. En s’intéressant Les grilles de processus de danger proposées dans la méthode
ensuite aux activités de production du territoire, nous constatons font référence à un seul et même modèle. Il indique que tout risque
qu’il existe, d’un côté, la production d’énergie, indispensable au résulte de la présence d’une source de danger. La réalisation du ris-
confort des individus et à la réalisation de la plupart de leurs acti- que correspond à l’occurrence de l’événement redouté qui est l’ENS
vités, et de l’autre, la transformation de matières premières en pro- (évènement non souhaité). Cet événement redouté se produit quand
duits de consommation qui alimentent le marché et les foyers du la source de danger inactive, mais latente, vient à s’activer pour don-
territoire. ner lieu à un événement initial qui est le déclenchement du proces-
Enfin, apparaissent la collecte (des ordures ménagères par sus. Cette activation de la source se produit quand des événements
camions et des eaux usées par les canalisations d’assainissement...) initiateurs se réalisent (causes de déclenchement du processus). Ce
et le traitement (centre de tri, incinérateur, CET, STEP...) nécessaires déclenchement produit un flux qui peut être de différentes natures
pour la salubrité publique et l’hygiène collective en général. (énergie, masse, information). Ce flux va générer dans l’environne-
ment de la source de danger un événement terminal.
Cette analogie a permis de mieux appréhender le fonction-
nement du territoire et d’en distinguer les organes principaux et
l’organisation interne. En réalité, le fonctionnement du territoire 2.4 Rédaction des grilles de processus
procède de la poursuite de l’intérêt général et du respect de l’ordre
public. L’intervention de l’administration balise le système terri-
de danger
toire, qui ne saurait acter des relations interpersonnelles. Celles-ci, À partir de l’étude systémique du territoire, 41 processus de
relevant de la sphère privée, sont régies par des mécanismes assu- dangers génériques ont été élaborés. Ils sont pour une grande
rantiels qui prennent en considération le risque social. Par majorité tirés d’ouvrages traitant du risque d’un point de vue
conséquent, une description plus fine du système territoire nous social et géographique : ([6] [7] [8] [10] [11]). Ces processus et les
semble aujourd’hui inutile. événements redoutés correspondant sont présentés dans le
■ Modèle interne du territoire retenu tableau 2. Chaque processus peut ensuite être détaillé sous la
forme de grilles [21].
Ce premier modèle « organique » conduit donc à considérer plu-
sieurs cibles potentielles qui pourraient être impactées par une ■ Les grilles de processus de danger proposées ne prétendent pas à
défaillance qui aurait des conséquences graves sur le fonction- l’exhaustivité sous peine de devoir anticiper l’ensemble des risques
nement du territoire. Ces cibles (sous-systèmes sensibles) sont les connus... et inconnus, susceptibles de naître et se réaliser, sur
suivantes : l’ensemble des territoires. Deux arguments corroborent ce principe.

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Sous-système technique
(infrastructures, réseaux de transport,
d’utilités, de communication
et les activités industrielles)

Sous-système
environnement Sous-système
(géographie, géologie, social et sanitaire
climat, faune et flore) (population, association
de personnes, individus)

Sous-système Sous-système
organisationnel économique
(justice, force de l’ordre, (capitaux, marchés locaux et
services de soin internationaux, dynamisme
et de secours) économique local)

Sous-système
politique

Figure 5 – Modèle systémique du territoire

inhérents à son territoire. Par conséquent, toute opération de pré-


vention serait vaine et de nature à engager la responsabilité de la
commune.
ÉVÉNEMENT REDOUTÉ (ER)
■ Les grilles de processus de danger se lisent horizontalement.
Déclenchement
Événement du processus
initiateur
Un exemple de processus est décrit dans le tableau 3. La pre-
SOURCE Événement mière colonne indique le sous-système d’origine du processus de
de terminal
danger. Il s’agit généralement de celui abritant la source de danger
DANGER FLUX
considérée. Viennent ensuite le numéro et le nom du processus, afin
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d’offrir une navigation plus aisée et plus lisible. La quatrième colonne


