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Turcan Robert. Les dieux de l'Orient dans l'Histoire Auguste. In: Journal des savants, 1993, n° pp. 21-62;
doi : https://doi.org/10.3406/jds.1993.1562
https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1993_num_1_1_1562
1. Ùber Zeit und Persônlichkeit der Scriptores Historiae Augustae, in Hermes, 24, 1889,
P- 337-392.
2. Cf. A. Chastagnol, Recherches sur l'Histoire Auguste, Bonn, 1970, p. 19 ss.; V. Neri,
Ammiano e il Cristianesimo. Religione e politica nelle ' Res gestae ' di Ammiano Marcellino,
Bologne, 1985, p. in ss.; S. A. Stertz, Christianity in the Historia Augusta, in Latomus, 36,
1977, p. 694 ss., qui note pour finir (p. 712) que la religion n'est pas la préoccupation majeure
du recueil.
3. J. Straub, Heidnische Geschichtsapologetik in der christlichen Antike. Untersuchungen ùber
Zeit und Tendenz der Historia Augusta, Bonn, 1963, p. 106 ss., 190 s.; id., Il precetto aureo, in
Atti del Convegno Patavino sull'Historia Augusta (Pubbl. 1st. di Storia Antica dell' Univ. di
Padova, 4). Rome, 1963, p. 21 ss; W. Schmid, Bildloser Kult und christliche Intoleranz..., in
Mullus. Festschrift f. Th. Klauser (JAC, Ergânzbd. 1), Munster, 1964, p. 298 ss; Id,, Die
Koexistenz von Sarapiskult und Christentum im Hadriansbrief bei Vopiscus, in BHAC 1Ç64/5,
Bonn, 1966, p. 153 ss. Il n'est pas superflu de relire P. de Labriolle, La réaction païenne9,
Paris, 1950, p. 337 ss.
22 ROBERT TURCAN
4. CIL, VI, 500, 504, 507, 510 s., 1675, 1788 ss., 21940; F. Bûcheler, CLE, 654; AE,
1953, 238.
5. Cf. mes Cultes orientaux dans le monde romain, Paris, 1989, p. 14 s., et mon introduction
à l'éd.-trad. commentée de Firmicus Maternus, L'erreur des religions païennes, dans la Coll. des
Universités de France, Paris, 1982, p 45 s.
6. On a cru trop longtemps qu'il s'agissait de Nicomaque Flavien : J. J. O'Donnell, The
career of Virius Nicotnachus Flavianus, in Phœnix, 32, 1978, p. 140 ss.; L. Lenaz, Annotazioni
sul « Carmen contra paganos », in Studia Patavina, 25, 1978, p. 541 ss.; Id., Regitur fato si
Juppiter ipse... Una postilla al Carmen contra paganos, in Perennitas. Studi in onore di A. Brelich,
Rome, 1980, p. 293 s., 309; L. Cracco Ruggini, II paganesimo tra religione e politica (384-3Q4
d.C.) : per una reinterpretazione del Carmen contra paganos {Mem. Acc. Lincei), Rome, 1979,
passim.
7. Les religions orientales dans le paganisme romain11, Paris, 1929, p. 189.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 23
8. La fin du paganisme. Étude sur les dernières luttes religieuses en Occident au quatrième
siècle2, Paris, 1894, II, p. 265 s.
9. J. Flamant, Macrobe et le néo-platonisme latin, à la fin du IVe siècle (EPRO, 58), Leyde,
J977 '» P- 45 ss-> où (p. 50) le Carmen contra paganos est encore considéré comme visant
Nicomaque.
10. J. Flamant, op. cit., p. 42 ss. Mais cf. J. F. Matthews, Symmachus and the Oriental
cuits, in JRS, 63, 1973, p. 175 ss. (dont J. Flamant ne paraît pas tenir compte). Sur le
traditionalisme
Symmachus' Idea of Tradition,
romain deinSymmaque,
Historia, 38,
voir1989,
maintenant
p. 349 M.
ss. R. Salzman, Reflections on
11. CIL, VI, 1699; J. Flamant, op. cit., p. 42.
12. Ibid., p. 44.
13. M. Simon, Mithra, rival du Christ?, in Études mithriaques (Acta Ironica, I, 4),
Téhéran- Liège, 1978, p. 474 s.; R. Turcan, Les motivations de l'intolérance chrétienne et la fin
du mithriacisme au IVe siècle ap. jf.-C, in Actes du VIIe Congrès de la F.I.E.C., II, Budapest,
1983, p. 224 s
14. A. D. E. Cameron, Literary allusions in the Historia Augusta, in Hermes, 92, 1964,
P- 365; J. Schwartz, Arguments philologiques pour dater l'Histoire Auguste, in Historia, 15,
1966, p. 457, 461 ; A. Chastagnol, op. cit., p. 11 s.; V. Tandoi, dans Atene e Roma, NS, 13,
1968, p. 90.
24 ROBERT TURCAN
25. Ascendance évidemment fictive, quoi qu'en ait écrit J. Maurice, Numismatique
constantinienne, II, Paris, 191 1, p. xvm ss. Cf. R. Syme, The Ancestry of Constantine, in BHAC
197 1, Bonn, 1974, p. 237 ss.
26. De error prof, relig., 3, 1. Cf. mon éd. -trad, commentée (n. 5), p. 191.
27. De d. et m., IV, 10.
28. R. Turcan, Numismatique romaine du culte métroaque (EPRO. 97), Leyde, 1983, p. 52
et pi. XXIX-XXX, XXXVI.
29. L. Musso, Manifattura suntuaria e committenza pagana nella Roma del IV secolo.
Indagine sulla lanx di Parabiago, Rome, 1983.
30. A, 1, 1. Cf. M. J. Vermaseren, op. cit., p. 119 ss.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 27
3 1 . AS\, 37, 6 : Hilariis matris deum. Cf. A. Chastagnol, L'Histoire Auguste et Suétone, in
BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 118, n. 53, et 120, n. 11. A. von Domaszewski, loc. cit. (n. 17),
p. 24, soupçonne une confusion entre les Hilaries d'Isis et de Cybèle.
32. M. Malaise, Les conditions de pénétration et de diffusion des cultes égyptiens en Italie
(EPRO, 22), Leyde, 1972, p. 221 ss., 225.
33. De red. suo, I, 373. Cf. J. Carcopino, Rencontres de l'histoire et de la littérature
romaines, Paris, 1963, p. 249 ss., 254.
34. Arnob., Adu. Nat., VII, 49 (p. 409, 17 s. Marchesi); Prud., Perist., Hymn. X, 156 s.
35. Hel., 3, 4. Cf. Th. Optendrenk, Die Religionspolitik des Kaisers Elagabal im Spiegel der
Historia Augusta, Bonn, 1969, p. 17 ss., 29 s., 88 ss. ; M. Frey, Untersuchungen zur Religion und
sur Religionspolitik des Kaisers Elagabal (Historia, Einzelschr., 62), Stuttgart, 1989, p. 73 s.
36. C. Th., XVI, 1, 2 (édit. du 28 février 380) : « Tous nos peuples doivent se rallier à la foi
transmise aux Romains par l'apôtre Pierre... ».
28 ROBERT TURCAN
37. Hel., 3, 5. Cf. Th. Optendrenk, op. cit., p. 45 ss., 52; J. Schwartz, Sur la date de
l'Histoire Auguste, in BHAC 1966/7, Bonn, 1968, p. 94; R. Syme, Ipse Me patriarcha, ibid.,
p. 127, n. 46; S. A. Stertz, loc. cit. (n. 3), p. 699, 709.
