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I – Généralités - Définitions :
-La toxicocinétique : est l’étude descriptive et quantitative du devenir des toxiques dans
l'organisme. Ce n'est pas la dose mais la concentration au niveau du ou des site(s)
d'action qui détermine la toxicité :
-Le devenir d’un xénobiotique dans l’organisme est divisé en 4 phases (ADME) :
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TOXICOCINETIQUE DES XENOBIOTIQUES 2020 / 2021
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2- Filtration : le flux de l’eau au travers des pores membranaires peut autoriser le passage
de toxiques. Pour la plupart des cellules, le diamètre des pores est voisin de 4 nm : seuls les
toxiques hydrosolubles de masse molaire faible (100-200) peuvent passer, par exemple :
l’urée, le méthanol, l’éthanol…
Cas particulier des glomérules, dont les membranes ont des pores plus larges (environ 70 nm)
et permettent donc le passage de molécules de PM élevé mais qui reste < à celui de
l’albumine (soit environ 60.000).
Les membranes capillaires présentent elles aussi des pores assez larges pour autoriser
l’équilibrage des concentrations en grosses molécules.
4- Transport actif : Ce procédé fait intervenir des substances porteuses mais contrairement
à la diffusion facilitée le corps chimique peut être transporté même à l’encontre d’un gradient
de concentration et nécessite donc une source d’énergie. Ce système protéique est spécifique
et saturable. Il existe un phénomène de compétition au niveau des sites de fixation sur le
transporteur.
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a) Bouche : L’absorption est peu importante sauf si les substances restent plus longtemps au
niveau de la bouche. L’absorption est maximale au niveau de la zone sublinguale. Les
substances absorbées par la bouche ne sont pas soumises à l’influence des sécrétions du
tractus gastro-intestinal et atteignent directement la circulation générale sans passer par le foie
(site important de biotransformations).
b) Estomac : malgré une surface de contact relativement peu importante, un débit sanguin
assez faible (250 ml/min) et le pH gastrique (pH : 1 - 2), de nombreux corps chimiques acides
faibles sont rapidement absorbés par l’estomac ainsi que les petites molécules hydrosolubles
(l’éthanol).
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– Liés au xénobiotique
• Liposolubilité ;
• Solubilité et stabilité au pH du milieu ;
• Absorption inversement proportionnelle à la taille.
– Autres
• Jeûne (augmentation du taux d’absorption digestive) ;
• Age ;
• Régime alimentaire : (ex. : la présence de jus d’agrumes dans le bol alimentaire favorise la
solubilisation de sulfure de plomb (Pb) et favorise donc son absorption ; la carence en fer et
en calcium favorise l’absorption du plomb par diminution de la compétition vis-à-vis des
récepteurs du calcium (Ca) ;
• Présence de chélateurs (EDTA, charbon activé…) qui peuvent former avec certains
xénobiotiques des composés insolubles éliminés dans les fèces.
2. Voie pulmonaire :
C’est une voie fréquemment impliquée dans l’entrée des toxiques. Elle représente la
principale voie d’entrée de nombreux toxiques industriels en milieu professionnel. Elle
permet l’absorption :
– des gaz (CO, oxydes d'azote, gaz de combat…) ;
– des vapeurs de liquides volatils (vapeurs de mercure, solvants ex. benzène, tétrachlorure de
carbone : CCl4...) ;
– des aérosols et des particules atmosphériques.
a) Définitions :
Aérosol : Suspension de particules solides ou liquides dans un gaz avec une vitesse de chute
négligeable.
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Gaz : Etat dans lequel des molécules se trouvent suffisamment éloignées les unes des autres
pour que les forces d’attraction existant entre elles soient pratiquement négligeables.
Vapeur : Contrairement au gaz, l’application d’une pression permet de la liquéfier à
condition que la température soit inférieure à la température critique (un gaz peut être liquéfié
en abaissant la température).
Fumée : Dispersion de particules solides, très fines (< 0,1 µm), engendrées par des procédés
thermiques.
Ethylène Chloroforme
Solubilité + +++
Absorption lente rapide
Equilibre 10-20 min 1h
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Cette voie d’absorption n’est donc prédominante que pour certaines molécules volumineuses
ou peu lipophiles.
