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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 523–532

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Article original

Développement intellectuel de l’enfant tunisien.


Constats et perspectives
Intellectual development about the tunisian child:
fact and perspectives
R. Ben Rejeb
Faculté des sciences humaines et sociales, 94, boulevard du 9-avril, 1007 Tunis, Tunisie
Reçu le 5 juin 2003 ; accepté le 8 juin 2004

Résumé

Ce texte comprend deux volets. L’auteur résume d’abord les étapes du travail d’adaptation et d’étalonnage d’un test d’intelligence français :
« les échelles différentielles d’efficiences intellectuelles » (EDEI) de Michèle Perron–Borelli, aux enfants tunisiens âgés de trois à 11 ans. Cet
étalonnage a été réalisé sur un échantillon représentatif composé de 531 enfants tirés au sort dans toute la Tunisie. Ce travail, premier dans son
genre en Tunisie, illustre l’avènement d’une psychométrie objective en clinique infantile tunisienne. L’auteur expose dans une deuxième étape
les résultats de sa recherche, menée auprès de la même population avec le test adapté, sur l’intelligence de l’enfant tunisien par rapport à trois
facteurs : l’âge, le sexe et le milieu.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

The author puts first forward the main steps in an adaptation and standardization of a french intelligence test: Differential scales of
intellectual efficiency (EDEI) by Michèle Perron–Borelli, applied to tunisian children aged 3–11 years. Subjects (531 children) were drawn
from a representative sample of the whole population of Tunisia. In a second time, the author shows the result about the intelligence of Tunisian
children as referred to three factors: age, sexe and social environment. This study led us to some crucial conclusions about Tunisian children’s
development.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Test d’intelligence ; Développement ; Culture ; Adaptation ; Étalonnage ; Tunisie

Keywords: Intelligence; Test; EDEI; Tunisia; Age; Sex; Socioeconomic differences

1. Introduction règles constitue la condition d’admission dans l’univers


scientifique de la psychométrie.
La construction ou l’adaptation d’un test répondent à des
règles méthodologiques rigoureuses qui font partie du travail Or, depuis l’élaboration à partir de 1905 par Alfred Binet
d’étalonnage. Celui-ci vise l’obtention de normes numéri- du premier test d’intelligence dans l’histoire de la psychomé-
ques caractéristiques d’une population précise et la vérifica- trie (l’échelle métrique de l’intelligence, plus connue sous le
tion des qualités métrologiques du test. Le respect de ces nom de Binet-Simon) [11], il n’existe pas, en psychologie
clinique et en psychiatrie, de tests d’intelligence adaptés et
étalonnés à notre réalité. Les tests utilisés à l’étranger ne
Adresse e-mail : riadhbrejeb@yahoo.fr (R. Ben Rejeb). permettent pas, dans le contexte tunisien, de constituer une
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doi:10.1016/j.neurenf.2004.06.007
524 R. Ben Rejeb / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 523–532

mesure objective du niveau intellectuel. L’intelligence subit termes d’A.D. (âge de développement) et/ou de QD. (quo-
les effets des processus de socialisation spécifique à chaque tient de développement), une intelligence générale. Il permet
culture. Elle dépend de la langue mais aussi de l’environne- ensuite d’évaluer trois niveaux intellectuels : verbal, non
ment éducatif, pédagogique, culturel voire politique dans verbal et catégoriel. Il se distingue enfin par le fait qu’il
lesquels baigne le sujet [10]. Un tel travail d’adaptation était permet d’isoler et d’évaluer à part sept types différents d’in-
nécessaire pour garantir une évaluation objective de l’intelli- telligence correspondants aux sept échelles qui le composent
gence de l’enfant tunisien et pour mieux comprendre le (intelligences lexicale, scolaire, sociale, logique verbale, lo-
phénomène de l’échec scolaire. Nous savons, en effet, que gique non verbale, logique catégorielle et pratique). Les
depuis le début de la première réforme de l’enseignement, résultats à ce test montrent que l’intelligence de même que la
celle de 1958, plusieurs rapports, dont ceux du ministère de déficience intellectuelle ne sont pas stables. Il y a une évolu-
l’éducation nationale, relevaient l’importance du taux de tion et des déplacements possibles d’un état à un autre. C’est
déperdition scolaire. Ce taux a atteint son apogée en 1970, d’ailleurs la raison pour laquelle on parle de QD [29]. Et c’est
avec 40,09 %, touchant presque la moitié de la population sur cette base que Roger Misès a élaboré en conséquence une
scolarisée [24]. On peut se demander si les enfants tunisiens nouvelle classification des maladies mentales de l’enfant et
en situation d’échec scolaire sont vraiment tous des « débi- de l’adolescent [26].
les » et quel est leur devenir d’autant que depuis l’indépen-
dance de la Tunisie, le secteur éducatif absorbe toujours la
2.2. Méthodologie
part des dépenses budgétaires la plus importante et que l’en-
seignement primaire et/ou de base constitue la seule voie
d’accès au savoir. 2.2.1. Matériel
L’outil princeps de ce travail est le test d’intelligence
français : les Échelles Différentielles d’Efficiences Intellec-
2. Étalonnage des EDEI à la population tunisienne tuelles de Michèle Perron-Borelli [27].
Populations de la phase de pré-étalonnage :
2.1. Choix, présentation et utilité du test EDEI
Le travail d’adaptation et d’étalonnage des EDEI a com-
porté deux principaux moments : Le premier appelé pré-
Nous avons choisi d’adapter un test d’intelligence français
étalonnage a été réalisé sur une période de quatre ans (de
élaboré par Mme Michèle Perron-Borelli et qui a pour nom
1987 à 1991). C’est une phase de traduction, suppression et
Les échelles différentielles d’effıciences intellectuelles
remplacement d’items (questions) selon des critères bien
(EDEI). Ce test, destiné aux enfants âgés de trois à 11 ans, a
déterminés. Ce moment se subdivise en une phase de mise à
été publié sous sa forme originale en 1974. Nous l’avons
l’essai (Tableau 2) dans le service de pédopsychiatrie de
découvert lors de notre stage de trois années, effectué de
Tunis du Pr Mohamed Halayem sur 27 enfants consultants,
1983 à 1986, à « la fondation Vallée » à Gentilly dans la
banlieue sud de Paris. Lors de la réalisation du présent puis une phase de pré-étalonnage proprement dit sur un
travail, ce test subissait en France un réétalonnage qui a échantillon de 60 enfants normaux de la région du Cap-Bon
abouti à une forme révisée des EDEI [28]. Pour notre travail, (Tableau 3). Cette deuxième phase a permis de choisir défi-
nous nous référons à l’édition de 1978 de ce test [27]. nitivement les items, les précisions techniques et linguisti-
Ce test s’inscrit dans la perspective des théories du déve- ques et les techniques de notation des réponses. Elle a permis
loppement intellectuel et participe à l’éclatement de la notion également la proposition d’un premier découpage de ce test,
d’intelligence (Tableau 1). Il permet d’abord d’évaluer en non statistique, en version complète et réduite [5,6]. La
version complète comprend la totalité des sept échelles du
Tableau 1 test. La version réduite se compose des échelles II (des
Présentation analytique du test EDEI connaissances) et VI (d’analyse catégorielle).
Échelles ver- I. le vocabulaire
bales II. les connaissances
III. la compréhension sociale 2.2.2. Population de la phase d’étalonnage
IV. la conceptualisation Échelles catégorielles Le deuxième moment, appelé étalonnage (Tableau 4)
Échelles V. la classification cherche à aboutir à un nouvel ordre de difficulté croissante
non verbales VI. l’analyse catégorielle des items, à de nouvelles tables d’étalonnage et à l’étude des
VII. l’adaptation pratique qualités métrologiques de la version tunisienne des EDEI. La
Tableau 2
Présentation de la population de la phase de mise à l’essai
Sexe/Âge 3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans Total
Garçons 1 1 1 1 4 3 1 5 7 24
Filles 0 1 0 0 0 1 1 0 0 3
Total 1 2 1 1 4 4 2 5 7 27
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Tableau 3
Présentation de la population de la phase de pré-étalonnage
Sexe/Âge 3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans Total
Garçons 2 5 5 3 3 3 3 3 3 30
Filles 2 5 5 3 3 3 3 3 3 30
Total 4 10 10 6 6 6 6 6 6 60