38. Hel., 28, 2.
39. Ibid. Cf. Th. Optendrenk, op. cit., p. 57.
40. A. Alfôldi, Zwei Bemerkungen zur Historia Augusta, in BHAC 1963, Bonn, 1964,
p. 4 ss. ; E. Merten, Zwei Herrschet feste in der Historia Augusta..., Bonn, 1968, p. ni ss.
41. Hel., 7, 1. Cf. Th. Optendrenk, op. cit., p. 31 ss.; M. J. Vermaseren, op. cit., p. 107;
M. Frey, op. cit., p. 32 s.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 29
taurobolier. C'est du moins ce que prétend son biographe42. Mais Y Epitome
de Caesaribus43 affirme qu'il se consacra à la Grande Mère « en se châtrant »
(abscisis genitalibus). D'après l'Histoire Auguste, il se serait seulement lié les
testicules et il aurait fait « tout ce que les galles ont coutume de faire ».
Effectivement, si Héliogabale a reçu la consécration sanglante du taurobole
qui était un sacrifice de substitution44, il n'avait pas besoin de se trancher les
gonades comme un vrai galle. L'Histoire Auguste est seule à faire état de ce
taurobole que rien n'autorise à confirmer. Mais, quoi qu'il en soit de la vérité
historique, le biographe dénonce ici un autre genre de mise en scène, plus
grave que les revues costumées dont paraît sourire ailleurs la Vita
Heliogabali, destiné cette fois à tromper la déesse et ses desservants, à leur
donner le change, afin de voler l'idole, ut typum eriperet45. Visiblement, le
rédacteur de ce passage réprouve le fait, pour un empereur, de se comporter
comme un galle, inter praecisos fanaticos, même et surtout avec un semblant
de castration {genitalia sibi deui(ji)xii) qui le ridiculise et tourne presque en
dérision le « sacrement de l'ordre », pour reprendre l'expression
d'H. Graillot.
Il réprouve peut-être davantage encore l'infâme comédie que joue
Héliogabale pour avoir le droit de pénétrer là où l'on garde pieusement
certains objets sacrés, sacra quae penitus habentur condita46. A vrai dire, en
tant que pontifex maximus, l'empereur avait accès à ces sacra et n'avait donc
pas besoin de monter un tel scénario. Mais justement, en tant que grand
pontife, il ne pouvait se permettre non plus d'arracher les dieux et leurs sacra
à leurs sanctuaires, comme le feront les chrétiens dès le règne de Constantin
en 331, lors de l'inventaire des temples païens! Cependant, l'indignation du
biographe est tempérée par une certaine ironie au second degré, car — et
comme en filigrane — cette histoire n'est pas sans rappeler de loin celle de
Clodius déguisé en femme pour en retrouver une à la faveur des
cérémonies célébrées en l'honneur de Bona Dea. Les galles portaient une robe de
femme, et l'on sait qu'Héliogabale aimait le travesti.
47. Hel., 7, 1 : Matris etiam deum sacra accepit et tauroboliatus est. Il est vrai qu'etiam a
perdu beaucoup de sa force dans l'Histoire Auguste et y sert de particule de transition, au sens
banal de « et encore », « et aussi » : cf. C. Lessing, Scriptorum historiae Augustae lexicon2,
Hildesheim, 1964, p. 180 ss., s.u. Sur ce passage, voir Th. Optendrenk, op. cit., p. 36 s. Le
participe tauroboliatus se trouve appliqué à des membres de l'aristocratie sénatoriale en 370
(CIL, VI, 1780), 377 (CIL, VI, 511), 380 (CIL, VI, 1675, 31940), 387 (CIL, VI, 1778). Il
n'apparaît guère avant le IVe siècle : cf. R. Duthoy, The Taurobolium. Its evolution and
terminology (EPRO, io), Leyde, 1969, p. 88.
48. M. J. Vermaseren, Corpus cultus Cybelae Attidisque (EPRO, 50), III, Leyde, 1977,
p. 101 ss., nos 357-359-
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 31
sporadiques jusqu'à la seconde moitié du IVe siècle. Le biographe d'Hélioga-
bale peut avoir été un païen réaliste et plutôt modéré, voire tolérant, mais
allergique aux excès du piétisme militant et aux ardeurs mystico-mystéri-
ques. Il faut bien reconnaître que ce paganisme ne ressemble pas à celui des
Prétextât49 et autres tauroboliés qu'incrimine le Carmen contra paganos50.
Une autre Mère anatolienne est mise en cause par l'Histoire Auguste :
Bellone, dont Commode incite les fidèles à s'entailler réellement (uere) les
bras studio crudelitatis 51 . Nous verrons que le fils de Marc Aurèle manifeste
le même zèle sadique dans les liturgies isiaques et, dans le cas des mystères
de Mithra, le même rejet des fictions rituelles. La cruauté commodienne
trouve dans ce culte sanglant de Mâ-Bellone l'occasion de se déchaîner à
plaisir. On dirait que certaines religions orientales encouragent ou
exaspèrent les mauvais instincts des empereurs fous...
Commode pouvait être tenté de participer aux ébats douloureux des
galles, d'autant que Cybèle passait pour l'avoir préservé de l'attentat ourdi
par Maternus52. La déesse est d'ailleurs célébrée par ses monnaies53. Mais
l'Histoire Auguste n'en dit rien : curieusement, ou significativement, car en
sauvant les jours d'un pareil monstre la Grande Mère avait-elle rendu
service à Rome ?
A. von Domaszewski ^ croyait pouvoir conjecturer que le responsable
de l'Histoire Auguste était un Gaulois de Narbonnaise en raison de la place
qu'y occupe, entre autres, le culte de Cybèle. En fait, cette place apparaît au
total plutôt modeste en regard de la multiplication des actes tauroboliques et
des témoignages iconographiques dans la Rome du Bas-Empire. On ne voit
pas non plus qu'alors en Gaule le phrygianisme reste vraiment florissant. Les
dernières attestations de tauroboles y sont antérieures au milieu du
111e siècle 55. En dehors d'Autun56, on ne vérifie pas expressément que la
49. J. Flamant, op. cit. (n. 9), p. 26 ss.
50. Supra, n. 6. Je pense avec L. Cracco Ruggini, loc. cit., que le Carmen est dirigé contre
Prétextât.
51. C, 9, 5. Cf. J. M. Heer, Der historische Wert der Vita Commodi in der Sammlung der
Scriptores historiae Augustae, Philol., Suppl. 9, Leipzig, 1904, p. 154, 158; B. MouchovÂ,
Crudelitas, in BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 178.
52. Herodian., I, 10, 7.
53. R. Turcan, Numismatique romaine du culte métroaque, p. 37 s.
54. Dans Sitz. ber. Heidelb. Akad., 1916, 15, p. 14, 31 ; 1917, 1, p. 9; 1918, 13, p. 19 s., 31.
55. CIL, XII, 1567 (Die, 245 ap. J.-C). L'inscription très lacunaire gravée sur un
fragment d'autel de Narbonne date de 206 plutôt que de 263 : M. J. Vermaseren, Corpus cultus
Cybelae Attidisque, V, Leyde, 1986, p. 100 s., n° 271.
56. Greg. Tur., Glor. conf., 77 (PL, 71, col. 884 A-B). Cf. R. Turcan, Les religions
orientales en Gaule Narbonnaise... (n. 44), p. 499.
32 ROBERT TURCAN
L'exotisme syrien
57. Les cultes d' Arras au Bas-Empire, Arfas, Musée des Beaux-Arts, 26 avril-17 septembre
1990, p. io ss., 13.
