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ag1586
Analyse des risques sur un territoire -
Ébauche d'une nouvelle méthode globale
Par :
Jean-François BRILHAC
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
Olivier THIBAUT
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Editions T.I.
Analyse des risques sur un territoire
Ébauche d’une nouvelle méthode globale
par Jean-François BRILHAC
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
et Olivier THIBAUT
Laboratoire Gestion des risques et environnement, université de Haute-Alsace, Mulhouse
e nos jours, les élus locaux doivent avoir une appréhension globale et
D transversale des risques qui menacent le territoire qu’ils administrent. Ce
travail est une contribution au développement d’une méthode d’analyse
globale des risques sur un territoire communal. Il a abouti à la réalisation de
plusieurs modèles systémiques du territoire et à la proposition de grilles de
processus de danger génériques afin d’évaluer le niveau de risque sur un terri-
toire et de construire des scénarios d’accidents.
Ces scénarios peuvent être représentés sous la forme de réseaux de Petri
pour modéliser le couplage dynamique entre les processus de danger qui
impactent le fonctionnement du territoire.
1. Territoire et risques Il n’existe pas d’État sans territoire, ni d’administration sans terri-
toire. Le territoire étatique doit inévitablement être découpé admi-
nistrativement afin que les décisions prises par les gouvernants
De nos jours, les collectivités territoriales sont confrontées à un soient respectées. Ce découpage administratif est souvent en déca-
panel de risques très divers et les possibles effets dominos sont lage avec les éléments environnementaux du territoire. C’est sans
avérés [17]. Par conséquent, les élus locaux assument des respon- nul doute le premier élément de cette complexité territoriale.
sabilités de plus en plus lourdes et complexes. Pour y faire face, La simplicité n’a jamais été la caractéristique première de ce
ces derniers ont besoin de connaître leur territoire et les risques y découpage historique dominé par le principe de proximité et, de
afférents, leurs natures, leurs cibles et leurs effets. Une analyse a façon plus nuancée, par le principe d’égalité des citoyens. La réfé-
priori large et multidisciplinaire de l’impact des incidents, acci- rence en la matière reste les 36 680 communes françaises. Elles
dents et catastrophes sur le territoire, ainsi que leurs enchaîne- demeurent la principale manifestation de l’identité locale, même si
ments, permettrait de prioriser les actions de prévention et de aujourd’hui les communes sont largement supplantées par les
protection à mettre en œuvre et également d’améliorer la gestion structures intercommunales. En effet, les transferts de compétences
des risques. de l’État, et plus largement, la transformation de l’action publique à
l’endroit des territoires locaux, ont fini d’émietter et/ou de regrouper
Dans ce cadre, nous n’avons pas connaissance, à l’heure les différents territoires de l’État, notamment en fonction de
actuelle, de méthodes offrant une analyse des risques sur un considérations nouvelles. Reste à savoir si le risque en fait partie,
territoire à visée transversale et globale. L’objectif de cet alors même qu’il est au centre du fonctionnement social et que sa
article est de présenter l’ébauche d’une nouvelle méthode de perception n’est pas figée...
ce type. ■ Définition du risque
Comment appréhender le risque sur un territoire ? Le terme
Cet article comporte quatre paragraphes. Un premier paragraphe « territoire » venant d’être explicité, reste à définir le mot
dresse un état des lieux de la thématique des risques sur le terri- « risque ».
toire et des outils utilisés pour l’analyse des risques. La méthode
est exposée dans le second paragraphe. Celle-ci s’appuie sur une • Les définitions usuelles dépendent souvent des champs disci-
étude systémique du territoire, de nature à mettre en relief les dif- plinaires considérés :
férents éléments de ce système, leurs fonctions et les relations qui
– domaine du sens commun : danger éventuel plus ou moins
les lient. Cette étude préliminaire indispensable permet d’obtenir
prévisible ;
une connaissance approfondie de la dynamique propre au territoire
– domaine juridique : éventualité d’un événement ne dépendant
et des enjeux associés. Le troisième paragraphe propose un
pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la
modèle de simulation dynamique des possibles effets dominos
perte d’un objet ou tout autre dommage ;
entre processus de danger du territoire. Ce modèle utilise les
– domaine économique : possibilité de gain ou de perte moné-
réseaux de Petri. Enfin, le dernier paragraphe portera sur les inté-
taire due à une incertitude que l’on peut quantifier ;
rêts et limites de la méthode présentée.