4. Voies parentérales : C’est les voies les plus directes, car elles mettent directement en
contact le xénobiotique avec le sang ou les liquides interstitiels.
- Voie intraveineuse
- Voie intra-péritonéale
- Voie hypodermique (sous-cutanée) : injection de l’insuline ou cocaïne.
- Voie intramusculaire
N.B : La pénétration des substances toxiques dans l’organisme se fait rarement par le biais
d’une injection sauf en cas de toxicomanie.
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bouche. Les substances provoquant des irritations sur le tube digestif vont entraîner des
vomissements et des diarrhées.
V- Distribution :
1. Transport sanguin :
Dans le sang, les xénobiotiques peuvent :
- Se dissoudre dans le plasma, donc sous forme libre, c’est à dire sous forme active,
diffusible dans les tissus ;
- Se lier aux protéines plasmatiques : albumine (de très nombreux xénobiotiques), α1-
glycoprotéine acide (composés basiques), lipoprotéines (composés liposoluble), transferrine
(fer), céruloplasmine (cuivre), γ-globulines (antigènes). Cette liaison inactive momentanément
les substances, mais constitue une forme de réserve : elles ne peuvent plus diffuser hors du
compartiment sanguin ni être métabolisées
- Se lier à la membrane cellulaire ou pénétrer dans le cytoplasme des éléments figurés du
sang, en particulier des hématies (oxyde de carbone, agents méthémoglobinisants, salicylés,
phénobarbital…)
Il s’agit le plus souvent d’une liaison réversible et en équilibre tel que :
Toxique libre + Protéine libre ⇔ Complexe toxique-protéine
Le toxique lié de façon réversible peut donc être libéré pour traverser la paroi des vaisseaux et
exercer ses effets.
Des liaisons hydrophobes, faibles, par répulsion de molécules d’eau intervenant entre
des toxiques liposolubles et des sites hydrophobes de certaines protéines.
Des liaisons électrostatiques entre des toxiques acides faibles et des sites cationiques
de l’albumine ou entre des toxiques bases faibles ionisés et des sites anioniques de
certaines protéines.
Des liaisons de covalence par mise en commun de deux électrons, seul type de liaison
non réversible (ex : complexe formé entre agents anticancéreux alkylants et albumine),
subsiste jusqu’à la destruction de la protéine.
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Type I Type II
Nature du médicament Acide faible Base faible / Substance non
ionisée
Protéine fixatrice Albumine Albumine
Alpha1 glycoprotéine acide
Affinité Forte Faible
Nombre de sites de fixation Petit Grand
Possibilité de saturation Oui Non
Possibilité d’interaction Possible Improbable
La liaison aux protéines plasmatiques tend à diminuer la toxicité immédiate mais à prolonger
l’intoxication. Il peut y avoir des risques de compétition au niveau des liaisons protéiques :
exemple des sulfamides anti-infectieuses / sulfamides anti-diabétiques - risque de coma
hypoglycémique.
2. Distribution tissulaire :
La distribution des xénobiotiques dépend de :
- liaison du toxique aux protéines plasmatiques : plus le taux de liaison est faible plus la
diffusion tissulaire est importante ;
- l’affinité du toxique pour les protéines tissulaire : une forte affinité pour les protéines
tissulaires et/ou une liposolubilité importante favorisent la diffusion tissulaire ;
- la nature de l’organe (débit sanguin de l’organe concerné) : La distribution est d’autant plus
rapide qu’elle concerne des organes ou tissus bien perfusés. Les organes fortement
vascularisés tels que le foie et le rein fixent un grand nombre de toxiques. Les graisses
accumulent des substances lipophiles comme les insecticides organochlorés, cependant, un
relargage ultérieur de ces toxiques est possible dans les périodes de jeûne ou
d’amaigrissement. Le tissu osseux est un site majeur de stockage pour le fluor et le plomb ;
- barrières naturelles que l’organisme met en œuvre pour se protéger : pour diffuser les
toxiques doivent passer les membranes tissulaires. Dans certains tissus (foie…), la paroi
vasculaire est composée de capillaires discontinus permettant une diffusion facile du toxique.