de la grille indique des événements initiateurs susceptibles d’activer
la source de danger considérée (présentée dans la cinquième
colonne). Des événements terminaux, qui découlent de son activa-
tion, sont présentés dans la sixième colonne, et leurs effets sur cer-
Figure 6 – Modèle de processus de danger utilisé pour la méthode
globale d’analyse des risques sur un territoire taines cibles sont notés en dernière colonne.
Le processus de danger présenté dans le tableau 3 correspond à
l’événement redouté « mouvement de terrain ». La source de danger
• En premier lieu, cette exhaustivité conduirait à décrire CT_01 (terrain instable) qui est inactive initialement, c’est-à-dire
« l’arbre des possibles » sur l’ensemble d’un territoire. Les grilles qu’elle est présente sur le territoire mais n’a pas conduit à l’événe-
constituent avant tout un canevas de pensée et un modèle à ment redouté correspondant, peut être activée par différents événe-
compléter selon les propres besoins de l’utilisateur. La plupart des ments initiateurs (EN_01 : ruissellement, EN_21 : vibration du sol,
processus génériques applicables à une grande majorité de EN_24 : déformation du sol, EN_26 : déboisement) pour provoquer
communes ont cependant été rédigés, et permettent de construire différents événements terminaux (EN_30 : glissement de terrain,
très rapidement des processus et d’envisager des sources de dan- EN_08 : coulée de boues...).
gers qui n’avaient pas été précédemment considérées.
Il n’y a pas de conditions de concomitance entre les événements
• En second lieu, cette démarche présenterait un risque, à la initiateurs. Chacun d’entre eux peut activer la source de danger et
fois pour le concepteur de la méthode, qui verrait sa responsabilité produire l’un ou l’autre des événements terminaux. Les effets sur les
engagée dès le premier dysfonctionnement, et pour l’autorité terri- cibles concernent la population, mais également l’environnement, les
toriale qui ne pourrait pas se l’approprier en fonction des dangers habitations et ouvrages.

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Tableau 2 – Liste non exhaustive des processus


2.5 Construction de scénarios
de danger proposés par la méthode (suivant Les processus, considérés de manière indépendante, sont faciles
les grands sous-sytèmes considérés à relever sur un territoire particulier. Évaluer indépendamment
pour le territoire) (d’après [6] [7] [8] [10] [11]) chaque source de danger et ses conséquences immédiates ne
nécessite généralement pas un travail très fastidieux. Mais,
Familles
Index* Événements redoutés lorsque sont examinés les effets dominos entre sources de danger
de risques
et entre sous-systèmes (impact d’un processus de danger dans le
1 Mouvement de terrain sous-système économique sur le sous-système technique, des
2 Inondation choix politiques sur l’environnement, etc.), il devient très difficile
aux sous-systèmes

de s’y retrouver.
environnements

3 Séisme
Risques liés

4 Sécheresse
5 Feux de forêts Les grilles de processus de danger ont été construites pour
permettre l’assemblage simplifié de processus en scénarios,
6 Avalanche et mettre leur édification à la portée d’un élu.
7 Tempête
8 Fortes précipitations Il suffit pour cela de reprendre les événements terminaux d’un
processus et d’identifier dans quels processus ils apparaissent en
9 Chute d’arbre, poteau, grue
tant qu’événements initiateurs. Un premier scénario à deux étapes
10 Explosion (les deux processus impliqués) sera ainsi édifié. Cette étape peut
être réitérée autant de fois qu’un couplage existe. Le tableau 4
11 Dispersion de produits toxiques décrit des couplages entre processus.
12 Incendie Le scénario présenté dans le tableau 4 est linéaire. Des arbores-
13 Perte de confinement cences plus compliquées peuvent être obtenues quand des che-
aux sous-systèmes techniques

14 Accident nucléaire mins de causalité s’élargissent, s’agrègent et rebouclent entre


eux. L’activation d’une source de danger (SD) peut conduire à plu-
15 Rupture de barrage/digue sieurs événements terminaux qui peuvent être des événements
16 Accident transport aérien initiateurs d’autres sources de danger (comme décrit sur l’exemple
Risques liés

17 Accident transport terrestre de la figure 7). Il peut exister des connections assez compliquées
entre processus.
18 Accident transport maritime
19 Centrale électrique hors service Par exemple, la source de danger 5 (SD5) provoque l’événement
20 Coupure électrique générale terminal 1 (ET1), qui est une des causes des sources de danger 2 et
21 Station de traitement de l’eau potable 3 (SD2 et SD3), et une des conséquences de SD1.
hors service Si EI1 = ET1, alors il y a re-bouclage de processus, car EI1 est
22 Coupure de l’adduction en eau potable l’événement initiateur de SD1.
23 Coupure des réseaux télécoms Le couplage entre processus pourrait donc être aussi modélisé
23 Manque de combustibles au travers d’une matrice d’incidence-influence, telle que celle pro-
24 Coupure des voies de communication posée par Dassens ([1] [19]).

