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Amour-cupiditas
Amour-caritas
Amour dilectio
L'amour dilectio n'est guidé ni par le désir (appetitus) ni par l'objet, mais n'est que « l'attitude
objective préassignée de l'homme qui, toujours là dans le monde, vit dans l'avenir absolu »175. Il
existe une hiérarchie de ce qu'il faut aimer : d'abord ce qui est au-dessus de nous (supra nos),
puis nous et ce qui est à côté (iuxta nos), le prochain (proximus), et ce qui est en dessous de
nous (infra nos), le corps venant en dernier. L'amour dilectio accomplit les commandements, les
lois dans une perfection qui est fonction de la grâce de Dieu et qui donc ne dépend pas que de
l'être humain176.
L'amour du prochain (dilectio proximi) est un amour-renoncement où après être entré dans un
amour-charité avec Dieu et l'éternité, on a renoncé à soi, ce qui pour Arendt signifie qu'on « aime
tous les hommes sans la moindre différence »177. Ce qui frappe Arendt dans l'amour du prochain
chez Augustin, c'est justement que les individus restent isolés, car dans ce type d'amour, on aime
l'amour : « Peut-il aimer son frère sans aimer l'amour ? Nécessairement il aime l'amour. En
aimant l'amour, il aime DieuN 11. » Cette solitude interroge Arendt, qui lie cette forme d'amour à
la Cité de Dieu, où les hommes sont également tenus de s'aimer mais où ce n'est plus le genre
humain qui compte, mais les êtres particuliers, et où « toute relation à l'autre devient un simple
passage vers la relation directe à Dieu »