Tableau 4
Répartition de la population de l’échantillon de l’étalonnage
Sexe/Âge 3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans Total
Garçons 26 30 30 30 30 30 30 30 30 266
Filles 25 30 30 30 30 30 30 30 30 265
Total 51 60 60 60 60 60 60 60 60 531

collecte des données a été réalisée au cours de l’année sco- mière a concerné les performances des enfants d’âge prés-
laire 1991–1992 sur un échantillon composé de 531 enfants colaire (4 et 5 ans). La deuxième a concerné les enfants
tunisiens âgés de trois à 11 ans répartis en neuf tranches d’âge scolaire (de 6 à 10 ans) ;
d’âges et préscolarisés et scolarisés dans toute la Tunisie. Ces • nous avons effectué des matrices de corrélations (r de
enfants sont tirés au sort selon un découpage en six grandes Bravais-Pearson) pour évaluer systématiquement le degré
régions socio-économiques (90 enfants par région) proposé et la direction (positive ou négative) des liaisons possibles
par le ministère du Plan, (nord-est, nord-ouest; centre-est, entre les épreuves et ce pour la population totale et pour
centre-ouest; sud-est et sud-ouest) puis selon un tirage au sort les huit groupes d’âges : trois à quatre ans, quatre à
de cinq localités de chacune de ces régions. Notre échantillon cinq ans, cinq à six ans, six à sept ans, sept à huit ans, huit
comprend 60 enfants de chaque tranche d’âge sauf pour la à neuf ans, neuf à dix ans et de dix à 11 ans.
tranche d’âge de trois ans pour laquelle nous n’avons pu Tous ces calculs statistiques ont été élaborés à partir des
tester que 51 enfants. données brutes (total des notes exprimé en points) des en-
Nous soulignons le fait que l’étalonnage tunisien se dis- fants.
tingue par sa solidité sur le plan de la méthodologie par
2.3. Résultats
rapport aux étalonnages du test original français. En effet,
l’étalonnage de 1978 des EDEI a été réalisée dans Paris et la Nous avons élaboré d’abord les tables d’étalonnage tuni-
région parisienne sur 280 enfants âgés de 3, 4, 5, 7, 9 et siennes. Nous avons ensuite procédé à la vérification des
11 ans. L’étalonnage de 1996 (EDEI-R) a été réalisé sur 600 qualités métrologiques principales du test : sa sensibilité, sa
enfants âgés de quatre à neuf ans de trois régions : Paris, fidélité et sa validité [9].
l’Aquitaine et le Centre. L’étalonnage tunisien, réalisé sur La qualité centrale d’un test s’inscrivant dans la perspec-
531 enfants (EDEI-A ; 1997), reflète une représentativité à la tive du développement intellectuel demeure incontestable-
fois au niveau de toutes les tranches d’âges de 3 à 11 ans et au ment la sensibilité. Elle a pour objectif d’étudier le pouvoir
niveau de toutes les régions de la Tunisie. Cet étalonnage différenciateur des échelles en fonction de l’âge. La sensibi-
d’ordre national, aboutit par conséquent, à des normes numé- lité est étudiée par le biais de la progression génétique des
riques (tables d’étalonnage) on ne peut plus objectives. résultats, soit à partir du calcul des moyennes des notes
brutes, des écarts-types des distributions construites sur les
2.2.3. Outils statistiques données de l’étalonnage puis le calcul des t de Student sur les
L’étude des qualités métrologiques de la version tuni- moyennes des notes qui comparent les moyennes entre cha-
sienne des EDEI a été réalisée avec les outils suivants : que tranche d’âge ou de chaque couple d’âge. Le Tableau 5
• l’étude de la sensibilité du test a été réalisée au moyen du montre clairement le caractère progressif net des moyennes
calcul des moyennes, écarts-types et du t de Student- des notes obtenues d’une tranche d’âge à une autre pour les
Fisher. Celui-ci permet d’étudier la progression génétique sept échelles du test. Le Tableau 6 présente les t de Student
comparative et différentielle des résultats à partir de va- pour huit couples d’âges successifs (3–4, 4–5, 5–6, 6–7, 7–8,
leurs calculées entre groupes d’âges successifs ; 8–9, 9–10 et 10–11 ans). Il montre globalement le caractère
• l’étude de la fidélité et de l’homogénéité ont été réalisées progressif net des performances intellectuelles des enfants de
au moyen du coefficient alpha de Cronbach, de la méthode l’étalonnage au niveau de toutes les échelles.
pair–impair et au moyen des corrélations items-test ; La fidélité interne d’un test tient à la constance et à la
• l’étude de la validité a été réalisée par les calculs des stabilité de ses résultats. Nous l’avons étudiée par le biais du
corrélations entre échelles et les analyses factorielles. Les test alpha de Cronbach (homogénéité) puis par la méthode
analyses factorielles ont été effectuées par la méthode de pair–impair. Le Tableau 7 montre des valeurs très élevées qui
composante principale avec la rotation Varimax. La pre- reflètent la forte cohérence et la haute fidélité interne du test.
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Tableau 5
Moyennes et écarts-types pour la population totale
Échelles Âges
3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans
IA-Vocabulaire A my 12,34 17,38 20,23
r 3,89 4,54 5,31
IB-Vocabulaire B my 7,05 10,33 14,55 16,95 19,58 21,02
r 4,23 3,70 4,95 3,84 3,77 3,12
II-Connaissances my 3,80 5,85 8,20 12,97 15,95 18,35 20,15 22,70 24,22
r 2,01 2,72 3,55 2,66 2,24 3,01 2,55 2,14 2,36
III-Compréhension sociale my 7,02 11,12 13,35 18,65 22,40 25,58 27,37 29,93 31,08
r 3,30 3,98 4,16 4,00 3,37 4,61 3,74 3,34 3,44
IV-Conceptualisation my 2,39 4,58 5,97 7,57 10,98 14,10 16,07 18,45 19,63
r 2,29 2,51 3,43 3,24 3,54 4,24 3,04 3,35 2,48
VA-Classification A my 2,75 4,73 6,68
r 2,40 2,75 2,09
VB-Classification B my 11,07 13,72 15,58 17,20 18,73 19,82
r 3,57 3,86 3,84 3,06 3,05 2,68
VIA-Analyse catégorielle (séries) my 2,96 6,75 9,08 13,45 16,32 18,52 19,28 20,90 21,33
r 4,07 5,02 4,83 4,65 3,79 4,52 3,42 3,46 2,69
VIB-Analyse catégorielle (global) my 3,47 8,28 10,47 16,50 20,83 25,17 26,73 30,27 31,32
r 5,31 7,13 6,94 7,08 6,27 7,81 5,95 5,77 4,75
VII-Adaptation pratique my 10,75 16,47 19,67 20,33 23,58 28,77 30,22 33,08 36,22
r 7,00 6,93 7,28 6,42 7,57 6,18 7,39 5,84 4,97

Tableau 6
t de Student-Fisher pour la population totale
Échelles Couples d’âge
3–4 ans 4–5 ans 5–6 ans 6–7 ans 7–8 ans 8–9 ans 9–10 ans 10–11 ans
IA-Vocabulaire A 6,18 3,42
IB-Vocabulaire B 4,54 5,28 2,97 3,79 2,27
II- Connaissances 4,55 4,08 8,38 6,65 4,95 3,53 5,93 3,69
III-Compréhension sociale 5,84 3,00 7,11 5,55 4,31 2,33 3,96 2,39
IV- Conceptualisation 4,77 2,52 2,63 5,52 4,37 2,92 4,08 2,20
VA-Classification A 4,02 4,38
VB-Classification B 3,90 2,66 2,55 2,75 2,06
VIA-Analyse catégorielle/séries 4,39 2,60 5,05 3,70 2,89 1,05 2,58 0,77
VIB-Analyse catégorielle/global 4,07 1,70 4,72 3,55 3,35 1,24 3,30 1,09
VII-Adaptation pratique 4,32 2,47 0,53 2,54 4,11 1,17 2,36 3,16
Seuils de signification : p = 0,05 pour t ≥ 2.00 ; p = 0,01 pour t ≥ 2,66 ; p = 0,001 pour t ≥ 3,46.