25 Destruction des récoltes Il est possible de construire ainsi un très grand nombre de scé-
sous-systèmes
économiques
Risques liés

narios, afin, par exemple, d’évaluer la qualité des mesures de


26 Paralysie de la production
sécurité mises en place sur la commune, de repérer d’éventuelles
aux

27 Produits invendables failles sur des installations sensibles, ou de répondre à des exi-
28 Baisse des revenus gences administratives (pour la rédaction d’un Plan communal de
sauvegarde notamment).
29 Augmentation des dépenses
30 Violences urbaines
sous-systèmes
Risques liés

3. Vers la modélisation
et sanitaire

31 Épidémie
social
aux

32
33
Canicule
Criminalité – Drogue – Prostitution
dynamique des risques
34 Attentat sur un territoire
35 Crise du logement
et organisationnels
aux sous-systèmes

36 Exode
3.1 Utilisation des réseaux de Petri
Risques liés

politiques

37 Fermeture d’entreprises Comme mentionné précédemment, le couplage entre processus


38 Départ des services publics peut être modélisé au travers de la construction d’une matrice
d’incidence-influence ([1] [19]) pour la méthode globale d’analyse
39 Saturation des hôpitaux des risques en entreprise. Cette matrice permet de représenter les
40 Impuissance des secours liens qui existent entre les différents processus de danger relevés
41 Manque d’entretien des infrastructures sur le système étudié. Cette représentation ne permet cependant
pas de prendre en compte la dynamique de fonctionnement du
*La plupart des éléments de ces processus (événements, sources de système et des processus de danger qu’il génère. C’est pourtant
danger, effets sur les cibles) ont été indexés afin de permettre plus cette caractéristique qui doit être intégrée pour modéliser le
aisément la construction de scénarii.
couplage dynamique des processus de danger sur un territoire.

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ANALYSE DES RISQUES SUR UN TERRITOIRE _____________________________________________________________________________________________

Tableau 3 – Exemple de grille de processus de danger : mouvement de terrain


Événement Événements Sources de
F Événements terminaux Effets sur cibles
redouté initiateurs dangers

 Destructions et détériorations aux


 habitations, aux entreprises, aux
EN_30 : Glissement  ouvrages (ponts, routes, etc.)
de terrain  Dommages au bétail, aux cultures
 Obstruction des voies
EN_08 : Coulées de boues
EN_01 : Ruissellement  terrestres
EN_31 : Effondrement
EN_21 : Vibration CT_01 : Terrain  Réseaux endommagés
de cavité souterraine 
Mouvement du sol instable Endommagement,
RN 1 EN_23 : Éboulement 
de terrain EN_24 : Déformation CT_21 : Cavités destruction de la flore et
EN_24 : Déformation 
du sol souterraines de la faune, disparition du sol
du sol 
EN_26 : Déboisement cultivable, pollutions
ET_10 : Encombrement  diverses, dépôts de déchets,
du sol  boues, débris, etc.
EN_10 : Pollution de l’eau  Morts, ensevelissement,
 personnes blessées,
 isolées ou déplacées