– domaine technique : le produit :
Ces éléments préliminaires renvoient aux questions suivantes : Cette définition implique nécessairement l’existence d’une
– quelles ont été les réflexions menées précédemment afin source de danger potentiellement génératrice d’impact sur des
d’expliciter ces deux domaines ? cibles exposées. Celles-ci (humaines, systèmes techniques, envi-
– quels sont les dossiers dont disposent les élus pour gérer les ronnement) sont soumises au champ de danger généré par cette
risques sur leur commune ? source. Il est également utile de prendre en compte une dimen-
– quels outils utiliser dans la gestion des risques sur le sion plus subjective, mais incontournable, pour définir un niveau
territoire ? de risque : il s’agit de l’acceptation du risque (ou acceptabilité) par
les cibles exposées. Ainsi, pour une définition plus complète, nous
pouvons indiquer que le (risque) associe (danger), (probabilité),
1.1.1 Notions de territoire et de risques (gravité) et (acceptabilité). Le critère de cinétique peut être égale-
ment pris en compte. On notera que cette définition du risque peut
■ Définition du territoire
être approchée de celle faite classiquement par les géographes. En
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Cet article se voulant le plus générique possible, il est important effet, le danger couplé à la probabilité et à la gravité correspond à
de trouver une définition simple et englobante. Beck [17] en pro- l’aléa, tandis que les cibles correspondent aux enjeux ;
pose plusieurs et la connotation « spécialisée » de chacune d’entre – domaine géographique : combinaison entre un aléa, phéno-
elles peut être dénotée : géographique, ethnologique, administra- mène potentiellement destructeur d’origine diverses (naturelle,
tive... anthropique), et d’un enjeu. L’équation suivante est généralement
considérée dans la problématique « territoire-risques » :
La définition du territoire retenue dans cet article est la
suivante : « ...espace géographique borné par des frontières, risque = ( aléa ) × ( enjeu )
abritant une population, soumis à une autorité politique qui lui
est propre et considéré en droit comme un élément constitutif
L’aléa est défini comme le phénomène destructeur observé.
de l’État et comme limite de compétence des gouvernants... ».
Il est caractérisé par une probabilité d’occurrence, une exten-
sion spatiale, une intensité. L’enjeu est l’ensemble des élé-
Cette approche fonctionnelle du territoire montre que la pré- ments exposés (personnes, bâtiments, entreprises, patrimoine
sence de l’homme sur un espace donné n’est pas neutre, notam- culturel, environnement...) présentant chacun une vulnérabilité
ment dans le cadre de l’identification des risques. L’homme devra propre.
réagir à tous les enjeux se présentant à lui. Par conséquent,
l’homme va chercher à en redéfinir en permanence les limites en Les enjeux ne sont pas uniquement situés dans les zones
fonction de nouveaux enjeux conjoncturels ou structurels. La directement menacées par les phénomènes. Pour ces derniers,
notion de territoire apparaît comme une limite de compétence des on parle d’enjeux exposés. Il faut également tenir compte des
gouvernants. enjeux impactés qui sont indirectement affectés.
les plus exposées, à savoir celles dans lesquelles des plans de pré-
Par exemple, la mise hors service d’une prise d’alimentation en vention des risques sont établis ;
eau potable ou d’un transformateur électrique (deux aléas possibles) – le SDACR (Schéma départemental d’analyse et de couverture
peut avoir des répercussions très importantes bien au-delà de la zone des risques) est un instrument de rationalisation de la gestion du
concernée directement par l’un des aléas précédents et, de ce fait, Service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Ses princi-
multiplier les enjeux. paux objectifs sont de dresser un inventaire des risques existants
Un incendie dans un dépôt pétrolier peut produire des dans le département, de faire le bilan des moyens et des person-
conséquences sur des enjeux exposés (soumises au rayonnement nels de sapeurs-pompiers disponibles et, enfin, de permettre la
thermique) et impactés (difficultés dans le réapprovisionnement en proposition des optimisations de la couverture (des risques) déjà
combustible pour les utilisateurs). réalisée.
Nota : le DICRIM est rédigé par la municipalité à partir du DDRM, ou du DCS
• De fait, en partant du point de vue des géographes et des s’il existe, et constitue une première source d’information concernant les
techniciens, on peut alors classer les risques (au sens de source de risques encourus sur le territoire communal. Il se veut beaucoup plus syn-
danger) selon trois critères : thétique et accessible à la population de la zone considérée.
(connus), leur emprise sur le territoire et les enjeux concernés (éta- ports et les échanges, accélère le développement des idées, des
blissements sensibles menacés...) ; techniques, des arts, et des systèmes politiques. [...] À la manière
– établir un recensement des moyens matériels et humains du récif de corail, [elle] est à la fois support et conséquence de
nécessaires pour mettre en place le dispositif de diffusion de l’activité de l’organisme social qui vit en son sein... ».
l’alerte ; En se basant sur des analogies, notamment avec un organisme
– mettre en place une procédure de réception de l’alerte au vivant, De Rosnay propose un modèle général du système « ville ».
niveau de la commune pour une capacité de réaction, de jour En effet, tout comme un organisme vivant, une ville consomme
comme de nuit ; des matières premières, produit et transforme au travers d’activi-
– mettre en place un dispositif efficace de diffusion de l’alerte tés et rejette des déchets. Cette dynamique s’inscrit dans un envi-
des populations. Peu importe les moyens employés, l’essentiel est ronnement qui, lui-même, réagit avec le système pour aboutir à un
que la commune s’assure qu’elle est capable de diffuser l’alerte à équilibre. Pour De Rosnay, la ville est le catalyseur des
l’ensemble de ses concitoyens ; communications et des innovations. C’est un lieu de confrontation
– prévoir une fonction de commandement du dispositif. L’objec- intense des idées, propre à faire évoluer rapidement le système
tif consiste essentiellement à assurer un suivi de la situation, à « population ». De nombreux points de son étude ont été réutilisés
centraliser les informations et décisions, mais également à mainte- dans la construction du modèle général du territoire proposé dans
nir un lien permanent avec les autres intervenants ; cet article.