58. Pseudo-Aug. (Ambrosiaster), Quaest. LXXXIV, 3 (CSEL, 50, p. 145, 12 ss. Souter).
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 33
dre (28, 7) en fait un Syrien honteux (eum pudebat Syrum dici) qui se veut ou
du moins veut se faire passer comme de souche romaine et n'apprécie pas
(44, 3) qu'on le qualifie de « Syrien ». Les Alexandrins volontiers frondeurs
et même les gens d'Antioche (qui sont pourtant des Syriens) lui auraient
infligé le sobriquet d' archisynagogus syrien ou d'archiprêtre.
Le titre à! archisynagogus s'applique ailleurs (Q, 8, 2) à une sorte de
métropolitain des Juifs alexandrins 59 et contraste par conséquent de façon
plaisante avec le qualificatif ethnique de Syrus. Mais le terme peut concerner
aussi des responsables d'associations païennes dans l'Orient grec. C'est ainsi
que Denys d'Alexandrie60 fait de Macrien, « archisynagogos des mages
d'Egypte », l'instigateur de la persécution ordonnée par Valérien contre les
chrétiens. De toute façon, il semble bien que le titre à' archisynagogus ait
comporté quelque nuance péjorative, sans aucun doute aggravée ou pimentée
par l'ethnique Syrus. Les quolibets visaient apparemment les dévotions
syncrétiques de Sévère Alexandre qui rassemblait dans son laraire
Apollonius de Tyane, Abraham, le Christ et Orphée61, un peu comme son cousin
Héliogabale avait prétendu réunir toutes les dévotions autour d'Elagabal...
Sans exercer la moindre pression despotique ni violer aucune des traditions
romaines, « ce bon et touchant Alexandre Sévère » (E. Renan) aurait donc eu
les manières d'un grand pontife œcuménique, supervisant et conciliant les
religions du monde : ce qu'aurait pu ou dû être Constantin. La moquerie des
Alexandrins et des Antiochiens suppose conséquemment un pluralisme
tolérant qui n'inspirait guère la législation impériale au temps de Théodose !
Tout en souriant d'une propension familiale à conjoindre ou centraliser les
cultes, l'Histoire Auguste rend hommage en somme à cet ancien prêtre du
Soleil que le premier empereur chrétien avait lieu d'imiter.
Mais la Syrie reste affectée ici et là d'un coefficient plutôt négatif.
Si la divination des prêtres syriens qui prédisent à Héliogabale une mort
violente se vérifie et fait honneur à leur compétence62, ce sont les mêmes
(semble-t-il) qui lui recommandent de sacrifier des enfants pour lire l'avenir
59. W. Schmid, loc. cit. (n. 3), BHAC 1964/5, p. 171 s., 176, 178 et n. 183.
60. Eus., HE, VII, io, 4. Le terme est ici franchement péjoratif et vise à déconsidérer
Macrien comme chef d'une secte maléfique : cf. J. Gagé, « Basileia ». Les Césars, les rois
d'Orient et les mages, Paris, 1968, p. 300.
61. AS, 29, 2-3. Cf. S. Settis, Alessandro Severo ed i suoi Lari..., in Athenaeum, 50, 1972,
p. 237 ss.; V. Neri, op. cit. (n. 2), p. 114 et n. 170.
62. Hel., 33, 2 : Et praedictum eidem erat a sacerdotibus Syris biothanatum se futurum. Cf.
Th. Optendrenk, op. cit., p. 78 ss.
34 ROBERT TURCAN
dans leurs entrailles 63 et qui torturent les victimes ad ritum gentilem suum :
pratiques barbares, évidemment indignes d'un empereur romain !
C'est en Syrie qu'empirent les vices de Lucius Vérus et qu'il en
contracte d'autres 64. Le thème du ramollissement par la uoluptas syrienne se
trouvait déjà chez Fronton65. Mais le biographe de Sévère Alexandre va
jusqu'à prêter à Constantin une interrogation qu'on qualifierait aujourd'hui
volontiers de raciste : comment expliquer qu'un Syrien, un étranger ait pu
devenir un pareil empereur, si plein de qualités et de vertus ^ ? Après tout,
Constantin, de souche illyrienne, n'était pas moins étranger à Rome que cet
arrière petit-fils d'un grand-prêtre d'Emèse. Mais le rédacteur s'empresse
d'ajouter que quantité de Romains {tot Romani generis) ont déshonoré
l'Empire. C'est à l'empereur chrétien qu'il impute malignement un étonne-
ment sans raison, car « mère nature » peut enfanter partout un bon prince...
Incontestablement cependant, le préjugé anti-syrien couve dans le
subconscient de l'Histoire Auguste.
Des empereurs romains ont honoré des dieux syriens. Ainsi Hadrien fait
l'ascension du mont Kasios et célèbre au sommet un sacrifice en hommage
au ba'al du lieu67. Il est vrai que la cérémonie est troublée par la foudre
(comme il se doit sur un mont consacré à Zeus). Peut-être le biographe
n'aurait-il pas fait état de l'immolation, si la victime et le victimaire n'avaient
pas été foudroyés. Mais il ne s'agit pas vraiment d'un pèlerinage cultuel,
puisque l'empereur est monté uidendi solis ortus gratia (aussi l'ascension se
fait-elle de nuit). C'est d'ailleurs la même raison qui motive l'escalade de
l'Etna68. Le sacrifice accompli sur la cime sacrée relève d'une obligation
rituelle, surtout pour un souverain qui tient son pouvoir de Jupiter69.
L'Histoire Auguste fait valoir cette finalité touristique aux dépens d'une
quelconque piété particulière envers le dieu syrien, même si Hadrien peut
avoir été curieux de liturgies exotiques (mais son biographe écrit aussi de lui
63. HeL, 8, 1-2. Cf. DC, 80, 11, 3 (III, p. 464, 11 ss. Boissevain); Th. Optendrenk, op.
cit., p. 65 ss. ; M. Frey, op. cit., p. 34 ss.
64. V, 4, 4-6; 7, 1-5; 8, 7-1 1.
65. Princ. hist., 12 (p. 196, 18 ss. Van den Hout).
66. AS, 65, 1.
67. H, 14, 3. Cf. J. Schwartz, Éléments suspects de la Vita Hadriani, in BHAC 1972/4,
Bonn, 1976, p. 247; H. W. Benario, A Commentary on the Vita Hadriani in the Historia
Augusta, Ann Arbor, 1980, p. 99.
68. H, 13, 3.
69. Cf. J. R. Fears, The Cult of Jupiter and Roman Imperial Ideology, in ANRW, II, 17, 1,
Berlin-New York, 1981, p. 66 ss., 80 ss. {Traianus ab love electus).
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 35
78. Cf. aussi Hymn. Orph., IX, 4 (p. 9 Quandt2, Berlin, 1955).
79. A. von Domaszewski, dans Sitz. ber. Heidelb. Akad., 1918, 13, p. 73 s., avec
l'appendice de F. Boll. Cf. Firmicus Maternus, Math., II, p. 47, 24 et 137, 11 ss. Kroll-
Skutsch.
80. A.-J. Festugière, L'idéal religieux des Grecs et l'Évangile2, Paris, 1981, p. 120 ss.
n° 4, 81.pi. H.
XII,Stocks,
4. loc. cit. (n. 17), p. 11, 17 et pi. I, 6-7. Cf. G. F. Hill, loc. cit. (n. 73), p. 82,
82. Uber die Scriptores Historiae Augustae, in Hermes, 27, 1892, p. 595. Sur Marnas, voir
maintenant G. Mussies, Marnas God of Gaza, in ANRW, II, 18, 4, Berlin-New York, 1990,
p. 2412-2457.