Tableau 7 sur les résultats des enfants d’âge préscolaire (4 et 5 ans)


Calcul de la fidélité interne nous a permis d’identifier essentiellement deux facteurs
Échelles Homogénéité Fidélité pair–impair confirmés après la rotation Varimax : Le premier facteur
(alpha de Cronbach) (r corrigé)
regroupe toutes les épreuves verbales et les sature fortement.
Vocabulaire A 0,87 0,88
Vocabulaire B 0,89 0,91
Le deuxième facteur regroupe très clairement toutes les
Connaissances 0,86 0,87 épreuves non verbales et les sature également très fortement.
Compréhension sociale 0,90 0,93 Ainsi, pour les enfants d’âge préscolaire, la distinction est
Conceptualisation 0,90 0,92 nette entre deux grands types d’axes : épreuves verbales et
Classification A 0,84 0,86 épreuves non verbales comme l’illustre le Tableau 8.
Classification B 0,81 0,80 L’analyse factorielle sur les résultats des enfants d’âge
Analyse catégorielle 0,93 0,91 scolaire (6 à 10 ans) a permis d’identifier (avant et après la
Adaptation pratique 0,86 0,91 rotation), deux facteurs qui sont nettement moins bien définis
MOYENNE 0,87 0,89
par rapport à l’analyse concernant les enfants âgés de 4 et
5 ans. En effet, le deuxième facteur regroupe uniquement
Les études de la validité du test EDEI-A (arabe) par le deux des épreuves non verbales. Ce sont les échelles V de
biais des analyses factorielles à partir des calculs des matri- classification et VI d’analyse catégorielle. Ces deux échelles
ces de corrélations entre les échelles ont montré que seuls ont en commun d’être les seules épreuves des EDEI de type
deux facteurs ont marqué ces analyses. L’analyse factorielle logicomathématique dans le sens piagétien du terme
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Tableau 8
Saturation (après la rotation Varimax) des sept échelles sur les deux premiers facteurs pour la population d’âge préscolaire (4 à 5 ans)
Facteur no 1 Facteur no 2
I-Échelle de Vocabulaire (A) 0,71 V-Échelle de Classification (A) 0,61
II-Échelle des Connaissances 0,80 VI-Échelle d’Analyse catégorielle 0,88
III-Échelle de Compréhension sociale 0,88 VII-Échelle d’Adaptation pratique 0,77
IV-Échelle de Conceptualisation 0,83

Tableau 9
Saturation (après la rotation Varimax) des sept échelles sur les deux premiers facteurs pour la population d’âge scolaire (6 à 10 ans)
Facteur no 1 Facteur no 2
I- Echelle de Vocabulaire (B) 0,72 V- Echelle de Classification (B) 0,77
II- Echelle des Connaissances 0,72 VI- Echelle d’Analyse catégorielle 0,87
III- Echelle de Compréhension sociale 0,74
IV- Echelle de Conceptualisation 0,69
VII- Echelle d’Adaptation pratique 0,83