– réaliser l’information préventive des populations (DICRIM) en
lien avec le PCS.
1.3 Méthodes et outils pour une analyse
On peut constater que l’analyse et l’identification préalable
globale des risques
des sources de danger et des enjeux constituent une étape
capitale dans le processus de gestion des risques. 1.3.1 Cindyniques
Les cindyniques permettent de déterminer les vulnérabilités
d’une organisation face à une agression [12]. Le postulat de départ
1.2 Territoire, un système complexe (vérifié lors de nombreuses analyses de catastrophes réelles) est
que les catastrophes arrivent lorsqu’un certain nombre de déficits
générateurs de danger sont présents : les DSC (Déficits systé-
1.2.1 Notions de systémique miques cindynogènes).
Il est souvent tentant et presque inévitable pour un profession- ■ La méthode repose sur la notion d’hyperespace de danger [13].
nel d’analyser un objet à la lumière de sa spécialité. Sa formation La situation de danger doit être précisée lors d’une première étape
initiale (souvent disciplinaire) lui donne des repères auxquels il est de l’étude. Cette situation doit être limitée dans le temps et dans
facile de se raccrocher pour appréhender une question nouvelle. Il l’espace. Les réseaux d’acteurs inclus dans l’étude doivent être
devient alors très difficile d’adopter une vision globale et objective connus. Le regard qui est porté sur la situation de danger se fait
qui se voudrait interdisciplinaire et transversale afin d’observer la par référence aux 5 dimensions de danger qui constituent l’hype-
réalité. La démarche systémique permet de modéliser le plus sim- respace du danger :
plement et globalement possible les systèmes complexes.
– les faits de mémoires de l’histoire et des statistiques : il s’agit
des informations stockées dans les banques de données qui
Il existe de nombreuses définitions du terme « système ». exploitent le retour d’expérience ;
Dérivé du mot grec « sustêma » qui signifie « ensemble – les représentations et modèles élaborés à partir des faits. Ils
organisé », un système peut se définir de façon très générale regroupent les connaissances qui servent d’appui aux calculs per-
comme un « ...ensemble d’éléments en interaction dynamique, mettant de quantifier le risque (domaines de la physico-chimie, de
organisés en fonction d’un but... » [9]. la résistance des matériaux, des sciences de la terre, etc.) ;
– les objectifs qui permettent, pour chacun des réseaux
Par « éléments », on désigne les composants du système,
(personnes ou groupe de personnes) impliqués dans les situations
pouvant eux-mêmes être constitués d’autres éléments.
à risque, d’expliciter ses finalités ;
L’ensemble des éléments forme la structure du système. Ces
éléments sont en interaction dynamique, c’est-à-dire qu’ils – les normes, lois, règlements, standards et codes déontolo-
giques ;
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générer un danger. Ces déficits sont au nombre de dix. Ils ont été
constitués à partir d’enquêtes post-accidentelles et sont regroupés
en trois grandes familles : Champ
de danger
– culturels : cultures de l’infaillibilité, du simplisme, de la non
communication et du nombrilisme ;
Effet
– organisationnels : la subordination de la sécurité à d’autres du « champ de danger »
fonctions créatrices de risque et la dilution de responsabilités ;
– managériaux : absence d’un système de retour d’expérience, Événements SYSTÈME SOURCE SYSTÈME CIBLE
de procédures écrites, d’un programme de formation du personnel initiateurs
et de préparation aux situations de crise. internes
■ En réponse à cette problématique, la Méthode organisée systé- À l’origine, la méthode MOSAR était uniquement destinée à
mique d’analyse des risques (MOSAR) [3] apparaît comme bien l’analyse de systèmes techniques. Mais, plus qu’une méthode, il
appropriée. Son objectif est de rechercher les dysfonctionnements s’agit d’un véritable canevas propre à être adapté à tout système
techniques et opératoires d’une installation ou d’un procédé dans considéré. Ainsi, Dassens [19] s’est inspirée de MOSAR pour déve-
un environnement défini dont l’enchaînement peut conduire à des lopper une méthode d’analyse du système complexe de type
événements non souhaités (ENS). L’identification des scénarios « entreprise ». Dans cette étude, un modèle du processus de dan-
d’accident permet le choix, la mise en place, et la validation de ger simplifié a été proposé avec les grilles de sources de danger
barrières de sécurité adéquates. La méthode MOSAR repose sur correspondantes (internes à l’entreprise pour les unes et liées à
deux principes qui structurent l’ensemble de sa démarche : son environnement pour les autres).