Tableau 4 – Construction de scénarios


Événement Sources
Événements initiateurs Événements terminaux Effets sur cibles
redouté de dangers
– Destructions et détériorations aux
habitations, aux entreprises, aux
ouvrages (ponts, routes, etc.)
– EN_13 : Rafales – Chute d’arbres, de grues
– EN_16 : Foudre – Chute d’objets
– EN_17 : Variations de tem- – EN_14 : Fortes précipitations – Toitures arrachées
7 Tempête Climat
pérature importantes – EN_05 : Mer très agitée – Voies aériennes inutilisables
– EN_32 : Chute d’arbres – Circulation terrestre et maritime
– EOP_07 : Routes dégradées difficile
– Morts, noyade, ensevelissement,
personnes blessées, isolées ou
déplacées
– EN_32 : Chute d’arbre – ET_07 : Choc
Chute – EN_24 : Déformation du sol – EN_03 : Création d’embâcle – Destructions et détériorations aux
Grand arbre,
d’arbre, – EN_16 : Foudre – EN_24 : Déformation du sol habitations, aux entreprises, aux
9 poteau, antenne,
poteau, – EN_13 : Rafales – ET_17 : Réseaux endomma- ouvrages (ponts, routes, etc.)
œuvre d’art
grue – EN_19 : Chutes de neige gés – Circulation terrestre
– EN_28 : Insectes – EN_26 : Déboisement
– Destructions et détériorations aux
habitations, aux entreprises, aux
ouvrages (ponts, routes, etc.)
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– EN_02 : Inondation
– EN_14 : Fortes précipitations – Dommages au bétail, aux cultures
– EN_01 : Ruissellement
– EN_04 : Fonte des neiges – Endommagement, destruction de
– EN_06 : Érosion
– ET_13 : Rupture de barrage Cours d’eau la flore et de la faune, disparition
– EN_08 : Coulées de boues
2 Inondation ou de digue Sols du sol cultivable, pollutions diver-
– EN_03 : Création d’embâcles
– EN_03 : Création d’embâcle impérméabilisés ses, dépôts de déchets, boues,
– ET_12 : Corrosion
– EOP_02 : Réseau d’assainis- débris, etc.
– ET_10 : Encombrement du sol
sement pluvial saturé – Paralysie des services publics
– EN_10 : Pollution de l’eau
– Inondation des voies terrestres
– Morts, noyade, personne bles-
sées, isolées ou déplacées
– ET_06 : Pénurie d’eau
– EN_10 : Pollution de l’eau
Station de
– ET_12 : Corrosion
traitement Station
– EN_24 : Déformation du sol – EOP_01 : Traitement – Production d’eau potable
de l’eau de traitement
21 – ET_28 : Pénurie de pétrole de l’eau défaillant arrêtée
potable de l’eau
– ET_06 : Pénurie de matières – ET_27 : Perte de l’AEP – Stagnation de l’eau
hors potable
premières
service
– ET_18 : Perte de l’alimenta-
tion électrique

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_____________________________________________________________________________________________ ANALYSE DES RISQUES SUR UN TERRITOIRE

Le schéma présenté en figure 8 illustre le parallèle entre les deux


EI 1 représentations. L’exemple traite de la rupture d’une digue fragilisée
suite à une collision. Cette rupture entraîne le débordement de la
rivière et une inondation locale.
SD1
Une digue fragilisée (EI1) peut céder. Un accident fluvial (EI2) pro-
voque un choc sur une digue (SD1). L’un ou l’autre de ces événe-
ments entraîne la rupture de la digue (ET1).
ET 1 ET 2 ET 3 ET 4
La rupture de la digue (EI3) libère le cours d’eau (SD2) qui provoque
EI 3 EI 10 EI 5 EI 11 EI 9 une inondation (ET2) ayant pour conséquences le blocage de routes
et la dégradation de biens matériels.
SD2 SD3 SD4 SD5 Les deux réseaux de Petri décrits en parallèle sont la traduction de ce
scénario. La place (digue) contient un jeton, libérable uniquement si
l’une des gardes « ??MES1 » et « ??MES2 » est vérifiée comme
« vraie » (en termes booléens). Dans ce cas, la réalisation de EI1
ET 5 ET 6 ET 7 ET 8 ET 5 ET 2 ET 9 ET 1
conduit à implémenter dans MES1 la valeur « vrai » et EI2 à implémen-
ter dans MES2 la valeur « vrai ». Lorsque l’un des deux événements se
produit, l’un des messages devient vrai, ce qui a pour conséquence
SD2 SD3
d’activer la transition, et le jeton passe dans la place aval (digue
détruite). Elle affecte au passage la valeur « vrai » au MES3 (rupture de
EI : Événement Intiateur
la digue). MES3 étant validé, la transition du second réseau s’active et
ET : Événement Terminal le jeton passe de la place (cours d’eau) à la place (inondation), affectant
la valeur « vrai » aux messages MES4 et MES5.
SD : Source de Danger