puisqu’elles s’inspirent des épreuves cliniques de classifica- pays arabes. Cependant, son utilisation optimale reste tribu-
tion et de trichotomie développées par J. Piaget [30]. On le taire de son étalonnage sur des populations d’enfants de ces
voit clairement sur le Tableau 9. pays.
Par ailleurs, le calcul des analyses factorielles nous a
permis de distinguer et d’isoler deux formes des EDEI-A :
3. Intelligence et culture. Développement intellectuel
une forme complète et une forme réduite. La forme complète
de l’enfant tunisien
est composée par les sept échelles constituant le test. La
forme réduite est composée de deux échelles spécifiques : les Une fois le test EDEI tunisié, nous avons voulu étudier le
échelles III de Compréhension sociale et VI d’Analyse caté- développement de l’intelligence et les rapports que celle-ci
gorielle qui sont les plus fortement corrélées de toutes les entretient avec la culture notamment dans le contexte parti-
échelles du test. culier de la société tunisienne actuelle. Notre approche ainsi
que notre problématique ont une portée nationale. Il s’agit de
2.4. Champs d’application des EDEI-A procéder à une sorte de bilan de l’intelligence de l’enfant
tunisien et de saisir dans une approche descriptive et synthé-
Les EDEI-A sont utilisées dans les domaines de la psycho- tique certaines relations qui peuvent exister entre l’intelli-
logie clinique, pédopsychiatrique, pédiatrique et scolaire gence et le fait culturel [7,8].
pour bien mettre en évidence essentiellement le fonctionne-
ment intellectuel du sujet dans les divers secteurs de l’intel- 3.1. Hypothèses de recherche
ligence. Elles permettent aussi le dépistage précoce des dif-
ficultés intellectuelles des enfants en milieu préscolaire et Elles s’inspirent des données de la littérature relatives aux
scolaire pour, éventuellement, les orienter vers des classes travaux de la psychologie du développement (dont Binet,
spécialisées ou pour une prise en charge psychopédagogique [11]; Piaget, [30]), les études différentielles des sexes (dont
et/ou psychothérapique adéquate. Les EDEI-A sont utiles Fitouri, [15]; Maccoby et Jacklin, [23]; Baudelot et Establet,
dans tous les secteurs qui ont un rapport quelconque avec [2]) et les études de l’influence du milieu socio-culturel (dont
l’enfance inadaptée ou menacée de le devenir. Brunet, [12]; Reuchlin, [31]; Ben Miled, [4] et Lautrey, [21]).
L’utilisation de la forme complète des EDEI-A permet une Sur la base de ces travaux, nous avons avancé les hypothèses
analyse complète et fine des efficiences intellectuelles de suivantes :
l’enfant. La forme réduite est plus indiquée dans les travaux • les performances intellectuelles générales, verbales et
de dépistage précoce de la déficience intellectuelle ou dans le non verbales des enfants tunisiens présentent une évolu-
cadre de tout examen de l’intelligence limité dans le temps. tion génétique générale assez nette à travers les tranches
L’échelle VI d’analyse catégorielle, pivot de la forme réduite, d’âges ;
constitue à elle seule un critère précis pour dépister précoce- • les filles ont des performances intellectuelles supérieures
ment non seulement la déficience intellectuelle mais aussi le à celles des garçons en matière d’intelligence générale
surdon intellectuel. et verbale. Les garçons ont des performances intellec-
Par ailleurs, la tunisification de cette épreuve peut en faire tuelles supérieures à celles des filles quant à l’intelli-
un outil d’investigation clinique et de recherche dans les pays gence non verbale ;
arabes. La forme bilingue du manuel (arabe et français) • les enfants du milieu favorisé ont des performances
contribue à faire de ce test un outil de travail et de réflexion intellectuelles générales, verbales et non verbales supé-
dans les pays du Maghreb et pourquoi pas dans les autres rieures à celles des enfants du milieu défavorisé ;
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• ces trois facteurs : d’âge, de sexe et de milieu socio- la profession du père et son niveau d’instruction. Ainsi, le
économique et culturel présentent des interactions entre milieu favorisé est déterminé par des professions supérieures
eux. combinées à des études élevées. Le milieu défavorisé est
déterminé par l’association entre des manœuvres avec un
3.2. Population niveau d’instruction scolaire bas sinon inexistant. Nous
avons obtenu un échantillon interne composé de 117 sujets
La même population que celle de l’étalonnage, soit répartis en 55 enfants pour le milieu favorisé et 62 enfants
531 enfants (Tableau 4). pour le milieu défavorisé. Il faut signaler que cet échantillon
ne comprend pas d’enfants âgés de trois ans. Nous avons
3.3. Outils statistiques décidé de ne pas les introduire dans nos calculs étant donné
qu’aucun enfant âgé de trois ans ne représente le milieu
• Des calculs de moyennes et d’écart types ; défavorisé (Tableau 10).
• des comparaisons de moyennes par l’épreuve paramétri- Nous avons tout d’abord fait le constat que la première
que t de Student-Fisher pour les variables âge, sexe et hypothèse relative à l’influence de l’âge de l’enfant s’est
milieu ; trouvée confirmée. En effet, les performances intellectuelles
• lorsque le nombre de sujets était bas, nous avons effectué générales, verbales et non verbales des enfants tunisiens
des comparaisons de rangs par le biais du test non para- préscolarisés et scolarisés présentent une évolution généti-
métrique U de Mann-Whitney ; que générale à travers les tranches d’âges. C’est une
• l’étude de l’analyse de la variance (Anova) pour apprécier évolution génétique nette qui progresse d’une tranche d’âge à
les interactions entre sexe x âge; milieu x âge; milieu x une autre d’une manière très significative (Tableau 11 et
sexe et ce en se fondant sur la moyenne des notes brutes et Figs. 1–3).
le calcul du F de Snedecor à partir de ces moyennes. Toutefois, cette évolution est caractérisée par un certain
À l’exception de l’étude des Anovas, nous avons réalisé les niveau de fléchissement. Ainsi, plus l’enfant avance en âge et
trois premiers calculs statistiques à partir des données en moins l’évolution devient importante. Dans ce sens, l’A.D.
A.D. (âge de développement). est plus élevé quand les enfants sont plus jeunes. Plus les
enfants grandissent et plus la signification de l’écart entre les
3.4. Vérification des hypothèses AD diminue. Il s’agit là d’une part de l’effet de la stabilisa-
tion et du plafonnement du niveau intellectuel au fur et à
Celles relatives à l’âge et au sexe se réfèrent à l’échan- mesure que l’enfant grandit, phénomène qui caractérise
tillon de l’étalonnage (531 enfants, Tableau 4). L’hypothèse l’évolution normale de l’intelligence.
relative à l’influence du milieu a nécessité la constitution à Les résultats montrent que les moments les moins sensi-
partir de l’échantillon d’étalonnage, de deux groupes socio- bles à la dimension génétique font croire à ce que les acqui-
culturels : un groupe favorisé et un groupe défavorisé. Nous sitions deviennent lourdes et difficiles à supporter entre huit
avons pris comme critère pour la construction de ces groupes et neuf ans et dix à 11 ans, ce qui correspond au moment de

Tableau 10
Répartition de l’échantillon de 117 enfants selon les milieux socio-culturels et professionnels, l’âge et le sexe
Âge/milieu Milieu favorisé Milieu défavorisé Total
Âge Garçons Filles Total Garçons Filles Total
4 ans 5 6 11 4 5 9 20
5 ans 5 4 9 4 3 7 16
6 ans 3 5 8 4 3 7 15
7 ans 4 3 7 4 6 10 17
8 ans 4 1 5 5 5 10 15
9 ans 2 3 5 3 4 7 12
10 ans 2 3 5 3 5 8 13
11 ans 1 4 5 3 1 4 9
Total 26 29 55 30 32 62 117

Tableau 11
t de Student des couples d’âge consécutifs pour la population totale
3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans
4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans
Intelligence générale 5,71 3,59 6,64 6,42 5,65 3,22 5,23 3,40
Intelligence verbale 6,30 3,66 6,32 6,77 5,55 3,62 5,18 3,16
Intelligence non verbale 3,94 2,60 4,96 4,37 4,58 2,06 4,04 2,88
Seuils de signification : p = 0,05 pour t ≥ 1,98 ; p = 0,01 pour t ≥ 2,61 ; p = 0,001 pour t ≥ 3,37.
R. Ben Rejeb / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 523–532 529

Fig. 4. Histogramme des AD en fonction du sexe.