– l’approche systémique définie précédemment ; Cette méthode utilise la notion d’événement redouté (ER) qui
– le modèle du processus de danger : ce modèle sert de réfé- correspond à l’ENS utilisé dans MOSAR.
rence pour l’analyse des sources de danger potentielles
intrinsèques au système. 1.3.4 Outil dynamique : les réseaux de Petri
■ Le modèle de processus de danger ([3] [15]) permet de représen-
Les réseaux de Petri sont couramment utilisés dans l’industrie
ter un enchaînement logique tel que schématisé sur la figure 1. Un
(procédés, chaînes de production) pour simuler et modéliser les
événement élémentaire – dit événement initiateur (cause) – permet
systèmes dynamiques. Aussi, leur utilisation est également perti-
l’activation d’une source de danger potentielle. Il en résulte l’appa-
nente pour l’analyse de risques. En particulier, ils ont été utilisés
rition d’un événement initial générateur d’un flux de danger
pour simuler la propagation stochastique des incendies dans les
(matière, énergie, information) qui va provoquer un événement
bâtiments [18].
terminal (conséquence). L’événement terminal peut impacter les
différentes cibles (population, environnement, installations maté- ■ Un réseau de Petri peut être représenté par un graphe orienté
rielles) exposées à la source de danger et, éventuellement, aussi (composé d’arcs) reliant des places et des transitions. C’est un
d’autres sources de danger. graphe bipartite, c’est-à-dire que sont reliées alternativement les
places et les transitions. Les places peuvent contenir des jetons,
représentant généralement des ressources disponibles. Le nombre
Il faut qu’il y ait présence simultanée dans l’espace et le de jetons présents dans la place est le marquage.
temps (champ de danger) d’une source de danger, d’un événe-
ment initiateur, d’un événement initial et d’une ou plusieurs La figure 2 schématise un réseau de Petri constitué de deux
cibles, pour que le processus de danger puisse se réaliser. places et d’une transition (schématisée par un rectangle), ainsi
qu’un arc amont et un arc aval (flèches entre places et transition).
Un jeton occupe initialement la Place 1 (figure 2a). Quand la transi-
■ Un des intérêts du modèle du processus de danger est qu’il per- tion est valide, par exemple quand des conditions de délais sur la
met de décrire des liens de causalité entre les événements initia- transition sont remplies (le temps t de simulation, au cours duquel
teurs et les événements terminaux afin de montrer que les sources le jeton est présent dans la place 1, est supérieur ou égal à δ), il y
Transition Transition
(condition : t > = δ ?) (t > = δ, délai OK)
Les entrées d’une transition sont les places d’où part une flèche pointant vers cette transition.
Les sorties d’une transition sont les places pointées par une flèche ayant pour origine cette transition.
■ Un réseau de Petri évolue lorsqu’une de ses transitions est Subit un contrôle final
effectuée. Une transition est franchissable si chacune des places
en entrée contient au moins le nombre de jetons correspondant au Figure 3 – Exemple de réseau de Petri évolutif
poids de l’arc qui la relie à la transition. Un (ou plus, suivant le
poids de l’arc) jeton est alors consommé dans chaque place amont
et un (ou plus) jeton est produit dans chaque place à l’aval de la
transition.
2. Nouvelle méthode
d’analyse globale
À titre d’exemple, considérons la panne et la réparation d’un véhi-
cule automobile (figure 3). Le véhicule peut prendre trois états des risques
différents : en fonctionnement, en panne et en réparation. Trois tran-
sitions caractérisent le passage entre les états :
sur un territoire
– « tombe en panne » ; Cette nouvelle méthode d’analyse globale des risques sur un ter-
– « part en réparation » ; ritoire suppose l’existence d’un pendant opérationnel. Dans la
– « subit un contrôle final avant sortie ». mesure où l’utilisation de cette méthode est laissée à la discrétion
Les transitions « part en réparation » et « subit un contrôle final de ceux qui assument la responsabilité de la prévention et de la
avant sortie » sont caractérisées, dans ce cas et en première approxi- gestion des risques, et plus exactement, de ceux qui assurent la
mation, par des délais fixes (délai pour réparation = 24 h, délai pour continuité du service sur le territoire, elle doit être accessible, fonc-
remise en route après réparation = 1 h).