A l’opposé dans d’autres organes (cerveau et barrière hémato-encéphalique…) la paroi
vasculaire est composée de capillaires continus difficilement franchissables. En effet, la
barrière hémato-encéphalique s’oppose au transport des toxiques sous leur forme liée aux
protéines plasmatiques vers le cerveau. Cependant, c’est la liposolubilité de ces substances
qui conditionnent leur pénétration dans le cerveau. Ainsi, le méthylmercure, liposoluble,
atteint facilement le cerveau où il exerce sa toxicité, alors que les composés minéraux du
mercure y pénètrent très peu et ont une toxicité essentiellement rénale.
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La barrière placentaire peut s’opposer à quelques toxiques seulement du sang de la mère vers
le fœtus. C’est pourquoi il est recommandé à la femme enceinte d’éviter l’emploi de plusieurs
xénobiotiques (médicaments, alcool, fumée de tabac…).
VI- Elimination :
Les xénobiotiques et leurs métabolites, comme les substances endogènes, sont principalement
éliminés de l’organisme par voie fécale, urinaire et, pour certains d’entre eux, par voie
respiratoire. Il existe également des voies accessoires d’élimination : la sueur, la salive et les
phanères (cheveux, poils et ongles).
1. Voie fécale :
Cette voie concerne les toxiques qui :
- après ingestion, n’ont pas été totalement absorbés
- sont transférés directement du sang vers la lumière intestinale (comme la digitoxine,
l’ochratoxine A, l’hexachlorobenzène, etc…)
- sont excrétés par voie biliaire : Outre ses capacités métaboliques, le foie participe à
l’excrétion des toxiques hors de l’organisme par le biais du système biliaire. Ce système
permet d’éliminer les molécules non excrétées par le rein, soit les grosses molécules et les
molécules non hydrosolubles.
Après excrétion dans la bile, le toxique se retrouve dans la lumière intestinale où il peut être
réabsorbé après hydrolyse des liaisons de conjugaison par la flore intestinale : c’est le cycle
entéro-hépatique (CEH). On constate alors un effet rebond au niveau des concentrations
plasmatiques. Par conséquent, les molécules qui subissent un CEH seront éliminées
lentement.
2. Voie urinaire :
Trois mécanismes principaux déterminent l’excrétion des toxiques et leurs métabolites dans
l’urine : la filtration glomérulaire, la sécrétion et la réabsorption tubulaires.
a) Filtration glomérulaire :
Il s’agit d’un mécanisme de filtration passive. Le diamètre des pores des capillaires du
glomérule sont assez large (70 nm) pour permettre le passage de molécules de masse molaire
< 60.000. Seules les formes libres passent, celles liées aux protéines plasmatiques ne passent
pas. Après filtration dans le tubule, les composés polaires et hydrosolubles sont excrétés dans
l’urine.
b) Sécrétion tubulaire :
C’est essentiellement par transport actif que les xénobiotiques sont éliminés par les tubes
contournés proximaux.
Il existe deux principaux systèmes de transport actif, l’un destiné aux acides faibles (ex. :
acide salicylique, glucuronides, sulfoconjugués) et l’autre aux bases faibles (ex. : quinine,
ammoniums quaternaires…). Ce mécanisme concerne aussi bien les toxiques sous forme libre
que ceux liés aux protéines plasmatiques par liaison faible. Les composés excrétés par
transport actif sont donc des substances ionisées hydrosolubles qui peuvent être transportées
contre un gradient de concentration. Les substances sécrétées par le même mécanisme actif
(interaction entre deux molécules au niveau du même transporteur péritubulaire)
entrent en compétition et la vitesse d’excrétion d’un corps chimique peut donc être réduite par
l’administration d’un autre (exemple : pénicilline-G, probénécide).
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c) Réabsorption tubulaire :
Le mécanisme essentiel de réabsorption tubulaire se déroule dans le tube contourné proximal
et distal et repose sur le transfert passif. Les toxiques sont principalement réabsorbés sous
forme liposolubles non ionisée (les composés relativement liposolubles avec un caractère
acide faible comme par exemple les barbituriques). Pour les médicaments dont la structure se
rapproche de celle des substances endogènes, la réabsorption se fait au niveau du tube
proximal par un mécanisme actif.