Fig. 1. Progression génétique de l’AD général. rement supérieures (7;3 contre 7;2). Cependant, malgré le
caractère non significatif de ces différences (Tableau 12 et
Fig. 4), il est remarquable de relever les faits suivants :
• les filles tunisiennes présentent les mêmes performances
verbales que les garçons. Tout se passe comme si elles
n’étaient pas, comme l’avance en général la littérature
dans ce domaine, plus à l’aise au niveau de ce type d’intel-
ligence. Mais ce qui est encore plus pertinent, c’est de
constater que ces filles ont les meilleures performances au
niveau de l’intelligence non verbale. Ainsi, les garçons
n’ont pas le monopole de l’intelligence non verbale. De
Fig. 2. progression génétique de l’AD verbal. leur côté, les filles n’ont pas le monopole de l’intelligence
verbale ;
• si les différences entre les habiletés intellectuelles des
garçons et des filles tunisiens sont en train de se réduire
pour être par moments identiques, c’est que l’éducation et
la culture tunisiennes tendent à être moins sexistes. La
société tunisienne est en effet en train d’évoluer depuis
l’indépendance du pays, dans le sens de l’égalité entre les
sexes.
Notre troisième hypothèse relative à l’influence du milieu
socioprofessionnel et culturel a été vérifiée puisque les en-
fants du milieu favorisé ont des performances intellectuelles
Fig. 3. progression génétique de l’AD non verbal. supérieures à celles des enfants de milieu défavorisé à tous
les niveaux (général, verbal et non verbal). Cette supériorité
l’étalonnage, à la troisième année de l’enseignement de base n’est cependant jamais significative (Tableau 13 et Fig. 5).
et à la 5e année de l’enseignement primaire. Nous nous Ainsi, le milieu socioéconomique et culturel conditionne
demandons si cela n’est pas dû aux programmes fortement clairement le développement intellectuel des enfants. Le ca-
chargés au niveau de ces deux années. Si c’est le cas, ce fait ractère favorisé du milieu social constitue en soit un avantage
semble fonctionner comme un « facteur de freinage » du de plus pour le développement intellectuel des enfants. Nos
développement intellectuel [17]. résultats vont dans le même sens que la plupart des données
Notre deuxième hypothèse relative à la place du sexe de de la littérature.
l’enfant n’a pas été confirmée. Nos résultats montrent que les Les enfants tunisiens du milieu défavorisé entrent tardive-
deux sexes ont des performances intellectuelles égales au ment à l’école maternelle, comme en témoigne l’absence de
niveau de l’intelligence générale et verbale, soit un AD de la tranche d’âge de trois ans qui représente ce milieu social.
7;2 et que les filles ont des performances non verbales légè- Cela peut expliquer le retard qu’ils présentent au niveau des
Tableau 12
Moyennes (ET), t de Student et p. des AD par rapport au sexe
Groupe d’échelles Moyenne des AD(ET) t de Student p
Garçons (N = 266) Filles (N = 265)
intelligence générale (échelles I à VII) 7 ; 2 (2 ; 51) 7 ; 2 (2 ;58) 0,14 ns
intelligence verbale (échelles I, II, III et IV) 7 ; 2 (2 ; 50) 7 ; 2 (2 ; 54) 0,01 ns
intelligence non verbale (échelles V, VI et VII) 7 ; 2 (2 ; 57) 7 ; 3 (2 ; 62) 0,35 ns
Seuils de signification : p = 0,05 pour t ≥ 1,96 ; p = 0,01 pour t ≥ 2,57 ; p = 0,001 pour t ≥ 3,29.
530 R. Ben Rejeb / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 523–532

Tableau 13
Moyennes (ET), t de Student et p des AD par rapport au milieu social
Groupe d’échelles Moyenne des AD (ET) t de Student p
Milieu favorisé (N = 55) Milieu défavorisé (N = 62)
intelligence générale (échelles I à VII) 7 ; 3 (2 ; 25) 6 ; 11 (2 ; 21) 0,88 ns
intelligence verbale (échelles I, II, III et IV) 7 ; 1 (2 ; 34) 6 ; 11 (2 ; 28) 0,50 ns
intelligence non verbale (échelles V, VI et VII) 7 ; 5 (2 ; 34) 6 ; 10 (2 ; 29) 1,32 ns
Seuils de signification : p = 0,05 pour t ≥ 2 ; p = 0,01 pour t ≥ 2,66 ; p = 0,001 pour t ≥ 3,46.

prendre lorsqu’on sait que c’est justement dans ce milieu que


la différence entre les deux sexes est la plus réduite et où la
fille est la plus émancipée.
Notre quatrième hypothèse selon laquelle ces trois fac-
teurs : d’âge, de sexe et de milieu socioéconomique et
culturel présentent des interactions entre eux n’a pas été
confirmée puisque, globalement, aucune interaction n’a été
enregistrée entre les effets du milieu et ceux du sexe, les
effets du milieu et ceux de l’âge et entre les effets de l’âge et
ceux du sexe (Tableaux 16–18).
Ainsi, parmi ces variables, l’effet de l’âge s’impose en tant
Fig. 5. Histogramme des AD par rapport au milieu social. que seul facteur véritablement pesant parce que plus signifi-
catif que les autres.
performances intellectuelles par rapport aux enfants du mi-
lieu favorisé. Le milieu scolaire ne prend pas en considéra-
tion les disparités et les équipements différents des enfants 4. Conclusion
des deux milieux. Il s’ensuit que les enfants du milieu défa-
vorisé sont les premiers menacés de déperditions et d’échecs Le bilan de l’intelligence de l’enfant tunisien que nous
scolaires. venons d’exposer montre avec pertinence que ce sont les
La lecture des résultats des groupes d’échelles (Ta- enfants de milieux défavorisés qui sont les plus menacés de
bleaux 14,15) par rapport au milieu socioculturel et au sexe retard, d’échec et de déperdition scolaires. Ces enfants en-
permet de constater que ce sont les filles de milieu favorisé trent tardivement à l’école maternelle ou n’y vont pas du tout,
qui se situent toujours en tête de liste sans pour autant ce qui les situe d’emblée dans une position de retard par
atteindre la significativité statistique. Ces résultats montrent rapport aux enfants de milieu favorisé [7,8].
le poids de l’effet du milieu qui s’avère être plus important Nos résultats psychométriques confirment ceux des éva-
que celui du sexe puisqu’il amplifie généralement les diffé- luations des différents programmes pédagogiques de la Tuni-
rences entre les deux sexes en faveur des filles de milieu sie qui ont toujours attiré l’attention sur l’importance des
favorisé. L’environnement socioculturel aisé favorise systé- déperditions scolaires durant tout le cursus du primaire, plus
matiquement le développement des performances intellec- massives chez les enfants du milieu défavorisé
tuelles des filles par rapport aux garçons. Cela peut se com- [1,3,13,14,16,18–20,24,25].