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Par exemple, le franchissement de la transition « Part en répara- 2.1 Choix des méthodes et outils
tion » de l’exemple présenté à la figure 3 peut être conditionné par
un message « Réparateur disponible » (indiquant vrai) généré par un La plupart des méthodes et outils présentés § 1 ont été utilisés
autre réseau de Petri qui modélise la disponibilité des réparateurs. dans les différentes étapes qui composent le développement de la
méthode. Seule l’approche des cindyniques n’a pas été abordée 2.2.2 Analyse systémique du territoire
car elles ont pour principal objectif d’améliorer le management
interne. C’est en s’inspirant du modèle de la ville présenté par De
Il nous a semblé prioritaire de s’intéresser en premier lieu au Rosnay [9] que le modèle du territoire proposé pour cette étude a
diagnostic des sources de danger externes avant d’analyser plus été développé. À l’origine, une ville était un concept relativement
finement les sources de dangers internes liées au fonctionnement simple : le regroupement d’individus en un lieu confortable et pro-
des services administratifs du territoire. Ces aspects pourront tégé. Les besoins étaient faibles : de l’eau et un abri contre les
néanmoins être étudiés ultérieurement afin d’affiner cette agressions naturelles. Les besoins se diversifièrent avec le déve-
méthode. loppement des technologies et l’évolution des populations : déve-
loppement des réseaux de transport, aménagement des espaces
d’activités, constitution des réserves de ressources.
2.2 Étude préliminaire : analyse ■ Rappelons (cf. § 1.1.1) que nous avons défini le territoire comme
systémique du territoire un « ...espace géographique borné par des frontières, abritant une
population, soumis à une autorité politique qui lui est propre et
La réalisation d’un modèle systémique du territoire est une pre- considéré en droit comme un élément constitutif de l’État et
mière étape incontournable afin de définir précisément le sujet de comme limite de compétence des gouvernants... ». Sa finalité est
l’étude et d’apporter de l’objectivité à notre analyse. d’ : « ...assurer la sécurité de la population, faciliter les échanges et
abriter les activités humaines... ». On s’intéresse donc, tout particu-
2.2.1 Réflexions préalables lièrement, à la société établie dans l’espace géographique
considéré.
■ Quel est le système territoire objet de l’étude ? Quel acteur
modélise le territoire ? La méthode se voulant la plus générique ■ Après avoir défini la finalité du territoire (ou système) considéré,
possible, il a été dans un premier temps décidé de s’affranchir des il faut en spécifier les autres caractéristiques systémiques
questions concernant la taille du territoire ou l’utilisateur potentiel (environnement, activité, structure et évolution) comme préconisé
de la méthode. Nous avons cependant vite réalisé que la définition par Le Moigne [14] :
du périmètre géographique de l’étude conditionnerait l’ensemble – environnement : comporte l’environnement naturel et le
de l’étude, tout comme l’acteur pour lequel la méthode d’analyse contexte géopolitique et économique ;
des risques est développée. Les préfets de départements et de – activité : transformation de l’énergie et de la matière, catalyse
régions (acteurs potentiels au titre de la planification) disposent de des relations interpersonnelles, codification et régulation des
nombreux services techniques d’aide à la gestion des risques. Les comportements individuels, organisation de la distribution des
maires et adjoints n’ont que très peu de supports. En outre, les produits et répartition des zones d’activités, maintien du bon fonc-
maires détiennent le pouvoir de police sur leur territoire au nom tionnement de ses réseaux et organes ;
duquel ils doivent assurer l’ordre public (salubrité, sécurité, tran-
quillité publique). C’est par conséquent l’acteur maire et le terri- – structure : habitants, logements, entreprises et commerces,
toire communal qui ont été retenus comme modèle de travail pour réseaux de communication et de transport, ouvrages de stockage,
le développement de la méthode. organismes administratifs et financiers, réseaux de distribution
d’énergie et d’élimination des déchets ;
■ Quelle est la finalité de l’étude ? Au choix : – évolution : naît, se développe, se diversifie, décline. Il faut
– s’agit-il de créer un outil semi automatisé permettant d’établir considérer la population comme partie intégrante du territoire,
le Plan communal de sauvegarde ? ainsi que d’autres caractéristiques anthropiques : évolutions éco-
– quelle sera l’interaction avec les méthodes, protocoles, dos- nomiques, démographiques...
siers actuellement utilisés ?
– considère-t-on uniquement le champ d’action du maire ?
■ Nous aboutissons ainsi à un premier modèle du territoire que
nous pouvons compléter par une analyse structurelle (analyse des
– le champ d’action est-il seulement considéré ?
différents éléments qui composent le système) plus approfondie
– s’agit-t-il d’essayer de fournir l’inventaire le plus exhaustif pos-
des finalités :
sible des risques sur une commune ?