Figure 7 – Construction de scénarios 3.3 Scénarios d’accident sur un territoire


avec les réseaux de Petri
Par ailleurs, nous avons déjà souligné l’intérêt des réseaux de
Petri (RdP) pour simuler la dynamique de systèmes complexes L’ensemble des événements présents dans les grilles étant
présentant beaucoup d’interconnexions. Des études similaires ont indexés, ces valeurs ont été reprises ici pour reconstruire, à l’aide
été réalisées dans l’analyse de la propagation des crashs de messages, les processus désirés. Ces réseaux peuvent s’exploi-
informatiques [5], de la sécurité incendie [18], ou de la dynamique ter de deux manières :
des systèmes de gestion de production [2]. – de façon déterministe, une source de danger est activée volon-
tairement et ces conséquences sont estimées ;
L’étude systémique du territoire a révélé qu’il pouvait se – de façon probabiliste, en entrant par exemple des tirs à la sol-
modéliser comme un système de réservoirs et de flux. De tels licitation ou des valeurs de taux de défaillance sur les transitions. Il
systèmes sont souvent rencontrés dans l’industrie et peuvent est ainsi possible de simuler à loisir le comportement « normal »
être simulés par des RdP. Cet outil semble donc bien adapté du système et observer l’apparition d’une défaillance, ou analyser
pour simuler les aspects dynamiques des risques sur le terri- sa réaction à une agression.
toire.
Le réseau présenté en figure 9 est un exemple de construction
obtenu à partir de cette seconde démarche.
C’est la raison pour laquelle, nous proposons l’utilisation des
réseaux de Petri pour modéliser les processus de danger et les
scénarios qui découlent de leurs couplages.
Tableau 5 – Analogie retenue entre le modèle
du processus de danger et le réseau de Petri
3.2 Modèle du processus de danger Modèle du processus
Réseau de Petri
sous forme de réseaux de Petri de danger

Les réseaux de Petri interprétés (échangeant des messages) sont Déclenchement du Transition
utilisés pour simuler les scénarios couplant différents processus de processus : Décl
danger. Pour ces réseaux, différentes grandeurs peuvent être Source de danger : SD Place amont (place 1)
affectées aux transitions. Comme précédemment mentionné, une
Réalisation du processus : ER Place avale (place 2)
des formes simples d’interprétation consiste à échanger des mes-
sages de type booléen entre diverses transitions. On attribue ainsi Événement initiateur : EI Message (garde) : ??M1 (« ?? »
des gardes (conditions à remplir pour autoriser la transition) et des indique qu’un message doit être
affectations (conditions provoquées au passage de la transition). reçu)
Compte tenu de ces caractéristiques, une analogie entre réseau Événement terminal : ET Message (affectation) : !!M2
de Petri et modèle de processus de danger a été réalisée et est pré- (« !! » indique qu’un message
sentée dans le tableau 5. est émis)
ER Transition = Décl
Des lois mathématiques peuvent caractériser les délais de El = = ET
transitions. La seule utilisée actuellement dans la méthode est Décl ??M1 !!M2
El
le Dirac (abrégé Drc). SD
place 1 = SD place 2 = ER
Le dirac sert de temporisation ou de délai avant l’exécution ET
d’une transition.

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ANALYSE DES RISQUES SUR UN TERRITOIRE _____________________________________________________________________________________________

Digue EI1 Digue EI3


SD2
fragilisée détruite
Cours d'eau
SD1
Digue
Accident ET2
fluvial ET3
ET1
EI2 Inondation
Biens
Digue matériels
détruite endommagés

ER1 : Rupture de la digue ER2 : Sortie du lit de la rivière

a processus de danger
?? MES1
?? MES2
MES1 : Digue fragilisée
!! MES3
MES2 : Accident fluvial
MES3 : Digue détruite Digue Rupture de la digue
Messages MES4 : Inondation
MES5 : Dommages matériels
?? MES3
?? : Un message doit être reçu
!! MES4
!! : Un message est émis
!! MES5
Cours d’eau Sortie du lit
b réseaux de Petri correspondants

Figure 8 – Exemple d’application des réseaux de Petri (b) pour représenter le couplage de processus de danger (a)

6 5 3
9
1 8 10 Arbre Débris Ouvrage
Fortes_
Digue jeton = 1 jeton = 1 jeton = 1
Fonte des neiges précipitations Marée
jeton = 1 jeton = 1 jeton = 1 jeton = 1

Tr2
Tr3 drc 0
drc 0 Tr4
0 exp 1E-3 ?? (ET_01==vrai) ou (EO_01==
Tr6 Tr7 Tr8 ?? (EN_07==vrai) ou (EN_01==vrai) ou (EN_01==vrai)
(ET_01==vrai) ou (EO_01==vrai) exp 1E-3 (EN_13==vrai) ou (EN_14==vrai) ?? ET_04==vrai
exp 1E-3 exp 1E-3 !! ET_03=vrai
ou (EN_01==vrai) ?? EN_12==vrai ?? EN_11==vrai
?? EN_12==vrai
ET_02=vrai !! EN_02=vrai !! EN_04=vrai !! EN_05=vrai !! EN_07=vrai
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2
11 7
Rupture de la digue
jeton = 0 Crue Embacle
jeton = 0 jeton = 0

Tr9 Tr10 Tr11


drc 0 drc 0 drc 0
!! EN_08 =vrai !! EN_03 =vrai, !! EN_06 =vrai
EN_08 =vrai EN_08 =vrai