Tableau 14
Moyennes (ET) des AD en fonction du milieu social et du sexe
Groupe d’échelles Moyenne des AD (ET)
Garçons Filles
Fav. (N = 26) Déf. (N = 30) Fav. (N = 29) Déf. (N = 32)
intelligence générale (échelles I à VII) 7 (6 ; 96) 6 ; 10 (2 ; 07) 7 ; 6 (2 ; 26) 6 ; 11 (2 ; 37)
intelligence verbale (échelles I, II, III et IV) 6 ; 11 (2 ; 30) 6 ; 11 (2 ; 15) 7 ; 4 (2 ; 40) 6 ; 11 (2 ; 45)
intelligence non verbale (échelles V, VI et VII) 7 2 ; 30) 6 ; 9 (2 ; 13) 7 ; 9 (2 ; 35) 6 ; 11 (2 ; 44)

Tableau 15
t de Student-Fisher aux AD en fonction du milieu social et du sexe
Groupes d’échelles gar. fav. filles fav. gar. gar. gar. fav. filles fav.
(N = 26)/déf. (N = 29) / déf. (N = 26)/filles (N = 30)/filles (N = 26)/filles déf. (N = 29)/gar.déf.
(N = 30) (N = 32) (N = 29) fav. (N = 32) déf. (N = 32) (N = 30)
I-Intelligence générale 0,26 0,94 0,87 0,21 0,04 1,20
II-Intelligence verbale 0,08 0,57 0,58 0,10 0,01 0,70
III-Intelligence non verbale 0,47 1,31 1,16 0,34 0,12 1,73
Seuils de signification : p = 0,05 si t ≥ 2,04 ; p = 0,01 si t ≥ 2,76 ; p = 0,001 si t ≥ 3,67.
R. Ben Rejeb / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 523–532 531