83. AS, 17, 4. Cf. J. Straub, Marnas, in BHAC 1963, Bonn, 1964, p. 165 ss.
L'exclamation O Marna pourrait aussi équivaloir tout simplement à notre expression « O
Seigneur! », si le nom du dieu a bien cette signification : P. Chuvin, Chronique des derniers
païens, Paris, 1990, p. 209; G. Mussies, loc. cit. (n. 82), p. 2437 ss.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 37
annexer au culte d'un dieu prééminent, qui prévaut même sur celui de
Jupiter Capitolin92. Sa participation aux Adonies (il avait implanté son
Elagabalium dans le secteur des Adonaea du Palatin93) est aux yeux du
biographe un acte d'exhibitionnisme dégradant. Il ne met pas en cause le
culte de Salambô, mais la personne même de l'empereur qui le dessert.
C'est encore plus vrai du ba'al d'Emèse dont Héliogabale est le grand-
prêtre scandaleux, homo omnium impurissimus9* . Intolérant comme tous les
révolutionnaires, il prétend imposer la dévotion à son dieu95, sans égard aux
traditions ancestrales qu'il bafoue superbement. Mais, contradictoirement,
après avoir imputé à l'empereur fanatique un monothéisme exclusif96, le
même (?) biographe fait d'Elagabal un dieu suprême dont les autres ne
seraient que les domestiques ou les chambellans97, ce qui correspond à une
forme d'hénothéisme. En fait, ces variations indignées sur le sacerdoce
impérial du culte émésien ne servent que de prétexte à l'Histoire Auguste
pour dénigrer dans Héliogabale un précurseur de Constantin98.
Toutefois, on ne voit nulle part que le dieu syrien soit peu ou prou
incriminé en tant que tel. Surtout — chose extraordinaire — l'Histoire
Auguste ne dit absolument rien de la pierre noire ni dans la Vie même
d'Héliogabale, ni surtout (ce qui surpend davantage) dans OM, 9, où
92. DC, 80, 11, 1 (III, p. 462, 3 s. Boissevain). Cf. M. Frey, op. cit., p. 80.
93. Iuxta aedes imperatorias (Hel., 3, 4). Sur ce point comme sur plusieurs autres, l'Histoire
Auguste est plus exacte et précise qu'Aurelius Victor, Caes., 23, 1 (in palatii penetralibus). Sur le
site, que fouille actuellement une mission de l'Ecole Française de Rome (cf. CRAI, 1987,
p. 623 ; 1989, p. 619), voir F. Castagnoli, Su alcuni problemi topografici del Palatino, in Rendic.
Accad. Lincei, 1979, p. 331 ss.; F. Coarelli, (Porticus) Adonaea, Aedes Heliogabali, Aedes Iovis
Ultoris. La tomba di Antinoo ?, in MEFR(A), 98, 1986, p. 230 ss., 240 ss. (Adonaea). Un temple
de Jupiter Victor aurait été redédié à Elagabal, avec certains aménagements : P. V. Hill, The
buildings and monuments of Rome on the coins of A.D. 2iy-2g4, in Riv. Ital. di Num., 83, 1981,
p. 60; F. Coarelli, loc. cit., p. 233 ss. Cependant, l'Histoire Auguste (Hel., 3, 4) et Hérodien
(V, s, 8) parlent de YElagabalium comme d'un temple érigé à nouveaux frais. Il est vrai que la
reconsécration du sanctuaire à Jupiter « Vengeur », après le renvoi du bétyle à Emèse, est de
nature à conforter l'hypothèse d'un premier temple jovien.
94. Dd., 9, 5.
95. Hel., 6, 7.
96. Hel., 3, 4 : id agens ne quis Romae deus nisi Heliogabalus coler etur. Cf. Th. Optendrenk,
op. cit., p. 88 ss.
97. Hel., 7, 4 : omnes sane deos sui dei ministros esse aiebat, cum alios eius cubicularios
appellaret, alios seruos, alios diuersarum rerum ministros. Cf. Th. Optendrenk, op. cit., p. 41 ss.
On songe à la polémique de l'Ambrosiaster contre le polythéisme : Ps.-Aug., Quaest. CXIV, 2
(CSEL, 50, p. 304, us. Souter).
98. R. Turcan, Héliogabale précurseur de Constantin?, in Bull, de l'Assoc. G. Budé,
p. 38 ss.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 39
pourtant le biographe de Macrin dépend d'Hérodien " ; il écrit simplement
(9, 2) : Nam Heliogabalum Foenices uocant Solem, sans rien retenir de
l'excursus détaillé et bien informé 10° de l'historien grec. On peut s'étonner
du fait que, parmi les griefs qui visent Héliogabale, ne compte pas celui
d'adorer un gros caillou ! Mais le précédent de la pierre noire de Pessinonte
adorée par les Romains depuis plus de quatre siècles empêchait évidemment
le scriptor de dénigrer une variante de litholâtrie... Seule la mention des
lapides diui (HeL, 7, 5) que l'empereur veut ravir à leurs sanctuaires propres
(notamment l'idole d'une Artémis de Laodicée assimilée à la Tauropolos)
peut ou semble donner à penser qu'Élagabal rentre dans la même catégorie,
mais cette assimilation relève de l'énigme à déchiffrer! Car la pierre de
Pessinonte est mise sur le même plan que les anciles de mars, le Palladium,
les feux de Vesta, et rien ne donne à entendre qu'Elagabal a l'aspect qu'on lui
voit sur les monnaies 101, les médaillons 102 et le chapiteau trouvé au pied du
Palatin 103 : celui d'un bétyle en forme d'ogive ou de pain de sucre.
Apparemment, ce n'est pas pour l'Histoire Auguste (si du moins elle le
sait...) une raison de le dénigrer.
Si elle ignore ou feint d'ignorer qu'il s'agit d'un aérolithe, elle tient de
bonne source certaines données qui lui suggèrent un doute significatif. Le
dieu d'Émèse serait soit un Jupiter, soit un Soleil : uel Ioui Syrio uel Soli —
incertum id est — (Ce, 11, 7) ; uel louis uel Solis (HeL, 1,5); Heliogabali dei,
quem Solem alii, alii Iouem dicunt (HeL, 17, S)104. De fait, Elagabal est un
dieu omnipotent, souverain comme Jupiter, ce qui est le cas d'autres ba'als
syriens. L'informateur de l'Histoire Auguste devait savoir aussi ou peut-être
avoir vu qu'un aigle — attribut jovien — figurait par devant le bétyle, tel que
nous le montre l'iconographie contemporaine105. Mais il n'ignorait pas non
plus qu'on l'adorait comme un « Soleil ». Les Emésiens considéraient le
bétyle comme une image de l'astre, à en croire Hérodien 106. La Vita
Heliogabali ignore, en revanche, l'épiclèse d' Inuictus 107 . Cependant
l'identification avec Jupiter suggère au lecteur une idée juste : on vénérait dans ce
ba'al un maître du ciel.
Le biographe de Marc-Aurèle (26, 4-9) et de Caracalla (11, 7) sait
également qu'un temple de Faustine au pied du Taurus fut consacré à
Élagabal, probablement parce que le bétyle y a séjourné lors du voyage qui
l'a mené d'Emèse à Rome 108 : c'est le sanctuaire de Faustinopolis 109.