12

Débordement
jeton = 0

Figure 9 – Exemple de réseau décrivant l’événement redouté « Débordement » par réseaux de Petri (d’après [21])

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3.4 Expression de la gravité Rupture


L’un des inconvénients des grilles de processus de danger est de capacité Libération
qu’elles ne permettent pas une estimation directe de la gravité des δ=0 d’énergie
phénomènes considérés. Une explosion, par exemple, peut corres- ??ET_01=vrai, δ=0 Gravité 2
pondre à l’éclatement d’un pneu de véhicule comme à un BLEVE ET 12=vrai Sol. 0,2, 0,7, 0,1
(Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion ) ou à une UVCE
(Unconfined Vapour Cloud Explosion ) de très grande ampleur. 2
Nous proposons plusieurs pistes pour l’évaluation de cette gravité Gravité 1
des conséquences avec des RdP. 0
Réservoir HC Explosion

Gravité 0
En effet, l’une des caractéristiques des RdP, qui n’a pas
encore été utilisée, est la possibilité de mettre plusieurs
Figure 10 – Expression de la gravité des conséquences
jetons dans les places. En discrétisant une transition au avec un réseau de Petri suite à l’explosion
niveau de ses affectations, le réseau peut déterminer aléatoi- d’un réservoir d’hydrocarbures (d’après [21])
rement le nombre de jetons générés par une transition en
fonction de probabilités d’occurrence préalablement détermi-
nées (tir à la sollicitation). Il suffit alors d’affecter une échelle Usure de la digue Rupture de la digue
de gravité au nombre de jetons présents dans une place. δ=365 δ=0
!!DD=DD-1 ??DD=0
Décrue_3
Considérons par exemple un stockage d’hydrocarbures dangereux, δ=5
dont le niveau peut varier au cours du temps. La distribution suivante !!DD=DD-1 Digue Digue HS
peut être considérée :
– le réservoir est plein 20 % du temps ; Décrue_2
– le réservoir est à moitié rempli 70 % du temps ; δ=5
!! DD=DD-3
– il est vide 10 % du temps.
Le processus modélisé va se décomposer en 5 places et 2 transi- Type de crue
tions (tel que décrit sur la figure 10). La première place (« capacité Occurence_crue δ=0 Crue décénale
HC ») correspond à la présence d’une capacité d’hydrocarbures, δ=365 Sol 0.0901, 0.901
constituant une source de danger potentielle. La transition (« rupture
de la capacité ») qui suit cette place contient les gardes (correspon-
dant aux événements initiateurs susceptibles d’activer la source de Rivière Crue Crue annuelle
danger) et mène à une deuxième place (« explosion »). De cette
place, part une transition (« libération d’énergie ») à laquelle sera
affecté un tir à la sollicitation (choix d’un arc selon des probabilités
préétablies précédemment, soit 0,2, 0,7 et 0,1). Cette transition des- Crue centennale
Décrue_1
sert trois places correspondant à différentes gravités de l’explosion. δ=5
Les arcs arrivant vers ces trois places seront affectés d’un poids qui !!DD=DD-8
paramètre le nombre de jetons envoyés, ce nombre dépendant de la
gravité (de 0 jetons, pour la première place, à trois jetons pour la der- Figure 11 – Modélisation du vieillissement et de la maintenance
d’une digue (d’après [21])
nière par exemple).
La gravité pourra ainsi être assimilée au nombre de jetons présents
dans la place considérée. 3.6 Test de l’impact des mesures
de prévention-protection
3.5 Détermination du vieillissement
La construction d’un réseau rassemblant des processus de dan-
et des cycles de maintenance ger présente pour avantage de permettre dans un second temps
Le réseau de Petri ainsi programmé peut également servir à d’intégrer des barrières de prévention et de protection au modèle
simuler l’usure des infrastructures, et donc à planifier des cycles afin d’en évaluer leur efficacité. En effet, les effets dominos étant
de maintenance sur les installations. Il est en effet possible de nombreux, il est difficile d’estimer a priori l’ensemble des béné-
paramétrer des variables évolutives au niveau des transitions avec fices dus à l’installation d’une barrière de protection. Les liaisons
un système d’incrémentation. internes paramétrées dans le réseau permettent de s’affranchir de
ce travail fastidieux puisque tous les effets dominos sont
Prenons l’exemple d’une digue (figure 11). Un vieillissement natu- considérés. L’utilisateur peut ainsi rapidement distinguer l’impact
rel, dû à l’érosion continue provoquée par le cours d’eau, peut lui être de certaines mesures sur l’ensemble des processus et ainsi choisir
affecté. Il se peut également que la digue subisse des dommages les plus efficaces.
considérables, mais non destructifs, suite à une sécheresse, un choc Les valeurs prises pour les exemples présentés précédemment
ou une crue. En lui associant un capital de durabilité stocké dans une sont totalement arbitraires. La démarche présentée permet néan-
variable réelle DD (pour « Durabilité de la Digue »), définie dans le moins d’apprécier l’efficacité du formidable outil que sont les
réseau et dont la valeur initiale serait maximale (au moment de sa réseaux de Petri et leurs nombreuses applications possibles.
construction ou de sa rénovation), il est possible de simuler sa dégra- Des exemples plus grands peuvent être édifiés (échelle du terri-
dation progressive en retirant des points de durabilité lors du passage toire). Ils sont compliqués, mais néanmoins réalisables. De plus, il
de transitions dégradantes (crue, choc...). n’y a pas de limite de taille pour ces réseaux.
On peut également définir un seuil de durabilité au-delà duquel la
digue sera totalement détruite. Il convient de noter cependant que les erreurs d’appréciation
sur le choix des variables se propagent et les résultats ne sont
En simulant un grand nombre d’histoires sur ce réseau, une durée de
pas toujours pertinents si chaque paramètre n’est pas choisi
vie moyenne de la digue avant ruine de celle-ci pourrait être estimée et
avec précision.
utilisée pour déterminer les cycles de maintenance et d’entretien.