Tableau 16 Références
Analyse de la variance sur les moyennes des notes brutes générales
Facteurs F Seuil [1] Baffoun A. Contribution à l’étude des pertes d’effectifs scolaires dans
Interaction milieu familial/sexe (1) = 0,444 ns les pays du tiers monde. L’exemple de la Tunisie. Thèse de Doctorat
Interaction milieu familial/âge (8) = 1,22 ns de 3e cycle, Paris, 1969.
Interaction âge/sexe (8) = 1,05 ns [2] Baudelot C, Establet R. Allez les filles! Paris: Seuil; 1992.
[3] Belkadhi-Maaouia A. Le passage du dialectal à l’arabe littéral chez les
Tableau 17 enfants tunisiens à leur entrée à l’école. In: Rejeb S, et al., editors.
Analyse de la variance sur la note brute générale pour les échelles verbales Développement psychologique et réussite scolaire. Tunis: CERES;
1988.
Facteurs F Seuil
[4] Ben Miled E. Analyse des conditions familiales de vie et du niveau de
Interaction milieu familial/sexe (1) = 0,398 ns
maturité psychologique chez des écoliers tunisiens de 6 ans. In:
Interaction milieu familial/âge (8) = 0,868 ns
Rejeb S, et al., editors. Développement psychologique et réussite
Interaction âge/sexe (8) = 0,638 ns
scolaire. Tunis: CERES; 1988. p. 279–320.
[5] Ben Rejeb R. Les Échelles Différentielles d’Efficiences Intellectu-
Tableau 18 elles (EDEI), forme tunisienne complète pré-adaptée (manuel en
Analyse de la variance sur la note brute des échelles non verbales langue arabe). Issy-les-Moulineaux: EAP; 1990 (Édition limitée
Facteurs F Seuil épuisée).
Interaction milieu familial/sexe (1) = 0,393 ns [6] Ben Rejeb R. Les Echelles Différentielles d’Efficiences Intellectu-
Interaction milieu familial/âge (8) = 0,953 ns elles (EDEI), forme tunisienne réduite pré-adaptée (manuel en langue
Interaction âge/sexe (8) = 1,182 ns arabe). Issy-les-Moulineaux: EAP; 1990 (Édition limitée épuisée).
NB : N, nombre de sujets ; F, F de Snedecor (entre parenthèses figure le [7] Ben Rejeb R. Développement intellectuel et facteurs culturels. Essai
nombre de degré de liberté) ; ns, non significatif. d’adaptation des Echelles Différentielles d’Efficiences Intellectuelles
(EDEI) aux enfants tunisiens âgés de trois à onze ans. Thèse pour le
Doctorat d’État de Psychologie clinique dirigée par le Pr. A. Bouhdiba
Pour remédier à cette situation, nous croyons, à la suite de (Tunis) avec la collaboration du Pr. R. Perron (Paris). 644 p; 2 vol.;
Serge Lebovici [22] que l’accent doit être mis sur le milieu 881 réf. bibl.; 44 illustra. Tunis, Faculté des Sciences Humaines et
préscolaire en tant qu’espace transitionnel où on peut réaliser Sociales, 1997.
un premier dépistage des troubles affectifs, intellectuels, [8] Ben Rejeb R. Intelligence, test et culture. Le contexte tunisien. Paris:
linguistiques et psychomoteurs des enfants, dépistage suivi L’Harmattan; 2001.
[9] Ben Rejeb R. Les Echelles Différentielles d’Efficiences Intellectu-
par une prise en charge précoce adéquate. Cela permettra elles, forme arabe (EDEI-A). Tunis: Cogerh Sélection; 2003.
notamment de réduire le nombre des enfants risquant de [10] Ben Rejeb R. Psychopathologie transculturelle de l’enfant et de
présenter à l’école des problèmes de lecture et d’écriture l’adolescent. Cliniques maghrébines. 2003.
(dyslexie, dysorthographie, dysgraphie) etc. [11] Binet A, Simon T. La mesure du développement de l’intelligence.
La première année de l’enseignement primaire (de base) Paris: Colin; 1911.
[12] Brunet O. Genèse de l’intelligence chez des enfants de trois milieux
est également une année durant laquelle doit se réaliser un très différents. Enfance 1956;1:85–94.
deuxième dépistage systématique des mêmes troubles. [13] Chettaoui A. Le bilinguisme dans l’enseignement primaire en Tunisie.
La direction de la médecine scolaire et universitaire réa- Bulletin de Psychologie 1978;335(10-11):521–35.
lise, avec un personnel qualifié composé exclusivement de [14] Collectif. Enquête sur l’inadaptation scolaire en 1re année primaire.