– quels sont les risques à considérer ? – assurer la sécurité : logements, services de secours (pompiers,
– quels sont les enjeux à retenir ? SAMU), services de santé (hôpitaux, cliniques) ;
– maintenir l’ordre public : régulation des comportements (lois,
■ Ces différentes questions font émerger la nécessité de
réglementation et application), forces actives (armée, police et
construire un modèle du territoire. En effet, les sources de danger
gendarmerie), centres de rétention ;
peuvent générer, de part leur activation, des événements non sou-
haités qui perturbent l’état de marche parfaite du système terri- – faciliter les échanges : réseaux de transport et d’adduction et
toire. infrastructures associées (gares, aéroports...), réseaux de commu-
nications (téléphone, radio, télévision, satellites...), infrastructures
Est sous-entendu par événement non souhaité tout événement de transit (hôtels) ;
portant atteinte au bon fonctionnement du territoire, que ce soit
– faciliter les activités : administration, industries, agriculture,
une désorganisation dans sa gestion, des perturbations dans les
artisanats, commerces, restauration, lieux de culte, éducation,
communications, une atteinte de la population ou l’arrêt d’une
sports, loisirs.
activité de production...
■ La méthode doit permettre au maire d’identifier un grand ■ S’appuyant sur cette analyse structurelle, on peut donc dégager
nombre de sources de danger et de scénarios d’accident sur sa une nouvelle typologie des risques sur un territoire. En effet,
commune. Les sources de danger qui seront donc considérées ne peuvent être considérés comme modes de défaillances la non
sont pas seulement celles sur lesquels le maire ou les services atteinte ou une atteinte dégradée des finalités [19].
techniques communaux peuvent agir. Dans l’idéal, l’objectif de la S’appuyant sur cette définition, nous obtenons trois grands
méthode serait, dans le futur, de fournir au responsable de la types d’atteintes sur les cibles pour le système territoire :
commune une vision globale des risques repérés sur son territoire,
afin qu’il puisse hiérarchiser les mesures (de prévention et/ou de – atteinte à la population ;
protection) qui s’imposent à son niveau et transmettre les informa- – échanges perturbés ou difficiles ;
tions aux administrations supérieures (ou parallèles). – activité(s) impraticable(s) ou perturbée(s).
Collecte et
traitement 2.3 Identification des sources de danger
des déchets
Sous-système technique
(infrastructures, réseaux de transport,
d’utilités, de communication
et les activités industrielles)
Sous-système
environnement Sous-système
(géographie, géologie, social et sanitaire
climat, faune et flore) (population, association
de personnes, individus)
Sous-système Sous-système
organisationnel économique
(justice, force de l’ordre, (capitaux, marchés locaux et
services de soin internationaux, dynamisme
et de secours) économique local)
Sous-système
politique
de s’y retrouver.
environnements
3 Séisme
Risques liés
4 Sécheresse
5 Feux de forêts Les grilles de processus de danger ont été construites pour
permettre l’assemblage simplifié de processus en scénarios,
6 Avalanche et mettre leur édification à la portée d’un élu.
7 Tempête
8 Fortes précipitations Il suffit pour cela de reprendre les événements terminaux d’un
processus et d’identifier dans quels processus ils apparaissent en
9 Chute d’arbre, poteau, grue
tant qu’événements initiateurs. Un premier scénario à deux étapes
10 Explosion (les deux processus impliqués) sera ainsi édifié. Cette étape peut
être réitérée autant de fois qu’un couplage existe. Le tableau 4
11 Dispersion de produits toxiques décrit des couplages entre processus.
12 Incendie Le scénario présenté dans le tableau 4 est linéaire. Des arbores-
13 Perte de confinement cences plus compliquées peuvent être obtenues quand des che-
aux sous-systèmes techniques
17 Accident transport terrestre de la figure 7). Il peut exister des connections assez compliquées
entre processus.
18 Accident transport maritime
19 Centrale électrique hors service Par exemple, la source de danger 5 (SD5) provoque l’événement
20 Coupure électrique générale terminal 1 (ET1), qui est une des causes des sources de danger 2 et
21 Station de traitement de l’eau potable 3 (SD2 et SD3), et une des conséquences de SD1.
hors service Si EI1 = ET1, alors il y a re-bouclage de processus, car EI1 est
22 Coupure de l’adduction en eau potable l’événement initiateur de SD1.
23 Coupure des réseaux télécoms Le couplage entre processus pourrait donc être aussi modélisé
23 Manque de combustibles au travers d’une matrice d’incidence-influence, telle que celle pro-
24 Coupure des voies de communication posée par Dassens ([1] [19]).
25 Destruction des récoltes Il est possible de construire ainsi un très grand nombre de scé-
sous-systèmes
économiques
Risques liés
27 Produits invendables failles sur des installations sensibles, ou de répondre à des exi-
28 Baisse des revenus gences administratives (pour la rédaction d’un Plan communal de
sauvegarde notamment).