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4. Intérêts et limites avec la détermination d’un niveau global de probabilité d’occur-


rence et d’un autre de gravité et de maîtrise des risques avec des
de la méthode barrières de prévention et de protection.
Un autre point peut paraître critiquable. Il s’agit de l’absence de
Ce travail présente l’ébauche d’une méthode d’analyse globale spatialisation des risques et de leurs effets. Mais, cette méthode se
des risques sur le territoire. Il a permis d’apporter une meilleure voulant la plus générique possible, la problématique de la spatiali-
compréhension de la dynamique du risque, notamment par la sation ne peut pas entrer actuellement dans nos préoccupations.
création de plusieurs modèles systémiques du territoire, la rédac- Elle restera à l’appréciation des élus et devra faire l’objet d’études
tion de grilles de processus de danger génériques permettant complémentaires spécifiques au territoire étudié.
d’évaluer le niveau de danger sur un territoire et de construire des
scénarios d’accident.
À cela, s’est ajouté l’utilisation des réseaux de Petri pour l’analyse 5. Conclusion – Perspectives
des risques à partir d’un couplage avec le modèle du processus de
danger utilisé et la rédaction de grilles recensant les parades possi- de développement
bles aux processus de danger considérés [21]. Il convient cependant
de faire une analyse critique de la méthode développée.
et d’application
En effet, les conséquences induites par la mise en œuvre d’une
Cette méthode reste, bien entendu encore, dans un état de pro-
approche globale et systémique pour piloter des systèmes
totype. Pour être réellement applicable, il conviendrait d’alléger
complexes peuvent être positives ou négatives [4]. Si elle permet
l’interface et de rédiger un guide de l’utilisateur pour simplifier
aux utilisateurs de la méthode d’adopter une vision d’ensemble et
l’apprentissage et l’application de la méthode. Certains aspects
de mesurer plus globalement et sereinement les effets des initiati-
peuvent encore rebuter de nombreux élus par leur complexité
ves qu’ils seront amenés à prendre, elle peut également, lorsqu’elle
apparente.
est mal présentée, paraître pour une véritable machine à gaz requé-
rant de déplacer des montagnes pour régler un problème simple. De même, l’objectif final de l’utilisation des réseaux de Petri est
de tendre vers la constitution d’un immense réseau en « toile
d’arraignée », qui contiendrait le plus grand nombre de processus
4.1 Points forts présents dans les grilles de danger. Ce réseau générique simulerait
L’objectif principal de l’étude, à savoir créer un outil pour donc toute la dynamique de danger du territoire.
accompagner l’élu dans son analyse des risques, semble être en La dimension juridique doit être également pleinement intégrée
partie atteint. Cet outil s’appuie sur des grilles de processus de à la réflexion dans le cadre de la poursuite du développement de
danger, ainsi que des grilles de parades. ce type de méthode. En effet, l’élu ou, à tout le moins celui qui
Cependant, une application concrète de cette méthode au terri- agira en son nom, mènera une analyse de risques détaillée et sera
toire communal n’autorise pas la mention des mesures techniques amené donc à publier des résultats qui engageront plus fortement
de prévention/protection à mettre en place, une fois l’identification sa responsabilité. Par ailleurs, quelle sera la responsabilité du
des risques réalisée. Elle ne peut que les suggérer en invitant concepteur de la méthode, développée in fine et proposée aux
l’autorité publique à l’action. Toute obligation de faire dans ce élus, vis-à-vis des résultats obtenus ? En effet, celui-ci va produire
domaine engagerait trop fortement la responsabilité de la et proposer des grilles de processus de danger qui se révéleront
commune qui, par manque de moyens, ne pourrait répondre à nécessairement non exhaustives.
toutes les demandes. La méthode proposée ne doit pas être considérée comme un
De la même façon que les cibles, les parades devront être hiérar- prêt à penser avec des grilles d’analyse pré-remplies qui seraient
chisées selon des critères que l’on imagine objectifs, mais dont la figées et considérées comme exhaustives. En effet, il est difficile,
mise en œuvre est nécessairement subjective. voire impossible, de prévoir tous les processus de danger dans un
système présentant un fort niveau de complexité tel que le terri-
Cette méthode structurée pourrait permettre d’atteindre une cer-
toire communal. Cette méthode d’analyse doit donc avant tout être
taine homogénéité dans le domaine de la gestion des risques et,
considérée comme une aide à la construction de l’analyse des
donc, une plus grande clarté, à la fois dans les dialogues entre
risques. Le décideur, qui est l’acteur pour lequel la méthode est
élus, mais également avec la population. De plus, et conformé-
développée, doit, d’une part, s’approprier la démarche et, d’autre
ment aux recommandations des élus, cette méthode est évolutive,
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part, l’enrichir en y intégrant les processus de danger qui sont