Revue Tunisienne des Sciences de l’Éducation, 1976, n°3.
médecins et d’infirmiers, des campagnes de dépistage systé-
[15] Fitouri C. ‘ikhtilâf al mustawa adhihnî minal fatayât ‘ilal fityân [la
matique dans les écoles, des déficiences visuelles et auditi- différence de niveau intellectuel entre les sexes]. Tunis: Université de
ves. Les déficiences intellectuelles, les troubles instrumen- Tunis; 1964.
taux et les problèmes affectifs restent mal repérés, faute de [16] Fitouri C. Biculturalisme, bilinguisme et éducation. Paris: Delachaux
moyens humains et de techniques appropriées. et Niestlé; 1983.
[17] Gamboa R, Perron R, et al. Facteurs de freinage du développement
Le dépistage précoce des déficiences intellectuelles ne
psychologique et social chez l’enfant de deux à six ans. Premiers
peut être réalisé qu’avec une meilleure sensibilisation du résultats d’une enquête longitudinale. La Revue de Pédiatrie 1982;8:
corps enseignant et éducatif et une collaboration étroite avec 495–507.
les spécialistes de la santé mentale. Cela est désormais pos- [18] Garmadi S. Étude lexicale de “El Qira’a”: premier livre de lecture
sible grâce au test EDEI adapté. Ce travail contribuerait à arabe. Cahiers du CERES. 1968.
[19] Hamzaoui H, et al. Étude du retard scolaire au niveau de la 1re année
réduire le nombre important de déperditions scolaires et à
de l’enseignement primaire. Revue Tunisienne des Sciences de
récupérer les compétences des sujets indépendamment de l’Education 1976;3:7–36.
leur milieu social. Il faudrait envisager alors des structures [20] Institut National des Sciences de l’Éducation. Réussite et échec sco-
pédagogiques et psychothérapiques spéciales pour ces en- laires. Tunis, 1989, 35.
fants, des classes de rattrapage qui permettent de corriger et [21] Lautrey J. Classe sociale, milieu familial et intelligence. Paris: PUF;
de combler le manque qui les affecte. Une prise en charge 1989.
[22] Lebovici S. Les risques qui menacent l’enfant au moment de sa
rapide est dans tous les cas fortement indiquée. Cela néces-
scolarisation. La Revue du Praticien 1980;30(43):2873–8.
site également (il est encore temps) de lancer le corps des [23] Maccoby E, Jacklin C. La psychologie des différences de sexe. In:
psychologues scolaires pour s’attaquer à ce genre de problè- Hurtig M-C, Pichevin M-F, editors. La différence des sexes. Paris:
mes. Tierce; 1986. p. 117–43.
532 R. Ben Rejeb / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 523–532

[24] Ministère de l’Éducation Nationale. In: L’enseignement primaire en [27] Perron-Borelli M. Les Echelles Différentielles d’Efficiences Intellec-
chiffres: Evolution de la population scolaire à la fin de chaque année tuelles (EDEI). Issy-les- Moulineaux: EAP; 1978.
scolaire (passages, redoublements et abandons). Tunis: Ministère de [28] Perron-Borelli M. Les Échelles Différentielles d’Éfficiences Intellec-
l’Éducation Nationale, Direction des Statistiques et de la tuelles, forme révisée (EDEI-R). Issy-les-Moulineaux: EAP; 1996.
Planification; février 1977. p. 1–2. [29] Perron-Borelli M, Perron R. L’examen psychologique de l’enfant
(1970). Paris: PUF; 1986.
[25] Ministère de l’Éducation nationale. In: taqyîm ingâzât al fatra al ûlâ
[30] Piaget J. La naissance de l’intelligence chez l’enfant. Neuchâtel:
minal mukhattat at tarbawî at thâmin [Bilan des premiers résultats du
Delachaux et Niestlé; 1936.
8e plan pour l’éducation]. Tunis: Ministère de l’Éducation; 1995. p. 2.
[31] Reuchlin M. « Les facteurs socioéconomiques du développement
[26] Misès R. Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et cognitif ». In: Milieu et développement. Paris: PUF; 1972. p. 69–136.
de l’Adolescent. Présentation générale. Neuropsychiatrie de [32] Robert P. Le grand Robert de la langue française. Paris: Dictionnaires
l’Enfance et de l’Adolescence 1990;38(10-11):523–39. le Robert; 1986.

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