29 Augmentation des dépenses
30 Violences urbaines
sous-systèmes
Risques liés
3. Vers la modélisation
et sanitaire
31 Épidémie
social
aux
32
33
Canicule
Criminalité – Drogue – Prostitution
dynamique des risques
34 Attentat sur un territoire
35 Crise du logement
et organisationnels
aux sous-systèmes
36 Exode
3.1 Utilisation des réseaux de Petri
Risques liés
politiques
– EN_02 : Inondation
– EN_14 : Fortes précipitations – Dommages au bétail, aux cultures
– EN_01 : Ruissellement
– EN_04 : Fonte des neiges – Endommagement, destruction de
– EN_06 : Érosion
– ET_13 : Rupture de barrage Cours d’eau la flore et de la faune, disparition
– EN_08 : Coulées de boues
2 Inondation ou de digue Sols du sol cultivable, pollutions diver-
– EN_03 : Création d’embâcles
– EN_03 : Création d’embâcle impérméabilisés ses, dépôts de déchets, boues,
– ET_12 : Corrosion
– EOP_02 : Réseau d’assainis- débris, etc.
– ET_10 : Encombrement du sol
sement pluvial saturé – Paralysie des services publics
– EN_10 : Pollution de l’eau
– Inondation des voies terrestres
– Morts, noyade, personne bles-
sées, isolées ou déplacées
– ET_06 : Pénurie d’eau
– EN_10 : Pollution de l’eau
Station de
– ET_12 : Corrosion
traitement Station
– EN_24 : Déformation du sol – EOP_01 : Traitement – Production d’eau potable
de l’eau de traitement
21 – ET_28 : Pénurie de pétrole de l’eau défaillant arrêtée
potable de l’eau
– ET_06 : Pénurie de matières – ET_27 : Perte de l’AEP – Stagnation de l’eau
hors potable
premières
service
– ET_18 : Perte de l’alimenta-
tion électrique
Les réseaux de Petri interprétés (échangeant des messages) sont Déclenchement du Transition
utilisés pour simuler les scénarios couplant différents processus de processus : Décl
danger. Pour ces réseaux, différentes grandeurs peuvent être Source de danger : SD Place amont (place 1)
affectées aux transitions. Comme précédemment mentionné, une
Réalisation du processus : ER Place avale (place 2)
des formes simples d’interprétation consiste à échanger des mes-
sages de type booléen entre diverses transitions. On attribue ainsi Événement initiateur : EI Message (garde) : ??M1 (« ?? »
des gardes (conditions à remplir pour autoriser la transition) et des indique qu’un message doit être
affectations (conditions provoquées au passage de la transition). reçu)
Compte tenu de ces caractéristiques, une analogie entre réseau Événement terminal : ET Message (affectation) : !!M2
de Petri et modèle de processus de danger a été réalisée et est pré- (« !! » indique qu’un message
sentée dans le tableau 5. est émis)
ER Transition = Décl
Des lois mathématiques peuvent caractériser les délais de El = = ET
transitions. La seule utilisée actuellement dans la méthode est Décl ??M1 !!M2
El
le Dirac (abrégé Drc). SD
place 1 = SD place 2 = ER
Le dirac sert de temporisation ou de délai avant l’exécution ET
d’une transition.
a processus de danger
?? MES1
?? MES2
MES1 : Digue fragilisée
!! MES3
MES2 : Accident fluvial
MES3 : Digue détruite Digue Rupture de la digue
Messages MES4 : Inondation
MES5 : Dommages matériels
?? MES3
?? : Un message doit être reçu
!! MES4
!! : Un message est émis
!! MES5
Cours d’eau Sortie du lit
b réseaux de Petri correspondants
Figure 8 – Exemple d’application des réseaux de Petri (b) pour représenter le couplage de processus de danger (a)
6 5 3
9
1 8 10 Arbre Débris Ouvrage
Fortes_
Digue jeton = 1 jeton = 1 jeton = 1
Fonte des neiges précipitations Marée
jeton = 1 jeton = 1 jeton = 1 jeton = 1
Tr2
Tr3 drc 0
drc 0 Tr4
0 exp 1E-3 ?? (ET_01==vrai) ou (EO_01==
Tr6 Tr7 Tr8 ?? (EN_07==vrai) ou (EN_01==vrai) ou (EN_01==vrai)
(ET_01==vrai) ou (EO_01==vrai) exp 1E-3 (EN_13==vrai) ou (EN_14==vrai) ?? ET_04==vrai
exp 1E-3 exp 1E-3 !! ET_03=vrai
ou (EN_01==vrai) ?? EN_12==vrai ?? EN_11==vrai
?? EN_12==vrai
ET_02=vrai !! EN_02=vrai !! EN_04=vrai !! EN_05=vrai !! EN_07=vrai
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2
11 7
Rupture de la digue
jeton = 0 Crue Embacle
jeton = 0 jeton = 0
12
Débordement
jeton = 0
Figure 9 – Exemple de réseau décrivant l’événement redouté « Débordement » par réseaux de Petri (d’après [21])
Gravité 0
En effet, l’une des caractéristiques des RdP, qui n’a pas
encore été utilisée, est la possibilité de mettre plusieurs
Figure 10 – Expression de la gravité des conséquences
jetons dans les places. En discrétisant une transition au avec un réseau de Petri suite à l’explosion
niveau de ses affectations, le réseau peut déterminer aléatoi- d’un réservoir d’hydrocarbures (d’après [21])
rement le nombre de jetons générés par une transition en
fonction de probabilités d’occurrence préalablement détermi-
nées (tir à la sollicitation). Il suffit alors d’affecter une échelle Usure de la digue Rupture de la digue
de gravité au nombre de jetons présents dans une place. δ=365 δ=0
!!DD=DD-1 ??DD=0
Décrue_3
Considérons par exemple un stockage d’hydrocarbures dangereux, δ=5
dont le niveau peut varier au cours du temps. La distribution suivante !!DD=DD-1 Digue Digue HS
peut être considérée :
– le réservoir est plein 20 % du temps ; Décrue_2
– le réservoir est à moitié rempli 70 % du temps ; δ=5
!! DD=DD-3
– il est vide 10 % du temps.