et chaque analyste pourra participer à son amélioration, le modèle
significatifs sur le territoire qu’il administre.
unique de processus de danger simplifié qui a été développé
garantissant un apprentissage rapide du formalisme des grilles.
Outre l’identification des sources de danger, cette méthode per- Remerciements
met la construction de scénarios mettant en jeu des effets dominos Cette étude a été développée dans le cadre d’un projet de
entre les différents sous-systèmes qui composent le territoire, et ce recherche soutenu par le réseau REALISE. Ce projet de
pour tout type de commune. Enfin, le couplage du modèle de pro- recherche, qui s’intitule « Risques-Territoires », implique des
cessus de danger avec les réseaux de Petri permet d’analyser plus chercheurs, juristes et scientifiques, appartenant respective-
finement la dynamique du territoire. ment aux laboratoires CERDACC et GRE de l’université de
Haute-Alsace.
4.2 Points faibles actuels Les auteurs remercient vivement Karine FAVRO, Maître de
Conférences à la faculté des Sciences économiques, sociales et
L’utilisation des réseaux de Petri est encore expérimentale. La juridiques de l’université de Haute-Alsace et chercheur au
difficulté principale est qu’il est délicat de déterminer les valeurs CERDACC, pour sa participation active dans le développement
d’entrée du modèle : probabilités d’occurrence, faisabilité des tran- de ces travaux et ses conseils éclairés lors de la définition sys-
sitions. Il faudrait pour cela former des collèges d’experts capables témique du territoire.
de choisir les valeurs utilisées par les transitions de ces réseaux. Il
Un grand merci également à Mejdi JEGUIRIM, Maître de
convient également de préciser qu’une étape d’évaluation globale
et de hiérarchisation des risques pourrait être ajoutée. Cette étape Conférences au Laboratoire GRE, pour toutes les idées qu’il a
peut s’inspirer très largement de celle pratiquée dans l’industrie pu apporter lors de la définition des processus de danger.

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P
O
U
Analyse des risques R
sur un territoire
E
Ébauche d’une nouvelle méthode globale N

par Jean-François BRILHAC


Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
S
et Olivier THIBAUT
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
A
V
À lire également dans nos bases O
Étude systémique de l’analyse de risques. Présen-
tation d’une approche globale de DASSENS (A.)
Méthode d’analyse de risque MOSAR – Présenta-
tion générale de PERILHON (P.) [SE 4 060]
I
et LAUNAY (R.) [AG 1 585] (2008).
Dynamique des systèmes complexes : Concepts et
(2003).
Systèmes complexes – Présentation générale de R
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Sites Internet
Portail de la prévention des risques majeurs :
http://www.prim.net/citoyen/definition_risque_majeur/definition.html

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