3. Voie pulmonaire :
Les toxiques volatils ou semi volatils ayant pénétrés par voie respiratoire, digestive ou autre,
peuvent être excrétés dans l’air expiré par transfert passif à travers la membrane alvéolo-
capillaire. Un certain nombre de solvants organiques et autre volatils éliminés par cette voie :
acétone, chloroforme, alcools, benzène, acide cyanhydrique, monoxyde de carbone, etc.
L’élimination est inversement proportionnelle à la vitesse d’absorption : les composés
absorbés rapidement (chloroforme, par exemple) sont éliminés très lentement. Les composés
très liposolubles, stockés dans le tissu adipeux, peuvent être excrétés par cette voie très
longtemps après l’exposition : exemple des anesthésiques halogénés comme l’halothane ou le
méthoxyflurane (plusieurs semaines après une anesthésie).
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l’absorption et l’admission très variable ou non connu. On utilise donc pour le calcul le
volume distribution connu d’après les données pharmacocinétiques et/ou expérimentales. De
plus, une des conséquences cliniques de cette caractéristique pharmacocinétique est qu’en cas
de surdosage, il sera vain d’entreprendre une épuration extra-rénale par dialyse pour toutes les
molécules à grand volume de distribution (> 2 L/kg) : le dialyseur n’ayant accès qu’à des
quantités circulantes très faibles, l’efficacité de l’épuration sera insignifiante.
3- Demi-vie plasmatique :
La demi-vie plasmatique (T 1/2) correspond au temps nécessaire pour que la concentration
plasmatique du toxique diminue de moitié.
4- Clairance corporelle totale :
Par définition, la clairance (Cl) correspond au volume de sang totalement épuré du toxique par
unité de temps. Elle est généralement exprimée en L/h.
Plus la clairance est élevée, plus les capacités d’élimination du toxique par l’organisme
sont importantes. Cette notion de clairance prend donc en compte tous les processus
d’élimination du toxique qu’ils s’agissent d’élimination sous forme inchangée (rénale…) et
des différentes biotransformations (intestinale, hépatique…).
On peut donc parler de notion de clairance totale et de clairances hépatique, intestinale ou
rénale, la première étant la résultante de toutes les autres :
Cl totale = Cl rénale + Cl hépatique +…
5- Clairance hépatique :
La clairance hépatique peut être estimée lorsqu’un toxique est éliminé essentiellement par
voie rénale et hépatique. Elle se décompose en clairance métabolique et clairance biliaire.
a) Clairance métabolique
Elle dépend d’une part de la clairance intrinsèque qui est la capacité des systèmes
enzymatiques hépatiques à métaboliser le toxique et d’autre part de la fraction libre
plasmatique du toxique qui est fonction du degré de fixation protéique.
b) Clairance biliaire
C’est la capacité du système biliaire à éliminer le toxique (principalement les molécules de
forte masse moléculaire).
6- Clairance rénale :
La clairance rénale est le volume théorique de plasma épuré du toxique par unité de temps en
fonction de son élimination rénale.
Il est important de faire plusieurs prélèvements urinaires afin de déterminer les variations de
l’excrétion rénale en fonction de symptômes (état de choc, hypoxémie...) ou de traitements
(chélateurs, épuration extrarénale).
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Conclusion :
La toxicocinétique est basée sur des principes analogues à ceux de la pharmacocinétique mais
dans un contexte totalement différent puisque la pharmacocinétique appliquée a pour but
principal la surveillance des concentrations des médicaments dans les liquides biologiques et
l’adaptation de la posologie pour obtenir des concentrations efficaces sur le plan
thérapeutique. Alors que, l’étude de la toxicocinétique permet de :
- Evaluer la gravité de l’intoxication en comparant les données cliniques (symptômes) et
analytiques (paramètres cinétiques) et les facteurs pronostiques afin de poser l’indication
de certaines thérapeutiques ;
- Suivre l’élimination du toxique de l’organisme ;
- Apprécier l’efficacité d’un traitement épurateur ou antidotal.
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