Sur plusieurs points particuliers, on décèle donc dans l'Histoire
Auguste les éléments d'une érudition de bon aloi qu'on a eu tendance à
minimiser. Mais on peut aussi la soupçonner d'avoir méconnu la valeur
religieuse de certaines pratiques no : les sacrifices d'enfants, les animaux
jetés en pâture au peuple, la ménagerie qu'Héliogabale entretient au
Palatin et autres singularités des dévotions syriennes, qu'on retrouve par
exemple à Hiérapolis-Bambykè in. Cette méconnaissance n'est pas
foncièrement et directement défavorable au culte d'Emèse. Le biographe
d'Héliogabale n'incrimine ou ne moque en l'occurrence que les caprices
112. A, 25, 3.
113. G. Costa, Un libello anticristiano del secolo IV, in Bilychnis, 22, 1923, p. 47 ss. ;
H. Stern, Date et destinatane de V « Histoire Auguste », Paris, 1953, p. 94.
114. A, 25, 6 : Quare... et Romae Soli templum posuit. Mais l'Histoire Auguste semble
ignorer l'épithète officielle d'Inuictus : supra, n. 107.
115. Hel., 23, 1. Cf. S. Mazzarino, II pensiero storico classico, III, Bari, 1966, p. 237 ss.;
T.D.Barnes, Ultimus Antoninorum, in BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 53; F. Paschoud,
Raisonnements providentialistes dans l'Histoire Auguste, in BHAC igyy/8, Bonn, 1980, p. 166.
116. A, 4, 2, où E. Hohl a indûment corrigé qui en inuicti; L. Homo, Essai sur le règne de
l'empereur Aurélien (BEFAR, 89), Paris, 1904, p. 28 s. Cf. J. Gagé, « Basileia »..., p. 327,
350 s., n. 20.
42 ROBERT TURCAN
Déconcertante Egypte
122. Hel., 8, 3 : Cum consulatum inisset, in populum non nummos uel argenteos uel aureos uel
bellaria uel minuta ammalia, sed boues opimos et camelos et asinos et ceruos populo diripiendos
abiecit, imperatorium id esse dictitans. Cf. Herodian., V, 6, 9-10; T.D.Barnes, Ultimus
Antoninorum, in BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 69.
123. J. Réville, op. cit., p. 250, qui renvoie à Lucian., De dea Syria, 58.
124. Hel., 8, 1. Cf. M. Frey, op. cit., p. 34. En fait, le choix d'enfants qui ont encore leurs
père et mère (patrimis et matrimis) relève traditionnellement, à Rome, d'impératifs rituels : cf.
Th. Optendrenk, op. cit., p. 68 s.
125. M. Malaise, Les conditions de pénétration et de diffusion des cultes égyptiens en Italie,
p. 248 ss. ; K. A. D. Smelik-E. A. Hemelrijk, « Who knows not what monsters demented Egypt
worships », in ANRW, II, 17, 4, Berlin-New York, 1984, p. 1920 ss.
126. DC, 51, 16, 5 (II, p. 367, 12 s. Boissevain).
127. Ap. Seru., Ad Aen., VI, 154; M. Malaise, op. cit., p. 250.
44 ROBERT TURCAN
parce qu'il y est sensible) 128, l'exaltation irrationnelle de la piété isiaque dans
les rues de Rome, notamment à l'occasion des fêtes d'octobre-novembre,
déjà popularisées au temps d'Auguste et de Caligula129. Lucain 130 et
Juvénal m ont les mêmes réactions. Mais Juvénal, que pratiquent volontiers
les contemporains de l'Histoire Auguste, n'est pas touché par le prestige de
la théosophie hiéroglyphique.
En tout cas, le voyage en Egypte, comme chez nos Romantiques le
voyage en Orient, hantait l'imaginaire des Romains cultivés, invinciblement
attirés par Memphis, ses colosses, les pyramides et le fameux labyrinthe. Au
retour de sa campagne contre les Parthes, Septime Sévère fait le détour.
Dans ses Mémoires, il avouait le plaisir personnel qu'il avait pris à ce voyage,
propter religionem dei Sarapidis et pr opter nouitatem animalium uel locorum 132 .
La curiosité zoologique et topographique est mise sur le même plan que
l'intérêt cultuel. Mais le biographe souligne l'attention avec laquelle le
vainqueur des Parthes a su regarder : Nam et Memfin et Memnonem et
piramides et labyrinthum diligenter inspexit. Cet attrait pour les antiquités et la
religion nilotiques, de la part d'un empereur-soldat qui avait si rudement
traité le sénat romain, paraît inspirer quelque sympathie au rédacteur de la
Vita, qui n'est pas particulièrement favorable à Septime Sévère133.
Le biographe de Sévère Alexandre n'est pas insensible non plus,
semble-t-il, à une sorte de prestige qu'illustrent même aux yeux des profanes
les témoignages insolites de la piété égyptienne. Il rappelle, en effet, que
l'empereur enrichit Ylseum Campeuse d'idoles « déliennes » 134 et « toutes
mystiques » 135. Adoptant la correction (que je crois inutile) de R. Helm
omnimodis (au lieu de la leçon omnibus que donnent les manuscrits), on
interprète mysticis comme signifiant « instruments nécessaires à la célébra-
128. R. Turcan, Sénèque et les religions orientales (Coll. Latomus, 91), Bruxelles, 1967,
p. 50 ss.
129. M. Malaise, op. cit., p. 227, 400.
130. Phars., VIII, 831 ss.
131. Sat., VI, 526 ss.
132. S, 17, 3-4. Cf. M. Malaise, op. cit., p. 437 s.; W. Hornbostel, Sarapis (EPRO, 32),
Leyde, 1973, p. 283.
133. H. Stern, op. cit. (n. 113), p. 26.
134. AS, 26, 8. Cf. F. Dunand, Les Deliaca de l'Histoire Auguste, in Bull. Fac. Lettres de
Strasbourg, 47, 1968, p. 151 ss.; Ph. Bruneau, D'un Lacedaemonius orbis à /'aes Deliacum, in
Recueil Plassart, Paris, 1976, p. 40 ss.
135. et omnibus mysticis. Je m'explique ailleurs sur le sens de mysticis : Les monuments
figurés dans l'Histoire Auguste, à paraître dans les Actes du Colloque de Chantilly, Historia
Augusta-Colloquium içço.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 45
136. Sic M. Malaise, op. cit., p. 443. Cf. TLL, VIII (1966), s.u. Mysticus, col. 1759 : « de
instrumentis in cultu adhibitis ». « Objets religieux de toutes sortes », comprend Ph. Bruneau,
loc. cit., p. 38. Tout en gardant la leçon omnibus des manuscrits, P. Soverini (Scrittori della
Storia Augusta, II, p. 677) traduit : « tutto l'apparato in uso nella celebrazione dei misteri ».
137. Orig., C. Cels., I, 20 et III, 17-19; Porph., De abst., IV, 9; Eus., PE, III, 5, 4 et 13, 5.
138. Supra, p. 35
139. L'influence de Porphyre en Occident a été démontrée par P. Courcelle, Les lettres
grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore2, Paris, 1948, p. 22 ss. et passim, ainsi que par les
études de P. Hadot, notamment Porphyre et Victorinus, Paris, 1968. Cf. aussi J. Flamant, op.
cit. (n. 9), p. 161 ss. et passim.
140. Aug., Con/., Vili, 2, 3; Ps.-Aug., Quaest. CXIV, 11 (CSEL, 50, p. 308, 13 ss.
Souter); Carmen contra paganos, 95, 100; Ad senatorem (CSEL, 3, p. 303), 32; Prud., C.
Symm., II, 354 s., 532, etc.
141. MA, 28, 8. Cf. M. Malaise, op. cit., p. 228, n. s et 432. Le « Canope pélusiaque » était
traditionnellement un symbole des mœurs dégénérées (Lucan., Phars., X, 543 ; cf. Sen., Ep.,
51. 3)-
142. CIL, I2, p. 260; M. Malaise, op. cit., p. 228 s.
46 ROBERT TURCAN
conçoit que Marc Aurèle ait dû mettre le holà pour sauvegarder la dignité de
Sérapis. L'Histoire Auguste sous-entend qu'on peut honorer les dieux
égyptiens, que les monnaies de Rome célèbrent à l'occasion des Vota
Publica1*3, sans verser dans l'encanaillement ou l'indécence.