Le processus modélisé va se décomposer en 5 places et 2 transi- Type de crue
tions (tel que décrit sur la figure 10). La première place (« capacité Occurence_crue δ=0 Crue décénale
HC ») correspond à la présence d’une capacité d’hydrocarbures, δ=365 Sol 0.0901, 0.901
constituant une source de danger potentielle. La transition (« rupture
de la capacité ») qui suit cette place contient les gardes (correspon-
dant aux événements initiateurs susceptibles d’activer la source de Rivière Crue Crue annuelle
danger) et mène à une deuxième place (« explosion »). De cette
place, part une transition (« libération d’énergie ») à laquelle sera
affecté un tir à la sollicitation (choix d’un arc selon des probabilités
préétablies précédemment, soit 0,2, 0,7 et 0,1). Cette transition des- Crue centennale
Décrue_1
sert trois places correspondant à différentes gravités de l’explosion. δ=5
Les arcs arrivant vers ces trois places seront affectés d’un poids qui !!DD=DD-8
paramètre le nombre de jetons envoyés, ce nombre dépendant de la
gravité (de 0 jetons, pour la première place, à trois jetons pour la der- Figure 11 – Modélisation du vieillissement et de la maintenance
d’une digue (d’après [21])
nière par exemple).
La gravité pourra ainsi être assimilée au nombre de jetons présents
dans la place considérée. 3.6 Test de l’impact des mesures
de prévention-protection
3.5 Détermination du vieillissement
La construction d’un réseau rassemblant des processus de dan-
et des cycles de maintenance ger présente pour avantage de permettre dans un second temps
Le réseau de Petri ainsi programmé peut également servir à d’intégrer des barrières de prévention et de protection au modèle
simuler l’usure des infrastructures, et donc à planifier des cycles afin d’en évaluer leur efficacité. En effet, les effets dominos étant
de maintenance sur les installations. Il est en effet possible de nombreux, il est difficile d’estimer a priori l’ensemble des béné-
paramétrer des variables évolutives au niveau des transitions avec fices dus à l’installation d’une barrière de protection. Les liaisons
un système d’incrémentation. internes paramétrées dans le réseau permettent de s’affranchir de
ce travail fastidieux puisque tous les effets dominos sont
Prenons l’exemple d’une digue (figure 11). Un vieillissement natu- considérés. L’utilisateur peut ainsi rapidement distinguer l’impact
rel, dû à l’érosion continue provoquée par le cours d’eau, peut lui être de certaines mesures sur l’ensemble des processus et ainsi choisir
affecté. Il se peut également que la digue subisse des dommages les plus efficaces.
considérables, mais non destructifs, suite à une sécheresse, un choc Les valeurs prises pour les exemples présentés précédemment
ou une crue. En lui associant un capital de durabilité stocké dans une sont totalement arbitraires. La démarche présentée permet néan-
variable réelle DD (pour « Durabilité de la Digue »), définie dans le moins d’apprécier l’efficacité du formidable outil que sont les
réseau et dont la valeur initiale serait maximale (au moment de sa réseaux de Petri et leurs nombreuses applications possibles.
construction ou de sa rénovation), il est possible de simuler sa dégra- Des exemples plus grands peuvent être édifiés (échelle du terri-
dation progressive en retirant des points de durabilité lors du passage toire). Ils sont compliqués, mais néanmoins réalisables. De plus, il
de transitions dégradantes (crue, choc...). n’y a pas de limite de taille pour ces réseaux.
On peut également définir un seuil de durabilité au-delà duquel la
digue sera totalement détruite. Il convient de noter cependant que les erreurs d’appréciation
sur le choix des variables se propagent et les résultats ne sont
En simulant un grand nombre d’histoires sur ce réseau, une durée de
pas toujours pertinents si chaque paramètre n’est pas choisi
vie moyenne de la digue avant ruine de celle-ci pourrait être estimée et
avec précision.
utilisée pour déterminer les cycles de maintenance et d’entretien.
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Sites Internet
Portail de la prévention des risques majeurs :
http://www.prim.net/citoyen/definition_risque_majeur/definition.html