Toutefois, l'isiasme festif est exposé à certains dérapages, et la
popularité même de certaines dévotions nilotiques risque souvent de
dégénérer en uulgaritas, voire en violences ou voies de fait. C'est ainsi que
Commode, à qui les fanatiques de Bellone offraient l'opportunité d'assouvir
ses caprices de tyran sanguinaire 144, profite des funérailles rituelles d'Osiris
pour forcer ses coreligionnaires isiaques à s'écorcher la poitrine à coups de
pommes de pin usque ad perniciem 145 . Comme Héliogabale se fait taurobolier
et s'associe à la frénésie des galles ou aux déplorations de Salambô,
Commode se fait raser la tête (ce qu'aucun de ses portraits ne laissait
soupçonner) et prend une part active aux processions146. Il y porte le
masque d'Anubis, en observant scrupuleusement le rituel des stations dans
les reposoirs aménagés pour l'adoration des idoles. Mais il se sert aussi de la
gueule canine en bois pour meurtrir la tête de ses malheureux compagnons
de dévotion147. Pour faire leur cour, les amis du prince entrent dans la
danse. Sur une mosaïque décorant le portique des Jardins de Commode148,
Pescennius Niger — le futur usurpateur — figurait, paraît-il, dans l'exercice
du ministère isiaque, sacra Isidis ferentem 149.
143. Ibid., p. 446 ss. ; A. Alfôldi, A Festival of his in Rome under the Christian Emperors of
the Fourth Century (Diss. Pann., II, 7), Budapest, 1937 ; Id., Die alexandrinischen Getter und die
Vota Publica am Jahresbeginn, in JAC, 8/9, 1965/6, p. 53 ss.
144. Supra, n. 51.
145. C, 9, 6. J. M. Heer, op. cit. (n. 51), p. 154 s. ; M. Malaise, op. cit., p. 433.
L'expression pectus tundere se retrouve chez Lactant., Diu. inst., I, 21, 20, et Firm. Mat., De
errore prof, relig., 2, 3.
146. C, 9, 4; PN, 6, 9; Cc, 9, 10. Cf. M. Malaise, op. cit., p. 433 s. A. Alfôldi (A
Festival of Isis..., p. 44 s.) conteste ce témoignage de l'Histoire Auguste, et il est bien vrai
qu'aucun portrait connu de l'empereur ne nous le montre avec un crâne rasé, ce que
l'iconographie officielle eût de toute façon exclu ! Mais le problème est ici d'analyser
l'appréciation de l'Histoire Auguste envers le zèle isiaque de Commode, et non pas de savoir s'il
correspond à la réalité des faits.
147. C, 9, 6 : cum Anubim portaret, capita Isiacorum grauiter obtundebat ore simulacri. À
noter obtundebat qui fait écho à pectus tundere (n. 145).
148. On ne sait trop où ils se trouvaient (s'ils existaient vraiment, car l'Histoire Auguste est
seule à en faire état).
149. PN, 6, 8. Cf. M. Malaise, op. cit., p. 436, qui ne conteste pas cette référence aux
« jardins impériaux de Commode ». Sur ce type d'appellations : Ph. Bruneau, dans REG, 97,
1984, p. 79.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 47
165. J. Schwartz, dans Bull. Fac. Lettres de Strasbourg, 40, 1961, p. 172 ; W. Schmid, loc.
cit., p. 167.
166. Ep., 107, 2.
167. Aug., In Iohann. euang. tract., VII, 6 (I, p. 419 et commentaire p. 884 s. de l'éd.-trad.
M. -F. Berrouard dans la Bibl. Augustinienne). Cf. H. Graillot, Le culte de Cybèle..., p. 544.
168. W. Schmid, loc. cit., p. 168 ss., 175 s.
169. Sat., I, 112 ss. : Quandoquidem inter nos sanctissima diuitiarum
maiestas, etsi funesta Pecunia tempio
nondum habitat...
En rêve, Pluton présage la richesse (Artemid. Dald., Onir., II, 39, p. 174, 15 Pack) et s'identifie
avec Sérapis {ibid., V, 26 et 93, p. 307, 13-15 et 324, 8-10 Pack). Sérapis lui-même est d'ailleurs
honoré comme « donneur de richesse » (ttXoutoSotyjç) : L. Vidman, Sylloge inscr. relig. Isiacae et
Sarapiacae (RGVV, 28), Berlin, 1969, p. 196, n° 389. Cf. A. Hôfler, Der Sarapishymnus des
Ailios Aristeides, Stuttgart-Berlin, 1935, p. 68 s.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 51
dont beaucoup sont d'anciens païens convertis par opportunisme, n'ont pas
d'autre religion que celle de leur intérêt. Voilà ce que donne à penser le
rédacteur de la lettre dont on vérifie, ici encore, le réalisme plutôt désabusé
sur l'humanité commune. Quoi qu'il en soit, ce texte, où E. Renan croyait
devoir reconnaître « le cachet de son auteur » 170 (c'est-à-dire d'Hadrien),
porte la marque d'un agnosticisme narquois qui n'était sans doute pas tout à
fait étranger à l'esprit du prince dont on lui a prêté l'en-tête, mais qui ne
témoigne pas non plus d'un attachement très fort envers les cultes égyptiens.
Les Égyptiens eux-mêmes n'ont pas, dans l'Histoire Auguste, une
image vraiment reluisante. L'Egypte y apparaît comme un lieu d'agitations
chroniques. Si le « bon biographe », VIgnotus de R. Syme m, ce continuateur
de Suétone qui a fourni le substrat des premières Vies impériales (d'Hadrien
à Caracalla) était, comme on l'a conjecturé172, originaire de Péluse ou, en
tout cas, d'Egypte, il faudrait croire qu'il ne s'est pas fait faute de censurer
l'esprit rebelle et inquiet de ses compatriotes. Hadrien avait quelque raison
d'être irrité contre eux, car dès son avènement Aegyptus seditionibus urge-
batur113. Peu de temps après (en 122?), des troubles éclataient à
Alexandrie à cause du nouvel Apis qui s'était manifesté et que les populations
se disputaient : apud quem deberet locari omnibus studiose certantibus 174.
En fait, il s'agissait de savoir où il avait fait son apparition, car de toute
façon cent prêtres l'amenaient à Memphis175. Ce sont les Egyptiens, et
non les Alexandrins, qui se faisaient la guerre.
D'après J. Schwartz176, c'est Ammien Marcellin qui aurait suggéré
cet épisode de la Vita Hadriani au rédacteur, car en 362 on découvrit un
Apis. Or quelques lignes avant d'en parler, l'historien latin 177 a narré une
aurait pour de bon tué un myste soumis à une simulation rituelle de menace
et de meurtre : mimique ou mise en scène conçue afin d'éprouver sa force
psychologique et morale.
On songe au rite de la couronne interposto gladio qu'évoque Tertul-
lien 184 ou au glaive que l'on croit pouvoir distinguer à côté du candidat à
l'initiation sur une peinture du Mithraeum de Capoue 185. On songe aussi aux
dispositifs reconnus dans certains antres du culte persique : auges, cavités ou
caveaux qui auraient pu servir à des ensevelissements fictifs 186, car, d'une
façon générale, le myste doit mourir à sa vie antérieure pour renaître
consacré187. Bien évidemment, ces modalités de l'initiation mithriaque
faisaient courir de mauvais bruits, et le fait qu'on y procédait à l'ombre des
cryptes, dans les ténèbres souterraines chères aux démons infernaux, n'était
pas de nature à rassurer les profanes 188. Tout comme on accusait les
chrétiens d'assassiner et de manger des enfants, à leur tour les chrétiens ont
reproché aux mithriastes des sacrifices humains189. En 361, le patriarche
Georges d'Alexandrie fit déterrer d'un Mithraeum sur lequel il voulait bâtir
une église plusieurs crânes humains qu'on promena dans les rues de la ville
pour déconsidérer les païens fidèles au dieu « invincible » et pour exacerber
l'indignation populaire190. La découverte d'une calotte crânienne sous le
grand relief cultuel du Mithraeum fouillé en 191 1 à Kœnigshofen
(Strasbourg) 191 prouve qu'une relique de ce genre pouvait à l'occasion sacraliser
184. De cor., 15, 3 (éd. J. Fontaine, dans la Coll. « Erasme », Paris, 1966, p. 180 s.), à
rapprocher de De praescr. haer., 40, 4 : (Mithra) sub gladio redimit coronarii. Cf. R. Merkelbach,
Mithras, Kònigstein/Ts., 1984, p. 95 s.
185. M. J. Vermaseren, Mithriaca (EPRO, 16), I, The Mithraeum at S. Maria Capua
Vetere, Leyde, 1971, p. 36 ss., pi. XXV, avec référence à Tert., De cor., 15, p. 38 s.; V. Tran
Tam Tinh, Le culte des divinités orientales en Campanie... (EPRO, 27), Leyde, 1972, p. 175,
191 s.; R. Merkelbach, Mithras, p. 287, fig. 28; Id., Weihegrade und Seelenlehre der Mithras-
mysterien (Rhein.-Westfal. Akad., Geisteswiss., Vortr. G. 257, 1982), p. 35.
186. Cf. R. Turcan, Mithra et le mithriacisme, Paris, 1981, p. 85. Dans le Mithraeum de
Capoue, une peinture représente le myste allongé sur le ventre et comme mort :
M. J. Vermaseren, op. cit., p. 43 s. ; V. Tran Tam Tinh {pp. cit., p. 173) rapproche la
prostration rituelle des candidats à l'ordination qui sont censés mourir à leur vie antérieure.
187. Apul., Met., XI, 21, 7, ce qui explique quodam modo renatos (ibid.) et natalem sacrorum
(24, 4), ainsi que la catabase rituelle de 23, 7 : cf. J. G. Griffith, Apuleius of Madauros, The
Isis-Book... (EPRO, 39), Leyde, 1975, p. 296 ss.
188. R. Turcan, Les motivations de l'intolérance chrétienne... (supra, n. 13), p. 220 s.
189. R. Turcan, Le sacrifice mithriaque, in Le sacrifice Sans l'Antiquité (Entretiens sur
l'Antiquité classique, Fondation Hardt, XXVII), Vandœuvres-Genève, 1981, p. 350 s.
190. Socr., HE, III, 2 (PG, 67, col. 381 A-B); Sozom., HE, V, 7 (PG, 67, col. 1233 B);
Phot., Bibl., 258, 484 A (VIII, p. 35 s. de l'éd.-trad. P. Henry).
191. R. Forrer, Das Mithra-Heiligtum von Konigshofen bei Strassburg, in Mitt. d. Gesellsch.
f. Erhaltung d. geschichtl. Denkm. in Elsass, II. F., 24, Strasbourg, 1915, p. 75 ss.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 55
192. F. Cumont, Les mystères de Mithra3, Bruxelles, 1913, p. 215 et fig. 24;
M. J. Vermaseren, Corpus inscriptionum et monumentorum religionis Mithriacae, I, La Haye,
Ï956, P- 327» n° 983; V. J. Walters, The Cult of Mithras in the Roman Provinces of Gaul
(EPRO, 41), Leyde, 1974, p. 22.
193. Liu., 39, 8, 8; 13, 13 (catabases rituelles). Cf. J.-M. Pailler, Bacchanalia. La
répression de 186 av. jf.-C. à Rome et en Italie (BEFAR, 270), Rome, 1988, p. 99, 200 et passim.
194. R. Turcan, Mithras Platonicus. Recherches sur l'hellénisation philosophique de Mithra
{EPRO, 47), Leyde, 1975, p. 39 ss.
195. Ibid., p. 86 ss.
196. Supra, n. 13.
197. Supra, n. 4.
56 ROBERT TURCAN
théodosienne. Sur ce point, en tout cas, le moins qu'on puisse dire est que
l'Histoire Auguste reste sur la défensive et ne manifeste pas en faveur de ce
culte sanglant un militantisme aussi ardent que celui des clarissimes initiés
au grade de « Père ».
Immédiatement avant d'innocenter les sacra Mithriaca, le biographe de
Commode évoque un montage atroce. L'empereur en avait peut-être trouvé
l'idée dans un épisode souvent représenté dans les séquences peintes ou
sculptées en marge de la tauroctonie : Jupiter foudroyant les géants
anguipèdes, démons de l'Esprit maléfique montés en vain à l'assaut de la
lumière198. Commode aurait donc utilisé comme victimes des handicapés
incapables de marcher qu'il aurait déguisés in Gigantum modum, en affublant
leurs jambes et leurs pieds débiles de linges qui leur donnaient précisément
l'aspect de monstres à arrière-trains de poissons ou de serpents, quasi
dracones199. Et faute de foudre, il s'amusait à les cribler de flèches200!
Le nom de Mithra n'est pas prononcé. Mais si vraiment l'histoire sainte
figurée et commentée dans ses antres avait inspiré à Commode cette parodie
sadique, il valait mieux n'en rien dire. Mithra est devenu un dieu
compromettant.
Aussi son nom n'est-il pas énoncé ailleurs dans l'Histoire Auguste,
même là où on l'attendrait.
Le biographe d'Aurélien prétend tenir d'un Callicratès de Tyr, « de loin
le plus savant des historiens grecs », mais autrement inconnu, le fait que la
mère du futur empereur était prêtresse du Soleil dans le bourg de Mésie ou
de Dacie qu'habitait sa famille201. Quel « Soleil »? Le texte des manuscrits
porte sacerdotem templi Solis qui in uico eo in quo habitabant parentes.
E. Hohl202 a corrigé qui en (/)wui(cta), leçon qui ne s'impose absolument
198. F. Cumont, op. cit., p. 112 s.; Id., The Dura Mithraeum, in Mithraic Studies, I,
Manchester, 1975, p. 172.
199. C, 9, 6. Confirmé par DC, 73, 20, 3 (III, p. 302, 1 ss. Boissevain). Cf. F. Cumont,
Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, II, Bruxelles, 1896, p. 21, n. 1
(« parodie sanglante des cérémonies mithriaques ») ; A. Loisy, Les mystères païens et le mystère
chrétien2, Paris, 1930, p. 182 ; F. Grosso, La lotta politica al tempo di Commodo, Turin, 1964,
p. 338, n. 4; R. Merkelbach, Mithras, p. 108. Pour F. Kolb (Literarische Beziehungen
zwischen Cassius Dio, Herodian und der Historia Augusta, Bonn, 1972, p. 34 ss. et n. 175), il
s'agirait tout simplement d'une « Herkules-Imitation ».
200. Sur les monuments figurés, les flammes rayonnantes du foudre se terminent souvent
en pointes de flèches.
201. A, 4, 2; supra, n. 116.
202. II, p. 151, 19 de l'édition revue et complétée par Ch. Samberger et W. Seyfarth, Coll.
Teubner, Leipzig, 1965. En fait, le qui des manuscrits introduit une relative sans verbe esse, ce
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 57
qui n'a rien d'insolite. P. Soverini {Problemi di critica testuale nella Historia Augusta, Bologne,
1981, p. 139 ss.) corrige qui en quod, afin d'accorder le relatif avec un hypothétique antécédent
templi, leçon transcrite dans son édition-traduction précitée (n. 107), II, p. 1032. Mais qui peut
avoir Solis comme antécédent.
203. La chose est bien connue en ce qui concerne Mithra, malgré le texte litigieux de
Porph., De abst., IV, 16; cf. R. L. Gordon, Reality, evocation and boundary in the Mysteries of
Mithras, in Journ. of Mithr. Studies, III, 1-2, 1980, p. 57 s. Sur l'hérédité masculine dans le
sacerdoce d'Élagabal, cf. Herodian., V, 3, 4 et 6.
204. A, 5, 5. Cf. ma communication à YHistoria Augusta-Colloquium de Chantilly : Les
monuments figurés dans l'Histoire Auguste.
205. R. Ghirshman, Iran. Parthes et Sassanides (« L'Univers des Formes »), Paris, 1962,
p. 190, fig. 233. Cf. J. Ries, Le culte de Mithra en Iran, in ANRW, II, 18, 4, Berlin-New York,
1990, p. 2765.
206. J.-Cl. Richard, Le culte de * Sol * et les « Aurelii »..., in Mélanges jf. Heurgon, II,
Rome, 1976, p. 915 ss. On sait que le nom même d'Aureltus dérive du sabin ausel (étrusque
usil), qui correspond à sol : cf. A. Pfiffig, Religio Etrusco, Graz, 1975, P- 244-
207. Ou du moins pour participer à cette investiture : R. Ghirshman, op. cit., p. 190;
J. Duchesne-Guillemin, La religion de l'Iran ancien (Coll. « Mana », I, 3), Paris, 1962, p. 284,
298; G. Widengren, Les religions de l'Iran, trad, fr., Paris, 1968, p. 319, 353; J. Ries, loc. cit.
(n. 205), p. 2762.
208. Sur le « caractère religieux de la patere », cf. J. Schwartz, La Vita Marci iy, 4 et ses
développements..., in BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 256.
209. Dans le Roman d'Alexandre du Pseudo-Callisthène (I, 36, 2, p. 40, 21 Kroll), qui peut
dater du 111e siècle de notre ère (R. Merkelbach, Die Quellen des griechischen Alexanderromans,
Munich, 1954, p. 59), le roi de Perse se dit auvavaTéXXcov TjXîtp en même temps que CTÛvOpovoç 0sw
58 ROBERT TURCAN
** *
MiOpa. Dans son monnayage, Aurélien a significativement fait valoir le « slogan » Oriens
Augusti : Th. Rohde, Die Mûnzen des Kaisers Aurelians..., Miskolcz, 1881, p. 168-179, n°s 227-
259; RIC, V, 1, p. 267, nos 17 s.; 271 ss., nos 61/5, 67; 280 s., nos 134 ss., etc.
210. P. O. Harper, Silver Vessels of the Sasanian Period, I {Royal Imagery), New York,
1981, p. 59 et n. 101.
211. Ibid., p. 114 et pi. 19, 33. Le Roman d'Alexandre précité raconte que le vainqueur de
Darius III Codoman avait attelé des griffons à son siège pour s'envoler jusqu'au ciel : C. Settis
Frugoni, Historia Alexandri elevati per griphos ad aerem... Origine, iconografia e fortuna di un
tema, Rome, 1973. L'épisode figure sur un tissu d'origine orientale conservé dans l'église de
Montpezat : E. Mâle, La fin du paganisme en Gaule et les plus anciennes basiliques chrétiennes,
Paris, 1950, p. 206. Cf. en général J. Engemann, Der Grief als Apotheosetier , xnJAC, 25, 1982,
p. 172 ss.
212. Amm., XVII, 5, 3.
213. Supra, n. 107. Inuictus ne s'y trouve appliqué qu'à un mois de l'année « commo-
dienne » : C, 11, 8 et 12, 1.
214. Mémoires d'Hadrien, Paris, 1951, p. 55 s.
LES DIEUX DE L'ORIENT DANS L'HISTOIRE AUGUSTE 59
215. F. Cumont, La polémique de V Ambrosiaster contre les païens, in Rev. a" Hist, et de Lit.
Rei., 8, 1903, p. 418 ss.; G. Heuten, en appendice à son éd. -trad, commentée du De errore de
Firmicus Maternus, Bruxelles, 1938, p. 191 ss.
216. R. Turcan, Numismatique romaine du culte métroaque, p. 26-34.
217. Ibid., p. 52 ss., n° 4, pi. XXXI, 2-3 et XXXII-XXXIII.
218. J. Straub, Heidnische Geschichtsapologetik in der christlichen Spâtantike (n. 3), avec la
recension critique d'A. D. Cameron, dans JRS, 55, 1965, p. 240 ss. Cf. A. Chastagnol, op.
cit., p. 22 s. ; F. Paschoud, Raisonnements providentialistes..., in BHAC igyjl8, Bonn, 1980,
p. 170 ss.; V. Neri, Ammiano e il Cristianesimo, p. 11 1 ss.; P. Soverini, Scrittori della Storia
Augusta, I, p. 50 s.
219. L. Cracco Ruggini, // paganesimo tra religione e politica... {supra, n. 6).
220. Supra, n. 9.
221. Supra, n. 6.
222. Sid. Apoll., Ep., Vili, 3, 1 (p. 86 de l'éd.-trad. A. Loyen dans la Coll. des Universités
de France, et p. 196 s., n. 5). Cf. H. Bloch, The Pagan Revival in the West at the End of the
Fourth Century, in The Conflict between Paganism and Christianity in the Fourth Century,
6o ROBERT TURCAN
Oxford, 1963 (2i9Ó4), p. 210, 216; M. Dzielska, Apollonius of Tyana in legend and history,
Rome, 1986, p. 170 ss.
223. Philostr., V. Apoll., V, 25 ; VI, 19; VIII, 7 (p. 315, 20 ss. Kayser). Cf. M. Dzielska,
op. cit., p. 136 ss.
224. Symm., Ep., II, 34, 1. Cf. J. J. O'Donnell, loc. cit. (n. 6), p. 143.
225. J. Flamant, op. cit. (n. 9), p. 55 s. Sur ses activités en matière d'haruspicine, cf.
J. J. O'Donnell, loc. cit., p. 139.
226. La fin du paganisme, II, p. 266.
227. J. Straub, op. cit., p. 125 ss. ; Y. de Kisch, Sur quelques omina imperii dans l'Histoire
Auguste, in REL, 51, 1973, p. 190 ss.
228. H, 2, 8; Gd., 26, 2; Gall., 5, s; A, 18, 5; 19, 4; 20, 4-5; Tac, 16, 6.
229. CIL, VI, 1782/3. Cf. W. Hartke, Rômische Kinderkaiser, p. 116 ss., 329 ss. Mais,
comme l'écrivait justement J. Schwartz (Bull. Fac. Lettres de Strasbourg, 40, 1961, p. 175),
« l'attribution d'une œuvre aussi misérable que YH.A. à un Symmaque ou un Nicomaque est
gênante ». Cf. F. Paschoud, Cinq études sur Zosime, Paris, 1975, p. 150 s.
230. R. Syme, Ammianus and the Historia Augusta, Oxford, 1968, p. m; Id., Bogus
authors, in BHAC IÇ72/4, Bonn, 1976, p. 318; A. Chastagnol, op. cit., p. 36.
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Robert Turcan.
ADDENDA (1993)